PROMESSES

Ce poème a été écrit suite à un échec définitif à l’examen du permis de conduire. L’auteur du poème téléphone à son épouse qui lui demande : «  Alors, comment s’est passé cet examen  ?  » Il lui répondra simplement : « Ma grâce te suffit » (12.9). C’est le verset qui lui est venu en tête alors qu’il devait accepter de renoncer à conduire. Le soir même, il composa le poème ci-dessous. Il transforma ainsi cet échec personnel, qui eut des répercussions sur sa vie et son ministère, en puissante leçon spirituelle. Frédy Gfeller (1926-2021) a été un prédicateur prolifique et un auteur d’ouvrages évangéliques. Ainsi, il se rendait souvent à pied pour prêcher dans les églises avoisinantes à son village.

« Ma grâce te suffit ». Oh ! parole admirable !
Elle suffit à tout, jusqu’au bout du chemin.
Salut pour le pécheur, pardon pour le coupable,
Elle a suffi pour hier et suffira demain.

« Ma grâce te suffit ». Dans ma faiblesse extrême
J’éprouve de mon Dieu le tout-puissant secours.
Oui, sa grâce suffit ; dans la souffrance même,
Je suis environné des soins de son amour.

« Ma grâce te suffit ». Au terme du voyage,
J’en pourrai savourer les effets bienheureux ;
Conduit par mon Sauveur au céleste rivage,
J’en verrai resplendir les rayons glorieux.

Dans le séjour béni de la maison du Père,
Je goûterai sans fin de l’amour l’heureux fruit
Et je me souviendrai du jour où, sur la terre,
Il m’avait répondu : « Ma grâce te suffit ».


Cette nouvelle rubrique vous permet de poser une question à la rédaction de Promesses. Vous pouvez écrire vos questions à editeur@promesses.local

On donne parfois des « petits noms » à des enfants : « petit chérubin », « innocent ». Ces termes affectueux se comprennent… mais ils ne sont théologiquement pas très fondés !
En fait, tout homme est pécheur dès sa naissance. Déjà David en avait eu l’intuition quand il s’écrie : « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » (Ps 51.7 ; cf. Ps 58.4) Paul précise dans l’Épître aux Romains : « C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes. » (Rom 5.12) Comme représentant de toute la race humaine, Adam a entraîné à sa suite ses descendants qui reçoivent tous à la naissance la trace du péché qu’il a commis. La preuve en est que les bébés peuvent mourir dès leurs premières minutes de vie ; la mort, conséquence du péché, démontre la présence de cette racine de mal. Tout enfant a donc en lui une corruption héritée, une propension innée à mal faire.
Pour autant, cela ne veut pas dire ces bébés soient responsables : le même Paul, dans la même lettre aux Romains évoque la promesse faite à Rebecca en ajoutant à propos de Jacob et Ésaü : « ils n’avaient fait ni bien ni mal » (Rom 9.11).
À quel moment se manifeste de façon visible l’existence de cette racine du péché ? Il est difficile de le dire… Mais qui n’a pas vu un petit bambin de 18 mois perché sur sa chaise haute à qui l’on dit de ne plus souffler sur la cuillerée d’épinards et qui, avec un regard narquois, se précipite pour souffler encore plus fort la prochaine fois qu’on l’approche de sa bouche ?
La fixation de « l’âge de responsabilité » a fait couler beaucoup d’encre. Il correspond au moment où l’enfant ou l’adolescent devient personnellement responsable devant Dieu. Il dépend assurément de nombreux facteurs (maturité personnelle, connaissances bibliques, contexte familial, etc.) et seul Dieu le sait avec certitude. Que cela nous encourage en tout cas à présenter l’Évangile aux enfants dès leur plus jeune âge !


La liberté figure parmi les plus hautes valeurs de l’humanité et constitue une des aspirations les plus profondes des êtres humains. La recherche de la liberté semble inscrite dans le cœur de l’homme. Il est normal et légitime qu’il en soit ainsi, car il n’y a point de dignité humaine sans liberté.

La liberté est célébrée plus que jamais auparavant dans l’histoire. Les droits de l’homme dérivent de cette proclamation et servent d’étendard à la civilisation occidentale. En dépit de cela, les asservissements de toute nature qui enchaînent les hommes ne régressent pas et paraissent au contraire se multiplier. Le mal sous toutes ses formes s’étend. Une des grandes causes de cette situation délétère réside assurément dans le déploiement sans précédent de la liberté octroyée à nos pulsions instinctives.

VOUS AVEZ DIT « LIBERTÉ » ?

Pour bien comprendre ce qu’est la liberté « pulsionnelle », il convient de la comparer à d’autres types de libertés, ce d’autant plus que nos sociétés occidentales – qui s’éloignent progressivement de leur héritage judéo-chrétien et qui érigent de plus en plus l’incertitude en vertu suprême – ne savent plus véritablement ce qu’est la liberté ou ignorent qu’il existe plusieurs types de libertés dont certaines sont antinomiques.

La Bible présente, éclaire et développe presque tous ces types de libertés avec une pertinence qui souligne son incroyable richesse. Beaucoup de penseurs se sont inspirés des enseignements bibliques sur la liberté sous toutes ses formes pour élaborer leurs propres théories à ce sujet.

LIBERTÉ ET DÉPENDANCE SONT-ELLES COMPATIBLES ?

Le sens le plus profond et le plus ontologique de la liberté surgit du cœur de la relation entre Dieu et l’homme, sa créature. Pour Dieu, incarnation de la liberté absolue par son omnipotence et source de toute vraie liberté, aucun être humain n’est totalement libre. Les Écritures révèlent que pour l’homme, la liberté la plus fondamentale, qui est une liberté proprement théologique, revient à choisir une dépendance. Dans un texte magistral, Paul écrit ceci : « Lorsque vous (les chrétiens) étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice … Étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu … » (Rom 6.20 et 22). Ainsi, aux yeux de Dieu, la liberté essentielle consiste à choisir entre la libération à l’égard du péché par la foi en Jésus-Christ – qui implique une soumission au Dieu trinitaire et la persistance dans l’asservissement au péché et aux déterminismes de tous ordres qui permet de rester libre (non sans conséquences !) à l’égard des exigences divines.

LIBRE MALGRÉ LES CHAÎNES

Dans un autre sens, très noble, la liberté signifie l’autonomie de l’être « intérieur » envers les circonstances extérieures. Dans cette optique, un chrétien emprisonné pour sa foi peut rester libre en dépit des persécutions qu’il subit. Cette liberté pourrait être qualifiée de psychologique.

LIBERTÉ ET CONSCIENCE MORALE

La liberté de conscience, quant à elle, dérive de la conscience universelle décrite par l’apôtre Paul : « Quand les païens, qui n’ont pas la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi,… une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, leur conscience en rendant témoignage et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. » (Rom 2.14-15). Ce texte a certainement influencé Jean-Jacques Rousseau dans ce passage de son œuvre : « Je n’ai qu’à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je sens être mal est mal : le meilleur de tous les casuistes est la conscience. […] Jetez les yeux sur toutes les nations du monde, […] vous trouverez partout […] les mêmes notions du bien et du mal […] Il est donc au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises. » La liberté de conscience est ainsi la liberté de suivre sa conscience sans en être empêché ni par l’État, ni par la société, ni par autrui. Pour faire court, c’est la liberté de faire le bien. C’est exactement dans cet esprit que Tocqueville écrivait, il y a près de deux siècles : « Mais il est une liberté civile et morale (opposée à la liberté corrompue…) : c’est la liberté de faire sans crainte tout ce qui est juste et bon. »

LIBRE COURS AUX PULSIONS ELEMENTAIRES ?

