PROMESSES
Peut-on se faire incinérer ?
La Bible ne traite pas du sujet de l’incinération de la même manière qu’elle traite de la vie éternelle ou de la certitude de la résurrection qui sont clairement enseignées par la Bible. Nous n’avons que quelques indices.
La Bible enseigne que le corps est le Temple du Saint-Esprit, invitant à considérer le nôtre d’une autre manière qu’une simple enveloppe charnelle. Il est vrai que le nouveau corps de l’enfant de Dieu ne sera pas fait de chair et de sang, mais plusieurs textes bibliques montrent que le corps des défunts est traité avec respect (Gen 50.7 ; 2 Sam 2.4-5 ; 21.12-14 ; Act 8.2). Moïse lui-même est enterré par l’Éternel Dieu (Deut 34.6).
Plusieurs exemples de la Bible montrent que les funérailles d’un proche ont été prises au sérieux et faites dans une grande dignité (Sara, Abraham, Jacob, Joseph, Saül, Jonathan, Jean-Baptiste et Étienne, par exemple). Pour autant, il n’y a aucune directive claire à ce sujet, les exemples tirés des textes narratifs de l’Écriture ne pouvant être considérés a priori comme des normes à suivre absolument.
On entend parfois les objections suivantes :
1. Le Nouveau Testament mentionne des « sépulcres » et des « tombeaux » (Jean 5.28-29 ; Mat 24.28). Ces textes n’évoquent pas des cendres mais bien des tombes avec des corps enterrés. Pourtant, Jésus savait bien qu’au cours des siècles, les cadavres ne restent pas tous dans les sépulcres et les tombeaux. De plus, certains chrétiens périssent brûlés. Jésus, en mentionnant les tombeaux et les sépulcres, utilisait une image pour évoquer ceux qui sont morts sans mentionner seulement ceux qui sont physiquement et réellement dans des tombeaux. Il ne donnait pas d’indication quant au style de sépulture.
2. La destruction du corps par le feu est mentionnée dans l’Ancien Testament en lien avec un jugement (Lév 20.14 ; 21.9 ; Jos 7.25 ; 1 Sam 31.12 13).
On peut nuancer en remarquant que l’incinération n’est pas proscrite. De la même manière, il n’est pas commandé de placer les corps dans des grottes, comme Abraham par exemple (Gen 25.9).
3. Les pratiques bibliques évoquent largement l’inhumation, mais il n’y a pas de directive qui exige de faire la même chose. Dans le Nouveau Testament, nous trouvons aussi la pratique d’embaumer les corps, ce que nous ne faisons pas, et qui n’est d’ailleurs pas commandé.
4. Jusqu’au début du XX e siècle, de nombreuses incinérations concernaient des personnes opposées à Dieu, qui lançaient ainsi un défi à ceux qui enseignaient un jugement après la mort. L’Église catholique a longtemps condamné cette pratique. En réalité, l’incinération ne peut empêcher le Souverain Juge d’exercer son jugement. De même, certaines personnes pensent que l’incinération permet une certaine purification par le feu, ce que n’enseigne pas la Bible ; au contraire, la purification n’est possible que par le sang de Christ (1 Jean 1.7).
Que penser ?
Nous ne trouvons aucune interdiction claire de l’incinération, aucun ordre demandant d’enterrer les morts. S’il est important de s’occuper dignement des corps, le choix d’enterrer ou d’incinérer n’a pas de conséquence sur le devenir éternel des personnes.
Il faut aussi rappeler que le corps ressuscité étant un corps spirituel (1 Cor 15.35-54), la continuité entre le corps physique actuel et le corps de résurrection n’est pas physique ; la destruction des molécules du corps par le feu n’a aucune incidence sur la résurrection. De même, le corps ne reste pas intact sous la terre et il ne reste généralement pas dans le tombeau. Après un certain nombre d’années, les ossements sont mis dans un ossuaire commun et parfois traités avec de la chaux vive ou brûlés (en France en tout cas).
Il existe diverses sensibilités concernant l’incinération (ou crémation). Il convient de respecter les différentes manières de penser tant qu’elles ne s’opposent pas à l’enseignement explicite de l’Écriture. Affirmer que l’incinération ne permet pas la résurrection ou aura des conséquences néfastes sur le nouveau corps est un enseignement dangereux qui nie l’œuvre de Christ à la croix et ses conséquences. Les conseils de l’apôtre Paul en Romains 14 nous aident aussi pour les aspects pratiques de cette question :
1. Puisqu’il n’y a pas de directive claire dans l’Écriture, il n’est ni juste ni bon de critiquer un frère ou une sœur qui choisit de se faire incinérer ou qui refuse absolument la crémation.
2. Certaines personnes, membres de la famille ou proches, pourraient être choquées par une incinération ou mal vivre leur deuil faute de tombe. Dans ce cas, un enterrement traditionnel peut être préféré, par respect pour les vivants, tout en précisant que la personne n’est pas dans la tombe et que son avenir éternel ne dépend pas du traitement de son corps après son décès.
3. On peut préférer l’incinération, parfois moins coûteuse et qui peut éviter l’entretien d’une tombe, notamment lorsque la famille habite loin du lieu de l’inhumation. D’autres mettent en garde contre la pollution entraînée par l’incinération de personnes qui ont des amalgames dentaires contenant du mercure.
Pour conclure
Il est important que chacun soit convaincu de ses choix (Rom 14.5). Mais il n’y a pas d’argument théologique clair et décisif en faveur d’un choix. Les motivations sont importantes et le choix d’une méthode ne doit pas être dirigé par des considérations faisant intervenir de fausses doctrines (comme la purification par le feu, ou la croyance que le corps physique doit être préservé). Enfin, il convient de veiller à ne pas choquer inutilement nos proches.
Source : Un chrétien peut-il être incinéré ?
https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/evangile-21-repond-un-chretien-peut-il-etre-incinere/
- Edité par Charvin Olivier
L’espérance chrétienne face à la mort ne supprime pas la douleur de la perte de nos proches. Comment mettre en pratique l’exhortation de Paul : « Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles » (1 Thes 4.18) ? En reliant l’analyse du parcours du deuil avec les vérités bibliques, cherchons comment devenir un interlocuteur à l’écoute des besoins des personnes endeuillées que nous rencontrons.
Cette étude relève donc de la théologie pratique plus que de la dogmatique.
L’accompagnement des personnes endeuillées fait partie de notre mission en tant que chrétiens ; et pourtant nous nous trouvons souvent démunis.
Les conséquences du deuil pour les chrétiens sont nombreuses. La foi n’empêche pas leur impact ; parfois même, la souffrance du deuil vient questionner la foi de nos frères et sœurs. Il nous faut donc nous armer pour pouvoir leur offrir un soutien fort et indéfectible !
1. La mort, un choc ! Et un questionnement…
Quand le souffle disparaît d’un corps pour ne laisser que de l’inerte, un temps de sidération est inévitable. Choc de l’irruption d’un changement définitif et total : la personne était vivante il y a quelques minutes et, d’un coup, elle n’est plus là, elle ne reviendra pas.
La Bible nous parle de ce choc de la mort qui surgit dans le monde créé par Dieu. En Romains 5.12, la mort est présentée comme la conséquence de la rupture avec Dieu. La réalité de la mort a impacté toutes les cultures. À travers l’Histoire et les continents, les rites funéraires ont pour objectif de créer un pont entre les vivants et les morts. Ils correspondent à un devoir à rendre à la personne décédée, en respectant ses dernières volontés et en facilitant son passage vers un au-delà ; les rites expriment aussi le besoin social d’entourer les proches.
Face à la mort d’un proche, chacun se questionne sur sa propre mort, inéluctable. À la douleur de perdre un être aimé, se mêle la conscience ravivée de sa propre finitude qui peut engendrer peur, tristesse, révolte…
Là aussi, on pourrait directement affirmer notre vie éternelle en Christ.
Mais n’oublions pas qu’avant notre résurrection, il y a aussi le passage par la mort, avec tout le dépouillement que cela suppose. L’enjeu est de pouvoir assimiler le fait inéluctable de devoir un jour traverser la mort, en donnant du sens à notre vie, du fait même de sa brièveté.
2. Le deuil, une épreuve de vie
Le deuil est un état douloureux provoqué par la perte d’un être humain. Le lien qui me mettait en relation avec l’autre est coupé.
Mais le deuil est aussi un parcours : le processus psychique par lequel une personne parvient progressivement à se détacher d’un être cher qui est mort.
Le deuil est un processus de guérison qui se fait dans la durée, naturellement. Chaque deuil est unique.
Néanmoins, on relève un certain nombre de constantes entre les histoires des uns et des autres.
Conséquences du deuil
• Psychologiques : ce sont les plus évidentes. 39 % des endeuillés disent avoir eu des effets psychologiques (allant dans 12 % des cas jusqu’aux pensées suicidaires) ;
• physiques : le corps parle et exprime la douleur par des symptômes très variés ;
• familiales et relationnelles : l’endeuillé doit recomposer son paysage relationnel pour faire face au manque ;
• professionnelles : plus d’un actif sur deux a eu besoin d’un arrêt de travail pour encaisser le choc d’un deuil ;
• financières : diminution des ressources ou questions autour de l’héritage (jalousies, conflits au sein des fratries) ;
• spirituelles : selon une enquête, 30 % des personnes ont connu des ébranlements de conviction spirituelle.
Pour les chrétiens aussi, il se peut que la brutalité ou l’injustice de certaines morts vienne heurter leur foi.
Si Dieu est tout-puissant, comment peut-il accepter cette mort si atroce ? Si Dieu est amour, comment peut-il vouloir nous séparer ? Si Dieu écoute ses enfants, pourquoi n’a-t-il pas répondu aux demandes de guérison ou de protection ? Ces questions ont leur place dans le deuil. Les appels au secours des Psalmistes disent assez l’importance d’oser exprimer oralement sa souffrance.
Le temps du deuil
Une des découvertes de l’enquête du CRÉDOC [note]Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie, Consommation et modes de vie N° 286 ISSN 0295-9976, Octobre 2016[/note] est de montrer combien les processus de deuil sont plus longs qu’il n’y paraît. 42 % des français sont en deuil ! 24 % sont dans ce processus depuis moins d’un an, 34 % depuis 1-5 ans, 31 % depuis 5-20 ans, 12 % depuis plus de 20 ans. Dire que certains parlent d’un deuil à clore en quelques mois !
Comme dirait l’Ecclésiaste, il y a un temps pour tout.
