PROMESSES
« Et ils reconnaîtront que moi, l’Éternel, leur Dieu, je suis avec eux, et qu’ils sont mon peuple, eux, la maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel. » Ézéchiel 34.30
Appartenir au peuple particulier de Dieu est une bénédiction éminente, et savoir que nous sommes de ce peuple est un immense sujet de joie. Une chose est d’espérer que Dieu soit avec nous, une autre de savoir qu’il l’est. Si la foi nous sauve, l’assurance nous donne la paix. Nous prenons Dieu pour notre Dieu quand nous croyons en lui, mais nous n’en avons de la joie qu’une fois que nous sommes assurés qu’il est à nous et nous à lui. Ne nous contentons pas d’espérer seulement, mais demandons au Seigneur qu’il nous donne cette parfaite assurance, qui fait que des sujets d’espérance deviennent des sujets de certitude.
Il faut être entré en possession de ces grâces, afin de pouvoir contempler le Seigneur comme cette « plantation de renom » dont il est parlé plus haut (v. 29), pour parvenir à une claire connaissance de la faveur de Dieu envers nous. Tournons donc continuellement nos yeux dans la direction de cette libre grâce. L’assurance de la foi ne peut pas s’acquérir par les œuvres de la loi : c’est là l’Évangile qui nous est enseigné. Ne regardons pas à nous, mais au Seigneur uniquement. En voyant Jésus, nous verrons notre salut.
Seigneur, envoie-nous un tel flot de ton amour que nous en soyons soulevés au-dessus de la vase du doute et de la crainte !
Tiré des Trésors de la Foi, méditation du 9 novembre
- Edité par Spurgeon Charles
Au début de cette nouvelle année, nous aimerions vous formuler, chers lecteurs, nos meilleurs vœux dans le Seigneur pour 2012 ! Que cette année soit pour vous l’occasion d’approfondir votre relation avec notre grand Dieu et de poursuivre avec vigueur et fermeté le service qu’il vous a confié. Notre désir est que Promesses puisse contribuer modestement à cette croissance au moyen des différents articles mis à votre disposition. Nous souhaitons de tout cœur qu’ils vous soient utiles et répondent aux questions essentielles sur les thèmes abordés. Qu’ils permettent aux serviteurs de Dieu de s’en inspirer ou de compléter leur travail de recherche lorsqu’ils préparent une prédication.
Nous sommes très heureux de pouvoir envoyer depuis le mois d’octobre dernier 300 exemplaires de Promesses à nos frères et sœurs au Rwanda, par les responsables Peter et Espérance Saudatto. Ils ont également mis sur pied douze mini-bibliothèques en différents points du Rwanda. Nous leur souhaitons la bienvenue dans la famille de Promesses !
Nous constatons le développement réjouissant de l’œuvre au Cameroun avec nos frères Léonard Tchapmou, André Choubeu, Jean Ngabana et Simon Mvondo. Le nombre des nouveaux abonnés augmente régulièrement, et ceux-ci s’acquittent des 1 000 CFA annuels de l’abonnement.
De plus, nous avons pu faire parvenir 25 cartons « bananes » de livres pour une nouvelle bibliothèque au Mali à laquelle nous avons ajouté 5 000 exemplaires d’anciens numéros de Promesses. Pour cela, nous avons collaboré avec l’association « Néhémie Mali » (ANM) dont le siège se situe à Bamako, où la plus grande bibliothèque chrétienne du Mali a ainsi pu être mise en place.
Nous tenons à remercier nos fidèles lecteurs qui prient pour nous année après année, qui nous soutiennent financièrement et recommandent chaudement cette revue à leurs proches : vous restez notre meilleure publicité ! N’hésitez pas à nous solliciter si vous souhaitez recevoir un lot de Promesses pour une conférence biblique, une rencontre spéciale de votre église, etc. C’est volontiers que nous vous fournirons, dans la mesure du possible, les numéros demandés.
- Edité par Bourgeois Nathanaël
Le terme « voici » est composé de « voi » (ancien impératif « voir ») et de « -ci » (venant de « ici ») : « Vois ici ». Il désigne ce qui est proche dans le temps ou dans l’espace (tandis que « voilà » désignera ce qui en est plus éloigné).
Ce terme en apparence anodin peut alimenter nos instants de prière et d’adoration. L’étymologie nous incite à le prendre comme un impératif : considérons donc attentivement trois passages qui présentent chacun un aspect de Christ.
Voici le passé
Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. (Jean 1.29)
Vois ici, tout près de ton cœur, que Christ est « l’Agneau de Dieu », l’agneau pascal offert en holocauste (Ex 12.12 ; cf. 1 Cor 5.7 et 1 Pi 1.19). Il a été brisé par la souffrance sans se plaindre (És 53.6-7,10). Voici : il a pris sur lui à la croix nos péchés, devenant « péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. » (2 Cor 5.21). Le chemin vers Dieu est ouvert. Celui qui saisit la main du Seigneur a trouvé le bonheur éternel, la joie en Christ, le repos et la paix qu’aucune circonstance ne pourra jamais lui enlever.
Voici le présent
Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. (Mat 28.20)
Vois ici, tout près de toi, qu’il est avec toi tous les jours : quoi de plus rassurant dans un monde hostile ? Quelle force, quel courage et quelle hardiesse cela nous donne, non seulement de résister, mais d’être « plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » !
Voici le futur
Voici, je viens bientôt. (Apoc 22.7)
Vois ici, tout près dans le temps, que Jésus vient bientôt. On ne parle plus beaucoup de la venue de Christ. Il faut nous recentrer sur son retour. C’est l’espérance de tous les chrétiens. Qu’est-ce que cela changerait dans nos vies ? Ce « voici » nous demande de nous poser la question sérieusement.
La vie continue, le combat continue, mais Jésus est vivant. Celui qui nous a garanti la justice et le salut, l’Agneau de Dieu, est le même : il est avec nous aujourd’hui et demain et tous les jours de notre vie. Il est aussi celui qui nous garantit un avenir glorieux, car il a dit : « Je viens bientôt ».
L’Esprit et l’épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif vienne […] Amen ! Viens Seigneur Jésus ! (Apoc 22.17, 20)
- Edité par Lüscher Henri
Je lève mes yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours ? (v. 1)
Le pèlerinage vers Jérusalem empruntait la vallée du Jourdain. C’était un chemin dangereux (c’est là que Jésus place, en Luc 10, l’histoire du voyageur attaqué par les brigands). Le voyageur est sur ses gardes. Il tend la tête pour scruter les montagnes à la recherche des dangers potentiels. Aujourd’hui, tu empruntes peut-être aussi un chemin dangereux : une semaine difficile, de nouveaux défis, des soucis récurrents, etc. Je lève les yeux vers les montagnes, et la précarité de tout ce qu’il me reste à gravir me donne le tournis. Seigneur, es-tu bien vraiment là avec moi ?
Le secours me vient de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre (v. 2)
Sur ce chemin escarpé, mon guide et secouriste, c’est le Dieu de la Bible. Il est un secours puissant. Son CV ? Il a fait les cieux et la terre, à partir de rien et en quelques jours. Il peut t’aider aujourd’hui en créant de rien et en un temps record une situation tout à fait nouvelle ou en te montrant comment t’y comporter.
Le seul secouriste à la mesure des défis qui te sont lancés s’appelle Jésus-Christ. Lui as-tu demandé d’être ton secouriste et guide ? Vivre sans Christ serait aussi irresponsable et dangereux que de vouloir atteindre l’Himalaya sans carte. Accepte de t’encorder à lui. Il s’engage à t’accompagner tous les jours (Mat 28.20b). Peut-être qu’après toutes ces années, tu es tellement préoccupé par l’horizon bouché que tu ne sens plus sa présence à tes côtés.
