PROMESSES

Paul s’est beaucoup investi pour l’église de Corinthe. Mais, en son absence, certaines personnes cherchent à le discréditer dans l’esprit des Corinthiens. Leur but est de se présenter comme des personnes plus dignes de tenir le rôle d’apôtre. Elles lui adressent de nombreuses critiques :
• il ne tient pas ses engagements (2 Cor 1.15-17) ;• il n’a pas la carrure d’un chef (2 Cor 10.1) ;
• il marche selon la chair (2 Cor 10.2) ;
• il n’est pas un bon orateur, il n’a pas de prestance (2 Cor 10.10 ; 1.6) ;
• il les plonge dans la tristesse (2 Cor 2.5) ;•
il prêche pour son propre intérêt (2 Cor 4.5) ;
• il est cupide et rusé (2 Cor 7.2), charnel (2 Cor 10.2) ;
• il agit en « franc-tireur », sans recommandation ou mandat (2 Cor 3.1 ; 12.11).

Tout cela sape sa crédibilité et son autorité d’apôtre. Bien malgré lui, il se sent obligé de se défendre. Mais son but n’est pas de défendre son honneur et son statut, mais de défendre son ministère et de protéger les Corinthiens des prédateurs qui les menacent. Il défend son autorité spirituelle.

Étudions ce chapitre selon la formule « verset par verset » pour relever les caractéristiques de l’autorité de Paul.

v. Texte Commentaire
1 Moi Paul, je vous prie, par la douceur et la bonté de Christ – moi, humble d’apparence quand je suis au milieu de vous, et plein de hardiesse à votre égard quand je suis éloigné L’autorité exhorte avec bienveillance et bonté, avec humilité. Paul aurait pu chercher à s’imposer, mais il préfère que ce soit le choix des Corinthiens.
2 Je vous prie, lorsque je serai présent, de ne pas me forcer à recourir avec assurance à cette hardiesse, dont je me propose d’user contre quelques-uns qui nous regardent comme marchant selon la chair. Paul pourrait faire preuve de hardiesse et assurance, et il le fera si nécessaire, pour le bien des personnes qui sont des dangers. Mais il préfèrerait ne pas y être contraint.
3 Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. L’autorité ne fait pas intervenir la chair (capacités et motivations naturelles seules).
4 Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas char­nelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. Elle utilise des armes puissantes par Dieu (4-5). Quelle différence avec l’autorité des hommes sans Dieu !
5 Nous renversons les raison­nements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ. Elle conduit à la soumission à Christ (et pas à Paul, ou à un autre leader).
Ce sont les fausses idées et les faux raisonnements qui empêchent de s’approcher de Dieu. Peut-être aussi de reconnaître l’autorité voulue par Dieu.
6 Nous sommes prêts aussi à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance sera complète. La désobéissance et la contestation envers la volonté de Dieu auront des conséquences. L’autorité peut punir.
7 Vous regardez à l’apparence ! Si quelqu’un se persuade qu’il est de Christ, qu’il se dise bien en lui-même que, comme il est de Christ, nous aussi nous sommes de Christ. L’autorité ne vient pas de la prestance naturelle, apparente. Il faut examiner les choses spirituellement, voir si cette autorité vient de Dieu.
8-9 Et même si je me glorifiais un peu trop de l’autorité que le Seigneur nous a donnée pour votre édification et non pour votre destruction, je ne saurais en avoir honte, afin que je ne paraisse pas vouloir vous intimider par mes lettres. C’est le Seigneur qui donne l’autorité ; cette autorité construit et ne détruit pas ;
elle est saine, juste, donc pas de raison d’avoir honte de l’exercer, à distance ou de près. Elle peut être exercée par des personnes d’apparence peu impres­sionnante.
10 Car, dit-on, ses lettres sont sévères et fortes ; mais, présent en personne, il est faible, et sa parole est méprisable. L’autorité ne dépend pas d’une capacité à impressionner par une présence physique imposante ou par un style d’écriture dominateur.
11 Que celui qui parle de la sorte considère que tels nous sommes en paroles dans nos lettres, étant absents, tels aussi nous sommes dans nos actes, étant présents. Jusqu’à présent, Paul avait été doux au milieu des Corinthiens ; mais pour leur bien, il pourra user de sévérité.
12 Nous n’osons pas nous égaler ou nous comparer à quelques-uns de ceux qui se recommandent eux-mêmes. Mais, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant à eux-mêmes, ils manquent d’intelligence. Paul ne désire pas se justifier, se comparer, il fait appel à leur intelligence pour que ceux qui bravent son autorité réfléchissent.
13 Pour nous, nous ne voulons pas nous glorifier outre mesure, mais seulement dans la limite du champ d’action que Dieu nous a assigné en nous amenant jusqu’à vous. L’autorité est déléguée par Dieu, dans un domaine limité (ce n’est pas une prise de contrôle total motivée par une fierté déplacée). Il est important, pour ceux à qui Dieu a donné une autorité, qu’ils connaissent bien le « champ d’action ».
14 Nous ne dépassons point nos limites, comme si nous n’étions pas venus jusqu’à vous ; car c’est bien jusqu’à vous que nous sommes arrivés avec l’Évangile de Christ. Paul n’est pas intervenu « hors limites », dans un champ qu’il ne connaissait pas. Il intervient là où il a lui-même apporté l’Évangile.
15 Nous ne nous glorifions pas des travaux d’autrui qui sont hors de nos limites. Mais nous avons l’espérance, si votre foi augmente, de devenir encore plus grands parmi vous, dans notre propre domaine, L’autorité n’essaie pas de trouver un champ d’action en « récupérant » le travail d’un autre.
16 en évangélisant les contrées situées au-delà de chez vous, au lieu de nous glorifier de ce qui a déjà été fait dans le domaine des autres. Si Paul combat pour que son autorité soit reconnue, c’est pour le bien des Corinthiens et pour que l’Évangile soit répandu ailleurs aussi.
17 Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. D’ailleurs il ne se réjouit que de l’approbation du Seigneur. Quand Dieu a donné une autorité, la chair risque de s’enorgueillir. L’antidote est là.
18 Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, c’est celui que le Seigneur recommande. Notre service n’est pas validé – reconnu par notre propre recommandation ; mais par la recommandation du Seigneur.

Conclusion

Paul n’est pas intéressé par le pouvoir ou la domination. Il ne cherche pas la reconnaissance ou l’admiration (2 Cor 12.15). Il veut servir, enseigner et faire grandir ses enfants spirituels. Son secret, c’est qu’il se considère à la fois :
• Comme un apôtre, investi d’une mission, mais appelé par grâce et non pour ses mérites (1 Tim 1.12-14) ou capacités (2 Cor 3.5) ;
• Comme un serviteur (esclave) de Jésus-Christ (Phil 1.1), serviteur (diacre) de l’Évangile (Col 1.23) et des saints (Rom 15.25).

Questions pour aller plus loin

a. Comment peut-on définir en quelques mots l’autorité de Paul ?
b. Comment peut-on agir avec autorité et humilité en même temps ?
c. L’autorité et l’humilité ont-elles un fondement commun ?


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On donne parfois des « petits noms » à des enfants : « petit chérubin », « innocent ». Ces termes affectueux se comprennent… mais ils ne sont théologiquement pas très fondés !
En fait, tout homme est pécheur dès sa naissance. Déjà David en avait eu l’intuition quand il s’écrie : « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » (Ps 51.7 ; cf. Ps 58.4) Paul précise dans l’Épître aux Romains : « C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes. » (Rom 5.12) Comme représentant de toute la race humaine, Adam a entraîné à sa suite ses descendants qui reçoivent tous à la naissance la trace du péché qu’il a commis. La preuve en est que les bébés peuvent mourir dès leurs premières minutes de vie ; la mort, conséquence du péché, démontre la présence de cette racine de mal. Tout enfant a donc en lui une corruption héritée, une propension innée à mal faire.
Pour autant, cela ne veut pas dire ces bébés soient responsables : le même Paul, dans la même lettre aux Romains évoque la promesse faite à Rebecca en ajoutant à propos de Jacob et Ésaü : « ils n’avaient fait ni bien ni mal » (Rom 9.11).
À quel moment se manifeste de façon visible l’existence de cette racine du péché ? Il est difficile de le dire… Mais qui n’a pas vu un petit bambin de 18 mois perché sur sa chaise haute à qui l’on dit de ne plus souffler sur la cuillerée d’épinards et qui, avec un regard narquois, se précipite pour souffler encore plus fort la prochaine fois qu’on l’approche de sa bouche ?
La fixation de « l’âge de responsabilité » a fait couler beaucoup d’encre. Il correspond au moment où l’enfant ou l’adolescent devient personnellement responsable devant Dieu. Il dépend assurément de nombreux facteurs (maturité personnelle, connaissances bibliques, contexte familial, etc.) et seul Dieu le sait avec certitude. Que cela nous encourage en tout cas à présenter l’Évangile aux enfants dès leur plus jeune âge !


Édification

« Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l’un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l’observaient. Et voici, un homme hydropique était devant lui . Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya. Puis il leur dit : Lequel de vous, si son fils ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ? Et ils ne purent rien répondre à cela. Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places ; et il leur dit : Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi, et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire : Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place. Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes. » (Luc 14.1-14)

Une respectabilité déficitaire

Jésus est invité à un repas chez un chef des Pharisiens. Il n’y a là que des personnalités honorables, des docteurs de la loi et des pharisiens. C’est l’élite de la nation, la crème religieuse du judaïsme. Nous nous serions certainement sentis tout petits devant ces hommes imposants aux grosses barbes parfois toutes blanches, et revêtus de vêtements somptueux…

Tous observent Jésus, dans le but de trouver, dans son comportement ou dans ses paroles, une faute, une entorse à la loi ou à la règle de la tradition : ce serait enfin l’occasion de le reprendre et de l’accuser.

L’apparition soudaine d’un homme malade d’hydropisie est peut-être un piège de leur part, car elle coïncide avec un jour de sabbat.

Seulement, avant d’agir, Jésus leur pose une question: « Est-il permis de faire du bien et de guérir le jour du sabbat ? »

Le grand problème pour les Pharisiens, comme pour la plupart des chefs religieux, c’est que la disposition du cœur a moins d’importance que l’acte extérieur. En fait, ils honorent Dieu des lèvres, mais leur cœur en est éloigné. Ils aiment paraître, occuper les premiers sièges dans les festins et dans les synagogues, et qu’on les salue bien bas sur les places publiques : « Rabbi, rabbi1 » (maître ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54)

Dans nos églises2, cette attitude ne s’exprime-t-elle pas à sa manière ? : « Pasteurs, serviteurs de Dieu, ne venez jamais à l’avance lors des rencontres, car vous êtes beaucoup trop importants ; attendez que l’église soit pleine, afin que tout le monde puisse bien vous voir ! Et lorsque vous faites votre entrée, assurez-vous que le tapis rouge a été déroulé au préalable devant vous. N’entrez jamais tout seuls, mais soyez toujours accompagnés par tout un protocole; de préférence des jeunes filles qui porteront votre lourde sacoche et votre grosse Bible ! »

Je ne voudrais pas être sarcastique, mais ces dispositions sont malheureusement trop évidentes dans beaucoup de nos assemblées ! On favorise le culte de la personnalité, et certains s’arrogent toutes sortes de titres et de ministères pompeux ! On a oublié les paroles du Seigneur Jésus :

«  Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.11,12)

C’est pourquoi Jésus dénonce l’orgueil de ces chefs, leur hypocrisie, leur négligence de ce qui est essentiel à la loi : la justice et l’amour de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même. » (Luc 10.27) N’ira-t-il pas jusqu’à leur déclarer : « Vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, et votre intérieur est plein de rapine et de méchanceté » (Mat 23.25) ?

