PROMESSES

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »2 Corinthiens 5.17

De père italien et de mère française, je suis né en Suisse et ai vécu toute mon enfance dans un village du Jura vaudois. À l’âge de 5 ans, j’étais gardé de temps en temps par ma marraine, qui me lisait la Bible en bande dessinée : j’étais passionné par ces belles histoires ! Chrétienne évangélique, elle m’avait aussi abonné à Tournesol et Toujours joyeux, deux magazines bibliques pour enfants. J’appréciais le temps passé avec elle ainsi qu’avec d’autres enfants chrétiens.
Enfant, ma maman m’emmenait de temps en temps à la messe. Je trouvais le temps long, mais j’aimais beaucoup chanter. Je suivais régulièrement les cours de catéchisme où l’on nous parlait de Dieu.
Dieu me semblait toutefois lointain. Ayant perdu le contact avec ma marraine, je n’entendis plus parler de Jésus et de son œuvre à la croix. Je me rappelais toutefois, qu’il était possible de parler à Dieu dans la prière.
À l’âge de 11 ans, j’ai été opéré des hanches à cause d’un problème sévère, ce qui m’a éloigné de l’école durant 3 ans. J’avais des drains aux hanches et souffrais atrocement. J’ai dû me déplacer en chaise roulante pendant une année et ai passé de très nombreuses nuits à l’hôpital. À l’hôpital, j’avais un ami de chambre auquel j’avais même proposé de prier avec moi. Nous pleurions souvent, car nous avions mal. Prier nous apaisait. Mon cœur n’avait toutefois pas été touché par Jésus-Christ et je n’avais pas compris que j’avais besoin d’un Sauveur. Je craignais Dieu, mais je n’avais pas de véritable relation avec lui.
À l’adolescence, comme tous les enfants de bonne famille catholique, j’ai fait ma confirmation, sans motivation particulière et sans vraiment savoir ce à quoi je m’engageais, mais pour faire plaisir à ma famille. Ma marraine m’a alors donné une Bible que j’ai toujours conservée mais sans l’ouvrir.
J’étais doué en football et ai donc joué dans différentes ligues. Je passais beaucoup de temps en fin de semaine dans les boîtes de nuits et courais après les filles. Après une scolarité difficile, cela me faisait du bien d’être un joueur doué et un crack admiré le week-end.
À la fin de ma vingtaine, mon amie de l’époque m’annonce qu’elle est enceinte alors qu’elle n’a pas encore terminé sa formation… Le ciel m’est tombé sur la tête, j’ai réalisé que la fête était finie et qu’il fallait maintenant assumer mon rôle de père. J’étais anxieux et ne savais pas comment j’assumerais ce nouveau rôle après des années d’insouciance.
J’ai demandé à Dieu de m’aider dans cette situation. J’avais alors un emploi stable, j’ai pris mes responsabilités et nous nous sommes mariés.
Malheureusement, après plusieurs années de mariage, nous nous sommes séparés. Je suis revenu chez mes parents sans un sou en poche. J’ai traversé une profonde dépression et me suis réfugié dans la drogue et l’alcool. Dans l’entreprise dans laquelle je travaillais, il y avait plusieurs chrétiens. J’entendais donc régulièrement parler de Jésus-Christ. En 2009, la crise économique a conduit à mon licenciement.
Mes parents étant fatigués de mes frasques, je me suis donc retrouvé à la rue. J’ai dormi dans une cave durant une année. La solitude et ma situation m’accablaient, c’est pourquoi je me suis à nouveau tourné vers Dieu. Enfin, j’ai ouvert la Bible que m’avait donnée ma marraine et j’ai prié le Seigneur qu’il me sorte de cette situation ! J’ai arrêté l’alcool et la drogue et, ne trouvant plus d’emploi, je me suis lancé dans le monde du spectacle.
Puis, tout en continuant le spectacle, j’ai repris un emploi. J’avais rencontré entre-temps Valérie avec laquelle j’ai eu un fils. Malheureusement, l’entreprise dans laquelle je travaillais a fermé. J’ai prié à nouveau le Seigneur et j’ai retrouvé rapidement un nouvel emploi. Je n’étais toutefois pas en paix avec Dieu. J’avais encore beaucoup de culpabilité pour ma vie passée. Un jour, en allant au travail, j’ai été touché par le Saint-Esprit en pleine rue à 6 heures le matin. J’ai demandé à Dieu de pardonner mes nombreux péchés qui me désespéraient. J’ai ressenti profondément tout le mal que j’avais fait et j’ai pleuré en pensant à mes nombreux péchés…
J’ai reçu le pardon de Dieu, j’ai accepté par la foi le salut qu’il m’offrait et depuis ce jour-là ma vie a véritablement changé.
Cela fait maintenant six ans que je me suis converti et je vois Dieu agir dans ma vie. Mon caractère change, j’aime la Bible et fréquente régulièrement une église. Dieu m’a donné des frères et sœurs.
Je vois Dieu me diriger malgré des circonstances difficiles : mon passé continue à me poursuivre ; de temps en temps, je suis sujet à des angoisses ; je n’ai pas revu mon fils depuis ma séparation d’avec ma première femme et diverses autres difficultés me découragent parfois. Mais j’ai une joie que je n’avais pas auparavant. Ma vie a désormais un sens. Je regrette de ne pas avoir rencontré Dieu avant… Mais sans doute, fallait-il qu’il m’amène dans une sombre vallée pour que je tourne mon regard vers lui et accepte Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur !


Hervé, tu as été confronté à des souffrances terribles, liées à la guerre civile qui dévaste l’est de la RDC. Peux-tu nous dire comment cela est arrivé ?

Depuis de nombreuses années, je m’implique dans le ministère d’EFF international [note]https://eff-international.fr/[/note] , qui vise à former des animateurs fidèles et capables de transmettre les valeurs bibliques de la famille dans les pays de la Francophonie.
J’ai participé à une formation au Nord-Kasaï, une autre région blessée de RDC, avec une sœur de Bunia [note]Chef-lieu de la province de l’Ituri, au nord-est de la RDC, théâtre de combats sanglants depuis 2003.[/note] qui s’occupait d’apporter la Parole de Dieu dans des camps de déplacés dans la région. Elle m’a demandé de venir former des collaborateurs chrétiens et j’y suis allé à cinq reprises, même si le trajet pour s’y rendre est très long et compliqué.

Quelle est la situation dans cette région et quels sont les types de souffrance auxquelles tu as été confronté ?

Depuis plus de 25 ans, des troubles et des guerres civiles ensanglantent cette région. Les rebelles passent de l’Ouganda ou du Rwanda en RDC et on ne sait pas bien qui manipule qui. Plus le pays est déstabilisé, plus les dirigeants et les firmes étrangères peuvent vendre à tout va les matières premières dont il regorge. En suscitant des guerres ethniques fratricides, ils instaurent un climat de peur, conduisant à des déplacements de population vers les villes ; les territoires se vident et la place est libre.
Les haines entre tribus, entre dominants et dominés, remontent à très longtemps et il suffit de mettre un peu d’huile sur le feu pour les attiser.
Le drame est que ce sont des chrétiens — de nom — qui se battent entre eux. Pour que des hommes puissent commettre de telles atrocités, seul un démon peut être derrière. La guerre n’est pas belle, c’est fait pour voler, pour piller, mais là on atteint un degré de perversité et d’abjection indicible. Je ne peux pas raconter ce que j’ai entendu. Ce sont des actes de barbarie dont les femmes et les enfants sont les premières victimes.

Comment sortir de cette spirale de violence ?

Un jour, alors que nous avions travaillé la veille sur le chemin du pardon en abordant le sujet avec une extrême douceur, un vieux monsieur a demandé la parole pour témoigner qu’il avait renoncé à la vengeance : « Mes voisins ont tué toute ma famille, à l’exception d’une seule de mes petites-filles de 6 ans. J’avais préparé un poison pour tuer mes voisins et hier soir, j’ai pris le poison et l’ai donné au pasteur. »

Que dire à des personnes ayant vécu des abominations à répétition ?

