PROMESSES

CHRIST a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrages, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement; qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice ; lui par la meurtrissure duquel vous avez été guéris car vous étiez errants comme des brebis, mais maintenant vous êtes retournés au berger et au surveillant de vos âmes (1 Pi 2.21-25 Darby).

1 .On ne peut présenter Christ comme modèle qu’à ceux qui sont « en Christ »

Une des graves erreurs commises assez souvent au sein de la chrétienté consiste à présenter Christ comme modèle à des âmes qui n’ont pas la vie de Dieu, à de simples professants. A ces derniers, il faut présenter Christ comme Sauveur et non pas comme modèle.

Christ n’est pas un modèle pour les inconvertis. Il est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, pour chercher et sauver ce qui était perdu.

Présenter Christ comme modèle à un inconverti, c’est lui dire qu’il peut imiter Christ, alors qu’il ne le peut pas. Pour imiter Christ, il faut d’abord posséder la vie du Christ.

Le simple professant ne possède pas nécessairement la vie du Christ. Il a besoin alors de se tourner vers le Seigneur.

Les enfants des chrétiens ne sont pas chrétiens parce que leurs parents le sont. Les enfants de chrétiens ne sont pas chrétiens parce que leur conduite extérieure est bonne, qu’ils font plaisir à leurs parents ou viennent avec eux à toutes les réunions. Avoir une conduite extérieure exemplaire ne prouve pas toujours que l’on est un vrai chrétien.

Les fils et filles des chrétiens ne sont réellement chrétiens eux-mêmes que lorsque le travail de l’Esprit de Dieu s’est vraiment accompli en eux, dans leur conscience et dans leur cour. On ne naît pas chrétien : on le devient par la nouvelle naissance. On ne saurait trop insister sur l’importance de ce fait.

La nouvelle naissance

La nouvelle naissance est indispensable pour être un « homme en Christ ».

Voilà pourquoi le Seigneur insistait tant auprès de Nicodème en lui disant: Il vous faut être nés de nouveau (Jean 3.7).

Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu (Jean 3.3)
– Si quelqu’un n’est né d’eau et de 1’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Jean 3.5)
– Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création; les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses son faites nouvelles (2 Cor 5.17)
– Si vous ne vous convertissez et ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux (Mat 18.3).

Il ne faut donc pas s’illusionner, mais savoir de façon certaine si, oui ou non, nous sommes nés de nouveau.

A la nouvelle naissance, nous recevons une vie nouvelle, une nouvelle nature: la vie de Dieu, la nature divine. C’est un immense miracle, entièrement à la gloire de Dieu.

Nicodème, cet homme honorable et très instruit, pouvait demander: « Comment ces choses peuvent-elles se faire? » Alors le Seigneur prit l’exemple remarquable du serpent d’airain pour lui faire comprendre comment on peut naître de nouveau.

Lorsqu’un Israélite, dans le désert, avait été mordu par un serpent brûlant et qu’il avait conscience de son état désespéré, sentant qu’il était perdu, mais croyant la proclamation de Moïse, croyant la Parole de Dieu par la bouche de Moïse, il regardait le serpent d’airain – un simple regard de foi – il était instantanément et complètement guéri. Quelques instants auparavant, il pouvait être mourant, peut-être à l’agonie… Dès qu’il avait regardé au serpent d’airain qui brillait aux rayons du soleil, il était guéri. Il pouvait se lever sur ses pieds et rendre grâces à Dieu. Il avait, en quelque sorte, reçu une nouvelle vie ayant cru à la Parole de Dieu par la bouche de Moïse.

Aujourd’hui, de même, le pécheur qui se sait atteint par la blessure cruelle du péché, et qui réalise qu’il est coupable et perdu, s’il regarde à la croix, au divin Crucifié du Calvaire, reçoit instantanément la guérison, une vie nouvelle, la vie divine. Il est né de nouveau. Comme Moise éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle (Jean 3.15).

Ce premier point est ainsi bien établi; nous le répétons donc: Christ ne peut être présenté comme modèle qu’à ceux qui sont « en Christ », « nés de nouveau », « nés de Dieu », « nés de l’Esprit ».

Un autre exemple (Mat 11.28-30) : Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos. Ce verset 28 s’adresse aux inconvertis. Ensuite, Jésus ajoute: Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cour; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau est léger. Ces versets 29 et 30 s’adressent au vrai croyant. A l’inconverti, Jésus dit: Venez à moi… et je vous donnerai du repos. C’est le repos de la conscience. Ensuite au vrai croyant, à celui qui a déjà trouvé ce premier repos que Jésus donne, Il dit: Prenez mon joug… et vous trouverez le repos. Ici, c’est le repos du cour. C’est donc une grave erreur de dire à un inconverti, à un simple professant, de prendre sur lui le joug de Christ. Il ne le peut pas. Hélas! C’est cependant ce que l’on entend trop souvent. Il faut d’abord venir à Christ comme un pauvre pécheur fatigué et chargé et recevoir aux pieds de Christ le pardon de ses péchés, le repos de la conscience. Après cela, mais après cela seulement, on peut prendre sur soi le joug de Christ.

2. Christ nous a laissé un modèle: Considérons-le attentivement

A tous ceux qui sont « nés de nouveau », à tous ceux qui sont des « enfants de Dieu », Christ peut être présenté comme notre divin modèle.

Pour suivre un modèle, pour imiter un modèle, il faut tout d’abord le considérer attentivement.

Voyez, par exemple, une classe de dessin d’art. Sur un tréteau élevé, on a placé un objet quelconque, un modèle à dessiner. Il a été mis bien en vue, en pleine lumière, afin que chacun puisse le voir. Chaque élève le regarde avec grande attention, s’il veut reproduire convenablement le modèle proposé sur sa feuille de papier Ingres. Chaque élève cherche à prendre soigneusement les diverses proportions de l’objet, afin de les reporter très exactement sur son papier.

Le Seigneur Jésus est placé devant nos yeux, en pleine lumière, comme notre parfait modèle. Considérons-le donc attentivement.

Toute l’Ecriture nous Le présente d’un bout à l’autre. Sondez les Ecritures, car ce sont elles qui rendent témoignage de Moi, pouvait dire le Seigneur. Jamais nous ne serons assez attentifs, assez concentrés pour considérer Christ.

Fixant les yeux sur Jésus nous est-il dit en Hébreux 12 (version Darby). Et en note, il est précisé: avec le sens de « détourner ses regards d’autres objets et les fixer exclusivement sur un seul ».

Reprenons par exemple l’objet proposé à une classe de dessin d’art. Supposons un élève qui, au lieu de considérer attentivement le modèle, regarde par la fenêtre, ou s’amuse avec ses pinces à dessin, sa gomme ou ses crayons… Croyez-vous qu’il arrivera à reproduire quelque chose de convenable du modèle placé cependant devant ses yeux ? Certainement pas! il faut que cet élève concentre toute sa pensée, tout son effort sur le modèle proposé.

De même, si nous voulons connaître notre divin et parfait modèle, il nous faut détourner volontairement nos regards d’autres objets, et les fixer exclusivement sur un seul: Christ.

Oh! Comme il est nécessaire de nous exhorter les uns les autres à diriger nos regards vers Christ, à être occupés de Lui, à fixer nos yeux sur Lui.

Quand on regarde un petit moment le soleil, l’astre brillant du jour, quand il luit dans sa splendeur, puis que l’on abaisse ensuite les yeux sur les choses environnantes, nous avons devant les yeux comme un nuage; nous ne distinguons plus les choses qui sont autour de nous. Quand on contemple Christ dans Sa gloire, Lui, le divin soleil de l’âme, les choses de la terre sont comme voilées à nos yeux. Elles ont perdu de leur attrait pour le cour.

Puissions-nous donc davantage contempler Christ: Christ ici-bas, l ‘homme parfait, le parfait serviteur; Christ sur la croix, souffrant pour nous, portant nos péchés; Christ ressuscité et assis à la droite de Dieu, couronné de gloire et d’honneur; Christ qui revient pour nous chercher; Christ qui régnera sur tous les rivages des mers. Quand on tourne vers lui les regards, on est rayonnant de joie.

3. Christ, notre modèle : L’homme sans péché

1 Pierre 2.21-22: Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de péché et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude.

Sommes-nous disciples de Christ ? Alors nous devons suivre ses traces. Comme un cher frère aime à le dire et à le répéter: « Vous dites que vous êtes à Christ: montrez-moi Christ dans votre vie, et pas autre chose. » Nous devons bien reconnaître qu’il y a une grande distance entre le maître et les disciples. Cependant, nous sommes appelés et exhortés à suivre les traces de Christ. Pour cela, je le répète, il nous faut Le considérer attentivement.

Il est allé de lieu en lieu, faisant le bien. Il est l’homme qui n’a pas commis de péché, nous dit l’apôtre Pierre, Celui qui n’a pas connu le péché, nous dit l’apôtre Jean. Aux Juifs qui l’accusaient, il pouvait dire: Qui d’entre vous me convaincra de péché ? C’est le premier homme parfait, en qui Dieu ait pu trouver tout Son plaisir. En dehors de Lui, tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu.

Quand on amena à Jésus une femme coupable, les Juifs voulaient essayer de trouver Jésus en défaut. Mais Lui écrivait sur la terre, puis se relevant, leur dit: Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. Alors il nous est dit qu’ils s’en allèrent tous un à un, depuis les plus anciens jusqu’aux plus jeunes…

Christ est le seul homme sans péché. Celui qui n’a rien fait qui ne se dût faire. Eh bien! Nous sommes maintenant exhortés à suivre les traces que Jésus a laissées, en fixant nos yeux sur Lui. Mettons donc nos pieds dans l’empreinte de Ses pas.

L’auteur du Psaume 23 pouvait dire : Il me conduit dans des sentiers de justice à cause de Son nom. Que sont ces sentiers de justice ? Ce sont ceux qu’a suivis le Seigneur lorsqu’il était ici-bas, des sentiers dans lesquels le péché est absent. C’est aussi dans ces sentiers de séparation du mal, de tout mal, que nous sommes appelés à marcher.

Remarquons ensuite que l’apôtre Pierre mentionne: ...et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude. Qu’est-ce que la fraude? Nous le savons fort bien, quand nous traversons la frontière, et qu’un voyageur se fait prendre pour avoir voulu passer des marchandises en fraude. Christ a toujours dit la vérité. Il n’y a eu aucune fraude, aucun mensonge dans sa bouche. Il n’a jamais péché de Ses lèvres. Jamais homme ne parla comme cet homme.

Ah! Demandons-Lui de nous donner des lèvres sanctifiées. Si quelqu’un ne faillit pas en paroles, celui-là est un homme parfait, capable de tenir aussi tout le corps en bride, dit Jacques (Jac 3.2). Et au jeune homme Timothée, il était écrit: Sois le modèle des fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté (I Tim 4.12). La parole passe ici avant la conduite. Ah! Encourageons-nous l’un l’autre à veiller sur nos paroles. Il y a des paroles folles, des plaisanteries qui ne sont pas bienséantes. Veillons sur nos lèvres, bien-aimés, et aidons-nous les uns les autres à cet égard.

4. Christ, notre modèle : L’homme doux par excellence

...qui lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement (1 Pi 2.23).

Tout au long de son ministère, Christ a été l’homme doux par excellence. Qu’est-ce que la douceur? C’est le caractère d’un homme qui n’insiste pas sur ses droits.

Un exemple: le village de Samaritains qui n’a pas voulu recevoir Jésus, parce que sa face était tournée vers Jérusalem (Luc 9.51-56). Jacques et Jean lui demandent: Veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel… etc. Jésus les reprend en leur disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Et il est tout simplement ajouté: Et ils s’en allèrent à un autre village.

Christ seul a été l’homme parfaitement doux, comme Il le dit aussi lui-même : Je suis débonnaire et humble de cour.

Contemplons Christ afin de Lui ressembler en cela aussi. Que votre douceur soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche (Phil 4). Nous sommes exhortés, à notre tour, à montrer toute douceur envers les hommes. Il ne faut pas que l’esclave conteste, mais qu’il soit doux envers tous... enseignant avec douceur les opposants.

Paul exhortait les Corinthiens par la douceur et la débonnaireté du Christ (2 Cor 10.1).

Si la douceur est le caractère d’un homme qui n’insiste pas sur ses droits, il y a cependant une différence à signaler entre « faire valoir ses droits » et « insister sur ses droits ».

Un exemple, dans la vie de l’apôtre Paul (Act 22.25), nous le montre faisant valoir son droit, lorsqu’il dit: Vous est-il permis de fouetter un homme qui est Romain et qui n’est pas condamné ? En cette occasion, Paul, qui connaissait les lois, a fait valoir ses droits. Mais il est bien certain que si nos droits sont foulés aux pieds, lorsque nous les avons fait valoir, alors nous ne devrions plus insister… Que le Seigneur nous aide à refléter ici-bas quelque chose de Sa douceur envers nous.

5. Christ, notre modèle : L’homme humble par excellence

Philippiens 2.5: Qu’il y ait donc en vous cette pensée… Quelle pensée? Celle de nous abaisser nous-mêmes…

Il s’est anéanti lui-même… Il s’est abaissé lui-même…

Lui seul pouvait s’anéantir en prenant la forme d’un homme semblable à nous en toutes choses, à part le péché. « Dieu se fait homme, ô saint mystère, Que son peuple adore à genoux. »

Mais lorsqu’il s’est abaissé lui-même, en cela essentiellement il nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces…

Cette pensée, qui était dans le Christ Jésus, est-elle en nous ?

Nous savons tous dans quel abaissement, dans quelle humilité le Seigneur de gloire a voulu descendre, lorsqu’Il est né à Bethléhem, un tout petit village, et n’a pas même eu de berceau. « Humble Enfant, tu naquis plus bas que nous ne sommes... »

Puis, plus tard, jusqu’à l’âge de trente ans, il a été le fils du charpentier, travaillant de ses mains sur l’établi et sachant ce que c’est que la fatigue après une longue journée de travail…

Ne l’oublions pas, nous sommes disciples de l’humble charpentier de Nazareth.