Au Congo, on dirait : « Soignez surtout votre apparence extérieure, et assurez-vous que vos chaussures sont bien cirées avant d’entrer dans la maison de Dieu ! Mieux encore, faites nettoyer vos chaussures par quelqu’un qui se mettra à vos genoux dans votre bureau avant de paraître devant le petit peuple, le commun des mortels ! »

Un certain péché nommé orgueil

À ce repas, que constate le Seigneur ? C’est que chacun s’est bousculé pour choisir les premières places ! Alors Jésus leur destine une parabole en guise de leçon de modestie. Qui n’en a pas besoin aujourd’hui ?

Bien souvent nos réactions et notre attitude dans la vie de tous les jours révèlent un aspect de notre vie intérieure et de notre niveau spirituel. Pourquoi tous ces dirigeants, cette élite, ont-ils besoin d’une leçon de modestie et d’humilité ? À cause de l’orgueil qui caractérise tout homme au naturel. C’est ce que le Seigneur Jésus développe dans son enseignement général : « Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » (Marc 7 :21-23)

Ainsi pourrait-on dire que ce n’est pas la beauté de telle personne qui la rend orgueilleuse, ni sa force, son intelligence, ses dons, sa réussite, sa richesse, sa position sociale, etc… Mais ce sont plutôt ces avantages qui éveillent, qui font gonfler et éclater en elle l’orgueil qui s’y trouve déjà.

D’ailleurs, n’est-ce pas ce sentiment destructeur qui a poussé Lucifer, ce chérubin protecteur, cet astre brillant, à se rebeller contre Dieu, à se croire égal à Dieu et à essayer de le supplanter (És 14.12-14) ? N’est-ce pas son orgueil qui l’a détruit et précipité dans les ténèbres du dehors ? À sa suite, ce poison mortel a également fait tomber nos premiers parents en leur instillant l’idée qu’ils deviendraient comme des dieux !

Oui, nous dit la Bible, « par un seul homme, le péché est entré dans le monde … » (Rom 5.12) Et le péché d’orgueil n’a pas reculé devant la désobéissance à la parole de Dieu. Par la même occasion, il a ouvert la porte au diable et aux mauvais esprits, avec les terribles conséquences que l’on sait.

Le vrai visage de l’orgueil

Voici ce que la Bible déclare au sujet de l’orgueil :

a-  L’orgueil excite des querelles ; l’orgueilleux veut toujours avoir raison et le dernier mot (Pr 13.10) !

b-  L’orgueil précède la chute et conduit à la ruine (Pr 16.18).

c-  L’orgueil conduit l’homme à des actes de folie, à la folie des grandeurs, en le poussant à aller toujours plus loin, plus vite, à accumuler plus de puissance, plus de gloire, plus de richesses (Pr 30.32).

d-  L’orgueil endurcit l’esprit, à l’image du roi Nebucadnetsar dont il est dit que « lorsque son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire. » (Dan 5.20)

e-  L’orgueil refuse d’entendre quand Dieu parle (Jér 13.9-10).

f-  L’orgueil n’accepte pas les conseils, les instructions, la réprimande. À tel point que sous l’Ancienne Alliance, l’orgueilleux était condamné à mort, comme nous le lisons dans Deut 17.12 : « L’homme qui, par orgueil, n’écoutera pas le sacrificateur placé là pour servir l’Eternel, ton Dieu, ou qui n’écoutera pas le juge, cet homme sera puni de mort. Tu ôteras ainsi le mal du milieu d’Israël. »

g-  L’orgueil du cœur aveugle et égare (Jér 49.16).

h-  L’orgueil est la porte ouverte à l’autosuffisance, à l’envie de se débrouiller sans Dieu, et à une trop haute opinion de soi (És 53.6 ; Luc 19.14).

i-  L’orgueil conduit à l’incrédulité vis-à-vis de Dieu, de Jésus-Christ, du salut et de la grâce divine, et mène finalement au blasphème suprême qui est le refus de la grâce, du pardon et du salut de Dieu. L’orgueil tue physiquement et spirituellement.

j-  L’orgueil est en tête des choses que hait l’Eternel en Pr 6.16-19 : « Il y a six choses que hait l’Eternel, et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains (= l’orgueil), la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent … »

k-  L’orgueil est aussi une marque des faux serviteurs de Dieu : « Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions… » (1 Tim 6.3-4)

l-  L’orgueil se cache parfois derrière une fausse humilité. D’où cet avertissement du Seigneur : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. » Il y a un camouflage que nous devons découvrir. Et l’apôtre Paul dira à son tour : « Qu’aucun homme sous une apparence d’humilité et par un culte des anges ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu’il s’abandonne à ses visions et qu’il est enflé d’un vain orgueil par ses pensées charnelles. » (Col 2.18) 

 Faire pâlir l’orgueil

Maintenant, comment être délivré de l’orgueil ?

Premièrement, il nous faut le reconnaître comme la cause directe de la chute de l’homme, et ne pas l’excuser comme s’il constituait une « faculté » qui peut nous aider à être ambitieux, visionnaire et à faire de grands exploits ! Ainsi, dira-t-on, l’orgueil va renforcer notre estime de nous-mêmes, notre confiance en nous-mêmes, et nous aidera à nous surpasser. On citera peut-être à l’appui de cette thèse un passage comme celui-ci, adressé à la nation d’Israël : « Ton Dieu te donnera la supériorité sur toutes les nations de la terre […] L’Eternel fera de toi la tête et non la queue, tu seras toujours en haut et tu ne seras jamais en bas… » (Deut 28.1,13) Ou encore Ps 60.14 : « Avec Dieu, nous ferons des exploits ! » Gardons-nous de sortir ces versets de leur contexte pour justifier notre orgueil et nos ambitions charnelles ! Car tout ce qui n’est pas fait dans la pleine volonté de Dieu sera tôt ou tard rejeté et consumé (voir 1 Cor 3.11-15). Aussi, après avoir reconnu notre propre orgueil, confessons-le sincèrement devant Dieu en acceptant son pardon et la purification par le sang de Jésus.

Ensuite, écartons résolument toute pensée, tout esprit et tout acte d’orgueil, en nous dépouillant de toutes ces œuvres de la chair. Refusons par exemple les modes introduites dans nos églises pour nourrir notre orgueil, tels ces applaudissements à l’entrée en chaire du prédicateur, ou pendant et après son message, applaudissements que nous justifions d’une façon fausse et hypocrite en avançant qu’ils sont destinés au Seigneur.

N’y a-t-il pas suffisamment de serviteurs de Dieu qui sont tombés à cause de l’orgueil pour éviter d’en faire tomber d’autres ? Méfions-nous des éloges des hommes et de l’ennemi : « Comme tu as bien prié, chanté, prêché… » Ou encore : « Comme tu es humble ! » La Bible dit justement en Pr 4.23 : « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » et : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. » (1 Jean 5.18)

Un habit nouveau

Ayant confessé à Dieu notre orgueil, remplaçons ce dernier par l’humilité en nous revêtant de l’ « habit » du Seigneur Jésus lui-même (Zach 9.9 ; Jean 13.5 ; 2 Cor 8.9 ; Col 3.12). Portons-le vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans nos relations, comme la Bible nous le recommande : « Tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité. » (1 Pi 5.5)

C’est un état d’esprit, une attitude volontaire que d’être humbles dans nos paroles et dans nos actes. Non pas en marchant pieds nus, ou en priant ostensiblement à genoux devant tout le monde, la tête penchée et en prenant une voix chevrotante… Comprenons-nous bien ! La Bible nous demande de rechercher l’humilité authentique, non sa contrefaçon : « Cherchez l’Eternel, vous tous, humbles du pays, qui pratiquez ses ordonnances ! Recherchez la justice, recherchez l’humilité ! Peut-être serez-vous épargnés au jour de la colère de l’Eternel. » (Soph 2.3)

N’ayons donc pas peur d’être repris et critiqués par les autres, d’être touchés dans notre amour propre et notre dignité. L’orgueil n’accepte pas ces « offenses » car il est très susceptible, il se vexe très rapidement (de telles réactions ne sont-elles pas le miroir de notre état spirituel ?) Jésus déclare : « Quiconque s’élèvera sera abaissé et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.12) Il est bien dit : « Quiconque ! ». Dieu résiste aux orgueilleux (1 Pi 5.5), mais fait toujours grâce aux humbles (Jac 4.6). Oui, Dieu se plaît à sauver l’homme ou le peuple qui s’humilie (Ps 18.28).

L’humilité : un bon remède

L’humilité est la voie de la restauration individuelle, comme de celle de l’Église.

L’humilité est le fruit de la grâce du salut ; c’est une évidence de la foi qui sauve, parce que pour être sauvé, je dois m’abaisser et reconnaître que je suis un pauvre pécheur. Mais plus je réalise mon dénuement et mon néant devant Dieu, plus je puis recevoir sa miséricorde, son pardon, son salut, et vivre de sa grâce. En effet, le salut en Christ, ainsi que toutes les bénédictions spirituelles, désamorcent tout motif de s’enorgueillir : « Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. » (Rom 3.27)

L’humilité apportera un grand changement dans notre attitude vis-à-vis des autres. L’apôtre Paul recommande aux Philippiens : « Que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes » (Phil 2.3), mais il commence par s’appliquer ce conseil : « Je suis le moindre des apôtres, le moindre de tous les saints. » (1 Cor 15.9 ; Éph 3.8)

L’humilité libère des disputes et de la jalousie, de l’esprit de rejet, de la peur d’être mis de côté, d’être écrasé par la critique et les faux jugements. L’humilité libère de l’irritation et de la susceptibilité. Elle nous affranchit de la course au pouvoir, de l’entêtement, de la conviction d’être indispensable à l’Église et à Dieu. Elle nous aide à maintenir une appréciation juste et réaliste de nous-mêmes. L’apôtre Paul déclare encore : « Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. » (Rom 12.3)

L’humilité nous apprend à ne compter que sur Dieu seul et sur sa parole ; à lui être entièrement consacrés et soumis, à accepter d’être employés par lui, afin d’être serviteurs des autres (Rom 12.1 ; 1 Cor 9.19). Ce sont les humbles que le Seigneur conduit dans la justice et à qui il enseigne la voie à suivre, selon Ps 25.9. Jésus notre Sauveur et Maître reste notre modèle d’homme parfait, doux et humble de cœur (Mat 11.29 ; Phil 2.5-8).