Au sens le plus simple, la liberté pulsionnelle est la faculté de faire n’importe quoi, n’importe comment et n’importe où. De manière rudimentaire, la liberté d’agresser les gens en pleine rue ou la liberté de tout dévaster sur son passage lors d’une manifestation relève à l’évidence de la liberté pulsionnelle. Plus subtilement, chaque fois qu’une personne utilise un rapport de force qui lui est favorable pour mépriser les droits légitimes et la dignité d’autrui, elle déploie une liberté de type pulsionnel. Les Écritures décrivent implicitement cette liberté, notamment lorsqu’elles commandent de ne pas faire « de la liberté un prétexte de vivre selon la chair » (Gal 5.13) ou de ne pas faire « de la liberté un voile qui couvre la méchanceté » (1 Pi 2.16). La liberté pulsionnelle est ainsi la latitude de laisser libre cours aux méchantes pulsions de la nature humaine. C’est en quelque sorte la liberté de faire le mal.

De manière aussi ambiguë qu’hélas nécessaire, le fonctionnement des régimes démocratiques s’abreuve aux deux sources de la liberté de conscience et de la liberté pulsionnelle. Il est vrai que la liberté de conscience se trouve à l’origine des classiques libertés individuelles de pensée, de religion, d’association, de presse et d’opinion qui, de proche en proche, ont donné naissance à la démocratie. C’est l’immense mérite de la Réforme que d’avoir mis en œuvre ce remarquable processus historique par sa théologie et ses justes exhortations. Mais la démocratie effective s’appuie aussi sur la liberté pulsionnelle, car elle est compétition entre des acteurs qui recourent à des moyens souvent fort éloignés de l’angélisme ! Par ailleurs, une société qui réprouverait toutes les manifestations de la liberté pulsionnelle serait très oppressive et même franchement invivable.

UNE LIBERTÉ QUI PARALYSE

Toutefois, trop de nos contemporains oublient que nos sociétés démocratiques ne peuvent intégrer qu’une liberté pulsionnelle restreinte, canalisée et sélective sous peine de sombrer dans le chaos. Pire, l’Occident subit les assauts répétés et toujours plus corrosifs des vagues successives de revendications d’une liberté pulsionnelle presque totale. La quête suprême ne porte plus tant sur les libertés individuelles classiques que sur la libération, le maître mot de ce début de millénaire. S’il subsiste un attachement à la liberté, c’est à celle qui est devenue le droit de satisfaire n’importe quel désir.

Intellectuellement, ce mouvement a été initié par le Siècle des lumières, lorsque les libertés individuelles ont été définies partiellement contre les normes divines. Il a connu une nouvelle impulsion avec Mai 68 et son fameux « Il est interdit d’interdire ». Nos sociétés ne cessent d’étendre à tous les domaines de la vie cet acquis culturel. Beaucoup trop de personnes et de groupes sociaux se prévalent des protections souvent excessives que l’État de droit accorde aux violents pour donner le champ libre à leurs instincts débridés. Au nom d’une liberté pulsionnelle désordonnée et ravageuse, des ego boursouflés et rebelles s’opposent par principe à toute autorité légitime. L’anarchie et les blocages en résultent, les actions politiques sont plus difficiles à mener, les entreprises plus malaisées à gérer, les cellules familiales perdent en stabilité.

L’EMPIRE EXCLUSIF DES PULSIONS

Il y a plus. A l’heure où nos sociétés deviennent plus tolérantes à l’égard de la liberté pulsionnelle, elles tentent de mettre en cause, parfois avec succès, certaines expressions très légitimes de la liberté de conscience, telles que la liberté religieuse ou la liberté pour le personnel médical de ne pas participer à des avortements. La législation des États est de moins en moins inspirée par le droit naturel dérivé de la conscience et toujours davantage par un droit positif sociologique déterminé substantiellement par l’aspiration à une grandissante liberté pulsionnelle.

Il ne fait guère de doute qu’une liberté pulsionnelle trop envahissante aboutit à l’anomie (absence de loi ou d’organisation, disparition des valeurs communes à un groupe), et à l’anarchie, lit du totalitarisme.

L’EMANCIPATION DES PULSIONS DANS L’ECLAIRAGE PROPHETIQUE

Oserons-nous notre conclusion ultime ? Une liberté pulsionnelle débridée et étendue risque très malheureusement de susciter l’apparition de l’Antichrist dont parle la Bible. Prophétiquement, cette liberté pulsionnelle constitue douloureusement un des signes majeurs de la venue de l’immonde bête. Trois brefs tableaux prophétiques permettent d’établir un lien entre l’émergence de l’Antichrist et la liberté pulsionnelle.

L’Écriture affirme d’abord que cet Antichrist ne pourra surgir avant que l’apostasie ne soit arrivée (2 Thes 2.3). Dans le même passage, ce dictateur universel est ensuite qualifié d’« homme impie », ce qui signifie littéralement « celui qui est sans loi ». À la fin des temps plus qu’à toute autre époque, les hommes « appelleront le bien mal et le mal bien », et prendront plaisir à l’injustice (cf. Rom 1.25 ; És 5.20-23 ; 2 Thes 2.12 ).

L’apostasie est un renversement de la vérité. La liberté pulsionnelle remonte à la chute de l’homme. Mais en terre culturellement chrétienne, et même ailleurs, elle a été très longtemps contenue et vécue sans être revendiquée intellectuellement. Certaines de ses manifestations les plus grossières sont aujourd’hui affichées et assumées. On répudie l’hypocrisie qui trouvait sa seule connotation positive dans l’hommage rendu par le vice à la vertu. Cette situation montre, avec d’autres évolutions en cours, que l’humanité pourrait être entrée dans le temps de l’apostasie. Par ailleurs, depuis maintenant quelques décennies, les hommes confondent de plus en plus la liberté de conscience avec la liberté pulsionnelle, en partie parce qu’ils veulent réprimer la première — dans laquelle ils discernent plus ou moins consciemment l’insoutenable regard de Dieu sur leur âme — et promouvoir la seconde — dans laquelle ils voient une libération à l’égard de tous les asservissements archaïques. Il est pour le moins plausible qu’il s’agisse là d’un indice de l’irruption progressive de ce temps où, par dérèglement intellectuel et éthique, on inversera le bien et le mal. Finalement, la croissance continuelle de la liberté pulsionnelle qui veut rompre avec toute loi risque bien de s’incarner logiquement et de trouver sa quintessence culminante dans celui que l’apôtre Paul désigne comme le « sans loi ».

L’humanité peut encore se laisser interpeller, s’interroger, réhabiliter les catégories du bien et du mal et restaurer la prééminence de la liberté de conscience sur la liberté pulsionnelle. Toutefois, si elle ne change pas de cap, elle sera immanquablement amenée à donner raison à Montesquieu lorsqu’il dit :

« Il n’y aura plus d’amour de l’ordre, plus de vertus… Plus le peuple paraîtra tirer avantage de sa liberté, plus il s’approchera du moment où il doit la perdre. »

Note de la rédaction :

L’article de Jean-Pierre Graber, si lucide et si clair, nous rappelle indirectement le sens de notre mission. N’est-ce pas à nous, disciples de Jésus-Christ, qu’incombe la tâche de montrer le chemin de la liberté véritable, et de dénoncer tout processus d’émancipation qui mène à une forme aggravée d’esclavage moral et spirituel ? À tous les « enfants prodigues » de notre génération qui ont choisi de suivre leur propre voie et qui s’épuisent en expériences de néant, il convient de rappeler les conditions de la réussite, telle que Dieu l’a définie. Ceux qui vivent loin de lui affirment parfois fièrement : « Nous n’avons jamais été esclaves de personne », mais Jésus leur déclare solennellement :

« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. […] Quiconque pratique le péché est esclave du péché. […] Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres » (voir Jean 8.31-36).

