PROMESSES

Les questions soulevées par l’épidémie actuelle soulignent encore la fragilité humaine…
La Bible n’a pas attendu ce virus pour l’affirmer !
Heureusement aussi, les réponses données dans la Parole de Dieu sont valables à toutes les époques.

Lorsqu’Ésaïe écrit, le peuple est encore dans son pays.
Mais comme il ne respecte pas l’alliance passée avec Dieu à l’époque de Moïse, les sanctions prévues dans l’alliance vont s’appliquer. L’Ancien Testament présente en effet une alliance des œuvres entre Dieu et son peuple, c’est-à-dire  que les bénédictions terrestres sont en lien avec l’obéissance.
La grâce est promise, présente même, mais pas de la même manière que dans l’alliance du Nouveau Testament. Ésaïe annonce déjà que le peuple sera envoyé en exil, déporté loin de son pays. Il anticipe les questions :
Que fait Dieu ? Peut-il vraiment nous aider ? Avons-nous des raisons de nous confier en lui ?

Nous aussi, nous rencontrons ces questions tout au long de notre vie chrétienne, le plus souvent lors d’épreuves, de difficultés ou de crises. Que fait Dieu ? Peut-il vraiment m’aider, nous aider ? Avons-nous des raisons de nous confier en lui, est-il digne de confiance ?
Ésaïe, inspiré par Dieu, nous répond. Après avoir prédit l’exil, Ésaïe a annoncé que le peuple allait revenir dans son pays, guidé par Dieu comme lors du retour d’Égypte. Est-ce possible ? Dieu va-t-il le faire ? Dieu peut-il le faire ?
Ésaïe 40 v. 12 à 31 a une structure spéciale qui fait ressortir une idée centrale. Lorsque j’envoie un courrier électronique pour un rendez-vous, et qu’il y a un changement d’horaire, j’écris en gras le nouvel horaire pour faire ressortir le changement. Mais à l’époque d’Ésaïe, ces possibilités typographiques (et toutes les autres que nous avons) n’existaient pas. Il fallait donc trouver autre chose.

Les Juifs avaient l’habitude de textes avec une structure concentrique et ils plaçaient le plus  important au centre. Un exemple connu se trouve dans le Nouveau Testament. Les chapitres 12 à 14 de 1 Corinthiens évoquent les dons spirituels. Mais le chapitre 13 ne parle que d’amour. Pourquoi ? Parce que c’est l’élément le plus important que Paul fait ressortir : les dons se vivent dans l’amour. Ésaïe structure son texte de la même manière. Il décrit le Dieu créateur (v. 12-14), puis le Dieu souverain (v. 15-17), puis il en vient au cœur, le Dieu incomparable (v. 18-20), puis il décrit encore le Dieu souverain (v. 21-24) et enfin, de nouveau, le Dieu créateur (v. 25-26).

1. Le portrait de Dieu (És 40.12-26)

Nous allons donc suivre le texte selon cet arrangement et examiner Dieu comme créateur, puis comme souverain sur ce monde et enfin le cœur du texte, le Dieu incomparable. Le but est
de respecter l’intention de l’auteur et de donner de l’importance à ce qui est important.

a. Le Dieu créateur (És 40.12-14,25-26)

Comment décrire l’indescriptible ? Comment décrire un voyage en avion  à une mouche ou un trajet en train à une fourmi ? Le prophète utilise des images pour nous donner une idée de
la grandeur de Dieu.
Puisque nous ne pouvons pas décrire Dieu avec nos mots, la Bible utilise régulièrement des images humaines pour décrire Dieu. « Le bras de Dieu n’est pas devenu trop court pour sauver  »[note]És 59.1,21 [/note] signifie que Dieu n’est pas limité pour nous porter secours. Il ne faudrait pas en déduire que Dieu a de grands bras !
Pour Dieu, l’océan est comme une petite quantité d’eau que l’on tient dans sa main, le ciel comme la largeur de sa main, toute la poussière de la terre facilement mesurable (comme des miettes ramassées sur la table), les montagnes et les collines comme des légumes achetés au marché et pesés sur une balance.
Dieu s’est révélé de la même manière à Job : « Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l’intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ? » (Job 38.4-5)
Et comme dans le cas de Job, les questions posées par le texte ont pour but de nous montrer que Dieu est totalement différent de nous, bien au-delà de ce que nous pouvons même imaginer.
Les versets 13-14 soulignent que Dieu n’a pas eu besoin d’être aidé et conseillé pour créer et acquérir sa sagesse. Il n’a eu ni professeur, ni consultant, ni aîné dans la foi pour le guider. Dieu
est auto-suffisant. Il n’a pas besoin de nous, ni pour accomplir sa volonté ni même pour aimer (l’amour au sein de la Trinité est suffisant).
Les versets 25-26 posent aussi la question : à qui comparer Dieu ? Sous-entendu, à personne. Ésaïe souligne que notre Dieu n’a pas d’équivalent.
Ces éléments nourrissent notre louange :
1. Dieu est… grand. Mais pas seulement grand. Il dépasse nos limites. Il tient toute la création dans sa main. Dieu n’est pas seulement puissant, il est le Créateur de tout ce qui nous paraît humainement grand et puissant, créateur des espaces presque infinis ; il dirige même les étoiles et
les galaxies qui sont pourtant inaccessibles à notre technologie.
Nous devons donc voir Dieu comme bien plus que « grand » et « puissant ». Il existe des œuvres humaines grandes et puissantes… mais Dieu les dépasse. Dieu est plus grand que la chose la plus grande que notre esprit puisse concevoir : avec cette phrase, nous nous approchons de la réalité.

2. L’autosuffisance de Dieu est aussi remarquable. Qui sommes-nous pour contester ces plans ? Voudrions-nous être ses conseillers ? Nos critiques sont bien ridicules !
Au contraire, l’autosuffisance de Dieu rappelle qu’il n’a pas eu besoin de nous créer, qu’il n’était pas
obligé de remplir l’univers pour ne pas se sentir seul, qu’il n’était pas en train d’attendre enfin notre
louange pour se sentir mieux.
Dieu nous a créés par pur amour. Il n’aurait rien eu de moins sans nous créer. Il a malgré tout choisi de nous créer et il a choisi de nous aimer.
Cette pensée, qui peut donner le vertige, nous fait un peu plus prendre conscience de la réalité de l’amour de Dieu pour nous.
On peut parler d’un amour « pur », totalement désintéressé… et d’un amour que l’on ne peut connaître dans nos relations humaines.
Avant même d’évoquer le salut, nous pouvons nous émerveiller de l’amour de notre Dieu, de son choix de donner la vie et réaliser que nous ne vivons pas par hasard, mais parce que Dieu l’a vraiment voulu.
Avec David, nous pouvons dire : « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? » (Ps 8.5)
Dieu aime chacun de ses enfants de toute éternité.

3. Le Dieu incomparable et créateur est aussi le Dieu saint (v. 25). La sainteté est liée au culte et à la pureté. Le Dieu saint est le Dieu qui est digne de recevoir toute adoration et qui est pur de tout mal.
La relation avec un tel Dieu est donc humble ; reconnaissons notre place et la sienne !

b. Le Dieu souverain (És 40.15-17,21-24)

Cette partie ressemble à la précédente avec des comparaisons qui utilisent des termes que nous pouvons comprendre et des questions qui ne sont là que pour montrer la grandeur de Dieu.
Si je porte difficilement un seau plein d’eau, je ne vais pas sentir de différence de poids parce qu’une goutte est tombée. Lorsque je pèse des fruits au marché, le minuscule grain de pollen qui se dépose sur le plateau ne va pas complètement fausser la balance et faire s’envoler le prix.
Les nations sont tellement petites devant Dieu. Elles ne peuvent rien pour lui… même le fait d’offrir en sacrifice tous les animaux du Liban en faisant brûler toutes les forêts ne suffirait pas à lui rendre un culte acceptable.
Le but du texte est clairement de montrer que même lorsque les êtres humains s’assemblent et s’organisent, ils restent tout petits devant Dieu. Même les nations les plus puissantes ne peuvent rivaliser avec Dieu.
Donc lorsqu’il est dit que les nations ne sont que néant (v. 17) et ressemblent à des sauterelles (v. 22), le texte n’affirme pas que Dieu ne tient pas compte des humains ou qu’ils n’ont pas de valeur
devant lui. Toute la Bible affirme au contraire la grande valeur donnée à toute vie humaine. Le texte souligne simplement que la force des nations est ridiculement faible face à Dieu.
Par conséquent, Dieu n’est pas dépassé par la puissance des nations.
Ésaïe écrit par avance pour un peuple déporté en promettant leur retour. Il rappelle la grandeur du Dieu qui dirige les nations et même les rois. Salomon l’avait écrit deux siècles plus tôt : « Le cœur du roi est [comme] un courant d’eau dans la main de l’Éternel ; il l’incline partout, où il veut » (Prov 21.1).
Le plus grand roi de l’empire babylonien, Nebucadnetsar, a aussi dû douloureusement le reconnaître : « Moi, Nebucadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le
Très-Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. Tous les habitants de
la terre ne sont à ses yeux que néant ; il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise : Que fais-tu ? »
(Dan 4.34-35)
J’en tire trois conséquences :
1. Si Dieu veut faire revenir son peuple d’exil, aucune armée, aucune force, aucun roi ne pourra s’y opposer. Il donnera d’ailleurs au roi Cyrus l’idée de faire rentrer le peuple d’Israël dans son pays.
2. Les grands oppresseurs du peuple de Dieu à travers l’histoire ont disparu. L’empire babylonien et l’empire romain n’existent plus. Tous ceux qui voulaient faire disparaître la foi et ruiner les promesses de Dieu ont échoué. Dieu a même accompli son plan grâce à la méchanceté des
Romains et des Juifs qui ont mis à mort le Messie !
3. À l’échelle de l’histoire humaine, les grands empires ont une vie brève, mais le temps passe lentement pour celui qui souffre… Il serait cruel et totalement faux de minimiser la souffrance
de nos frères et sœurs persécutés. Continuons à prier pour eux et reconnaissons la valeur de
leur foi dans un tel environnement.
La souveraineté de Dieu sur les nations rappelle néanmoins que rien n’arrive sans la volonté de Dieu. Les oppresseurs sont responsables de leurs actes et devront en répondre. Mais rien n’échappe à Dieu qui intervient comme il le veut quand il le veut.
C’est ce qui doit aujourd’hui nous rassurer face à la montée des persécutions. Nous continuons à prier, à nous indigner, à secourir lorsque c’est possible. Mais nous ne perdons pas confiance en Dieu, comme Ésaïe invitait un peuple déporté à des milliers de kilomètres de chez lui, prisonnier de la plus grande puissance de l’époque, à ne pas perdre courage car Dieu tient ses promesses. Et ce sera le cas !

c. Le Dieu incomparable (És 40.18-20)

Nous arrivons au cœur de ce passage.
Dieu est le Dieu incomparable. Audessus de toutes les idoles, de toutes les représentations humaines, de tous nos calculs et de tous les systèmes de pensée.
Il est le Dieu transcendant. Il dépasse la création. Il est le Tout-Autre, le Dieu incomparable dont le règne est absolu. Même l’univers ne peut l’enfermer.
Même le temps lui est soumis.
Les idoles ne sont que des créations : les astres sont créés par Dieu (ils étaient largement adorés à l’époque) ; les statues sont des créations humaines ; les divinités païennes sont des créations d’êtres eux-mêmes créés !
Les êtres humains que nous craignons ne sont eux-mêmes que des êtres créés. Nous mettons aus
si parfois des priorités démesurées dans des loisirs qui appartiennent à un monde provisoire, condamné et bien limité pour nous combler.