Il ne permettra point que ton pied chancelle ; celui qui te garde ne sommeillera point (v. 3)
Le pèlerin jouit d’une belle promesse alors qu’il grimpe pour les fêtes à Jérusalem. Jésus-Christ ne place jamais sur ton chemin d’obstacles pour le plaisir de te faire tomber. Ton pied risque-t-il de glisser ? Personne ne te ravira de la main de Christ (Jean 10:28). Les fausses idoles n’entendent pas tes appels mais Dieu veille. Dieu te donne-t-il l’impression de dormir ? Ouvre les yeux !
Voici, il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël (v. 4)
Regarde le destin d’Israël, sans cesse menacé d’extermination depuis sa naissance et fais confiance en Dieu. L’Église jouit aussi de la promesse que celui qui a commencé en nous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ (Phil 1.6). Pour toi aussi, aujourd’hui, Dieu n’est ni assoupi ni endormi.
L’Éternel est celui qui te garde, L’Éternel est ton ombre à ta main droite (v. 5)
La main droite est pour la plupart d’entre nous la main adroite, la main de notre activité. Elle tient l’épée. Tiens ta Bible ouverte, l’épée de l’Esprit et renouvelle ta lecture. Dieu t’encouragera à t’investir de tout cœur dans ton activité.
Pendant le jour le soleil ne te frappera point (v. 6)
Ce psaume est chanté par ceux qui montent à Jérusalem pour les fêtes ; à la Pâque comme en automne, le soleil peut taper fort en Israël. Un moissonneur en est mort (2 Rois 4.18). Mais Dieu protège comme il a ressuscité ce garçon. Que le Seigneur te protège du soleil des saisons sèches de la vie ! L’Éternel est ton ombre, pourquoi irais-tu t’abriter sous des casquettes d’hommes ?
L’Éternel te gardera de tout mal, il gardera ton âme (v. 7)
Difficile de résister à la tentation. Nous sommes faibles et avons besoin d’être gardés par une personne qui sait ce qu’elle veut et qui a le courage de prendre toujours position pour le bien. Et cette personne qui t’aime, qui t’apprécie et qui recherche en toutes choses pour toi et pour tes proches la réussite, le progrès et le bonheur, c’est Jésus-Christ. Seulement, il ne va pas te forcer. Il ne va pas te garder dans une prison. Il veut t’aider à bien utiliser ta liberté. Il est près de toi et te demande : Veux-tu que je t’aide, que je te garde de tout mal ? Qu’est-ce que tu lui réponds ?
L’Éternel gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et à jamais (v. 8)
Jésus-Christ agit avec toi avec une fidélité sans faille. Le crois-tu ? Il veut te garder dans ton pèlerinage durant les semaines qui viennent. Il agit pour ton bien et est décidé à continuer. Christ te garde de tout danger autour de toi et en toi. Soumets tes décisions à l’approbation de Jésus-Christ. Alors il te permettra d’arriver, d’atteindre le but qu’il a fixé pour toi. Va là où Jésus-Christ te conduit et te précède. Fais ce que le Seigneur te demande à la vitesse que le Seigneur te fixe, sans tenter de le doubler mais en le suivant pas à pas. Il te gardera.
- Edité par Coutrot Vincent
L’espérance est un puissant moyen d’attirer les perdus à Dieu. Une différence fondamentale entre chrétien et non-chrétien est, selon Éph 2.12, le facteur espérance : « Souvenez-vous […] vous étiez sans espérance et sans Dieu dans le monde. » Pierre va jusqu’à considérer notre foi comme une espérance vis-à-vis du monde : « Soyez toujours prêts à répondre à tous ceux qui vous demandent des explications au sujet de l’espérance qui est en vous. » (1 Pi 3.15)
Tout le monde a besoin d’espérer
Un dictionnaire vous définira l’espérance comme l’attente confiante d’un bien désiré. Pour vivre, il faut un avenir. Et pour penser l’avenir, il faut espérer. Or, Dieu promet à ceux qui sont prêts à croire en lui : « Je veux vous donner un avenir et de l’espérance. » (Jér 29.11)
La pire des choses est de ne plus espérer. Le désespoir engendre dépression et suicide. Avant de confier ma vie à Jésus-Christ, j’étais moi-même « sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Éph 2.12). Je me sentais tellement sale que je me croyais malade. J’étais désespéré.
Un grand nombre de personnes vivent un drame similaire : elles ignorent l’amour de Dieu à leur égard. Elles n’attendent rien de valable ici-bas et encore moins dans une éternité à laquelle elles ne croient pas. Leur existence peut se réduire à manger, boire, dormir, au besoin travailler, jouir du temps qui passe, puis mourir. Sans espérance : quelle tristesse !
Notre espérance est ancrée en Jésus-Christ
Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. (Rom 8.24-25)
Seul « le Dieu de l’espérance » peut nous enseigner à ce sujet (Rom 15.13). Il est le Dieu en qui nous pouvons espérer. Une église en bonne santé est une église qui espère.
L’espérance — comme la foi et l’amour — trouve son origine en une seule et même source : Jésus-Christ. Elle est enracinée en trois faits qui le concernent :
1. Il a été ressuscité des morts. Dieu nous a accordé une vie nouvelle en ramenant Jésus-Christ de la mort à la vie (1 Pi 1.3).
2. Il est monté au Père, auprès duquel il ne cesse de défendre notre cause. Nous trouvons refuge en lui et sommes grandement encouragés à saisir avec fermeté l’espérance que Dieu nous offre. Cette espérance est pour nous solide comme un piton dans le rocher auquel un alpiniste peut s’accrocher, comme « une ancre de l’âme » (Héb 6.18-20).
3. Il reviendra. Nous attendons, en effet, « l’heureux jour que nous espérons, celui où apparaîtra la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » (Tite 2.13).
L’espérance ne passe pas inaperçue, elle porte du fruit : la joie et la paix, la pureté, la maîtrise de soi et la persévérance, etc. Elle fait partie du trio des vertus célestes : foi, espérance et amour. Croire en Christ, espérer et supporter toutes choses rend possible une relation sincère. Dans un tel contexte, quand nous expliquons notre espérance et que nous démontrons l’amour qui vient du Christ, les gens sont amenés à la foi.
Aidons le monde à passer son « Cap de Bonne-Espérance »
Pendant des siècles, la pointe sud de l’Afrique fut appelée « le cap des Tempêtes » car de très violentes tempêtes se produisent en ce lieu de jonction entre l’océan Atlantique et l’océan Indien. Mais en 1497, le navigateur portugais Vasco de Gama réussit à le franchir et découvrit la route de l’Inde. De ce fait, le cap des Tempêtes fut appelé « Cap de Bonne-Espérance ».
Par Jésus-Christ, la mort a été vaincue. Pour le croyant, elle ne peut plus être le cap des tempêtes :
Que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et Dieu notre Père, qui nous a aimés, et qui nous a donné par sa grâce une consolation éternelle et une bonne espérance, consolent vos cœurs, et vous affermissent en toute bonne œuvre et en toute bonne parole ! (2 Thes 2.16-17)
Pour tous ceux qui vivent, il y a de l’espérance. (Ecc 9.4)
- Edité par adminK
La simple consultation d’une concordance, papier ou électronique, suffira pour montrer que c’est dans l’Épître aux Romains que le mot « espérance » (ou ses dérivés) se trouve le plus grand nombre de fois, parmi tous les écrits du N.T[note]Dix-sept fois. Rapporté au nombre de mots du livre, il en va différemment : des Épîtres comme 1 Thessaloniciens ou 1 Pierre ont proportionnellement plus de mentions.[/note].
