PROMESSES
« Et ainsi vous avez annulé la Parole de Dieu au nom de votre tradition. » (Le Seigneur Jésus, Mat 15.6, TOB)
« Les Écritures ou la tradition » ? (Se) poser une telle question revient à se demander ce qui fait autorité dans notre vie de croyant.
Les chrétiens protestants évangéliques sont censés connaître et vivre le principe du « sola scriptura » (l’Écriture seule) — qui marque la réflexion et les écrits protestants. Ainsi, par exemple, l’introduction de la « Formule de Concorde » (1577, publiée dans le Livre de Concorde en 1580) affirme : « Nous croyons, enseignons et confessons que les livres prophétiques et apostoliques de l’Ancien et du Nouveau Testament constituent la seule règle ou norme selon laquelle toutes les doctrines et tous les docteurs doivent être appréciés et jugés. »
À ce stade, le lecteur sera peut-être surpris d’apprendre que certains, au sein du protestantisme évangélique, formulent l’objection suivante : « La Loi écrite, d’accord. Et la loi orale ? » Dit autrement encore : « Est-il possible de comprendre les Écritures ou d’accomplir la Loi écrite de Dieu sans les traditions ? » — ces « traditions » pouvant être pour nous des commentaires, « les écrits de nos illustres devanciers ». En guise de réponse, voici quelques pistes de réflexion sur le rapport entre l’Écriture, la tradition et les commentaires, ainsi que quelques points de vigilance sur leur juste place.
I. L’illustration du débat juif entre « la Loi écrite » et « la loi orale »
Le même débat entre parole inspirée et commentaires agite nos amis juifs : « Dieu a-t-il aussi donné à Moïse une loi orale qui interprète la Loi écrite ? » Dans le cadre d’une discussion édifiante sur un forum juif messianique [https://messianique.forumpro.fr/t791-le-talmud-loi-orale-ou-la-torah-loi-ecrite] , une internaute relève que « le judaïsme rabbinique croit que Dieu a donné à Moïse une Loi écrite (trouvée dans la Torah, les cinq livres de Moïse). Mais il est aussi affirmé que la plupart des commandements sont exprimés succinctement, qu’il s’agit de déclarations générales, un peu comme les titres de chapitre dans un livre. On doit les interpréter. Il faut les développer et les expliquer.
Donc, selon la croyance traditionnelle, Dieu a aussi donné à Moïse une loi orale qui interprète la Loi écrite. Moïse l’a ensuite transmise à Josué, qui à son tour, l’a transmise aux 70 anciens qui dirigeaient dans sa génération, qui l’ont transmise aux prophètes des générations suivantes.
Et ainsi de suite, mais avec un grand nombre d’ajouts. C’est pourquoi les rabbins enseignent que la loi orale ne cesse de s’accroître, puisqu’à chaque génération, de nouvelles traditions se sont développées et de nouvelles situations se sont présentées qui nécessitaient de nouvelles applications de la Loi.
Au 2 e siècle apr. J.-C., la loi orale était si volumineuse et complexe qu’il fallut l’écrire pour qu’elle ne se perde pas. Elle devint la Mishnah, qui fut étendue dans les siècles suivants pour donner ce qui est maintenant connu comme le Talmud. Après cela, selon les croyances rabbiniques, ceux qui étudiaient le Talmud continuèrent à développer et transmettre la loi orale à chaque génération suivante.
Tout Juif religieux croit de tout son cœur qu’il est impossible de comprendre les Écritures ou d’accomplir la Loi de Dieu sans les traditions orales.
Le problème est que :
• Le Talmud s’arroge une autorité que les Écritures ne lui ont jamais donnée.
• Le Talmud place la voix du raisonnement terrestre sur un niveau supérieur à la voix prophétique du Ciel.
• Le Talmud contredit [parfois] la signification évidente des Écritures. »
Le chrétien fait face aux mêmes problèmes : les commentaires qu’il chérit peuvent implicitement prendre une autorité qui n’appartient qu’à la Bible.
Quand une difficulté d’interprétation se présente, le recours immédiat à un commentaire peut aussi conduire à négliger un texte biblique qui n’irait pas dans le sens de l’interprétation dudit commentaire. Tout chrétien honnête doit donc se poser la question : « Si la Bible dit une chose et mes traditions une autre, suivrai-je Dieu, ou suivrai-je les hommes ? »
II. La place des commentaires : quelques points de vigilance
Pour autant, il reste nécessaire d’interpréter la Parole de Dieu — tout en remettant les commentaires, les traditions ou les confessions de foi à leur juste place.
Un premier danger serait d’abandonner la tâche de l’interprétation biblique aux « experts », en mettant une confiance excessive dans les techniques herméneutiques et dans les procédures d’exégèse, aussi excellentes soient-elles, alors que, selon Bob Utley, professeur d’herméneutique, « la foi n’offre pas de raccourcis à une lecture responsable de la Bible [http://www.freebiblecommentary.org/pdf/fre/seminar_textbook_french.pdf] ». Les Juifs (avec leurs experts de la Loi, les scribes), les gnostiques (avec leur insistance sur un savoir secret, dont ils étaient les seuls dépositaires) ou l’Église catholique du Moyen-Âge (avec la dichotomie clergé-laïcs) sont tous tombés dans le piège de réserver l’interprétation aux « experts ». Or personne ne peut éviter le travail d’interprétation. Chaque fois que nous écoutons quelqu’un parler, ou lorsque nous lisons des commentaires, nous interprétons ce qui est dit. « Une bonne herméneutique exige une attitude d’humilité. Cela comprend non seulement l’humilité d’apprendre des autres, mais, de façon plus significative, l’humilité de se soumettre au jugement de la Parole que l’on interprète [Ibid] . » Et ultimement d’obéir à cette Parole.
Un autre danger serait de prendre l’interprétation biblique comme une fin en soi et d’oublier que nous ne sommes pas là d’abord pour produire des interprétations mais avant tout pour approfondir notre relation au Dieu vivant révélé en Jésus-Christ. De fait, si une interprétation cherche à tout prix à défendre une idéologie ou à faire admirer l’intelligence de l’interprète, mieux vaut alors reprendre pour soi le texte dans un esprit de prière pour y rechercher une interprétation qui me conduira à mieux connaître le Seigneur et son amour.
Concluons avec Karsten Lehmkühler, professeur de théologie systématique : « Avant d’être un objet de connaissance et de recherche, la Parole est un sujet agissant. Elle examine avant d’être examinée, elle nous interprète avant d’être interprétée. Cette perspective inclut le caractère du don : la parole est avant tout une grâce, un don qui ne demande point d’œuvres de notre part. Cette efficience ne saurait dépendre de nos œuvres, … pas même de nos œuvres herméneutiques. La Bible est avant tout un sujet agissant qui nous interroge, interpelle, console ; c’est par elle que Dieu nous fait découvrir nos limites, donne naissance à la foi et nous oriente dans nos choix de vie ». [http://lesattestants.fr/wp-content/uploads/2019/02/Lehmk-Attestants-Bible.pdf]
- Edité par Dode Nicolas
Que de mots compliqués pour le titre d’un éditorial ! Ce numéro a pourtant pour objectif de présenter de façon simple quelques enjeux de l’interprétation de la Bible. Interpréter les Écritures implique, de façon implicite ou explicite, de mettre en œuvre des « principes d’interprétation » et ces principes sont précisément ce qu’on appelle « l’herméneutique ».
Parmi les nombreux systèmes herméneutiques, nous proposons de retenir une « herméneutique grammatico-historico-littéraire » :
• grammaticale, parce que la Bible se présente comme un texte faisant sens, qui suit les règles du langage écrit de ses originaux hébreu et grec ;
• historique, parce que chaque livre de la Bible a été rédigé à un moment précis de l’histoire et en relation avec des faits et un contexte historiques qu’il convient de comprendre pour interpréter correctement ;
• littéraire, parce que la Bible est un ouvrage littéraire aux styles variés — Dieu nous ayant parlé « de bien des manières » (Héb 1.1) — styles qu’il convient de soigneusement distinguer pour ne pas se tromper dans son interprétation.