Comme le fils de la parabole (cf Luc 15.11-32), certains rentreront peut-être en eux-mêmes et formeront le projet de retourner vers leur Père céleste dans la repentance et la foi. Ainsi échapperont-ils à la perte éternelle, et accèderont-ils à la vie authentique : celle que l’on passe avec et en Dieu.


« Ils lui dirent: Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. » Jean 20.13

« Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
Jean 20.17

Alors que les disciples ont côtoyé le Seigneur pendant tout son ministère, alors que Pierre a fait la promesse au Seigneur de ne jamais le renier ou l’abandonner, alors que Jean a toujours été si proche du cœur du Seigneur, c’est Marie de Magdala qui vient au sépulcre. Cette femme a été délivrée de 7 démons (Marc 16.9) et est extrêmement attachée à son Sauveur, son Seigneur (Jean 20.13). Elle a aussi été là près de la croix et a pleuré avec les autres femmes. Ce premier jour de la semaine, elle désire embaumer son corps.

En voyant la pierre ôtée du sépulcre, elle panique un peu et court vers Pierre et Jean, qui savent peut-être ce qui s’est passé (ils sont les plus proches du Seigneur, ils sont montés avec lui sur la montagne, ils l’ont accompagné au jardin de Gethsémané). Les deux disciples, alors pleins d’interrogations, se précipitent, entrent à tour de rôle dans le sépulcre pour constater qu’il est vide. Le texte nous apprend que Jean croit. Il est permis de penser que sa foi est alors davantage celle des yeux que celle du cœur. Et pourtant, après cette expérience inouïe, comme si de rien n’était, Pierre et lui rentrent chez eux…laissant près du sépulcre une femme qui pleure, qui ne comprend pas ce qui se passe, qui est désemparée, abattue par la disparition de celui qui l’a délivrée. L’attitude des disciples nous interpelle ! Combien de fois n’avons-nous pas été insensibles aux interrogations de personnes dont le cœur est bouleversé. Souvent, nous comprenons avec notre tête comme ces disciples, mais le cœur n’est pas touché…

Et voilà que le Seigneur apparaît à Marie en tout premier. Il ne s’est pas d’abord révélé à Pierre, ni à Jean, ni à Marie, sa mère, mais à Marie de Magdala qu’il avait délivrée et dont le cœur battait pour lui. C’est elle qui reçoit la plus grande révélation de l’Évangile et qui doit l’annoncer aux disciples : Dieu, par la résurrection de Christ, inaugure une nouvelle relation avec nous. La foi en Jésus fait de nous des enfants de Dieu, notre Père céleste, et des frères de Christ. Nous entrons dans sa famille.

Ce qui prime n’est pas la connaissance formelle, mais un cœur qui bat pour notre Seigneur. Ainsi il se plaira à se révéler à nous afin que nous le découvrions comme jamais auparavant.


Josée et Odon Mubilanzila sont déjà connus de nos lecteurs. Un article de leur part a paru dans le no 144 sur le « bonheur de vivre en harmonie ». Ils sont mariés depuis 24 ans et ont 3 enfants. Ils sont, entre autres, conseillers conjugaux et animent des séminaires et des conférences destinés à des couples mariés et fiancés. Plusieurs ouvrages sont dus à leur plume.

Demander pardon ou pardonner est un acte d’humilité de portée significative qui caractérise la relation humaine et particulièrement l’amour ; c’est un privilège de la race humaine.

Dans un couple en difficulté ou en conflit, la réconciliation est bien sûr recommandée ; mais elle est inconcevable en dehors du pardon, qui seul est capable de faire découvrir le mystère de l’amour de Dieu aux conjoints tout comme sa grandeur.

En effet, lorsque nous pardonnons, réalisant l’immensité incommensurable de l’amour et de la miséricorde divines, nous pouvons prétendre aimer réellement comme Dieu nous aime. Ainsi, aimer c’est aussi pardonner. La Bible ne nous dit-elle pas dans 1 Cor 13.7 que « l’amour pardonne tout », « supporte tout » ?

Le fondement biblique du pardon dans la relation humaine et, partant, dans le couple, repose sur :

– le besoin de réconciliation et d’unité (Mat 5.23-24 ; 12.25) ;
– le besoin d’harmonie (Amos 3.3) ;
– la communion fraternelle (Ps 133) ;
– la compassion pour les autres (Rom 15.1).

Le pardon entre époux est inconditionnel, à l’exemple de Jésus-Christ qui a pardonné à ceux qui l’ont offensé, injurié, battu et mis à mort. C’est ainsi que chaque fois que nous demandons pardon à Dieu, il nous pardonne et oublie. C’est la même attitude qu’il nous recommande d’adopter envers notre conjoint. Réfléchissons à ce que veut dire dans une relation de couple ces deux déclarations du Seigneur : « Pardonne nos offenses comme nous aussi pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Mat 6.12) ; et « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande » (Mat 5.23-24).

Appelés à se pardonner réellement1, chaque époux se conformera à la recommandation de Jésus-Christ : « Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes » (Mat 6.15).

Ceci explique, si besoin en était, pourquoi le pardon est indissociable de l’amour et de l’harmonie. Expression de l’amour, le pardon dans la relation humaine ou conjugale est important parce qu’il libère de l’amertume, de la haine, de la tension — bref de tous sentiments contraires à l’amour.

Cet exercice est rendu souvent plus difficile entre époux lorsqu’ils ont une maturité spirituelle différente ou encore lorsque l’un des deux se place très haut sur son piédestal, se croyant sans défaut et considérant l’autre comme pécheur ou charnel. Le pardon appelle l’humilité qui, elle, place les deux conjoints sur un pied d’égalité. Jacques 4.6 ne nous met-il pas en garde judicieusement : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » ? Demander ou accorder le pardon est une expression de la crainte de Dieu et une attitude d’humilité de la part de l’homme qui démontre qu’il s’engage à ne plus revenir sur la même faute. Ainsi, le conjoint fautif, demandant pardon, ne cherchera pas à s’expliquer pour avoir raison. Son attitude et son engagement positif, conjugués à la grâce divine, l’aideront à tout mettre en œuvre pour ne pas récidiver.

Voilà pourquoi le pardon consécutif à une faute sans cesse répétée peut se vider de son sens et semer le doute auprès de l’offensé quant à la sincérité de l’offenseur.

Le manque de pardon entraîne beaucoup de conséquences, tant dans la relation humaine que conjugale au nombre desquelles : les blessures intérieures, le mépris, le manque de considération pour l’autre etc. Votre conjoint étant votre alter ego, il y a lieu de le considérer à sa juste valeur et de lui rendre toute la considération qu’il mérite pour le mettre véritablement à sa place. Autrement, des conséquences fâcheuses risquent d’altérer la relation conjugale au point de rendre les conjoints méfiants.

Et pourtant, le couple est appelé à vivre dans la confiance et dans la transparence totale comme deux vases communicants afin d’éliminer toute zone d’ombre.

