PROMESSES
Ce poème a été écrit suite à un échec définitif à l’examen du permis de conduire. L’auteur du poème téléphone à son épouse qui lui demande : « Alors, comment s’est passé cet examen ? » Il lui répondra simplement : « Ma grâce te suffit » (12.9). C’est le verset qui lui est venu en tête alors qu’il devait accepter de renoncer à conduire. Le soir même, il composa le poème ci-dessous. Il transforma ainsi cet échec personnel, qui eut des répercussions sur sa vie et son ministère, en puissante leçon spirituelle. Frédy Gfeller (1926-2021) a été un prédicateur prolifique et un auteur d’ouvrages évangéliques. Ainsi, il se rendait souvent à pied pour prêcher dans les églises avoisinantes à son village.
« Ma grâce te suffit ». Oh ! parole admirable !
Elle suffit à tout, jusqu’au bout du chemin.
Salut pour le pécheur, pardon pour le coupable,
Elle a suffi pour hier et suffira demain.
« Ma grâce te suffit ». Dans ma faiblesse extrême
J’éprouve de mon Dieu le tout-puissant secours.
Oui, sa grâce suffit ; dans la souffrance même,
Je suis environné des soins de son amour.
« Ma grâce te suffit ». Au terme du voyage,
J’en pourrai savourer les effets bienheureux ;
Conduit par mon Sauveur au céleste rivage,
J’en verrai resplendir les rayons glorieux.
Dans le séjour béni de la maison du Père,
Je goûterai sans fin de l’amour l’heureux fruit
Et je me souviendrai du jour où, sur la terre,
Il m’avait répondu : « Ma grâce te suffit ».
- Edité par Gfeller Frédy
Quelle que fut la paix intérieure du réformateur, il arrivait cependant que les luttes incessantes auxquelles il se trouvait appelé provoquent parfois des doutes pénibles dans son esprit.
Au moment d’un de ces combats spirituels, il s’absenta durant quelques jours, espérant que la distraction le tirerait de son accablement. Mais non ! Il revint au logis plus triste encore. Que voit-il ? Catherine, en grand deuil, assise au milieu de la chambre. Son mouchoir est humide, elle doit avoir pleuré ! Luther la presse de questions et veut savoir la cause de sa douleur. « Hélas, seigneur Luther, notre Seigneur est mort ! »
Luther se mit à rire de la plaisanterie et s’écria : « Tu as raison, chère Catherine, j’agissais comme s’il ne fût pas ressuscité ! » Dès cet instant, sa mélancolie se dissipa.
Issu de Quelques femmes de la Réforme – Recueil biographique, Georges Bridel Éditeur, Lausanne, 1859
- Edité par _Anonyme
Que d’événements et de changements en un demi-siècle ! Mais que la fidélité de Dieu est grande pour que l’œuvre modeste qu’il nous a confiée se poursuive pendant 50 ans !
« Il est bon de célébrer l’Éternel, et de chanter des cantiques à la gloire de ton nom, ô Très-haut, d’annoncer le matin ta bonté, et ta fidélité dans les nuits. » (Ps 92.1-2)
En janvier 1967 paraissait le premier numéro de Promesses dont les fondateurs, René Guignard et Henri Lüscher, étaient en même temps les éditeurs. Dès le no 38 en avril 1976, une équipe de plusieurs autres frères s’est jointe aux deux fondateurs du journal avec un « groupe d’appui spirituel ».
La première année, la diffusion comptait 32 000 exemplaires, dont 80% furent envoyés en Afrique. En 50 ans, nous avons pu diffuser quelque 1 440 000 exemplaires dont 1 150 000 en Afrique. Aujourd’hui, Promesses est envoyé dans 33 pays, dont 22 d’Afrique, 8 d’Europe et 3 des Amériques. Les frais de diffusion se sont montés à environ un million de francs suisses depuis le premier numéro en 1967.
En 2004, nous avons pu constituer une Fondation Promesses par acte authentique. Son but est de pure utilité publique. Des bibliothèques avec salles de lecture ont pu être établies en Afrique, notamment à Kinshasa (RDC), à Cotonou (Bénin), à Yaoundé (Cameroun). Ce ministère continue selon l’entrée des dons.
Le site www.promesses.org, mis en route il y a quelques années par M. John Dudeck et poursuivi par Jean Regard, contient quasiment tous les articles des 200 numéros, que l’on peut consulter gratuitement. Le site nous indique une moyenne de 2 400 accès par jour. Une refonte complète du site est en cours de réalisation.
Depuis 1984, la revue de réflexion biblique Promesses est devenue une revue par abonnement payant, et grâce aux dons réguliers et ponctuels, la revue peut continuer à être diffusée dans de nombreux pays d’Afrique.
Nous vivons dans un monde en pleins chambardements : changements climatiques, troubles sociaux et politiques, guerres, violences, dégradation des mœurs, etc. La « fin des temps » s’approche, mais Dieu nous fait encore la grâce d’annoncer clairement sa Parole.
Tout au long de ses 50 ans d’existence, notre revue a enseigné l’inspiration divine des Saintes Écritures, son infaillibilité et son inerrance ; elle s’est efforcée de publier des articles qui respectent ce fondement. Le comité de rédaction maintient une ligne créationniste et prémillénariste.
Quel honneur le Seigneur nous a fait d’être ses témoins à travers le ministère de Promesses. Il nous a ainsi permis d’apporter un enseignement biblique pour fortifier, encourager, exhorter les croyants à rester attachés au Seigneur et à sa Parole. Un grand merci à tous nos lecteurs qui nous soutiennent dans la prière et par des dons, nous permettant ainsi de continuer Promesses.
Que le Seigneur soit béni dès maintenant et à jamais !
- Edité par Lüscher Henri
« La réforme protestante, est-elle terminée ? » : tel est le titre du manifeste international rédigé et signé par des théologiens de renom, des pasteurs et des dirigeants d’organisations évangéliques du monde entier[1].
La Réforme n’est pas seulement un événement vieux de 500 ans qui se célèbre chaque année. Luther, ses précurseurs et ses contemporains, ont surtout initié un mouvement qui perdure aujourd’hui. C’est peut-être l’un des plus grands héritages de la Réforme : « Les objets du litige qui ont déclenché la réforme protestante il y a cinq cents ans sont toujours d’actualité au XXIe siècle pour l’Église dans son entier ».
1. Un mouvement en danger
Le manifeste a été rédigé dans le contexte de rapprochements œcuméniques entre le Vatican et certaines entités évangéliques et protestantes, rapprochements qui menacent l’intégrité de cet héritage. Les arguments humains ne manquent pas, souvent motivés par de belles intentions :
– La division lance le mauvais message aux non-chrétiens ;
– Les défis contemporains sont si écrasants que nous n’avons pas d’autre solution que de nous unir ;
– Nos différences ne sont pas si grandes, ce ne sont que des détails tout à fait acceptables entre différentes dénominations.
Malgré un adoucissement de surface dans son discours, l’église catholique n’a pas modifié sa position doctrinale. Alors que fin octobre 2016, le pape prenait part à une rencontre œcuménique à Lund (Suède) pour inaugurer les commémorations du 500e anniversaire de la Réforme avec certains protestants, sur la place Saint-Pierre du Vatican, des écrans géants invitaient les croyants à se rassembler autour de la statue de Saint Pierre et à réciter le rosaire, deux repères catholiques fondamentaux du culte marial et d’un fort engagement dans la vénération pétrinienne. Coïncidence ?