Mais ne nous arrêtons pas à ces trois adjectifs fondamentaux, car une herméneutique fidèle se doit d’être aussi :
• christocentrique, car Christ est le point central de la Bible dont la révélation progressive conduit vers lui ;
• pratique, car la finalité de toute interprétation doit être d’orienter nos pensées et nos actions pour glorifier le Seigneur.
Que ce numéro contribue à nous faire mieux aimer et comprendre la Bible, la lettre d’amour de notre Dieu !
- Edité par Prohin Joël
Le livre des Actes raconte la rencontre surprenante entre l’évangéliste Philippe et un eunuque éthiopien (Act 8.26-40). Celui-ci est assis sur son char, en train de lire le prophète Ésaïe. Philippe l’interpelle alors par cette question : « Comprends-tu ce que tu lis ? » (Act 8.30) L’eunuque éthiopien lui répond par la négative.
Pourquoi ne comprenait-il pas le texte biblique ? Peut-être à cause de la barrière de la langue, de la distance culturelle, ou simplement de la difficulté du texte d’Ésaïe 53 ? Ou peut-être était-ce parce qu’il lui manquait l’éclairage du Saint-Esprit ?
Quelles qu’en soient les raisons, l’eunuque éthiopien ne comprenait pas le texte biblique. Il avait besoin d’explications. Philippe va alors lui expliquer ce passage d’Ésaïe 53 en l’interprétant à la lumière de « la bonne nouvelle de Jésus ».
Ce petit exemple — il y en aurait bien d’autres — montre que le texte biblique a besoin d’être compris, autrement dit « interprété ». La question de l’interprétation — ou de l’herméneutique — se pose à quiconque souhaite comprendre le texte biblique.
Cet article propose une petite introduction à cette question importante : pourquoi faut-il interpréter le texte biblique ? Et surtout : comment faut-il l’interpréter ?
1. La difficulté de l’interprétation
Toute communication humaine implique une interprétation : alors même que vous êtes en train de me lire, vous êtes en train d’interpréter ce que j’ai écrit.
Bien entendu, une bonne partie de ce travail se fait inconsciemment : notre cerveau est une véritable machine à interpréter ! Mais ce travail d’interprétation est semé d’embûches.
Votre cerveau doit d’abord décoder les signes qui sont imprimés et les interpréter comme des lettres, puis des mots et des phrases. En général, cela ne pose pas de problème. Mais, si je s’aime des photes d’or t’au graphe, ou que je laisssssee quelques fautes fautes de de frappe, l’interprétation se corse.
L’interprétation de mon discours peut être également un peu plus compliquée si mon langage est soutenu, et que j’emploie des mèmes [NDLR : Un « mème » (du grec mimesis, imitation) est un concept (texte, image, vidéo) massivement repris, décliné et détourné sur Internet de manière souvent parodique, qui se répand très vite, créant ainsi le buzz.] à la syntaxe sophistiquée.
Certains mots ou certaines phrases peuvent également avoir divers sens et porter à confusion.
Si j’écris : « j’en ai marre de ce cadre ! », vous ne pouvez pas savoir si je ne supporte plus le tableau affiché dans mon séjour ; si, en grand amateur de vélo (c’est un exemple imaginaire !), je suis agacé par mon cadre de vélo qui est trop lourd ; si je suis fâché après le supérieur (le cadre) de mon entreprise ; ou encore si je ne supporte pas les limites (le cadre) qu’on m’impose. Bien entendu, le contexte de mon discours aidera à comprendre ce que je veux dire.
Autre difficulté, si le français n’est pas votre langue maternelle, l’interprétation des mots que j’écris pourra être plus complexe.
Et si je me mettais à écrire en « vieux françois » comme Calvin, cela compliquerait encore la chose.
Une difficulté supplémentaire serait que je vienne d’une culture totalement différente de la vôtre et que je m’exprime en présupposant que vous connaissez les éléments de ma culture. Prenons l’exemple de la phrase suivante : « le retournement des morts n’a jamais lieu le mardi, car c’est “fady“ de creuser la terre ce jour-là ». Les Malgaches comprendront ce que j’ai écrit (du moins, j’espère !), mais probablement pas ceux qui n’ont aucune connaissance de la culture malgache [Dans les croyances populaires malgaches, le terme « fady » se réfère à un certain nombre d’interdits ou de « tabous ». Le « retournement des morts » est une grande fête de la religion traditionnelle en l’honneur d’un ancêtre décédé dont les restes du cadavre sont sortis de la tombe, entourés d’un nouveau linceul et portés à travers le village avant d’être replacés dans la tombe] .
Le texte biblique combine à peu près toutes ces difficultés : il a été écrit il y a deux ou trois mille ans, dans des langues qui ne sont pas les nôtres, dans une culture bien différente de la nôtre, par divers auteurs humains qui ont chacun leur propre style et niveau de langage.
L’interprétation est donc un aspect essentiel pour l’étude de la Bible. Comment bien interpréter le texte biblique pour ne pas lui faire dire ce qu’il ne dit pas ?
Cette question est d’autant plus importante qu’elle porte non pas sur n’importe quel texte, mais sur la Bible, c’est-à-dire la Parole de Dieu qui fait autorité pour la foi et la vie du chrétien.
2. Le cercle herméneutique
Depuis l’Antiquité, la question de l’interprétation d’un discours a préoccupé les penseurs. Le philosophe grec Aristote lui-même nous a laissé un traité intitulé Peri hermeneias (Au sujet de l’interprétation). Toutefois, la réflexion philosophique sur l’interprétation a connu un fort renouveau dans la seconde moitié du XX e s. avec des philosophes comme l’allemand Hans Georg Gadamer ou le protestant français Paul Ricoeur, têtes de file d’un courant désigné comme celui de « la philosophie herméneutique ».
Ces philosophes ont montré comment l’interprétation est au cœur même de notre vécu. C’est en interprétant que nous construisons notre compréhension du monde et que nous développons notre réflexion.
Je ne vais pas entrer plus dans les détails sur cette réflexion, d’autant plus que la philosophie est loin d’être ma spécialité !
Toutefois, j’aimerais m’arrêter sur un des aspects importants mis en évidence par la réflexion sur l’herméneutique, ce qu’on appelle le cercle herméneutique[ Sur le sujet, voir Valérie Duval-Poujol, 10 clés pour comprendre la Bible, Empreinte temps présent, 2011, p. 11].
La réflexion moderne (ou postmoderne) sur l’herméneutique a mis en lumière l’importance de nos présupposés ou de notre vision du monde sur l’interprétation d’un texte. Nous n’arrivons jamais « neutre » face à un passage biblique : nous l’abordons avec un certain nombre de connaissances, avec certaines facultés pour la lecture, avec aussi un vécu propre ou un arrière-plan ecclésial particulier. Tous ces éléments vont influencer notre interprétation du texte : nous allons les « projeter » sur le texte. II est donc important d’en être conscient.
Par exemple, si j’ai un vécu marqué par de nombreux problèmes de santé, je vais avoir un regard différent sur les textes qui parlent de la maladie ou la guérison que si j’ai toujours vécu en bonne santé.
Autre exemple : si je viens d’un milieu pentecôtiste, je ne lirai pas de la même manière les textes sur la Pentecôte que si je viens d’un milieu non-charismatique.
Prendre conscience de nos présupposés nous permet d’être plus lucides dans notre compréhension ou notre interprétation du texte biblique. [ NDLR : Voir à ce sujet l’article de Jean Lacombe dans le même numéro sur nos biais cognitifs.] Nous aurons ainsi plus de facilités à laisser le texte nous interpeller et nous bousculer. Car si nos présupposés influencent notre interprétation du texte, cette interprétation du texte va aussi influencer notre « perception » de la réalité. Lorsque je lis la Bible en la laissant me remettre en question, je ne vois plus les choses de la même manière : j’évolue dans ma conception du monde, dans ma compréhension de mes relations, et surtout dans ma relation à Dieu.
