PROMESSES
Depuis plusieurs décennies, des évolutions marquantes se sont produites dans notre société occidentale concernant la place de la femme. Ces changements se sont répercutés dans l’Église, où l’on assiste à de plus en plus de débats sur tout ce qui concerne le sujet..
Ainsi le vocabulaire religieux connaît une certaine féminisation : on tend à remplacer « homme » par « personne », et le terme « frères » ne devrait plus être employé sans être suivi de « sœurs ». Quasi unanimement, les changements dans le vocabulaire sont applaudis tant qu’ils expriment la relation non discriminante entre homme et femme dont Paul parle en Galates 3.28. Le problème se pose lorsque les changements proposés se réfèrent à Dieu. Où doit s’arrêter la révision de notre vocabulaire chrétien ?
Dans ce contexte, la dernière proposition en date est d’appeler Dieu « Père et Mère ». C’est cette question qui va nous intéresser : faut-il continuer d’appeler Dieu « Père » ? Il ne s’agit pas d’une nouvelle bataille uniquement féministe ou libérale. Ceux et celles qui se posent une telle question se trouvent dans toutes les dénominations, et même chez les évangéliques. Cette controverse doit être prise au sérieux, car elle concerne des questions théologiques essentielles, comme la nature de Dieu et l’autorité des Écritures.
Nous rencontrons deux positions extrêmes dans ce débat: pour certains, Dieu est Père, car la Bible enseigne que le vrai Dieu est masculin1. Pour d’autres, Dieu peut être « Mère » ; il est juste de vénérer une divinité féminine.
Nous montrerons en quoi ces deux positions sont théologiquement erronées et pourquoi il faut continuer à appeler Dieu « Père ». Mais il faudra aussi comprendre ce qu’est réellement la paternité de Dieu et retrouver, dans son indubitable vérité, le visage de ce Père que les hommes défigurent si souvent.
I. UNE THESE EN VOGUE : IL NE FAUT PLUS APPELER DIEU « PERE »
A) Arguments des partisans de cette thèse
L’une des principales raisons motivant la mobilisation de plusieurs théologiens et fidèles pour ne plus appeler Dieu «
Père » est que cette appellation semble nuire à la place de la femme dans l’Église.
En effet, à partir de l’appellation Dieu le Père, on a souvent déduit que Dieu est masculin. Cette conceptualisation au masculin aboutit à affirmer l’infériorité et la soumission des femmes.
Il est vrai, comme le note Claudette Marquet2, que la figure bien biblique de Dieu comme Père a été utilisée à des fins douteuses : faire de la religion une affaire d’hommes.
Mais le débat au sujet de Dieu Père/Mère repose sur d’autres arguments que ceux qui s’appuient sur l’évolution de la société, car il vise surtout à dépasser le sexisme. Ces arguments, que nous allons brièvement mentionner, s’appuient sur l’Écriture, la tradition, l’herméneutique et la linguistique.
1. Dieu est aussi mère, maternel
Bien que surtout masculines, les références que la Bible contient pour parler de Dieu sont aussi maternelles. Même si le symbolisme maternel n’est pas dominant dans l’Écriture, l’Israël ancien a loué certaines qualités maternelles de Dieu3. Ainsi, notre Père céleste aime comme une mère. Dieu montre de la tendresse, il porte dans ses bras, il connaît les douleurs de l’enfantement…4
2. Langage paternel comme accommodation culturelle
Bien qu’inspiré par Dieu, le langage de l’Écriture est humain, lié à une culture et à un langage donnés. Si la Bible a surtout un langage masculin, ce serait par accommodation de Dieu à une culture patriarcale. Ce ne serait pas la vérité finale. De même, lorsque Dieu tolère l’esclavage et la polygamie : ce n’est pas qu’il approuve ces pratiques, mais il s’agit d’une accommodation.
3. La transcendance de Dieu
Cette doctrine théologique est au cœur du débat. Elle est utilisée par les partisans comme par les adversaires d’un Dieu uniquement Père. L’argument avancé est le suivant : à cause de la transcendance divine, aucun langage humain n’est adéquat pour le définir. Le mot Père ne se réfère pas plus directement à Dieu qu’un autre mot. Les références féminines sont tout aussi appropriées et valables que les références masculines pour parler de Dieu. Elles se complètent sans contradiction ? sinon, comment le même Dieu pourrait-il occuper à la fois la fonction de Père et celle d’Époux ?
B) Les propositions de substitution
Pour toutes les raisons invoquées, des théologiens ne veulent plus appeler Dieu « Père ». Leurs propositions de remplacement sont diverses, mais soit elles sont hérétiques, soit elles créent encore plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
Selon les partisans du langage inclusif, Dieu doit être appelé « Père » et « Mère » à la fois, ou « parent » au lieu de « Père ». Comme nous le verrons, cette solution ne respecte pas la transcendance de Dieu.
II. POURQUOI IL FAUT MAINTENIR LA PATERNITE DE DIEU
C. S. Lewis disait que Dieu lui-même a révélé comment nous devons lui parler. Le danger de renommer Dieu « Mère » ou autrement est de vouloir exercer une autorité sur Dieu. De plus, d’une nouvelle appellation de Dieu, on dérive vite vers une nouvelle compréhension de Dieu : le Dieu qui s’est révélé à nous dans la Bible est remplacé par un Dieu que nous inventons pour répondre à nos besoins.
Alors, oui, il faut continuer d’appeler Dieu « Père » ; mais qu’entend-on par cette appellation ?
A) La transcendance de Dieu : ni masculin ni féminin
Nous ne pouvons pas définir Dieu. Dieu, par définition, transcende l’expérience humaine et son langage. Il est le Tout Autre. Il est Esprit (Jean 4.24). Si l’homme et la femme ressemblent à Dieu (Gen 1), Dieu ne ressemble ni à l’homme ni à la femme. Si l’homme/père ressemble à Dieu le Père, Dieu le Père ne ressemble pas aux pères de cette terre. Il s’agit de « notre Père qui est aux cieux » et non pas d’un père humain. L’A.T. prend souvent la peine d’ajouter un « comme » quand il s’agit de comparer Dieu à des personnages humains, ou sous-entend un « à plus forte raison Dieu… »5
Dieu transcende les métaphores : en Osée 11.1-11, certains voient la preuve de la masculinité de Dieu ; or, le v. 9 dit bien : « Mais je suis Dieu, pas un homme. » L’imagerie biblique reste indirecte. L’emploi de mots théologiques masculins pour Dieu n’indique pas plus la masculinité de Dieu que l’emploi d’images féminines sur Dieu n’indique sa féminité.
C’est pourquoi, citer les références où Dieu est lié à des connotations féminines apporte peu : ce n’est pas parce qu’un mot pour parler de Dieu est féminin que c’est une preuve de sa féminité. De même, la terminologie masculine seule est un argument insuffisant pour prouver théologiquement la masculinité de Dieu. D’ailleurs, Dieu est parfois comparé à un rocher, à une lumière… c’est-à-dire à des éléments neutres. Le vrai problème vient de l’équation faite entre Dieu comme père et Dieu masculin. Si un père est un homme, pour Dieu, être Père n’est pas du tout être masculin. Dieu n’est ni masculin ni féminin. Dieu a introduit la différenciation sexuelle dans la création, il a créé la sexualité. Il n’est pas lui-même sexué. De même qu’il a créé le temps, mais n’est pas temporel. Peut-être nous faut-il ici nous rappeler le premier commandement.
En bref, la Bible ne dit pas que Dieu est masculin, elle dit qu’il est Père, de même que le Royaume de Dieu n’est pas un grain de moutarde. Attention à « l’hérésie anthropomorphique » ! Définir Dieu comme masculin ou féminin, catégories finies, est une erreur théologique, incompatible avec sa nature infinie, absolue et transcendante. Les raisons de sa paternité sont à chercher ailleurs.
B) Le primat de la théologie paternelle d’adoption sur la théologie maternelle
Avoir un Dieu Père, c’est rappeler que l’homme est créé et non engendré. Il y a une rupture nécessaire de substance entre l’homme et Dieu, aucun lien naturel entre les deux. En effet, si la maternité est naturelle, la paternité est culturelle. Un père a besoin de devenir le père de son enfant, de le reconnaître. Ce qui qualifie la paternité, c’est l’adoption de l’enfant, tandis que la mère sait par nature que son enfant est d’elle-même, qu’il est la suite d’elle-même.
On voit ici se dessiner deux théologies différentes :
– la théologie maternelle, où la nature est reine et même déesse (terre et mère se confondent), avec la prépondérance de l’immanence, voire un panthéisme qu’on retrouve dans les religions anciennes, en particulier dans celles dont Israël a dû se démarquer ;
– la théologie paternelle, où père et ciel se confondent, et où il y a nécessairement distance entre le père et le fils ; il y a donc adoption et même élection du fils par le père qui garde toujours une certaine transcendance par rapport à ses enfants, et à ses fils en particulier.
Ainsi, toute l’histoire d’Israël est celle d’un fils aîné, élu, et d’un père dont la paternité n’est jamais considérée comme naturelle, allant de soi : Israël refuse constamment de vivre en fils soumis, ce qui contraint sans cesse Dieu à le « réadopter ». Dans cette optique, la paternité est le type de relation qui caractérise le mieux la relation entre Israël et Dieu.
C) La rupture avec les cultes de la fertilité
Ce n’est pas par antiféminisme qu’Israël devait rejeter toute idée de déesse et accepter la paternité de Dieu. Israël devait comprendre que son Dieu n’était pas comme les déesses de la fertilité, qu’il était au-dessus de toute sexualité : il n’est pas un Dieu masculin avec une femelle consort. C’est par sa seule volonté qu’il a créé le monde et non par une union sexuelle avec une déesse.
Dans les religions où les dieux sont sexués, ils ont des besoins sexuels qu’il faut satisfaire pour obtenir fécondité et prospérité. Les rites religieux incluaient donc souvent du libertinage spirituel. Chez les Hébreux, pas de divinisation du sexe, pas de possibilité d’amadouer Dieu par des rites sexuels. Il ne faut pas y voir une preuve d’antiféminisme, ni une victoire d’un Dieu mâle sur une déesse, mais une attitude en accord avec le culte de l’Éternel. C’est pourquoi toute projection sexuelle humaine sur Dieu était proscrite.
D) Paternité et Trinité
La compréhension chrétienne de la paternité divine est, selon Matt 11.27, que Dieu le Père est d’abord le Père de son Fils Jésus. Cette paternité est définie par sa relation exclusive avec son Fils Jésus : Dieu le Père est ainsi nommé à cause de ses liens avec le Fils.
D’ailleurs, jamais Paul n’appelle Dieu « notre » Père sans parler du Christ dans le contexte. De même, les premiers chrétiens vont invoquer Dieu comme Père — mais comme Père de Jésus-Christ. Cette paternité traduit une autorité et une confiance. C’est donc dans un sens trinitaire et non patriarcal qu’il faut comprendre le terme Père.
E) La « paternité maternelle » de Dieu
La pensée trinitaire permet de dépasser le patriarcalisme théologique pour une autre raison : le Père de Jésus est le Père maternel. Le concept de paternité pour Dieu doit être compris comme concept de « génitorité » : il est celui qui engendre le Fils et sa paternité est très maternelle.
F) La paternité de Dieu, sceau de mon adoption
Dans l’A.T., la paternité de Dieu était limitée à Israël. Le terme Père indiquait l’origine de la nation, mais aussi une relation personnelle avec elle. Dans le N.T., Dieu se révèle, non plus comme Père de la nation, mais comme le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et aussi le Père des chrétiens. La paternité de Dieu et l’adoption de l’homme sont le plus grand miracle, synonyme de justification. Le nom de Père accolé à Dieu ne me dit rien sur la masculinité de Dieu ; il me dit la qualité d’enfant qui est la mienne. En disant « notre Père » nous savons que notre relation filiale est très réelle. Quand on dit paternité, on dit adoption : la Bible parle plus de Dieu comme notre Père que de nous les croyants comme ses enfants. Mais l’un implique l’autre.
G) Abba, Père
L’usage du terme Abba, tel qu’il se présente dans la prière du Christ, constitue un emploi unique. En effet, ce mot araméen n’était employé que pour désigner le père au sens naturel ou adoptif. Il n’était jamais employé par un juif comme invocation à Dieu dans une prière.
Jésus, en choisissant Abba, montre ainsi sa relation unique au Père, et il prépare les disciples à la révélation du mystère filial du Père avec eux. De plus, Jésus met l’accent, non sur les traits masculins et patriarcaux, mais sur la proximité. Jésus ne veut pas évoquer un sexe particulier ni une autorité, mais indiquer la relation intime que nous avons avec le Père qui prend soin de nous: on est aimés, protégés, chéris, nourris. Jésus nous invite à entrer dans cette relation avec l’Abba, relation où il voit chacun de nos mouvements, se soucie de chacune de nos larmes. C’est une profonde intimité, une relation paternelle et maternelle.
C’est également un terme qui révèle un état de détresse. C’est dans la solitude et la détresse de Gethsémané que Jésus a appelé Abba. Ce disant, il montre que son Dieu est si proche qu’il se laisse nommer même dans la détresse.
CONCLUSION
Face aux questions suscitées par le symbole du Dieu Père, deux précautions sont utiles :
– La prise en compte, dans toute la Bible, des images féminines parlant de Dieu, afin de trouver un langage religieux moins sexiste, exprimant mieux la transcendance de Dieu, car il est bien vrai que Dieu est un père maternel. Selon les actes ou les sentiments de Dieu auxquels on se réfère, on utilisera un vocabulaire tantôt féminin, tantôt masculin.