Pendant son ministère itinérant, nous voyons le Seigneur s’associer aux petits et aux humbles. C’était précisément le reproche que lui faisaient les riches et orgueilleux pharisiens et scribes de Judée. Cet homme reçoit les pécheurs et mange avec eux. Il était un ami des pauvres, des publicains et des pécheurs. Il se trouvait beaucoup plus souvent en Galilée qu’en Judée, parce que la Galilée le recevait, l’accueillait plus que la Judée.

A nous, il nous est dit maintenant : Soyez revêtus d’humilité, vous associant aux humbles, aux choses humbles et aux personnes humbles. Est-ce que les choses humbles et les personnes humbles sont celles avec lesquelles nous aimons nous associer ?

Christ nous a laissé un modèle afin que nous suivions Ses traces.

6. Christ, notre modèle : L ‘homme obéissant par excellence

A tous ceux qui ont trouvé le repos de la conscience aux pieds du Sauveur, à tous ceux qui sont maintenant « enfants de Dieu », Jésus dit: Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi. Quel était ce joug? Une soumission parfaite et constante à la volonté du Père. Christ pouvait dire: Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son oeuvre (Jean 4 Darby). Nous sommes exhortés à prendre le même joug que Christ et à dire, nous aussi: Non, pas ma volonté, mais la tienne, soit faite.

Christ a été l’homme parfaitement obéissant – obéissant jusqu’à la mort de la croix.

Comment connaître la volonté de Dieu ? Bien souvent, celle-ci nous est clairement indiquée dans la Parole. Parfois cependant, il est nécessaire que nous soyons dirigés de façon précise par Dieu. Si nous cherchons à connaître la pensée de Dieu, commençons par nous assurer que nous n’avons aucune volonté propre… Dans la plupart des cas, la volonté de Dieu ne tarde pas à nous être révélée.

Nous pouvons bien demander comme dans notre cantique: «Ah! Donne-nous des cours obéissants. »

7. Christ, notre modèle : L ‘homme pauvre par excellence

Bienheureux celui qui comprend le pauvre…

Etant riche, Il a vécu dans la pauvreté…

Nous aussi, sachons vivre dans la simplicité, dans l’humilité, dans la pauvreté, ne recherchant pas les choses élevées, mais nous associant aux humbles.


A nos lecteurs africains

Si vous désirez continuer de recevoir PROMESSES, vous devez nous écrire une fois par année, en nous indiquant votre adresse exacte. Sans nouvelle de votre part au-delà d’une année, Nous cesseront simplement de vous envoyer la revue.


CHRONIQUE DE LIVRES

Edité par Europresse, B.P. 505, F-71322 Chalon-sur-Saône, cédex
Diffusé en Suisse par La Maison de la Bible, Trési 6, CH-7028 Préverenges

Notre époque est marquée par l’individualisme et par la recherche du bien-être pour soi. L’Eglise est en danger de se laisser prendre. Prédications, livres et séminaires donnent la priorité, dans une perspective très humaniste à la résolution de nos divers conflits existentiels ou relationnels, alors que la Croix est mise à la périphérie de l’enseignement. L’auteur du livre remet en valeur cet événement capital, car « la Croix est le point focal, le centre de toute l’histoire humaine ». C’est le point de départ. Et il insiste sur « une compréhension claire de la Croix qui produira cette appréciation profonde qui purifiera notre vie de toute priorité indigne et dépourvue de sens » (p.l0). Une compréhension claire de la Croix et de sa portée immense restera toujours le fondement de l’application de l’Ecriture à nos vies.

L’auteur décrit d’une façon touchante l’importance et la grandeur de la Croix de Christ comme étant le point central de l’histoire du monde. Avant les temps éternels « les trois personnes de la Trinité conçurent ce plan de rédemption ». La chute et le péché de l ‘homme rendirent la Croix nécessaire, la mort spirituelle et physique d’Adam et d’Eve s’étant étendue à toute l’humanité. Parce que tout être humain a l’esprit obscurci, le cour corrompu et la volonté incapable de chercher Dieu, il fallait que le plan de rédemption se réalise. Dieu prend le péché très au sérieux; sa colère se manifeste de différentes manières et son « déversement final » reste un avertissement solennel contre ceux qui persistent dans le péché.

La section I (p. 15-145) décrit la nécessité de la croix de Christ à cause du péché de l’homme, de la sainteté et de la colère de Dieu. Pour satisfaire sa sainteté et sa justice, il fallait deux actes rédempteurs distincts : la propitiation et la substitution par le sacrifice de Jésus-Christ à la croix. Les promesses d’un Rédempteur sont clairement données dans l’Ancien Testament, soit dans la Loi, les Prophètes et les Psaumes (Gen 3.15; Ps 22; Es 53). Des illustrations nous sont données par l’institution des sacrifices (Ex 12; Lév. 16), ou par des préfigurations comme le récit du déluge (1’arche salvatrice annonce Christ qui sauve les siens et les délivre de la colère de Dieu). Joseph et David sont dans une certaine mesure des types de Christ. Puis Dieu est venu en chair en son Fils pour accomplir ses promesses. Il est devenu totalement homme sans cesser d’être Dieu. Deux natures étaient réunies en une seule Personne, et cela dépasse notre entendement. Maintenant, la venue du Fils de Dieu manifeste la volonté de Dieu d’accomplir par lui son dessein éternel : la Rédemption à la Croix. Tout le cheminement terrestre de Jésus, son baptême, ses tentations dans le désert, son ministère public et ses enseignements, pointe vers ce jour culminant de l’histoire.

Ensuite, la section II (pp 153- 189) présente les sept dernières paroles de Jésus sur la croix qui nous amènent vers l’accomplissement de sa mission : son oeuvre rédemptrice. Dans l’obéissance parfaite au Père, le Christ acheva dans la puissance de l’Esprit l’ouvre que le Père lui avait donnée.

Dans la section III, au delà de la Croix, la déchirure du voile, la résurrection de Jésus, son ascension, et la venue du Saint-Esprit pour former son Eglise sont amenées comme des preuves irréfutables de la satisfaction de Dieu quant à l’ouvre grandiose de la Rédemption accomplie par Jésus-Christ.

Dans la section IV, toutes les réponses sont finalement données par rapport au message de la Croix, et c’est par la foi que nous pouvons saisir Jésus qui est mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification (Rom 4.24-25). L’ouvre salvatrice de Christ est donc suffisante pour tous, mais n’aura son efficacité que pour celui qui a la foi en Jésus(Rom 326), tandis que la colère de Dieu tombera sur celui qui l’aura rejeté. Et l’auteur termine : « Nous avons donc en Marie et en Judas deux réponses différentes à la question d’aimer Christ. Que Dieu nous vienne en aide pour que nous appartenions à la compagnie de Marie et pour que nous aimions Christ d’un amour fervent et dépourvu de toute honte ».

Vraiment un livre qui nous amène au cour du dessein de Dieu : GOLGOTHA. Le passé, le présent et le futur, tout converge vers le point central du dessein éternel de la Trinité : La Croix, centre de l’histoire, en vertu de laquelle tout a été accompli de jure par Jésus-Chris, pour que tout sera accompli de facto à son retour. C’est l’histoire de la Rédemption. Dans la mesure où nous découvrons notre propre misère face à la sainteté de Dieu, la Croix deviendra pour nous le centre de notre adoration et de notre témoignage. Elle conférera toute la vigueur à la mission qu’il nous a laissée avant de rejoindre son Père : Faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. D’autre part, à maintes reprises, l’auteur nous met en garde aussi contre de fausses théories quant à l’ouvre de Christ. Un livre qui nous amène à propager un message clair et sans compromis de la Bonne Nouvelle pour les hommes perdus et désespérés, tout en nous encourageant à lui donner des applications concrètes dans nos propres vies.

H. LÜSCHER


Cet article est la transcription d’une conférence donnée à Pâques, en 1981, à l’Ecole Biblique de Genève

L’exposé qui va suivre est un appel à la réflexion. Il s’inspire de Col. 2.6,7 et, plus généralement, de l’ensemble de l’épître, qui est d’une brûlante actualité.

Introduction

Le plus grand danger d’aujourd’hui, c’est de se réclamer d’un Christ et d’une spiritualité qui ne correspondent pas aux données bibliques:

-soit que l’on ait un Christ et une spiritualité bien en-deçà de la dimension complète fournie par l’Ecriture (dans l’épître aux Colossiens les mots remplis, plénitude, pleinement sont très fréquents).
-soit que l’on ait un Christ et une spiritualité qui constituent une déviation, une déformation, par rapport aux points de repère donnés par la Bible.

Il est plus dangereux d’avoir « un faux Christ » – qui ne correspond pas à la définition et à la dimension bibliques – que de n’avoir pas de Christ du tout. Le chemin vers la vérité sera plus long, car il faudra se dégager d’une illusion, abandonner un mirage.

Il est plus dangereux d’avoir « une fausse spiritualité » (ou une fausse religion, si vous préférez) que de n’avoir pas de spiritualité du tout.

De Luther, le réformateur, l’on rapporte cette réflexion: « La véritable croyance n’implique pas seulement le fait de croire en Christ, mais également de croire ce que Christ est » (cité par Jean-Paul II en Allemagne).

Cette pensée semble avoir été formulée pour nos temps. N’y a-t-il pas des milliers de personnes qui disent « croire en Christ »? Combien d’entre elles sont-elles en mesure de définir qui est ce Christ en qui elles croient? Il y a tant de notions vagues, indéfinies, de nos jours, dans ce domaine.

Dans un reportage sur Taizé (FEMINA no8, 15.4.1981, p. 102) j’ai trouvé cette phrase: « la recherche de la foi se fraie parfois un chemin à travers les fumées du haschich », mais il y a d’autres fumées que celles du H!!

Et si ces personnes définissaient le Christ en qui elles croient, leur définition recouvrirait-elle ce que Christ est selon la Bible, la seule norme de foi?

Mon but, dans cet exposé, est de dissiper les fumées dont on a enveloppé Jésus-Christ et l’expérience spirituelle au cours de ces dernières décennies.

Il y a dans cet auditoire une grande diversité humaine et probablement diverses situations par rapport à Jésus-Christ, le Seigneur que nous prêchons. Je désire être utile à chacun.

-Si quelqu’un ne connaît pas encore Jésus-Christ, j’aimerais lui dire: « Attention! N’acceptez pas un produit falsifié! ».
-Si quelqu’un vient de le connaître, fait ses premiers pas dans la vie chrétienne: « Attention! Ne l’échangez pas contre un produit de remplacement! » (Les Colossiens couraient ce danger: le culte des anges.)
-Si quelqu’un le connaît depuis plusieurs années: « Attention! Ne vous arrêtez pas! Dieu vous appelle à une croissance, une maturité dans la connaissance de Jésus-Christ. Il veut aussi vous employer pour aider ceux qui sont en danger ».

I. Un Christ selon la dimension biblique

Celui qui lit l’épître aux Colossiens se rend immédiatement compte que la figure de Jésus-Christ a une dimension telle qu’elle éclipse, et de loin, les plus hauts dignitaires de ce monde et les plus grands personnages de l’Histoire. A lui s’appliquent ces paroles d’Esaïe: « A qui me comparerez- vous, pour le faire mon égal? A qui me ferez-vous ressembler, pour que nous soyons semblables? » (46.5).

En traitant de la dimension biblique de Jésus-Christ, je veux me référer à:
-Son être
-Sa mission
-Son rang
-Son exemple

A. Son être

1. DIEU, UN AVEC LE PÈRE

L’apôtre nous présente Jésus-Christ comme parfaitement un avec Dieu: « Il est l’image du Dieu invisible » (1,15), c’est-à-dire qu’Il exprime exactement dans son être tout ce que Dieu est. Celui qui m’a vu a vu le Père (Jean 14.9).

Je pense que Jean veut dire la même chose quand il écrit: Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (1.1).

Christ est parfaitement un avec le Père dans la divinité: tout ce que le Père est, Il l’est également. C’est pourquoi, dans la même épître, Paul peut écrire en se référant à Christ dans son incarnation et dans sa condition présente dans la gloire: En lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col 2.9). Autrement dit, Il est, avec le Père, Dieu, au plein sens du terme.

Cette dimension biblique de Jésus-Christ doit être fortement rappelée et mise en valeur aujourd’hui, car, sous l’influence de théories occultes, on cherche à le réduire à une simple « émanation du divin », ou encore, dans la théologie récente, à « un homme en qui le divin a affleuré, a fait surface », si je puis dire. Ces conceptions, très répandues, dépouillent tout simplement Jésus-Christ de son égalité avec Dieu. Il n’est plus, dans cette représentation, consubstantiel au Père.

2. DEUXIÈME PERSONNE DE LA TRINITÉ

Bien que Jésus-Christ soit un avec le Père dans son essence, un seul et même Dieu, Il est cependant distinct du Père. Dans la prière sacerdotale, Il pouvait dire: Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi (Jean 17.24). Quand quelqu’un peut dire « je » c’est qu’il est une personne distincte, qu’il est doué d’individualité. C’est pourquoi nous disons que Jésus-Christ est la 2ème personne de la Trinité.

L’apôtre Paul reconnaît cette distinction: Rendez grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ (Col 1.3). Il distingue entre le Père et le Fils, dans la déité. (L’Esprit, la 3e personne de la Trinité, est nommé au verset 8 de ce même chapitre).

Cette dimension – Christ est une personne – est fort importante vu la forte tendance dans certains cercles de dépersonnaliser Jésus-Christ, de nous présenter un Christ sans visage, impersonnel, anonyme, presque incognito, qui s’identifierait avec les pauvres, les déshérités, les opprimés, les marginaux de notre société.

