PROMESSES

Qu’est-ce que la grâce ?

La « grâce » est un mot à la fois très courant dans la bouche des chrétiens et mal défini ou mal compris. Pour mieux saisir ce concept dont nous sommes naturellement tellement éloignés, prenons deux textes bibliques et trois situations profanes.

Pour comprendre la grâce… deux textes bibliques

• Le premier est tiré de l’A.T. Ruth est une étrangère, descendante d’une lignée qui était exclue du peuple de Dieu : « L’Ammonite et le Moabite n’entreront point dans l’assemblée de l’Eternel, même à la dixième génération et à perpétuité. » (Deut 23.3) Le mariage de Kiljon avec Ruth était donc une mésalliance coupable. Quelle indulgence pouvait attendre la jeune veuve en osant suivre sa belle-mère en terre d’Israël ? Elle ne peut compter que sur la grâce : « Laisse-moi, je te prie, aller glaner des épis dans le champ de celui aux yeux duquel je trouverai grâce. » (Ruth 2.2) Et « par bonheur », elle tombe sur Boaz, à qui elle dit avec reconnaissance : « Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux, pour que tu t’intéresses à moi, à moi qui suis une étrangère ? » (Ruth 2.10)

Une femme d’une lignée honnie, qui reçoit par grâce le droit d’être intégrée dans le peuple de Dieu, mieux encore qui s’inscrit dans la généalogie du Messie… Cela ne commence-t-il pas à nous faire entrevoir ce qu’est la grâce ?

• Le second récit est tiré du N.T. Dans une de ses paraboles, Jésus parle d’un maître de maison qui emploie des ouvriers journaliers dans sa vigne. Au début de la journée, il en embauche certains pour un denier par jour (le tarif normal à l’époque). Puis, au fil de la journée, il en prend d’autres, sans leur donner d’indication précise sur leur paye. Le soir venu, le maître donne la même somme à tous, au grand dam des premiers qui, après avoir trimé toute la journée, pensaient recevoir davantage que ceux qui n’avaient travaillé qu’une heure (Mat 20.1-16).

Voilà une parabole qui n’est syndicalement pas correcte ! Elle permet à Jésus de faire toucher du doigt la différence entre le « donnant-donnant » et la grâce : les premiers ouvriers ont reçu le denier « convenu » ; les ouvriers de la onzième heure ont reçu le denier que le maître a voulu leur donner, parce que c’est son bien et parce qu’il est « bon ».

Un bon maître qui donne à tous également, cela ne nous fait-il pas entrer aussi un peu dans la pensée de la grâce ?

Pour comprendre la grâce… trois exemples profanes

Venons-en à quelques exemples actuels à travers trois tranches de vie :

– La feuille de paye : C’est le dernier jour du mois. Christian reçoit sa feuille de paye. Conformément au contrat de travail dûment signé entre son employeur et lui, il a travaillé les 152 heures requises dans le mois et il touche le salaire convenu exact. Tant d’argent pour tant de travail : c’est juste — « donnant-donnant ». La Bible confirme : « À celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due. » (Rom 4.4)

– La contravention : Christian fait une course entre son travail et son domicile et s’arrête sur une place de stationnement interdite. En reprenant sa voiture, il trouve une contravention sur son pare-brise. Il a commis une faute ; il doit payer : c’est juste — « donnant-donnant ». La Bible confirme : « Le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rom 6.23)

– Le bouquet : Christian et sa femme sont invités ce soir chez des amis. Ils ne veulent pas arriver les mains vides, d’autant que la dernière fois que ces amis sont venus chez eux, ils ont apporté un beau bouquet de fleurs. Christian et sa femme se sentent redevables et s’arrêtent chez le fleuriste pour acheter un bouquet équivalent à celui reçu quelques semaines auparavant. Ils ont reçu ; ils doivent rendre la pareille : c’est juste — « donnant-donnant ». La Bible confirme : « Si c’est par grâce, ce n’est plus par les œuvres ; autrement la grâce n’est plus une grâce. Et si c’est par les œuvres, ce n’est plus une grâce ; autrement l’œuvre n’est plus une œuvre. » (Rom 11.6)

Définir la grâce ?

Dans ces trois exemples, rien de choquant pour notre sens de la justice. Et ce sens de la justice est inné chez l’être humain. Il n’est que d’observer le comportement des enfants : à l’école ou à la maison, qu’ils sont prompts à s’écrier : « C’est pas juste ! »

Mais la grâce… Ce n’est pas une juste contrepartie ; c’est un pur don sans compensation, gratuit, généreux, libre… Un concept bien éloigné de notre façon de penser, un sentiment si difficile à saisir…

Peut-être la meilleure façon de la définir est d’en prendre l’antonyme : la grâce est l’opposé du « donnant-donnant ». La grâce donne contre rien du tout — au moins pour ce qui nous concerne. La grâce ne demande rien de plus. La grâce est illimitée : Dieu en rajoutera encore et toujours : « De sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce. » (Jean 1.16, Darby)

La grâce en justification

Tout homme a un besoin fondamental de la grâce de Dieu parce que tout homme est pécheur. Mais la grâce est peut-être ce qui lui est le plus difficile à accepter. Les religions humaines fonctionnent sur le principe du « donnant-donnant » : tant de sacrifice pour tant de bénédiction, tant de prières pour tant de réponses, etc. Or Dieu ne peut rien recevoir de l’homme pécheur et attend juste de lui que ce dernier accepte le cadeau de l’amour divin.

La grâce personnifiée en Jésus

Ce cadeau divin est avant tout une personne, Jésus Christ fait homme :

– Même si Dieu avait déjà montré à de multiples occasions sa grâce sous l’ancienne alliance, fondamentalement, « la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. » (Jean 1.17)

– La venue de Jésus Christ a été l’incarnation, la personnification de la grâce de Dieu : « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. » (Tite 2.11) « La grâce nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels, et a été manifestée maintenant par la venue de notre Sauveur Jésus-Christ. » (2 Tim 1.9-10).

– Pendant sa vie sur la terre, ses actes et ses paroles « transpiraient » la grâce. La parole prophétique du psalmiste : « La grâce est répandue sur tes lèvres » (Ps 45.2) s’est réalisée quand tous « étaient étonnés des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4.22).

– À la fin de sa vie, c’est par un acte de pure grâce, sans autre contrainte que son amour, qu’il s’est offert sur la croix pour nous enrichir (2 Cor 8.9).

La grâce du salut

Tous les auteurs du N.T. sans exception parlent de la grâce et insistent sur le fait que recevoir la grâce de Dieu en Jésus est le seul moyen d’échapper à la religion du « donnant-donnant » et d’être sauvé pour l’éternité : nous sommes « gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ » (Rom 3.24).

Deux précisions sont utiles :

– La grâce est valable pour tous : personne n’est trop loin pour être privé de la grâce de Dieu1. Ne nous disons jamais que quelqu’un a tellement mal agi qu’il est désormais impossible qu’il puisse bénéficier de la grâce de Dieu. Souvenons-nous des exemples de Manassé, de Paul et de tant d’autres ! Et n’hésitons jamais à la présenter de nouveau.

– La grâce est de Dieu : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éph 2.8) Le don concerne ici tant la grâce que la foi qui l’a saisie. Aussi n’ayons pas de regret si nous n’avons pas eu une conversion marquante « à la Paul » : ce n’est pas la « qualité » de notre conversion qui nous sauve, mais la grandeur de la grâce dont nous bénéficions.

La grâce en sanctification2

Comme chrétiens évangéliques, nous sommes facilement prêts à recevoir et à prêcher la justification par la grâce. Plus difficile est d’admettre que le processus de sanctification qui se développe à partir de notre conversion est également dû à la même grâce. Nous sommes à juste titre sensibles aux nombreux impératifs qui parsèment les Épîtres, aux exhortations à « faire tous nos efforts », à « mettre en œuvre notre salut » — et nous oublions que « sa divine puissance nous a [déjà !] donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété » et que « c’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil 2.12-13 ; 2 Pi 1.3-5).