2.Deux principes fondamentaux
Les dogmes catholiques restent inconciliables avec le mouvement de la Réforme, notamment sous deux axes fondamentaux que le manifeste se propose de défendre :
2.1. La Parole écrite est la norme suprême
Elle a autorité sur l’Église : toute tradition dite chrétienne doit accepter d’être soumise au jugement de la Parole (le sola scriptura est moins un sujet d’herméneutique que d’autorité). Des dogmes, apparus bien après la Réforme, montrent que le Vatican n’a pas cherché la réconciliation, au contraire. Les dogmes de l’immaculée conception (1854), de l’infaillibilité papale (1870) et de l’ascension corporelle de Marie au ciel (1950), intercédant pour les croyants, ne bénéficient d’aucun soutien biblique et continuent de provoquer l’autorité des Écritures : « Et parce que l’Écriture n’a pas le dernier mot, la doctrine catholique avec ses pratiques reste ouverte, et donc confuse à sa base » dénonce le manifeste.
2.2. Le salut est un don de Dieu, du début à la fin de la vie nouvelle du croyant.
Malgré certaines tentatives de rapprochements, l’église catholique continue de définir « la justification [comme] un processus qui est promulgué par un sacrement de l’Église (le baptême) ; elle n’est pas reçue par la foi seule ».
3. Une coopération est-elle possible ?
S’il apparaît impossible de se compromettre théologiquement avec l’institution catholique, des pistes de coopération sont toutefois ouvertes (« avec le plus grand soin et beaucoup de prudence ») avec les individus eux-mêmes. En effet, bien souvent, et contrairement aux dogmes catholiques, certains d’entre eux reçoivent la grâce de Dieu et montrent le fruit de vies transformées.
« En revanche, quand il s’agit de remplir la tâche missionnaire de vivre et de proclamer l’Évangile de Jésus-Christ au monde, les évangéliques devraient faire preuve de vigilance en maintenant clairement les principes de l’Évangile lors de la formation de coalitions et de partenariats. »
Malgré la position clairement affichée par le manifeste, il est difficile d’envisager des collaborations dans le cadre inter-communautaire, même autres que d’ordre missionnaire ou d’évangélisation. Les dogmes enseignés dans l’église catholique seront toujours des points de divergences s’ils gardent leur primauté sur l’Écriture et donc sur la vérité, chose sur laquelle se porte le débat depuis 500 ans. Une conciliation menant au partage de la communion fraternelle n’est envisageable qu’à la condition du renoncement définitif aux faux dogmes par l’église catholique.
4.Héritiers actuels d’un mouvement toujours en marche
Lorsque nous défendons la Réforme, nous ne défendons pas une théologie vieille de 500 ans, cloîtrés dans nos murs dogmatiques et ignorants des convictions réelles de nos rivaux doctrinaux. Il s’agit avant tout de permettre à un mouvement de réforme permanent de perdurer, face aux attaques contre l’autorité de la Parole et le salut par la grâce seule, reçu par la foi seule. Lorsque nous protestons, nous ne réagissons pas contre une doctrine opposée, mais nous affirmons positivement la fermeté de notre foi[2].
[1] Ce manifeste se fonde sur le point de vue évangélique traditionnel, motivé par des entités historiques comme le Mouvement de Lausanne et l’Alliance Évangélique Mondiale. Il a été préparé par la « Reformanda Initiative », dirigée par les théologiens Leonardo De Chirico, Michael Reeves et Greg Allison. Il est consultable en ligne : <http://isthereformationover.com>. Toutes les citations sont tirées du manifeste.
[2] Pro-testare, c’est aussi témoigner la véracité de l’Évangile. La Réforme fut une affirmation positive de ce que l’Église avait besoin de récupérer : l’autorité de la Parole (sur la tradition) et le salut par la foi seule (sans médiation sacramentelle).
- Edité par Mondin Frédéric
On date le début du mouvement dit de la réforme protestante de ce jour de 1517, il y a 500 ans, où Martin Luther placarda ses 95 thèses sur l’église de Wittenberg. Rapidement, le mouvement de la Réforme s’est développé, marqué par sa diversité. Dès le XVIe siècle, luthériens (plutôt en Allemagne) et calvinistes (plutôt en pays francophones) ont marqué leur unité sur l’essentiel et leur diversité sur le secondaire.
Dans les siècles qui ont suivi, le mouvement de la Réforme s’est assoupi et le besoin d’un renouveau — d’une nouvelle réforme — s’est fait sentir ici ou là. C’est pourquoi les siècles suivants ont été marqués par des phases successives de réveils. Chacun de ces réveils a généralement donné lieu à l’établissement d’un nouveau mouvement d’églises, qui porte la plupart du temps un nom qui rappelle le point clef sur lequel ce mouvement met l’accent[1].
Ces différentes dénominations s’inscrivent dans la filiation de la réforme protestante et souscrivent généralement aux cinq points fondamentaux sur lesquels la Réforme du XVIe siècle s’était basée, qu’on appelle les 5 « solas »[2].
Mais, dans l’esprit des pionniers de la Réforme et de tous ceux qui, après eux, ont œuvré dans le même esprit, la Réforme est avant tout un processus dynamique, à revivre constamment. C’est pourquoi, parmi les Protestants, l’Église est dite « reformata semper reformanda », c’est-à-dire : « l’Église réformée qui se réforme toujours »[3].
Que ce soit dans notre vie personnelle de chrétien qui fait partie de l’Église, ou dans la vie collective de nos églises locales, nous avons encore et toujours besoin d’être « re-formés » selon la pensée et l’action du Dieu vivant. Déclinons le sens de cette formule en relation avec chacun de ces 5 solas pour essayer de voir comment vivre cette réforme continue à laquelle nous sommes appelés[4].
1. Sola scriptura
Notre seule référence, en matière de doctrine et de pratique, est la Bible, la Parole de Dieu. C’est là que nous trouvons les principes qui doivent présider à notre vie de foi personnelle et aussi à notre fonctionnement collectif. Même si sa rédaction remonte entre 3500 et 2000 ans de distance, la Bible garde sa pleine pertinence, en 2017 comme en 1517. Nous croyons que Dieu a donné une révélation écrite intangible et finie, contenue dans les 66 livres canoniques.
Mais le danger demeure de rajouter à la Bible ou d’en supprimer ce qui nous y gêne. Jésus reprochait aux pharisiens de son temps d’avoir entouré la Parole du Dieu vivant d’une gangue de traditions qui faisait négliger « ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité » au profit de règles strictes sur des points de détail (Mat 23.23).
À titre personnel, combien vite nous surprenons-nous, quand un texte biblique nous dérange, ne rentre pas dans nos schémas intellectuels ou théologiques, semble contrevenir à nos habitudes, à le mettre de côté. Le si courant « à mon avis » remplace ainsi le « que dit l’Écriture ? ».
Collectivement aussi, il est indispensable de revisiter régulièrement nos façons de faire à la lumière des principes de l’immuable Parole de Dieu, de façon à distinguer entre la substance non négociable de nos convictions d’une part et les traditions plus ou moins nécessaires que nous y ajoutons forcément. Faire ce tri régulier permet d’avoir la liberté d’abandonner des habitudes pour revenir à l’Écriture et à son actualité dans un contexte qui change de plus en plus vite. C’est ainsi qu’on est appelé à se réformer.
2. Solus Christ
Nous nous basons sur la Bible, mais avant tout parce qu’elle nous révèle Dieu et Jésus Christ. Le terme « christianisme »est souvent associé dans le langage courant à une religion ; or c’est avant tout une relation, une relation avec une personne vivante, le Christ ressuscité. Même si nous ne le voyons pas physiquement, nous le savons par la foi à nos côtés tous les jours (Mat 28.20) et au centre de notre rassemblement quand nous venons en église. C’est lui, le Seigneur, qui a l’autorité sur chacun de nous et sur son Église.