Cette vue de Jésus-Christ est très répandue dans l’ocuménisme. Elle repose en partie sur une fausse interprétation de cette déclaration du Seigneur en Matthieu 25: Toutes les fois que vous avez fait ces choses (donner à manger, à boire, recueillir, vêtir, visiter un malade, un prisonnier) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites, v. 40. Mais le Seigneur parlait de Ses frères, des siens, – ceux qui écoutent et reçoivent la Parole de Dieu – et non des hommes en général. Et ce qu’Il soulignait, c’était son unité avec ses disciples.

3. CRÉATEUR

La culture moderne, même en Occident, incline de plus en plus vers le panthéisme. Pour cette philosophie, Dieu et le monde ne sont pas distincts. Au lieu que Dieu soit personnel et transcendant, il est immanent. C’est pourquoi l’on parle aujourd’hui d’un «Christ cosmique», qui se confond avec l’univers (affiche d’une conférence: Le Christ cosmique!).

Mais la dimension biblique est aux antipodes, si l’on me passe l’expression, et l’épître au Colossiens nous apporte l’antidote: Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.

Ce texte pose avec toute la netteté voulue un Créateur et une création. Il établit une transcendance. De plus, il présente Christ sous 4 aspects:

-Créateur et but de la création (tout a été créé par lui et pour lui)
-Conservateur de la création (toutes choses subsistent en lui), celui qui en maintient l’ existence
-Souverain sur la création (le premier-né sur toute la création), le premier né avait des droits spéciaux.
-Pré-existant à la création (Il est avant toutes choses). Ce texte s’oppose absolument à l’idée d’un Christ immanent.

B. Sa mission

Notre époque ne s’est pas fait faute d’utiliser la figure de Jésus-Christ à des fins politiques et on l’a largement transformé, dans l’aile la plus radicale de la théologie oecuménique, en un protagoniste de la révolution.

Bien sûr, la présence du Seigneur au milieu des hommes corrompus, et son enseignement, remettaient en cause bien des choses et bien des gens. Mais de là à en faire un apôtre de l’action révolutionnaire, et même de la violence- alors que pour d’autres il est l’apôtre de la non-violence systématique (Gandhi) -il y a loin!

En tout cas, ce n’est pas ainsi que ses disciples les plus proches;les apôtres, ont compris sa mission et son action, et pourtant ils avaient .la pensée de Christ»!

Même si l’Evangile, de par ses implications, a des répercussions sociales et politiques, on ne voit jamais les apôtres présenter le Christ comme le protagoniste de la Révolution, mais comme celui de la Rédemption.

La mission du Christ a, avant tout, une dimension verticale et éternelle; réconcilier l’homme rebelle avec Dieu et le sauver à tout jamais du jugement (Col 1.19, 20).

L’action révolutionnaire laisse complètement de côté la dimension verticale et éternelle. Elle prétend changer la société sans Dieu et sans le salut.

C. Son rang

L’enseignement de l’épître aux Colossiens nous empêche de prendre la moindre familiarité avec Jésus-Christ, car elle insiste beaucoup sur le rang qu’Il occupe dans le plan de Dieu.

Par démagogie, certains prédicateurs, surtout quand ils ont affaire à des auditoires de jeunes, tombent dans le travers de présenter Jésus-Christ comme un -camarade- ou même comme un .copain-. Et on lit des écrits, ou l’on entend des disques, où Jésus- Christ est traité avec une familiarité déconcertante.

Mais, même si pour nous sauver Christ s’est abaissé, s’il s’est fait pour un peu de temps inférieur aux anges, s’il n’a pas honte de nous appeler .frères-, s’il nous qualifie d’amis-, ce n’est pas une raison pour le traiter familièrement.
Ce que Paul nous enseigne, c’est que Dieu lui a conféré en tout la prééminence, que Christ a en tout le premier rang:

-prééminence sur la Création (v. 17)
-prééminence sur l’Eglise, le peuple des rachetés, la nouvelle création (v.18 a)
-prééminence dans l’ordre de la résurrection (v. 18 b)
-afin d’être en tout le premier (v.18c)

Application: Est-ce que nous le considérons et le traitons selon son rang? Est-ce que nous nous rappelons qu’Il est la tête du corps de l’Eglise? (le chef, l’autorité suprême, celle dont nous relevons, si nous sommes membres de ce corps?) Est-ce que nous le traitons comme notre Seigneur, à qui toute obéissance et toute déférence sont dues, ou comme notre valet? (Pour beaucoup de chrétiens, le Seigneur est censé faire leurs volontés).

Selon la dimension biblique, Il est Seigneur (Col 3.17,23 et 24).

D. Son exemple

A côté du Christ révolutionnaire, il y a eu le Christ hippie, non conformiste, marginal. Cela correspond à une mode. Dans le reportage sur Taizé auquel j’ai déjà fait allusion, une jeune fille de 18 ans, catholique non pratiquante, en séjour à Taizé, confiait ceci: «Surtout, on discute de tout et de rien, mais à en perdre haleine. On est généralement contre la violence, contre le nucléaire, contre la société bourgeoise et les valeurs établies» (p. 102).

Ce n’est que d’une façon abusive et simpliste que l’on peut ramener Jésus-Christ à la figure d’un marginal ou d’un non-conformiste. Il faudrait en tout cas définir ce non-conformisme.

S’il y a eu en lui (je parle de sa vie terrestre) du non-conformisme, c’était du non-conformisme au mal, sous toutes ses formes.

S’il a été marginal, c’était assurément dans sa perfection morale et sa sainteté unique, qui le mettaient à part de tout le reste des hommes. Il a été tellement marginal dans ce domaine que les hommes méchants et pervers s’en sont débarrassés (ôte! ôte! crucifie!).

Mais, en ce qui concerne la fidélité aux Ecritures et l’obéissance à la volonté de Dieu, Il a certainement été l’Homme le plus conformiste qui puisse être.

Paul nous rappelle dans Col 1.13, qu’Il est le Fils de Son amour, l’élu en qui Dieu prend plaisir, le bien-aimé en qui Il a mis toute son affection. Voilà la dimension biblique en ce qui concerne l’exemple que Christ nous a laissé (cf. Col 3.9 à 13).

N.B.: Attitude de Jésus-Christ à l’égard des «marginaux» de son temps: publicains, etc. S’Il ne les a pas repoussés, traités comme des parias, cela ne voulait pas dire qu’Il approuvait leur marginalité, qu’Il se faisait marginal avec eux. Il agissait selon l’amour de Dieu, qui ne repousse personne, surtout pas ceux que la société repousse et stigmatise.

Il voulait montrer aux pharisiens que le salut n’est pas pour les bien-portants, mais pour les malades, les pécheurs (Marc 2.15-17).

Enfin, il réagissait contre l’hypocrisie d’une société qui pratique en quelque sorte une sélection des péchés, qui choisit hypocritement de s’attaquer à certaines formes du mal, et qui tolère les autres. Aux yeux du Seigneur, face à la sainteté de Dieu, le pharisien était aussi marginal que le publicain ou la prostituée, et même davantage, à cause de son maudit orgueil.

II. Une expérience spirituelle selon la dimension biblique

Comme je l’ai dit, la spiritualité qui se manifeste aujourd’hui est fort douteuse, elle comporte un curieux mélange et nous ne devons pas l’accueillir sans examen.

Je me suis référé à cette jeune fille interviewée à Taizé. Ce que le journaliste relève de sa spiritualité est assez typique du courant religieux moderne: « Avec ses amis, elle participe régulièrement à des « célébrations » dans un local appartenant au Centre Catholique Universitaire. A ces réunions on récite des poèmes, on lit des pages de l’Evangile, on médite et prie. Une fois par mois, on se réunit pour une « bouffe », qui se termine par des chants et de la danse. Surtout, on discute… » (p. 102).

Je vais maintenant aborder sous quatre angles l’expérience spirituelle telle que la Bible la définit:

-l’objet de l’expérience
-la porte de l’ expérience
-le vif de l’expérience
-le développement de l’expérience

A. L’objet de l’expérience

On peut chercher à rencontrer (à entrer en contact avec) quelque chose, sans s’occuper de savoir ce que l’on rencontre au juste. Pourvu que l’on rencontre une réalité plus grande que soi-même, quelque chose qui nous serve d’absolu, on ne pousse pas pus loin l’identification.

Sur cette pente, beaucoup de personnes, dans leur quête d’une expérience spirituelle, s’exposent à entrer en contact avec les démons, les puissances des ténèbres, mais déguisées sous de beaux atours.

Il y a des adorateurs volontaires du diable et des démons (le satanisme se développe d’une façon extraordinaire. A Genève même: on célèbre des messes noires). Mais une foule de gens entrent en contact avec les démons sans le savoir.

Selon la Bible, l’objet ou le contenu de l’expérience, ne doit pas être n’importe quoi, n’importe qui. Il doit être Christ Lui-même, Jésus le Seigneur, Celui vers qui tout converge dans la Bible et dans les plans de Dieu. C’est Lui qu’il faut rencontrer, et pas un autre à sa place.

Mais, aujourd’hui, sous le couvert d’une « rencontre avec Dieu », il arrive souvent que ce soit tout autre chose que les gens rencontrent, parce que, au départ, ils ont une idée très vague de Christ et de Dieu.

B. La porte de l’expérience

Si l’on passe à côté de l’objet de l’expérience et que l’on communie avec une tout autre réalité (tout en croyant avoir atteint l’authentique), c’est aussi parce que l’on passe à côté de la porte de l’expérience, de la voie d’accès tracée par la Bible.

Pour un nombre de personnes toujours plus grand, la porte d’entrée de l’expérience spirituelle, de la rencontre avec Dieu, c’est un certain état psychologique, des sensations, des émotions, éventuellement des visions et des voix.

Je reviens à la jeune fille en pèlerinage à Taizé. Elle fait partie d’un groupe de silence, dont l’occupation principale est la méditation. Voici ce que rapporte le journaliste: « Dans l’église de la Réconciliation, étendue la face contre terre, elle « prie avec son corps ». Et puis « les chants sont sublimes ». Sous le coup de l’émotion, il lui est arrivé d’y rester six heures d’affilée » (p, 102).

Mais si quelqu’un n’a que des émotions et des sensations (même très fortes), il reste bien en deçà de la dimension biblique de l’expérience spirituelle. Il n’est pas encore passé par la porte d’entrée.

Et c’est le grand danger aujourd’hui. Beaucoup restent au stade de l’émotion, ou de la commotion. (Cela risque d’autant plus d’arriver si la forme du culte fait largement appel à l’émotivité, aux sentiments, plus qu’à l’intelligence et à la volonté, et si l’on conditionne l’auditoire en vue d’un effet psychologique. Livre: « Des conversions: psychologiques ou spirituelles? »

Même dans les cas où l’émotion est produite par l’action de Dieu et même si elle atteint le centre de l’être (en contraste avec une émotion superficielle au niveau du psychisme et de la sensibilité), il ne faut pas rester au stade de l’émotion. Il faut le dépasser.

Ex.: Quand les auditeurs du message de Pierre, à la Pentecôte eurent le cour vivement touché (par Dieu), ils comprirent eux-mêmes qu’ils ne pouvaient en rester là: Hommes frères, que ferons-nous? (Act 2.3 7) .

Oui, la porte de l’expérience spirituelle est plus qu’une émotion ou même une forte conviction produite par le Saint-Esprit, c’est un ACTE.

Ecoutons Paul: Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui (Col. 2.6). Il s’agit de rien moins que de recevoir Christ en personne, sur la base de la révélation claire et précise qu’en donne l’Evangile (cf. Col 1.5,6).

N.B.: La vérité qui sauve n’est pas un rébus à déchiffrer, un secret que seuls quelques-uns découvrent au terme de longs efforts, d’une laborieuse initiation, d’exercices spirituels raffinés, d’une savante technique de méditation.

Non! La vérité qui sauve est déjà là, à découvert, dans l’Evangile, qui est « la Parole de la vérité », la révélation de Dieu. Elle est là, offerte, pour tous ceux qui veulent la saisir et se l’approprier.

La porte d’entrée de l’expérience spirituelle est donc un acte. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être des admirateurs ou des sympathisants de Jésus-Christ.

Non! Il faut le recevoir – Jean 1.12 – en sa qualité de Messie-Sauveur (mort sur la croix pour notre péché, notre état de rébellion contre Dieu, et pour rendre possible notre réconciliation avec Dieu), en sa qualité de Seigneur (celui qui a le droit de régner, et qui entend régner sur nos vies).

La porte de l’expérience spirituelle, son point de départ, c’est une reddition inconditionnelle à celui qui a été crucifié pour nous, mais qui est maintenant vivant et glorifié à la droite de Dieu (cf. Col 1.21, 22).

S’il n’y a pas eu ce point de départ, il ne peut pas y avoir de «cheminement». Remarquez-le bien! Paul parle d’abord de « recevoir » (le Seigneur, en toute réalité, comme il l’a lui-même fait sur le chemin de Damas, par une capitulation), et seulement après de «marcher».

Certains se croient déjà en chemin avec Dieu, alors qu’ils n’ont pas encore franchi la porte de toute expérience spirituelle authentique: la reddition au Seigneur.
Il faut savoir si l’on marche, si l’on chemine réellement avec Dieu ou si l’on marche avec une illusion et dans une illusion.

C. Le vif de l’expérience

Cette porte franchie, l’on entre dans le vif de l’expérience spirituelle, c’est-à-dire que la vie, la puissance et la présence de Dieu se manifestent dans la sphère de notre existence personnelle.

1. Le fait de recevoir le Seigneur Jésus-Christ entraîne avec lui ce que la Bible appelle la nouvelle naissance, par laquelle nous devenons enfants de Dieu, entrons dans la famille de Dieu. (Jean 1.12,13; Col 1.1,2. Nous avons des frères en Christ, et Dieu est devenu notre Père.)

L’expérience spirituelle, selon la dimension biblique représente plus qu’une connaissance. Elle englobe une naissance: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu, Jean 3.3.

