PROMESSES
Dieu se sert souvent d’une réalité concrète pour illustrer un principe spirituel.
Nous voyons cela au travers des paraboles de Jésus.
Mais ce principe ne se limite pas au Nouveau Testament.
L’Écriture parle souvent de la maladie, et dans l’Ancien Testament, les maladies étaient souvent considérées comme une des conséquences du rejet de Dieu par le peuple d’Israël (Ex 12.26 ; 23.25). Bien qu’il y ait cette dimension spirituelle, nous examinerons principalement les aspects pratiques des principes sanitaires donnés par Dieu et leurs applications pour notre temps.
1. Origine des bactéries et virus dangereux
En nous référant à la Bible, nous ne trouvons nulle part les mots « bactérie » ou « virus ». Cependant nous savons que Dieu a créé tout parfaitement bien (Gen 1.31). D’où viennent alors les bactéries et les virus pathogènes ? Dieu aurait-il créé des agents pathogènes dangereux pour l’homme ? Si Dieu a tout créé parfaitement bien, il a aussi créé les virus et les bactéries pour le bien de la Terre. L’origine du dérèglement du fonctionnement de toute la nature trouve sa source dans la désobéissance d’Adam et d’Ève, lorsqu’ils ont mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Dieu déclara à l’homme que le sol serait maudit, qu’il produirait des épines et des ronces. Paul écrit dans son Épître aux Romains que toute la création est soumise à la vanité, qu’elle soupire et souffre, et qu’elle aspire à l’affranchissement de la servitude de la corruption (Rom 8.19-22). Le péché originel a induit non seulement la mort d’Adam et d’Ève, mais tout le dérèglement de la nature — animale, végétale et minérale. Aujourd’hui, les botanistes savent que les épines sont le résultat d’une mutation génétique, les plantes produisent des épines au lieu de feuilles et de branches. Et toute la création subit aujourd’hui encore le désastre, résultat de la désobéissance des premiers humains. Il est très probable que les virus et les bactéries ont subi le même sort que les feuilles et les branches, ils ont muté.
2. La réponse de Dieu et les principes sanitaires
Pendant plus de 2 millénaires, Dieu n’a pas donné de règles sanitaires particulières face à cette altération de la création. C’est à la sortie du pays d’Égypte que Dieu donnera des lois au peuple d’Israël. Il donnera en particulier plusieurs ordonnances d’ordre sanitaire. Bien que ces ordonnances soient tirées du livre du Lévitique, elles avaient pour objectif de mettre en lumière la sainteté de Dieu au travers de différentes figures. Pour certaines d’entre-elles, elles avaient également une dimension sanitaire.
a. Les cadavres
Dans Lévitique 11, il est question des animaux impurs. Ce chapitre indique plusieurs fois de ne pas toucher (v. 8, 24, 25, 27, 28, 31, 36) ou manger un animal mort (v. 39, 40) car la personne ayant touché ou mangé un animal mort sera impure. Tout objet en contact avec l’animal mort sera souillé (v. 32, 35), certains objets devront même être détruits comme les fours et foyers. Seules les sources et les citernes resteront pures (v. 36). Les animaux sont parfois porteurs de parasites. À la suite de la mort de l’animal, ces parasites ont parfois tendance à se multiplier. D’autres fois, l’animal meurt à cause d’une infection. Une personne en contact avec un cadavre d’animal risque donc de s’infecter. De plus, en se décomposant, les animaux attirent des insectes dont certains sont porteurs de maladies infectieuses.
De nos jours, on recommande de ramasser les animaux morts dans les élevages avec des pinces ou des pelles, cela afin de garder une certaine distance avec le cadavre. Certains recommandent vivement de laver ses bottes au jet d’eau, de faire attention en retirant ses gants, de se débarrasser soigneusement des combinaisons jetables, de se laver les mains et les lunettes[note]https ://www.cigversailles.fr/content/ramassage-des-animaux-morts[/note] .
Dans Nombres 5.2, une personne qui est souillée par un mort, devait même s’isoler hors du camp.
b. La lèpre
Dans Lévitique 13, nous trouvons la loi sur la lèpre. Une personne présentant sur sa peau une tumeur, une dartre ou une tache blanche ressemblant à la lèpre, devait se présenter devant Aaron ou l’un de ses fils afin de se faire examiner. Selon la gravité, la personne était déclarée impure ou placée en isolement jusqu’à deux périodes de sept jours selon le type de lèpre (v. 4-5, 31 et 33). Nombres 5.2 précise aussi que les personnes, atteintes de la lèpre, devaient être renvoyées du camp.
c. La gonorrhée
Dans Lévitique 15, nous trouvons la loi relative aux personnes atteintes d‘une gonorrhée. Cette maladie est d’ordre infectieux et il est bien probable qu’il s’agisse ici d’une infection bactérienne sexuellement transmissible. La personne atteinte par la gonorrhée devenait impure, tout objet qu’elle touchait, lit ou objet sur lequel elle s’asseyait, le devenait aussi (v. 4). Toute personne en contact avec le lit ou l’objet devenait impure jusqu’au soir et devait impérativement se laver et laver son vêtement (v. 5). Il en était de même pour toute personne qui aurait touché la peau de la personne infectée, toute personne sur laquelle elle aurait craché ou toute monture sur laquelle elle se serait assise (v. 7-9). Tout vase de terre, en contact avec la personne infectée, devait être brisé (v. 12). Cette personne devait encore attendre 7 jours après la fin de l’infection pour sa purification, avant de se présenter, à l’entrée de la tente d’assignation, avec deux tourterelles ou deux pigeons au sacrificateur, qui les offrait l’un en sacrifice d’expiation, l’autre en holocauste. Tout comme pour les lépreux ou les personnes souillées par un mort, la personne atteinte d’une gonorrhée était renvoyée du camp (Nom 5.2).
d. Les principes sanitaires bibliques
À cette époque, les bactéries et les virus n’avaient pas encore été découverts. Moïse, qui avait grandi dans la cour de Pharaon, avait reçu une formation des plus nobles. Sans doute, avait-il aussi eu connaissance des pratiques médicales égyptiennes au travers de son éducation. Selon le papyrus Ebers[note]Le papyrus Ebers est daté d’environ 1550 av. J.-C. ; il est le plus ancien documents médical égyptien connu à ce jour.[/note] , on soignait les personnes par des invocations magiques, par l’utilisation de plantes, de minéraux mais également avec des substances animales comme le sang, la graisse, le foie, l’urine ou encore les excréments. Il est fort probable que de nombreux malades décédaient en Égypte en raison de telles pratiques. Ce n’est qu’au XIXe siècle, quelque 3 400 ans plus tard, que les médecins commencèrent à découvrir les bactéries. Le médecin obstétricien hongrois Ignace Philippe Semmelweis démontra en 1847 l’utilité du lavage des mains dans une solution d’hypochlorite de calcium avant tout accouchement, un examen médical, ou après la dissection d’un cadavre (cf. Lév 11).
Dieu, dans sa bienveillance, avait institué des principes sanitaires afin d’éviter la contagion au reste du peuple. Lévitique 15.13 souligne que la personne, à la fin des sept jours de purification, devait se laver dans de l’eau vive, c.-à-d. une eau qui coulait et non une eau stagnante. L’eau vive emporte bien mieux les bactéries lorsqu’elle coule sur la peau, qu’une eau stagnante lorsqu’on y plonge ses mains. Aujourd’hui, ce principe est de rigueur dans les hôpitaux lors du lavage des mains consulté le 01.04.2021 . Il nous est donc difficile d’imaginer que Moïse ait rédigé ces lignes sur la base de ses connaissances acquises en Égypte et au cours de sa vie dans le désert. Nous ne pouvons que nous émerveiller en lisant ces textes parce qu’ils sont inspirés par Dieu.
Le principe de la quarantaine a été introduit pour la première fois en 1377 à Dubrovnik en Croatie avec l’apparition de la peste noire. Mais ce ne fut qu’en 1423 qu’un premier hôpital ouvrira sur l’île de Sainte-Marie de Nazareth (république de Venise), pour y interner les personnes suspectées d’infection. Ces principes avaient été institués sur la base biblique de Lévitique 15 car le corps médical de l’époque, dépassé par l’événement, n’avait trouvé aucun traitement pour guérir l’infection. Contrairement au principe de grouper les personnes au risque d’infecter des personnes saines, la Bible demandait aux personnes suspectées de s’isoler à l’écart du peuple dans le désert.
3. Principes pour notre temps
Alors que nous traversons une pandémie d’ordre mondial, je suis surpris par certaines réflexions que j’entends autour de moi, propos venant parfois de chrétiens. Certains se rebellent par exemple contre l’obligation du port du masque. Rien dans la Bible ne nous invite à nous opposer à une telle obligation. Au contraire, Dieu nous demande de respecter notre prochain en prenant soin de lui. Parce qu’il y a un délai entre le moment de l’infection et la déclaration des symptômes, nous sommes potentiellement des agents qui disséminent virus et bactéries autour de nous. L’Église de Jésus-Christ a un témoignage à rendre au monde :
– Nous sommes invités à nous soumettre aux autorités et aux règles d’hygiène en acceptant de porter un masque, afin de limiter la propagation du virus. Dieu, dans sa Parole, ne nous ordonne nulle part de nous opposer à ce type de règle. Le chapeau est un habit qui permet de se protéger du soleil afin d’éviter des insolations. Nous acceptons bien pour certains d’en porter très librement, même si le soleil ne brille pas.
– Le lavage des mains était déjà de mise dans l’A.T., aujourd’hui, nous disposons de produits désinfectants et de savon pour nous laver ; mettons donc en pratique le lavage des mains dans le but d’honorer Dieu.
– L’isolement est un principe biblique. Si une personne présente des symptômes liés à la maladie, il est normal de se signaler aux autorités tout comme la personne potentiellement atteinte de la lèpre se présentait au sacrificateur. Si l’autorité compétente juge un isolement nécessaire, il est bon de s’y soumettre pour le bien de notre prochain.
– Pour ce qui est du confinement et des restrictions de libre circulation, considérons deux choses : dans la Parole, il n’est fait nulle part mention d’un confinement en cas d’épidémie. Même durant la peste induite par l’ordre de David de dénombrer la force d’Israël et où 70 000 hommes d’Israël ont succombé (1 Chr 21), une telle restriction n’a été imposée au peuple. Pourtant l’événement avait été annoncé par le prophète Gad. Néanmoins, les gouvernements ont été institués par Dieu pour le bien de la vie en société. Si nous sommes strictement confinés chez nous, cela nous amènera à nous reposer davantage sur l’espérance que nous avons en Christ. N’est-ce pas aussi ce témoignage que nous recueillons de la part des chrétiens persécutés, privés injustement de leur droit de liberté, et jetés en prison à cause de leur foi ?
- Edité par Herrmann Georges
Près de 4 millions de morts[note]Nombre de morts de la Covid-19 au moment de la rédaction de cet article en juin 2021[/note]. Voilà ce que la Covid-19 a causé dans le monde de ses débuts à la date de rédaction de cet article.
