PROMESSES

Introduction de Silvain Combe

Les chrétiens peuvent se sentir impuissants face aux épreuves de la vie, parfois extrêmes (guerre, famine…).
Même si l’on croit que Dieu peut faire des miracles, on craint parfois de les lui demander et l’on se laisse facilement aller à baisser les bras. Pourtant, Dieu semble parfois « attendre » nos prières pour changer le cours des choses : « L’Éternel voit avec indignation qu’il n’y a plus de droiture. Il constate qu’il n’y a personne, il est consterné en voyant qu’il n’y a personne pour intercéder » (És 59.15-16 ; S21).

Avec une foi vivante et un enthousiasme rafraîchissant, Frère André nous rappelle dans ce livre que nos prières peuvent « déplacer des montagnes ». Elles peuvent « amener Dieu à changer d’avis sur ce qu’il permet à Satan de faire » (p. 150). Ce « changement de plan » n’est donc pas une véritable atteinte ou un défi à la volonté de Dieu. Si certaines expressions de cet homme de foi nous semblent aller un peu loin dans ce livre, sa fraîcheur et ses rappels concrets sont néanmoins inspirants.
Il encourage les chrétiens à faire confiance à Dieu, et pas seulement en théorie !

Extraits choisis

Le danger du fatalisme (p. 1-13)

L’attitude du fataliste semble refléter une foi en apparence remarquable : « je refuse de remettre en question la volonté de Dieu », dira-t-il avec une pieuse humilité. Mais cela suppose-t-il que pour lui tout ce qui se passe dans le monde, la guerre, la famine, l’oppression, l’effondrement de la famille et de la société, l’exploitation des faibles et des innocents, la dégradation de ce qui est pur, est bien ? « Si Dieu le permet c’est qu’il doit avoir une bonne raison », avancera-t-il, « et je ne puis espérer comprendre les raisons de Dieu avec ma petite cervelle, alors j’accepte par la foi ce qu’il fait et je loue le Seigneur en tout temps ». Et l’on répondra, admiratif : « Quelle foi ! »
Ce genre de foi n’a toutefois aucune puissance, car elle ne repose pas sur de bonnes bases. Appelez-la comme vous le voulez — karma, destin, sort, kismet — c’est toujours la même réalité plus ou moins déguisée : nous ne pouvons modifier ce que Dieu a écrit, et notre devoir consiste simplement à nous laisser porter par le mouvement du programme défini par Dieu. Cela semble rendre la vie simple, n’est-ce pas ? Oui, et c’est précisément là que réside une partie de son attrait. Les fatalistes peuvent être détendus puisqu’ils ne sont plus responsables. Ils n’ont plus besoin d’obéir à Dieu ni de résister au mal.

La puissance de la prière (p. 16-17)

Malheureusement, ils ne comprennent pas que, avant que ce soit trop tard, le courant qui semble leur procurer un parcours agréable et sûr est en réalité en train de les aspirer toujours plus rapidement vers un tourbillon mortel – et l’anéantissement. C’est une des stratégies les plus fondamentales de Satan tout au long de l’histoire. Il continue de l’employer parce qu’elle a bien réussi, depuis longtemps. Mais nous ne devons pas lui permettre de réussir ! Nous avons le pouvoir de lui résister et de le vaincre, et Dieu a placé entre nos mains l’arme qui peut nous le permettre. Cette arme, c’est la prière.
Rien ne rend Satan plus craintif qu’un chrétien qui comprend la puissance de la prière : parce qu’il sait que Dieu ne refuse rien à ses amis. À mesure que nous connaissons mieux le Seigneur, que nous commençons à comprendre tout ce qu’il est, et réaliser tout ce qu’il a, nous ne sommes plus des victimes sans recours, ballotées par les tempêtes et les vagues que Satan suscite. Nous sommes, au contraire, capables de faire ce qui est impossible à Satan et à ses démons. Jésus nous dit :« Si vous avez la foi, si vous ne doutez pas… si vous dites à cette colline : “Soulève-toi de là et jette-toi dans la mer”, cela se fera. Si vous priez avec foi, tout ce que vous demanderez, vous l’obtiendrez » (Mat 21.21,22).
Il n’est donc pas étonnant que Satan cherche si ardemment à empêcher les chrétiens de s’engager dans une prière sérieuse ! Il n’a aucun pouvoir, aucune puissance qui puisse se comparer à celle-là. Voilà pourquoi je suis si préoccupé par le fatalisme chrétien. Il ne s’agit pas d’une simple interprétation doctrinale inoffensive, une variante mineure de la théologie chrétienne que nous pourrions tolérer.
Le fatalisme est une maladie paralysante qui a envahi le Corps de Christ ; les conséquences sont désastreuses : il infecte ses victimes avec une sorte d’apathie qui annihile leur volonté de résister au mal, tout en sapant leur détermination d’accomplir la tâche que Christ leur a confiée.

Ne pas craindre de faire des erreurs en priant (p. 77)

Abraham a trébuché, menti, trompé – mais quand Dieu écrivit sa biographie dans la lettre aux Romains, il déclara : « Abraham eut confiance en Dieu » (Romains 4.3). Nous pourrions dire : « Mais il a menti, il a trompé les autres ! » Ce n’est pas ainsi que Dieu le voyait. Il dit : « Abraham eut confiance en Dieu », un point c’est tout. Tout le reste n’était qu’accessoire. Abraham était innocenté, et non parfait. Il y a une grande différence entre les deux.
Nous sommes ainsi quand nous nous tenons devant Dieu en prière, justifiés mais non parfaits.
C’est une merveilleuse position.

Nous n’avons pas besoin d’avoir peur d’aller trop loin avec Dieu. Même si nous le faisons, il ne nous en tiendra pas rigueur.
Sa grâce est plus grande que nos erreurs.
Dieu sait que nous n’attendrons pas d’avoir toutes les données avant de prier, parce que nous ne pourrons jamais savoir tout ce qui concerne ses plans. Ce qui est de notre ressort, c’est de chercher avec ferveur à le connaître, d’étudier les indices circonstanciels, d’écouter les directives du Saint Esprit, de tenir compte de ce que nous connaissons de son caractère, de tirer de tout cela des conclusions raisonnables et de prier en conséquence. Dans la mesure où nous le faisons, Dieu nous apprendra à commettre toujours moins d’erreurs, et nos prières deviendront de plus en plus efficaces. Il se peut que nous l’entendions et le comprenions souvent imparfaitement, mais il continue à faire en nous l’œuvre qu’il a promise : nous perfectionner à mesure que nous nous rapprochons de lui.

Tout cela peut nous paraître plus complexe que les révélations miraculeuses de l’époque de l’Ancien Testament, mais c’est aussi beaucoup plus instructif.
Dieu nous apprend, de manière pratique, souvent par nos tâtonnements, comment mettre en œuvre la connaissance qu’il nous a accordée.

Il ne peut donc y avoir de péché dans le fait de demander à Dieu tout ce que nous croyons susceptible d’accomplir sa volonté et ses desseins.
Peu importe si notre insécurité est causée par la conscience de nos limites. Nous n’avons nul besoin de connaître toute l’étendue de ses plans pour en conclure qu’ils peuvent changer. Dieu est toujours heureux d’entendre notre prière, même quand notre compréhension est des plus limitées, comme ce fut le cas quand Abraham intercéda pour Sodome et Gomorrhe.

« Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai », dit Jésus (Jean 14.14). Je crois que ces Paroles constituent la réponse ultime à toutes nos interrogations sur le moment et la manière dont nous pouvons demander à Dieu de changer ses plans. Il ne s’agit pas d’agir inconsidérément, comme des ignorants. Mais s’il nous arrive de le faire, Dieu nous pardonnera et utilisera nos erreurs pour nous rendre plus sages la prochaine fois.
Les seules personnes qui ne commettent jamais d’erreurs sont celles qui ne demandent et ne font jamais rien pour Dieu. S’il est une chose dont il faut s’inquiéter, en voilà une ! [note]Plus loin dans le livre, Frère André encourage à la prière ciblée (pas vague et générale). Il invite également à ne pas se satisfaire stoïquement du silence de Dieu à la suite de certaines prières. Il faut se sentir libre de demander « Pourquoi ? » à Dieu, comme David le fait dans le Psaume 22.2. (NDLR)[/note]

La prière nous rapproche de Dieu (p. 83)

Certains de mes souvenirs les plus chers de Corrie ten Boom sont les nombreux moments que nous avons passés ensemble en prière. Corrie était un intercesseur passionné ; l’urgence et l’enthousiasme qui se dégageaient d’elle étaient très communicatifs.
Il était impossible de prier avec elle sans être comme transformé par cette expérience.

« Seigneur, disait-elle, Seigneur, il faut que tu fasses quelque chose ! Il n’y a pas de temps à perdre ! »
Puis elle continuait en précisant au Seigneur sans détour ce qu’elle voulait qu’il fasse. Elle s’adressait à lui comme à moi, son ami de longue date. Elle pleurait, elle riait, elle argumentait avec force, mais elle restait toujours elle-même, totalement honnête.
Elle ne cachait rien à Dieu, et il semblait ne rien lui cacher.

Bien des fois, dans ces temps de prière intenses, elle citait à Dieu sa propre Parole pour lui rappeler ses promesses. Elle aurait pu faire un redoutable avocat au barreau ! Dans les moments où elle s’enflammait plus particulièrement, elle s’emparait de sa Bible, la feuilletait rapidement pour trouver le texte exact pour appuyer sa plaidoirie. Alors elle levait sa Bible en l’air, pointait sur le verset et proclamait, triomphante : « Voilà, Seigneur ! Tu peux le lire toi-même ! » Combien j’aimais cela. Et, j’en suis certain, Dieu aussi. Il est heureux quand nous le connaissons assez bien pour lui parler de cette façon. Je ne connais personne dont les prières aient eu plus d’effet sur Dieu que celles de Corrie. Elle ne se laissait pas détourner par une fausse piété, par légalisme ou par le besoin d’être quelqu’un d’autre qu’elle-même. Et après tout, comme elle se plaisait bien souvent à le rappeler à Dieu, elle ne lui demandait rien qu’il n’ait déjà promis. Elle n’hésitait donc jamais à lui dire ce qu’il devait faire et à le remercier quand il exauçait sa prière. « Je savais bien que tu le ferais ! » s’exclamait-elle avec le sourire. « Je le savais ! »

Et c’est vrai, elle savait ce que Dieu accomplirait pour elle car elle connaissait Dieu. Elle comprenait sa volonté et s’attendait à ce qu’il respectât sa Parole. Elle n’aurait pas une seule fois imaginé le contraire. Quelle foi ! Si seulement le Seigneur avait d’autres amis comme Corrie, notre pauvre monde ne serait pas dans l’état où il est aujourd’hui.

D’après vous, les prières de Corrie étaient-elles blasphématoires ? Présomptueuses ? Certains oseraient l’affirmer, sans doute, mais pas moi, car son approche était fidèle aux Écritures. Jésus a dit : « Demandez-moi quoi que ce soit… » et Corrie le crut sur parole. Ses prières étaient toujours fondées sur sa profonde compréhension de la volonté de Dieu. Et Dieu l’exauçait. Comment aurait-il pu faire autrement ?
Pour répondre à la question « Comment pouvons-nous prier pour amener Dieu à « changer d’avis » ? » je commencerais par rappeler que nous ne prions pas avec le désir de le faire « changer d’avis », ou de lui dire ce qu’il doit faire ; notre désir est de mieux le connaître comme Ami et Père. Les occasions pour l’amener à modifier ses plans ne sont qu’une des conséquences de cette relation.

 

 


Dieu est-il au contrôle de notre monde et de son histoire ? C’est une pensée troublante quand on
considère l’histoire tourmentée des hommes… Dieu s’est-il laissé dépasser par les événements ou les a-t-il contrôlés ? Quand un ange a l’orgueil de se rebeller contre lui et devient Satan ?
Quand Ève prend un fruit interdit, devant Adam qui ne dit rien ? Quand Nebucadnetsar dévaste le royaume de Juda et emporte l’élite du peuple en captivité ? Quand Néron brûle les chrétiens de Rome ? Quand la peste noire emporte 70 à 100 millions d’hommes au XIVe siècle ? Quand Hitler fait tuer des millions de Juifs ? Quand un tsunami fait 230 000 morts en 2004 ?
Aux yeux des hommes, Dieu n’est jamais sur le podium pour les belles choses de la vie, mais il est toujours sur le banc des accusés pour toutes ces calamités. Une dissymétrie qui en dit long sur le cœur humain.
Pourtant, le prophète Ésaïe nous présente un Dieu qui règne de façon absolue. Contrairement aux idoles de bois qui ne contrôlent que par l’imagination qu’elles suscitent. Dieu règne.
Il contrôle.