Pardonner sans restriction ne peut être qu’un don divin, conséquence d’une attitude de crainte de Dieu. Autrement, des fautes considérées graves, dépassant nos limites humaines, resteraient impardonnées. Point n’est besoin de dire qu’il est important de demander ce don à Dieu pour une vie de couple harmonieuse.

L’amour qui pardonne et supporte tout, a comme dynamique le pardon. Le pardon passe par la vérité et la vérité, c’est Jésus-Christ (Jean 14.6), parce que c’est lui qui donne la vie et la joie au couple même lorsque le vin vient à manquer, comme ce fut le cas aux noces de Cana.

Pour réussir à se pardonner pleinement, il nous faut renoncer à l’aveuglement, à l’orgueil, au manque d’humilité, au refus de voir ses propres faiblesses qui constituent un poison pour le couple et une dénégation de l’amour. Plaise au Seigneur de nous accorder cette grâce. Que le Seigneur vous bénisse et exauce le désir de votre cœur !

1Il faut parfois au contraire régler le point avant que le pardon soit vraiment effectif (n.d.l.r.)


Famille Gilles et Myriam BONVALLAT

Gilles et Myriam exercent un ministère d’encouragement et d’enseignement biblique à Kigali, au Rwanda. Ils ont 2 garçons, Corentin et Maël. Ils ont été témoins des massacres et du saccage du Centre Médical Évangélique à Nyankunde au nord-est de la RDC en septembre 2002. Après un court séjour de repos en Suisse, ils sont repartis en début 2004 à Kigali. Ce témoignage est un extrait de leurs nouvelles du 2 octobre 2004, dans lesquelles ils évoquent la situation au Rwanda et à l’est de la RDC.

Au cours de ces dernières semaines, nous avons reçu des nouvelles encourageantes du Congo, de la région de Bunia-Nyankunde1. Peut-être vous souvenez-vous que nous vous avions demandé de prier, en août, pour un séminaire de réconciliation qui avait lieu à Bunia. Nous avons été très émus de lire quelques témoignages des 55 participants, représentant plusieurs tribus (mais en majorité les tribus en conflits, les Hemas et les Lendus) et de découvrir, dans ces lignes chargées d’émotion, la profonde délivrance que ces hommes et ces femmes ont expérimentée lorsqu’ils ont d’abord compris l’amour et le pardon de Dieu, puis accepté de pardonner à leurs ennemis, leurs tortionnaires, les meurtriers de leurs bien-aimés…

Après tant d’années d’atrocités, il n’y a aucune solution humaine pour l’Ituri2, mais notre Dieu est capable de guérir ces vies brisées, et c’est bouleversant d’être témoin de telles expériences3 ! Tous reconnaissent la puissance de la sorcellerie dans ces conflits, et alors qu’un séminaire était tenu dans la petite ville qui est le fief des milices et au cœur de ces pratiques de sorcellerie, les choses ont failli mal tourner : il y a eu une altercation entre les milices et les soldats de l’ONU. Les milices ont arrêté et giflé un pasteur qui enseignait, le menaçant de mort… Tous ont vu dans ces circonstances l’opposition évidente de l’Ennemi qui ne veut pas que la paix progresse, que l’amour et le pardon remplacent la haine !!!

Les écoles ont repris à Nyankunde, avec quelque 600 élèves ! Mais les souvenirs, la peur et l’instabilité continuent à hanter cette région déchirée…

Nous aurions encore beaucoup de choses à vous raconter sur le Congo, mais pouvons-nous surtout vous demander de continuer à intercéder pour ce pays, pour que, par exemple, ces 55 personnes transmettent ce message de pardon et d’amour autour d’elles, pour la protection de tous ceux qui s’impliquent, au risque de leur vie, dans ce ministère de réconciliation précieux mais contesté ?

Nous sommes allés, le week-end passé, à Kibuye, toute petite ville rwandaise au bord du lac Kivu à 2 heures et demie de Kigali par des routes sinueuses entre les collines. L’endroit est magnifique ! Pourtant, quand on pense qu’environ 60 000 Tutsis ont été massacrés dans cette préfecture4! Des villages, communautés, ou familles ont été entièrement décimés, 9 Tutsis sur 10 y auraient trouvé la mort… Nous avons visité une église où plusieurs milliers de personnes ont été exterminées à la grenade et la machette en 3 heures… le 17 avril 1994 ! C’est presque impossible de réconcilier cette histoire atroce à la sérénité de l’endroit aujourd’hui !!! Partout où vous vous promenez au Rwanda, même dans les petits villages, vous vous heurtez à un mémorial ou à une fosse commune où reposent peut-être 10 000 personnes… Les enfants jouent autour, les oiseaux chantent, mais les cœurs saignent… Peut-être les événements que nous avons vécus à Nyankunde nous ouvrent une petite fenêtre sur la compréhension des événements d’ici, et de la souffrance actuelle du peuple rwandais !

L’Église de Christ a un message à apporter à cette population meurtrie : le message de la Croix, de la repentance, de la confession des péchés, de la foi en Jésus-Christ, du pardon et de la réconciliation en lui.

1Bunia se situe au cœur de l’Afrique centrale, à proximité du lac Albert (ex-Mobutu). Ce lac marque la frontière avec l’Ouganda. La ville compte environ 90 000 habitants et est située à 1200 m d’altitude. Elle était un peu la plaque tournante entre l’axe routier est-africain de Mombasa-Nairobi-Kampala et le service intérieur du Congo via Kisangani et Goma. Aujourd’hui, l’axe routier Bunia – Kisangani n’est pratiquement plus fonctionnel.
2L’Ituri est une région située au nord-est de la République Démocratique du Congo. Les deux tribus des Hemas et des Lendus constituent environ 40 % de cette province qui compte 18 groupes ethniques.
Voir aussi l’article « Une réponse chrétienne au conflit ethnique », d’Isaac Mbabazi Kahwa, dans Promesses n° 148, dans le dossier « Vivre la souffrance ».
3Voir le rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies n° S/2004/573 du 16 juillet 2004. Ce rapport spécial sur les événements de l’Ituri de janvier 2002 à décembre 2003 a été adressé au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général de l’ONU.
4Massacre au Rwanda en septembre 1994 qui a coûté la vie à quelque 800 000 Tutsis et Hutus.


Une expérience en Bosnie

Association « La Gerbe »

La Gerbe est une association humanitaire chrétienne française, fondée en 1988, qui a pour but d’apporter un soutien aux souffrants. En particulier, depuis plus de 12 ans, elle organise des envois d’aliments et de matériels vers les anciens pays de l’Est, l’ex-Yougoslavie, la Roumanie et l’Albanie, principalement.

En 1998, alors que la guerre en Bosnie venait de prendre fin, un convoi a été organisé vers la partie musulmane de ce pays. Un professeur au lycée horticole de Sarajevo avait pris contact avec l’association, demandant une aide pour les réfugiés de Srbrenica, qui étaient installés à Vozuca, village au nord-est de Sarajevo. Ce village d’environ 5000 habitants accueillait environ 3000 réfugiés, dont 375 enfants orphelins de père et 250 orphelins de père et de mère. Leurs besoins étaient immenses.

Le 28 juillet 1998, le camion arrivait à Vozuca. Devant l’école, beaucoup d’enfants étaient attroupés car le directeur leur avait donné rendez-vous pour la distribution. Ils attendaient, en discutant avec des soldats américains de la SFOR. Ces derniers étaient en patrouille, comme de nombreux soldats français, italiens, allemands, etc., qui sillonnaient à longueur de journée les rues des villes et des campagnes.