Aujourd’hui, avec les médias, le web, les réseaux sociaux, les calamités nous sont rapportées à la minute près, ce qui est plutôt déprimant. Et quand ce n’est pas un virus meurtrier, c’est un tremblement de terre, un tsunami, un ouragan, une famine, une avalanche meurtrière, une mine qui s’effondre, des attaques terroristes, un déraillement de train, un avion qui s’écrase ou des massacres sanglants.
Mais quand une calamité frappe, quel est le message de Dieu ?
Les Juifs, eux, avaient leur interprétation des calamités. Ils se voyaient supérieurs à tout le monde parce qu’ils formaient le peuple de l’Alliance : ils étaient donc à leurs propres yeux les préférés de Dieu. C’est ainsi que Dieu les bénissait, les protégeait et les gardait des calamités. Et si quelqu’un subissait une calamité, c’est Dieu qui jugeait cette personne parce qu’elle était mauvaise.
Job a perdu tous ses biens, toute sa récolte, tous ses animaux, tous ses enfants, et ce, dans la même journée. Il perdra ensuite sa santé. Ses amis viennent lui expliquer pourquoi il subit pareils maux. Selon Éliphaz, l’innocent ne périt pas, tandis que ceux qui moissonnent les fruits, ce sont ceux qui labourent l’iniquité (Job 4.7-8). Si Job souffre, c’est donc qu’il a péché ! Avec un tel ami, on n’a pas besoin d’ennemi… Éliphaz ne fait que confirmer la pensée juive de l’époque : s’il t’arrive des calamités dans la vie, c’est simplement le jugement de Dieu qui tombe sur toi. Leur croyance restait la même au temps du N.T., notamment dans Jean 9.1-2 : Si cet homme était né aveugle, c’est que quelqu’un avait péché.
Mais que veulent dire ces événements ? Que veut dire une tour qui s’effondre et tue sans discrimination des chrétiens, des non chrétiens, des adultes, des enfants, des personnes immorales et morales ? Que veut dire un avion qui s’écrase et où tous meurent, sans égard à leur moralité relative, à leur spiritualité ou à leur connaissance de Dieu ? Dieu choisit-il certaines personnes en les mettant à un endroit précis juste pour toutes les tuer ?
Or nous connaissons tous des personnes méchantes et mauvaises qui se portent très bien. Elles sont en bonne santé, prospèrent, vivent de longues vies, et font tout ce qu’elles peuvent pour corrompre notre société. Mais nous connaissons également de bonnes personnes qui sont mortes dans des calamités terribles : accident de voiture, déraillement de train, maladie, ouragan. Tout comme le présent virus qui frappe n’importe qui, n’importe où sur la planète. Qu’est-ce que ça veut dire ?
La réponse de Jésus
Dans Luc 13.1-5, Jésus répond à la question. Au verset 1, quelques personnes lui racontent le récit d’une calamité. Ces gens lui rapportent l’histoire de ces Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.
Il est important de souligner que le sujet sous-jacent est le jugement. À la fin du chapitre 12, Jésus termine son message en parlant d’une personne coupable de quelque méfait, qui va devant le magistrat : mieux vaut pour elle régler son cas avec son accusateur avant d’arriver devant le juge. Sinon, le juge va mettre en évidence sa culpabilité, la remettre au gardien de prison pour qu’elle aille derrière les barreaux jusqu’à ce qu’elle ait payé le dernier sou.
Ainsi, Jésus enseigne qu’il vaut mieux régler son cas avec Dieu avant d’arriver au jugement car il sera alors trop tard et nous subirons la punition éternelle. Cela pique la curiosité des gens. En ayant donc à l’esprit le sujet du jugement, ils posent la question suivante : qu’en est-il de ces Galiléens dont Pilate a mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices ? Est-ce le jugement de Dieu ?
Apparemment, Pilate avait envoyé ses soldats pour trouver quelques Galiléens et les exécuter alors qu’ils offraient des sacrifices. Il n’y avait qu’un seul endroit en Israël où l’on pouvait offrir un sacrifice, c’était au Temple. Et quand le texte dit que Pilate avait mêlé le sang des Galiléens avec celui de leurs sacrifices, ce fut certainement le cas littéralement : le sang des animaux sacrifiés avait été mêlé avec le sang de ceux qui venaient d’être exécutés par les soldats romains sous les ordres de Pilate.
Ainsi, au verset 2, Jésus anticipe leur interrogation et remet en question leur croyance conventionnelle en leur demandant : « Croyez-vous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert de la sorte ? »
La question sous-jacente de ceux qui racontent cette histoire à Jésus était la suivante : « Comment est-il possible que ces Galiléens aient subi un tel sort de la part de Pilate ? Étaient-ils pires que n’importe qui d’autre en Galilée ? » C’est ce qu’ils pensaient. Que dit Jésus ? « Croyez-vous que ? » Le verbe grec parle de supposer. « Supposez-vous que ? »
Quel est le message de la calamité ?
Voici un principe à retenir : nous ne vivons pas parce que nous méritons de vivre. Nous vivons parce que, même si nous méritions de mourir, Dieu est miséricordieux. Nous savons que Dieu est juste et saint, que le salaire du péché, c’est la mort et que nous méritons la mort. L’âme qui pèche doit mourir. Mais si notre cœur continue à battre, c’est parce que Dieu est miséricordieux. C’est sa patience qui nous amène à la repentance.
À travers l’histoire de l’humanité, Dieu ponctue sa patience avec des événements qui rappellent que la mort guette, mais sans que nous sachions quand… Le message, c’est donc que tu ne sais pas quand tu vas mourir, mais tu vas mourir et tu ne peux le prédire, ni le planifier. Tu as besoin d’être prêt.
Ainsi, Jésus va répondre au verset 3 : « Non, je vous le dis. » Ces Galiléens n’étaient pas de plus grands pécheurs que tous les autres! Les Juifs de Jérusalem avaient tendance à penser que les Galiléens, victimes de la calamité du temple, leurs étaient inférieurs. Mais Jésus rapporte un événement qui est survenu dans leur propre ville, soit l’effondrement d’une tour qui causa plusieurs morts.
Il n’y avait aucune trace de péché dans la première histoire, et pas plus dans la deuxième. Rien n’indique que les personnes tuées faisaient quelque chose de mal quand la tour leur est tombée dessus. Tout comme rien n’indique que les Galiléens faisaient quelque chose de mal quand ils ont été tués.
Bref, ces 18 personnes étaient tout simplement là quand la tour leur est tombée dessus. Aujourd’hui, on dirait qu’elles étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Jésus pose alors cette question au verset 4 : « Croyez-vous qu’elles aient été plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? » Et Jésus répond : « Non ». Le fait que tu sois vivant ne veut pas dire que tu es meilleur qu’ils ne le sont. Non. La calamité n’est pas le moyen que Dieu utilise pour cibler les personnes méchantes.
Les calamités ne manquent pas dans ce monde déchu. Les habitants de la planète sont aux prises depuis plus d’un an avec un virus meurtrier. Et si on reprenait la logique des Juifs, les gens victimes de la Covid-19 seraient morts parce qu’ils seraient plus coupables et plus pécheurs que les autres. La réponse du Seigneur serait la même aujourd’hui qu’au début du verset 3 et du verset 5 : « Non ». Les gens qui sont victimes de calamités ne meurent pas parce qu’ils sont de pires pécheurs que les autres.
Quel est donc le message de Dieu derrière les calamités ? Au fond, les calamités mettent en relief la véritable calamité qui guette tout être humain. « Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également » (versets 3 et 5). La véritable calamité n’est pas d’avoir été tué dans le temple ou par une tour qui te soit tombée dessus. La vraie calamité, c’est que si tu ne te repens pas, quand la mort arrivera, tu périras. Et le Seigneur parle ici du jugement éternel.
La vraie calamité est donc de mourir et d’expérimenter le jugement de Dieu sans être en règle avec Dieu avant d’arriver au tribunal. La vraie calamité est de subir le jugement éternel de Dieu faute de repentance. Le problème n’est pas la façon dont les gens meurent, ni le moment, ni la cause de leur mort. Le problème, c’est de mourir sans se repentir !
Ce n’est pas parce que ton avion a atterri et que l’avion de quelqu’un d’autre s’est écrasé que tu es meilleur que quiconque. Ce n’est pas parce que tu as été épargné par la Covid-19 et ses effets mortels que tu es meilleur que les quelque 4 millions de victimes. Dieu montre simplement envers toi plus de miséricorde, plus de patience, te donnant plus d’occasions de te repentir.
Mais pour les Juifs, c’était une pilule trop dure à avaler. Se repentir ? Nous sommes les justes. Nous sommes les pieux. Nous sommes les spirituels. Nous sommes les élus. Nous sommes les bénis.
Il y a deux choses dans la repentance. Premièrement, elle implique de changer d’avis sur son péché. De reconnaître que si tu as enfreint une des lois de Dieu une seule fois, tu es coupable. Jacques 2.10 dit : « Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous. »
Heureusement, tout le monde n’attrape pas la Covid-19 ! Et pour la plupart des personnes qui l’attrape, le virus n’est pas mortel. Ce n’est pas le cas du péché. Il est mortel physiquement et spirituellement pour tous. Romains 3.23 précise que tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. Tous sont donc infectés et affectés. Et ce virus s’est répandu depuis Adam (Rom 5.12). Pour en être guéri, tu dois d’abord reconnaître ton état de perdition éternelle et ta culpabilité devant Dieu.
Deuxième élément nécessaire à la repentance : tu dois reconnaître Jésus-Christ comme le seul Sauveur. Actes 20.21 parle d’ailleurs de repentance envers Dieu et de foi en notre Seigneur Jésus-Christ. Il n’y a pas de salut sans repentance et, évidemment, il n’y a pas de salut sans la foi en Jésus-Christ. Les deux éléments sont nécessaires.
Conclusion
Le message que Dieu nous lance à travers la pandémie actuelle est le suivant : la mort est une réalité qui peut frapper n’importe quand. Règle ta situation avec Dieu avant qu’il ne soit trop tard. Comment ? En te repentant et en croyant en Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur, qui s’est chargé de tes péchés en mourant sur la croix. Et sa résurrection prouve que le sacrifice a satisfait Dieu le Père.
- Edité par Rochette Marc
De tous les personnages bibliques, Job est l’un de ceux qui a traversé les souffrances physiques et morales les plus pénibles. Son histoire montre que le problème des fléaux et de la maladie n’est pas nouveau. Depuis l’entrée du mal dans le monde après la chute, l’humanité est touchée par ces épreuves qui soulèvent de nombreuses interrogations, parfois de la colère envers Dieu voire du désespoir. Ces fléaux sont-ils forcément un jugement divin pour le péché des hommes ? Si tel est le cas, pourquoi des hommes intègres et craignant Dieu seraient-ils atteints ?