Recevoir le Seigneur Jésus-Christ est le seul moyen pour devenir un homme nouveau, une nouvelle créature.

Ainsi, l’on est bien au-delà de simples sensations mystiques. Il s’agit d’un point tournant, d’une réorientation complète de notre être et de notre existence.

2. Le fait de recevoir le Seigneur Jésus-Christ entraîne une délivrance dont la portée est immense (Col 1.12-14).

On lit des récits laissant entendre que des gens auraient été délivrés de la drogue, du vice, de la puissance de Satan, par le parler en langues. C’est absolument impossible! Les dons spirituels (les charismes) ne nous délivrent ni de la puissance de Satan, ni de la colère de Dieu. Ils n’ont pas été donnés pour cela. Ils n’ont pas cette fonction. Ils servent à l’édification de l’Eglise, pour autant, toutefois, que ce soient d’authentiques charismes et qu’ils soient bien employés. Des gens qui croient avoir été délivrés de la puissance de Satan par le parler en langues, ou par toute autre manifestation extraordinaire, sont encore sous la puissance de Satan et peut-être plus qu’auparavant.

La délivrance de la mainmise de Satan sur nous, de son pouvoir d’asservissement, ne peut venir qu’à travers celui qui a expié nos péchés par son sang (nous délivrant ainsi de la colère de Dieu), qui nous a rachetés pour son Père au prix de sa propre vie, et qui a permis que nous soyons ainsi transférés du royaume de Satan dans le sien (transfert de l’esclavage à la liberté).

Je suis sûr que Paul avait, en toile de fond, le souvenir de la délivrance du jugement de Dieu par le sang de l’Agneau pascal et la sortie de l’esclavage de l’Egypte pour le passage dans la Terre Promise.

L’expérience spirituelle selon la dimension biblique inclut ce glorieux transfert. C’est un miracle de la grâce de Dieu et non le résultat d’un effort humain (cf. Col 1.12). Nous ne nous sommes pas délivrés nous-mêmes, et nous ne nous sommes pas transportés nous-mêmes. C’est la plus miraculeuse délivrance qui soit. La connaissez-vous?

Il fait beau être dans le Royaume, ou sous le Règne du « Fils de son amour ». Là nous ne sommes plus écrasés, piétinés, exploités, trompés, mais rendus à la liberté, restaurés, comblés.

3. Quand l’on reçoit le Seigneur Jésus-Christ, cela nous mène à une communion la plus haute qui soit.

N.B. L’homme moderne, déshumanisé et dépersonnalisé, mourant de soif dans le désert de la science et de la technologie, ressent très fortement le besoin d’une communion, d’une présence, d’une communication. Mais il les recherche sur un faux niveau et au mauvais endroit. Il les cherche «dans le groupe» humain – « la dynamique de groupe » – où il se dépersonnalise encore davantage.

Remarquez, dans Col. 2.6, le « en lui ». Ce « en lui » indique un lien de communion, une proximité, une intimité.

Celui qui a reçu le Seigneur est uni au Seigneur. Il est « en lui », dès ce moment-là, jamais auparavant! Il n’est plus isolé, seul. Christ est devenu sa demeure. D’autre part, lui-même est devenu la demeure de Christ: Christ en vous, l’espérance de la gloire…, Col. 1.27. (Il ne l’avait été à aucun moment avant sa reddition à Christ. Contre l’idée actuelle de «la lumière intérieure», Dieu au fond de moi, le divin en moi, être par nature un avec le divin. Au marché: jeune homme crasseux, débraillé et évidemment amoral: «Pas besoin de recevoir Christ. Il est avec moi». Pour eux, Dieu est toute la réalité, toute la réalité est Dieu. Ni bien, ni mal.

D. Le développement de l’expérience

Dans cette communion, l’expérience doit se poursuivre. C’est ce qu’indique le «marchez». Il y a suite, continuité.

Alors que le monde d’aujourd’hui foisonne d’expériences religieuses éphémères, sans vrai caractère biblique, qui n’ont pas de lendemain (sinon des lendemains d’amertume, de déception, de durcissement à l’égard du christianisme biblique), l’expérience spirituelle vraie est promue à un lendemain, à un développement.

1. Une chose capitale à souligner: dans ce développement, Christ et sa Parole restent toujours au centre: «marchez…» vers des expériences sensationnelles, extraordinaires, spectaculaires vers des visions, des phénomènes miraculeux?

Non, pas du tout! Marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui ont été données (v. 6 et 7) (cf. Col 1.6, 7). Christ et sa Parole occupent toujours le centre.

Le développement de l’expérience ne consiste pas dans la culture d’une spiritualité «super», à côté de Christ ou hors de Christ (cela peut arriver à de vrais chrétiens qui, trompés par une fausse spiritualité, s’égarent loin du centre, Gal 3.3: Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair?)

Le développement de l’expérience spirituelle nous ramène toujours à l’essentiel: la Personne et la Parole de Christ.

«Du Baptême à la plénitude», citation de Stott: « Il ne suffit pas d’honorer des lèvres ces affirmations touchant à la suprématie et à la pleine suffisance de Christ; nous devons tous, en outre, aller jusqu’au bout des conséquences. Certains chrétiens donnent l’impression d’avoir une doctrine comportant Jésus plus autre chose. Ils seraient prêts à dire: « Vous avez trouvé Jésus; c’est bien; mais il vous faut encore autre chose pour compléter votre initiation ». D’autres, il est vrai, soulignent si fortement la pleine suffisance de Jésus qu’ils semblent avoir une conception statique de la vie chrétienne, qui ne laisse aucune place pour la maturation de la foi ou pour des expériences plus pleines et plus profondes de la réalité de Jésus-Christ ». (p. 11).

2. Il s’agit de «marcher» en lui, c’est-à-dire, par notre union constante avec lui (sur laquelle nous avons à veiller, dont nous sommes responsables), de manifester sa vie dans notre existence journalière.

Notre foi en Christ doit s’exprimer pratiquement par l’amour, l’amour des frères d’abord (Col 1.4, 8). Gal 5.6: La foi qui est agissante par l’amour.

N.B. Le fait de vivre « en marge » des églises locales, en cellules individualistes autonomes, n’est pas selon le modèle biblique.

Notre foi en Christ doit s’exprimer pratiquement par une conduite de plus en plus conforme à la volonté de Dieu, en contraste avec la religiosité amorale de notre temps, (cf Jac 2.17), Et par la persévérance et la victoire dans l’épreuve, Col 1.10, 11. (Contraste avec Luc 8.13).

3. Il s’agit d’être enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi…

Alors que les fausses expériences spirituelles se soldent par des naufrages, des catastrophes, de terribles dégâts, l’expérience selon la dimension biblique comporte un enracinement, un approfondissement et un affermissement dans la connaissance de Christ par l’Ecriture.

Non seulement dans la connaissance des vérités relatives à Christ, mais dans la connaissance personnelle de ce Sauveur et Seigneur, qui doit nous devenir un compagnon (pas un copain) toujours plus cher, plus précieux, plus indispensable.

Conclusion

La Bible contraste souvent la paille (le méchant) et l’arbre (le juste) (cf. Ps 1.3, 4).

La paille est improductive, légère, sans consistance, sans racines. Le moindre vent la balaie, l’emporte. Ainsi en est-il de multiples expériences dites « spirituelles ».

L’arbre est productif. Il donne son fruit en sa saison. De plus il est solide, planté dans le terrain, tenu par ses racines qui plongent profondément dans le sol. Ainsi en est-il de l’expérience spirituelle selon la dimension biblique.


Les miracles fascinent. Certaines époques sont marquées par une multiplication d’interventions divines. C’est le cas en particulier des périodes de Moïse, d’Elisée et de Jésus.

Deux de ces époques sont des périodes de fondation de l’histoire de la Révélation: celle de Moïse pour l’Ancien Testament et celle de Jésus pour le Nouveau Testament. Dans les deux cas, Dieu a authentifié ces ministères clés par des signes et des prodiges variés. Jésus a attiré l’attention sur la valeur démonstrative de ses miracles: « les oeuvres que le Père m’a donné d’accomplir; ces oeuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que c’est le Père qui m’a envoyé » (Jean 5.36), ou encore « Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez point, croyez à ces oeuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père » (Jean 10.37-38). Lors d’une visite à Capernaüm, Jésus guérit un paralytique apporté par quatre hommes « afin que vous sachiez que le Fils de t’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péché » (Marc 2.10). Les miracles jouent un rôle analogue pour Moïse. Au buisson ardent, l’Eternel promet à Moïse d’opérer des miracles pour convaincre le peuple de le suivre (Ex 4.1-9). Puisque tant de choses étaient nouvelles, une multiplication de signes était nécessaire pour authentifier ces ministères à la base de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Le troisième personnage dont le ministère est saturé de miraculeux n’a pas apporté, au contraire des deux autres, de changement fondamental. Elisée n’est pas une pièce maîtresse comme Moïse ou Jésus. Retirez Moïse ou Jésus de la révélation biblique et tout s’écroule; retirez Elisée et tout demeure. Elisée ressemble à un feu d’artifice qui impressionne et émerveille sur le moment, mais, une fois terminé, laisse le monde dans l’état où il était.

Cette constatation sur l’impact insignifiant du ministère d’Elisée concerne non seulement l’histoire générale de la Révélation, mais aussi l’époque particulière du prophète. Les miracles d’Elisée semblent souvent gratuits. Prenez Naaman (2 Rois 5). Certes, un lépreux est guéri, mais ce n’est qu’un lépreux parmi tant d’autres contemporains d’Elisée, Hébreux de surcroît, qui souffraient de la même maladie(2 Rois 7.3). De plus, la guérison du général syrien ne change en rien les relations tendues entre Israël et son voisin du nord. Après la guérison, le roi de Syrie continue à harasser les Juifs (2 Rois 6.8-9, 24). De même, la célèbre et miraculeuse capture de l’armée syrienne par Elisée suite au siège de Dothan (2 Rois 6.8-23) n’atténue pas l’agressivité des Syriens qui remettent l’ouvrage sur le métier, peut-être même avec les soldats gracieusement libérés par Elisée (2 Rois 6.24). Concernant ce siège de Dothan, on peut aussi s’interroger sur l’utilité de montrer au serviteur d’Elisée l’armée céleste (2 Rois 6.16-17), puisque celle-ci n’est jamais intervenue.

Dans un autre domaine, le miracle du fer de hache qui flotte (2 Rois 6.1-7) étonne non seulement parce qu’un tel miracle ne s’est jamais produit avant ni après, mais aussi par la démesure des moyens employés pour résoudre un problème mineur. Une simple collecte organisée auprès de la communauté des fidèles aurait suffi. Même remarque au sujet de la veuve incapable de payer ses créanciers (2 Rois 4.1-7). Pourquoi ne pas demander aux fils des prophètes de manifester leur solidarité envers la famille de leur camarade décédé? Elisée aurait aussi pu jouer de son influence auprès du roi (comme il le propose juste après à la femme de Sunem: « Que peut-on faire pour toi? Faut-il parler pour toi au roi ou au chef de l’armée » (2 Rois 4.13). En Israël, les créanciers n’avaient pas tous les droits et devaient respecter les pauvres (cf. Dt 24.10-13,17-22). Pourquoi Elisée utilise-t-il des moyens si exceptionnels? Pourquoi l’Eternel déploie-t-il une telle armada de signes pour de si maigres résultats?

Quelques changements malgré tout

Avant de répondre à la question, il convient d’atténuer légèrement nos propos sur l’impact laissé par Elisée. En effet, tous les actes d’Elisée sont marqués par des renversements de situations. Nous avons déjà relevé la différence radicale entre Elie et Elisée (voir Promesses 118 « Elie, le prophète solitaire » et Promesses 119 « Elisée, le prophète du peuple »). Nous avons aussi vu comment l’assainissement des eaux de Jéricho annulait la malédiction de Josué, et comment la malédiction des enfants de Béthel prenait le contre-pied de la bénédiction de Jéricho (voir Promesses 120 « Les eaux de Jéricho purifiées… et les enfants de Béthel maudits »).

La liste des renversements ne s’arrête pas là. L’histoire de Naaman est en deux parties. Tout le monde se rappelle la guérison du général syrien (2 Rois 5.1-19), mais peu se souviennent de la malédiction de Guéhazi à qui s’attache la lèpre de Naaman (2 Rois 5.20-27). Ainsi, le général de l’armée ennemie d’Israël est totalement purifié de son mal, alors que le plus proche collaborateur d’Elisée est puni pour toujours (2 Rois 5.27)!

Renversements et confusions marquent aussi les guerres dans lesquelles Elisée est impliqué. Les trois conflits sont caractérisés par le trouble des organes de perception (vue et ouïe) de l’ennemi.

(1) Les Moabites prennent l’eau rougie par les rayons du soleil levant pour du sang et supposent, à tort, que les soldats de la troupe coalisée se sont entre-tués (2 Rois 3.22-23).

(2) L’armée syrienne qui est venue arrêter Elisée à Dothan est aveuglée par celui-ci (2 Rois 6.18-20), alors qu’Elisée et son serviteur voient l’invisible: le prophète discerne chaque mouvement de troupes de l’ennemi (2 Rois 6.8-9) et le serviteur peut apercevoir l’armée céleste qui campe sur les hauteurs de la ville (2 Rois 6.16- 17).

(3) Lors du siège de Samarie, l’armée syrienne est terrorisée par un bruit qu’aucun Hébreu n’a entendu attribuant ensuite, à tort, ce bruit à l’arrivée simultanée des armées hittite et égyptienne (2 Rois 7.6).