Mais le processus ne s’arrête pas là : il s’agit d’un « cercle herméneutique », c’est-à-dire d’un processus cyclique, d’un aller-retour constant. En effet, si le texte modifie ma vision du monde, lorsque je retourne vers le texte biblique, mes présupposés ont évolué, et cela influence ma compréhension du texte. Cette nouvelle compréhension me permet d’évoluer dans ma vision du monde, et de re-re-lire à nouveau le texte différemment… Et ainsi de suite ! C’est peut-être pour cela que l’on peut passer sa vie à lire et relire la Bible en faisant toujours de nouvelles découvertes et en étant sans cesse interpellés par de nouveaux éléments. Cela est d’autant plus vrai que la Bible n’est pas un livre comme les autres : il s’agit de la Parole de Dieu !
Tout en étant conscient de la valeur du cercle herméneutique, il ne faudrait toutefois pas en conclure que toute lecture du texte biblique est subjective et que chacun, selon son vécu, peut y trouver son propre sens. Certaines approches actuelles ont cette tendance à dire qu’il n’y a pas une bonne ou une mauvaise interprétation : à chacun sa lecture ! Lorsque Moïse, David, Paul ou Pierre ont écrit, ils avaient bien un sens particulier en tête. Ils n’ont pas juste aligné des mots au hasard pour que chacun puisse y mettre le sens qu’il veut, sous l’inspiration du Saint-Esprit.
L’intérêt de l’approche herméneutique moderne est qu’elle attire l’attention sur l’importance de nos présupposés dans notre interprétation. L’objectif n’est pas de laisser ces présupposés influencer librement notre interprétation. C’est plutôt l’inverse : si nous arrivons à prendre conscience de nos présupposés, nous devrions pouvoir mieux les mettre de côté pour discerner le sens « objectif » de la Parole de Dieu.
3. Trois étapes pour interpréter un texte biblique
Le processus d’interprétation du texte biblique est généralement divisé en deux étapes : l’exégèse et l’actualisation du texte. J’y ajouterai une étape intermédiaire.
L’exégèse consiste en une étude minutieuse du texte biblique pour essayer d’en comprendre le sens original. Au cours de cette première étape, je ne me préoccupe pas de ce que le texte me dit « à moi », mais de ce qu’il disait à ses premiers destinataires.
Je vais donc m’intéresser aux mots du texte original, à son contexte historique ou culturel, etc.
Une fois le texte compris, l’objectif est de pouvoir repérer un ou plusieurs principes universels et atemporels que l’on peut déduire du texte biblique.
Si je comprends bien le texte dans son contexte d’origine, je pourrai repérer ce qui est valable au-delà de ce contexte : le principe du texte.
Une fois ce principe mis en lumière, je pourrai ensuite réfléchir à l’application de ce texte dans mon contexte actuel. C’est là l’objectif de l’interprétation biblique ! Le but de l’étude de la Bible n’est pas de devenir un expert du Proche-Orient ancien ou du grec biblique ; l’objectif est de pouvoir appliquer la Parole de Dieu de manière juste et pertinente dans notre contexte et dans ma vie.
- Edité par Minard Timothée
Une des richesses de la Bible est de contenir des genres littéraires très différents qui nous permettent d’aborder la révélation de Dieu sous des approches variées. Chaque genre a ses propres règles d’interprétation. Deux d’entre eux, largement présents dans l’A.T., sont particulièrement délicats à interpréter. Cet article vise à donner très simplement quelques principes d’interprétation pour chacun de ces genres.
Le genre narratif
Une définition
Le genre narratif recouvre des récits de faits, d’actions, de personnages, d’événements. Nous y voyons les humains agir, parfois aussi Dieu agir. Il s’agit d’une sorte de reportage, souvent sans évaluation de la situation décrite.
Le genre narratif recouvre une grande partie de la Bible. Parfois il concerne un livre tout entier (1-2 Samuel, Esther,…), ou parfois seulement certaines sections (Exode, Jonas, les Évangiles,…).
Quelques principes d’interprétation à retenir
1. Ne pas allégoriser les histoires bibliques
Allégoriser serait considérer que chaque détail du récit correspond à une interprétation spirituelle. Par exemple, j’ai entendu quelqu’un dire que l’arche de Noé représentait l’Église, malmenée par les flots du monde, mais qui, finalement, échapperait aux dangers et que le bitume dont l’arche était enduite était le Saint-Esprit ! L’allégorisation n’est rien de plus que la projection de notre imagination.
2. Ne pas moraliser les histoires bibliques
Certains messages sur David ou Abraham tirent essentiellement des leçons morales de leurs vies.
Il faut se souvenir que Jésus est le seul héros de la Bible ; tous les autres « héros » de la Bible sont des pécheurs ! Il s’agit avant tout de comprendre la manière dont Dieu travaillait avec eux pour en tirer des leçons — même si, à l’occasion, ces personnes sont explicitement présentées en exemple et qu’il est aussi possible de tirer de leurs vies quelques exhortations pour notre manière de vivre.
3. Savoir qu’une histoire n’est pas nécessairement un exemple
Un fait rapporté dans l’Écriture n’est pas forcément normatif pour ma vie. Par exemple, le vœu peu sage de Jephthé ne doit pas nous conduire à dire : il faut accomplir ses vœux même s’ils sont erronés [NDLR : Pour une autre compréhension du récit de Jephthé, voir Daniel Arnold, Le livre des Juges, Emmaüs, 2015.] .
La Bible rapporte le fait sans porter de jugement ; il faut l’apport des autres textes de l’Écriture pour juger si telle action est à imiter ou non.
4. Noter qu’un récit nous rapporte ce que Dieu a fait, mais pas nécessairement ce qu’il fera
Dieu a permis à Élie de faire descendre le feu du ciel.
Peut-il encore le faire ? Certainement ! Mais veut-il le faire systématiquement ? Absolument pas ! Dieu a fait venir le déluge et a toujours la capacité de le faire, mais il a lui-même dit qu’il ne le ferait plus jamais. On ne peut donc pas prendre un récit de l’Écriture pour l’ériger en norme.
5. Rechercher en quoi un récit contribue au but général d’un livre biblique
C’est souvent dans cette perspective que se révèle le sens d’une histoire. Par exemple, le livre d’Esther démontre comment Dieu règne à travers des hommes et des femmes bien imparfaits. Or la moralisation à outrance de la reine Esther ne rend pas justice à son personnage. De plus, ce livre se lit aussi en contraste avec la délivrance que Dieu va finalement opérer au travers d’un Sauveur qui, lui, est parfait.
Le genre prophétique
Une définition
Le genre prophétique désigne un message délivré par un prophète. Celui-ci est un messager qui « parle devant » : devant Dieu et devant les humains qu’il exhorte à respecter l’alliance que Dieu a conclue avec son peuple. Il dénonce, met en garde, avertit, condamne, console ou annonce le futur.
Le genre prophétique couvre les livres des prophètes, d’Ésaïe à Malachie, en plus de textes plus épars au sein d’autres livres.
C’est aussi un genre à propos duquel il existe une grande variété d’interprétations parmi les chrétiens.
Quelques principes d’interprétation à retenir
1. Intégrer le prophète dans la grande histoire de l’Ancien Testament
Pour le comprendre, il est nécessaire de situer le prophète chronologiquement. Vers -2000 environ, Dieu conclut une alliance avec Abraham au travers duquel il bénira tous les peuples de la terre. Cette alliance se précise au fil des siècles et, vers -1500, Dieu donne par Moïse la loi au peuple descendant d’Abraham. Cette loi démontre le péché et l’incapacité du peuple d’Israël à y obéir. Dieu va donc continuer à se révéler et, vers -1000, un roi, David, est établi pour orienter la nation ; Dieu établit avec lui une nouvelle alliance dynastique qui pointe vers le Messie, qui sera Jésus-Christ. La désobéissance du peuple conduit à une déportation en deux temps (-722 et -586), avant un retour partiel de Juda sur sa terre.