1. Dieu contrôle tout selon ce qu’il est (46.9)

Souvenez-vous des premiers événements ; car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre, je suis Dieu, et rien n’est semblable à moi.
Dieu est. Il exerce son règne selon sa nature, selon ce qu’il est. Chacune de ses décisions, chacun de ses actes s’exprime selon l’ensemble de ses attributs : il exerce sa souveraineté avec sainteté, avec justice, avec amour, avec patience, avec bienveillance, avec colère…
Dieu agit ainsi très différemment de nous : si je suis irrité, le peu d’amour que j’ai dans le cœur s’éloigne très vite de moi. En sorte que mon irritation n’est pas juste, parce qu’elle est égoïste et dénuée d’amour. À l’inverse, quand Dieu exprime son jugement, ou quand Dieu décrète ou permet un événement tragique, ce n’est jamais sans lien avec d’autres attributs de sa personne, à savoir l’amour, la volonté de sauver, la sagesse, etc.
Le verset 9 nous exhorte à considérer « les premiers événements ». Nous devons méditer sur les œuvres passées de Dieu — notamment quand la vie est dure — pour être émerveillés par la manifestation de sa souveraineté.
Ce que Dieu a réalisé dans le passé ne peut que nous éblouir. Noé, Lot, Rahab, Ruth, etc., dans leurs épreuves, ont bénéficié de la grâce de Dieu qui s’alliait à sa puissance et à sa souveraineté. Dieu est le même. Son caractère n’évolue pas et ne change pas. Ses attributs restent identiques dans ses jugements comme dans ses actes de sauvetage.
Voilà un bon thème de culte personnel : se souvenir des actes rédempteurs de Dieu dans l’histoire, puis basculer sur les actes rédempteurs de Dieu dans notre histoire personnelle.
Ésaïe enchaîne avec plusieurs qualités qui sont propres à Dieu :
● Il « est » (« Car je suis Dieu »). Son existence est indépendante de toute autre, à l’inverse de
la création qui elle, est dépendante. Dieu ne l’est pas. Il n’a ni commencement ni fin.
● Il est « autre » (« Et il n’y en a point d’autre »). Dieu est unique en son genre et personne n’entre en compétition avec lui. Dieu n’a pas de rival — pas même Satan qu’il contrôle.
● Il est incomparable (« Rien n’est semblable à moi »). Tout ce que nous pouvons formuler au sujet de Dieu restera partiel, car il n’existe aucune comparaison adéquate. Les théologiens parlent de l’incompréhensibilité de Dieu… Il nous dépasse dans son être, sa volonté, et ses œuvres. Personne ne peut avoir une perspective complète sur Dieu.
En contemplant la souveraineté de Dieu, la première attitude qui nous convient est l’humilité !
Nous devons saisir, par la foi, que la souveraineté de Dieu s’exprime d’une manière intelligente, parce que Dieu est intelligent, d’une manière aimante, parce que Dieu est aimant, d’une manière juste, parce que Dieu est juste, etc. Mais sans que l’on puisse nécessairement le comprendre parce
qu’il est au-delà de toute compréhension exhaustive. Toutefois, je peux le connaître — tout comme je connais ma femme, mais je ne la comprends pas toujours !

2. Dieu contrôle tout selon son projet (46.10)

 J’annonce dès le commencement ce qui vient par la suite et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli. Je dis : mon projet tiendra bon, et j’exécuterai tout ce que je désire.
Le début du verset 10 évoque son omniscience sur tous les événements futurs. La fin du verset affirme qu’il a la puissance d’accomplir ce qu’il veut réaliser. Les verbes ne laissent aucune ambiguïté sur l’activité de Dieu : il annonce, il dit, il appelle. Il est au contrôle !
Face aux tenants du « théisme ouvert » qui enseignent que Dieu autolimite sa puissance et son omniscience par amour, pour laisser une authentique liberté aux humains, Bruce Ware observe : « Il n’y a pas moins de neuf sections distinctes en Ésaïe 40 à 48, répétées de différentes manières, mais clairement pour relever un même objectif : le  Dieu véritable et vivant, contrairement aux faux dieux imposteurs, se reconnaît comme le Dieu véritable parce que lui seul peut annoncer avec exactitude ce que le futur sera. » [note]Bruce Ware, Their God Is Too Small, p. 36. Cf. És 41.21-29 ; 42.8-9 ; 43.8-13 ; 44.6-8 ; 44.24-28 ; 45.20-23 ; 46.8-11 ; 48.3-8 ; 48.14-16. [/note] Pour Ésaïe, le théisme ouvert est une juste description des idoles. Pas de Dieu. À l’inverse des idoles, ce que Dieu décrète, il l’accomplit. Il a dit qu’une femme enfanterait celui qui écraserait le diable — et il l’a fait : la vierge a enfanté un fils. Il a dit que son serviteur payerait pour les péchés des hommes — et il l’a fait : Jésus est mort
pour nous. Il a dit qu’il ne laisserait pas son Saint voir la corruption et qu’il serait délivré de la tombe — et il  l’a fait : Jésus est ressuscité.
Notre vision de Dieu est souvent binaire :
– soit il est le joueur d’échec qui déplace les pièces sur l’échiquier,
– soit il est le bon grand-père débordé par les enfants qui jouent dans le parc.
Mais cela va à l’encontre du premier point que j’ai souligné : aucune comparaison n’est possible. Il n’est ni le grand-père ni le joueur d’échec !
Oui, Dieu contrôle tout. En reprenant les termes d’Éphésiens 1.11, il est celui qui « opère tout selon la décision de sa volonté ». Et tout ceci est fondé sur sa souveraineté absolue. Dieu est capable d’accomplir ce qu’il désire et n’est pas limité dans son pouvoir :
● « Notre Dieu est au ciel. Il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3).
● « Tout est possible à Dieu. » (Mat 19.26) ou « Rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1.37).
● « Tout ce que l’Éternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans les abîmes » (Ps 35.6).
Oui, assurément, Dieu « exécutera tout ce qu’il désire » (cf. 46.10).

3. Dieu contrôle tout selon sa providence (46.11)

J’appelle de l’orient un oiseau de proie, d’une terre lointaine l’homme qui accomplira mes projets, ce que j’ai dit, je le fais arriver ; ce que j’ai conçu, je l’exécute.

La manière dont Dieu règne est complexe et compliquée ! Ici Ésaïe nous dit que Dieu est la cause première, mais non la cause intermédiaire. L’« oiseau de proie » qui vient de l’orient est une référence à peine voilée à Cyrus, ce roi perse, dont l’étendard était un aigle. Longtemps avant qu’il ne surgisse sur la scène de l’histoire, Dieu dit qu’il viendrait, et qu’il accomplirait son projet — à savoir :
● la conquête de Babylone, l’adversaire d’Israël,
● la libération d’Israël de la captivité et la reconstruction du Temple.
Mais comment Dieu a-t-il conduit Cyrus à venir inverser l’œuvre de Nebucadnetsar ? Jérémie dit à propos de ce dernier : « Tu as été pour moi un marteau, des armes de guerre. J’ai martelé par toi des nations, J’ai détruit par toi des royaumes » (Jér 51.20). Puis il ajoute : « Je rendrai à Babylone et à tous les habitants de la Chaldée tout le mal qu’ils ont fait à Sion sous vos yeux — Oracle de l’Éternel » (Jér 51.24).
L’analogie du joueur d’échecs tombe à l’eau : si Dieu est cause ultime de l’action de Nebucadnetsar, ce dernier reste pleinement responsable de ses actes. En sorte que le contrôle de Dieu est compatible avec la responsabilité de Nebucadnetsar. Dieu a-t-il forcé la main de Nebucadnetsar pour agir contre Israël ? Je suggère l’inverse : Dieu a plutôt relâché son contrôle pour livrer Nebucadnetsar à ses penchants naturels.
Une clé importante pour comprendre la souveraineté divine est de réaliser que cette souveraineté œuvre pour éviter le pire. Les gens s’offusquent de ce que Dieu contrôle toute chose — mais je dis l’inverse ! Heureusement que Dieu est au contrôle, notamment pour tempérer les ardeurs pécheresses de l’homme. Par son règne, Dieu réduit l’expression du mal. Le problème n’est pas la souveraineté contraignante de Dieu ; le problème vient quand il enlève sa contrainte sur l’humanité
(cf. Rom 1.24,26,28 ; 2 Th 2.6). C’est une expression de sa bienveillance, de la grâce commune, que
notre humanité ne se dévore pas davantage ! C’est une expression de son amour quand la terre ne s’effondre pas en tremblements de terre et en ouragans constants.
Que Dieu contrôle toutes choses ne signifie qu’il appuie sur les boutons d’automates. Il agit selon les lois naturelles, les lois psychologiques, les circonstances, etc.
Nulle part mieux que lors de la crucifixion de notre Seigneur Jésus, ne sont visibles la souveraineté providentielle de Dieu et la responsabilité humaine : « En vérité, contre ton saint serviteur Jésus, à qui tu as donné l’onction, Hérode et Ponce Pilate se sont ligués, dans cette ville, avec les nations et avec les peuples d’Israël, pour faire tout ce que ta main et ton conseil avaient déterminé d’avance »
(Act 4.27-28).

4. Dieu contrôle tout selon son plan de salut (46.12-13)

Écoutez-moi, gens endurcis de cœur, si éloignés de la justice ! je fais approcher ma justice : elle n’est pas loin, et mon salut : il ne tardera pas. Je mettrai le salut en Sion, pour Israël, ma parure.
Le contrôle de Dieu s’exerce selon un axe rédempteur. Il contrôle toutes  choses en vue d’accomplir un objectif : « que nous servions à célébrer sa gloire » (Éph 1.12). Dieu appelle à lui les élus de tous les temps, de toute nation. Et Dieu pèse sur l’histoire en sorte que tous ceux et toutes celles qui sont destinés à la vie éternelle entendent la proclamation de l’Évangile et soient sauvés (cf. Act 13.48).
Ésaïe annonce que la justice vient. Il suffit de lire Ésaïe 53 pour voir à quoi ressemble cette justice : un serviteur souffrant qui vient justifier ses enfants par sa mort expiatoire. Oui, son salut n’a pas tardé. John MacArthur a observé qu’il y avait beaucoup plus de conversions après des tremblements de terre. Comme quoi, la souveraineté de Dieu dans son appel est médiée par des événements très terrestres !
L’entrée dans le royaume de Dieu varie d’un homme qui toute sa vie cherche la perle rare à celui qui tombe sur un trésor sans l’avoir cherché (cf. Mat 13.44-45).
En sorte que nous ne pouvons pas nous dire : « Je ne fais rien puisque Dieu règne. » À l’inverse, parce que Dieu règne, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour aimer ceux qui m’entourent et pour que le commandement de l’Évangile retentisse à toutes les oreilles !
Nous sommes devant le Seigneur :
● transgresseurs de sa loi : coupables devant sa sainteté,
● souillés et honteux : exclus de sa présence,
● apeurés et crispés : voués à des forces qui nous dépassent.
Mais, souverainement, en Jésus-Christ :
● Dieu accorde le pardon : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Cor 5.21).
● Dieu accorde l’honneur : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi en devenant malédiction pour nous, puisqu’il est écrit : Tout homme pendu au bois est maudit » (Gal 3.13).
● Dieu accorde la victoire : « Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi, d’une manière semblable y a participé, afin d’écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans l’esclavage » (Héb 2.14-15).
Le règne de Dieu est bon, son contrôle est intelligent, son action est rédemptrice — même si elle nous dépasse.

Conclusion

Nous avons besoin de cet te transcendance majestueuse et souveraine, source  d’espoir.  N’abandonnons pas la notion de la souveraineté de Dieu. Elle est précieuse. Même dans nos chutes, Dieu exerce son règne. Jésus prévient Pierre, qui allait pécher, que, même en cela, il était sous l’autorisation de Dieu : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et toi, quand tu seras revenu à moi affermis tes frères » (Luc 22.31-32). Quelques jours plus tard, il lui adressera cette question : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » (Jean 21.15-17). Nos vies tout entières sont dans sa main.

Dieu permet, Dieu décrète. Son règne est mystérieux, mais bien réel.
Terminons en citant la Confession de foi dite de La Rochelle (1559) :
« Ainsi, en confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous adorons avec humilité les secrets qui nous sont cachés, sans nous poser de questions qui nous dépassent. Au contraire, nous appliquons à notre usage personnel ce que l’Écriture sainte nous enseigne pour être en repos et en sécurité ; car Dieu, à qui toutes choses sont soumises, veille sur nous d’un soin si paternel qu’il ne tombera pas un cheveu de notre tête sans  sa volonté. Ce faisant, il tient en bride les démons et tous nos ennemis, de sorte qu’ils ne peuvent nous faire le moindre mal sans sa permission. » ■


Cet article est adapté du chapitre 3.1 du livre Devotional Biology de Kurt Wise aux éditions Compass Classroom, p. 71-73.