Le directeur de l’école accueillit chaleureusement les représentants de la Gerbe dans son bureau, en présence de six représentants de l’association des réfugiés de Srbrenica. Ces personnes, à première vue plutôt hostiles, ne parlaient pas. On pouvait lire sur leur visage une certaine crainte vis-à-vis d’étrangers venus d’Europe occidentale.

C’est alors qu’un des membres de l’équipe prit la parole et exprima, dans un langage simple mais avec un ton vrai, sa honte et sa confusion devant la tragédie qu’ils avaient vécue dans un pays si proche de la France. Il demanda pardon pour toutes les peines et les souffrances infligées par les nations dites « chrétiennes » à ces peuples musulmans, en particulier pendant cette guerre en Bosnie, encore si présente dans les cœurs et dans les corps. En effet, impossible d’oublier que les troupes de l’ONU (dirigées à l’époque par un général français) s’étaient retirées de Srbrenica, laissant ses habitants à la merci des troupes serbes. Un effroyable génocide s’ensuivit. Sur les documents de La Gerbe figurait le nom « d’association chrétienne », et le responsable sentait qu’il ne pouvait pas faire une distribution comme si de rien n’était. Au fur et à mesure qu’il parlait, des larmes coulaient des yeux de ces femmes qui avaient une attitude digne. Oui, cette confession avait été nécessaire à l’établissement d’une véritable communication entre ces réfugiés et l’ONG. Tous ressentaient qu’il se passait quelque chose d’important dans cet instant. Un petit enfant venait de récupérer un vélo d’un des camions du convoi et arriva dans le bureau du directeur ; il se mit à faire plusieurs tours au milieu de tous, français et bosniaques. Un sourire apparut sur les visages, et la distribution put commencer. La partie féminine de l’équipe expliqua à trois femmes responsables des réfugiés le fonctionnement des machines à coudre. Le visage un peu crispé des femmes s’éclairait peu à peu. Le reste de l’équipe ouvrait les cartons, défaisait les emballages… Chacun sortait les bras chargés de conserves, de biscuits, de vêtements.

Devant l’ampleur des besoins et la profondeur des traumatismes subis, dont le regard des enfants témoignait de façon poignante, ce geste d’entraide n’était qu’une goutte d’eau. Mais l’équipe de La Gerbe avait appris, à travers ce moment inoubliable, la valeur de l’écoute, de la prise en considération de l’autre. Oui, Jésus nous l’a appris, celui qui aide n’est pas le plus grand, c’est lui le serviteur.


« Pardonnez-vous réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ. » (Éph 4.32)

Philippe JUSTON

Philippe Juston est à plein temps pour l’œuvre du Seigneur en région parisienne. Il travaille pour une association humanitaire chrétienne, « La Gerbe » (voir site www.lagerbe.org) ; il a également un ministère par internet de réponses à des questions et il est actif dans son église locale. Diplômé de l’Institut biblique de Nogent-sur-Marne, il a 38 ans et il est marié à Catherine. Ils ont adopté deux enfants, puis ont eu récemment une petite fille.

Le thème du pardon fait partie de l’ossature sur laquelle s’articule l’histoire de Dieu et de l’humanité. Il s’agit d’un sujet essentiel qu’il est bon de méditer pour pouvoir mieux le vivre comme nous y encourage la Bible, qui nous exhorte à nous pardonner les uns aux autres comme Dieu nous a pardonnés (Éph 4.32 ; Col 3.13). C’est pourquoi dans les lignes suivantes nous proposons de nous arrêter rapidement sur quelques aspects du pardon divin, avant d’examiner un peu plus longuement différents aspects du pardon humain. Les limites imposées à cette étude ne permettant pas de traiter le sujet du pardon dans son ensemble, le choix a été fait de privilégier quelques aspects "théologiques" souvent mal compris.

Le pardon divin, relationnel et juridique

Parmi les nombreux textes bibliques qui font référence au pardon divin, nous en relèverons un qui permet de saisir plusieurs aspects de ce pardon : « Et vous, qui étiez morts à cause de vos fautes, et parce que vous étiez des incirconcis, des païens, Dieu vous a donné la vie avec le Christ. Il nous a pardonné toutes nos fautes. Car il a annulé l’acte qui établissait nos manquements à l’égard des commandements. Oui, il l’a effacé, le clouant sur la croix. » (Col 2.13-14)

Le début de ce texte place le « cadre » dans lequel prend place le pardon divin en abordant la question du rapport entre l’homme et Dieu sous son angle relationnel et sous son angle juridique :

– parler de mort spirituelle, c’est dire qu’il y a séparation entre l’homme et Dieu et qu’il ne peut exister de relation de communion entre eux ;
– parler de fautes, c’est dire qu’il y a une loi qui a été transgressée, donc qu’il y a un offenseur (celui qui a commis la faute) et un offensé (celui envers qui la faute a été commise).

Les fautes de l’homme sont présentées ici comme la cause de sa mort spirituelle ; vu sous un autre angle, cela signifie que la cause du problème relationnel qui existe entre l’homme et Dieu est de nature juridique.

Après avoir dépeint la situation passée des destinataires de sa lettre, l’apôtre parle de leur situation présente : ils ont la vie. Ils sont donc maintenant enfants de Dieu et ont une relation de communion avec lui. L’apôtre souligne alors que ce qui a permis de rétablir cette relation, c’est le pardon que Dieu leur a octroyé ; pardon qui consistait en l’annulation, en l’effacement de l’acte qui établissait leurs manquements. Ainsi le pardon divin se révèle être l’acte par lequel Dieu ôte l’accusation qui pèse contre celui qui a transgressé sa loi. Dès lors, une relation de communion peut exister entre Dieu et l’homme puisque ce qui faisait obstacle à cette dernière a été ôté. Le pardon divin qui se situe sur un plan juridique a pour conséquence la réconciliation qui se situe sur un plan relationnel.

Encore un point important à relever au sujet du pardon divin : à qui est-il octroyé ? Bien que Dieu aime l’homme et soit disposé à lui pardonner, le pardon divin n’est accordé que dans la mesure où l’homme se repent de ses fautes et demande pardon à Dieu.

Le pardon humain, à l’image du pardon divin

Le pardon divin servant de modèle au pardon humain, nous nous proposons maintenant d’aborder quelques aspects du pardon humain en gardant à l’esprit les différents points rappelés précédemment.

Parler de nécessité de pardon entre deux personnes, c’est dire qu’il y a nécessité de restaurer la relation entre ces deux personnes à cause d’une offense qui l’a perturbée. À l’image de ce que nous avons vu pour le pardon divin, lorsque l’offensé déclare à l’offenseur qu’il lui pardonne, il lui déclare qu’il ne tient plus compte du contentieux qui le séparait de lui. Cela a plusieurs conséquences.