Un autre étonnement concerne le nombre et le genre de victimes. Les narrations des trois conflits armés sont marquées par l’absence de blessés de guerre. Dans la dispute avec Moab, on relève exclusivement la destruction des fortifications des villes et le saccage des campagnes (« Ils renversèrent les villes, ils jetèrent chacun sa pierre dans tous les meilleurs champs et les en remplirent, ils bouchèrent toutes les sources d’eau, et ils abattirent tous les bons arbre » 2 Rois 3.25). Lors du siège de Dothan, Elisée capture toute l’armée syrienne, mais la relâche après l’avoir restaurée, et lors du siège de Samarie, les Syriens repartent sans tuer le moindre Hébreu, nourrissant même à leur tour les Israélites par leurs biens abandonnés. Dans ces récits, les seules victimes mentionnées sont celles qui ont été tuées par des concitoyens. Le roi de Moab sacrifie son fils (2 Rois 3.27), une mère juive tue et mange son fils (2 Rois 6.26-29), et le peuple de Samarie écrase le gardien incrédule à la porte de la ville dans sa précipitation à chercher la nourriture abandonnée par les Syriens (2 Rois 7.17-20). Difficile d’imaginer des récits de guerre plus étranges que ceux-ci. C’est le monde à l’envers.

Objets impliqués dans les miracles

Elisée étonne aussi par la nature des miracles. Si jamais des miracles de l’Ecriture nous font penser à de la magie, c’est bien avec Elisée. Il utilise les éléments les plus divers pour réaliser ses prodiges: du sel pour assainir une source d’eau, de la farine pour neutraliser les ingrédients vénéneux d’un potage, un morceau de bois pour faire surnager une hache, une harpe pour sauver trois armées, son corps allongé sur un enfant (bouche sur bouche, yeux sur yeux, mains sur mains) pour le ressusciter, un manteau pour écarter les eaux du Jourdain, les eaux du Jourdain pour purifier un lépreux. Presque chaque miracle est marqué par un objet. Notons que les objets ne sont jamais les mêmes, ce qui enlève partiellement l’idée de magie.

En fait, Elisée n’utilise ni formule magique ni objet magique. Les objets utilisés ont un but pédagogique. Le manteau est signe d’autorité, le plat neuf pour le sel représente la nouvelle orientation du ministère d’Elisée (voir Promesses 120), les eaux du Jourdain symbolisent la terre promise et surtout l’alliance divine avec son peuple, les coups frappés avec une flèche indiquent l’ampleur d’une victoire militaire (2 Rois 13.15-19). Il ne convient pas, ici, de donner le sens de chaque objet, mais seulement d’attirer l’attention sur ce sens symbolique.

Le ministère christocentrique d’Elisée

Elisée est un prophète qui enseigne. Il utilise l’image et le symbole. Mais pour comprendre toute la portée de son message, il faut se rappeler qu’une des caractéristiques d’Elisée est de voir dans l’avenir. Elisée est le prophète du futur. Ainsi, il peut prédire l’arrivée de la pluie et la dévastation des territoires de l’ennemi (2 Rois 3.16-19), entrevoir la multiplication de l’huile (2 Rois 4.4), promettre la naissance prochaine d’un enfant (2 Rois 4.16), informer de l’assainissement d’un potage (2 Rois 4.41), annoncer la multiplication de la nourriture (2 Rois 4.43), garantir la guérison à un lépreux (2 Rois 5.10), divulguer les mouvements secrets de l’armée syrienne (2 Rois 6.8-9), proclamer la fin soudaine d’une famine (2 Rois 7.1), avertir un incrédule de sa mort imminente ( 2 Rois 7.2). Mais Elisée n’annonce pas seulement l’avenir immédiat. Il n’est pas seulement un prophète pour ses contemporains, mais un prophète pour les générations futures.

Pour comprendre pleinement le ministère d’Elisée, il faut réaliser que fondamentalement Elisée annonce Jésus-Christ. Ses gestes et ses actes respirent l’Evangile. La multiplication des pains est le récit christologique le plus manifeste (2 Rois 4.42-44). Elisée demande à son assistant de nourrir une grande foule avec quelques pains. « Impossible », lui répond celui-ci, sur quoi Elisée réplique que non seulement chacun sera rassasié, mais qu’il y aura un excédent de nourriture. Qu’il y ait cent hommes au lieu de cinq mille, vingt pains au lieu de cinq pains et deux poissons est secondaire (Mt 24.25-21). Elisée précède Jésus. Le Christ fait plus, bien sûr, car lui est le maître et Elisée, le serviteur. Ainsi, Jésus avec moins de pains nourrit plus d’hommes. Avec un pain, il ne nourrit pas seulement cinq hommes, mais mille familles (Mt 14.21).

Cette supériorité du Fils de Dieu sur le prophète se retrouve dans d’autres récits. Elisée ressuscite le fils unique d’une femme à Sunem (2 Rois 4.8-37), alors que Jésus ressuscite plusieurs personnes, dont le fils unique d’une femme à Naïn (Lc 7.11-17). Certains pensent que les deux localités n’en forment qu’une seule, Naïn étant la forme abrégée de Sunem (The New Bible Dictionary, p. 861). Dans le cas d’Elisée, le prophète doit s’étendre de tout son long à deux reprises pour pouvoir redonner la vie, alors que Jésus se contente de toucher le cercueil pour que l’enfant soit guéri. Le miracle d’Elisée est exceptionnel (il n’y a que deux résurrections dans l’Ancien Testament), mais celui de Jésus est encore plus exceptionnel. Concernant la résurrection des morts, notons aussi que le corps d’Elisée dans sa tombe redonne vie à un homme (« On jeta un homme dans le sépulcre d’Elisée. L’homme alla toucher les os d’Elisée, et il reprit vie et se leva sur ses pieds » 2 Rois 13.20-21), mais lorsque Jésus meurt « les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent » (Mt 27.50-53). Jésus redonne aussi par sa mort la vie à tous ceux qui placent leur confiance en lui.

Au chapitre des guérisons, signalons encore que si Elisée guérit un lépreux (c’est le seul récit de guérison d’un lépreux dans l’Ancien Testament), Jésus en guérit beaucoup, et même dix lors d’une seule rencontre (Lc 17.12). A cette occasion, Jésus envoie aussi les lépreux loin de lui (non vers le Jourdain comme pour Naaman, mais vers les sacrificateurs: Lc 17.14) et c’est en chemin qu’ils sont guéris. Le seul qui revient vers Jésus pour le remercier est un Samaritain, c’est-à-dire un étranger comme Naaman. La région géographique est la même: Elisée séjourne à Samarie et « Jésus passait entre la Samarie et la Galilée » (Lc 17.11). D’une manière plus générale, Elisée annonce la miséricorde du Christ. La guérison gratuite de Naaman, général en chef des armées ennemies ou la libération des soldats syriens capturés par Elisée préfigurent l’ouverture de la grâce aux hommes de toutes nations.

Dans le domaine des miracles sur la nature, le fer de hache qui flotte sur l’eau annonce, d’une certaine manière, la marche de Jésus sur l’eau. Les deux hommes sont capables de surmonter la loi de la gravitation, mais Jésus peut le faire plus longtemps (il a marché cinq à six kilomètres sur l’eau: Jn 6.19), et répète l’opération une deuxième fois, en permettant à Pierre de venir le rejoindre hors de la barque (Mt 14.28-29). Le fer de hache reste en contact étroit avec l’eau (il flotte: 2 Rois 6.6), alors que Jésus est debout sur l’eau.

Comme points communs entre les deux hommes signalons-en encore trois. Ils concernent le savoir immense des deux hommes, la protection divine et les prophètes qui les ont précédés.

(1) Le savoir immense. Elisée semble tout savoir à une exception près: il confesse ne pas connaître le besoin de la Sunamite (« Son âme est dans l’amertume, et l’Eternel me l’a caché et ne me l’a point fait connaître » 2 Rois 4.27). Jésus, de même, sait tout à une exception près: il admet ignorer le jour de son avènement (« Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul » Mt 24.36).

(2) La protection divine. Jésus, comme Elisée, passe à travers des foules hostiles qui veulent l’arrêter (Lc 4.28-30 et Jn 7.30; 2 Rois 6.18-20). Jésus, comme Elisée, parle d’une armée céleste prête à prendre sa défense. D’un côté, plus de douze légions d’anges (Mt 26.53), de l’autre, une montagne pleine de chevaux et de chars de feu (2 Rois 6.16-17).

(3) Les précurseurs. Le lien entre Elie (précurseur d’Elisée) et Jean-Baptiste (précurseur de Jésus) est étroit: « c’est lui (Jean-Baptiste) qui est l’Elie qui devait venir, (Mt 11:14). Chaque précurseur est suivi par un successeur plus puissant (2 Rois 2.9-10; Jn 3.27- 31), et la passation des pouvoirs se déroule au Jourdain.

Un ministère exceptionnel

Elisée est beaucoup plus qu’un feu d’artifice passager. Il laisse, au travers de ses actes, le témoignage le plus manifeste du ministère de Christ. Si le ministère d’Elisée présente tant de contrastes et de renversements de si- mations, c’est parce que la venue de Jésus a révolutionné le rapport entre Dieu et les hommes. Si le ministère d’Elisée semble inefficace, c’est parce qu’Elisée illustre la grâce totale. Naaman n’est pas guéri pour amadouer les Syriens. Le salut est vraiment gratuit. Si Elisée fait tant de miracles, c’est pour annoncer le ministère puissant de Jésus. Si Elisée utilise tant d’objets dans ses miracles, c’est par souci pédagogique. Il veut montrer qu’il ne faut pas s’arrêter au résultat du miracle, mais chercher à en comprendre le sens. Elisée illustre et annonce le Messie pour qui chaque miracle, chaque détail même, est riche de signification.

Peut-on souhaiter faire quelque chose de plus beau dans sa vie que d’annoncer celui par qui et pour qui sont toutes choses (cf. Col 1.15-16)? Jean-Baptiste précurseur immédiat de Jésus est considéré comme le plus grand des hommes (Mt 11.11). Elisée est grand lui aussi, non pas d’abord par ses signes, mais à cause de celui que ses signes annoncent.

Elisée éclaire Christ, mais Christ éclaire aussi Elisée. Lire le ministère de ce prophète à la lumière de l’Evangile est un régal. Quand on commence, on ne sait plus où s’arrêter. Les actes mystérieux d’Elisée s’éclairent. Sens et unité apparaissent. Jésus jette la vraie lumière sur l’Ancien Testament.

D.A.


Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. Mat 20.28

Rien de plus humain que de chercher à se servir des autres, et même à les assujettir. Mais Jésus-Christ nous a enseigné autre chose. Il en sera question dans ce numéro de Promesses. Donnons pour l’instant la parole à un témoin peu ordinaire du Roi des rois.

A Sainte-Hélène, Napoléon reçut, par l’intermédiaire de son chapelain, une Bible à reliure très soignée et à son initiale. Il la lut beaucoup et fut frappé par la personne et par l’ouvre de Jésus-Christ; il communiquait souvent à ses compagnons de captivité ses impressions à cet égard: «J’ai, disait-il au Comte de Montholon, dans les jours de ma gloire, passionné des multitudes au point qu’elles mouraient joyeusement pour moi… Mais pour enthousiasmer le soldat, il fallait ma présence, ma parole, mon prestige… Et maintenant qui est-ce qui m’est resté fidèle? Telle est la destinée des grands hommes. On nous oublie. Louis XIV était à peine mort qu’il fut laissé seul dans sa chambre mortuaire; ce n’était plus le maître, c’était un cadavre. Encore quelques jours et ce sera mon sort.

Quelle différence entre la destinée prochaine de Napoléon et celle de Jésus-Christ! Quel abîme entre ma profonde misère et le règne éternel du fils de Dieu. Avant même que je sois mort, mon oeuvre est détruite; tandis que le Christ, mort depuis dix-huit siècles, est aussi vivant qu’au moment de son ministère. Loin d’avoir rien à redouter de la mort, il a compté sur la sienne. C’est le seul qui ait été plus vivant après sa mort que de son vivant. Le temps n’a pas seulement respecté l’ouvre du Christ, il l’agrandie: en quelque endroit du monde que vous alliez, vous trouvez Jésus prêché, aimé, adoré.

Sur quoi avons-nous fait reposer notre pouvoir? Sur la force. Tandis que Jésus-Christ a fondé son empire sur l’AMOUR, et des milliers d’hommes donneraient joyeusement à cette heure leur vie pour lui !

Voici un conquérant qui incorpore à lui-même, non pas une nation, mais l’humanité. Quel miracle! L’âme humaine avec toutes ses facultés devient une annexe de l’existence de Jésus-Christ. Et comment? par un prodige qui surpasse tous les prodiges: Christ veut l’amour des hommes, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus difficile à obtenir; il demande le cour; c’est là ce qu’il veut; Il ne demande rien d’autre et Il l’obtient. J’en conclus sa DIVINITE. Alexandre, César, Annibal, Louis XIV avec tout leur génie ont conquis le monde; ils ne sont pas parvenus à avoir un ami!… L’union qui unit Jésus-Christ à ses rachetés est plus impérieuse que quelque union que ce soit, et tous ceux qui croient sérieusement en Lui ressentent cet amour surnaturel. Ils aiment quelqu’un qu’ils n’ont pas vu. C’est un fait inexplicable à la raison, impossible aux forces de l’homme, et pourtant Il l’accomplit.

Voilà ce que j’admire au-dessus de toute chose, moi, Napoléon. Plus j’y pense, plus je suis absolument persuadé de la divinité de Jésus-Christ.»

On comprend l’impression extraordinaire qu’à dû lui faire le récit de la vie de Jésus-Christ qui, venu sur la terre pour fonder une sorte d’empire, le règne de Dieu, n’a pas voulu d’autre gloire que de donner sa propre vie pour le salut de l’humanité. Pour l’un, ses sanglantes victoires ont été le prélude d’un désastre sans nom; pour l’autre, cette seule mort a fondé un royaume qui, malgré toutes les oppositions, s’étend encore tous les jours.

Napoléon, dont le front ne s’était jamais courbé devant personne, s’est incliné en présence du Christ, reconnaissant en Lui le Fils unique de Dieu. (I)

Pour nous qui nous déclarons disciples de Christ, comment avons-nous l’habitude de considérer notre passage sur terre?