Pourtant, cette Épître commence par un total désespoir (1.18-3.20) : l’humanité déchue y est décrite comme elle est aux yeux de Dieu : s’enfonçant toujours plus dans le péché, incapable de faire le bien. Qui plus est, la juste colère de Dieu envers l’homme révolté contre lui est révélée d’entrée (1.18). Aucune espérance ne semble ouverte devant l’homme. Seul l’attend un juste jugement : le jour de la colère est à la porte (2.5). Quelle espérance pourrait-il avoir ?
Cette condition humaine dramatique a été entrevue par plusieurs auteurs ou artistes profanes, de Nietzsche à Sartre : face à la condition humaine, face à la certitude de la mort, face à un Dieu dont on prétend qu’il n’existe pas, il ne reste que le désespoir. Sans espérance, à quoi bon vivre ? Pour quoi vivre ? Quel sens donner à la vie ? Mais notre Épître va ouvrir une porte…
L’espérance de la gloire de Dieu (5.1-11)
Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. (5.1-2)
Dans ces deux versets, l’apôtre résume l’enseignement qui précède (3.21-4.25). Par pure grâce, Dieu offre à l’homme une porte de sortie au désespoir de sa condition :
– Quant à son passé, il est justifié par la foi en Jésus Christ : Dieu ne lui met plus son péché sur son compte, mais il le crédite de sa propre justice en Christ.
– Quant au présent, il est dans la grâce de Dieu, dans sa faveur.
– Quant au futur, il a désormais une espérance. Sa situation actuelle n’est pas définitive : si la justification qui est la sienne est déjà totale, si la faveur divine ne lui sera jamais retirée, il n’en jouit pas encore à 100 % aujourd’hui. Dieu crée en lui une envie « de quelque chose de plus », d’une plénitude.
C’est cela, l’espérance de la gloire de Dieu. La gloire de Dieu, a-t-on dit, ce sont les attributs de Dieu manifestés, l’éclat de ses perfections. Notre condition actuelle ne nous permet pas de la saisir dans toute son étendue. Mais un jour le Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire (1 Thes 2.12) nous illuminera de tout son être glorieux et nous serons définitivement comblés. Combien nous languissons après ce temps éternel du définitif et du complet !
Pour autant, Paul reste réaliste. En attendant cette gloire, nous connaissons tous plus ou moins des épreuves (5.3) et nous pouvons même nous en « glorifier » ! Non pas que Paul fasse l’éloge du masochisme, loin s’en faut, mais nous savons que les afflictions ont un but, à terme (Jac 1.2-3). Et deux aides nous sont proposées pour persévérer dans ces épreuves :
– la première est subjective : c’est l’amour de Dieu ressenti dans le présent dans le secret de notre cœur par le Saint Esprit (5.5), qui nous dit : « Dieu t’aime toujours autant, malgré les difficultés que tu traverses » ;
– la seconde est objective : le rappel du sacrifice de Christ dans le passé pour des hommes indignes, nous assure que cet amour n’est pas une illusion, mais a été démontré de la manière la plus claire possible (5.6-8).
Paul peut alors conclure par un raisonnement a fortiori (5.9-10) : si Dieu nous a déjà justifiés, il n’y a désormais plus aucune raison de craindre sa colère. En effet, les épreuves que nous traversons n’ont rien à voir avec cette colère ; elles nous conduisent au contraire à une relation plus directe et plus vivante avec Dieu (5.11).
L’espérance de la vie éternelle (6.22-23)
Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. (6.22-23)
Tout homme se voit proposer deux chemins. Le premier conduit vers la mort — la mort éternelle. Fondamentalement, un croyant l’a quitté en acceptant Christ comme Sauveur, mais il doit au quotidien actualiser ce choix en refusant de se livrer au péché. Le second chemin conduit vers la vie — la vie éternelle. Cette vie en est le but ultime et il espère avec certitude l’atteindre.
Mais dès aujourd’hui, le chrétien, justifié devant Dieu se livre volontairement comme esclave à Dieu pour le servir en sainteté. Chaque petite décision concrète de sa vie pour obéir librement à Dieu renforce cette espérance qu’un jour, cette vie qui est déjà en lui comme cadeau divin aura son plein développement, dans le service céleste éternel.
L’espérance de la gloire des enfants de Dieu (8.18-30)
J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité — non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise — avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. (8.18-25)
Dans ce développement, Paul fait un parallèle frappant entre la situation de la création et la situation des croyants, en employant les même termes : elle soupire (8.22) et nous aussi (8.23) ; elle attend (8.19), nous aussi (8.23a) ; elle sera libérée (8.21) et nous le serons aussi (8.23). Ce parallèle montre l’interaction qui existe entre la création et l’humanité : la chute de l’homme a eu des conséquences sur le monde physique que nous habitons (Gen 3.18) et elle continue à en avoir. Le Lévitique avertissait qu’une inconduite morale persistante pouvait conduire un pays à « vomir » ses habitants (Lév 18.28). Ainsi, l’état moral de nos contemporains pèse sur notre pays, qui attend sa libération.
Les soupirs et les souffrances de la création sont certainement mieux compris aujourd’hui, avec l’émergence des préoccupations écologiques. Comme chrétiens, nous ne pouvons qu’approuver ce désir de préserver notre environnement et y participer dans notre mesure. Mais nous savons par avance que ces efforts louables resteront toujours insuffisants[note]Il est au demeurant étonnant de constater que les partis écologistes sont souvent les plus en pointe pour promouvoir le laxisme moral — en totale incohérence avec l’interdépendance signalée.[/note]. Notre espérance n’est pas dans les bienfaits d’un Grenelle I ou II[note]Les « Grenelle de l’environnement » (I et II) rassemblent des engagements en faveur de l’environnement et de l’écologie, élaborés en France par le gouvernement et des ONG en 2007 et 2008.[/note], mais dans la « liberté de la gloire des enfants de Dieu », dans le jour où simultanément le péché sera éradiqué et la création libérée.
Sur le plan personnel, nous attendons « la rédemption de notre corps ». Le salut de notre âme est déjà acquis ; celui de notre corps, lui, est encore futur. Nous le constatons bien sous deux aspects : d’une part, notre corps est « faible », allant vers la décadence, susceptible de souffrir, d’être malade ; d’autre part, notre corps est aussi, hélas, l’instrument par lequel nous péchons (6.11-13). Nous attendons d’être libérés de ces deux « souffrances du temps présent » (8.18) : libérés d’une enveloppe mortelle pour revêtir une immortelle (1 Cor 15.51-54), et libérés de la présence du péché.
Face à un tel futur, notre attente est certainement vive : quand enfin jouirons-nous pleinement de cette liberté ? Mais cette attente se doit également d’être « persévérante ». Le cri est sur nos lèvres : « Viens ! », mais nous laissons au Dieu sage le choix du moment. Quoi qu’il en soit, l’issue est certaine et Paul peut conclure ce paragraphe en affirmant que nous sommes déjà (au passé !) glorifiés (8.30).