1. Comment définir la beauté ?

Le mot « beauté », correctement employé, renvoie à un concept holistique. Une chose est dite belle
lorsqu’en la considérant, on est frappé par la manière dont toutes ses caractéristiques s’accordent
de manière cohérente. Ce n’est pas seulement que la chose est simplement jolie — un type d’attrait
esthétique unidimensionnel — mais qu’elle s’intègre bien et qu’elle est en quelque sorte gracieuse. Nous avons par exemple du mal à qualifier de « belle » une personne qui est physiquement attirante mais qui est également artificielle, cruelle, misérable, sournoise, impure ou paresseuse. La beauté implique une sorte d’attrait esthétique multidimensionnel.
Une personne est qualifiée de belle et attractive dans tout son être, tant physiquement, émotionnellement que moralement

2. La beauté de Dieu dans la Parole

Dans un certain sens, l’Écriture fait référence à la beauté de Dieu. Dieu ne nous attire pas par un
ou deux de ses attributs seulement (comme la miséricorde ou l’amour), mais par la cohérence de tous ses attributs (comme la grâce, la patience, la bonté, la justice, l’omniscience, etc.). Et ces attributs s’entrecroisent et s’emboîtent les uns dans les autres d’une manière particulièrement frappante.
En même temps, nous devons admettre que Dieu n’est pas simplement l’addition et l’intégration remarquable d’une multitude d’attributs étonnants. Aucune addition ne peut atteindre l’infini. Chacun des attributs de Dieu est infini et constitue une partie nécessaire de Dieu lui-même. Ils s’accordent tous pleinement, en même temps, en un tout extraordinairement attirant,  extraordinairement beau, qui nous pousse à l’adoration.
C’est ainsi que la « beauté de la sainteté » de Dieu — l’intégralité de la grandeur de tous ses attributs entremêlés — encourage à l’adoration et la louange : « […] Adorez l’Éternel en sainte magnificence » (1 Chr 16.29 ; Ps 29.2, 96.9) ; « et ceux qui louaient dans la sainte magnificence » (2 Chr 20.21). Lorsque le psalmiste écrit : « Je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment : […] contempler la magnificence de l’Éternel […] » (Ps 27.4), il recherche l’intégralité de l’être de Dieu c.-à-d. tous ses attributs réunis. Par conséquent, la plus grande bénédiction qui puisse être accordée à un peuple est que Dieu lui-même soit sa « couronne éclatante » ou sa
« parure magnifique » (És 28.5), car cela signifie que Dieu habite dans, sur et parmi son peuple dans toute sa plénitude et son être.
Parce que Dieu est esprit, cette impressionnante beauté ne peut être vue par des yeux mortels. Mais Dieu désire que nous le connaissions, que nous le connaissions dans sa plénitude, y compris dans sa beauté. Par conséquent, Dieu choisit d’illustrer cette beauté, inaccessible à notre vue, par exemple en créant la beauté physique dont il se revêt lui-même (Job 40.5).

3. Quelques manifestations de la beauté de Dieu

Ici et là, Dieu a manifesté sa présence par ce que la Bible appelle « la gloire de Dieu » — quelque chose de tellement intense en manifestations de la nature de Dieu que cela submerge l’homme. Elle est décrite comme étant si lumineuse, brillante et resplendissante qu’elle « remplit » le lieu qui
l’entoure, comme le temple (Éz 10.4 ; 43.5 ; 44.4) [note] Et cette gloire brillera sur des régions encore plus vastes lors d’événements futurs (cf. Hab 2.14 ; 3.3-4 ; Apoc 18.1).[/note] .

a. En Éden

Dieu a d’abord habité avec l’homme dans un jardin. Seuls les lieux de beauté sont appelés des jardins, à plus forte raison le « jardin de Dieu ».
En effet, Dieu y a fait « pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger » (Gen. 2.9 ; 3.6). Il a choisi des arbres attrayants tant pour la vue que pour le goût. Au moins un des êtres du jardin, le « chérubin protecteur », a été décrit comme ayant une « beauté » et un « éclat » et comme étant paré de pierres précieuses et d’or (Éz 28.13-16).

b. Les sanctuaires terrestres de Dieu

La gloire de Dieu est représentée par la beauté de son sanctuaire (Ps 96.6) — et, par illustration, par les ornements des lieux où il choisit de se révéler.
Lorsque Dieu a ordonné à l’homme de construire une demeure temporaire en son honneur, il a donné des détails méticuleux pour la beauté de ce lieu (Ex 25-27). Il y avait des arômes doux
(des aromates pour le parfum odoriférant), des textures luxueuses (du fin lin) et du bois ayant un grain foncé (l’acacia) avec de magnifiques sculptures. Il y avait des métaux brillants (l’or, l’argent et le l’airain), des pierres translucides (l’onyx), et des étoffes colorées (le bleu, le pourpre, l’écarlate).
Le tabernacle était conçu pour stimuler les sens de la vue, du toucher et de l’odorat. Un autre chapitre est consacré à la description des vêtements du grand prêtre, représentant choisi par
Dieu parmi les Israélites (Ex 28). Ces vêtements comportaient du lin, des broderies, de la dentelle, des pierres précieuses et de l’or — tout cela « pour gloire et pour ornement » (Ex 28.2,40).
Pour orchestrer la construction du tabernacle, ainsi que son ameublement et les vêtements sacerdotaux, Betsaleel et Oholiab étaient « remplis de l’Esprit de Dieu » (Ex 35.30-36.2). Dieu a
donné à ces hommes la capacité et l’inventivité nécessaires pour couper, sculpter, graver, mouler, filer, tisser et coudre. Et tout cela a été fait comme un modèle du ciel et des choses qui le remplissent (Héb 9.23-24). De la même manière, le temple de Salomon était également magnifique (1 Rois 6-7 ; 2 Chr. 3-4).
Et lorsque le temple a été reconstruit à l’époque d’Esdras, Dieu a mis dans le cœur du roi « d’orner la maison de l’Éternel » (Esd 7.27). Dieu souhaite que ses habitations soient belles, comme
un témoignage de la beauté de sa personne même.

c. La vision d’Ézéchiel

Lorsque Dieu choisit de se révéler, il le fait souvent sous une apparence magnifique. Par exemple, lorsqu’Ézéchiel voit le Seigneur (Éz 1.26-28), il semble avoir du mal à décrire ce qu’il voit. Il
fait référence à une pierre de saphir, à de l’airain poli, au feu et à l’arc-en-ciel. Chacun de ces éléments est déjà visuellement éblouissant lorsqu’il est considéré seul ; ensemble, ils devaient
constituer un ensemble vraiment magnifique.

d. La nouvelle création

Enfin, dans l’éternité, la gloire de Dieu fournit la lumière pour tout le ciel (Apoc 21.23) — une lumière qui semble même traverser les objets et les murs, comme si la gloire de Dieu ne pouvait être retenue par aucune chose créée.
Cependant, avant notre glorification, la gloire de Dieu reste redoutable pour les pécheurs [note]Quelques exemples de peur humaine en réponse à la gloire de Dieu :
a) Les bergers ont peur devant les anges à Bethléem : « La gloire du
Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande
frayeur. » (Luc 2.9)
b) Moïse ne peut pas entrer dans le tabernacle (Ex 40.34-35).
c) Les prêtres ne peuvent pas entrer dans le temple (1 Rois 8.11 ; 2 Chr.
5.14 ; 7.1-3).
d) « L’aspect de la gloire de l’Éternel était comme un feu dévorant […]
aux yeux des enfants d’Israël » (Ex 24.17).
e) « Voici, l’Éternel, notre Dieu, nous a montré sa gloire et sa grandeur,
[…] Et maintenant pourquoi mourrions-nous ? car ce grand feu nous
dévorera ; si nous continuons à entendre la voix de l’Éternel, […] »
(Deut 5.24-25). [/note] . Car la gloire de Dieu inclut sa sainteté, et nous en sommes très loin (Rom 3.23). C’est pour cette rai-
son que le visage de Moïse brillait avec une telle intensité que même son frère avait peur de l’approcher ; et cependant il n’avait passé que peu de temps dans la présence de la gloire de Dieu sur le mont Sinaï, (Ex 34.29-30). Pourtant, aussi intenses qu’ont pu être les manifestations physiques de sa gloire, elles ne sont qu’une image terne de la véritable beauté de la personnalité de
Dieu.
La nouvelle Jérusalem, la demeure finale et éternelle de l’homme vivant avec Dieu, est également décrite comme « belle » (Ps 48.3). Elle est « préparée comme une épouse qui s’est parée pour son époux » (Apoc 21.2). Ses fondations sont faites de douze pierres précieuses, ses murs sont en jaspe, ses portes de perles, ses rues en or transparent et elle est éclairée par « la gloire de Dieu » (Apoc 21).
Tout lieu que Dieu lui-même crée pour sa propre demeure est un lieu magnifique [note]  L’incarnation peut être considérée comme une « exception » à cette règle. Jésus, bien qu’il n’ait pas été laid, n’a pas eu une apparence très séduisante pour attirer les gens à lui par sa beauté (És 53.2).  Au contraire, le Verbe (Jean 1.1-3, 14) a renoncé à son état élevé, et a pris l’humble forme d’un serviteur (Phil 2.6-7) afin de toucher l’homme. Il ne cherchait pas ici à illustrer sa gloire, mais il a choisi de prendre une forme moins majestueuse afin de pouvoir nous toucher. Il l’a fait pour se rapprocher de nous. Il est également vrai qu’aujourd’hui encore, le Saint-Esprit choisit de résider dans les croyants, même si les temples qu’ils représentent sont moins beaux.[/note] — une  manifestation physique de la beauté encore plus grande de Dieu lui-même. ■


Tandis que le premier commandement interdit principalement l’adoration de faux dieux (Ex 20.1-3), le deuxième commandement interdit également la création d’images ou de représentations
du seul vrai Dieu et de celles de faux dieux.
L’explication de cette interdiction est apportée par le verset 23 :« Vous ne ferez point des dieux d’argent et des dieux d’or, pour me les associer ; vous ne vous en ferez point. »
Dieu connaissait le cœur de l’homme et sa tendance à l’idolâtrie (cf. Ex 32 et le triste épisode
du veau d’or).

1. Qu’est-ce que l’idolâtrie ?

Le mot « idole » a pour signification : image représentant une divinité que l’on adore comme si elle était la divinité elle-même. L’idolâtrie est le culte rendu à un dieu, elle s’appuie sur la fabrication d’un objet ou d’une image que l’on adore comme si cet objet ou cette image était en fait Dieu.

Que dit la Bible sur les idoles ?

Les idoles ne sont pas des dieux mais des ouvrages fabriqués par des hommes (1 Cor 8.4 ; És 37.18-19). Les adeptes du culte païen leur associent une divinité, mais l’idole ne représente pas de vrai dieu. Ce sont des forces occultes et sataniques, bien réelles, qui jouent le rôle de la divinité. Satan et les démons se chargent de se faire passer pour ces dieux (2 Thes 2.9-11 ; Apoc 13.11-15). L’A.T. donne plusieurs exemples d’idolâtries :
● le peuple d’Israël et le veau d’or (Ex 32) ;
● les royaumes divisés sous l’influence des rois Jéroboam et Roboam (1 Rois 14.15,22-23) ;
● les Philistins et le dieu Dagon (1 Sam 5.1-7).

2. L’interdiction de l’idolâtrie

Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre (Ex 20.4).
Les hommes aiment fabriquer des objets. Des maisons, des voitures, des avions, des bateaux, des tables, des chaises, des cafetières, etc. Et une fois qu’on les a fabriqués, nous avons du plaisir à les utiliser. Nous aimons les créer, et nous pouvons en devenir tellement amoureux qu’ils peuvent devenir nos dieux. Ils prennent notre temps, notre argent, notre énergie, et on y sacrifie parfois même notre propre santé, nos mariages, nos familles, au nom des choses que nous fabriquons ! L’un des grands problèmes des hommes est que nous sommes des « homo idolatricum ».

Mais pourquoi sommes-nous par nature des « homo idolatricum » ?