– L’analyse rigoureuse du concept de paternité attribué à Dieu, car le symbole du Dieu Père a été souvent mal compris, assimilé à une masculinité de Dieu.
Ainsi, nous nous garderons de deux erreurs :
– En arriver à appeler Dieu « Père et Mère ». Le faire revient à oublier que Dieu est transcendant ; c’est encourager l’attribution erronée d’une « sexuation » en Dieu au lieu de l’abolir. Or, toute attribution à Dieu d’une sexualité est un retour au paganisme.
– Utiliser la paternité de Dieu pour justifier la suprématie mâle, ce qui est une aberration.
Ces égarements ne doivent pas nous faire perdre de vue que Dieu s’est révélé à nous comme Père et qu’il veut qu’on le prie ainsi. Si l’on peut avancer plusieurs raisons théologiques pour éclairer ce choix de la paternité, nous restons en présence d’un mystère qui nous dépasse, et nous rappelle notre finitude face à l’Être infini. Toutefois, la venue du Christ est la manifestation suprême de la paternité de Dieu. Christ appelle Dieu Abba, indiquant par là que cette paternité est synonyme de filiation, d’adoption, et de tendresse. Dieu comme Père n’est pas un argument dans la guerre des sexes, mais une vérité théologique, un article de foi et un sujet de louange.
Avec confiance, réapprenons à dire : « Je crois en Dieu le Père. »
1Remarquons qu’en réfléchissant à la paternité de Dieu, on s’inscrit dans une réflexion plus large : le Dieu de la Bible est-il une divinité masculine ? Certains auteurs soulignent que la Bible présente, en effet, Dieu avec des attributs et des fonctions très masculins. Il dirige une armée, exerce le jugement, est comme un mari, un père, un roi, il a des noms masculins et les pronoms pour parler de lui sont masculins. De plus, il s’incarne en un homme, Jésus.
2Claudette Marquet, Femme et homme il les créa…, Les Bergers et les Mages, Paris, 1984, p. 181.
3Quelques références bibliques (directes ou indirectes) : Gen 3.21 ; Nom 11.12 ; Deut 32.18b ; Néh 9.21 ; Osée 11.1-4 ; És 1.2 ; 42.14 ; 46.3 ; 49.14-15 ; 66.11,13 ; Ps 91.4 ; 131.2 ; Luc 15.8-10.
4Relevons le terme rahamim, qui signifie « tendresse », souvent celle de Dieu pour son peuple ; c’est le pluriel de « sein maternel, uterus » : ce terme confère à la bienveillance de Dieu un caractère de tendresse quasi charnelle.
5Voir Ps 103.13; Luc 11.11-13.
- Edité par Duval-Poujol Valérie
Né en 1925, F. Horton passe sa première enfance avec ses parents missionnaires américains à Kavungu en Angola. Il fait ensuite ses études à l’Université du Cap et au Northwestern Technological Institute et obtient sa licence en génie civil. Il travaille comme ingénieur de recherche en hydrologie attaché à la Tennessee Valley Authority à Knoxville, États-Unis. En 1950 il se marie avec Anne-Marie Béguin. Il fait ensuite ses études théologiques au Biblical Seminary à New York. De 1952 à 1964, il s’établit à Paris avec son épouse pour exercer un ministère de secrétaire général des GBU en France. Deux fils naîtront à Paris ; ils sont maintenant mariés, médecins et établis en Suisse. Dès 1964, Frank Horton exerce son ministère comme professeur à l’Institut Biblique Emmaüs en Suisse. Il assume la responsabilité de directeur de l’Institut de 1971 à 1991. Sa retraite sera active. Jusqu’en 1999, il donne des cours occasionnels à l’Institut Emmaüs, et continue son ministère d’enseignement biblique dans diverses églises, en Suisse et dans les pays francophones proches et lointains, et dans des conventions bibliques. Il est l’auteur d’un ouvrage sur l’Épître aux Éphésiens et d’articles qui ont paru dans divers périodiques évangéliques. Son ministère l’a conduit dans plusieurs pays francophones, en Europe et en Afrique. Depuis de nombreuses années, il est membre du comité de soutien de Promesses et ses conseils et contributions écrites sont des plus appréciées. |
Chantez à l’Eternel [YHWH] un cantique nouveau !
Chantez à l’Éternel, toute la terre !
Chantez à l’Éternel, bénissez son nom,
Annoncez de jour en jour la bonne nouvelle de son salut !
Racontez parmi les nations sa gloire,
Parmi tous les peuples ses merveilles !
Psaume 96.1-3
Un seul Dieu suprême et véritable
« YHWH fait des Israélites ses évangélistes, pour annoncer son salut à toutes les nations. Ils ont à chanter jusqu’à ce que le monde entier chante également. Ce chant est nouveau parce que la miséricorde renouvelée fait appel à des mélodies nouvelles. Les termes principaux de cette strophe sont : chant nouveau, toute la terre, salut, gloire, merveilles. Les Israélites sont appelés à chanter [3x], à bénir, à annoncer, et à raconter. Le troisième de ces mots est, dans la version des Septante, l’équivalent du mot néo-testamentaire : prêcher l’Évangile. » 1
a. Imposer le monothéisme juif… mais de quel droit ?
D’où vient la croyance en un seul Dieu ?
Lors d’un voyage en Égypte, il y a quelques années, mon épouse et moi avons assisté à un spectacle « son et lumière », mis au point avec les voix d’acteurs de la Comédie Française, et présenté au Temple de Karnak, à Louxor. Notre étonnement fut grand d’entendre dire que Moïse avait reçu l’inspiration de la notion monothéiste de la part du Pharaon Aménophis IV, de la XVIIIe dynastie, aux environs du milieu du XIVe s. av. J-C. Souvenons-nous du fait que, pour briser le pouvoir politique considérable des prêtres de Thèbes, Aménophis IV avait déclaré qu’il n’y avait qu’un seul dieu, le disque solaire Aten. Il adopta le nom d’Akhenaten, et déménagea en aval le long du Nil pour établir une nouvelle ville capitale d’Égypte à laquelle il donna le nom d’Akhetaten — aujourd’hui Tell El Amarna. Après sa mort, tout redevint « normal », et l’Égypte retourna rapidement à son polythéisme traditionnel.
L’hypothèse avancée lors du spectacle de Louxor ne tient pas compte de la chronologie dite « longue », qui situerait Moïse dans la période précédant le règne d’Aménophis IV (vers 1450). Dans un tel cas de figure, c’est plutôt le Pharaon qui aurait pu être inspiré par le témoignage de Moïse… mais passons.
De tels rapprochements entre le Dieu biblique et d’autres divinités ont souvent tenté les chercheurs. Barbara Watterson, par exemple, laisse entendre que la résurrection de Jésus-Christ aurait eu son origine dans l’histoire du dieu égyptien Osiris, le mieux connu et le plus populaire du panthéon égyptien, dont l’attraction « résidait dans la croyance qu’il avait vécu sur la terre comme un homme qui n’apportait que du bien à l’humanité, mais qui fut trahi et mis à mort. Sa résurrection et l’espérance de la vie éternelle offerte à tous rehaussaient sa popularité. » 2
Dans quelle mesure les Hébreux ont-ils hérité leurs croyances religieuses des peuples contemporains d’Égypte et du Croissant fertile ? Deux écoles de pensée défendent des thèses contradictoires :
1) l’école « évolutionniste », non- ou anti-théiste, soutient l’idée que les Hébreux ont tout reçu, y compris leur religion et leur système éthique, de leurs contemporains, dans le contexte général d’idées religieuses qui évoluaient en se raffinant à partir de l’animisme, pour passer par le polythéisme et arriver enfin au monothéisme ;
2) l’école théiste de la « Révélation » insiste sur le fait que les Hébreux ressemblaient à leurs contemporains dans tous les domaines — culture, agriculture, architecture, langage, écriture, etc. — à une exception près : leurs croyances religieuses étaient radicalement différentes parce que reçues, par révélation, d’une source divine.
b. Arguments en faveur de la Révélation
Feu l’éminent spécialiste Samuel Zwemer, professeur émérite d’histoire de la religion et des missions chrétiennes à la Faculté de théologie de Princeton (USA), rejette fermement la première thèse en faveur de la seconde, en écrivant :
« L’évidence soutenant un monothéisme primitif est trouvée, non seulement dans tous les domaines de la culture primitive, mais aussi dans les formes antérieures des grandes religions ethniques. » Et d’étayer sa conviction en disant : « Cet argument est fondé, non pas principalement sur les Écritures, ni sur des préconceptions dogmatiques, mais sur la méthode historique d’investigation […]. Le recours à la méthode historique en anthropologie a obligé de nombreux savants à reformuler leur approche de l’origine de la religion et, ce faisant, à s’approcher des Écritures. Le point de vue évolutionniste a été lié à l’axiome douteux que le supérieur doit toujours procéder de l’inférieur. Cependant, force nous est de conclure que l’histoire de la religion a été marquée par le déclin et la dégénérescence, plutôt que par une montée évolutive ininterrompue. » 3
Le Dr J. A. Thompson, directeur de l’Institut australien d’archéologie à l’Université de Melbourne, a examiné « la religion païenne aux temps patriarcaux ». Voici ce qu’il écrit au sujet d’Abraham :
« Abraham, avant son séjour en Canaan, vivait parmi les Mésopotamiens, qui étaient polythéistes. Les pratiques religieuses de son peuple doivent avoir persisté pendant de longs siècles, car Josué dut exhorter Israël : « Ôtez les dieux qu’ont servi vos pères, de l’autre côté du fleuve et en Egypte, et servez l’Eternel. » (Josué 24.14) La religion sumérienne de Mésopotamie avait un panthéon […]. Tous les dieux rivalisaient de popularité. Abraham était probablement en contact avec le peuple sémite d’Our. Par les Amorites, il avait eu connaissance de dieux tels que El (et son épouse Achéra), Achtarot, Anat, Melkart, et d’autres que nous rencontrons parmi les Canaanéens qu’Israël eut à affronter par la suite au cours de son histoire, tels que Baal, Dagon et Chamach.
« Au sein de ces courants religieux divers, Abraham prit conscience de la réalité d’un Dieu unique, qu’il connut comme El Chaddaï (Dieu tout-puissant, Genèse 17.1-2) […]. Ses descendants eurent à découvrir les conséquences d’une telle vision dans l’ambiance religieuse très différente de l’Égypte, où ils étaient devenus esclaves […]. Certains spécialistes ont avancé l’idée qu’il y a eu un mouvement partiel, mais finalement sans effet, vers le monothéisme en Égypte à l’époque du roi hérétique Akhénaton (vers 1356-1340 av. J-C.) […]. Le dieu suprême et universel du soleil, Amon-Rê, fut débarrassé de tous ses aspects mythologiques et considéré comme le seul Dieu, connu sous le nom d’Aton (disque solaire) […]. Cependant, le culte d’Aton ne convenait pas à la religion nationale d’Égypte, et le monothéisme naissant disparut rapidement. » 4
Citons, parmi d’autres autorités compétentes qui confirment ces positions, l’exemple de G. H. Livingstone, professeur d’Ancien Testament à la Faculté de théologie Asbury (USA), extrait d’un chapitre de 20 pages consacré à la relation entre l’A.T. et les cultures anciennes :
« L’accumulation des renseignements provenant de l’ancien Proche-Orient fournit un arrière-plan essentiel à l’Ancien Testament. Si l’on compare la matière de l’A.T. avec la scène culturelle plus large, l’on constate que le peuple hébreu ressemblait à ses voisins en ce qui concerne l’hébergement, la nourriture, les vêtements, le commerce, l’agriculture, les métiers, les armes, le langage, l’écriture et bien d’autres aptitudes. Mais en ce qui touche à la théologie et à la morale, les Hébreux différaient totalement de leurs voisins, bien qu’il ne leur ait pas été facile de maintenir leur caractère distinctif, car l’idolâtrie exerçait une pression à la fois attirante et puissante. Beaucoup d’entre eux succombèrent au polythéisme, cependant qu’un reste fidèle persévérait ; c’est ce reste que Dieu a affermi pour être sa ‘tête de pont’ dans le monde.
« En lieu et place de la vision du monde et des mœurs polythéistes, Dieu instilla dans les structures [religieuses juives] la vérité le concernant : seul Dieu véritable, Souverain, Juge, Sauveur et Créateur […]. La totalité des adaptations et innovations inscrites dans l’A.T. avaient pour but d’exposer les folies et la banqueroute de l’idolâtrie, et de poser les fondements sur lesquels se développerait un peuple choisi et racheté, préparant ainsi un peuple saint pour l’avènement du Messie. » 5
c. Témoignage de l’Écriture
À partir de la révélation que donne Dieu de lui-même dès la création dans les premiers chapitres de la Genèse, ce monothéisme originel dégénère en polythéisme païen pendant les siècles suivants. De temps en temps, Dieu intervient pour se révéler tout à nouveau à ceux qu’il a choisis, opérant ainsi un « nouveau départ ». Nous avons déjà évoqué l’exemple d’Abraham qui, appelé d’Our en Chaldée aux alentours de 2000 av. J-C., laisse derrière lui le panthéon sumérien et s’attache au seul vrai Dieu, El Chaddaï.