2. La confiance en un tel Dieu (És 40.27-31)

Dieu peut-il m’aider dans ma situation ? Ésaïe répond tout d’abord par ce rappel concernant la personne de Dieu. Il en vient maintenant aux conséquences dans la suite du texte (v. 27-31).
Par son prophète Ésaïe, Dieu s’adresse au peuple d’Israël qui sera bientôt en exil. Un peuple déraciné qui pense peut-être : nous ne reviendrons plus jamais, Dieu nous a oubliés, les divinités babyloniennes sont plus fortes, mon sort n’intéresse personne, les promesses de Dieu ne s’appliquent plus ou sont oubliées.
Dieu n’est pas seulement le Dieu transcendant (celui qui est au-dessus de tout, le Tout-Autre). Il est aussi le Dieu immanent : il est proche, concerné par  ce qui se passe dans la création et il peut intervenir au sein de cette dernière.
Dieu est suffisamment proche pour agir dans ce monde comme il le veut et suffisamment puissant pour le faire. Dieu est suffisamment grand pour dominer tout l’univers mais il est aussi le Dieu d’amour qui n’abandonne aucun des siens.
Dieu n’a pas oublié son peuple, et il ne l’oubliera pas. Même dans les situations terribles, Dieu n’est pas absent, lointain, désintéressé. Le renouvellement vient de lui.
La traduction « jeunes gens » et « robustes gaillards » (version Semeur) semble faire mieux justice au texte que « adolescents » qui peut avoir une connotation négative (un âge où on est parfois apathique). Le texte dit que même les humains qui sont au moment où les forces physiques sont
au plus haut finissent par se fatiguer.
Mais Dieu ne se fatigue jamais. Ceux qui viennent vers Dieu retrouvent une nouvelle motivation, de nouvelles forces intérieures.
Dieu redonnera la vie à son peuple.
Un tel Dieu ne peut être mis en échec, même par l’exil du peuple, même par les soldats babyloniens (qui se fatiguent et se lassent). Dieu accomplira ses promesses comme il le veut.

3. Quelques applications

a. L’incapacité des faux dieux

Toutes les constructions humaines sont totalement inefficaces pour remplir notre vie. Elles proviennent d’êtres humains faibles, faillibles, imparfaits et limités. Comment une grande théorie humaine pourrait-elle répondre parfaitement à nos aspirations, comment des humains si faibles et limités pourraient-ils créer une société idéale, déterminer de la bonne manière le bien
et le mal, trouver et mettre en place ce qui est le meilleur pour l’humanité ?
La question est importante. Toutes les grandes idéologies
— capitalisme, marxisme, socialisme, etc;
— tout ce qui promet le bonheur;
— les idées actuelles sur la sexualité et le genre, la recherche personnelle du bonheur à travers des ouvrages de psychologie, de développement personnel, de sagesse humaine millénaire ou de découvertes récentes; — les promesses de la science ou des sociétés traditionnelles, sont toutes forcément très limitées.
Il peut y avoir des principes sages et bons, des choses à examiner, dans ces disciplines, bien sûr.
Simplement, laissons-les à leur place, soumises à l’Écriture.
Je ne sais pas ce qui est bon hors de l’Écriture bien comprise, éclairée par l’Esprit de Dieu et par l’enseignement de ceux que Dieu a équipés par son Esprit pour instruire les chrétiens de tous les
temps. Par conséquent, mes principes et mes idées doivent être soumis à l’Écriture.

b. Le virus actuel a réveillé certaines inquiétudes

Il ne faut pourtant pas confondre le fait de s’attendre à des difficultés et des inquiétudes sans fondement.
Ésaïe écrit à un peuple qui connaîtra l’exil. Dans la première partie du livre (chapitres 1-39), il annonce de grandes épreuves.
Dans notre humanité, dans un corps qui n’est pas encore régénéré, nous affrontons des souffrances : santé, âge qui avance, épreuves. Il est normal d’être attristé, d’exprimer sa tristesse, sa souffrance. Il est normal de tenir compte de notre faiblesse (précaution face aux maladies en général, médicaments antidouleurs, assurances pour nous protéger en cas de coup dur…).
Dieu veut que nous soyons responsables de ce qui est à notre portée.
Mais je remarque qu’en général, dans ma vie, mes questions, mes doutes, mes inquiétudes proviennent de l’oubli de la personne de Dieu.
Dieu peut-il m’aider ?
Les réponses de Dieu sont-elles adaptées à ma situation, à notre époque, à ce que je vis moi ? Même si longtemps après la rédaction de la Bible ?
Dieu peut-il garantir que ma vie va encore avoir un sens après telle ou telle épreuve ?
Dieu peut-il protéger le témoignage évangélique dans un monde qui semble le rejeter chaque jour un peu plus ? Dieu peut-il encore sauver dans ce monde matérialiste, athée et opposé aux chrétiens ?
Dieu peut-il garantir ma résurrection et que la vie dans sa présence sera vraiment celle que je désire vivre tout au fond de moi ?
Dieu peut-il vraiment me donner les moyens de vivre cette difficulté à sa gloire ?
Dieu peut-il agir non seulement dans ma vie, mais aussi en moi, pour la transformation de mon caractère, de ma manière de penser, d’agir, de réagir ?
Toutes ces questions (et bien d’autres du même style) trouvent leur réponse dans Ésaïe 40.12-26, dans la description du Dieu saint, créateur et souverain.
Nourrissons notre foi de tels textes.
Apprenons à méditer, pas seulement sur nos difficultés mais aussi sur la personne de Dieu, sur ce que nous pouvons en connaître.

c. Dieu renouvelle nos forces

« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. […] Nous savons, en effet, que si cette tente où nous
habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme.
Aussi gémissons-nous dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste » (2 Cor 4.16 ; 5.1-2).
Je n’ai pas beaucoup d’illusions sur nos forces physiques. Le texte d’Ésaïe 40 montre les limites humaines, même des plus forts. Mais nous savons que nous pouvons reprendre courage et espérance dans notre Dieu qui nous relève et nous soutient, qui renouvelle notre joie et notre force.
Nous savons aussi que notre ultime espérance est une vie avec un corps nouveau qui ne sera plus soumis à la fatigue, à la douleur, au vieillissement et à la mort.

d. La transcendance et l’immanence de Dieu se rencontrent en Jésus-Christ

Nous pouvons nous approcher de Christ qui est notre réconfort et notre soutien, lui qui a partagé
notre condition humaine et qui reste homme pour l’éternité.
Christ est aussi celui qui envoie son Esprit pour nous transformer.
Enfin, il est celui qui garantit notre pardon et une vie dans sa présence, lui qui nous y prépare une place. Dieu, créateur, souverain et saint, est seul digne de toute notre confiance. ■


Notre Dieu et Père… » Nous utilisons parfois cette expression en commençant nos prières. Elle est certainement juste, car elle se trouve dans la Bible (Phil 4.20 ; 1 Thes 3.11 ; 2 Thes 2.16).
Elle nous est familière, elle nous paraît naturelle, allant de soi. Mais elle est tout sauf banale ! Elle exprime la richesse de la relation entre nous et celui auquel nous parlons. Il est à la fois notre Dieu (le maître de l’univers qui a aussi toute autorité sur nous) et notre Père (celui qui nous aime et
s’occupe de nous), comme il a été Dieu et Père pour le Seigneur (Jean 20.17).
En fait cette expression très courte n’est pas seulement une formule respectueuse mais un peu rituelle pour commencer une prière. Ces quatre mots ont un sens étonnant et merveilleux : le grand Dieu souverain est mon Père, il est le Père d’une nombreuse famille de frères et sœurs !

1. Notre Père, le grand Dieu souverain

Le chrétien a un statut extraordinaire : il est enfant de Dieu, fils ou fille de Dieu. « Enfant » souligne l’aspect affectif et sentimental ; le mot évoque la relation très proche, la liberté d’accès, la confiance, l’intérêt et l’amour de l’un pour l’autre, la protection du père. « Fils » met en évidence l’aspect légal de la relation, l’adoption, le statut d’héritier, la soumission à une autorité paternelle bienveillante. On aurait pu s’attendre à trouver des expressions plus « logiques » comme « enfant du Père » et « fils de Dieu ». Le verset suivant nous montre que l’amour du Père nous fait enfants de… Dieu : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! » (1 Jean 3.1)
● « C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! » (Rom 11.36).
● « Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, et qui était, et qui vient, le Tout-puissant » (Apoc 1.8).
● « Le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (1 Tim 6.15).
Il détient donc sans partage autorité, pouvoir et puissance, de manière absolue et éternelle, dans l’univers physique et dans l’espace spirituel.

2. Comment peut-il être vraiment Dieu et vraiment Père ?

Détenir un pouvoir absolu et agir avec un amour extrême, est-ce possible ?
L’histoire humaine en ferait sérieusement douter ! Mais Dieu en est capable car son autorité est empreinte de sagesse, de parfaite connaissance, de justice et d’amour :
● « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom 11.39).
● « À Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles par Jésus-Christ ! » (Rom 16.27).
● « L’Éternel est miséricordieux et juste, notre Dieu est plein de compassion » (Ps 116.5).
Il n’est pas Dieu à certains moments et Père à d’autres : il est en même temps Dieu et Père.

3. Reconnaître l’autorité de Dieu

3.1. Une comparaison

Dans des pays comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, des foules se pressent pour acclamer leur reine ou leur roi lors de grandes cérémonies officielles. Les monarques représentent leur nation ;
leurs portraits sont dans les établissements publics, sur les billets et pièces de monnaie ; on publie des livres et des articles sur eux.
Mais leur nation ne leur reconnaît aucun pouvoir réel dans leur royaume, aucune autorité sur leurs
sujets. Les applaudissements expriment un attachement affectif, pas un engagement à respecter
leur autorité.
Cet exemple devrait nous faire réfléchir : le chrétien parle de Dieu, chante sur Dieu ; il participe à des rencontres d’adoration ou de prière ; il réfléchit, lit, étudie, partage, débat, enseigne sur Dieu ; il se donne de la peine pour le servir. C’est très bien… s’il est profondément imprégné de la  grandeur, de l’autorité et de l’amour de Dieu. Sinon la vie chrétienne personnelle et la vie de l’église
tendent à devenir du « folklore », un attachement affectif et verbal au Père bienveillant sans réelle soumission envers le Dieu saint.

3.2. Connaître Dieu pour reconnaître son autorité

La création, la Parole, l’Esprit Saint et l’expérience de la foi nous révèlent la grandeur de Dieu :
● « Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages » (Rom 1.20).
● « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim 3.16).

3.3. Résister au diable qui veut nous détourner de Dieu et du Père

Satan veut toujours voler, tuer, détruire (Jean 10.10) en mettant en doute l’autorité de la Parole de Dieu ; il nous incite à négliger la gloire et la sainteté de Dieu.
Il essaie également de nous faire douter de la promesse qui nous réconforte et nous tire vers le haut : « Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant » (2 Cor 6.18).

4. Dieu et Père : un modèle pour nous

Dieu délègue son autorité dans l’entreprise ou dans l’administration, dans l’église et dans la famille. Être enseignant dans une classe, « berger » dans une église ou « chef de famille », c’est une bénédiction et un honneur. Je suis alors un représentant ou un délégué de Dieu ; je bénéficie donc de son appui. Mon but n’est pas d’imposer mon autorité, mais d’agir comme délégué du Père pour aider, protéger, stimuler, former, relever si nécessaire ; avec précision, clarté, cohérence et justice.
En conciliant l’autorité nécessaire à la fonction et l’amour d’un père ou d’une mère ! ■

 Pour aller plus loin…
1. « Notre Dieu notre Père… » : imaginez que demain vous entendez votre ami(e) commencer une prière ainsi. Quelles réflexions avez-vous envie de partager avec lui ou elle ?
2. Comment profiter de ma liberté d’enfant de Dieu et en même temps montrer mon respect
pour son autorité ?
3. Essayez de transposer ce modèle d’autorité paternelle pour vous, ou pour un parent d’enfant, une cheffe d’équipe, un enseignant…
4. Quand on témoigne de sa foi devant un non-croyant, faut-il parler de l’amour du Père et/ou
de l’autorité de Dieu ?
5. Le Seigneur parle du Père une cinquantaine de fois dans l’Évangile selon Jean. Que nous
révèlent ces textes sur le Père, au-delà de l’aspect affectif ?
Étudiez particulièrement : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre
Dieu » (Jean 20.17).