L’espérance joyeuse (12.12)
Servez le Seigneur. Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. (12.11c-12b)
À partir du chapitre 12, Paul passe à une partie plus exhortative. Parmi les 20 à 30 courts impératifs des versets 9 à 21, il demande aux Romains de se réjouir en relation avec leur espérance. La joie est déjà nôtre ici-bas (Jean 15.11 ; 17.13 ; Phil 4.4), mais elle reste partielle et entachée de tristesses (2 Cor 6.10). Alors il vient un jour où nous ne serons « que joyeux » (Deut 16.15 ; És 35.10 ; Apoc 21.4).
Comme il l’a déjà ébauché plus haut, Paul encadre cette joie de l’espérance par l’exhortation au service (voir 6.22-23) et l’encouragement à la patience dans l’épreuve (voir 5.3). Le service tout comme l’endurance dans les peines auront leur contrepartie dans la joie éternelle du Maître et du Sauveur du corps.
L’espérance du jour (13.11-14)
Cela importe d’autant plus que vous savez en quel temps nous sommes : c’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des orgies et de l’ivrognerie, de la luxure et de la débauche, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. (13.11-14)
Dans ce paragraphe, Paul présente le salut non pas comme déjà acquis (sens qu’il a par ailleurs, cf. 1.16 ou 10.9-10), mais comme à venir. Le champ ouvert par ce mot de « salut » est extrêmement vaste, même si nous le limitons trop souvent au salut « initial » : il va jusqu’à notre espérance qui est le parachèvement de ce salut. Il nous est déjà acquis (Éph 1.13), nous y travaillons (Phil 2.12) et il sera complet demain (1 Pi 1.9).
Paul utilise l’image du « jour » et de la « nuit » pour décrire notre condition et demander notre vigilance. Nous sommes « du jour », des « enfants de lumière ». Même si c’est encore la nuit de l’absence de Jésus Christ, nous sommes exhortés à nous conduire comme s’il était déjà là. Il est facile de saisir ce que cela implique concrètement : le « monde de la nuit » n’est que bien rarement en concordance avec les principes de l’Évangile ! Qu’il s’agisse de corruption ou de violence, la majeure partie des inconduites ont lieu de nuit, l’obscurité faisant peut-être croire inconsciemment que le Dieu de lumière n’y voit rien… Notre conduite doit trancher et être transparente, « comme en plein jour ».
Paul n’hésite pas à donner des exemples. Essayons de les transposer à notre siècle : les orgies (ou « excès ») font penser à toutes les drogues, légales ou non, dont on abuse ; l’ivrognerie fait penser au le binge drinking qui ravage les adolescents ; la luxure, à la pornographie omniprésente ; la débauche, à la généralisation de la sexualité hors mariage ; les querelles, à la violence de nos cités, en paroles ou en actes ; les jalousies, au consumérisme qui pousse à envier le gadget de l’autre. Nous qui avons une espérance, disons fermement halte à toutes ces addictions !
Le Dieu d’espérance (15.4,13)
Or tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance. (15.4) Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit ! (15.13)
Dieu reçoit ici ce titre unique de « Dieu de l’espérance ». Il est, lui, personnellement, la source de l’espérance. En effet, lui qui connaît tous les temps, lui qui est hors du temps, maîtrise l’avenir comme le passé. Si notre espérance n’est pas fondée sur sa personne elle-même, elle est vaine.
Dieu est la base de notre espérance et, pour nous la rendre vivante, abondante, il veut nous remplir de joie et de paix. Avec la justice, ce sont les trois caractères du royaume de Dieu actuellement (14.17). Vivre chaque jour joyeusement et paisiblement, c’est donc anticiper sur terre le temps espéré du royaume en gloire.
Pour alimenter notre joie et notre paix, pour fonder notre espérance, nous avons une ressource : des exemples bibliques à méditer, en particulier dans les récits de l’A.T. La vie d’un Noé, d’un Abraham, d’un Job, d’un Jérémie, etc., sont des leçons d’espérance. Quelle source d’encouragement pour nous !
L’espérance concrète pour l’année (15.24)
Ayant depuis plusieurs années le désir d’aller vers vous, j’espère vous voir en passant, quand je me rendrai en Espagne, et y être accompagné par vous, après que j’aurai satisfait en partie mon désir de me trouver chez vous. (15.23b-24)
Avant de donner de nombreuses salutations, Paul évoque à la fin de sa lettre ses projets de voyage en Espagne via Rome. Nous connaissons la suite… Paul est bien allé à Rome, mais pas comme il l’avait prévu !
Il est légitime de faire des projets en ce début d’année, de planifier des rendez-vous, des voyages, des occasions de service, etc. Mais sachons aussi accepter les contretemps, renoncer à des projets qui remplissaient le cœur (Job 17.11).
Paul sera prisonnier à Rome plusieurs années, et ce sera l’occasion pour lui d’écrire quatre lettres qui resteront pour l’édification des chrétiens de tous les temps. La « pleine bénédiction de Christ » (15.29) sera là, bien réelle, mais elle sera différente de celle qu’il avait anticipée. Aussi soyons assurés que, même si notre chemin n’est pas tout à fait conforme dans le détail à nos espérances, il concourt à notre bien (8.28).
L’espérance de la fin du mal (16.20)
Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ! (16.20)
Même si le terme « espérance » n’y est pas, il semble approprié de terminer par cette promesse qui forme une première conclusion à cette lettre. Il est aujourd’hui ici-bas des mystères non élucidés — et la chute de Satan, ainsi que son action actuelle, n’en est pas le moindre. Mais un jour, la puissance maléfique qui agit encore et qui parfois nous voile l’espérance en nous gâchant le présent et en obscurcissant l’avenir, sera définitivement mise hors d’état de nuire. Quelle attente !
Le souhait final, donné deux fois (16.20b,24), fait écho à celui qui clôt l’ensemble de la révélation (Apoc 22.21). Dans ce temps de l’espérance qui nous sépare de la venue de notre Sauveur et Seigneur, sa grâce est là, chaque jour, et cela nous suffit.
- Edité par Prohin Joël
La théorie de l’annihilation
L’enfer, dans le sens courant du mot, est le lieu où se retrouveront tous ceux qui auront consciemment rejeté Jésus-Christ (Mat 25.41). Le sujet est brûlant ! Mythe ou réalité ? Tout le monde a son opinion. De nombreux chrétiens conjuguent avec difficulté l’amour de Dieu et le fait qu’il puisse envoyer ses créatures en enfer. Certains commentateurs évangéliques appréciés de la dernière moitié du xxe s. nient carrément l’éternité du jugement de Dieu. Ils sont, comme les adventistes et les témoins de Jéhovah, annihilationnistes[note]Du latin nihil : « rien, néant »[/note].
Ces hommes, parmi les plus influents du monde évangélique, prônent une destruction totale et éternelle des perdus après leur mort terrestre. Les perdus n’existeront plus, échappant ainsi à la souffrance éternelle. Pour eux, un Dieu d’amour ne saurait être cruel au point de cautionner une souffrance éternelle.
L’idée de l’anéantissement total (corps, âme et esprit) d’un être humain est-elle biblique ? La question vaut la peine de se poser puisque nous mourrons tous et serons confrontés un jour à la réponse. Que croient exactement les annihilationnistes ? Sur quelle base des Écritures ? Ont-ils raison ?