Au milieu de toutes ses souffrances, la femme de Job lui conseille de maudire Dieu et de mourir. Ses amis moralistes lui expliquent que sa situation est certainement due à un péché caché. La douleur et le sentiment d’avoir été abandonné par Dieu semblent le terrasser, mais « en tout cela Job ne pécha point par ses lèvres » (Job 2.10).
À la fin du livre, Dieu répond enfin à Job. Il déploie devant ses yeux un tableau de l’étendue de sa gloire, de sa puissance et de sa souveraineté sur sa création. Dieu semble à nos yeux répondre à côté des questions existentielles lancinantes de Job. Pourtant Job s’en satisfait, car dans l’épreuve, il a rencontré son Créateur de manière plus intime : « Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu » (Job 42.5).
Face aux diverses épreuves que nous traversons, inspirons-nous de la patience de Job et encourageons-nous par l’heureuse issue de sa vie. Et si nous n’avons pas aujourd’hui toutes les réponses à nos « pourquoi », rappelons-nous cette pensée profonde d’Hudson Taylor : « Découvrir ce que Dieu me dit dans une période difficile est plus important que de sortir de cette période difficile. »
- Edité par Combe Silvain
La Première Épître aux Corinthiens est adressée à une église locale bien identifiée de la Grèce antique mais aussi à « tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (1.2). Tout au cours de la lettre, Paul a soin de rappeler aux Corinthiens qu’il leur donne le même enseignement qu’aux autres églises (7.17 ; 11.16 ; 14.33 ; 16.1). Les liens entre les églises locales sont importants et l’apôtre indique au moins trois moyens pour les entretenir :
1. La solidarité financière : Paul enjoint aux Corinthiens d’effectuer des collectes en faveur des croyants de Jérusalem qui seront envoyées avec des représentants de plusieurs églises (16.1-4). Aujourd’hui encore, une église qui connaît un besoin financier spécifique est heureuse de pouvoir compter sur la solidarité d’autres églises.
2. Les visites intentionnelles : Paul employait l’essentiel de son temps à visiter les églises. Mais il n’était pas le seul : il annonce une possible visite de son proche collaborateur, Timothée (16.10) ; il a discuté avec Apollos d’un voyage de ce dernier à Corinthe, où il avait déjà œuvré (16.12). Il est important qu’une église locale ne tourne pas « en circuit fermé » mais invite régulièrement des serviteurs pour présenter un message biblique. Ces visites permettent d’entendre de nouvelles voix, ouvrent à de nouvelles approches des textes et contribuent à l’harmonie et à la diversité du corps de Christ.
3. Les déplacements : Des frères de Corinthe sont venus voir Paul (1.11 ; 16.17), peut-être en profitant d’un voyage professionnel. Les mouvements de personnes entre églises, contraints ou volontaires, sont aussi des occasions de brassages enrichissants, ouvrant la voie à des visites familiales ou amicales.
Recherchons ainsi toutes les occasions pour contribuer à resserrer les liens entre églises locales.
- Edité par _Anonyme
La Maison de la Bible se propose de publier en français les commentaires bibliques Tyndale qui allient à la fois profondeur et accessibilité, puisque la connaissance des langues originales n’est pas nécessaire pour les lire. La série a commencé par celui de Thomas R. Schreiner sur 1 Corinthiens.
Ce commentaire se place d’emblée comme un des meilleurs disponibles en français.
Nous en publions un extrait avec l’aimable autorisation de l’éditeur.
Contexte[note]Chaque portion du commentaire comprend trois sections : Contexte, Commentaire, Théologie. La première section replace la portion dans le contexte global de la lettre et en donne les grandes lignes. Le commentaire procède ensuite verset par verset. La troisième section résume les grands enseignements théologiques de la portion. Nous ne reprenons ici que la première et la troisième sections de l’introduction (1.1-9). (NDLR)[/note]
Les Épîtres pauliniennes commencent traditionnellement par une salutation et par des propos exprimant la reconnaissance, et 1 Corinthiens ne déroge pas à la règle. Si nous comparons avec les autres lettres de l’apôtre, quelques accents spécifiques ressortent, au milieu des ingrédients épistolaires communs. Nous pouvons relever, par exemple, l’emphase qui est mise sur la sainteté et la sanctification des Corinthiens, emphase particulièrement frappante lorsqu’on tient compte de l’état catastrophique de l’assemblée d’après le reste de la missive. Dans le même ordre d’idées, on observe une insistance particulière sur l’universalité de l’Église. Les chrétiens de Corinthe font partie du saint peuple de Dieu, et sont appelés, dans l’Épître, à vivre à la hauteur de leur condition nouvelle. En outre, ils ne doivent pas commettre l’erreur de penser qu’ils sont les seuls croyants sur terre. Ils appartiennent à une Église universelle, présente dans le monde entier.
Quelques thèmes abordés dans les versets suivants attirent également notre attention (1.4-9). Nous pourrions nous attendre à ce que Paul omette toute expression de reconnaissance, étant donné la situation déplorable de l’Église à laquelle il s’adresse. Au lieu de cela, il célèbre l’action de la grâce de Dieu parmi eux. Nous ne devrions pas perdre de vue, toutefois, qu’il met l’accent sur cette grâce divine, et absolument pas sur les éventuels mérites des Corinthiens. Il est particulièrement remarquable qu’il remercie le Seigneur pour les dons spirituels dont bénéficie la communauté (1.7), même si nous voyons dans les chapitres 12 à 14 que la manière dont elle les comprenait et les exerçait était complètement erronée. De plus, Paul rappelle à ses destinataires que la grâce qui les a appelés les soutiendra et les affermira jusqu’à la fin, et il le leur assure même (1.8-9). Une telle promesse est assez fascinante, surtout quand on considère les avertissements sévères qui ponctuent la lettre (par exemple 6.9-11 ; 9.24-10.22).
Théologie
Plusieurs thèmes ressortent des deux premières sections de la lettre.
1. Paul se présente avec l’autorité d’un apôtre. Ainsi, ce qu’il affirme dans sa lettre ne correspond pas à une simple opinion humaine, mais à la Parole de Dieu adressée aux Corinthiens.
2. Les chrétiens de Corinthe, en dépit de tous leurs défauts, forment l’assemblée de Dieu, le peuple de Dieu. Ils sont associés aux autres croyants du premier siècle qui font appel à Jésus-Christ comme Seigneur.
3. Paul souligne la grâce de Dieu qui a appelé et équipé les croyants de Corinthe. Les dons qu’ils possèdent ne peuvent pas être attribués à leur propre sagesse ni à leur propre spiritualité. Ils expriment la bonté de Dieu manifestée en Jésus-Christ. Le Dieu qui les a appelés à la foi par sa grâce transformatrice leur donnera la capacité de persévérer jusqu’à la fin. La grâce agit dans la vie des chrétiens depuis le tout premier jour, celui où ils croient, jusqu’au jour de Jésus-Christ.
4. Dans ces versets, Jésus apparaît dans toute sa gloire, toute sa puissance et toute sa beauté. L’apôtre insiste sur le fait qu’il est le Seigneur. Il indique ainsi que le Fils possède la même identité et la même stature que Yahvé, le Dieu d’Israël. Jésus-Christ est pleinement divin, puisqu’il accorde la grâce et la paix à son peuple tout comme Dieu le Père. De plus, le jour de l’Éternel est désormais présenté comme le jour de Christ. Le Père et le Fils ne sont toutefois pas identiques, puisqu’une distinction est établie entre eux.
- Edité par Schreiner Thomas.R
Cet article est adapté d’un enseignement oral sur les dons spirituels.
Peu de passages du N.T. évoquent le parler en langues : outre les trois chapitres 12 à 14 de 1 Corinthiens, seuls trois textes des Actes le mentionnent, ainsi que la finale de l’Évangile selon Marc : « ceux qui auront cru […] parleront de nouvelles langues » (Marc 16.17).
Le jour de la Pentecôte, les 120 ont parlé les langues courantes de tous les Juifs rassemblés pour cette fête alors qu’ils ne les connaissaient pas. C’est l’Esprit qui leur donnait de s’exprimer ainsi (Act 2.5-11). L’Esprit est ensuite descendu sur Corneille et ses amis (Act 10.44-46) qui ont parlé de nouvelles langues. La dernière mention (Act 19.6) concerne des disciples de Jean qui s’étaient mêlés aux chrétiens et n’avaient pas reçu le Saint-Esprit ; après avoir été instruits, l’Esprit est venu sur eux et ils ont parlé en langues.
Le « parler en langue » est désigné par deux mots :
– la glossolalie, mot français « forgé » à partir des deux mots grecs, signifiant « parler » et « langue » ;
– la xénoglossie, mot français forgé aussi à partir de deux mots grecs signifiant « parler dans des langues étrangères ».
Certains font la différence entre les deux mots : la xénoglossie serait le phénomène qui a eu lieu lors de la Pentecôte (Act 2) et serait distincte du « parler en langues » dont il est question en 1 Corinthiens 14, désigné comme de la glossolalie.
Notons que le phénomène de la glossolalie a été observé par des psychologues lors de certains troubles et qu’il n’est pas rare dans la diversité des expressions religieuses du monde.1.
1. La nature du parler en langues
Le débat
Selon la conception classique, qui est aussi celle du pentecôtisme originel (position que plusieurs assouplissent), le parler en langues consiste à émettre des paroles sous l’inspiration miraculeuse du Saint-Esprit dans une langue qu’on ne connaît pas soi-même, qui existe ou qui a existé.
Une opinion différente a fait de nombreux adeptes, à partir d’arrière-plans très divers : la glossolalie courante n’est pas la xénoglossie. Le parler en langues est la simple émission de sons successifs qui n’ont pas en eux-mêmes un caractère linguistique. Les libéraux catholiques ou protestants, en cohérence avec leur refus de toute intervention surnaturelle, assimilent à de la simple glossolalie tous les phénomènes du N.T., y compris celui de la Pentecôte. D’autres, en particulier parmi les chrétiens charismatiques, limitent la xénoglossie à la Pentecôte et voient dans les autres passages de la glossolalie. Certains, s’appuyant sur 1 Corinthiens 13.1, qualifient la glossolalie de « langue des anges ». Une de leurs motivations vient des résultats d’études linguistiques qui démontrent, à partir de l’examen de centaines d’enregistrement de parlers en langues, que ces émissions ne possèdent pas les structures propres à toute langue mais ont leur propre structure, très simple, qui n’est pas linguistique [note]Voir en particulier William J. Samarin, Tongues of men and angels: the religious language of pentecostalism. Macmillan, 1972.[/note]. D’où la tentation de qualifier de « langue des anges » ce type de parler pour en sauvegarder le caractère surnaturel et non humain.
L’appréciation
Ces derniers tenants du parler en langues abusent de la clause de 1 Corinthiens 13. Paul ne dit pas que quiconque ait parlé la langue des anges dont c’est d’ailleurs la seule mention biblique ; il se place dans une situation purement hypothétique, comme dans la suite du texte (personne ne connaît tous les mystères !).