2. Connaître le contexte historique immédiat
Le prophète parle-t-il au royaume du nord ou du sud ? Quelle est l’histoire récente du peuple ? Quel est le roi en place ? Est-il fidèle ou non ? Quelle est la menace qui guette ? Quelles sont les guerres récentes ou proches ?
3. Garder le schéma cyclique global : péché – déshonneur – rédemption – honneur
Ce schéma se répète tout au long de l’A.T. Il préfigure une libération en deux étapes : tout d’abord, dans la personne de Jésus-Christ qui résoudra le problème du péché et finalement dans le royaume éternel qui établira une société sans plus de corruption.
Les prophètes annoncent un changement intérieur personnel par le Messie et un rétablissement final qui touchera non seulement l’individu mais toute la société de ceux qui auront fait confiance à Christ et qui vivront dans une harmonie d’amour inconnue jusque-là.
4. Intégrer les réalisations successives
Une image est souvent donnée pour illustrer le genre prophétique, celle d’une vue d’une chaîne de montagnes : deux sommets semblent être proches l’un de l’autre, mais arrivé en haut du premier, on se rend compte qu’une grande vallée le sépare du second. Les prophéties sont souvent ainsi : elles annoncent une première délivrance, puis une ultime délivrance sans qu’on perçoive à la lecture qu’entre les deux peut se dérouler un grand laps de temps. L’accomplissement de ce que le prophète promet peut être en partie proche, en partie distant et en partie très distant. Il est important de ne pas limiter le texte à une seule réalisation.
5. Être conscient que l’interprétation d’une prophétie spécifique sera souvent orientée par nos options de théologique systématique
Par exemple, certains vont comprendre Ésaïe 11 comme se référant symboliquement à la période de l’Église, d’autres littéralement au règne de Christ pendant le millénium et d’autres encore comme faisant allusion à l’éternité. Cherchons avant tout à retenir l’enseignement propre de chaque section des prophètes sans vouloir immédiatement la situer dans notre schéma prophétique d’ensemble.
- Edité par Varak Florent
Ce poème a été écrit suite à un échec définitif à l’examen du permis de conduire. L’auteur du poème téléphone à son épouse qui lui demande : « Alors, comment s’est passé cet examen ? » Il lui répondra simplement : « Ma grâce te suffit » (12.9). C’est le verset qui lui est venu en tête alors qu’il devait accepter de renoncer à conduire. Le soir même, il composa le poème ci-dessous. Il transforma ainsi cet échec personnel, qui eut des répercussions sur sa vie et son ministère, en puissante leçon spirituelle. Frédy Gfeller (1926-2021) a été un prédicateur prolifique et un auteur d’ouvrages évangéliques. Ainsi, il se rendait souvent à pied pour prêcher dans les églises avoisinantes à son village.
« Ma grâce te suffit ». Oh ! parole admirable !
Elle suffit à tout, jusqu’au bout du chemin.
Salut pour le pécheur, pardon pour le coupable,
Elle a suffi pour hier et suffira demain.
« Ma grâce te suffit ». Dans ma faiblesse extrême
J’éprouve de mon Dieu le tout-puissant secours.
Oui, sa grâce suffit ; dans la souffrance même,
Je suis environné des soins de son amour.
« Ma grâce te suffit ». Au terme du voyage,
J’en pourrai savourer les effets bienheureux ;
Conduit par mon Sauveur au céleste rivage,
J’en verrai resplendir les rayons glorieux.
Dans le séjour béni de la maison du Père,
Je goûterai sans fin de l’amour l’heureux fruit
Et je me souviendrai du jour où, sur la terre,
Il m’avait répondu : « Ma grâce te suffit ».
- Edité par Gfeller Frédy
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »2 Corinthiens 5.17
De père italien et de mère française, je suis né en Suisse et ai vécu toute mon enfance dans un village du Jura vaudois. À l’âge de 5 ans, j’étais gardé de temps en temps par ma marraine, qui me lisait la Bible en bande dessinée : j’étais passionné par ces belles histoires ! Chrétienne évangélique, elle m’avait aussi abonné à Tournesol et Toujours joyeux, deux magazines bibliques pour enfants. J’appréciais le temps passé avec elle ainsi qu’avec d’autres enfants chrétiens.
Enfant, ma maman m’emmenait de temps en temps à la messe. Je trouvais le temps long, mais j’aimais beaucoup chanter. Je suivais régulièrement les cours de catéchisme où l’on nous parlait de Dieu.
Dieu me semblait toutefois lointain. Ayant perdu le contact avec ma marraine, je n’entendis plus parler de Jésus et de son œuvre à la croix. Je me rappelais toutefois, qu’il était possible de parler à Dieu dans la prière.
À l’âge de 11 ans, j’ai été opéré des hanches à cause d’un problème sévère, ce qui m’a éloigné de l’école durant 3 ans. J’avais des drains aux hanches et souffrais atrocement. J’ai dû me déplacer en chaise roulante pendant une année et ai passé de très nombreuses nuits à l’hôpital. À l’hôpital, j’avais un ami de chambre auquel j’avais même proposé de prier avec moi. Nous pleurions souvent, car nous avions mal. Prier nous apaisait. Mon cœur n’avait toutefois pas été touché par Jésus-Christ et je n’avais pas compris que j’avais besoin d’un Sauveur. Je craignais Dieu, mais je n’avais pas de véritable relation avec lui.
À l’adolescence, comme tous les enfants de bonne famille catholique, j’ai fait ma confirmation, sans motivation particulière et sans vraiment savoir ce à quoi je m’engageais, mais pour faire plaisir à ma famille. Ma marraine m’a alors donné une Bible que j’ai toujours conservée mais sans l’ouvrir.
J’étais doué en football et ai donc joué dans différentes ligues. Je passais beaucoup de temps en fin de semaine dans les boîtes de nuits et courais après les filles. Après une scolarité difficile, cela me faisait du bien d’être un joueur doué et un crack admiré le week-end.
À la fin de ma vingtaine, mon amie de l’époque m’annonce qu’elle est enceinte alors qu’elle n’a pas encore terminé sa formation… Le ciel m’est tombé sur la tête, j’ai réalisé que la fête était finie et qu’il fallait maintenant assumer mon rôle de père. J’étais anxieux et ne savais pas comment j’assumerais ce nouveau rôle après des années d’insouciance.
J’ai demandé à Dieu de m’aider dans cette situation. J’avais alors un emploi stable, j’ai pris mes responsabilités et nous nous sommes mariés.
Malheureusement, après plusieurs années de mariage, nous nous sommes séparés. Je suis revenu chez mes parents sans un sou en poche. J’ai traversé une profonde dépression et me suis réfugié dans la drogue et l’alcool. Dans l’entreprise dans laquelle je travaillais, il y avait plusieurs chrétiens. J’entendais donc régulièrement parler de Jésus-Christ. En 2009, la crise économique a conduit à mon licenciement.
Mes parents étant fatigués de mes frasques, je me suis donc retrouvé à la rue. J’ai dormi dans une cave durant une année. La solitude et ma situation m’accablaient, c’est pourquoi je me suis à nouveau tourné vers Dieu. Enfin, j’ai ouvert la Bible que m’avait donnée ma marraine et j’ai prié le Seigneur qu’il me sorte de cette situation ! J’ai arrêté l’alcool et la drogue et, ne trouvant plus d’emploi, je me suis lancé dans le monde du spectacle.