Notre sanctification progressive implique notre obéissance positive et volontaire pour devenir opérante et produire des œuvres. Toutefois l’effort doit toujours procéder de la grâce, pour éviter de retomber dans une sanctification légaliste. L’indicatif précède l’impératif ; le don devance le devoir et la position assoit l’exhortation.

Le texte de Tite 2.11-12 donne un résumé concis mais percutant de l’action de la grâce de Dieu en sanctification :

– Le point de départ est le salut que Dieu propose à tous : « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. » Il est un pur cadeau divin, offert à tous — même si, hélas, beaucoup ne l’ouvrent même pas !

– Négativement, la grâce nous « enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines ». Paul ne définit pas plus précisément ces dernières, car « chacun est amorcé par sa propre convoitise » (Jac 1.14). Nous avons parfois tendance à établir une liste exhaustive de ce que nous estimons être mondain, alors que saisir à quel point le cadeau que Dieu nous a déjà donné est magnifique est le vrai moyen d’être moins attiré par les offres du monde et d’y renoncer joyeusement.

– Positivement, la grâce nous enseigne à « vivre dans le siècle présent ». Elle ne conduit pas à nous couper de notre environnement pour trouver une sainteté illusoire loin de tout. Au contraire, nous sommes invités à manifester la grâce de Dieu par une manière de vivre qui plaît à Dieu dans les trois dimensions de nos relations :

• « sobrement » quant à nous-mêmes : En face des cadeaux si infinis de la grâce de Dieu, le reste perd comparativement de sa valeur et nous pourrons vivre en dessous de nos moyens (ce qui est, me semble-t-il, une des meilleures définitions de la sobriété). De ce fait, il nous sera plus facile de donner généreusement, joyeusement, non par contrainte, mais en étant heureux de pouvoir nous associer ainsi à celui qui nous a fait « un don merveilleux » (2 Cor 9.8-15)3 !

• « justement » quant aux autres : La grâce est un cadeau qui se multiplie par le partage. C’est pourquoi nous sommes appelés à être « de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu » (1 Pi 4.10), à veiller pour qu’aucun de nos frères et sœurs ne se prive de la grâce de Dieu (Héb 12.15). Cette attitude « juste » se montrera en particulier en laissant les autres être eux-mêmes, sans les critiquer indûment, sans nous comparer à eux, sans vouloir les régenter.

• « pieusement » quant à nos relations avec Dieu : Pour quel motif accomplissons-nous des actes « religieux » ? Pensons-nous à notre lecture biblique, à nos temps de prières, à nos réunions d’église, comme des devoirs, des obligations, des rites imposés par un Dieu exigeant ? Si tel est le cas, nous n’avons pas encore compris la grâce ! C’est elle qui nous enseigne à moins nous concentrer sur ce que nous faisons pour Dieu et davantage sur ce qu’il a fait pour nous… et nous nous apercevrons qu’à notre insu, cela nous rendra plus pieux !

La grâce en glorification

Le point d’orgue final au travail de la grâce de Dieu en notre faveur se produira au retour de Jésus-Christ : « Ayez une entière espérance dans la grâce qui vous sera apportée, lorsque Jésus-Christ apparaîtra. » (1 Pi 1.13) La grâce expérimentée dans le passé nous pousse à continuer, mais la grâce espérée nous tire vers l’avant.

Notre séjour sur terre prendra fin. Quelle grâce d’être alors définitivement débarrassé des maladies, des faiblesses, des entraves liées à notre vie actuelle dans un monde déchu et pécheur ! Quelle grâce aussi d’être enfin en présence de Jésus-Christ, de voir toute l’étendue de sa miséricorde qui nous a soutenus jour après jour ici-bas !

Conclusion : les bénédictions de la grâce

Comprendre la grâce de Dieu, recevoir ses multiples cadeaux, renoncer au « donnant-donnant » — tout cela produira de magnifiques résultats dans nos vies :

– nous nous fortifierons « dans la grâce qui est en Jésus-Christ » (2 Tim 2.1) ;

– notre louange sera plus nourrie pour « célébrer la gloire de sa grâce dont il nous a favorisés dans le bien-aimé » (Éph 1.6) ;

– notre croissance spirituelle sera plus ferme (1 Pi 5.10-12) jusqu’au jour où nous serons établis éternellement sur le fondement inébranlable de la grâce.

1Certains textes peuvent parfois troubler, comme celui sur le péché contre le Saint-Esprit, mais ce dernier est précisément le refus persistant et conscient de la grâce (cf. Promesses 180).
2
La sanctification dont il est question dans ce paragraphe n’est pas la position du croyant comme « saint » devant Dieu, concomitante de sa justification, mais la sanctification progressive à laquelle il est appelé.
3
Même si les traductions le rendent parfois par divers mots français, le mot « grâce » (charis) revient 10 fois dans les ch. 8 et 9 de 2 Corinthiens !


« En [Christ] vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, pour célébrer sa gloire. » (Éphésiens 1.13-14)

Charcot, le grand explorateur des terres polaires, préparait une nouvelle expédition. Ceux qui devaient l’accompagner (et qui avaient déjà fait d’autres voyages avec lui) avaient accepté ses plans et son itinéraire, quand brusquement, il dut changer de programme. Le voyage comportait encore plus de fatigue et plus de dangers ! Il prévint ses collaborateurs, les invitant à reconsidérer leur choix. Savez vous quelles ont été les réponses ? Elles se résumaient toutes dans le télégramme de l’un d’eux : « Où vous voudrez ; quand vous voudrez ; tant que vous voudrez. » Qu’est-ce qui peut faire qu’un homme soit prêt à tant de périls ? À tant de sacrifices ? Probablement une seule chose : la confiance dans les capacités de ce leader.

Dieu nous invite à un voyage qui n’est pas toujours facile. La foi, la marche chrétienne est parfois inconfortable. Qu’est-ce qui est susceptible de nous encourager pour que nous puissions dire à Dieu : « Où tu veux ; quand tu veux ; tant que tu veux. » La présence et l’œuvre du Saint-Esprit sont des soutiens primordiaux dans notre voyage terrestre.

L’Esprit est donné en réponse à notre foi (v. 13)

L’Épître aux Éphésiens commence par une longue phrase qui constitue la prière de louange de Paul (1.3-14) : l’apôtre y présente Jésus Christ comme le centre et l’objet de notre foi. En lui nous sommes bénis, choisis, adoptés. En lui nous avons la possession du pardon, le privilège de la compréhension, et le sens d’appartenance. En lui aussi, comme si cela n’était pas suffisant, nous recevons l’Esprit saint, dont nous allons détailler le ministère.

Le Saint-Esprit vient sur les Juifs et les païens

Le changement dans les pronoms est significatif : du v. 3 au v. 12, Paul utilise « nous ». Au v. 13, soudainement, Paul utilise « vous ». Paul veut s’assurer que les lecteurs païens convertis à Christ, comprennent bien qu’ils font partie du même plan de rédemption. Vous aussi qui n’êtes pas de la famille juive, vous êtes au bénéfice de ce salut.

Le Saint-Esprit vient dans l’individu en réponse à la foi dans l’Évangile

Dieu sauve par l’Évangile ; c’est pourquoi il est qualifié d’Évangile « de votre salut ». En Luc 11.13, Jésus annonce que notre bon Père céleste donnera le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. La venue du Saint-Esprit n’est pas une seconde expérience, postérieure à la conversion (1 Cor 12.13 ; Rom 8.9). Le Saint-Esprit vient en réponse à la compréhension de la « Parole de vérité ». L’Évangile est une sorte de contrat qui sauve dans la mesure où il est retenu dans des termes où il est proclamé (cf. 1 Cor 15.1-3) : « Vous êtes sauvés [par l’Évangile], si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. » (v. 2) La clause suspensive doit inciter les chrétiens à présenter un Évangile authentique. L’Évangile sauve les pécheurs, les malades spirituels, ceux qui ont conscience de leur misère. Dans un premier temps, l’Évangile est choquant, car il parle de péché et de culpabilité. Et nous ne saurions éviter d’aborder la question du péché sous prétexte qu’elle est gênante. Dieu ne sera pas honoré par un Évangile tronqué. Le Saint-Esprit vient dans une personne lorsque celle-ci croit au véritable Évangile.