Environ six siècles plus tard, après les quatre siècles pendant lesquels les descendants d’Abraham, esclaves en Égypte, ont adopté le panthéon égyptien, Dieu se révèle de nouveau à Moïse, au buisson ardent, sous le nom de YHWH (le « Je suis » éternel, Ex. 3-4). Au travers des dix plaies, il démontre son autorité absolue et sa suprématie sur le panthéon égyptien tout entier, dévoilant qu’il est le seul vrai Dieu, en Égypte comme partout ailleurs. Le but du rendez-vous avec Israël au Sinaï est de lier les Hébreux à lui-même en tant que possession précieuse (Exode ch. 19ss). Les deux premiers des dix commandements appellent Israël à une fidélité exclusive, et Dieu ajoute un avertissement contre tout glissement en arrière vers l’idolâtrie.
L’histoire subséquente d’Israël présente une série de descentes dans l’apostasie : il ne peut pas résister, semble-t-il, à l’attraction des dieux visibles et tangibles de ses voisins, avec leurs rites sensuels, et leurs promesses de satisfaction immédiate. L’incident du veau d’or (Ex. 32) met en relief l’influence séductrice exercée par les divinités bovines qu’étaient Hathor et Apis. À maintes reprises les prophètes sont envoyés pour dénoncer cette tendance et exhorter Israël à revenir à sa relation d’alliance avec YHWH. Plus tard, l’exil à Babylone servira de leçon magistrale pour prévenir Israël contre un retour à l’idolâtrie.
d. Et Jésus dans tout cela ?
Parmi les textes prophétiques de l’A.T. qui annoncent l’avènement du Messie, en précisant qu’il sera Dieu lui-même venu en chair, citons És 9.6 :
« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné,
Et la souveraineté (reposera) sur son épaule ;
On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant,
Père éternel, Prince de la paix. »
Le Nouveau Testament abonde en témoignages rendus à la déité de Jésus de Nazareth : l’Évangile selon Jean, les épîtres de Paul, l’Épître aux Hébreux, etc. Citons en particulier ce que dit Jésus à son propre sujet dans Jean 8.58 :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, MOI, JE SUIS ».
Les dirigeants juifs ont bien compris le sens de sa déclaration car, le croyant coupable de blasphème, ils ont pris des pierres pour le lapider.
Par conséquent, tout ce que nous avons dit au sujet du seul Dieu véritable, suprême sur toute la terre, s’applique également à la personne de Jésus-Christ.
e. Considérations pratiques
Nos convictions « évangéliques » sont fondées sur des réalités solides, objectives, historiques. « La foi chrétienne tient debout ou s’écroule avec l’assertion impérieuse que le Créateur tout-puissant de tout ce qui existe, a agi dans l’espace et le temps pour se révéler dans la nature et l’histoire, afin de racheter le monde au travers de la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Il s’agit là d’une affirmation concernant les choses telles qu’elles sont, et non pas seulement de ce qui est ‘vrai pour moi’. » 6
Notre société paganisée du XXIe siècle n’est pas moins idolâtre que celles des temps anciens. Quel « dieu » adorez-vous ? Mammon, dieu de l’argent ? Aphrodite, déesse du sexe ? Dionysos, dieu de la bonne chère ? Apollon, dieu de la littérature et des arts ? etc. L’appel que Moïse lance au peuple d’Israël dans son dernier discours, devenu le « Grand Sh’mà » cité deux fois chaque jour par le juif pieux, garde toute son actualité :
« Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta force. »
(Deut 6.4-5 ; cf. Mat 22.37 ; Marc 12.30 ; Luc 10.27)
Forts de cette conviction, nous aurons la joie de chanter à la gloire de l’Éternel, et de proclamer avec courage à tous les peuples la bonne nouvelle de son salut.
NOTES
1 W. Graham Scroggie, The Psalms: Psalms 1 to 150, éd. Pickering & Inglis, London, 1948, p. 280.
2 B. Wattessen, The Gods of Ancient Egypt, London, 1984, p. 88.
3 S. Zwemer, The Origin of Religion, Loizeaux Brothers, New York, 1945, p. 12s.
4 J.A. Thompson, Vie et coutumes aux pays bibliques, Ligue pour la Lecture de la Bible, Lausanne, 1989, p. 316s.
5 F.E. Gaebelein, The Expositor’s Bible Commentary, Zondervan, Grand Rapids, USA, 1978, vol. 1, p. 355s.
6 Carol Stream, Christianity Today, Illinois, USA, juin 2005, p. 49s.
- Edité par Horton Frank
« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour se montrer aux hommes. En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Mais toi quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret, et ton Père qui est dans le secret te le rendra. En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Voici donc comment vous devez prier : Matthieu 6.5-15 |
La prière est sobre, succincte et simple. Nous allons l’étudier sous 3 aspects.
1. s’approcher du Père
2. l’adoration
3. les requêtes personnelles.
S’approcher du Père
Retenons tout d’abord que la prière est peut-être l’activité la plus élevée de l’âme humaine. L’homme du monde n’en sait rien. Tout est plus facile que la prière. Pourtant elle est notre plus grand besoin.
Le « Notre Père » est évidemment un modèle : son contenu couvre tous les éléments sous leur forme essentielle ; Jésus nous apprend comment, et de quelle manière prier. Cela n’exclut pas que le « Notre Père » puisse être prié en communauté par tous en même temps, mais seulement de façon exceptionnelle, pour éviter qu’il ne soit récité mécaniquement, comme je l’ai vécu dans une certaine église au Cameroun, où on le disait à toute allure plusieurs fois pendant le même culte.
Le fait que Jésus ait prié des nuits entières est une indication de la grande étendue de la prière. Le « Notre Père » est comme un squelette que nous devons habiller et qui contient des lignes directrices. On les retrouve dans la prière sacerdotale de Jean 17. Plus tard, Jésus a enseigné à prier « en son nom » ; nous pouvons nous adresser à Jésus directement.
Chaque prière, ou presque, dans la Bible commence par une invocation à Dieu. Job ne l’a pas fait. Ses malheurs étaient si énormes qu’il avait le sentiment que Dieu l’avait traité injustement. Avec le temps, il a compris qu’on ne parle pas ainsi avec Dieu. « Je mets la main sur ma bouche » (40.4). Étonnamment, prier commence par ne rien dire. Nous parlons à Dieu, et nous nous oublions nous-mêmes.
Nous invoquons Dieu par les mots « notre Père » parce qu’il est vraiment notre Père. Le monde croit en un Père de tous, et veut faire de tous les hommes des frères. Ce n’est pas ce que dit la Bible. Jésus a dit à certains Juifs très religieux que leur père était le diable et non pas Dieu (Jean 8.44). Dieu est le Père des seuls enfants de Dieu, qui, entre eux, sont véritablement des frères, étant de la famille de Dieu (Jean 1.12-13).
L’adoration
Elle suit l’invocation. Elle commence par Dieu et non par nous-mêmes. Elle consiste en trois demandes centrées sur Dieu :
a) « Que ton nom soit sanctifié. »
b) « Que ton règne vienne. »
c) « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »
Quel est le sens de ces trois requêtes ?
a) « Que ton nom soit sanctifié »
On demande que Dieu soit respecté, vénéré, honoré parmi les hommes. Dieu s’était révélé aux Israélites sous plusieurs noms. En voici quelques-uns :
– Yahvé = Je suis qui je suis : Dieu existe par lui-même ;
– El Élohim indique sa puissance, sa domination ;
– Yahvé Shalom : l’Éternel est notre paix;
– Yahvé Tsébaoth : l’Éternel des Armées, qui se réfère toujours à Jésus dans l’A.T.
Cette première demande contient tous les noms de Dieu. Nous avons à magnifier son nom. Ne l’oublions pas : Dieu vient d’abord ! Il est la Personne la plus importante de l’univers. Et « notre Dieu est aussi un feu dévorant. » (Héb 12.29)
b) « Que ton règne vienne »
Le règne signifie le royaume.
1) Il est déjà venu avec Christ. « Si Dieu chasse les démons par Christ, le royaume est venu. » (Luc 11.20) C’est-à-dire : Christ exerce la puissance du royaume, la souveraineté de Dieu sur la terre.
2) Le royaume est maintenant présent en chaque croyant et donc dans l’Église.
3) Il est encore à venir. Jésus en a posé le fondement, et le royaume se constitue spirituellement. À sa venue, le royaume sera établi visiblement sur la terre. « Que ton règne (royaume) vienne » correspond en fait à demander le retour de Christ. Mais c’est aussi une prière missionnaire : que se répande l’Évangile du royaume. Nous hâtons l’avènement de ce jour (2 Pi 3.12).
c) « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »
C’est la conséquence logique de b), qui découle de a). « Comme au ciel » : où sa volonté est continuellement faite. Cet état sera aussi un fait sur la terre. Le ciel et la terre seront un: le royaume de Dieu.
Pourquoi rassembler ces trois demandes sous le terme général d’« adoration » ? Elles comprennent tout ce qui fait l’adoration : l’exaltation du nom de Dieu ; l’attente de sa souveraineté universellement reconnue et acceptée ; la totale soumission à toutes ses lois.
Les requêtes personnelles
Tous nos besoins fondamentaux y sont résumés. La vie entière est là :
– le pain = nos besoins matériels ;
– nos offenses/dettes = nos relations avec les autres et avec Dieu ;
– la tentation = la vie spirituelle.
a) Le corps
Le corps a de l’importance dans le royaume de Dieu. Dieu pourvoit à nos nécessités physiques. Même un moineau ne peut tomber à terre sans que Dieu ne le veuille. Même les cheveux de notre tête sont comptés, ce qui signifie qu’aucun détail de sa création n’échappe à Dieu. Seule la Bible parle ainsi de Dieu. Il est près de celui dont l’esprit est abattu, de celui qui se repent, de celui qui est humble. C’est là tout le miracle de la rédemption : le royaume de Dieu lié à mon pain quotidien !
Mais ici, attention : il s’agit de nos besoins élémentaires (la nourriture, les habits, etc.) et non d’articles de luxe. Quand le pasteur Yonggi-Cho (de Corée du Sud) demande à Dieu un bureau en acajou, une chaise à roulettes et « passe commande », je me permets de douter que ce soit Dieu qui ait exaucé cette demande. Non, Dieu nous promet seulement que nous aurons ce qu’il nous faut pour vivre. David peut dire : « J’ai été jeune, j’ai vieilli ; et je n’ai pas vu le juste abandonné, ni sa descendance mendiant son pain. » (Ps 37.25)
Certains disent : « Pourquoi demander à Dieu ce qu’il sait déjà ? », en se référant au v. 8 (« votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez »). Nous percevons ici le sens de la prière : c’est une relation de Père à enfant. Nous nous savons dépendants de lui et restons en contact avec lui. Dieu désire que nous lui parlions, comme nous le faisons à un père terrestre.
Voici une illustration : un père a déposé une grosse somme à la banque. Chaque fois que son fils a besoin d’argent, il lui faut un chèque signé par le père. En fait, Dieu désire que nous soyons conscients de notre entière dépendance de lui. Toute notre existence dépend de Dieu.
b) Le pardon
« Pardonne-nous nos offenses. » Pourquoi demander pardon, puisque nous sommes justifiés par la foi, donc entièrement pardonnés ? Dans Jean 13, Jésus démontre à ses disciples qu’ils sont purs, mais que la vie dans un monde souillé nécessite un lavage des pieds périodique. Seul l’enfant de Dieu, qui peut dire « mon Père », a ce privilège. Le pardon n’est pas accordé à n’importe qui, mais seulement à celui qui vient au Père au nom de Jésus-Christ. Jean nous rappelle que celui qui dit qu’il n’a pas de péché est un menteur, mais quand il pèche, s’il le confesse, il est pardonné et entièrement purifié (1 Jean 1.8-9).
«… comme (et non pas parce que) nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » L’original grec dit : « … comme nous avons pardonné… » Le pardon de Dieu ne dépend pas du nôtre ! Le pardon que nous accordons n’est pas une condition au pardon de Dieu. En fait, il va de soi que nous pardonnons, ayant reçu un pardon total par pure grâce. J’estime qu’il est impossible pour un enfant de Dieu de refuser de pardonner, surtout quand cela lui est demandé. S’il ne veut pas pardonner, il y a des chances qu’il ait mal saisi le sens du pardon que Dieu lui a accordé, ou même qu’il ne soit pas un enfant de Dieu.
Que penser alors des versets 14-15 ? « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » Si nous pardonnons, ce n’est pas un mérite qui achèterait notre pardon : ce dernier nous est accordé par pure grâce, au moyen de notre foi (relisons Éph 2.8-9). Alors comment comprendre ce texte ?
Au tribunal de Christ, nous devrons rendre compte de ce que nous aurons fait, en bien et en mal. Mis dans la balance du bien et du mal, le refus de pardonner diminuera la récompense que nous recevrons du Seigneur et, dans ce sens, ne sera donc pas pardonné.
c) La tentation
Le grec dit : « Ne nous mène pas dedans la tentation. » Le mot a aussi le sens d’ « épreuve ». Je paraphrase ainsi : « Ne permets pas que nous soyons mis dans une situation où Satan puisse nous tenter ou nous éprouver au delà de nos forces. » Voici une des dernières paroles de Jésus avant la croix, à Gethsémané : « Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation. » (Mat 26.41)
« Délivre-nous du Malin (du mal). » Il s’agit non seulement de Satan, mais du mal autour de nous et en nous. Le mal interrompt notre relation avec Dieu, que nous voudrions continue.