Puis, tout en continuant le spectacle, j’ai repris un emploi. J’avais rencontré entre-temps Valérie avec laquelle j’ai eu un fils. Malheureusement, l’entreprise dans laquelle je travaillais a fermé. J’ai prié à nouveau le Seigneur et j’ai retrouvé rapidement un nouvel emploi. Je n’étais toutefois pas en paix avec Dieu. J’avais encore beaucoup de culpabilité pour ma vie passée. Un jour, en allant au travail, j’ai été touché par le Saint-Esprit en pleine rue à 6 heures le matin. J’ai demandé à Dieu de pardonner mes nombreux péchés qui me désespéraient. J’ai ressenti profondément tout le mal que j’avais fait et j’ai pleuré en pensant à mes nombreux péchés…
J’ai reçu le pardon de Dieu, j’ai accepté par la foi le salut qu’il m’offrait et depuis ce jour-là ma vie a véritablement changé.
Cela fait maintenant six ans que je me suis converti et je vois Dieu agir dans ma vie. Mon caractère change, j’aime la Bible et fréquente régulièrement une église. Dieu m’a donné des frères et sœurs.
Je vois Dieu me diriger malgré des circonstances difficiles : mon passé continue à me poursuivre ; de temps en temps, je suis sujet à des angoisses ; je n’ai pas revu mon fils depuis ma séparation d’avec ma première femme et diverses autres difficultés me découragent parfois. Mais j’ai une joie que je n’avais pas auparavant. Ma vie a désormais un sens. Je regrette de ne pas avoir rencontré Dieu avant… Mais sans doute, fallait-il qu’il m’amène dans une sombre vallée pour que je tourne mon regard vers lui et accepte Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur !
- Edité par _Anonyme
Les chapitres 8 et 9 de la seconde épître de Paul aux Corinthiens forment clairement un tout. Ils concernent principalement la promesse des chrétiens de Corinthe d’effectuer une collecte en faveur des saints de Jérusalem.
Il y avait beaucoup de pauvres dans cette église de la Judée et Paul s’était fait un devoir de leur apporter son aide, particulièrement au moyen de collectes organisées dans des églises locales qui se trouvaient sur son champ missionnaire (Gal 2.10 ; Rom 15.25-28).
Plusieurs croyants à Corinthe s’étaient déjà engagés verbalement à y participer. Paul profite alors de cette occasion pour enseigner une vérité fondamentale en lien avec le caractère et la conduite des chrétiens : ils doivent être des gens de parole, c’est-à-dire qu’ils doivent agir de manière conséquente à ce qu’ils disent ou promettent. Il est donc question d’intégrité et de fiabilité. Ce sont ces qualités que Paul espérait trouver chez les Corinthiens.
L’exemple des chrétiens de la Macédoine
La Grèce, à cette époque, était divisée en deux grandes provinces romaines : la Macédoine au nord, et l’Achaïe au sud. Dieu, dans sa grâce, avait déjà touché le cœur des croyants de la Macédoine et les avait incités à contribuer aux besoins des pauvres de la Judée. Mais ce qui est remarquable avec les chrétiens de Philippes, Thessalonique et Bérée (les églises locales de la Macédoine), c’est qu’ils avaient décidé de participer à cette offrande malgré le fait qu’ils vivaient eux-mêmes des temps très difficiles d’épreuves et de persécutions (8.1-5).
Une seule chose peut expliquer une telle attitude : c’est parce que ces chrétiens « se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur » avant de se donner aux autres (8.5). Autrement dit, d’une manière probablement autant individuelle que collective, ils se sont placés devant le Seigneur dans la prière et ils ont compris ce que Christ attendait d’eux.
C’est d’ailleurs pour cela qu’ils considéraient leur participation à cette œuvre comme une « grâce » du Seigneur (8.4)
Passer de la parole aux actes
Maintenant, il semble bien que les chrétiens de l’Achaïe, c’est-à-dire les frères et sœurs de Corinthe, avaient fait savoir qu’ils désiraient, eux aussi, prendre part à ce service et que c’est Tite qui avait été mandaté pour l’organisation et la gestion de la collecte (8.6).
Aussi, afin de les encourager et de leur donner un modèle d’offrande par excellence, Paul a rappelé aux Corinthiens de quelle manière le Seigneur Jésus lui-même s’était fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté les Corinthiens soient enrichis (8.9).
Puis vient l’exhortation principale, qui est probablement le cœur des chapitres 8 et 9 : « Achevez donc maintenant d’agir, afin que l’accomplissement selon vos moyens réponde à l’empressement que vous avez mis à vouloir. La bonne volonté, quand elle existe, est agréable en raison de ce qu’elle peut avoir à sa disposition, et non de ce qu’elle n’a pas » (8.11,12).
Ces versets nous disent qu’il faut être des gens de parole. Nous pouvons avoir l’air d’être bien gentils, bien généreux et bien serviables lorsque nous disons que nous allons faire quelque chose, mais faisons-le !
Sinon c’est le contraire qui va se produire, et nous serons connus comme des gens qui n’ont pas de parole, qui n’ont pas d’honneur. Réfléchissons bien à ceci : les gens peuvent-ils compter sur nous ?
Au chapitre 9, nous voyons à quel point Paul était préoccupé par cette nécessité que les chrétiens soient des gens de parole.
Paul jugeait qu’il n’était pas nécessaire de revenir sur le besoin lui-même des pauvres de Jérusalem et de l’expliquer à nouveau parce que les Corinthiens étaient déjà bien au fait de la situation et ils avaient déjà manifesté leur intention de participer à la collecte (9.1). C’est la « bonne volonté » dont il parle au verset suivant et dont il était si fier, au point même de dire aux chrétiens de la Macédoine : « Hé ! Vous savez quoi ? Les chrétiens du sud veulent aussi participer ! Ils en parlent même depuis l’année dernière ! »
Les paroles en l’air font perdre la face
À la fin du verset 2 du chapitre 9, Paul va même souligner que le zèle des Corinthiens a été un moteur pour motiver un très grand nombre de croyants à faire de même. Pouvez-vous vous imaginer ce qui va arriver si les Corinthiens ne tiennent pas parole ? La motivation des autres pourrait en être grandement affectée et, finalement, ce sont les pauvres de Jérusalem qui en subiraient toutes les conséquences.
Car lorsqu’une personne n’honore pas sa parole, des gens sont lésés.
Les Corinthiens ne seraient pas les seuls à perdre la face, mais ils la feraient perdre aussi à d’autres.
C’est précisément ce que Paul redoute, comme nous pouvons le voir dans les trois versets suivants (9.3-5).
Pour s’assurer que les Corinthiens n’allaient pas mettre Paul et tous les autres dans l’embarras, il leur envoie Tite et deux autres frères anonymes (8.18,22-24) en éclaireurs. Si jamais les Corinthiens ne tiennent pas parole, il vaut mieux que ce soit devant ces trois ouvriers habitués à en voir de toutes les couleurs, que devant des frères et sœurs de Macédoine qui pourraient être découragés par la situation. Quand Paul parle de « confusion », il parle de honte, voire même d’humiliation. Celui qui ne tient pas parole a toutes les raisons d’être rouge de honte, mais il met aussi les autres dans l’embarras. Paul a donc raison d’évaluer cette situation comme étant potentiellement néfaste pour bien des gens et c’est ce qui le pousse à prendre des précautions. Il exhorte alors Tite et ses deux compagnons d’œuvre à se rendre à Corinthe afin de vérifier l’état de la situation.
Tenir parole pour les bonnes raisons
Remarquez bien ce qui est dit en lien avec la participation des Corinthiens à l’offrande destinée aux saints de Jérusalem, en (9.5) : les Corinthiens avaient déjà promis une libéralité, c’est-à-dire qu’ils avaient non seulement promis de participer, mais aussi d’être très généreux. C’est ce qu’on appelle créer des attentes chez les gens.