Le Saint-Esprit vient lorsqu’une personne choisit de croire

C’est l’autre côté de la vérité présentée dans les v. 3 à 12 : Dieu choisit, Dieu nous a élus, selon un choix souverain caché et mystérieux, selon un plan arrêté d’avance avant que le monde existe, sans toutefois que ce plan ne diminue en quoi que ce soit la responsabilité et la liberté humaines. L’homme choisit de croire en l’Évangile. En cela, il prend une décision. L’homme peut choisir de refuser l’Évangile. 2 Thessaloniciens 1.8 évoque le jugement de ceux « qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus ». Le salut ressemble à une auberge portant un panneau : « Ouvert à tous » mais quand nous y entrons, nous y trouvons un badge à notre propre nom et sur lequel est gravé : « Élu de Dieu ». Ces deux aspects de la vérité sont irréconciliables dans une logique humaine.

Le Saint-Esprit forme un sceau divin

Nous sommes « scellés » du Saint-Esprit. Un sceau évoque :

( La propriété : Dieu nous a scellés afin que nous soyons pour lui un peuple qui marche selon sa volonté ;

( L’authenticité : Le chrétien authentique n’est pas quelqu’un qui suit une religion. Il est un fils de Dieu, il appartient à une famille, et vit comme un fils avec son père. Il reflète l’Esprit saint dans la manière dont il vit et conçoit la vie ;

( La protection : Au xiiie siècle, Marco Polo fut un jour pris par une patrouille de soldats en Mongolie. Son père et son oncle s’étaient éloignés du campement et devaient revenir assez vite, mais, à ce moment là, il était seul. Les soldats mongols étaient réputés pour leur sauvagerie et ils avaient décidé de couper la tête de Marco Polo. Pleurant de crainte, il se souvint d’un sceau que lui avait donné Khan Qubilaï, fils de Genghis Khan. Ce sceau lui sauva la vie, et poussa les soldats à se retirer ;

( La sécurité : Christ nous a scellés pour que personne ne nous vole ! L’Esprit est comme notre marque antivol. Et la Bible dit que rien ni personne ne nous arrachera de sa main (Jean 10.28).

Le Saint-Esprit vient comme le promettait l’A.T.

Sous la nouvelle alliance (Jér 31.31-34), la Bible devient parole intérieure et personnelle, désirée au plus profond de soi, une relation directe et filiale avec Dieu, une connaissance intime et complète de Dieu. Les bienfaits spirituels de cette alliance sont une réalité, précisément parce que le Saint-Esprit vient résider à l’intérieur du croyant : « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères ; vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. » (Éz 36.25-28) L’Esprit nous donne la capacité de pratiquer ce que la loi ordonnait (Rom 8.4).

Le Saint-Esprit vient comme le promettait Jésus-Christ

Jean-Baptiste, voyant venir Jésus pour être baptisé, dit de lui : « Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » (Luc 3.16) Jésus lui-même a promis la venue du Saint-Esprit (Jean 14 ; 16 ; Act 1.8), ce qui n’était possible qu’après sa glorification (Jean 7.39 ; 16.7).

L’Esprit est un acompte sur notre salut (v. 14)

Le Saint-Esprit sert de « caution », de « garantie » pour la suite.

Lorsqu’on acquiert une maison en France, il est obligatoire de consigner immédiatement 5 % du prix de vente pour rassurer les propriétaires et prouver le sérieux des intentions de l’acheteur.

Il en est de même avec la rédemption. Elle comporte plus que le simple pardon de nos péchés que nous recevons immédiatement. Beaucoup est à venir. Nous avons reçu, en la personne du Saint-Esprit, sa présence et son ministère : « 5 % » du reste !

Nous avons tous déjà été frustrés de l’écart entre notre désir de vivre selon Dieu et la réalité de notre marche avec Dieu, loin d’atteindre les 100 %. Nous regrettons les débordements de notre caractère (colère, irritation, impatience, etc.). Nous avons parfois un mal terrible à canaliser nos pensées, à nous éloigner de certains péchés, etc. Néanmoins nous pouvons avoir confiance pour la suite, parce que Dieu nous a donné avec l’Esprit un acompte qui nous assure qu’il terminera ce qu’il a commencé en nous (2 Cor 1.22 ; Éph 4.30 : « pour le jour de la rédemption »).

Pourquoi Dieu ne nous a-t-il pas tout donné ? C’est vrai que cela aurait été sympathique ! D’abord, n’oublions pas que Dieu ne nous doit rien du tout ! Ensuite, l’homme sent plus profondément son besoin de Dieu lorsqu’il est en partie dérangé par ses penchants et ses tendances. Cela le force à chercher refuge en Dieu. Et l’homme croît dans son amour pour Dieu. Enfin, Dieu se plaît à l’intimité que forge le combat. Dieu révèle sa grâce, sa patience et sa miséricorde, enseignant par là même les anges (3.9-10 ; 1 Pi 1.12).

Mais cette caution n’est pas seulement un prépaiement. C’est beaucoup plus :

– Avant la conversion, le Saint-Esprit donne cette conviction d’un problème spirituel majeur et oriente les âmes vers Dieu (Jean 16.8) ;

– Lors de la conversion, l’Esprit renouvelle (Tite 3.5), fait entrer le croyant dans le royaume de Dieu (Jean 3.5), baptise (cf. supra), lave, sanctifie et justifie (1 Cor 6.11) ;

– Au cours de la vie chrétienne, l’Esprit conduit (Rom 8.14 ; Act 8.29 ; 10.19-20 ; 13.2, 4), témoigne que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8.15-16). Il est le Consolateur qui nous enseigne dans la vérité (Jean 14.26). Il donne la justice, la paix et la joie (Rom 14.17). Il répand l’amour de Dieu dans nos cœurs (Rom 5.5). Il donnera de quoi nous défendre devant nos agresseurs (Marc 13.11 ; Act 6.5). Il intercède secrètement en fonction de nos besoins (Rom 8.26), etc. ;

– Collectivement, l’Esprit agit et édifie l’Église, qui est son temple (1 Cor 3.16).

En face de toutes ces bénédictions déjà présentes dans cet « acompte », le chrétien est responsable :

– de se laisser continuellement remplir par l’Esprit (Éph 5.18) ;

– de ne pas attrister le Saint-Esprit de Dieu (Éph 4.30) ;

– de ne pas éteindre l’Esprit (1 Thes 5.19) ;

– de marcher par l’Esprit (Gal 5.16).

Nos enfants ont appris à faire du vélo, et cela a été une joie de leur apprendre l’équilibre sur deux roues. Au début, il faut les mettre en selle, et puis courir avec eux, les tenant pour imposer l’équilibre. Petit à petit, conseils aidant, des petites touches ici et là, et les voilà partis d’eux-mêmes.

C’est un peu la même chose avec l’Esprit saint, mais d’une manière inverse. Il nous est donné et nous met en selle. Mais sa participation à notre vie ne va pas diminuant, mais croissant. Il prend de plus en plus de place, pour que Christ apparaisse de plus en plus en nous.