Pardon et libération du ressentiment

Une première implication est que pardon et libération du ressentiment sont deux choses différentes. Lorsque nous sommes offensés, cela génère en nous des émotions : tout comme la douleur physique nous avertit que notre corps a été blessé, les émotions que nous ressentons nous signalent que notre âme a été blessée. Ces émotions peuvent être saines ou malsaines ; si elles sont malsaines il peut nous arriver de les garder pour nous-mêmes et de les laisser dégénérer et se transformer en ressentiment profond, voire même en haine contre celui qui nous a blessés. Ce ressentiment, cette amertume, voire même cette haine, sont un péché qu’il nous faut régler devant Dieu. Rejeter sur l’offenseur la responsabilité de ce que nous vivons n’est pas la solution pour régler ce péché qui entrave notre relation avec Dieu. Même s’il est vrai que celui qui nous a blessés est coupable de ce qu’il a fait, qu’il y a sans doute une réelle injustice à notre égard, nous sommes pour notre part responsables devant Dieu de notre réaction ; et si nous réagissons mal, ce n’est pas uniquement à cause de celui qui nous a blessés, mais c’est avant tout dû au fait que nous sommes pécheurs et que notre réaction est entachée par le péché. Si nous n’étions pas pécheurs, nous réagirions sainement, à l’exemple de Jésus … Ainsi, lorsque nous réalisons que nous avons laissé se développer en nous des sentiments qui ne sont pas selon Dieu, c’est vers lui qu’il faut se tourner en les lui confessant avec repentance, et en lui demandant qu’il nous en libère et qu’il place en nous son amour et sa paix. Cette démarche qui a lieu entre Dieu et nous-mêmes et qui vise notre restauration spirituelle est donc différente de la démarche du pardon qui a lieu entre l’offenseur et l’offensé et qui vise leur réconciliation. Ce qu’il faut encore souligner, afin que les choses soient bien claires, c’est qu’être libéré de son ressentiment ne signifie pas nécessairement que l’on ne va plus souffrir de l’offense subie ; cela signifie plutôt que l’on va réagir de manière saine face à cette souffrance.

Pardon et disposition à pardonner

Une deuxième implication est que pardon et disposition à pardonner sont deux choses différentes. En effet, lorsque quelqu’un nous a offensés, nous pouvons être libérés de tout ressentiment envers lui, être prêts à lui pardonner et même l’aimer, sans pour autant lui avoir pardonné ! Le modèle divin du pardon aide à saisir cela : Dieu est disposé à pardonner à l’homme, Dieu aime l’homme, mais tant que ce dernier ne s’est pas repenti, Dieu ne lui accorde pas son pardon et l’homme ne peut espérer avoir communion avec lui. Il devrait en être de même pour nous : si nous sommes dans une situation où nous n’avons pas pu accorder notre pardon à notre offenseur (mais où nous sommes cependant prêts à l’accorder s’il vient nous le demander), alors nous ne pourrons pas avoir une relation normale avec cette personne comme si de rien n’était. Cela ne nous dispensera pas de l’aimer et de rechercher son bien comme Dieu nous le demande pour tout être humain ; mais sur le plan pratique cela signifiera qu’une relation harmonieuse ne pourra pas s’établir tant que le problème ne sera pas réglé.

Pardon et réconciliation

Une troisième implication est que pardon et réconciliation sont deux choses différentes. Même si la réconciliation est intimement liée au pardon, elle en est cependant distincte puisqu’elle en est la conséquence comme nous l’avons vu dans le modèle divin. Confondre ces deux choses peut amener à chercher la réconciliation sans régler le problème de fond, ce qui aboutira à une relation bancale où le problème finira par ressortir tôt ou tard.

Pardon et oubli

Une quatrième implication est que pardon et oubli sont deux choses différentes. En s’appuyant sur des traductions littérales de textes comme Héb 8.12 ou 10.17 qui disent que Dieu ne se souviendra plus de nos péchés, nous pourrions penser que le fait de pardonner une offense implique que nous oubliions celle-ci (dans le sens d’un « effacement » de notre mémoire). En fait une telle compréhension est à écarter, tant sur le plan linguistique que sur le plan théologique. En effet, l’emploi de l’expression : « Dieu se souvient » dans des textes comme Gen 8.1 ; 19.29, etc., montre que l’expression « Dieu ne se souviendra plus de nos péchés » signifie qu’il n’en tiendra plus compte (cf. la traduction du Semeur), qu’il ne va pas agir en fonction de nos péchés. Et sur le plan théologique, il est évident que cette expression ne peut être comprise dans le sens d’une « amnésie » de Dieu par rapport aux péchés pardonnés : sinon cela signifierait que nous serions à même de savoir des choses que le Dieu omniscient lui-même ignorerait !

Ainsi, puisque pardonner n’implique pas de devenir « amnésique » quant à l’offense subie, cela signifie que même après avoir remis ses griefs à Dieu et pardonné à l’offenseur, l’offensé peut garder une cicatrice liée à l’offense, cicatrice qui peut être longue à se refermer.

L’octroi du pardon humain

Avant de terminer, nous aimerions nous arrêter encore sur un point, celui de l’octroi du pardon humain.

Si nous nous reportons au modèle divin, nous en concluons que le pardon ne peut être accordé que s’il y a repentance. Et cela est confirmé par Jésus en Luc 17.3-4 où il met tout spécialement en évidence la nécessité de la repentance pour que le pardon puisse être accordé par l’offensé. À cet égard, il faut souligner qu’il n’est peut-être pas toujours nécessaire de s’attacher à entendre exactement les mots : « je me repens », car la repentance peut s’exprimer par d’autres termes. Mais il est essentiel qu’elle soit là pour que le pardon puisse être accordé : d’abord parce que vouloir pardonner sans qu’il y ait repentance, c’est refuser de se conformer au modèle divin. C’est finalement vouloir faire les choses comme on l’entend, et non pas comme Dieu le veut ! Ensuite, parce que se repentir, c’est reconnaître qu’on a eu tort, qu’on est fautif. Par conséquent, pardonner sans exiger de repentance, c’est donner raison à l’offenseur et d’une certaine façon c’est l’encourager à continuer dans sa voie ! La repentance est aussi importante vis-à-vis de l’offenseur, car une offense envers le prochain est aussi une offense envers Dieu puisqu’il demande d’aimer son prochain. Ainsi, c’est par la repentance envers Dieu et envers son prochain que l’offenseur peut être délivré de son péché. Enfin, exiger la repentance est important, car pardonner sans repentance revient plus ou moins à cautionner le mal et c’est d’une certaine manière refuser de rétablir l’ordre moral qui a été bafoué.

Affirmer que la repentance est nécessaire à l’octroi du pardon amène inévitablement à s’interroger sur des textes comme Matt 6.15 ; 18.33-35 ; Marc 11.25-26 ou Luc 11.4, qui semblent faire dépendre le pardon divin du pardon humain. Cette compréhension ne peut cependant pas être retenue, car le reste de l’enseignement biblique montre clairement que ce n’est pas en pardonnant que nous pouvons gagner le pardon de Dieu (ce serait le salut par les œuvres). Dès lors, il nous semble que ces textes présentent le pardon humain comme la « condition-conséquence » du pardon divin et non comme la cause, qui en est la grâce de Dieu. Et ce n’est pas un cas isolé puisque l’enseignement biblique présente d’autres « conditions-conséquences » du salut telles par exemple la persévérance (Matt 10.22 ; 24.13) ou la sanctification (Héb 12.14 ; 1 Cor 6.9, etc.).

Vivre le pardon

Vivre le pardon dans nos relations interpersonnelles n’est donc pas une option pour le chrétien. Se pardonner les uns aux autres est un acte que Dieu nous appelle à vivre pour restaurer les relations avec notre prochain. Car comment pourrions-nous vivre l’amour de notre prochain tout en refusant de lui pardonner ?

En même temps, vivre le pardon à l’image du pardon divin peut paraître un but impossible à atteindre. Mais l’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint n’est-il pas le moteur essentiel qui permet de réaliser ce qui pourrait paraître inconcevable ?

« Le Seigneur vous a pardonné : vous aussi, pardonnez-vous de la même manière. Et, par-dessus tout cela, revêtez-vous de l’amour qui est le lien par excellence. » (Col 3.13-14)

Bibliographie

Nous conseillons vivement au lecteur qui voudrait approfondir le sujet du pardon l’excellent livre de Jacques Buchhold et duquel nous nous sommes largement inspirés pour cet exposé.