Non seulement Paul espère qu’ils seront effectivement généreux, mais aussi qu’ils le feront pour les bonnes raisons. Permettez-moi de paraphraser ce que Paul veut probablement suggérer aux Corinthiens : « Vous avez dit d’avance que vous alliez donner généreusement ; eh bien, j’espère que vous donnerez généreusement et pas à contre-cœur, dans l’espoir de recevoir quelque chose en retour. »
C’est le sens du mot « avarice » à la fin du verset 5. Il parle de « cupidité ».
Ainsi, non seulement Paul craint que les Corinthiens ne tiennent pas parole, mais il craint aussi que, même s’ils tiennent parole, ils ne le fassent pas pour les bonnes raisons. Certaines personnes, quand elles se sentent prises au piège par leurs propres paroles, vont finir par agir, mais souvent pour de mauvaises raisons, et cela va clairement paraître dans leur attitude.
Tenir parole pour la gloire de Dieu
Celui qui tient parole, qui fait simplement ce qu’il a dit, pour de bonnes raisons, va bien vite prendre conscience que Dieu prend soin de lui, quelle que soit sa situation. C’est ce que Paul va souligner ensuite en (9.6-10). Ces versets sont la promesse que celui qui tiendra parole en verra tôt ou tard du fruit, et le fruit en particulier dont Paul parle en (9.11-15), c’est la reconnaissance à Dieu. Quand les croyants tiennent parole dans ce qu’ils promettent aux autres, Dieu en récolte les remerciements, la louange et la gloire.
Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne connaissent pas le Seigneur et qui sont pourtant intègres et fiables. Raison de plus pour que ce soit le cas de tous ceux qui ont connu le don si merveilleux de Dieu, incarné dans la personne de notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui notre parfait modèle d’intégrité et de fiabilité. Tout ce que Jésus a dit et a promis, il l’a fait. Alors, si vous dites que vous appartenez à Jésus, vous ne pouvez pas ne pas tenir parole. Que le Seigneur nous aide à être des gens de parole, intègres et fiables.
- Edité par Despins Gilles
Dans les chapitres précédents, nous voyons Paul mentionner toutes sortes de souffrances, pourquoi et comment il faut continuer à s’accrocher à Dieu malgré cette souffrance. Dans le chapitre 7, nous voyons Paul parler de son amour envers les Corinthiens mais également leur demander de persévérer dans leur amour pour lui. Les Corinthiens étaient certainement des gens difficiles à aimer ; pourtant, Paul s’accroche à la relation et se rend vulnérable.
Ce passage fascinant est pertinent pour nos vies car qui d’entre nous n’a pas rencontré des frères et des sœurs que nous trouvons plus difficiles à aimer ? Devant Dieu, nous sommes tous égaux, pourtant, tous nos proches ne sont pas également faciles à aimer, c’est une question de personnalité et de sensibilité interpersonnelle.
1. Vous rendez-vous vulnérables pour Dieu ? (v. 2-3)
Paul persévère dans une relation avec l’église de Corinthe où il éprouve davantage de déceptions que de satisfactions. Il se rend vulnérable. Paul plaide pour que les Corinthiens lui donnent accès à leur cœur. Paul ne veut pas seulement une relation distante d’apôtre à chrétiens où il leur dit ce qu’ils doivent faire. Il veut une relation plus intime. Dieu veut que nous ayons dans le cadre de l’église locale des relations profondes ! Est-ce que nous cherchons à les cultiver ?
Pourtant Paul a payé le prix de cette relation avec les Corinthiens. La Bible ne nous enseigne pas d’être ami proche de tout le monde. Cependant, nos amitiés intimes ne doivent pas être limitées aux relations où il n’y a pas de péché, pas d’injustice ni de souffrance.
2. La consolation de l’amitié dans le Seigneur (v. 4-7)
La Bible nous enseigne que la joie peut côtoyer la souffrance. À quoi Paul fait-il allusion lorsqu’il mentionne la lutte au-dehors et les craintes au-dedans ? Paul a vécu bien des périls (4.8-9 ; 11.23-28).
Les luttes au-dehors font allusion à des combats (coups, emprisonnement, périls, etc) vécus en dehors de la sphère de l’Église. Les craintes au-dedans sont les luttes vécues à l’intérieur de l’Église ou pour l’Église.
De quelle consolation Paul parle-t-il ? La consolation, c’est avoir la paix au moyen d’encouragements ou d’exhortations. C’est le même mot en grec que « exhorter ». Le ministère de la Parole de Dieu nous permet de fonctionner à nouveau lorsque nous sommes abattus ou arrêtés. La venue de Tite a été un grand encouragement, une consolation pour Paul.
Lorsque nous sommes blessés, ne lâchons pas et laissons la Parole de Dieu accomplir son ministère.
Consolons et laissons-nous consoler ! Cela ne veut pas dire que certains n’auront pas de longues saisons de souffrance. Cependant, il faut lutter pour se relever tant bien que mal. Dieu ne nous appelle pas à abandonner la lutte contre le découragement.
3. Êtes-vous tristes à tort ou à raison ? (v. 8-12)
Paul se réjouit de la tristesse des Corinthiens. Il est heureux qu’ils aient éprouvé de la tristesse quant à leur péché. Dieu ne nous appelle pas à nous sentir coupables lorsque nous péchons, mais à nous sentir tristes. Être triste, c’est ressentir une douleur à tort ou à raison. La tristesse peut donc être très bonne car, quand on pèche, il y a un dommage. Nous ne sommes pas en train de refléter le Seigneur et nous affligeons les personnes contre lesquelles nous avons péché.
La repentance, c’est utiliser cette tristesse selon Dieu pour se détourner de notre péché et nous tourner vers Dieu. La tristesse due au péché est bonne. Il ne faut pas avoir peur de le dire ! Cela va à l’encontre de la culture actuelle. Par contre, dans le Nouveau Testament la culpabilité n’est jamais mentionnée pour le croyant.
Car Jésus a pris cette culpabilité sur lui.
Il faut être prudent car il y a deux extrêmes. L’un des extrêmes, c’est ne jamais être touché par la tristesse que nous avons causée aux autres. L’autre étant de toujours demander pardon quand d’autres ont été blessés par nous. Parfois, bien agir peut blesser. Ce n’est pas l’émotion de l’autre qui nous dit si nous avons péché ou non mais la Bible. Nous ne demandons pas pardon parce que la personne blessée est triste, mais parce que nous avons péché. Nous devons aussi être sensibles à la souffrance de l’autre. Gardons un sage équilibre.
4. Vivez-vous des relations authentiques ? (v. 12-16)
Voyez-vous comment la relation de Paul avec les Corinthiens est devenue profonde et authentique ? Il est en paix, se réjouit et éprouve une saine fierté (de la gloire).
Je rencontre beaucoup de couples dans mon ministère de counseling biblique. Je suis frappé de voir comment ils deviennent beaucoup plus proches et intimes après des drames dans leur mariage. Si vous vivez des drames, ce n’est pas la fin de l’histoire ! Mais peut-être une occasion d’approfondir la relation !
Une relation authentique supporte qu’on se dise la vérité. Comment est-ce que je réagis lorsque d’autres m’exhortent ou me reprennent ? Dieu veut des relations authentiques dans l’Église. Recevons humblement les remarques et apportons-les en prière devant Dieu.
Nous ne serons peut-être pas d’accord avec tout ce qui nous a été dit, mais laissons notre cœur être enseigné.
À l’inverse, si je n’ose pas dire la vérité ou si je suis susceptible, je me condamne à avoir des relations plus superficielles. Ayez de la grâce et dites la vérité à vos frères et sœurs. Soyons prêts à exhorter et à écouter l’exhortation. L’Évangile nous enseigne que ce n’est plus une menace d’avouer ses torts.