Nous avons été créés par Dieu pour adorer (Ecc 3.11). Par nature, nous adorons, et nous devons nous interroger sur « qui » ou « quoi » nous adorons. À cause de notre péché qui nous éloigne de Dieu, nous sommes par nature des hommes nés idolâtres ! (Act 17.16-31).
L’expression « image taillée » est utilisée de deux manières dans l’A.T. :
● une représentation de l’Éternel sculptée en bois ou en pierre (Jug 17.3),
● une représentation sculptée d’un dieu païen (2 Rois 21.7).
Les deux cas de représentations sont formellement interdits par ce commandement, la représentation étant un objet fabriqué. Ce commandement interdit aussi la représentation d’objets issus de la création, qui sont dans les cieux (les oiseaux et les astres), sur la terre (les animaux et les plantes) ou dans les eaux (les poissons). Ces choses représentaient entre autres des divinités païennes égyptiennes. Dieu rappelle cet interdit parce que, contrairement à ce que les Hébreux ont vu en Égypte, lui ne s’est pas laissé voir à eux à Horeb, lorsqu’il leur parla du milieu du feu (Deut 4.14-20,23-24).
Le N.T. n’est pas en reste sur la nature idolâtre des hommes et les représentations qu’ils se fabriquent : au lieu de glorifier Dieu, ils vont jusqu’à le remplacer par un homme mortel, alors que
le bon sens permet de connaître Dieu par la création (Rom 1.18-23).

Avertissement contre l’idolâtrie

La Bible nous avertit aussi à plusieurs reprises des conséquences de l’idolâtrie, en raison de la gravité de ce péché (Lév 19.4 ; 26.1). Elle qualifie cet acte d’abomination (Deut 27.15). Dans le N.T.,
l’apôtre Jean rappelle cela en terminant sa première Épître par ces paroles : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5.21.

Qu’en est-il de l’art ?

Le deuxième commandement n’interdit pas l’art. Il interdit l’idolâtrie. Ce sont deux choses très différentes. L’art, la sculpture ou la peinture peuvent être des moyens pour exprimer notre foi. Par exemple, le même jour, où Dieu a donné les 10 commandements, il a également instruit Moïse de façon précise sur les détails de la construction du tabernacle, et l’art y fut exprimé de manière majestueuse (Exode 25.17-22). Non seulement des chérubins furent sculptés, mais aussi des pommes et de fleurs servirent de décoration. Il en fut de même pour la construction du temple de Salomon avec des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies (1 Rois 6.23-26,29- 30,33-34). Il y a donc une place légitime pour l’art religieux, dans le but d’illustrer certaines choses.
L’art a trois fonctions :
● La décoration : Il n’y a rien de mal à peindre la création de Dieu : paysages, montagnes,
fleurs, arbres, plantes, animaux, les océans, lacs et couchés de soleil. Dieu donne du talent, et il n’y
a rien de mal de l’utiliser ainsi.
● L’instruction : Il n’y a rien de mal à faire une représentation de l’arche de Noé pour un
but d’instruction, ou de faire une représentation du tabernacle, de Moïse qui fend la mer Rouge,
de David qui tue Goliath, d’Élie qui lance un défi aux prophètes de Baal, ou d’autres histoires bibliques.
● L’adoration : Contrairement à la décoration et l’instruction, la Bible interdit l’utilisation de l’art pour nous aider à adorer Dieu. Un danger pourrait être lié aux représentations de Jésus : premièrement nul ne sait quelle était son apparence physique, et deuxièmement, du fait que Jésus
est digne de notre adoration et qu’il est le Fils de Dieu, il pourrait y avoir confusion : une représentation de Jésus pourrait vite devenir un objet de dévotion.
L’interdiction des images est donc directement liée à l’acte d’adoration. Lorsque l’art devient la représentation d’un dieu, et que cet objet est adoré, alors nous outrepassons notre droit à l’art et violons le second commandement.

Les idoles aujourd’hui

Le N.T. perçoit l’idolâtrie comme allant bien plus loin que le simple acte de se prosterner devant des statues de bois. L’ennemi est bien plus subtil que cela. En fait, l’idolâtrie est tout ce qui
nous éloigne de Dieu et qui prend plus d’importance dans ma vie que lui.
La débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, la cupidité (c.-à-d. l’argent), etc., sont autant d’idoles qui peuvent prendre la place de Dieu (Col 3.5). Ce à quoi nous nous abandonnons, devient notre dieu. La plupart des gens dans le monde n’adorent pas Bacchus, le dieu romain du vin, mais beaucoup de gens adorent la bouteille ! La plupart des gens dans le monde ne se
prosternent pas devant Aphrodite, la déesse du sexe, ni devant Artémis, la déesse de la fertilité couverte de mamelles, mais beaucoup de gens se prosternent devant le sexe et en font leur dieu.

3. Le piège de l’idolâtrie

Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point (Ex 20.5a).
En se prosternant et en servant, on exprime notre adoration. Même en voulant vénérer des objets, on glisse rapidement vers l’adoration de l’objet et on le substitue au seul vrai Dieu. On ira aussi les servir. L’interdit de ce verset est donc précis et utile, car il évite à l’œil d’être attiré, et à l’âme d’être séduite et capturée. Le verbe « se prosterner » renvoie à l’idée de soumission, tel un vassal à son suzerain, tandis que le verbe « servir » renvoie à l’idée d’un maître. Dès lors, on se soumet à l’idole et celle-ci devient maître de la personne qui l’adore.
Déjà dans le contexte du premier commandement, l’adoration d’un dieu de fabrication humaine était interdite.
« Tu ne te prosterneras point devant leurs dieux, et tu ne les serviras point ; tu n’imiteras point ces
peuples dans leur conduite, mais tu les détruiras, et tu briseras leurs statues » (Ex 2 3.24).
« L’Éternel avait fait alliance avec eux, et leur avait donné cet ordre : Vous ne craindrez point d’autres dieux ; vous ne vous prosternerez point devant eux, vous ne les servirez point, et vous
ne leur offrirez point de sacrifices » (2 Rois 17.35).

4. Le drame de l’idolâtrie

Car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… (Ex 20.5b).
La vérité est la suivante : il n’y a qu’un seul Dieu, l’Éternel, le Dieu qui est jaloux. Être idolâtre équivaut à le haïr (Ex 20.3 ; Deut 6.4-5). Parce que Dieu est jaloux, l’adoration n’est due qu’à lui seul. Le mot « jaloux » peut avoir deux sens. Le premier sens exprime la suspicion, l’aguet, le manque de confiance et l’envie. Le second sens exprime la demande d’une dévotion exclusive, et c’est ainsi que Dieu se présente dès le premier commandement. Il se met en colère contre ceux qui s’opposent à lui.
Comme il est souverain et le seul Dieu, il ne permettra à personne d’usurper sa place. Dieu refuse de partager sa gloire et sa majesté avec une idole en bois ou en pierre  (És 42.8 ; 48.11).
Dieu promet fidélité comme un mari à son épouse. Si l’épouse se détourne de son mari pour un amant, elle commet l’adultère. Dieu compare cet adultère à l’idolâtrie (Jér 3.9 ; Éz 23.37 ; Osée
3.1). Son jugement tombera sur les idolâtres (Deut 32.21).

5. L’absurdité de l’idolâtrie

On se rend vite compte que l’idolâtrie n’a aucun sens. Ceux qui les fabriquent, seront dans la confusion car les idoles ne voient pas, n’ont pas d’intelligence (És 44.9) et sont incapables de sauver (És 44.20, 45.20). On leur apporte de la nourriture et des cadeaux, on leur offre de l’encens, on
les revêt d’habits, on les loge dans des pagodes, des temples, des habitations, on les dépoussière, on les nettoie, on leur allume des bougies. Les idoles ne mâchent, n’avalent et ne digèrent pas
la nourriture qui leur est offerte. Elles ne parlent, ne bougent, ne chantent, et n’aident pas ; elles ne font rien. Ceux qui les fabriquent sont aveugles, ils ne discernent plus, ne s’interrogent et ne constatent pas qu’elles leur mentent (És. 44.18-20). Pourquoi alors les adorer ?
En revanche, le vrai Dieu nous parle et il a parlé de manière audible aux Hébreux dans le désert du milieu du feu (Deut 4.11-12).

Pourquoi Dieu se manifesta-t-il ainsi aux Hébreux, au travers de sa voix ?

Les enfants d’Israël ont entendu Dieu, mais ne l’ont point vu. Comment est-il donc possible de fabriquer une représentation physique de Dieu, alors que personne ne l’a vu ? En effet, « Dieu est
Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.24). Il est donc absurde de vouloir représenter Dieu par une sculpture ou une image. Avec Dieu, la question n’est
pas de le voir ; au contraire, c’est une question de foi en quelqu’un qui n’est pas visible : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jean 20.29 ; cf. Héb 11.1)
Dieu s’est révélé par le biais de sa voix, justement pour que nous ne nous fixions pas sur une image qui va d’office réduire notre perspective. On va mettre Dieu dans une boîte à notre image. C’est pour cela que nous devons mettre dans nos églises l’accent sur la Parole de Dieu.

6. La conséquence de l’idolâtrie (v.5c)

… qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent (Ex 20.5c).
Comment comprendre ce verset ?
Nous sommes en présence d’une  phrase typiquement sémitique, qui ne doit pas être prise de manière mathématique, mais comme un principe vrai.
Moïse dit clairement que les enfants ne seraient pas punis pour les péchés de leurs parents (Deut 24.16 ; cf. Éz 18.19-32).
Mais il est également vrai que les enfants subissent l’influence des parents, lorsque ceux-ci enfreignent la loi divine, comme une conséquence naturelle à leur désobéissance et leur haine
de Dieu. Les enfants éduqués dans un milieu idolâtre s’en imprègnent et reproduisent ensuite
l’exemple des parents, développant eux-mêmes une haine envers Dieu. L’influence d’une génération désobéissante, dont la méchanceté est implantée de manière profonde, peut nécessiter plusieurs générations pour changer du tout au tout, mais rappelons aussi que la grâce rédemptrice de Dieu a le pouvoir de casser ce déterminisme et de libérer ceux qui sont sous ce type d’influence.
Il convient de faire une distinction entre les résultats naturels d’actions mauvaises liés à notre péché, et la punition directe infligée de la part de Dieu en réponse à cette action.
Le péché qui est puni ici, est la haine envers Dieu. En effet, toute personne idolâtre hait Dieu, et par conséquent, elle est punie par Dieu. Il est évident que la violation de la loi de Dieu par une génération va avoir des effets néfastes sur la génération suivante.
Mais le pécheur est puni pour son péché de haine, pas pour le péché de son père.
J’hérite de mes parents une nature pécheresse. Je peux également apprendre des comportements mauvais à cause d’eux. Mais je ne suis pas puni pour leur péché, je suis puni pour mon péché.
Si je décide de rejeter le seul vrai Dieu et d’adorer des faux dieux, devenant ainsi idolâtre, cela
pourra avoir un effet dramatique sur mes enfants. La sentence ultime des idolâtres sera leur exclusion du ciel (Apoc 21.8 ; 22.15).

7. L’antidote de l’idolâtrie

… et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements (Ex 20.6).
De nouveau, ce verset use d’une phraséologie typiquement sémitique.
L’idée de « mille générations » est une phrase vague, un peu comme les « myriades d’anges » (Héb 12.22 ; Apoc 5.11).
Tandis que la méchanceté d’une génération influence la suivante, et que Dieu punit ceux qu’ils le haïssent, une génération qui aime Dieu, aura un effet positif sur les suivantes ; le contraire est donc également vrai. La décision d’adorer le seul vrai Dieu en esprit et en vérité, de l’aimer, de garder ses commandements, aura un effet positif sur les enfants.
L’accent devrait être mis sur ce verset, et l’enseignement à en retenir est la largesse infinie de la
bonté de Dieu pour ceux qui l’aiment et qui gardent ces commandements.
Certes Dieu punit ceux qui le haïssent, mais en contrepartie il bénit surabondamment ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements ! Par notre attachement à ses commandements, nous
prouvons notre amour pour lui.
Recevoir un héritage divin de la part de ses parents va clairement être une bénédiction pour les enfants, une sanctification particulière (1 Cor 7.14).
Néanmoins, chacun est redevable devant Dieu pour lui-même. Les parents ne peuvent pas croire pour leurs enfants, mais ceux-ci, en ayant des parents chrétiens, auront des facilités dans leur chemin de foi. La récompense de ceux qui adorent justement le seul vrai Dieu sera la félicité éternelle (Apoc 22.14,17). ■


Quel est le sens des expressions bibliques qui attribuent à Dieu la forme, les actions ou les sentiments des hommes ?

Ces anthropomorphismes se trouvent en filigrane d’un bout à l’autre de la Bible.

Rares sont les lecteurs qui en déduisent que Dieu est pourvu d’un corps physique mais certains sont plus ou moins déconcertés par ce langage figuré ; le chrétien a besoin de repères.

Un mode de communication adapté à une différence singulière

Dieu est invisible : « Nul homme ne l’a vu, ni ne peut le voir » même s’il peut se manifester sous une forme visible. Dieu est présent partout : « Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent le contenir », même s’il peut manifester sa présence en un lieu précis. « Dieu est Esprit », mais il a créé l’homme en chair et en os. Par quel langage ce Dieu qui est esprit, invisible et infini peut-il donc se faire connaître à l’homme dont la pensée et le langage sont limités par sa vie corporelle ? Il
s’est servi de l’analogie et de l’anthropomorphisme : « Le Seigneur s’est mis à notre portée comme des parents qui imitent le balbutiement de leurs enfants pour communiquer avec eux » (J.-M.  Nicole).