 


Dans Jean 8, les Juifs s’opposent à Jésus et le désavouent en pointant une incohérence dans son discours : comment Jésus, qui est présent au milieu d’eux et qui n’a pas encore cinquante ans, peut-il avoir vu Abraham, qui, lui, est mort deux mille ans plus tôt ?
Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8.58).
Jésus utilise la même expression que celle que Dieu a dite à Moïse dans le désert depuis le buisson ardent :« Je suis celui qui suis » (Ex 3.14). Par l’emploi du présent de l’indicatif, nous pourrions simplement penser que Dieu, dans sa trinité, est éternel. Mais Jean nous projette dans une dimension temporelle qui ne nous est pas familière. Comment comprendre la juxtaposition d’un état passé à un état présent ?
Lorsque nous réfléchissons sur qui est Dieu, nous plaçons cette réflexion à notre niveau, pensant certes que Dieu est éternel, qu’il n’a pas de début, ni de fin, mais est-ce tout ?
Au travers de cette phrase, Jésus laisse entrevoir une dimension encore plus grande : il n’est pas limité par le temps. La dimension temporelle de Dieu n’est pas  d’exister dans le couloir du temps, dans lequel nous sommes emprisonnés et où nous ne pouvons qu’inlassablement avancer, laissant le passé derrière nous.
Dieu est au-dessus de notre état temporel limité. Je pourrais m’imaginer Dieu comme une  personne, assise devant une frise chronologique de l’histoire de l’humanité, et qui examine les événements passés.
Mais Dieu, quant à lui, connaît déjà les événements futurs. En ceci Dieu dépasse notre  entendement et les limites de nos raisonnements. Tout comme Salomon le disait : « Voici, les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir » (1 Rois 8.27), le temps ne peut le contenir : Dieu est hier, aujourd’hui et demain.


Découragé ?

« Pourquoi t’abats-tu, mon âme, et gémis-tu au-dedans de moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore ; il est mon salut et mon Dieu » (Ps 42.12).

Abattu ?

« Remets ton sort à l’Éternel, et il te soutiendra, il ne laissera jamais chanceler le juste » (Ps 55.23).

Craintif ?

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme point » (Jean 14.27).

Apeuré ?

« L’Éternel est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je crainte ? L’Éternel est le soutien de ma vie : de qui aurais-je peur ? » (Ps 27.1)

Agité ?

« Et moi, je disais en mon agitation : Je suis retranché de devant tes yeux. Néanmoins tu as entendu la voix de mes supplications, quand j’ai crié à toi » (Ps 31.22, Darby).

Fatigué ?

« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » (Mat 11.28).

Affligé ?

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions » (2 Cor 1.3-4a).


La pandémie de coronavirus : un élément nouveau ?

Pour la plupart des chrétiens d’aujourd’hui, la pandémie qui nous a touchés depuis début 2020 est un événement inédit. Certains y voient un signe de la fin du monde, une ultime invitation de Dieu à mettre sa vie en règle avant qu’il ne soit trop tard. Mais est-ce bien comme cela qu’il faut comprendre les événements actuels ? Une étude succincte de l’histoire de l’Église met en évidence le fait que les épidémies et autres fléaux ont bien souvent rythmé le quotidien des frères et sœurs qui nous ont précédés.
En effet, aussi loin que l’histoire a été documentée, nous trouvons la trace de maladies, pestes, épidémies de malaria qui ont affecté la société et profondément redéfini la vie des gens. Pour se limiter à l’ère chrétienne, déjà sous l’empire romain, pendant le règne de Marc Aurèle en 166, on fait état d’un fléau qui a touché le monde entier [note]Kyle Harper, Pandemics Now and Then, History Today, 70, no. 7 (Juillet 2020): p. 90–93.[/note]. Du XIVe au XVIIIe siècle, l’Europe, l’Empire ottoman, l’Afrique du nord ont été régulièrement touchés par des fléaux successifs et souvent importants : par exemple, la peste noire qui a touché le nord de l’Italie, Paris, Londres, ou Istanbul [note]Dean Phillip Bell, Learning from Disasters Past: The Case of an Early Seventeenth-Century Plague in Northern Italy and Beyond, Jewish Social Studies, 26, n° 1 (Automne 2020), p. 55–66.[/note]. Plus récemment, on se souvient de la grippe espagnole de 1918 avec ses 100 millions de victimes dans le monde et des différentes épidémies de polio, Ébola[note]Notamment la grippe aviaire, la grippe H1N1[/note], grippes de la deuxième moitié du XXe siècle. Ces fléaux continuent jusqu’à aujourd’hui !
Ces exemples parmi tant d’autres, montrent une continuité de maux touchant le monde, et nous permettent de prendre du recul par rapport à la pandémie actuelle. Si l’on en croit l’histoire, et ce malgré les avancées de la médecine — médicaments, vaccinations, connaissances des virus et bactéries — nous nous devons de relativiser et de voir dans la pandémie de coronavirus un événement prévisible, bien que difficile. Ce qui est surprenant n’est pas le fait de souffrir de la situation actuelle, mais qu’elle ne soit pas survenue plus tôt.
Dans la pratique également, les consignes actuelles de lutte contre la pandémie — gestes barrières, distanciation sociale, quarantaine, restriction dans les déplacements et les rassemblements religieux, annulation d’événements, désinfection en profondeur, confinement excepté pour les travailleurs essentiels (métiers de la santé) — étaient déjà mis en place pendant les fléaux de l’histoire[note]Ibid, p. 59, 62.[/note] . L’Ecclésiaste le déclamait : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Si l’on dit à propos de quelque chose : ‘’regarde ceci, c’est nouveau’’, en réalité cela existait déjà dans les siècles précédents » (Ecc 1.9b-10, version Segond 21).
Enfin, des écrits sur les fléaux de l’histoire, nous pouvons également retenir ce désir de laisser une trace, un témoignage qui servira aux générations futures. Les croyants de l’Église écrivaient pour faire part de leur expérience à ceux qui subiraient une nouvelle épidémie, transmettant la sagesse et les outils développés pour adopter la bonne approche, la bonne façon de réagir en temps dramatiques. Voici quelques enseignements tirés de l’histoire qui sont certainement utiles pour la pandémie actuelle.

La réponse de l’Église face aux fléaux

Au tout début de l’Église, alors qu’elle n’était pas encore reconnue dans l’Empire romain, des pandémies sont venues s’ajouter à une situation de persécution sévère durant laquelle les martyres étaient courants, et parfois à un contexte de guerre, comme ce fut le cas lors du fléau qui a touché Carthage en 250-260[note]Catherine Gunsalus González, Christians Responses to Plagues: A Glimpse at the History, Journal for Preachers, 44, no. 1 (Hiver 2020) : pp. 15–21.[/note] . En ces temps troublés, l’évêque Cyprien encourageait les chrétiens à offrir une aide désintéressée à leurs voisins, chrétiens ou non, à prendre soin des malades, et à enterrer les morts. Le malheur atteignait toute la famille humaine, chrétiens et non-chrétiens, de la même manière, à la seule différence que les chrétiens pouvaient voir leur foi se renforcer alors que les non-croyants se lamentaient sur ce qui avait été perdu. L’Église était alors appelée à une attitude de sacrifice tout en sachant que Dieu était souverain, donc qu’on ne pouvait pas le blâmer pour ce qui arrivait. Les fléaux n’étaient pas une punition ou une rétribution. À la suite de cette réponse des premiers chrétiens, les églises ont commencé à créer des structures d’accueil pour les pauvres et les malades, lieux où l’on donnait de la nourriture, des habits, des soins médicaux et du réconfort à ceux qui allaient mourir. Cette éthique chrétienne tournée vers l’autre était nouvelle et beaucoup de gens sont venus à la foi grâce à cet exemple.
Lors des épidémies de peste noire du XIVe siècle, la réponse de l’Église fut différente. Les chrétiens n’étaient plus persécutés et n’avaient plus l’alternative de mourir soit martyrs soit victimes d’épidémies. Au contraire, l’Église était bien établie, confortablement installée [note]Ibid., p. 17-18[/note]; beaucoup de chrétiens, clergé y compris, ont réagi sur la base de leur propre intérêt plutôt que par amour du prochain, choisissant de fuir pour sauver leur vie au lieu de porter assistance aux nécessiteux. L’Église a alors cherché un sens à donner aux fléaux et a déclaré que le péché en était la cause et que Dieu envoyait la peste comme jugement. Les croyants en venaient alors à blâmer Dieu pour leurs souffrances. Cette réponse des chrétiens a contribué à affaiblir l’autorité de l’Église plutôt que de la renforcer. Elle est une des raisons qui a permis à la Réforme de se déclencher peu de temps après.
Aujourd’hui, l’Église d’Occident n’est ni dans une situation de persécution sévère, ni dans une situation de pouvoir et de force. Quel sera donc le sens donné à la pandémie que l’on vit actuellement ? Un message motivé par l’amour du prochain et le don de soi, ou au contraire un message qui donnera l’impression d’un recentrement sur soi, d’une indifférence aux autres et même d’une hostilité générée par la peur et la fatigue d’une situation qui dure[note]Yuval Levin, “A Mirror of the Plague: Pandemics Ancient and Modern and the Lessons They Teach”, Commentary, 149, n° 5 (mai 2020), p. 18–22.[/note] ? Les fléaux forcent en effet la société et l’Église à s’examiner et à faire face à certaines vérités qui sont difficiles à entendre : des réformes à entreprendre, des mauvaises habitudes à modifier, une profonde repentance. C’est une occasion de pouvoir le faire durant la pandémie que l’on vit.

Temps de crise, temps d’entreprise

Chercher la face de Dieu, se remettre en question fut la réponse de l’Église, sous forme de journées de prière et de jeûne, pour plaider devant le Seigneur. Cela fut également la réponse individuelle de nombre de serviteurs de Dieu dans des temps incertains. Lors de l’épidémie de grippe espagnole de 1918, alors confiné, Hugh Edward Alexander, le fondateur de l’École Biblique de Genève (IBG aujourd’hui), a consolidé sa vision de démarrer un institut biblique de langue française qui forme toujours des missionnaires et des pasteurs pour l’évangélisation du monde. C’est lors de cette même épidémie, au début du XXe siècle, que l’Afrique a vu émerger nombre de mouvements d’église locaux qui ont modifié le panorama religieux africain, indépendamment de l’Europe et qui ont permis l’expansion de la foi chrétienne sur ce continent jusqu’à aujourd’hui[note]Philip Jenkins, Plagues Remake Religious Landscapes, Christian Century, 137, no. 12 (Juin 2020) : pp. 44–45.[/note] .
Quelles réformes nos églises sont-elles appelées à adopter, que les générations futures identifieront comme ayant émergé de la pandémie de coronavirus des années 2020 ? Certains parlent d’un retour aux églises dans la simplicité, type églises de maison, axées sur le relationnel et le discipulat. Dans tous les cas, le grand mandat que Jésus a donné à ses disciples avant de remonter au ciel (Act 1.8) demeure et nous pouvons avoir confiance qu’il dirigera son Église en toutes situations, coronavirus inclus, vers l’accomplissement de cette mission et vers la sanctification de l’Église en vue de son retour. À nous de continuer la marche par la foi.


