PROMESSES

Une des activités principales du Seigneur Jésus sur la Terre était la formation de ses disciples pour la mission qu’il allait leur confier. Quelles sont les étapes essentielles de ce processus ? Si autant de pages des Evangiles sont consacrées à cet enseignement, cela signifie qu’il est particulièrement important pour nous encore aujourd’hui.
Nous décrirons dans cet article trois phases essentielles du processus de formation, basées sur Marc 1.14-20 (l’appel), Matthieu 11.28-30 (la marche aux côtés du Christ), et Jean 15.1-17 (être en Christ), en nous inspirant largement des réflexions de Daniel Bourguet[note]Daniel Bourguet Devenir Disciple, , Ed. Olivétan, 2006.[/note].
Suivre Christ, un pas d’obéissance (Marc 1.14-20).
Au début du magnifique récit de Marc, le baptême de Jésus par Jean marque le lancement de son ministère, lorsque Dieu son Père déclare publiquement : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute mon affection.  ». Ainsi sa légitimité a été établie par Dieu lui-même. Il est donc naturel que Jésus soit ensuite le centre de l’histoire des disciples. C’est lui qui appelle ses disciples et non l’inverse.
Quel regard pose Jésus sur ces jeunes hommes pour qu’ils se sentent en confiance et le suivent ? Citons Bourguet : « Obéir à l’appel du Christ, c’est laisser son regard d’amour percer notre cœur. »
Dans quelles situations est-ce que j’arrive, ou n’arrive pas, à me laisser toucher par le regard du Seigneur ? Je peux avoir de la peine à aimer mon véritable visage. Est-ce que mon regard ou celui des autres prend le dessus sur celui de Dieu ? Si je commets un impair au travail, j’ai souvent du mal à me le pardonner, je peux le ruminer longtemps. Revenir au regard du Seigneur, c’est découvrir ce que son regard pur voit en moi.
Jésus appelle Simon et André, auparavant disciples de Jean (Jean 1.40) à devenir pêcheurs d’hommes, autrement dit devenir ce que Jésus est, pas moins !
L’obéissance des disciples est remarquable. Le verset 22 relève l’autorité de Jésus : « Ils étaient frappés de sa doctrine ; car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes. »
Les douze disciples ne sont pas des hommes de premier plan de la capitale Jérusalem – il n’y a ni Lévite ni Pharisien, ni membre du sanhédrin
– mais des gens de professions très diverses (pêcheurs, taxateur, etc). Jésus demande d’abord l’obéissance et la volonté de se mettre en marche, pas un certain niveau social ou intellectuel. Il n’appelle pas ceux qui se croient compétents, mais il équipera ceux qu’il appelle.
Il appelle au minimum deux disciples à la fois, le minimum ecclésial, sans doute pour s’entraider, mais aussi pour apprendre à collaborer et affiner leurs caractères mutuellement.
Les disciples laissent aussitôt les filets, c’est-à-dire leur source de revenu, leur pain, l’entreprise familiale. Ils sortent de la barque et quittent leurs acquis, ainsi que leur père et patron. Ils veulent suivre Christ, donc ils laissent même ce qui leur est cher.
Ils apprennent à renoncer (idem en Mat 16.24). Le renoncement, c’est enlever certaines choses de nos vies pour se consacrer à des choses plus importantes. Ce n’est pas une fin en soi, mais une conséquence d’un choix plus excellent. Thomas Merton l’a formulé ainsi : « Le bonheur consiste à trouver ce qui est essentiel dans ma vie, et à renoncer avec joie à tout le reste. »
L’abandon à Christ, pour le laisser régner, est une étape ultérieure. On peut le définir comme le fait de descendre du trône de sa vie, et de laisser Christ régner sur ses rêves, ses passions[note]Nathan Bramsen, What if Jesus meant what he said, Ed. Emmaüs International, 2017[/note].
En plusieurs situations, Jésus montrera la nécessité de cet abandon à ses disciples. Par exemple, Pierre doit abandonner ses filets lors de son appel. Plus tard, il doit sortir du bateau et marcher sur l’eau pour constater lui-même son impuissance et la puissance de Christ.
S’il n’était pas sorti, il n’aurait pas appris à croire. Bonhoeffer dit que celui qui a reçu l’appel doit sortir de sa situation au sein de laquelle il ne peut pas croire, pour se mettre dans la situation qui seule permet la foi[note]Dietrich Bonhoeffer, Vivre en disciple, Ed. Labor et Fides, 2009[/note].

En résumé, c’est Jésus qui appelle, et ma réponse consiste en un pas d’obéissance et un pas de foi. Ma réponse doit être sans condition, et mon engagement doit être de laisser Jésus prendre la direction de ma vie.

Marcher au rythme de Christ (Matthieu 11.28-30)

Daniel Bourguet propose de voir l’image du joug comme une offre faite aux disciples, à ceux qui le suivent déjà. Elle contient quatre injonctions :

  • Venez : approche de Christ, c’est lui qui donne le repos (v. 28)
  • Prenez : il te confie une charge qu’il tire avec toi (v. 29)
  • Apprenez : marche à côté de lui, apprends à l’écouter et à vivre son humilité et sa douceur (v. 29)
  • Recevez : la charge que te confie le Christ est bonne et légère, elle procuré le repos de l’âme. (v. 30)

Jésus nous invite : « Venez à moi », venez auprès de moi. Par rapport à l’appel des disciples (Marc 1), il y a une progression : il ne s’agit plus simplement de suivre le Seigneur, mais d’être auprès de lui. C’est une progression dans l’intimité. L’étape suivante nous est révélée par Jean 15, dans la parabole du cep et des sarments, où Jésus nous appelle à être en lui.
Où en suis-je dans mon intimité avec le Seigneur ? Ai-je le désir de passer à l’étape suivante ?
La fatigue et la charge sont des obstacles à identifier et nommer. Les possibilités sont nombreuses : trop plein d’activités, trop plein d’émotions (p. ex. Marthe en Luc 10.38-42), l’impression de porter seul une lourde charge comme Élie en 1 Rois 19, etc.
Après une journée harassante, le Seigneur invite ses disciples : « venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » (Marc 6.31). Le Seigneur n’a pas promis une vie paisible et sans difficulté, mais si la charge est écrasante, je dois alors me demander si je vise la bonne cible.
Comment parvenir au repos de l’âme ? L’âme est le siège des désirs où prennent parfois place la jalousie, la culpabilité et bien d’autres sentiments qui nous tourmentent. Marcher sciemment hors du chemin prévu par Dieu active la mauvaise conscience et l’agitation intérieure (Jér 6.16). Mais celui qui se sait en route sur la bonne voie, portant la charge que Dieu lui confie, a cette assurance de combattre le bon combat, comme écrivait Paul en 2 Tim 4.7. Certes, il peut parfois être fatigué physiquement. Le Seigneur s’adresse à des gens fatigués et chargés, et leur demande de prendre une charge de plus ! Mais qui tire le joug avec moi ?
Le Christ ! Savoir que le Seigneur tire à mes côtés est bel et bien source de repos pour mon âme.
Les bœufs, ou les chevaux, portent des œillères lorsqu’ils sont en attelage. De la même manière, je ne vois pas physiquement le Christ à côté de moi, mais je sens sa présence.
Lorsqu’un jeune cheval doit apprendre à tirer un attelage, on le met aux côtés d’un ancien, qui donne le rythme. Le jeune fougueux apprend à avancer de manière constante, dans la bonne direction. Quel cadeau de pouvoir apprendre aux côtés du Seigneur ! Pour tirer la charge efficacement avec le Christ, il faut marcher dans la même direction, tirer à la même force, et avancer au même rythme. Mon rôle est d’aligner mes objectifs sur ceux du Christ, me mettre à son diapason, à l’écoute de son Esprit.
La douceur et l’humilité sont ce qui manque le plus dans nos relations humaines, car elles sont peu valorisées dans notre société. Dans un attelage, si l’un manque de douceur et fait des à-coups, se cabre, ou part au galop, cela blesse l’autre, car le joug repose aussi sur l’autre. Prions pour vivre ce fruit de l’Esprit dans notre couple, dans notre église, au travail.
L’humilité du cœur, la véritable humilité, demande une profonde conversion du regard, telle qu’elle permet d’estimer l’autre supérieur à moi-même, sans me faire tomber dans l’auto-dévalorisation.
Si ma charge vient du Christ et que je la porte avec lui, elle ne sera pas écrasante. Si je marche au rythme et à côté du Christ, j’apprends aussi à renoncer aux charges qu’il ne m’a pas assignées. Et je vis le repos de l’âme.

Être en Christ et porter du fruit éternel (Jean 15.1-17)

Le rôle du vigneron est tenu par Dieu. Jésus parle du vigneron comme étant Dieu son Père, son Papa. Il taille ce qui produit déjà du fruit pour augmenter la quantité. Il canalise l’énergie (émon-der) et évite les pertes (purifier) pour qu’un maximum de sève arrive aux fruits. Cette image nous enseigne que la sanctification ne se fait pas sans douleur pour le chrétien.