Jésus a dit de lui qu’il demeurerait éternellement avec nous (Jean 14.16). L’Esprit nous accompagne, dès le moment de la conversion, accomplissant en nous la nouvelle naissance, puis nous apprenant les rudiments de la marche chrétienne. Enfin, il réalisera notre résurrection, et la transformation de notre corps, et, sans que je sache comment, nous accompagnera pendant toute l’éternité. Par son Esprit, Dieu terminera son œuvre. Le paiement sera alors complet et l’héritage complètement touché.


Soyez remplis de l’Esprit. (Éphésiens 5.18)

Un seul verset de l’Écriture nous commande : « Soyez remplis de l’Esprit ». Il s’agit d’un impératif passif, forme grammaticale rare et paradoxale, puisque l’impératif laisse penser que nous devons agir et le passif implique que quelqu’un d’autre est à l’œuvre ! Quelle finesse dans ces quelques mots qui indiquent déjà que nous sommes responsables et actifs pour accueillir la plénitude de l’Esprit saint, tandis que tout est grâce et que c’est la personne divine du Saint-Esprit qui verse en nous cette plénitude.

Cette bénédiction est à la fois cadeau de Dieu et conquête humaine, comme bien d’autres trésors de la vie chrétienne, la joie, par exemple : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie » (Rom 15.13) et « Soyez toujours joyeux » (1 Thes 5.16).

Dans l’étude d’un sujet biblique, il est bon de relire le texte et son contexte :

« C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit ; entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur ; rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ. » (Éph 5.17-21)

Dans ce paragraphe, la vie par l’Esprit se décline successivement par :

1. comprendre la volonté du Seigneur,

2. être rempli de l’Esprit,

3. s’entretenir par des psaumes, des hymnes, des cantiques en chantant et en louant le Seigneur,

4. rendre grâces à Dieu,

5. être soumis les uns aux autres.

À la suite du paragraphe, l’apôtre développe quatre situations de la vie quotidienne marquées par une vie remplie de l’Esprit :

1. la vie conjugale, rendue magnifique et élevée en ce qu’elle est une image de la relation entre Christ et son Église (Éph 5.22-33),

2. l’éducation des enfants (Éph 6.1-4),

3. les relations sociales entre les esclaves et leurs maîtres (Éph 6.5-9),

4. le combat spirituel du croyant (Éph 6.10-20).

Reprenons quelques-unes des expressions de notre passage.

Comprenez quelle est la volonté du Seigneur.

Comprendre la volonté du Seigneur suppose que nous utilisions notre intelligence, notre réflexion. Nous lisons, quelques versets plus tôt dans le même chapitre : « Examinez ce qui est agréable au Seigneur. » (Éph 5.10)

Il ne s’agit pas de mysticisme, de révélations, de sentiments intérieurs, mais de réflexion dans la dépendance de l’Esprit et avec le profond et honnête désir de faire la volonté de Dieu.

Ne vous enivrez pas de vin mais soyez remplis de l’Esprit.

Nous pourrions être étonnés qu’un sujet aussi élevé soit introduit dans le contexte très terre-à-terre de l’excès d’alcool. Mais cela nous aide sûrement à mieux comprendre.

Entre l’excès d’alcool et la plénitude de l’Esprit, nous trouvons en effet quelques ressemblances :

?  Nous sommes dans les deux cas sous l’influence d’une puissance extérieure. Les alcools sont parfois appelés les « spiritueux ».

La ferveur caractérise les deux cas. À la Pentecôte, lors du baptême du Saint-Esprit, certains observateurs déclarèrent : « Ils sont pleins de vin doux. » (Act 2.13) Le sacrificateur Éli croyait que la prière d’Anne était animée par le vin (1 Sam 1.13).

Dans les deux cas, notre marche est affectée.

La personne ivre chante ; le chrétien chante des cantiques.

La personne ivre n’a pas honte ; le chrétien rempli de l’Esprit surmonte ses inquiétudes pour rendre témoignage, pour accomplir une action publique dans l’église.

Il y a de la convivialité et de la sympathie autour d’un verre. Quand deux personnes remplies de l’Esprit se retrouvent, il y a convivialité et sympathie.

 Évidemment de grandes différences distinguent ces deux expériences et confirment que la plénitude de l’Esprit constitue la bonne décision, ainsi que l’apôtre l’indique :

?  L’alcool conduit à la débauche, l’Esprit à la pureté.

L’alcool fait perdre le contrôle de soi, tandis que le contrôle de soi (la tempérance) est un fruit de l’Esprit (Gal 5.23). Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes (1 Cor 14.32).

L’alcool permet de fuir le quotidien, tandis que le Saint-Esprit inscrit notre action dans le quotidien.

 En choisissant la vie par l’Esprit, plutôt que l’alcool, nous ressemblons au nazaréen de Nombres 6 qui témoignait de sa consécration à Dieu par le renoncement aux produits de la vigne.

Le parallèle surprenant entre vin et Esprit montre aussi que la vie par l’Esprit n’a rien de magique, de mystique, mais qu’elle est pragmatique et concrète.

Malgré sa forme impérative, « soyez remplis » n’implique pas un effort, comme si Dieu hésitait à nous remplir, comme s’il fallait le convaincre. Le Saint-Esprit est un Dieu souverain. Nous sommes soumis à sa volonté. Ce n’est pas nous qui avons l’Esprit, c’est lui qui nous a. Nous n’avons pas de puissance, nous sommes revêtus de la puissance d’en haut (Luc 24.49). En complément, les expressions « N’attristez pas l’Esprit » (Éph 4.30) et « N’éteignez pas l’Esprit » (1 Thes 5.19) montrent qu’au lieu de s’efforcer de persuader Dieu de nous remplir de son Esprit, nous devrions plutôt veiller à ne plus contrarier l’œuvre que l’Esprit est en train de faire dans nos vies.

Par le baptême de l’Esprit (1 Cor 12.13), j’appartiens au corps de Christ. Par la plénitude de l’Esprit, mon corps et ma vie appartiennent au Christ. Il serait néanmoins inexact de lire dans ce passage une théologie à deux étapes distinctes, très ancienne, qui dirait : « Être rempli de l’Esprit est une expérience qui hausse le croyant à un autre niveau de la vie chrétienne et qui se manifeste par des signes comme le parler en langues. » Cette théologie « des deux étapes » pourrait aussi s’exprimer par des formules comme :

?  la conversion, puis la sanctification ;

le salut, puis l’affranchissement ;

avoir Jésus comme Sauveur, puis Jésus comme Seigneur.

 Notre passage n’enseigne pas cette doctrine des deux stades. Au contraire, « soyez remplis » est au présent continu : « soyez continuellement remplis » est une expérience constante, journalière, qui marque tous les gestes et comportements de notre vie. La vie dans la sainteté, la liberté par rapport au péché, la soumission à l’autorité de Jésus, sont autant de fruits d’une vie remplie par l’Esprit, et il y en a beaucoup d’autres : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi (Gal 5.22).

Après l’impératif passif, l’apôtre exhorte par des impératifs actifs, qui vont nous aider à vivre une vie remplie de l’Esprit.

Entretenez-vous par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant et apportant la louange, de votre cœur au Seigneur.

Le fait de chanter est en priorité tourné vers le Seigneur Jésus, notre cœur apporte la louange, mais c’est aussi bien souvent une activité collective, qui contribue au bien de tous ceux qui y participent.

Dans la vie de couple et avec les enfants (les deux sujets qui suivent dans le chapitre), la pratique du chant est un enrichissement pour tous.

Rendez toujours grâce.

Quand nous commençons à nous plaindre, le diable réussit son œuvre. Pratiquons la culture de reconnaissance et enseignons-la à nos enfants, car le cercle familial peut facilement être empoisonné par la critique ou transformé positivement par la reconnaissance. Quelqu’un a écrit : « La maison est le lieu où nous sommes traités le mieux et où nous nous plaignons le plus ! »

Nous avons de multiples raisons d’être reconnaissants, non seulement pour la santé, le vêtement, la nourriture, le travail, le logement, et tant d’autres bienfaits, mais aussi pour les personnes, le conjoint, les autres membres de la maison, de l’église, du voisinage, de l’entreprise.