Dieu aux traits humains

De nombreux textes lui prêtent un corps : il étend sa main pour nous sauver, ouvre sa bouche pour nous parler, tend son oreille pour nous écouter. Il chevauche dans les cieux, descend sur la terre, et même rit et siffle. Au début de la Bible il façonne l’homme de la poussière du sol comme un
potier et à sa fin, essuie toute larme des yeux de ses enfants comme un parent. Les émotions humaines sont également attribuées à Dieu. De la Bible, ce langage passe naturellement dans les prières et le témoignage du chrétien qui, un jour, se rend compte qu’il doit veiller à la cohérence de ses propos.

Dieu a-t-il un corps ?

Les figures qui prêtent à Dieu un corps ne sont pas à prendre au pied de la lettre, puisqu’il est Esprit. Bien qu’invisible et esprit, parfois Dieu s’est fait connaître partiellement sous une forme visible et humaine. Après sa lutte avec « un homme », Jacob a dit : « J’ai vu Dieu face à face. » De la même manière, Dieu s’est révélé à Moïse, Ésaïe, Ézéchiel et bien d’autres. Puisque sa forme, à ces occasions, variait d’une manifestation à une autre, elle ne constituait pas son être essentiel.
Ces théophanies (que l’on a appelé anthropomorphismes en action) « peuvent être considérées comme un prélude à l’incarnation » (J.-M. Nicole), l’incarnation elle-même est parfois appelée l’anthropomorphisme suprême mais le corps du Fils de Dieu n’est pas une figure. « En lui habite toute la plénitude de Dieu corporellement » (Col 1.15).

Dieu a-t-il des sentiments ?

Certes Dieu n’est pas déstabilisé comme les hommes par des émotions qui le maîtrisent. « En lui il n’y a ni changement ni ombre due à des variations. » Cependant comment concevoir le Dieu de la croix sans sentiment ? « Il a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Ni la souffrance, ni la méchanceté des hommes ne le laissent indifférent. « Comme un père est plein d’amour pour ses enfants, l’Éternel est rempli d’amour pour ceux qui le révèrent ». Ceci dit, il ne faut pas oublier que les termes qui désignent nos émotions ont acquis des nuances péjoratives à cause du péché humain. Nous devons donc écarter ces nuances, lorsque nous attribuons des émotions à Dieu. Dieu est-il jaloux ? Oui, dans ce sens qu’il ne tolère aucun rival, comme un époux qui aime sa femme, mais il n’y a en lui rien qui ressemble à l’envie humaine qui ne supporte pas la joie des autres. Et la colère de Dieu ? Oui il s’oppose au mal sous toutes ses formes et le jugera, mais sa colère n’est pas capricieuse.

Dieu regretta

Il « regretta d’avoir fait l’homme sur la terre » (Gen 6). Certains se sont appuyés sur ce « regret » de Dieu pour affirmer qu’il ne connaît pas d’avance les choix des hommes. Pour eux, cette position est nécessaire pour maintenir la liberté humaine. Cependant, Jésus connaissait d’avance le reniement de Pierre et la trahison de Judas sans que leur responsabilité en soit diminuée pour autant. Que dire, donc, du regret de Dieu ? « Il n’est pas comme un être humain pour se rétracter » (1 Sam 15.29). Il ne revient pas sur ses desseins ou ses promesses mais, fidèle à lui-même, il change d’approche dans son accompagnement des hommes instables qui s’égarent.

Dieu se reposa

« Il se reposa au septième jour » (Gen 2). Un musulman peut s’en étonner, citant le Coran qui affirme que Dieu a tout créé sans se fatiguer. Cependant le repos de Dieu ne suppose pas sa
fatigue. « Le Dieu d’éternité, qui a créé les extrémités de la terre… ne se fatigue ni ne se lasse » (És 40.28). Son repos signifie l’achèvement de la création et le plaisir qu’il y prend.

Dieu se souvint

« Dieu se souvint de Noé ». « L’arc paraîtra… et je me souviendrai de mon alliance » (Gen 8.1, 9.15); Non, la mémoire de Dieu ne défaille pas !
L’homme peut penser qu’il est oublié mais Dieu, qui n’ignore pas la mort d’un moineau, est constamment attentif à ses créatures et promet à son peuple : « Moi je ne t’oublierai pas » (És 49.15). Il se souvient dans ce sens qu’il choisit son heure pour mettre en œuvre ses promesses en leur faveur.

Un langage à savourer

Par les anthropomorphismes de sa Parole, Dieu s’accommode à notre faiblesse pour nous faire comprendre qu’il est vivant et personnel. Ce langage est donc une grâce, même si nous avons besoin de l’interpréter avec retenue. Le chrétien ne doit pas non plus y voir un code à décrypter. Il convient plutôt de savourer le langage que Dieu a choisi. « Comme un Berger, il paîtra son troupeau et il rassemblera ses agneaux dans ses bras et les portera dans son sein » (És 40.11).
Transposons la figure en langage abstrait, mais surtout laissons-nous réconforter ! Lorsque le peuple de Dieu craint qu’il soit oublié, il n’est pas nécessaire de cliquer mentalement sur « anthropomorphisme » pour apprécier la réponse de Dieu : « Voici, je t’ai gravé dans le creux de mes mains. »

En attendant

La nature de Dieu ne peut pas nous être révélée pleinement par le langage humain. C’est, en partie, ce qui fait dire à l’apôtre Paul qu’ « aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir ». Les anthropomorphismes bibliques en sont une illustration.
Leur audace et leur simplicité nous invitent à une relation dynamique avec le Dieu vivant et nous donnent le moyen d’en parler en attendant… le jour où « nous verrons face à face ». ■


« Définir » qui est Dieu est une entreprise ardue, d’aucuns diraient présomptueuse. Comment nous, créatures finies, pouvons-nous dire qui est notre Créateur infini ? Il est néanmoins possible de tirer quelques affirmations simples sur Dieu à partir de la révélation écrite qu’il a faite de lui dans la Bible. Les sept affirmations retenues ont également, nous le verrons, des conséquences pratiques importantes.

1. Dieu est personnel (Ex 3.14)

Quand Moïse demande à Dieu qui il est, ce dernier lui répond : « Je suis celui qui suis » (Ex 3.14).
Par ce « je », Dieu se révèle dès le début comme un dieu personnel. Le Dieu des monothéistes se distingue radicalement des dieux impersonnels des religions orientales.
Dieu possède les attributs de la personnalité. Ceux-ci nous sont connus et sont définis par rapport à la personnalité de l’être humain. Les appliquer à Dieu constitue un anthropomorphisme, que la Bible nous autorise. Elle nous parle de son intelligence (Ps 147.5), de ses sentiments (Gen 6.6 ;
Jug 10.16) et de sa volonté (Ps 115.3).
De plus, Dieu est constamment désigné dans la Bible sous des noms et des pronoms personnels : implicitement, il se présente comme une personne.
Nous le voyons interagir avec les humains de façon personnelle : pensons à ses dialogues avec
Abraham ou Moïse.
Finalement, il s’est pleinement révélé dans la personne de Christ (Col 2.9).
La personnalité de Dieu est importante pour donner un sens à la vie, à l’univers et à l’homme : c’est parce que Dieu est un dieu personnel, avec qui je peux être en relation, que je trouve ma place — ce qui ne serait pas le cas s’il n’était juste qu’une influence ou une puissance.
En conséquence, je peux vivre une relation personnelle de communication avec lui, qui connaît mes besoins propres et qui interagit avec moi selon a propre personnalité.

2. Dieu est « un » (1 Tim 2.5)

L’unicité de Dieu est affirmée de diverses manières dans l’Écriture. Paul affirme : « Il y a un seul Dieu » (1 Tim 2.5 ; 1 Cor 8.6) et « Dieu est un seul » (Gal 3.20).
L’unicité de Dieu est la conséquence logique des diverses perfections de Dieu. Par exemple, il est impossible d’avoir deux êtres omnipotents : si l’un est tout-puissant, l’autre ne le sera pas, car sinon le premier ne le serait plus.
L’unité de Dieu va de pair avec la « simplicité » de Dieu. Par là, nous affirmons qu’il n’y a pas d’opposition entre les divers attributs divins, qui sont parfaitement cohérents. La seule « limitation » en Dieu est la cohérence de son être et de ses attributs. Cette simplicité signifie aussi qu’un attribut divin ne définit jamais complètement Dieu ; il ne se « partage » pas. Il n’est pas possible de le « disséquer » en qualités indépendantes l’une de l’autre.
Toutefois, le Dieu unique existe de façon plurielle dans des « personnes », comme en témoignent les pronoms utilisés par Jésus : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10.30 ; cf. 14.23). La nature de Dieu, en particulier son amour, impose cette réalité à son essence : le Dieu qui est amour trouve éternellement au sein même de la triunité qu’il constitue la possibilité de démontrer cet amour : « Le Père aime le Fils » (Jean 5.20).
En conséquence, s’il n’y a qu’un seul Dieu, nous devrions ne pas en avoir d’autre ! Le Décalogue l’imposait déjà et de nombreux textes réitèrent cette interdiction (e.g. És 45.21-22). Jean renouvelle cet avertissement : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5.21). Notre « Dieu véritable » est celui qui s’est parfaitement révélé en Jésus-Christ son Fils.
Alors rejetons tout autre chose ou toute autre personne qui viendrait prendre la première place dans notre cœur (car, au fond, c’est cela, une idole !).

3. Dieu est éternel (Rom 16.26)

Dieu existe indépendamment du temps qu’il a créé : il « habite l’éternité » (És 57.15 Darby), et Moïse affirme : « D’éternité en éternité tu es Dieu » (Ps 90.2). Dieu n’a ni commencement
ni fin et il est libre par rapport à toute succession temporelle. Il contient en lui-même la cause du temps dont il a une connaissance parfaite.
Dans son être, dans ses perfections, dans son dessein, dans ses promesses, Dieu reste toujours, à tout moment, à toute époque, le même : « Dans le Père des lumières, il n’y a ni changement ni
ombre de variation » (Jac 1.17).
Si Dieu est immuable, il n’est pas pour autant immobile car il est aussi le Dieu vivant. S’il y a une parfaite stabilité en Dieu, il n’y a pas de fixité. C’est pour cela que l’Apocalypse l’appelle « celui
qui est, qui était et qui vient » — et non « qui sera » : il vient, il agit.
Tirons-en deux conséquences :
● Par rapport à son immuabilité : Dieu est le même dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament. Ce truisme n’est pas forcément évident pour tous : certains voient Dieu dans l’A.T. comme le Dieu vengeur en contraste avec le Dieu plein de grâce du N.T. Or c’est le même Dieu qui se présente dans toute l’Écriture. Les modalités de sa révélation s’adaptent à la progression de son plan du salut. Le N.T. introduit seulement une révélation plus complète du Dieu immuable, puisque, entre temps, Jésus Christ est venu.
● Par rapport au temps : « Nos temps sont en sa main » : si brève que soit notre existence à la lumière de l’éternité divine (Moïse le souligne bien dans son Psaume 90), elle n’échappe pas à la souveraineté de celui qui l’inscrit dans le temps, au moment voulu par lui et qui en mesure la
durée.

4. Dieu est vivant (1 Tim 4.10)

« Le Père a la vie en lui-même » (Jean 5.26), affirme Jésus. Dieu est « vie » dans le sens où, intrinsèquement, il « est », et il est actif (il « travaille » dit le contexte de ce verset). Dieu vit et
ne peut pas mourir : lui « seul possède l’immortalité » (1 Tim 6.16).
La vie qui est en Dieu s’étend au-delà de lui, dans sa création. Dieu est source de toute vie. Paul affirme aux Athéniens païens : « En lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Act.17. 28). C’est parce qu’il existe un Dieu vivant que nous existons en tant qu’êtres vivants. Notre existence à tous — croyants ou non — est liée à son action : « Le Dieu vivant est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (1 Tim 4.10).
Tout homme tient sa vie physique du Dieu vivant, mais la vie, la vraie vie, la vie de « qualité éternelle », est d’être en relation avec le Dieu vivant : « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent,
toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17.3).
En conséquence, accueillons avec reconnaissance chaque jour de vie que Dieu nous donne sur la terre, et mettons-le à profit pour développer la vie éternelle que nous avons reçue de sa part sans attendre que cette vie trouve son plein développement dans notre corps immortel de résurrection.