Introduction

L’apôtre Jean, en prison sur l’île de Patmos, vers 95 apr. J.-C., reçoit et écrit une vision du Seigneur concernant la fin des temps : le livre de l’Apocalypse. Cette vision annonce que le temps du jugement pour le monde est arrivé. Cette période encore future s’appelle la période de la grande tribulation. Le personnage clé de la grande tribulation est l’Antichrist décrit en détail au chapitre 13. Il persécutera avec une violence inouïe les chrétiens. Le chapitre 16 décrit la dernière série de jugements — appelées des « coupes » — que Dieu enverra sur terre avant le retour de Jésus-Christ. La dévastation produite par ces sept jugements est tellement énorme qu’elle défie l’imagination. La voix au verset 1 est la voix de Dieu car elle vient du temple, qui est l’endroit où Dieu réside. Ainsi, Dieu donne des instructions aux sept anges en leur disant : « Allez, et versez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu. »

Les ulcères malins et douloureux (1ère coupe, v. 2)

Dans le chapitre 15, les martyrs louent le Seigneur au ciel. Au chapitre 6, ils avaient prié pour que la justice de Dieu soit rendue à leurs assassins (v. 9-11). Ainsi, un ulcère malin et douloureux frappe les hommes qui avaient la marque de la bête et qui adoraient son image. Ceux qui ont suivi la bête, donc tous les non-chrétiens de la planète, sont frappés d’ulcères[note]Un ulcère est une plaie de la peau, des yeux ou d’une muqueuse, accompagnée d’une désintégration du tissu (wiképédia)[/note] malins.
Fait intéressant, ces ulcères sont infligés à ceux qui se sentaient protégés par l’Antichrist, et qui réalisent maintenant qu’il ne peut rien faire pour eux ! Même celui qui avait le pouvoir de faire des miracles — l’Antichrist — ne peut rien faire ici contre la colère de Dieu.

La mer de sang (2e coupe, v. 3)

Cette plaie est du même genre que la première plaie en Égypte et similaire au jugement de la deuxième trompette (8.8-9). Les eaux de la mer sont-elles transformées en sang réel ou la mer devient-elle rouge à cause d’un type d’efflorescence algale ayant pour origine une prolifération relativement rapide de la concentration de micro-organismes ? Le verset 3 est plutôt explicite en disant que « l’eau devient du sang, comme celui d’un mort ». Je penche donc vers du sang réel car Dieu peut facilement le faire. Ce qui voudrait dire que l’eau devient épaisse, foncée et coagulée comme le sang déversé d’un homme assassiné par couteau, donc d’un mort. Mais l’important ici est de voir le résultat : « Tout être vivant mourut, tout ce qui était dans la mer. » Toute la vie marine meurt. Plus de poissons. Plus d’algues. Plus de plancton. Imaginez les poissons morts qui flottent. On estime à 3 trillions 500 milliards le nombre de poissons dans les océans — tous morts et tous qui flottent en train de pourrir. Imaginez l’odeur. Ici, Dieu renverse ce qu’il a créé dans Genèse 1.21.

Les rivières de sang (3e coupe, v. 4-7)

Le troisième ange se tourne vers les sources d’eau douces et vers les fleuves. Il s’attaque donc à toutes les sources d’eau potable dans le monde. Elles deviennent toute du sang également. C’était déjà arrivé au Nil [note]Voir Ex 7.20-24 ; Ps 78.43-44[/note]. Et dans le jugement de la troisième trompette (8.10-11), déjà un tiers des réserves d’eau douce dans le monde avait été contaminées.
La population du monde entier est en grand danger puisque la plupart des réserves d’eau conventionnelles sont contaminées par cette plaie. La détresse que cette plaie produira sur le monde est incalculable. Il n’y aura plus d’eau pour nettoyer le pus des ulcères de la première coupe. Il n’y aura pas d’eau à boire et plus d’eau pour se laver.
Certains pourraient avoir de la peine à imaginer que de tels châtiment viennent de Dieu ! Si Dieu est amour, il est aussi un Dieu juste qui doit punir le mal. Et c’est comme si Dieu savait qu’une objection à sa justice surgirait… Alors, dans les versets 5 et 6, les anges proclament la justice de Dieu : « Tu es juste, toi qui es, et qui étais ; tu es saint, parce que tu as exercé ce jugement, en donnant la raison de ce jugement : « car ils ont versé le sang des saints et des prophètes, et tu leur as donné du sang à boire ; ils le méritent. » Oui, ces jugements sont l’exemple suprême de la justice de Dieu. Ces gens reçoivent exactement ce qu’ils méritent (voir Gal 6.7).

Le feu et la chaleur extrême (4e coupe, v. 8-9)

Un ange verse sa coupe sur le soleil, ce qui a pour effet de brûler les hommes par le feu. Dans Apocalypse 8.12, le soleil fut aussi frappé, mais différemment. Lors des trompettes, un tiers de la luminosité disparaît pour obscurcir la terre. Mais ici, le soleil frappe plus fort que d’habitude. Les rayons du soleil deviennent brûlants et les hommes sont littéralement brûlés par le feu du soleil. La terre devient comme un four. Nous parlons beaucoup du réchauffement climatique aujourd’hui… Mais à la lumière de ce texte, nous n’avons encore rien vu ! Imaginez ce qui va se passer aux glaciers de la terre, au pôle nord et au pôle sud. Tout va fondre très vite pour se dissoudre dans les eaux épaisses et rouges de sang. Le niveau des mers augmentera et inondera de sang les terres côtières. Nous comprenons mieux les paroles de Jésus : « Et si ces jours n’étaient abrégés, personne ne serait sauvé ; mais à cause des élus, ces jours seront abrégés » (Mat 24.22).
Nous pourrions imaginer que de tels désastres conduiraient les hommes à se repentir. Mais non, c’est tout le contraire qui se produit. Ils s’endurcissent : « Les hommes furent brûlés par une grande chaleur, et ils blasphémèrent le nom du Dieu qui a l’autorité sur ces fléaux, et il ne se repentirent pas pour lui donner gloire » (v. 9).

Les ténèbres sur toute la terre (5e coupe, v. 10-11)

Le cinquième ange verse sa coupe sur le royaume de l’Antichrist. Et son royaume est plongé dans les ténèbres. Le monde entier est enveloppé dans le noir — comme si c’était la nuit.
Il est douteux que ce soit à cause des ténèbres que les hommes se mordent la langue de douleur. C’est probablement le résultat cumulatif des cinq premières coupes : les ulcères malins, l’absence d’eau potable et les brûlures du soleil. Et ils refusent toujours de se repentir — dernière référence à leur endurcissement.

La trinité satanique (6e coupe, v. 12-16)

Cette coupe est un peu différente des autres car elle n’est pas une plaie directe sur les hommes, mais est un regard sur ce qui se prépare de manière imminente.
Le sixième ange tarit le fleuve de l’Euphrate afin de permettre que les rois de l’Orient viennent en Israël. L’Euphrate est un fleuve de 2 800 kilomètres de long qui prend sa source près du Mont Ararat en Turquie et coule jusqu’au Golfe Persique. Le jardin d’Éden était situé le long de ce fleuve, et c’est donc là que vécurent Adam et Ève (Gen 2.10-14).
Mais à quoi va ressembler l’Euphrate lors de la sixième coupe ? À cause des chaleurs hors normes de la quatrième coupe, toutes les eaux du Mont Ararat deviendront un immense torrent d’eau qui inondera les berges de l’Euphrate. On peut imaginer que tous les ponts seront détruits par ces courants d’eau massifs, ce qui expliquerait le problème du passage de l’Euphrate. Il est immense et trop large pour reconstruire des ponts rapidement. Comment faire pour passer le fleuve ?
Un ange de Dieu dessèche l’Euphrate. Dieu prépare la voie pour ces rois et leurs armées afin qu’ils puissent se rendre en Israël. Rien n’est précisé sur l’identité exacte de ces rois — mais nous savons qu’ils viennent en Israël pour se rassembler à Harmaguedon (v. 16).
Les verset 13 et 14 donnent des frissons dans le dos : « Je vis sortir de la gueule du dragon, de la gueule de la bête et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles. » Il y une dimension spirituelle derrière ces évènements clairs. Le dragon peut être identifié à Satan (12.9), la bête à l’Antichrist (13.1-10) et le faux prophète à l’assistant de l’Antichrist (13.11-18). De leurs bouches sortent trois esprits impurs, donc trois démons (v. 14), qui ressemblent à des grenouilles. Ce ne sont donc pas littéralement des grenouilles, mais des démons. Et quel est leur but ?
Ces esprits démoniaques ont le pouvoir de faire des prodiges[note]Apoc 13.13,14 ; 2 Thes 2.9 ; Jésus le prédit en Marc 13.22[/note]. Ce ne sont pas seulement les rois de l’Orient qui sont convoqués, mais les rois de toute la terre. L’objectif est de les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu Tout-Puissant. Satan et ses démons ont l’objectif précis de combattre Dieu [note]Voir Joël 3.2 ; 4.9-13 ; Zach 14.2-3,11-21 [/note]!
Dans ce contexte, il nous est rappelé que Dieu est un Dieu d’amour et de grâce. Il encourage les justes à tenir ferme, et il est toujours prêt à pardonner à celui qui se repent et qui vient à lui pour trouver le pardon (v. 15). C’est une énième invitation à venir à Christ. Mais le refus de se repentir est total.
La trinité satanique rassemble donc les rois dans le lieu appelé en hébreu Harmaguedon, proche du Mont Carmel. Dans l’immense vallée de Jizréel, il y a un mont sur lequel est perchée la ville de Meguiddo, aujourd’hui en ruines. La bataille d’Harmaguedon aura lieu à cet endroit précis. Environ 34 batailles ont eu lieu dans la vallée de Jizréel (la vallée d’Harmaguedon), à la base de Tel Meguiddo. Napoléon Bonaparte l’a qualifiée de « champ de bataille le plus naturel sur terre ».

Des cataclysmes naturels colossaux (7e coupe, v. 17-21, 17.1)

Le dernier ange verse sa coupe dans l’air, donc dans l’atmosphère au-dessus de la tête des gens. On peut dire que c’est le dernier domaine de la nature qui n’a pas encore été ravagé par les plaies : la terre, les eaux, la végétation, le soleil. Maintenant, c’est au tour de l’air.
Une voix se fait entendre du trône, donc vraisemblablement la voix de Dieu qui dit : « C’en est fait ! » Dans l’orignal, ce mot décrit une action qui a des effets dans le futur. John MacArthur commente : « Cette parole est comme celle qu’on retrouve dans Jean 19.30 lorsque Jésus dit : « tout est accompli. » Le jugement sur Christ à Golgotha pourvoit le salut pour les pécheurs qui se repentent. Le jugement de la septième coupe pourvoit la ruine aux pécheurs qui ne se repentent pas. [note]John MacArthur, The MacArthur New Testament Commentary, Revelation 12-22, Moody Publishers, page 151 (traduit par l’auteur de l’article). Ce commentaire existe en français :Les épîtres générales et l’Apocalypse, Commentaires sur le Nouveau Testament, Éditions Impact[/note]»
Le verset 18 décrit les effets qui suivent cette proclamation : des éclairs, des voix, des coups de tonnerre et le plus grand tremblement de terre qui a jamais eu lieu. En 1556 à Shaanxi en Chine, un tremblement de terre a dévasté une vaste zone sur 850 kilomètres. Il a été ressenti dans 97 comtés et 10 provinces et a entraîné des crevasses et des glissements de terrain qui ont provoqué l’effondrement de nombreuses habitations. Le bilan de ce séisme dévastateur a été de 830 000 morts, soit plus de 60 % de la population de la région. Sa magnitude n’était que de 8,0 sur l’échelle de Richter [note]Source : https://en.wikipedia.org/wiki/1556_Shaanxi_earthquake[/note]. Le tremblement de terre de la septième coupe sera bien pire, car il sera mondial. La grande ville (probablement Jérusalem) sera divisée en trois, les villes des nations tomberont et Babylone la grande sera particulièrement visée par la colère de Dieu. L’effet du tremblement de terre sur les îles et les montagnes est marquant (v. 20) : les îles et les montagnes disparaissent du monde !
Enfin, imaginez des blocs de glace pesant entre 35 et 50 kilos (un talent) qui tombent du ciel ! La terre est complément ravagée par les plaies dévastatrices de la part de Dieu. Mais ce qui nous étonne le plus, c’est la réaction des gens : « et les hommes blasphémèrent Dieu à cause du fléau de la grêle, parce que ce fléau était très grand » (v. 21). Plutôt que de se repentir, les hommes blasphèment Dieu ! D.A. Carson dit : « Ne pensez pas qu’en enfer les gens vont regretter leur péché et supplier Dieu de leur pardonner et de leur donner une deuxième chance. Non, les gens qui sont en enfer ont blasphémé et maudit Dieu avant d’y aller, et cette attitude à l’égard de Dieu durera pendant l’éternité. Ils maudiront Dieu éternellement, car rien ne peut les faire changer d’avis. [note]DA Carson, The God Who is There, Baker Book House, pages 209-210 (traduit par l’auteur de l’article). Ce livre existe également en français : Le Dieu qui est là, Éditions Clé[/note]»

Conclusion

Que retenir après l’étude d’un tel passage ? Premièrement, il nous rappelle qu’un jour Jésus reviendra chercher les siens comme un voleur[note]Apoc 16.15 ; Mat 24.45 ; 2 Pi 3.10[/note] . Es-tu préparé à sa venue ? Vis-tu avec la perspective de son retour soudain ? Deuxièmement, à cause du péché de l’homme, Dieu déversera sur la terre une série de jugements et détruira ce qu’il a créé (Apoc 21.1). Intègres-tu cette donnée dans la manière dont tu vis sur cette terre ? Troisièmement, ce passage nous rappelle que Dieu est juste et il ne laissera pas le mal impuni [note]Nah 1.3 ; Rom 2.3[/note]! Doutes-tu parfois de la justice de Dieu ? Enfin, ces jugements démontrent la grandeur et la sainteté de Dieu et sont un encouragement à vivre notre vie terrestre de manière sérieuse en poursuivant notre sanctification (Héb 12.14).

