PROMESSES

Réflexion annexe:

Si la réponse à cette question est oui, tout ce qui précède est remis en cause puisqu’il n’y aurait alors ni réelle sécurité ni assurance véritable pour le chrétien. Le salut éternel dépendrait du comportement du chrétien et non de la surabondance de la grâce: là où le péché s’est amplifié, la grâce a surabondé (Rom 5.20); si cela ne s’applique pas au chrétien, à qui donc?
La Parole apporte trois témoignages irréfutables affirmant que le chrétien ne peut

1. La toute-suffisance du sacrifice de Christ

Car par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés (Héb 10.14). Tous les péchés des croyants ont été effacés par la vertu du sang du Christ mort, ressuscité et monté au ciel, où il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur (Héb 7.25). C’est Christ qui les affermira jusqu’à la fin, irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus-Christ (1 Cor 1.8).

Alors que l’ouvre de Christ accomplie dans le passé nous sauve de la condamnation, son ouvre présente nous maintient dans cet état de sauvés. C’est lui qui donne la possibilité de persévérer. Après avoir exhorté les philippiens à mettre leur salut en action, Paul ajoute: C’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire (2.12-13).

2. Le sceau du Saint-Esprit.

Vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit,… le gage de notre héritage en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire (Eph 1.13-14). Un gage est un titre de garantie le scellé appartient à celui qui y a imprimé son sceau. Même s’il attriste le Saint-Esprit de Dieu, le croyant reste sa propriété.

3. La puissance et la fidélité de Dieu

Les dons gratuits et l’appel de Dieu sont irrévocables (Rom 11.29). Le Seigneur est non seulement l’auteur de la foi, mais il la mène à la perfection (Héb 12.2). Il change notre nature si radicalement que si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature (ou création) (2 Cor 5.17). C’est un acte surnaturel que Dieu seul a la puissance d’accomplir; il faudrait un nouvel acte créateur pour annuler cette création.

Le chrétien qui tombe dans le péché, même s’il meurt dans ce péché, ne perd pas son salut. Qui accusera les élus de Dieu ? demande Paul (Rom 8.33). Jean révèle que Satan les accuse devant notre Dieu jour et nuit, mais que si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père. Jésus-Christ le juste (Apoc 12.10; 1Jean 2.1). La grâce de Dieu s’exprime à la croix et au ciel; elle est l’expression sublime de l’amour totalement immérité de Dieu, amour dont la constance dépasse toute compréhension. Qui nous séparera de l’amour de Dieu ? demande encore Paul; et la réponse est: RIEN! Aucune pression extérieure, aucune puissance céleste ou terrestre, aucune créature (Satan y compris) – donc pas non plus notre péché – ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom 8.35-39). Car notre péché et notre manque de foi sont compris dans ni la mort ni la vie puisqu’ils font partie de notre vie, de même qu’ils sont compris dans l’expression ni le présent ni l’avenir. Après tout, il nous a aimés lorsque nous étions encore pécheurs (Rom 5.8) ; maintenant que nous sommes justifiés, devenus ses enfants, cohéritiers avec Christ, nous sommes à toujours en sécurité en Christ: Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu (Col 3.3).

Cet amour inconditionnel de Dieu est déjà exalté dans l’AT. J’en veux pour preuve le seul Ps 37:
l’Eternel n’abandonne pas ses fidèles:
leur héritage dure à toujours;
jamais je n’ai vu le juste (justifié) abandonné;
s’il tombe, il n’est pas terrassé (ou rejeté), car l’Eternel lui soutient la main.

Jésus nous a laissé un texte qui devrait entièrement nous rassurer sur la sécurité éternelle de chaque enfant de Dieu : Mes brebis entendent ma voix. Moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous (Jean 10.27-29). Il est aussi plus grand que nous! Les paroles de Jésus dans Mat 7.21-23 ne peuvent s’appliquer aux brebis, dont le berger dit qu’il les connaît, ce qui exclut qu’il puisse leur dire:
Je ne vous ai jamais connus. Même si une brebis s’éloigne, elle reste une brebis.

Objection

Le croyant qui cesse d’écouter Christ et ne le suit plus (ne lui obéit plus), n’est-il pas en train de se perdre?

Prenons un exemple. Un pécheur devient, par la foi, un enfant de Dieu et suit Christ fidèlement pendant vingt ans. Puis il s’éloigne de Christ et cesse de montrer les caractéristiques d’un vrai croyant (cela arrive malheureu­sement). S’il périssait à cause de cela, la vie qu’il avait eue pendant les vingt ans n’était pas éternelle, et il ne pouvait jamais être sûr d’être sauvé puisqu’il serait perdu à la fin. Où serait alors la valeur réelle des merveilleuses assurances données par Christ ? Ce croyant aurait eu la vie éternelle pendant vingt ans, mais s’il doit périr à la fin, ce n’était pas la vie éternelle… Cela montre l’absurdité d’un tel raisonnement.

Deuxième exemple: le chrétien de l’église de Corinthe qui vivait dans le péché (cas d’inceste) sans que les anciens l’eussent discipliné. Au nom du Seigneur Jésus, Paul décrète: qu’un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus (1Cor 5.5; cas semblable dans 1Tim 1.20). Cet homme s’étant soustrait à la seigneurie de Jésus en persistant dans son péché a été placé, quant à son corps, sous la seigneurie de Satan, le détenant du pouvoir de la mort (Héb 2.14, trad. litt.). Incidemment, si l’homme de 2 Cor 2.6 est le même, il faut croire qu’il est revenu de son péché, vu que Paul demande qu’on lui pardonne et le console, afin de ne pas laisser à Satan l’avantage. – La déduction à tirer de ce cas est claire : Même si cet homme n’était pas revenu de son péché, il n’était pas perdu.

Textes difficiles

Il n’est pas possible ici de tous les examiner. Je m’en tiendrai à deux textes qui font souvent problème. Bien entendu qu’ils peuvent être compris autrement; à vous d’examiner et de rejeter ce que vous estimeriez bibliquement insoutenable.

1. Héb 10.26-31 (à lire)
Ce texte doit être compris dans le contexte de toute l’épître. Ces chrétiens d’origine juive avaient compris que la croix rend tous les autres sacrifices superflus. Etant confrontés à l’hostilité ulcérée et à la persécution virulente des Juifs orthodoxes, ils étaient en danger de retourner aux sacrifices de l’ancienne alliance s’ils en étaient restés à la seule « connaissance » de la vérité sans prendre de décision définitive, Ils avaient été « sanctifiés » sans être sauvés, tout comme le mari incrédule de l’épouse croyante dans 1Cor 7.14.

Il y en a qui disent qu’un chrétien authentique qui pèche « volontairement » ne saurait être pardonné. Or comme aucun enfant de Dieu ne peut dire qu’il n’a jamais péché volontairement, il n’y aurait pas de sauvés. Notre texte parle de ceux qui abandonnent volontairement la foi en Christ en tant que seul sacrifice qui pardonne les péchés, malgré les connaissances qu’ils en ont eues, qui tiennent donc pour profane le sang de l’alliance (le sang de Jésus). Pour eux, il ne reste que le jugement – d’autant plus terrifiant qu’ils agissent en pleine connaissance de cause. Ils n’ont jamais eu la foi qui sauve: ils n’en ont eu que la connaissance.

2. Héb 6.4-6 (à lire)
Il faut considérer le contexte. Dans ce chapitre, les chrétiens sont exhortés à tendre à la maturité en Christ et à cesser de vouloir toujours poser de nouveau le fondement (v.1). Il s’agit de chrétiens authentiques qui sont « tombés », non pas dans l’apostasie, mais dans le péché, car le verbe grec a le sens de « tomber à côté, faire un faux pas ».

De tels chrétiens n’ont pas à se reconvertir, car le fondement (leur nouvelle naissance, à savoir la réception de la vie éternelle de Christ) ne peut être reposé, pas plus que le fondement d’une maison, qui n’est posé qu’une seule fois. Relisez 1Jean 1.8-10 !: Pour le chrétien qui a péché (et aucun n’en est exempt), il suffit de confesser ses péchés pour être pardonné et purifié entièrement. C’est ce que Jésus symbolisait en lavant les pieds de ses disciples (Jean 13.1-11). Pierre demandait un lavage complet, ce que Jésus refusa: Celui qui s’est baigné n’a pas besoin de se laver, mais il est entièrement pur. Spirituellement parlant, Jésus nous lave continuellement les pieds souillés par la marche dans un monde contaminé. Mais il n’y a plus besoin du lavage initial (repentance et baptême suivi du don du Saint-Esprit selon Act 2.38 – un des fondements qu’il n’y a pas à reposer selon Héb 6.1-2).

Tout cela ne doit aucunement minimiser la gravité du péché commis par le chrétien. Le péché, même pardonné, peut avoir des conséquences néfastes, comme ce fut le cas pour David, à qui Dieu avait pourtant pardonné adultère, meurtre, tromperie… Dieu a toujours été le Dieu qui fait grâce. Ce la n’invalide en rien le principe divin: Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi (Gal 6.7).

Distinction

Il y a souvent confusion parce qu’on ne distingue pas entre le salut reçu par la seule grâce de Dieu en Jésus-Christ, salut indépendant de toute ouvre méritoire, et la récompense promise en fonction des ouvres et de la fidélité du chrétien. Le salut en Christ ne peut se perdre la récompense, oui.

Prenez garde à vous-mêmes, afin de ne pas perdre le fruit de votre travail, mais de recevoir une pleine récompense (2 Jean 8). Après avoir rappelé que le seul fondement est Jésus-Christ. Paul ajoute: Si l’oeuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’oeuvre de quelqu’un est consumée, il en subira la perte; pour lui, il sera sauvé, mais comme à travers du feu (1 Cor 3.11-15).

Encouragement

Voici, je viens bientôt (litt. subitement) et j’apporte avec moi ma rétribution pour rendre à chacun selon son oeuvre.
Viens, Seigneur Jésus.
(Apoc 22. 12,20)

Jean-Pierre SCHNEIDER


Introduction à la série

Ces études sur la première lettre de Jean sont présentées sous une forme qui permet de les utiliser dans des groupes d’étude. Les réponses aux questions posées en cours de route, qui ont pour but de stimuler le lecteur, se trouvent à la fin de chaque étude.

Bibliographie
Les commentaires suivants m’ont servi de base dans l’élaboration de ces études:
Albert Nicole, « La marche dans l’obéissance et dans l’amour ».
      Edition des Groupes missionnaires, 1961

John R.W.Stott, « Les épîtres de Jean »
      Edition Farel/Sator, 1984

« La Bible annotée », tome NT 4
      Edition PERLE, Institut Emmaüs, CH-1806 St-Légier, 1983

Robert Lee, « Handfuls on Purpose », series XII
      Pickering & Inglis (sans date)

Graham Scroggie, « Know your Bible », vol Il
      Pickering & Inglis (sans date)

Divers commentaires de la Bible entière :
Matthew Henry – NIV Study Bible – Nouveau commentaire biblique d’Emmaüs –
J R. Dummnelow

INTRODUCTION A L’EPITRE

La personne de Jean:réserve et vivacité
passionné d’idéal
ancien à Ephèse, célibataire
mort à 98 ans, après son exil à Patmos

Les écrits de Jean :
      l’évangile…………….la personne de Jésus-Christ
      sa première lettre…………le croyant en Jésus-Christ
      l’Apocalypse………l’Eglise et le retour de Christ
Le contenu de la lettre:
But: affirmer la foi et l’assurance de la vie reçue en Christ,
Centre: Jésus-Christ dont le sang nous purifie; Dieu: amour & lumière,

Contrastes:marcher dans la lumière / marcher dans les ténèbres ;
aimer Dieu / haïr ses frères;
confesser / nier que Jésus est le Fils de Dieu, le Christ,

Le style de Jean: tout en antithèses parallèles.

     p.ex.vérité / mensonge
croire / ne pas croire
avoir la vie / ne pas avoir la vie

Deux mondes diamétralement opposés:
      1. Dieu-Lumière, Dieu-amour, Jésus le Christ (l’Oint);
      2. Satan-ténèbres, le monde-haine, l’Antichrist.