Toute parole est une insulte à leur souffrance, à leur cœur déchiré. Alors que puis-je leur apporter ? Les amener dans la présence de Jésus, présent comme il l’a promis (Mat 28.20), les aider à réaliser son regard de compassion sur eux, ses yeux sur eux, sa main sur eux, et les amener à demander au Seigneur une parole, une réponse, quelque chose juste pour eux.
Leur proposer un temps de silence, d’écoute pour eux, d’intercession silencieuse pour nous, et là, le Seigneur leur donne une parole, une réponse, un verset, un signe entre lui et eux. Ça vient de sa part, par son Esprit : c’est un cadeau de sa grâce.
Une femme qui avait atrocement souffert, après un temps de méditation, a reçu du Seigneur ce texte qu’elle nous a partagé : « Parce que je vis, tu vivras. » Bien d’autres ont témoigné de réponses analogues et sont repartis, au moins pour un temps, détendus, souriants, apaisés. Nous avons vu la consolation de l’Éternel agir !

Comment se sentir légitime face à de telles souffrances ?

Lors d’un séjour, comme les troubles reprenaient, les frères qui m’accueillaient m’ont littéralement jeté dans le dernier avion. À l’escale suivante, j’éprouvais le sentiment de les avoir abandonnés : j’allai retrouver mon confort occidental alors que, eux, risquaient des atrocités. Une sœur m’a appelé sur mon portable et m’a consolé : « Tu as fait ta part ; le reste appartient à Dieu. »

Quels textes sont d’un réconfort particulier pour ces chrétiens ?

Nous commençons par raconter l’histoire d’un pasteur déplacé à la suite de massacres et qui doute. Le premier pas est de les aider à trouver qui est Dieu dans la Bible, par exemple les textes où il dit : « Je suis… » Le Dieu qui est bon, qui tient tout dans sa main, qui délivre, qui demande d’attendre.
Aux femmes violées, nous lisons : « Ne rougis pas, car tu ne seras pas déshonorée ; Mais tu oublieras la honte de ta jeunesse. » (És 54.4) Nous les aidons à passer étape après étape, jusqu’à reconnaître la justice de Dieu qui rendra la vengeance. Et nous finissons par les textes sur le pardon.
Une difficulté supplémentaire est liée à la culture, parfois très éloignée de la nôtre. Par exemple, une femme violée est considérée comme adultère et doit payer une amende à sa belle-famille ! C’est l’occasion de citer Jean 8, où Jésus ne condamne pas une femme volontairement adultère : a fortiori une femme qui a involontairement subi un rapport souvent atroce.
« D’autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison ; ils furent lapidés, sciés, torturés  ; ils moururent tués par l’épée  ; ils [furent] dénués de tout, persécutés, maltraités. » (Héb 11.36 37) En RDC, nous y sommes en plein !
Ce que nous pouvons apporter, face à cet océan de souffrance, ne m’appartient pas. Je verse ma petite goutte d’huile et je crois dans l’abondement de Dieu.


La rédaction de Promesses a appris le départ pour la patrie céleste de Frank HORTON (1925-2021), membre du comité de soutien de Promesses.

Frank a été secrétaire général des GBU en France, puis directeur de l’Institut Biblique Emmaüs à St-Légier en Suisse (aujourd’hui HET-PRO).

Il n’a cessé d’enseigner et encourager les personnes qu’il cotoyait et a été rédacteur d’une trentaine d’articles dans Promesses.

Nous aimerions témoigner à sa famille notre vive sympathie et demander à Dieu de les consoler dans l’espérance de la résurrection.

 


Je suis né en Ukraine. Mon père a quitté la maison quand j’avais à peu près 5 ans et ma mère, qui était boulangère, a beaucoup travaillé pour qu’on ait à manger. Après la chute du communisme, la vie était dure, les gens étaient pauvres, ils avaient faim.
Comme j’étais souvent seul à la maison, j’étais beaucoup dehors avec des jeunes plus âgés que moi ; c’est là que j’ai commencé à boire et à fumer.

À 14 ans, j’étais addict à l’alcool ; j’en consommais tous les jours, c’était impossible pour moi d’arrêter et personne ne pouvait m’aider. D’ailleurs, plusieurs amis de l’époque sont morts maintenant.
J’ai grandi dans une famille de tradition catholique, non pratiquante, on allait à l’église juste deux fois par an ; mais je savais que Dieu existe.
Un jour, je ne me sentais pas bien du tout, j’ai fait une prière, en même pas une minute : « Seigneur, si tu existes, tu m’aides ! Car je suis coincé et si je continue comme ça, je vais finir très mal. Mais si tu ne m’aides pas, je vais fermer la porte. » C’était très court mais très honnête !
Le jour suivant, je retrouve mes copains, mais impossible de boire. Dans ma tête, il y avait une petite voix… « Si tu bois, tu vas mourir ». Le jour suivant, même chose ; j’avais ma bière à la main, mais je ne pouvais pas boire… Après quelques semaines, j’avais même oublié qu’avant je buvais de l’alcool tous les jours. Mais je n’ai pas vu le lien avec ma prière.
Plus tard, je suis parti à Kiev, la capitale, pour commencer des études de musique. Quand j’étais petit, je jouais de l’accordéon, poussé par ma mère. À Kiev, j’ai vécu une vie de fêtard ; je faisais la fête tous les soirs. Je suis tombé malade, d’une maladie très grave, qui ne se guérit pas. À l’hôpital, les analyses ont confirmé cette maladie. Et là, je me suis souvenu de ma prière quand j’étais ado et j’ai voulu essayer encore une fois. Je suis allé aux toilettes de l’hôpital, je me suis enfermé et mis à genoux (pourtant, les toilettes d’un hôpital ukrainien dans la période post-soviétique, je peux vous dire qu’elles étaient sales !). « Seigneur, tu m’as aidé une fois, je te promets de pas faire ça, et ça, etc. (toute une liste d’actions « pas clean ») — s’il te plaît, si tu peux me guérir ! »
Deux semaines après, nouveaux examens à l’hôpital. Quelqu’un arrive : -« Pourquoi vous êtes là ? »
-« Ben, je suis malade ! »
– « Non, vous n’êtes pas malade ! »
Ils me refont des examens et me confirment : « Vous n’êtes pas malade ! » Les résultats des examens étaient normaux !
Un cadeau comme ça, deux fois, c’était trop ! Alors j’ai demandé à Dieu : « Tu es qui ? Je veux te connaître. »
Quelque temps après, quelqu’un frappe à ma porte, me donne un tract sur Pâques et me demande : « Est-ce que tu connais Jésus-Christ ? »
— « Non ! »
— « Tu veux le connaître ? »
— « Oui ! »
— « Alors, viens à l’église ce soir. »
Ce soir-là, je suis allé à l’église et j’ai été bouleversé par la présence de Dieu. Et ça n’a pas changé depuis ! J’ai appris à connaître personnellement Jésus-Christ comme mon Sauveur.
Dieu m’a fait beaucoup de cadeaux.
L’étape suivante, ça a été : « Seigneur, comment est-ce que je peux t’être utile ? » Cette étape n’a pas toujours été facile mais Dieu a toujours été présent et j’essaye de toujours témoigner autour de moi de ce qu’il a fait pour moi.

L’auteur de ce témoignage, Ivan travaille depuis 15 ans à l’association chrétienne de solidarité La Gerbe (https://www.lagerbe.org/) à Ecquevilly dans les Yvelines.
Il y occupe le poste de responsable logistique.


Jean-Louis, un chrétien qui a abandonné la transsexualité

Propos recueillis et retranscrits par Jean-Paul et Silvain Combe

Qu’est-ce qui t’a conduit à entamer une transition de genre ?