 


Pourquoi le mal ?
Pourquoi la souffrance ?
Comment expliquer la naissance d’un enfant handicapé ?

Les disciples posent la question à Jésus au sujet d’un mendiant aveugle : « Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (9.2).

Les disciples ne parlent pas d’injustice, mais de responsabilité. Pour eux, le mal ne s’explique que par le péché, soit celui des parents, soit celui de l’aveugle qui aurait péché dans le sein maternel. Les rabbins faisaient référence à la lutte entre Jacob et Ésaü dans le sein de Rebecca (Gen 25.21-23) pour souligner que le caractère, les rivalités et le mal se manifestent déjà avant la naissance.
Jésus ne s’intéresse pas au passé pour expliquer l’infirmité, mais il regarde vers l’avenir : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui » (9.3).

Le contexte du récit

Pour comprendre la question des disciples et la réponse de Jésus, il faut tenir compte du contexte. Au lendemain de la fête des Tabernacles, Jésus retourne au temple pour enseigner (8.2). Il dit : « Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (8.12). Face à l’opposition grandissante des Juifs de Jérusalem, Jésus se présente comme le juge qui dénonce le péché. En particulier, il affirme que les Juifs qui l’entourent ne sont pas, pour la plupart, de vrais descendants d’Abraham, puisqu’ils sont animés de désirs meurtriers. Ces hommes veulent le tuer. Ils ont donc pour ancêtre le diable et non pas Abraham (8.44). Ils sont menteurs comme leur père (Satan), alors que Jésus dit la vérité. À la fin du chapitre 8, lorsque Jésus affirme exister de toute éternité (« avant qu’Abraham fût, je suis », 8.58), les Juifs « prirent des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha, et il sortit du temple » (8.59). Ironiquement, la lumière du monde doit se cacher ! Mais Jésus ne se cache pas longtemps, puisqu’au sortir du temple, il opère un prodige.

Jésus « voit » un aveugle

De manière surprenante, l’auteur de l’Évangile affirme au début du chapitre 9 que Jésus voit, en passant, un homme aveugle de naissance (9.1). On s’attendrait à ce que l’auteur dise que les disciples voient un aveugle de naissance puisqu’ils posent ensuite leur question, mais pourquoi indiquer que Jésus voit un aveugle ? Le regard de Jésus a dû attirer l’attention des disciples. C’est comme si Jésus cherchait quelqu’un et finit par le trouver. Son regard s’arrête sur la personne recherchée.
Ce mendiant aveugle-né intéresse Jésus, et c’est ce qui pousse les disciples à poser leur question. Jésus vient de parler des Juifs qui ont pour père le diable, et maintenant Jésus regarde un aveugle de naissance. Jésus voudrait-il poursuivre sa leçon sur le péché des hommes et sur le triste lien qui unit les individus à leurs ancêtres pécheurs ?
Jésus continue effectivement à se révéler puisqu’il affirme une seconde fois qu’il est « la lumière du monde » (9.5). Cependant, il ne va pas mettre en exergue le péché des hommes (en tout cas pas dans un premier temps), mais il va manifester sa grâce envers un malheureux. Il choisit un aveugle de naissance, car la guérison d’un tel homme illustre le mieux qu’il est « la lumière du monde » et le souverain créateur.

La salive, la boue et la piscine

Jésus « cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : Va, et lave-toi au réservoir de Siloé — nom qui signifie envoyé » (9.6-7a). Jésus utilise sa salive, où on pourrait voir un symbole de sa parole. Il crache sur la poussière de la terre pour faire de la boue qu’il applique ensuite comme une onction sur les yeux de l’aveugle. Jésus imite le Dieu Créateur qui a établi toute chose par sa parole et qui a tiré l’homme « de la poussière de la terre » (Gen 2.7). Jésus vient d’affirmer son éternité (« avant qu’Abraham fût, je suis ») et maintenant il agit comme le Dieu Créateur.
Le premier jour de la création, Dieu avait dit : « Que la lumière soit ! Et la lumière fut » (Gen 1.3), et maintenant, Jésus affirme « pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (9.5 ). Au commencement, la lumière que Dieu crée est « bonne » et Dieu sépare « la lumière d’avec les ténèbres » (Gen 1.4). À Jérusalem, Jésus donne la lumière à l’aveugle.
Jésus envoie l’aveugle à la piscine de « l’envoyé » (9.7), car il veut enseigner que celui qui l’écoute, lui, l’envoyé de Dieu, trouvera la vue. Cela est vrai sur le plan physique et sur le plan spirituel.

Qui est Jésus ?

Une fois guéri, l’aveugle revient sur ses pas et témoigne de sa guérison. Plusieurs personnes l’interrogent sur la manière dont la guérison s’est réalisée : « Comment tes yeux ont-ils été ouverts ? » (9.10 ; cf. 9.19, 26) La réponse est claire et succincte : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, a oint mes yeux, et m’a dit : Va au réservoir de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et j’ai pu voir » (9.11). Dès cet instant, les échanges se focalisent sur la personne du guérisseur. « Où est cet homme ? » (9.12). Certains affirment que l’homme en question ne peut pas venir de Dieu, « car il n’observe pas le sabbat » (9.16), ce que d’autres contestent (« Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? » 9.16) Pour l’aveugle, son bienfaiteur est « un prophète » (9.17).
La tension entre les Juifs et l’aveugle augmente d’un cran, quand les Juifs l’interrogent une seconde fois. Les Pharisiens veulent que l’aveugle critique Jésus — ce qu’il refuse de faire. Il les reprend sur leur attitude et conclut en disant : « Nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs ; mais, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais, on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire » (9.31-33).
Les Juifs, incapables de répondre à l’argumentation de l’homme, ne peuvent que l’insulter et le chasser (9.34). Ainsi, après avoir chassé du temple « la lumière du monde » (Jésus), les Juifs chassent maintenant (de la ville ?) le témoin qui a retrouvé la vue.
Jésus rencontre alors l’aveugle une seconde fois, car il veut que l’homme ne voie pas simplement physiquement, mais aussi spirituellement. Jésus s’identifie comme étant le « Fils de Dieu », une parole aussitôt acceptée avec enthousiasme : « Et il [l’aveugle] dit : Je crois, Seigneur. Et il l’adora » (9.35-38).

Qui est aveugle ?

Le récit se termine sur le thème du début. Les disciples avaient évoqué un lien possible entre la cécité et le péché passé des parents ou de l’aveugle. Jésus souligne le lien entre la cécité spirituelle et le péché présent des protagonistes (9.39-41). Les Juifs ne sont pas seulement les descendants du diable, mais ils sont inexcusables, car ils viennent de rejeter le signe de grâce et de puissance que Jésus leur a donné. « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : Nous voyons. C’est pour cela que votre péché subsiste » (9.41). En d’autres mots, si vous n’aviez pas vu mes prodiges, vous ne seriez pas (autant) coupables. Mais les Juifs s’entêtent dans leur incrédulité et restent prisonniers du péché dans lequel ils ont été engendrés.

Poser la bonne question sur le mal

Depuis la chute, le mal et la mort règnent dans le monde. Parfois un lien direct existe entre une maladie et le péché d’un individu (Act 5.1-12 ; 12.21-23 ; 1 Cor 11.28-30), mais ce n’est pas toujours le cas. Souvent les victimes d’un fléau ne sont pas plus coupables que ceux qui en ont échappé (Luc 13.1-5). Les questionnements sur le pourquoi d’un malheur restent souvent sans réponse. Et même quand les réponses existent, elles ne permettent pas de revenir en arrière. Les questions à poser face au malheur sont : comment puis-je m’en sortir ? et surtout qui peut m’aider à m’en sortir ?
Jésus est la réponse à toute notre misère. Il est l’envoyé du Père céleste pour éclairer les hommes et les restaurer physiquement et spirituellement, dans le présent et pour l’éternité. Telle est l’œuvre de Dieu : complète et définitive.


L’article qui suit est un condensé de l’article original paru dans le « Journal for Baptist Theology & Ministry » au printemps 2007.

L’auteur aborde ici la question de l’encouragement pastoral en temps de catastrophe naturelle de manière originale en pointant l’importance d’une bonne perspective biblique sur les catastrophes.