***

À ces quatre affirmations sur l’« essence » de Dieu, s’ajoutent trois affirmations très simples mais ô combien profondes sous la plume du même apôtre Jean dans le N.T. Peut-être est-ce la moins mauvaise « définition » que nous puissions trouver de Dieu : Dieu est esprit, Dieu est lumière, Dieu est amour. Ces trois aspects forment le « trépied » de la révélation que Dieu donne de lui-même. Essayons maintenant de voir ce qu’il est possible de mettre derrière ces trois aspects.

5. « Dieu est esprit » (Jean 4.24)

Dieu est invisible

● Dieu ne peut se voir : Jésus ressuscité, lorsqu’il se présente à ses disciples, leur dit : « Un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai » (Luc 24.39). Un esprit n’est pas directement perceptible par nos sens. Dieu n’est donc pas visible :
il est le « roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu » (1 Tim 1.17 ; cf. Ex 33.20).
● Dieu s’est laissé voir historiquement, en Jésus. Dans l’incarnation de son Fils, le Dieu invisible a pris corps et a pu être vu, touché, par des humains (Jean 1.18 ; 1 Jean 1.1-2). Voir Jésus n’était autre chose que de voir le Père, Dieu dans sa plénitude sous forme humaine (Jean 14.9).
● Aujourd’hui, Dieu se laisse voir par des hommes et des femmes sauvés, renouvelés, possédant désormais la nature divine et qui reflètent par la puissance de l’Esprit en eux — même si ce n’est que partiellement — ce qu’est Dieu. Et, eux, à leur tour, ont une « vision » de Dieu, certes par la foi, spirituellement, qui est plus claire et plus nette que d’autres :« Heureux ceux qui ont le cœur pur,
car ils verront Dieu » (Mat 5.8).
● Dieu se laissera voir réellement, un jour : dans la béatitude de l’état éternel, les rachetés auront le privilège d’une vision directe, immédiate, éternelle, de Dieu : ils « verront sa face » (Apoc 22.4).

Dieu est omniprésent, omnipotent, omniscient

L’omniprésence de Dieu signifie qu’il n’est pas limité par l’espace. Il est immanent et transcendant, à la fois présent dans toute sa création et en-dehors d’elle, sans qu’elle le limite ou le lie : « Ne remplis-je pas, moi, les cieux et la terre ? » (Jér 23.24).
La conséquence de cette omniprésence est inquiétante pour le pécheur qui ne peut pas le fuir (Ps 139.7-10), mais consolante pour le croyant qui sait Dieu toujours près de lui (Deut 4.7).
L’omnipotence de Dieu signifie qu’il peut tout. « Notre Dieu est au ciel, Il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3 ; cf. Ps 62.11 ; Job 42.2) et « rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1.37). La puissance de Dieu met en action toutes ses autres perfections et leur donne efficacité. Dieu n’est limité que par l’harmonie de ses perfections ; il peut tout faire, sauf « se renier lui-même » : il ne peut donc pas mentir, être tenté, s’auto-anéantir, etc.
Une conséquence est que Dieu « peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Éph 3.20). Ayons davantage foi dans la toute-puissance de notre Père !
L’omniscience de Dieu signifie qu’il sait tout. Il a une pleine connaissance de lui-même (Mat 11.27 ; 1 Cor 2.11) ; il sait tout sur sa création ; il sait tout sur tous les humains, leurs actions, leurs paroles, jusqu’à leurs pensées les plus intimes (Ps 33.15 ; 139.4 ; 94.11). Plus encore, non seule-
ment il sait, dans une connaissance immédiate, parfaite, complète, sans apprentissage, de façon réelle, ce qui est, mais Dieu sait ce qui aurait pu être (cf. Mat 11.21).
Une conséquence est qu’il ne nous sert à rien de lui cacher quoi que ce soit : « Tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Héb 4.13). Il connaît nos circonstances, nos pensées, nos sentiments, nos émotions, mieux que nous-mêmes.
Ces trois attributs divins se relient à Dieu comme esprit car seul un être qui est esprit peut les avoir.

Dieu est saint

Les trois attributs de Dieu évoqués ci-dessus lui sont propres ; ils sont « incommunicables » et, même dans la nouvelle création, nous resterons des créatures finies, pas « omni- ». En cela,
Dieu est « saint », tout autre, transcendant : « Seul tu es saint » chantent les rachetés (Apoc 15.4).
Négativement Dieu est séparé de tout ce qui n’est pas en harmonie avec lui ; il est exempt de tout mal (Hab 1.13). Cet attribut rejoint l’aspect suivant : « Dieu est lumière et il n’y a point en lui de
ténèbres » (1 Jean 1.5).
En conséquence, nous sommes appelés à être saints comme lui (1 Pi 1.15-16), à reproduire ses qualités spirituelles, à refléter ses attributs communicables que nous allons voir.

6. « Dieu est lumière » (1 Jean 1.5)

Que mettre derrière ce mot de « lumière » ? Éphésiens 5.9 nous ouvre des pistes : « Le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. » Détaillons ces trois attributs que Paul relie directement à la lumière.

Dieu est juste

La justice est à la fois un état et une action. Dieu est juste intrinsèquement (son état) et il exerce la justice en prononçant des jugements appropriés selon les lois — au sens le plus large du terme — qu’il a instituées. La justice de Dieu revient comme un refrain dans l’Apocalypse en relation avec ses jugements sur la terre : « Tu es juste, toi qui es, et qui étais ; tu es saint, parce que tu as exercé
ce jugement » (Apoc 16. 5).
La justice de Dieu nous est désormais imputée : « Il montre ainsi sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus » (Rom 3.26). Désormais les croyants sont eux-mêmes « la justice de Dieu » (2 Cor 5.21).
En conséquence, la justice de Dieu est la base de notre intercession.
Comme Abraham, nous pouvons plaider : « Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? » (Gen 18.25) Même si nos demandes sont imparfaites, selon une appréciation partielle (voire partiale !) des situations, nous savons que lui agira toujours selon sa parfaite justice.

Dieu est vrai

Dieu est vrai en contraste avec des idoles inertes et illusoires (1 Thes 1.9). Dieu est stable, ferme, réaliste, sincère, non trompeur. Il est vrai dans ce qu’il dit et sa Parole est la vérité (Jean 17.17). Il ne peut mentir et tiendra ses promesses envers nous (Tite 1.2).
En conséquence, nous pouvons avoir une pleine assurance dans ce que Dieu nous dit, même si les apparences peuvent parfois nous faire douter.

Dieu est bon

Spontanément, nous ne relierions pas la bonté de Dieu avec son aspect « lumière », mais plutôt avec son aspect « amour ». Or c’est pourtant le lien que fait Paul dans le verset d’Éphésiens 5. Ne disons plus : « Dieu est lumière, MAIS Dieu est amour. » Il est lumière ET amour. En son être se concilient à tout moment de façon parfaite et non contradictoire la parfaite lumière et le parfait amour. Chacun de ses décrets, chacune de ses actions reflètent et son amour et sa lumière. Cet attribut de « bonté » permet de lier ces deux côtés de la nature de Dieu, au point que certains l’ont qualifié d’attribut par excellence de Dieu (cf. Ps 107.1 ; Marc 10.18). Avoir foi dans la bonté de
Dieu est un prérequis pour avoir une juste vision de qui il est.
La bonté de Dieu se manifeste dans toutes ses œuvres, comme en témoigne le refrain qui ponctue le récit de la création.
La bonté de Dieu est la disposition positive de Dieu envers l’homme.
Elle s’étend à tous (Ps 145.9) mais se montre de façon particulière envers les siens (Ps 73.1).
En conséquence, soyons persuadés que tout ce qui nous est donné de bon vient de Dieu (Jac .17). Nous qui sommes si volontiers ingrats, comptons les bontés si nombreuses dont il nous comble (cf. És 63.7).

7. « Dieu est amour » (1 Jean 4.8,16)

Dieu est esprit, lumière et amour. Jean répète ce dernier aspect. Peut-être est-ce celui qui nous vient le plus spontanément. Dieu est amour… mais l’amour n’est pas Dieu. Dieu est la source de tout amour humain mais ne divinisons pas l’amour ! L’amour selon Dieu est la recherche active constante du bien de l’objet aimé. Non pas sous la forme d’une indulgence naturelle, d’une aimable faiblesse, d’un sentiment diffus et mièvre, plus ou moins influencé par le caprice, la subjectivité
ou la passion. C’est l’amour volontaire, éternel, immuable d’un être parfait (Jér 31.3).
En conséquence, reposons-nous sur la certitude que rien « ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rom 8.39).
Il vaut la peine d’éclairer ce qu’est le grand amour en Dieu par plusieurs termes connexes :
● Sa grâce est l’amour généreux de Dieu envers ceux qui ne méritent rien, son cadeau sans contrepartie (cf. Éph 2.5-8).
● Sa miséricorde est l’amour de Dieu en réponse à la misère de l’homme, qui ne lui donne pas ce qu’il mériterait (cf. 1 Tim 1.13,16).
● Sa compassion est l’amour de Dieu en réponse à la détresse et aux difficultés de l’homme (cf. Rom 12.1).
● Sa patience est l’amour de Dieu qui attend la réponse de l’homme (cf. 2 Pi 3.9).
● Sa fidélité est l’amour de Dieu qui remplit ses engagements, qui accomplit ses promesses (cf. Deut 7.9).
En conséquence, quel que soit notre besoin, quelles que soient nos circonstances, il y aura toujours une facette adaptée de son amour pour nous !

Conclusion : un schéma bien limité

Sept mots, sept aspects de Dieu… Il y en aurait bien d’autres, car il ne sera jamais possible de «  résumer » Dieu. Pour finir, récapitulons par un schéma les attributs liés à la nature du Dieu esprit, lumière et amour :

Il serait tout à fait possible d’arranger ces attributs de Dieu différemment. Dieu est tellement cohérent en lui-même que chercher à le représenter ainsi est forcément réducteur. Cherchons humblement, au travers de toute l’Écriture, à connaître un peu mieux celui qui en est l’auteur, qui nous attire à lui et fait de nous ses enfants. ■

 


Quand on pense à Dieu, il est plus aisé de concevoir un Seigneur glorieux qu’un Dieu humble.
Avons-nous même le droit de parler du Dieu tout-puissant, créateur, celui qui donne la vie
et qui la reprend, comme ayant une part d’humilité ?
Certains en doutent.

Pourtant, en contemplant les trois personnes de la Trinité, il en ressort que, même si le Dieu
trinitaire est glorieux, il se place souvent en retrait par amour, mettant l’humanité en premier, respectant notre liberté.

Le Saint-Esprit

Dans la vie du disciple, le Saint-Esprit ne s’impose pas, mais se propose. Il inspire, enseigne, aide, encourage, se tient prêt à agir au besoin. Mais chacun est libre d’écouter cette voix, d’être sensible à la conduite du Saint-Esprit pour grandir — ou alors de la faire taire pour aller vers d’autres voix, de l’ignorer et d’agir à sa guise.

Jésus

Après que sa gloire a été révélée lors de son baptême et de la transfiguration, la lecture suivie des Évangiles montre que Jésus ne profite pas de cette gloire. Il se laisse rejeter, arrêter, juger, torturer et crucifier, laissant s’accomplir la plus grande injustice de l’humanité. Le prophète Ésaïe avait annoncé que le serviteur souffrant donnerait sa vie plutôt que d’affirmer ses droits (És 52.15-53.12). Ainsi Jésus n’a jamais imposé sa compagnie ou ses enseignements aux gens qu’il a côtoyés. Au contraire, il proposait : « Toi, suis-moi ! » et laissait chacun libre de la réponse.

Dieu

En lisant l’Ancien Testament, il est frappant de constater que lors de la traversée du désert et
de la conquête de Canaan, Dieu s’est contenté d’une tente, le tabernacle, comme lieu de culte. Cela a duré non seulement jusqu’à ce que le peuple soit bien établi dans le pays promis, mais encore après, jusqu’à ce que le peuple prospère et vive dans l’abondance sous le règne de Salomon (1 Rois 5.1-14).
Dieu n’a pas demandé un culte comme celui de beaucoup de faux dieux, avec un temple, glorieux, bien en vue, alors que le peuple survivrait tant bien que mal autour.

Le disciple n’est pas plus grand que son Maître

L’être humain aime se mettre en avant, sur le devant de la scène.
Il a tendance à jouer des coudes pour arriver à ses fins. Pourtant, en tant que disciples de Jésus, se plaçant sous l’autorité de Dieu et avançant sur le chemin de la sanctification avec l’aide du Saint-Esprit, nous devons sans cesse nous remettre en question et ne pas nous croire plus grands que notre Maître. Si le Dieu trinitaire a agi humblement et s’est mis en retrait, combien plus devrions-nous le faire !


Les questions soulevées par l’épidémie actuelle soulignent encore la fragilité humaine…
La Bible n’a pas attendu ce virus pour l’affirmer !
Heureusement aussi, les réponses données dans la Parole de Dieu sont valables à toutes les époques.