Hérésies contemporaines:

1. gnosticisme (de « gnose » = connaissance)
      – pour connaître Dieu: passer par des rites d’initiation
      – ces pratiques permettent d’entrer en contact intime avec la divinité (mysticisme)
      – mélange de judaïsme et christianisme avec philosophies païennes (syncrétisme)
      – idée sous-jacente: le corps est mauvais (matière: siège du mal)
                                    l’esprit est bon
                                    l’âme est l’étincelle divine (doit être libérée du corps)

2. docétisme (du grec « dokein » = sembler)
      – enseigné par Cérinthe à Ephèse
      – répandu par les Nicolaïtes (p. ex. à Ephèse et à Pergame: Apoc 2,6,15)
      – enseignement: le Christ semblait s’être identifié avec Jésus (son corps n’était pas le Christ, puisque le corps est mauvais par définition)
      – conséquence: immoralité due à l’idée que le corps (mauvais) disparaîtra et que seule l’âme (bonne) subsistera
[contraste avec christianisme, où le corps est si important qu’il ressuscitera]
Idée du « salut » qui en découle : l’homme n’est pas sauvé du péché (qui est nié), mais de l’ignorance et de la matière, par des « porteurs de lumière » (dont Jésus)

Jean combat ces hérésies en affirmant des certitudes:
      Tout est absolu (aucun flou relatif);
      « vu, entendu, touché » sont des réalités matérielles;
      « nous savons, nous connaissons » par révélation divine (et non par initiation à des pratiques mystiques).

La marque du chrétien est triple:
      1. théologique : il croit que Jésus est le Fils de Dieu, le Christ;
      2. sociale: il aime les frères (parce qu’il aime Dieu, qui est amour);
      3. morale: il garde les commandements de Dieu.

Pour nous aujourd’hui: La première épître de Jean est une réfutation et une condamnation de toute la théologie libérale.

PREMIERE ETUDE

Abréviations utilisées
      AT Ancien Testament
      NT Nouveau Testament
      Q1 Question N0 1
      R1 Réponse N0 1
      cp. comparer avec
      cf se référer à
      Litt. littéralement traduit du grec


1.1-4: Prologue – Thème: LA REALITE DE L’INCARNATION
Note : Pas d’indication d’auteur (comme pour Hébreux : seules épîtres dans ce cas).
dès le commencement – Q1 >Quel commencement?
      La fin du v.1 donne la clé: concernant la parole de vie, dont il est dit:
      Au commencement était la parole =Dieu. La Parole a été faite chair = Christ. (Jean 1.114).
      Calvin: Cela se rapporte à la divinité du Christ, à sa préexistence. concernant la parole de la vie:
      Litt. « autour de la parole de vie ». Jean 1.1 dit litt. « la parole était vers Dieu » (la préposition grecque implique un mouvement permanent entre Dieu et la Parole [Christ], une relation entre les deux personnes).
Le philosophe grec Philon dit que le « logos » (= parole) représente:
      – ce qu’il y a de plus ancien dans le monde
      – l’instrument par lequel Dieu fit le monde
      – la pensée de Dieu dont l’univers est imprégné
      – le logos donne à l’homme la raison, le pouvoir de penser et de savoir.
      – le logos est l’intermédiaire entre Dieu et le monde.
C’est comme si Jean disait aux Grecs : Ce logos qui permet d’entrer en contact avec Dieu, c’est Jésus-Christ, le logos devenu chair sur la terre, une personne vivante. Ceci mène Jean à formuler un triple témoignage:
1. nous avons entendu: grâce aux paroles de Jésus, nous avons reconnu en lui le Fils de Dieu.
2. nous avons vu et contemplé: trois ans ont permis aux disciples de bien apprécier la divinité de Jésus.
3. nous avons touché: La réalité de ce qui est vu est confirmé par le toucher, ici la réalité du corps humain du Fils de Dieu, du logos devenu chair.

Q2 Quelle est la conséquence de cette réalité?

Le verbe « manifester » signifie « révéler, expliquer, rendre évident ».

Q3 De quelle manifestation s’agit-il ici ?

Q4 Quel est alors le contenu de cette annonce ?

Q5 Quel effet premier a la foi accordée à cette annonce ?

Dieu est nommé « Père » pour deux raisons:
1. A cause de Christ il fait grâce et adopte les pécheurs comme ses enfants.
2. L’enfant de Dieu peut faire toute confiance à ce Père d’amour qui lui communique sa vie.
Le Fils est nommé « Jésus-Christ » parce qu’il est non seulement le Sauveur [Jésus], mais aussi l’oint [Christ = Messie], ayant reçu l’onction royale et sacerdotale.

Q6 Quel est le but final de l’épître de Jean?

Curieusement, la joie est ordonnée aux chrétiens: Phil.4.4; 1Thess 5.16. Il y a un lien entre grâce [grec « charis »] et joie [grec « chara »], car il est impossible de connaître la vraie joie sans avoir été grâcié. On peut affirmer que seul le chrétien connaît la joie !

RESUME
Dans le prologue, Jean énonce le sujet de toute l’épître : La manifestation de la vie en Christ, la Parole de la vie. C’est une certitude absolue perçue par tous les sens. La foi en Christ entraîne une communion entre les croyants et avec Dieu le Père et donne accès à une joie pleine et entière.

Réponses aux questions
R1 Il s’agit du commencement de la création (cp. i Jean 2.13-14).
R2 La réalité de Jésus, Dieu-devenu-homme, permet d’annoncer la vie éternelle, devenue accessible par le Fils d’essence divine, car chaque parole du Fils est semence de vie.
R3 De l’incarnation du Fils unique son ministère, sa transfiguration, sa résurrection.
R4 Celui qui croit a la vie (au présent!) ; cf.5.13 but de toute l’épître.
R5 La communion avec les croyants et avec le Père.
R6 La joie parfaite ou entière (le grec implique la plénitude).

Jean-Pierre SCHNEIDER


Les enseignements de L’ANCIEN TESTAMENT (14)

Je vous invite à lire Esaïe 43.1-13.
Vous aurez remarqué que le parallélisme entre l’ancienne et la nouvelle alliance est des plus frappants. Ce chapitre à lui seul atteste l’unité de l’inspiration divine des Saintes Ecritures.

1. Assurance

Le Sois sans crainte, deux fois répété (v. 1,5), adressé à Israël, petite nation entourée de nations puissantes, est aussi adressé aux disciples par Jésus: Sois sans crainte, petit troupeau (Luc 12.32). Mais il ne le dit pas seulement à l’Eglise en herbe; il le dit aussi à l’individu angoissé : Ne crains pas, crois seulement (Marc 5.36).

2. Présence

La raison pour ne pas craindre : Car je suis avec toi (v.5). Pas n’importe qui L’Eternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton sauveur (v.3). C’est la même raison qui nous est donnée aujourd’hui: Je suis avec toi tous les jours jusqu’à l’achèvement de l’âge (Mat 28.20). Et qui dit cela? Celui à qui tout pouvoir a été donné dans le ciel et sur la terre! Oui, le Saint d’Israël, le Seigneur Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu: la droite est la main de l’action qui s’étend sur l’univers entier. Pour Israël comme pour l’Eglise, Jésus-Christ est Seigneur et Dieu; heureux sommes-nous qui, n’ayant pas vu Jésus de nos yeux, avons cru (Jean 20.28-29).

3. Appartenance

Je t’ai racheté… du fait que tu as du prix à mes yeux… et que je t’aime (v.1,4). C’est déjà tout l’Evangile: Vous avez été rachetés à un grand prix (1 Cor 6.20). Et à quel prix! Le divin Agneau a été immolé et a racheté des hommes pour Dieu par son sang (Apoc 5.9).

Je donne l’Egypte pour ta rançon (v.3): Tous les premiers-nés d’Egypte ont dû mourir avant que le peuple puisse sortir de l’esclavage. C’est une image pour le premier-né de Dieu, le Fils unique qui a dû mourir pour que puisse se constituer le peuple de Dieu de la nouvelle alliance : il s’est donné lui-même en rançon pour nous (1 Tim 2.6), de sorte que nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes; nous sommes au Seigneur, membres de l’Eglise acquise par son propre sang (1 Cor 6.19: Rom 14.8; Act 20.28).

Le mobile est le même pour Israël comme pour l’Eglise, le plus sublime qui soit : l’amour de Dieu. Il dit à Israël : Je t’aime. Il dit à l’Eglise Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés (v.4; Jean 15.9). Il n’y a rien, absolument rien, aucune puissance, aucune action que tu puisses faire, toi Israël et toi Eglise, qui puisse te séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ (Rom 8.38-39).

Pour l’éternité, Tu es à moi.

4. Exclusivité

C’est moi, moi qui suis l’Eternel; en dehors de moi, il n’y a point de sauveur (v.11). Le NT ne dit rien d’autre : Aucun autre nom (que celui de Jésus-Christ) n’a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés (Act 4.12). Aucun autre nom, ni Mahomet, ni Bouddha, ni Krishna ni aucun gourou, ni aucune idéologie ou philosophie si idéalistes qu’elles soient, rien hormis le Fils de Dieu ne peut sauver les hommes de l’état de péché où ils sont et de la condamnation éternelle qui les attend.

C’est moi qui suis Dieu ! s’écrie Esaïe en porte-parole (= prophète) de Dieu (v. 12). Israël doit comprendre qu’aucun dieu n’a jamais existé ni avant ni après l’Eternel. C’est exactement ce que dit l’Apocalypse de Jésus-Christ: Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin (22.13). Sans Jésus-Christ, tout s’écroulerait, car tout subsiste en lui (Col 1.17; mais lisez aussi le v. 16).

5. Renouvellement

Quiconque s’appelle de mon nom pour ma gloire je l’ai créé, formé et fait (v.7). Ces trois verbes sont associés au récit de la création, où Dieu créa l’homme à son image. Le péché a terni cette image, de sorte que le fils qu’Adam engendra ne fut plus à l’image de Dieu mais à la ressemblance et à l’image d’Adam (Gen 5.1-3). C’est pourquoi il doit être recréé, ce qui n’est possible qu’en Christ: Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature (ou création) (2 Cor 5.17). Ceux qui sont en Christ ont été recréés à la ressemblance de Christ; ils sont devenus participants de la nature divine,… destinés à être semblables à l’image de son Fils (2 Pi 1.4: Rom 8.29).

Comme Adam fut créé fils de Dieu, en Christ le pécheur est recréé fils de Dieu.

6. Témoignage

C’est vous qui êtes mes témoins (v. 10,12), dit l’Eternel à Israël, son peuple élu. Témoins de Dieu d’abord: que seul l’Eternel est Dieu, qu’il n’en existe aucun autre. Témoins de sa parole ensuite : qu’elle dit vrai, absolument, totalement. Si aveugle et sourd que soit le peuple, il doit reconnaître que ce qui arrive a été prédit depuis longtemps, alors qu’aucun devin ou sage païen ne l’avait même entrevu (v.8-9).

Seule l’Ecriture Sainte nous a appris les premiers événements, c’est-à-dire la création de toutes choses. Que les évolutionnistes produisent leurs témoins et qu’ils se justifient: leurs hypothèses ne sont qu’égarements; lisez Rom 1.20-22!

Et il y a les prophéties concernant Israël (v.5-7). Si ces paroles écrites par Israël sept siècles avant J.C. se réfèrent d’abord au peuple de Dieu exilé de son temps, au-delà de ce rassemblement, qui a déjà eu lieu, elles se rapportent au rassemblement final encore futur de tous les Juifs encore dispersés dans le monde entier. (Voir note à la fin.)

Ce processus de la rentrée au pays de tous les Juifs disséminés dans les nations a déjà commencé. Qui n’a jamais vu la résurrection d’une nation qui avait perdu sa patrie ? La fondation de l’Etat d’Israël en 1948 est un miracle; le sont également les deux victoires du petit Israël sur une écrasante supériorité arabe en 1967 et 1973. Oui, toutes les prophéties sur Israël s’accompliront, et les croyants en sont les témoins.

A la future Eglise Jésus dit: Vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre (Act 1.8). Témoins tout d’abord de Jésus-Christ: de sa divinité de son amour, de son sacrifice sanglant, de sa résurrection, de son ascension, de son retour en gloire pour établir son royaume éternel, aussi bien terrestre que céleste. Témoins ensuite autant de la grâce et de la vie reçues que du jugement qui atteindra les impénitents.

Mais témoin en grec se dit martyr: il peut y avoir danger de mort pour le témoin fidèle! D’où la promesse du v.2, allusion au passage de la Mer Rouge et du Jourdain, et aussi aux trois témoins fidèles jetés dans la fournaise ardente au temps de Daniel.

La promesse est reprise par Jésus sous cette forme: Aucun cheveu de votre tête ne se perdra. Que dire alors des martyrs souvent morts cruellement? Jésus indique qu’il y a une application spirituelle à cette promesse en ajoutant: par votre persévérance, vous sauvegarderez vos âmes (Luc 21.18-19). Pour le témoin, souffrance il y a. Cependant, ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme (Mat 10.28). Personne, Satan y inclus, ne peut enlever la vie de Christ une fois reçue.