La différence entre la Pentecôte et la situation à Corinthe s’explique facilement par le fait que l’auditoire à Corinthe était beaucoup plus homogène que lors de la fête à Jérusalem et ne connaissait que peu de langues étrangères. D’autres arguments peuvent être ajoutés : Pierre fait un parallèle précis entre ce qu’il avait vécu à la Pentecôte et ce qu’il a observé chez Corneille (Act 11.15) ; or les termes d’Actes 10 et 11 sont les mêmes qu’en 1 Corinthiens 14. Le phénomène de Corinthe, souvent appelé « glossolalie », est donc bien de la « xénoglossie ».
De plus, deux éléments de 1 Corinthiens 14 indiquent que Paul a bien en vue des langues réelles :
– d’une part, quand il parle des « diverses langues » (14.10) ou du « sens de la langue » (14.11) : le caractère significatif de toutes les langues du monde n’a de pertinence dans ce débat que si les langues sont bien des langages réels ;
– d’autre part, quand Paul cite Ésaïe (14.21) : c’est une parole de jugement contre Israël à propos de l’Assyrie qui allait envahir le pays ; la langue des Assyriens, incompréhensible pour les Israélites, était une langue réelle de l’époque.
Le phénomène biblique du parler en langues est donc l’émission miraculeuse de paroles dans une langue étrangère, inconnue pour celui qui les profère, mais reconnaissable par quiconque la parle — et non pas ce qui est désigné couramment par le terme de « glossolalie ».
Quelques compléments
Le parler en langues communique-t-il un message ?
Paul précise : « Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu. » (14.2) Or, très fréquemment, dans le mouvement pentecôtiste, les paroles « en langues » que certains ensuite interprètent, sont plutôt des messages à l’assemblée, des paroles prophétiques adressées aux humains. Serait-ce une preuve d’inauthenticité ? La souplesse du langage biblique pourrait permettre de ne pas exclure cette possibilité — mais cela incite en tout cas à rester prudent.
Que dire de l’interprétation ?
La durée très différente entre certains parlers en langues et leur interprétation rend suspicieux. Le terme grec signifie simplement « traduction ». L’interprétation doit aussi être soumise à notre jugement et elle est indispensable pour que l’église soit édifiée (14.12-13).
Y a-t-il des parlers en langues démoniaques ?
Le cas ne peut être écarté : un pasteur africain de mes amis a entendu une jeune femme parler dans une langue inconnue pour elle mais que lui a reconnue et elle proférait d’horribles blasphèmes. Pour autant, la grande majorité des parlers en langues contemporains semblent être plutôt psychologiques.
2. Le sens du parler en langues
Le signe du baptême du Saint-Esprit ?
Le pentecôtisme, né au début du XXe siècle aux États-Unis, a fait du parler en langues le signe nécessaire du baptême du Saint-Esprit. Selon le schéma le plus habituel dans ce mouvement, le croyant vit deux expériences clefs :
– lors de la conversion, il met sa foi en Jésus Christ, acquiert le salut et reçoit l’Esprit ;
– ensuite il vit un don plus abondant lors d’une deuxième expérience qui lui permet d’accéder à un grade supérieur de vie chrétienne. Lors de la première, il reconnaît Jésus comme Sauveur et lors de la seconde, comme Seigneur. La seconde correspond au baptême du Saint-Esprit, conçu avant tout comme un revêtement de puissance, une mesure plus grande de l’Esprit et, tout particulièrement l’attribution du don de parler en langues. Certains pentecôtistes, toutefois, admettent que ce don n’est pas universel et sont gênés par rapport à des géants de la foi qui n’ont pas parlé en langues ; ce dernier serait le signe habituel, mais d’autres dons pourraient aussi marquer le baptême de l’Esprit.
La thèse n’est pas bien fondée bibliquement. Aucune occurrence dans le N.T. d’être baptisé dans le Saint-Esprit n’implique une seconde expérience. Selon Paul, « nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps » (12.13). Il n’y aucune raison de rattacher le baptême du Saint-Esprit à une autre expérience que celle, initiale, du don de l’Esprit qui lie l’ensemble de tous les croyants pour constituer le corps de Christ. Aucune Épître du N.T. n’exhorte à rechercher le baptême du Saint-Esprit. Le renouvellement de l’Esprit, mis en parallèle par Jésus avec le pain quotidien (Luc 11.13), correspond à un processus permanent dans la foi. L’Esprit a une plus ou moins grande influence sur la vie du croyant selon que ce dernier le laisse agir. Au lieu d’un schéma de deux bénédictions très typées, le N.T. présente une union initiale à Jésus-Christ par l’Esprit, suivie de multiples bénédictions que la demeure intérieure de l’Esprit nous aide à nous approprier de manière plus ou moins libre et glorieuse au fil du temps.
De plus, aucun passage du N.T. ne fait du don des langues un signe de la présence de l’Esprit. Les trois mentions dans les Actes où la réception du Saint-Esprit a été accompagnée du parler en langues ne suffisent pas pour en faire une règle ; ils représentent plutôt des événements clefs de l’histoire du salut : l’ouverture de la nouvelle alliance à des Juifs à la Pentecôte, puis aux païens chez Corneille[note]En Actes 19, c’est pour bien marquer la différence fondamentale entre les disciples de Jean Baptiste et ceux de Jésus que ce don spectaculaire a été donné.[/note] . Paul souligne très fortement aux Corinthiens que tous n’ont pas reçu le don de parler en langues lorsqu’il pose la question rhétorique qui appelle une réponse négative : « Tous parlent-ils en langues ? » Tous sont baptisés de l’Esprit, mais tous ne parlent pas en langues pour autant (12.13,30).
Un moyen d’adorer Dieu ?
Pour beaucoup de pentecôtistes ou de charismatiques [note]Le pentecôtisme a créé une nouvelle dénomination, alors que le mouvement charismatique a créé une mouvance au sein de diverses dénominations.[/note], ce don, dans sa pratique régulière, permettrait d’adorer le Seigneur plus intensément. Il serait le moyen d’une union au Seigneur d’une qualité supérieure. Cette opinion rejoint une tradition dont certains cantiques évangéliques classiques se font l’écho : les mots seraient impuissants à exprimer le ressenti profond de l’âme. Cette tradition puise ses racines dans des influences philosophiques sur certains pères de l’Église qui tenaient le silence pour supérieur à la parole. Le mysticisme s’y est alimenté pour prôner un dépassement de tout savoir afin d’accéder à un niveau supérieur.
Or Jésus n’a jamais critiqué les mots. La Parole est Dieu, non le silence. Notre paresse spontanée peut favoriser cette déviation : chercher ses mots est fatigant et dire avec exactitude est un travail. Il n’est donc pas juste de dévaluer la parole intelligible. Paul ne veut pas parler en l’air (14.9) et il valorise l’exercice de l’intelligence (14.13-15), au lieu de la mettre hors circuit au profit d’une expression incompréhensible. C’est cette parole compréhensible qui conduit à la foi le non-croyant et qui donne au croyant une plénitude dans son être intérieur.
Un signe de la nouvelle alliance
La Pentecôte inaugure la nouvelle alliance, la fondation de l’Église. La différence la plus spectaculaire entre l’ancienne et la nouvelle est l’ouverture à des personnes de toute nation, au lieu de la limitation au seul peuple d’Israël. Une fois l’œuvre du Sauveur du monde accomplie, tous les hommes sont attirés à lui. Le don des langues signale la nouveauté de l’alliance et l’effusion de l’Esprit sur Juifs et Grecs sans distinction.
Il est aussi un signe du rassemblement final où l’œuvre de l’alliance sera totalement récapitulée en une multitude innombrable qui célébrera les louanges de Dieu, dans la lumière de l’avènement de notre Seigneur (Apoc 7.9). Cela explique que le parler en langues ait été le seul don de l’Esprit que Jésus n’ait pas exercé, lui qui avait l’Esprit en plénitude, car son ministère a eu lieu avant la Pentecôte et l’ouverture de la nouvelle alliance.
Le don des langues est aussi le signe du jugement des juifs non croyants. Israël, représenté par ses chefs, a rejeté son Messie et un endurcissement partiel l’a atteint pour un temps.
3. La pratique du parler en langues
La pratique me semble devoir respecter le « dosage » de 1 Corinthiens 14. L’avant-dernier verset le résume bien : « N’empêchez pas de parler en langues », « aspirez au don de prophétie ». Pour Paul, le parler en langues est un don de l’Esprit qu’il ne rejette pas et ne déprécie pas, dans des conditions d’exercice précises, selon l’ordre qui plaît à Dieu. Mais il n’encourage pas à le rechercher. En assemblée, il recommande de viser les dons « meilleurs », au premier rang desquels la prophétie.
Paul demande aussi de tenir compte de la réaction des visiteurs occasionnels non chrétiens dans l’église (14.23). Il ne tolère le parler en langues que s’il y a interprétation de façon à donner le sens en langage intelligible. Si l’exercice du parler en langues peut générer du trouble ou du désordre, mieux vaut s’en abstenir, puisqu’il s’agit d’un don qui n’est pas indispensable.
En revanche en petit comité, entre personnes d’un même accord sur le sujet, en l’absence de non-initiés, j’en déduis qu’il serait permis à ceux qui ont reçu véritablement ce don d’exercer le parler en langues. Il n’y aurait pas davantage de restrictions à un usage purement individuel.
- Edité par Blocher Henri
1 Corinthiens 13 est l’un des chapitres de la Bible les plus beaux et les plus familiers ; il est souvent lu lors des mariages et a été maintes fois mis en musique.
Pourtant, telle n’était pas l’intention initiale.
Paul écrivait une réprimande à une église dysfonctionnelle pour son mauvais usage des dons spirituels.
Si nous ignorons le contexte de ce chapitre, nous risquons de passer à côté de son impact majeur.
Dans ce texte, Paul soutient que l’amour est action, pas émotion. Le genre d’amour dont Paul parle est vu, vécu et démontré. Loin de notre culture qui honore les sentiments personnels par-dessus presque tout. Nous faisons ce que nous voulons quand nous voulons parce que nous en avons envie. Et si nous ne « le sentons » pas, nous ne le faisons pas. Mais en étudiant ce passage, je suis frappé par l’absence totale de toute référence à des sentiments personnels. Étudions ce que Dieu veut dire sur l’amour, ce qu’il est et comment il doit être vécu dans l’église.
I. L’amour est plus grand que tout don spirituel (13.1-3)
Dans ces trois versets, Paul mentionne six dons spirituels : les langues, la prophétie, la connaissance, la foi, le don et le martyre.[note]Les quatre premiers sont énumérés en 1 Cor 12.8-10. Le don de distribution fait partie de ceux mentionnés en Rom 12.8. Le martyre ne fait partie d’aucune liste de dons spirituels, mais il est ici associé à eux[/note].