Je me suis décidé quand j’ai su que cela existait, que certains avaient franchi le pas de la transformation. Mais depuis bien longtemps, je sentais que j’avais un côté très féminin. En revanche, quand j’étais enfant, j’étais amoureux des petites filles, je ne crois pas que j’avais de problème particulier. Mais assez vite, vers l’âge de 15 ans, je suis devenu jaloux de la femme, c’est devenu une obsession. Je me suis senti les deux, homme et femme, je ne savais pas quoi faire de ma peau… Plus tard je me suis marié, j’ai eu des enfants, puis j’ai divorcé. J’en suis arrivé progressivement à l’idée de faire une transition chirurgicale. J’ai dû me battre avec les médecins pour qu’ils acceptent de m’opérer, je suis allé jusqu’à me mutiler pour les convaincre. J’avais la quarantaine lorsque j’ai enfin pu commencer les transformations. A l’époque ce n’était pas encore à la mode.
La transition t’a-t-elle aidé, même temporairement, à te sentir mieux ?
Pendant trois ans je l’ai très bien vécu. J’étais très heureux, j’étais une femme, je plaisais, les gens disaient que c’était très réussi.
Un jour, un chirurgien m’a demandé : « Je vous appelle Monsieur ou Madame ? » Je lui ai répondu : « On va la jouer net, c’est Monsieur, on sait très bien que je ne suis pas une femme. » A la fin du rendez-vous, je lui ai dit au revoir et il m’a répondu : « Au revoir Madame. » Là, je me suis retourné, je l’ai regardé, surpris, et il m’a dit : « Oui, je vous dis ça, car pour moi vous êtes plus une femme qu’un homme. » Cela m’a paru à l’époque comme une seconde d’éternité, comme si c’était ça la vie, la vraie. Le Seigneur a dû travailler pendant longtemps après cela pour me faire voir les choses différemment.

Comment as-tu réussi à entreprendre la démarche d’un retour en arrière pour te réapproprier ton genre originel ?

Après les premières années de transition, j’ai fini par ne plus contrôler la situation. Il y a eu des maladies dues à certaines opérations qui se sont mal passées. Je me suis aussi laissé entraîner à une sexualité débridée. Au bout d’un moment, j’ai vieilli, et je ne pouvais plus jouer mon numéro. Je me suis aussi mis à avoir des terreurs nocturnes. Je ne dormais quasiment plus, j’étais épuisé, et là j’ai vraiment prié.
J’ai dit : « Seigneur, trouve-moi un chirurgien. » J’en ai contacté plusieurs qui ne voulaient pas, car ils considéraient que je me sentais encore femme. Et par hasard, quelqu’un m’a dit qu’un certain chirurgien suisse, ouvert à ce sujet, était rentré en France. Il a été tout de suite d’accord et quinze jours après c’était fait. J’ai vraiment pris cela comme un exaucement de ma prière.
J’étais soulagé, vraiment. Ensuite, cela a encore pris quelques années après l’opération pour que ce problème de féminité disparaisse complètement. Aujourd’hui, j’ai encore quelques difficultés car j’ai pris des hormones, je ne peux donc plus avoir de barbe. De plus, je suis menu, j’ai des petits pieds, des mains fines. Il peut donc arriver encore que des gens se trompent sur mon genre et ce n’est pas facile à vivre. Malgré tout, si quelqu’un me dit aujourd’hui : « Je te donne 40000 € et tu refais tout à neuf », non, je ne le referai pas. Ce n’est pas la vie, ça. Aujourd’hui, on prône plutôt ce genre de choses. On encourage à fond à aller dans ce sens. Moi, je suis désolé, je ne peux pas être pour. Si la Bible dit que ces choses ne sont pas bonnes, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison. Ce n’est pas pour le plaisir d’embêter les gens.

As-tu reçu de l’aide et du soutien, et en particulier par ton église ?

Certains chrétiens jouent à culpabiliser les gens, à les rabaisser pour se sentir plus forts. C’est honteux, un chrétien qui va accuser un autre chrétien car c’est un ancien transsexuel, ou un ancien alcoolique, ou bien un divorcé. Heureusement, j’ai rencontré aussi des chrétiens très bien qui ne m’ont pas jugé à mon retour dans l’église. Bien sûr, il faut être capable de recevoir les transsexuels dans une église. En revanche, leur dire que ce qu’ils ont fait est bien pour eux, là c’est autre chose. Toute la difficulté, c’est de les accompagner avec amour, pour leur montrer qu’il y a un chemin meilleur pour eux. Mais c’est très délicat. Il faut des trésors d’amour. Je crois que quelqu’un peut te toucher s’il est capable de pleurer avec toi.
Cela montrerait qu’il souffre vraiment de ta situation et qu’il sait qu’il y a tellement mieux pour toi.

Pour aller plus loin, retrouvez un autre témoignage, celui de Janick Christen, auteur du livre « Je croyais être un homme », sur le site : https://trans4freedom,org/


J’ai récemment participé à la mise en œuvre d’un programme de formation de disciple sur 3 ans, avec environ 4 week-ends par an. En tant que responsable, il faut rappeler que nous restons tous des disciples en cours d’apprentissage ! Et cela pas seulement pendant les week-ends de rencontre, mais tout le temps. Au bout de plusieurs années de formation il n’y a pas de récompense, comme un diplôme. Quelquefois, nous arrivons même à un point de notre vie, où nous devons recommencer à apprendre une leçon que nous avions cru comprendre auparavant. Pourquoi donc chercher à se former, à « devenir » un disciple de Jésus Christ ? Est-ce utile ? Est-ce une obligation ?
Comme un nouveau-né qui grandit et se développe pour devenir adulte et responsable, chaque enfant de Dieu, régénéré par la nouvelle naissance, grandit et se développe pour devenir mature spirituellement (1 Pi 2.2 ; Héb 5.13-14). Se former en tant que disciple est en fait une chose naturelle dans la vie chrétienne.

Quelle est le lieu de formation ?
Dois-je m’inscrire dans une école ?

La formation dans l’école du disciple commence au moment où Jésus attire notre regard. En Jean 1.35-42, après avoir entendu parler de Jésus, les deux disciples de Jean avaient décidé de le suivre pour être formés par lui. C’était alors une coutume que les disciples suivent leur rabbi (c.-à-d. leur maître ou formateur) partout où il allait. Ils pouvaient ainsi l’écouter et apprendre à reproduire son comportement.
Le lieu de formation est là où est Jésus Christ. Chaque disciple apprend sur le terrain, dans la vie de tous les jours. Le lieu de formation, ce sont les circonstances de notre vie personnelle, de notre vie de famille (en tant qu’enfant, parent, conjoint, grand-parent, etc.), de notre vie professionnelle, de notre vie d’église mais aussi dans la rue, pendant les courses… partout. Notre vie de disciple ne connaît ni de vacances, ni de congés maladie. Toutes les circonstances que nous vivons peuvent être utiles à la vie de disciple.
La formation peut se faire d’une manière individuelle, mais aussi d’une manière collective. Jésus s’est notamment adressé en privé à certaines personnes comme Nathanaël (Jean 1.48-52) ou Marie (Jean 20.11). Ainsi, notre Seigneur, dans sa douceur et son tact, ne va pas exposer nos difficultés personnelles devant tout le monde, mais il va nous prendre par la main pour nous parler directement.
L’apprentissage collectif est un autre aspect essentiel de la formation. Quelqu’un a dit : « ne fais pas tout seul ce qui peut être fait à deux ». Par exemple, Jésus envoie les 70 disciples évangéliser deux par deux (Luc 10.1-11). Les lieux privilégiés de l’apprentissage collectif sont notamment l’église locale, les groupes de maison, les écoles bibliques, les formations de disciples, etc.
Par expérience nous apprenons différemment en collectivité : un petit groupe de formation (ou d’échanges) peut nous nourrir et « booster » la progression de notre vie spirituelle. Des échanges avec d’autres « disciples » nous aident parfois à mieux comprendre les différentes circonstances de notre vie ou à éclaircir certains passages bibliques. Notre Seigneur ne nous a pas laissés seuls sur le terrain.

Le formateur

Celui qui forme est le maître lui-même, Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur. Il n’est pas un simple homme connu pour sa vie parfaite et bienfaisante, mais il est le Créateur de tout l’univers, par qui et pour qui toutes choses ont été faites (Col 1.16-18). Devant Lui, tout genou se ploiera un jour pour reconnaître qu’il est Seigneur.
Il est aussi celui qui nous connaît entièrement, comme l’exprime David dans le psaume 139 : « Éternel ! tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée ; […] tu m’as tissé dans le ventre de ma mère ». S’il y a une personne à qui l’on peut faire 100 % confiance – c’est bien Jésus Christ ! « Il est le Rocher, ses œuvres sont parfaites » (Deut 32.4) !
S’il y avait une personne sur cette terre qui était 100 % vrai – c’est bien Jésus Christ ! Alors ? Pourquoi attendre ?
« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb 4.7).
Si le maître de tout l’univers te donne l’occasion d’apprendre de lui, et de le suivre, alors comment refuser une telle invitation ?