Le nerf de la victoire sur l’orgueil

Souvenons-nous que tout ce que nous venons de rappeler n’aurait pas de sens ni de réalité si Christ lui-même n’en était aussi l’artisan et le but. Laissons toute la place à Jésus-Christ dans notre cœur, afin de pouvoir dire comme Jean-Baptiste : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » (Jean 3.30) Oh ! que l’Esprit de Christ puisse nous habiter et nous animer, parce que nous aurons appris à lui céder la place d’honneur en nous revêtant de son humilité.

1 Ce terme araméen signifie : « maître » ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54.
2 L’auteur fait référence à des églises africaines, mais il n’est pas difficile de transposer les commentaires qui suivent pour les appliquer à d’autres églises, européennes, américaines ou asiatiques.


Depuis plus de 400 ans, le violon exerce une fascination particulière, non seulement à cause de ses formes superbes, mais surtout en vertu de la sonorité exceptionnelle que surent lui conférer les grands luthiers italiens du xviie siècle (comme Antonio Stradivarius). Ma sœur et moi n’échappions pas à cette attirance.

Lorsque j’avais 6 ans, mon père offrit un violon à ma sœur aînée, et l’autorisa à prendre ses premières leçons chez notre grand-mère. Quant à moi, qui brûlais du désir d’en jouer, je dus me contenter de la promesse que mon tour viendrait, mais plus tard.

Bien que les sonorités du violon sur lequel ma sœur faisait ses premières gammes ne fussent pas toujours très harmonieuses, j’éprouvais du plaisir à l’entendre. Deux ans plus tard, lorsque j’atteignis enfin l’âge suffisant, mon père déclara : « Ta sœur Anne-Marie joue déjà du violon, toi tu vas jouer du piano. » Je refusai. On m’avait promis le violon, je m’y tenais. J´étais une petite fille assez têtue, et je crois que j’ai conservé cet esprit « jusqu’au-boutiste ».

En possession de mon violon à l’âge de 8 ans, j’eus dès lors le privilège de sortir de l’école un quart d´heure plus tôt que les autres élèves, le mercredi, pour me rendre chez ma grand-mère, où je reçus mes premières leçons. Au fil des ans, j’appris à maîtriser mon instrument de mieux en mieux, et j’éprouvai toujours plus de joie à en jouer. Je commençai aussi à comprendre que cet instrument m´ouvrait de nouvelles portes, qu’il me permettrait de sortir de notre canton, puis de notre pays : le monde s’offrait à moi.

À l’âge de 16 ans, je me décidai à entreprendre des études professionnelles au Conservatoire de Fribourg. Mais comme la musique était un mauvais gagne-pain, mon père, dans de bonnes intentions, me proposa de poursuivre des études commerciales en parallèle. Ce n’était pas du tout ce dont je rêvais. Il me suffisait de devenir violoniste, car je pensais que cet instrument me rendrait tout à fait heureuse. J´attendis donc avec impatience le moment de déserter les bancs d´école.

Enfin, à 18 ans, mon rêve se réalisa. J’étais prête à tout affronter pour mon instrument, même les examens les plus difficiles des Conservatoires de Fribourg et de Genève. À 21 ans, je travaillais le violon 6 à 7 heures par jour. Je ne faisais que cela, hormis les cours théoriques de musique. J’étais prête à tout sacrifier pour une carrière de virtuose. Le violon était devenu mon « Dieu ». Paul écrit dans sa Lettre aux Galates (5.19) : « On sait bien comment se manifeste l’activité de notre propre nature : dans l’immoralité, l’impureté et le vice, le culte des idoles [cela me concernait, mon idole était en bois], et la magie. »

Je n’arrivais plus à converser normalement : je n’avais que violon et musique en tête. Je ne trouvais même pas le temps d’écouter des nouvelles ou de lire les journaux. J’évoluais dans un autre monde, et me sentais souvent très seule. Par la suite, lorsque je donnai des concerts, en solo ou en orchestre de chambre, j’obtins beaucoup de succès, mais le bonheur constant dont j’avais rêvé enfant semblait m’échapper. À peine un concert était-il terminé qu’il fallait recommencer à travailler pour le prochain concert ou pour des examens.

Extérieurement, je progressais. À 23 ans, grâce à un concours, je reçus une bourse d’étude qui me permit, après ma virtuosité au Conservatoire de Genève, d’approfondir ma formation à l’Université de Vienne. Là-bas, je fis la connaissance de Christian, un Autrichien qui étudiait la contrebasse à l´Université. C’est lui qui, quelques années après, allait devenir mon mari… et me donner un premier enfant.

Alors que je continuais de gravir les marches de la pyramide du succès, et que je poursuivais mon travail avec acharnement, au prix de ma santé, je commençai à perdre pied. Après la naissance de notre deuxième enfant, je sombrai dans une profonde dépression. Dans cet état, ni mon violon, ni ma famille, ni la musique, ni les médecins ne pouvaient plus rien pour moi. Le surmenage m’avait jetée dans un trou noir sans issue.

Peu à peu, je me rendis compte que je n’étais pas en ordre avec Dieu, que j’avais péché, que j’avais besoin de quelqu’un qui me sauve, qui me pardonne. Tandis que le secours tardait, je perdais toute envie et toute force de vivre. Et comme j’ignorais ce qu’il adviendrait de moi si je mourais, cette pensée m’angoissait.

Tout « par hasard », une amie qui gardait mes enfants lorsque je travaillais m´invita un soir à une rencontre biblique dans un village de la région. Ce soir-là, chacune des participantes reçut un verset préparé par l’organisatrice du groupe. Ce verset-là me tombait entre les mains à un moment où j’avais perdu tout repère : « Jésus-Christ dit : Oui, je vous le déclare, c’est la vérité, celui qui écoute ma parole [la Bible] et croit à celui qui m´a envoyé [Dieu le Père], a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné mais il est déjà passé de la mort à la vie. » (Jean 5.24)

Pendant que je lisais ce verset, je sentis que Quelqu’un en moi me disait : « Ceci est la Vérité, crois en moi et suis-moi. » Je fus convaincue que Jésus m’appelait à devenir son enfant et à le suivre. Une chaleur nouvelle m’envahit. C’était la plus grande révélation de ma vie. Alors que j´étais seule dans ma chambre, je me mis à genoux. Je demandai à Jésus-Christ, du plus profond de mon cœur, de pardonner mes péchés et de guider totalement ma vie, comme il le désirait. Dès cet instant, je n’ai plus trouvé de raison de craindre l’avenir ou la mort puisqu’il habite en moi par son Esprit Saint, et qu’il assure la vie éternelle, le paradis, à celui qui croit en lui. Il n´a pas dit : « Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m´a envoyé, aura la vie éternelle », mais « a la vie éternelle. » Et dans sa Première Épître, Jean souligne pareillement (4.15,16a) : « Si quelqu’un reconnaît que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous savons et nous croyons que Dieu nous aime. » L’accès à la vie éternelle était effectif dès le moment où j’avais cru au Seigneur ; il vivait en moi par son Esprit Saint. Mon péché était pardonné, et je me trouvais désormais sous la protection d’un Dieu qui m’aime quoique, par nature, je ne sois rien de plus qu’une petite créature pécheresse.

Appartenant au Seigneur Jésus-Christ, je me demandais quelle forme allait prendre mon activité professionnelle à venir : ne fallait-il pas abandonner la pratique du violon, de peur que mon idole ne me rattrape ? Le danger de retomber dans mon péché était réel.

J’ai donc prié Jésus-Christ de me montrer son chemin. Comme il m’arrivait d’être sollicitée pour participer avec mon violon à  des soirées d´évangélisation, à des offices religieux et à des rencontres bibliques, j´ai remarqué que par la musique Jésus-Christ touchait aussi le cœur des gens. Je me suis souvenue que le message évangélique avait aussi inspiré de grandes œuvres liturgiques de compositeurs bien connus : J.-S. Bach, G.-F. Händel, L. van Beethoven. Dès lors, je me suis sentie libre de poursuivre la pratique de mon instrument, mais je savais que cet exercice ne serait utile que sous le contrôle de la Parole et de l’Esprit de Dieu.

Maintenant, je puis affirmer que le Seigneur m’a délivrée de mes peurs ; il me donne la joie, le bonheur de vivre chaque nouvelle journée ; il renouvelle son pardon et ma paix intérieure ; il m’apprend l’amour du prochain. Ma vie a un but. Et si un jour je ne peux plus jouer de mon instrument, je conserve l’espérance de rencontrer mon Sauveur dans sa gloire, et d’entrer dans son bonheur éternel.

Un soir que je parlais de mon bonheur à mon mari, il me dit : « C’est bien que tu aies trouvé le bonheur, mais tu ne fais rien pour les autres. » Il avait raison : il fallait que je parle de Jésus-Christ à mes enfants, à ma famille, à mes voisins, à mes élèves de violon à l’université.

Quand un (ou une) étudiant(e) arrive dans ma classe avec un visage morose, je me souviens de ce que j’éprouvais avant ma conversion. Je tente de lui transmettre quelque chose de la joie et de la lumière de Dieu, car « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix… » (Gal 5.22), et Jésus dit en Jean 8.12 : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie, et il ne marchera pas dans l’obscurité. »

Quant à moi, si certains jours, tout ne réussit pas comme je le souhaiterais, bien que je me donne de la peine, je reviens à ce verset clé : « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure uni à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire.» (Jean 15.1-2) Non, je ne peux rien faire sans Jésus-Christ, je dépends de lui complètement.  


CES MYSTÉRIEUX PSAUMES IMPRÉCATOIRES

Cet article est composé de plusieurs extraits du livre d’Alfred Kuen, Encyclopédie des difficultés bibliques, vol. III, Livres poétiques, Éditions Émmaüs, 2009, p. 256 à 265. Ils ont été reproduits avec l’aimable autorisation de l’auteur et des Éditions Émmaüs. Nous recommandons cet ouvrage, qui est une mine de réponses face à des questions qui peuvent se poser à la lecture des Psaumes. En particulier, il répond dans sa partie « Psaumes : Questions générales » à 26 questions utiles pour entrer dans la compréhension de ce livre.

DEFINITION ET ETAT DES FAITS

Des imprécations isolées se trouvent dans beaucoup de Psaumes, mais dans certains d’entre eux (55, 59, 69, 79, 109 et 137), l’imprécation constitue l’élément essentiel. Dans ces Psaumes, le psalmiste demande à Dieu de châtier le méchant conformément à ce qu’il mérite.

Si notre sens du bien ou du mal est notre critère pour déterminer si un passage est inspiré ou non, il y a de fortes chances pour que nous rejetions ces passages, les considérant comme non inspirés par l’Esprit de Dieu.