Les quatre premiers dons viennent du Saint-Esprit, et pourtant, sans amour, la personne qui les a n’est « rien ». Le verset 3 mentionne des activités que nous considérons automatiquement comme nobles : donner aux pauvres et mourir pour sa foi en Christ est le sacrifice ultime. Mais aussi bonnes soient-elles, sans amour elles ne font aucun bien. Selon Paul, la plus grande expression de la spiritualité est l’amour. Nous pourrions résumer ces trois versets ainsi : Sans amour… je ne dis rien, je ne suis rien et je ne gagne rien.
Arrêtez-vous juste un instant et réfléchissez à vos dons spirituels et à votre ministère dans l’église locale. Agissez-vous par amour sincère pour les personnes ou par obligation ? Servez-vous à cause de la satisfaction que vous en retirez ou pour perfectionner vos compétences ? Bien que personne n’ait des motifs parfaitement purs, nous devrions chercher à grandir dans la part d’amour que nous y mettons. Pour Paul, l’amour est une action, pas une émotion ; par conséquent, nous devons mettre notre amour en action.
II. L’amour s’exprime par des réactions surnaturelles (13.4-7)
L’amour ne peut être correctement défini qu’en termes d’action, d’attitude et de comportement. Paul ne donne pas de définitions théoriques abstraites. Pour nous montrer à quoi ressemble l’amour, il dresse plutôt en quatre courts versets quinze portraits d’amour distincts, à travers quinze verbes qui ont tous « l’amour » comme sujet.
1. L’amour est patient
La langue grecque a plusieurs mots pour « patience ». L’un désigne la patience quant aux circonstances tandis qu’un autre est utilisé uniquement pour la patience avec les personnes. Le Seigneur sait que nous avons besoin des deux types de patience, mais c’est ce deuxième mot qui se trouve ici. Une personne qui exerce l’amour ne perd pas patience avec les autres. Les gens aimants sont prêts à tolérer les lacunes des autres, parce qu’ils savent qu’ils ont aussi des défauts. En vieillissant, vous sentez-vous de plus en plus patient ou avez-vous l’impression de devenir de plus en plus grincheux ? Dieu veut que nous grandissions dans un amour patient pour ceux que nous servons et ceux avec lesquels nous servons.
2. L’amour est plein de bonté
La patience doit être accompagnée d’une réaction positive de bonté envers l’autre. La bonté ne signifie pas donner à chacun ce qu’il ou elle veut. Parfois, l’amour doit être dur. La bonté peut signifier dire non. La bonté, c’est retenir ce qui nuit et donner ce qui guérit.
Paul a suivi les deux expressions positives de l’amour avec huit verbes qui indiquent comment il ne se comporte pas.[note]Les cinq premiers comportements à rejeter caractérisaient les Corinthiens : ils étaient envieux (3.3 ; 4.18) ; orgueilleux (3.18 ; 8.2 ; 14.37), vantards (4.6,18-19 ; 5.2 ; 8.1), impolis (7.36 ; 11.2-16) et autocentrés (10.24,33).[/note]
3. L’amour n’est pas envieux
Le jaloux est mécontent du succès des autres. Pourtant, le véritable amour désire le succès de son prochain. La meilleure façon de guérir l’envie est de prier sincèrement pour la personne dont vous êtes jaloux. Prier pour elle, c’est démontrer de l’amour, et la jalousie et l’amour ne devraient pas exister dans le même cœur.
4. L’amour ne se vante pas
L’amour n’a pas la grosse tête, mais un grand cœur. Plus nous grandissons dans l’amour, moins nous devrions nous vanter. Plus vos dons spirituels sont grands, moins vous devriez vous vanter. Après tout, vos dons vous ont été gracieusement offerts par Dieu. Se vanter démontre de l’insécurité et de l’immaturité spirituelle. Suivons Christ et son exemple afin d’être humbles devant lui et les autres.
5. L’amour ne s’enfle pas d’orgueil
Cela va plus loin que de se vanter. Les orgueilleux se poussent en avant, utilisent les autres pour se faire valoir, et se considèrent exempts des exigences imposées aux simples mortels. L’orgueilleux manque de respect pour les autres et les méprise. Au contraire, Dieu nous appelle à servir les autres et à être plein de grâce envers eux.
6. L’amour n’agit pas de manière inconvenante
Ce mot est mieux traduit par « grossier ». Certains chrétiens semblent prendre plaisir à être brutaux, et se justifient en se disant honnêtes. Mais l’amour ne dit pas toujours tout ce qui est ; il ne verbalise pas toujours toutes ses pensées, en particulier si celles-ci ne sont pas édifiantes. Il y a une gentillesse dans l’amour qui n’oublie jamais que la courtoisie, le tact et la politesse sont de belles choses.
7. L’amour ne cherche pas son intérêt
Aimer est l’opposé même d’insister sur ses propres droits. Inutile de dire que c’est une qualité rare aujourd’hui. Notre société non seulement tolère mais glorifie la recherche de soi. Mais une personne narcissique ou égocentrique n’agit pas par amour. L’amour n’est pas possessif, exigeant, têtu ou dominant. L’amour parle moins qu’il n’écoute. L’amour n’insiste pas sur sa propre pensée. Il est toujours prêt à s’en remettre aux autres.
8. L’amour ne s’irrite pas
L’amour n’est pas soumis à des explosions émotionnelles et ne se laisse pas exaspérer par des petites contrariétés. Mais, dites-vous, quand quelqu’un me provoque, ce n’est pas ma faute. Oui, ça l’est. Nous n’avons pas à nous irriter, et si nous vivions dans l’amour, nous ne le ferions pas. Connaissez-vous des personnes qui s’offusquent si rapidement que vous devez prendre constamment des gants avec elles ? Vous essayez d’éviter de leur parler et lorsque vous êtes obligés de le faire, vous pesez soigneusement chaque mot. Mais ces personnes tournent toujours ce que vous dites en mauvaise part. Elles ne savent rien de l’amour agape, car l’amour n’est pas susceptible.
9. L’amour ne soupçonne pas le mal
Paul utilise ici un terme de comptabilité. L’amour ne tient pas un registre des mauvaises actions. Il ne mémorise pas chaque blessure reçue pour régler un jour les comptes. Sur qui gardez-vous des dossiers ? Jetez-les sans hésiter !
10. L’amour ne se réjouit pas de l’injustice
L’une des raisons pour lesquelles je déteste regarder les informations est que la plupart concernent les malheurs et les méfaits des gens. Il y a quelque chose dans notre nature humaine qui attise notre intérêt pour les procès pour meurtre, les enquêtes de police, les catastrophes naturelles et les tragédies humaines. L’amour ne prend aucune joie dans le mal d’aucune sorte, aucun plaisir malveillant quand il entend parler des insuffisances, des erreurs et des péchés de quelqu’un d’autre.
Après huit aspects négatifs, viennent maintenant cinq positifs.
11. L’amour se réjouit de la vérité
Si une action n’est pas conforme à la vérité de la Parole de Dieu, elle ne peut pas être faite dans l’amour. La vérité et l’amour vont main dans la main. La vérité doit rendre notre amour lucide, et l’amour doit rendre notre vérité compatissante et indulgente. Si nos actions sont en accord avec l’amour, nous accueillerons toujours la vérité biblique, nous ne lui résisterons jamais.
12. L’amour supporte tout[note]Le support ne devrait pas aller jusqu’à cautionner des situations intolérables, comme par exemple de la violence dans un couple. De même « croire tout » n’implique pas d’accepter sans discernement toute information. (NDLR)[/note]
L’expression « supporte tout » est liée en grec au mot « toit » : une couverture qui offre une protection contre les éléments hostiles. 1 Pierre 4.8 dit que l’amour couvre une multitude de péchés. C’est précisément le sens ici. L’amour protège les autres. Il ne diffuse pas de mauvaises nouvelles. En pratique, l’amour ne souligne pas tous les défauts de ceux que vous aimez ; il ne critique pas non plus en public. C’est pourquoi je suis peiné chaque fois que j’entends un mari humilier sa femme en public ou une femme faire des remarques sarcastiques sur son mari. S’ils font cela en public, que font-ils en privé ? Un de mes amis m’a dit un jour : « J’ai regretté de nombreuses fois d’ouvrir la bouche. Mais je n’ai jamais regretté d’avoir gardé le silence. » En l’appliquant aux critiques inutiles d’autres personnes, c’est un excellent conseil.
13. L’amour croit tout
L’amour est toujours prêt à tenir compte des circonstances atténuantes, à donner à l’autre le bénéfice du doute, à croire le meilleur des autres. Beaucoup d’entre nous ont développé une certaine méfiance à l’égard des autres, alimentée par des histoires négatives. Mais il y a pire que la crédulité : la suspicion et la méfiance. L’amour fait toujours confiance. Il donne toujours le bénéfice du doute. Les gens ont tendance à devenir ce que nous croyons qu’ils sont. Si vous traitez un homme comme digne de confiance, il s’efforcera de prouver qu’il en est digne. C’est ce que Jésus a fait. À Simon vacillant, Il a dit : « Tu es un rocher. » À une prostituée : « Tes péchés sont pardonnés. » C’est la force de croire le meilleur et non le pire des autres.
14. L’amour espère tout
La vie oblige à faire face à des situations si difficiles que la foi n’est pas possible. Vous accorderiez volontiers le bénéfice du doute mais en vain. L’amour porte un regard positif sur l’avenir. Paul ne prône pas ici un optimisme déraisonnable, déconnecté de la réalité. Il n’enseigne pas non plus le pouvoir de la pensée positive. Mais il suggère que l’amour refuse de considérer l’échec comme définitif, que ce soit en moi ou en quelqu’un d’autre. Si le croyant peut adopter une telle attitude, c’est que Dieu s’occupe de produire des géants spirituels à partir de situations d’échecs humains. « Espérer toujours » ne signifie pas s’asseoir pour regarder simplement Dieu agir. Mais plutôt s’impliquer activement dans le processus, alors qu’Il façonne l’avenir selon son plan parfait. L’amour espère et attend le meilleur. L’amour ne perd jamais foi dans les autres ni ne les abandonne mais il leur reste fidèle, malgré leurs défauts.
15. L’amour endure tout
L’amour tient fermement aux personnes qu’il aime. Il persévère. Il n’abandonne jamais personne. L’amour n’arrêtera pas d’aimer, même face au rejet. L’amour agit pour retourner une situation intolérable. L’amour regarde au-delà du présent dans l’espoir de ce qui pourrait être dans le futur.
* * *
Personne ne peut avoir la conscience totalement tranquille après avoir lu ces quinze expressions d’amour… Cette liste d’amour définit le don de Dieu lui-même en Jésus-Christ. Reprenez ces versets et partout où vous trouvez le mot « amour », remplacez-le par « Christ » et toutes ces déclarations resteront vraies. Le type d’amour décrit ici trouve sa source en Dieu et définit un style de vie en dehors de notre portée humaine. Il nous est absolument impossible de le vivre à moins de demeurer en Christ et de lui demander de vivre son amour surnaturel en nous et à travers nous.
III. L’amour est un don éternel (13.8-13)
Dans ces six derniers versets, Paul discute de la nature temporaire des dons spirituels et de la nature éternelle de l’amour (13.8).