7. Pérennité

Dieu Père, Fils et Saint-Esprit se résument en l’éternel JE SUIS. Passé, présent et futur ne sont qu’un seul temps pour Dieu. Rien ne prouve mieux l’essence divine de Jésus-Christ que le JE SUIS multiple de sa propre bouche: Je suis le bon berger; je suis le chemin, la vérité et la vie; je suis la lumière du monde; je suis le sauveur; je suis le Seigneur. – il s’appelle Fidèle et Véritable, Roi des rois et Seigneur des seigneurs; son nom est la Parole de Dieu (Apoc 19.11-16).

Il y a identification totale entre Jésus-Christ et la Parole, tellement, qu’elle est devenue chair. Christ et la Parole sont indissociables. Jésus-Christ et la Bible sont un. Qui veut connaître Jésus-Christ, Dieu devenu chair, doit connaître la Bible entière, l’Ancien et le Nouveau Testament.

Tout comme Jésus était parfait, sans faille et sans péché dans sa chair, ainsi la Bible est parfaite et sans faille dans chacune de ses paroles. Ces paroles ne passeront jamais, alors que le ciel et la terre actuels passeront (Mat 24.35) :

Son nom est la Parole de Dieu!
JESUS-CHRIST EST LE MEME HIER, AUJOURD’HUI ET ETERNELLEMENT.

Note: le texte d’Esaïe 43 est doublé par de nombreuses prophéties non encore accomplies.
Pour ceux que le sujet intéresse, voici quelques références: Es 11.11-16: 14.1-3; 32.15-18. Jér 3.14-19; 16.14-15; 23.5-8; 30.8-11: Ez 11.16-17; 28.25-26; 37.21-28; 39.23-29; Soph 3.14-20; Zach 14 (règne de Christ sur la terre); et le résumé magistral donné par Paul dans Rom 11.

Jean-Pierre SCHNEIDER


LA CREATION

L’HOMME

Question-clé: Qu’est-ce que l’homme pour que tu en fasses autant de cas? Job 7.17

1. CREATION DE L’HOMME

(a) Dans le récit de la création: Gen 1.1-2.3

v.26-27: l’homme et la femme sont créés à l’image de Dieu, avec cette différence:
l’homme est l’image et la gloire de Dieu
la femme est la gloire de l’homme 1Cor 11.7

Au verset 27, le verbe “bara” est utilisé trois fois; il indique que Dieu a créé de l’inédit, du jamais vu. Ce verbe est employé uniquement avec le sujet Dieu.

Créé à l’image de Dieu implique au moins deux faits:
1. La vie humaine est sacrée (mais non la vie animale!): Gen 9.6-7; Ex 21.29.
2. L’homme ressemble à Dieu dans la connaissance (Col 3.10)
dans la justice
dans la sainteté Eph 4.22-25

(b) Dans l’histoire des premiers âges: Gen 2.4-4.26

v.4: le mot “origine” ne reflète pas le sens de l’hébreu “toledoth”, litt. engendrements (Chouraqui: enfantements). Ce mot revient dix fois dans la Genèse et introduit chaque fois une tranche de l’histoire des premiers temps. Il introduit donc ici la première tranche, et non un autre récit de la création.

v.5-6: on apprend que le cycle hydrologique était différent avant le déluge, selon les conditions créées aux 2ème et 3ème jours de la création.

v.7: Il ne s’agit pas ici du fait de la création de l’homme, mais du processus: formation et dynamisation du corps.
1. Formation: le corps est formé de la matière de la terre (cp. 1Cor 15.47). Litt. poussière de la glèbe: donc de petites particules évoquant les éléments chimiques (nitrogène, oxygène, calcium. etc.).
2. Dynamisation : le corps est vivifié par le souffle vital (“neshamah”= souffle, esprit). NB: non pas le Saint-Esprit (“ruach”).
3. Fusion de corps et esprit = être vivant (“nephesh”= âme ou vie utilisé aussi pour les animaux, qui ont donc une âme; mais seul à l’homme Dieu insuffle l’esprit dans ses narines).

(c) Ce récit réfute l’évolution

Si l’homme était arrivé à ce stade par une lente évolution, il aurait déjà été un être vivant comme les animaux (Gen 1.20,24). Mais le premier Adam devint un être vivant (1 Cor 15.45), et non: “Un être vivant devint le premier Adam.” Donc : Dieu créa Adam (“bara”: un être inédit) et en fit un être vivant en lui insufflant le souffle vital. Il en découle une constatation de première importance :
Adam est le premier homme: il n’y a pas eu d’homme pré-adamique.

Fait de la même matière que les animaux, il est pourtant seul à l’image de Dieu. L’homme est donc unique dans la création.

(d) Création de la femme (détail complétant Gen 1.27)

Le procédé est celui du clonage : Dieu forme la femme d’une partie de l’homme. Paul en tire une signification allégorique:

Dieu fait tomber Adam dans un profond sommeil, comparable à la mort de Christ dans la tombe. Eve est formée d’Adam et l’Eglise est formée de Christ. Les deux deviennent un, comme le Christ et l’Eglise (l’Epoux et l’Epouse) deviendront un au retour de Christ. Mais l’homme et la femme, le Christ et l’Eglise restent distincts.

1 Cor 11.7 : La femme est la gloire de l’homme, comme l’Eglise est la gloire de Christ. La femme est tirée de l’homme, créée à cause de l’homme. Elle est soumise à l’autorité de l’homme, comme l’Eglise est soumise à l’autorité de Christ.
C’est l’ordre de la création. S’il est ignoré, les relations entre homme et femme sont perturbées et le bonheur leur échappe.

Parenthèse: Les mots de la Bible pour “homme” et “femme”
AT “adam” de “adama” (terre): l’être humain – utilisé environ 480 fois
“ish”: l’homme, le mari- environ 940 fois
“enosh” : l’homme mortel – environ 525 fois
“ishsha” de “ish”: la femme ou l’épouse – environ 300 fois
NT “anthropos”: l’être humain – environ 510 fois
“aner”: l’homme, le mari – environ 160 fois
“guné”: la femme ou l’épouse – environ 120 fois

2. CARACTERISTIQUES DE L’HOMME

(a) L’homme est une trinité

L’homme est corps, âme et esprit, selon le récit de la création (1Thes 5.23). Chaque “partie” signifie toute la personne. A la mort, les trois “parties” se séparent, comme ce fut le cas pour Jésus: Il remit son esprit au Père (Luc 23.46; cf aussi Ecc 12.7: l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné); son corps cessa de fonctionner et mourut; son âme (sa personnalité) alla au séjour des morts (Act 2.31). A sa résurrection, une synthèse entre les trois “parties” eut lieu; ce cera le cas pour tous les morts en Christ à leur résurrection.

Le corps (“bassar” en hébr., “soma” en grec)
Par lui l’homme prend conscience du monde matériel par l’essence.
C’est ce que Paul nomme l’homme extérieur (2 Cor 4.16), l’homme visible.
Le corps est l’instrument de l’âme, le réceptacle du Saint-Esprit (1Cor 6.19); il sera glorifié à la résurrection (1 Cor 15.52-53).

L’âme (“nephesh”, “psyché”)
Elle permet à l’homme de prendre conscience de lui-même. La vie psychique comprend l’intellect, les affections et la volonté.
L’âme représente la personnalité immortelle de l’homme.

L’esprit (“neshama”, “pneuma”)
Par lui l’homme prend conscience de Dieu. L’esprit constitue la partie supérieure de l’homme intérieur (2 Cor 4.16). Notre esprit est fortifié par le Saint-Esprit (Eph 3.16), qui agit sur le corps à travers l’âme.

Le corps est l’homme somatique
l’âme est l’homme psychique
l’esprit est l’homme spirituel
de l’extérieur
à
l’intérieur

(b) L’homme est le gérant de Dieu

Il est appelé à gérer la terre, non à l’exploiter.
Gen 1.28 et Gen 2.15

Gen 1.28 | Il doit cultiver (travailler); de là la culture (côté créateur de l’homme).
et Il doit garder (prendre soin).
Gen 2.15 Il doit dominer (régner).
Gen 9.2 : Après le déluge, les animaux sont livrés entre les mains de l’homme.
Celui-ci diffère des animaux: dans sa chair (1 Cor 15.39),
dans sa valeur (Mat 12.12; 6.26).

(c) La position de l’homme dans l’univers

Ps 8.4-6: L’homme est un peu inférieur à Dieu; Dieu a tout mis sous ses pieds.
Héb 2.6-9: L’homme est inférieur aux anges; il est établi sur les oeuvres de Dieu.

Mais le péché a empêché l’homme d’accomplir sa mission, ayant perdu gloire et honneur. C’est pourquoi Dieu a envoyé son Fils (le deuxième Adam), qui par sa mort, sa résurrection et son ascension est couronné de gloire et d’honneur (Héb 2.7). Par Jésus-Christ, l’homme pourra accomplir sa vocation: être fils du Père qui est dans les cieux (Mat 5.45). La tension entre l’obéissance à la loi et la révolte contre la loi est surmontée en Christ. Maintenant, le plan originel de Dieu pourra s’accomplir.

L’homme qui est en Christ est une nouvelle créature/création (2 Cor 5.17); sa vie est cachée avec Christ en Dieu (Col 3.1-4).

(d) L’homme dans la perspective biblique

Il est toujours considéré en relation avec Dieu, en tant que créature de Dieu, choisi par Dieu pour régner, sujet de la grâce ou de la colère de Dieu.

3. Annexe: CRITIQUE DE LA PSYCHOLOGIE MODERNE

La psychologie voit l’homme comme un dualisme, un être “psychosomatique”. Ce qui touche au corps a une incidence sur l’âme (ou la personnalité, ou le Moi), et vice versa. Mais selon la Bible l’homme est trinitaire, il est “pneumatopsychosomatique” (esprit, âme, corps).

Alors que le cerveau est considéré comme le centre qui conditionne les réflexes du corps, la Bible ne parle pas de réflexes, mais de choix responsables. Le siège de l’homme intérieur n’est pas le cerveau, mais le cœur (la pensée, la volonté). Ainsi Christ n’est pas le chef du cerveau, mais du corps (Eph 4.15-16) qui est l’instrument par lequel l’homme peut exécuter sa volonté, qui devrait coïncider avec celle de Dieu.

L’idéologie matérialiste, dont la base est l’évolutionnisme selon lequel l’homme serait le produit du hasard, préconise que l’homme n’est que corps, en analyse finale, vu qu’il cesserait d’exister avec la mort du corps, comme les animaux. Comme les animaux, l’homme agirait par réflexes conditionnés, ce qui n’est qu’une toute petite facette du mobile de ses actions.

Cette conception rendrait le concept de la vérité insensé. Dans un sens, l’action du Saint-Esprit reconditionne le comportement dans le sens de la volonté de Dieu. Mais le Saint-Esprit n’est pas un conditionnement; il fait irruption dans l’être humain il le dynamise spirituellement, il le vivifie (vie nouvelle).

La Bible enseigne que, par les facultés psychiques ou spirituelles, le corps réagit aux stimulus extérieurs. Les valeurs esthétiques (appréciation de la beauté), morales et mentales sont réelles bien que pas physiques.

La psychologie peut découvrir les causes du comportement, alors que Jésus-Christ guérit par le pardon et la purification celui qui met sa foi en lui. Evidemment, cette sagesse là n’est pas de ce siècle: c’est la sagesse de Dieu… Dieu nous l’a révélée par l’Esprit, qui sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’esprit qui vient de Dieu, afin de savoir ce que Dieu nous a donné par grâce. Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ce qu’enseigne l’Esprit, en expliquant les réalités spirituelles à des hommes spirituels. Mais l’homme naturel (litt. psychique) ne les reçoit pas, car elles sont une folie pour lui… L’homme spirituel, au contraire, juge de tout… en effet,… nous avons la pensée de Christ. 1 Cor 2.6-16.

Jean-Pierre SCHNEIDER

RECTIFICATION
Lisez, à la page 12 du numéro 79, sous "4ème jour", 2ème point des "deux preuves" :
"…comme le veut la fiction évolutionniste" (à la place de "créationniste").