Un temps pour rire et un temps pour pleurer (3.4). Le temps des larmes est utile pour vider son chagrin.
3. Les étapes du deuil
Elisabeth Kubler-Ross (médecin, pédiatre et psychiatre, 1926-2004) a défini des étapes du processus de deuil.
Chaque individu reste plus ou moins longtemps sur chaque étape. Dans les cas difficiles, certains endeuillés restent bloqués à une étape.
• Le choc et le déni : juste après le décès, la personne est coupée de la réalité par une sidération qui met à distance le stress. Même si le cerveau intellectuel a intégré le décès, l’information n’a pas encore atteint les niveaux plus intérieurs. Les émotions sont alors comme anesthésiées. Le déni s’apparente au refus de croire à la réalité.
• La colère : la colère est normale dans un processus de deuil. On est en colère contre les médecins, la famille, soi-même, la vie ou Dieu. Il y a aussi des colères contre le défunt : il nous a abandonnés, il n’a pas rempli son contrat relationnel.
• La négociation ou marchandage : c’est une volonté de remonter le temps, pour changer le cours des choses. Elle naît souvent de la culpabilité ; « si seulement j’avais fait ou pas fait… » On essaie ainsi d’échapper à son propre sentiment d’impuissance.
• La dépression ou tristesse : l’endeuillé ressent un grand vide intérieur. Il se replie sur lui et la dépression vient engourdir le système nerveux. La tristesse est légitime.
• L’acceptation : quand la vie reprend le dessus, une lente remontée a lieu ; l’endeuillé redéfinit son identité, sa relation aux autres, ses objectifs de vie… Celle-ci entraînera une période de reprise de la vie par petites touches. Puis on reprend progressivement la capacité à décider et choisir (Cf. David en 2 Sam 12.20,24).
Il y a dans la courbe des étapes du deuil un mouvement descendant puis un mouvement remontant. La phase la plus basse, au milieu, est celle de la tristesse ; elle peut surprendre l’entourage à un moment où l’on pense que, le deuil ayant déjà commencé depuis un certain temps, il serait possible de déjà remonter.
Or, le découragement et le vide se font souvent plus fortement ressentir au bout de quelques mois.
Concluons cette présentation des étapes du deuil en précisant que ce parcours mène à la vie : en sortant du deuil, on s’aperçoit que l’on peut non seulement survivre mais savourer la vie !
4. Accompagner le deuil
L’endeuillé peut croire que personne ne peut vraiment comprendre sa douleur. Accompagner le deuil, c’est rejoindre la personne pour briser le cercle de sa solitude, par sa présence. La consolation se nourrit de l’affection.
Écouter
Un des aspects de l’écoute est de reconnaître la légitimité du deuil et de toutes les émotions qui y sont liées. Cela demande une sensibilité pour faire preuve d’empathie, alliée à une solidité intérieure. Écouter est l’attitude première et essentielle.
L’écoute se fait d’abord autour de trois espaces de questionnements à développer :
• Qui ? Parlez-moi de lui… Il s’agit de faire parler du défunt. En faisant le récit de sa vie, de son caractère, avec quelques anecdotes, pour quelques minutes, on le fait revivre, on honore sa mémoire.
• Quoi ? Que s’est-il passé ? Qu’avez- vous vécu au moment du décès ? Les endeuillés ont besoin de raconter. C’est une façon de sortir du traumatisme et aussi d’accepter ce réel.
• Où en êtes-vous ? Après avoir parlé de celui qui est mort, il est bon de donner à la personne en deuil toute notre attention. Cela lui permet aussi de se recentrer et de reprendre contact avec la vie.
Le silence peut aussi avoir sa place : il ne s’agit pas là de remplir l’espace ou d’avoir le dernier mot. Voir pleurer quelqu’un peut mettre mal à l’aise. Mais permettre à la personne de pleurer, c’est lui offrir une épaule sur laquelle s’épancher pendant quelques minutes ; c’est prendre soin d’elle.
Soutenir
L’endeuillé est celui qui fait le parcours du travail de deuil. Il n’y a pas lieu de le faire à sa place. Cependant, l’accompagnement consiste à le soutenir. Ce soutien n’est à envisager d’une façon ni autoritaire (ne rien faire sans son accord), ni paternaliste (« vous devriez … »), ni lénifiante (« ça va passer »). Il s’agit plutôt de, pas à pas, nommer les avancées, chercher ensemble les appuis. En tant que chrétiens évangéliques, nous pouvons offrir une « constance sereine » : l’endeuillé peut exprimer sa douleur de façon paradoxale en alternant hyperactivité et abattement. Accepter ces variations avec calme fait partie de la mission de l’accompagnant. Soutenir, c’est aussi prier : assurer la personne de ma prière lui donne un appui affectif et spirituel. L’aider à retrouver elle-même le chemin de la prière est un soutien utile.
Parfois, le soutien le plus utile sera une aide matérielle (rangements) ou administrative (formalités). Le soutien sera particulièrement fort au moment des dates importantes : Noël, l’anniversaire du défunt et le premier anniversaire de sa mort. Le maître mot : accompagner la personne à son rythme et selon ses besoins !
Témoigner
C’est une tâche spécifique du chrétien : être témoin de l’Évangile, la bonne nouvelle du Salut. L’annonce de l’amour de Dieu est un des piliers de notre témoignage.
L’injonction de Paul que nous citions pour commencer : « Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles » (1 Thes 4.18) vient souligner le fait que les promesses de Jésus concernant la vie après la mort changent radicalement la perspective de la mort. Pour un chrétien, la certitude de la sérénité dans laquelle reposent nos bien-aimés disparus apaise la souffrance du deuil [note] Quand cette certitude est absente, l’apaisement demande une difficile prise de recul :Cf. John Piper, How do I find peace when unsaved loved ones die?The Gospel Coalition [NDLR] .
Pour conclure
Le prophète Ésaïe proclamait : « Consolez, consolez mon peuple ! » (40.1). Cet ordre prophétique est-il encore d’actualité ? Il semble bien si on écoute l’apôtre Paul : « Il nous console dans toutes nos détresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de Dieu » (2 Cor 1.3,4 ; trad TOB). Le mot grec est paraklesis pour consolation et parakaleo pour le verbe consoler. La racine « para-kaleo » revient 9 fois en 6 versets. Elle se traduit littéralement par « appeler auprès de… ». La consolation est bien une présence aux côtés de celui qui souffre.
Sachant que le parakletos est aussi le mot désignant le Saint-Esprit (Jean 15.26), on fera le rapprochement entre consolation et action du Saint- Esprit. La consolation est au cœur de la mission de Dieu envers chaque être humain et il veut nous employer à cela !
En conclusion, la consolation s’appuie sur la conscience de la douleur de l’autre, et la force d’une conviction chrétienne intérieure. La consolation se joue dans la vérité de cette relation d’affection. La consolation oblige donc son auteur à tenir ensemble la douleur de l’autre (sans l’occulter) et la force intérieure de sa propre foi.
Passer des larmes au sourire, sera ensuite son chemin de deuil, sur lequel nous l’accompagnerons, pas à pas, dans la confiance en Celui qui est la Vie.
Version condensée par la Rédaction de Promesses de : Nicole Deheuvels, « Accompagner le deuil », l’IBphile, n°194, avril 2022
https://www.ibnogent.org/ibphile-de-linstitut-biblique/
- Edité par Deheuvels Nicole
Expériences et réflexions d’un médecin
Il y a un an, ma grand-mère nous a quittés
C’était une grand-mère géniale et j’étais très proche d’elle. Dans ma jeunesse, je passais toutes mes vacances scolaires avec elle ; quand j’étais une jeune adulte, sa maison dans le Limousin était mon havre de paix.
Nous regardions des matchs de foot en mangeant des biscuits. Rien qu’en écrivant cet article, je sens des larmes me monter aux yeux. Elle est décédée d’un cancer généralisé… et franchement, ce n’était pas beau à voir. Dans les derniers mois, elle souffrait atrocement et nous – ses proches – le voyions bien, même si elle était très digne. Mon sentiment d’impuissance (je suis en médecine en plus !) était à son paroxysme. Voir ma « Maminette » changée par la douleur me brisait le cœur. À la fin, elle était perfusée en morphine 24h/24h… Bref, à l’époque, je n’aurais pas écrit un article sur l’euthanasie… car ce que j’aurais dit aurait sûrement été dicté par mon ressenti du moment ! La douleur et la souffrance que peut connaître un proche en fin de vie nous bouleversent et obscurcissent passablement notre jugement. On risque alors de perdre un peu de notre capacité à raisonner et de notre objectivité quand on aborde la question de l’euthanasie.
Qu’entendons-nous par « euthanasie » ?
S’agit-il de refuser d’accorder un traitement de survie qui est pesant ou inutile ? De refuser d’accorder un traitement de survie quelle qu’en soit la raison ? D’obtenir d’un médecin qu’il vous tue à votre demande ?
On évoque souvent l’euthanasie comme un acte de compassion. On parle d’ « abréger les souffrances » d’un être aimé, de le laisser partir avec dignité…
Euthanasie veut littéralement dire « belle mort ».
La pratique n’est pas nouvelle. Dans la Bible, nous voyons le récit de l’euthanasie d’Abimélec. Une tierce personne est chargée de le tuer pour lui donner « une mort digne » (Jug 9.52-54). Mais même si l’argument est souvent bien présenté (on remplace les termes « suicide assisté » ou « meurtre » par des termes plus flatteurs), rappelons-nous ce que nous dit la Parole de Dieu. En Genèse 9.1-7, Dieu régule la vie des humains dans le monde de l’après-déluge. Puis il établit un droit pénal (ou punitif) qui reflète la valeur de la vie : si quelqu’un met à mort, il devra être mis à mort par d’autres êtres humains. Ce qui est souligné ici, c’est que tuer un être humain porte atteinte à l’image même de Dieu. Nul ne peut impunément verser le sang d’un autre être humain (voir aussi Exode 20.13).