Lorsqu’Ésaïe écrit, le peuple est encore dans son pays.
Mais comme il ne respecte pas l’alliance passée avec Dieu à l’époque de Moïse, les sanctions prévues dans l’alliance vont s’appliquer. L’Ancien Testament présente en effet une alliance des œuvres entre Dieu et son peuple, c’est-à-dire  que les bénédictions terrestres sont en lien avec l’obéissance.
La grâce est promise, présente même, mais pas de la même manière que dans l’alliance du Nouveau Testament. Ésaïe annonce déjà que le peuple sera envoyé en exil, déporté loin de son pays. Il anticipe les questions :
Que fait Dieu ? Peut-il vraiment nous aider ? Avons-nous des raisons de nous confier en lui ?

Nous aussi, nous rencontrons ces questions tout au long de notre vie chrétienne, le plus souvent lors d’épreuves, de difficultés ou de crises. Que fait Dieu ? Peut-il vraiment m’aider, nous aider ? Avons-nous des raisons de nous confier en lui, est-il digne de confiance ?
Ésaïe, inspiré par Dieu, nous répond. Après avoir prédit l’exil, Ésaïe a annoncé que le peuple allait revenir dans son pays, guidé par Dieu comme lors du retour d’Égypte. Est-ce possible ? Dieu va-t-il le faire ? Dieu peut-il le faire ?
Ésaïe 40 v. 12 à 31 a une structure spéciale qui fait ressortir une idée centrale. Lorsque j’envoie un courrier électronique pour un rendez-vous, et qu’il y a un changement d’horaire, j’écris en gras le nouvel horaire pour faire ressortir le changement. Mais à l’époque d’Ésaïe, ces possibilités typographiques (et toutes les autres que nous avons) n’existaient pas. Il fallait donc trouver autre chose.

Les Juifs avaient l’habitude de textes avec une structure concentrique et ils plaçaient le plus  important au centre. Un exemple connu se trouve dans le Nouveau Testament. Les chapitres 12 à 14 de 1 Corinthiens évoquent les dons spirituels. Mais le chapitre 13 ne parle que d’amour. Pourquoi ? Parce que c’est l’élément le plus important que Paul fait ressortir : les dons se vivent dans l’amour. Ésaïe structure son texte de la même manière. Il décrit le Dieu créateur (v. 12-14), puis le Dieu souverain (v. 15-17), puis il en vient au cœur, le Dieu incomparable (v. 18-20), puis il décrit encore le Dieu souverain (v. 21-24) et enfin, de nouveau, le Dieu créateur (v. 25-26).

1. Le portrait de Dieu (És 40.12-26)

Nous allons donc suivre le texte selon cet arrangement et examiner Dieu comme créateur, puis comme souverain sur ce monde et enfin le cœur du texte, le Dieu incomparable. Le but est
de respecter l’intention de l’auteur et de donner de l’importance à ce qui est important.

a. Le Dieu créateur (És 40.12-14,25-26)

Comment décrire l’indescriptible ? Comment décrire un voyage en avion  à une mouche ou un trajet en train à une fourmi ? Le prophète utilise des images pour nous donner une idée de
la grandeur de Dieu.
Puisque nous ne pouvons pas décrire Dieu avec nos mots, la Bible utilise régulièrement des images humaines pour décrire Dieu. « Le bras de Dieu n’est pas devenu trop court pour sauver  »[note]És 59.1,21 [/note] signifie que Dieu n’est pas limité pour nous porter secours. Il ne faudrait pas en déduire que Dieu a de grands bras !
Pour Dieu, l’océan est comme une petite quantité d’eau que l’on tient dans sa main, le ciel comme la largeur de sa main, toute la poussière de la terre facilement mesurable (comme des miettes ramassées sur la table), les montagnes et les collines comme des légumes achetés au marché et pesés sur une balance.
Dieu s’est révélé de la même manière à Job : « Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l’intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ? » (Job 38.4-5)
Et comme dans le cas de Job, les questions posées par le texte ont pour but de nous montrer que Dieu est totalement différent de nous, bien au-delà de ce que nous pouvons même imaginer.
Les versets 13-14 soulignent que Dieu n’a pas eu besoin d’être aidé et conseillé pour créer et acquérir sa sagesse. Il n’a eu ni professeur, ni consultant, ni aîné dans la foi pour le guider. Dieu
est auto-suffisant. Il n’a pas besoin de nous, ni pour accomplir sa volonté ni même pour aimer (l’amour au sein de la Trinité est suffisant).
Les versets 25-26 posent aussi la question : à qui comparer Dieu ? Sous-entendu, à personne. Ésaïe souligne que notre Dieu n’a pas d’équivalent.
Ces éléments nourrissent notre louange :
1. Dieu est… grand. Mais pas seulement grand. Il dépasse nos limites. Il tient toute la création dans sa main. Dieu n’est pas seulement puissant, il est le Créateur de tout ce qui nous paraît humainement grand et puissant, créateur des espaces presque infinis ; il dirige même les étoiles et
les galaxies qui sont pourtant inaccessibles à notre technologie.
Nous devons donc voir Dieu comme bien plus que « grand » et « puissant ». Il existe des œuvres humaines grandes et puissantes… mais Dieu les dépasse. Dieu est plus grand que la chose la plus grande que notre esprit puisse concevoir : avec cette phrase, nous nous approchons de la réalité.

2. L’autosuffisance de Dieu est aussi remarquable. Qui sommes-nous pour contester ces plans ? Voudrions-nous être ses conseillers ? Nos critiques sont bien ridicules !
Au contraire, l’autosuffisance de Dieu rappelle qu’il n’a pas eu besoin de nous créer, qu’il n’était pas
obligé de remplir l’univers pour ne pas se sentir seul, qu’il n’était pas en train d’attendre enfin notre
louange pour se sentir mieux.
Dieu nous a créés par pur amour. Il n’aurait rien eu de moins sans nous créer. Il a malgré tout choisi de nous créer et il a choisi de nous aimer.
Cette pensée, qui peut donner le vertige, nous fait un peu plus prendre conscience de la réalité de l’amour de Dieu pour nous.
On peut parler d’un amour « pur », totalement désintéressé… et d’un amour que l’on ne peut connaître dans nos relations humaines.
Avant même d’évoquer le salut, nous pouvons nous émerveiller de l’amour de notre Dieu, de son choix de donner la vie et réaliser que nous ne vivons pas par hasard, mais parce que Dieu l’a vraiment voulu.
Avec David, nous pouvons dire : « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? » (Ps 8.5)
Dieu aime chacun de ses enfants de toute éternité.

3. Le Dieu incomparable et créateur est aussi le Dieu saint (v. 25). La sainteté est liée au culte et à la pureté. Le Dieu saint est le Dieu qui est digne de recevoir toute adoration et qui est pur de tout mal.
La relation avec un tel Dieu est donc humble ; reconnaissons notre place et la sienne !

b. Le Dieu souverain (És 40.15-17,21-24)

Cette partie ressemble à la précédente avec des comparaisons qui utilisent des termes que nous pouvons comprendre et des questions qui ne sont là que pour montrer la grandeur de Dieu.
Si je porte difficilement un seau plein d’eau, je ne vais pas sentir de différence de poids parce qu’une goutte est tombée. Lorsque je pèse des fruits au marché, le minuscule grain de pollen qui se dépose sur le plateau ne va pas complètement fausser la balance et faire s’envoler le prix.
Les nations sont tellement petites devant Dieu. Elles ne peuvent rien pour lui… même le fait d’offrir en sacrifice tous les animaux du Liban en faisant brûler toutes les forêts ne suffirait pas à lui rendre un culte acceptable.
Le but du texte est clairement de montrer que même lorsque les êtres humains s’assemblent et s’organisent, ils restent tout petits devant Dieu. Même les nations les plus puissantes ne peuvent rivaliser avec Dieu.
Donc lorsqu’il est dit que les nations ne sont que néant (v. 17) et ressemblent à des sauterelles (v. 22), le texte n’affirme pas que Dieu ne tient pas compte des humains ou qu’ils n’ont pas de valeur
devant lui. Toute la Bible affirme au contraire la grande valeur donnée à toute vie humaine. Le texte souligne simplement que la force des nations est ridiculement faible face à Dieu.
Par conséquent, Dieu n’est pas dépassé par la puissance des nations.
Ésaïe écrit par avance pour un peuple déporté en promettant leur retour. Il rappelle la grandeur du Dieu qui dirige les nations et même les rois. Salomon l’avait écrit deux siècles plus tôt : « Le cœur du roi est [comme] un courant d’eau dans la main de l’Éternel ; il l’incline partout, où il veut » (Prov 21.1).
Le plus grand roi de l’empire babylonien, Nebucadnetsar, a aussi dû douloureusement le reconnaître : « Moi, Nebucadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le
Très-Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. Tous les habitants de
la terre ne sont à ses yeux que néant ; il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise : Que fais-tu ? »
(Dan 4.34-35)
J’en tire trois conséquences :
1. Si Dieu veut faire revenir son peuple d’exil, aucune armée, aucune force, aucun roi ne pourra s’y opposer. Il donnera d’ailleurs au roi Cyrus l’idée de faire rentrer le peuple d’Israël dans son pays.
2. Les grands oppresseurs du peuple de Dieu à travers l’histoire ont disparu. L’empire babylonien et l’empire romain n’existent plus. Tous ceux qui voulaient faire disparaître la foi et ruiner les promesses de Dieu ont échoué. Dieu a même accompli son plan grâce à la méchanceté des
Romains et des Juifs qui ont mis à mort le Messie !
3. À l’échelle de l’histoire humaine, les grands empires ont une vie brève, mais le temps passe lentement pour celui qui souffre… Il serait cruel et totalement faux de minimiser la souffrance
de nos frères et sœurs persécutés. Continuons à prier pour eux et reconnaissons la valeur de
leur foi dans un tel environnement.
La souveraineté de Dieu sur les nations rappelle néanmoins que rien n’arrive sans la volonté de Dieu. Les oppresseurs sont responsables de leurs actes et devront en répondre. Mais rien n’échappe à Dieu qui intervient comme il le veut quand il le veut.
C’est ce qui doit aujourd’hui nous rassurer face à la montée des persécutions. Nous continuons à prier, à nous indigner, à secourir lorsque c’est possible. Mais nous ne perdons pas confiance en Dieu, comme Ésaïe invitait un peuple déporté à des milliers de kilomètres de chez lui, prisonnier de la plus grande puissance de l’époque, à ne pas perdre courage car Dieu tient ses promesses. Et ce sera le cas !

c. Le Dieu incomparable (És 40.18-20)

Nous arrivons au cœur de ce passage.
Dieu est le Dieu incomparable. Audessus de toutes les idoles, de toutes les représentations humaines, de tous nos calculs et de tous les systèmes de pensée.
Il est le Dieu transcendant. Il dépasse la création. Il est le Tout-Autre, le Dieu incomparable dont le règne est absolu. Même l’univers ne peut l’enfermer.
Même le temps lui est soumis.
Les idoles ne sont que des créations : les astres sont créés par Dieu (ils étaient largement adorés à l’époque) ; les statues sont des créations humaines ; les divinités païennes sont des créations d’êtres eux-mêmes créés !
Les êtres humains que nous craignons ne sont eux-mêmes que des êtres créés. Nous mettons aus
si parfois des priorités démesurées dans des loisirs qui appartiennent à un monde provisoire, condamné et bien limité pour nous combler.

2. La confiance en un tel Dieu (És 40.27-31)

Dieu peut-il m’aider dans ma situation ? Ésaïe répond tout d’abord par ce rappel concernant la personne de Dieu. Il en vient maintenant aux conséquences dans la suite du texte (v. 27-31).
Par son prophète Ésaïe, Dieu s’adresse au peuple d’Israël qui sera bientôt en exil. Un peuple déraciné qui pense peut-être : nous ne reviendrons plus jamais, Dieu nous a oubliés, les divinités babyloniennes sont plus fortes, mon sort n’intéresse personne, les promesses de Dieu ne s’appliquent plus ou sont oubliées.
Dieu n’est pas seulement le Dieu transcendant (celui qui est au-dessus de tout, le Tout-Autre). Il est aussi le Dieu immanent : il est proche, concerné par  ce qui se passe dans la création et il peut intervenir au sein de cette dernière.
Dieu est suffisamment proche pour agir dans ce monde comme il le veut et suffisamment puissant pour le faire. Dieu est suffisamment grand pour dominer tout l’univers mais il est aussi le Dieu d’amour qui n’abandonne aucun des siens.
Dieu n’a pas oublié son peuple, et il ne l’oubliera pas. Même dans les situations terribles, Dieu n’est pas absent, lointain, désintéressé. Le renouvellement vient de lui.
La traduction « jeunes gens » et « robustes gaillards » (version Semeur) semble faire mieux justice au texte que « adolescents » qui peut avoir une connotation négative (un âge où on est parfois apathique). Le texte dit que même les humains qui sont au moment où les forces physiques sont
au plus haut finissent par se fatiguer.
Mais Dieu ne se fatigue jamais. Ceux qui viennent vers Dieu retrouvent une nouvelle motivation, de nouvelles forces intérieures.
Dieu redonnera la vie à son peuple.
Un tel Dieu ne peut être mis en échec, même par l’exil du peuple, même par les soldats babyloniens (qui se fatiguent et se lassent). Dieu accomplira ses promesses comme il le veut.