Être reconnaissant pour les autres, c’est se réjouir de leur personne, de leur présence : c’est une marque d’amour.

Être reconnaissant pour les autres, c’est admettre que l’on est enrichi par eux : c’est une marque d’humilité.

Au travail, dans l’église, dans la famille, suis-je dans la critique permanente ou dans la reconnaissance ?

Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ.

La reconnaissance et la soumission sont spirituellement liées, car l’attitude de reconnaissance, pour tout ce qui nous est donné et pour les autres, empreinte d’amour et d’humilité, nous prépare à accepter la soumission et l’autorité placée au-dessus de nous. De façon très pragmatique, si je prie pour mon supérieur hiérarchique et que je suis reconnaissant qu’il soit mon chef, j’aurai moins de mal à lui être soumis et à accepter ses directions, conseils ou exigences.

Le principe de la soumission mutuelle est développé ensuite par le biais des cas particuliers de l’épouse, des enfants, des esclaves (applicable en partie aux employés). Le fait même de s’adresser directement aux femmes, aux enfants et aux esclaves, est extrêmement moderne et inhabituel à l’époque de l’apôtre. Ce détail montre que Paul écrit pour tous les temps, qu’il ne se laisse pas influencer par le monde qui l’entoure et qu’il attache une grande valeur à chaque membre de l’église.

Comparons notre texte au paragraphe parallèle de l’épitre aux Colossiens (Col 3.16-4.1). Nous y retrouvons la sagesse, l’exhortation par les psaumes et le chant, le fait de rendre grâce et la soumission avec ses manifestations dans la vie conjugale, dans l’éducation et dans les relations entre maîtres et esclaves. L’apôtre Paul ne commence pourtant pas son paragraphe avec la plénitude de l’Esprit, mais que dit-il ? Que la parole du Christ habite en vous richement (Col 3.16). N’est-ce pas un parallèle qui nous aide pratiquement ? Si la parole du Christ habite en nous richement, nous serons naturellement remplis de l’Esprit, de cet Esprit qui est l’inspirateur de la Parole de Dieu, de la Bible.

Quelques exemples de serviteurs de Dieu dans la Bible dont il est dit qu’ils ont agi dans la plénitude de l’Esprit :

?  Au sujet de Jean-Baptiste, l’ange a annoncé : « Il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu. » (Luc 1.15-16)

Élisabeth fut remplie de l’Esprit saint, et elle s’écria à haute voix et dit (à Marie) : « Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni. » (Luc 1.42)

Zacharie, le père de Jean-Baptiste, « fut rempli de l’Esprit saint, et il prophétisa, en ce mots : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple. » (Luc 1.67-68)

Les chrétiens rassemblés à Jérusalem le jour de la Pentecôte furent tous remplis de l’Esprit saint, et commencèrent à parler d’autres langues (Act 2.4).

Pour sélectionner les diacres, les apôtres dirent : « Frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse. » (Act 6.3)

« Étienne, rempli du Saint-Esprit, et fixant les regards vers le ciel,vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. » (Act 7.55)

Barnabas « était un homme de bien, plein d’Esprit-Saint et de foi. » (Act 11.24)

 Quels exemples stimulants pour rechercher cette plénitude de l’Esprit !


Ce numéro de Promesses est dirigé vers Dieu le Saint-Esprit. Ce Dieu un peu méconnu, qu’on n’adore pas, qu’on ne prie pas, sur lequel les chrétiens ont des vues bien différentes.

Qu’il est bon de se pencher sur la Bible pour connaître un peu mieux celui que le Seigneur Jésus appelle « le Consolateur » ! Il a dit : « Il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement. » (Jean 16.7-8)

C’est lui qui nous a convaincu de péché pour que nous nous tournions vers le Sauveur.

C’est lui qui est la vie divine en nous, qui nous délivre de la puissance du péché, qui créé les bons désirs, qui nous donne cette parcelle de nature divine pour montrer Dieu sur la terre, pour être les mains, les pieds et la voix de Dieu ici-bas.

Ces pages nous présentent sa divinité, sa présence dans la Bible, son œuvre dans les siens, ses dons, ses fruits, son importance primordiale dans la vie chrétienne.

Un beau témoignage rend son action concrète.

Que nous puissions nous laisser toujours plus remplir de sa présence vivante, le laisser prendre le contrôle de nos pensées, de nos actions, afin que notre vie chrétienne soit toujours vivante, toujours nouvelle : une vie qui fasse envie au monde languissant qui nous entoure. « Le Seigneur c’est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. Nous tous dont le visage découvert reflète la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, par l’Esprit du Seigneur. » (2 Cor 3.17-18)


Pour que nous saisissions mieux la nature et l’action de l’Esprit, la Bible utilise des symboles, bien adaptés à notre condition actuelle. Ces images fonctionnent par analogie : l’Esprit est « comme ». Le danger est double : soit on « presse » trop l’image, et on lui fait dire plus qu’elle n’en contient ; soit on la néglige, et on perd la richesse du symbole. Laissons-nous donc « porter » avec sobriété et reconnaissance par les sept images que nous allons examiner, en appliquant chacune d’elles à différents domaines de la vie chrétienne.

1. Le vent

La première image est le vent. Elle vient directement de la signification du mot « Esprit » dans les langues bibliques originales :

– en hébreu, rouah désigne à la fois le souffle (l’haleine), et le vent (l’air en mouvement[note]Voir Job 1.19 et Ps 135.17 pour deux exemples (parmi d’autres) de sens littéral.[/note]) ;

– en grec, pneuma désigne aussi à la fois le vent et la respiration[note]Voir Jean 3.8 et 2 Thes 2.8 pour deux exemples (parmi d’autres) de sens littéral.[/note].

L’immatérialité de l’Esprit saint a conduit naturellement à utiliser ces termes pour le désigner et pour désigner l’esprit de l’homme. De plus, le vent peut souffler d’une force irrésistible : pensons à la puissance d’une tornade ! Ce souffle de l’Esprit est mis en relation avec plusieurs « créations » tout au long de l’Écriture :

La création de l’homme

« L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint une âme vivante. » (Gen 2.7) Par ce souffle de vie propre à la création de l’homme, Dieu distingue cette créature de toute autre. Et ce souffle est celui de son Esprit : « L’Esprit de Dieu m’a créé, et le souffle du Tout-Puissant m’anime. » (Job 33.4) Ainsi, tout être humain reçoit la vie naturelle par l’action directe et puissante de l’Esprit saint.

La nouvelle création

Le Saint-Esprit joue un rôle tout aussi fondamental dans la nouvelle création : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. […] Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. » (Jean 3.5-8) Jésus compare ici directement l’action de l’Esprit à celle du vent. Par cette analogie, il veut illustrer l’immense variété de l’activité de l’Esprit pour conduire quelqu’un à la nouvelle naissance. Les témoignages abondent pour prouver que Dieu a su toucher par son Esprit des personnes au travers de moyens très divers. Loin s’en faut que tous se convertissent grâce à Jean 3.16 ! Aussi, gardons-nous soigneusement de dicter à l’Esprit la façon dont il devrait s’y prendre pour atteindre une âme. Il n’y a pas de schéma-type de conversion.

La création collective de l’Église

« Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. » (Act 2.2) Les 120 réunis ont reçu à ce moment « la promesse du Père » : l’Esprit est venu les habiter collectivement et les a constitués en un seul corps, l’Église de Jésus-Christ (1 Cor 12.13). Le vent accompagnait souvent dans l’A.T. des manifestations divines[note]Voir le grand vent de 1 Rois 19.11-12, le tourbillon de Job 38.1, etc.[/note] C’est bien Dieu le Saint-Esprit qui descend faire sa demeure personnelle dans les croyants.