Nous sommes limités dans notre compréhension (13.9), mais ce ne sera pas toujours le cas. Un temps de perfection arrive ! Le « parfait » (13.10) se réfère au retour du Christ, à la vie dans le monde à venir, après l’apparition de Jésus.
En utilisant l’analogie de l’enfance (13.11), Paul adopte une perspective éternelle et suggère simplement qu’il viendra un moment où les dons de l’Esprit ne seront plus nécessaires ; la maturité sera atteinte.
L’analogie du miroir (13.12) implique que notre vision du Christ est indirecte. J’aime regarder des photos d’amis, mais si j’avais le choix, je préférerais passer du temps avec eux plutôt que dans des albums photos.
Paul conclut ce chapitre au v.13 par ces mots : « Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour. »
L’amour est le plus grand, car il ne recouvre pas seulement ce que nous expérimentons dans nos relations avec les autres et avec Dieu, mais ce que nous expérimentons de Dieu lui-même.
Aujourd’hui, comment grandir dans votre amour pour les autres ? Premièrement, vous ne pouvez pas devenir la personne aimante que vous désirez être en dehors d’une relation aimante et vivante avec Dieu. Cette relation d’amour doit être cultivée avant tout. Deuxièmement, vous devez aimer ceux qui sont les plus proches de vous. Cela signifie que, si vous êtes marié, vous vous concentrerez sur votre conjoint. Si vous avez des enfants, vous donnerez la priorité à vos enfants. Si vous remplissez un ministère, vous aimerez ces enfants, ces adolescents ou ces adultes qui vous sont confiés. Vous vous efforcerez d’aimer vos voisins et vos collègues. Une fois cela accompli, vous pourrez mieux aimer le monde qui vous entoure. Dieu nous a appelés à aimer. Jésus a dit que tout le monde saura que nous sommes ses disciples par l’amour que nous aurons les uns pour les autres (Jean 13.34-35).
- Edité par Krell Keith
Il peut arriver à chacun de nous de nous réunir pour le repas du Seigneur avec un sentiment d’irréalité.
Nous obéissons à l’ordre du Seigneur, mais sans qu’il revête grand sens pour nous.
Nous ne ressentons rien de particulier et les silences sont davantage peuplés de pensées vagabondes que de pieuses méditations.
C’est pourquoi il est très important de revenir au fondement et d’exposer le sens du repas du Seigneur, ce qu’il représente, et quelle est sa place dans la vie du chrétien et de l’Église.
1. Le repas du Seigneur symbolise notre unité dans le seul corps de Christ
Paul introduit le repas du Seigneur en 1 Corinthiens 10 dans le contexte de la question des viandes sacrifiées aux idoles : est-il possible pour les chrétiens d’en manger ou non ? Or Paul ne veut pas qu’ils mangent de la nourriture offerte aux idoles, si c’est dans le cadre d’un culte idolâtre (1 Cor 10.14-22).
L’unique pain et l’unique coupe expriment notre unité de communion. Le premier sens du pain est de nous rappeler le corps de Jésus percé à la croix ; mais le N.T. parle aussi du corps de Christ comme symbole de l’Église. Ce texte lie les deux sens et fait ainsi un lien symbolique entre le pain et l’Église. Quand nous prenons le pain, nous témoignons donc que nous sommes un seul corps, une seule Église, tout comme le morceau de pain a été pris d’une seule miche.
C’est dans ce contexte que Paul en vient aux reproches accablants de 1 Corinthiens 11.17-22. Si, ailleurs dans l’Épître, Paul concède aux Corinthiens des points positifs, son langage ici est cinglant : « En donnant cet avertissement, ce que je ne loue point, c’est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires » (11.17).
« Et d’abord, j’apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions — et je le crois en partie, car il faut qu’il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous » (11.18-19). Paul reconnaît que les divisions dans l’église n’échappent pas à la souveraineté de Dieu et qu’elles ont un certain but, en mettant en évidence ceux qui sont des imposteurs. Néanmoins l’église reste responsable de démontrer son unité.
« Donc lorsque vous vous réunissez, ce n’est pas pour manger le repas du Seigneur ; car, quand on se met à table, chacun commence par prendre son propre repas, et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre » (11.20-21). Pour comprendre ce texte, rappelons que le dimanche n’était pas chômé à l’époque et que l’église devait se réunir le soir. Les plus riches arrivaient les premiers avec un repas plantureux tandis que les esclaves arrivaient après, sans souvent avoir pu prendre à manger. Les divisions sociales étaient donc transférées dans l’église au moment même où aurait dû se vivre un moment fondamental d’expression de son unité.
D’où les reproches sévères de Paul : « N’avez-vous pas des maisons pour y manger et boire ? Ou méprisez-vous l’Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dirai-je ? Vous louerai-je ? En cela je ne vous loue point. » (11.22) « Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu’un a faim, qu’il mange chez lui, afin que vous ne vous réunissiez pas pour attirer un jugement sur vous. » (11.33-34). Le repas du Seigneur n’est pas le moment de se mettre en valeur, ou de satisfaire ses appétits physiques, mais le moment de démontrer notre unité.
Aujourd’hui, le contexte a changé : nous arrivons tous plus ou moins à l’heure et personne n’apporte un copieux repas. Mais ne nous arrive-t-il pas parfois d’apporter nos divisions, nos hiérarchies, nos antipathies, nos tensions ? Au moment même où nous rappelons que nous, des pécheurs devant Dieu, sommes par la grâce de Dieu un seul corps, nous mettrions toutes ces dissensions sous le tapis et cet acte d’unité deviendrait une hypocrisie ?
Alors que nous mangeons et buvons ensemble, c’est le moment d’affirmer notre unité, de confesser notre arrogance, de nous aimer les uns les autres.
2. Le repas du Seigneur nous rappelle la mort de Jésus
« Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez » (11.23-25).
Vous savez aussi bien que moi que la signification précise du repas du Seigneur a fait l’objet d’amères querelles au cours de l’histoire de l’Église. Il est cependant clair que l’accent est mis avant tout sur le souvenir de la mort de Christ. Je suis persuadé que l’une des raisons pour laquelle le Seigneur, dans sa grande sagesse, a donné cet acte si simple est qu’il a vu que l’Église serait inévitablement occupée de multiples sujets qui, si légitimes soient-ils, éloigneraient les chrétiens de l’essentiel. Au cours d’une année, il est nécessaire d’enseigner l’église locale sur les grandes doctrines chrétiennes ; il faut s’occuper du bâtiment, de l’administration de l’église ; il est indispensable de prendre soin des relations entre les membres, etc. Ainsi la vie d’une église peut être tellement occupée qu’elle ne consacre que quelques minutes pour méditer sur la mort du Fils bien-aimé de Dieu. Alors par ce simple geste, Jésus nous ramène au centre : « Faites ceci en mémoire de moi. » Dans un sens, il est triste qu’il doive le formuler ainsi : pourrions-nous l’oublier, lui ? Comment pourrions-nous ne pas être touchés par l’amour de Dieu quand nous nous souvenons de Jésus et de sa mort ?
3. Le repas du Seigneur est le sceau de la nouvelle alliance
Tant chez Luc que chez Paul, ces mots sont ajoutés : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang » (11.25). À travers ces simples mots se profile tout un pan de théologie biblique : l’ancienne alliance a été remplacée par la nouvelle ; la loi de Dieu est écrite sur nos cœurs, dans le langage de Jérémie ; Dieu nous a donné un nouveau cœur, dans le langage d’Ézéchiel ; l’Esprit est répandu sur toute chair, hommes et femmes, jeunes et vieux, dans le langage de Joël.
Quelle joie : nous participons à la nouvelle alliance ! Dieu est fidèle à son alliance et il ne peut rompre ses engagements, scellés par la mort de Christ. C’est pourquoi Paul peut dire : « Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ » (Phil 1.6)..
4. Le repas du Seigneur a une fonction d’évangélisation
« Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (11.26). Le verbe « annoncer » est celui que Paul utilise habituellement pour prêcher, évangéliser, proclamer. Pourtant, pouvons-nous penser, le repas du Seigneur est destiné aux chrétiens et les non-croyants en sont exclus ; mieux vaut programmer des réunions spécifiques à leur intention. La vision du N.T. est différente : des non-croyants étaient présents dans tous les types de rassemblements, y compris le culte avec cène. Cela ne signifie pas qu’ils la prenaient, mais le repas du Seigneur peut et doit avoir une fonction d’évangélisation.
Un de mes amis, pasteur d’une église où passent de nombreux non-croyants introduit le moment du repas du Seigneur ainsi : « Le moment que nous allons vivre va vous paraître sans doute un peu étrange. Nous allons prendre un peu de pain et le manger en même temps ; nous allons prendre un peu de vin et le boire ensemble. Nous le faisons, parce que Jésus nous a demandé de le faire. Ce n’est pas un cérémonial magique ou une potion de vie éternelle. Nous le faisons, parce qu’il est fondamental pour nous de revenir régulièrement à la mort de Jésus et à sa signification. » Puis, très simplement, il explique les bases de l’Évangile. Il conclut : « Si vous n’êtes pas chrétien, ce serait un blasphème que d’y participer ; mais en nous observant, nous les chrétiens, prendre ces éléments, non parce que nous serions meilleurs mais parce que nous nous savons pardonnés par Christ qui a donné sa vie pour nous, vous voyez concrètement l’Évangile, la bonne nouvelle du salut. »
5. Le repas du Seigneur est une anticipation temporaire
« Vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (11.26b). Nous ne continuerons pas à prendre le repas du Seigneur pendant l’éternité. Lorsque les nouveaux cieux et la nouvelle terre paraîtront, plus personne ne prendra la cène.
Les anciens Juifs, en célébrant la Pâque (qui a de nombreux liens avec le repas du Seigneur), avaient l’habitude de dire : « l’année prochaine à Jérusalem ». Ils avaient été dispersés sur la surface de la terre et regardaient à la fois en arrière pour célébrer la sortie d’Égypte et en avant vers l’établissement du royaume de Dieu à partir de Jérusalem. Les chrétiens, eux aussi, regardent en arrière vers la croix de Christ et en avant vers le retour du Seigneur. Car notre but ultime n’est pas de nous réunir autour de la table du Seigneur pour commémorer sa mort mais, sur la base de sa mort, d’être tous dans la présence même du Christ ressuscité sur une terre renouvelée au temps du banquet messianique, pour toujours. Chaque participation au repas du Seigneur est une anticipation du moment où nous le verrons face à face.
6. Le repas du Seigneur est une occasion de s’examiner soi-même
« C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur » (11.27). Quand le texte emploie le mot « indignement », cela ne signifie pas que nous soyons dignes ou indignes par nous-mêmes, mais il concerne la manière dont nous nous approchons. C’est un adverbe qui décrit la façon dont nous venons et non un adjectif qui désignerait ce que nous sommes. Évidemment, nous sommes indignes : c’est pour cela que Christ est mort ! S’approcher de façon « digne » n’implique en rien qu’il y aurait quelque bonté intrinsèque en nous ; mais comment pourrions-nous nous souvenir que Jésus a dû mourir pour nos péchés tout en cultivant le péché en nous ? Comment me souvenir que Jésus a dû payer pour ma rancœur quand je cultive de la rancœur ? Comment me souvenir que Jésus a souffert pour mon égoïsme alors que je me centre sur moi-même ?