Sa méthode de formation

En Luc 9.23, notre Seigneur déclare : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. »
Il nous a tracé un chemin afin que nous puissions suivre ses pas. Si nous marchons derrière lui, nous trouvons les empreintes qu’il a laissées. Ses empreintes sont pour ses disciples un terrain sûr et solide. Pour tout ce qu’il a demandé à ses disciples, le Seigneur a montré auparavant comment le faire. Donner l’exemple est le cœur de sa méthode de formation.
En Luc 11.1b, ses disciples lui demandent comment prier. Mais avant d’en arriver à cette étape, ils ont vu leur maître prier à au moins à 5 reprises (Luc 5.16 ; 6.12 ; 9.18 ; 9.28 ;11.1a). Il n’avait pas commencé par un cours de théologie, mais il leur a montré comment faire, et ensuite il leur a donné des explications.
Sa méthode de formation était efficace car ses disciples ont su mettre en pratique ses enseignements après une période de 3 ans de vie avec lui. Ils ne sont pas devenus de simples « copieurs » de leur maître, car ils avaient compris le sens de sa conduite. Et forts de cette compréhension, ils ont continué à agir comme lui avait agi. La vie de Simon Pierre en donne un bon exemple : il avait commencé sa vie de disciple comme une personne impulsive, mais vers la fin de sa vie, il écrit des lettres ayant un caractère posé, réfléchi et sobre.

La durée et le but de la formation

Un programme de formation a une durée déterminée. Notre vie de disciple avec notre Seigneur, quant à elle, dure toute notre vie. Le suivi d’un programme de formation de disciple sera donc uniquement une petite partie du grand plan de formation que notre Seigneur a prévu pour nous.
Dans la vie de disciple il n’y a pas de contrat, ni de durée déterminée. La vie de disciple est un engagement envers une personne.
Dans le livre Le « vrai disciple » de William Mac Donald nous trouvons le paragraphe suivant :

« Le christianisme authentique consiste à s’en remettre entièrement et en toute chose au Seigneur Jésus-Christ. Le Sauveur n’est pas à la recherche d’hommes et de femmes disposés à Lui consacrer quelques-unes de leurs soirées – ou leurs week-ends – ou leurs dernières années lorsqu’ils seront parvenus à l’âge de la retraite. Ce qu’il veut, ce sont des gens prêts à Lui donner la première place dans leur vie ».

La vie du disciple doit être consacrée à son Seigneur et Sauveur. Le disciple est conscient qu’il n’y a pas mieux dans sa vie sur la terre que de suivre le maître et d’attendre ses « ordres ».
Evan H. Hopkins décrit bien cet engagement attendu par Jésus : « Il cherche aujourd’hui, comme il l’a toujours fait d’ailleurs, non pas à être suivi par des foules qui se contentent de dériver dans son sillage, mais des individus, hommes et femmes, dont la fidélité inaltérable témoignera du fait que ce qu’il veut ce sont des gens disposés à marcher dans le chemin de la renonciation à soi-même sur lequel il les a précédés ».
Enfin, le but de Dieu consiste à nous faire « devenir conformes à l’image de son Fils » (Rom 8.29, Segond 21). Afin de devenir semblable à lui, nous avons besoin d’être tout près de lui. Nous ne pouvons pas devenir comme lui si nos occupations concernent uniquement la satisfaction de nos propres désirs. Devenir conforme à l’image de Jésus Christ ne peut s’accomplir si seulement une petite partie de notre temps lui est consacrée. Nous avons vraiment besoin de lui remettre entièrement le pouvoir sur notre vie.

La progression dans la formation

Est-ce que le programme de quelques week-ends de formation m’a fait progresser dans ma relation avec mon Seigneur ? Je peux dire en tout cas que certains sujets traités ont été pour moi une vraie découverte. Je n’aurais pas vu ces sujets de la même manière par moi-même. Mais je suis bien conscient que la connaissance seule ne suffit pas pour être transformé en l’image de Jésus Christ. Bien sûr, nous avons besoin de connaissance, mais la clé de notre progression se trouve dans la relation directe avec notre Seigneur.
Dans le livre de l’Exode, nous trouvons une promesse de Dieu à Israël quant à la possession du pays promis. Il est dit : « Je ne les chasserai pas en une seule année loin de ta face, de peur que le pays ne devienne un désert et que les bêtes des champs ne se multiplient contre toi. Je les chasserai peu à peu loin de ta face, jusqu’à ce que tu augmentes en nombre et que tu puisses prendre possession du pays » (Ex 23.29-30).
La vie de disciple est vraiment un apprentissage. Peu à peu, notre Seigneur nous fera découvrir les choses importantes, nous fera gagner les combats de la foi. Au fur et à mesure de notre croissance spirituelle, nous pouvons devenir de plus en plus comme lui. Nous n’avons pas besoin d’être parfaits afin de refléter quelque chose de lui. Le « peu à peu » va se manifester dans notre vie. Comme la lune et les étoiles reflètent uniquement une infime partie de la lumière du soleil, nos vies peuvent aussi refléter un peu de la vie de notre Seigneur. Car dans la nuit de ce monde, même un petit reflet du soleil sera visible.
L’appel du Seigneur : « Venez et voyez » (Jean 1.39) est toujours valable aujourd’hui. Si dans une formation de disciples tu peux « voir » la vie du Seigneur et découvrir comment il se manifeste dans sa parole, elle ne peut être que bénéfique pour toi. Après l’avoir vu, tu auras certainement envie de le partager, comme les disciples ont conduit d’autres disciples vers Jésus (Jean 1.35-46).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


1. Le contexte historique

La période de la Réforme en Europe n’a pas été qu’une époque de renouveau spirituel initiée par plusieurs réformateurs. Elle a aussi été un temps de troubles sociaux, d’épidémies, et de guerres[note]Après la peste noire (1347-1352) qui a tué entre 30 et 50 % de la population européenne, les épidémies de peste se poursuivent à travers toute l’Europe. D’autres guerres succèdent à la guerre de cent ans (1337-1453). Parmi elles, la guerre d’Italie avec sa célèbre bataille de Marignan (Italie – 1515). À l’Est de l’Europe, le Sultan Soliman I lance une expansion de l’empire Ottoman en direction de l’Europe, elle s’achèvera aux portes de Vienne le 16 octobre 1529.[/note] . Ainsi dans des régions situées dans le Sud de l’Allemagne, le Sud de l’Autriche et l’Est de la France, des jacqueries éclatent sous forme d’émeutes, de conspirations, de soulèvements et de mutineries. On appellera ces révoltes le mouvement du Bundschuh (chaussures à lacets) qui durera de 1493 à 1517. Sur le plan social, la basse noblesse, en déclin, se marginalise, pille et brigande ici et là, rendant le courroux des paysans encore plus dur. C’est dans ce contexte que la Réforme va prendre racine, période de troubles, d’insécurité et d’incertitudes politiques, économiques, religieuses et sociales.
Elle est initiée par Martin Luther qui monte au créneau dès 1517 et dénonce les abus de l’église catholique romaine par la publication de ses 95 thèses sur la porte de l’église de Wittenberg. Mais à côté de ses travaux théologiques, Luther s’implique aussi dans des travaux d’ordre social et politique. Citons parmi ses écrits :
– À la noblesse chrétienne de la nation allemande sur l’amendement de l’état chrétien (1520)
– De l’autorité temporelle et des limites de l’obéissance qu’on lui doit (1523)
– Contre les hordes pillardes et criminelles de paysans (1525)
– Les soldats peuvent-ils être en état de grâce ? (1526)
– Le devoir des autorités civiles de s’opposer aux anabaptistes par des châtiments corporels (1536)
Parallèlement à Luther, un autre personnage prend de l’importance, Thomas Müntzer (env. 1489-1525). Ce dernier, né de parents pauvres, devient prêtre auxiliaire à Halle (Saxe-Anhalt) avant de rejoindre Luther dans le mouvement de la Réforme. Nommé pasteur à Zwickau (Saxe) en 1520, Müntzer va entamer un combat nettement plus radical et développer des idées personnelles liées à une révolution sociale. Son amitié avec Luther ne durera pas. En 1523, il s’en prend à lui dans ses écrits et profite des révoltes paysannes pour développer ses idées. En juin 1524 naît un nouveau mouvement de contestation dans le pays de Bade (Sud-Ouest de l’Allemagne actuelle) près de Schaffhouse. Les paysans sont soumis par leurs seigneurs à une corvée de ramassage de coquilles d’escargots qu’ils jugeront abusive. C’est le début de la guerre des paysans allemands. Müntzer, par ses idées fondées sur une lutte de libération violente, rejoindra ce mouvement et en deviendra l’une des icônes.
Le 15 août 1524, un traité d’assistance mutuelle est signé et une série de révoltes se développe dans différentes régions (Souabe, Franconie, Alsace et Alpes autrichiennes). Les paysans s’emparent de châteaux et de villes (Ulm, Erfurt, Saverne). En février et mars 1525, trois bandes de paysans se forment appuyées par des bourgeois et des religieux. Le 20 mars 1525, ces trois bandes, entrées en négociation avec la ligue de Souabe, adoptent une série de revendications formulées sous douze articles, basés sur des exigences ecclésiastico-économico-politico-sociales. Avec le souhait de prendre pour modèle la Confédération helvétique, les paysans fondent la Confédération de Haute-Souabe. Mais l’alliance avec la Ligue souabe leur sera fatale.
Le 16 avril 1525, dimanche de Pâque, quelque 6000 paysans odenwaldiens et hohenloheriens attaquent la ville de Weinsberg. La ville, faiblement défendue, sera aux mains des paysans en moins de deux heures. Après un procès sommaire mené tambour battant le même matin, le comte Ludwig von Helfenstein et une douzaine de nobles sont mis à mort par les paysans. La sanction consiste à les faire courir entre deux rangées de paysans munis de broche. La perpétration du bain de sang de Weinsberg fera violemment réagir Luther[note]Cet épisode fera pencher Luther en faveur des nobles. En réponse à cet évènement, il publiera son pamphlet « Contre les hordes pillardes et criminelles de paysans. »[/note] .
Le 15 mai 1525, la bataille de Frankenhausen oppose les paysans de Thuringe, conduits par Müntzer, à l’armée du Landgrave de Hesse et se soldera par la capture de Müntzer, il sera torturé puis décapité. La révolte sera matée vers la fin de l’année 1525 en Allemagne et en 1526 en Autriche. Les estimations évoquent l’implication de près de 300 000 paysans dont plus de 100 000 y trouveront la mort.