– Neil Anderson, Une nouvelle identité pour une nouvelle vie, Editeurs de Littérature Biblique, Braine-L’Alleud, p. 191-206.
– Jacques Buchhold, Le pardon et l’oubli, Excelsis, Cléon d’Andran, 1997, 169 p.
– Samuel Hatzakortzian, Le pardon une puissance qui libère, Compassion, Challes-les-Eaux, 1980, 93 p.
– Jacques et Claire Poujol, Manuel de relation d’aide, vol. 2, Empreinte, Paris, 1996, p. 99-107.
– R. Vercellino-Aris, « Le pardon : une résurrection », La Revue Réformée, n° 198, mars 1998, p. 33-53.


« Pardon, pardon ! » Le petit mot se multiplie au milieu de la foule compacte qui s’entrecroise dans ce grand hall de gare. Pardon pour ma grosse valise qui vous a légèrement heurté ; pardon, je suis pressé d’attraper mon train ; pardon, sauriez-vous sur quel quai part mon train ?

Pardon, un petit mot anodin, de la politesse quotidienne ? Pas seulement, et ce numéro vous propose de creuser le sens profond du pardon. Les auteurs des articles de ce dossier font souvent allusion au pardon fondamental, celui de Dieu : il nous a « pardonné toutes nos fautes » (Col 2.13, version Darby). À ce pardon divin doit maintenant répondre notre pardon humain, à la fois reflet de celui de Dieu et preuve que nous avons vraiment saisi le sens du pardon dont nous avons bénéficié. Ce pardon naît unilatéralement dans le cœur de l’offensé et attend la confession de l’offenseur pour avoir son achèvement ; il est un chemin souvent difficile, parfois long, mais il est aussi peut-être la marque la plus touchante de l’amour divin versé dans nos cœurs.

« Car à celui qui pardonne,
A son tour on pardonnera.
Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix.
Seigneur, fais de nous des bâtisseurs d’amour. »

(d’après François d’Assise)


Notre monde postmoderne est confronté à des paradoxes frappants. Un exemple : on parle de « pardon collectif » pour enterrer « le passé », alors que, parallèlement à ces efforts humains, violence, haine et guerre remplissent nos quotidiens. On assiste à un renversement des valeurs, et « le mal est appelé bien et le bien est appelé mal ». À l’instar des habitants de Ninive, notre société ne « sait plus distinguer sa droite de sa gauche » (Jonas 4.11). Les termes « pardon », « réconciliation », « paix », n’ont plus la même connotation que jadis. L’Église, annonciatrice de la Bonne Nouvelle, est-elle à même aujourd’hui d’être le héraut du pardon ancré dans les Écritures, ou sonne-t-elle de plus en plus du même cor que le monde ? Avons-nous un message libérateur clair à vivre et à annoncer au milieu d’un monde déchiré par des conflits ? Posons donc les bases nécessaires à un vrai pardon.

A. L’homme en guerre avec Dieu

La réalité de la corruption totale de l’être humain depuis la chute d’Adam et Eve n’est plus à prouver. Nous sommes tous pécheurs et avons tous des penchants vers le péché :

« Il n’y a point de juste, non pas même un seul, il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y a personne qui recherche Dieu ; ils se sont tous détournés, ils se sont ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas un seul… » (Rom 3.10-18).

« Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom 3.23)

Nous sommes « ennemis » de Dieu (Rom 5.10), spirituellement morts (Éph 2.1) et « enfants de colère » (Éph 2.2).

Dieu, juste et saint, hait le péché, le mal. Il n’en est pas l’auteur. Les chapitres 1 à 3 de la Genèse nous enseignent cette vérité historique que Dieu a créé le monde parfait, mais que par « un seul homme le péché est entré DANS le monde et par le péché la mort et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes en ce que tous ont péché » (Rom 5.12). Séduite par Satan, « le serpent ancien », Ève a cédé à la tentation et a entraîné Adam dans le péché par sa désobéissance à Dieu.

Comment dès lors concilier la justice de Dieu et sa colère face au péché et à celui qui le commet ? Nous devons être conscients que Dieu « s’irrite en tout temps » (Ps 7.12) et « hait ceux qui commettent l’iniquité » (Ps 5.6). Justice doit être faite parce que la loi de Dieu le réclame. De plus, on ne peut pas innocenter celui qui a commis l’iniquité et déclarer coupable celui est innocent d’un acte criminel : « celui qui absout le coupable et celui qui condamne le juste sont tous deux en abomination à l’Éternel » (Prov 17.15).

Donc, « la colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité (tout en vivant) dans l’iniquité » (Rom 1.18).

B. L’intervention de Dieu en Christ, le pardon

« Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation, savoir, que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes ambassadeurs pour Christ, – Dieu pour ainsi dire exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : soyez réconciliés avec Dieu ! Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (2 Cor 5.17-21).

La vérité de l’œuvre substitutive de Christ est le fondement de la foi chrétienne. Dieu a fait de son Fils la victime expiatoire pour nos péchés. Sans l’œuvre de la rédemption qui nous apporte le pardon de Dieu, il n’y a pas de salut, ni de réconciliation, ni de paix pour le pécheur.

– Dieu est l’auteur et l’initiateur du pardon

Dieu est l’auteur et l’initiateur de la réconciliation du pécheur avec lui. Esclave du péché et hostile à Dieu, l’homme est dans l’incapacité de s’approcher de lui si le Père ne l’attire pas. Personne ne peut expier son péché pour apaiser la colère de Dieu et ne satisfaire à sa justice. « Nous sommes des impurs, et toute notre justice est comme un vêtement souillé » (És 64.5). Ni par sa volonté, ni par aucun autre moyen le pécheur peut satisfaire la justice de Dieu. Ésaïe, face à la justice et à la sainteté de Dieu, s’écriait : « Malheur à moi ! Je suis perdu, je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures » (És 6.5).

– Dieu a donné le moyen de réconciliation et de pardon

Ce qui fait obstacle au pardon du pécheur, c’est la colère de Dieu contre le péché. Il faut que justice soit faite et que le coupable soit châtié pour apaiser la colère de Dieu et satisfaire sa justice.

L’expiation par substitution

Comment un pécheur peut-il prétendre au pardon ? Pour comprendre en profondeur le pardon, la clé nous est donnée dans 2 Cor 5.21 : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu ».

Christ a souffert la mort à notre place et subi le jugement pour nos péchés. « Les implications profondes de cette vérité sont que la mort de Christ est un paiement pour les péchés de ceux qui croiraient. Il s’est substitué à eux à la barre du jugement. Il a porté leur culpabilité et a subi le châtiment à leur place1 ». Nous l’entendons s’écrier à la Croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat 27.46 ; Marc 15.34). Toute la colère de Dieu s’est déversée sur Christ à la Croix, où il a expié nos péchés, en subissant le jugement à notre place (És 53.4-6). Il y a eu satisfaction totale des exigences de la justice de Dieu par la mort de Christ à ma place.