Versets principaux utilisés dans cette étude
« Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. » (Mat 25.41)
« Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. » (2 Thes 1.9)
« Il boira, lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre, devant les saints anges et devant l’Agneau. Et la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la bête et son image, et quiconque reçoit la marque de son nom. » (Apoc 14.10-11)
« Le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles. […] Puis la mort et le séjour des morts furent jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu. » (Apoc 20.10, 14-15)
« Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. » (Apoc 21.8)
1. Arguments « bibliques »
Pour l’annihilationLes hommes sont seulement potentiellement immortels. Les chrétiens acquièrent l’immortalité, mais les perdus perdent cette potentialité après leur mort et cessent d’exister. Dans Luc 12.5, Jésus conseille de craindre Dieu, « celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ». Et puisque le feu consume tout, les partisans de cette théorie en déduisent que la géhenne décrit l’annihilation (voir aussi Mat 5.22,29-30 ; 10.28 ; 18.9 ; 23.33 ; Marc 9.43,45,47). |
Pour les peines éternelles1 Corinthiens 15.53-54 et 2 Tim 1.10 affirment que le corps du croyant recevra un corps immortel à la résurrection donc plus sujet à la mort. Il est évident que le sauvé a besoin de son âme et de son esprit (lesquels continuent à exister après la mort physique, Apoc 6.9 ; 20.4 ; cf. 2 Cor 5.8 ; Phil 1.23) pour animer son corps ressuscité. Jésus parle de « feu éternel » (Mat 18.8-9) « qui ne s’éteint point » (Marc 9.44, 48). Il décrit une souffrance sans fin et non une cessation d’existence. L’image du feu de l’enfer signifie la douleur suprême (Mat 13.40-42, 49-50), et non une extinction ou disparition totale. Considérez Mat 25.41 avec Apoc 20.10 et 14.10-11 où les textes précisent clairement l’existence éternelle de l’enfer pour le diable, ses messagers, et pour ceux qui rejettent Jésus-Christ (voir aussi Apoc 20.14-15 ; 21.8). Le contexte des références citées ne permet pas une interprétation annihilationniste. |
La « destruction » ou « perdition » des hommes signifie une destruction totale, une annihilation. Cf. Mat 7.13 ; Phil 3.19 ; Apoc 17.8, 11 ; 2 Pi 2.1. | Voir Mat 25.41, 46 ; Marc 9.42-48 ; Apoc 14.9-10 ; 20.10, 14-15. Ces références comprennent le mot grec pour « perdition, ruine » comme une perte éternelle du bien-être, et non comme extinction de l’être. C’est ainsi que l’ont interprété, au cours des siècles, de grands interprètes bibliques. |
Éternellement séparés de Dieu, les perdus seront annihilés : Mat 7.23 (« retirez-vous de moi ») ; 22.13 ; Jean 15.6. | Cette idée est contredite par Mat 25.41,46 et 2 Thes 1.9. En Mat 7.23, le verbe signifie simplement « se séparer » et jamais « annihiler ». Mat 22.13 concerne la souffrance éternelle, nullement l’annihilation. Jean 15.6 non plus. |
La mort appelée souvent « la deuxième mort » décrit l’annihilation de tous ces perdus, morts du fait de leur rejet de Christ. | La « seconde mort », citée dans Apoc 20.6, 14 et 21.8 (à joindre à 20.10), décrit les trois occupants du lac de feu comme étant tourmentés sans fin. Les v. 14 et 15 décrivent ceux qui ne sont pas sauvés (absents du livre de vie) et jetés aussi dans l’étang de feu sans fin. Pas de mention d’une quelconque annihilation. Cette mort est une séparation définitive d’avec Dieu, accompagnée de souffrances. |
2. Arguments théologiques
L’argument basé sur l’amour de Dieu |
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Les annihilationnistes ne supportent pas l’idée d’un Dieu se réjouissant des tourments infligés aux perdus séparés de lui, souffrant dans l’étang de feu. Pour eux, cette idée contredit celle d’un Dieu aimant, telle que manifestée dans le N.T.
Ce raisonnement pèse très lourd dans la pensée de beaucoup de vrais chrétiens : Dieu d’amour et punition éternelle ne font pas bon ménage, ils s’excluent mutuellement. |
Ce type d’argument révèle une faiblesse inhérente. Comment jugerions-nous les actions du Dieu créateur tout-puissant selon nos conceptions de ce que Dieu devrait être ou faire ? Pécheurs réconciliés par pure grâce, par les souffrances incalculables de Jésus-Christ, limitons-nous à ce que les Saintes Écritures enseignent. Dieu a aimé et aime tout le monde, mais chacun est responsable de décider s’il veut recevoir son amour et vivre éternellement ou non avec Dieu (Mat 25.31-34,41-46). Amour et punition ne s’excluent pas du tout mutuellement. Chacun choisit librement sa destinée éternelle : Dieu ne force personne à choisir la géhenne.
Dieu est saint et juste ; donc la louange lui est due par tous, convertis ou non (Apoc 15.1-4,7). Sa justice est sainte, c’est pour cela qu’il punira ceux qui s’obstinent dans le péché, en rejetant Christ. Dieu aime la justice mais ce serait le dénaturer en l’imaginant se réjouir de la souffrance des perdus. Il suffit de penser au terme affectueux qu’Abraham emploie envers le riche passé « de l’autre côté » : « Mon enfant » (Luc 16.25). |
L’argument basé sur l’immortalité |
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Seul Dieu possède l’immortalité inhérente, de par sa nature éternelle.
Tandis que les êtres humains n’ont qu’une immortalité potentielle. Adam, lors de sa chute pécheresse, a perdu sa propre immortalité potentielle et nous a fait perdre la nôtre aussi, parce que nous étions en lui. L’immortalité est retrouvée lors de la conversion. Comme les perdus n’ont jamais reçu le « don de l’immortalité », ils seront annihilés après avoir reçu leur punition pour leurs péchés. |
Juste à sa base (Dieu seul possède l’immortalité, 1 Tim 6.16), ce raisonnement oublie que Dieu, en créant l’homme, lui avait donné une immortalité corporelle future dérivée. La mortalité ne concerne que le corps, pas l’âme ou l’esprit, qui font la personnalité et ne cessent jamais de vivre (Apoc 6.9 ; 20.4 ; cf. 2 Cor 5.8 ; Phil 1.23).
Il accorde au sauvé de vivre éternellement dans un corps rendu céleste. Le converti en Christ croit dans ce corps glorifié parce que la Bible l’enseigne (1 Cor 15.53-54). Le damné possédera aussi un certain type de corps adapté à son lieu de résidence éternelle (Luc 16.19-31). |
L’argument de la justice de Dieu |
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La Bible enseigne que Dieu juge avec justice, ce qui implique une punition proportionnelle au péché commis. La souffrance éternelle et consciente affligée au perdu semble terriblement disproportionnée face aux péchés commis dans une si courte vie terrestre. | Là encore, l’homme juge à la place de Dieu si tel ou tel péché est « petit » ou « grand ». Nous en sommes incapables du simple fait que notre conception est complètement pervertie par le péché (Rom 3.11 ; Act 28.26-27). Nous ne sommes nous-mêmes pas justes et manquons totalement de la conception parfaite de la justice divine.
De plus, Thomas d’Aquin a bien dit que le péché est une attaque contre la sainteté infinie du Dieu éternel : le plus « petit » des péchés offense donc infiniment Dieu et mérite une peine infinie. Le péché est un concept biblique qualitatif et non quantitatif. Toutefois, Jésus enseigne clairement qu’il y aura une gradation dans la punition éternelle des pécheurs (Luc 12.47-48 ; Mat 11.22,24). Renier cela revient à minimiser la sainteté de Dieu et l’honneur qui lui est dû. |
L’argument du triomphe de Dieu |
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Dieu a tout gagné lorsque Christ est mort sur la croix, car ce dernier a défait Satan et les dominations « en triomphant d’elles par la croix » (Col 2.15). Il a expié les péchés « du monde entier » (1 Jean 2.2).