Comme dans son action individuelle, l’action collective de l’Esprit ne peut pas davantage être enfermée dans nos petits schémas que le vent ne peut être enfermé dans une boîte.

Enfin, le grand bruit souligne la « puissance » de son action (Act 1.8). Cette puissance se montrera dans le développement rapide de l’Église au cours du livre des Actes. Elle est encore active aujourd’hui dans l’Église, soyons-en persuadés !

La création collective du nouvel Israël

Dans une vision saisissante, Ézéchiel perçoit par anticipation le réveil collectif du peuple d’Israël, figuré par des ossements desséchés à qui Dieu redonne vie (Éz 37.9-10). Dieu va un jour agir dans le peuple élu, par le souffle puissant de son Esprit, et Israël se tournera, repentant, vers son Dieu. Il entrera ainsi dans les bénédictions de la nouvelle alliance qui sont déjà les nôtres.

Comme le vent, l’Esprit saint est donc libre, souverain, imprévisible, puissant, actif.

2. L’eau

En l’absence d’eau, toute vie est impossible. Notre besoin d’eau est tellement vital qu’un être humain normalement constitué, sous un climat tempéré, ne peut survivre plus de trois jours à la privation totale d’eau. On comprend alors pourquoi le Seigneur a utilisé l’image de l’eau pour illustrer l’action du Saint-Esprit qui donne la vie et qui l’entretient.

Un symbole expliqué par Jésus

À Nicodème, dans le texte déjà cité de Jean 3.5, Jésus parle de la nouvelle naissance « d’eau et d’Esprit ». Il est très probable qu’il s’agit d’un hendiadys[note]L’hendiadys est une figure de style qui consiste à désigner le même objet ou la même personne par deux mots reliés par « et ». Par exemple : « Voici ma femme et la mère de mes enfants » (mais il s’agit d’une seule et même personne).[/note]; aussi peut-on traduire : « Si quelqu’un n’est né d’eau, c’est-à-dire de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » La nouvelle naissance est opérée dans nos cœurs par l’Esprit, qui vient inonder notre âme et pénètre en nous, comme l’eau est présente dans toutes les cellules de notre corps.

À la femme samaritaine, Jésus dit : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. » (Jean 4.13-14) Non seulement l’Esprit vient à la nouvelle naissance, mais il nous rafraîchit et nous désaltère continûment, en particulier en étant le moyen de notre communion avec Dieu le Père et avec le Seigneur Jésus. Alors que le monde où nous vivons nous dessèche si rapidement et ne nous propose que des « citernes crevassées » (Jér 2.13), c’est l’Esprit qui nous parle des réalités célestes de notre foi et nous les rend présentes dès aujourd’hui (És 44.3). Grâce à lui, nous expérimentons ce qu’est la « vie en abondance ».

À la foule de Jérusalem, Jésus s’écrie : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » (Jean 7.37-38) Non seulement l’Esprit désaltère celui qui croit en Jésus, mais le croyant devient à son tour une source de bénédiction abondante pour d’autres ! Suis-je rempli et abreuvé de cet Esprit au point qu’il déborde ainsi du profond de mon être vers les autres ?

Comme l’eau, l’Esprit saint apporte donc la vie, la bénédiction et l’abondance.

3. L’huile

L’huile était utilisée pour de multiples usages dans l’Antiquité. Dans le peuple d’Israël, elle avait avant tout une fonction sacrée : l’onction d’huile distinguait pour un service particulier les rois (Saül et David portaient le titre « d’oint de l’Éternel »), les sacrificateurs (voir Lév 8) et les prophètes (1 Rois 19.18). Les lépreux guéris étaient aussi oints d’huile (Lév 14.18).

L’onction de Jésus

Homme mis à part pour Dieu par l’Esprit dès le ventre de Marie, Jésus a également reçu l’onction divine lors de son baptême, par la descente du Saint-Esprit sur lui. C’est pourquoi il a légitimement pu s’appliquer la prophétie d’Ésaïe dans la synagogue de Nazareth : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. » (Luc 4.18-21) Pierre rappellera à Corneille : « Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth. » (Act 10.38)

À cette onction terrestre, va succéder l’onction céleste du Fils glorifié : « C’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes collègues. » (Héb 1.9)

L’onction des croyants

À la suite de Jésus, les croyants ont reçu l’onction divine, par laquelle ils sont mis à part pour Dieu : « Celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu. » (2 Cor 1.21)

Nous aussi, pécheurs pardonnés (à l’image du lépreux guéri), nous sommes tous, dans notre petite mesure, « oints » : Dieu nous a distingués pour être sacrificateurs (adorateurs pour Dieu), prophètes (porteurs de la parole divine pour le monde) et rois (un jour avec Christ).

En étendant le sens de l’onction aux diverses fonctions de l’huile à cette époque, nous pouvons dire que :

– comme l’huile qui brûlait dans les lampes pour éclairer (Matt 25), l’Esprit saint nous aide à témoigner (Jean 15.26-27 ; Mat 5.14-16) ;

– comme l’huile qui entrait dans la composition de nombreux mets (1 Rois 17.12-13), l’Esprit saint nourrit ceux qui ont reçu son onction de toute la connaissance de Christ au travers de la Bible (1 Jean 2.20) — et les trois (Jésus, la Parole et l’Esprit) sont « la vérité » ;

– comme l’huile qui servait de médicament (Luc 10.34), l’Esprit saint a une puissance de guérison : c’est lui qui, dans les situations difficiles, face aux blessures de la vie, apporte l’apaisement nécessaire, incline le cœur au pardon, « console » dans le plein sens du terme ;

– comme l’huile sainte qui était à la base du parfum (Ex 30.24), l’Esprit saint est le moyen par lequel nous pouvons rendre un culte à Dieu (Phil 3.3) ;

– enfin, aujourd’hui, et peut-être déjà à l’époque du N.T., nous avons souvent besoin d’ « huile dans les rouages » pour faire fonctionner un mécanisme ; l’Esprit saint agit pour nous permettre de « fonctionner » harmonieusement ensemble, en un seul corps (Éph 4.3-4,16).

Comme l’huile, l’Esprit saint met à part, éclaire, nourrit, guérit, aide.

4. Le feu

Le baptême de feu

Le feu est associé au baptême de l’Esprit : « Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu », annonçait Jean-Baptiste (Luc 3.16).

S’agit-il du même baptême ? Les avis sont partagés. Si le feu est le symbole du jugement éternel (cf. Mat 25.41), le croyant est baptisé dans l’Esprit précisément pour échapper au sort final des pécheurs, la seconde mort, l’étang de feu. Mais le feu peut aussi symboliser la purification dans son sens positif[note]L’absence de conjonction dans le texte original avant « feu » fait pencher vers un seul et même baptême. Le texte pourrait se paraphraser ainsi : « il vous baptisera du Saint-Esprit qui vous purifiera comme le fait le feu. »[/note] Le feu est d’ailleurs la forme que l’Esprit a prise pour venir sur les 120 rassemblés : « Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit. » (Act 2.3-4)

Cette action de purification s’opère déjà lors de la nouvelle naissance : l’Esprit nous convainc de péché (Jean 16.8) : son action porte le fer au plus profond de notre être pour nous faire percevoir notre état de pécheur et produire en nous ce demi-tour vers Dieu.

Tout au long de notre vie, l’action de l’Esprit est efficace pour nous faire discerner et pour ôter ce qui est impropre à sa présence. Écoutons donc la voix de l’Esprit quand il met le doigt sur une dérive dans notre comportement, dans nos pensées, dans nos sentiments. Même si son intervention peut nous paraître aussi sensible qu’une brûlure, soyons assurés qu’il agit pour notre bien, afin que nous participions à la sainteté de notre hôte divin (Jac 4.6).