Le débat soulève d’autres problématiques
1. L’erreur diagnostique et/ou la possibilité de guérison
L’erreur de diagnostic est beaucoup plus fréquente qu’on ne l’imagine. En médecine (et je suis bien placée pour le savoir), le diagnostic comme le pronostic d’un patient sont sujets à erreur. Le Scaphandre et le Papillon est une autobiographie de Jean-Dominique Bauby (ex-rédacteur en chef du magazine féminin Elle). En 1995, il est victime d’un accident cardio-vasculaire qui le plonge dans un coma dont il sort affecté du syndrome d’enfermement. Conservant la plénitude de ses capacités intellectuelles, il ne peut plus mouvoir que l’une de ses paupières, ce qui lui permet d’établir une communication avec d’autres personnes. Dans le livre (écrit en dictant chaque lettre par le clignement de son œil gauche) il raconte son expérience du « locked-in syndrome » qui l’a enfermé dans un corps ne répondant plus à son esprit. Au moment où Jean-Dominique Bauby a été transporté à l’hôpital, tous croyaient qu’il était dans un état végétatif chronique et on voulait lui ôter les respirateurs et les sondes qui le nourrissaient. Mais cet état végétatif chronique était un mauvais diagnostic. Voici un extrait de son livre :
Je reçois des lettres remarquables. On les ouvre, les déplie et les expose sous mes yeux selon un rituel qui s’est fixé avec le temps et donne à cette arrivée du courrier le caractère d’une cérémonie silencieuse et sacrée. Je lis chaque lettre moi-même scrupuleusement.
Certaines ne manquent pas de gravité. Elles me parlent du sens de la vie, de la suprématie de l’âme, du mystère de chaque existence et, par un curieux phénomène de renversement des apparences, ce sont ceux avec lesquels j’avais établi les rapports les plus futiles qui serrent au plus près ces questions essentielles. Leur légèreté masquait des profondeurs. Étais-je aveugle et sourd ou bien faut-il nécessairement la lumière d’un malheur pour éclairer un homme sous son vrai jour ?
Cet homme, que d’autres ont considéré comme un légume, était pleinement « présent ». De même, dans d’autres situations, on risque de proposer l’euthanasie à des personnes pour qui la guérison reste parfois possible… Je pense par exemple à des personnes tétraplégiques qui se croient sans espoir de remarcher un jour, alors qu’ils y parviennent au bout de quelques années !
2. La valeur de la vie
Nous avons déjà parlé de ce grand principe à maintes reprises, mais je vais le marteler une fois de plus : la valeur de la vie se mesure à l’aune de Dieu ! Une vie reflète sa gloire, même dans la maladie, même dans la souffrance. Elle interpelle la compassion des autres et invite à partager ces fardeaux. Rappelons-nous que l’euthanasie est souvent motivée par la souffrance ou la peur : une personne qui souffre énormément ou qui a peur de souffrir, peur d’être dépendante, peur d’être indigne… ou une personne qui se sent inutile ou qui craint de le devenir. Il est pathétique et tragique que des personnes âgées ou handicapées fassent l’objet d’une pression silencieuse, où l’on évoque le coût de leurs soins par exemple. Combien de gens ressentent dans leur vie même une forme de culpabilité inacceptable ?
3. Le dérapage de la généralisation
Sans vouloir être alarmiste, je tiens à faire remarquer qu’en toute logique à partir du moment où le confort devient le critère retenu d’une vie qui mérite d’être vécue, même les déprimés pourront un jour demander l’euthanasie [note] La législation a nettement évolué dans ce sens depuis la rédaction de l’article, notamment en Belgique.[/note] .
Une fois que l’Allemagne nazie s’est emparée du livre Destruction des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues [note] Karl Binding et Alfred Hoche, Die Freigabe der Vernichtung lebensunwerten Lebens (=Libéralisation de la destruction de vies qui ne valent pas d’être vécues),1920.[/note] , elle a créé la notion d’« homicide légitime aux malades incurables ». Le droit à la vie devait se justifier.
On se mit alors à calculer en cours de mathématiques le coût que représentaient les vieillards malades.
Un programme d’extermination se mit en place. À Hartheim, 70 273 individus ont été tués, réalisant une économie de 245 955 Reichsmarks. Lors des procès de Nuremberg, un psychiatre américain tenta de comprendre comment des hommes cultivés avaient pu en arriver là. Son constat : tout découlait de l’idée que la vie n’est pas digne, en elle-même, d’être vécue et que la valeur d’une vie se mesurait à son mérite.
4. Le rôle du médecin
Le serment d’Hippocrate (que doivent prêter tous les nouveaux médecins) décrète que le médecin ne s’occupe que du pouvoir de la vie (et non de la mort) :
« Dans toute la mesure de mes forces et de mes connaissances, je conseillerai aux malades le régime de vie capable de les soulager et j’écarterai d’eux tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible. Jamais je ne remettrai du poison, même si on me le demande, et je ne conseillerai pas d’y recourir. Je ne remettrai pas d’ovules abortifs aux femmes. [note] Extraits du texte antique. Les versions actualisées sont plus évasives sur ces points. [NDLR] [/note] »
Un médecin qui tue ? C’est un retour tragique d’au moins 2 500 ans en arrière dans la morale.
En revanche, je dirais que s’il est bibliquement défendable de ne pas attenter à la vie, il n’est pas bibliquement défendable de chercher à la prolonger à tout prix.
Selon la médecine actuelle, la mort est un échec.
J’ai souvent vu lors de mes stages des médecins s’acharner sur des patients, ne pouvant admettre qu’ils avaient « échoué » à sauver un patient !
Mais la perspective biblique est que la mort n’est pas un échec. C’est l’aboutissement de la vie et une réalité inéluctable… alors non à l’acharnement thérapeutique ! Il faut reconnaître la différence entre nourrir un corps inconscient (fonctions normales et vitales) et imposer aux corps des traitements très lourds, pénalisants, douloureux, pour prolonger une agonie dont l’issue est certaine. Alors doit-on juste se croiser les bras en regardant l’agonie de nos proches ? Non ! Heureusement la médecine a fait des progrès incroyables et propose une alternative : les soins palliatifs. On estime qu’un spécialiste est capable d’abolir totalement la douleur physique dans environ 95% des cas. Et il reste alors la douleur spirituelle et émotionnelle, qu’il faut combler par la compassion, le dialogue et la présence. La Bible n’est pas opposée à l’idée d’alléger la souffrance du mourant. Par exemple Proverbes 31.6 nous dit : « Donnez des boissons fortes à celui qui périt et du vin à celui qui a l’amertume dans l’âme. »
Voici mon appel pour la médecine en France : je rêve qu’un jour, au lieu de dépenser des millions dans le développement de la chirurgie esthétique on investisse dans la recherche sur le traitement de la douleur. Aujourd’hui, beaucoup de médecins et de politiciens sont pro-euthanasie, car c’est une solution de facilité ! On ne veut pas voir la mort, la souffrance et on ne veut surtout pas avoir à s’en occuper… alors on élimine le problème. Mais cela revient à s’amputer la main, parce qu’on s’est cassé un ongle. Au lieu de considérer l’euthanasie comme la solution miracle, ne peut-on pas se retrousser les manches et améliorer la prise en charge physique, psychologique et morale des mourants avec des pôles multidisciplinaires (médecins, infirmières, assistance sociale et pasteurs/prêtres) ?
https://www.larebellution.com/2013/04/14/du-caractere-sacre-de-la-vie-fin-de-vie-euthanasie-12/
https://www.larebellution.com/2013/04/21/du-caractere-sacre-de-la-vie-fin-de-vie-euthanasie-22/
- Edité par Path-Laplagne Fidji
Les EMI : le tunnel obscur et la lumière au bout
Quand j’étais jeune, dans les années 80, j’ai dévoré les livres du psychologue et médecin américain Raymond Moody, premier auteur à succès s’étant penché sur ces Expériences de Mort Imminente (EMI ou NDE, Near Death Experience en anglais [note] Le titre est pudique : puisque tous sont revenus, il est difficile de parler de mort. Mais les livres de Raymond Moody en parlent comme si c’était réellement la mort : La vie après la vie, Lumières nouvelles sur la vie après la vie. Voir également les ouvrages de Kübler-Ross, Osis et Haraldsson etc.[/note] ). Voici une description de ce type d’expérience :
« Voici donc un homme qui meurt, et, tandis qu’il atteint le paroxysme de la détresse physique, il entend le médecin constater son décès. […]
Il se sent emporté avec une grande rapidité à travers un obscur et long tunnel. Après quoi il se retrouve soudain hors de son corps physique, sans quitter toutefois son environnement immédiat ; il aperçoit son propre corps à distance, comme en spectateur. […] Bientôt, d’autres événements se produisent : d’autres êtres s’avancent à sa rencontre, paraissant vouloir lui venir en aide ; il entrevoit les esprits de parents et d’amis décédés avant lui. Et soudain, une entité spirituelle, d’une espèce inconnue, un esprit de chaude tendresse, tout vibrant d’amour, un être de lumière se montre à lui. Cet être fait surgir en lui une interrogation, qui n’est pas verbalement prononcée, et qui le porte à effectuer le bilan de sa vie passée. L’entité le seconde dans cette tâche en lui procurant une vision panoramique, instantanée, de tous les événements qui ont marqué son destin. Le moment vient ensuite où le défunt semble rencontrer une sorte de barrière, ou de frontière, symbolisant l’ultime limite entre sa vie terrestre et la vie à venir.
Mais il constate alors qu’il lui faut revenir en arrière, que le temps de mourir n’est pas encore venu pour lui. À cet instant, il résiste, car il est désormais subjugué par le flux des événements de l’après-vie et ne souhaite pas ce retour. » [note] Citation de R. Moody, La vie après la vie, p. 36-37. On remarque la similitude avec le mythe d’Er que Platon relate dans le dixième livre de La République. Un soldat meurt, visite le pays des morts et revient. Tous les détails observés par Moody sont présents : décorporation, vue d’en haut, vision panoramique et rencontre avec des êtres surnaturels. Cette citation est reprise de mon livre sur la réincarnation(Florent Varak, La réincarnation, Éditions CLÉ).[/note].
Depuis la publication de ces ouvrages, des études scientifiques plus fines ont été menées pour décrire avec précision ce phénomène. Adrien Peyrache est neuroscientifique à l’université McGill, au Canada, où il dirige un laboratoire de recherche. Il note les constantes que l’on retrouve dans ce type d’expériences :
« Ces travaux conduits par Helena Cassol, neuropsychologue et doctorante en sciences biomédicales, mettent en évidence 11 composantes : vision d’une lumière, rencontre avec des défunts ou avec un être mystique, hyperlucidité, narration de scènes, sensation d’être dans l’obscurité, expérience de décorporation (Out-of-Body Experience, ou OBE), impression d’être mort, souvenir d’événements de vie passés ou de prémonitions, sensation d’entrer dans l’expérience de mort imminente, retour de l’expérience de mort imminente, perception altérée du temps. » [note] Adrien Peyrache, « Expériences de mort imminente : le quête d’une explication rationnelle », La Recherche, n° 540, octobre 2018, p. 60-64.[/note]
Les EMI : des expériences fiables ?