La rédaction


LA CREATION

Texte-clé :C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la Parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est visible. Héb 11.3

1. COSMOGONIE BIBLIQUE

      Le compte-rendu que donne Genèse 1 de la création est unique dans toute la littérature mondiale. Aucun texte sumérien, babylonien, etc. ne supporte la comparaison en ce qui concerne la sobriété et la beauté logique du texte biblique il ne fait aucun doute que les autres textes anciens en sont une corruption. Genèse 1 nous révèle que Dieu créa de rien, qu’il existait donc avant l’univers (le cosmos) dont nous sommes une partie. Par contre, tous les systèmes religieux et philosophiques partent de l’idée erronée qu’il y a toujours eu un univers, qui serait donc la réalité ultime, et que Dieu plus souvent des dieux y seraient intervenus pour créer quelque chose. Depuis quelques temps, la théologie chrétienne devenue libérale s’est laissée influencer dans ce sens, ce que reflète la TOB en traduisant Gen 1,1 ainsi : « Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était informe et vide », alors que le texte hébraïque dit: Au commencement Elohîm créa les cieux et la terre et la terre était informe et vide; on ne peut pas séparer ces deux phrases reliées par ET.
Remarque : Tous les versets de Genèse 1 commencent par ET et forment donc un récit continu (seule la traduction Darby en tient compte, par contre plusieurs versions anglaises et allemandes, dont celle de Luther).

Gen 1.1 : Etude du vocabulaire
au commencement: au début du temps (bereshit)
les cieux: « shamayîm » qui se décompose en « sharu » = là, et « mayîm » = les eaux ; cela correspond à espace (mot inexistant dans la bible hébraïque)
la terre : « erets » = sol, terre, pays : matière
Dieu: « Elohîm », pluriel exprimant la Trinité
créa: (au singulier) : « bara » = créer de l’inédit (utilisé pour Dieu uniquement)

      Déduction :Dieu créa le temps, l’espace et la matière, qui forment une trinité dont chaque élément n’existe qu’avec les deux autres deux. Avant cette création, il n’y avait pas d’univers.

Gen 1.2 : Etude du vocabulaire
informe: « tohu » = en confusion, vain ; sens: « sans forme » (matière non encore formée en un globe)
vide: « bohu » = vide dans le sens de « non-habité »
(cp Es 45.18: la terre ne fut pas créée pour être vide, mais pour qu’elle soit habitée.)
il y avait des ténèbres: Es 43.7 dit que Dieu créa aussi les ténèbres (« tehôm » = eaux de l’océan)
(cp 2 Pi 3.5 : la terre surgit du milieu de l’eau par la Parole de Dieu)
l’Esprit de Dieu: « ruach » = vent, souffle

planait: 2 autres fois dans l’AT : Deut 32.11 = voltiger
Jér 23.9 = frémir
sens : vibrer (énergie = vibrations)


      Déduction : la terre est objet particulier du Créateur, dont l’ Esprit va dynamiser ce qui est encore sans forme et sans habitants.

2. LA CREATION ET LES ANGES

      Selon Job 38.4-7, les anges acclamaient les actes de création v.4: matière, v.5 : espace). Dieu les avait donc créés avant.
      Les anges sont nommés « l’armée des cieux » ils ont donc été créés après la création des cieux, espace où ils habitent, cf Ps 104 (v 2 : Dieu crée les cieux = espace; v.4 : Dieu crée les anges [cp Héb 1.7]; v.5 : Dieu établit La terre)

3. LES JOURS DE LA CREATION

      Le mot  »yom » utilisé avec « matin » et « soir » a toujours le sens littéral d’un jour de 24 heures. Moïse, l’auteur du Pentateuque, n’aurait pas pu être plus explicite s’il voulait dire qu’il s’agissait effectivement de jours au sens littéral. Il est exclu d’y voir des « périodes géologiques », qui n’existent d’ailleurs que dans l’imagination des évolutionnistes.
      NB : Quand « yom » exprime une période, il n’est jamais limité par « matin » ou « soir » cf Jér 33.15-16.

4. LES ACTES DE LA CREATION

1er jour: Gen 1.3-5
Dieu parle et crée la lumière
      Il s’agit ici de Jésus-Christ: Tout a été créé par lui et pour lui (Col 1.16) et…la Parole était avec Dieu. la Parole a été faite chair (Jean 1.1,14).
      Quand Dieu le Fils parle, il y a lumière : Moi, je suis la lumière du monde (Jean 8.12). Cette lumière est indépendante de celle du soleil; là où Dieu (Père et Fils) est, il n’y a pas besoin de soleil (cf Apoc 21.23 & 22.5 !).
      Mais les ténèbres restent (elles sont nommées « nuit »). Seule la lumière est déclarée bonne.

Première séparation : lumière et ténèbres

NB : la Trinité apparaît déjà dans les 3 premiers versets de la Bible :

     Gen 1.1 – le Père: source primaire de toutes choses
Gen 1.2 – l’Esprit : source de l’énergie
Gen 1.3 – le Fils: la Parole qui crée et qui révèle tout.

2ème jour: Gen : 1.6-8

Création des eaux
      L’étendue (Chouraqui : le « plafond ») entre les deux eaux ne peut être que l’atmosphère; il ne pleuvait pas sur la terre (Gen 2.5), vu qu’il n’y avait pas de nuages; l’arc-en-ciel n’apparut qu’après le déluge.
      les eaux au-dessus: suspension de vapeur (aquasphère ou hydrosphère) qui s’abattit en eau lors du déluge pendant 40 jours et couvrit toute la terre, ce que des nuages n’auraient jamais pu faire.
Effets de l’aquasphère:
      1. température égale sur tout le globe (effet de serre)
      2. humidité égale sur tout le globe
      3. ni déserts ni calottes glaciaires
      4. filtrage des rayons ultraviolets et radioactifs, et des radiations cosmiques
      5. pression atmosphérique plus élevée
      (4 & 5 sont causes de la longévité avant le déluge)
Ps 148.4-6 : l’aquasphère sera rétablie quand Christ renouvellera la terre.

Deuxième séparation : eaux à la surface du globe et eaux au-dessus de l’atmosphère.

3ème jour: Gen 1.9-13
Création de la terre ferme et des plantes
      Les spécialistes estiment que la surface du globe était beaucoup plus plate avant le déluge (dénivellation maximale de 2000 mètres).
      Il est dit que la terre « produisit » des plantes parce qu’elles sont de la même matière. Elles furent créées pleinement développées, chaque espèce portant déjà sa semence propre et ayant sa structure ADN unique et spécifique. Les espèces sont constantes (codes génétiques) bien qu’existant en variétés multiples.
[ADN acide désoxyribonucléique constituant le noyau cellulaire]

Troisième séparation: mer et terre.
Verdict: BON.

4ème jour: Gen 1.14-19
Création des astres
      1er jour: qu’il y ait DE LA lumière (intrinsèque)
      4ème jour : qu’il y ait DES lumières (génératrices)
Soleil, lune, planètes et étoiles doivent servir de signes pour les années, les saisons et les jours. Le soleil donne de la chaleur en plus de la lumière.
Verdict: BON.
Ceci apporte deux preuves :
      1. Les jours ne peuvent pas être des périodes, même aussi courtes que des semaines, vu que les plantes ne peuvent pas vivre sans soleil.
      2. Ce n’est pas le soleil qui a fait « se former » les molécules ADN comme le veut la fiction créationniste pour éliminer le fait de la création divine.

Quatrième séparation: jour et nuit

1er – 4ème jour: Récapitulation
1er jour: l’univers vivifié par l’énergie (lumière)
2ème jour: atmosphère et aquasphère
3ème jour: lithosphère (terre ferme, rocs) et biosphère (rendant la vie possible)
4ème jour: astrosphère
Selon l’évolutionnisme :

     Le texte est sans importance, tout se serait formé spontanément: d’abord les poussières cosmiques (nébuleuses) aboutissant à des étoiles, entre autres le soleil et les planètes, dont la terre, insignifiante.

Selon la Bible :

     La terre est le centre de l’univers; elle a été créée avant les astres, avant même le soleil et la lune. Le Fils de Dieu (unique) vient sur la terre pour se sacrifier afin de sauver l’homme créé à l’image de Dieu (unique). Sur la terre se joue le destin de l’univers entier.

5ème jour: Gen 1.20-23
Création des animaux dans l’eau et dans l’air
      Deuxième emploi du mot « bara », car quelque chose de tout nouveau est créé : des âmes vivantes, des êtres qui respirent, vertébrés, invertébrés et oiseaux. Dieu crée des êtres conscients. Il n’y a pas de prototype.
      Fait presque inconnu: les premiers animaux conscients que Dieu créa furent « les grands monstres marins ». Le mot hébreu « tannîn » utilisé ici signifie « dragon », qui continue à vivre dans la mémoire des peuples. Job spécifie : il s’agit du béhémoth dont la description correspond au tyrannosaure. Le texte spécifie que chaque animal est créé selon son espèce.
      Nouveau : Dieu les bénit, pour dire qu’il en prend soin (cp Mat 6.26 ; 10.29).
Cinquième séparation: chaque espèce séparée l’une de I’autre.
Verdict: BON.

6ème jour: Gen 1.24- 31
Création des animaux terrestres et de l’homme
1. Les animaux terrestres
      Ils furent sans doute créés simultanément, mais nommés dans l’ordre suivant: bétail, reptiles (y compris Les grands sauriens), insectes, animaux sauvages. Il est spécifié 5 fois chacun selon son espèce, dès le début de leur existence.

Sixième séparation: chaque espèce séparée l’une de l’autre.
Verdict: BON.

2. L’homme
      Création spéciale d’un être inédit (trois fois le mot « bara » !). Il n’y a pas de prototype. Dieu n’a pas « essayé » avant de créer l’homme, lui-même étant le modèle.
      Faisons l’homme à notre image : le pluriel indique la Trinité. L’homme, porteur de l’image du Créateur, est aussi une trinité (esprit, âme et corps: 1 Thes 5.23).
      Mâle et femelle il les créa : les détails sont donnés dans Genèse 2.

Septième séparation: l’homme séparé de tous les animaux, dont il ne fait pas partie.
Verdict: TRES BON. Litt : « extrêmement bon » !

      Cela revient à dire :pas de maladie
pas de lutte pour l’existence
pas de pollution
pas de calamités naturelles (tremblements de terre, etc)
pas de mort (elle n’entrera dans le monde qu’au moment de la chute Rom 5.12)
Remarque :1er – 5ème jour: le matin et le soir furent UN…ème jour.
6ème jour : le matin et le soir furent LE sixième jour. (indique que l’oeuvre de création est termimée)

(à suivre)
Jean-Pierre SCHNEIDER


      Il convient à présent de citer un livre qui, pour être intéressant, doit pourtant être abordé avec beaucoup de réserve. Il s’agit de « La prophétie musicale dans l’histoire de l’humanité » d’Albert Roustit (éd. Horvath), qui stipule que l’évolution de la musique correspondrait à la progression de l’histoire humaine, et même à la progression de la révélation du plan de Dieu par rapport à l’humanité. Faire de l’histoire de la musique une « prophétie » en rétrospective paraîtra évidemment suspect, puisque le propre de la prophétie est de prédire ce qui va se passer avant que cela n’arrivent, et non après. Aussi pourrait-on tout au plus parler d’une coïncidence remarquable, à tel point d’ailleurs qu’il vaut à peine de s’y arrêter un peu.

      En fait, ce qui se dégage du livre de Roustit, c’est qu’on peut constater un certain parallélisme entre L’épanouissement de la musique et la révélation de Dieu dans l’histoire. C’est étonnant, il est vrai. Examinons cela de plus près, mais non sans avoir fait quelques réflexions préliminaires.

      L’homme fut créé parfait par Dieu, la Bible nous l’affirme d’emblée. Créé à l’image de Dieu, le premier couple avait donc, entre autre, une compréhension parfaite de la musique. Le péché intervenu plus tard a entraîné la discorde dans tous les domaines, et la discordance aussi dans la musique. Comme le disent Georges Salet et Louis Laffont dans « L’évolution régressive » (éd. franciscaines Paris) : « Ce n’est pas l’animal qui est devenu progressive­ment homme », mais il y a eu dégénérescence vers l’animalité. L’homme avait perdu de sa perfection, aussi bien dans le domaine moral que dans celui de la connaissance. IL a dû redécouvrir peu à peu quantité de trésors, dont celui de la musique.

      Dans son livre, Roustit prend l’emploi successif des harmoniques comme base pour tracer le parallélisme énoncé plus haut. De quoi s’agit-il ? On dit qu’un son est harmonique quand sa fréquence est un multiple entier de celle d’un son de référence. Si, par exemple, ce dernier est un do, le do’ (une octave plus haut) en sera un harmonique, car sa fréquence est le double de celle du do. Vous pouvez facilement en faire l’expérience sur un piano. Appuyez lentement mais à fond sur une touche du clavier, sans faire frapper le marteau, puis frappez courtement une touche une octave plus bas, et vous entendrez vibrer les cordes de la première touche que vous tenez enfoncée. Vous pouvez aussi faire sonner une quinte : Abaissez la touche du sol, puis frappez celle du do, et vous entendrez le sol. Plus la distance entre l’harmonique et le son de base est diminuée, plus il devient difficile d’entendre l’harmonique. La tierce (mi – sol) s’entend encore bien, mais la septième (si bémol – do’) et la neuvième (ré – mi’) sont moins audibles. Cependant, sur le résonateur de Helmholtz déjà mentionné, il est possible de les entendre parfaitement.