Ainsi, Dieu est et remplit « tout en tous » (1 Cor 15.28 ; Éph 1.23). La punition éternelle ne pourra jamais exister pour l’éternité, les perdus seront donc annihilés. |
Cette dernière affirmation dénote une erreur logique : le triomphe de la croix et la plénitude de Dieu n’impliquent pas la non-existence des peines éternelles, lesquelles sont un autre sujet.
Les trois derniers chapitres de la Bible démentent ce raisonnement. La victoire totale de Dieu ne signifie pas l’éradication ou l’annihilation ni de Satan et les siens, ni des êtres humains rebelles à Dieu (Apoc 20.11-19 ; 21.1-8 ; 22.14-15). |
Conclusion
Le Seigneur Jésus-Christ connaissait mieux que quiconque la vérité sur les deux vies éternelles — avec ou sans Dieu — après cette vie terrestre. Et c’est lui qui a parlé le plus clairement du sort éternel de ceux qui refusent de croire en lui. Cette théorie de l’annihilationnisme n’est pas validée par les Écritures mais provient du cœur humain, cœur rebelle à la sainteté et à la justice divine. Nous constatons avec tristesse que la totalité des arguments avancés en faveur de la théorie humaniste de l’annihilation vient d’un raisonnement qui place l’homme plutôt que Dieu à la première place.
Cette théorie est dangereuse pour les perdus car elle pourrait — en vain ! — les encourager à s’obstiner dans le péché (puisqu’ils croiraient pouvoir échapper à la colère de Dieu).
Elle est dangereuse pour le chrétien car elle pourrait restreindre l’évangélisation des perdus et la croissance de l’église locale.
Rejetons nos propres raisonnements (souvent pervertis) qui s’érigent au-dessus des enseignements et acceptons la vérité biblique, si difficile ou dure qu’elle puisse nous paraître.
- Edité par McCarty Scott
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- Edité par Mondin Frédéric
L’auteur de cet article a aimablement autorisé le comité de rédaction à vous proposer en lecture ci-dessous un large extrait de son article, initialement publié dans La revue Réformée, no 206, 2000/1. Vous le retrouverez intégralement sur le site qui lui est dédié : http://larevuereformee.net.
Comment la Bible parle-t-elle du ciel ? Comme il en est pour les deux natures de Christ, ainsi en sera-t-il de l’histoire du ciel à venir : également humaine et divine, terrestre et céleste. Il y aura continuité (car rien de bon dans ce monde ne sera éliminé) et discontinuité (car tout sera transfiguré, et transmué en gloire). Tout ce qui existe dans le temps sera récapitulé dans l’éternité, d’une façon ou d’une autre. La fin de l’histoire et la nouvelle création sont l’aboutissement d’un processus dont le point de départ se situe à la création.
1. La difficulté du vocabulaire
Le vocabulaire biblique pour l’éternité n’implique pas de contraste frappant entre l’éternité et le temps. Les affirmations bibliques recourent à des notions naïves de succession du temps pour décrire l’éternité. Même le tétragramme divin « Je suis » ne fait pas abstraction du temps, puisqu’il évoque « celui qui sera ». Pour Dieu, mille ans passent comme un jour. Le langage naïf de la Bible établit, à la fois, une différence et une similitude avec notre temps. La notion d’éternité implique une succession temporelle d’une certaine sorte, dominée et surplombée par Dieu.
Dieu, en qui il n’y a ni changement ni variation, est à l’origine de toute succession temporelle. Il possède en lui-même l’éternité, et le temps éternel dépend de lui, tout comme le monde créé dépend de l’unité et de la diversité qui le caractérisent. De génération en génération, il est le Dieu éternel.
Tout comme la notion d’éternité implique, à la fois, une continuité et une discontinuité temporelles d’avec la création, la notion de « ciel » présente les mêmes caractères dans le domaine spatial.
Le ciel, la nouvelle création et l’enfer sont, au même titre que la terre, des créations de Dieu. Pour cette raison, comme toute création divine, ils dépendent de Dieu et ne participent pas de son éternité ontologique. Il n’y a que Dieu qui soit immortel et qui en ait les attributs.
2. Une réalité créée
Toutes les pensées humaines sur le ciel semblent comporter au moins un élément commun : le ciel est toujours considéré comme une apothéose au terme de la vie terrestre et, très souvent, comme le résultat d’une intervention divine par rapport à la vie terrestre.
La complémentarité astronomique et spirituelle
Dans certaines langues, une distinction est faite entre ces deux aspects qui sont toujours séparés. Le mot « firmament » dans l’A.T. désigne la voûte céleste, parfois présentée symboliquement comme un manteau (És 34.4) que Dieu pliera comme un vêtement que l’on change, ou comme un rouleau de parchemin (Apoc 6.14). S’il arrive que les étoiles soient personnifiées (Job 38.7), c’est toujours en marquant bien qu’elles sont comme des créations de Dieu ; en aucun cas, elles ne sont sacralisées.
Du point de vue religieux, le ciel est un monde surnaturel qui recouvre l’ensemble des réalités invisibles et la réalité créée tout entière. Utilisé au pluriel, le mot « cieux » évoque une réalité plurielle, non pas nécessairement au sens de plusieurs « ciels » distincts, mais dans celui de grandeur. Ce monde surnaturel est là où se trouvent les esprits invisibles et le trône de Dieu. Dieu trône « au-dessus des cieux » avec les anges et l’entourage décrit en Apocalypse 4. Dans l’Épître aux Hébreux, le ciel est aussi le lieu du sanctuaire où réside, dans le tabernacle spirituel, le vrai sacrificateur. Le ciel est l’endroit où se trouvent les martyrs parvenus à la perfection, où demeure Christ dans l’endroit qu’il a préparé pour les siens (Jean 14.1-2).
Dans cette double perspective (astronomique et spirituelle), il faut distinguer les références qui, comme 2 Pi 3.10,12 et Apoc 20.11, annoncent la dissolution du ciel et la requête que l’on trouve dans la prière du Seigneur : « Que ta volonté soit faite dans les cieux comme sur la terre. » Les premières évoquent la disparition des cieux cosmiques, qui se produira au moment de la nouvelle création, tandis que la demande du « Notre Père » est eschatologique et exprime le souhait que le règne de Dieu soit établi sur la terre comme il l’est maintenant, spirituellement, dans le ciel. Jésus évoque une situation où la présence de Dieu se manifestera sur la terre. Le règne de Dieu est établi par Dieu seul, par sa volonté et pas de façon naturelle. Jésus prend ainsi dans sa perspective l’acte de dissolution de ce qui est naturel en vue des nouveaux cieux et de la nouvelle terre où la justice habitera.
En résumé, le ciel est, à la fois, le domaine transcendant créé où Dieu habite et le lieu d’ultime bénédiction pour l’homme. Nous allons essayer de préciser cela.
Le ciel comme endroit
Le ciel n’est jamais présenté dans l’Écriture autrement que comme un lieu. Mat 28.20 affirme que la puissance est donnée à Jésus « dans les cieux et sur la terre ». Cela renvoie à l’acte divin de création en Gen 1.1.
Nous pouvons comprendre ainsi que la seigneurie de Jésus est la raison d’être de la création. Tout a été créé par lui et pour lui. Et à l’Ascension, Jésus retrouve concrètement ce qui lui revient de droit. Il est important de voir que la réalité n’est pas double, soit la création, soit la rédemption. Jésus-Christ crée une réalité, « les cieux et la terre », qui a deux aspects sans que cela porte atteinte à son unité. C’est pourquoi, le ciel est un lieu de la création — « Dieu avec l’homme dans sa gloire » — tout autant que la terre.