Le rôle du cep est tenu par Jésus. Il distribue la sève, les nutriments aux sarments. Il y a plusieurs sarments sur un cep. La récolte ne provient pas d’un seul sarment, de même la récolte ne provient pas que de moi. Le cep ne porte pas lui-même des fruits : Jésus me fait la grâce de participer à sa gloire ! Il en a fait de même avec ses disciples, qui ont non seulement baptisé, mais aussi chassé les démons, guéri les malades, distribué les 5 pains et 2 poissons.
Le fruit rend la gloire de Dieu visible auprès des hommes. Il est écrit « porter du fruit », et non « produire du fruit ». C’est un rappel à l’humilité. C’est une grâce de Dieu qu’il m’utilise tel que je suis pour sa gloire, mais je ne peux me prévaloir de fabriquer ce fruit tout seul, sans lui.
Le fruit est pour le vigneron. Tout fruit que je porte est pour Dieu le Père ! De lui, par lui et pour lui sont toutes choses (Rom 11.36).
Il n’y a pas de chrétien sans fruit, et c’est rassurant ! Qu’on le veuille ou non, Dieu fait de bonnes œuvres à travers nous. Jean invite à ne pas se contenter de peu, car il montre une gradation dans la fécondité : tu peux porter du fruit (v. 2b), encore plus de fruit (v. 2c), beaucoup de fruit (v. 5b), du fruit éternel (v. 16). Aspire à beaucoup de fruit, à du fruit éternel !
Jésus t’aime autant que son Père l’aime ! Jésus décrit un flux d’amour qui part du Père, passe par lui puis par nous, et qui rejaillit dans nos relations. Il faut d’abord se laisser aimer par le Christ, avant de se mettre à aimer. Mais je suis souvent le coude du tuyau. Pourquoi puis-je éprouver de la peine à me laisser aimer par Dieu ? Je veux mériter son amour, je suis obnubilé par le « faire », et je n’arrive pas à « être ». La voix de mon entourage est plus importante que celle de Dieu,  j’ai été tellement déçu en voyant les comportements autour de moi, etc. Le pardon permet d’être libre des attentes non comblées. Dieu peut te révéler tes blocages, refus et craintes pour t’en libérer. Il offre un amour parfait, bien plus grand que celui d’un proche.
« Demeurer » est une expression typique de Jean qui a trois significations :
a) s’attarder, rester, s’arrêter ;
b) habiter, avoir son domicile ;
c) persister, subsister.
Jean parle de demeurer en Christ (v. 4) et de demeurer dans son amour (v. 9b) : il y a une notion de durée et une notion de proximité. Jean décrit une relation intime et constante avec Jésus. Avant l’obéissance, il y a l’amour de Dieu. On obéit au Seigneur parce qu’il nous aime et non pour qu’il nous aime. Ensuite, il n’est pas demandé d’être en Christ, mais d’y demeurer, de persévérer. En effet, dès la conversion je suis en Christ, une création nouvelle.
Comment demeurer en Dieu ? « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour » (v. 10) Je ne peux pas prétendre demeurer en Dieu si je pèche délibérément, sans confesser mon péché.
Comment Jésus est-il demeuré en Dieu ? Il nous a montré l’exemple : par l’obéissance à Dieu, par ses temps privilégiés avec Dieu son Père à l’écart de la foule, en aimant ses prochains, guérissant, enseignant, etc.
Dans les Évangiles, Jésus utilise plusieurs images pour parler de l’intimité avec lui. On est tour à tour enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, disciples, brebis. Parfois, il nous appelle amis par opposition à serviteurs, c’est dire que notre relation ne se limite pas à une simple obéissance, à une exécution d’ordres.
La source pour porter du fruit éternel, c’est une relation personnelle et intime avec Jésus. Et ainsi j’apprends à recevoir son amour et à aimer les autres. Je me rappelle aussi que je suis choisi pour aller et porter du fruit pour l’éternité (v. 16).

Multiplier comme Christ

Les évangiles enseignent au moins trois positions du disciple relativement à Christ. L’intimité avec le Christ va crescendo : suivre Christ, marcher à son côté, et demeurer en lui. Selon la situation, on est appelé tantôt à l’une ou l’autre position.
La finalité (porter du fruit pour l’éternité) est directement liée à l’intimité de ma relation avec Jésus. Cette finalité est mise en évidence par les dernières paroles du Christ avant de monter vers son Père : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, […] et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mat 28.19-20). Le cycle est complet lorsque le disciple fait lui-même des disciples.
Alors, allons-y !

Suivre Christ Marcher à côté du Christ Être en Christ
Passage Marc 1.14-20 Mat 11.28-30 Jean 15.1-17
Objectif Pécheurs d’hommes Repos en Dieu Porter des fruits éternels
Demandé Suivre Christ (obéissance) Apprendre de Christ, partager sa charge avec le Christ, marcher aux côtés? du Christ Être émondé, demeurer en Christ, observer ses commandements, s’aimer les uns les autres
Cadeau Regard du Christ Douceur et humilité du Christ Amour du Christ (sève), joie et plénitude
À laisser Revenu, famille Mon fardeau Des branches non fructueuses !

 


Lorsque j’étais étudiant, je me rendais tous les jours à mon école de commerce, située près d’une école de danse. Avec mes camarades, nous observions les jeunes qui descendaient du bus au même arrêt. Notre jeu consistait à deviner, en observant leur allure et leur démarche, à quelle école ils se rendaient. Nous nous trompions rarement… Il y avait bel et bien un style propre à chaque école !
La caractéristique spécifique d’un fidèle disciple de Jésus-Christ, c’est l’amour : « à ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35). Cet amour devrait être visible dans sa manière de marcher, son allure générale, ses paroles et ses actes. Et l’amour a de nombreux effets secondaires positifs : il chasse la crainte, favorise la paix, facilite les relations etc.
Comment le disciple de Jésus-Christ grandit-il, en amour notamment ? En se formant à l’école du maître ! C’est ainsi qu’il apprend à se comporter en toute situation. Il ancre sa vie solidement dans les enseignements de la Bible et son caractère se transforme. Cet apprentissage est quotidien, au travers de toutes nos activités et situations, mais l’église locale reste le lieu privilégié de cette formation. « Notre mission consiste premièrement à faire des disciples au moyen de son Évangile et par la puissance de son Esprit, à la gloire de Dieu le Père1 ».


Jésus avait une apparence semblable à la nôtre, mais pour nous expliquer qui il est, il a utilisé des images simples et efficaces pour son époque :

● Jésus leur dit : Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif (Jean 6.35).

● Jésus leur parla de nouveau, et dit : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie (Jean 8.12).

● Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde (Jean 9.5).

● Jésus leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis (Jean 10.7).

● Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis (Jean 10.11).

● Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jean 14.6).

● Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron (Jean 15.1).

● Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis (Jean 8.58).

 


Question à la rédaction
Cette rubrique vous permet de poser une question à la rédaction de Promesses.
Vous pouvez écrire vos questions à editeur@promesses.local.

Je me suis converti quelques années après la naissance de mon fils autiste.
Je me suis souvent posé la question : pourquoi mon fils est-il autiste ? Est-ce une punition de Dieu à cause de la vie chaotique et immorale que j’ai menée avant ma conversion ? 
Qu’en pensez-vous ?

Merci pour cette question ! Au travers de votre expérience personnelle se pose une question plus vaste : est-ce qu’un handicap, une maladie ou un trouble est une punition de Dieu ?
« Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui » (Jean 9.1-3).

Ce texte de l’Évangile selon Jean va nous aider à poser quelques principes. Les rabbins enseignaient [note]En se basant sur le texte d’Exode 34.7. [/note] que, si quelqu’un souffrait d’un handicap physique à la naissance, c’était dû soit à un péché commis par ses parents ou ses grands-parents, soit à un péché commis par lui-même avant sa naissance.
La réponse de Jésus est sans équivoque : le handicap de cet homme n’est dû ni à ses parents, ni à lui-même ! L’aveugle de naissance n’est donc aucunement responsable de son handicap. Dans sa souveraineté, Dieu a permis qu’il en soit ainsi.
David ne dit-il pas de l’Éternel que : « C’est toi qui as formé mes reins, qui m’a tissé dès le ventre de ma mère. Je n’étais encore qu’une masse informe, mais tes yeux me voyaient, et sur ton livre étaient inscrits tous les jours qui m’étaient destinés avant
qu’un seul d’entre eux n’existe » (Ps 139.13,16) ?
Dieu est au contrôle, de la conception à la naissance.
Dans sa réponse, Jésus précise également que le péché des ascendants de l’aveugle n’est pas la cause de ce handicap.
La cause du handicap est précisée : « C’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui » ! Après avoir dit cela, Jésus fait de la boue avec sa salive et l’en enduit les yeux et lui ordonne d’aller se laver au bassin de Siloé. Obéissant à l’ordre
reçu de Jésus, l’homme se rend au bassin, se lave et revient voyant clair (Jean 9.6-7). À travers le miracle de la vue accordé à cet aveugle de naissance, la divinité et la messianité de Jésus-Christ sont affirmées. C’est précisément l’un des thèmes de l’Évangile selon Jean et des divers miracles qui y sont rapportés. Ainsi, « les œuvres de Dieu » ont été manifestées à travers la guérison de cet aveugle-né.
Il est important d’affirmer que l’idée qu’un enfant soit puni pour les péchés de ses parents n’est pas enseignée par la Bible. Ainsi, nous trouvons ce texte du Deutéronome : « On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et l’on ne fera point mourir les enfants pour les pères ; on fera mourir chacun pour son péché » (Deut 24.16). Ézéchiel ajoute : « Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils » (Éz 18.20). Ainsi, chacun est responsable de son propre péché. Il est par contre indéniable que le péché puisse avoir une influence néfaste et se propager auprès des générations suivantes (Ex 20.15 ; 34.7).
Alors, non, je ne crois pas que votre fils soit atteint d’autisme à cause de vous
ou de vos ancêtres. C’est une situation permise par un Dieu souverain qui comporte sa part de mystère. Et je crois même que Dieu manifestera sa gloire d’une manière ou d’une autre à travers ce handicap ; le but de l’homme, n’est-il pas de glorifier Dieu (1 Cor 10.31) ? Soyez bénis, vous et votre fils ! ■


Dieu est-il au contrôle de notre monde et de son histoire ? C’est une pensée troublante quand on
considère l’histoire tourmentée des hommes… Dieu s’est-il laissé dépasser par les événements ou les a-t-il contrôlés ? Quand un ange a l’orgueil de se rebeller contre lui et devient Satan ?
Quand Ève prend un fruit interdit, devant Adam qui ne dit rien ? Quand Nebucadnetsar dévaste le royaume de Juda et emporte l’élite du peuple en captivité ? Quand Néron brûle les chrétiens de Rome ? Quand la peste noire emporte 70 à 100 millions d’hommes au XIVe siècle ? Quand Hitler fait tuer des millions de Juifs ? Quand un tsunami fait 230 000 morts en 2004 ?
Aux yeux des hommes, Dieu n’est jamais sur le podium pour les belles choses de la vie, mais il est toujours sur le banc des accusés pour toutes ces calamités. Une dissymétrie qui en dit long sur le cœur humain.
Pourtant, le prophète Ésaïe nous présente un Dieu qui règne de façon absolue. Contrairement aux idoles de bois qui ne contrôlent que par l’imagination qu’elles suscitent. Dieu règne.
Il contrôle.