Ces expériences ne sont pas fiables dans le sens où elles ne décrivent pas ce qui se passe à la mort. Voilà pourquoi.
• Des expériences similaires sont vécues dans d’autres circonstances. Une personne sous anesthésie décrit un état analogue : « Après avoir été endormi – ce à l’éther ou au protoxyde d’azote, je ne sais plus – le garçon s’était retrouvé comme flottant près du plafond de la chambre ; au-dessous de lui, il se voyait lui-même, immobile, pendant que le praticien, aperçu de dos, se penchait sur son travail. » [note]Préface de P. Misraki dans l’ouvrage de R. Moody, La vie après la vie, p.10.[/note]
• Il existe d’autres conditions où l’état de la conscience est altéré : « Certaines expériences furent tentées, qui consistaient à provoquer une expérience métaphysique par une ingestion de LSD, afin d’aider les malades terminaux à transcender leur peur de la mort. Ainsi par exemple, Kast fit une première expérimentation contrôlée en 1966.
Du LSD fut administré à 80 patients souffrant de tumeurs malignes. 90 % des patients en retirèrent une conscience accrue du sens de leur existence, et changèrent radicalement leur approche de la mort.
[…] Étonnamment, [les chercheurs] observèrent aussi que la condition physique des patients qui avaient vécu ainsi une expérience transcendante s’était améliorée de façon spectaculaire. » [note]C. Hardy, L’après-vie à l’épreuve de la science, Éditions du Rocher, 1986, p. 48-49.[/note]
Il est vrai qu’à l’approche de la mort, et spécialement en cas de mort violente, des mécanismes physiologiques sont activés, donnant lieu à des sensations semblables à celles décrites plus haut. Les explications psychologiques sont également intéressantes, mais ne semblent pas convaincantes.
Un autre phénomène troublant est la « couleur religieuse » de l’expérience. La mère d’un ami, de famille chrétienne, a vécu cet événement de la mort imminente selon une grille de références chrétiennes. Est-ce à dire que chacun voit la mort selon sa compréhension ?
Un auteur adepte de la réincarnation prétend : « Le mort qui reste lucide, qui ouvre ses yeux et ses oreilles, celui-là verra après quelque temps cette lumière devenir une divinité. Et là, il se passe une chose peu compréhensible mais qui prouve que tous les hommes, malgré leurs différences, sont les fils de la nature. En effet, un chrétien verra Jésus-Christ, un Juif apercevra Moïse, un musulman contemplera Mohamed, un Indien découvrira Bouddha, un athée verra Socrate, etc. […]
L’important est d’atteindre la lumière qui se trouve sur la montagne secrète, […] peu importe la pente que l’on gravit. » [note] P. Vigne, La réincarnation, sur les traces des vies antérieures : les preuves de leurs existences, Éditions de Vecchi, 1988, p. 112.[/note]
Cette belle « macédoine » religieuse incite à pencher vers l’hypothèse d’une projection. Les visions de nature spirituelle sont nombreuses et variées. Une femme de mineur d’une soixantaine d’années se mourait d’un cancer excessivement douloureux. En extase, semblant très heureuse, elle dit à l’infirmière dans un état de parfaite lucidité : « La Vierge Marie ! Comme elle est belle ! » [note] Adrien Peyrache,
op. cit.
, p. 63[/note] Si chacun voit ce à quoi il croit, comment peut-on penser être devant le véritable récit de la mort ? Et si tous sont revenus, c’est qu’aucun n’était vraiment mort !
Une étude scientifique invalide cette thèse des EMI
Peyrache note déjà que contrairement aux affirmations de la littérature (Moody en tête), il y a près de 20 % d’expériences négatives. Il ne faut donc pas déduire que la mort, telle que représentée par ces livres à succès, donne une image globale constante de ceux qui s’en seraient approchés. Il note aussi que pour plusieurs, ces expériences « constituent la preuve de l’existence d’une vie après la mort. Ce raisonnement ne repose sur rien de sérieux. Par définition, aucun de ceux qui ont rapporté un vécu d’expériences de mort imminente n’a connu la mort. “Tout vient d’une confusion entre les concepts de mort cérébrale, où le cerveau est devenu totalement inactif, et de mort clinique, laquelle se limite à la cessation de la respiration et de la circulation sanguine, laissant ainsi encore une chance de récupération”, explique Charlotte Martial. Ainsi, les EMI ne nous permettent-elles pas de tirer la moindre conclusion scientifique au sujet d’un au-delà. » [note] Adrien Peyrache, op. cit., p. 64.[/note]
Et la Bible ?
La Bible rapporte plusieurs cas de « ressuscitation » [note]À distinguer de la « résurrection » puisque ces individus sont repassés par la mort. La résurrection, selon la Bible, touchera croyants et non-croyants (Act 24.15), donnant un corps impérissable dans la présence de Dieu ou dans l’absence de Dieu.[/note] , sans que ne soient décrits le ressenti ou l’expérience des individus concernés. Cette sobriété du récit biblique est à mon sens un argument qui plaide en faveur de l’historicité des événements relatés. Nous aurions posé mille questions au sujet de ce qu’il y avait de l’autre côté, nous aurions rapporté la réponse à grand renfort de publicité et d’exagération ! Mais rien de cela. Seul le rapport du fait nous est laissé.
Voici quelques-unes des ressuscitations miraculeuses, spectaculaires, que rapporte la Bible :
• trois dans l’A.T. : le fils de la veuve de Sarepta (1 Rois 17.17-22) ; le fils de la Sunamite (2 Rois 4.18 -37) ; et l’homme dont le corps touche les os d’Élisée (2 Rois 13.20-21) ;
• trois dans les Évangiles : la fille de Jaïrus (Marc 5.35 -42) ; le fils de la veuve de Naïn (Luc 7.12 -15) ; Lazare (Jean 1.38-44) ;
• une dans le livre des Actes : Tabitha (Act 9.36-41).
Absolument rien ne transparaît de leur expérience.
L’accent est tout entier placé sur la vie accordée, sur le réconfort des proches, sur la puissance de Dieu, sur la foi en Christ, auteur d’une restauration complète par l’Évangile.
Nous sommes tellement curieux sur l’au-delà ! Mais la Bible ne joue pas sur notre imagination et concentre l’essentiel de notre attention sur « ici et maintenant », avec seulement quelques brèves descriptions ou anticipations de la vie au-delà du voile (cf. 1 Cor 15 ; 2 Cor 4-5 ; 12 ; Apoc 6…).
Cela doit nous inviter à la plus extrême prudence devant ceux et celles qui mettent en avant des voyages extraordinaires dans l’au-delà. Le monde spirituel n’est pas neutre (2 Cor 11.14). La fraude est fréquente, même parmi ceux qui se réclament d’une spiritualité « chrétienne ».
Il serait tragique de compter sur les EMI pour affronter la mort, quand elles ne sont que le fruit de l’imagination ou de conditions physiologiques non identifiées par la médecine. Mieux vaut considérer la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ – résurrection qui est un événement historique attesté ! À la sœur de Lazare, mort et enterré et qu’il ressuscitera peu de temps après, Jésus dit, pour notre réconfort et notre assurance : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jean 11.25-26).
- Edité par Varak Florent
Quand un croyant meurt [note]Si la personne était non-croyante, l’absence d’espérance entraîne de la tristesse. John Piper a envisagé cette situation et se réfère à l’expérience de Paul (2 Cor 6.8-10). [/note] , son entourage devrait-il pleurer ou se réjouir ? La réponse biblique intègre les deux sentiments, qui peuvent même s’exprimer de façon simultanée.
J’ai pu observer cela dans la Parole, alors que j’étais en train de mémoriser la lettre de Paul aux Philippiens. Je n’avais jamais remarqué auparavant le contraste des émotions entre Philippiens 2.17-18 et 2.27.
Une invitation à la joie
Paul entrevoit sa propre mort : il la décrit comme une « libation pour le sacrifice et pour le service de votre foi » (Phil 2.17-18). Il est prêt à mourir au service de l’affermissement des croyants de Philippes.
Puis il ajoute, toujours en parlant à sa propre mort : « Je m’en réjouis et je me réjouis avec vous tous. Vous aussi réjouissez-vous de même et réjouissez-vous avec moi. » (v.18). Non seulement il se réjouit à l’idée de son départ, mais il leur demande de se réjouir avec lui !
Il leur a déjà dit pourquoi la perspective de sa propre mort le réjouit : « j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur » (Phil 1.23). Il pense qu’ils devraient aussi se réjouir, pour la même raison. Ils aiment Paul. Ainsi, ils sont convaincus que lorsque Paul sera « avec Christ », ce sera « de beaucoup le meilleur » pour lui.
Vivre une douleur intense
Mais ce n’est pas tout. Dix versets plus loin, Paul loue Épaphrodite, car « c’est pour l’œuvre de Christ qu’il a été près de la mort » (2. 29,30).
Mais il n’est pas mort. Et Paul en est heureux. Voici ce qu’il dit : « Il a été malade, en effet, et tout près de la mort ; mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n’aie pas tristesse sur tristesse. » (v.27).
Dieu a eu pitié de Paul, de peur qu’il n’ait tristesse sur tristesse. En d’autres termes, il n’a pas laissé mourir Épaphrodite, notamment afin que Paul n’ait pas à endurer cette douleur en plus de tous ses autres fardeaux.
Ainsi, lorsque Paul dit : « Réjouissez-vous avec moi » (Phil 2.18) en évoquant sa propre mort, cela ne décrivait pas la totalité de son ressenti émotionnel.
Paul aurait connu « douleur sur douleur » si Épaphrodite était mort.
Une harmonie complexe
Que devrions-nous conclure de cela ?
Nous devrions en conclure que nos tristesses lors de la mort d’un croyant sont des chagrins joyeux, et que notre joie lors de la mort d’un croyant est une joie empreinte de tristesse. Il n’y a pas de désespoir dans la tristesse. Et il n’y a pas de désinvolture dans la joie.
Dans ce contexte, la joie apporte une bénédiction, et la tristesse est adoucie par une espérance invincible.
C’est pourquoi l’un des mots d’ordre les plus courants de la vie chrétienne est « triste mais toujours joyeux » (2 Cor 6.10). La tristesse et la joie peuvent être simultanées. Ce n’est pas de la schizophrénie émotionnelle, mais l’harmonie complexe de l’âme du chrétien.