LE PROBLEME

Comment un esprit de vengeance évident peut-il être concilié avec les préceptes du N.T. et avec l’ordre de Jésus d’aimer ses ennemis et de prier pour ceux qui vous persécutent (Matt 5.44) ? Trois problèmes se posent :
– Comment peut-on expliquer la présence de ces imprécations dans le recueil d’hymnes hébreux ?
– Peut-on leur trouver une application dans la vie et le culte des chrétiens ?
– Ces cris appelant à la vengeance et au châtiment peuvent-ils être aussi inspirés que les autres parties du Livre des Psaumes qui exaltent le caractère de Dieu ?

ÉLEMENTS DE REPONSE

Affirmer que ces Psaumes font partie de la Parole inspirée de Dieu est une condition préliminaire indispensable à une compréhension correcte de ces paroles. Avant de nous lancer dans la discussion, nous devons réaffirmer notre confiance dans la Parole de Dieu, nous déclarer d’accord avec ce qu’a dit Jésus-Christ, reconnaître que David a parlé et écrit sous l’inspiration de l’Esprit (voir Matt 22.43 ; Marc 12.36 ; Act 1.16 ; 4.25 ; Héb 4.7). Cela exige beaucoup d’humilité, de renoncement à notre propre jugement comme autorité suprême et de confiance dans la Parole de Dieu — même si nous ne la comprenons pas.

Le sens de la justice

Les Psaumes imprécatoires sont une prière pour que justice soit faite et que les exigences du droit soient respectées. Les poètes de l’A.T. étaient très sensibles au mal dû à l’injustice des hommes. David savait être très généreux envers ses ennemis (Saül, Absalom), mais il pouvait aussi être outré par des actions cruelles et il demandait alors à Dieu de les juger.

Bien des appels à la vengeance (109.12 ; 137.8) sont des cris arrachés à des cœurs souffrants qui demandent à Dieu de faire justice et de rétablir le droit. Ces Psaumes veulent réveiller les sentiments du fidèle pour susciter en lui un cœur sensible à la misère causée par la cruauté. Nous trouvons la même préoccupation dans le N.T. La parabole du juge inique demande que justice soit faite à la veuve, et Jésus conclut en disant que « Dieu fera promptement justice à ses élus » (Luc 18.1-8). Pour que la justice de Dieu s’accomplisse, il faut que le mal soit condamné.

Dans un certain sens, ces poètes anciens étaient proches de Dieu qui « a, pour les péchés de ses ennemis, l’hostilité implacable qu’exprime le poète. Implacable ? Certes, mais envers le péché, et non envers le pécheur. Le péché n’est ni toléré, ni ignoré ; il ne fait l’objet d’aucun compromis. De cette façon, l’attitude impitoyable des psalmistes est plus proche d’un des aspects de la vérité que bien des attitudes de nos contemporains qui peuvent être prises, à tort, par ceux qui les adoptent, pour de la charité chrétienne. Les passages féroces des Psaumes servent à nous rappeler que la méchanceté existe réellement dans le monde et qu’elle (sinon ses auteurs) est détestable aux yeux de Dieu. »1

L’injustice émeut et provoque de l’indignation. Si ce n’est plus le cas, le mal est banalisé et accepté.

Le réalisme de la Bible

Le royaume de Dieu ne pourra s’établir qu’après la destruction du royaume de Satan. « Délivre-nous du mal » implique aussi : « Délivre-nous de ceux qui font le mal », de ceux qui s’identifient à la cause de Satan. De même, nous prions avec joie pour le retour du Christ, sans nous arrêter à la pensée que nous prions en même temps pour les événements de 2 Th 1.7-92.

Si nous sommes choqués par ces imprécations, cela peut provenir non pas tant de notre sensibilité chrétienne que d’un manque général d’expérience de la persécution et de notre incapacité à épouser la cause des chrétiens persécutés. Le Ps 83.3-4 dit : « Voici, tes ennemis s’agitent, Ceux qui te haïssent lèvent la tête. Ils forment contre ton peuple des projets pleins de ruse, Et ils délibèrent contre ceux que tu protèges. » Cette situation n’a pas changé. Partout dans le monde, on entend parler des attaques extérieures et intérieures contre l’Église. Dans le Deutéronome, Dieu a prononcé des malédictions sur les membres de son propre peuple. À plus forte raison, maudira-t-il ceux qui s’opposent à lui.

Le cadre de l’alliance

Ces textes sont prononcés dans le cadre d’une société liée par une alliance avec Dieu qui comprenait un engagement mutuel. En cas de rupture du contrat, des sanctions étaient prévues. Le psalmiste demande à Dieu de les appliquer et de punir ceux qui transgressaient son alliance. Cette punition avait aussi un but pédagogique : « Ne laisse pas réussir les projets du méchant, de peur qu’il ne s’en glorifie ! » (140.9)

L’alliance avec Abraham promettait la bénédiction à ceux qui béniraient la postérité d’Abraham et la malédiction à ceux qui la maudiraient (Gen 12.1-3). Comme cette alliance était inconditionnelle, ses promesses restent valables aussi longtemps qu’Israël subsiste en tant que nation. Sur cette base, David avait donc parfaitement le droit, en tant que représentant de la nation, de prier que Dieu veuille accomplir ses promesses en maudissant ceux qui maudissaient ou attaquaient Israël.

Attaquer le roi (représentant oint officiel de la théocratie), c’était attaquer Dieu. Son zèle pour Dieu inspirait ses prières. Le psalmiste a choisi Dieu pour ami ; les ennemis de celui qui prie sont donc aussi les ennemis de Yahveh.

Mais les malédictions sont toujours conditionnelles : « Dieu est un juste juge, qui, chaque jour, fait sentir son indignation à qui ne revient pas à lui. » (7.12-13)

Ces imprécations sont des prières

David avait la passion de la justice ; il n’était pas animé d’un esprit de revanche. Il pouvait être généreux lorsqu’il était lui-même attaqué (2 Sam 16.11 ; 19.16-23). Il a témoigné sa bonté à un fils de Saül (qui l’avait persécuté) (2 Sam 9).

Les psalmistes reconnaissent à Dieu seul le droit d’exécuter la vengeance. Il est certainement préférable de demander à Dieu de nous venger, plutôt que de se venger soi-même. Est-il si condamnable de demander à Dieu de briser les dents des méchants (58.7) lorsque ceux-ci s’en servent pour déchirer les justes ? Combien de malheurs seraient évités si, au lieu de nous venger, nous exposions à Dieu notre amertume et notre misère — tout en traitant nos ennemis de manière noble et généreuse comme David !

Jésus prie aussi ces Psaumes

Il y a des passages des Psaumes que nous ne pouvons pas reprendre pleinement à notre compte, par exemple des affirmations comme celles du Ps 18.21-24 : « L’Éternel m’a traité selon ma droiture, Il m’a rendu selon la pureté de mes mains ; Car j’ai observé les voies de l’Éternel, Et je n’ai point été coupable envers mon Dieu. Toutes ses ordonnances ont été devant moi, Et je ne me suis point écarté de ses lois. J’ai été sans reproche envers lui, Et je me suis tenu en garde contre mon iniquité. » Un seul a pu les redire en toute vérité : Jésus-Christ.

Dans les « je » des Psaumes, c’est le Christ qui parle. Qu’en est-il alors des confessions de péché dans les Psaumes ? David a confessé ses propres péchés dans ces paroles, mais Jésus les a priées parce qu’il s’est chargé de nos péchés, s’appropriant nos dettes (2 Cor 5.21).

Dans ce sens, tous les Psaumes sont messianiques parce qu’ils regardent vers le Christ — même les Psaumes imprécatoires. « Quelle différence cela fait dans notre prédication lorsque nous savons que ces Psaumes ne sont pas les prières émotionnelles d’hommes coléreux, mais les cris de guerre de notre Prince de la paix ! »3 Il faut lire ces prières à la lumière d’Apocalypse 19.11-16.

Sur la croix, Jésus a prié : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Comment peut-il alors prier ces Psaumes de vengeance contre ses ennemis ?

Il nous faut voir la personne du Christ dans son entier. Il est le Sauveur miséricordieux et plein d’amour qui pardonne les péchés, mais il est aussi Celui qui viendra pour juger ceux qui désobéissent à l’Évangile.

Quel est le but de ces prières ?

Le Ps 83.16-17 dit : « Poursuis-les ainsi de ta tempête, Et fais-les trembler par ton ouragan ! Couvre leur face d’ignominie, Afin qu’ils cherchent ton nom, ô Éternel ! » Nous sommes appelés à prier pour que Dieu exerce ses jugements sur ses ennemis « afin qu’ils cherchent ton nom », c’est-à-dire qu’ils se convertissent. Bien des tempêtes (physiques ou morales) ont amené des gens à se tourner vers le Seigneur.

Le N.T. fait un pas de plus

Dans leur impatience, les psalmistes demandent à Dieu de hâter le jugement. L’Évangile, par contre, montre que Dieu est désireux de sauver. Dans Jean 13.18, Jésus cite le Ps 41.10 au sujet de l’ami qui « mangeait mon pain » et qui « lève son talon contre moi », mais il ne prie pas comme David pour avoir l’occasion de le lui rendre.

L’A.T. ne fait pas de distinction entre le péché et le pécheur. Celui qui combat le péché doit aussi combattre celui qui le commet. Dieu hait le péché et le détruit. Seules la souffrance et la mort du Christ ouvrent le chemin vers le fait que le pécheur peut être pleinement gracié et réconcilié. C’est pourquoi, même dans le N.T., seul celui qui se réfugie auprès de l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde (Jean 1.29) voit s’ouvrir devant lui la porte du paradis (Luc 23.43). Le Dieu de l’A.T. n’est pas plus saint que celui du N.T. Sa colère reste suspendue au-dessus du péché. Cet arrière-plan de l’A.T. rend d’autant plus lumineuse la grâce que Jésus-Christ est venue apporter : tout en condamnant le péché, il voulait sauver le pécheur (Luc 7.47-50 ; 19.1-10 ; Jean 8.1-11).

Apocalypse 20.11-15 nous révèle que Dieu jugera les méchants dans l’avenir. Mais, comme indiqué plus haut, nous pouvons prier Dieu pour qu’il paralyse la main des méchants, juge ceux qui ne veulent pas changer et que la justice soit manifestée sur la terre.

1C.S. Lewis, Réflexions sur les Psaumes, Éditions Raphaël, 1999, p. 49-50.
2« Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. »
3J.E. Adams, War Psalms, p. 33.


Les Psaumes messianiques

Que comprenons-nous derrière l’expression « Psaumes messianiques » ?

Au soir de sa résurrection, le Seigneur Jésus explique à ses disciples qu’il fallait que soit accompli tout ce qui était écrit de lui dans la loi de Moise, dans les prophètes et dans les Psaumes (Luc 24.44).