1. Dieu contrôle tout selon ce qu’il est (46.9)

Souvenez-vous des premiers événements ; car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre, je suis Dieu, et rien n’est semblable à moi.
Dieu est. Il exerce son règne selon sa nature, selon ce qu’il est. Chacune de ses décisions, chacun de ses actes s’exprime selon l’ensemble de ses attributs : il exerce sa souveraineté avec sainteté, avec justice, avec amour, avec patience, avec bienveillance, avec colère…
Dieu agit ainsi très différemment de nous : si je suis irrité, le peu d’amour que j’ai dans le cœur s’éloigne très vite de moi. En sorte que mon irritation n’est pas juste, parce qu’elle est égoïste et dénuée d’amour. À l’inverse, quand Dieu exprime son jugement, ou quand Dieu décrète ou permet un événement tragique, ce n’est jamais sans lien avec d’autres attributs de sa personne, à savoir l’amour, la volonté de sauver, la sagesse, etc.
Le verset 9 nous exhorte à considérer « les premiers événements ». Nous devons méditer sur les œuvres passées de Dieu — notamment quand la vie est dure — pour être émerveillés par la manifestation de sa souveraineté.
Ce que Dieu a réalisé dans le passé ne peut que nous éblouir. Noé, Lot, Rahab, Ruth, etc., dans leurs épreuves, ont bénéficié de la grâce de Dieu qui s’alliait à sa puissance et à sa souveraineté. Dieu est le même. Son caractère n’évolue pas et ne change pas. Ses attributs restent identiques dans ses jugements comme dans ses actes de sauvetage.
Voilà un bon thème de culte personnel : se souvenir des actes rédempteurs de Dieu dans l’histoire, puis basculer sur les actes rédempteurs de Dieu dans notre histoire personnelle.
Ésaïe enchaîne avec plusieurs qualités qui sont propres à Dieu :
● Il « est » (« Car je suis Dieu »). Son existence est indépendante de toute autre, à l’inverse de
la création qui elle, est dépendante. Dieu ne l’est pas. Il n’a ni commencement ni fin.
● Il est « autre » (« Et il n’y en a point d’autre »). Dieu est unique en son genre et personne n’entre en compétition avec lui. Dieu n’a pas de rival — pas même Satan qu’il contrôle.
● Il est incomparable (« Rien n’est semblable à moi »). Tout ce que nous pouvons formuler au sujet de Dieu restera partiel, car il n’existe aucune comparaison adéquate. Les théologiens parlent de l’incompréhensibilité de Dieu… Il nous dépasse dans son être, sa volonté, et ses œuvres. Personne ne peut avoir une perspective complète sur Dieu.
En contemplant la souveraineté de Dieu, la première attitude qui nous convient est l’humilité !
Nous devons saisir, par la foi, que la souveraineté de Dieu s’exprime d’une manière intelligente, parce que Dieu est intelligent, d’une manière aimante, parce que Dieu est aimant, d’une manière juste, parce que Dieu est juste, etc. Mais sans que l’on puisse nécessairement le comprendre parce
qu’il est au-delà de toute compréhension exhaustive. Toutefois, je peux le connaître — tout comme je connais ma femme, mais je ne la comprends pas toujours !

2. Dieu contrôle tout selon son projet (46.10)

 J’annonce dès le commencement ce qui vient par la suite et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli. Je dis : mon projet tiendra bon, et j’exécuterai tout ce que je désire.
Le début du verset 10 évoque son omniscience sur tous les événements futurs. La fin du verset affirme qu’il a la puissance d’accomplir ce qu’il veut réaliser. Les verbes ne laissent aucune ambiguïté sur l’activité de Dieu : il annonce, il dit, il appelle. Il est au contrôle !
Face aux tenants du « théisme ouvert » qui enseignent que Dieu autolimite sa puissance et son omniscience par amour, pour laisser une authentique liberté aux humains, Bruce Ware observe : « Il n’y a pas moins de neuf sections distinctes en Ésaïe 40 à 48, répétées de différentes manières, mais clairement pour relever un même objectif : le  Dieu véritable et vivant, contrairement aux faux dieux imposteurs, se reconnaît comme le Dieu véritable parce que lui seul peut annoncer avec exactitude ce que le futur sera. » [note]Bruce Ware, Their God Is Too Small, p. 36. Cf. És 41.21-29 ; 42.8-9 ; 43.8-13 ; 44.6-8 ; 44.24-28 ; 45.20-23 ; 46.8-11 ; 48.3-8 ; 48.14-16. [/note] Pour Ésaïe, le théisme ouvert est une juste description des idoles. Pas de Dieu. À l’inverse des idoles, ce que Dieu décrète, il l’accomplit. Il a dit qu’une femme enfanterait celui qui écraserait le diable — et il l’a fait : la vierge a enfanté un fils. Il a dit que son serviteur payerait pour les péchés des hommes — et il l’a fait : Jésus est mort
pour nous. Il a dit qu’il ne laisserait pas son Saint voir la corruption et qu’il serait délivré de la tombe — et il  l’a fait : Jésus est ressuscité.
Notre vision de Dieu est souvent binaire :
– soit il est le joueur d’échec qui déplace les pièces sur l’échiquier,
– soit il est le bon grand-père débordé par les enfants qui jouent dans le parc.
Mais cela va à l’encontre du premier point que j’ai souligné : aucune comparaison n’est possible. Il n’est ni le grand-père ni le joueur d’échec !
Oui, Dieu contrôle tout. En reprenant les termes d’Éphésiens 1.11, il est celui qui « opère tout selon la décision de sa volonté ». Et tout ceci est fondé sur sa souveraineté absolue. Dieu est capable d’accomplir ce qu’il désire et n’est pas limité dans son pouvoir :
● « Notre Dieu est au ciel. Il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3).
● « Tout est possible à Dieu. » (Mat 19.26) ou « Rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1.37).
● « Tout ce que l’Éternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans les abîmes » (Ps 35.6).
Oui, assurément, Dieu « exécutera tout ce qu’il désire » (cf. 46.10).

3. Dieu contrôle tout selon sa providence (46.11)

J’appelle de l’orient un oiseau de proie, d’une terre lointaine l’homme qui accomplira mes projets, ce que j’ai dit, je le fais arriver ; ce que j’ai conçu, je l’exécute.

La manière dont Dieu règne est complexe et compliquée ! Ici Ésaïe nous dit que Dieu est la cause première, mais non la cause intermédiaire. L’« oiseau de proie » qui vient de l’orient est une référence à peine voilée à Cyrus, ce roi perse, dont l’étendard était un aigle. Longtemps avant qu’il ne surgisse sur la scène de l’histoire, Dieu dit qu’il viendrait, et qu’il accomplirait son projet — à savoir :
● la conquête de Babylone, l’adversaire d’Israël,
● la libération d’Israël de la captivité et la reconstruction du Temple.
Mais comment Dieu a-t-il conduit Cyrus à venir inverser l’œuvre de Nebucadnetsar ? Jérémie dit à propos de ce dernier : « Tu as été pour moi un marteau, des armes de guerre. J’ai martelé par toi des nations, J’ai détruit par toi des royaumes » (Jér 51.20). Puis il ajoute : « Je rendrai à Babylone et à tous les habitants de la Chaldée tout le mal qu’ils ont fait à Sion sous vos yeux — Oracle de l’Éternel » (Jér 51.24).
L’analogie du joueur d’échecs tombe à l’eau : si Dieu est cause ultime de l’action de Nebucadnetsar, ce dernier reste pleinement responsable de ses actes. En sorte que le contrôle de Dieu est compatible avec la responsabilité de Nebucadnetsar. Dieu a-t-il forcé la main de Nebucadnetsar pour agir contre Israël ? Je suggère l’inverse : Dieu a plutôt relâché son contrôle pour livrer Nebucadnetsar à ses penchants naturels.
Une clé importante pour comprendre la souveraineté divine est de réaliser que cette souveraineté œuvre pour éviter le pire. Les gens s’offusquent de ce que Dieu contrôle toute chose — mais je dis l’inverse ! Heureusement que Dieu est au contrôle, notamment pour tempérer les ardeurs pécheresses de l’homme. Par son règne, Dieu réduit l’expression du mal. Le problème n’est pas la souveraineté contraignante de Dieu ; le problème vient quand il enlève sa contrainte sur l’humanité
(cf. Rom 1.24,26,28 ; 2 Th 2.6). C’est une expression de sa bienveillance, de la grâce commune, que
notre humanité ne se dévore pas davantage ! C’est une expression de son amour quand la terre ne s’effondre pas en tremblements de terre et en ouragans constants.
Que Dieu contrôle toutes choses ne signifie qu’il appuie sur les boutons d’automates. Il agit selon les lois naturelles, les lois psychologiques, les circonstances, etc.
Nulle part mieux que lors de la crucifixion de notre Seigneur Jésus, ne sont visibles la souveraineté providentielle de Dieu et la responsabilité humaine : « En vérité, contre ton saint serviteur Jésus, à qui tu as donné l’onction, Hérode et Ponce Pilate se sont ligués, dans cette ville, avec les nations et avec les peuples d’Israël, pour faire tout ce que ta main et ton conseil avaient déterminé d’avance »
(Act 4.27-28).

4. Dieu contrôle tout selon son plan de salut (46.12-13)

Écoutez-moi, gens endurcis de cœur, si éloignés de la justice ! je fais approcher ma justice : elle n’est pas loin, et mon salut : il ne tardera pas. Je mettrai le salut en Sion, pour Israël, ma parure.
Le contrôle de Dieu s’exerce selon un axe rédempteur. Il contrôle toutes  choses en vue d’accomplir un objectif : « que nous servions à célébrer sa gloire » (Éph 1.12). Dieu appelle à lui les élus de tous les temps, de toute nation. Et Dieu pèse sur l’histoire en sorte que tous ceux et toutes celles qui sont destinés à la vie éternelle entendent la proclamation de l’Évangile et soient sauvés (cf. Act 13.48).
Ésaïe annonce que la justice vient. Il suffit de lire Ésaïe 53 pour voir à quoi ressemble cette justice : un serviteur souffrant qui vient justifier ses enfants par sa mort expiatoire. Oui, son salut n’a pas tardé. John MacArthur a observé qu’il y avait beaucoup plus de conversions après des tremblements de terre. Comme quoi, la souveraineté de Dieu dans son appel est médiée par des événements très terrestres !
L’entrée dans le royaume de Dieu varie d’un homme qui toute sa vie cherche la perle rare à celui qui tombe sur un trésor sans l’avoir cherché (cf. Mat 13.44-45).
En sorte que nous ne pouvons pas nous dire : « Je ne fais rien puisque Dieu règne. » À l’inverse, parce que Dieu règne, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour aimer ceux qui m’entourent et pour que le commandement de l’Évangile retentisse à toutes les oreilles !
Nous sommes devant le Seigneur :
● transgresseurs de sa loi : coupables devant sa sainteté,
● souillés et honteux : exclus de sa présence,
● apeurés et crispés : voués à des forces qui nous dépassent.
Mais, souverainement, en Jésus-Christ :
● Dieu accorde le pardon : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Cor 5.21).
● Dieu accorde l’honneur : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi en devenant malédiction pour nous, puisqu’il est écrit : Tout homme pendu au bois est maudit » (Gal 3.13).
● Dieu accorde la victoire : « Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi, d’une manière semblable y a participé, afin d’écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans l’esclavage » (Héb 2.14-15).
Le règne de Dieu est bon, son contrôle est intelligent, son action est rédemptrice — même si elle nous dépasse.