Ainsi, lorsqu’un chrétien meurt, ne rejetez pas la tristesse. Et ne méprisez pas non plus la joie dans les yeux de celui qui aimait le défunt.
Source : Décès : devrions-nous pleurer ou nous réjouir ? – Évangile 21
(thegospelcoalition.org)
L’autorisation de publication de cet article a été aimablement donnée par John Piper.
© 2015 Desiring God Foundation (www.desiringGod.org).
- Edité par Piper John
Au milieu d’une discussion longue et détaillée sur la résurrection dans 1 Corinthiens 15, Paul lance une phrase déroutante :
« Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? » (1 Cor. 15.29)
Dans un chapitre remarquable pour son argumentation claire et soignée, ce verset se démarque. L’église de Corinthe a certainement eu sa part de pratiques douteuses, mais baptiser au nom des morts semble étrange, même pour eux. Paul y fait juste allusion, sans expliquer ce qui se passait à Corinthe. Est-ce une pratique que l’Église devrait mettre en œuvre aujourd’hui ? Paul ne la condamne pas. Que devrions-nous alors penser ?
Il est difficile de dire exactement ce que faisaient les chrétiens de Corinthe.
La mention rapide du baptême pour les morts par Paul ne fournit pas beaucoup d’informations. Il n’est pas étonnant que les spécialistes estiment que plus de 200 théories différentes ont été proposées.
Les quatre interprétations les plus largement acceptées
1. Théorie du remplacement
Les personnes baptisées au nom des morts remplaceraient les saints de la congrégation qui sont décédés. Pour utiliser l’imagerie militaire : lorsqu’un soldat tombe, un autre se lève pour prendre sa place.
2. Théorie de l’évangélisation
Ils seraient baptisés en l’honneur de quelqu’un dont les prières ou l’évangélisation les ont amenés à la foi. Par exemple, peut-être que votre grand-mère a prié pour votre salut pendant toute votre jeunesse, et que vous êtes devenu chrétien après sa mort. Selon cette théorie, le baptême pour les morts signifierait simplement que vous honorez le rôle de votre grand-mère dans votre salut.
3. Théorie du baptême par procuration
Si une personne était en train de devenir membre de l’église et qu’elle est décédée avant de pouvoir être baptisée, quelqu’un pourrait se porter volontaire pour être baptisé en son nom. Pourquoi ? Probablement à cause d’une idée erronée selon laquelle le baptême est un rite mystique nécessaire à la vie éternelle.
Peut-être croyaient-ils que le salut ne serait pas possible pour une personne qui mourrait sans être baptisée, sauf si une personne vivante était baptisée à sa place.
En faveur de ce point de vue, l’expression « pour » les morts semble indiquer un type de baptême par procuration ou par substitution. Mais ce point de vue se heurte à des questions difficiles :
• Pourquoi les chrétiens de Corinthe auraient-ils une pratique particulière du baptême, qui ne serait mentionnée nulle part ailleurs dans la Bible ?
• Pourquoi Paul ne condamne-t-il pas cette pratique si elle n’est pas théologiquement correcte ?
• Pourquoi Paul ne recommande-t-il pas ou n’explique-t-il pas cette pratique si elle est bonne ?
4. Théorie du baptême à la hâte
Jean Calvin a avancé un argument solide contre la théorie du baptême par procuration, en affirmant que Paul n’aurait pas manqué de réfuter une vision aussi erronée du baptême. Après avoir reproché aux Corinthiens tant de péchés et d’erreurs, Paul ne passerait pas sous silence cette étrange pratique.
Calvin pensait que Paul faisait référence à un baptême normal et trinitaire. Pourquoi employait-il alors l’expression « baptisé pour un mort » ?
Calvin soutenait que si un nouveau converti se préparait à devenir membre de l’église et tombait malade au point que la mort semblait imminente, il pouvait demander à être baptisé sans avoir terminé sa préparation.
Devrions-nous baptiser pour les morts ?
Quel que soit le point de vue que nous trouvions le plus convaincant, ce qui nous laisse le plus perplexe à propos du baptême pour les morts, c’est que Paul ne le condamne ni ne l’approuve. Cela n’implique pas pour autant que nous ne puissions pas comprendre ce que Paul enseigne. Le silence de Paul nous laisse perplexes, mais il est aussi instructif. Ce qu’il dit ne concerne pas vraiment le baptême pour les morts.
Paul reconnaît simplement l’existence de la pratique, quelle qu’elle soit, et l’utilise pour construire une argumentation.
Nous devons considérer tout le chapitre pour comprendre cette argumentation.
Paul commence par défendre l’historicité de la résurrection de Jésus. Ensuite, il répond à ceux qui nient la résurrection, en leur demandant comment ils peuvent le faire si le Christ est ressuscité. Il énumère ensuite les résultats de la résurrection du Christ : les morts seront ressuscités, et le Christ reviendra pour établir son royaume et vaincre la mort une fois pour toutes. Paul présente des arguments supplémentaires en faveur de la résurrection, puis il mentionne le baptême des morts au verset 29.
Quand on arrive à ce verset, c’est comme si Paul disait : « Si les arguments précédents ne suffisent pas, voici encore une raison de plus de croire en la résurrection des morts ! » Le but de Paul n’est pas de condamner ou de louer cette pratique. Il veut simplement souligner que sans la résurrection, la pratique est absurde. Encore une fois, c’est comme s’il disait : « Si vous ne croyez pas en la résurrection, pourquoi baptiser au nom des morts ? Votre pratique est en contradiction avec votre croyance ! » Paul veut que nous reliions constamment notre foi et notre pratique.
S’il n’y avait pas de résurrection, alors la vie devrait être vécue à la poursuite de plaisirs passagers, et non au service du Christ. Pourtant, comme Paul l’a déjà affirmé, Christ est ressuscité – et les croyants peuvent être sûrs qu’ils le seront aussi. Si nous doutons de la résurrection, si nous vivons en contradiction avec la résurrection, si nous vivons comme si cette vie était tout ce que nous avions, alors Paul exhorte les Corinthiens, et nous, à ne pas nous laisser tromper (1 Cor 15.33).
Il est clair que non
Les églises devraient-elles donc baptiser pour les morts ? Non. Paul ne recommande pas implicitement cette pratique (et nous ne savons pas avec certitude ce que faisaient les Corinthiens, donc nous ne pourrions pas les imiter même si nous le voulions).
La remarque de Paul n’a rien à voir avec la justesse ou la fausseté de ce que faisaient les Corinthiens. Son enseignement porte plutôt sur l’espérance de la vie éternelle, qui nous appartient par la foi, car Jésus a vaincu la mort.
Source : Les chrétiens devraient-ils baptiser pour les morts ?
https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/les-chretiens-devraient-ils-baptiser-pour-les-morts/
- Edité par Regard Jean
Certains théologiens pensent que Jésus serait réellement descendu aux enfers ou au séjour des morts, dans l’intervalle entre sa mort sur la croix le vendredi et sa résurrection du tombeau le dimanche matin. Mais cette idée est controversée.
Pourquoi une telle controverse ?
Parmi les raisons de la controverse, il y a le fait qu’il n’existe aucun texte biblique unique qui traiterait de la doctrine de la descente aux enfers de manière complète, ou qui aborderait la question de manière claire et sans ambiguïté. En outre, la doctrine ne figure pas dans les premières versions du Credo des Apôtres, mais elle est apparue pour la première fois dans la forme aquilienne de ce dernier, qui date d’environ 390 après Jésus-Christ.
La doctrine a été formulée en assemblant différents textes de la Bible (principalement Ps 16.10; Éph 4.8-10; 1 Tim 3.16; 1 Pi 3.18-19 et 4.4-6) et de la déclaration du Credo en une image composite : « Jésus est descendu au Hadès, où il a prêché aux esprits emprisonnés avant d’être enlevé le troisième jour. » Il faut noter que dans cette version de la doctrine, la descente au séjour des morts est à la fois la dernière étape de l’humiliation et la première étape de l’exaltation de Christ, puisqu’il s’agit de proclamer triomphalement aux esprits asservis par le péché que Jésus a vaincu la mort et l’enfer.
Que disent au juste les textes ?
« Tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts, tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption » (Ps 16.10 ; cf. 30.3). Ce premier passage est le seul de l’Ancien Testament. Certains y ont vu une prophétie selon laquelle Jésus descendrait en enfer et en reviendrait.
Cependant, lorsqu’on l’examine de près, ce verset semble faire simplement référence à la délivrance de la mort, et non de l’enfer. Le terme « shéol » était fréquemment utilisé pour désigner simplement l’état de mort. Pierre et Paul ont tous deux interprété le Psaume 16.10 comme signifiant que le Père ne laisserait pas Jésus sous la puissance de la mort pour qu’il voie la corruption, ou, en d’autres termes, ne permettrait pas que son corps se décompose (Act 2.27-31 ; 13.34-35). Le psalmiste n’enseigne pas que Jésus descendrait dans un lieu appelé Hadès et en serait ensuite délivré ; il affirme que la mort n’aurait aucun pouvoir permanent sur Jésus.
« Étant monté dans les hauteurs, il a emmené des captifs, et il a fait des dons aux hommes. Or, que signifie : Il est monté, sinon qu’il est aussi descendu dans les régions inférieures de la terre ? » (Éph 4.8-9)
Le verset 10 précise que la montée s’est faite « au-dessus de tous les cieux », c’est-à-dire qu’il s’agissait d’un retour de la terre au ciel. La descente, par conséquent, était du ciel vers la terre, et non pas vers quelque part sous la terre. Ainsi, « les régions inférieures de la terre » (v. 9) doit être compris comme : « il était aussi descendu dans les régions inférieures [de l’univers], c’est-à-dire terrestres ».
« Le mystère de la piété est grand : Dieu a été manifesté en chair, justifié par l’Esprit, vu des anges, prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire » (1 Tim 3.16).
Il a été suggéré que les anges en question sont des anges déchus qui ont vu Jésus lors de sa descente aux enfers. Il convient toutefois de noter qu’à moins qu’une qualification ne s’attache au mot « anges », celui-ci se réfère toujours aux bons anges. Il semblerait conforme au reste du passage de considérer l’expression « vu des anges » comme la confirmation par des témoins célestes du fait que Dieu s’est manifesté dans la chair, et non comme une preuve que Jésus est descendu en enfer, où il aurait été vu par des anges déchus ou des démons.