Par cette référence, Jésus confirme le fait que certains Psaumes portent un caractère particulier de Psaumes « messianiques », en ce qu’ils parlent de façon directe du Messie promis au peuple d’Israël.

Parallèlement, on pourrait étendre le concept aux « textes messianiques tirés du Pentateuque » ou aux « prophéties messianiques tirées des prophètes ». En général, le caractère messianique d’un texte de l’Ancien Testament est avéré, quand un ou plusieurs auteurs du Nouveau Testament citent ce texte en relation avec le Messie. Par extension, d’autres parties de la Bible portent ce caractère, sans être spécifiquement « accréditées comme telles » par le Nouveau Testament. Il nous faut ici beaucoup de discernement et de sagesse dans l’interprétation des Écritures, car on risque, dans une recherche trop poussée de typologie, de vouloir rendre messianique un passage qui ne le serait pas. Au-delà d’une lecture directe, historique des Psaumes, nous pouvons en relire certains en cherchant à y trouver ce qui annonce par avance Jésus.

Au cours de son enseignement, Jésus a souvent cité lui-même des Psaumes, afin d’illustrer ou d’établir une vérité

– Mat 21.16 : « Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle. » (Ps 8.2)
– Mat 5.5 : « Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront la terre ! » (Ps 37.11)
– Jean 6.31 : « Il leur donna le pain du ciel à manger. » (Ps 78.24)

Jésus nous montre ainsi que la lecture des Psaumes constitue une très riche nourriture spirituelle.
Mais il va plus loin, quand il reconnaît le caractère messianique de certains Psaumes :
– Marc 12.36 : Il cite un psaume qui annonce la gloire du Messie : « David lui-même, animé par l’Esprit-Saint, a dit : “Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.’” » (Ps 110.1)
– Jean 15.25 : Il évoque la souffrance du Messie : « Mais cela est arrivé afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : “Ils m’ont haï sans cause.” » (Ps 35.19)
– Jean 13.18 : Il annonce la trahison de Judas : « Il faut que l’Écriture s’accomplisse : “Celui qui mange avec moi le pain a levé son talon contre moi.” » (Ps 41.9)
– Luc 20.17 : Il démasque le rejet des chefs religieux à son égard : « La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle. » (Ps 118.22)
N’est-ce pas touchant d’entendre Jésus parler de lui-même, à travers ces citations de Psaumes ?

Cette introduction — que l’on pourrait compléter par de nombreuses citations des Actes et des Épîtres — nous conduit à parcourir ensemble un de ces Psaumes messianiques, cité dans le Nouveau Testament en Hébreux 10. 5-7 : le Psaume 40.

Psaume 40

« J’avais mis en l’Éternel mon espérance ; Et il s’est incliné vers moi, il a écouté mes cris. » (v.1)
Comme souvent dans les Psaumes, le premier verset peut être lu comme un résumé ou une introduction à ce qui suit. L’humanité parfaite du Seigneur marchant sur la terre, sa dépendance et sa patience, sa souffrance, sont évoquées là et se retrouvent dans les versets qui suivent.

« Il m’a retiré de la fosse de destruction, du fond de la boue ; Et il a dressé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas. Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu. » (v. 2-3a)
Le Psaume commence par la résurrection et la louange. Nous pensons à Jésus victorieux. Après l’abîme de la mort, évoquée dans des expressions qui rappellent celles qu’utilisait Jonas dans le ventre du grand poisson, la stabilité d’une vie qui demeure à toujours s’appuie sur le roc.
Et si nous sommes nous-mêmes au fond d’un puits ou dans un bourbier, nous pouvons penser à celui qui en est sorti victorieux.

« Beaucoup l’ont vu, et ont eu de la crainte, et ils se sont confiés en l’Éternel. » (v. 3b)
De nombreux témoins oculaires de sa résurrection ont vu et ont cru. C’est le cas de Jean, « l’autre disciple », entrant dans le tombeau vide (Jean 20.8) ou de Thomas face aux marques des clous et de la lance (Jean 20.28).

« Heureux l’homme qui place en l’Éternel sa confiance, Et qui ne se tourne pas vers les hautains et les menteurs ! » (v. 4)
Nous entrevoyons la confiance de Christ comme homme. Il n’était pas tourné vers les orgueilleux, lui qui était « doux et humble de cœur » (Mat 11.29).

« Tu as multiplié, Éternel, mon Dieu ! Tes merveilles et tes desseins en notre faveur ; Nul n’est comparable à toi ; Je voudrais les publier et les proclamer, Mais leur nombre est trop grand pour que je les raconte. » (v. 5)
Ses œuvres et ses pensées sont merveilleuses. L’apôtre s’écriera dans une doxologie : « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom 11.38) Jean dira aussi des œuvres du Seigneur : « Si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qu’on écrirait. » (Jean 21.25) Jésus dira aussi : « Le Père aime le Fils et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci afin que vous soyez dans l’admiration. » (Jean 5.20, Darby) Partageons-nous cette admiration ?

« Tu ne désires ni sacrifice ni offrande, Tu m’as ouvert les oreilles ; Tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire. » (v. 6)
Jésus était le « plaisir de Dieu » sur la terre, au-dessus des quatre formes de sacrifice qui nous sont décrites dans le début du livre du Lévitique et qui sont rappelées ici. À deux reprises, lors de son baptême et sur la montagne de la transfiguration, Dieu fait entendre sa voix : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. »
L’humanité de Christ est soulignée dans l’expression : « Tu m’as ouvert les oreilles », traduite par : « Tu m’as formé un corps » dans la traduction des Septante citée en Hébreux 10.5. Outre le fait que les Septante aient probablement choisi ici un mode de traduction dit « par équivalence dynamique » et non pas mot à mot, il est touchant d’entrevoir que toute l’humanité du Seigneur Jésus — « Tu m’as formé un corps » — se caractérisait par son écoute, son obéissance, sa soumission à son Père — « Tu m’as ouvert des oreilles ».
Son corps d’homme parfait est présenté comme sacrifice, ultime ressource quand le sacrifice de prospérité, l’offrande de gâteau, l’holocauste et le sacrifice pour le péché ne nous sont plus « demandés ».

« Alors je dis : “Voici je viens” » (v. 7a)
Joseph dit : « Me voici » quand son père veut l’envoyer vers ses frères (Gen 37.13). Ésaie dit : « Me voici, envoie moi » quand Dieu demande : « Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? » (És 6.8)
David « se leva de bon matin, […] prit sa charge, et partit » quand Isaï son père lui demanda d’aller voir ses frères (1 Sam 17.17,20).
Joseph et David, par divers traits de leur caractère et par les expériences de leur vie (par exemple leur rejet par leurs frères), annoncent par avance celui qui, encore mieux qu’eux, dira : « Voici je viens. »

« Il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, Et ta loi est au fond de mon cœur. » (v. 7b-8)
Quand Jésus dit à ses disciples étonnés, devant le puits de Sichar : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jean 4.34), c’est un peu comme s’il citait ce texte du Psaume 40 pour lui-même. Et voilà que ce même verset fait référence à un autre rouleau, un autre livre, celui de la loi. C’est comme une chaîne qui commence dans le Pentateuque, passe par le Psaume 40 et se termine dans les Évangiles et l’Épitre aux Hébreux. Jésus dira : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit à mon sujet. » (Jean 5.46)

« J’annonce la justice dans la grande assemblée ; Voici, je ne ferme pas mes lèvres, Éternel, tu le sais ! Je ne retiens pas dans mon cœur ta justice, Je publie ta vérité et ton salut ; Je ne cache pas ta bonté et ta fidélité dans la grande assemblée. » (v. 9-10)
Jésus est le vrai témoin fidèle. Sa vie se caractérise par la perfection.
Au cours de son ministère il ne se lassait pas : « Selon sa coutume, il se mit encore à enseigner [la foule]. » (Marc 10.1) Dans les tout derniers jours avant la croix, « tout le peuple, dès le matin, se rendait vers lui dans le temple pour l’écouter. » (Luc 21.38)
Jésus a fait une « belle confession devant Ponce Pilate » (1 Tim 6.13). Il n’a pas hésité non plus devant le souverain sacrificateur, alors qu’il savait quel déchaînement de violence ses paroles allaient provoquer : « Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. » (Mat 26.64) Jésus unifie admirablement dans cette seule phrase deux textes messianiques complémentaires : le Psaume 110.1 (« assis à la droite de la puissance ») et Daniel 7.13 (« Sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme »). La situation s’est retournée : Jésus devient le juge et l’assistance, l’accusée. C’est comme si Jésus donnait, à la dernière heure de son ministère, la clef de l’expression qu’il aimait tant utiliser pour se désigner lui-même : « le fils de l’homme » (79 fois dans sa bouche).

«  Toi, Éternel ! tu ne me refuseras pas tes compassions ; Ta bonté et ta fidélité me garderont toujours. Car des maux sans nombre m’environnent ; Les châtiments de mes iniquités m’atteignent, Et je ne puis en supporter la vue ; Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, Et mon courage m’abandonne. » (v. 11-12)
Ce Psaume, qui a introduit Christ comme un sacrifice, le présente maintenant comme celui qui a porté nos péchés sur lui, les prenant à son compte. Il est semblable au bouc azazel (le bouc qui s’en va, ou le bouc-émissaire), qui recevait l’imposition des mains du sacrificateur sur sa tête. Ce dernier y confessait toutes les iniquités et toutes les transgressions du peuple que le bouc portait au désert (Lév 16. 20-23).

« Veuille me délivrer, ô Éternel ! Éternel, viens en hâte à mon secours ! Que tous ensemble ils soient honteux et confus, Ceux qui en veulent à ma vie pour l’enlever! Qu’ils reculent et rougissent, Ceux qui désirent ma perte ! Qu’ils soient dans la stupeur par l’effet de leur honte, Ceux qui me disent : Ah ! ah ! » (v. 13-15)
Le Seigneur est passé par la souffrance de la moquerie, du ridicule, d’être différent. Un autre Psaume messianique dit : « L’opprobre me brise le cœur. » (Ps 69.20) Quelqu’un d’endurci peut se moquer de l’avis des autres, mais le Seigneur était sensible à la violence des mots et des regards. Il nous comprend, si nous ressentons parfois des attaques de cette nature.
Il semble que ce Psaume se termine par la croix, alors qu’il avait commencé par la résurrection. Quand nous nous préparons et participons à un culte d’adoration, ne tombons pas sous la tyrannie de la chronologie ou de la liturgie. N’hésitons pas à commencer un culte par la résurrection et la victoire et à reparler de la croix après la célébration de la cène. Il en est de même dans notre adoration privée, pour laquelle un Psaume comme celui-ci peut nous servir de base ou d’aide.