La doxologie est une conclusion parfaite de cette prière, car tout appartient à Dieu :
« Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles,
Le règne, la puissance et la gloire. Amen ! »
- Edité par Schneider Jean-Pierre
Le mal, un mystère
D’où provient le mal ? Ceux et celles qui étudient sérieusement la doctrine du péché se verront tôt ou tard confrontés à cette question particulièrement angoissante. Existe-t-il une réponse à cette interro-gation ? Certains théologiens soutiennent que oui, élaborent des thèses sur le sujet afin de démontrer l’origine du mal. Cependant, nous sommes de l’avis des théologiens évangéliques qui maintiennent le caractère absolument énigmatique du mal et son origine. Comme l’exprime fort à propos le professeur Henri Blocher, « l’énigme du mal est le seul mystère ‘opaque’ de l’Écriture ».2 Énigme que même les yeux de la foi ne parviennent pas à percer !
Cette confession du mystère du mal n’est cependant pas l’aveu de l’échec devant une réalité (celle du péché) qui échapperait complètement à l’entendement de l’homme.3 Elle est en fait la reconnaissance d’une réalité qui, bien que présente dans l’expérience humaine, ne sonne pourtant pas au diapason de la réalité du monde créé : si le mal dérange, c’est parce qu’il ne s’arrange à rien ; le mal n’étant pas lui-même de création divine, il est par conséquent dérangement de l’ordre créé. Ou dit autrement : le mal est dérèglement qui corrompt et détruit la création de Dieu. Et c’est bien en raison du fait que le mal n’a pas sa place dans le créé qu’il nous apparaît comme mystère. Si le mal n’était pas ainsi mystérieux, il serait alors tout à fait possible de l’expliquer. Mais l’expliquer, ne serait-ce pas du même coup tenter de le justifier, comme s’il était un maillon nécessaire de la chaîne ? Et s’il était effectivement possible de le justifier, ne serait-ce pas en fin de compte Dieu qu’il faudrait blâmer d’avoir produit un si grand fléau ? Si donc le mal ne s’explique pas, c’est uniquement parce qu’il est étranger à la vie de Dieu, et non parce qu’il échappe à notre intelligence.
D’autres mystères sont contenus dans l’Écriture. La grâce de Dieu est un de ces mystères. L’énigme de la grâce, cependant, est bien différente de l’énigme du mal. Car le mystère de la grâce, contrairement au mystère du mal, ne gît ni dans la terreur ni dans la souffrance, mais dans la pure lumière de la bonté divine ; il s’agit d’un mystère lumineux et délicieux pour l’intelligence. Quant au mal, il sera toujours souffrance pour la raison humaine, puisque l’absence d’origine et le statut d’étranger à la création de Dieu de celui-ci apparaîtront toujours à celle-ci comme une énigme angoissante : si Dieu n’est pas l’auteur du mal, si le péché n’est pas « originé » de lui, d’où le mal a-t-il pu surgir ?
Le mal et l’homme
Toute souffrance requiert une consolation. Il serait vain cependant de chercher un soulagement à la « souffrance cognitive » qu’engendre le mal via l’avenue du savoir rationnel. Car la véritable consolation s’obtient non par une soi-disant connaissance théorique du mal, mais dans la confession de sa propre culpabilité. C’est pourquoi toute tentative d’élucidation du mal dans le but de le justifier (et ainsi soulager sa conscience) doit être considérée comme un refus de confesser son propre péché. L’Écriture ne permet aucun écart à ce sujet : jamais en effet elle ne donne à penser que l’homme serait pour ainsi dire « atteint » par la présence du mal sans que ne soit pris en considération sa propre responsabilité et culpabilité. Il faut se garder de ce piège : « Que nul pécheur n’imagine qu’il peut s’excuser en imputant à Dieu la causalité du mal. »4 La Bible nous dépeint en effet l’homme dans toute sa culpabilité, où lui seul est à blâmer : « Car il n’y a pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » (Rom 3.23).
Ainsi, dans l’étude du problème du mal, l’homme est entièrement impliqué parce que c’est aussi le récit de son péché et de sa culpabilité qu’il entend étudier. Dans ce domaine, nul n’a le droit d’adopter une attitude désinvolte qui ressemblerait à du « cela-ne-me-concerne-pas ! ». Bien au contraire, chaque homme ne peut que s’humilier et confesser qu’il a, lui aussi, commis le mal. Cette dernière attitude est à vrai dire la seule par laquelle la question du péché peut être correctement abordée.
On ne saurait trop insister sur le lien étroit qui existe entre la question de l’origine du mal et la culpabilité du pécheur. Ce lien, bien entendu, n’a rien d’une construction théorique artificielle. Il s’agit en fait du lien fondamental qui nous permet de « prendre conscience » de la présence du péché dans la création : le péché « existe » parce que l’homme a choisi le péché. On ne peut aller au-delà de ce lien. Car situer le péché à l’extérieur de la volonté humaine reviendrait à placer son origine dans la substance même de la création, donc à faire du Dieu créateur l’auteur du mal. Or la Bible ne permet jamais une telle supposition. C’est aussi ce lien qui a conduit le théologien néerlandais Herman Bavinck à dire avec tant de justesse et de réalisme que « le péché n’a pas d’origine, mais seulement un commencement ».5 Chaque chose créée a son origine en Dieu. Or, si le péché avait aussi sa propre origine, il faudrait alors admettre qu’il procède de Dieu, ce que l’Écriture nous interdit formellement d’affirmer. Il ne reste alors qu’à reconnaître que le péché a seulement un commencement, et que ce commencement coïncide avec la libre décision humaine de pécher.
Est-ce donc dire qu’il y aurait eu une faille lors de la conception de la créature humaine, une sorte de fissure dans sa liberté ? Peut-on sur ce point suivre Thomas d’Aquin, qui disait que « des créatures faillibles doivent bien défaillir quelquefois » ? Ou encore d’autres théologiens, C.S. Lewis par exemple, qui ont conclu qu’il « est essentiel à la liberté de pouvoir pécher, de pouvoir dire non à Dieu comme de pouvoir lui dire oui »6 ? Une telle faille inhérente à la liberté humaine n’est toutefois pas possible. Car tout ce que Dieu a créé était non seulement bon, mais encore très bon, la création de l’homme incluse (Gen 1.31). Certes, la Bible atteste à maintes reprises que l’introduction du péché dans le monde relève de l’usage de la liberté créée. Jamais cependant elle n’impute de fêlure à cette liberté ; elle ne résout pas l’énigme douloureuse du mal par l’affirmation d’une liberté déficiente. Car la liberté de l’homme a aussi été créée bonne, voire très bonne ! Autrement Dieu serait l’auteur du mal à titre de possible :
« Ou bien on prétendrait, pour l’excuser, que Dieu ne pouvait pas créer la liberté autrement : on poserait alors une nécessité extérieure à Dieu, s’imposant à Dieu même. Ou bien on devrait chercher dans la nature de Dieu la source du mal virtuel inhérent à la liberté ; Dieu serait compromis avec le mal. » 7
Face au mal, une consolation
Si le mal est donc si mystérieux, que reste-t-il alors à espérer ? Où tourner les yeux, quand le mal qui nous afflige et que l’on inflige demeure inexplicable ? Vers qui, vers quoi aller afin de trouver liberté et consolation ? Puisqu’il n’y a pas de solution à l’énigme du mal, existe-t-il au moins une consolation ? Et si une telle consolation existe, en quoi consiste-t-elle ? Comment la trouver, l’obtenir ? De plus, « la présence de cette énigme non résolue, de ce mystère blessant, est-elle une faiblesse, peut-être un vice irrémédiable de la doctrine biblique »8 ? Il faut admettre que cette dernière question est fort légitime, car on ne doit pas renoncer facilement à la nécessité de la cohérence et de l’harmonie des représentations théologiques, et on ne plonge pas volontiers dans la notion de mystère.
Heureusement, la Bible offre une consolation au problème du mal. Quant à son énigme, l’Écriture préserve pleinement le mystère. Car une réponse rationnelle au « pourquoi ? » du mal atténuerait inévitablement son caractère scandaleux ; une telle « solution » nierait en effet le « mal du mal ». La consolation qu’offre l’Écriture face à ce mystère est composée de trois thèses fondamentales.
1. « Le mal est mauvais totalement, radicalement, absolument. »9 Le témoignage biblique ne laisse planer aucun doute à ce sujet : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien » (És 5.20) ; « Ayez le mal en horreur. » (Rom 12.9)
2. La maîtrise de Dieu sur tout événement est entière : « Dieu est souverain totalement, radicalement, absolument. »10 Le mal n’est donc pas une réalité indépendante de Dieu et son vouloir ; il ne lui « glisse pas entre les doigts ». Une fois de plus, le témoignage de l’Écriture est explicite : Dieu opère tout selon son plan (Éph 1.11) ; il est au ciel et « il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3).
3. À ces deux premières thèses, on doit ajouter le grand a priori biblique, selon l’expression de Berkouwer : la bonté, la sainteté et la pureté de la majesté de Dieu11 : « Dieu est bon totalement, radicalement, absolument. »12 Dieu ne supporte pas la vue du mal (selon Hab 1.13, ses yeux sont « trop purs pour voir le mal »). C’est pourquoi on ne peut lui imputer de complicité avec le mal. L’apôtre Paul dira de Dieu qu’il « habite une lumière inaccessible » (1 Tim 6.16). Selon Jean, Dieu est lui-même lumière, car « il n’y a pas en lui de ténèbres » (1 Jean 1.5). Jacques affine ce portrait, en affirmant que « Dieu ne peut être tenté par le mal et ne tente lui-même personne » (Jac 1.13).
Ces trois thèses, bien sûr, n’entendent pas expliquer l’énigme du mal. Par contre, elles procurent au chrétien l’assurance de la parfaite détermination de Dieu d’éliminer le mal. Elles nous dépeignent en effet Dieu tel qu’il est : il a le mal en horreur et il ne le laissera pas subsister. C’est d’ailleurs en s’approchant de Dieu que le chrétien prendra progressivement conscience du caractère absolument scandaleux du mal. Se rapprocher de la pure lumière de Dieu, c’est en même temps s’apercevoir que celui-ci n’a aucune participation avec les œuvres des ténèbres. Au contraire, il les combat et les détruit sans merci. Quelle consolation pour le croyant de savoir que le Dieu qu’il adore n’est pas pour mais contre le mal !
La force de la doctrine évangélique du péché réside donc dans son absence de solution : il n’y a pas de solution au problème du mal parce que, justement, il n’y a pas de raison au mal : « La faiblesse apparente de la doctrine biblique se révèle comme l’une de ses plus grandes forces ! Ce n’est pas par hasard si l’événement central est aussi celui qui illustre le plus solennellement les « trois vérités » [les trois thèses] : à la Croix, le Dieu d’amour triomphe du mal ! »13
NOTES
1 De la Faculté de théologie évangélique de l’Université Acadia, à Montréal. L’auteur s’inspire largement, dans cette étude, des ouvrages d’Henri Blocher sur le thème retenu.
2 Henri Blocher, Fac étude : la doctrine du péché et de la rédemption, premier fascicule, nouvelle édition révisée et augmentée, Vaux-sur-Seine, Édifac, 1997, p. 14.
3 Comme le déclare fort bien Gordon J. Spykman, « une ‘théodicée du péché’ [la défense de Dieu] est hors de question. » Et d’ajouter : « Cette conclusion n’est pas la fuite d’un esprit vaincu cherchant refuge dans l’asile de l’ignorance […] L’origine du mal demeure un mystère inexplicable. » Gordon J. Spykman, Reformational Theology : A New Paradigm for Doing Dogmatics, Grand Rapids, Eerdmans, 1992, p. 311.
4 Henri Blocher, Le Mal et la Croix, Méry-sur-Oise, Sator, 1990, p. 139.
5 Herman Bavinck, cité par G. C. Berkouwer, Sin, Grand Rapids, Eerdmans, 1980, p. 18.
6 Henri Blocher, Fac étude, op.cit., p. 16.
7 Ibid., p. 18.
8 Ibid., p. 19.
9 Ibid., p. 14.
10 Henri Blocher, Fac étude, op.cit., p. 14.
11 G. C. Berkouwer, op.cit., p. 26.
12 Henri Blocher, Fac étude, op.cit., p. 14.
- Edité par Audette Daniel
Cinq passages dans le livre de Jonas mettent en évidence la providence divine :
« L’Éternel fit souffler un grand vent sur la mer » (1.4)
« L’Éternel fit intervenir un grand poisson pour engloutir Jonas » (2.1)
« Alors Dieu regretta le mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas »
« L’Éternel fit intervenir un ricin qui s’éleva au dessus de Jonas » (4.6)
« Le lendemain, Dieu fit intervenir un ver pour s’attaquer au ricin. » (4.7)
En méditant le livre de Jonas, on est frappé par le fait que dans chaque chapitre ce thème ressorte d’une façon évidente. Il y a une cause première dans tous ces événements et circonstances : DIEU. Quant aux causes secondaires, ce sont les moyens par lesquels il intervient par sa divine providence : le vent, un grand poisson, une prédication, un ricin et un ver.
Une définition du terme « providence » est donnée par les dictionnaires Quillet et Le Petit Robert : « Sagesse divine qui gouverne tout » (Quillet) ou « sage gouvernement de Dieu sur la création, et par extension, Dieu gouvernant la création » (Le Petit Robert 1, 1986). Le terme vient du latin providentia (prévoyance) et providere (pourvoir). Il se réfère à la prescience et à la préconnaissance de Dieu. Dans la Bible, ce terme n’est pas directement employé. Il n’y a pas de mot équivalent en hébreu mais en grec deux mots s’en rapprochent : le nom pronoia : Act 24.2 (administration, prévoyance) ; Rom 13.14 (préoccupation, souci), et le verbe pro-noeo : Rom 12.17 (viser, avoir souci de) ; 2 Cor 8.21 (se préoccuper de, avoir souci de).