2. L’engagement de Müntzer  dans le mouvement paysan et l’opposition de Luther

Müntzer opte en faveur de la lutte armée pour défendre les intérêts des pauvres et des paysans. Elle lui sera fatale. Il pensait que la lutte armée était la voie à adopter car il croyait au retour imminent du Christ sur terre et qu’il incombait donc aux chrétiens de préparer ce retour en vue du millénium. Les pensées millénaristes telles que celles de Müntzer n’était pas choses rares en ce temps, des anabaptistes allaient instaurer quelques années plus tard, entre 1534 et 1535, un régime théocratique dans la ville de Münster en Allemagne. Ils prétendaient avoir reconnu en cette ville la « nouvelle Jérusalem ». Mais ce mouvement sera combattu par la faible armée de l’archevêque, fortement assistée par les troupes des princes allemands, en particulier celles de Philippe de Hesse. Les protagonistes seront mis à mort à l’issue du siège de la ville.
Luther prendra position dans son écrit « Exhortation à la paix » à propos les douze articles de la paysannerie (avril 1525). Il ne s’oppose pas catégoriquement aux paysans mais il les met devant leurs responsabilités. Il rappelle aux paysans leur devoir de soumission aux autorités instituées par Dieu. Il écrit : « Le fait que les autorités soient mauvaises et injustes n’excuse pas la corruption ou les émeutes. Car punir la méchanceté n’appartient pas à tout le monde, mais aux autorités mondaines qui manient l’épée, comme Paul le dit dans l’épître aux Romains 13.4 et Pierre dans 1 Pierre 2.14, qu’elles sont ordonnées par Dieu pour punir les méchants .»
Parallèlement, il rappelle également à la noblesse son devoir : « Eh bien, parce que vous êtes alors la cause de cette colère de Dieu, elle éclatera sans doute aussi sur vous si vous ne vous améliorez pas au travers du temps […] Vous devez être différents et céder à la Parole de Dieu ». Toutefois, il encourage cette noblesse en y exposant le sens égoïste des douze articles : « Ils ont écrit douze articles, parmi lesquels certains sont tellement bon marché et raisonnables, qu’ils subtilisent l’honneur que l’on vous doit face à Dieu et au monde, de sorte qu’ils détournent le sens du Psaume 107.40, et méprisent les princes. Cependant, ces articles sont en majorité construits en leurs faveurs et besoins et n’incarnent pas ce qu’il y a de mieux. »
Lorsque Luther a écrit son traité sur la liberté chrétienne quelques années plus tôt, il défend une liberté spirituelle et non une liberté matérielle et temporelle. Pierre nous rappelle dans sa première Epître que nous ne devons pas abuser de cette liberté au profit du mal (1 Pi 2.16). Les paysans ont cru par erreur que Luther allait venir à leur secours pour les défendre vis-à-vis de leurs oppresseurs. Certains reprochent à Luther son manque de prise de position en faveur des plus pauvres. Luther aurait pu témoigner plus de compassion envers les paysans maltraités avec des interventions plus sociales, mais il a préféré garder des distances en raison des actes odieux perpétrés par les paysans, en particulier le bain de sang de Weinsberg. Luther avait bien compris ces deux dimensions de la liberté. Il n’a pas défendu le parti des pauvres, il a néanmoins interpellé les élites sur leur comportement et leurs responsabilités face à Dieu. Paul nous rappelle que les autorités sont instituées par Dieu pour notre bien (Rom 13.1, 4). Les autorités sont soumises à Dieu, Jésus le rappelle à Pilate avant sa crucifixion : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jean 19.11).

3. Que penser de la lutte armée ?

Au travers de cet épisode de l’histoire, nous pouvons nous interroger sur la légitimité de la lutte armée contre l’autorité. Cette lutte est-elle un moyen pour aboutir à plus de justice sociale ? Ou encore, comme certains étaient tentés de le croire à cette époque, la lutte armée peut-elle servir à l’établissement du royaume de Dieu sur terre ? Daniel Arnold, après avoir courtement exposé l’usurpation du pouvoir par les rois dans le royaume d’Israël, écrit : « La révolution armée se veut courte, mais elle dégénère souvent en guerre civile, la pire des guerres.[note]Daniel Arnold, Vivre l’éthique de Dieu, L’amour et la justice au quotidien, éditions Émmaüs, 2010, p. 202[/note] »  Dans sa patience, Dieu ne recherche pas que les hommes établissent avec violence et impétuosité un monde meilleur sur la terre mais qu’ils se repentent de leurs mauvaises actions. Pierre souligne cette vérité dans sa seconde épître : « Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (2 Pi 3.9). Cette parole est valable tant pour le riche que pour le pauvre, pour le puissant que pour le faible, elle ne fait exception de personne. La repentance est une arme puissante qui, dans la durée, désarme bien des orgueilleux. Ce principe relève l’homme et le confronte au standard de divin au lieu de le faire sombrer dans la déchéance morale. En récompense, Dieu peut lui octroyer un pays avec plus de justice, de paix et d’amour du prochain.
Par-dessus tout, le chrétien est appelé à aspirer à cette espérance vivante à venir, la vie éternelle, et non aux choses temporelles périssables. Jésus a répondu à Pilate « Mon royaume n’est pas de ce monde, […]. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas » (Jean 18.36).


Avant ma conversion

Je suis né dans une famille musulmane pratiquante à ***[note]Des noms de lieux et de personnes ont été modifiés par raison de sécurité (NDLR).[/note]. Cette ville est considérée selon la tradition comme un des hauts lieux saints de l’islam après la Mecque. Elle est gardée et nourrie selon la tradition musulmane par 333 saints enterrés dans la ville et tout autour d’elle.

Ces saints sont vénérés et consultés tous les vendredis dans les cimetières, afin de recevoir d’eux bénédiction, protection et guérison. Tout cela plonge ses habitants dans une perpétuelle crainte des esprits et dans un fanatisme sans égal pour l’islam.