Conclusion

Nous avons besoin de cet te transcendance majestueuse et souveraine, source  d’espoir.  N’abandonnons pas la notion de la souveraineté de Dieu. Elle est précieuse. Même dans nos chutes, Dieu exerce son règne. Jésus prévient Pierre, qui allait pécher, que, même en cela, il était sous l’autorisation de Dieu : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et toi, quand tu seras revenu à moi affermis tes frères » (Luc 22.31-32). Quelques jours plus tard, il lui adressera cette question : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » (Jean 21.15-17). Nos vies tout entières sont dans sa main.

Dieu permet, Dieu décrète. Son règne est mystérieux, mais bien réel.
Terminons en citant la Confession de foi dite de La Rochelle (1559) :
« Ainsi, en confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous adorons avec humilité les secrets qui nous sont cachés, sans nous poser de questions qui nous dépassent. Au contraire, nous appliquons à notre usage personnel ce que l’Écriture sainte nous enseigne pour être en repos et en sécurité ; car Dieu, à qui toutes choses sont soumises, veille sur nous d’un soin si paternel qu’il ne tombera pas un cheveu de notre tête sans  sa volonté. Ce faisant, il tient en bride les démons et tous nos ennemis, de sorte qu’ils ne peuvent nous faire le moindre mal sans sa permission. » ■


Cet article est adapté du chapitre 3.1 du livre Devotional Biology de Kurt Wise aux éditions Compass Classroom, p. 71-73.

1. Comment définir la beauté ?

Le mot « beauté », correctement employé, renvoie à un concept holistique. Une chose est dite belle
lorsqu’en la considérant, on est frappé par la manière dont toutes ses caractéristiques s’accordent
de manière cohérente. Ce n’est pas seulement que la chose est simplement jolie — un type d’attrait
esthétique unidimensionnel — mais qu’elle s’intègre bien et qu’elle est en quelque sorte gracieuse. Nous avons par exemple du mal à qualifier de « belle » une personne qui est physiquement attirante mais qui est également artificielle, cruelle, misérable, sournoise, impure ou paresseuse. La beauté implique une sorte d’attrait esthétique multidimensionnel.
Une personne est qualifiée de belle et attractive dans tout son être, tant physiquement, émotionnellement que moralement

2. La beauté de Dieu dans la Parole

Dans un certain sens, l’Écriture fait référence à la beauté de Dieu. Dieu ne nous attire pas par un
ou deux de ses attributs seulement (comme la miséricorde ou l’amour), mais par la cohérence de tous ses attributs (comme la grâce, la patience, la bonté, la justice, l’omniscience, etc.). Et ces attributs s’entrecroisent et s’emboîtent les uns dans les autres d’une manière particulièrement frappante.
En même temps, nous devons admettre que Dieu n’est pas simplement l’addition et l’intégration remarquable d’une multitude d’attributs étonnants. Aucune addition ne peut atteindre l’infini. Chacun des attributs de Dieu est infini et constitue une partie nécessaire de Dieu lui-même. Ils s’accordent tous pleinement, en même temps, en un tout extraordinairement attirant,  extraordinairement beau, qui nous pousse à l’adoration.
C’est ainsi que la « beauté de la sainteté » de Dieu — l’intégralité de la grandeur de tous ses attributs entremêlés — encourage à l’adoration et la louange : « […] Adorez l’Éternel en sainte magnificence » (1 Chr 16.29 ; Ps 29.2, 96.9) ; « et ceux qui louaient dans la sainte magnificence » (2 Chr 20.21). Lorsque le psalmiste écrit : « Je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment : […] contempler la magnificence de l’Éternel […] » (Ps 27.4), il recherche l’intégralité de l’être de Dieu c.-à-d. tous ses attributs réunis. Par conséquent, la plus grande bénédiction qui puisse être accordée à un peuple est que Dieu lui-même soit sa « couronne éclatante » ou sa
« parure magnifique » (És 28.5), car cela signifie que Dieu habite dans, sur et parmi son peuple dans toute sa plénitude et son être.
Parce que Dieu est esprit, cette impressionnante beauté ne peut être vue par des yeux mortels. Mais Dieu désire que nous le connaissions, que nous le connaissions dans sa plénitude, y compris dans sa beauté. Par conséquent, Dieu choisit d’illustrer cette beauté, inaccessible à notre vue, par exemple en créant la beauté physique dont il se revêt lui-même (Job 40.5).

3. Quelques manifestations de la beauté de Dieu

Ici et là, Dieu a manifesté sa présence par ce que la Bible appelle « la gloire de Dieu » — quelque chose de tellement intense en manifestations de la nature de Dieu que cela submerge l’homme. Elle est décrite comme étant si lumineuse, brillante et resplendissante qu’elle « remplit » le lieu qui
l’entoure, comme le temple (Éz 10.4 ; 43.5 ; 44.4) [note] Et cette gloire brillera sur des régions encore plus vastes lors d’événements futurs (cf. Hab 2.14 ; 3.3-4 ; Apoc 18.1).[/note] .

a. En Éden

Dieu a d’abord habité avec l’homme dans un jardin. Seuls les lieux de beauté sont appelés des jardins, à plus forte raison le « jardin de Dieu ».
En effet, Dieu y a fait « pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger » (Gen. 2.9 ; 3.6). Il a choisi des arbres attrayants tant pour la vue que pour le goût. Au moins un des êtres du jardin, le « chérubin protecteur », a été décrit comme ayant une « beauté » et un « éclat » et comme étant paré de pierres précieuses et d’or (Éz 28.13-16).

b. Les sanctuaires terrestres de Dieu

La gloire de Dieu est représentée par la beauté de son sanctuaire (Ps 96.6) — et, par illustration, par les ornements des lieux où il choisit de se révéler.
Lorsque Dieu a ordonné à l’homme de construire une demeure temporaire en son honneur, il a donné des détails méticuleux pour la beauté de ce lieu (Ex 25-27). Il y avait des arômes doux
(des aromates pour le parfum odoriférant), des textures luxueuses (du fin lin) et du bois ayant un grain foncé (l’acacia) avec de magnifiques sculptures. Il y avait des métaux brillants (l’or, l’argent et le l’airain), des pierres translucides (l’onyx), et des étoffes colorées (le bleu, le pourpre, l’écarlate).
Le tabernacle était conçu pour stimuler les sens de la vue, du toucher et de l’odorat. Un autre chapitre est consacré à la description des vêtements du grand prêtre, représentant choisi par
Dieu parmi les Israélites (Ex 28). Ces vêtements comportaient du lin, des broderies, de la dentelle, des pierres précieuses et de l’or — tout cela « pour gloire et pour ornement » (Ex 28.2,40).
Pour orchestrer la construction du tabernacle, ainsi que son ameublement et les vêtements sacerdotaux, Betsaleel et Oholiab étaient « remplis de l’Esprit de Dieu » (Ex 35.30-36.2). Dieu a
donné à ces hommes la capacité et l’inventivité nécessaires pour couper, sculpter, graver, mouler, filer, tisser et coudre. Et tout cela a été fait comme un modèle du ciel et des choses qui le remplissent (Héb 9.23-24). De la même manière, le temple de Salomon était également magnifique (1 Rois 6-7 ; 2 Chr. 3-4).
Et lorsque le temple a été reconstruit à l’époque d’Esdras, Dieu a mis dans le cœur du roi « d’orner la maison de l’Éternel » (Esd 7.27). Dieu souhaite que ses habitations soient belles, comme
un témoignage de la beauté de sa personne même.

c. La vision d’Ézéchiel

Lorsque Dieu choisit de se révéler, il le fait souvent sous une apparence magnifique. Par exemple, lorsqu’Ézéchiel voit le Seigneur (Éz 1.26-28), il semble avoir du mal à décrire ce qu’il voit. Il
fait référence à une pierre de saphir, à de l’airain poli, au feu et à l’arc-en-ciel. Chacun de ces éléments est déjà visuellement éblouissant lorsqu’il est considéré seul ; ensemble, ils devaient
constituer un ensemble vraiment magnifique.

d. La nouvelle création

Enfin, dans l’éternité, la gloire de Dieu fournit la lumière pour tout le ciel (Apoc 21.23) — une lumière qui semble même traverser les objets et les murs, comme si la gloire de Dieu ne pouvait être retenue par aucune chose créée.
Cependant, avant notre glorification, la gloire de Dieu reste redoutable pour les pécheurs [note]Quelques exemples de peur humaine en réponse à la gloire de Dieu :
a) Les bergers ont peur devant les anges à Bethléem : « La gloire du
Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande
frayeur. » (Luc 2.9)
b) Moïse ne peut pas entrer dans le tabernacle (Ex 40.34-35).
c) Les prêtres ne peuvent pas entrer dans le temple (1 Rois 8.11 ; 2 Chr.
5.14 ; 7.1-3).
d) « L’aspect de la gloire de l’Éternel était comme un feu dévorant […]
aux yeux des enfants d’Israël » (Ex 24.17).
e) « Voici, l’Éternel, notre Dieu, nous a montré sa gloire et sa grandeur,
[…] Et maintenant pourquoi mourrions-nous ? car ce grand feu nous
dévorera ; si nous continuons à entendre la voix de l’Éternel, […] »
(Deut 5.24-25). [/note] . Car la gloire de Dieu inclut sa sainteté, et nous en sommes très loin (Rom 3.23). C’est pour cette rai-
son que le visage de Moïse brillait avec une telle intensité que même son frère avait peur de l’approcher ; et cependant il n’avait passé que peu de temps dans la présence de la gloire de Dieu sur le mont Sinaï, (Ex 34.29-30). Pourtant, aussi intenses qu’ont pu être les manifestations physiques de sa gloire, elles ne sont qu’une image terne de la véritable beauté de la personnalité de
Dieu.
La nouvelle Jérusalem, la demeure finale et éternelle de l’homme vivant avec Dieu, est également décrite comme « belle » (Ps 48.3). Elle est « préparée comme une épouse qui s’est parée pour son époux » (Apoc 21.2). Ses fondations sont faites de douze pierres précieuses, ses murs sont en jaspe, ses portes de perles, ses rues en or transparent et elle est éclairée par « la gloire de Dieu » (Apoc 21).
Tout lieu que Dieu lui-même crée pour sa propre demeure est un lieu magnifique [note]  L’incarnation peut être considérée comme une « exception » à cette règle. Jésus, bien qu’il n’ait pas été laid, n’a pas eu une apparence très séduisante pour attirer les gens à lui par sa beauté (És 53.2).  Au contraire, le Verbe (Jean 1.1-3, 14) a renoncé à son état élevé, et a pris l’humble forme d’un serviteur (Phil 2.6-7) afin de toucher l’homme. Il ne cherchait pas ici à illustrer sa gloire, mais il a choisi de prendre une forme moins majestueuse afin de pouvoir nous toucher. Il l’a fait pour se rapprocher de nous. Il est également vrai qu’aujourd’hui encore, le Saint-Esprit choisit de résider dans les croyants, même si les temples qu’ils représentent sont moins beaux.[/note] — une  manifestation physique de la beauté encore plus grande de Dieu lui-même. ■


Tandis que le premier commandement interdit principalement l’adoration de faux dieux (Ex 20.1-3), le deuxième commandement interdit également la création d’images ou de représentations
du seul vrai Dieu et de celles de faux dieux.
L’explication de cette interdiction est apportée par le verset 23 :« Vous ne ferez point des dieux d’argent et des dieux d’or, pour me les associer ; vous ne vous en ferez point. »
Dieu connaissait le cœur de l’homme et sa tendance à l’idolâtrie (cf. Ex 32 et le triste épisode
du veau d’or).