Tout d’abord, nous devons reconnaître que le problème le plus troublant qui émerge lors de toute grande catastrophe naturelle n’est pas que des gens meurent. C’est un vrai problème humain et émotionnel, mais ce n’est pas le plus important. Les ouragans, les tsunamis, les tremblements de terre, les incendies, les tornades ou les inondations ne modifient pas les statistiques sur le nombre de décès de la race humaine, ne serait-ce que d’une décimale. Un typhon au Bangladesh a emporté entre 300 000 et 500 000 vies en 1970[note]NOAA News Online (http://www.noaanews.noaa.gov/stories/s334b.htm).[/note]et la pandémie mondiale de la grippe de 1918 a exterminé entre 50 et 100 millions de personnes[note]Encyclopédie en ligne Wikipédia (http://en.wikipedia.org/wiki/Spanish_flu). Certaines estimations sont plus basses (20 à 40 millions) mais même les estimations plus basses en font la pire pandémie de l’histoire.[/note], mais aucun de ces événements catastrophiques ne changera le sombre pronostic selon lequel tout être humain va mourir.
Ce n’est pas non plus le problème général que les événements naturels détruisent ce que nous avons fait — nos maisons, nos bâtiments, nos routes, etc. Personne ne devrait s’étonner qu’une maison ou un bâtiment soit réduit à néant dans une coulée de boue, étant donné que Dieu déclare que tout sera finalement détruit par la décomposition de toute façon (Mat 6.19 ; Rom 8.20-25). La destruction cataclysmique à venir de la terre entière telle que nous la connaissons nous est annoncée (2 Pi 3.11-13). Certains ont perdu ces choses plus tôt qu’ils ne l’avaient espéré, mais le fait qu’elles soient détruites ne devrait jamais faire l’objet d’un débat parmi les évangéliques.
En outre, le fait que de nombreuses personnes soient confrontées à une dégradation de leurs conditions d’existence en raison d’une catastrophe ne devrait pas être une énigme pour nous. Un nouvel ordre viendra finalement pour tous ; les uns connaîtront le ciel et une nouvelle terre (2 Pi 3.13) et les autres l’enfer. La mort change tout, tout comme le retour du Christ.
Nous devrions également nous rappeler qu’il n’y a pas de différence significative entre l’horreur de la mort lors d’une catastrophe naturelle et celle qui se produit en temps normal. S’il était possible de demander à un homme qui se trouve dans l’environnement aseptisé d’un hôpital ce que c’est que de rendre son dernier souffle alors qu’il se noie dans son propre liquide, il vous dirait que c’est tout aussi horrible que d’être noyé dans une inondation. Parce que Dieu permet que le corps subisse un choc dans les moments de peur, nombreux sont ceux qui, heureusement, bénéficient d’une anesthésie lorsqu’ils meurent, qu’elle soit ou non narcotique. Mais la mort reste un ennemi ravageur, où qu’elle se produise et quelle que soit la manière dont on la rencontre.
Qu’est-ce qui est si étonnamment unique dans une catastrophe naturelle ? Pourquoi devenons-nous poétiques et diserts à son sujet ? Nous sommes effrayés parce qu’une catastrophe naturelle met en évidence ces faits universels inévitables. Elle les peint en couleurs vives pile en face de nous pour que nous ne puissions pas y échapper. Nous voyons à quel point nous sommes impuissants. Notre invincibilité s’évapore ; notre vulnérabilité nous apparaît et se rit de nous. Nous voyons des personnes comme nous vaquer à leurs occupations, puis tout perdre et mourir en un instant.
Toute mort et toute destruction proviennent de l’événement le plus cataclysmique de l’histoire : la chute de l’homme, et le juste jugement de Dieu qui en résulte (Gen 3). Notre monde naturel gémit sous l’esclavage qui en résulte (Rom 8.18-25)[note]Ce passage montre sans conteste le lien entre la chute de l’homme et l’esclavage dont souffre toute la nature. La création attend que les hommes soient libérés de leurs péchés. Lors de la restauration de toutes choses, les nouveaux cieux et la nouvelle terre (2 Pi 3.13 ; Apoc 21.1) sont décrits comme un monde dans lequel la justice habite. Lorsque l’homme racheté est ultimement libéré de son péché, l’univers lui-même est simultanément rétabli dans sa liberté originelle, hors de toute décadence.[/note] . De tous les hommes, les croyants devraient apprendre à apprivoiser cette situation.
La certitude que la mort, la corruption et la destruction vont, de toute façon nous atteindre, nous tous et tout ce que nous possédons, n’éradique cependant pas la douleur intérieure que les croyants peuvent éprouver. Même le Christ, qui a dit : « Que votre cœur ne soit pas troublé », a été « affligé et troublé » et « profondément affligé, jusqu’à la mort » par le poids du péché placé sur lui. Avec une connaissance parfaite et une confiance absolue, il a trouvé la paix par rapport à la croix à Gethsémané. Certes, son fardeau était infiniment plus lourd que le nôtre, mais il y a sûrement une leçon à en tirer.
Certains des plus grands saints ont également été déprimés par des pertes ou des bouleversements (David, Élie, Spurgeon, et Martyn Lloyd-Jones, etc.). Des troubles émotionnels permanents nous rappellent qu’une catastrophe, quelle qu’elle soit, est souvent une immense épreuve qui entraîne des catastrophes secondaires, comme les ouragans entraînent des tornades, même chez les croyants. Si c’est le cas, nous, des saints « ordinaires », devons recevoir beaucoup d’aide pour comprendre et faire face aux catastrophes naturelles lorsqu’elles nous touchent ou touchent ceux que nous aimons. Qu’est-ce qui peut nous aider ?
Lorsqu’une catastrophe se produit, l’état mental ou émotionnel du croyant est directement lié à sa perception spirituelle. En fin de compte, et souvent immédiatement, les croyants peuvent surmonter une plongée en chute libre liée au traumatisme de ce qui s’est passé. Le travail pastoral consiste non seulement à faire preuve d’empathie, mais aussi à amener les croyants à avoir une perspective biblique sur la catastrophe et la perte dès que possible, de préférence avant que l’événement ne se produise. C’est sur cette perspective que je souhaite attirer notre attention.

La nature obéit à Dieu

Les disciples ont dit de Jésus « Quel est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer » (Marc 4.41)[note]De même, Luc 8.24 déclare que Jésus « menaça le vent et les flots, qui s’apaisèrent, et le calme revint ». [/note] . Ce verset est souvent utilisé pour défendre la foi face à des sceptiques afin de prouver que Jésus est réellement Dieu. Les chrétiens ont presque toujours affirmé, en des temps paisibles, que Dieu contrôle la nature. Le fermier prie Dieu pour qu’il pleuve sur ses champs secs, tout comme l’instituteur chrétien demande à Dieu un ciel clair pour le pique-nique de sa classe, car nous supposons que Dieu gère tout cela. Mais cette croyance évangélique générale, presque implicite, va-t-elle assez loin lorsque les temps sont plus difficiles ?
Le psalmiste parle de façon convaincante du contrôle de Dieu sur les événements : « Tout ce que l’Éternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans tous les abîmes. Il fait monter les nuages des extrémités de la terre, il produit les éclairs et la pluie, il tire le vent de ses trésors » (Ps 135.6-7).
C’est Dieu qui a ordonné chacun des fléaux naturels sur l’Égypte, comme la transformation de l’eau en sang, l’invasion de la terre par des grenouilles, l’envoi de la grêle et des criquets dévastateurs. Même Pharaon l’a reconnu (Ex 9.27-28). « Moïse étendit sa verge vers le ciel ; et l’Éternel envoya des coups de tonnerre et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L’Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d’Égypte » (Ex 9.23).
Avant cela, le déluge avait été attribué à l’intervention directe de Dieu : « Encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre quarante jours et quarante nuits, et j’exterminerai de la face de la terre tous les êtres que j’ai faits » (Gen 7.4). La fin du déluge était également l’action de Dieu : « Dieu se souvint de Noé, de tous les animaux et de tout le bétail qui étaient avec lui dans l’arche ; et Dieu fit passer un vent sur la terre, et les eaux s’apaisèrent. » (Gen 8.1).
Dieu a combattu pour Israël en envoyant de gros grêlons sur les Amorites : « Comme ils fuyaient devant Israël, et qu’ils étaient à la descente de Beth-Horon, l’Éternel fit tomber du ciel sur eux de grosses pierres jusqu’à Azéka, et ils périrent » (Jos 10.11).
Jonas fit l’expérience du contrôle souverain de Dieu sur la sphère naturelle : « L’Éternel Dieu fit croître un ricin, qui s’éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l’ombre à sa tête et pour lui ôter son irritation. Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin. Mais le lendemain, à l’aurore, Dieu fit venir un ver qui rongea le ricin, et le ricin sécha. Au lever du soleil, Dieu fit souffler un vent chaud d’orient, et le soleil frappa la tête de Jonas » (Jon 4.6-8).
Et quelle que soit l’option millénariste que l’on ait, il ne fait aucun doute que la vision de Jean sur l’île de Patmos réaffirme que Dieu contrôle parfaitement toute la nature et l’utilise comme il le souhaite, en particulier dans le jugement (cf. Apoc 16.18, etc.).

La bonté de Dieu

Voici quelques bonnes raisons pour affirmer qu’une catastrophe naturelle vient d’un Dieu bon et attentionné :
1. Dieu est reconnu comme puissant et il ne faut pas se moquer de lui. Dieu a souvent affirmé que les événements cataclysmiques avaient pour but de montrer sa puissance envers les hommes (Ex 9.14-16 ; 14.31).
2. La société est avertie de la plus grande calamité : le jugement éternel. Un désastre physique n’est rien comparé à la damnation éternelle. Un ouragan est une annonce : si vous ne vous repentez pas, pire que cela va vous arriver (cf. Luc 13.1-5).
3. Certaines personnes sont punies à juste titre pour leur rébellion. La Bible déclare que « la colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes » (Rom 1.18). Les ouragans ne sont que l’un des moyens de son action (cf. Ps 7.11-13). Nous devrions nous réjouir de la bonté de Dieu dans sa victoire sur les impies.
4. Certains vrais croyants sont mis à l’épreuve ou disciplinés et leur foi est renforcée. La même tempête qui juge un homme non croyant peut être le creuset de l’épreuve et/ou de la discipline pour un vrai chrétien, et le fortifiera et le purifiera pour l’avenir (Jac 1.2-3 ; Héb 12.5-11).
5. Les croyants peuvent être emmenés au ciel, et certains ennemis de Dieu peuvent être retirés de la terre. C’est une réalité difficile à accepter, mais vraie néanmoins. La Bible dit que nos jours sont inscrits par Dieu avant même que l’un d’eux ne soit vécu (Ps 139.16). Il promet également que de nombreux rebelles connaîtront une fin calamiteuse (Ps 73.18-19).
6. Les fidèles reçoivent l’occasion d’aimer de façon sacrificielle. En raison de la nature du vrai croyant, vous trouverez toujours des chrétiens parmi ceux qui sont sur place pour aider à soulager la détresse (1 Jean 3.17 ; Gal 6.10). Leur amour peut orienter de nombreuses personnes vers le Christ.[note]Adapté de « Do Hurricane Just Happen ? », Jim Elliff, 2004, http://www.bulletininserts.org/hurri.html.[/note]

La disposition de Dieu envers le croyant

Il y a encore plus de raisons d’encouragement pour les croyants en particulier. Pierre a rappelé aux croyants de tous les temps qu’ils étaient appelés à bénir « afin d’hériter la bénédiction » (1 Pi 3.9). En fait, Dieu comble le croyant de bénédictions. David a écrit : « Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! Que le nombre en est grand ! Si je les compte, elles sont plus nombreuses que les grains de sable. » (Ps 139.17-18). Parmi les autres promesses, qui s’accomplissent toutes en Christ et qui sont la part du croyant, il y a cette promesse de bénédiction : « Je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gen 12.2-3)[note]Selon moi, la promesse de la terre du chapitre 12 se réalise pour le croyant dans la nouvelle terre. Voir Héb 11.8-16, 39-40.[/note]. Cette « bénédiction » ou faveur de Dieu, sur la vie du croyant, est le droit de naissance de tous les chrétiens, juifs ou païens [note]Parce que nous sommes tous « fils d’Abraham » par la foi, tous les croyants du Nouveau Testament partagent la promesse. Ceci est clairement établi par Paul en Galates 3.[/note].
C’est sur la base de cette confiance dans la disposition favorable de Dieu envers le croyant que Paul peut affirmer dans Romains 8.28 que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ». Les versets 29 et 30 situent ce « bien » dans son contexte. Chaque aspect mentionné conduit au don final et parfait de la glorification. D’une part, nous pouvons dire que tout ce qui finit bien doit concourir pour le bien. Mais, il y a plus que cela. Au verset 29, Paul lie le bien que Dieu accomplit à la sanctification (le déroulement de son « dessein » du verset 28), car ceux qui sont connus d’avance sont prédestinés à être « semblables à l’image de son Fils ».
Dieu veut nous rendre éternellement heureux et déverser sur nous « les richesses de sa grâce » (Éph 2). Pour nous préparer à cet état de bonheur absolu, il nous soumet à tout ce qui est nécessaire pour notre sanctification. Dans la pensée de Paul, l’activité de Dieu pour nous rendre conforme à lui fait partie du bien qu’il fait « concourir » pour nous avant notre glorification finale. La souffrance est bonne pour le croyant parce qu’être rendu conforme à Christ est bon.
Dieu veut soit discipliner, soit éprouver par la souffrance, et les deux produisent le bien dans le sens d’une progression dans la sanctification[note]Cf. Héb 12.10 où il est dit que la discipline est « pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté ».[/note] . Il ne nous est pas permis de retirer la calamité naturelle de cet ensemble de souffrances nécessaires pour le croyant. Nous devons considérer tout cela comme de la joie (Jac 1.2-3) car la souffrance est un aspect fondamental de la sanctification.
Dans le même chapitre de l’Épître aux Romains, Paul affirme que tous les futurs héritiers souffriront avec Christ ». Il décrit les gémissements que toute la création pousse en raison de l’entrée du péché dans le monde. Maintenant, nos corps sont soumis, avec toute la création, à la « futilité » que le péché de l’homme a apportée dans l’univers. Ce n’est pas une « futilité » facile, ni une « corruption » gentille à laquelle nous sommes confrontés. Mais tout va changer pour le croyant : il sera un jour glorifié par « la rédemption de son corps ». La nature sera libérée de cette corruption, et cela inclut tout d’abord notre propre corps. En fait, c’est la libération de notre corps qui entraîne la liberté de la création. Paul dit : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Rom 8.18.). Quel espoir nous avons !
Dans nos prédications et dans nos conseils pastoraux lors de calamités naturelles, nous ne rendons pas service à ceux qui souffrent physiquement et mentalement en évitant de parler de la souveraineté de Dieu et du plan divin de sanctification qui s’achève par la glorification. Leur souffrance n’est pas vaine et Dieu est bon dans tout cela. Bien que le malade soit au fond du trou et qu’il lutte souvent à travers des douleurs et des pertes immenses, il reste une espérance réaliste pour lui — tant dans ce que ces pertes apportent à son développement spirituel que dans son anticipation de la gloire future. Nous honorerons Dieu au plus haut point, non pas en essayant d’empêcher les gens de comprendre ses attributs et ses desseins, mais en affirmant sa bonté envers les croyants, quelle que soit la forme sous laquelle ses bénédictions sont administrées. Au ciel, nous apprécierons et louerons Dieu pour le moment choisi et la parfaite exécution de ses plans, car Dieu fait tout bien. Bien que notre compréhension sur terre soit imparfaite, nous devons amener le peuple de Dieu, dans la mesure du possible pour l’instant, à se réjouir et à avoir foi dans le Dieu qui est à la fois souverain et bon.