Ayant été élevé dans une telle ambiance religieuse, devenir chrétien ne m’effleurait pas l’esprit. Je voyais le christianisme comme la religion des Blancs et l’islam comme la religion des Noirs, ignorant par là même, que l’islam et le christianisme sont originaires du Moyen-Orient. Chaque fois que je me trouvais en face d’un chrétien, j’éprouvais de la haine mêlée de pitié envers ce dernier, le voyant comme un « cafre », un blasphémateur, quelqu’un qui ne connaît pas Dieu et déjà voué à l’enfer. Je pensais ainsi parce que c’est ce que nous disaient nos marabouts dans leurs prédications. Certains nous disaient même qu’il ne fallait pas nous laisser toucher par un chrétien, sinon les parties de notre corps en cause seraient coupées au jugement dernier et jetées en enfer. Toutes ces choses racontées par nos marabouts ont contribué à me vacciner contre les chrétiens et leurs ouvrages.

Ma conversion

Le Coran appelle les chrétiens: le peuple du Livre.

En 1978, un de mes cousins germains, en fin de cycle pastoral, vint dans ma ville pour s’y installer. Malgré ma méfiance, je décidai de m’approcher de lui dans l’espoir de le ramener à l’islam. Dès mes premières visites, j’ai été surpris de voir qu’il connaissait Dieu, la plupart de ses conversations tournant autour de Dieu et du Messie Jésus-Christ. De plus, il ne mangeait jamais sans avoir auparavant loué et remercié Dieu pour sa bonté et son amour envers ses créatures. Il faisait cela dans ma langue maternelle, le tamasheq. Cela m’a beaucoup touché et ébranlé au point que je suis parti voir mon marabout pour lui demander des explications à ce sujet.

II m’a répondu : « Les chrétiens, selon le Coran, ne doivent jamais être traités de « cafres » par les musulmans car ils connaissent Dieu et le craignent. Ils ont avec eux les Écritures Saintes descendues bien avant le Coran et sont appelés le peuple du Livre. Ils sont honnêtes dans les affaires et ne jettent jamais de mauvais sorts à leur prochain. »[note]Coran 29/46 : « Ne disputez que de la belle façon avec les gens du livre. Sauf avec ceux d’entre eux qui prévariquent. Et dites, nous croyons à ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même et c’est à lui que nous nous soumettons. »[/note]

II a ajouté que c’est tout à fait normal pour un musulman, en cas de confusion, de demander des éclaircissements auprès des gens du Livre, c’est-à-dire des chrétiens.[note]Coran 10/94 : « Et si tu es en doute sur ce que nous avons fait descendre vers toi, interroge ceux qui dès avant toi lisent le livre. Certes, la vérité t’est venue de ton Seigneur : ne sois donc point de ceux qui doutent. »[/note]

Il m’a dit encore que ce sont les musulmans non avertis qui qualifient les chrétiens de cafres et qu’il est possible de manger avec des chrétiens et même de se marier avec eux.[note]Coran 5/5 : « Vous sont permis, aujourd’hui, les choses excellentes ; et permise la nourriture de ceux à qui le livre a été donné et votre propre nourriture leur est permise ; et les dames d’entre les croyantes et les dames d’entre les gens à qui le livre a été donné avant vous, quand vous leur aurez donné leur salaire d’honneur, en mariage… »[/note]

Il a terminé en disant que la seule chose qu’il reprochait aux chrétiens était d’avoir falsifié la Bible en refusant de croire au Coran.

Après analyse de tout ce que mon marabout venait de me dire, mon attitude à l’égard de la Bible changea et je commençai à m’y intéresser tout en retenant qu’elle pouvait comporter des falsifications, selon les dires de mon marabout. À l’insu du pasteur, je commençai à faire des recherches : chaque fois qu’il sortait, je partais à sa bibliothèque pour faire des lectures dans la Bible, en commençant par la Genèse, l’Exode et aussi dans les Évangiles. Je n’ai pas rencontré durant mes lectures, un seul passage qui insulte Dieu comme le disent certains de nos marabouts, mais, au contraire, des textes qui exaltent le nom de Dieu.

Jésus est fort, fort…

Néanmoins, malgré ces découvertes, je gardais un cœur endurci ne voulant pas abandonner ma position de défenseur de l’islam, la religion de mes parents. J’ai défié le pasteur, en lui disant que, grâce à mon pouvoir de marabout, j’allais devenir invisible et prendrais sous ses yeux certains objets de sa maison, ainsi que des livres comme preuve de supériorité de ma puissance sur le nom de Jésus. Le pasteur m’a dit de ne pas même essayer, car le nom de Jésus est le nom qui est au-dessus de tous les noms et en qui réside toute la puissance de Dieu. J’ai insisté pour faire pourtant cette expérience, ayant une confiance totale en ma formule et je me suis retiré pour me préparer en conséquence.

J’ai alors récité ma formule et je me suis mis en marche vers la chambre du pasteur que j’ai trouvé assis. J’ai tendu ma main, pour lui enlever les livres et objets comme prévu trois fois de suite, il m’a vu et m’a dit de laisser ces objets à leur place. Je me suis mis à trembler comme une feuille et je n’ai pu prononcer que ces mots : « Jésus est fort, fort, il est fort ! » Le pasteur m’a alors expliqué que Jésus est vivant, contrairement à tous les prophètes qui sont morts, et que pour cette raison, il accomplit encore aujourd’hui des miracles dans la vie des êtres humains. Le pasteur m’a lu un passage de la Bible dans Marc 16.15-20. Cela m’a beaucoup parlé et intéressé. En tant que musulman, je n’avais pas de certitude quant à mon salut et je ne pouvais dire, que « peut-être, si Dieu le veut, je serai sauvé ». Or, ce passage affirmait: « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ». J’ai donc demandé au pasteur : « Es-tu sûr de ton salut ? » Sans hésitation, il m’a assuré que s’il venait à mourir, il avait l’assurance d’aller au paradis et il m’a cité encore deux passages de la Bible dans Éphésiens2.8-9 et 1 Jean 5.12-13. Son assurance m’a rempli de confusion.

Le lendemain, je me suis rendu chez mon marabout pour lui parler de mes découvertes. Lorsque je lui ai parlé de la puissance du nom de Jésus, il m’a cité un texte du Coran (5/110) où il est dit que Dieu a donné à Jésus la puissance d’opérer des miracles et il m’a affirmé: « II est indiscutable que les chrétiens ont reçu de Dieu toute la puissance dont ils ont besoin grâce au livre que Dieu leur a donné dans lequel il y a : la Thora de Moïse (le Pentateuque), le Zabure de David (les Psaumes) et l’Injil de Jésus (les Évangiles). » Lorsque je lui ai parlé au sujet de l’assurance du salut, il m’a dit que même Mahomet a dit dans le Coran qu’il ne savait pas ce que Dieu ferait de lui et ce qu’il fera de ceux qui le suivront.[note]Coran 46/9 : « Dis : en fait de messagers, je ne suis pas une innovation ; et je ne sais pas ce que l’on me fera, ni à vous… »[/note]

Il a ajouté que, même avec les bonnes œuvres, il y a toujours le problème du destin qui fixe dès la naissance notre destination future :enfer ou paradis. Ainsi, m’a-t-il dit, on peut être un bon pratiquant de la foi et se retrouver en enfer car tout dépend de la décision de Dieu.

J’avais besoin de lumière !