Nous souhaitons que Christ grandisse et soit toujours davantage vu dans nos vies individuelles et dans notre vie collective. Si nous nous disons « chrétiens », c’est-à-dire « petits christs », cela doit se voir, dans une imitation toujours plus fidèle du Maître.
Que voient ceux qui nous entourent ? Des moralistes, prêts à enfourcher des combats pour telle ou telle valeur ? Des gens tout à fait comme les autres, hormis une pratique devenue rare de se lever le dimanche matin alors que les autres dorment ? Ou bien des hommes et des femmes qui montrent une passion pour leur Seigneur et en reflètent quelques traits.
3. Sola gratia
Nous croyons que, si nous sommes sauvés, cela n’a rien à voir avec nos mérites personnels, avec nos prétendues bonnes œuvres, mais c’est uniquement en raison de la pure grâce de Dieu, qui nous a donné de façon surabondante ce que nous ne méritions aucunement.
Cette grâce, nous sommes invités à en être, pour reprendre les termes de l’apôtre Pierre, de « bons dispensateurs » (1 Pi 4.10).
Mais combien vite peuvent monter dans notre cœur des prétentions qui nous éloignent de la grâce : parce que nous nous pensons plus fidèles que d’autres, parce que nous sommes plus dynamiques que d’autres, parce que nous croyons avoir mieux compris telle vérité, etc. Constamment, nous avons besoin d’un sentiment, plus que cela, d’une conviction, renouvelée — réformée ! — de la vraie grâce de Dieu dans laquelle nous sommes.
4. Sola fide
Dieu nous a offert son salut par pure grâce et la seule réponse qu’il demande de l’homme, c’est la foi qui saisit la grâce proposée. Cette foi est formée d’une compréhension du salut, de sentiments appropriés devant le prix payé par le Sauveur et d’un élan volontaire vers lui. Cette foi qui ouvre les portes du royaume de Dieu se continue tout au cours de la vie chrétienne, au travers des joies et des peines dont elle est empreinte. Elle est mise en œuvre dans la vie de chaque croyant mais aussi dans la vie collective de chaque église.
Et là aussi chaque église locale a besoin de se réformer continuellement : la vie d’un groupe n’est pas un long fleuve tranquille et toute église a connu, connaît et connaîtra des secousses qui conduisent à devoir mettre en œuvre cette foi. Que cette foi en l’action puissante de Dieu dans nos vies continue, pour soutenir ceux qui parmi nous traversent des épreuves, pour nous inciter à aller plus loin dans notre témoignage, pour nous stimuler à creuser davantage les trésors de la foi ouverts dans la Bible.
5. Soli Deo gloria !
Rendre gloire à Dieu est au cœur de l’adoration chrétienne. Nous sommes invités à la pratiquer individuellement tous les jours (« sans cesse », Héb 13.15) et de façon particulière ensemble lors de nos moments de partage fraternel. Par nos chants, nos prières, nos lectures et notre participation à la cène du Seigneur, nous rendons à notre Dieu la gloire qui lui revient pour son si grand salut, pour sa personne infinie.
Rendre gloire à Dieu, c’est aussi lui consacrer nos vies comme un sacrifice vivant, un « culte raisonnable » (Rom 12.1).
Mais combien vite nous pouvons être centrés sur nous-mêmes et non plus sur Dieu. Que la réforme nous atteigne également dans cette dimension :
– pour renouveler notre louange, sincère et vraie,
– pour ne pas nous attribuer des mérites indus alors que « c’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir » (Phil 2.13),
– pour faire grandir toujours plus notre amour fraternel dans le souci du bien de notre frère et de notre sœur,
– pour chercher avant tout le royaume de Dieu et non pas notre propre intérêt (Mat 6.33).
* * *
Plusieurs parmi nous gardent le souvenir de ce jour de « réveil » personnel où ils se sont tournés vers le Dieu vivant et vrai. Si nous avons grandi dans un mouvement d’églises, peut-être nous a-t-on transmis la mémoire des temps où l’Esprit de Dieu a agi avec puissance pour susciter un réveil collectif qui a donné lieu à la création de cette dénomination. Et la nostalgie de ces moments peut nous envahir. Nous aspirons, nous demandons — presque, nous exigeons de Dieu — un réveil puissant. Il peut l’accorder ; son Esprit demeure aussi puissant aujourd’hui qu’aux débuts de l’Église.
Mais Dieu œuvre, aussi et surtout, « en continu ». « La recherche constante du réveil pourrait éloigner de ce qui est le plus important : la fidélité ici et maintenant, dans un contexte qui bien souvent n’a rien d’extraordinaire ni de spectaculaire, mais qui est notre contexte. […] Soyons donc de ceux qui savent discerner, de ceux qui cherchent à être fidèles, à vivre l’Évangile ici et maintenant dans notre contexte, dans la durée, en étant attentifs à ceux qui nous ont précédés. Ainsi, l’Église pourrait être l’ecclesia semper reformanda. »[5]
[1]Par exemple, les baptistes réservent le baptême aux seules personnes qui font profession d’une foi personnelle ; les pentecôtistes mettront l’accent sur les dons de l’Esprit qui est descendu sur l’Église primitive le jour de la Pentecôte, etc.
[2]Bien qu’ils aient été formalisés au XVIe siècle, ces cinq mêmes points figuraient déjà au XIIe siècle dans le Traité de l’Antichrist, écrit polémique rédigé par les Vaudois (cf. https://www.info-bible.org/livres/annexes.vaudois/3.traite-antichrist.htm). Le réveil puise toujours à la même source !
[3]Cette citation est malheureusement utilisée parfois pour justifier des réinterprétations qui vont à l’encontre du Texte révélé pour s’adapter à la mentalité contemporaine. Or le processus de changement, en lui-même, ne garantit ni le salut ni la fidélité pratique à l’Évangile.
[4]Pour des développements plus complets sur les cinq solas, nous renvoyons à la série d’articles rédigés par Frank Horton dans Promesses n° 137 à 141 (voir sur le site www.promesses.org).
[5]Neil Blough, « Réveil ou ecclesia semper reformanda ? », Théologie évangélique, 7-1, 2008.
- Edité par Prohin Joël
En 1519, se tînt la dispute de Leipzig, dispute qui marquera les principales différences entre les doctrines protestantes et catholiques et qui aura pour principaux sujets le pouvoir du pape et l’autorité de l’Église en matière de doctrine, le libre-arbitre de l’homme face à la grâce divine et les indulgences. Luther, à l’issue de cette dispute, rédigea en 1520 son traité sur « la liberté chrétienne ».
1. Les œuvres, la foi et la Parole
Luther introduit son traité par l’affirmation que la foi chrétienne est cette source d’eau vive dont parle Jésus-Christ et qui jaillit jusque dans l’éternité. Cette déclaration est une idée révolutionnaire pour le clergé en ce début de XVIe siècle. Comment la comprendre ? Luther va exposer, expliquer et argumenter cette vérité tout au long de son écrit. Il commence en formulant deux propositions relatives à la liberté et la servitude spirituelles : « Le chrétien est un homme libre, maître de toutes choses ; il n’est soumis à personne. Le chrétien est un serviteur plein d’obéissance, il se soumet à tous » et argumente en faisant appel aux versets de 1 Cor 9.19 et Rom 13.8. Il fixe d’emblée le cadre de la dualité de ces deux propositions : l’amour. L’amour ne cherche qu’à servir et à se soumettre à l’objet aimé. Luther fait ici un parallèle avec Jésus-Christ en déclarant que Christ, bien que Seigneur et Maître, a accepté de se soumettre en se plaçant sous la loi comme serviteur. Pourquoi une telle attitude ?