      Comme il y a 12 tons à la gamme, les harmoniques s’épuisent avec le 12e, même si, théoriquement, il y en aurait davantage. J’espère ne pas trahir la pensée de Roustit en la résumant comme ceci : Au cours des siècles, les harmoniques sont successivement entrés dans la musique de telle manière que ce furent d’abord ceux dont le son de base est le plus éloigné qui firent leur apparition, pour aboutir aux plus rapprochés du son de base. Roustit constate alors que les périodes historiques pendant lesquelles un certain harmonique est employé jusqu’à l’apparition du prochain deviennent, elles aussi, toujours plus courtes. Fort de cette observation, il établit un parallélisme qui, s’il ouvre des perspectives insoupçonnées, le conduit à certains aboutissements irrecevables, tel celui qui lui fait commencer l’ère chrétienne six siècles avant Jésus-Christ (p.71). C’est un danger que court tout esprit systématique qui entreprend de prouver une thèse qui lui est chère, danger qui consiste à plier les données à sa thèse pour la prouver. Roustit n’y a pas échappé. Par contre, son livre contient quelques points qui lui semblent dignes de votre attention. Entre autres, il propose une explication du fait que la musique a atteint son sommet au temps de la Réforme, et montre la signification de l’apparition de la musique sérielle dans notre siècle.

      Quelques mots sur la forme la plus ancienne de la musique Roustit constate que toute l’antiquité reste sous le signe de l’homophonie : il v a des mélodies, mais pas d’harmonisation. Encore aujourd’hui, on peut entendre de la musique parfaitement homophonique en Egypte, musique qui se réclame d’ailleurs de son antiquité (ceux qui ont regardé l’émission « L’Egypte ou le murmure des pyramides » de la TV suisse romande, le 26 août 1975 à 20.20h., ont pu s’en rendre compte). Or, pendant cette longue période, Dieu s’est révélé comme le Dieu unique par les prophètes de son peuple, lsraël (Toi seul tu es Dieu, Ps.36.1O). La musique hébraïque antique utilisait le chromatisme, signe de raffinement esthétique, musique d’où sortira le chant des chrétiens du Moyen-Age, dit grégorien, qui emploie le troisième harmonique, la quinte. Et c’est précisément par le Christ que Dieu, l’unique, s’est révélé comme Trinité (Père, Fils, Saint-Esprit).

      Aux 16e et 17e siècles, le cinquième harmonique, la tierce, s’établit, et c’est l’éclosion de la musique de Bach, Haendel, Haydn. Ce n’est pas un hasard dit Roustit, que la musique la plus pure, la plus parfaite, la plus harmonieuse, soit éclose peu après la redécouverte de la Bible, Parole de Dieu, en quoi il rejoint la pensée d’Ansermet. Bach a chanté l’amour, le salut, la grâce de Dieu par une musique entièrement digne des perfections de Dieu.

      Jusqu’à 1800, le septième harmonique règne: il permet la modulation de la tonale en la sous-dominante (p. ex. de do en fa en passant par le septième harmonique (si bémol). Mozart suit Bach et Haydn. Ces musiciens, entre autres, représentent le sommet de la musique tonale. Serait-ce un hasard que la musique a pu s’élever à la plus haute sublimité justement dans la partie du globe ou la Parole de Dieu avait pris de l’emprise comme nulle part ailleurs ?

      Qu’en est-il de la musique sérielle ou dodécaphonique après Strawinsky qui, en employant le onzième harmonique, a mené la musique tonale à la limite de la consonance naturelle ? Déjà il a fait éclater l’harmonie dans son « Sacre du printemps », et le rythme a pris une place prépondérante, comme dans les musiques primitives. Déjà il y a polytonalité (plusieurs tonalités se superposent). Avec Messiaen et emploi du douzième harmonique, c’est la transition qui mène au-delà de la musique tonale. Car au-delà du douzième harmonique il n’y a plus de développement possible. Sur le plan harmonique, tout a été dit. Schönberg, qui a d’abord Composé dans la tradition tonale ( »Verklärte Nacht »), a cherché une nouvelle voie. Il est le père de ce qu’on nomme « musique sérielle » ou « dodécaphonisme », parce qu’à la place de mélodies, d’harmonies et de rythme, il y a des séries où les douze demi-tons doivent se suivre sans cohérence ni consonance (la dissonance étant la règle), et sans rythme régulier. Bien entendu, il n’y a pas de tonalité du tout (il n’y a plus de pièces composées p. ex. en do mineur, ou en mi bémol majeur); il n’y a même plus polytonalité, la conception de tonalité étant simplement absente. C’est de la musique atonale. S’il y a « mélodie », son point de départ n’est plus la gamme, mais les 12 demi tons (si ce n’est des quarts de tons) piqués ici et là dans l’espace musical, sans relation tonale aucune. En notation musicale, cela donne un tracé de zigzag.

      Tout cela explique pourquoi on est si désemparé en en tenant cette sorte de musique, car elle est dépourvue de ce qui fait l’essence de toute musique dont l’homme peut jouir de par son anatomie, son psychisme et son intégration au système planétaire, vu qu’il habite bel et bien sur la planète Terre. Pour encore citer Ansermet avec J-Cl. Piguet « Les dodécaphonistes. imposent à la conscience musicale d’habiter non plus sur la terre, mais dans l’épure où ils ont projeté la musique. Or les lois de la musique sont celles de la terre et la musique impose ses structures spatiales à qui veut la comprendre et la connaître, il ne sert de rien de faire comme si la musique obéissait à un autre espace, exactement comme il ne sert de rien, quand je me promène, de faire comme si j’étais oiseau et poisson. Et c’est ce qu’imaginent les dodécaphonistes… » Ailleurs, Ansermet les nomme « les atomistes de la musique: l’atome musical, c’est le son; la pluie des atomes, c’est l’échelle chromatique ; l’arrangement des atomes, c’est la série. »

      Pour le dire un peu brutalement, n’importe quel musicologue, après s’être soigneusement débarrassé de tout vestige tonal, après avoir relégué la mélodie, l’harmonie et le rythme au grenier d’un passé révolu, peut faire de la musique atonale. S’il a quelques notions de l’emploi des bandes magnétiques cela lui sera utile pour mêler à sa musique l’élément électronique. Quelques bouts de ferraille en feront de la musique concrète.

      Un musicien atonal connu, que je ne veux pas nommer ici m’a dit qu il lui avait fallu cinq ans pour commencer à comprendre le mécanisme de cette musique. Elle semble donc réservée à une toute petite « élite »… Schubert a écrit sa première symphonie à seize ans, sans études musicologiques – et quelle réussite frémissante d’inspiration sublime! Sans le génie, qui a inspiré tous les grands musiciens du passé, la musique devient un art cérébral qui n’a besoin ni d’inspiration ni de génie. Est-ce encore de l’art ? Est-ce encore de la musique ? J’aimerais citer quelques phrases que l’on peut écouter sur un disque qu’Ansermet avait édité, portant le titre « Ce que chacun devrait savoir de la musique » (Decca 191.001) : « La loi tonale est en réalité une donnée naturelle, humaine de la musique, et si on en sort, on sort de. ce que l’on a toujours appelé musique. Je sais bien qu’on fait de la musique dodécapho­nique, sérielle concrète etc. bon, que les gens que cela amuse le fassent, mais c’est tout autre chose que ce qu’on a appelé jusqu’ici musique… Il y a trop de gens, et à commencer par les musiciens, et surtout les musicologues, qui croient que c’est tout simplement une autre musique, comme la musique chinoise, hindoue, etc.; non, ce n’est plus de la musique au sens où on a entendu le mot « musique » jusqu’ici. »

      Il m’a semblé indispensable de vous communiquer ces réflexions et témoignages sur cette musique de notre siècle qui, Ansermet dixit, n’est plus de la musique. Car il est tout de même important de savoir pourquoi elle est tellement déroutante. L’impression qu’elle laisse la plupart du temps est celle d’une confusion, d’un désordre provoqué par un mélange d’éléments hétéroclites ou encore d’une niaiserie insipide. En fait, elle porte clairement la marque du « diabolos », celui qui désunit (Petit Robert), le calomniateur (Dauzat) : N’est-elle pas un hideux travestissement, une véritable calomnie de la musique que Dieu a créée pour réjouir le coeur de I’homme ? N’est-elle pas à inscrire dans le cadre de l’apostasie des temps de la fin ? Comme nous l’avons vu, quand l’homme redécouvre la vérité cachée dans la Bible, Parole de Dieu, la musique atteint son plus haut sommet. Quand homme, par contre, se détourne délibérément de cette vérité, reniant Dieu du même coup, la musique subit une déformation, une corruption telle qu’elle devient un tourment, qu’elle est détournée de sa vocation essentielle d’élever l’âme. Mais l’homme a besoin de musique pour vivre, il lui faut donc une musique populaire qu’il comprenne et dont il puisse jouir: de là l’éclosion d’une musique populaire au début de ce siècle, qu’elle ait son nom jazz, folklore, chanson (pop = populaire), qui pourtant, elle aussi, a tendance à dégénérer, n’échappant pas à la corruption générale.

      Le rythme de cette musique Là devient un battement envoûtant qui rappelle certaines musiques africaines, qui peuvent mener à un état de transe d’inspiration occulte. Le nouveau « jazz » est devenu indigeste le rythme ne coule plus, il n’y a plus que des bribes de mélodie, et le tout produit une sensation de malaise, voire d’irritation. Ce qu’on nomme la musique Pop, le Rock et le Beat, est souvent d’inspiration satanique. Le musicien pop Jimmy Page disait que le Rock’n Roll doit libérer « les sources de puissances magiques », même si c’est dangereux…, pour avoir part à la réalité démoniaque. L’expression « rock and roll » veut dire quelque chose, comme « faire l’amour en se roulant », car la musique Pop a pris naissance dans les bordels du Louisiana. Le Beatle le plus influent, John Lennon, était sataniste. Lors d’une séance spirite à Hambourg en 1976, il disait: « Je sais que les Beatles auront du succès comme aucun autre groupe avant eux. Je le sais, car j’ai vendu mon âme au diable pour cela » (Journal Pop No. 23). Je rappelle ici sa phrase devenue célèbre « Nous sommes déjà maintenant plus célèbres que Jésus. » C’est cela, l’esprit des derniers jours qui s’élève au-dessus de tout ce qui est Dieu (2 Thes 2.4). Quand on veut donc adapter les chants chrétiens à une sauce Rock, c’est de l’inconscience, mais qui peut avoir des résultats très négatifs. Aucune musique d’inspiration satanique ne saurait être « sanctifiée » pour servir l’Evangile.

      Il est frappant de constater que tous les arts ont subi cette influence de désintégration et de dégradation. Rookmaaker l’a magistralement démontré dans son livre « Art moderne et la mort d’une culture ». Non seulement la peinture, mais aussi la sculpture, et même la photographie, par le biais d’objectifs déformants et de filtres dénaturants, sont devenus, comme la musique, d’abominables distorsions des beautés créées par Dieu. L’anti-beau a remplacé le beau. Des phénomènes parallèles se trouvent dans la littérature et l’art dramatique (théâtre, cinéma). C’est qu’en voulant se passer de Dieu, on abandonne du même coup les valeurs morales. « La musique se trouve aujourd’hui réduite à un exercice technique, comme l’amour a été réduite à une technique physiologique » Piguet). « La musique risque donc d’être demain sans éthos » Ansermet). Notre temps est marqué par cette absence d’éthique, mais aussi, par une croissance phénoménale de connaissances dans les domaines techniques de la science. La connaissance augmentera, dit le prophète Daniel en parlant des temps de la fin (12.4). Esaïe, en parlant des sages de note monde, dit que Dieu réduit leur science à de la démence (41.25,Dhorme). Les hommes, ayant perdu la relation avec Dieu, ne savent pas employer cette masse de connaissances pour le bien de l’humanité, qui vit sous la hantise d’un anéantissement global. Jamais l’humanité entière ne s’est trouvée dans une impasse aussi désespérée, où toutes les valeurs vitales sont menacées de destruction. Le temps est venu . de détruire les destructeurs de la terre, dit le voyant de Patmos (Apoc 11.18) en parlant de l’intervention future du Christ dans l’histoire humaine.