À partir de ce jour, j’ai été troublé en ce qui concerne mon éternité et j’ai commencé à me poser toutes sortes de questions, le cœur rempli de doutes et de soucis, me demandant où était la vérité dans tout cela. C’est ainsi qu’à chacune de mes prières musulmanes, j’invoquais Dieu afin qu’il se révèle à moi : « Oh Dieu, dirige-moi ! C’est de tout mon cœur que je te demande de m’éclairer. Si c’est l’islam qui est le chemin qui mène à toi, permets que je reste musulman toute ma vie. Si c’est le Christ, fais-en sorte que je devienne chrétien. » Cette prière est conforme au texte du Coran 1/5 : « Guide-nous sur le chemin droit. »

C’est alors que Dieu m’a parlé par une formule que chaque fidèle musulman doit réciter, au début comme en fin de prière : « Que la paix de Dieu et sa miséricorde soient sur Mahomet et sur sa famille. » Dieu m’a interpellé par cette formule: Comment moi qui cherche la paix avec Dieu au nom de Mahomet, dois-je demander cette paix en faveur de Mahomet et sa famille ? Je suis donc allé poser cette question à mon marabout qui m’a répondu ceci : « Cette formule de bénédiction et d’intercession n’est pas seulement citée par Mahomet mais doit être aussi adressée pour tous les prophètes de Dieu qui sont des hommes comme nous avec leurs fautes et leurs faiblesses. » Je lui ai demandé, si Jésus faisait exception et il m’a répondu que non. J’ai été surpris de sa réponse et lui ai dit : « Jésus a-t-il péché comme les autres pour qu’il ait besoin de prière ? » « Non, m’a-t-il répondu, car, comme le Coran le dit, Jésus est saint dès le sein maternel et n’a jamais cédé à Satan. »[note]Coran 19/19 : « Il ne dit rien d’autre : je suis un messager de ton Seigneur pour te faire don d’un garçon pur… »[/note]

 

En lisant le Coran, j’ai découvert Jésus.

Compte tenu de tout ceci, j’ai dit à mon marabout que j’allais devenir chrétien en acceptant Jésus comme mon Sauveur. Il a aussitôt essayé de m’en dissuader en me disant que le temps de Jésus et de la Bible était révolu et qu’aujourd’hui, c’était le temps de l’islam. Mais je lui dis : « Comment pouvez-vous dire cela alors que, selon le Coran, même Jésus est vivant au ciel tandis que les prophètes sont couchés dans leurs tombeaux ? » Mon marabout est alors resté perplexe et a convenu que selon le Coran, Jésus est le détenteur de l’Évangile et qu’il est un signe de la miséricorde de Dieu pour tous les peuples.[note]Coran 5/46 : « Et nous avons lancé sur leurs traces Jésus fils de Marie, en tant que confirmateur de ce qu’il avait devant lui du fait de la Thora. Et nous lui avons donné l’Évangile… » Coran 19/21 : « II dit comme cela ! ça m’est facile, dit ton Seigneur ! Et nous ferons de lui un signe pour les gens et une miséricorde de notre part. C’est affaire faite. »[/note]

Ces passages cités par mon marabout m’ont conforté dans ma conviction que le seul espoir de salut pour les musulmans comme pour les chrétiens était en Jésus-Christ. D’autres contacts avec d’autres marabouts m’ont permis d’entendre les mêmes réponses au sujet de Jésus et certains ont même avoué que s’ils disaient aux gens tout ce que le Coran dit de Jésus, beaucoup finiraient par suivre Jésus.

J’ai donc continué mes recherches dans la Bible et dans le Coran jusqu’au moment où j’ai lu ceci dans le Coran 19/3334 : « Et paix sur moi le jour où je naquis et le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité comme vivant. Voilà Jésus, fils de Marie, Parole de Vérité, dont ils doutent encore. » Je demandai alors à mon marabout : « À qui ce passage s’adresse-t-il ? Quels sont ceux qui doutent de Jésus, de sa mort, de sa résurrection et du fait qu’il est la Parole de la Vérité ? » Cette fois-ci encore, mon marabout a eu beaucoup de mal à me répondre.

Persécution et secours de Dieu.

C’est ainsi que le 10 janvier 1978, je me suis confié en Dieu au nom du Seigneur Jésus-Christ. J’ai accepté le Christ au soir de ce jour en brûlant toutes mes amulettes et livres de marabout où je puisais puissance et formules pour la magie blanche. Suite à cette décision, je dus faire face à la persécution de mes parents, le soir même. Mon père et ma mère sont venus à mon chevet vers minuit pour me forcer à renoncer à ma foi en Jésus-Christ avec pleurs et chantages : ma maman a juré de me maudire en soulevant son sein droit si je ne renonçais pas immédiatement à Christ (dans notre milieu, le sein droit de la maman est plus sacré que le nom même de Dieu. C’est pourquoi, si quelqu’un jure au nom de Dieu, il y a 50% de chances qu’il vous mente, mais s’il jure sur le sein droit de sa maman, il dit la vérité).

Je suis resté ferme malgré tout ce chantage. Mon père s’est alors mis en colère. II a dit, qu’il ne me reconnaissait plus comme son fils et qu’il me chassait de la famille, en me retirant tout ce qu’il m’avait donné: chambre, meubles, et même les vêtements. II s’est tourné vers moi et m’a dit : « Va-t’en loin d’ici ! » Après lui avoir remis ma valise avec les habits, je m’apprêtais à sortir lorsqu’il m’arrêta et me demanda d’enlever les habits que je portais. J’ai dû alors lui donner ma chemise et mon pantalon, mais il a crié : « Enlève aussi ton slip ! » À ce moment-là, maman l’a supplié, afin qu’il me laisse sortir au moins avec mon slip et il a cédé.

Je suis sorti de la famille, chassé par mes parents. Heureusement que cela s’est passé en pleine nuit. Je me suis rendu à la Mission des Assemblées de Dieu et après avoir escaladé le mur, je me suis réfugié dans la chapelle.

Le lendemain, des frères et sœurs chrétiens m’ont remis quelques habits. Ils m’ont soutenu dans la prière et j’ai moi-même prié pour mes parents et tous les amis, qui me persécutaient à cause de ma foi en Jésus, voyant derrière cela la colère du diable se déchaînant contre moi pour me faire abandonner Jésus, le seul chemin qui mène à Dieu. Dieu a exaucé mes prières et un jour, mon père m’a fait chercher pour que je revienne m’installer en famille en me faisant dire : « Mon fils, je demeure toujours ton père et je ne peux pas t’abandonner! » C’est ainsi que je suis revenu à la maison. Dieu a touché le cœur de mes parents et les a disposés à écouter mon témoignage et mes messages. Dieu soit loué pour son don ineffable, Jésus-Christ, par lequel chaque être humain peut recevoir le salut ! (Actes 4.12).

Ce que je suis devenu après ma conversion

Dieu a accompli beaucoup de choses dans ma vie. Des changements remarquables sont intervenus selon ce que dit la Bible dans 2 Corinthiens 5.17 : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles. » Ma conception des choses spirituelles avait changé : Désormais, je voyais Dieu comme un Père plein d’amour et de compassion. J’ai été délivré de la crainte de la mort et j’ai reçu l’assurance de la vie éternelle. Jésus m’a donné la paix du cœur et a mis dans mon cœur un amour nouveau pour lui et les chrétiens tout en me détachant de l’attrait des plaisirs du monde.

Jésus m’a aussi libéré de la superstition et de la crainte des sorciers qui me conduisaient autrefois à offrir des sacrifices pour me protéger contre les malédictions et les actes de sorcellerie. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de ces choses car le sang de Jésus est suffisant pour mon pardon et ma protection.

J’aimerais exhorter mes frères chrétiens qui passent par des épreuves ou des doutes, et leur dire : « Persévérez, mes frères, car Jésus-Christ est vraiment le seul chemin, la vérité et la vie et nul ne peut aller au Père que par lui. » (Jean 14.6)

Pour tous mes amis musulmans, qui n’ont pas encore découvert qui est Jésus-Christ, je prie afin que Dieu leur accorde par ce témoignage et par d’autres recherches de rencontrer Jésus-Christ, le Messie promis dans les Saintes Écritures et de l’accepter comme leur Sauveur. Ce que Jésus a fait dans ma vie, il peut le faire aussi dans votre vie. En lui réside toute la puissance de Dieu pour vous sauver, vous transformer et vous apporter la guérison dont vous avez besoin. Il est vivant, confiez-vous en lui et il agira. Cherchez-le de tout votre cœur et il se révélera à vous.

Que le Seigneur vous bénisse et vous aide à trouver le chemin.


Témoignage de 2 musiciens, Denis et Isabelle HEY

Den-Isa, pouvez-vous rapidement vous présenter et nous dire quelques mots de votre parcours spirituel ?

Nous sommes tous les deux originaires d’Alsace, élevés dans des familles croyantes : catholique pour Denis, protestante luthérienne pour Isa. Nous nous sommes convertis au Christ en 1980, au contact de jeunes chrétiens mennonites.

Qu’est-ce qui vous a conduit à vous lancer dans le chant chrétien ?