C’est un sujet dont on ne parle plus guère. Les avancées de la science et de la technologie ont contribué en partie à rendre l’homme totalement autonome face à un Dieu évacué dans notre monde occidental. Il y a à peine 100 ans, on parlait encore de la Providence comme désignant Dieu. On croyait en un Dieu souverain qui règne et domine sur l’univers.
Le sécularisme a fermé l’accès au transcendant, au surnaturel, parce que dans ce monde désacralisé, la vie se meut dans un système mécaniste où les évènements sont dûs à des lois fixes et impersonnelles, de force ou de chance. L’évolutionnisme, ayant totalement imprégné la science et la technologie humanistes, constitue un des principaux éléments du rejet de la Providence.
D’autre part, le Nouvel Âge, élément important du postmodernisme, est fasciné par l’irrationnel, qui, de son côté, attaque la providence de Dieu en propageant l’ésotérisme, l’occultisme, l’animisme moderne. Ce sont les armes de l’ennemi de Dieu, Satan, qui désire remplacer la Providence de Dieu par un retour à un paganisme moderne de superstition, dominé par lui.
La Création constitue l’œuvre originelle de Dieu (Gen 1). La Providence constitue la continuation de l’œuvre de Dieu en vue de l’achèvement de ses plans. Elle a deux aspects :
– celui de la préservation de la création en la maintenant et la soutenant pour qu’elle subsiste ;
– celui de son gouvernement, de sa direction du cours des événements pour accomplir ses desseins.
A. La Providence par la préservation de la création de Dieur.
Tout subsiste par Christ. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui ; il soutient toutes choses afin d’accomplir ses desseins (Col 1.17 ; Héb 1.3)
Toute la création dépend de lui : la nature, les hommes, son peuple, tous les siens.
Sa création : Dieu maintient la terre (Ps 104.5). Il envoie de l’eau pour abreuver les animaux (Ps 104.10-13). Il fait pousser fruits et herbes pour nourrir les animaux (Ps 104.13-14). Il envoie les ténèbres pour permettre à certains animaux de se nourrir (Ps 104.20-21). Tous les animaux reçoivent leur nourriture de Dieu (Ps 104.27). Il a affermi les œuvres de sa création pour toujours et a donné des lois à la nature, lois qu’il ne violera pas (Ps 148.6).
Les siens : Joseph fut déporté en Egypte pour donner plus tard du pain aux siens. La vie de Moïse fut épargnée afin qu’il délivre ensuite son peuple. Tout au long de l’histoire d’Israël dans l’A.T., l’on constate les soins providentiels de Dieu envers son peuple à travers l’action d’hommes de Dieu. Il suscite Daniel et ses trois compagnons pour glorifier son nom et préserver son peuple. Il suscite aussi Esther, à un moment crucial de l’histoire de son peuple déporté (Est 4.14). Dans Mat 6.25-34, nous avons un exemple de sa divine providence qui pourvoit aux besoins des hommes et en particulier des croyants ; il donne la nourriture (v. 26) ; il fait pousser les lis des champs (v 28-29), et il sait ce dont nous avons besoin (v. 32). Tout cela touche la faune, la flore et les hommes. Dieu prend soin des siens et ils n’ont rien à craindre (Mat 10.27-32 ; Jean 10.27-30 ; Rom 8.35 ; 1 Pi 1.5-6).
B. La Providence par le gouvernement de Dieu
Dieu contrôle tout l’univers et ses activités se déroulent de telle manière que tous les événements convergent vers un but final qu’il s’est proposé.
– Il gouverne les forces de la nature (Ps 135.5-7). Il fait pleuvoir sur les justes et les injustes (Mat 5.45). Jésus contrôlait et dominait le vent et la mer (Mat 4.39 ; Luc 8.25).
– Il gouverne les peuples, en faisant leur histoire et leur destinée (Dan 2.21 ; 4.22 ; Job 12.13-25 ; Ps 66.7 ; Act 17.26).
– Il a gouverné de telle façon que tout a convergé vers la « plénitude des temps accomplis » (Gal 4.4), quand, par l’incarnation, Dieu s’est manifesté en chair par Jésus-Christ (Luc 2.1-7 ; 1 Tim 3.16).
– Il gouverne les individus en restant le Souverain dans toutes leurs circonstances. C’est lui qui fait mourir et qui fait vivre, qui appauvrit et qui enrichit (Anne, 1 Sam 2.6-7) ; il abaisse les puissants de leurs trônes et élève ceux qui sont abaissés (Marie, Luc 1.52). C’est encore lui qui a mis à part l’apôtre Paul avant sa naissance (Gal 1.15-16). Pleins de confiance en l’Éternel, nous disons avec le psalmiste : « Mes temps sont dans tes mains. » (31.14-15) Donc, ma propre histoire est parfaitement sous son contrôle.
– Il contrôle et dirige toutes les circonstances pour arriver à ses desseins éternels. « Le sort est jeté… mais toute décision vient de l’Éternel. » (Pr 16.33) Rien ne peut se passer sans que Dieu ne l’ait permis ou n’ait agi selon ses propres desseins et décisions. Et tout le livre de Jonas en est un exemple parfait. Même la folie d’un Nebucadnetsar a été dirigée par Dieu pour qu’il reconnaisse la souveraineté absolue de Dieu (Dan 4.32-34).
– Il dirige les actions libres des humains. Les Israélites, à la sortie d’Égypte, ne sont pas sortis du pays « les mains vides », parce que Dieu le leur avait promis et avait guidé les circonstances et les cœurs des Égyptiens pour qu’ils leur donnent leurs bijoux (Ex 3.21 et 12.35-36). Nos dispositions nous appartiennent, mais c’est le dessein de Dieu qui s’accomplira toujours (Ps 38.15 ; Pr 16.1 ; 19.21).
– Il peut permettre (ou empêcher) le péché pour faire éclater notre incapacité naturelle à ne pas commettre de péché. Ceci manifeste aussi la corruption totale de l’homme et la grâce de Dieu qui vient à son secours. Ceci dit, « Dieu ne peut être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. » (Jac 1.14) Quand un homme ou une société persistent dans le mal et le péché, Dieu peut les « livrer à la passion des hommes… à une mentalité réprouvée, pour commettre des choses indignes. » (Rom 1.24-28) Dans l’exemple de Joseph, Dieu l’avait préservé de la tentation venant de la femme de Potiphar, parce que Joseph aimait l’Éternel et désirait le suivre en toute pureté (Gen 39.7-23). En même temps, Dieu s’est servi de cette circonstance qui avait jeté Joseph en prison à cause de sa fidélité à Dieu et de sa résistance au péché, pour faire entrer Joseph à la cour royale d’Égypte (Gen 40-50). La conclusion que donne Joseph à la fin de toutes ses péripéties — depuis sa vente à un marchand d’esclaves jusqu’à son arrivée à l’apogée du pouvoir — est touchante : « Ce n’est pas vous, mais Dieu qui m’a envoyé ici. » (Gen 45.8 ; 50.20)
– Il peut aussi simplement limiter des actes de péché ou de mal. Dans le cas de Job, c’est Dieu qui avait permis à Satan de l’attaquer par la maladie, mais il lui avait interdit de le faire mourir : « Il est entre tes mains, seulement épargne sa vie. » (Job 1.12) Job est sorti victorieux finalement, et l’épreuve lui a appris à connaître Dieu.
C. Caractéristiques du gouvernement de Dieu en activité
1. Cette activité est universelle
– Elle s’opère envers les croyants : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu. » (Rom 8.28) C’est la doctrine des convergences : toutes les circonstances dans notre vie mènent au bien que Dieu s’est proposé pour moi. L’exhortation : « Ne crains rien » prend ici tout son poids, car elle se dresse contre nos peurs, nos soucis, nos incertitudes, que l’on peut comparer à une hydre à têtes multiples qui se régénèrent rapidement sitôt coupées. Rien ne pourra jamais séparer le racheté de son Sauveur Jésus-Christ. Dans ce sens, aucun mal ne lui arrivera dans la perspective de l’éternité. Toutes les épreuves servent à notre sanctification pour affiner notre foi (1 Pi 1.6-7), même les mauvaises actions des hommes, y compris les nôtres parfois. Le but est notre « transformation à l’image de son Fils » (Rom 8.29 ; Héb 12.6-11). « Le bien », c’est d’être finalement avec Christ dans nos corps glorifiés lors de son glorieux retour. La mort atteint tout homme (Héb 9.27), mais le croyant reste en sécurité absolue face à l’éternité. Soyons rassurés, car Dieu s’occupe personnellement de tous les siens (Luc 15.3-7 ; Jean 10.3-6, 14, 27 ; Mat 10.30), alors que la modernité fait de l’humain un être impersonnel, sans âme. Oui, notre Dieu est personnel et en même temps infini. Il prend soin de nous dans toutes les circonstances.
– Quelle tragédie, en revanche, pour le non-croyant (Rom 1.18-21 ; Act 17.30-31) ! Saisissons les opportunités pour faire « du bien » en témoignant de l’amour du Sauveur à notre prochain non-croyant pour qu’il se repente de ses péchés et croie au Seigneur Jésus.
– Elle s’opère envers tous les hommes : « Il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bon et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mat 5.45) La bonté de Dieu se manifeste envers tous les hommes.
2. Dieu absolument souverain dans toutes ses actions
– Nous n’avons pas à lui dicter sa volonté, mais demandons-lui en revanche de nous révéler ses pensées en nous éclairant à travers sa Parole.
3. Dieu est bon
– La bonté de Dieu est infinie, car il est bonté. Mais il est aussi juste, et jamais ces deux attributs divins ne sont séparés l’un de l’autre.
4. L’activité de Dieu et la nôtre
– Elles ne s’excluent pas mutuellement, parce que sa Providence inclut les actions humaines.
– En conséquence, il n’y a pas de place pour le laxisme, l’indifférence, la résignation, le fatalisme.
– Parfois les humains sont conscients d’accomplir les intentions divines. L’exemple par excellence nous est donné en Jésus-Christ qui savait qu’il devait boire la coupe des souffrances pour notre salut (Mat 26.42).
– Parfois les humains ne le savent pas, comme dans le cas de l’empereur César Auguste lorsqu’il a décrété le recensement de la terre. Il fallait que cela se passe ainsi pour accomplir les desseins de Dieu (Luc 2.1)
5. La providence et la prière
La question peut se poser : si Dieu a fixé ses desseins d’avance, la prière change-t-elle encore quelque chose ?
– Dieu ne change pas ses plans, mais, dans ses plans, la prière et la foi sont incluses. Il y une parfaite relation entre l’effort humain, moyen providentiel que Dieu a voulu donner au croyant, et l’activité providentielle de Dieu. L’Écriture affirme que les desseins de Dieu sont fixes et définis, donc sans révision. Mais il désire que nous priions pour qu’il puisse agir avec efficacité (Jac 5.16).
– Dans beaucoup de cas, Dieu agit en association avec l’homme par le moyen de la foi. Ne citons que deux exemples : la foi du centurion : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi » (Mat 8.5-13) et la foi de la femme qui avait une perte de sang : « Va, ta foi t’a guérie » (Mat 9.18-22). C’est une interpellation à nos cœurs : faut-il vraiment que « Jésus s’étonne de notre incrédulité » (Marc 6.6) ou saisissons-nous sa main en lui confessant notre petitesse dans la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à ma petite foi ! » ? Ne restons pas passifs, mais marchons par la foi, car elle franchit des montagnes.
– Oui, la prière et la foi sont vraiment les moyens providentiels par lesquels Dieu désire opérer.
D. Prudence et modestie dans nos affirmations au sujet de la Providence
– Restons sages et prudents dans nos affirmations quant à nos évaluations des actes souverains et providentiels de Dieu. Seule l’éternité manifestera réellement la pleine révélation des mystères de la providence du Dieu juste, bon et sage.
– Tout cela doit nous amener à une attitude d’humilité et de confiance en lui : redisons, avec la prière du Notre Père : « Que ta volonté soit faite », avant de demander : « Donne-nous notre pain quotidien ».
– Qu’il est bienfaisant de se répéter dans toutes les circonstances ce que le Seigneur affirmait à Paul : « Ma grâce te suffit.» Quoi qu’il nous arrive, Dieu « ne refuse pas le bonheur à ceux qui marchent dans l’intégrité. » (Ps 84.12) Ce vrai bonheur, c’est de posséder Jésus-Christ : personne ne pourra jamais nous le ravir. Gloire à notre bien-aimé Sauveur ! Gloire à Dieu dont la parfaite providence dirige toutes choses pour notre bien et pour sa gloire ! Et cela Jonas a dû l’apprendre. Mais la patience de Dieu est grande et nous encourage à l’aimer et le suivre de tout notre cœur.
- Edité par Lüscher Henri
L’article qui suit est un condensé librement adapté de l’étude :
« JONAS : quand la compassion de Dieu nous dépasse. La chance de Ninive » ( Jonas 3), disponible sur le site Internet http://www.unpoissondansle.net/jonas/jonas.php?d=&i=3
A. Un message choc
Jonas parcourt Ninive en criant : « Encore quarante jours et Ninive sera bouleversée. »
Ce message est dur. Ce n’est pas le ton habituel des évangélistes qui se gardent d’insister sur la perdition éternelle, et limitent leur prédication à la première moitié de Jean 3.16. Encore 40 jours et Ninive ne sera plus qu’une pièce de musée. Mes amis, savez-vous qu’encore quelque temps, et la France ne sera plus ? Que la chose arrive dans quelques années, ou dans quelques siècles, le jour vient, nous rappelle l’apôtre Pierre, où « les éléments embrasés se dissoudront, et la terre, avec les œuvres qu’elle renferme, sera consumée » (2 Pi 3.10b, 12).