3. Quelques applications

a. L’incapacité des faux dieux

Toutes les constructions humaines sont totalement inefficaces pour remplir notre vie. Elles proviennent d’êtres humains faibles, faillibles, imparfaits et limités. Comment une grande théorie humaine pourrait-elle répondre parfaitement à nos aspirations, comment des humains si faibles et limités pourraient-ils créer une société idéale, déterminer de la bonne manière le bien
et le mal, trouver et mettre en place ce qui est le meilleur pour l’humanité ?
La question est importante. Toutes les grandes idéologies
— capitalisme, marxisme, socialisme, etc;
— tout ce qui promet le bonheur;
— les idées actuelles sur la sexualité et le genre, la recherche personnelle du bonheur à travers des ouvrages de psychologie, de développement personnel, de sagesse humaine millénaire ou de découvertes récentes; — les promesses de la science ou des sociétés traditionnelles, sont toutes forcément très limitées.
Il peut y avoir des principes sages et bons, des choses à examiner, dans ces disciplines, bien sûr.
Simplement, laissons-les à leur place, soumises à l’Écriture.
Je ne sais pas ce qui est bon hors de l’Écriture bien comprise, éclairée par l’Esprit de Dieu et par l’enseignement de ceux que Dieu a équipés par son Esprit pour instruire les chrétiens de tous les
temps. Par conséquent, mes principes et mes idées doivent être soumis à l’Écriture.

b. Le virus actuel a réveillé certaines inquiétudes

Il ne faut pourtant pas confondre le fait de s’attendre à des difficultés et des inquiétudes sans fondement.
Ésaïe écrit à un peuple qui connaîtra l’exil. Dans la première partie du livre (chapitres 1-39), il annonce de grandes épreuves.
Dans notre humanité, dans un corps qui n’est pas encore régénéré, nous affrontons des souffrances : santé, âge qui avance, épreuves. Il est normal d’être attristé, d’exprimer sa tristesse, sa souffrance. Il est normal de tenir compte de notre faiblesse (précaution face aux maladies en général, médicaments antidouleurs, assurances pour nous protéger en cas de coup dur…).
Dieu veut que nous soyons responsables de ce qui est à notre portée.
Mais je remarque qu’en général, dans ma vie, mes questions, mes doutes, mes inquiétudes proviennent de l’oubli de la personne de Dieu.
Dieu peut-il m’aider ?
Les réponses de Dieu sont-elles adaptées à ma situation, à notre époque, à ce que je vis moi ? Même si longtemps après la rédaction de la Bible ?
Dieu peut-il garantir que ma vie va encore avoir un sens après telle ou telle épreuve ?
Dieu peut-il protéger le témoignage évangélique dans un monde qui semble le rejeter chaque jour un peu plus ? Dieu peut-il encore sauver dans ce monde matérialiste, athée et opposé aux chrétiens ?
Dieu peut-il garantir ma résurrection et que la vie dans sa présence sera vraiment celle que je désire vivre tout au fond de moi ?
Dieu peut-il vraiment me donner les moyens de vivre cette difficulté à sa gloire ?
Dieu peut-il agir non seulement dans ma vie, mais aussi en moi, pour la transformation de mon caractère, de ma manière de penser, d’agir, de réagir ?
Toutes ces questions (et bien d’autres du même style) trouvent leur réponse dans Ésaïe 40.12-26, dans la description du Dieu saint, créateur et souverain.
Nourrissons notre foi de tels textes.
Apprenons à méditer, pas seulement sur nos difficultés mais aussi sur la personne de Dieu, sur ce que nous pouvons en connaître.

c. Dieu renouvelle nos forces

« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. […] Nous savons, en effet, que si cette tente où nous
habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme.
Aussi gémissons-nous dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste » (2 Cor 4.16 ; 5.1-2).
Je n’ai pas beaucoup d’illusions sur nos forces physiques. Le texte d’Ésaïe 40 montre les limites humaines, même des plus forts. Mais nous savons que nous pouvons reprendre courage et espérance dans notre Dieu qui nous relève et nous soutient, qui renouvelle notre joie et notre force.
Nous savons aussi que notre ultime espérance est une vie avec un corps nouveau qui ne sera plus soumis à la fatigue, à la douleur, au vieillissement et à la mort.

d. La transcendance et l’immanence de Dieu se rencontrent en Jésus-Christ

Nous pouvons nous approcher de Christ qui est notre réconfort et notre soutien, lui qui a partagé
notre condition humaine et qui reste homme pour l’éternité.
Christ est aussi celui qui envoie son Esprit pour nous transformer.
Enfin, il est celui qui garantit notre pardon et une vie dans sa présence, lui qui nous y prépare une place. Dieu, créateur, souverain et saint, est seul digne de toute notre confiance. ■


Notre Dieu et Père… » Nous utilisons parfois cette expression en commençant nos prières. Elle est certainement juste, car elle se trouve dans la Bible (Phil 4.20 ; 1 Thes 3.11 ; 2 Thes 2.16).
Elle nous est familière, elle nous paraît naturelle, allant de soi. Mais elle est tout sauf banale ! Elle exprime la richesse de la relation entre nous et celui auquel nous parlons. Il est à la fois notre Dieu (le maître de l’univers qui a aussi toute autorité sur nous) et notre Père (celui qui nous aime et
s’occupe de nous), comme il a été Dieu et Père pour le Seigneur (Jean 20.17).
En fait cette expression très courte n’est pas seulement une formule respectueuse mais un peu rituelle pour commencer une prière. Ces quatre mots ont un sens étonnant et merveilleux : le grand Dieu souverain est mon Père, il est le Père d’une nombreuse famille de frères et sœurs !

1. Notre Père, le grand Dieu souverain

Le chrétien a un statut extraordinaire : il est enfant de Dieu, fils ou fille de Dieu. « Enfant » souligne l’aspect affectif et sentimental ; le mot évoque la relation très proche, la liberté d’accès, la confiance, l’intérêt et l’amour de l’un pour l’autre, la protection du père. « Fils » met en évidence l’aspect légal de la relation, l’adoption, le statut d’héritier, la soumission à une autorité paternelle bienveillante. On aurait pu s’attendre à trouver des expressions plus « logiques » comme « enfant du Père » et « fils de Dieu ». Le verset suivant nous montre que l’amour du Père nous fait enfants de… Dieu : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! » (1 Jean 3.1)
● « C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! » (Rom 11.36).
● « Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, et qui était, et qui vient, le Tout-puissant » (Apoc 1.8).
● « Le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (1 Tim 6.15).
Il détient donc sans partage autorité, pouvoir et puissance, de manière absolue et éternelle, dans l’univers physique et dans l’espace spirituel.

2. Comment peut-il être vraiment Dieu et vraiment Père ?

Détenir un pouvoir absolu et agir avec un amour extrême, est-ce possible ?
L’histoire humaine en ferait sérieusement douter ! Mais Dieu en est capable car son autorité est empreinte de sagesse, de parfaite connaissance, de justice et d’amour :
● « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom 11.39).
● « À Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles par Jésus-Christ ! » (Rom 16.27).
● « L’Éternel est miséricordieux et juste, notre Dieu est plein de compassion » (Ps 116.5).
Il n’est pas Dieu à certains moments et Père à d’autres : il est en même temps Dieu et Père.

3. Reconnaître l’autorité de Dieu

3.1. Une comparaison

Dans des pays comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, des foules se pressent pour acclamer leur reine ou leur roi lors de grandes cérémonies officielles. Les monarques représentent leur nation ;
leurs portraits sont dans les établissements publics, sur les billets et pièces de monnaie ; on publie des livres et des articles sur eux.
Mais leur nation ne leur reconnaît aucun pouvoir réel dans leur royaume, aucune autorité sur leurs
sujets. Les applaudissements expriment un attachement affectif, pas un engagement à respecter
leur autorité.
Cet exemple devrait nous faire réfléchir : le chrétien parle de Dieu, chante sur Dieu ; il participe à des rencontres d’adoration ou de prière ; il réfléchit, lit, étudie, partage, débat, enseigne sur Dieu ; il se donne de la peine pour le servir. C’est très bien… s’il est profondément imprégné de la  grandeur, de l’autorité et de l’amour de Dieu. Sinon la vie chrétienne personnelle et la vie de l’église
tendent à devenir du « folklore », un attachement affectif et verbal au Père bienveillant sans réelle soumission envers le Dieu saint.

3.2. Connaître Dieu pour reconnaître son autorité

La création, la Parole, l’Esprit Saint et l’expérience de la foi nous révèlent la grandeur de Dieu :
● « Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages » (Rom 1.20).
● « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim 3.16).

3.3. Résister au diable qui veut nous détourner de Dieu et du Père

Satan veut toujours voler, tuer, détruire (Jean 10.10) en mettant en doute l’autorité de la Parole de Dieu ; il nous incite à négliger la gloire et la sainteté de Dieu.
Il essaie également de nous faire douter de la promesse qui nous réconforte et nous tire vers le haut : « Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant » (2 Cor 6.18).

4. Dieu et Père : un modèle pour nous

Dieu délègue son autorité dans l’entreprise ou dans l’administration, dans l’église et dans la famille. Être enseignant dans une classe, « berger » dans une église ou « chef de famille », c’est une bénédiction et un honneur. Je suis alors un représentant ou un délégué de Dieu ; je bénéficie donc de son appui. Mon but n’est pas d’imposer mon autorité, mais d’agir comme délégué du Père pour aider, protéger, stimuler, former, relever si nécessaire ; avec précision, clarté, cohérence et justice.
En conciliant l’autorité nécessaire à la fonction et l’amour d’un père ou d’une mère ! ■

 Pour aller plus loin…
1. « Notre Dieu notre Père… » : imaginez que demain vous entendez votre ami(e) commencer une prière ainsi. Quelles réflexions avez-vous envie de partager avec lui ou elle ?
2. Comment profiter de ma liberté d’enfant de Dieu et en même temps montrer mon respect
pour son autorité ?
3. Essayez de transposer ce modèle d’autorité paternelle pour vous, ou pour un parent d’enfant, une cheffe d’équipe, un enseignant…
4. Quand on témoigne de sa foi devant un non-croyant, faut-il parler de l’amour du Père et/ou
de l’autorité de Dieu ?
5. Le Seigneur parle du Père une cinquantaine de fois dans l’Évangile selon Jean. Que nous
révèlent ces textes sur le Père, au-delà de l’aspect affectif ?
Étudiez particulièrement : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre
Dieu » (Jean 20.17).

 


Dans Jean 8, les Juifs s’opposent à Jésus et le désavouent en pointant une incohérence dans son discours : comment Jésus, qui est présent au milieu d’eux et qui n’a pas encore cinquante ans, peut-il avoir vu Abraham, qui, lui, est mort deux mille ans plus tôt ?
Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8.58).
Jésus utilise la même expression que celle que Dieu a dite à Moïse dans le désert depuis le buisson ardent :« Je suis celui qui suis » (Ex 3.14). Par l’emploi du présent de l’indicatif, nous pourrions simplement penser que Dieu, dans sa trinité, est éternel. Mais Jean nous projette dans une dimension temporelle qui ne nous est pas familière. Comment comprendre la juxtaposition d’un état passé à un état présent ?
Lorsque nous réfléchissons sur qui est Dieu, nous plaçons cette réflexion à notre niveau, pensant certes que Dieu est éternel, qu’il n’a pas de début, ni de fin, mais est-ce tout ?
Au travers de cette phrase, Jésus laisse entrevoir une dimension encore plus grande : il n’est pas limité par le temps. La dimension temporelle de Dieu n’est pas  d’exister dans le couloir du temps, dans lequel nous sommes emprisonnés et où nous ne pouvons qu’inlassablement avancer, laissant le passé derrière nous.
Dieu est au-dessus de notre état temporel limité. Je pourrais m’imaginer Dieu comme une  personne, assise devant une frise chronologique de l’histoire de l’humanité, et qui examine les événements passés.
Mais Dieu, quant à lui, connaît déjà les événements futurs. En ceci Dieu dépasse notre  entendement et les limites de nos raisonnements. Tout comme Salomon le disait : « Voici, les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir » (1 Rois 8.27), le temps ne peut le contenir : Dieu est hier, aujourd’hui et demain.