Nous sommes déjà musiciens lorsque nous devenons chrétiens : Denis participe à différents orchestres dès l’âge de 12 ans où il a développé son sens de l’improvisation et découvert la richesse de la musique en groupe ; Isa, quant à elle, est dès son jeune âge remarquée pour son beau timbre de voix.

Nous découvrons Dieu dans un milieu où la musique est très utilisée pour le témoignage. Nous nous sommes avancés pour Dieu lors d’une grande « campagne d’évangélisation » sous tente qui avait pour orateur Nicky Cruz,  accompagné des chanteurs évangélistes Dany et Moïse Hurtrel. Un homme, une femme, un clavier : l’idée naissait dans nos cœurs ; et d’ailleurs, lors de nos tout premiers pas sur scène, nous reprenons les chants de ces précieux précurseurs.

Notre passion de la musique nous amène ensuite à participer au groupe « Les gosses du Roi ». C’est dans ce contexte que notre foi se fortifie et qu’on découvre l’opportunité du témoignage par la musique et le chant. Nous sommes en 1980.

Que cherchez-vous à faire passer au travers de vos chants ?

En premier lieu l’amour de Dieu pour les êtres humains qu’il a créés et son offre de salut par la foi en Jésus. Ensuite l’accompagnement de Dieu dans les situations de vie quotidiennes. Notre propre marche avec Dieu, nos rencontres, notre découverte de la Bible servent de thèmes à nos chansons.

Vous êtes particulièrement connus pour vos chants pour enfants. Pourquoi cet accent particulier ? En quoi les chants peuvent-ils participer à l’éveil de leur foi ?

Ça, ça nous est « tombé dessus » lorsque des amis, auteurs-compositeurs de chants pour enfants, nous ont demandé d’en être les interprètes. Cela s’est fait pour 2 albums (« Les animaux chantent la Bible » en 1992 et « Jésus dit bonne route aux grands » en 1995).

En les chantant sur scène, nous nous découvrons enthousiastes pour l’animation de ce jeune public, avec la joie d’allier chants, humour et jeu théâtral, pour les rejoindre et communiquer au mieux.

Les CD qui suivent sont de notre propre composition. Isa ayant elle-même fait une première rencontre avec Dieu à l’âge de 8 ans, sa propre expérience se reflète dans les thèmes abordés et dans l’approche choisie.

Bien que cela ne soit qu’une partie de notre ministère, nous aimons le public des enfants, pour son côté spontané, fragile, confiant. La musique et le rythme font partie intégrante de leurs petites vies et des paroles ainsi véhiculées auront un impact fort.

Notre dernier CD « Juste là » s’arrête particulièrement sur des situations concrètes que peut vivre l’enfant. Il peut y puiser le nécessaire pour faire face à ses défis du quotidien. Nous avons eu bien des retours encourageants de nos petits auditeurs.

Mais au-delà de cela, ce qu’il reçoit peut s’imprimer durablement et peut participer à l’orientation de toute une vie : nous en sommes assurés !

Vous allez dans de nombreuses églises évangéliques partout en France. Quel regard portez-vous sur le chant en église ? Quels conseils donneriez-vous à un responsable de chant qui lit cette revue ?

Non seulement nous allons dans de nombreuses églises évangéliques en France, mais aussi dans des communautés protestantes plus traditionnelles, et sommes quelquefois invités par des organisations catholiques. De plus, nous sommes très investis dans notre propre église, dans l’est parisien.

Le chant en église est fédérateur : prononcer ensemble des textes en chanson, sur une mélodie et une harmonie, et accompagnés par des instruments, nourrit notre foi, procure un bien-être émotionnel, renforce les liens communautaires, nous touche dans notre quête de l’artistique… et tout simplement fait du bien !

Ainsi nous rendons gloire à Dieu !

Notre conseil : s’ouvrir à la diversité en variant

  • les styles de chants,
  • les styles de musique,
  • les instruments,
  • les leaders, les musiciens.
  • l’instrumentation (riche ou dépouillée, à capella),

en alternant

  • les chants calmes et animés,
  • les chants à l’unisson ou en harmonie,
  • musique moderne ou traditionnelle, louange ou adoration, moments de silence et de recueillement, musique instrumentale pour la méditation.

Mais aussi :

  • regrouper les chants dans un moment dédié nous semble plus pertinent que les disséminer un par un tout au long du culte,
  • utiliser la vidéoprojection plutôt que les recueils de cantiques. Cela permet de lever la tête et de regarder ensemble dans une même direction.

Ce 11 septembre 2001 à 15 h, j’étais en train de tondre le gazon. Mon épouse cria : « Viens voir ! » Je courus et regardai avec horreur à la télévision la scène des deux tours qui s’effondraient suite à l’attentat perpétré au moyen d’avions s’écrasant contre chacune d’elle. Je sautai immédiatement sur le téléphone car notre troisième fille travaillait à New-York ! Téléphone bloqué, panique ! Notre fille comprit tout de suite que nous serions angoissés. Les appels n’aboutissaient plus sur la côte Est des États-Unis. Elle téléphona à son frère à Los Angeles et celui-ci nous rappela pour nous rassurer : Rachel allait bien.
Ce jour-là, j’ai eu la forte certitude que le Seigneur Jésus-Christ venait de confir-mer l’ordre qu’il m’avait laissé le printemps de la même année au sujet du texte de Matthieu 28.18-20 : « Allez… ». À cette période, j’avais commencé à prier de tout cœur pour que le Seigneur me montre comment et quand obéir à cet appel. Je voulais me plier à cette responsabilité d’un disciple de Jésus-Christ. Toutefois, j’avais une certaine crainte, un peu de honte même et avais rechigné à la tâche jusque là. Rapidement, le Seigneur m’a répondu et inspiré comment entrer en con-tact facilement avec les habitants de mon village : ce serait par le moyen d’un questionnaire. Je me suis donc planté devant mon ordinateur : « OK, Seigneur, donne-moi des questions à poser, s’il te plaît ! » Les questions vinrent les unes après les autres, et j’arrivai à 24 questions. Dès la semaine qui suivit la tragédie, je me mis au travail en mettant en pratique l’ordre reçu du Seigneur par du porte à porte, non sans crainte mais fortement soutenu par l’Esprit saint. Par la grâce du Seigneur, j’ai pu couvrir mon village de façon méthodique, les samedis après-midi jusqu’en 2009. Depuis, je continue cette action d’une manière plus sporadique au gré de l’arrivée de nouveaux habitants.
Je me permets d’évoquer ici une considération qui résulte de plusieurs décennies d’observation des chrétiens évangéliques, surtout en Europe francophone et aux États-Unis. Les versets les plus importants sont probablement 2 Corinthiens 5.14-15 pour être un disciple fidèle à Christ, un missionnaire là où l’on vit : « Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vi-vent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Ayant reçu l’amour de Dieu à sa conversion (Romains 5.5) et en méditant sur cet amour par rapport aux individus vivant et mourant sans le Sauveur, Paul a écrit ces lignes pour expliquer pourquoi et comment il servait le Seigneur. Je remarque que trop de convertis semblent ne pas avoir médité assez profondément l’amour de Dieu et de Jésus, car s’il en était ainsi, l’amour les conduirait à témoigner davantage aux perdus.
Pourquoi ai-je commencé à témoigner de mon Sauveur Jésus le lendemain de ce 11 septembre ? Simplement, parce que l’amour de Christ avait créé en moi un fort désir que d’autres hommes reçoivent la vie éternelle et soient soustraits à l’enfer. Et dans ma 62ème année de communion avec mon Sauveur et Seigneur, ce désir ne va qu’en augmentant – je ne désire qu’une chose, c’est qu’ils soient sauvés ! Que des gens de mon entourage soient perdus et aillent passer l’éternité avec Satan dans l’étang de feu, loin de Christ, me tourmente. Bien des années auparavant, Jésus-Christ m’a sauvé et mon cœur brûle afin qu’eux aussi puissent le connaître par la repentance et la foi (Actes 20.21). Ceux qui ont entendu la Bonne Nouvelle et qui ne se soumettent à mon Sauveur ni tôt ni tard, m’attristent profondément. Lorsqu’on expérimente l’amour du Père et du Fils, il est impossible de ne pas en parler ! Qu’importe la moquerie, le rejet, le mépris. L’amour à leur égard est en nous, il faut le laisser s’exprimer par l’Esprit.