De par sa nature, l’homme régénéré est à la fois un être spirituel ¬— la nouvelle créature — et un être charnel — l’ancienne créature. Luther définit l’âme comme étant l’homme intérieur et le corps comme étant l’homme extérieur. Il a compris que c’est l’âme qui réclame le salut et la justice, non le corps. Le corps se dégrade, l’âme se renouvelle de jour en jour (2 Cor 4.16). Le corps charnel, par ses œuvres, ne saurait produire la justice et la liberté. Ce ne sont ni les passions ni les privations qui rendent l’âme libre quant au salut. Les œuvres ne peuvent sauver sinon la Parole serait inutile. Or la Parole amène l’âme à la vie et à la justice (Mat 4.4) mais c’est la foi qui justifie.
« L’âme ne trouve sa vie, sa liberté et sa justice, que dans la sainte Parole de Dieu, dans l’Évangile de Christ ». Luther mentionne un détail intéressant concernant la Parole : lorsque Dieu veut exprimer sa colère envers les hommes, il leur retire sa Parole, mais lorsqu’il veut leur faire grâce, il la leur donne (Amos 8.11-12 ; Ps 107.20). Dès lors que Dieu donne sa Parole, elle amène l’homme à croire en l’œuvre rédemptrice de Jésus en sa faveur (Rom 1.17 ; 10.4, 9-11,17). Aller jusqu’à considérer que la justification peut se trouver simultanément dans la foi et les œuvres, ne saurait se légitimer ; c’est la pensée des adorateurs de Baal, c.-à-d. ceux qui idolâtrent d’autres moyens d’accéder à la grâce que la foi qui, seule, justifie. L’impact de la foi permet à l’homme de se rendre compte de son état de pécheur et de sa misère. Il comprend dès lors la nécessité de la venue de Christ et de son sacrifice expiatoire pour obtenir la rémission des péchés (Rom 3.10-12,23).
Luther va encore un pas plus loin en affirmant d’une part que les œuvres extérieures, de quelque ordre qu’elles soient, n’ont aucune puissance pour affranchir et sauver l’homme, et d’autre part que le péché extérieur, à savoir les actions visibles, n’a pas davantage la capacité de rendre l’âme coupable, de l’asservir et de la condamner. Seules l’impiété et l’incrédulité du cœur condamnent et asservissent l’âme. Certes, c’est l’incrédulité qui empêche l’homme d’être justifié, mais n’oublions pas que les mauvaises œuvres le jugent. Les idées de Luther étaient révolutionnaires dans une société qui enseignait que les œuvres avaient la capacité et la puissance de sauver et que l’achat d’indulgences était assez puissant pour écourter le séjour dans un hypothétique purgatoire. Le clergé s’était égaré dans ses traditions, plaçant les œuvres au-dessus de la foi. Luther ne fait que revenir aux Saintes Écritures en affirmant que la foi seule justifie. Cette idée traverse tout le traité, il la rappelle à maintes reprises.
Arrêtons-nous un instant sur l’incrédulité. L’incrédulité est l’antonyme de la foi. Si la foi justifie, l’incrédulité condamne. Nous voyons déjà qu’au sein du peuple d’Israël dans le désert, Dieu n’a pas fait entrer dans son repos, c.-à-d. entrer en terre promise, ceux qui étaient incrédules (Héb 3.17-19). Paul dira aussi dans l’épître aux Romains 11.20 : « Cela est vrai ; elles [les branches c.-à-d. une partie du peuple juif] ont été retranchées pour cause d’incrédulité, et toi, tu subsistes par la foi. » L’incrédulité condamne (voir Jean 3.18), les mauvaises œuvres n’ont point cette capacité, elles en sont la conséquence et la démonstration.
Au lieu de s’appuyer sur les œuvres qui n’ont aucune efficacité, il convient de croître dans la foi et dans la connaissance en Jésus-Christ, non dans la connaissance du mérite des chrétiens. Luther souligne à ce sujet le texte de Jean 6.28-29 en indiquant que la seule œuvre à accomplir est de croire en Jésus-Christ. La foi est l’entièreté et l’accomplissement de la loi, qui inonde le croyant de sa justice en sorte qu’il n’a plus besoin d’autre chose (Rom 10.10). Luther interroge donc le lecteur : si la foi octroie la justification à l’âme, alors pourquoi pratiquer tant d’œuvres, de cérémonies et de lois ?
2. Les préceptes et les promesses
Luther associe les préceptes à l’Ancien Testament, et les promesses au Nouveau Testament. Les préceptes enseignent ce qui est bien, ce qu’il faut faire mais ils ne donnent ni la capacité ni le pouvoir à l’homme de faire ce bien, révélant ainsi l’homme à lui-même. Les promesses sont la manifestation de la gloire de Dieu, par Jésus-Christ, or si nous croyons en lui, la grâce, la justice, la paix et la liberté nous sont offertes . Pourquoi faut-il le précepte alors que ce serait bien plus facile de bénéficier immédiatement de la promesse ? Les deux vont de pair et Luther en montre la nécessité : « Il faut donc prêcher aux âmes la Parole de Dieu dans sa plénitude, l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, la loi et la grâce : la loi pour effrayer le pécheur, lui donner la connaissance de son iniquité, l’amener à la pénitence, à l’amendement de sa vie. Mais en rester là, c’est blesser et ne point panser la blessure, c’est frapper et ne pas guérir, c’est tuer et ne pas rendre la vie, c’est conduire en enfer et n’en point retirer, c’est abaisser et ne pas relever. C’est ici que doit intervenir la prédication de la grâce et des promesses de Dieu. Sans elle, c’est vainement qu’on enseigne la loi, la contrition, la pénitence et les œuvres satisfactoires. » En résumé, la promesse donne ce que le précepte réclame. L’homme est donc justifié par la foi car il prend conscience de son état de condamné et se repent en croyant de tout cœur qu’il ne peut, par ses œuvres, être justifié, encore moins sauvé. Seule la grâce de Dieu peut empêcher la condamnation, s’il veut bien y croire.
3. L’amour, les œuvres bonnes et le prochain
C’est en comprenant qu’il est l’objet de la grâce de Dieu que l’homme se sait alors aimé de Dieu. Cet amour, pénétrant au plus profond de lui, le transforme et lui donne le désir d’accomplir des œuvres bonnes. Luther écrit : « L’âme sanctifiée par la foi et pleine de l’amour de Dieu veut aussi sanctifier son corps et le purifier de ses convoitises mauvaises. […] elle accomplit dans cette intention toutes sortes de bonnes œuvres, mais l’amour de Dieu est l’unique mobile de son activité ». Le produit de l’amour est une âme libre, heureuse et dévouée, insouciante de la gratitude et de l’ingratitude des hommes. Luther prend plusieurs exemples pour illustrer cette idée. Je ne retiens ici que l’exemple d’Adam et d’Ève qui, alors qu’ils étaient encore dans le jardin d’Éden, avaient pour tâche de cultiver le jardin. Cette activité avait d’une part pour motif l’obéissance à l’ordre divin, donc d’aimer Dieu, et d’autre part que l’homme ne reste point oisif. Adam et Ève n’avaient pas péché, ils étaient donc sans autre, reconnus pour justes devant Dieu. L’œuvre de cultiver le jardin n’avait pas pour impératif le salut de leur âme. Le chrétien justifié par la foi accomplit les œuvres bonnes de manière similaire à Adam et Ève avant la chute. Comme pour eux, les œuvres bonnes ne procurent au chrétien aucune justice, mais lui donnent une activité qui démontre son attachement et son amour pour Dieu.