« Christ a souffert une fois pour les péchés… il a été mis à mort quant à la chair, et rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison.» (1 Pierre 3.18-19).
Il existe plusieurs interprétations différentes de ce passage.
• L’opinion catholique romaine traditionnelle : Jésus s’est rendu au limbus patrum, (= la demeure des saints) qui avaient déjà vécu et étaient morts ; il leur a annoncé la bonne nouvelle de sa victoire sur le péché, la mort et l’enfer, puis les a fait sortir de ce lieu.
• L’opinion luthérienne : Jésus est descendu au Hadès non pas pour offrir la délivrance à ceux qui s’y trouvaient, mais pour déclarer et achever sa victoire sur Satan et prononcer une sentence de condamnation.
• L’opinion anglicane traditionnelle : Jésus est allé au Hadès, dans la partie spécifique appelée paradis, et a présenté aux justes un exposé plus complet de la vérité.
Aucune de ces interprétations n’est adéquate.
• L’idée d’une seconde chance d’accepter l’évangile du salut après la mort semble incompatible avec d’autres enseignements de l’Écriture (par exemple Luc 16.19-31).
• Dans l’Écriture, le mot « κηρύσσω » (kērussō – prêcher) est toujours employé pour la proclamation de l’Évangile ; dans l’interprétation luthérienne de 1 Pierre 3.19, il serait utilisé pour une annonce de jugement.
• L’interprétation anglicane a du mal à expliquer pourquoi les justes au paradis sont décrits comme des « esprits emprisonnés ».
Il est certainement difficile de proposer une interprétation de 1 Pierre 3.18-19 qui soit à la fois cohérente et conforme à l’enseignement du reste de l’Écriture. Une possibilité est de comprendre ce passage à la lumière du verset 20 : Jésus a « prêché aux esprits en prison » qui ont désobéi il y a longtemps, lorsque Dieu attendait patiemment, au temps de Noé, pendant que l’arche était construite. Dans celle-ci, quelques personnes seulement, huit en tout, « furent sauvées à travers l’eau ». Selon cette interprétation, Jésus a été rendu vivant dans le même esprit que celui dans lequel il avait prêché par l’intermédiaire de Noé aux personnes qui vivaient dans les jours précédant le déluge. Ces personnes n’avaient pas tenu compte de son message et avaient donc été détruites. Jésus avait prêché dans la puissance de l’Esprit aux pécheurs de son temps. Ils étaient aussi inattentifs au message que l’avaient été les pécheurs du temps de Noé, et aussi inattentifs que le seront d’autres, juste avant la seconde venue (Mat 24.37-39). « l’Évangile fut aussi annoncé aux morts, afin qu’après avoir été jugés comme les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu par l’esprit » (1 Pi 4.6).
Il a été suggéré que ce verset indique une descente de Jésus en enfer pour prêcher aux esprits qui s’y trouvent. Cependant, supposer que Pierre veut dire que l’Évangile a été prêché à des personnes qui étaient déjà physiquement mortes, c’est se heurter à l’une des mêmes difficultés que celles mentionnées à propos de 1 Pierre 3.18-19 – nulle part ailleurs dans l’Écriture il n’est fait allusion à une seconde chance pour les morts. En outre, rien n’indique que la prédication mentionnée par Pierre ait été faite par le Christ. Il semble donc préférable de voir dans 1 Pierre 4.6 une référence générale à la proclamation du message de l’Évangile, soit à des personnes décédées après avoir entendu cette proclamation, soit à des personnes spirituellement mortes (cf. Éph 2.1, 5 ; Col 2.13).
Conclusion
Les passages cités comme preuve d’une descente de Jésus aux enfers sont au mieux vagues ou ambigus, et la tentative de les rassembler en une doctrine est peu convaincante. Il n’y a pas d’argument solide pour affirmer que Jésus est descendu aux enfers.
- Edité par Erickson Millard
Un être humain naît à Bethléhem sous le règne d’Auguste. On l’a appelé « Jésus ». Ce bébé, extérieurement semblable à tous les autres, s’inscrit dans une lignée qui remonte à Adam et dont tous les membres ont connu le même sort [note]Seul Hénoc, par exception, n’a pas connu la mort (Héb 11.5).[/note] : « Puis il mourut » (cf. Gen 5.5,6, etc.). Va-t-il connaître la même fin ?
Certes, des annonces extraordinaires données à sa mère, à son père et à des bergers lors de sa naissance l’ont déjà singularisé : « saint enfant », « fils de Dieu », « sauveur », « Christ », « Seigneur ». Mais devrait-il
mourir un jour comme les autres ? Comment ce futur roi pourrait-il prolonger son règne indéfiniment (Luc 1.33) s’il partage le sort commun de l’humanité ?
Jésus et la mort… la question se pose implicitement dès le début de sa vie terrestre. Suivons donc les récits historiquement fiables que les Évangiles nous ont laissés pour résoudre cette question !
Jésus est confronté à la mort
Jésus devait mourir
Cela fait quelques jours que le bébé Jésus est né à Bethléhem. Averti de la naissance d’un rival potentiel par les mages venus rendre hommage au nouveau-né, le roi Hérode décide de le tuer et, pour faire bonne
mesure et éviter de le manquer, il ordonne le massacre de tous les bébés de Bethléhem et sa région ! Mais Jésus échappe à cette horrible tuerie grâce à un songe miraculeux qu’un ange donne à son père Joseph (Mat
2.13-20).
Une trentaine d’années passent, sans autre menace de mort. Jésus se lance dans un ministère itinérant de prédication et de guérison autour du lac de Galilée. Quelques temps après, Jésus retourne à Nazareth où il
prêche dans la synagogue. Son discours d’ouverture déplaît tellement que ses compatriotes veulent le faire mourir : ils le mènent au bord de la falaise sur laquelle la ville est bâtie pour l’en précipiter. Mais Jésus ne doit pas mourir : « passant au milieu d’eux, il s’en alla » (Luc 4.30).
Les mois passent et l’opposition des chefs religieux contre Jésus s’intensifie : ce rabbi non autorisé qui guérit les jours de sabbat, qui dénonce leur hypocrisie, qui se prend pour le fils de Dieu et qui rassemble de telles foules, il faut le faire disparaître ! Soit en réaction immédiate (Marc 3.6 ; Mat 12.14 ; Jean 5.18), soit de façon plus planifiée (Jean 7.1,19,25 ; 8.37,40), ils cherchent à le faire mourir. Hérode, le fils du précédent, s’y met aussi (Luc 13.31). Mais tous ces complots échouent : « Personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue » (Jean 7.30 ; 8.20). Serait-il invincible ? miraculeusement protégé ?
Jésus ressuscite les morts
Si Jésus échappe régulièrement à la mort, celle-ci frappe autour de lui. Joseph son père « adoptif » est sans doute mort pendant son enfance [note]Les Évangiles canoniques n’en disent rien. Toutefois l’absence totale de mention de Joseph lorsque sa famille est évoquée laissent supposer la mort précoce de Joseph, tout comme le fait que Jésus soit désigné comme « le charpentier », fils aîné qui a dû prendre la suite de son père à la mort de ce dernier pour subvenir aux besoins familiaux.[/note] .
Plus tard, lors de son ministère itinérant, à trois reprises au moins, Jésus est confronté à la mort et chaque fois il démontre sa puissance en ressuscitant le mort :
• Le fils unique d’une veuve de Naïn se lève sur le chemin du cimetière et se met à parler (Luc 7.15).
• La fille unique d’un chef de synagogue se lève dans la chambre où elle vient d’expirer et peut manger (Luc 8.56).
• Lazare, un ami proche de Jésus, sort du tombeau après quatre jours et s’en va (Jean 11.44).
Que la mort soit le sort inévitable de tout humain n’empêche pas Jésus de marquer son opposition par rapport à elle et sa sympathie pour ceux qu’elle touche : il est ému de compassion face à la veuve éplorée, il encourage Jaïrus, il pleure avec Marie et « frémit en son esprit [note] Trois verbes laissent entrevoir à quel point Jésus a été affecté : « frémit » (Jean 11.33,38 ; litt. : gronda de colère, d’indignation ; renâcla — pour un cheval) ; « fut tout ému » (Jean 11.33, troublé dans ses sentiments et pensées, bouleversé, agité intérieurement – cf. Jean 12.27, 13.21) ; « pleura » (Jean 11.35, versa des larmes d’émotion ; le mot est différent pour les pleurs de Marie, lamentations de deuil ou de peine). [NDLR][/note] » face aux ravages de cette conséquence ultime du péché.
Au-delà de ces trois exemples narrés avec détails, d’autres résurrections ont peut-être eu lieu : Jésus fait dire à Jean-Baptiste en prison : « Les morts ressuscitent » (Mat 11.5) ! Aux apôtres qui vont parcourir la Galilée, Jésus ordonne : « Ressuscitez les morts » (Mat 10.8).
Jésus fait l’expérience de la mort
Jésus face à l’ombre de la croix
Si l’être humain ne connaît pas le futur et s’épargne ainsi bien des souffrances, il n’en est pas ainsi de Jésus. Sa venue sur la terre a un but précis ; il sait parfaitement ce qui l’attend au bout de son chemin : la mort. Aussi cette connaissance est-elle pour lui une source particulière de souffrances : l’ombre de la croix s’est progressivement dressée sur son chemin.
• Dès le début de son service, Jésus sait qu’il y a « une heure » pour laquelle il est venu (Jean 2.4).
Mais il garde cette révélation pour lui.
• Dès que Pierre reconnaît sa messianité à Césarée de Philippe, Jésus coupe immédiatement court aux attentes triomphalistes de ses disciples en annonçant qu’il doit aller à Jérusalem pour souffrir et être mis à mort (Mat 16.12-21).
• Au cours de la montée vers Jérusalem, l’ombre de la croix s’allonge sur son chemin : c’est alors qu’il évoque ce baptême de souffrances qui l’attend et dont la perspective serre son cœur (Luc 12.50).
Pourtant il ne se laisse pas détourner de son but : « Il faut que je marche aujourd’hui, demain, et le jour suivant ; car il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem » (Luc 13.33). Plusieurs fois, il répète que la mort l’attend.
• Malgré ces annonces régulières, les disciples sont troublés et ne comprennent pas : ils sont davantage préoccupés par leur place dans le royaume messianique glorieux. Jésus, lui, est venu pour donner sa vie (cf. Marc 10.32-45). Seule Marie de Béthanie semble comprendre le drame qui va se jouer et oint son Maître « pour le jour de sa sépulture » (Jean 12.7).