Nous sommes des pécheurs indignes mais pardonnés, qui ont reçu le droit de s’approcher du repas du Seigneur mais qui n’ont pas le droit de nourrir des péchés dans leur vie. Il est blasphématoire de prendre les éléments qui pointent vers le corps et le sang du Seigneur, signifiant par-là que nous acceptons son pardon, et de tolérer des habitudes pécheresses que nous refuserions de reconnaître et d’abandonner. La cène est une opportunité pour s’examiner soi-même : « Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (11.28).
7. Le repas du Seigneur nous avertit du jugement de Dieu
« Celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts. Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde » (11.29-32).
Paul écrit qu’un certain nombre de maladies et même un certain nombre de décès dans l’église de Corinthe ne sont rien d’autres que le jugement explicite de Dieu sur ceux qui osent s’approcher de la table du Seigneur avec tant de légèreté. Dieu prononce des jugements temporels pour purifier son Église afin qu’elle ne soit pas condamnée avec le monde. Je sais que ce langage nous effraye aujourd’hui. Insistons sur le fait que toute maladie, encore moins tout décès, n’est pas la conséquence directe d’une désobéissance (comp. Jean 5.14 et 9.3). Mais cela n’écarte pas totalement cette possibilité. Et si j’osais, je dirais que de tels jugements sont le signe de la miséricorde et de la puissance de Dieu dans l’Église et que leur absence est plutôt le signe que Dieu s’est terriblement éloigné puisqu’il laisse faire.
Un de mes professeurs avait commencé comme pasteur d’une église de campagne, dont les membres étaient là avant tout par tradition et dans laquelle la cupidité, l’immoralité sexuelle et la cruauté s’étalaient. Après avoir prêché pendant des mois, il était complètement découragé ; toute mesure de discipline était impossible car les plus pécheurs étaient au pouvoir. Alors, pendant trois mois, il a prié chaque jour en pleurant le Seigneur qu’il le retire de cet endroit et envoie quelqu’un de plus capable de faire face à la situation ou sinon qu’il purifie l’église. Et dans les trois mois qui suivirent, sur 200 membres, il y eut 34 décès et l’année suivante il baptisa 200 personnes. Je ne suggère pas que nous fassions monter de telles prières trop vite… Mais le Seigneur aime son Église et il s’élève contre quiconque veut la détruire.
Alors examinons-nous pour abandonner nos péchés — péchés par commission, péchés par omission, péchés dans nos pensées, péchés dans nos paroles, pour aller nous repentir auprès de ceux que nous avons offensés. Et ensuite approchons-nous, joyeusement et librement, du repas du Seigneur pour nous souvenir de la mort de Jésus, la base de toutes nos bénédictions présentes et futures.
- Edité par Carson D.A.
Cet article résume le long chapitre 7 de 1 Corinthiens autour de trois axes : la vision chrétienne du mariage, la prise en compte des réalités humaines et la valorisation du célibat.
Avant de s’en aller de la terre, Jésus a dit à ses disciples de faire des disciples parmi toutes les nations, de les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et de leur enseigner à observer tout ce qu’il a prescrit. Jésus a effectivement enseigné sur le mariage et sur le célibat et Paul a relayé sa pensée. Un petit rappel des circonstances. La ville de Corinthe était célèbre dans l’Antiquité pour son immoralité. Les Juifs se démarquaient de cette culture générale, et certains s’étaient convertis à Christ et faisaient partie de l’église. Du côté des Grecs convertis, il pouvait y avoir des attitudes très contrastées. Les premiers convertis étaient proches du judaïsme. Puis de vrais païens sont venus à la foi : pour eux, le corps n’avait rien à voir avec la vie spirituelle — on pouvait en faire ce qu’on voulait. Enfin, quelques-uns suivaient la ligne diamétralement opposée : pour eux, le corps était un obstacle à la spiritualité — il fallait le mater, le réprimer, ne lui donner aucune place. Quel est alors la place du mariage ? C’est la question que les chrétiens de Corinthe ont posé à l’apôtre Paul.
La vision chrétienne du mariage
À ceux qui pensaient que le mariage était mauvais, Paul dit que c’est un don de la grâce, un « charisme » (v. 7). À ceux qui pensaient que l’idéal du mariage chrétien consisterait à vivre ensemble comme frère et sœur, sans se toucher, Paul dit : « Ne vous refusez pas l’un à l’autre » (v. 5 [note] Les citations bibliques sont tirées de la Bible du Semeur.[/note]). Le mari doit à sa femme des caresses. La femme doit à son mari des caresses. S’il y a un effort à faire — parce qu’on est fatigué, préoccupé, ou contrarié — c’est la tendresse qui devrait généralement primer, et non l’abstinence. On se donne l’un à l’autre. C’est un vrai don, qui implique de se parler, de se réconcilier, si besoin est. Ce n’est pas un don sous contrainte.
Je suppose que tous les hommes de l’Antiquité auraient été d’accord avec les termes du verset 4 : « Le corps de la femme ne lui appartient plus, il est à son mari. » « La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari. » Mais ils auraient été abasourdis par la suite du verset : « Le corps du mari ne lui appartient plus, il est à sa femme. » « Le mari n’a pas autorité sur son propre corps, c’est la femme. » Le droit romain donnait tous les pouvoirs au mari : la loi de Jésus-Christ exige la réciprocité, le respect mutuel, des devoirs symétriques. L’apôtre Paul parle dans d’autres passages de l’autorité du mari, qui doit se modeler sur celle de Jésus-Christ. Mais au lit, il n’est pas question de leadership. Chacun doit penser au bien-être de l’autre. Derrière l’enseignement de l’apôtre nous discernons le récit de la création de l’homme et la femme à l’image de Dieu, et les beautés du Cantique des Cantiques.
Paul se fait plus loin l’écho de ce que Jésus lui-même a enseigné. Dans le plan de Dieu, le divorce n’est pas une option. « Quant aux couples chrétiens, voici ce que j’ordonne, ou plutôt ce que le Seigneur lui-même leur commande : Que la femme ne se sépare pas de son mari. Au cas où elle en serait séparée, qu’elle reste sans se remarier ou qu’elle se réconcilie avec son mari. Le mari, de son côté, ne doit pas quitter sa femme. » On réfléchit avant de se mettre ensemble ; après, on s’engage. « L’homme laissera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un. » Le lien physique crée un lien psychologique très fort, voulu par le Créateur. On peut le désapprendre, ce que font quantité de gens aujourd’hui, tout en se souvenant de ce qu’ils appellent « la première fois ». On ne crée pas ce lien à la légère, pour s’amuser, pour voir, pour tenter l’expérience, en espérant que… On le crée dans le cadre du mariage, qui est fait pour durer.
La prise en compte des réalités humaines
L’Ancien Testament connaît au moins deux situations contraires à l’idéal du mariage.
1. La polygamie : « L’homme s’attachera à sa femme… » La polygamie est un fait coutumier, encadré jusqu’à un certain point par des lois. Elle n’est jamais préconisée. Elle est souvent source de conflits. Les Proverbes recommandent : « Fais ta joie de la femme que tu as aimée dans ta jeunesse, biche charmante, gracieuse gazelle, que ses charmes t’enivrent toujours et que tu sois sans cesse épris de son amour ! » (Prov 5.18-19). Dans un certain nombre de ménages dans l’A.T., ce n’est tristement pas le cas.
2. Le divorce : La loi de Moïse se contente de le réglementer (Deut 24). Sur la base de ce texte les pharisiens viennent interroger Jésus. « Un homme a-t-il le droit de divorcer d’avec sa femme pour une raison quelconque ? » (Mat 19.3). La réponse de Jésus semble être catégorique : divorcer, sous-entendu pour se remarier, c’est commettre un adultère, ou pousser à l’adultère. Parce qu’au commencement, il n’en était pas ainsi : divorcer, c’est s’écarter du projet de Dieu.
Mais l’enseignement de Jésus tient aussi compte des réalités humaines. Il explique que les dispositions de la loi de Moïse sont là à cause de la dureté du cœur humain. Quand les choses vont de travers, il faut limiter les dégâts. Et si Marc et Luc ne retiennent que la leçon principale — pas de divorce —Matthieu rapporte un cas de figure où le divorce n’est pas synonyme d’adultère : quand l’alliance entre un homme et une femme est brisée par l’immoralité. Obliger l’un des époux — souvent la femme — à subir éternellement les frasques de l’autre, est encore plus en contradiction avec le plan de Dieu que le divorce. La dignité humaine est plus importante que le maintien purement formel de l’institution.
En 1 Corinthiens 7, l’apôtre Paul donne un autre exemple où il faut tenir compte de la réalité humaine. Il s’agit d’un couple, où l’un des conjoints est chrétien et l’autre pas. Si le conjoint non-chrétien exige le divorce, « dans ce cas, le frère ou la sœur n’est pas lié. » C’est comme s’il y avait eu décès. Mais ce n’est pas au conjoint chrétien de provoquer la rupture — ni en cherchant le divorce sous prétexte que le mariage avec un non-chrétien n’est pas un vrai mariage, ni en rendant la vie à deux insupportable par un zèle mal à propos.
S’engager dans un mariage mixte est contraire à la volonté de Dieu, mais quand on se convertit à Christ, on reste dans sa condition de vie et on ne casse pas son ménage. Avec son autorité d’apôtre Paul précise ici un point qui n’a pas été évoqué explicitement par le Seigneur Jésus. On peut se demander s’il n’y a pas d’autres situations analogues. En suivant la logique de Jésus — la personne humaine avant l’institution — on doit certainement ajouter un troisième cas de figure, la violence conjugale.
Le célibat
Le projet général de Dieu est donc un homme et une femme, pour la vie — avec quelques exceptions à la règle, à cause de la dureté du cœur humain. Quid alors du célibat ? Paul dit : « Il est bon qu’un homme se passe de femme. » Voilà de quoi surprendre à Corinthe ! Pour les chrétiens d’origine juive, il était très important de se marier et d’avoir des enfants pour perpétuer le nom de la famille et la nation d’Israël. Pour la plupart des chrétiens d’origine païenne, avoir des rapports sexuels était aussi naturel et aussi neutre sur le plan spirituel que manger et boire. Et voilà que Paul valorise le célibat. Il en donne deux raisons :
1. Premièrement, les personnes mariées sont plus vulnérables en temps de persécution (7.26-28). En Afrique, en cas de guerre civile, il est souvent arrivé que des missionnaires protestants soient évacués avec leur famille, alors que des prêtres catholiques restaient. Les dictatures européennes ont mis la pression sur les personnes mariées, en menaçant leur conjoint ou leurs enfants. Louis XIV a permis aux pasteurs protestants de s’exiler, à condition qu’ils abandonnent leurs enfants pour être élevés dans des couvents. Être marié, c’est être vulnérable.