La Bible parle abondamment de l’enfer. Plus de 30 expressions le décrivent. Jésus a souvent parlé du lac de feu, de la géhenne, de la perdition éternelle. Les apôtres décrivent la justice de Dieu qui condamne tout pécheur, c’est-à-dire tout homme non régénéré, à l’enfer.
Je me demande si la proclamation de l’Évangile ne manque pas de mordant. Jonathan Edwards, au 18e siècle, a prêché, entre autres, un sermon passionné sur la justice de Dieu. L’Esprit utilisa ce message pour déclencher un réveil puissant :
« Ainsi donc, vous tous qui n’avez jamais connu le changement de cœur qu’opère le Saint Esprit par sa grande puissance, vous n’êtes pas devenus de nouvelles créatures, nées de nouveau, ressuscitées de la mort du péché à une nouvelle vie ; vous tous, vous dis-je, êtes entre les mains d’un Dieu en colère. Peu importe la multiplicité de vos réformes, seul le bon vouloir de Dieu vous empêche d’être à l’instant engloutis par une destruction éternelle. Vos expériences religieuses, l’observation d’une certaine forme de religion ou vos prières ne vous délivreront pas. […] Le Dieu qui vous retient suspendus au-dessus de l’abîme infernal éprouve une infinie aversion à votre égard, tout comme l’on tient un insecte répugnant au-dessus du feu. Vous avez terriblement provoqué sa colère, et celle-ci brûle comme un feu à votre encontre. Vous méritez seulement d’être précipités dans le feu. Les yeux de Dieu sont trop purs pour supporter la vue que vous leur offrez, et vous lui paraissez dix mille fois plus abominables que le serpent le plus venimeux. Vous l’avez offensé, infiniment plus que ne l’a jamais fait le plus entêté des rebelles à l’égard de son prince. Pourtant, seule sa poignée vous empêche à tout moment de tomber dans le feu. [… et Edwards conclut son sermon] Mon ami, sauve-toi pour ta vie ; ne regarde pas derrière toi, et ne t’arrête pas dans toute la plaine ; sauve-toi vers la montagne, de peur que tu ne périsses » (Gen 19.17).
Que dire aux Français de ce 21e siècle ? Si Dieu avait envoyé Jonas en France à notre époque, comment ce dernier se serait-il exprimé ? Il existe un point commun entre les prédications de Jean-Baptiste, de Jésus-Christ, puis des apôtres : l’appel à un changement radical de mentalité :
• Jean-Baptiste : « Et il alla dans toute la région du Jourdain ; il prêchait le baptême de repentance, pour le pardon des péchés » (Luc 3.3).
• Jésus-Christ. : « Dès lors, Jésus commença à prêcher et à dire : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Mat 4.17).
• Dans la bouche des apôtres, le premier message de l’apôtre Pierre s’est terminé par : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Act 2.38) Puis, un peu plus tard : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés… » (3.19).
Comment susciter ce changement de mentalité (et de conduite) ?
• Pour les personnes qui n’ont aucune conscience de leur état devant Dieu, il est bon de rappeler la Loi.
Citons Jean Calvin : « Le Seigneur a donc établi comme première étape, pour tous ceux qu’il destine à hériter de la vie céleste, qu’ils soient douloureusement touchés dans leur conscience, chargés du poids de leurs péchés, et poussés à le craindre. Or, c’est précisément pour nous amener à cette connaissance de nous-mêmes qu’il nous propose sa Loi. » (Brève instruction chrétienne, Kerygma & Excelsis, p. 16)
• Pour ceux que la conscience de leur péché accable, au contraire, prêchez la grâce.
Jésus-Christ est dur envers tous ceux qui se croient hors de danger. Mais il est rempli d’amour à l’égard de ceux dont la conscience est brisée par leurs péchés. Le Père accueille avec gentillesse et amour le fils prodigue. Jésus accueille avec gentillesse et amour cette femme surprise dans l’adultère. Le Seigneur accueille avec gentillesse et amour cette femme souffrante depuis tant d’années, tout comme l’étrangère dont l’enfant est malade.
B. Une réponse bouleversante
« Les gens de Ninive crurent en Dieu ; ils proclamèrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits. La nouvelle parvint au roi de Ninive ; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac et s’assit sur la cendre ».
Les gestes évoqués par notre texte sont des marques d’humiliation volontaire. Les Ninivites croient Jonas. Ils croient son Dieu, le Dieu unique du peuple d’Israël. Ils se détournent de leurs conceptions polythéistes. Ils reconnaissent qu’ils méritent le jugement de Dieu. Et ils le montrent par des actes précis :
• Le jeûne dans la Bible est un acte qui n’est jamais commandé, mais dont on trouve de multiples exemples. Il a pour but de permettre à l’homme de ressentir sa faiblesse dans son corps, et ainsi de réaliser sa fragilité et sa dépendance de Dieu.
• Il est quasiment toujours associé à la prière. Sauter un repas de temps en temps — pour ceux dont la santé le permet — libère du temps pour la prière. Mais Christ met en garde contre tout jeûne visant à impressionner les observateurs ! C’est une pratique privée.
• Les sacs dont il est question étaient en poil de chèvre. Très rugueux, ce « tissu » constituait le vêtement du pauvre et de l’esclave. Se revêtir de tels vêtements marque une volonté de s’abaisser, de s’identifier avec les plus petits de la terre, d’admettre que franchement, on est un peu mendiant aux yeux de Dieu, et qu’il vaut mieux être esclave de Dieu que de la méchanceté.
• Certains prophètes (comme Elie et Jean-Baptiste ; 2 Rois 1.8 ; Zach 13.4 ; Marc 1.6) se revêtaient de peau d’animaux pour illustrer, de manière expressive, la nécessité de se séparer d’une vaine manière de vivre.
• S’asseoir dans la cendre était une forme fréquente de manifestation de deuil. C’était manifester la douleur, le ravage de la vie qui ne laisse que de la cendre…
Les marques de repentance adoptées par les Ninivites correspondaient à un langage culturel, compris à l’époque !
Que ces guerriers sanguinaires répondent avec tant d’humilité au jugement de Dieu est l’une des plus grandes surprises de l’histoire de l’Ancien Testament. Même de toute la Bible ! Au point que Christ a dit : « Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils se repentirent à la prédication de Jonas; et voici, il y a ici plus que Jonas » (Mat 12.41). Jésus met en contraste l’apathie, le manque de réponse et de foi de la part des Israélites, le peuple de Dieu, avec la réponse des Ninivites : les gens de Ninive se sont repentis, et vous ne le faites pas !
Les commentateurs libéraux, qui ne perdent pas une occasion pour suggérer que la Bible est pleine d’erreurs, estiment impossible que toute cette population se soit convertie… Il est vrai que la Ninive du 8ème siècle av. J.C., c’est un peu comme Berlin dans les années 40. On aurait mal imaginé les Nazis se revêtir de sacs, pleurer sur leurs fautes, et Hitler décréter un jeûne public d’humiliation ! Pourtant, un tel réveil pourrait avoir été favorisé par les circonstances critiques dans lesquelles se trouve l’Empire assyrien à cette époque : les tribus du nord, en Urartu (Arménie), menacent sérieusement l’intégrité du pays. Les grands dictateurs assyriens du passé n’ont pas été remplacés par des rois du même calibre. Il règne donc un sentiment d’insécurité et de faiblesse.
Quoi qu’il en ait été du moral des Ninivites, Dieu trouve les moyens d’oeuvrer d’une manière spectaculaire dans les consciences. Au point que le roi publie un édit : « Il fit crier ceci dans Ninive : Par décision du roi et de ses grands : que les hommes et les bêtes, le gros et le menu bétail, ne goûtent de rien, ne paissent pas et ne boivent pas d’eau ! Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs, qu’ils crient à Dieu avec force, et que chacun revienne de sa mauvaise conduite et de la violence attachée aux paumes de ses mains ! Qui sait si Dieu ne reviendra pas de son ardente colère, en sorte que nous ne périssions pas ? »
Il est surprenant que ce roi implique les animaux dans cet élan de repentance. Mais je retiens ceci : une repentance authentique se voit. Elle est visible. « Que chacun revienne de sa mauvaise conduite et de la violence attachée aux paumes de ses mains ! ».
Transposons :
• En entendant que Dieu est prêt à répondre à la repentance par un pardon complet, certains rétorquent : « C’est trop facile : tu fais n’importe quoi et il te suffit de demander pardon. » Non ! Le pardon que Dieu accorde s’accompagne d’un désir de faire le bien. Jean-Baptiste dira d’ailleurs à ceux qui voulaient en abuser : « Produisez donc du fruit digne de la repentance. » (Mat 3.8)
• Dieu transforme les cœurs, et cela se voit, ou alors ce n’est pas une vraie foi. « Que chacun revienne de sa mauvaise conduite… » Jacques écrira : « Veux-tu comprendre, homme vain, que la foi sans les œuvres est stérile ? » (Jac 2.20)
• Tous les réveils spirituels de la Bible évoquent une intense contrition, une conviction de péché qui mène aux larmes, et à un changement radical de vie.
o C’est le cas du réveil spirituel sous les rois Joas, puis Ezéchias, sous la prédication d’Esdras et de Néhémie.
o C’est le cas du réveil spirituel de la ville d’Ephèse. Nous sommes en 53 ou 54 après Jésus Christ (voir Act 19.13-20).
C’est aussi le cas des réveils spirituels dans l’histoire de l’Eglise :
o Savonarole, prêtre dominicain à Florence, a prêché la repentance avec fougue à la fin du 15e siècle, transformant la ville d’une manière spectaculaire. Précurseur de la réforme, il se fit excommunier par le pape Borgia et mourut étranglé puis brûlé.
o Wesley Duewel, auteur d’un ouvrage sur l’histoire des réveils spirituels écrit :
« La plupart des mouvements de réveil ont été caractérisés par une pro¬fonde conviction de péché et par beaucoup de confessions publiques. Dieu a utilisé ces confessions pour convaincre d’autres, chrétiens et non-chrétiens, de leurs propres péchés. Les réveils en Corée, au Nord de la Chine et dans les universités américaines ont démontré l’effet profond que peut avoir la confession sur les auditeurs, surtout quand la confes¬sion est accompagnée par la restitution et par la réconciliation. »
Quelle différence avec les pseudo réveils des charlatans actuels !
C. Un verdict plein de grâce
« Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise conduite. Alors Dieu regretta le mal qu’il avait résolu de leur faire et ne le fit pas. »
La « chance » des Ninivites, c’est que Dieu est un Dieu de grâce. Pas seulement dans le Nouveau Testament. Voici trois des prophètes qui parlent de la compassion de Dieu (il y aurait des dizaines d’autres passages) :
• « Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées ; qu’il retourne à l’Eternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. » (És 55.7)
• « Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l’Éternel. N’est-ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive ? » (Éz 18.23)
• « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, et revenez à l’Éternel, votre Dieu ; car il est compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et il se repent des maux qu’il envoie » (Joël 2.13)
Lorsque notre texte dit que l’Éternel regretta le mal qu’il avait résolu, il faut plus y voir une manière de parler pour nous faire comprendre la nature de son cœur. Dieu savait, avant d’envoyer Jonas, que Ninive répondrait favorablement à l’Évangile. Mais dans sa manière de communiquer avec les hommes, on trouve parfois des expressions très humaines, très terrestres pour expliquer certains attributs de Dieu. Par exemple :
• Les yeux du Seigneur (2 Chr 16.9)
• Le bras ou la main du Seigneur (És. 53.1)
Et puisque les Ninivites se sont repentis, Dieu leur accorde un sursis. Leur destruction n’arrivera qu’en 612, par la main des Babyloniens (voir Soph 2.13-15). La ville sera rasée, disparaissant dans l’oubli.
D. Une histoire pour nous
De la Loi dans nos messages
La Loi fait mal. Il est dur de dire à quelqu’un, avec amour mais clarté, qu’il a offensé Dieu par ses fautes et que, s’il ne reconnaît pas son état devant Dieu, en lui faisant confiance pour le pardon, il passera l’éternité en enfer. Cette douleur est nécessaire, parfois.
De la grâce pour le pécheur
Un roi voulut libérer quelques détenus qui avaient été envoyés aux galères. Il interroge le premier en lui demandant pourquoi il est là. « – Sire, c’est une erreur judiciaire terrible, je suis innocent… » ; de même se récrie le deuxième, et le troisième… Tous les condamnés sont plus blancs que neige… sauf un, qui lui avoue : « J’ai mérité ma peine, j’ai fait du mal et il est juste que je sois ici. »
« – Oh, dit le roi, je ne vais surtout pas laisser un mauvais homme comme toi contaminer tous ces honnêtes gens ; va, tu es libre ! »
« Venez et plaidons ! dit l’Eternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. » (És 1.18)
Ce message est peut-être d’abord pour nous, les chrétiens. Prions donc qu’une profonde conviction de péché vienne secouer nos églises. Et pour que notre rétablissement et notre affermissement dans la vocation de Dieu touchent durablement les cœurs de nos contemporains.
- Edité par Varak Florent
Dieu vit que les Ninivites agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie. Alors Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas. (Jonas 3.10)
La repentance des Ninivites à la prédication de Jonas entraîne la suspension du jugement divin. L’expression « Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de faire » pose problème à plusieurs commentateurs. Comment Dieu peut-il se repentir ? Est-il versatile, capricieux, instable, indécis ? Est-il mauvais et rumine-t-il de mauvaises pensées qui l’obligeraient à se repentir ? Le repentir de Dieu soulève aussi des questions sur la crédibilité de ses paroles. Les prophéties divines — qu’elles soient des promesses ou des jugements — sont-elles fiables ?