• Pendant la dernière semaine, Jésus passe ses nuits dans la montagne des Oliviers (Luc 21.37). L’Épître aux Hébreux lève le voile sur ces heures solitaires : sans doute est-ce pendant ces jours-là plus particulièrement que notre Seigneur a « présenté, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Héb 5.7).
• La pensée de la croix se précise toujours plus : après avoir évoqué le grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit, le Seigneur ajoute : « Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ?… Père, délivre-moi de cette heure ?… Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure » (Jean 12.27).
• Enfin « l’heure » est venue : Jésus, « sachant tout ce qui devait lui arriver » (Jean 18.4), entre dans le jardin de Gethsémané.
Jésus éprouve l’angoisse de l’anticipation de la mort
Dans le jardin des Oliviers, Jésus se met à genoux et prie : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! » (Marc 14.36) Va-t-il renoncer à sa mission ? Non, l’angoisse profonde qui
le saisit alors ne le fait pas reculer, et Jésus accepte en pleine connaissance de cause la coupe des souffrances indicibles de l’expiation : « Toutefois, non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi » (Marc 14.36, Darby).
Il nous faut Gethsémané pour mesurer la singularité de la mort vers laquelle va Jésus. Des humains ont parfois fait face à la mort sans broncher, sereinement, comme Socrate lorsqu’il but la ciguë mortelle. De
nombreux martyrs chrétiens ont étonné par leur calme, voire même leur joie, au moment du supplice, comme Blandine dans les arènes de Lyon. Si Jésus est angoissé au point que sa sueur devienne comme
des gouttes de sang (Luc 22.44), ce n’est pas par manque de courage ; c’est que la mort qui se dresse maintenant, toute proche, est unique : la « coupe » est celle de l’horreur du châtiment pour les péchés et
pour le péché, l’horreur de l’abandon de Dieu.
Jésus subit la mort spirituelle
Jésus, arrêté, passe en procès devant les Juifs puis les Romains. Pour les premiers, « tous le condamnèrent comme méritant la mort » (Marc 14.64). En revanche, pour Pilate, « cet homme n’a rien fait qui soit digne de mort » (Luc 23.15). Mais les cris des premiers l’emportent et Jésus est emmené pour être crucifié, la mort la plus honteuse qui soit à l’époque.
Sur la croix, Jésus passe par un moment unique : « La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Eloï, Eloï, lama sabachthani ? ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc 15.33-34).
L’homme Jésus subit pendant ces trois heures l’abandon complet de la part de Dieu : comme le dit le Psaume qu’il cite, il est mis par Dieu lui-même dans « la poussière de la mort » (Ps 22.16) — non pas la mort physique (elle viendra plus tard), mais la mort spirituelle, la « seconde mort », l’éloignement absolu de Dieu. Il est le seul homme qui n’aurait jamais eu à mourir, puisqu’il est le seul absolument sans péché (cf. Jean 8.46), le seul qui a toujours entretenu une parfaite communion avec Dieu (Jean 8.29 ; 11.42).
Ainsi la « mort de la croix » est celle par laquelle il porte nos péchés (et non les siens) (1 Pi 2.24), par laquelle notre châtiment éternel (et non le sien) est pris sur lui. « Jésus, l’homme sans péché, est venu pour assumer toutes les conséquences du péché de l’homme pécheur. […] Lui le seul juste, le seul saint, après avoir été l’homme de douleurs, solitaire mais dans une communion ineffable avec Celui dont il faisait toujours la volonté, a connu sur la croix, comme nul n’aura jamais pu la connaître, la plus terrible mort morale : la séparation d’avec le Dieu offensé par nous dont il prenait la place, et qui était “son” Dieu. Qui
sondera le gouffre de cette détresse ? » [note]A. Gibert, « Jésus et la mort », Messager Évangélique, 1978, p. 57.[/note]
Jésus passe par la mort physique
La victoire sur « celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » a été remportée sur la croix pendant ces heures de ténèbres. « Tout est accompli ! », proclame le crucifié ! Mais Jésus doit encore éprouver ce qu’est la mort pour tout être humain (Héb 2.9) et donc passer par la mort physique, la séparation des parties immatérielle et matérielle de l’être.
Contrairement à tout autre humain, Jésus entre dans la mort physique volontairement, triomphalement : « Jésus s’écria d’une voix forte : Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira. » (Luc 23.46) Tout affaibli qu’il soit après une nuit blanche, des sévices corporels nombreux et les douleurs physiques de la crucifixion, Jésus meurt en vainqueur. Il l’avait annoncé : « Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner » (Jean 10.17-18).
L’esprit de Jésus, la partie immatérielle de son être, dans une communion pleinement retrouvée avec son Père, va « dans le paradis », avec le brigand repentant (Luc 23.43), avec les croyants de l’ancienne alliance qui attendent la résurrection. Le corps de Jésus, une fois la mort physique dûment constatée par les soldats romains (Jean 19.33-34) et par l’évangéliste (Jean 19.35), est porté dans le tombeau de Joseph d’Arimathée.
Jésus est victorieux sur la mort
Jésus est ressuscité et ne meurt plus
Le récit des Évangiles ne s’arrête pas au seuil du tombeau : le mort est ressuscité ! Jésus sort de la mort physique au matin de Pâques pour devenir le « premier-né d’entre les morts » (Col 1.18), « les prémices de ceux qui sont morts » (1 Cor 15.20).
Lui seul peut conjuguer le verbe mourir au passé : « J’étais mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clés de la mort et du séjour des morts » (Apoc 1.18). Désormais il vit « d’une vie impérissable » (Héb 7.16). L’homme Jésus peut recevoir le règne éternel que l’ange avait annoncé lors de sa conception puisque « Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui » (Rom 6.9).
Jésus nous donne la victoire sur la mort
Jésus n’est pas seul dans le chemin qu’il a tracé à travers la mort, mais il associe à lui toute personne qui met foi en sa mort expiatoire :
• Lui seul a subi la mort spirituelle, la séparation complète de Dieu, pour que nous ne la subissions jamais : nous n’aurons jamais à souffrir de la « seconde mort » (Apoc 2.11).
• Par sa mort et sa sortie de la mort en résurrection, nous qui étions morts spirituellement par nos offenses et nos péchés, nous sommes « passés de la mort à la vie » et « rendus vivants avec Christ » (Éph 2.5). Dès aujourd’hui, une relation de vie existe entre Dieu et nous par lui.
• Face à la mort de nos proches, Jésus comme autrefois pleure avec nous, nous encourage et nous console.
• Enfin, même si nous devons nous-même passer par la mort physique, Jésus nous affirme, comme autrefois à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jean 11.25-26) Répondons positivement !
- Edité par Prohin Joël
La mort, c’est l’état d’une personne qui a cessé de vivre. « Monsieur X nous
a quittés ». Où est-il ? Seule la Bible m’explique « l’au-delà ».
La mort, c’est aussi les derniers instants d’une vie et le deuil ; elle me
pose des questions d’ordre :
• éthique : peut-on pratiquer l’interruption volontaire de vie ?
• linguistique : pourquoi tant d’euphémismes pour désigner la mort ?
• pastoral : comment accompagner une personne endeuillée ou en
fin de vie ?
• philosophique : comment bien vivre… dans la perspective de la mort ?
• psychologique : comment vivre mon deuil ?
• relationnel : les vivants peuvent-ils communiquer avec les morts ?
• scientifique : la science peut-elle ralentir ou même supprimer le
vieillissement et la mort ?
• théologique : pourquoi la mort et ses souffrances si Dieu est amour ?
que se passe-t-il après la mort ?
L’approche théologique est naturellement privilégiée dans cette revue ;
plusieurs articles affirment la vérité face aux mensonges et aux erreurs.
Mais d’autres articles nous préparent à réagir avec sagesse si la mort et
le deuil deviennent une douloureuse réalité toute proche.
Une certitude demeure : la mort est vaincue, l’enfant de Dieu a la vie
éternelle !
« Le dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance, c’est la mort ».
(1 Cor 15.26 ; cf. 1 Jean 5.13)
- Edité par Lacombe Jean
Lorsque cette vie s’arrête, qu’est-ce qui commence ?
La question dérange les gens plus qu’ils ne sont généralement prêts à l’admettre.
Certains préfèrent l’ignorer ; pour eux, penser à sa mort, c’est nourrir des idées noires.
Mais envisager la mort n’est qu’un réalisme de bon sens, puisque la mort est la seule certitude de la vie.
La nature de la mort
Lorsqu’une personne meurt de maladie ou de vieillesse, nous parlons de « mort naturelle », en réservant l’expression « mort non naturelle » aux cas d’accident ou de mort violente. L’Écriture confirme que toute mort est contre nature. Qu’est-ce que la mort ? C’est une dissolution de l’union entre l’esprit et le corps : « La poussière retourne à la terre… et l’esprit… à Dieu qui l’a donné » (Ecc 12.7). C’est une référence à l’histoire de la création. Comme au commencement Dieu a créé l’homme en insufflant la vie à de la poussière (Gen 2.7), ainsi dans la mort il sépare les deux éléments qu’il avait réunis à l’origine.
La mort signifie-t-elle l’anéantissement de la personne ?
Non. La mort est, selon l’expression de Paul, le « dépouillement » d’une personne, par le démantèlement de sa « tente » terrestre (2 Cor 5.1 5) ; mais ce n’est pas la fin de son existence. La Bible considère la continuation de l’existence comme allant de soi. L’Ancien Testament décrit les morts comme « descendant » à l’endroit qu’il appelle « Shéol » (« Hadès » dans la version grecque « Septante » de l’A.T. et dans le N.T.). Le shéol n’est cependant pas la demeure ultime des morts. L’Écriture annonce que les morts seront ressuscités corporellement pour le jugement au retour de Christ (Jean 5.28 ; Apoc 20.12-14 ; cf. Dan 12.2). Ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie (Apoc 20.12) seront alors accueillis dans une béatitude sans fin : « vie éternelle », (Mat 25.46) ; « gloire, honneur et paix », (Rom 2.10) ; « un royaume », (Mat 25.34) ; « la nouvelle Jérusalem » (Apoc 21.2-22.5). Mais le reste subira alors toute la colère de Dieu [note]« feu inextinguible », Mat 3.12 ; Marc 9.43 ; « géhenne » – le lieu d’incinération en dehors de Jérusalem – « où le ver dévorant ne meurt jamais », Marc 9.47f. ; NEB ; « ténèbres extérieures », un lieu de « gémissements et de grincements de dents », Mat 25.30, NEB ; « châtiment éternel », Mat 25.46 ; « le feu éternel préparé pour le diable et ses anges », verset 41 ; « colère et fureur… tribulation et détresse », Rom 2.8-9 ; « destruction éternelle et exclusion de la présence du Seigneur », 2 Thes 1.9 ; « le lac ardent de feu et de soufre, qui est la seconde mort », Apoc 21.8, cf. 20.15)[/note] .