Très souvent, une allusion directe est faite montrant que le ciel est un lieu et non un état. Par exemple, les « images » bibliques de la ville, la promesse de Jésus en Jean 14 où il annonce qu’il prépare une « demeure », l’Ascension de Jésus décrite, en Éphésiens 4, comme le passage d’un endroit à un autre, l’accueil du brigand au paradis, etc. Pourtant, le poids de tout cela n’est pas celui d’une preuve.
Le ciel est le lieu final où se trouve maintenant Jésus, l’omega en personne, et cela de façon corporelle. Faut-il considérer cet endroit de façon simpliste ? Jésus a-t-il entrepris un voyage interplanétaire ? Si le trône de Dieu est bien au centre de la création, la Bible ne nous donne aucune information sur ce sujet, qui dépasse notre compréhension. Il ne s’agit pas d’une réalité qui puisse être cernée en termes de géographie cosmique. Si nous cherchions à localiser le ciel de façon spatiale, en termes de notre cosmos, nous serions en quête de l’inconnu. C’est ignorer la distance qui existe entre les cieux et la terre. Cette limitation est difficile à accepter par l’homme moderne qui pense, en principe, qu’il doit pouvoir tout savoir.
Les notions spatiales dans la Bible — « au-dessus de », « le pain qui descend du ciel », Jésus qui « monte » à l’Ascension — ne sont pas des notions géographiques. Le fait que Dieu agisse d’au « dessus » (Jean 3.31) indique une certaine direction — Dieu n’agit pas de l’intérieur, mais de l’extérieur de la terre — mais pas un endroit spatial discernable par l’homme. Ces expressions évoquent plutôt la puissance, la majesté et la miséricorde de Dieu, qui nous visite dans des conditions qui ne sont pas celles de notre monde. L’accent est placé sur la venue de Dieu et sur le caractère concret de ses actes plutôt que sur une localisation spatiale. Lors de l’Ascension, il n’est pas nécessaire d’imaginer que Jésus est allé plus loin que derrière le nuage le plus proche pour ne plus être visible.
L’histoire du ciel
C’est à partir du ciel que Dieu règne sur sa création et ce règne durera après que la terre a perdu sa forme actuelle. Autrement dit, le ciel a une histoire qui est entrelacée avec celle de la terre. Cette histoire présente trois aspects :
a. Une histoire qui progresse
Tout, dans le monde et dans l’histoire de la révélation biblique, conduit vers le ciel et vers l’accès à un état de repos. Le sabbat, le septième jour qui devient le premier avec Jésus, est le signe temporel et spatial du repos céleste avec Dieu (Héb 4).
Dans ce développement, l’expression « les cieux et la terre » indique la totalité du point de vue terrestre, dont l’unité sera complète lorsque, par la volonté divine (qui procède du ciel, l’endroit où Dieu est « pour » le monde), la terre sera enrobée par le ciel et transformée. À ce moment-là, « la demeure de Dieu sera avec les hommes » et ce changement de localisation impliquera un changement du temps actuel. Les temps seront accomplis.
Dans l’histoire que Dieu conduit à sa fin, le premier acte de sa volonté (son choix d’être avec l’homme) est le dernier accompli dans le temps. Entre les deux, se trouve l’évolution du processus historique. Dès le début, la création pouvait soit faire un mouvement ascendant vers le ciel, soit rétrograder en opérant la rupture de l’alliance qui unit Dieu et l’homme, le ciel et la terre. (C’est pour cette raison que les cieux et la terre sont appelés à être témoins de l’alliance, Deut 30.19;31.28.) De plus, le ciel est « fixé » sur la terre, à un moment donné, chaque fois que Dieu manifeste sa présence auprès de son peuple. Ce sont là des types de la présence de Dieu avec l’homme, réalisée dans le corps de Christ qui unit le ciel et la terre : il est toujours auprès du Père dans sa divinité, tout en étant avec nous dans sa divinité et son humanité comme Emmanuel (Jean 1.18). La communion avec Dieu se réalise en Christ — « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » — et en son corps l’Église, le temple de l’Esprit, en attendant que cette réalité, discernée par la foi, devienne visible.
b. La « séparation »
La création implique une séparation des cieux et de la terre. Dieu franchit cette séparation pour être présent auprès de l’homme et, chaque fois qu’il le fait, c’est le jour du Seigneur. Quand l’homme veut le faire et devenir comme Dieu pour maîtriser la connaissance du bien et du mal (la connaissance qu’a Dieu dans le ciel, à cause de ses anges dont la chute céleste constitue une première séparation, surnaturelle), la séparation devient une opposition antithétique. Dans la séparation qu’est le péché, l’homme découvre, selon l’Ecclésiaste, la futilité du temps et l’inévitabilité de la mort. L’existence de l’homme devient l’inverse du ciel. Sartre n’avait pas tout à fait tort avec son « L’enfer c’est les autres ».
C’est pourquoi, le passage de la création à la nouvelle création ne peut être effectué que par Dieu qui, lors de l’abandon sur la croix, assume lui-même la séparation de la mort, de la malédiction, de l’enfer, afin d’ouvrir à l’homme la perspective du ciel. Après avoir accompli cette réconciliation des cieux et de la terre, Christ a marché sur la terre pendant les quarante jours qui ont suivi la résurrection. Cette période nous offre une image magnifique de la nouvelle création. Le ciel descend sur la terre et prend possession de ses éléments naturels. L’Esprit domine la chair et surpasse le physique en Christ, qui appartient à la nouvelle création. Dès ce moment, la fin, l’unité des cieux et de la terre et la nouvelle création sont déjà une réalité. Désormais, le croyant, uni au nouvel Adam, est assis avec lui dans les lieux célestes et son existence tend vers l’avenir. Le Christ ressuscité est comme un aimant : il attire tout vers lui et, de toutes les fibres de notre être nouveau, nous aspirons à son retour.
c. La « secousse »
L’existence d’une séparation implique, pour que la situation finale arrive, la conjonction de deux mouvements : l’accomplissement de l’histoire et la « secousse ». La résurrection de Christ, selon le Nouveau Testament, fait partie de la résurrection générale qui a déjà commencé. Elle secoue avec violence la mort physique.
La foi attend une intervention par laquelle la nouvelle humanité, organisée en Christ, descendra du ciel, prendra possession de la terre métamorphosée en une nouvelle création. La nouvelle Jérusalem descendra parmi les hommes et Dieu établira sa demeure au milieu d’eux pour toujours : « les choses anciennes sont passées ». La puissance de Dieu effectuera cette transformation qui ne sera pas graduelle, comme la transition du deuxième au troisième millénaire, mais qui aura la violence d’une crise.
Le monde ancien sera dissous et passera avec fracas (1 Pi 3.8s ; Apoc 21.1). Il existe donc une continuité et une discontinuité entre notre cosmos et le ciel, tout comme il y a union et distinction entre les natures divine et humaine dans la personne unique de Christ. Il s’agit d’une nouvelle création. La paix et l’ordre sur la terre sont un avant-goût du paradis. La vie éternelle commence dès maintenant pour les croyants qui, après leur mort, entrent dans la présence de Christ. Le Saint-Esprit, en ressuscitant Christ, est l’Esprit de puissance et de vie qui annonce quelle est l’espérance pour nous, qui suivons son mouvement à distance, selon les lois de la temporalité présente.