5. Conclusion
Ce chapitre 7 de 2 Corinthiens nous montre comment certaines relations méritent d’être cultivées malgré la souffrance et le péché. Avez-vous des relations
authentiques avec des frères et sœurs ? De plus, nous avons vu qu’être la cause de la tristesse de quelqu’un n’est pas toujours mauvais. En effet, dire des choses qui rendent triste n’est pas toujours péché s’il y a compassion. N’oubliez pas que les amitiés authentiques dans le Seigneur sont un cadeau de Dieu. Soyez intentionnel à cet égard. Choisissez quelqu’un que vous allez inviter à prendre du temps avec vous. Ouvrez la Parole ensemble et prenez deux minutes pour prier l’un avec l’autre.
- Edité par Caron Matthieu
Paul avait fondé l’église de Corinthe et avait passé deux ans et demi environ dans cette église. Malheureusement, après son départ, des leaders de l’extérieur et probablement certains de l’intérieur, avaient commencé à attaquer Paul et surtout son enseignement. Paul est l’un des hommes appelés par Dieu pour fonder l’Église. C’est un apôtre, ministère spécial et spécifique.
Je ne crois pas qu’il y ait encore d’apôtres aujourd’hui. Non seulement Paul est apôtre, mais il est l’apôtre des non-Juifs. Dieu lui avait révélé son message et celui de l’Évangile. Il avait confié à Paul le ministère d’annoncer ces vérités à travers l’Empire romain. Il avait aussi confié à Paul la responsabilité d’écrire ces vérités. Rejeter Paul et rejeter l’Évangile reviennent à la même chose !
1. L’endurance (patience) (v. 4-7)
La plus grande démonstration de la puissance de Dieu dans la vie de ses serviteurs n’est pas l’absence de souffrance ou la présence de miracles. Mais c’est la patience, c’est l’endurance dans les peines, les souffrances et les persécutions. Le Seigneur lui-même a souffert. Dieu enrichit la vie des personnes qui bénéficient du ministère de ceux qui sont éprouvés. Quand nous souffrons, cela nous humilie et nous rend dépendant de Dieu.
Le but de Paul, ici, n’est pas le renouvellement des sentiments des Corinthiens à son égard mais un engagement renouvelé de leur part envers l’Évangile qu’il leur prêche. La patience de Paul dans la souffrance démontre que sa vie et son ministère travaillent ensemble avec Dieu afin de répondre à l’appel de Dieu. Ainsi lui-même n’a pas reçu la grâce en vain (v. 1) et il souhaite que ce soit également le cas des Corinthiens.
Les versets 4 et 5 présentent trois groupes de trois aspects négatifs :
Les versets 6 et 7 présentent trois groupes de trois aspects positifs :
Paul a travaillé jusqu’à l’épuisement, il a subi des émeutes, des lapidations, il a été battu, etc. Mais également, il a soumis son corps à la pureté, il a fait preuve de bonté, d’amour, de patience, etc. « Connaissance » a ici le sens de sagesse ; Paul savait mettre en pratique, dans sa vie, ce qu’il avait appris de la sagesse de Dieu. Nous sommes souvent plus préoccupés par ce que nous savons de façon intellectuelle, mais le but de Paul est de nous faire réfléchir à la manière dont nous appliquons ce savoir dans notre vie. Remarquez qu’en plein milieu de ces aspects positifs, il y a « par l’Esprit saint ». Paul nous démontre que, contrairement aux philosophes grecs stoïciens, les bonnes choses dans sa vie ne sont pas le résultat de ses efforts personnels, mais plutôt du travail du Saint-Esprit en lui.
2. Paradoxes (v. 8-10)
Dans les versets 8 à 10, Paul présente neuf façons dont il est dénigré par des personnes mal informées qui le jugent.
Et encore une fois, nous avons neuf paradoxes par groupes de trois. Cela ressemble beaucoup à ce qu’on trouvait dans la littérature grecque de l’époque.
Le prédicateur fidèle de l’Évangile connaît la gloire et le déshonneur, il est à la fois aimé et méprisé.
Certaines personnes vont lui faire une bonne réputation, d’autres une mauvaise. Cette réputation paradoxale de Paul existait au sein même de l’église de Corinthe 1 .
Certains le voyaient comme un inconnu, mais il était bien connu auprès de l’élite juive (Act 26.4,5). Il a frôlé la mort à plusieurs reprises, la menace de la mort planait constamment sur lui. Condamné à plusieurs reprises, mis en prison mais maintenu en vie par la grâce de Dieu.
Attristé certainement par le rejet de l’Évangile de la grâce par une partie des Corinthiens, attristé par les menaces des faux enseignants, par les âmes perdues, par les croyants immatures, mais animé d’une joie profonde en Dieu que l’on découvre en particulier dans sa lettre aux Philippiens. Pauvre quant aux biens matériels, mais enrichi par ceux qui ont accepté le message de l’Évangile. N’ayant rien sur cette terre, mais un héritage éternel au ciel.
3. Réconciliation (v. 11-13)
Paul démontre son caractère et son leadership en ce que, même s’il n’a rien fait de mal, il prend l’initiative pour la réconciliation.
Paul nomme rarement ses lecteurs par leur nom.
Ici, il en appelle à leur cœur en s’exclamant : « Ô Corinthiens ! » (Darby). Paul leur parle ici avec ses tripes. Il déverse toutes ses émotions.
Remarquez l’honnêteté de Paul : « sa bouche est ouverte. » Il ne cache rien qui leur serait utile pour leur développement et leur croissance, même si cela pourrait les déranger. Savez-vous que parfois nous avons besoin d’être dérangés, qu’on nous dise les choses en vérité ? Un berger doit parfois dire des choses peu agréables à ses brebis. Le berger a besoin de courage et de sagesse. La brebis doit apprendre à écouter et à accepter !
Remarquez également l’affection de Paul. Il dit : « notre cœur est élargi ». Vous n’y êtes pas à l’étroit. Vous êtes là, dans mon cœur. Je vous aime. L’attitude des Corinthiens avait profondément blessé Paul, mais il n’est pas devenu amer. Il les aime toujours et ne cherche pas la vengeance et cherche encore leur bien. Quelle attitude !
4. Conclusion
La profonde souffrance de Paul ici est une preuve même de la pureté de ses motivations et de son amour envers ses enfants spirituels. Voulez-vous servir le Seigneur ? Il faut être prêt à souffrir. Si vous n’êtes pas prêt à cela, vous n’êtes pas prêt à servir.
Voulez-vous être un leader ? L’attitude que vous allez démontrer dans la souffrance vous donnera l’autorité spirituelle nécessaire pour faire l’œuvre de Dieu.
Il y a tellement de choses dans ce passage qui nous parlent parce que nous ne sommes pas comme Paul : naturellement, nous sommes en lutte avec la vengeance, nous désirons éviter la souffrance. Nous avons des difficultés à pardonner, à aimer ceux qui nous font mal. Nous avons besoin de changer.
Si Paul a pu démontrer de telles qualités de caractère, c’est parce que sa vie était influencée et dirigée par le Saint-Esprit (v. 6). Paul a laissé libre cours au Saint-Esprit pour changer sa vie.
- Edité par Virgint Douglas
Introduction
Au long de ses différentes épîtres, Paul aborde plusieurs fois le sujet de la vocation. Il la présente sous plusieurs formes, que ce soit la vocation céleste en Philippiens 3, ou simplement la vocation d’Éphésiens 4. Par ce terme, Paul entend un appel de Dieu au croyant à vivre conformément à ce qu’il est en Christ.
Dans le début de cette épître aux Corinthiens, Paul aborde successivement les sujets de l’odeur de la connaissance de Dieu, du ministère de la nouvelle alliance et de la perspective céleste du croyant.
Dans ce passage de 2 Corinthiens 5.11-6.1, nous sommes amenés à comprendre les raisons de notre vocation, celle d’ambassadeurs pour Christ (5.20), mais aussi les bénéfices que nous pouvons en retirer et les risques auxquels nous devons faire face en la vivant. Le Larousse définit l’ambassadeur comme une « personne susceptible de représenter à l’étranger une certaine image de son pays ou qui est chargée d’une mission ». Dans la perspective céleste, le croyant sait que sa patrie se trouve au ciel (5.2).