L’épreuve du feu pour nos œuvres

L’action purificatrice de l’Esprit s’étend aussi à notre service. Juste avant de rappeler que nous sommes le temple de Dieu et que l’Esprit habite en nous, Paul dit aux Corinthiens que leur activité sera éprouvée par le feu (1 Cor 3.13-17). Si l’Esprit est dit « saint », c’est justement parce que son action est incompatible avec un péché ouvertement toléré. Cela est vrai tant pour un individu que pour une église.

Comme le feu, l’Esprit saint purifie, convainc de péché, brûle le mal.

5. La colombe

C’est sous cette forme que l’Esprit s’est matérialisé lors du baptême de Jésus au Jourdain (Marc 1.9-11). La colombe suggère la pureté (à laquelle fait penser le blanc de ses plumes), la douceur, la tendresse. L’Esprit n’est pas seulement une puissance irrésistible, mais également un Esprit d’amour qui console avec douceur.

Le Seigneur demandait aussi à ses disciples d’être « simples comme des colombes » (Mat 10.16). « Simple » signifie « sans artifice », « sans duplicité ». En effet, l’Esprit de sagesse n’est en rien tortueux (Pr 8.8) et il ne trompe pas. C’est d’ailleurs un critère utile pour juger si une action est faite sous son influence ou pas…

Comme la colombe, l’Esprit saint est « simple », doux et pur.

6. Le sceau

Dans l’Antiquité, un souverain apposait son sceau sur les documents officiels de façon à les rendre définitifs. Si l’Esprit est comparé à un sceau, c’est précisément pour indiquer que son habitation en nous est définitive : « En lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis. » (Éph 1.13) Ce sceau signale un acte accompli une fois pour toute et l’Esprit en nous garantit que nous appartenons à Dieu pour l’éternité. Le lien entre Christ et nous est ferme (2 Cor 1.21-22). Quelle assurance ce symbole procure quant à notre salut !

Comme le sceau, l’Esprit saint marque la propriété, donne la sécurité, assure la protection.

7. Les arrhes

Lors d’une transaction, il était (et il est encore souvent) d’usage de verser des arrhes. Il s’agit d’une somme irrémédiablement acquise au propriétaire, en jouissance anticipée de la pleine propriété[note]Le terme utilisé ici ne désigne pas une somme versée par anticipation, mais qui peut être remboursée, si la transaction ne se fait finalement pas. Ce choix montre bien, que quand Dieu s’engage envers nous, il ne se dédit pas.([/note]. Paul utilise cette image pour indiquer que l’Esprit est pour nous un « avant-goût » de « notre héritage » (Éph 1.14). Dans notre condition présente, nous ne jouissons pas encore de tout ce qui sera notre partage éternel au ciel (2 Cor 5.5), mais nous en avons déjà une anticipation grâce à l’Esprit de Dieu dans nos cœurs : « Celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu, lequel nous a aussi marqués d’un sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit. » (2 Cor 1.21-22) Quand nous pensons à tout ce que cet hôte divin est déjà pour nous, que dire de ce qui nous attend quand nous aurons la plénitude de notre héritage ?

Comme les arrhes, le Saint-Esprit nous assure de notre glorification.

 

* * *

 

Grâce à ces sept images (le vent, l’eau, l’huile, le feu, la colombe, le sceau, les arrhes), nous connaissons peut-être un peu mieux l’Esprit de Dieu ; mais le plus important est de le laisser agir en nous pour que, par sa plénitude, nous ressemblions toujours plus à celui qu’il nous révèle : Jésus Christ.

 

 


Peut-on déclarer sa joie en Dieu, alors qu’une grande partie de l’humanité est plongée dans les peines et les pleurs ? Sans parler des fléaux que sont les guerres (parfois même de religions), les famines, les épidémies, etc. Faudrait-il refuser de voir les familles déchirées, les divorces, le chômage, les injustices, les incivilités journalières, les rancunes, les mesquineries et autres méchancetés quotidiennes, la jalousie et l’égoïsme ambiants ? Face à un tel constat, peut-on encore être des chantres de la joie ?

Plus que jamais ! Ceux et celles qui jouissent du don et de la révélation du Fils unique de Dieu, doivent être des ambassadeurs du Dieu bienheureux qui appelle l’humanité à la joie d’être ses bien-aimés enfants.

Que de sujets de joie dans la vie d’un chrétien ! Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont pour lui. La foi en un Dieu vivant et puissant lui a été donnée, l’amour de Dieu a été versé dans son cœur par l’Esprit, et l’espérance d’être à jamais avec Dieu, entourant le Fils, illumine sa vie.

En Dieu, le chrétien né de nouveau trouve un céleste Père qui, bien mieux qu’un père dans la chair, aime et prend soin de ses enfants.

En Jésus, le Fils éternel du Père, le chrétien sait qu’il a un sauveur et un ami qui ne fait jamais défaut, même au sein des circonstances les plus difficiles de la vie.

L’Esprit de Dieu, vient faire sa demeure dans le chrétien pour qu’il vive selon la volonté de Dieu. Et vivre selon cette volonté procure une joie certaine, quoi qu’en pensent ceux qui sont étrangers à la vie divine : « C’est une joie pour le juste de pratiquer la justice. » (Prov 21.15)

« Servez l’Éternel, avec joie. » (Ps 100.2) Ainsi, si nous voulons jouir de plus de joie, il nous faut le servir plus ! Voilà le secret de la joie du chrétien dans un monde d’insatisfactions et de mécontents. À son service, Dieu nous offre plus de joie à goûter et à partager que les riches de cette terre n’en auront jamais dans leurs biens temporels (Ps 4.7). Pour être joyeux et le rester, il faut donc nous tourner vers les intérêts de Dieu et vers ceux de notre prochain, ne pas regarder à soi mais au royaume de Dieu qui est la justice, la paix et la joie, par le Saint Esprit (Romains 14.17).

Oui, mes frères et sœurs en Christ, soyons remplis de joie et du Saint Esprit (Actes 13.52) !


Une enfance chrétienne

Lorsque j’ai accepté Jésus pour mon Sauveur personnel, j’ai été pardonnée de toutes mes fautes passées et à venir, j’ai changé d’identité en devenant une nouvelle personne, une fille de Dieu, et j’ai reçu l’Esprit de Dieu en moi. C’est une belle phrase que je suis capable de dire maintenant, mais qu’il y a encore un an j’aurais été incapable de vraiment comprendre. Ce qui suit est le témoignage de mon vécu avec Dieu, et comment cette année passée à Buffalo (Etats-Unis) a été la meilleure chose qui me soit jamais arrivée.

Mes parents sont des serviteurs de Dieu. Ils nous ont élevés, ma sœur, mon frère et moi, en nous faisant connaître son œuvre. Ils nous ont présentés personnellement à Jésus et nous l’avons tous reçu. Je ne saurais donc pas dire exactement à quel âge et comment s’est passée ma « conversion » : il ne s’agit pas vraiment d’un changement de direction pour moi, étant donné que, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours cru que Jésus s’était sacrifié pour que je sois sauvée.

Il y a eu des petits sursauts dans ma vie avec Dieu (quand je me sentais mal, d’ailleurs) pendant lesquels je me suis mise à le chercher un peu plus. Quand j’ai demandé à être baptisée, par exemple, à l’âge de 18 ans. Mais ces moments de grâce étaient éphémères, et les sollicitations de la vie (comme s’inquiéter pour l’avenir, maintenir mon rang social avec les copines, les études, les garçons, tomber amoureuse, me marier, etc.) reprenaient le dessus. Ma vie de « chrétienne » se limitait à aller à l’église, le dimanche matin, écouter passivement ce qu’on y disait, être émue parfois, m’appliquer à chanter de la façon la plus musicale possible (et m’énerver quand quelqu’un chantait faux). Et attendre la fin du culte pour enfin aller faire ce qu’il y avait d’intéressant : socialiser avec ceux qui me ressemblaient, et ne pas parler à ceux dont la tête ne me revenait pas. Ah oui, il y avait aussi les groupes de jeunes et autres évènements pour les jeunes, où l’on avait plus de chance de passer de bons moments avec des gens de son âge, et où discuter des choses de la Bible était un peu pour moi une façon de m’exprimer, d’échanger avec les autres et d’acquérir de la connaissance. Mais je n’avais jamais, ô grand jamais, compris qui était l’« Esprit saint ».