      Une composition de Messiaen porte le titre significatif de « Quatuor pour la fin du Temps ». Oui, l’art occidental est un des signes que le temps tel que l’humanité l’a connu depuis le déluge touche à sa fin. Il y a un sentiment de vide, de désemparement, une attente d’un renouveau sans lequel le monde entier sombrerait dans le néant. Le monde attend la venue du Sauveur, du Christ, qu’il s’en rende compte ou non. Quant à vouloir déterminer jusqu’à l’année probable de ce retour, comme le fait Roustit à partir d’un calcul faisant intervenir la section d’or, après avoir arbitrairement fixé la fin du Moyen-Age à l’an 1453 prise de Constantinople par les Turcs), pour aboutir à l’an 1996 – nous ne pouvons que repousser avec énergie de telles aberrations. Il nous suffit de savoir qu’il y a une espérance concrétisée dans la promesse du rétablissement des choses par le Christ, Sauveur du monde dans un sens beaucoup plus complet que ce qu’on annonce souvent. La musique elle-même sera renouvelée, car il nous ait parlé d’un « chant nouveau » qui sera chanté et loué par des êtres célestes et par les habitants de ta terre qui suivent l’Agneau partout où il va (Ps 96.1 et Apoc 14.1 -4). Peut-on conjecturer que cette musique sera nouvelle parce que Dieu, ayant créé une nouvelle terre et de nouveaux cieux (Apoc 21.1), les distances ente les planètes et le soleil seraient autres, avec la conséquence que tout le système musical serait changé? Perspectives émerveillantes !

      Finalement, la musique, comme toutes les créations parfaites de Dieu, est insaisissable dans son essence. Ansermet – pour citer cet éminent musicologue une dernière fois – fait un parallèle bien à propos entre le chrétien et le musicien : Le chrétien témoigne de Dieu par Dieu lui-même – par l’Esprit; le musicien témoigne de la musique par la musique, en faisant. Et à la question : Qu’est-ce finalement que la musique ? – il répond : Elle est le langage du coeur.

      Que la musique, cette admirable création de Dieu, puisse continuer à faire chanter notre coeur à la louange de Celui qui revient bientôt, pour éclater en un nouveau cantique à sa contemplation !

Jean-Pierre SCHNEIDER


Si le titre peut surprendre, de prime abord il n’en deviendra que plus significatif au fur et à mesure que vous avancerez dans le développement que je vous propose, pour autant qu’il soit entendu que phénomène désigne ce qui se manifeste soit à la conscience par l’intermédiaire des sens (domaine de la physique), soit à la sensibilité affective (domaine du psychisme). A la fin de notre voyage dans le royaume de la musique, vous saurez mieux apprécier à quel point la musique est une de ces « perfections invisibles de Dieu qui se voient comme à l’oeil, depuis la création du monde », pour emprunter à l’apôtre Paul ces paroles écrites aux croyants de Rome il y a près de deux millénaires; ce qui est valable pour l’oeil l’est aussi pour l’oreille.

Je n’ai évidemment aucunement la prétention de faire, en quelques pages, le tour du problème que soulève le phénomène musique. Aussi aimerais-je solliciter l’indulgence des musicologues professionnels et des amateurs avisés qui pourraient déplorer, dans mon article, l’absence de certains faits, de certains noms qu’ils auraient jugés essentiels. On voudra bien excuser le côté vulgarisateur de mon exposé: tout le monde n’est pas versé en matière musicale.

Le problème de la musique en tant que phénomène psychique a commencé à me préoccuper lors de mon séjour en Afrique équatoriale voilà bientôt trente ans. Comment, me disais-je, est-il possible que des Africains qui ne connaissent que la musique monophonique rythmée à gamme réduite (4 ou 5 tons) puissent goûter la musique polyphonique classique d’un Bach, Haydn, Mozart, sans avoir reçu la moindre initiation à cette musique qui, pourrait-on penser, doit leur être fermée? Certains de mes élèves africains en étaient arrivés à jouir de la musique classique à tel point que j’organisais de véritables petits récitals chez moi, mon piano tropique étant le seul moyen d’expression à ma disposition (il n’y avait pas encore de transistors en ce moment-là). J’ajouterai tout de suite que dès que je leur jouais les romantiques du 19e siècle, ils perdaient tout intérêt, sauf pour quelques pièces de Beethoven. Comme j’étais alors ignorant de certains faits avec lesquels je me propose de vous familiariser, les raisons de ce comportement m’échappaient. Par la suite, ces faits m’ont fait comprendre que la musique tonale, qui a trouvé son apogée dans le classicisme occidental, s’inscrit dans la condition humaine. Elle est donc indépendante des races et des cultures. On entend par musique tonale la musique qui est organisée selon les principes de la tonalité, où l’harmonie et la mélodie sont réglées par l’obligation de respecter un ton principal. Ainsi, une symphonie en la mineur est soumise aux lois inhérentes à cette tonalité.

Or il existe des musiques qui sont étroitement liées à des cultures ou à des races, musiques qui ne sont pas forcément goûtées ou comprises par des gens d’autres races ou cultures. Cependant, elles s’inspirent du même matériel tonal, ce qui expliquerait en partie pourquoi la musique classique tonale est accessible à des gens ne connaissant qu’une musique rudimentaire. Ils ressentent d’ailleurs la musique tonale de la période classique comme supérieure à la leur, aussi bien en tant que source de joie qu’absolument, pour autant qu’ils soient susceptibles de jouir de la musique tout court. Car, il ne faut jamais l’oublier, il y a des individus imperméables à la musique, soit par déficience organique (comme les daltoniens en ce qui concerne les couleurs), soit par constitution psychique.

On peut maintenant se poser la question d’où vient cette universalité de la musique tonale telle que je l’ai définie plus haut?

La première constatation qui me fit entrevoir une réponse à cette question, je la trouvai dans le livre d’Ernest Ansermet, « Les fondements de la musique dans la conscience humaine ». Ansermet, qui avait fait des études de mathématiques et de physique, qu’il enseigna pendant plusieurs années au gymnase classique de Lausanne, découvrit que le limaçon, cette partie en spirale de l’oreille interne humaine, est construit sur le logarithme 12.

Nous savons tous que la gamme tonale est constituée à partir d’une succession de 12 demi-tons. Mis en relation avec la découverte d’Ansermet, cela peut déjà paraître significatif. Mais cela le devient infiniment davantage du moment où l’on étudie les relations entre les tons de la gamme.

Les sons que nous percevons par notre oreille sont des vibrations transmises par le moyen de l’air. Ces vibrations, dont la fréquence par seconde varie considérablement, sont mathématiquement mesurables. Ansermet, ce mathé­maticien-musicien, montre la présence secrète d’une relation logarithmique dans la musique ce qui explique pourquoi, au sein de la conscience musicale, on ressent quelque chose de mathématique. Pour démontrer cette relation, il suffit de faire les réflexions qui suivent. (Que les lecteurs réfractaires aux mathématiques veuillent se reporter directement à la conclusion au para­graphe suivant).

Le nombre de vibrations par seconde (la fréquence) d’un ton donné est le double à l’octave supérieure de ce ton. Ainsi, si le la (troisième corde du violon) a une fréquence de 432, le la’ (octave supérieure) en a une de 864. La relation est arithmétique: 432+432=864 (addition). D’autre part, pour la conscience musicale (comme dit Ansermet), la quarte (quatrième ton de la gamme: re’ dans notre cas) et la quinte (cinquième ton: mi’), s’additionnent pour constituer une octave. Or, si l’on tient compte de la fréquence de la quarte (576) et de celle de la quinte (648), on constate que la fréquence de la quarte est 4/3 du la (432), et la fréquence de la quinte est 3/2 du même la; mais la multiplication (4/3 fois 3/2) donne 2 (relation géométrique), tout comme le rapport des 2 sons de l’octave (la et la’), qui peut s’exprimer par une addition dont le résultat est également 2 (1+1=2, simplification de 432+432=864).

Lorsqu’il y a correspondance, pour les mêmes chiffres, entre une série arithmétique et une série géométrique, comme c’est le cas ici, on parle d’une relation logarithmique. Ansermet en conclut que l’expérience musicale se laisse donc interpréter comme une structure logarithmique. Comme d’une part le limaçon de l’oreille humaine est construit sur le logarithme 12, et que d’autre part la fréquence des sons mise en relation avec la conscience musicale aboutit à une relation également logarithmique, on peut concevoir que deux ou un ensemble de sons émis en même temps seront ressentis comme une harmonie, créatrice de bien-être psychique, s’ils sont en relation logarithmique basée sur le chiffre 12. Voilà donc pourquoi tous les hommes de toutes races ont la capacité de jouir de la musique basée sur le système tonal que nous connaissons tous.

Si nous acceptons ce que la Bible nous dit, à savoir que Dieu a créé l’homme pour le placer dans une nature qu’il avait créée à son intention, nous devons conclure que le système tonal capable de former des harmonies qui réjouissent le coeur de l’homme, n’a pas été inventé, mais qu’il a été créé par Dieu et qu’il existe au même titre que la lumière, l’air et d’autres phénomènes naturels.

Dans ce contexte, la constatation qui a été faite par Alexandre Dénéréaz dans son livre « La gamme, ce problème cosmique » (Hug u. Co. Zürich) prend toute son importance. Mais avant de la communiquer, il y a lieu de rappeler quelques données astronomiques.

Des neuf planètes qui tournent autour du soleil, seul Pluton, la plus éloignée, ne se trouve pas sur le même plan elliptique, et de ce fait n’entre pas dans les considérations qui vont suivre. On peut calculer avec précision la distance moyenne de chaque planète du soleil. La distance terre-soleil étant 1, les distances entre le soleil et les quatre grandes planètes (Neptune, Uranus, Saturne et Jupiter), se situent, en gros, entre 30 et 5, et celles des petites planètes (Mercure, Vénus, Terre et Mars) entre 1/3 et 1,5.

Une fois de plus, que le lecteur qui trouve les détails d’ordre mathématique par trop ennuyeux se reporte directement à la conclusion. Je tiens à avertir que ce qui suit est rudimentaire, mais je puis espérer que ce sera suffisant pour comprendre comment Dénéréaz est arrivé à sa conclusion. L’idée principale consiste à comparer la distance des planètes du soleil aux distances des tons de la gamme sur une corde d’une longueur donnée. Grâce au résonateur acoustique de Hermann Helmholtz (19e siècle), sur lequel une corde de 100cm est tendue et accordée à do, on peut constater que, dans l’accord parfait majeur, les intervalles entre do-mi et mi-sol (mesurés en mm) forment entre eux une section d’or, aussi nommée « divine proportion », dont le rapport est de 618 sur 1000. Cela donna à Dénéréaz l’idée de faire intervenir la section d’or pour les distances des planètes du soleil. Il constata alors que ces distances sont exactement proportionnelles aux distances entre les tons de la gamme.

Sur le diagramme qui suit, les chiffres se trouvant sous les planètes représentent les distances de celles-ci du soleil. Les chiffres se trouvant entre les planètes représentent la différence entre leurs distances du soleil, chiffres qui correspondent exactement aux distances proportionnelles entre les tons de la gamme!

Tout comme le soleil est symbole de vie et de transformation, ainsi le fa dièse permet la modulation de la tonale à la dominante (de do à sol), ce qui peut se répéter en passant par les 12 tonalités. Sans soleil, pas de dynamisme: sans fa dièse, pas de modulation tonale, donc pas de dynamisme non plus.

Un calcul du même genre, dont je vous dispenserai, s’applique aux quatre petites planètes, à ceci près que la corde doit avoir la longueur de la section d’or de celle du résonateur de Helmholtz, donc 61,8cm, pour que les proportions entre les planètes et les tons de la gamme soient identiques. Mais alors que les distances entre les quatre grandes planètes s’accordent avec les distances entre les tons de la gamme du mode lydien (majeur), les mêmes données concernant les quatre petites planètes correspondent aux modes dorien (mineur), à savoir do-si bémol la bémol – sol (Mars – Terre -Mercure – Soleil) et phrygien (neutre), à savoir do – si bémol – la – sol (Mars -Terre – Vénus – Soleil).

Comme il est absolument impensable que ces corrélations mathématiquement mesurables et donc prouvables, entre le système des planètes et le système tonal, puissent être le jeu du hasard, on arrive à cette conclusion inéluctable: Le système tonal de la musique est conditionné par les distances des planètes du soleil. Il s’agit donc bien d’un phénomène cosmique, de là le titre du livre d’Alexandre Dénéréaz. Mais il en découle alors un autre fait significatif: On ne peut pas davantage changer le système des harmonies naturelles que l’on peut changer la distance des planètes par rapport au soleil.