1. Qu’est-ce que l’idolâtrie ?

Le mot « idole » a pour signification : image représentant une divinité que l’on adore comme si elle était la divinité elle-même. L’idolâtrie est le culte rendu à un dieu, elle s’appuie sur la fabrication d’un objet ou d’une image que l’on adore comme si cet objet ou cette image était en fait Dieu.

Que dit la Bible sur les idoles ?

Les idoles ne sont pas des dieux mais des ouvrages fabriqués par des hommes (1 Cor 8.4 ; És 37.18-19). Les adeptes du culte païen leur associent une divinité, mais l’idole ne représente pas de vrai dieu. Ce sont des forces occultes et sataniques, bien réelles, qui jouent le rôle de la divinité. Satan et les démons se chargent de se faire passer pour ces dieux (2 Thes 2.9-11 ; Apoc 13.11-15). L’A.T. donne plusieurs exemples d’idolâtries :
● le peuple d’Israël et le veau d’or (Ex 32) ;
● les royaumes divisés sous l’influence des rois Jéroboam et Roboam (1 Rois 14.15,22-23) ;
● les Philistins et le dieu Dagon (1 Sam 5.1-7).

2. L’interdiction de l’idolâtrie

Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre (Ex 20.4).
Les hommes aiment fabriquer des objets. Des maisons, des voitures, des avions, des bateaux, des tables, des chaises, des cafetières, etc. Et une fois qu’on les a fabriqués, nous avons du plaisir à les utiliser. Nous aimons les créer, et nous pouvons en devenir tellement amoureux qu’ils peuvent devenir nos dieux. Ils prennent notre temps, notre argent, notre énergie, et on y sacrifie parfois même notre propre santé, nos mariages, nos familles, au nom des choses que nous fabriquons ! L’un des grands problèmes des hommes est que nous sommes des « homo idolatricum ».

Mais pourquoi sommes-nous par nature des « homo idolatricum » ?

Nous avons été créés par Dieu pour adorer (Ecc 3.11). Par nature, nous adorons, et nous devons nous interroger sur « qui » ou « quoi » nous adorons. À cause de notre péché qui nous éloigne de Dieu, nous sommes par nature des hommes nés idolâtres ! (Act 17.16-31).
L’expression « image taillée » est utilisée de deux manières dans l’A.T. :
● une représentation de l’Éternel sculptée en bois ou en pierre (Jug 17.3),
● une représentation sculptée d’un dieu païen (2 Rois 21.7).
Les deux cas de représentations sont formellement interdits par ce commandement, la représentation étant un objet fabriqué. Ce commandement interdit aussi la représentation d’objets issus de la création, qui sont dans les cieux (les oiseaux et les astres), sur la terre (les animaux et les plantes) ou dans les eaux (les poissons). Ces choses représentaient entre autres des divinités païennes égyptiennes. Dieu rappelle cet interdit parce que, contrairement à ce que les Hébreux ont vu en Égypte, lui ne s’est pas laissé voir à eux à Horeb, lorsqu’il leur parla du milieu du feu (Deut 4.14-20,23-24).
Le N.T. n’est pas en reste sur la nature idolâtre des hommes et les représentations qu’ils se fabriquent : au lieu de glorifier Dieu, ils vont jusqu’à le remplacer par un homme mortel, alors que
le bon sens permet de connaître Dieu par la création (Rom 1.18-23).

Avertissement contre l’idolâtrie

La Bible nous avertit aussi à plusieurs reprises des conséquences de l’idolâtrie, en raison de la gravité de ce péché (Lév 19.4 ; 26.1). Elle qualifie cet acte d’abomination (Deut 27.15). Dans le N.T.,
l’apôtre Jean rappelle cela en terminant sa première Épître par ces paroles : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5.21.

Qu’en est-il de l’art ?

Le deuxième commandement n’interdit pas l’art. Il interdit l’idolâtrie. Ce sont deux choses très différentes. L’art, la sculpture ou la peinture peuvent être des moyens pour exprimer notre foi. Par exemple, le même jour, où Dieu a donné les 10 commandements, il a également instruit Moïse de façon précise sur les détails de la construction du tabernacle, et l’art y fut exprimé de manière majestueuse (Exode 25.17-22). Non seulement des chérubins furent sculptés, mais aussi des pommes et de fleurs servirent de décoration. Il en fut de même pour la construction du temple de Salomon avec des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies (1 Rois 6.23-26,29- 30,33-34). Il y a donc une place légitime pour l’art religieux, dans le but d’illustrer certaines choses.
L’art a trois fonctions :
● La décoration : Il n’y a rien de mal à peindre la création de Dieu : paysages, montagnes,
fleurs, arbres, plantes, animaux, les océans, lacs et couchés de soleil. Dieu donne du talent, et il n’y
a rien de mal de l’utiliser ainsi.
● L’instruction : Il n’y a rien de mal à faire une représentation de l’arche de Noé pour un
but d’instruction, ou de faire une représentation du tabernacle, de Moïse qui fend la mer Rouge,
de David qui tue Goliath, d’Élie qui lance un défi aux prophètes de Baal, ou d’autres histoires bibliques.
● L’adoration : Contrairement à la décoration et l’instruction, la Bible interdit l’utilisation de l’art pour nous aider à adorer Dieu. Un danger pourrait être lié aux représentations de Jésus : premièrement nul ne sait quelle était son apparence physique, et deuxièmement, du fait que Jésus
est digne de notre adoration et qu’il est le Fils de Dieu, il pourrait y avoir confusion : une représentation de Jésus pourrait vite devenir un objet de dévotion.
L’interdiction des images est donc directement liée à l’acte d’adoration. Lorsque l’art devient la représentation d’un dieu, et que cet objet est adoré, alors nous outrepassons notre droit à l’art et violons le second commandement.

Les idoles aujourd’hui

Le N.T. perçoit l’idolâtrie comme allant bien plus loin que le simple acte de se prosterner devant des statues de bois. L’ennemi est bien plus subtil que cela. En fait, l’idolâtrie est tout ce qui
nous éloigne de Dieu et qui prend plus d’importance dans ma vie que lui.
La débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, la cupidité (c.-à-d. l’argent), etc., sont autant d’idoles qui peuvent prendre la place de Dieu (Col 3.5). Ce à quoi nous nous abandonnons, devient notre dieu. La plupart des gens dans le monde n’adorent pas Bacchus, le dieu romain du vin, mais beaucoup de gens adorent la bouteille ! La plupart des gens dans le monde ne se
prosternent pas devant Aphrodite, la déesse du sexe, ni devant Artémis, la déesse de la fertilité couverte de mamelles, mais beaucoup de gens se prosternent devant le sexe et en font leur dieu.

3. Le piège de l’idolâtrie

Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point (Ex 20.5a).
En se prosternant et en servant, on exprime notre adoration. Même en voulant vénérer des objets, on glisse rapidement vers l’adoration de l’objet et on le substitue au seul vrai Dieu. On ira aussi les servir. L’interdit de ce verset est donc précis et utile, car il évite à l’œil d’être attiré, et à l’âme d’être séduite et capturée. Le verbe « se prosterner » renvoie à l’idée de soumission, tel un vassal à son suzerain, tandis que le verbe « servir » renvoie à l’idée d’un maître. Dès lors, on se soumet à l’idole et celle-ci devient maître de la personne qui l’adore.
Déjà dans le contexte du premier commandement, l’adoration d’un dieu de fabrication humaine était interdite.
« Tu ne te prosterneras point devant leurs dieux, et tu ne les serviras point ; tu n’imiteras point ces
peuples dans leur conduite, mais tu les détruiras, et tu briseras leurs statues » (Ex 2 3.24).
« L’Éternel avait fait alliance avec eux, et leur avait donné cet ordre : Vous ne craindrez point d’autres dieux ; vous ne vous prosternerez point devant eux, vous ne les servirez point, et vous
ne leur offrirez point de sacrifices » (2 Rois 17.35).

4. Le drame de l’idolâtrie

Car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… (Ex 20.5b).
La vérité est la suivante : il n’y a qu’un seul Dieu, l’Éternel, le Dieu qui est jaloux. Être idolâtre équivaut à le haïr (Ex 20.3 ; Deut 6.4-5). Parce que Dieu est jaloux, l’adoration n’est due qu’à lui seul. Le mot « jaloux » peut avoir deux sens. Le premier sens exprime la suspicion, l’aguet, le manque de confiance et l’envie. Le second sens exprime la demande d’une dévotion exclusive, et c’est ainsi que Dieu se présente dès le premier commandement. Il se met en colère contre ceux qui s’opposent à lui.
Comme il est souverain et le seul Dieu, il ne permettra à personne d’usurper sa place. Dieu refuse de partager sa gloire et sa majesté avec une idole en bois ou en pierre  (És 42.8 ; 48.11).
Dieu promet fidélité comme un mari à son épouse. Si l’épouse se détourne de son mari pour un amant, elle commet l’adultère. Dieu compare cet adultère à l’idolâtrie (Jér 3.9 ; Éz 23.37 ; Osée
3.1). Son jugement tombera sur les idolâtres (Deut 32.21).