Ézéchiel 14.12-23 :

La parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots :
La parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots : 13Fils de l’homme, si un pays péchait contre moi en se livrant à l’infidélité, et si j’étendais ma main sur lui, si je brisais pour lui le bâton du pain, si je lui envoyais la famine, si j’en exterminais les hommes et les bêtes, 14et qu’il y ait au milieu de lui ces trois hommes, Noé, Daniel et Job, ils sauveraient leur âme par leur justice, dit le Seigneur, l’Éternel.
15Si je faisais parcourir le pays par des bêtes féroces qui le dépeupleraient, s’il devenait un désert où personne ne passerait à cause de ces bêtes, 16et qu’il y ait au milieu de lui ces trois hommes, je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, eux seuls seraient sauvés, et le pays deviendrait un désert.
17Ou si j’amenais l’épée contre ce pays, si je disais : Que l’épée parcoure le pays ! si j’en exterminais les hommes et les bêtes, 18et qu’il y ait au milieu de lui ces trois hommes, je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, mais eux seuls seraient sauvés.
19Ou si j’envoyais la peste dans ce pays, si je répandais contre lui ma fureur par la mortalité, pour en exterminer les hommes et les bêtes, 20et qu’il y ait au milieu de lui Noé, Daniel et Job, je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, mais ils sauveraient leur âme par leur justice.
21Oui, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Quoique j’envoie contre Jérusalem mes quatre châtiments terribles, l’épée, la famine, les bêtes féroces et la peste, pour en exterminer les hommes et les bêtes, 22il y aura néanmoins un reste qui échappera, qui en sortira, des fils et des filles. Voici, ils arriveront auprès de vous ; vous verrez leur conduite et leurs actions, et vous vous consolerez du malheur que je fais venir sur Jérusalem, de tout ce que je fais venir sur elle. 23Ils vous consoleront, quand vous verrez leur conduite et leurs actions ; et vous reconnaîtrez que ce n’est pas sans raison que je fais tout ce que je lui fais, dit le Seigneur, l’Éternel (Éz 14.12–23).  

La prophétie d’Ézéchiel sur les quatre fléaux

Jeune sacrificateur déporté en Babylonie, Ézéchiel reçoit une série de visions montrant la gloire de l’Éternel, dénonçant les péchés des Juifs restés à Jérusalem et annonçant le départ prochain de la gloire et la chute de la ville (Éz 1 à 11). Ensuite, dans une série de treize oracles, Ézéchiel développe les raisons du jugement du peuple.
Le troisième oracle (Éz 14.12-23) annonce quatre terribles fléaux que « le Seigneur, l’Éternel »[note]L’expression est caractéristique du livre : la combinaison hébraïque Adonaï Yahvé se trouve 287 fois dans l’A.T., dont 210 fois dans le seul livre d’Ézéchiel.[/note]  va envoyer sur Jérusalem : la famine, les bêtes féroces, l’épée et la peste. Pour marquer l’irrévocabilité de sa décision, Dieu ajoute que la présence de trois hommes justes comme Noé (qui avait sauvé sa famille), Daniel (dont l’action avait permis d’épargner les sages de Babylone et ses trois amis) et Job (qui avait intercédé pour ses amis) ne pourrait même pas arrêter le jugement.
Dieu annonce qu’il n’épargnera qu’un « reste », pour témoigner du bien-fondé du jugement. Les exilés comprendront alors que les malheurs qui ont atteint Jérusalem sont mérités et seront « consolés ».

La réalisation historique

Après un cycle de révoltes et d’allégeances détournées envers l’Égypte, le petit royaume vassal de Juda est envahi par son suzerain, Nebucadnetsar, qui veut en finir avec lui. Au début de l’année 588 av. J.-C., les armées babyloniennes commencent le siège de Jérusalem qui durera environ deux ans (2 Rois 25.1-2).
Ce siège est dramatique et entraîne une famine aiguë (2 Rois 25.3). La fuite des soldats de l’armée juive et de son roi Sédécias se solde par une tuerie : les Babyloniens les font passer par le fil de l’épée. Selon la parole de Jérémie, leurs cadavres sont dévorés par les bêtes sauvages (Jér 34.20). La peste n’est pas spécifiquement mentionnée, mais le manque d’eau potable lors d’un siège entraîne généralement des maladies contagieuses ; Jérémie l’avait d’ailleurs prédit (Jér 21.6-7).

La raison des quatre fléaux

« Ce n’est pas sans raison » que j’envoie ces fléaux dit l’Éternel (Éz 14.23). Ces raisons, nous les trouvons dans la portion symétrique de cette section d’Ézéchiel, au chapitre 22[note]Nous retenons l’approche de Brian Tidiman (Le livre d’Ézéchiel, tome 1, CEB, p. 174) qui démontre brillamment le plan en chiasme des 13 sections des ch. 12 à 24, avec au centre la démonstration de la responsabilité individuelle (Éz 18). À la section 3 (« De rares justes échapperont au jugement », 14.12-23) correspond la section 11 (« De rares hommes émergeront du creuset du jugement, 22.1-31).[/note] . Dieu y récapitule les péchés des habitants de Jérusalem (Éz 22.1-12) et y dresse un réquisitoire imparable contre toutes les classes de la société (Éz 22.23-31). Il justifie ainsi son jugement imminent (Éz 22.13-22).
Les versets 6 à 12 énumèrent quatre séries de péchés :
– des péchés sociaux (v. 6-7) : meurtres, mépris des parents, maltraitance des étrangers, oppression des faibles ;
– des péchés cultuels (v. 8-9) : mépris du sanctuaire, profanation du sabbat, calomnie, idolâtrie ;
– des péchés sexuels (v. 10-11) : impudicité, violence, adultère, inceste ;
– d’autres péchés sociaux (v. 12) : corruption, usure, extorsion
– et le péché suprême : l’oubli de Dieu.

Dieu se doit d’exercer sa justice, l’expression de sa juste colère envers le peuple qui porte son nom. Les quatre fléaux ne l’ont pas atteint par hasard ou arbitrairement.

Les reprises dans le N.T.

Les fléaux d’Ézéchiel se retrouvent dans plusieurs textes de l’A.T. [nopte]Dans des ordres variés et parfois en omettant l’un des quatre ou en le remplaçant par un autre. Cf. Lév 26.21-26 (les quatre y sont), 1 Chr 21.12 ; 2 Chr 20.9 ; Jér 21.7 ; 24.10, etc. (Jérémie omet souvent les bêtes sauvages) ; Éz 6.11 ; 7.15 ; 12.16 ; 33.27.[/note] qui concourent pour annoncer le jugement qui est finalement tombé sur le peuple de Jérusalem en 586 av. J.-C. Mais ce jugement local ne faisait qu’anticiper et mettre en évidence une situation bien plus générale.
Dans son discours sur la montagne des Oliviers, Jésus annonce que, jusqu’à son retour, « il y aura, en divers lieux, des famines » et des guerres (symbolisées par l’épée chez Ézéchiel).
Lorsque l’Agneau ouvre le livre scellé de sept sceaux, la rupture du quatrième fait paraître un cheval verdâtre monté par « la mort ». Elle a le pouvoir sur le quart de la terre de « faire périr les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre » (Apoc 6.8) — précisément les quatre fléaux d’Ézéchiel ! Ici comme souvent ailleurs, l’Apocalypse reprend des thèmes et des expressions des prophètes.

L’application à la situation actuelle

Le monde subit à une échelle bien plus large que le petit royaume de Juda les quatre fléaux d’Ézéchiel. Tous n’affectent pas simultanément et dans les mêmes proportions chaque nation à chaque époque. Toutefois les troubles qu’ils évoquent sont bien présents ! Le propos d’Ézéchiel donnait d’ailleurs un principe général qui allait bien au-delà du seul cas particulier d’Israël en –586 : « Si un pays… » (Éz 14.13)
La situation du monde en 2021 montre l’actualité des propos du prophète :
 La « famine » ou les troubles économiques : en baisse jusqu’en 2015, la faim dans le monde tend à augmenter à nouveau. 9 % des êtres humains, soit environ 700 millions de personnes, sont sous-alimentés. La crise du Covid-19 renforce cette tendance négative. Au-delà des seuls problèmes de malnutrition, la baisse de croissance dans le monde observée en 2020 a été sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale, avec son cortège de paupérisation, chômage, fragilité des entreprises, endettement des États, montée des inégalités, etc.
 Les « bêtes sauvages » ou les troubles écologiques : le monde est en train de prendre conscience de la réduction dramatique et rapide de la biodiversité : plus des 2/3 des vertébrés auraient disparu depuis 1970 [note]Rapport Planète vivante 2020 du WWF. Il s’agit des populations d’animaux, pas du nombre d’espèces différentes.[/note].  Le monde devient peu à peu un « désert ». Les zoonoses (maladies et infections transmises à l’homme par les animaux) ne cessent de se répandre : elles seraient la cause de 75 % des nouvelles maladies humaines. Même si l’origine exacte du Covid-19 n’est pas encore connue à la date de la rédaction de cet article, plusieurs indices pointent vers une transmission liée à la destruction de zones d’habitat primaire qui conduirait des animaux sauvages à se rapprocher des zones habitées et favoriserait les contacts potentiellement dangereux.
 « L’épée » ou les troubles politiques : l’indice du risque politique publié par l’assureur-crédit français Coface montre un doublement en tendance du nombre de conflits dans le monde par rapport au début des années 1990. La montée des populismes, y compris dans des démocraties qui semblaient solidement établies, est une source grandissante de préoccupation, tout comme la dérive autoritaire d’autres régimes.
 La « peste » ou les troubles sanitaires : l’actualité est telle qu’il n’est presque pas nécessaire de les mentionner ! Qui aurait pensé qu’une pandémie puisse infecter des centaines de millions de personnes, faire des millions de morts, face à l’arsenal médical dont le monde croit disposer ? D’autres maladies surgies récemment, comme le sida ou le virus Ébola, ont laissé démunis.

Comment réagir comme chrétiens dans un tel contexte ?

Quatre attitudes nous paraissent appropriées :
 La prudence : il serait facile de s’ériger en procureur et de dénoncer tel péché comme cause évidente de tel fléau dans tel pays. Le lien direct que faisait Ézéchiel entre les drames que vivait Jérusalem et l’état moral de ses habitants n’est sans doute pas évident à tracer aujourd’hui. Les troubles évoquées ci-dessus touchent d’ailleurs, plus ou moins, tous les pays, et les péchés dénoncés par le prophète se retrouvent hélas partout.
 La patience : elle est recommandée aux martyrs du cinquième sceau, qui suit la mention des quatre fléaux (Apoc 6.9-11). Les fidèles du temps d’Ézéchiel, tels Jérémie, subissaient eux aussi dans une mesure les conséquences de l’infidélité générale. Nous ne sommes pas immunisés contre les troubles qui secouent le monde, mais nous pouvons trancher par notre « espérance persévérante » (1 Thes 1.3) et notre confiance dans la souveraineté de notre Dieu. La compassion : au cœur du développement d’Ézéchiel, nous lisons cette exclamation divine : « Est-ce que je désire vraiment la mort du méchant ? » (Éz 18.23) Ayons le même cœur que notre Dieu pour être touchés des souffrances que ces fléaux entraînent et pour proclamer le salut toujours offert.
 La justice personnelle : Noé, Daniel et Job « sauveraient leur âme par leur justice » disait le prophète. Nous qui nous savons justifiés devant Dieu, cherchons à vivre davantage en pratique à la hauteur de notre appel. Nous ne sommes pas immunisés contre les quatre catégories de péchés dénoncés par Ézéchiel ; mais, par l’action de l’Esprit en nous, nous pouvons vivre dès aujourd’hui la justice du royaume de Dieu (Mat 6.33 ; Rom 14.17), en attendant le jour où il sera pleinement établi et où tout fléau fera définitivement partie du passé.