Ces œuvres bonnes ont plusieurs utilités, toutes très concrètes. Premièrement, elles servent à éteindre les mauvaises convoitises. Deuxièmement, elles servent à ce que les hommes, les voyant, glorifient Dieu (Mat 5.16 ; 1 Pi 2.12). Troisièmement, si les œuvres n’étaient tournées que vers soi-même, elles ne serviraient à rien ; mais Dieu veut qu’elles servent au bien commun entre les hommes (Phil 2.1-4). Luther l’exprime ainsi : « que le membre robuste assiste le membre faible, que pleins de sollicitude réciproque nous portions les fardeaux les uns des autres, et qu’enfants de Dieu, nous accomplissions ainsi la loi du Christ. » Il dit aussi : « Plus il aime, plus il cherche à être utile » et reprend l’exemple laissé par le Christ qui « a revêtu une nature humaine, pour agir comme homme au milieu des hommes ».
4. La liberté
Le chrétien est justifié par la foi, Dieu lui fait grâce. Il est donc libre et affranchi vis-à-vis de la perdition éternelle. Le chrétien, de par l’amour que lui témoigne Dieu, ne vit plus sous la loi qui lui impose des rites et des cérémonies, mais vit avec une conscience libre ; il s’assujettit librement à son prochain comme Christ, par amour, s’est assujetti librement à toute l’humanité. Luther écrit : « Et tout en nous soumettant à nos frères, nous n’en sommes pas moins les maîtres du monde. » Si nous sommes donc les maîtres, nous ne sommes plus esclaves, si ce n’est esclaves de Christ. Luther prend plusieurs exemples dont celui de Tite à qui Paul n’imposa pas la circoncision contrairement à Timothée ; les circonstances étaient différentes. Dans le cas de Timothée, c’était afin de ne pas blesser et scandaliser les Juifs en raison de leur faiblesse (Act 16.3). Pour Tite, Paul n’avait pas requis la circoncision, bien que celui-ci ait été grec. Mais parce que des faux frères cherchaient en eux une raison de les accuser, Paul prit cette décision afin ne pas se laisser asservir et perdre ainsi leur liberté (Gal 2.1-5).
5. Enseignement pour aujourd’hui
Cinq siècles ont passé depuis la rédaction de ce traité, le problème de la liberté et comment y parvenir reste d’actualité. Dès lors que nous annonçons l’Évangile, il nous faut prendre garde de ne pas oublier le message de la croix au travers de méthodes d’évangélisation dites « light » (œuvres caritatives, concerts, ateliers divers et variés etc.). Ne recherchons pas de légitimation aux yeux du monde par de telles œuvres car nous risquerions de remplir les bancs de nos églises de faux convertis. Ayons le souci des âmes en expliquant aux perdus la raison pour laquelle ils n’ont aucune part à la félicité éternelle. Les perdus ne peuvent comprendre pourquoi ils sont perdus et que leur destinée est l’enfer si nous, en tant qu’ambassadeurs du Christ, ne les éclairons pas. Demandez aux personnes autour de vous si elles se considèrent comme bonnes, la réponse que vous obtiendrez sera affirmative. Les perdus croient qu’ils font de bonnes œuvres et qu’au jour du jugement, Dieu les agréera car il est amour, si du moins ils consentent encore à croire qu’il existe. Ils se sentent libres de faire ce qu’ils veulent et jugent leurs œuvres recevables. Ils ne cherchent pas à connaître le point de vue de Dieu sur leur vie. Il est donc impératif de les confronter à la jauge divine (les dix commandements) en leur expliquant qu’ils sont coupables et condamnés. Si leurs yeux s’ouvrent et qu’ils se rendent compte de leur incapacité à se justifier au travers de leurs œuvres, ils comprendront d’autant mieux la raison pour laquelle seule la foi justifie et la grâce infinie et imméritée de Dieu les sauve. Ils sauront qu’ils sont aimés de Dieu, et se sentiront libérés du poids de leurs péchés. Ils s’assujettiront à leur prochain en vue d’œuvres bonnes parce qu’un tel fardeau leur sera léger. Ainsi ils seront libres, car ils se placeront volontairement au service de leur prochain. Voilà ce qu’est la liberté chrétienne, voilà ce que Luther a jugé bon de revisiter en faveur de ses contemporains en écrivant ce traité, voilà l’une des raisons qui lui a valu d’être excommunié parce que l’Église avait, pendant tant d’années, fait fausse route, enseignant tristement que les œuvres pouvaient justifier et accorder le salut ; elle ne pouvait pas accepter la vérité que l’incrédulité condamne, seule la foi justifie.
- Edité par Herrmann Georges
Elles s’appellent Catherine de Bore, Idelette de Bure, Anna Reinhard, etc. L’Histoire n’aura pas retenu leurs noms, et pourtant, elles ont partagé le quotidien, voire les dangers et les privations de leurs réformateurs de maris. Mais que sait-on de leur vie de couple, de leur famille, ou de leur rôle dans les avancées théologiques du XVIe siècle ?
1.Elles osent épouser un homme d’église
À l’époque, les ecclésiastiques ont souvent des maîtresses et les mœurs au sein de l’église officielle laissent à désirer. Alors que ces pratiques sont tolérées, le mariage effectif des hommes d’église leur fait risquer l’excommunication.
Les mariages des réformateurs sont ainsi peu conventionnels. Guillaume Farel épousera Marie Torel en premières noces alors qu’il est âgé de 69 ans ; veuve et mère de trois enfants, Anna Reinhard aurait épousé Ulrich Zwingli en secret, mais leurs noces officielles datent de trois mois avant la naissance de leur fille ; l’union de Catherine Denosse et Théodore de Bèze, contractée secrètement, sera par la suite célébrée publiquement ; quant à Idelette de Bure, veuve d’un anabaptiste[note] Les anabaptistes : Appelés ainsi car ils ne reconnaissent que le baptême des croyants et non celui des bébés. Leurs mariages n’étant pas célébrés à l’église, ils ne sont pas officiellement reconnus. Le film L’Affaire Sattler retrace les persécutions endurées de la part de certains réformateurs. Margaretha Sattler, ex-nonne et femme de l’auteur vraisemblable de la Confession de Schleitheim officialisant cette doctrine (1527), refusera d’abjurer bien que son mari soit condamné à être brûlé au bûcher, après qu’on lui ait coupé la langue et arraché sept morceaux de chair avec des pinces brûlantes. Trois jours plus tard, elle sera mise à mort par noyade.[/note] ayant ensuite épousé Jean Calvin, les Genevois la traitent de femme de mauvaises mœurs ; et Catherine de Bore, pour sa part, s’enfuit de son couvent avec quelques coreligionnaires après avoir lu un traité de Martin Luther contre le célibat des prêtres : celui-ci parvient à toutes les placer en famille ou chez un mari, sauf elle, et il finira donc par l’épouser deux ans plus tard.