5. L’absurdité de l’idolâtrie

On se rend vite compte que l’idolâtrie n’a aucun sens. Ceux qui les fabriquent, seront dans la confusion car les idoles ne voient pas, n’ont pas d’intelligence (És 44.9) et sont incapables de sauver (És 44.20, 45.20). On leur apporte de la nourriture et des cadeaux, on leur offre de l’encens, on
les revêt d’habits, on les loge dans des pagodes, des temples, des habitations, on les dépoussière, on les nettoie, on leur allume des bougies. Les idoles ne mâchent, n’avalent et ne digèrent pas
la nourriture qui leur est offerte. Elles ne parlent, ne bougent, ne chantent, et n’aident pas ; elles ne font rien. Ceux qui les fabriquent sont aveugles, ils ne discernent plus, ne s’interrogent et ne constatent pas qu’elles leur mentent (És. 44.18-20). Pourquoi alors les adorer ?
En revanche, le vrai Dieu nous parle et il a parlé de manière audible aux Hébreux dans le désert du milieu du feu (Deut 4.11-12).

Pourquoi Dieu se manifesta-t-il ainsi aux Hébreux, au travers de sa voix ?

Les enfants d’Israël ont entendu Dieu, mais ne l’ont point vu. Comment est-il donc possible de fabriquer une représentation physique de Dieu, alors que personne ne l’a vu ? En effet, « Dieu est
Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.24). Il est donc absurde de vouloir représenter Dieu par une sculpture ou une image. Avec Dieu, la question n’est
pas de le voir ; au contraire, c’est une question de foi en quelqu’un qui n’est pas visible : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jean 20.29 ; cf. Héb 11.1)
Dieu s’est révélé par le biais de sa voix, justement pour que nous ne nous fixions pas sur une image qui va d’office réduire notre perspective. On va mettre Dieu dans une boîte à notre image. C’est pour cela que nous devons mettre dans nos églises l’accent sur la Parole de Dieu.

6. La conséquence de l’idolâtrie (v.5c)

… qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent (Ex 20.5c).
Comment comprendre ce verset ?
Nous sommes en présence d’une  phrase typiquement sémitique, qui ne doit pas être prise de manière mathématique, mais comme un principe vrai.
Moïse dit clairement que les enfants ne seraient pas punis pour les péchés de leurs parents (Deut 24.16 ; cf. Éz 18.19-32).
Mais il est également vrai que les enfants subissent l’influence des parents, lorsque ceux-ci enfreignent la loi divine, comme une conséquence naturelle à leur désobéissance et leur haine
de Dieu. Les enfants éduqués dans un milieu idolâtre s’en imprègnent et reproduisent ensuite
l’exemple des parents, développant eux-mêmes une haine envers Dieu. L’influence d’une génération désobéissante, dont la méchanceté est implantée de manière profonde, peut nécessiter plusieurs générations pour changer du tout au tout, mais rappelons aussi que la grâce rédemptrice de Dieu a le pouvoir de casser ce déterminisme et de libérer ceux qui sont sous ce type d’influence.
Il convient de faire une distinction entre les résultats naturels d’actions mauvaises liés à notre péché, et la punition directe infligée de la part de Dieu en réponse à cette action.
Le péché qui est puni ici, est la haine envers Dieu. En effet, toute personne idolâtre hait Dieu, et par conséquent, elle est punie par Dieu. Il est évident que la violation de la loi de Dieu par une génération va avoir des effets néfastes sur la génération suivante.
Mais le pécheur est puni pour son péché de haine, pas pour le péché de son père.
J’hérite de mes parents une nature pécheresse. Je peux également apprendre des comportements mauvais à cause d’eux. Mais je ne suis pas puni pour leur péché, je suis puni pour mon péché.
Si je décide de rejeter le seul vrai Dieu et d’adorer des faux dieux, devenant ainsi idolâtre, cela
pourra avoir un effet dramatique sur mes enfants. La sentence ultime des idolâtres sera leur exclusion du ciel (Apoc 21.8 ; 22.15).

7. L’antidote de l’idolâtrie

… et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements (Ex 20.6).
De nouveau, ce verset use d’une phraséologie typiquement sémitique.
L’idée de « mille générations » est une phrase vague, un peu comme les « myriades d’anges » (Héb 12.22 ; Apoc 5.11).
Tandis que la méchanceté d’une génération influence la suivante, et que Dieu punit ceux qu’ils le haïssent, une génération qui aime Dieu, aura un effet positif sur les suivantes ; le contraire est donc également vrai. La décision d’adorer le seul vrai Dieu en esprit et en vérité, de l’aimer, de garder ses commandements, aura un effet positif sur les enfants.
L’accent devrait être mis sur ce verset, et l’enseignement à en retenir est la largesse infinie de la
bonté de Dieu pour ceux qui l’aiment et qui gardent ces commandements.
Certes Dieu punit ceux qui le haïssent, mais en contrepartie il bénit surabondamment ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements ! Par notre attachement à ses commandements, nous
prouvons notre amour pour lui.
Recevoir un héritage divin de la part de ses parents va clairement être une bénédiction pour les enfants, une sanctification particulière (1 Cor 7.14).
Néanmoins, chacun est redevable devant Dieu pour lui-même. Les parents ne peuvent pas croire pour leurs enfants, mais ceux-ci, en ayant des parents chrétiens, auront des facilités dans leur chemin de foi. La récompense de ceux qui adorent justement le seul vrai Dieu sera la félicité éternelle (Apoc 22.14,17). ■


Quel est le sens des expressions bibliques qui attribuent à Dieu la forme, les actions ou les sentiments des hommes ?

Ces anthropomorphismes se trouvent en filigrane d’un bout à l’autre de la Bible.

Rares sont les lecteurs qui en déduisent que Dieu est pourvu d’un corps physique mais certains sont plus ou moins déconcertés par ce langage figuré ; le chrétien a besoin de repères.

Un mode de communication adapté à une différence singulière

Dieu est invisible : « Nul homme ne l’a vu, ni ne peut le voir » même s’il peut se manifester sous une forme visible. Dieu est présent partout : « Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent le contenir », même s’il peut manifester sa présence en un lieu précis. « Dieu est Esprit », mais il a créé l’homme en chair et en os. Par quel langage ce Dieu qui est esprit, invisible et infini peut-il donc se faire connaître à l’homme dont la pensée et le langage sont limités par sa vie corporelle ? Il
s’est servi de l’analogie et de l’anthropomorphisme : « Le Seigneur s’est mis à notre portée comme des parents qui imitent le balbutiement de leurs enfants pour communiquer avec eux » (J.-M.  Nicole).

Dieu aux traits humains

De nombreux textes lui prêtent un corps : il étend sa main pour nous sauver, ouvre sa bouche pour nous parler, tend son oreille pour nous écouter. Il chevauche dans les cieux, descend sur la terre, et même rit et siffle. Au début de la Bible il façonne l’homme de la poussière du sol comme un
potier et à sa fin, essuie toute larme des yeux de ses enfants comme un parent. Les émotions humaines sont également attribuées à Dieu. De la Bible, ce langage passe naturellement dans les prières et le témoignage du chrétien qui, un jour, se rend compte qu’il doit veiller à la cohérence de ses propos.

Dieu a-t-il un corps ?

Les figures qui prêtent à Dieu un corps ne sont pas à prendre au pied de la lettre, puisqu’il est Esprit. Bien qu’invisible et esprit, parfois Dieu s’est fait connaître partiellement sous une forme visible et humaine. Après sa lutte avec « un homme », Jacob a dit : « J’ai vu Dieu face à face. » De la même manière, Dieu s’est révélé à Moïse, Ésaïe, Ézéchiel et bien d’autres. Puisque sa forme, à ces occasions, variait d’une manifestation à une autre, elle ne constituait pas son être essentiel.
Ces théophanies (que l’on a appelé anthropomorphismes en action) « peuvent être considérées comme un prélude à l’incarnation » (J.-M. Nicole), l’incarnation elle-même est parfois appelée l’anthropomorphisme suprême mais le corps du Fils de Dieu n’est pas une figure. « En lui habite toute la plénitude de Dieu corporellement » (Col 1.15).

Dieu a-t-il des sentiments ?

Certes Dieu n’est pas déstabilisé comme les hommes par des émotions qui le maîtrisent. « En lui il n’y a ni changement ni ombre due à des variations. » Cependant comment concevoir le Dieu de la croix sans sentiment ? « Il a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Ni la souffrance, ni la méchanceté des hommes ne le laissent indifférent. « Comme un père est plein d’amour pour ses enfants, l’Éternel est rempli d’amour pour ceux qui le révèrent ». Ceci dit, il ne faut pas oublier que les termes qui désignent nos émotions ont acquis des nuances péjoratives à cause du péché humain. Nous devons donc écarter ces nuances, lorsque nous attribuons des émotions à Dieu. Dieu est-il jaloux ? Oui, dans ce sens qu’il ne tolère aucun rival, comme un époux qui aime sa femme, mais il n’y a en lui rien qui ressemble à l’envie humaine qui ne supporte pas la joie des autres. Et la colère de Dieu ? Oui il s’oppose au mal sous toutes ses formes et le jugera, mais sa colère n’est pas capricieuse.

Dieu regretta

Il « regretta d’avoir fait l’homme sur la terre » (Gen 6). Certains se sont appuyés sur ce « regret » de Dieu pour affirmer qu’il ne connaît pas d’avance les choix des hommes. Pour eux, cette position est nécessaire pour maintenir la liberté humaine. Cependant, Jésus connaissait d’avance le reniement de Pierre et la trahison de Judas sans que leur responsabilité en soit diminuée pour autant. Que dire, donc, du regret de Dieu ? « Il n’est pas comme un être humain pour se rétracter » (1 Sam 15.29). Il ne revient pas sur ses desseins ou ses promesses mais, fidèle à lui-même, il change d’approche dans son accompagnement des hommes instables qui s’égarent.

Dieu se reposa

« Il se reposa au septième jour » (Gen 2). Un musulman peut s’en étonner, citant le Coran qui affirme que Dieu a tout créé sans se fatiguer. Cependant le repos de Dieu ne suppose pas sa
fatigue. « Le Dieu d’éternité, qui a créé les extrémités de la terre… ne se fatigue ni ne se lasse » (És 40.28). Son repos signifie l’achèvement de la création et le plaisir qu’il y prend.

Dieu se souvint

« Dieu se souvint de Noé ». « L’arc paraîtra… et je me souviendrai de mon alliance » (Gen 8.1, 9.15); Non, la mémoire de Dieu ne défaille pas !
L’homme peut penser qu’il est oublié mais Dieu, qui n’ignore pas la mort d’un moineau, est constamment attentif à ses créatures et promet à son peuple : « Moi je ne t’oublierai pas » (És 49.15). Il se souvient dans ce sens qu’il choisit son heure pour mettre en œuvre ses promesses en leur faveur.