Il a payé la rançon (Marc 10.45) pour satisfaire la justice de Dieu. La théorie d’une rançon payée à Satan n’a aucun fondement biblique. Pour le libéralisme théologique et l’humanisme séculier, la doctrine de l’expiation par substitution reste inhumaine, cruelle, inadmissible et simpliste. On la range parmi les concepts des religions, antiques en particulier, de propitiation sous deux aspects : celui d’apaiser les divinités païennes et celui de s’approprier vie et puissance par des rites sacrificiels, l’immolation d’animaux. Mais l’œuvre expiatoire de Christ va à l’encontre de ces théories et religions diverses en apportant la seule et véritable solution au problème du péché et de la mort. En voici les raisons :

– Pour l’humanisme, le péché est d’abord une violation commise contre l’homme et contre la nature, tandis que, pour Dieu, le péché est d’abord une violation de sa loi, une transgression contre la justice et la sainteté du Dieu vivant.

– L’homme verse du sang par l’homme parce qu’il est pécheur. Pour combattre la violence, il utilise la violence. Mais il ne traite pas la cause véritable. Quant à Dieu, offensé par l’homme pécheur, il a fallu un moyen qui satisfasse sa justice et sa sainteté, les conciliant avec son amour. Pour Dieu, la seule expiation acceptable pour le péché était un sacrifice sanglant, car « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Héb 9.22). Christ est ce sacrifice en ce qu’il a donné sa vie, ce dont témoigne son sang versé, ce sang qui conduit à la rémission de nos péchés (Héb 9.11-28).

– Dans toute religion, nous retrouvons l’élément que Dieu a mis dans le cœur de l’homme : «la pensée de l’éternité » et la soif de connaître l’Ultime, Dieu, le Créateur de l’univers. L’homme est toujours à la recherche du « paradis perdu » et les diverses religions sont une simple manifestation des efforts humains et vains pour essayer de le retrouver à tout prix.

– Soudainement, nos premiers parents, lors de la chute, ont pris conscience de leur nudité devant Dieu. Leurs yeux furent ouverts sur leur propre misère, le péché. Ils découvrirent leur culpabilité par imputation devant le Créateur. Les religions antiques portaient ces traces, cherchant par des rites sacrificiels à s’approcher de Dieu. Mais c’est impossible, car aucun moyen humain n’est à même de se substituer au sacrifice de Christ à la croix de Golgotha.

– Dieu, dans sa grâce, a merveilleusement pourvu à notre incapacité de nous approcher de Dieu, de nous sauver par quelque œuvre ou sacrifice humains que ce soit. Pour cela, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’ils ait la vie éternelle » (Jean 3.16). Il a donné son sang, symbole de la vie, car « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Héb 9.22).

– Le sang est donc d’une importance capitale. Il charrie la vie à travers nos artères, nos veines et nos capillaires. Il apporte de l’oxygène pour alimenter les tissus et éliminer le dioxyde de carbone avec d’autres « déchets », en renouvelant ainsi tout le corps. Tant que le sang coule dans nos veines, il y a la vie. La vie est sacrée, car « l’âme de la chair est dans le sang » et… « c’est le sang qui fait propitiation pour l’âme » (Lév 17.11). Le terme « sang » se trouve 365 fois dans la Bible, dont 103 fois en relation avec le sang sacrificiel. Les sacrifices d’animaux devaient être sans cesse répétées ; ils ne pouvaient enlever la culpabilité du pécheur. Jésus, lui, s’est substitué à nous en mourant à notre place pour nos péchés et notre culpabilité. En « entrant une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, il a obtenu une rédemption éternelle » (Héb 9.11-12).

« Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous» (És 53.5-6).

Il a « fait la paix par lui par le sang de sa croix » (Col 1.20).

Ennemis de Dieu jadis, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, et « nous sommes maintenant justifiés par son sang, et serons sauvés par lui de la colère » (Rom 5.6-11).

L’imputation

« Celui qui a n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous » (2 Cor 5.21). Ma culpabilité devant Dieu a été imputée à Christ ; elle a donc été portée à son compte. C’est lui qui a été déclaré coupable à la place du pécheur. La culpabilité des péchés a été imputée à Christ, mais « non pas transmise » (John F. McArthur). Dieu a mis ma culpabilité sur le compte de Christ qui a été pleinement jugé pour moi.

La justification

À la Croix, le Seigneur a mis sa justice à notre compte. Nous bénéficions de la justice de Dieu, en ce qu’elle a été mise sur notre compte : nous avons été déclarés justes par imputation.

Comment cela ? Dieu, par l’Esprit Saint, a produit la repentance dans le cœur du pécheur qui le cherche, et par la foi en Jésus-Christ il a été sauvé, régénéré.

« La justice de Dieu vient par la foi. » (Phil 3.9)

« Celui qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi est comptée à justice. » (Rom 4.5)

« Repentez-vous… en rémission de vos péchés. » (Act 2.38)

« Dieu… ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent. » (Act 17.30).

Nous recevons ainsi une vie nouvelle, et sommes devenus une « nouvelle création, car les choses vieilles sont passées. Voici toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor 5.17). Nous sommes « devenus justice de Dieu en Christ » (2 Cor 5.21).

Devenus justes par imputation de la justice de Dieu en Christ, nous restons néanmoins des pécheurs sauvés par grâce, marchant sur la voie de la sanctification progressive.

La réconciliation et la paix

« Ayant été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par Jésus-Christ » (Rom 5.21). « Dieu nous a réconciliés avec lui-même par Christ » (2 Cor 5.18). Sous l’angle juridique, la réconciliation de Dieu avec le pécheur s’est faite en vertu de l’œuvre rédemptrice de Christ. Par la foi, nous avons pu saisir la main tendue du Sauveur. C’est le pardon judiciaire de Dieu.

Dès lors, nous sommes devenus « ambassadeurs de Christ, et Dieu exhorte les hommes par nous à être réconciliés avec Dieu » (2 Cor 5.20). Notre message est pressant : « Nous supplions les hommes » à se repentir de leurs péchés et à saisir le pardon offert par Christ. « Bienheureux ceux qui procurent la paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu » (Mat 5.9).

Nos églises ont besoin de redécouvrir la doctrine biblique cardinale du pardon qui implique les différents aspects présentés ci-dessus.

Jamais on a autant parlé de paix, de pardon et de réconciliation dans le monde. Mais est-ce vraiment ce pardon de Dieu ou simplement une sorte de « pardon collectif » provenant d’une grâce à bon marché ?

L’Église remplit-elle cette mission urgente d’apporter le message du pardon, de la réconciliation et de la paix, d’abord de Dieu avec le pécheur, puis des hommes entre eux ? Le pardon, la réconciliation et la paix passent nécessairement par une véritable confession des péchés, par la repentance et la foi en Jésus-Christ qui se traduiront par un changement radical du pécheur coupable.

« Oh, si mon peuple m’avait écouté ! Si Israël avait marché dans mes voies ! En un instant j’aurais confondu leurs ennemis, j’aurais tourné ma main contre leurs adversaires. Ceux qui haïssent l’Éternel, se seraient soumis à lui ; et leur temps, à eux, aurait été à toujours. Et il les aurait nourris du meilleur froment, et je t’aurais rassasié du miel du rocher ! » (Ps 81.13-16).

Le message du pardon de Dieu en Christ transforme le cœur de l’homme. Si le peuple de Dieu vit et proclame ce message-là, nous verrons des réconciliations dans les familles, dans les Églises et parmi les hommes, les tribus, les peuples2.

1John F. McArthur, La liberté et la puissance que procure LE PARDON, édition Impact, Cap-de-la-Madeleine, p. 20.

2Nous recommandons l’excellent ouvrage de John F. MacArthur, La liberté et la puissance que procure LE PARDON, édition Impact, Cap-de-la Madeleine, Québec (Canada). Ce message est un résumé du premier chapitre, Le fondement de tout pardon.