Comme une occasion de concentrer en notre personne un maximum de gloire, de prospérité et de jouissances? Ou bien comme l’apprentissage du don de soi-même, à l’exemple de Celui qui s’est livré pour nos péchés, qui est mort pour nous donner la vie, et qui a répandu le St-Esprit dans nos cours pour nous rendre capables de l’aimer et de le servir?

Note: cet épisode de la vie de Napoléon a été emprunté au journal La Bonne Nouvelle, No 7/8, 1954.

C.-A.P.


Introduction

 Les dernières paroles d’un homme ou d’une femme au chevet de la mort ont toujours une profondeur particulière.

– Napoléon Bonaparte, le célèbre général et empereur français a dit alors qu’il était au seuil de la mort: «Je meurs avant mon temps et mon corps va retourner à la terre. Tel est le sort de celui qu’on a appelé le grand Napoléon.»

– Voltaire, l’écrivain français profane, lorsqu’il était sur son lit de mort, s’est adressé à son médecin comme suit: «Je suis abandonné par Dieu et par les hommes ! Je vous donne la moitié de ma fortune si vous prolongez ma vie de six mois.»

– Thomas Hobbes, l’homme reconnu pour avoir détourné de la foi de grands hommes en Angleterre, s’est écrié, sur le point de mourir: «Si le monde entier m’appartenait, je le donnerais pour vivre une journée de plus. Je sens que je suis sur le point de faire un grand saut dans les ténèbres.»

Les dernières paroles de Jésus ont aussi une profondeur particulière.

Jésus était le Dieu de l’univers fait, homme.

C’est dans le contexte d’une terrible agonie sur la croix que Jésus a prononcé ses dernières paroles.

– Jésus est resté six heures sur la croix, pendu entre ciel et terre et ces six heures lui ont certainement paru une éternité.

– Durant ces six heures, alors même qu’ il était en proie aux souffrances, il a ouvert la bouche sept fois, et pas pour dire des banalités.

– C’est péniblement qu’il a ouvert la bouche pour prononcer ses dernières paroles.

– La crucifixion était une forme de torture qui coupait littéralement le souffle. Le fait d’ être pendu par les bras de tout son poids faisait que la douleur avait tôt fait d’atteindre la poitrine du crucifié, de paralyser ses muscles pectoraux, ce qui rendait sa respiration extrêmement pénible. Le crucifié pouvait inspirer l’air, mais ne parvenait pas à l’expirer. Pour être en mesure d’expirer son air, il devait pousser sur ses pieds, redresser les jambes pour enlever la pression sur ses bras et sur sa poitrine. Mais la douleur que cela occasionnait aux pieds était si vive, à cause des clous, que le crucifié s’affaissait bien vite et devait fournir le même effort à l’inspiration suivante. Un crucifié mourait généralement au bout de deux ou trois jours. Mais lorsque les Romains voulaient écourter l’agonie du crucifié, ils lui brisaient les jambes. Incapable alors de se redresser en poussant sur ses pieds, celui-ci ne pouvait plus respirer et suffoquait rapidement. Les soldats brisèrent les jambes des deux larrons crucifiés avec Jésus pour hâter leur mort, mais on ne brisa pas les jambes de Jésus car il était déjà mort (Jean 19.31-33).

Ainsi s’accomplissait une autre prophétie de l’Ecriture selon laquelle aucun de ses os ne serait brisé (Jean 19.36).

– C’ est dans ce contexte de souffrances, où Jésus luttait pour chaque inspiration, qu’il a prononcé ses dernières paroles. Ces paroles étaient brèves, pénibles à prononcer et provenaient du plus profond de son être.

I. Alors qu’on enfonçait des clous dans ses pieds et dans ses mains ou peu après, alors qu’on érigeait la croix, Jésus s’est écrié, Père, pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23.34).

Alors que la majorité des bandits et criminels, révoltés et furieux, proféraient des injures et des menaces au moment où on le clouait au bois, Jésus, rempli d’un calme étonnant et d’un amour inexplicable, intercède auprès du père pour le pardon de ses bourreaux. Comme l’a si bien dit J .C. Ryle, le célèbre évêque anglican de Liverpool, «Alors que le sang du grand sacrifice commençait à couler, le plus grand des grands-prêtres commençait à intercéder .»

Jésus aurait pu réagir différemment. Comment nous-mêmes aurions-nous réagi dans une telle situation?

Jésus aurait pu s’en prendre à ses bourreaux et les accuser comme s’ils étaient les principaux responsables de sa crucifixion. Mais il savait très bien que la croix faisait partie du plan de salut de Dieu et il avait, dans le jardin de Gethsémané, accepté de se soumettre à ce plan, aussi terrible soit-il (Mat 26.39; Act 2.23; Jean 19.28).

Jésus aurait pu, en sa qualité de juge, condamner ses bourreaux, mais à quoi auraient servi alors ses souffrances? Jésus était venu pour sauver et non pas pour juger. Le temps du jugement viendrait plus tard (Jean 3.16-18).

Jésus aurait pu, en tant que Dieu tout-puissant et créateur de l’univers, détruire ses bourreaux par le souffle de sa bouche, mais il a plutôt accepté de porter sur lui à la croix tous les péchés de tous les hommes de tous les temps, ce qui demandait encore plus de courage et de puissance (Mat 26.47-54).

Non, Jésus ne s’en est pas pris à ses bourreaux, ne les a pas condamnés et ne les a pas détruits non plus par le souffle de sa bouche. Il a plutôt prié pour eux comme il avait aussi ordonné à ceux qui voulaient le suivre de le faire (Mat 5.44).

Prier pour ses bourreaux n’est pas humain, c’est quelque chose de surnaturel. Jésus a pu le faire à cause de sa communion intime avec Dieu. Etienne a pu le faire aussi parce qu’il était rempli du Saint-Esprit et avait reçu une révélationmerveilleuse de Dieu (Act 7.51-60). Personne d’entre nous ne peut le faire sans la force de Dieu.

En priant pour ses bourreaux, Jésus a accompli les Paroles du prophète Esaïe, Il s’est livré lui- même à la mort, il a été mis au nombre des malfaiteurs, il a porté les péchés de beaucoup d’hommes et il a intercédé pour les coupables.

Pour qui Jésus a-t-Il intercédé au juste ?

Pour les chefs religieux du peuple qui ont cherché depuis le début, par jalousie, à le faire mourir (Mat 14.5; 36.4; 26.59; 27.1; 6.19).

Pour les soldats romains qui l’ont livré à la mort après avoir reconnu son innocence (Jean 18.38; 19.4; 19.6).

Pour les gens du peuple qui, par crainte des autorités religieuses, ont demandé à Pilate de leur libérer Barabbas plutôt que Jésus (Mat 27.15-20).

Pour nous qui par nos péchés l’avons directement envoyé à la croïx.

Jésus a-t-il été exaucé? Comme toujours.

Les chefs religieux sont venus à la foi en grand nombre (Act 6.7).

Les soldats romains, les premiers, ont reconnu qui était vraiment Jésus (Mat 27.54).

Les gens du peuple, désemparés après avoir entendu le discours de Pierre, ont reconnu leur crime à la Pentecôte (Act 2.37).

Nous qui sommes ici et les autres croyants à travers le monde sommes aussi la preuve que Dieu a exaucé la prière de Jésus.

Jésus ajoute: Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Est-ce à dire que les gens responsables de la crucifixion de Jésus ignoraient totalement ce qu’ils faisaient? Certainement pas.

Les chefs religieux savaient que leurs accusations contre Jésus étaient fausses (Marc 14.55-56).

Pilate savait que Jésus n’avait rien fait de mal et ne méritait pas la mort (Luc 23.4).

Mais ni les chefs religieux, ni Pilate n’ont compris toute la gravité de leur geste (Act 3.17; 1 Cor 2.8).

Qu’en est-il de nous? Marchons-nous sur les traces de Jésus?

Que faisons-nous lorsqu’on nous offense, nous traite injustement?

Que fait-on lorsqu’on salit notre réputation, lorsqu’on manque de respect à notre égard?

L’apôtre Pierre, dans sa deuxième lettre, nous invite à suivre l’exemplede Jésus (1 Pi 2.23).

Puisque prier pour ceux qui nous maltraitent est quelque chose de surnaturel, comment espérer y arriver sans une communion intime avec Dieu?

II. Touché par l’ attitude repentante et la foi d’un des deux brigands crucifiés avec lui, Jésus se tourne vers lui et lui dit, Je te le dis en vérité, aujourd ‘hui tu seras avec moi dans le paradis (Luc 23.43).

L’histoire du larron repentant démontre clairement l’importance que Dieu attache à la repentance. Le peuple, les magistrats, les soldats et l’autre malfaiteur crucifié avec Jésus se moquaient tous de lui (Luc 23.35-39). Ils étaient empêchés de voir qui Jésus était réellement parce qu’ils refusaient d’admettre que leur style de vie déplaisait profondément à Dieu.

Mais l’autre malfaiteur affichait une tout autre attitude (Luc 23.40- 43).
Il reconnaît manifestement avoir commis des crimes et être justement puni pour ces crimes (40- 41).

Il souligne l’ innocence de Jésus et le reconnaît comme étant le Messie (42).

Jésus, touché par son attitude repentante et sa foi lui promet bien au-delà de ce qu’il avait demandé. Le larron avait demandé à Jésus de se souvenir de lui lorsqu’un jour, dans dix ans, cent ans ou mille ans, il viendrait établir son royaume. Mais Jésus l’assure qu’il se retrouverait ce jour même dans la présence de Dieu et jouirait d’une communion privilégiée avec lui. Cette communion ineffable avec Jésus, l’apôtre Paul allait aussi l’ expérimenter quelque temps plus tard lorsqu’il fut ravi au troisième ciel et s’est retrouvé dans le paradis de Dieu. Le mot paradis est un mot perse désignant un jardin de délices. Ce terme est utilisé dans les Septante, traduction grecque de l’Ancien Testament, pour désigner le jardin d’Eden et fait référence au ciel même dans 2 Cor. 12.4 et Apoc 2.7.

On voit par l’histoire du larron repentant à quel point Dieu prend plaisir à pardonner. Faisons donc preuve d’humilité et venons à Jésus pour obtenir pardon, guérison et une place dans le paradis de Dieu.

III. Même à l’article de la mort, Jésus se préoccupe des autres. Il pense, entre autres, à sa mère et fait des arrangements afin qu’ elle ne manque de rien. Jésus lui dit, Femme voilà ton fils (en parlant de Jean) et il dit à Jean, Voilà ta mère (Jean 19.26-27).

Lorsqu’on souffre beaucoup comme Jésus a souffert, on devient tout absorbé par la souffrance. On s’étonne que Jésus, suspendu sur la croix entre ciel et terre ait eu le réflexe et la force de penser à faire des arrangements pour sa mère.

Lorsque la plupart d’entre nous souffrons, ce n’est pas le temps de nous parler de rien et surtout pas des bobos et des chagrins des autres. Lorsque tu as un mal de tête carabiné, une rage de dents, ou lorsque tu te cognes le gros orteil au pied de la table du salon, la peine et la souffrance des autres te deviennent absolument étrangères.

Marie, la soeur de Marie, Marie de Magdala et Jean se tenaient près de la croix de Jésus. Malgré ses souffrances, sa difficulté de plus en plus grande à respirer, l’angoisse et la tristesse de son âme, Jésus ne pouvait rester insensible à ceux qui se tenaient là près de lui et qui n’avaient pas craint de s’identifier à lui.

D’ailleurs, Jésus a toujours manifesté une grande sensibilité et une grande compassion envers ceux qu’il croisait sur sa route (Mat 9.36; 14.14; 15.32;20.34).
Marie, sa mère, se tenait là au pied de la croix, déchirée de voir son fils rejeté, méprisé, supplicié comme un misérable malfaiteur. Elle aurait, si elle avait pu, pris volontiers sa place sur la croix. Marie avait beaucoup souffert à cause de lui et il en était très conscient.

– Siméon, lorsqu’il tenait le bébé Jésus dans ses bras avait dit à Marie, Cet enfant sera un jour comme une épée qui te transpercera l’âme (Luc 3.35).

– Marie avait d’abord souffert lorsque devenue enceinte par le Saint-Esprit, elle fut soupçonnée d’infidélité par Joseph et probablement par quelques autres aussi (Mat 1.19).

– Elle avait sans doute aussi beaucoup souffert lorsqu’Hérode avait, dans son désir d’éliminer Jésus, envoyé ses soldats massacrer tous les bébés à Bethléhem et aux alentours devant les yeux horrifiés des parents (Mat 2.16).

– Et maintenant encore, elle avait l’ âme transpercée de voir son fils mourir à petit feu sur la croix.

– Marie était veuve, ses autres enfants ne croyaient pas en Jésus et l’avaient probablement abandonnée à cause de cela. Jésus était le fils premier-né et en tant que tel, il avait la responsabilité de veiller sur le bien-être de sa mère. Mais pour Jésus, c’était beaucoup plus qu’une responsabilité. Jésus était sensible à la douleur de Marie et se préoccupait grandement de son bien-être.

– Jésus fait pour Marie le meilleur arrangement possible. Il la confie aux bons soins de son meilleur ami. Jésus savait que Jean allait prendre soin de Marie comme de sa propre mère (Jean 19.27).

Nos coeurs sont-ils remplis de compassion comme celui du maître ou d’insensibilité? Sommes-nous attentifs à ce que vivent les autres autour de nous ? Partageons- nous leurs souffrances ou sommes-nous cassants et indifférents?

Considérons sérieusement l’exemple de Jésus et suivons ses traces. Considérons aussi l’exemple des Hébreux qui ont suivi les traces de Jésus dans ce domaine, au tout début, lorsqu’ils ont reçu l’Evangile (Héb 10.32-34).