Un langage à savourer

Par les anthropomorphismes de sa Parole, Dieu s’accommode à notre faiblesse pour nous faire comprendre qu’il est vivant et personnel. Ce langage est donc une grâce, même si nous avons besoin de l’interpréter avec retenue. Le chrétien ne doit pas non plus y voir un code à décrypter. Il convient plutôt de savourer le langage que Dieu a choisi. « Comme un Berger, il paîtra son troupeau et il rassemblera ses agneaux dans ses bras et les portera dans son sein » (És 40.11).
Transposons la figure en langage abstrait, mais surtout laissons-nous réconforter ! Lorsque le peuple de Dieu craint qu’il soit oublié, il n’est pas nécessaire de cliquer mentalement sur « anthropomorphisme » pour apprécier la réponse de Dieu : « Voici, je t’ai gravé dans le creux de mes mains. »

En attendant

La nature de Dieu ne peut pas nous être révélée pleinement par le langage humain. C’est, en partie, ce qui fait dire à l’apôtre Paul qu’ « aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir ». Les anthropomorphismes bibliques en sont une illustration.
Leur audace et leur simplicité nous invitent à une relation dynamique avec le Dieu vivant et nous donnent le moyen d’en parler en attendant… le jour où « nous verrons face à face ». ■


« Définir » qui est Dieu est une entreprise ardue, d’aucuns diraient présomptueuse. Comment nous, créatures finies, pouvons-nous dire qui est notre Créateur infini ? Il est néanmoins possible de tirer quelques affirmations simples sur Dieu à partir de la révélation écrite qu’il a faite de lui dans la Bible. Les sept affirmations retenues ont également, nous le verrons, des conséquences pratiques importantes.

1. Dieu est personnel (Ex 3.14)

Quand Moïse demande à Dieu qui il est, ce dernier lui répond : « Je suis celui qui suis » (Ex 3.14).
Par ce « je », Dieu se révèle dès le début comme un dieu personnel. Le Dieu des monothéistes se distingue radicalement des dieux impersonnels des religions orientales.
Dieu possède les attributs de la personnalité. Ceux-ci nous sont connus et sont définis par rapport à la personnalité de l’être humain. Les appliquer à Dieu constitue un anthropomorphisme, que la Bible nous autorise. Elle nous parle de son intelligence (Ps 147.5), de ses sentiments (Gen 6.6 ;
Jug 10.16) et de sa volonté (Ps 115.3).
De plus, Dieu est constamment désigné dans la Bible sous des noms et des pronoms personnels : implicitement, il se présente comme une personne.
Nous le voyons interagir avec les humains de façon personnelle : pensons à ses dialogues avec
Abraham ou Moïse.
Finalement, il s’est pleinement révélé dans la personne de Christ (Col 2.9).
La personnalité de Dieu est importante pour donner un sens à la vie, à l’univers et à l’homme : c’est parce que Dieu est un dieu personnel, avec qui je peux être en relation, que je trouve ma place — ce qui ne serait pas le cas s’il n’était juste qu’une influence ou une puissance.
En conséquence, je peux vivre une relation personnelle de communication avec lui, qui connaît mes besoins propres et qui interagit avec moi selon a propre personnalité.

2. Dieu est « un » (1 Tim 2.5)

L’unicité de Dieu est affirmée de diverses manières dans l’Écriture. Paul affirme : « Il y a un seul Dieu » (1 Tim 2.5 ; 1 Cor 8.6) et « Dieu est un seul » (Gal 3.20).
L’unicité de Dieu est la conséquence logique des diverses perfections de Dieu. Par exemple, il est impossible d’avoir deux êtres omnipotents : si l’un est tout-puissant, l’autre ne le sera pas, car sinon le premier ne le serait plus.
L’unité de Dieu va de pair avec la « simplicité » de Dieu. Par là, nous affirmons qu’il n’y a pas d’opposition entre les divers attributs divins, qui sont parfaitement cohérents. La seule « limitation » en Dieu est la cohérence de son être et de ses attributs. Cette simplicité signifie aussi qu’un attribut divin ne définit jamais complètement Dieu ; il ne se « partage » pas. Il n’est pas possible de le « disséquer » en qualités indépendantes l’une de l’autre.
Toutefois, le Dieu unique existe de façon plurielle dans des « personnes », comme en témoignent les pronoms utilisés par Jésus : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10.30 ; cf. 14.23). La nature de Dieu, en particulier son amour, impose cette réalité à son essence : le Dieu qui est amour trouve éternellement au sein même de la triunité qu’il constitue la possibilité de démontrer cet amour : « Le Père aime le Fils » (Jean 5.20).
En conséquence, s’il n’y a qu’un seul Dieu, nous devrions ne pas en avoir d’autre ! Le Décalogue l’imposait déjà et de nombreux textes réitèrent cette interdiction (e.g. És 45.21-22). Jean renouvelle cet avertissement : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5.21). Notre « Dieu véritable » est celui qui s’est parfaitement révélé en Jésus-Christ son Fils.
Alors rejetons tout autre chose ou toute autre personne qui viendrait prendre la première place dans notre cœur (car, au fond, c’est cela, une idole !).

3. Dieu est éternel (Rom 16.26)

Dieu existe indépendamment du temps qu’il a créé : il « habite l’éternité » (És 57.15 Darby), et Moïse affirme : « D’éternité en éternité tu es Dieu » (Ps 90.2). Dieu n’a ni commencement
ni fin et il est libre par rapport à toute succession temporelle. Il contient en lui-même la cause du temps dont il a une connaissance parfaite.
Dans son être, dans ses perfections, dans son dessein, dans ses promesses, Dieu reste toujours, à tout moment, à toute époque, le même : « Dans le Père des lumières, il n’y a ni changement ni
ombre de variation » (Jac 1.17).
Si Dieu est immuable, il n’est pas pour autant immobile car il est aussi le Dieu vivant. S’il y a une parfaite stabilité en Dieu, il n’y a pas de fixité. C’est pour cela que l’Apocalypse l’appelle « celui
qui est, qui était et qui vient » — et non « qui sera » : il vient, il agit.
Tirons-en deux conséquences :
● Par rapport à son immuabilité : Dieu est le même dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament. Ce truisme n’est pas forcément évident pour tous : certains voient Dieu dans l’A.T. comme le Dieu vengeur en contraste avec le Dieu plein de grâce du N.T. Or c’est le même Dieu qui se présente dans toute l’Écriture. Les modalités de sa révélation s’adaptent à la progression de son plan du salut. Le N.T. introduit seulement une révélation plus complète du Dieu immuable, puisque, entre temps, Jésus Christ est venu.
● Par rapport au temps : « Nos temps sont en sa main » : si brève que soit notre existence à la lumière de l’éternité divine (Moïse le souligne bien dans son Psaume 90), elle n’échappe pas à la souveraineté de celui qui l’inscrit dans le temps, au moment voulu par lui et qui en mesure la
durée.

4. Dieu est vivant (1 Tim 4.10)

« Le Père a la vie en lui-même » (Jean 5.26), affirme Jésus. Dieu est « vie » dans le sens où, intrinsèquement, il « est », et il est actif (il « travaille » dit le contexte de ce verset). Dieu vit et
ne peut pas mourir : lui « seul possède l’immortalité » (1 Tim 6.16).
La vie qui est en Dieu s’étend au-delà de lui, dans sa création. Dieu est source de toute vie. Paul affirme aux Athéniens païens : « En lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Act.17. 28). C’est parce qu’il existe un Dieu vivant que nous existons en tant qu’êtres vivants. Notre existence à tous — croyants ou non — est liée à son action : « Le Dieu vivant est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (1 Tim 4.10).
Tout homme tient sa vie physique du Dieu vivant, mais la vie, la vraie vie, la vie de « qualité éternelle », est d’être en relation avec le Dieu vivant : « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent,
toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17.3).
En conséquence, accueillons avec reconnaissance chaque jour de vie que Dieu nous donne sur la terre, et mettons-le à profit pour développer la vie éternelle que nous avons reçue de sa part sans attendre que cette vie trouve son plein développement dans notre corps immortel de résurrection.

***

À ces quatre affirmations sur l’« essence » de Dieu, s’ajoutent trois affirmations très simples mais ô combien profondes sous la plume du même apôtre Jean dans le N.T. Peut-être est-ce la moins mauvaise « définition » que nous puissions trouver de Dieu : Dieu est esprit, Dieu est lumière, Dieu est amour. Ces trois aspects forment le « trépied » de la révélation que Dieu donne de lui-même. Essayons maintenant de voir ce qu’il est possible de mettre derrière ces trois aspects.

5. « Dieu est esprit » (Jean 4.24)

Dieu est invisible

● Dieu ne peut se voir : Jésus ressuscité, lorsqu’il se présente à ses disciples, leur dit : « Un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai » (Luc 24.39). Un esprit n’est pas directement perceptible par nos sens. Dieu n’est donc pas visible :
il est le « roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu » (1 Tim 1.17 ; cf. Ex 33.20).
● Dieu s’est laissé voir historiquement, en Jésus. Dans l’incarnation de son Fils, le Dieu invisible a pris corps et a pu être vu, touché, par des humains (Jean 1.18 ; 1 Jean 1.1-2). Voir Jésus n’était autre chose que de voir le Père, Dieu dans sa plénitude sous forme humaine (Jean 14.9).
● Aujourd’hui, Dieu se laisse voir par des hommes et des femmes sauvés, renouvelés, possédant désormais la nature divine et qui reflètent par la puissance de l’Esprit en eux — même si ce n’est que partiellement — ce qu’est Dieu. Et, eux, à leur tour, ont une « vision » de Dieu, certes par la foi, spirituellement, qui est plus claire et plus nette que d’autres :« Heureux ceux qui ont le cœur pur,
car ils verront Dieu » (Mat 5.8).
● Dieu se laissera voir réellement, un jour : dans la béatitude de l’état éternel, les rachetés auront le privilège d’une vision directe, immédiate, éternelle, de Dieu : ils « verront sa face » (Apoc 22.4).