Peu de commentateurs osent suggérer des carences morales en Dieu, car cela contredirait directement de nombreuses affirmations de l’Ecriture sur la sainteté, la perfection et l’immuabilité de Dieu. Certains commentateurs cherchent une solution dans les imperfections du prophète. Origène pensait résoudre la difficulté en affirmant que Jonas n’avait pas retransmis la parole de Dieu mais la sienne. Au lieu d’annoncer simplement que « la méchanceté était montée jusqu’à l’Eternel » (1.1), il aurait, de sa propre initiative, annoncé la destruction de Ninive (3.4). En effet, le narrateur ne place jamais les paroles de destruction (« encore quarante jours et Ninive est bouleversée ») dans la bouche de l’Eternel. Une telle approche noircit inutilement Jonas. Le fils d’Amitthaï ne trompe personne. Il est honnête et véridique. Sa parole est fiable, dans le présent et dans l’avenir. La tempête ne s’est-elle pas calmée selon les termes annoncés par le prophète (1.12,15) ?
La solution au « repentir de Dieu » doit être cherchée ailleurs. Une différence doit être faite entre but et moyens. Les desseins de Dieu sont immuables. Dieu ne cherche pas la mort du pécheur, mais son salut. Ainsi l’annonce d’un jugement est préférable à un jugement sans préavis, car le premier donne au pécheur une dernière occasion de repentance. Dieu ne change pas son projet de base pour l’homme : ce projet consiste à juger le pécheur et à pardonner au pécheur repentant. Si le coupable se repent, Dieu retient son jugement. Si l’homme ne le fait pas, le jugement se réalise selon la parole annoncée. Un automobiliste qui désire traverser une localité suivra la chaussée, mais modifiera occasionnellement sa trajectoire en déviant à gauche ou à droite pour éviter un obstacle. Son parcours de base reste inchangé du début à la fin. De même, l’action de Dieu dépend simultanément de ses principes et des réactions des hommes.
Le salut et le pardon sont donc possibles quelle que soit l’ampleur du péché et quel que soit l’individu. Les Ninivites étaient de grands pécheurs et formaient un peuple sanguinaire. Ils étaient nombreux et païens — donc éloignés de l’Eternel et sans égard pour lui. Pourtant ces hommes se sont repentis. Cela a suffi pour que Dieu leur accorde son pardon, car l’Eternel est « un Dieu miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui se repent du mal », comme Jonas l’affirme au chapitre 4 (v. 2).
Le pardon de Dieu est donc lié au repentir des hommes, mais encore faut-il que ce repentir soit sérieux. Dieu connaît les cœurs. Impossible de le tromper. Il discerne les vraies repentances des fausses. Les Ninivites avaient plaidé coupables sur toute la ligne. Ils s’étaient engagés à réformer leur vie et pas seulement à exprimer certains regrets. Dieu leur a donc pardonné leurs grands péchés. Le sérieux des Ninivites est même exemplaire. Au risque de paraître ridicules, les Ninivites avaient tout fait pour témoigner de leur humiliation.
Leur attitude tranche avec celle d’autres hommes qui, repris par Dieu, ne se sont repentis que partiellement. Le roi Saül a éprouvé parfois du regret pour son comportement (1 Sam 15.24), mais il n’a jamais changé de vie, car il était davantage préoccupé de l’opinion de ses contemporains que de la volonté de Dieu (1 Sam 15.30).
Suite à ces remarques, il est manifeste que nous ne partageons pas l’avis des commentateurs qui minimisent la profondeur de la repentance des Ninivites. Jésus lui-même n’a-t-il pas cité en exemple la réalité de cette repentance (Mat 12.41 ; Luc 11.32) ?
Ce texte est extrait d’un commentaire rédigé par Daniel Arnold sur le prophète Jonas :
Tous ces ouvrages ont été publiés par les éditions Emmaüs, 1806 Saint-Légier (Suisse). |
- Edité par Arnold Daniel
Le livre de Jonas est une leçon magistrale à tous les niveaux. En quatre courts chapitres, l’auteur sacré retrace la singulière mission d’un serviteur de Dieu : Dieu appelle et envoie ; Jonas désobéit et s’enfuit sur un bateau (ch. 1). Dieu intervient et fait venir un gros poisson qui engloutit le prophète ; Jonas prie et s’humilie (ch. 2). Jonas, revenu à Dieu, obéit à son appel, va à Ninive et annonce le jugement ; Dieu épargne le peuple de cette grande ville qui se repent (ch. 3). Jonas mécontent de la miséricorde de Dieu à l’égard des païens de Ninive, s’irrite contre lui ; Dieu le corrige avec patience (ch. 4).
Deux choses nous émerveillent :
– la grandeur et la souveraine grâce de Dieu qui se manifestent à travers sa providence. Il maintient sa création et veille sur elle, sur les hommes et sur tous les siens en vertu de son essence même, de son amour, de sa justice et de sa sainteté ;
– le cheminement de Jonas qui, de récalcitrant qu’il était, progresse dans la voie de l’obéissance à Dieu en accomplissant sa mission, voie tracée qu’il apprend à suivre… malgré ses murmures.
Qu’aurais-je fait à la place de Jonas ? Sachant que le Seigneur a une mission précise pour chaque croyant, suis-je prêt à l’écouter et, au lieu de fuir, à le suivre dans l’obéissance de la foi, en assumant mes responsabilités dans ma vie, ma famille, mon église, mon entourage ?
Si oui, je ne dois pas craindre un changement de cap à 180 degrés lorsque Dieu l’exige, comme il l’a exigé de la part de Jonas. C’est le chemin de la croix, de la repentance, du combat, dans la Ninive contemporaine de notre monde paganisé. Dieu a encore besoin, pour y œuvrer, d’hommes et de femmes qui vivent et annoncent clairement l’Évangile. Sachons compter sur Lui ! Car qui sait s’il ne va pas, encore aujourd’hui, épargner en grand nombre des hommes qui reviennent de leurs mauvaises voies et acceptent l’Évangile de la grâce et de la réconciliation ?
Que ce dossier sur Jonas puisse nous aider dans notre apprentissage de la fidélité à Dieu.
Henri Luscher
- Edité par Lüscher Henri
Une priorité absolue
Plus que jamais, l’église est consciencieusement organisée et ses programmes sont bien remplis. Mais ce qui lui manque terriblement, c’est l’adoration. Nous avons perdu la vision de la grandeur de Dieu, de sa majesté et de sa sainteté. « Que ceux qui aiment ton salut disent sans cesse : Exalté soit l’éternel ! » (Ps 40.17). Jésus n’est-il pas venu sur terre « pour transformer les rebelles en adorateurs » ? (E.W. Tozer)
La « définition » de l’adoration
Adorer Dieu, c’est lui attribuer la valeur suprême, car lui seul est absolument digne (Ps 96.7-8). Pour Tozer, adorer, c’est « ressentir dans son coeur », « exprimer ce que l’on ressent » (l’ose-t-on encore dans nos milieux ?), c’est s’approcher de Dieu avec un sentiment de profonde crainte remplie d’admiration.
En fait, la Bible ne définit pas l’adoration, mais elle emploie plusieurs verbes pour en décrire les manifestations. Parmi ceux-ci, dans le Nouveau Testament :
– proskuneô : se prosterner, se courber et baiser la main. Pratiquement, s’incliner et se prosterner devant Dieu pour contempler sa majesté, sa grandeur.
– sebomai : craindre, révérer. Pratiquement, craindre Dieu, avoir un profond respect et une admiration sans limite pour Dieu.
– latreuô : servir, rendre un service religieux.
– aineô : louer, témoigner verbalement ou par écrit de notre grande estime envers quelqu’un.
– hymneô : chanter les louanges de quelqu’un.
Ainsi, louer et adorer Dieu incluront tour à tour la célébration, par nos lèvres, de tout ce qu’il est et de ce qu’il fait ; notre prosternation devant lui, dans une attitude d’humiliation produite par la conscience de sa grandeur ; le don de notre vie entière à Dieu, notre mise à son service.
La priorité de l’adoration
Le petit catéchisme de Westminster définit ainsi le but de notre vie : « Le but principal de la vie de l’homme est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel. » De la Genèse à l’Apocalypse, nous retrouvons ce thème : l’homme a été créé pour adorer Dieu (Gen 22.5 ; Deut 6.5 ; 11.13 ; 30.6 ; Rom 11.36 ; 1 Cor 10.31 ; Col 1.16 ; Apoc 4.10-11). Dieu a créé l’homme à son image (Gen 1.26-27) pour l’aimer, l’adorer et le servir. L’apôtre Paul déclare à trois reprises que nous avons été appelés à célébrer sa gloire ( éph 1.6,12,14). L’homme (le chrétien inclus) qui n’adore pas Dieu devient un idolâtre : il adorera une autre personne ou autre chose que Dieu.
L’essence de l’adoration
« Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. » (Jn 4. 24)
– « En esprit » : du plus profond de notre coeur, soumis au Saint-Esprit, avec un coeur entier pour Dieu et des pensées centrées sur Dieu. Seul le Saint-Esprit peut nous conduire dans une adoration véritable (Phil 3.3).
– « En vérité » : la Parole de Dieu est la vérité (Jean 17.17). Notre adoration doit être basée sur la révélation de Dieu dans la Bible.
L’expression de l’adoration
L’adoration comprend tous les aspects de la vie du chrétien. Tout appartient à Dieu (1 Cor 10.31). Il n’y a pas de dichotomie entre le sacré et le séculaire : « à l’ éternel la terre et ce qu’elle renferme, le monde et ceux qui l’habitent » (Ps 24.1). Nous devons vivre de telle façon qu’ « en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ » (1 Pi 4.11).
Il y a deux niveaux d’adoration :
– L’adoration personnelle : Face aux circonstances adverses de la vie, l’ écriture nous enseigne à ne pas répondre par l’amertume ou la colère, mais à développer une attitude de reconnaissance ( éph 4.31-32 ; Col 3.8,12-17) : « Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ » (1 Th 5.18). Aucune situation permise par Dieu ne nous donne le droit de nous plaindre ou d’être amers (1 Cor 10.13). C’est alors que notre vie deviendra un chant de louange à Dieu.
– L’adoration dans l’église : L’apôtre Paul insiste sur l’aspect communautaire de l’adoration. La personne qui adore est membre du corps de Christ. Il n’y a donc pas de place pour insister sur ses préférences personnelles. D’ailleurs, Dieu est plus concerné par notre attitude de coeur que par la forme que prend notre adoration (ordre du culte, instruments de musique, etc.). Rappelons-nous que le but de l’adoration n’est pas l’expérience subjective du croyant ; son but est d’attribuer à Dieu toute la gloire qui lui est due. De plus, chaque croyant a un rôle dans le culte d’adoration. Séparer la communauté en une personne qui parle et un corps d’auditeurs passifs est une idée étrangère au Nouveau Testament. Dans l’ église primitive, l’accent était mis sur le fait que les croyants étaient tous ensemble (Act 1.14 ; 2.46 ; 4.24 ; 5.12 ; 15.25). Il y avait unité de coeur et d’esprit (Ac 4.32).
Les conditions pour une adoration véritable
– Une coupure d’avec les idoles de ce siècle : autosatisfaction, matérialisme, recherche des honneurs. Impossible dans ce cas de connaître Dieu intimement.
– I Une juste motivation : recherchons-nous Dieu pour ce qu’il peut nous donner, ou pour ce qu’il est ? Combien souvent Dieu est déçu parce que nous le recherchons pour de mauvaises raisons.
– Le besoin pour chacun de nous de préparer notre coeur : si nous négligeons cet aspect, la présence de Dieu sera moins ressentie, et il n’y aura pas de joie (Ps 24.3-5).
Ce qui met l’adoration en danger
– Placer l’organisation de l’église avant l’adoration.
– Vouloir tout expliquer (c’est le danger du rationalisme évangélique) et tout maîtriser. Sommes-nous encore capables d’être émerveillés par la personne de Dieu ? Cela va nous conduire à une sainte passion pour Dieu et notre prochain.
– Tout ministère ou toute activité chrétienne qui ne découle pas d’un esprit d’adoration.
Quelques applications pratiques pour un culte d’adoration selon le N. T. dans nos églises
– Le culte doit être centré sur Dieu . L’accent ne sera donc pas mis sur soi (mes besoins) ou sur les autres (leurs besoins), mais sur la personne de Dieu. Pratiquement, cela signifie que nous veillerons à ce qu’il n’y ait pas toujours quelqu’un en chaire qui parle, mais que les fidèles aient l’opportunité durant le culte de s’approcher de Dieu et de l’adorer. Un bon préalable serait de réserver 5 minutes avant le culte pour permettre aux frères et soeurs de s’asseoir en silence et de se placer devant Dieu pour préparer leur coeur.
– Le culte doit être centré sur la Parole de Dieu . évitons deux extrêmes : d’une part, celui où la prédication devient l’unique but du rassemblement des chrétiens ; d’autre part, celui où le partage et la communion fraternelle prennent la place de la prédication. L’un et l’autre ont leur place.
– Le culte est l’affaire de toute l’assemblée, pas seulement du pasteur et du président de culte (lorsqu’il y en a un). Tous les membres, avec les dons que le Seigneur a donnés à chacun, devraient avoir la possibilité d’avoir une part active dans le déroulement du culte – louange, prières, lectures bibliques, exhortation, témoignage, etc. (Col 3.16) Le culte ne doit pas être rigide et le Saint-Esprit doit avoir la liberté d’agir et d’intervenir.