IV. Au bout de cinq heures et demie d’agonie, au plus fort de sa douleur, le Seigneur s’est écrié Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (Mat 27.46).

En entendant crier Jésus, mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné, on croirait entendre la voix du mauvais riche s’écriant, du milieu de la flamme, Père Abraham aie pitié de moi, Le sentiment ressenti par Jésus d’être abandonné par le Père ne correspondait que trop bien à la réalité. Le Père l’avait littéralement abandonné et avait détourné les yeux de lui à cause de nos péchés, comme l’avait prédit le prophète Esaïe, quelques centaines d’années auparavant (Esaïe 53.3-6).

Méprisé et abandonné des hommes,
Homme de douleur
Et habitué à la souffrance,
Semblable à celui devant qui on détourne le visage,
Il était méprisé
Nous ne l’avons pas considéré.
Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées,
C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé;
Et nous l’avons considéré comme puni,
Frappé de Dieu et humilié.
Mais il était blessé pour nos péchés,
Brisé pour nos iniquités;
Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui,
Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis,
Chacun suivait sa propre voie;
Et l’Eternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous.

Jamais une seule seconde, la communion intime et immensément profonde qui unissait Dieu le Père, le Fils et l’Esprit n’avait été brisée. Mais voilà que Dieu avait placé tous nos péchés sur les épaules de Jésus et avait déversé sa grande colère sur lui. Jésus subissait le jugement du Dieu très saint que nous méritions tous de subir à cause de nos nombreuses violations de la loi.

Lorsque Jésus parle de sa communion avec le Père, il en parle comme de quelque chose qui sort de l’ordinaire. Il dit dans Jean 10.30, Moi et le Père, nous sommes un et dans Jean 8.29, Celui qui m’a envoyé est avec moi,. il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. Et lorsque le Père parle de sa communion avec le Fils, il en parle aussi comme quelque chose d’extraordinaire. Il dit dans Mat 3.17, Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ ai mis toute mon affection et dans Mat 12.18, Voici mon serviteur que j’ai choisi, Mon bien- aimé en qui mon âme a pris plaisir. Mais voilà que portant nos péchés sur son dos, Jésus avait accepté de vivre l’expérience terrible d’être séparé de Dieu et rejeté par lui.

Jésus avait dit, lorsqu’il était encore avec ses disciples, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15.13). L’apôtre Jean reprend la même idée dans sa première lettre et écrit, nous avons connu l’amour en ce qu’il a donné sa vie pour nous, nous aussi nous devons donner notre vie pour les frères.

Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à suivre les traces de Jésus et à donner notre vie pour les frères ? A donner notre temps pour les frères ? A donner de notre énergie pour les frères? A donner de notre argent pour les frères? A donner de nous-mêmes pour les frères en commençant par ceux qui sont le plus près de nous, au sein de nos familles?

V. Lorsqu’il était sur le point de mourir, Jésus, le palais complètement desséché s’écria, J’ai soif (Jean 19.28).

Jésus était Dieu. Dieu le Fils mourait sur la croix pour nos péchés. Mais Jésus était aussi parfaitement homme. En tant qu’homme, Jésus éprouvait la faim, la soif et la fatigue tout comme nous pouvons l’éprouver. En tant qu’homme, Jésus souffrait dans son corps comme nous souffrons nous aussi dans nos corps.

Et non seulement Jésus éprouvait-il la faim, la soif et la fatigue, mais il ne sentait aucune gêne à le dire. D’ailleurs, en s’écriant qu’il avait soif, Jésus accomplissait une parole de l’Ecriture dans les Psaumes d’après laquelle il devait en être ainsi (Psaume 69.21). Qui aurait dit que celui qui se présentait aux hommes comme étant une source d’eau vive souffrirait un jour de la soif?

Parce que Jésus en tant qu’homme a souffert de la faim, de la soif, de la solitude et de bien d’autres choses, il nous comprend et peut nous assister, nous consoler et nous réconforter dans nos moments de souffrance (Héb 2; 18 et 4.14-16).

VI. Juste avant de rendre l’âme, Jésus s’est écrié, Tout est accompli (Jean 19.30).

Trois des Evangiles mentionnent que Jésus a poussé un grand cri avant d’expirer, mais seul Jean nous rapporte ce que Jésus a dit alors.

Généralement, un crucifié sur le point de mourir n’avait pas la force de pousser de cris, mais rendait l’âme en gémissant. Jésus, lui, a poussé un grand cri. Et le cri de Jésus n’était pas un cri d’agonie, mais un cri de victoire. Jésus venait de remporter la plus grande victoire qui soit.

Par sa vie de parfaite obéissance et par sa mort sur la croix, Jésus venait d’ouvrir les portes du ciel aux hommes.

En le faisant, Jésus avait renversé la puissance de son adversaire le diable. Désormais des hommes et des femmes pourraient être transférés du royaume ténébreux de Satan dans le royaume de Dieu. Paul exprime cette pensée dans sa lettre aux Colossiens (Col 2.15).

Par sa mort sur la croix, Jésus avait aussi renversé le mur qui nous séparait de Dieu et nous privait de sa puissance libératrice. Ce mur étant renversé, nous vivons en communion avec Jésus et celui-ci nous libère de jour en jour de la puissance destructrice du péché (Rom 6.6).

Jésus avait persévéré et accompli tout ce que le Père lui avait demandé de faire. Qu’en est-il de nous? Pourrons-nous dire à la fin de notre courte vie, Seigneur, tout ce que tu désirais que je fasse est accompli? Pourrons-nous dire comme l’apôtre Paul a pu le dire, j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi (2 Tim 4.7).

VII. Au moment de rendre l’âme, Jésus a de nouveau ouvert la bouche et s’est écrié d’une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains (Luc 23.46).

Ces dernières paroles de Jésus correspondaient à la prière que les mères juives enseignaient à leurs enfants de dire avant de s’endormir.

Cette prière de Jésus est une expression de sa confiance totale en Dieu. Elle provient d’un psaume dans lequel David remet son sort au Seigneur Dieu avec une pleine confiance qu’il agira en sa faveur (Ps 31.1-6).

Jésus en mourant, se jette dans les bras de son Père car il sait que son père a préparé des choses merveilleuses pour lui. Jésus savait qu’après avoir souffert, le Père le ressusciterait des morts et l’élèverait au-delà de toute mesure.

Lorsque Jésus mentionnait ses souffrances aux disciples, il leur mentionnait toujours aussi de quelle gloire elles seraient suivies.

Jésus savait que le Père le ressusciterait des morts. Mat 16.21; 17.9; 17.23; 20.19; 26.32.

Jésus savait aussi que Dieu lui rendrait sa gloire. Mat 16.27; 19.28; 24.30; 25.31.

C’est d’ailleurs cette espérance de la gloire à venir qui avait donné à Jésus la force de souffrir et d’aller jusqu’au bout (Héb 12.1-2). Jésus savait que Dieu le comblerait au-delà de toute mesure et c’est avec une parfaite confiance qu’ il s’en remettait complètement à lui. Qu’en est-il de nous? Nous en remettons-nous à Dieu avec confiance?

Quant tout semble noir? Quand nous souffrons pour Dieu? Quand nous sommes éprouvés d’une façon ou d’une autre? Quand nous luttons contre le péché et devenons fatigués de lutter?

Il faut se rappeler par-dessus tout que le meilleur est à venir (I Cor 15.19). Un de nos plus grands problèmes en tant que croyants est d’avoir trop d’attentes et de désirs par rapport à la vie présente. Il faut garder à l’esprit que le meilleur est encore à venir Comme il a ressuscité Jésus, Dieu nous ressuscitera aussi un jour et nous fera vivre des expériences merveilleuses avec lui (Rom 8.11; 1 Cor 6.14; 2 Cor 4.14).

B.G


La Réforme du 16e siècle nous a légué un héritage inestimable, car nos pays ont été imprégnés par une culture chrétienne biblique laissant des traces visibles de bénédiction. Or, l’humanisme a profondément modifié la culture chrétienne et nos trois dieux modernes, le scientisme, le technicisme et l’économisme ont fini par précipiter notre société dans un marasme sans précédent. Cette crise touche tous les domaines y compris l’Eglise. Ces trois idoles ont usurpé la place du Dieu trinitaire. En fait, c’est l’aboutissement d’un processus d’abandon progressif de la théologie de la création1. En mettant sa confiance en ces idoles modernes, l’homme a déplacé sa dépendance du Dieu de la Bible vers ses nouveaux maîtres cruels qui le mènent vers la catastrophe – peut-être le prélude au règne de l’Antichrist.

Et l’Eglise dans tout cela? Influencée par l’esprit et les courants philosophiques de notre nouvelle culture humaniste, elle est en profonde crise d’identité. Secouée par différents courants théologiques, divisée, désorientée, elle fait figure de proie exposée à tout vent de doctrine. Comme au temps des Juges, chacun fait ce qui lui semble bon (21.25). Bien que prêchant la puissance de Dieu, elle démontre de fait qu’elle en est démunie comme Samson après avoir quitté le terrain de la fidélité et de sa dépendance de Dieu.

L’Eglise a besoin de confesser son infidélité, son éloignement de la Bible, ses formes traditionalistes, son défaitisme, et son manque de confiance et de dépendance à l’égard du Dieu tout-puissant. Nous sommes durement touchés par la superficialité, le confort et le manque d’esprit de sacrifice. Le livre d’Aggée nous enseigne qu’il nous faut sortir de nos maisons lambrissées – nos conforts, nos traditions, nos ghettos – qui nous empêchent de voir éclater la puissance de Dieu dans nos vies, pour revenir à Lui et à sa Parole.

Pour aboutir à la résurrection le chemin passe obligatoirement par la croix du Calvaire. C’est le brisement du «moi», la fin de mon humanisme. C’est le chemin des femmes venues pour embaumer le corps de Jésus dans la tombe et qui s’en retournèrent totalement transformées après avoir compris qu’il ne fallait plus chercher Jésus parmi les morts, mais qu’ll EST VIV ANT ET RESSUSCITE (Luc 24.1-12). C’est aussi le chemin de l’Eglise faible face à l’ennemi, aux événements, mais puissante parce que constamment vivifiée par le Christ déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts (Rom 1.4).

Oh, si en ces jours de Pâques, nous pouvions enfin nous laisser désarçonner de nos chevaux en nous humiliant et en confessant toutes nos lacunes pour fixer nos regards sur le Ressuscité seul. Voilà le chemin de la guérison, de la vie, de la puissance pour persévérer jusqu’au bout dans ces jours difficiles de la fin des temps. Nous ne voulons pas nier que parfois le défaitisme, la dépression, le manque d’amour nous surprennent et nous collent à la peau. Mais à cause de PAQUES, la RESURRECTION DE CHRIST, nous sommes appelés à être plus que vainqueurs par Ce!ui qui nous a aimés… Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous (Rom 8.28-39)? Pas même les grandes épreuves qui pourront survenir. Revêtons-nous de la panoplie divine décrite dans Eph. 6.11-18 en prenant par dessus tout cela le bouclier de la foi avec lequel nous pourrons éteindre les dards enflammés du malin.

Christ est vivant! Conscients de notre peu de force, nous partons en vainqueurs, car Il a mis devant nous une porte ouverte que personne ne peut fermer (Apoc 3.8). Remettons-nous à l’ouvrage et rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte (Héb 12.1-2). Saisissons le Ressuscité, marchons en nouveauté de vie par la conformité à sa résurrection et vivons pour Dieu (Rom 6.4-11).1l est vivant, puissant et fidèle pour changer les temps et les circonstances selon sa souveraine grâce. Ne crains rien, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume (Luc 12.32). Que les messages du présent numéro nous fassent prendre conscience que nous appartenons au Ressuscité, le grand Vainqueur final, Jésus-Christ, Dieu béni éternellement.

1 Le lecteur lira avec profit l’ouvrage de Francis A. Schaeffer «Démission de la raison» (La Maison de la Bible, Genève, Sème éd. 1993).

H.L.


Dans les statuts des églises évangéliques, nous lisons, sous le titre «Confession de foi»: «Nous croyons à l’incarnation du Fils de Dieu, à son sacrifice expiatoire pour l’humanité pécheresse, à sa résurrection corporelle d’entre les morts, à son rôle de médiateur en tant que sacrificateur et intercesseur , à son prochain avènement et son retour en vue de l’établissement visible de son royaume.»

L’ascension nous place devant cette réalité de l’achèvement du salut en Jésus-Christ, son oeuvre expiatoire, sa mort et sa résurrection. Le Seigneur a clairement dit que son royaume n’est pas de ce monde (Jean 18.36); mais en annonçant son départ à ses disciples, il leur a parlé de la réalité de son royaume préparé pour tous ceux qui placeront leur foi en lui (Jean 14.1-4; 5.24; etc).


L’ascension, c’est le départ en vue de son glorieux retour! Car n’oublions pas que même si le Christ règne maintenant dans nos coeurs, son royaume n’a pas encore atteint son plein épanouissement, puisque nous ne régnons pas encore avec lui (2 Tim 2.12). Pour l’instant, nous sommes encore exposés à mille tentations, épreuves, persécutions, batailles et tourments. Nous avons été sauvés en espérance (Rom 8.24), mais nous n’en touchons pas encore tout le bénéfice.

Néanmoins, nous fondons notre espérance sur la grâce qui nous sera apportée pleinement lors de l’avènement de notre Sauveur, qui trouve sa force dans sa résurrection et la preuve dans son ascension ( 1 Cor 15.16-19 ; Act 1.11).

C’est à notre avantage que Jésus-Christ quitta cette terre, car en attendant, nous ne sommes pas seuls; le consolateur est près de nous et en nous (Jean 14.17) .Son départ était nécessaire pour deux raisons: a) pour nous préparer une place (Jean 14.2-3); b) pour nous donner une puissance, celle du Saint-Esprit (Act 1.8).