2. La deuxième raison pour laquelle Paul valorise le célibat, c’est la plus grande disponibilité des célibataires pour la cause de l’Évangile (7.29-35). C’est une question d’emploi du temps et de priorités partagées. Paul n’aurait pas pu parcourir la moitié de la Méditerranée s’il avait dû s’occuper des besoins de sa famille. Son collègue Pierre était marié, et Paul estime cela normal. Mais il est fier d’avoir renoncé à ce privilège pour être plus disponible pour l’Évangile.
Nous touchons ici à la question du célibat choisi en opposition au célibat subi. Subi parce qu’on n’a pas rencontré la bonne personne, parce qu’on n’était pas prêt et que le moment est passé, parce que le conjoint vous a lâché, parce que la mort l’a enlevé… Jésus et Paul valorisent le célibat librement choisi. J’en connais qui sont heureux dans ce choix. C’est un don de la grâce, dit Paul, un « charisme », tout comme le mariage.
Mais que dire du célibat subi ? Il faut surtout, me semble-t-il, cultiver un réseau de relations qui puisse combler la solitude qui vous envahit parfois. Non pas des relations où vous mendiez l’affection, mais des relations où vous vous donnez pour les autres : dans l’Église, dans une association, dans la famille. Nos enfants gardent un souvenir affectueux d’un ami chrétien célibataire qui n’oubliait jamais leur anniversaire. Il n’avait pas d’enfants… mais il a laissé des traces dans la vie de beaucoup. En fait, dans le mariage ou en dehors du mariage, aimer, se donner pour les autres, est la clé de tout.
Le don de soi pour les autres gagne à être accompagné d’une attention réciproque de l’Église vis-à-vis des souffrances secrètes de certains de ceux qui sont seuls (« que les membres aient également soin les uns des autres » 1 Cor 12.25). Ainsi entourés de compassion discrète, ces célibataires n’en seront que mieux encouragés à ne pas se replier sur eux-mêmes, à s’ouvrir aux autres et à servir.
Conclusion
Mariage et célibat, le verset 7 lie les deux : « Chacun reçoit de Dieu un don particulier de la grâce, l’un le mariage, l’autre le célibat. » Ailleurs Paul propose une philosophie de vie qui peut sous-tendre les deux : « Aucun de nous ne vit pour lui-même et aucun ne meurt pour lui-même. Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, que nous vivions ou que nous mourions, nous appartenons au Seigneur » (Rom 14.7-8).
- Edité par Margery Gordon
C’est aux Corinthiens que Paul écrit au sujet de la vie de l’église locale, plus que dans toute autre de ses lettres. C’est aux Corinthiens que Paul dit qu’ils ne manquent d’aucun don (1.7). C’est aux Corinthiens que Paul parle plus qu’ailleurs de la discipline de l’église locale.
C’est aux Corinthiens que Paul écrit au sujet de la vie de l’église locale, plus que dans toute autre de ses lettres. C’est aux Corinthiens que Paul dit qu’ils ne manquent d’aucun don (1.7). C’est aux Corinthiens que Paul parle plus qu’ailleurs de la discipline de l’église locale.
On pourrait en être étonné.
En effet, on pourrait penser que ces chrétiens qui avaient tout pour bien faire, devaient mener, dans l’église, comme le dit Paul, une vie paisible et tranquille (1 Tim 2.2). Mais dans cette église de Corinthe, rien ne va vraiment bien. Il y a des clans (1.11), de l’immoralité (5.1), des procès entre eux (6.1), de la religiosité (8.1), des problèmes d’autorité (11.3), de comportement à l’égard de la cène (11.33), de désordre (14.33)…Paul relève donc ce qui ne va pas. Il y va de la qualité de vie de l’église, et de son service pour le Seigneur. Paul appelle à comprendre pour aller mieux, pour sortir des difficultés et ne plus y retomber. Paul appelle à apprendre, personnellement et collectivement, à s’approprier une discipline, une véritable respiration spirituelle !
Mais il est vrai que dans notre expérience d’église locale, la question de la discipline est le plus souvent délicate. Elle peut éveiller de mauvais souvenirs, produire des craintes, attiser les différences de sensibilité, monter les uns contre les autres…
Face à cette difficulté que traverse l’église, Paul pose le problème : un homme a des relations sexuelles avec la femme de son père.
Il en donne quatre précisions :
« On l’entend dire partout » (5.1) ! Autrement dit, la chose est connue, on ne la cache pas, tout le monde en parle et, semble-t-il, personne ne s’indigne. Le problème concerne donc toute l’église.
« Il y a de la débauche » (5.1). La débauche, c’est une sexualité dévoyée, animale, qui n’a pas de sens, une relation sexuelle sans relation, comme celle qu’on peut avoir avec quelqu’un qu’on ne connaît pas, ou avec qui on n’est pas engagé dans une relation maritale.
« C’est une débauche telle qu’elle ne se rencontre même pas chez les païens » (5.1). Prendre la femme de son père était doublement mauvais, à la fois un adultère et un inceste. Notons que Paul ne prend pas la peine de rappeler un des commandements du Décalogue, de ne pas convoiter la femme de son prochain (Ex 20.17), tellement le problème est évident.
Les Corinthiens s’en glorifiaient (5.2) plutôt que de s’en affliger.
Paul connaît donc la situation, et l’a bien analysée. Mais ici, il ne donne aucun détail personnel : description des personnes, des lieux, des actes. Cela ne veut pas dire qu’il n’en connaisse rien. Il garde le secret sur l’intimité des personnes en cause. Il donne l’essentiel de ce qui est à connaître et qui permet à l’église de savoir ce qu’il y a lieu de faire.
Il en dresse quatre perspectives :
Prendre le deuil (5.2, S21). Prendre le deuil, ici, c’est reconnaître devant Dieu, ensemble et en public ce qui a été mal fait. Paul ne dit pas si le deuil doit être général, en rencontre plénière de l’église, ou dans le cadre du conseil des anciens. On peut penser que pour cette circonstance grave, le fait que Paul ne parle pas des anciens, pourrait impliquer qu’un des anciens est l’auteur de cette faute. Paul pourrait donc, soit demander aux anciens de prendre le deuil, soit le demander à l’église. J’opte plutôt pour la seconde solution, vu que le fait est connu et approuvé de tous.
Enlever le mal en excluant de l’église celui qui l’a commis (5.2). Il faut noter ici que Paul désigne une seule personne responsable de cette faute plutôt que les deux, alors que l’adultère ne se commet pas tout seul… Paul sous-entend ici qu’il connaît bien le problème et qu’il sait qui doit être discipliné. « Que celui qui a commis cet acte soit ôté du milieu de vous » peut vouloir dire que Paul veut protéger l’église, en demandant à cette personne de ne pas fréquenter l’église à cause de son comportement toxique, ou bien que Paul veut enlever au coupable le privilège d’être avec les frères et sœurs pour qu’il en ressente le manque, ou bien les deux.
Faire les choses ensemble (5.4). L’expression « vous et mon esprit étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus » montre la nécessité de prendre suffisamment de temps pour en parler, de le faire avec toutes les personnes concernées, en mettant le Seigneur au centre et particulièrement par la prière, croyant que le Seigneur donne la puissance pour mettre en œuvre une discipline adaptée. Dans la pratique habituelle de l’église (Act 15.22), le faire ensemble suppose une concertation des anciens puis une adhésion de l’église locale à la décision proposée.
« Livrer un tel homme à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus » (5.5). Il n’est pas dans nos habitudes de mettre en œuvre cette discipline extrême ! Personnellement, je ne l’ai jamais fait, ni vu faire. Dans nos pratiques, on essaye plutôt de faire le contraire : soustraire à Satan celui qui est tombé dans ses pièges ! Hyménée et Alexandre sont aussi sous cette discipline de Paul, pour qu’ils apprennent à ne pas blasphémer (1 Tim 1.20). Mais Paul ne dit pas comment le réaliser. Les choses sont peut-être simples : cet homme a servi Satan dans des fautes graves. Il doit connaître ce que Satan réserve à ceux qui le servent, ces souffrances qui l’amènent à mieux discerner le Diable qu’il a servi, pour cesser de le faire. Les anciens pourraient, très solennellement, en sa présence, dire au diable que l’homme est à lui, dans la perspective limitée de la restauration, Dieu étant témoin et garant de ces choses. Cette discipline a pour but son relèvement : « que son esprit soit sauvé » peut supposer qu’il ne l’est pas, ce qui serait très surprenant, s’il est un des anciens. S’il l’est, alors son esprit doit se relever de sa faute.
Les principes de discipline, que Paul préconise ici, peuvent être résumés de la manière suivante :
On discipline dans le cadre de l’église locale ceux de l’église locale. « Ceux du dehors » (5.13) ne sont pas concernés.
La discipline est collective, mesurée et appliquée par l’église locale (5.4).
On lui applique une discipline adaptée, dans une perspective de restauration (5.5). Paul donne par ailleurs dans ses lettres une dizaine de formes de discipline différentes.
On discipline ultimement « le méchant » (5.13) par l’exclusion, hors de l’église. Le méchant est celui qui persiste dans sa faute, qui ne s’est pas repenti de ce qu’il a fait et qui nuit à l’église locale (2 Cor 7.2).
Un des responsables est nécessairement en avant (5.3), pour conclure sur la discipline, pour en parler au méchant, à l’église locale et pour la faire appliquer.
L’église prie pour le relèvement du fautif et l’attend de manière active. Les responsables restent en contact, à la différence de l’église (5.11), avec le méchant, dans une perspective pastorale.
Notons que d’autres passages bibliques (1 Th 5.12 ; 1 Tim 3.5 ; Tite 1.9 ; 1 Pi 5.2) montrent l’importance des anciens dans la discipline.
Dans la conclusion de Paul, on peut noter deux choses :
Il faut « faire disparaître le vieux levain » (5.7). L’église est donc appelée à grandir, à sortir de ses problèmes, à tirer une expérience des situations difficiles qu’elle a vécue, à amener le responsable du problème à une restauration qui le libère, et qui libère l’église locale. Chaque situation est particulière, et doit être l’objet de rigueur, de concertation et de choix spécifiques. On le voit dans la restauration dont parle Paul plus tard (2 Cor 2.6).
« Ôtez le méchant du milieu de vous » (5.13). Reprenant ce qu’il a dit dans une lettre précédente, Paul donne des détails sur comment laisser le méchant à l’écart de l’église. Tout cas est particulier, mais il faut retenir le principe général de retenue absolue de l’église à l’égard du méchant, pour son bien et pour celui de l’église.
Tout ce que Paul a dit aux Corinthiens est applicable dans nos églises locales de nos jours. Sachons le comprendre ensemble et en tirer profit, en église comme personnellement.
- Edité par Argaud Guillaume
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