2.Elles soutiennent leur mari au quotidien<
Curieusement, l’union qui aura le plus marqué les mémoires sera celle de Martin Luther. Peut-être parce que ce réformateur aura tant vanté les mérites du mariage dans ses écrits. Peut-être aussi parce que sa femme force l’admiration par sa capacité, après seize années passées au couvent, à assumer une vie aussi mouvementée. En effet, ils élèveront quatre orphelins, une dizaine de neveux et nièces, sans compter les six enfants qu’elle portera. À cela s’ajoutent les nombreux visiteurs de son époux dans le vieux monastère qui leur sert de foyer. Elle se chargera notamment d’un énorme jardin et fabriquera sa propre bière pour subvenir aux besoins de tout ce monde. Elle soignera également son mari, car il est « sujet aux maux de tête, à la goutte, aux rhumatismes, et très souvent saisi d’angoisse. »
De son côté, la femme de Jean Calvin a également à cœur le ministère : « Lorsque son ouvrage de maîtresse de maison était terminé, elle était loin d’être oisive : elle aidait son mari dans ses devoirs pastoraux et s’occupait principalement de visiter les malades et d’encourager ceux qui avaient besoin. » Après le décès de son épouse, Jean Calvin écrira : « J’ai perdu l’excellente compagne de ma vie, qui, si le malheur était venu, aurait été ma compagne volontaire, non seulement dans l’exil et dans la misère, mais même dans la mort. Tant qu’elle a vécu, elle a été l’aide fidèle de mon ministère. Jamais je n’ai senti en elle le moindre empêchement. »
Mais l’énergie physique n’était pas le seul critère d’appréciation de ces maris. Ulrich Zwingli soumettait régulièrement sa traduction de la Bible aux critiques de son épouse, une femme très belle mais aussi très éduquée. Et la femme de Pierre Viret, décédée après un long combat contre la tuberculose, fera l’objet de cette exclamation de la part de son mari : « Le Seigneur m’a enlevé la moitié de moi-même. Il m’a privé d’une fidèle compagne, d’une bonne maîtresse de maison, d’une épouse qui s’adaptait admirablement à mon caractère, à mes travaux, à mon ministère tout entier. Il me semble être un étranger chez moi. »
3.Elles permettent à leurs époux de concrétiser leur théologie
Dénoncer le célibat des prêtres et ensuite démontrer sa conviction en se mariant, voilà qui n’est pas forcément insupportable. Déclarer que Dieu prend soin des besoins financiers de ses enfants ne nécessite pas non plus toujours un grand engagement de la part des réformateurs, car ce sont souvent leurs épouses qui font en sorte de joindre les deux bouts. Et être prêts à mourir pour leur foi ? Ils savent qu’ils se retrouveront dans la présence de leur Sauveur. Mais déclarer que Dieu est souverain et ensuite voir un proche décéder, voilà qui secoue ces hommes de foi et les oblige à se départir d’une certaine « distance théologique ». Et cela ne leur serait pas arrivé s’ils ne s’étaient pas mariés…
Ainsi de Martin Luther, qui écrira lors du décès de sa fillette de huit mois : « Il est étonnant combien mon cœur en est malade, presque comme celui d’une femme, tant j’ai de chagrin à son sujet. Je n’aurais jamais cru, auparavant, que les cœurs paternels s’adoucissaient autant pour leurs enfants. » Et encore lors du départ de sa fille Madeleine, âgée de quatorze ans : « Moi-même et ma femme devrions rendre grâce à Dieu de cet heureux passage… et cependant c’est un véritable état de mort… Béni soit notre Seigneur Jésus-Christ qui l’a appelée, élue et glorifiée !»
De son côté, âgé d’à peine deux semaines, l’unique enfant de Jean Calvin meurt. Celui-ci écrira quelques jours plus tard : « Certainement Dieu nous a infligé une blessure grave et amère par la mort de notre fils. Mais il est notre Père : il sait ce qui convient à ses enfants. » Les détracteurs de la Réforme verront plus tard une malédiction divine dans son absence de descendance. Jean Calvin leur répliquera : « En toute la Chrétienté j’ai des enfants à dix milliers ! »
4.Une influence sur les générations suivantes
Sans s’étendre sur le bien que peut apporter une femme vertueuse, courageuse et intelligente, économe et hospitalière, au ministère de son mari, il est certain que l’apport spirituel, moral et organisationnel de ces femmes ne pouvait que contribuer au courage et aux forces physiques de leurs époux, constamment soumis à diverses pressions et aux menaces de mort.
Mais au-delà de leur époque, ces épouses ont permis à leurs maris d’exercer l’hospitalité et, de façon générale, de mettre en œuvre les principes énoncés en 1 Timothée 3. Oui, pour la première fois depuis des siècles, des hommes d’église avaient une famille à – bien – diriger…
- Edité par Gamper Rachel
Si nous connaissons bien Jean Calvin, qui a été le théologien de la Réforme francophone et Guillaume Farel qui en a été l’évangéliste, malheureusement, celui qui en a été le pasteur : Pierre Viret (1511-1571) a largement été oublié.
Pour saisir combien le ministère pastoral de Viret était estimé, laissons tout d’abord la parole au pasteur Jacques Bernard qui écrit à Calvin en février 1541, afin de le persuader de revenir à Genève, d’où il avait été banni quatre ans plus tôt : « Genève, régénérée par le travail de Viret, est devenue une nation nouvelle ».[1] Quant à Farel, après avoir vu le travail pastoral accompli par Viret à Genève pendant la même période, il écrit aux pasteurs de Zurich : « J’ai vu l’édifice admirable élevé là par le travail de Viret. Son labeur a été immense pour ramener le peuple dans la bonne voie ».[2] On prête les paroles suivantes à Calvin qui voulait à tout prix que Viret reste à ses côtés lors de son retour à Genève : « Si Viret m’est ôté, je suis plus mort que vif et cette Église est perdue ».[3] Voilà qui en dit long sur l’appréciation du ministère pastoral de Viret par ses pairs. Alors intéressons-nous à ce qui a fait de Viret le « pasteur » de la Réforme francophone.
1) Sa personnalité
Les biographes de Pierre Viret s’accordent tous sur un point : Il avait un esprit pacifique et doux qui s’exprimait dans les différents domaines de son ministère.
- Dans son langage, comme en témoigne Théodore de Bèze, qui parle de « la science de Calvin, des tonnerres de Farel et du miel de Viret ».[4] Ailleurs, il disait aussi de lui : « Nul n’a plus de charme quand il parle ».[5]
- Dans sa prédication qui, comme un long fleuve tranquille semblait enlacer ses auditeurs comme l’atteste Verheiden : « (Viret) avait une parole si douce qu’il tenait son auditoire constamment éveillé et attentif. Son style avait tant de force et une harmonie si caressante à l’oreille et à l’esprit, que les moins religieux parmi ses auditeurs, les plus impatients pour d’autres, l’écoutaient sans peine et avec complaisance. On eût dit, à les voir comme suspendus à ses lèvres, qu’ils auraient voulu le discours plus long ».[6]
- Dans son rapport avec les autres. Pour maintenir la paix il est prêt à subir quelques injustices, comme ce fut le cas quand son collègue Caroli, nouvellement arrivé, fut nommé premier pasteur de Lausanne à sa place.[7] Puis dans ses démêlés avec l’autorité politique bernoise. Alors que Calvin avait déjà perdu espoir et qu’il l’encourageait à quitter la ville, que Théodore de Bèze avait déjà suivi le conseil du Réformateur de Genève, Viret lui, espérait encore qu’une solution pacifique soit trouvée. Résultat : ce pasteur si doux fut banni de la ville dont il avait été le Réformateur et le pasteur pendant près de 22 ans.