Par cette présence du Saint-Esprit, nous pouvons nous détacher du monde présent et nous concentrer sur le royaume à venir (Rom 8.5,9; 15.13; Jean 17.15-16); ceci d’autant plus que nous vivons dans des temps difficiles et dangereux (2 Tim 3.1-5).

En résumé, Jean Calvin a dit: «Si nous cherchons le salut, le seul nom de Jésus-Christ nous enseigne qu’il est en lui. Si nous désirons les dons du Saint- Esprit, nous les trouvons dans son onction. Si nous cherchons la force, elle est dans sa seigneurie. Si nous demandons la rédemption, sa passion nous la donne. Si nous voulons échapper à la malédiction, la croix nous procure ce bien. La mortification de notre chair se trouve dans son sépulcre, la nouveauté de vie dans sa résurrection, et l’héritage céleste nous est assuré par son ascension. En somme, puisque tous les biens sont réunis en lui, c’est à ce trésor qu’il faut puiser pour être rassasiés, à l’exclusion de toute autre source.

J.-B. D. M.


Assurément Pâques est la plus significative des fêtes chrétiennes. La résurrection corporelle de notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, vainqueur de la mort, ne fut-elle pas le moteur de l’expansion fulgurante de la bonne nouvelle au temps des apôtres? Elle demeure au centre du conseil de Dieu, aussi bien pour le jugement des impies que pour la rédemption des croyants.

Vus déjà comme ressuscités avec Christ (Eph 2.6), les siens sont invités à chercher les choses qui sont d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu (Col 3.1), afin de vivre dès maintenant, non plus selon les désirs humains, mais selon la volonté de Dieu, pendant le temps qui reste à vivre dans la chair (1 Pi 4.2). Avant sa propre résurrection, le Fils de Dieu s’était déjà révélé comme tel, en ramenant à la vie 3 personnes:
-une fillette de 12 ans: la fille de Jaïrus (Marc 5.38-43),
-un jeune homme: le fils de la veuve de Naïn (Luc 7.11-15),
-un adulte: son ami Lazare (Jean 11).

De ces trois cas émanent 4 aspects de la vie nouvelle communiquée au chrétien «né de nouveau», Ils peuvent, non seulement rafraichir nos souvenirs, mais ranimer notre vie et réactiver notre témoignage.

1. Marcher (Marc 5.42)

Marcher, c’est faire des pas, se déplacer. C’est prouver qu’on vit. «La vie est dans le mouvement», a dit Aristote, qui fut le précepteur d’ Alexandre le Grand, et qui élabora un système basé sur une conception rigoureuse de l’univers. On rapporte que des philosophes grecs, réunis pour s’interroger gravement au sujet du mouvement, trouvèrent la réponse lorsque l’un d’eux se mit à marcher! En marchant, la fillette ne pouvait donner meilleure preuve de son retour à la vie.

Le croyant est passé de la mort à la vie (Jean 5.24 ). Comme Christ est ressuscité d’entre les morts, écrira Paul aux Romains (6.4), il faut que nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. Une vraie conversion à Jésus-Christ entraîne un changement complet de mentalité, d’attitude envers Dieu et de comportement, visible dans tous les domaines de la vie. Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles (2 Cor5.17).

Mais la marche chrétienne est bien plus qu’un simple départ, même enthousiaste, à prendre avec Jésus-Christ! Celui qui déclare demeurer en lui, doit marcher aussi comme lui (le Seigneur) a marché (1 Jean 2.6). La vie de Jésus ici-bas fut une longue et douloureuse marche, résolue et obéissante, jusqu’à la mort sur la croix (Phil 2.8). Chaque jour sa compassion rejoignait les souffrances et les misères des hommes, jusqu’à ce don volontaire ultime de sa vie à la croix, en sacrifice pour le péché, en rançon des offenses des hommes. Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux (2 Cor 5.15). Comme autrefois à Pierre, il dit à chacun des siens: Toi, suis-moi (Jean 21.19): La résolution inflexible de Jésus dans sa marche lui venait sans doute du but qu’il n’a cessé de voir se dresser toujours plus devant lui: la croix, avec ses conséquences rédemptrices (Héb 12.2). C’est dans cette même attitude, lucide et inflexible, que les enfants de Dieu sont invités à marcher d’une manière digne de Dieu qui vous appelle à son royaume et à sa gloire (1 Thes 2.12).

Dès lors, pourquoi tant de chrétiens semblent-ils tourner en rond, comme dans un giratoire, sans jamais prendre la bonne sortie, ou même, pire encore, faire du surplace? La vie de Dieu en eux a-t-elle pris fin? Est-elle étouffée par les soucis de la vie? Seraient-ils devenus eux-mêmes le but de leur brève existence? Vous couriez bien: qui vous a arrêtés ? demandait Paul aux Galates (5.7), lui qui courait vers le but pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Christ Jésus (Phi13.14). L’illustre exemple de l’apôtre est-il encore capable d’inspirer un élan retrouvé dans leur marche chrétienne à des croyants tellement occupés aujourd’hui?

2. Manger (Marc 5.43)

C’est bien connu: la marche ouvre l’appétit. L’effort épuise les forces; il faut les réparer. Aussi, quels soins ne donne-t-on pas à la nourriture des athlètes! Pour mieux réussir, chacun profite des progrès de la diététique. Mais, à l’inverse, les nourritures de l’âme et de l’esprit sont livrées au gré de chacun. Celles offertes de nos jours s’éloignent de plus en plus de ce qui est vrai, honorable, juste, pur, aimable, digne d’approbation, vertueux et digne de louange, selon la recommandation aux Philippiens ( 4.8). Que de mélanges indigestes, voire empoisonnés, ne sont-ils pas proposés, même aux enfants sans défense ni discernement, par une publicité sans scrupule ni retenue !

Instruits par la loi de Dieu, Daniel et ses compagnons refusèrent courageusement les mets délicats du roi Néboukadnetsar (Dan 1). Tout aussi catégoriquement, le chrétien doit refuser le menu du prince de ce monde. il s’en portera mieux à tous égards. A ses disciples Jésus déclara: Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son oeuvre (Jean 4.34). il leur a laissé un double exemple:
-pour les soins que les siens se doivent les uns aux autres, à la suite du Maître qui s’est abaissé pour leur laver les pieds (Jean 13.15);
-face aux souffrances à endurer en suivant ses traces (1 Pi 3.21).

Obéir pour servir, c’est de cela que Jésus s’est nourri. C’est ce qui forma sa personnalité. L’imiter dans ce choix sera le moyen de lui ressembler et de le rendre visible. Tes paroles se sont trouvées devant moi, et je les ai dévorées; tes paroles ont fait l’agrément et la joie de mon coeur (Jér 15.16).

3. Parler (Luc 7.15)

Comme le mouvement, la parole est un signe de vie. Les morts ne parlent plus, sinon par l’exemple de leur vie. A cet égard, l’Ecriture ne rapporte aucune parole d’Abel; et pourtant il est le seul témoin de la foi dont il est dit qu’il parle encore (Héb 11.4 ). Revenu à la vie, le jeune homme se mit à parler. Mais la Bible ne rapporte aucune parole de personnes dans ce cas, sauf celles de Christ ressuscité. Même Paul ne fut pas en mesure de rapporter des paroles entendues au troisième ciel, ineffables qu’il n’est par permis à un homme d’exprimer (2, Cor 12.4). On peut donc, à bon droit, se montrer extrêmement réservé face aux témoignages de certaines expériences de «vie après la vie» .

La parole véhicule un message d’une personne à l’autre. Dieu a parlé aux hommes par la création (Rom 1 ), la conscience (Rom 2) et l’Ecriture (Rom 3); mais, plus encore que tout autre moyen, par Jésus-Christ, appelé «la Parole» (Jean 1,1-18, Héb 1.1-2). Parler est le propre du croyant: J’ai cru, c’est pourquoi j’ ai parlé! (2 Cor 4.13). Les apôtres en ont payé le prix (Act 4.20). Ils ont vécu et démontré que c’est de l’abondance du coeur que la bouche parle (Luc 6.45).

Le Fils a fait connaître le nom du Père aux hommes qui furent ses disciples (Jean 17,26). Ces derniers, à leur tour, ont à faire connaître le Christ à leurs contemporains, par le témoignage, oral ou écrit, mais confirmé par leur vie. Le salut est à ce prix: Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé (Rom 10.9). C’est encore par la parole de leur témoignage courageux jusqu’à la mort, que les enfants de Dieu vaincront l’accusateur de nos frères (Apoc 12.10).

Il ne coûte pas de parler d’une personne qu’on aime. Alors, laissons-nous remplir de l’amour de Dieu répandu dans nos coeurs par le Saint- Esprit (Rom 5.5), pour dire, comme de fidèles témoins, que le Seigneur est réellement ressuscité (Luc 24.34). A parler de Christ comme l’Ecriture en parle.. nous ne perdrons ni notre temps ni notre récompense.

4. Etre avec lui (Jean 12.2)

Les avoir avec lui (Marc 3.14 ) fut le premier désir du Seigneur, lors du choix de ses 12 disciples, avant même de les envoyer en mission. Voilà bien de quoi nous rappeler les priorités divines: «être» d’abord «faire» ensuite. Dans les milieux évangéliques, eux aussi gagnés par le stress, souvenons-nous d’être d’abord à l’écoute de la parole de Dieu, avant l’action qu’elle inspire et oriente. L’autre extrémité de la trajectoire du chrétien, ne serait-ce pas de quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur (2 Cor 5.8)?

Entre l’appel à le suivre sur terre et l’appel à le rejoindre au ciel, pour être toujours avec le Seigneur (1 Thes 4.17), se situe toute la traversée de la vie, avec l’appui de la dernière promesse aux siens, avant de les quitter: Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (Mat 28.20). Ainsi donc, chaque jour, bon ou mauvais, peut être vécu dans la foi en son secours et sa direction toujours fidèle. Pour fortifier leur marche, nourrir la foi et inspirer leur témoignage, le Seigneur n’a-t-il pas pourvu les siens de rencontres privilégiées à sa table? Chaque occasion d’être ainsi son invité à un repas avec lui constitue, pour le racheté de Jésus-Christ, un avant-goût du ciel. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi (Apoc 3.20). Au-delà de toute mesure, le Seigneur donne une preuve émouvante de son amour, à l’Eglise qui l’a mis à la porte. Sans se lasser, il frappe encore, pour offrir le réconfort de son intimité retrouvée à celui qui lui ouvrira… enfin! Quel authentique enfant de Dieu voudra rester enfermé en lui-même, et priver son Seigneur et Sauveur d’une rencontre à sa table à la prochaine occasion ?

Oui, la résurrection de Jésus Christ rappelle puissamment aux siens l’attente placée en eux pour:
1. une vie nouvelle visible, rappelant la sienne;
2. une nourriture nouvelle puisée dans sa Parole de vérité;
3. un langage nouveau: le témoignage chrétien;
4. une union réconfortante avec lui, prélude de l’éternité.

Ce programme condensé de la vie chrétienne normale est offert à tous, par celui qui a été livré pour nos offenses, et ressuscité pour notre justification (Rom 4.25). Sans Christ ressuscité nous serions sans esperance et sans Dieu dans le monde (Eph 2.12).

Avec la parole de Dieu, ne cessons donc pas d’affirmer notre foi dans la résurrection corporelle de Jésus-Christ, installé désormais comme intermédiaire unique et suffisant entre Dieu et les hommes non par la loi d’une ordonnance charnelle, mais par la puissance d’une vie impérissable (Héb 7.16). C’est pour cela aussi qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur (Héb 7.25).

J.C.


.De la Genèse à l’Apocalypse, toutes les Ecritures doivent nous conduire au Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui en est le centre, aussi bien que la clé.

A quoi nous servirait un coffret contenant un trésor, si nous n’en possédions pas la clé? De même, il faut d’abord rencontrer personnellement le Seigneur Jésus comme son Sauveur, avant de pouvoir apprécier les richesses du livre qui nous le fait connaître.

Le Seigneur a fait la différence entre lire les Ecritures et avoir une relation avec lui, lorsqu’il a dit aux Juifs: Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie! (Jean 5.39,40)

Aux deux disciples, sur le chemin d’Emmaüs, après sa résurrection, le Seigneur commençant par Moise et par tous les prophètes, leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait (Luc 24.27). Ensuite, au milieu des disciples assemblés, il dit aussi: C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moise, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprennent les Ecritures (Luc 24.44,45).

Quel croyant ne voudrait pas avoir été l’auditeur de tels exposés des Saintes Ecritures? Aujourd’hui comme alors, il faut que notre esprit soit ouvert par Dieu lui- même, afin que nous puissions comprendre ce qu’il veut nous révéler.

Les Juifs divisaient ce que nous appelons l’Ancien Testament en trois parties: Moïse (le Pentateuque), les prophètes et les psaumes.

Dans les grandes lignes, on peut dire…

Dans la loi de Moïse, nous avons des ombres et des figures (qu’on appelle aussi des types) de la personne de Christ et de son oeuvre (Col 2.16,17; Héb 8.5; 10.1).

Dans les prophètes, nous avons des prophéties (prédictions) concernant celui qui devait venir, qui est venu et qui doit revenir; de ses souffrances dans son humiliation et de sa gloire dans son exaltation (Mat 1.22; Jean 1.45; 1 Pierre 1.10,11).

Dans les psaumes, nous trouvons, en particulier, les sentiments de Christ et de son peuple (Psaumes 16,22,40,41,69,91, 102, et bien d’autres).

Comment profiter de notre lecture de la Bible? Comment étudier la Parole d’une façon profitable? Comment nourrir notre âme afin que notre vie soit transformée? C’est en apprenant, à travers la Parole et la vie de tous les jours, à mieux connaître et mieux aimer celui qui a donné sa vie pour nous.

En résumé, le Seigneur Jésus est:
Prédit dans l’Ancien Testament
Présent dans les évangiles
Proclamé dans les Actes
Proposé dans les épîtres
Prédominant dans l’Apocalypse.


J.-P.B.