Certains soutiennent que ces textes impliquent l’anéantissement de ceux qui sont rejetés – souffrant dans le feu pour un temps, puis plongés dans le néant.
Mais en réalité la « seconde mort » n’est pas plus une cessation d’existence que la première :
• « Destruction » (2 Thes 1.9) signifie non l’anéantissement mais la ruine (cf. son utilisation dans 1 Thes 5.3).
• L’insistance dans ces textes sur le fait que le feu, le châtiment et la destruction sont éternels et que le ver de la Géhenne est immortel, serait inutile et inapproprié s’il ne s’agissait que d’une extinction momentanée.
• On ne peut pas soutenir qu’ « éternel » signifie seulement « relatif à l’âge à venir » sans impliquer une durée sans fin : si la vie « éternelle » (Mat 25.46) indique une béatitude sans fin, alors la punition « éternelle »mentionnée ici doit être sans fin aussi.
• On nous dit que dans « l’étang de feu » (le « feu éternel préparé pour le diable et ses anges », Mat 25.41) le diable sera « tourmenté jour et nuit aux siècles des siècles » (Apoc 20.10). Tout homme envoyé pour le rejoindre endurera aussi une éternité de jugement (Apoc 14.10).
Ces textes enseignent non pas l’extinction, mais la perspective bien plus terrible d’une conscience sans fin de la colère juste et sainte de Dieu. Un enfer sans fin ne peut pas plus être supprimé du N.T. qu’un ciel sans fin.
Dans l’A.T., les références à la mort dénotent surtout la dissolution physique. Mais dans le Nouveau Testament, le concept de mort est radicalement approfondi. La mort dans le Nouveau Testament est considérée principalement comme un état spirituel, l’état de l’humanité sans Christ. Comme la mort physique signifie la séparation de l’esprit du corps, la mort spirituelle signifie un état dans lequel l’homme est séparé de Dieu, privé de sa faveur et de sa communion, « mort par ses offenses » (Éph 2.1 ; cf. Mat 8.22 ; Jean 5.24 ; Rom 8.6 ; Col 2.13 ; 1 Tim 5.6). Comme dans la Bible, la « vie » dénote à plusieurs reprises la joie de la communion avec Dieu (cf. 1 Jean 5.12), ainsi être éloigné de cette « vie de Dieu » (Éph 4.18) est assimilé à la « mort ». C’est d’abord et avant tout de la mort spirituelle que nous devons être délivrés.
La mort et le péché
Dans toute la Bible, la mort dans ses aspects physiques et spirituels est considérée comme le jugement de Dieu sur le péché (cf. Éz 18.4). La mort, dit Paul, est le « salaire » payé aux serviteurs du péché (Rom 6.23). Quand Dieu a dit à Adam, « le jour où tu en mangeras [de l’arbre de la connaissance] tu mourras » (Gen 2.17), le sens primaire et explicite était la dissolution physique (cf. Gen 3.19).
Les mots « au jour où » expriment la certitude de la séquence, pas nécessairement l’immédiateté de l’application de la peine (cf. l’utilisation de la même expression dans 1 Rois 2.37). Adam ne mourut que longtemps après (Gen 5.5). Ainsi, lorsque Paul dit que « tous meurent en Adam » (1 Cor 15.22), le contexte montre qu’il n’a à l’esprit que la mort physique, que Christ doit abolir en ressuscitant les morts. Mais dans Rom 5.12 et suivants, lorsqu’il parle de Christ délivrant les « nombreux » qui sont à lui de la « mort » héritée d’Adam, sa référence est plus large. Car la délivrance qu’il expose n’est pas simplement la résurrection physique (d’ailleurs, la résurrection physique n’est pas du tout mentionnée dans le passage). C’est plutôt la « justification » actuelle (v. 16-19), conduisant à une restauration de la « vie » (v. 17, 18, 21) — en d’autres termes, la guérison de cette relation cassée avec Dieu.
Dans Gen 2.17, nous trouvons aussi une référence implicite à la mort spirituelle intervenue lorsque Dieu a chassé l’homme d’Éden (le lieu de communion), pour l’empêcher de manger en plus de l’arbre de vie.
Pas de « deuxième chance » après la mort
Après la mort, il existe un « grand abîme » entre ceux que Dieu accepte et ceux qu’il rejette (Luc 16.26). Le temps du choix est passé. Il ne reste plus qu’à recevoir les conséquences du choix fait pendant la vie terrestre (cf. Héb 9.27). Il n’y a rien d’arbitraire dans la doctrine du châtiment éternel : Dieu respecte notre choix et prolonge pendant toute l’éternité la condition spirituelle dans laquelle nous avons choisi d’être sur terre.
Beaucoup prennent ce rappel comme un avertissement désagréable et malvenu. Une meilleure réaction est de nous mettre à vivre dès aujourd’hui dans la lumière de l’éternité. « Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse. » (Ps 90.12).
Autres vues
Deux courants de pensée au moins affirment que le décès n’est pas une limite absolue pour bénéficier du salut : l’évangélisation post-mortem et l’universalisme.
L’évangélisation post-mortem
Ceux qui de leur vivant n’ont jamais entendu l’évangile prêché de façon claire et intelligible l’entendraient après leur mort.
Le texte un peu obscur de 1 Pierre 3.18-20 ne peut pas être utilisé pour appuyer cette idée, car :
• les « esprits en prison » sont au moins aussi susceptibles d’être des anges déchus que des hommes déchus (cf. Gen 6.1-4 ; Jude 6) ;
• la déclaration que le Christ a prêché aux esprits qui ont désobéi à l’époque de Noé n’implique pas que cette prédication a eu lieu à d’autres époques ;
• « prêché » (grec, « kerysso ») n’implique pas nécessairement une offre de vie mais probablement une proclamation du triomphe de Jésus.
Ainsi, ces versets ne prouvent pas l’évangélisation universelle post-mortem. Et des textes clairs vont à l’encontre de cette notion, notamment ceux qui considèrent cette vie comme déterminante pour son avenir (2 Cor 5.10 ; Gal 6.7 ; etc.).
L’universalisme
Dieu rencontrerait en Christ tous les hommes qui ne se sont pas tournés vers lui dans cette vie et les amènerait à l’aimer après leur mort.
Ce n’était clairement pas le point de vue de Christ (cf. Mat 12.32 ; 26.24), ni le sens évident ou même naturel d’un seul texte si on le prend dans son contexte.
La mort de la mort
Si vous ne pouvez pas donner un sens à la mort, vous ne pouvez pas non plus donner un sens à la vie.
La résurrection de Christ n’était pas une simple réanimation temporaire, comme l’étaient les résurrections de Lazare, de la fille de Jaïrus et du fils de la veuve de Naïn. « Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui… c’est pour Dieu qu’il vit. » (Rom 6.9,10).
« J’étais mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clés de la mort et du séjour des morts » (Apoc 1.18). Sa résurrection a proclamé et garanti à la fois le pardon et la justification pour son peuple (Rom 4.25 ; 1 Cor 15.17), ainsi que leur co-résurrection avec lui en nouveauté de vie spirituelle (Rom 6.4-11 ; Éph 2.1-10 ; Col 2.12-15 ; 3.1-11).
Cette co-résurrection spirituelle sera complétée, lorsque Christ reviendra, par une transformation physique de nos corps si nous sommes en vie (Phil 3.21), ou en nous revêtant de l’immortalité si nous sommes décédés (cf. 2 Cor 5.4 ; 1 Cor 15.50-54) ; cela signifiera la destruction finale de la mort, un intrus hostile et destructeur dans le monde de Dieu (1 Cor 15.26, 54-56).
En même temps, la crainte de la mort physique, qui venait de l’idée que la mort amène à la souffrance et au jugement (Héb 2. 15), a été abolie pour le chrétien : « l’aiguillon » de la mort a été retiré (1 Cor 15.55-56) ;
nous savons en effet que nos péchés sont pardonnés et que « ni la mort ni la vie … ni les choses à venir… ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rom 8.38-39). La mort physique est maintenant un « sommeil » « en Jésus », c’est-à-dire le repos (Apoc 14.13) et non l’inconscience (Christ leur a préparé une place dans sa maison (Jean 14. Phil 1.23).
Mourir peut être douloureux physiquement, mais c’est un voyage vers la joie. La communion avec le Christ, et avec Dieu par le Christ, commence ici sur terre et ne se terminera jamais : c’est la vie éternelle. Jésus accomplira sa promesse, proclamée à Marthe alors qu’elle pleurait Lazare : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11.25,26).
Conclusion : soyez prêt
Aujourd’hui on considère comme du bon sens de ne pas penser à la mort ; même les chrétiens qui insistent sur la seconde venue du Christ semblent ignorer que la préparation à ce retour et à la mort sont les deux facettes d’une même réalité.
Combien de chrétiens vivent-ils en se gardant prêts à partir ? Considérez chaque heure comme un cadeau de Dieu, dont vous devez tirer le meilleur parti. Planifiez votre vie, en établissant un « budget » pour soixante-dix ans (Ps 90.10) ; si votre temps s’avère plus court, ce ne sera pas une diminution injuste, mais une promotion rapide.
Ne laissez jamais le moins bon évincer le meilleur, et renoncez joyeusement à ce qui n’est pas le meilleur au profit de ce qui l’est. Vivez dans le présent ; acceptez avec reconnaissance les joies et les peines avec Dieu, ce sont des étapes sur le chemin vers la maison du Père. Ouvrez tous les aspects de votre vie au Seigneur Jésus, vous appuyant sur lui et répondant à son amour.
Paul dit : « Pour moi, je sers déjà de libation, et le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement » (2 Tim 4.6-8).
Extrait condensé de : J.I. Packer, 18 Words: The Most Important Words You Will Ever Know, Christian Focus Publication, 2010, Avec l’aimable autorisation de l’éditeur ; traduction : Rédaction Promesses.
- Edité par Packer James Innel
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