- Dans ses rapports avec les hérétiques. Lors de l’affaire Servet, alors que Calvin avait écrit à son ami Viret, il se tait. De passage à Valence, Viret délivre et embrasse un père jésuite tombé entre les mains d’un officier huguenot qui s’apprêtait à le mettre à mort. Enfin, il semble que ce soit grâce à son intervention écrite auprès des pasteurs assemblés à Montpellier que les protestants rendirent paisiblement les temples aux catholiques à la suite de l’Édit royal du 17 janvier 1562. Dominique-Antonio Troilo, qui s’est penché sur le rapport entre Viret et les anabaptistes, arrive à la conclusion suivante, qui démontre bien sa douceur et sa modération : « … jamais aucun hérétique ne fut condamné et exécuté là où il (Viret) fut pasteur. … Viret se tient d’ailleurs presque systématiquement à l’écart de tout conflit avec les dissidents, optant pour le silence, ou prêchant la modération et la paix ».[8]
Toutefois, il ne faut pas penser que la douceur de Viret trouve son origine dans un manque de courage, car lorsque la vérité et la pureté de l’Église étaient en jeu, Viret savait tenir ferme et faire preuve d’opiniâtreté, comme l’atteste sa détermination à obtenir le droit d’exercer une discipline ecclésiastique biblique au sein de son église locale. C’est ainsi qu’il préféra le bannissement de son pays à la compromission avec le laxisme moral des autorités bernoises.
2) Ses dons pastoraux
Si Calvin est celui qui systématisa la théologie de la Réforme, il est juste de dire que Viret est celui qui la popularisa. Il prêche dans un langage simple et imagé. Il écrit dans un style qui accroche les gens, répond à leurs questions et leur donne les arguments apologétiques simples, nécessaires à la défense de leur foi. Car dans ses écrits, souvent rédigés sous forme de dialogues, il met dans la bouche de ses différents personnages les courants de pensées de l’époque. De cette manière il parvient à passionner ses lecteurs qui, petit à petit, suivent le développement de l’argumentation biblique et découvrent toute la force et la vérité de l’Évangile face aux pensées humaines. Jean Barnaud, un fin connaisseur de Viret, résume les choses ainsi : « Nous ne saurions oublier que Viret est, par excellence, l’écrivain populaire de la Réforme française : les exemplaires déchirés, dépareillés, usés, des nombreux ouvrages qu’il a réussi à publier se retrouvent dans maintes bibliothèques publiques et privées de France, de Suisse et de l’étranger – il y en a jusque dans le secret du Saint Office de l’inquisition de Séville – ; ils disent ainsi la popularité dont ils ont joui et l’influence lointaine qu’ils ont exercée ».[9]
Le souci de Viret pour le peuple de Dieu l’amène, dès le début de son ministère, à se préoccuper de la formation des pasteurs pour les églises francophones. C’est ainsi qu’on le trouve parmi les membres fondateurs et les premiers professeurs de l’Académie de Lausanne, créée en 1537 (seulement un an après l’acceptation de la Réforme par cette ville). Cette Académie eut une importance capitale dans les premiers temps de la Réforme francophone, jusqu’à la création de celle de Genève, fondée en 1559 « sur les ruines » de celle de Lausanne, à la suite du bannissement de Viret.
D’autres preuves attestent des dons pastoraux de Viret et de la grande estime dont il jouissait au sein du peuple de Dieu en francophonie. Lorsqu’il se réfugia à Genève après son bannissement, il fut immédiatement accueilli comme pasteur et on lui accorda la bourgeoisie de cette ville à la fin de l’année 1559, en même temps que Calvin qui en avait pourtant été le pasteur pendant plus de 15 ans. Puis lorsqu’il partit pour le sud de la France à cause de sa santé déficiente, il joua un rôle de tout premier ordre dans l’organisation de l’église réformée dans le Béarn, royaume de Jeanne d’Albret. Son influence et le respect qu’on lui portait sont démontrés dans le fait qu’il fut nommé Modérateur de quatre Synodes successifs, alors que le règlement spécifiait qu’il était impossible à une personne d’occuper cette place deux années de suite.
Viret est donc un homme qui voua toute sa vie au service de l’Église de Jésus-Christ et en particuliers des églises locales francophones. C’est pourquoi il importe que nous nous arrêtions maintenant sur la conception qu’il avait de l’église. Car au-delà de sa personnalité et de ses dons pastoraux, ce qui conduisit Viret à être le pasteur de la Réforme, c’est sa conception de l’église locale et du ministère pastoral.
3) Sa conception de l’église locale et du ministère pastoral
Bien qu’il fût pasteur dans une ville où la Réforme s’était imposée de manière plus politique que spirituelle, Viret affirmait qu’on entrait dans l’église exclusivement par la foi en Jésus-Christ : « Il faut pour devenir brebis, que nous oyons (entendions) la voix du bon Pasteur, qui est la voix de l’Évangile, par le moyen de laquelle cette conversion et transformation de loup en brebis se fait. Car le moyen par lequel nous pouvons avoir accès à Jésus-Christ, et entrée en son Église et en sa bergerie, et conséquemment au royaume des cieux, est par la foi … comme Jésus-Christ est l’huis (la porte), par lequel il nous faut entrer au royaume des cieux, ainsi la foi est comme la ferrure, et la clé par le moyen de laquelle cet huis nous est ouvert, et sans laquelle il nous demeure toujours clos ».[10]
Mais puisque Dieu seul connaît le cœur, la responsabilité qui incombe au pasteur ne consiste pas à juger le cœur des membres de son église,[11] mais à prêcher l’Évangile car c’est par lui que vient la connaissance de Jésus-Christ, et à veiller à maintenir une église confessante bien disciplinée. Voilà pourquoi Viret ne pouvait tolérer au sein du peuple de Dieu une multitude de personnes qui n’avaient que faire de la Confession de foi et qui refusaient de conformer leur vie aux exigences bibliques. Ainsi pour Viret, le vrai membre d’église était celui qui, après avoir confessé publiquement sa foi, soumettait sa vie aux exigences de la Parole de Dieu avec joie et amour pour son Dieu en considérant chaque événement quotidien comme un moyen de progresser dans sa marche chrétienne.
[1] Cité in Philippe Godet, Pierre Viret, Payot, Lausanne, 1892, p.65-66
[2] ibid. p.65-66
[3] ibid. p.66
[4] Cité in ibid. p.81
[5] Cité in Henri Vuilleumier, Notre Pierre Viret, Payot, Lausanne, 1911, p.142
[6] Verheiden, Praestantium aliquot theologorum effigies, cité in Jacques Cart, Pierre Viret le Réformateur vaudois, Librairie Ls Meyer, Lausanne, 1864, p.129.
[7] Cf. à cet égard la lettre de Viret à Calvin in Henri Jacquemot, Viret le réformateur de Lausanne, Strasbourg, Imp. Silbermann, 1836, p.39
[8] Dominique-Antonio Troilo, Pierre Viret et l’anabaptisme, Association Pierre Viret, Lausanne, 2007, p.168
[9] Discours de Jean Barnaud in Le Jubilé de Pierre Viret, Lausanne-Orbe, Pache, 1911, p.61.
[10] Pierre Viret, Des clefs de l’Église et de l’administration de la parole de Dieu …, Genève, Jean Rivery, 1564, p.8.
[11] « Cependant nous devons noter, sur ce qui a été dit des chiens, et des pourceaux, que l’Église n’a pas commandement de tenir pour tels, tous ceux qui le sont à la vérité ; ainsi seulement ceux-là lesquels elle connaît être vrais chiens, et vrais pourceaux, en tant qu’ils se déclarent tels, par leurs forfaits, et méchante vie. Car ce n’est point à elle de juger des choses inconnues et cachées, qui sont réservées au jugement de Dieu. Car comment pourrait-elle prononcer sentence, contre ceux desquels la méchanceté est encore cachée, sous apparence et couverture de religion, par eux feinte et simulée ? » Pierre Viret, Du vray ministère de la vraye Église de Jésus-Christ, et des vrays sacrements d’icelle, Genève, Jean Rivery, 1560, pp.34-35.