- Edité par Bohrer Michel
L’auteur de cet article est marié et père de 4 enfants. Il a une double formation: en génie industriel et en théologie. De nationalité américaine, il est en France depuis 1968 pour exercer un ministère d’enseignement, principalement auprès des églises de la région grenobloise et à l’Institut Biblique de Genève. Il est également chargé de la construction et de la réfection de lieux de culte. Henri Bryant est un conférencier apprécié et auteur de trois commentaires bibliques solides (Matthieu, 1 et 2 Corinthiens) et de plusieurs livres d’évangélisation.
L’écrivain René Barjavel, dans La faim du tigre, exprime avec lucidité le problème. D’un côté il reconnaît que l’examen de notre univers « sans parti pris impose à notre logique la conclusion qu’il est le fruit d’une intelligence inventive et d’une volonté planificatrice. » Toutefois il ne croit pas en le Dieu de la tradition chrétienne car il constate que « Entre la constitution du monde vivant et son fonctionnement, entre les merveilles dont il est fait et l’horreur pour laquelle il semble avoir été fait, il y a une contradiction suffocante. » En effet, la Bible affirme que Dieu est tout-puissant et souverain dans toute sa création, mais aussi qu’il est bon et juste dans tout ce qu’il fait. Alors la question est pertinente : si c’est le cas, pourquoi Dieu permet-il que ses créatures souffrent et fassent souffrir autant ? S’il aime réellement sa création, pourquoi n’y intervient-il pas pour enrayer le mal et l’affliction qui semblent si souvent frapper à l’aveuglette le juste et l’injuste ?
D’abord, il convient de noter que ce problème a troublé plusieurs des prophètes et des croyants des temps bibliques, sans qu’ils mettent en cause l’existence ni la bonté de leur Créateur. Abraham (Gen 18.22-33), Job, David (Ps 94), Asaph (Ps 73), Jérémie (Jér 12.1-6), Esaïe (Es 10.5-16), Habakuk, et Malachie (Mal 3.13-18) ont tous été confrontés à ces questions, tout en exprimant leur confiance en Dieu.
Leurs paroles nous aident à comprendre mieux les « pourquoi », sans pour autant résoudre ce que la Bible appelle « le mystère de l’iniquité» (2 Thes 2.7).
Que disent donc les Saintes Écritures sur ce sujet ?
I. La souffrance dans le monde :
« Il n’y a point de paix, dit l’Éternel, pour les méchants. » Esaïe 48.22
Ce passage révèle deux vérités fondamentales qui déterminent l’œuvre de Dieu dans notre monde.
–La première vérité, c’est que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23). La Bible ajoute que l’homme est entièrement responsable pour cette « méchanceté » qui marque chacun. Créé à l’image de Dieu et donc doté d’une liberté de choix, il a décidé de se révolter contre Celui qui est la source de toute véritable justice. Moïse dit clairement : « Rendez gloire à notre Dieu ! Il est le rocher ; ses oeuvres sont parfaites, car toutes ses voies sont justes ; c’est un Dieu fidèle et sans iniquité, il est juste et droit. S’ils (les êtres humains) se sont corrompus, à lui n’est point la faute ; la honte est à ses enfants, race fausse et perverse. » (Deut 32.3-5). Nous sommes toujours enclins à blâmer les autres pour nos problèmes. Ce texte affirme que l’homme est entièrement responsable pour l’injustice et ses conséquences.
–La deuxième vérité montre que Dieu ne permet pas que l’homme, dans sa méchanceté, puisse connaître une véritable paix. Car dans un monde où tout être vivant est plus ou poins égoïste et injuste, la souffrance est un mal nécessaire. Comme les douleurs dans le corps sont nécessaires pour nous avertir qu’un membre est malade ou doit être soigné, ainsi la souffrance dans le monde est un appel pressant à l’homme de chercher la délivrance auprès du Grand Médecin. C’est pourquoi que Dieu affirme clairement qu’il est effectivement celui qui permet et gère la souffrance : « Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre. Je forme la lumière et je crée les ténèbres, je réalise la paix et je crée le malheur ; moi, l’Éternel, je fais toutes ces choses. » (Es 45.6-7). Paul explique que même toute la création a été « soumise à la vanité » et à « la servitude de la corruption » par Dieu, à cause du péché de l’homme, mais dans l’attente d’une délivrance future (Rom 8.19-20).
L’homme peut réagir de deux manières face à cette vérité :
-Beaucoup diront cyniquement, avec les Juifs du temps de Malachie, « Où est le Dieu de la justice ? » (Mal 2.17) ou « Il n’y a pas de Dieu ! » (Ps 14.1). La tragédie de cette manière d’agir est évidente : elle nous éloigne de Celui qui est le Père de miséricordes et le Dieu de toute consolation – la seule source de véritable aide dans la détresse (2 Cor 1.3).
-Il vaut beaucoup mieux écouter les conseils de Jérémie : « N’est-ce pas de la volonté du Très-Haut que viennent les maux et les biens ? Pourquoi l’homme vivant se plaindrait-il ? Que chacun se plaigne de ses propres péchés. Recherchons nos voies et sondons-les, et retournons à l’Éternel ; Elevons nos coeurs et nos mains vers Dieu qui est au ciel : nous avons péché, nous avons été rebelles ! » (Lam 3.38-42).
Jésus donna un message similaire aux personnes troublées par l’injustice du procurateur Pilate, dans Luc 13.1-5. Dans sa réponse à leur question, nous pouvons voir deux vérités importantes.
–Premièrement, les catastrophes n’arrivent pas forcément aux gens parce qu’ils sont plus mauvais que d’autres. Le livre de Job nous donne un petit aperçu d’un monde victime de l’ennemi de Dieu capable de manipuler les éléments naturels aussi bien que le cœur des hommes. Et c’est parfois les « innocents » qui en souffrent, ou tout au moins ceux qui ne sont pas les plus méchants.
–La deuxième vérité est plus importante : ces choses arrivent comme un avertissement, comme le douleur dans le corps. Elles sont autant de rappels solennels que tout homme va mourir et passer devant le Juge de toute la terre. Dieu, dans son amour pour l’humanité sait que le destin éternel de l’homme est bien plus important que sa santé et son confort. Car il prépare pour ceux qui se tournent vers lui « de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera » (2 Pi 3.13) et où « la mort ne sera plus; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses (aur)ont disparu » (Apoc 21.4).
II. La souffrance dans la vie d’un chrétien :
« Si tu m’as affligé, c’est par fidélité » Psaume 119.75 (Semeur)
L’affliction dans la vie d’un croyant, une preuve de la fidélité de Dieu ? Peut-on vraiment l’affirmer, comme le fit David dans ce psaume ? En tout cas, nous aurons plusieurs occasions dans la vie d’en douter ! Car nous le savons : ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que Dieu va éloigner de nous l’épreuve. Au travers des siècles, les croyants ont été exposés aux souffrances les plus atroces – la persécution, la torture, l’hostilité et même le martyr. Certes, cela ne nous surprend pas, car Jésus lui-même nous a dit : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. … Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi… » (Jean 15.18-20). Mais même si nous acceptons de bonne grâce l’opprobre du Seigneur, nous avons beaucoup plus de difficulté à admettre que toutes les autres souffrances qui nous accablent sont la preuve de la fidélité et de l’amour de Dieu. Car le chrétien pourrait connaître tout autant de souffrances que son voisin non croyant. Il pourrait contracter n’importe quelle maladie, être la victime de la violence, avoir des accidents de voiture, tomber dans la dépression, et subir tous les désagréments que connaissent les autres.
L’exemple de Paul
Rappelons-nous seulement ce que l’apôtre Paul a dû supporter durant sa vie. De toute évidence il a été accablé par une maladie de longue durée, car après avoir reçu une révélation quatorze ans plus tôt, il vivait avec une « écharde dans la chair, un ange de Satan » pour le souffleter (2 Cor 12.2-7). Serait-ce la maladie des yeux repoussante dont il parle dans sa lettre aux Galates (4.13-15) ? De plus, il parle librement de son grand découragement (2 Cor 4.8-9), de ses luttes, de ses craintes, de son abattement (2 Cor 7.5-6), de ses peines et des dangers auxquels il a été exposé (2 Cor 11.26-28). On ne peut guère imaginer la frustration qu’il a dû connaître, homme plein d’activité et d’ambition, pendant les longs jours et années qu’il passait enfermé dans une cellule de prison ! Pourtant selon ses propres affirmations et l’impact de sa vie, nous sommes convaincus que toutes ces épreuves faisaient clairement partie du plan de Dieu pour son bien et celui d’une multitude d’autres.
Pourquoi la souffrance ?
Les diverses afflictions ne sont pas seulement physiques ou mentales, elles sont pour le chrétien une épreuve de sa foi. D’ailleurs le mot grec pour épreuve est le même traduit par tentation. La souffrance suscite des questions difficiles et nous tente de mettre en cause la bonté de notre Dieu, et la véracité de ses promesses. Le psalmiste Asaph, se laissant envahir par l’amertume en voyant le bonheur des méchants, disait dans son moment de révolte : « C’est donc en vain que j’ai purifié mon cœur, et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence. Chaque jour je suis frappé, tous les matins mon châtiment est là. » (Ps 73.13-14). Les Israélites du temps de Malachie disaient aussi cyniquement : « C’est en vain que l’on sert Dieu; qu’avons-nous gagné à observer ses préceptes, et à marcher avec tristesse à cause de l’Eternel des armées ? Maintenant nous estimons heureux les hautains; oui, les méchants prospèrent; oui, ils tentent Dieu, et ils échappent ! » (Mal 3.14-15).
Ces critiques demandent une réponse. En effet, qu’en est-il des promesses de Dieu qui nous assurent de sa protection et de sa provision face à tous nos besoins ? Si le chrétien peut souffrir autant que le non croyant, quel avantage de vivre pour lui ? La Parole de Dieu nous donne des affirmations précieuses face à ces questions.
-Premièrement, Dieu promet que nous ne serons jamais tentés (éprouvés) au delà de nos forces, mais en lui et par lui nous pouvons avoir la délivrance (1 Cor 10.13). David annonce clairement la différence entre la souffrance d’un croyant et celle d’un non croyant : « Le malheur atteint souvent le juste, mais l’Eternel l’en délivre toujours. Il garde tous ses os, aucun d’eux n’est brisé. Le malheur tue le méchant, et les ennemis du juste sont châtiés. L’Eternel délivre l’âme de ses serviteurs, et tous ceux qui l’ont pour refuge échappent au châtiment » (Ps 34.19-22). Ce passage n’est certainement pas une garantie contre le bris des os, mais la certitude que finalement le malheur n’est pas nocif pour le croyant, comme il peut l’être pour celui qui résiste à Dieu.
-En effet, le chrétien peut savoir que Dieu, « lorsqu’il afflige, il a compassion selon sa grande bienveillance ; car ce n’est pas volontiers qu’il humilie et qu’il afflige les fils d’homme » (Lam 3.32-33). Autrement dit, les épreuves que Dieu permet ne sont jamais vaines ou inutiles, même si elles sont pénibles. Comme les corrections d’un père sont la preuve de son amour pour son enfant, de même, l’affliction dans la vie d’un chrétien n’est pas simplement utile, mais nécessaire pour notre croissance en Christ (Héb 12.4-11). Notons brièvement ce à quoi la souffrance sert dans la vie d’un enfant de Dieu :
1. Elle produit en nous de la compassion pour les autres (2 Cor 1.4). Celui qui n’a jamais souffert ne saura pas compatir (souffrir avec) avec ceux qui souffrent.
2. Elle développe en nous le fruit de la persévérance (Jac 1.3 et Rom 5.3) et de la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur (Héb 12.10,14)
3. Elle peut être l’occasion du salut éternel pour ceux qui voient votre témoignage (2 Cor 1.6). Un chrétien qui a de la joie malgré ses épreuves rend un témoignage très percutant. Alors sa souffrance n’est pas seulement pour lui, mais dans l’intérêt des autres.
4. Elle nous amène à voir plus clairement la fragilité de toute capacité humaine pour mieux nous confier en Dieu (2 Cor 1.8-9).
5. Elle est l’occasion pour les chrétiens de multiplier l’intercession et de mieux connaître l’œuvre de Dieu à travers la prière (2 Cor 1.11).
6. Elle est une médecine préventive contre l’orgueil dans notre cœur qui bloque l’œuvre de Dieu en nous (2 Cor 12.7).
7. Elle agit pour que le croyant meure à lui-même afin que Christ vive plus pleinement en lui et que la gloire revienne à Dieu (2 Cor 4.7-11).
8. Elle est donc nécessaire pour que notre foi, étant éprouvée, soit purifiée comme de l’or dans le four (1 Pi 1.6-7).
Ces vérités nous montrent que le chrétien peut vraiment affirmer avec David « Je reconnais, ô Eternel, que tes décrets sont justes : si tu m’as affligé, c’est par fidélité. » (Ps 119.75 Semeur). Toute véritable affliction est une source de tristesse, et elle peut être l’occasion d’une défaite si nous nous laissons gagner par l’amertume. Par contre, heureux l’enfant de Dieu qui peut dire, dans le fort de la tempête :
« Si l’Eternel n’était pas mon secours, mon âme serait bien vite dans la demeure du silence. Quand je dis: « Mon pied chancelle ! » ta bonté, ô Éternel ! me sert d’appui. Quand les pensées s’agitent en foule au-dedans de moi, tes consolations réjouissent mon âme » (Ps 94.17-19).
- Edité par Bryant Henry
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