Pourtant, le ciel n’existe pas sans discontinuité, mutation et crise. La réalité présente sera dissoute et transformée par l’Esprit en une réalité nouvelle. Ce changement n’est ni naturel, ni le résultat d’une évolution, mais l’œuvre cataclysmique de l’Esprit. Il appelle une certaine violence : celle de la mort, de la disparition de la réalité présente et de la résurrection. Le ciel est arraché brutalement, par l’Esprit, à la création actuelle.
Quelques conclusions
• Le ciel est l’état parfait de la création, la perfection de toutes les réalités créées : la nature et les hommes. Tout, l’histoire et les différents éléments constitutifs de la nature existent dans la perspective du ciel : le ciel « définitif », la création en tant que nouvelle création. La vie, la paix, l’ordre, la justice et la joie y régneront (voir Apoc 21.1-4).
• Le ciel est fixe et permanent. Dieu qui, seul, possède l’immortalité est à l’origine de cet état permanent du ciel. Pourtant cette permanence, qui provient de l’immortalité de Dieu et qui dépendra toujours de sa grâce, n’est pas un état statique. La vie au ciel, en effet, sera animée à toujours par l’Esprit et par la grâce de Christ. Ainsi, le ciel sera un lieu d’activité et de repos (voir Rom 8.20-21).
• Le ciel est un lieu de repos, parce que nous serons délivrés du désordre dû au péché et aux luttes contre l’injustice. Sur terre, l’activité consiste, avant tout, à lutter contre le péché, contre la malédiction qui pèse sur la création et affecte le travail et les relations humaines. Le chrétien, selon le titre de l’ouvrage célèbre de J. Bunyan, mène « une guerre sainte » contre l’ennemi, au-dehors et au-dedans de lui-même, dans le monde et dans l’Église. Que ferons-nous au ciel ? Dans la nouvelle création, nous connaîtrons un mode de vie transfiguré et déploierons une activité au service de Dieu. Dieu sera et demeurera présent. C’est pourquoi notre service sera caractérisé en permanence par la créativité dans tous les domaines. Les prophètes de l’A.T. parlent du glorieux avenir de la terre (ex. : És 11-12) ;
• Enfin, le ciel est une récompense imméritée. Tous ceux qui entrent dans la nouvelle création y arrivent par la grâce de Christ, qui suscite en eux le désir d’obéir à l’Évangile. La récompense du ciel est Jésus-Christ lui-même. Le voir, mieux comprendre, avec une intelligence libérée du péché, la grandeur de son œuvre, pouvoir le servir de toute sa volonté, telle sera la liberté parfaite. Pouvoir l’aimer sans partage, quelle vraie récompense !
Notre nature de créature sera rendue conforme à Dieu. Nous verrons Dieu dans la béatitude, non pas de loin, mais face à face dans une harmonie enfin retrouvée.
- Edité par Wells Paul
Comment un chrétien vit-il la violence exercée à son encontre ? Quelles sont les pensées, les sentiments, les réflexions qui l’agitent ? Comment subsiste-t-on lorsqu’on est tenu prisonnier dans l’obscurité pendant trois années ? C’est le témoignage que rapporte le pasteur Richard Wurmbrandt dans son livre Sermons au cachot (Paris, Apostolat des Éditions, 1971). Sa solitude, témoigne-t-il, s’enrichit au fil du temps de la plus puissante des présences : celle du Christ, avec lui en prison, par son Esprit. Vous en trouverez ci-dessous un extrait.
Douleur et cicatrices
Pendant quelques jours, je n’ai pas pu vous prêcher comme d’habitude. La douleur physique était trop grande ; et pourtant il y avait encore quelque joie dans cette douleur. Jusqu’à maintenant ils m’avaient battu et fouetté. Aujourd’hui pour la première fois ils m’ont torturé, et de telle façon que des marques visibles en resteront sur mon corps jusqu’à ma mort, ou peut-être même après.
J’avais accoutumé de me demander comment il se faisait que le corps ressuscité de notre Seigneur porte les marques de ses blessures. Un corps ressuscité peut-il avoir cet aspect ? Serons-nous ressuscités avec des rhumatismes, des déformations, des membres tordus ?
Est-ce que le corps ressuscité portera les marques des expériences par lesquelles il est passé ? Jésus a parlé de certains qui entreront dans la vie n’ayant qu’un œil ou qu’une main : Marc 9.43-47.
Il fallait qu’il ressuscite avec les marques de son corps pour que, tant que les péchés des hommes seront présentés au Père, il puisse montrer ses blessures, reçues afin que le pécheur soit sauvé. Par ce sacrifice, moi aussi je suis sauvé.
Mais peut-être mes cicatrices aussi seront-elles utiles. Et mes prières pour mes bourreaux seront peut-être plus efficaces si je puis montrer au Père les blessures que j’ai reçues d’eux. Si moi je puis persister à les aimer, si moi je puis pardonner, pourquoi Dieu les retrancherait-il de son amour et ne leur pardonnerait-il pas ?
Et peut-être y aura-t-il un faible espoir qu’un jour je sorte de prison et j’aille en Occident. Alors j’aurai la possibilité de montrer aux Thomas incrédules, qui n’admettent pas que le communisme soit un crime à grande échelle sous couvert d’un idéal, ce que Jésus a lui-même montré à son apôtre plein de doute qu’il a ainsi convaincu : les marques de ses blessures.
Il y a une bénédiction dans les tortures que j’ai subies. Il convient de remercier Dieu pour toutes choses. Pendant qu’on me torturait, je ne pouvais pas penser. Un mot seulement m’a une fois traversé l’esprit : Vous savez bien que tel est notre lot : 1 Thes 3.3, c’est-à-dire, les afflictions.
Effets dans l’âme
Les tortures ont apporté des transformations dans mon âme. Elles ont diminué mon désir d’aller au ciel. Quel bonheur y aurait-il pour moi à être assis dans la félicité du ciel, sachant que pendant ce temps d’autres sont torturés sur terre ? Mon désir est plutôt que s’accomplisse sur la terre comme au ciel la volonté de Dieu. Pourquoi ne pas faire un ciel de notre terre, comme Jésus nous a appris à le demander dans la prière.
Je soupire après une terre remplie de vertu, de justice et d’amour ; un monde où même les animaux vivraient en paradis, les agneaux couchés près des lions qui ne les dévoreraient pas.
Prison et dépression
Je ne suis pas seul à être retenu dans une prison. Vous êtes tous dans la prison de vos êtres pécheurs, dans celle de vos idées fausses et courtes. Que Jésus vous en délivre ! Alors vous pourrez combattre et toucher au but.
Comme je vous l’ai dit, j’ai éprouvé de petites joies fugitives ces jours-ci, en pensant à la valeur des marques de torture. Mais ne croyez pas que je sois un héros et que je n’ai fait que siffler et rire au milieu des horribles douleurs. Cela a plutôt été un moment de grande dépression. Je ne pouvais pas prier. Je n’avais plus conscience de la présence de Dieu, sauf à de rares et très brefs intervalles.
Les cicatrices sont une bénédiction. De même le temps de dépression. Cela m’a montré l’horreur que serait une éternité sans Dieu. Ces journées où je ne sentais plus sa présence duraient chacune comme mille ans. Je comprends à quel point il serait affreux de rester en enfer avec des criminels non repentis qui, pour l’éternité, jureraient, maudiraient, ne penseraient que le mal, comme le font mes bourreaux communistes. Dieu m’a conduit dans une prison communiste, il m’a fait passer par des tortures et par la sombre nuit de l’âme pour que j’apprenne ce qu’est l’enfer et que je fasse tout au monde pour l’éviter.
« Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s’il perd son âme ? » (Jésus).
- Edité par Wurmbrandt R.
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