Le Covid est une plaie sanitaire qui recouvre en fait un ensemble de plaies :
– Tout d’abord, nous sommes touchés par une épidémie mondiale qui cause de nombreux morts et beaucoup de malades.
– Deuxièmement, nous sommes tous affectés parce que notre liberté est entravée. Nous ne pouvons plus rendre visite à nos proches âgés, voyager, nous réunir.
– Troisièmement, nous vivons une énorme crise économique : les classes moyennes risquent de s’effondrer et cela pourrait permettre à certaines idéologies de s’imposer.
Or ces plaies ne concernent pas seulement le monde, les incroyants, mais également les rachetés. Dans l’Exode, dix plaies ont atteint l’Égypte : les trois premières ont touché de manière explicite à la fois le peuple d’Israël et les Égyptiens. À partir de la quatrième, une séparation a lieu : le peuple d’Israël est épargné et le jugement tombe uniquement sur les Égyptiens.
Le tableau ci-dessous récapitule les dix plaies.

Plaie Référence Déclencheur Avertissement Réaction
Cycle 1
1 Eau du Nil en sang 7.14-24 Le bâton d’Aaron Le matin / Nil Refus
2 Grenouilles 7.26-8.11 Au palais Si les grenouilles partent
3 Poux 8.12-15 Aucun Refus
Cycle 2
4 Mouches 8.16-28 Aucun Le matin / Nil Si sacrifices en Égypte
5 Peste 9.1-7 Au palais Refus
6 Ulcères 9.8-12 Aucun Refus
Cycle 3
7 Grêle 9.13-35 Le bâton / la main de Moïse Le matin Si la grêle cesse
8 Sauterelles 10.1-20 Au palais Si seuls les hommes adorent
9 Ténèbres 10.21-29 Aucun Sans les animaux de sacrifice
Cycle 4
10 Mort des premiers-nés 12.1-51 Chassés

En lisant le texte biblique avec attention, nous remarquons que ces dix plaies sont réparties en quatre cycles : 3 + 3 + 3 + 1. Le premier cycle touche aussi Israël. Cette période était celle où les magiciens, Jannès et Jambrès, ont pu opérer. Les trois premières plaies sont déclenchées par le bâton d’Aaron ; pour la deuxième série il n’y a pas de déclencheur ; la troisième série est déclenchée par Moïse, sa main et son bâton ; pour la dixième plaie, Dieu vient lui-même en Égypte en tant que juge.
Les premières plaies de chaque série sont annoncées le matin ; les deuxièmes dans le palais et les troisièmes arrivent sans avertissement.

I. Les trois plaies du 1er cycle

1. L’eau du Nil devient du sang

Dans l’Égypte antique, le Nil était considéré comme la source de la vie. Sans le Nil, l’Égypte ne peut pas vivre : il y pleut très peu et le désert occupe la plus grande partie du pays. Mais il est possible de vivre le long du fleuve, car le Nil est dispensateur de vie. Ainsi ce qui permettait la vie naturelle était devenu imbuvable en raison du sang.
Réfléchissons à tous les bienfaits dont nous comble le Créateur, et qui sont source de joies naturelles : la santé, le mariage, la famille, le travail, etc.
Mais nous vivons une époque où ce qui devrait être une source particulière de joie devient pour beaucoup une chose totalement imbuvable, comme l’eau changée en sang. Pensons à tous les couples qui se déchirent, aux relations de familles perturbées, aux emplois qui n’apportent aucune satisfaction… Et ces situations touchent aussi les croyants : c’est une plaie du temps de la fin !

2. Les grenouilles envahissent le pays

La grenouille était en Égypte une représentation de Héket, la déesse de l’amour. La grenouille est un animal impur selon les lois du Lévitique.
Les grenouilles envahirent tout le pays d’Égypte, jusque dans les maisons, les chambres à coucher, les lits, et aussi les ustensiles du quotidien, fours et huches à pain.
On peut rapprocher la plaie des grenouilles de la sexualisation de notre époque. Depuis la révolution sexuelle des années 60, toutes les barrières morales sont tombées et toutes les nations ont été atteintes par la vague de la pornographie. Cela se manifeste dans la vie de tous les jours : la publicité est devenue agressive et saturée de symboles sexuels. Personne n’y échappe. En tant que chrétiens, il nous faut veiller et prendre clairement position sur ces sujets.
Quand les médias ont fêté le cinquantenaire du mouvement de Mai 68, certains ont reconnu que tout n’était pas bon dans l’idéal prôné alors. Avec le recul, on peut constater que ces « grenouilles » ont tellement corrompu la société qu’elles ont détruit les mariages, ruiné la capacité à aimer et à tisser des liens. Mais aucune émission sur le jubilé de Mai 68 n’a évoqué la possibilité de revenir en arrière ; personne n’a reconnu que c’était une erreur. Au contraire, depuis, tout s’est encore aggravé ! La théorie du genre n’est rien d’autre qu’une escalade excessive jusqu’à l’absurde qui atteint et transforme les enfants dès la crèche ; ils sont souillés par les grenouilles !
C’est également ce qui s’est passé jadis. Les grenouilles sont arrivées et qu’ont fait les devins ? Comme pour le sang : ne pouvant éliminer le miracle, ils l’ont imité ; les grenouilles se sont encore multipliées et la situation a empiré !

3. La poussière devient des poux

Les poux se nourrissent du sang des humains. Lévitique 17.11 relie le sang et l’âme. D’un point de vue symbolique, les poux qui se nourrissent de sang évoquent le fait que notre âme est attaquée. Par exemple, la dépression est, depuis des décennies, une maladie endémique dans les pays occidentaux.
Il est faux de penser que nous, chrétiens, ne sommes pas touchés parce que l’Épître aux Philippiens nous exhorte à nous réjouir toujours. Malgré les encouragements bibliques, nous pouvons être atteints. Dans sa souveraineté, Dieu permet ces plaies, mais le croyant a Dieu comme sa ressource : « Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse » (Ps 46.2).
On pourrait dire qu’il faudrait appeler toute la chrétienté à prier et supplier instamment Dieu pour qu’il enlève toutes ces plaies. Ce genre d’appel a été fait afin que Dieu mette fin à la crise sanitaire, au confinement et à la crise économique. Mais est-ce juste ? Dieu a quelque chose à dire à travers ces plaies, et tant que nous, les êtres humains, n’avons pas compris ce que Dieu veut nous dire, le temps de la discipline n’est pas terminé… Dieu veut nous secouer ; c’est pourquoi nous devrions bien davantage prier pour que son message soit entendu par le plus grand nombre possible de personnes et qu’elles se l’approprient. Prions pour que nous nous humiliions, que nous revenions vers le Seigneur et ainsi recevions son pardon (cf. 2 Chr 7.14).

II. Les trois plaies du 2e cycle

À partir de la 4e plaie, il se produisit un changement : Dieu distingua son peuple : « Mais, en ce jour-là, je distinguerai le pays de Goshen où habite mon peuple, et là il n’y aura point de mouches, afin que tu saches que moi, l’Éternel, je suis au milieu de ce pays. J’établirai une distinction entre mon peuple et ton peuple. Ce signe sera pour demain. L’Éternel fit ainsi » (Ex 8.18-20). Le peuple de Dieu était sauvé .

4. Les mouches venimeuses

Le mot hébreu pour « mouches » désigne quelque chose qui est mélangé. Tout le pays fut envahi par un assortiment de toutes sortes de mouches venimeuses. Cette plaie fait penser aux divers miracles, signes, prodiges mensongers, tromperies qui accompagneront la venue de l’Antichrist (2 Thes 2.9-12).

5. La peste bovine

Parmi les terribles jugements de la fin se trouve la « peste » (Apoc 6.8). Cela désigne des épidémies dévastatrices. Le mot hébreu pour « mort » est celui qui désigne les pestes ou les épidémies. Le quart de la terre sera touché et tué — ce qui représenterait environ 2 milliards de morts. Ce que nous vivons aujourd’hui avec l’épidémie du coronavirus n’est pas comparable avec ce qui va se produire. Le pire est à venir, avec les jugements apocalyptiques !

6. Les ulcères

Ces ulcères firent irruption sur les hommes, y compris les devins (Ex 9.11). Ils furent eux-mêmes atteints : leur stupidité a été évidente pour tous (2 Tim 3.9). Les dirigeants les plus opposés à l’Évangile seront eux-mêmes atteints par les jugements à venir dont ils n’auront pu éviter l’arrivée.

III. Les trois plaies du 3e cycle

Au cours du troisième cycle, les plaies s’intensifièrent à un point tel qu’on n’avait jamais vu cela avant : « Il n’y avait jamais eu et qu’il n’y aura jamais rien de semblable » (Ex 10.14 ; cf. 11.6). La période précédant immédiatement le retour du Seigneur sera une « détresse […] si grande qu’il n’y en a point eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais » (Mat 24.21).

7. La grêle

La très grosse grêle est évoquée plusieurs fois dans l’Apocalypse (8.7 ; 11.19 ; 16.21). Les jugements apocalyptiques seront si sévères qu’ils dévasteront la terre.

8. Les sauterelles

Le prophète Joël rapproche les sauterelles de l’invasion qui déclenchera le dernier conflit mondial, le pire de tous. L’incroyable plaie de sauterelles qui a ravagé Israël à son époque est une description symbolique de l’attaque venant du nord et de la venue du jour de l’Éternel (Joël 2.1-11). Ce jour de l’Éternel désigne la grande tribulation à la fin de laquelle le Seigneur Jésus viendra lui-même.
Après qu’un quart de l’humanité aura déjà été détruite par les épidémies et la famine (Apoc 6.8), un tiers le sera par la guerre (Apoc 9.15). Tout cela n’est pas comparable avec ce que nous vivons actuellement et qui déclenche déjà une belle panique.

9. Les ténèbres

On pourrait penser que cette plaie n’est pas si terrible. Mais elle symbolise l’obscurité spirituelle du monde. Bientôt l’humanité sera dans une complète obscurité spirituelle, sans aucune orientation possible (Luc 21.25-26). Ces ténèbres entraîneront un immense désespoir : « Il y aura de l’angoisse chez les nations […] les hommes rendant l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra pour la terre. »

VI. Le 4e cycle

10. La mort des premiers-nés

Finalement, Dieu lui-même passa au travers de l’Égypte : « Au milieu de la nuit, l’Éternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison, et jusqu’à tous les premiers-nés des animaux » (Ex 12.29). C’est ce qui va arriver pour le monde entier : « Alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire » (Luc 21.27).
Mais le verset qui suit est un grand encouragement pour les chrétiens dans un moment difficile : « Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche. » (Luc 21.28). Lorsque les premiers signes du temps de la fin arrivent, ils ne doivent pas nous anéantir mais nous encourager mutuellement : le Seigneur vient bientôt ! Nous ne pouvons pas calculer le moment de son retour, mais nous devons attendre le Seigneur chaque jour avec joie en regardant en haut. Et utilisons à fond le temps qui nous reste pour avertir les hommes qui sont aujourd’hui déjà tellement en détresse alors même que cette plaie est minime par rapport à ce qui se produira d’ici quelques temps :  Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut » (2 Cor 6.2). «Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb 3.7).