« Que tous ceux qui te cherchent Soient dans l’allégresse et se réjouissent en toi ! Que ceux qui aiment ton salut Disent sans cesse : Exalté soit l’Éternel ! » (v. 16)
Au cœur même de la souffrance, le Messie entrevoit les fruits de son œuvre. Des hommes et des femmes rechercheront Dieu, se réjouiront en lui et seront l’objet « d’un si grand salut ». Ils seront un peuple d’adorateurs.
Hébreux 12.2 nous dit : « Jésus, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte. » C’est un peu le résumé des trois derniers versets de notre psaume : la honte (v. 15), la joie (v. 16) et la croix (v. 17).

« Moi, je suis pauvre et indigent ; Mais le Seigneur pense à moi. Tu es mon aide et mon libérateur : Mon Dieu, ne tarde pas ! » (v. 17)
Sur la croix, le Seigneur Jésus était le pauvre par excellence. On venait de le dépouiller du peu qui lui restait, ses vêtements, dont la tunique tissée d’une seule pièce. Il sait que la délivrance viendra de son Dieu, qui ne l’oublie pas. Mais la souffrance est là et le temps est long : « Mon Dieu, ne tarde pas ! »

 


Un magnifique soir d’été. Je chante dans une chorale le Psaume 103 mis en musique spécialement pour l’occasion. C’est le mariage de ma meilleure amie. Je la connais depuis 25 ans. Nous sommes voisines depuis toujours, allons dans la même école, avons souvent été dans la même classe, partageons la même foi, fréquentons la même église, partons parfois en vacances ensemble et passons de longues heures à parler, au téléphone ou de visu !

Pour son mariage, l’oncle de la mariée a donc composé une musique adaptée au Psaume 103 et une grande chorale chante à pleins poumons : « Mon âme, bénis l’Eternel et n’oublie aucun de ses bienfaits ! » (v. 2) C’est vrai que, pour Amélie , c’est un grand bienfait que d’épouser un garçon qu’elle aime, qui partage sa foi et qui, de plus, a de nombreuses qualités. Pour moi, c’est un peu différent : j’ai vraiment l’impression de la « perdre ». Nos longues heures de discussion risquent de se réduire considérablement ; c’est normal mais j’en éprouve un petit pincement au cœur…

« Autant l’orient est loin de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions. » (v. 12) C’est beau de rappeler en un jour de mariage que Dieu nous a pardonnés toutes nos fautes et qu’il ne nous les rappelle plus.

« L’homme ! ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs. Lorsqu’un vent passe sur elle, elle n’est plus, et le lieu qu’elle occupait ne la reconnaît plus. » (v. 15-16) Mais quelle idée a eu l’oncle d’Amélie de vouloir nous faire chanter tout le Psaume 103 ! Les mariés sont jeunes, beaux, pleins de vie et la vie est devant eux ! Il aurait pu nous proposer une adaptation du Psaume en omettant ces deux versets…

« Bénissez l’Éternel, vous toutes ses œuvres, dans tous les lieux de sa domination ! Mon âme, bénis l’Éternel ! » (v. 22)

Quatre jours plus tard, coup de téléphone. C’est la mère de la mariée : « Michel et Amélie sont auprès du Seigneur ! » Stupéfaction. Incompréhension. C’est un accident de voiture qui les a tués tous les deux sur le coup, lors de leur voyage de noces. J’avais eu l’impression de « perdre » ma meilleure amie le jour où elle partait avec son mari, mais là, c’est effectif : je ne la reverrais plus sur cette terre…

Je passe mes journées à pleurer. Et au milieu de mes larmes et de toutes les pensées qui m’assaillent, le Psaume 103 me revient : « L’homme ! ses jours sont comme l’herbe… » Je comprends pourquoi il ne fallait pas supprimer ces deux versets dans l’adaptation musicale. Et, même si je ne comprends pas pourquoi « elle n’est plus », je comprends un peu la brièveté de la vie et la souveraineté de Dieu.

Et, dix-sept ans après, je peux dire : « … elle n’est plus… mais la bonté de l’Eternel est de tout temps et à toujours sur ceux qui le craignent. » (v. 17)

« Mon âme, bénis l’Eternel ! »


Le Livre des Psaumes est le livre des superlatifs : c’est le livre le plus long du canon inspiré, avec le plus grand nombre de chapitres, avec le chapitre le plus long (le Psaume 119) et le plus court (le Psaume 117) de la Bible ; c’est le livre qui contient le verset central de la Bible (118.7) ; c’est le livre auquel le plus d’auteurs ont contribué ; c’est le livre le plus varié, etc. Alors comment aborder un tel monument ? Modestement, en donnant quelques éléments synthétiques sur l’ensemble du livre puis en essayant de tracer quelques lignes directrices.

150 POEMES

Le titre du livre

En hébreu, les Psaumes s’appellent sepher tehillim, qu’on peut traduire par « livre de louanges » ou, tout simplement « louanges ». La Septante grecque, puis la Vulgate latine, ont choisi le mot qui a donné notre titre actuel, psalmos, c’est-à-dire « livre de poèmes faits pour être chantés avec un accompagnement d’instruments à cordes » ; significativement, ce livre qui est au « cœur » de la Bible va nous parler au cœur, en en faisant vibrer la corde sensible.
Ces deux titres nous indiquent déjà deux des thèmes essentiels des Psaumes :
– c’est un livre de louange,
– c’est un livre de sentiments.
Le premier et le dernier verset reprennent ces deux thèmes majeur : « Heureux l’homme qui… » (1.1) ; « Que tout ce qui respire loue l’Éternel ! Louez l’Éternel ! » (150.6)

La structure

Les 150 Psaumes sont divisés en 5 « livres », tous terminés par une louange et une bénédiction finale, en forme de refrain (41.13 ; 72.18,19 ; 89.52 ; 106.48 ; 150).
Cette division en 5 livres figure dans le texte hébraïque original. Le premier — ou les premiers — Psaume(s) d’un livre ont une importance particulière, car ils donnent le thème général du livre.
Les Psaumes sont le plus long livre de la Bible — et de beaucoup1. Cette diversité est en soit une richesse et une difficulté. Tous les Psaumes ne me parleront pas de la même manière ou au même moment, mais il y en aura toujours un pour m’interpeler. Par ailleurs, il peut paraître ardu d’étudier à la suite tous les 150 Psaumes ; aussi est-ce un livre auquel on gagne à revenir fréquemment.

Le style

Dieu a permis que les Psaumes soient écrits en un style poétique plus facilement traduisible que la poésie française, par exemple, car il repose davantage sur les mots eux-mêmes et leur sens que sur les sons2.
Ce style poétique a une force particulière. Le langage figuratif permet de transmettre de façon condensée des images, des symboles, des figures, des émotions, dans une large variété de sens. Laissons « chanter » ce langage, laissons-nous emporter par ces images. Si nous comprenons si peu les Psaumes, c’est peut-être que nous sommes trop intellectuels ! La contrepartie est que nous trouverons davantage l’expression des sentiments de l’âme du fidèle que des exposés doctrinaux3.
Enfin n’oublions jamais que les Psaumes étaient chantés. Ils ont d’ailleurs été une source majeure de l’hymnologie chrétienne au cours des siècles. Alors nous aussi chantons les Psaumes !

L’ordre des Psaumes

Comme pour d’autres livres (cf. les Proverbes, Ecc 12.9), l’ordre des Psaumes est souvent difficile à saisir. Pour autant, cet ordre est scripturaire : en effet, quand Paul cite le Ps 2 en Actes 13.33, il dit explicitement : « selon ce qui est écrit dans le Psaume deuxième ».
L’ordre est rendu visible par plusieurs indices :
– Parfois, plusieurs Psaumes consécutifs ont le même auteur (ex. : 42 à 49).
– Une suite de Psaumes a le même titre, comme les Cantiques des Degrés (120 à 134).
– Un même thème peut se discerner pour relier plusieurs Psaumes (ex. : le Messie souffrant et glorieux dans les Ps 15 à 24, la louange universelle dans les Ps 146 à 150, etc.).

La structure d’un Psaume

– Le (ou les) premier(s) verset(s) d’un Psaume est important. Il donne souvent soit le thème général du Psaume (ex. : 73.1), soit la conclusion du développement (ex. : 40.1-3).
– La division en alinéas dans les traductions courantes n’est pas inspirée, mais elle éclaire généralement sur la succession des sujets ou des interlocuteurs.
– Saisir la succession des interlocuteurs est primordiale pour une bonne compréhension (ex. : 21). Ils peuvent être variés : Dieu lui-même (ex. : 50.7-13), le Messie (ex. : 22), le Saint Esprit (ex. : 95.7-11, voir Héb 3.7), le fidèle individuellement, les fidèles collectivement, etc. Mais il est à noter que les méchants, s’ils sont cités, ne parlent jamais directement.

Les auteurs

7 auteurs différents sont mentionnés pour 102 Psaumes. Tous (sauf Moïse) appartiennent à la même période de l’établissement de la royauté davidique. David lui-même est l’auteur de 75 Psaumes4.
Mais l’auteur réel du Psautier reste l’Esprit de Dieu (2 Sam 23.2 ; Marc 12.36) : ces paroles d’hommes sont aussi paroles de Dieu et ces descriptions inspirées d’expériences subjectives d’un individu prennent valeur universelle.

Les 4 portées des Psaumes

En simplifiant, on peut distinguer quatre portées différentes dans les Psaumes.

– 1. La portée historique

Les Psaumes éclairent les livres historiques de Samuel et des Chroniques, en montrant quels étaient les sentiments et les exercices de cœur de David dans les situations qu’il traversait et que ces livres historiques racontent5. Mais, au-delà de David et de ses circonstances propres, la vie de cet homme de foi nous est en instruction (1 Cor 10.11,13).
Ainsi la première lecture consiste à lire les Psaumes dans leur sens et leur portée historique, avec leur auteur et avec le peuple d’Israël.

– 2. La portée prophétique

Les Psaumes éclairent les prophètes : les prophètes s’adressent à l’homme de la part de Dieu (2 Pi 1.19-21), tandis que dans les Psaumes c’est l’homme qui s’adresse à Dieu. Tous les versets des Psaumes ne se sont pas encore accomplis : le règne final et complet de Dieu est encore à venir.
Aussi la deuxième lecture consiste-t-elle à lire les Psaumes avec le reste fidèle futur qui attendra le Messie glorieux.

– 3. La portée typologique

Les Psaumes éclairent les Évangiles : ceux-ci ne développent pas les sentiments du Seigneur Jésus pendant sa vie sur la terre ; Dieu a réservé ce trésor aux croyants qui, par la foi, les discernent dans ces expressions anticipatrices des Psaumes (1 Pi 1.10-12).
Ainsi la troisième lecture consiste-t-elle à lire les Psaumes avec Jésus, en cherchant à l’y trouver. N’oublions pas également que notre Seigneur, en Juif pieux, a maintes fois prié les Psaumes. Certaines paroles (en particulier celles où le psalmiste expose son intégrité morale — ex. : 26.1 ; 17.3) ne prennent leur sens complet que dans la bouche de l’Homme parfait.