Le croyant a un regard différent
Le croyant sait qui est son Dieu, le connaît et le craint. Le livre des Proverbes nous rappelle que le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel (Prov 9.10). Parce qu’ils craignent Dieu, Paul et ses compagnons cherchent à convaincre les hommes (v. 11). Ils sont aussi pleinement conscients de la réalité du jugement, notamment du tribunal de Christ. Ils cherchent donc à avoir une attitude conforme à la volonté de Dieu et à lui plaire (v. 9-10). Ce regard différent qu’ils ont sur les choses, c’est aussi ce regard que nous devrions avoir. Le regard qui va motiver notre désir de convaincre les hommes.
Le respect de Dieu conduit à un changement de valeurs, porté sur ce qui est céleste, développé également plus tôt dans le chapitre 5 (v. 2-9). Il se manifeste par un cœur consacré. Ce n’est pas de l’apparence que nous devons tirer gloire mais de ce qui est dans le cœur (v. 12-13), car c’est ce à quoi Dieu regarde (1 Sam 16.7). Il nous faut cependant garder un certain équilibre : nous savons aussi qu’il n’y a pas que la question de ce qui est céleste dans notre vie de croyant. Nous sommes dans le monde mais pas du monde (Jean 17.15-18).
L’élément clé de la vie du chrétien est Christ. C’est en lui, par lui et pour lui que toutes choses sont. Lorsque nous regardons le monde avec ce regard, nous voyons que ce dernier a besoin de lui. Tous ceux qui vivent sans lui et qui ne sont pas sauvés sont morts : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23). C’est le cas de tous : nos amis, notre famille, nos voisins, nos collègues ou nos camarades d’étude. C’est ainsi que, pressés par le même amour que celui que Christ a manifesté pour nous, nous devons chercher à convaincre tous les hommes car Christ est mort pour tous (v. 14).
Nous devons imiter celui qui, étant Dieu, s’est dépouillé lui-même en devenant serviteur et en allant jusqu’à mourir pour nous sauver (Phil 2.6-8).
Nous devons donc ne plus vivre pour nous-même, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour nous (v. 14-15). Si c’est une réalité dans nos vies, nous verrons et connaîtrons chaque personne autour de nous en sachant que Christ est mort pour elle. De même, nous connaîtrons que Christ n’est pas seulement notre Sauveur, mais aussi notre Seigneur (v. 16). Christ mort pour tous : cette vérité nous permettra de travailler pleinement à notre mission sur terre qui est d’avoir un ministère de la réconciliation.
Le ministère de la réconciliation : sa vocation d’ambassadeur (5.18-20)
En plaçant notre identité en Christ, en l’acceptant comme Seigneur et Sauveur, cela apporte un changement radical dans nos vies. Absolument tout change ! Pas seulement notre regard sur le monde, mais aussi notre regard sur notre vie passée ou encore sur la manière dont nous allons penser, agir, et surtout aimer ! Paul décrit ce changement en disant que « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (v 17).
Ce qui devient le plus important à nos yeux, ce qui a le plus de valeur, c’est ce que Christ a fait pour nous : il nous a réconciliés avec Dieu. Cette première partie du verset 18 est relativement facile à s’approprier, mais elle s’accompagne d’une responsabilité qu’il ne faut pas mettre de côté : Dieu nous donne le ministère de la réconciliation.
Après être venu accomplir la volonté du Père en se donnant à la croix, Christ nous a passé le témoin. Il nous a donné la mission d’aller et de faire de toutes les nations des disciples (Matt 28.19). Pour mener à bien ce ministère, Dieu a mis en nous la parole de réconciliation (v.19). Ainsi, nous devons nous appuyer sur trois éléments : l’appartenance à la nation céleste tout d’abord (v. 2), l’amour de Christ qui nous presse à convaincre les hommes ensuite (v. 14), et cette mission de réconciliation (v. 18-19). Ces trois éléments démontrent que nous sommes des ambassadeurs du ciel sur la terre au service de Christ (v. 20).
La réconciliation est plus qu’une simple mission pour le croyant, c’est le but premier de sa vocation d’ambassadeur. C’est pourquoi Paul avertit aussi : nous ne devons pas recevoir la grâce de Dieu en vain (6.1). Nous avons été prédestinés à un rôle, celui de pratiquer des bonnes œuvres qui ont été préparées d’avance (Éph 2.10). Cette mission de réconciliation fait partie des œuvres préparées, et ne pas les pratiquer peut revenir à négliger la grâce
reçue de Dieu. Il est toutefois normal de rencontrer des difficultés à pratiquer ces bonnes œuvres.
Même en ayant une perspective céleste avec les bénéfices qui accompagnent notre vocation, il y a en nous un combat entre l’Esprit et notre chair.
Beaucoup d’éléments peuvent devenir des prétextes pour renoncer à notre engagement ou chercher à le minimiser. En effet, nous savons que la fonction d’ambassadeur comporte certains risques, et que nous devons sortir de notre zone de confort.
Quels sont les risques ?
La question des risques encourus en exerçant notre vocation est abordée par Paul dans plusieurs épîtres. Elle tourne autour de la persécution et des souffrances qui peuvent accompagner l’exercice des fonctions d’ambassadeur. Dans notre société occidentale, nous ferons plutôt face à des souffrances morales, à du mépris, à la perte d’un statut ou d’un travail. Le regard de nos contemporains sur nous pourra changer. Selon où nous plaçons notre gloire, cela peut être un vrai frein. Car en étant ambassadeurs de la réconciliation, nous transportons l’odeur de la connaissance de Dieu (2.14-17), qui lorsqu’elle est perçue comme une odeur de mort, peut amener des réactions virulentes
et engendrer de vraies difficultés et souffrances.
Quel sont les bénéfices ?
La bonne nouvelle est qu’en exerçant fidèlement notre vocation d’ambassadeur, nous sommes gagnants sur plusieurs points. Tout d’abord, nous honorons notre Dieu qui sera juste au jour du jugement (5.10), et rétribuera chacun selon ses œuvres. De plus, nous donnons à nos frères et sœurs une raison de se glorifier à notre sujet (v. 12). Ainsi, nous les encourageons à exercer, eux aussi, leur vocation céleste. De plus, nous serons édifiés, dans le sens où la mise en pratique nous rendra disposés à vivre notre foi dans tous les domaines et à répondre à l’appel de Dieu. Cela nous fera grandir dans notre fidélité et dans beaucoup d’autres domaines de notre foi. Enfin, nous aurons peut-être le privilège de convaincre des hommes, ce qui est l’une des plus grandes joies à vivre sur terre.
Conclusion
En connaissant Dieu, en comprenant pleinement l’amour de Christ et étant pressés par cet amour, nous cherchons à convaincre les hommes de se tourner vers Christ. Notre regard sur les gens qui nous entourent change. Nous avons reçu de Dieu une vocation d’ambassadeur, avec le ministère de la réconciliation. Même si nous avons conscience de cette mission et que nous désirons la remplir, il est en pratique souvent difficile de s’y consacrer pleinement. Il y aura des hésitations, parfois nous trouverons des raisons de ne pas agir pleinement.
Mais nous savons que la difficulté de notre exercice réside dans le fait de parvenir à garder notre regard tourné vers Christ. Nous devons considérer ce qui était pour nous un gain comme une perte (Phil 3.7-8), et persévérer jusqu’au bout en combattant le bon combat et en gardant la foi (2 Tim 4.7). Nous savons que Christ reviendra, que nous comparaîtrons tous devant le tribunal de sa justice, et qu’il sera juste dans ses récompenses (v 10). Cependant, nous cherchons une récompense bien particulière avec cette vocation, celle de voir des hommes être convaincus de l’amour de Christ, et se tourner vers lui.
- Edité par Dupertuis Clément
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