Que n’enseigne-t-on pas ces merveilles aux élèves de nos écoles? Craindrait-on qu’ils s’inclinent devant Dieu, le Créateur de l’univers, pour l’adorer?

Dans le livre d’Ernest Ansermet cité au début, il y a un chapitre intitulé « Phénoménologie de Dieu ». Jean-Claude Piguet, dans son petit livre sur « Ernest Ansermet et les fondements de la musique » (Payot Lausanne), dit très justement que « Dieu est le centre caché du livre » d’Ansermet, et « qu’à partir de Dieu s’amorce le mouvement descendant qui conduit à la constitution, dans la conscience, des formes musicales ». Et plus loin cette phrase capitale: « Seul le christianisme, pour Ansermet, a permis à la musique occidentale d’accéder à sa vérité éthique« .

(à suivre)

Jean-Pierre SCHNEIDER


Aï – LA DEFAITE
Josué 7

      Jéricho a été prise. Josué doit continuer la conquête du pays. Pour prendre pied au-delà de la vallée du Jourdain et avoir accès à la pleine du Saron, il faut prendre le point stratégique d’Aï, situé dans le massif central de la Palestine, accessible par le Wadi Madja, une des vallées transversales partant de la plaine du Jourdain. Cette bourgade fortifiée de douze mille habitants se trouvait alors à quatre heures de marche de Jéricho. Aï signifie « monceau de pierres »; c’est tout ce qui en reste aujourd’hui.

Les scouts qui ont inspecté les lieux sont persuadés que trois mille hommes n’en feront qu’une bouchée. Pas la peine de se fatiguer pour si peu. Pas la peine non plus de consulter Dieu. Après tout, n’a-t-on pas gagné une victoire éclatante en prenant Jéricho, forteresse autrement impressionnante qu’Aï?

Interdit
C’est l’échec, la fuite honteuse des trois mille Israélites devant une poignée de païens. Comment est-ce possible? Dieu n’a-t-il pas agi par sa puissance surnaturelle à Jéricho ? Et puis, n’a-t-on pas le même général Josué approuvé par Dieu ? N’a-t-on pas l’arche de Dieu, donc sa présence garantie? N’a-t-on pas fêté la première Pâque au pays promis? Les hommes et les garçons ne sont-ils pas tous circoncis en signe de l’alliance établie par Dieu?

Malgré tous ces atouts, c’est la défaite, la honte, l’humiliation. On comprend le désarroi de Josué, car cela ne peut signifier qu’une chose Dieu n’est plus avec eux ! Et Josué de se lamenter: Si seulement nous étions restés en Transjordanie! Que vont dire les Cananéens? Et que feras-tu pour l’honneur de ton grand nom, ô Eternel?

La réponse de Dieu est brusque: Ne comprends-tu pas ? Il n’y a qu’une raison qui puisse expliquer la défaite: le péché est entré en Israël. Ne reste pas prostré. Lève-toi, agis! Le péché est un interdit: il empêche la victoire. Tant que les mesures nécessaires n’ont pas été prises, l’interdit reste. C’est Dieu qui fixe les mesures à prendre, étant le premier offensé par le péché.

Akan croit être le seul à connaître le péché qui a causé la défaite. Il n’a pas compté avec Dieu dont rien ne peut être caché. Mais pourquoi Dieu accuse-t-il le peuple entier? Sous l’ancienne alliance, le peuple entier était consacré en tant que collectivité, de sorte que la faute d’un seul impliquait tout Israël, par solidarité. Avec la nouvelle alliance, cela a changé, car on devient membre du corps du Christ, l’Eglise, par une décision personnelle. On naît Israélite; on ne naît pas chrétien.

Autre question : pourquoi Dieu dit-il que le peuple a volé ? Volé qui? et quoi? Il a volé les prémices à Dieu. Jéricho étant les prémices de la conquête de Canaan, le peuple n’avait aucun droit au butin, ce qui ne sera plus le cas pour Aï, où le peuple pourra s’approprier le butin. A cause de l’impatience d’Akan, lui et le peuple entier ont été plongés dans la défaite. Si Akan avait attendu dans l’obéissance, il aurait eu son butin avec la bénédiction de Dieu!

Levée de l’interdit
Dieu indique le chemin pour retourner à lui : se sanctifier – c’était déjà la condition pour entrer dans le pays. Le peuple doit se désolidariser du coupable, se séparer de lui. C’est là le sens de toute sanctification: se séparer du mal sous toutes ses formes.

Quand Akan est désigné comme coupable, Josué est rempli de commisération pour lui: Donne gloire à Dieu – reconnaît que Dieu a dit vrai en te désignant. La réponse d’Akan est instructive : J’ai vu, j’ai convoité, j’ai pris et j’ai caché. Voilà la raison de la défaite: un péché caché Akan illustre parfaitement ce qui caractérise le monde selon 1Jean 2.16: la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Le manteau de Chinéar, d’origine babylonienne, faisait chic, donnait du prestige, faisait d’Akan un homme du monde…

Voulons-nous paraître ce que nous ne sommes pas? Quel est notre manteau de Chinéar? Celui d’Ananias et Saphira consistait à être classés parmi les plus consacrés, généreux et spirituels. Ils ne voulaient pas être généreux, ils voulaient paraître généreux. Même une action louable, si elle est faite pour paraître devant les autres, est un péché.

Sous l’alliance de la loi, le péché devait être expié par une victime de substitution ou par le pécheur lui-même. Akan et sa famille sont exécutés : Tout Israël lui jeta des pierres. Comme tout le peuple était solidaire de la faute d’Akan, de même toute sa famille était impliquée dans le châtiment. C’était la pédagogie divine sous l’ancienne alliance : inculquer l’horreur du péché par la destruction de tout ce qui y a participé. Pourtant – et c’est un point capital – la peine de mort du clan d’Akan ne signifiait pas sa perdition éternelle ; c’était un châtiment temporel.

Victoire différente.
A présent, le chemin de la victoire est ouvert. Pourquoi Dieu envoie-t-il trente mille guerriers contre Aï? Pour la même raison pour laquelle il envoya seulement trois cents avec Gédéon : Pour que l’homme ne puisse se vanter. Les Israélites avaient dit: Trois mille suffiront. Dieu leur dit: Vous aurez besoin de tous vos guerriers pour prendre Aï.

La prise d’Aï diffère totalement de celle de Jéricho. Point de miracle à Aï, que les Israélites doivent prendre en utilisant la méthode de guerre traditionnelle. La victoire n’est pas une affaire de routine. On ne peut pas établir un schéma qui garantirait la victoire. A Jéricho, il y eut un miracle à Aï, non.

Ne nous étonnons pas si l’Esprit de Dieu nous mène autrement aujourd’hui qu’hier. Jamais il n’agira contrairement au caractère de Dieu tel que les Ecritures nous le révèlent. Jamais, par exemple, il ne parlera d’une manière inintelligible. Mais il appliquera des méthodes différentes d’une fois à l’autre, non seulement parce qu’il est souverain, mais parce qu’il est une personne, la Personne qui est à l’origine de l’homme qui, ayant été créé à l’image de Dieu, est aussi une personne. Ce qui caractérise une personne, c’est sa liberté d’action. L’animal n’est pas une personne son comportement étant conditionné par ses instincts. Pourquoi la Personne souveraine de Dieu se conformerait-elle à un quelconque schéma?

Déductions.
Gardons-nous du légalisme en ce qui concerne soit l’acquisition du salut, soit la marche dans la sanctification. Mais gardons-nous également de l’idée que, puisque nous devons tout à la grâce de Dieu, le péché n’aurait pas tellement d’importance.

D’autre part, ne pensons pas que toute défaite, toute faiblesse doit être due à un péché. J’en prends à témoin notre Seigneur Jésus-Christ lui-même. A vues humaines, il a essuyé de nombreux échecs; à Nazareth, il a été méprisé; à Jérusalem, on n’a pas voulu de lui; malgré les miracles, les foules ne croyaient pas en lui ; ses propres frères n’ont pas cru en lui; un des douze disciples l’a trahi et s’est suicidé ensuite, alors qu’un autre l’a renié ; le miracle spectaculaire de la résurrection de Lazare a décidé les Pharisiens de faire mourir Jésus; malgré son innocence constatée par le pouvoir politique, Jésus a été condamné à mort et crucifié. En voici les références : Mat 13.53-58; 23.37; Jean 12.37; 7.5; Mat 26.14-16; 69-75; Jean 11.53; 18.38; 19.4,6,16. La victoire n’est pas toujours là où l’on croit.

L’enseignement qui se dégage de la victoire à Jéricho et de la défaite à Aï peut se résumer en quatre points:

1. Quand nous péchons, Dieu le sait, même si personne d’autre ne le sait.
2. Quand nous péchons, la bénédiction diminue ou s’arrête; elle peut même s’arrêter pour toute une église à cause du péché d’un ou de plusieurs membres.
3. Il y aura jugement, soit par nous-mêmes en confessant notre péché, soit par Dieu lui-même.
4. Si nous mettons la chose en ordre, la voie est rouverte pour la bénédiction.

Jean-Pierre SCHNEIDER.

Jéricho – La victoire

Rencontrer un ange

Le peuple d’Israël a pris pied dans le pays à conquérir. Il y est entré par un miracle en traversant le Jourdain à pied sec, tout comme il était sorti d’Egypte par un miracle en traversant la mer des Joncs. Le décalage de 40 ans entre les deux événements était dû à l’incrédulité du peuple. Quelle est l’instruction qui en découle pour nous chrétiens aujourd’hui? Car tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l’espérance (Rom 15.4).

La sortie d’Egypte (notre conversion) devrait être suivie de près par l’entrée en Canaan (jouissance de la vie de résurrection de Jésus-Christ). Saisir le salut par la foi et vivre la vie de sanctification et de victoire par la même foi, par le Saint-Esprit reçu à la conversion : ces deux aspects de la vie chrétienne ne devraient pas être marqués par un décalage de 40 ans ! Ne pas entrer dans la vie victorieuse n’est pas égal à perdre son salut, mais à perdre les bénéfices spirituels et pratiques promis à tout chrétien authentique.

Chrétiens découragés, relevez la tête ! Paul parle de patience, de consolation et d’espérance. Dieu veut vous faire découvrir que vous pouvez entrer en possession du pays des promesses. La prise de Jéricho peut vous y instruire. Que le Saint-Esprit dont vous portez le sceau (Eph 1.13) vous donne cette patience et vous console: il y a de l’espoir! Le cheminement d’Israël sous la conduite de Josué peut être le vôtre sous la conduite de Jésus (les deux noms veulent dire « Sauveur »).

Le premier point à découvrir (ou à redécouvrir), c’est que « Dieu est vivant ». Les Israélites ont vécu pendant 40 ans comme si Dieu était mort; Josué leur rappelle: Dieu est vivant parmi vous (Jos 3.10). Avez-vous vécu comme si Dieu était mort? Avez-vous vécu sans compter sur l’intervention de Dieu ? Vos activités chrétiennes peuvent-elles s’expliquer par vos capacités naturelles? Peut-être continueriez-vous à fonctionner bien chrétiennement même si Dieu mourait ? Quelle différence cela ferait-il ? As-tu le renom d’être vivant, mais tu es mort (Apoc 3.1)? Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre: tu le sais, mais y crois-tu ? Tout pouvoir ! Pas de limite à ce que le Seigneur peut accomplir dans ta vie ! Mais ce sera pas à pas qu’il te mènera sur le terrain de la vie victorieuse, et il te fera passer par où tu n’as pas encore passé (Jos 1.3 ; 3.4).

Dieu avait donné à Moïse un ange pour chasser l’ennemi devant le peuple. Il en envoie un à Josué qui lève les yeux vers la formidable forteresse de Jéricho – et il voit un ange ! Cet ange se présente comme un guerrier, l’épée tirée à la main. (A lire : Jos 5.13-15.) Josué, tout naturellement, veut savoir de quel côté ce guerrier se range. La réponse est catégorique: « D’aucun ! Je ne suis pas venu pour prendre parti. Je suis venu pour prendre la situation en charge. » Josué est en face du chef de l’armée de l’Eternel. C’est lui le général. Ce n’est pas à nous de faire les plans, espérant que Dieu sera bien de notre côté. Jéricho n’est pas notre problème: Dieu s’en charge.

Josué l’a immédiatement compris: Parle, je t’écoute. Oui, bien sûr, nous écoutons Dieu. Cela ne suffit pourtant pas. Josué se prosterne en signe de soumission. Il connaît le récit du buisson ardent, mais il a oublié d’ôter ses sandales. Il pense marcher dans ses propres souliers. Josué doit redécouvrir ce que Moïse avait oublié : Dieu est présent, c’est lui qui me dit où aller, mes pieds suivront le chemin qu’il m’indiquera.