– 4. La portée morale

Les Psaumes éclairent enfin notre vie quotidienne : « Tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance. » (Rom. 15. 4). Le Psautier a été, est et restera une source d’édification majeure pour chaque chrétien (Col 3.16)
Et c’est avant tout cette quatrième lecture des Psaumes, avec mes frères et sœurs et pour moi-même aujourd’hui, que nous souhaitons encourager !
Naturellement, selon le thème du Psaume, les quatre « notes » indiquées ci-dessus joueront plus ou moins fort — mais il est rare qu’elles n’y soient pas présentes, sous une forme ou une autre.

UN LIVRE DE LOUANGE

Qui loue ?

– En premier lieu, Christ, auquel plusieurs expressions de louange sont appliquées très directement par les auteurs du N.T. (ex. : 22.22, cité en Héb 2.12)
– Le fidèle personnellement et les fidèles collectivement : voilà deux aspects de notre louange à garder en équilibre. Nous louons en église, lors du culte communautaire, mais encourageons-nous à louer également dans notre culte personnel.
– Les anges (103.20 ; 148.2), la création, la nature (65.13 ; 96.11), toutes les œuvres de Dieu (103.22 ; 145.10) — tout concourt à la louange divine.

Pourquoi louer ?

Tout d’abord parce que Dieu attend notre louange. Une des caractéristiques des Psaumes est que le psalmiste motive sa louange : il trouve des sujets concrets pour alimenter son adoration, et en premier lieu la bonté de son Dieu (136 ; 107).
Voici quelques sujets de louange dans les Psaumes : la nature de Dieu, ses œuvres, son salut, sa gloire, sa parole, ses délivrances au quotidien, etc.
Peut-être parfois nous sentons-nous un peu « secs », nous manquons de thèmes de louange ; alors ouvrons les Psaumes ! Et, à la suite de David, disons-nous : « Mon âme, bénis l’Éternel, et n’oublie aucun de ses bienfaits. » (103.2)

Comment louer ?

Le plus important est la condition morale de l’adorateur (ex. : 51). Les formes, quant à elles, peuvent être diverses, avec ou sans instruments de musique. Aussi n’y attachons pas plus d’importance qu’elles n’en méritent.
Les Psaumes encouragent aussi à un « cantique nouveau » (33.3 ; 40.3 ; 96.1 ; 98.1 ; 144.9 ; 149.1). Sachons renouveler notre louange en trouvant des thèmes ou des manières de nous adresser à Dieu qui ne se contentent pas de ressasser indéfiniment les mêmes expressions…
La spontanéité a sa part, tout autant qu’une préparation soigneuse (45.1). La fréquence ne saurait jamais être trop grande (« chaque jour », 145.2). Aussi sachons nous encourager personnellement (« Mon âme, bénis l’Éternel ! », 104.1,35) et mutuellement (« Venez, chantons à haute voix à l’Éternel ! », 95.1).

Les Psaumes et la louange de l’Église

Loin d’être une forme surannée réservée aux fidèles de l’ancienne alliance, les Psaumes ont immédiatement fait partie intégrante du culte et de l’édification de l’Église apostolique (1 Cor 14.26 ; Éph 5.19 ; Col 3.16).
Plus tard, au cours de l’histoire de l’Église, ils ont été la source renouvelée de la louange des fidèles. La Réforme (avec entre autres Clément Marot) leur a accordé une place de choix. On observe une certaine régression de leur usage dans l’hymnologie protestante du xixe siècle, avant un « retour en grâce » récent. Mais, pour plusieurs, les Psaumes restent un livre à redécouvrir. Peut-être le confort de notre Occident non persécuté nous empêche-t-il en partie d’en savourer la pertinence et l’utilité ?

UN LIVRE DE SENTIMENTS

Sentiments et christianisme

Sentiment et foi n’ont pas toujours fait bon ménage. Au cours de son histoire, l’Église a oscillé entre deux tendances opposées : le mysticisme (qui prône le primat des sentiments) et l’intellectualisme (qui ravale les sentiments à une manifestation charnelle inutile voire nuisible). Face à ces deux extrêmes, nous admirons l’équilibre des Psaumes : le psalmiste laisse parler son cœur, mais objective son expérience à la lumière de la révélation de Dieu.
Prenons un exemple : le mot « bonheur » revient environ 25 fois dans le psautier, dont il est un thème clef. Pour les psalmistes, il revêt deux aspects :
– l’un est objectif : « Bienheureux l’homme qui… » décrit un état de faveur dans lequel se trouve le fidèle, indépendamment de ses états d’âme du moment ;
– l’autre est subjectif : « Tu es heureux » (128.2) ; la considération de son état et ses décisions volontaires (par exemple de garder les préceptes de Dieu) produisent dans le cœur du fidèle un sentiment de joie, de bonheur.

Quelques sentiments des psalmistes

Les psalmistes n’hésitent pas à exposer devant Dieu leurs sentiments, à la première personne du singulier, sans se contenter de généralités, mais sous la pression du besoin ressenti au moment même.
Cela se traduit par des plaintes ou des expressions de joie accompagnées d’actes physiques sans honte (comme les pleurs, 56.8 ; 119.136).
Amour, colère, joie, paix, tristesse, confiance, peur, etc. : quel que soit le sentiment du moment, nous pouvons trouver un Psaume qui s’en fasse l’écho. C’est particulièrement vrai pour les sentiments qui nous semblent « chrétiennement » les moins avouables, comme la colère. Or Dieu sait d’avance et parfaitement ce que nous ressentons et ne nous reproche jamais de le lui exprimer (ce qui ne veut pas dire qu’il approuve toujours de tels sentiments !). Le fait que ces expressions soient consignées dans des écrits publics (avant d’être sacrés) montre également la vérité du psalmiste devant les autres — même s’il évite de faire un étalage public de ses fautes6. Le repentir devant Dieu purifie mon cœur. Le repentir devant mon frère édifie ce frère, mais ma pudeur protège le cœur de ce frère.

Au cours de leur épanchement devant Dieu, les fidèles reçoivent la correction nécessaire de sentiments trop excessifs. Cette catharsis, cette libération, ce défoulement en prière, permet au psalmiste de recevoir l’instruction au milieu même de l’expression de ses sentiments (32.8) et de basculer brusquement de la supplication à la louange. Le changement d’état d’esprit est parfois soudain (28.2,6). Le « travail sur soi » n’a pas besoin d’être très long : devant Dieu, la « remontée » peut être rapide. Dieu intervient, soit dans les circonstances, soit directement dans le tréfonds de l’âme du fidèle, sans que le détail nous soit généralement donné pour nous permettre de nous l’approprier (ex. : 34.4-6).

Ainsi l’expression même de nos sentiments est une forme de louange, car elle glorifie Dieu dans son acte de création de l’humain et dans la reconnaissance de sa dépendance de lui. Apprenons donc à calmer nos craintes, à apaiser notre colère, à consoler notre tristesse, à dire notre joie, à exprimer notre amour, à affermir notre confiance aux pieds du Seigneur dans une méditation interactive de notre âme avec lui.

UN LIVRE QUI PARLE DE JESUS

Comme nous l’avons déjà dit rapidement, Jésus est présent dans les Psaumes (Luc 24.44-47).
Les Psaumes sont le livre de l’A.T. le plus cité dans le N.T. et deux tiers des citations concernent directement Jésus :
– Jésus est le fils de David, le roi par excellence (ex. : 2) ;
– Jésus est aussi le « nouvel Israël », qui récapitule l’expérience de son peuple et concentre l’opposition contre le peuple de Dieu et ses fidèles ;
– Jésus est aussi l’Éternel de l’A.T. en qui Dieu se révèle pleinement (ex. : 102.26-28 ; cf. Héb 1).

Les rabbins juifs appliquaient déjà beaucoup de Psaumes que nous qualifions de « messianiques » au Messie. Aussi, sans gommer le caractère historique (en particulier dans les expériences de David), sommes-nous frappés par la similitude des circonstances, voire par leur côté visionnaire (comme les mains et les pieds percés du Ps 22 dans une civilisation israélite qui ignorait la crucifixion).

Un livre qui nous invite à louer, un livre qui touche nos sentiments, un livre qui nous présente Jésus, un livre qui est au cœur de la Bible : que les Psaumes soient aussi un livre dans notre cœur !

1150 « chapitres », 2 461 versets, soit 60 % de plus que la Genèse (deuxième livre en nombre de versets).
2Voir l’article de Roger Liebi dans Promesses, n° 150, « Les Proverbes, un livre poétique », pour une introduction rapide à la poésie hébraïque. L’introduction du commentaire de Gerald Wilson, Psalms, vol. 1, The NIV Application Commentary, Zondervan, p. 31 à 57, donne des éléments très utiles — et le commentaire des Psaumes qui suit est également excellent.
3Ce point est à garder en mémoire lorsque nous cherchons à interpréter les Psaumes. Il est souvent vain de vouloir tirer d’expressions avant tout poétiques, des points de doctrines qui ne seraient pas solidement étayés par des textes plus didactiques tirés d’autres livres bibliques.
4Soit 50 % du livre, exactement : 73 où il est explicitement indiqué comme auteur + le Ps 2 d’après Act 13 + le Ps 10 par nature (car il est indissociable du Ps 9 comme l’indique la structure alphabétique consécutive de ces deux Psaumes — or le Ps 9 est attribué à David).
5C’est bien sûr vrai, au premier chef, pour les Psaumes dont le titre rappelle une circonstance historique de David. Toutefois d’autres Psaumes peuvent éclairer la façon dont il a ressenti certaines périodes de sa vie, bien qu’ils ne soient pas explicitement reliés à un épisode précis.
6Par exemple, le Ps 51 se contente de rappeler la faute de David dans la suscription. Le reste du Psaume montre un cœur saisi par la gravité de son péché, sans que David ne le mentionne explicitement. De ce fait, ce Psaume devient d’une application très générale.


Si le livre des Psaumes a une place centrale dans la Bible, n’est-ce pas parce qu’il est formé d’une compilation de textes composés par des auteurs marqués par certaines de leurs expériences ?

On y trouve, par exemple, l’exaltation que procure la rencontre avec le Dieu créateur, mais aussi le découragement face à l’adversité. On y entend des louanges envers le Dieu sauveur, mais aussi l’aveu d’un besoin de consolation dans le creuset de l’épreuve.

Ailleurs s’exprime l’épanchement honnête d’un cœur devant Dieu, mais en même temps la crainte que suscite un Dieu juste.

Ou encore, on découvre l’expression du bienfait lié à la proximité du Seigneur, tout autant que la difficulté que l’on éprouve à s’approcher de lui…

Que de richesses ! Tous ces témoignages personnels rendent les Psaumes si proches de nous, si actuels, si universellement vrais !

Ce numéro de Promesses vous propose un survol des motifs qui jalonnent les Psaumes, dans lesquels s’inscrit la réalité de la vie, partout sous-jacente. Vous y trouverez également une sélection de quelques Psaumes particulièrement réconfortants. Vous constaterez enfin que Promesses n’élude pas les questions que soulèvent certains textes déroutants.