- Edité par Favre Olivier
Cette année 2017 marquera le 500e anniversaire d’un mouvement extraordinaire qui a créé un tournant majeur dans l’histoire de l’Église : la Réforme. On ne manquera certainement pas de souligner l’apport particulier de l’Allemand Martin Luther (1483-1546). Le soir du 31 octobre 1517, ce moine augustin récemment converti afficha courageusement et hardiment 95 déclarations doctrinales sur les portes de la cathédrale du château de Wittenberg. Luther voulait surtout dénoncer les erreurs fondamentales de la doctrine catholique romaine du salut. La Réforme s’est également développée à travers la prédication et l’enseignement de Jean Calvin en France, de Guillaume Farel et d’Ulrich Zwingli en Suisse, de John Knox en Écosse, et de plusieurs autres encore.
Mais il sera important de souligner que le retour aux vérités bibliques lors de la Réforme est avant tout une œuvre du Seigneur lui-même, par le Saint-Esprit, dans le cœur de ceux qui en ont été les instruments. Évidemment, tout ce qui est issu de la Réforme ne peut pas être nécessairement reçu sans aucune réflexion. Après tout, la Réforme a son propre contexte historique et aucun de ses artisans ne possédait pleinement la vérité sur tous les aspects de la doctrine et de la conduite. Cependant, tout croyant fidèle à Dieu et à sa Parole peut sans aucun doute se réjouir du retour aux vérités essentielles de la foi chrétienne et prononcer son amen sur les cinq points qui résument ce qui a alors été redécouvert. Ce sont les cinq « Solae » (du latin, seulement) de la Réforme : Sola Scriptura, Solus Christus, Sola Gratia, Sola Fide et Soli Deo Gloria.
1.Sola Scriptura
Sola Scriptura signifie « l’Écriture seule ». Cela souligne que seule la Bible fait autorité en matière de foi et de conduite. Nous avons beaucoup à apprendre de l’histoire et de l’expérience vécus par l’Église, par exemple. Mais seule la Bible peut lier la conscience du croyant de manière absolue. D’un point de vue pratique, Sola Scriptura devrait nous rappeler le privilège que nous avons d’avoir la révélation progressive de Dieu entre nos mains et la responsabilité qui s’y rattache de la lire et d’y obéir.
2.Solus Christus
Solus Christus signifie « Christ seul ». Comme l’apôtre Paul le dit lui-même, le Seigneur Jésus-Christ est « le seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tim 2.5). Christ est notre seul roi, sacrificateur et prophète. Il est le seul Sauveur, le seul Seigneur et le Maître souverain. Il est aussi le seul chef suprême de l’Église, la tête du corps. Nous sommes donc liés à lui. Voilà pourquoi l’Église doit être « christocentrique ». Même le Saint-Esprit est christocentrique, comme le Seigneur Jésus lui-même l’a affirmé : « il ne parlera pas de lui-même… il me glorifiera » (Jean 16.13,14). Tous les croyants doivent proclamer Christ et tous les prédicateurs doivent prêcher Christ.
3.Sola Gratia
Sola Gratia signifie « la grâce seule ». Cela souligne que le croyant est racheté par la grâce de Dieu seulement. La grâce ne vient pas de nous, elle est le don du Dieu souverain (Éph 2.8). C’est cette même grâce qui nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre « dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement », dans l’attente « de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » (Tite 2.12,13, Darby). La grâce de Dieu nous pousse à l’humilité, au service et à la reconnaissance.
4.Sola Fide
Sola Fide signifie « la foi seule ». Cela signifie que le salut et la justification donnés par grâce ne peuvent être reçus qu’au moyen de la foi. C’est, en quelque sorte, la main qui saisit la grâce. Mais la foi est également un don de Dieu (Éph 2.8), et cette foi est toujours accompagnée par les œuvres de la foi. Ce sont les œuvres dont Jacques nous parle à travers son épître. Dans le Nouveau Testament, les mots « foi » et « fidèle » sont la traduction d’un seul et même mot grec. Alors, Sola Fide devrait aussi nous rappeler que la fidélité au Seigneur n’est pas facultative, mais la seule norme pour la vie du croyant.
5.>Soli Deo Gloria
Finalement, Soli Deo Gloria signifie « à Dieu seul la gloire ». Dieu seul peut être adoré par les croyants, autant le Père que le Fils (Jean 5.23). Toutefois, rien dans l’Écriture n’indique une adoration dirigée vers le Saint-Esprit, bien qu’il soit pleinement Dieu. Aussi, trop souvent, le concept de rendre gloire à Dieu se limite à un contexte de culte d’adoration. Cependant, l’apôtre Paul commande aux croyants de tout faire, même les choses élémentaires du quotidien comme manger et boire, pour la gloire de Dieu (1 Cor 10.31).
L’Écriture, la seule autorité du croyant, présente Christ comme étant le seul Sauveur et Seigneur. Elle révèle la grâce qui seule nous sauve et qui ne peut être saisie que par la foi seule. C’est pourquoi nous proclamons : « À Dieu seul soit la gloire ! »
- Edité par Despins Gilles
Promesses publie ici un choix des 95 thèses que Martin Luther afficha sur la porte de l’église de Wittemberg le 31 octobre 1517, un jour avant la Toussaint : un vaste public était attendu le lendemain dans l’église et permettait à Luther de s’assurer une large diffusion de ses thèses. On peut retrouver l’intégralité de ces thèses par exemple ici : http://www.info-bible.org/histoire/reforme/95theses-complet.htm
Par amour pour la vérité et dans le but de la préciser, les thèses suivantes seront soutenues à Wittemberg, sous la présidence du Révérend Père Martin Luther, ermite augustin, maître ès Arts, docteur et lecteur de la Sainte Théologie. Celui-ci prie ceux qui, étant absents, ne pourraient discuter avec lui, de vouloir bien le faire par lettres. Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Amen.
11 : La transformation des peines canoniques en peines du Purgatoire est une ivraie semée certainement pendant que les évêques dormaient.
21 : C’est pourquoi les prédicateurs des Indulgences se trompent quand ils disent que les indulgences du Pape délivrent l’homme de toutes les peines et le sauvent.
24 : Ainsi cette magnifique et universelle promesse de la rémission de toutes les peines accordées à tous sans distinction, trompe nécessairement la majeure partie du peuple.
37 : Tout vrai chrétien, vivant ou mort, participe à tous les biens de Christ et de l’Église, par la grâce de Dieu, et sans lettres d’indulgences.
43 : Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui donne aux pauvres ou prête aux nécessiteux fait mieux que s’il achetait des indulgences.
54 : C’est faire injure à la Parole de Dieu que d’employer dans un sermon autant et même plus de temps à prêcher les indulgences qu’à annoncer cette Parole.
62 : Le véritable trésor de l’Église, c’est le très-saint Évangile de la gloire et de la grâce de Dieu.
67 : Les indulgences dont les prédicateurs vantent et exaltent les mérites ont le très grand mérite de rapporter de l’argent.
79 : Dire que la croix ornée des armes du Pape égale la croix du Christ, c’est un blasphème.
80 : Les évêques, les pasteurs, les théologiens qui laissent prononcer de telles paroles devant le peuple en rendront compte.
92 : Qu’ils disparaissent donc tous, ces prophètes qui disent au peuple de Christ : « Paix, paix » et il n’y a pas de paix !
93 : Bienvenus au contraire les prophètes qui disent au peuple de Christ : « Croix, croix » et il n’y a pas de croix !
94 : Il faut exhorter les chrétiens à s’appliquer à suivre Christ leur chef à travers les peines, la mort et l’enfer.
95 : Et à entrer au ciel par beaucoup de tribulations plutôt que de se reposer sur la sécurité d’une fausse paix.
- Edité par _Anonyme
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