Dieu n’a pas changé. Le principe est resté le même : le buisson ardent, le chef de l’armée de l’Eternel, le Saint-Esprit en moi… Le Seigneur est présent, il veut prendre en charge. Ote tes souliers; mets-toi sur le terrain de l’entière dépendance de Dieu; marche dans la victoire que le Seigneur a déjà préparée et prends possession du pays qu’il a déjà conquis.

Jéricho représente la forteresse de Satan dans le pays à posséder, dans la vie du chrétien. Comment vaincre cet obstacle ? Héb 11.30 nous le dit: C’est par la foi que les murs de Jéricho tombèrent.
Avant de continuer, lisez Josué 6.

Faire tomber la forteresse

Josué s’attendait vraiment à ce que les murs tombent: Poussez des clameurs, car l’Eternel vous a donné la ville ! A la regarder, elle paraissait toujours aussi imprenable que jamais. Quel est l’obstacle qui empêche la vie de Christ de s’épanouir en vous ? Vous attendez-vous à le voir tomber ? Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour pendant sept jours (Héb 11.30). Ils ne tombèrent pas le premier jour…

Le chiffre sept semble jouer un rôle important: 7 sacrificateurs, 7 trompettes, 7 jours, 7 tours. C’est le chiffre de la perfection divine. Dieu est une trinité, et il est le créateur. Or la terre est caractérisée par les 4 points cardinaux, et la création est représentée par les 4 êtres vivants dans l’Apocalypse (4.5-7). Le chiffre 7 représente donc le Dieu trinitaire créateur (3 + 4). Le symbolisme du chiffre 7 quatre fois répété indique clairement que la victoire est donnée par Dieu. Mais si certains expliquent la chute des murailles par un tremblement de terre (pourquoi pas?) ou par les vibrations créées par les cris du peuple (peu probable), il y a manifestement une intervention directe de Dieu, donc un miracle.

Pourquoi le peuple devait-il faire le tour de la ville le septième jour, pourtant le jour de repos, le sabbat? Ce jour devait être sanctifié (= mis à part) pour glorifier Dieu, et il était défendu de faire son propre travail ce jour-là. Or, si les murs de Jéricho sont tombés, c’était l’oeuvre de Dieu (comme les guérisons de Jésus faites le sabbat), et non celle des Israélites. Leur « oeuvre » était une cérémonie religieuse…

Quant aux « trompettes », il s’agissait du « chophar yobelim », du cor des jubilés, qui symbolise la proclamation de l’Evangile, qui est à la fois une déclaration de guerre à Satan et la proclamation de la victoire (dont le jubilé est l’expression). – Prophétiquement, la septième et dernière trompette sonnera aussi le septième jour (à la fin de la semaine prophétique) pour annoncer la victoire finale de Jésus-Christ sur Satan (1 Cor 15.52 ; Apoc 11.15).(1)

L’interdit

La ville sera vouée à l’Eternel par interdit, elle et tout ce qui s’y trouve. Hommes, femmes, enfants, bébés, les animaux, tous doivent mourir.

Choquant, n’est-ce pas ? Mais c’est un ordre de Dieu. Deut 13.16 montre que c’est le sort des communautés adonnées à l’idolâtrie. Israël ne devait pas en être contaminé. En devenant l’instrument d’un châtiment si terrible, Israël devait comprendre, d’une part, quel serait son propre sort s’il tombait dans le même péché, d’autre part, que Dieu est saint et ne peut tolérer l’idolâtrie et la conduite immorale qui l’accompagne.

Rien de ce qui servait Satan ne devait subsister. Rahab, elle, avait servi l’Eternel en hébergeant les deux Israélites envoyés en reconnaissance par Josué. Le cordon de fil écarlate (Jos 2.18) qui signifie le salut pour Rahab et les siens est un symbole du sang de Christ qui sera répandu pour le pardon du péché du monde entier (1Jean 2.2).

Jéricho est un type des prémices. La première récolte appartient à Dieu, de même que le premier-né (que les païens offraient souvent en sacrifice). Jéricho représentait les prémices du pays de Canaan c’est pourquoi la ville entière était vouée à Dieu.

C’est un autre fil qui traverse toute la Bible : ce que nous avons appartient en propre à Dieu, car qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ? Si Dieu demande les prémices, c’est pour nous rappeler qu’il doit être honoré le premier, qu’il en a l’emploi prioritaire. Dans l’AT, la loi avait fixé 10 % les dons dus à Dieu. C’était le minimum. En plus, il y avait les offrandes qui étaient proportionnelles à l’affluence individuelle. Le principe est resté le même. Aucun chrétien qui a pratiqué la dîme et l’offrande (le maximum de ce qu’il pouvait donner sans précipiter sa famille dans les dettes) n’a jamais manqué du nécessaire. Je puis en témoigner. Deux textes seraient ici à relire: Mal 3.8-10 et 2 Cor 8.13-15.

Le peuple d’Israël exécuta exactement l’ordre de Josué. Jéricho devait dès lors rester ouverte à tout venant, en témoignage de l’ennemi vaincu. Aussi une malédiction est-elle prononcée contre quiconque rebâtirait Jéricho (6.26), malédiction qui se réalisa 500 ans plus tard contre Hiel (1 Rois 16.34).

Jéricho est vaincue, le bastion le plus formidable de l’ennemi est anéanti, le pays peut être conquis. Tout est bien! Et pourtant…

Jean-Pierre SCHNEIDER

1. Sur ce point, on peut être d’avis différent. Mon point de vue n’engage pas mes corédacteurs


Les réflexions qui suivent, loin d’invalider ce qu’enseigne Stuart Olyott, contiennent matière à réflexion qui doit permettre de mieux cerner sa pensée et en éviter une fausse compréhension.
1. Il est évident qu’Adam et Eve n’ont pas été dans l’obligation de désobéir à l’ordre de Dieu, car ils n’étaient pas davantage des robots que l’humanité qui en descend Avoir été créés à l’image de Dieu exclut un mécanisme psychique à la marionnette.
2. Dans Deut 30.19-20, Dieu dit au peuple d’Israël par Moïse: J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, pour aimer l’Eternel ton dieu, pour obéir à sa voix et t’attacher à lui . Cela implique le libre arbitre, donc la faculté de faire un choix sans contrainte. Dieu donne à l’homme la faculté de choisir pour ou contre lui, de l’aimer ou non, de lui obéir ou non, de s’attacher à lui ou non. Autrement ces paroles seraient vides de sens. Si l’homme n’était pas responsable de ses choix, Dieu, qui est la justice même, ne pourrait le condamner pour avoir fait un mauvais choix.

Le Pharaon du temps de Moïse est un exemple parlant. Lors de chacune des cinq premières plaies, nous lisons que son coeur s’endurcit ou qu’il endurcit son coeur. Dans la suite, il est dit que l’Eternel endurcit le coeur du Pharaon lors des plaies suivantes (à l’exception de la septième plaie). Le refus huit fois répétés du Pharaon est l’expression de son faux choix; dès lors, Dieu exerce un jugement sur le Pharaon en endurcissant son coeur cinq fois. Par sa prescience, Dieu a choisi ce Pharaon-là pour faire éclater sa gloire. Cela nous mène au point suivant:
3. Comment comprendre la prédestination, le fait donc que Dieu fixe le destin à l’avance ? On peut constater que l’idée d’élection et de prédestination est souvent complétée par des termes comme connaître d’avance (Rom 8.29 ; 11.2) et prescience (Act 2.23 ; 1 Pi 1.2). A propos de Rom 8.29, la NIV Study Bible note: « Certains pensent que non seulement Dieu nous connaissait avant que nous ayons eu connaissance de lui, mais qu’il nous connaissait aussi, en fonction de son choix par grâce, avant la fondation du monde. D’autres pensent que Paul se réfère ici au fait que, dans l’éternité passée, Dieu connaissait ceux qui deviendraient son peuple par la foi. »En d’autres termes: Dieu a élu d’avance ceux dont il savait qu’ils feraient le bon choix.

4. Notre intelligence et notre logique humaines ne sauraient résoudre l’apparente divergence qu’il y a entre, d’une part, la souveraineté absolue de Dieu qui sauve qui il veut, et, d’autre part, le choix responsable de l’homme face à l’invitation de croire en Jésus-Christ (quiconque croit en lui est sauvé et a la vie éternelle : Jean 3.16,36). La Bible nous dit, d’une part, que Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tim 2.4), et d’autre part que beaucoup d’hommes ne seront pas sauvés mais seront perdus et même châtiés éternellement (2 Thes 1.9; Mat 25.41,46; Apoc 20.15). Jésus se lamentant sur Jérusalem s’écrie: … combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants,. et vous ne l’avez pas voulu! (Mat 23.37) L’homme peut donc choisir de ne pas vouloir ce que Dieu veut. Dieu ne viole pas l’homme qu’il a créé à son image. Il l’invite et respecte son choix, même si dans son coeur de Père il en souffre (Es 63.9: .. . leurs détresses qui étaient pour lui [Dieu] aussi une détresse.).

5. Dans Rom 9.15-16, Dieu dit qu’il fait miséricorde à qui il veut. Mais il précise aussi à qui il veut faire miséricorde ou grâce: à tous ceux qui croient en Jésus-Christ mort et ressuscité, comme le dit Paul en écrivant aux romains : Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car en croyant du coeur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut, selon ce que dit l’Ecriture: Quiconque croit en lui ne sera pas confus (Es 49.23). Rom 109-11. Dans Rom 9.14-18, Paul réfute l’idée que Dieu serait injuste, idée qui implique un blasphème. Dieu n’est aucunement tenu de sauver qui que ce soit, car une grâce due n’en est plus une. « Les efforts de l’homme ne sont jamais le principe, la cause première de son salut », dit la Bible Annotée à propos de ce passage. Et voici ce qu’elle note sur Eph 1.11: . . .le chrétien n’a part à l’héritage que par un effet de la libre grâce de Dieu. Et cette participation est expliquée par une double action divine et souveraine : l’une qui s’accomplit en Dieu même, et par laquelle nous sommes prédestinés selon le dessein arrêté de Dieu; l’autre qui s’accomplit dans les croyants, dans lesquels c’est Dieu encore qui opère avec efficace (grec) la foi la conversion, toutes les choses qui concernent le salut et la vie chrétienne, selon le conseil de sa volonté. (Vers.4,5,7,10) »

Conclusion

Dieu le créateur n’a pas à rendre compte à la créature. Parce qu’il l’a décidé souverainement, Dieu veut bien sauver quiconque croit au Seigneur Jésus (Act 1630); mais cela reste une grâce qu’il accorde (Eph 2.8). La souveraineté de Dieu qui « fait miséricorde à qui il veut et endurcit qui il veut » n’est en fait acceptable qu’à la lumière de la justice absolue de Dieu.

Que la question de la prédestination ne nous trouble donc point. Tout ce que Dieu décide est bon et découle de son caractère divin incomparable (Jér 10.6-7): L’Eternel descendit dans la nuée, se tint là auprès de lui (Moïse) et proclama le nom de l’Eternel. L’Eternel passa devant lui en proclamant: L’Eternel, l’Eternel, Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité, qui conserve sa bienveillance jusqu’à mille générations, qui pardonne la faute, le crime et le péché, mais qui ne tient pas (le coupable) pour innocent, et qui punit la faute des pères sur les fils et sur les petits-fils jusqu’à la troisième et à la quatrième génération ! Ex 34.5-7

Application

Toi qui lis ces lignes, as-tu décidé de servir ce Dieu-là ? Alors rappelle-toi: Eternel, tu mets en nous la paix, car tout ce que nous faisons, c’est toi qui l’accomplis pour nous. – Seigneur, c’est par tes bontés que l’on vit, c’est par elles que je respire encore. Es 26.12; 38.16.

Jean-Pierre SCHNEIDER

Les lecteurs que le sujet intéresse peuvent se documenter dans les ouvrages suivants:
J.M Nicole. « Précis de doctrine cirétienne. p 160-167 (Edtions de l’Institut Biblique de Nogent. 1983) Nouveau dictionnaire biblique. p. 617-618 Edltions Emmaüs, St-Légier 1961 /1979)
J-J. von Allmen, Vocabulaire biblique. p. 86-90 (Editions Delachaux, Neuchatel, 1954/1964)
J.I. Packer, « Evangelism and the Sovereignty of God (IVP, 1961/1979) – Petit livre excellent Dictionary of New Testament Theology », vol. 1 p. 692-696 (Patermoster Press, 1975)