Que cette lecture puisse vous convaincre que le message véhiculé par les Psaumes est approprié à notre époque et qu’il a la faculté d’infuser notre quotidien.

« Tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que par la patience et la consolation que donnent les Écritures nous possédions l’espérance. » (Rom 15.4)

 


Les Psaumes 1 et 2 constituent une introduction générale aux Psaumes :
– Le Psaume 1 pose le principe éthique, moral et distingue deux classes d’humains : les justes et les méchants. Il traite de l’homme au singulier et commence par : « Heureux celui qui… »
– Le Psaume 2 pose le principe prophétique et politique concernant le peuple de Dieu et les nations. Il s’adresse aux hommes (au pluriel) et se termine par : « Heureux tous ceux qui se confient en lui. »

Le Psaume 1, que nous allons étudier, présente deux chemins avec deux issues : celui du juste ou du pécheur acceptant la grâce et celui du méchant ou du pécheur rejetant la grâce.

Le bonheur selon les humains

En regardant un peu ce qui s’écrit sur le bonheur, j’ai été surpris de voir à quel point les humains font la chasse au bonheur. Qu’est donc le vrai bonheur ?
Argent, sexe, maison, santé, réussite dans les divers domaines, respect des autres, réputation, honorabilité, longévité, famille aimante, intégrité, estime de soi, réalisation spirituelle, générosité, forme physique, etc. ?
Un dictionnaire donne 23 synonymes pour le mot bonheur, notamment : allégresse, béatitude, chance, euphorie, réussite, succès, extase, etc. Parmi de nombreuses citations, en voici trois d’auteurs désabusés par la poursuite du bonheur :
– Montaigne (philosophe français, 1533-1592) dans ses Essais écrivit : « Si l’on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente. »
– Léo Ferré (compositeur et chanteur français, 1916-1993) dit dans une chanson : « Le bonheur ça vaut pas trois mailles. »
– Antoine Rivarol (écrivain français, 1753-1801) écrivit : « Nous avons tous assez de force en nous pour supporter le malheur des autres, mais nous n’en avons peut-être pas autant pour supporter leur bonheur. »

Le bonheur selon Dieu

Pour Dieu, le bonheur (l’état de celui qui est « heureux ») est d’abord christocentrique. Posséder Christ dans son cœur est ce qui rend l’homme objectivement « heureux ».
Déjà dans l’A.T., David disait : « Bienheureux l’homme dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert. Bienheureux l’homme à qui l’Eternel ne compte pas l’iniquité et dans l’esprit duquel il n’y a pas de fraude. » (Ps 32.1-2) Le bonheur commence avec le pardon de ses péchés.
Le bonheur se décline ensuite :
– dans la séparation du mal et la méditation de la Bible (notre Ps 1), – dans l’aide apportée aux autres : « Bienheureux l’homme qui comprend le pauvre ! Au mauvais jour, l’Éternel le délivrera. » (Ps 41.1)1
Voilà ce qu’est le bonheur selon la Bible, bien différent de celui des hommes cités ci-dessus ; et il peut être vécu même dans la souffrance (voir Matt 5.5-11 et les paradoxes des béatitudes).

Le chemin du juste (v. 1-3)

1 Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs,
2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, Et qui la médite jour et nuit !
3 Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point : Tout ce qu’il fait lui réussit.

Le chemin de la vie a deux faces :

La face négative — ce dont le juste s’abstient (v. 1)

– Il « ne marche pas dans le conseil des méchants ». Le « conseil », ici, c’est l’état d’esprit, la mentalité. Nous sommes plutôt appelés à « renverser les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, en amenant toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Cor 10.5). La séduction s’opère d’abord dans nos pensées. Elles ont besoin d’être renouvelées selon la pensée du Christ.
– Il « ne s’arrête pas dans le chemin des pécheurs ». Nos pensées influencent notre comportement, nos attitudes. Celui qui « s’arrête » est déjà séduit. Paul avertit les chrétiens galates : « Vous couriez si bien, qui vous a arrêtés ? » (Gal 5.1)
– Il « ne s’assied pas sur le banc des moqueurs ». Le pli des habitudes est pris pour celui qui « s’assied ». L’esprit critique vis-à-vis du monde qui se moque de Dieu est anesthésié. L’Esprit de Dieu est étouffé, attristé, éteint.
Il y a progression vers le mal pour celui qui ne court plus vers le but. Il marche d’abord, puis s’arrête et finalement s’assied à la table du monde. Le juste est appelé à se séparer moralement du monde (2 Cor 6.14-18), « tout en étant dans le monde ».

La face positive — ce que recherche le juste (v. 2)

Le juste trouve du plaisir dans la loi de l’Éternel. Pour nous, c’est toute la Parole, la révélation de Dieu, amplement suffisante pour la vie de tous les jours, dans toutes les situations.
Le juste la « médite » : sa pensée, son intelligence, son esprit sont engagés. Il « réfléchit », « se penche sur » le texte, pour le comprendre et s’y conformer.
Il la médite « jour et nuit ». Sa volonté intervient. Le secret d’une relation juste avec Dieu engage la raison, l’affection et la volonté du croyant. Est-ce à dire qu’il doit passer son temps à lire la Parole ? Ce n’est pas possible ni forcément souhaitable. Mais ses pensées et ses affections sont tournées vers Dieu en continu. Et son être entier se transforme ainsi progressivement.

Les caractéristiques du juste bienheureux — l’issue de la voie du juste (v. 3)

– « Il est comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux » : L’arbre est le symbole de la sécurité et de la solidité. Les cours d’eaux nous parlent du rafraîchissement donné par l’Esprit de Dieu (Jean 7.38 ; Éph 2.22 ; Tite 2.5-6).
– Il « porte du fruit en sa saison » : Chaque arbre porte des fruits selon son espèce et en sa propre saison. Les progrès du chrétien dans son chemin de sanctification diffèrent de l’un à l’autre. Ce qui compte, c’est de porter du fruit « en sa saison », en son temps. C’est l’affaire de Dieu. Notons encore que la croissance pour faire mûrir le fruit se fait sans bruit, tranquillement, mais il est aussi exposé aux tempêtes jusqu’à la récolte. « Je suis le cep ; vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit, car, séparés de moi (sans moi), vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.5)
– Son « feuillage ne flétrit point » : Cette image évoque la pérennité, la durabilité de la vie de foi.
– « Tout ce qu’il fait prospère » : Réussir sa vie ne signifie pas avoir du succès, mais avoir suivi la voie du Seigneur tracée pour chacun dans l’obéissance à sa Parole. Pour les uns, c’est plus palpable que pour d’autres : le fruit se voit dès maintenant. Pour d’autres, le fruit se révèlera après leur mort. Leur chemin de sanctification, fidèlement suivi avec méditation et prière, trouvera une merveilleuse issue : leurs œuvres ont été cachées devant les hommes, mais leurs prières auront été exaucés et ils verront les résultats dans la gloire. Engageons-nous résolument dans cette voie de la prospérité dans le Seigneur.

Le chemin des pécheurs non repentis (v. 4-5)

4 Il n’en est pas ainsi des méchants : Ils sont comme la paille que le vent dissipe.
5 C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement,Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes.

Dans un texte qui rappelle notre Psaume, le prophète Jérémie a donné une très belle comparaison entre les deux voies, celle du juste et celle du méchant : « Ainsi parle l’Éternel : Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son cœur de l’Éternel ! Il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit point arriver le bonheur ; il habite les lieux brûlés du désert, une terre salée et sans habitants.
Béni soit l’homme qui se confie dans l’Éternel, et dont l’Éternel est l’espérance ! Il est comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines vers le courant ; il n’aperçoit point la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert. Dans l’année de la sécheresse, il n’a point de crainte, et il ne cesse de porter du fruit. » (Jér 17.5-8) « Les méchants » désignent les pécheurs : ce sont ceux qui ont rejeté Dieu, qui s’opposent à lui, qui se moquent de lui — en un mot, des pécheurs impénitents.

Les caractéristiques du pécheur impénitent

Il est « comme la balle ». La balle (ou la paille) est l’enveloppe des graines et des céréales. Plus légère que les graines, elle est emportée par le vent lorsque le vanneur lance en l’air le blé.
Les nations (És 17.13), le peuple de Dieu désobéissant (Os 13.3), le roi de Babylone, l’impie Belshatsar (Dan 4.22-27), sont comparés à la balle légère, qui n’a aucune valeur et qui va subir le jugement.

L’issue du pécheur impénitent

Le pécheur impénitent « ne subsistera pas au jour du jugement », pas plus que la balle ne peut résister au vent qui la chasse. Au jour du Seigneur, lors de l’établissement en puissance de son royaume de justice et de paix sur la terre, les pécheurs seront exclus de « l’assemblée des justes ». Jésus annonce le même jugement : « Retirez-vous maudits, allez dans le feu éternel préparé pour le diable et les anges. […] Ceux-ci iront dans le châtiment éternel et les justes dans la vie éternelle. » (Mat 25.41,46)
La voie des pécheurs mène à la « ruine », car « à la mort du méchant, son espoir périt, et l’attente des hommes iniques est anéantie. Le juste est délivré de la détresse et le méchant prend sa place. » (Prov 22.7-8)
Mais Dieu ne veut pas le jugement du pécheur. Il a donné son Fils unique pour que le pécheur ait la vie éternelle, s’il accepte de se repentir (Jean 3.16).

Le suprême juge à l’issue des deux chemins (v. 6)

6 Car l’Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine

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Dieu est omniscient (Ps 139.1-6). Le Seigneur connaît ses brebis ; il connaît ceux qui lui appartiennent (Jean 10.14 ; 2 Tim 2.19). Par contraste, il dit aux méchants : « Je ne vous ai jamais connus. » (Mat 7.23)
Cette connaissance de Dieu envers chacun d’entre nous inclut aussi sa sollicitude à notre égard : « Tu connais les angoisses de mon cœur. » (Ps 31.8)
Quel merveilleux jour pointe à l’horizon lorsqu’il reviendra ravir son Église et ressusciter les morts en Christ : « Alors nous connaîtrons comme nous avons été connus » (1 Cor 13.12) !
Quelle perspective extraordinaire — celle des pécheurs pardonnés. Quelle perspective terrible — celle des pécheurs qui ont refusé la grâce de Dieu. Il n’y a pas de troisième voie, de voie médiane.

1Ces versets sont les trois textes du 1er Livre des Psaumes qui commencent par « Heureux ». Au total, le mot « heureux » revient 26 fois dans tous les Psaumes : 1.1 ; 2.12 ; 32.1,2 ; 33.12 ; 34.9 ; 40.5 ; 41.2 ; 65.5 ; 84.5,6,13 ; 89.16 ; 94.12 ; 106.3 ; 112.1 ; 119.1,2 ; 127.5 ; 128.1,2 ; 137.8,9 ; 144.15 (2 x) ; 146.5.