Dieu est omniprésent, omnipotent, omniscient

L’omniprésence de Dieu signifie qu’il n’est pas limité par l’espace. Il est immanent et transcendant, à la fois présent dans toute sa création et en-dehors d’elle, sans qu’elle le limite ou le lie : « Ne remplis-je pas, moi, les cieux et la terre ? » (Jér 23.24).
La conséquence de cette omniprésence est inquiétante pour le pécheur qui ne peut pas le fuir (Ps 139.7-10), mais consolante pour le croyant qui sait Dieu toujours près de lui (Deut 4.7).
L’omnipotence de Dieu signifie qu’il peut tout. « Notre Dieu est au ciel, Il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3 ; cf. Ps 62.11 ; Job 42.2) et « rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1.37). La puissance de Dieu met en action toutes ses autres perfections et leur donne efficacité. Dieu n’est limité que par l’harmonie de ses perfections ; il peut tout faire, sauf « se renier lui-même » : il ne peut donc pas mentir, être tenté, s’auto-anéantir, etc.
Une conséquence est que Dieu « peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Éph 3.20). Ayons davantage foi dans la toute-puissance de notre Père !
L’omniscience de Dieu signifie qu’il sait tout. Il a une pleine connaissance de lui-même (Mat 11.27 ; 1 Cor 2.11) ; il sait tout sur sa création ; il sait tout sur tous les humains, leurs actions, leurs paroles, jusqu’à leurs pensées les plus intimes (Ps 33.15 ; 139.4 ; 94.11). Plus encore, non seule-
ment il sait, dans une connaissance immédiate, parfaite, complète, sans apprentissage, de façon réelle, ce qui est, mais Dieu sait ce qui aurait pu être (cf. Mat 11.21).
Une conséquence est qu’il ne nous sert à rien de lui cacher quoi que ce soit : « Tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Héb 4.13). Il connaît nos circonstances, nos pensées, nos sentiments, nos émotions, mieux que nous-mêmes.
Ces trois attributs divins se relient à Dieu comme esprit car seul un être qui est esprit peut les avoir.

Dieu est saint

Les trois attributs de Dieu évoqués ci-dessus lui sont propres ; ils sont « incommunicables » et, même dans la nouvelle création, nous resterons des créatures finies, pas « omni- ». En cela,
Dieu est « saint », tout autre, transcendant : « Seul tu es saint » chantent les rachetés (Apoc 15.4).
Négativement Dieu est séparé de tout ce qui n’est pas en harmonie avec lui ; il est exempt de tout mal (Hab 1.13). Cet attribut rejoint l’aspect suivant : « Dieu est lumière et il n’y a point en lui de
ténèbres » (1 Jean 1.5).
En conséquence, nous sommes appelés à être saints comme lui (1 Pi 1.15-16), à reproduire ses qualités spirituelles, à refléter ses attributs communicables que nous allons voir.

6. « Dieu est lumière » (1 Jean 1.5)

Que mettre derrière ce mot de « lumière » ? Éphésiens 5.9 nous ouvre des pistes : « Le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. » Détaillons ces trois attributs que Paul relie directement à la lumière.

Dieu est juste

La justice est à la fois un état et une action. Dieu est juste intrinsèquement (son état) et il exerce la justice en prononçant des jugements appropriés selon les lois — au sens le plus large du terme — qu’il a instituées. La justice de Dieu revient comme un refrain dans l’Apocalypse en relation avec ses jugements sur la terre : « Tu es juste, toi qui es, et qui étais ; tu es saint, parce que tu as exercé
ce jugement » (Apoc 16. 5).
La justice de Dieu nous est désormais imputée : « Il montre ainsi sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus » (Rom 3.26). Désormais les croyants sont eux-mêmes « la justice de Dieu » (2 Cor 5.21).
En conséquence, la justice de Dieu est la base de notre intercession.
Comme Abraham, nous pouvons plaider : « Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? » (Gen 18.25) Même si nos demandes sont imparfaites, selon une appréciation partielle (voire partiale !) des situations, nous savons que lui agira toujours selon sa parfaite justice.

Dieu est vrai

Dieu est vrai en contraste avec des idoles inertes et illusoires (1 Thes 1.9). Dieu est stable, ferme, réaliste, sincère, non trompeur. Il est vrai dans ce qu’il dit et sa Parole est la vérité (Jean 17.17). Il ne peut mentir et tiendra ses promesses envers nous (Tite 1.2).
En conséquence, nous pouvons avoir une pleine assurance dans ce que Dieu nous dit, même si les apparences peuvent parfois nous faire douter.

Dieu est bon

Spontanément, nous ne relierions pas la bonté de Dieu avec son aspect « lumière », mais plutôt avec son aspect « amour ». Or c’est pourtant le lien que fait Paul dans le verset d’Éphésiens 5. Ne disons plus : « Dieu est lumière, MAIS Dieu est amour. » Il est lumière ET amour. En son être se concilient à tout moment de façon parfaite et non contradictoire la parfaite lumière et le parfait amour. Chacun de ses décrets, chacune de ses actions reflètent et son amour et sa lumière. Cet attribut de « bonté » permet de lier ces deux côtés de la nature de Dieu, au point que certains l’ont qualifié d’attribut par excellence de Dieu (cf. Ps 107.1 ; Marc 10.18). Avoir foi dans la bonté de
Dieu est un prérequis pour avoir une juste vision de qui il est.
La bonté de Dieu se manifeste dans toutes ses œuvres, comme en témoigne le refrain qui ponctue le récit de la création.
La bonté de Dieu est la disposition positive de Dieu envers l’homme.
Elle s’étend à tous (Ps 145.9) mais se montre de façon particulière envers les siens (Ps 73.1).
En conséquence, soyons persuadés que tout ce qui nous est donné de bon vient de Dieu (Jac .17). Nous qui sommes si volontiers ingrats, comptons les bontés si nombreuses dont il nous comble (cf. És 63.7).

7. « Dieu est amour » (1 Jean 4.8,16)

Dieu est esprit, lumière et amour. Jean répète ce dernier aspect. Peut-être est-ce celui qui nous vient le plus spontanément. Dieu est amour… mais l’amour n’est pas Dieu. Dieu est la source de tout amour humain mais ne divinisons pas l’amour ! L’amour selon Dieu est la recherche active constante du bien de l’objet aimé. Non pas sous la forme d’une indulgence naturelle, d’une aimable faiblesse, d’un sentiment diffus et mièvre, plus ou moins influencé par le caprice, la subjectivité
ou la passion. C’est l’amour volontaire, éternel, immuable d’un être parfait (Jér 31.3).
En conséquence, reposons-nous sur la certitude que rien « ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rom 8.39).
Il vaut la peine d’éclairer ce qu’est le grand amour en Dieu par plusieurs termes connexes :
● Sa grâce est l’amour généreux de Dieu envers ceux qui ne méritent rien, son cadeau sans contrepartie (cf. Éph 2.5-8).
● Sa miséricorde est l’amour de Dieu en réponse à la misère de l’homme, qui ne lui donne pas ce qu’il mériterait (cf. 1 Tim 1.13,16).
● Sa compassion est l’amour de Dieu en réponse à la détresse et aux difficultés de l’homme (cf. Rom 12.1).
● Sa patience est l’amour de Dieu qui attend la réponse de l’homme (cf. 2 Pi 3.9).
● Sa fidélité est l’amour de Dieu qui remplit ses engagements, qui accomplit ses promesses (cf. Deut 7.9).
En conséquence, quel que soit notre besoin, quelles que soient nos circonstances, il y aura toujours une facette adaptée de son amour pour nous !

Conclusion : un schéma bien limité

Sept mots, sept aspects de Dieu… Il y en aurait bien d’autres, car il ne sera jamais possible de «  résumer » Dieu. Pour finir, récapitulons par un schéma les attributs liés à la nature du Dieu esprit, lumière et amour :

Il serait tout à fait possible d’arranger ces attributs de Dieu différemment. Dieu est tellement cohérent en lui-même que chercher à le représenter ainsi est forcément réducteur. Cherchons humblement, au travers de toute l’Écriture, à connaître un peu mieux celui qui en est l’auteur, qui nous attire à lui et fait de nous ses enfants. ■

 


Quand on pense à Dieu, il est plus aisé de concevoir un Seigneur glorieux qu’un Dieu humble.
Avons-nous même le droit de parler du Dieu tout-puissant, créateur, celui qui donne la vie
et qui la reprend, comme ayant une part d’humilité ?
Certains en doutent.

Pourtant, en contemplant les trois personnes de la Trinité, il en ressort que, même si le Dieu
trinitaire est glorieux, il se place souvent en retrait par amour, mettant l’humanité en premier, respectant notre liberté.

Le Saint-Esprit

Dans la vie du disciple, le Saint-Esprit ne s’impose pas, mais se propose. Il inspire, enseigne, aide, encourage, se tient prêt à agir au besoin. Mais chacun est libre d’écouter cette voix, d’être sensible à la conduite du Saint-Esprit pour grandir — ou alors de la faire taire pour aller vers d’autres voix, de l’ignorer et d’agir à sa guise.

Jésus

Après que sa gloire a été révélée lors de son baptême et de la transfiguration, la lecture suivie des Évangiles montre que Jésus ne profite pas de cette gloire. Il se laisse rejeter, arrêter, juger, torturer et crucifier, laissant s’accomplir la plus grande injustice de l’humanité. Le prophète Ésaïe avait annoncé que le serviteur souffrant donnerait sa vie plutôt que d’affirmer ses droits (És 52.15-53.12). Ainsi Jésus n’a jamais imposé sa compagnie ou ses enseignements aux gens qu’il a côtoyés. Au contraire, il proposait : « Toi, suis-moi ! » et laissait chacun libre de la réponse.

Dieu

En lisant l’Ancien Testament, il est frappant de constater que lors de la traversée du désert et
de la conquête de Canaan, Dieu s’est contenté d’une tente, le tabernacle, comme lieu de culte. Cela a duré non seulement jusqu’à ce que le peuple soit bien établi dans le pays promis, mais encore après, jusqu’à ce que le peuple prospère et vive dans l’abondance sous le règne de Salomon (1 Rois 5.1-14).
Dieu n’a pas demandé un culte comme celui de beaucoup de faux dieux, avec un temple, glorieux, bien en vue, alors que le peuple survivrait tant bien que mal autour.

Le disciple n’est pas plus grand que son Maître

L’être humain aime se mettre en avant, sur le devant de la scène.
Il a tendance à jouer des coudes pour arriver à ses fins. Pourtant, en tant que disciples de Jésus, se plaçant sous l’autorité de Dieu et avançant sur le chemin de la sanctification avec l’aide du Saint-Esprit, nous devons sans cesse nous remettre en question et ne pas nous croire plus grands que notre Maître. Si le Dieu trinitaire a agi humblement et s’est mis en retrait, combien plus devrions-nous le faire !