Une expérience décisive

Et puis, en septembre 2010, avec Christophe, mon mari, nous sommes partis aux États-Unis dans une de ces villes mortes du Nord, pour y passer un an. Pour changer d’air, pour voir autre chose, parce que nous n’étions pas rassasiés. Bien sûr, Buffalo était le dernier de nos choix et le seul disponible sur la liste… On aurait évidemment préféré San Francisco !

En arrivant, on a prié Dieu pour trouver une église, parce qu’on savait que, quand même, c’était important. Alors, on a tapé ‘church + buffalo’ sur Google… La première réponse était : « The church in Buffalo ». On y est donc allés, puis on a essayé plein d’autres églises très différentes, et on est finalement revenu vers la première, même si certaines de leurs façons de faire nous semblaient un peu bizarres. Aujourd’hui, les membres de cette église sont notre famille, et nous les aimons.

Un week-end de février 2011, une conférence pour les jeunes a été organisée par le réseau de cette église sur le thème : « L’appel du chrétien, l’exemple de Paul. » Première conférence. Un jeune d’une trentaine d’année raconte avec beaucoup de force la façon dont Paul a été appelé, avec l’intense lumière, la voix de Jésus qui lui parle directement, et tout et tout. Puis il pose cette question : « Et vous, pensez-vous que tout le monde ici a été appelé par Dieu ? » Heu… non, je n’ai pas l’impression… Des Paul, il n’y en a pas dix-mille, n’est-ce pas ? Mais beaucoup sont montés sur l’estrade et ont donné des témoignages très forts sur leur appel.

Puis, pendant la session en petits groupes qui a suivi, il fallait écrire et lire ensuite à voix haute ce qu’était pour nous le sens de la vie chrétienne, et comment on pensait avoir été appelé par Dieu.

Et là, ce fut le drame. Tous écrivaient, et moi, je n’avais rien à dire. Le blanc total. Pour une simple raison, c’est qu’il n’y avait pas de but dans ma « vie chrétienne ». Et quand vint mon tour de lire mon témoignage, j’ai dû confesser que je ne savais pas. Je me sentais mal, vraiment mal, même si personne ne me jugeait. Toutes ces années sur les « bancs de l’église » à brasser de l’air…

Plus tard, un deuxième jeune prit la parole pour la conférence du soir et lut ce verset : « L’amour du Christ nous étreint, car nous avons acquis la certitude qu’un seul homme est mort pour nous : donc tous sont morts en lui. Et il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort à leur place et ressuscitée pour eux. » (2 Cor 5.14)

En anglais, la première phrase de ce verset donne : « Christ’s love constrains us. » Après avoir lu ce verset, ce jeune commenta : « L’amour de Christ pour toi est tellement fort, qu’il t’étreint, te resserre dans l’espace de ses bras, te contraint en lui. Il t’a acheté à prix fort, et il ne te lâchera pas. Tu ne vis plus pour toi même, mais pour celui qui t’aime et veut que tu reviennes à lui. Voilà pourquoi tu es appelé(e), que tu le veuilles ou non : il est mort pour toi, pas pour que tu prennes ton passeport pour l’éternité et te barres en virée avec tes potes ensuite, mais pour que tu établisses une relation avec lui. Voilà pourquoi il est mort, et voilà ce que cela signifie “être appelé”. Il t’appelle pour que tu parles avec lui. »

Quand l’orateur a eu fini de parler, je suis sortie. J’ai pris une Bible, et j’ai lu le livre des Actes en entier, pour la première fois. Il était très tard dans la nuit. Puis je suis allée m’enfermer dans une pièce, et je me suis dit que soit je laissais entrer Dieu complètement dans ma vie, soit je lâchais tout. Rester au milieu n’était plus possible. Alors j’ai dit à Dieu :

« Mon Dieu… Je suis fatiguée de vouloir gérer ma petite vie toute seule. Rien n’a de sens. Je me perds dans des passions sans lendemain, je dépense mon temps et mon énergie à des choses complètement inutiles. Je me sens nulle. Je ne suis jamais rassasiée. Alors voilà : maintenant je t’ouvre toutes les portes de mon cœur dont j’avais condamné l’accès, et je te laisse entrer partout. Tu peux entrer, s’il te plaît, entre. Au fond, je ne sais pas qui tu es, mais je veux faire connaissance avec toi. »

À ce moment précis, j’ai senti sa présence m’envelopper. J’ai senti une vague immense au milieu de mon être. Et puis j’étais parfaitement en paix. Toute ma peur de l’avenir, tout ce qui était lourd et qui me pesait, toute la culpabilité que je traînais, tout cela avait disparu. J’ai toujours porté la maladie de ma maman comme un fardeau, chaque jour qui passait. J’en étais parfois venue à penser que j’en étais responsable, et j’avais souhaité plusieurs fois prendre sur moi son mal pour alléger sa souffrance — ce qui était complètement absurde et destructeur, et je le savais en plus ; mais je ne voulais pas lâcher, parce que j’aurais eu l’impression de l’abandonner, de la laisser souffrir seule, ce qui aurait fait de moi une misérable. Et là, j’ai compris que Dieu me disait : « Cette maladie, c’est entre ta mère et moi. Lâche l’affaire. Je sais que tu l’aimes, maintenant laisse-moi le soin de m’occuper d’elle : elle est entre mes mains. Fais moi confiance. Toi, tu dois vivre, et j’ai plein d’autres projets pour toi. »

Désormais, je suis libre ! Je me suis sentie légère comme si je venais de perdre vingt kilos… ! C’est comme si, d’un seul coup, je me réveillais d’un long sommeil, et j’ouvrais les yeux pour la première fois. Plein de passages obscurs dans la Bible devenaient clairs. Je me suis mise à voir comment Dieu agissait dans les autres. Je me suis mise à ne plus être énervée à la moindre frustration. Je me suis surprise en train de réagir gentiment quand quelqu’un me vexait. J’ai complètement arrêté de fumer. En fait, j’étais connectée à l’Esprit saint qui était en moi et je le laissais agir, pour la première fois.

Au service !

Il serait trop long de raconter tout ce que Dieu m’a fait vivre, en si peu de temps.

Voici juste un exemple. Trois jours après la conférence, on se rend plein d’entrain à la réunion de prières du mardi soir. Je priais de toutes mes forces avec les autres : « Seigneur, envoie-moi ! C’est génial ce que tu as fait pour moi, je veux te servir ! »

Soudain toute une caserne de pompiers a débarqué sur le parking de l’église : la maison voisine brûlait. 21 personnes, tous réfugiés congolais, se sont retrouvés à la rue. Des frères leur ont proposé de loger dans l’église, puisqu’il y a un grand appartement à l’étage. La Croix Rouge a débarqué et nous les avons aidés pendant deux semaines, jusqu’à ce qu’ils soient tous relogés. Toutes ces personnes étaient à Christ et parlaient français… J’ai donc été sollicitée comme traductrice pour les formalités administratives, pour l’aide quotidienne et pour les réunions de cultes que l’on faisait désormais ensemble. Depuis, avec Christophe, on a pu apporter notre aide à ceux qui en ont besoin pour leurs démarches auprès de l’immigration américaine, et ils sont devenus des amis. Nous leur avons aussi organisé des cours d’anglais.

Dieu a bien entendu ma prière, ça c’est sûr ! « Tu es enfin prête à travailler pour moi ? Regarde, tu peux être très utile ici ! »

Vivre par l’Esprit

Être en relation vivante avec Dieu par l’Esprit, c’est d’abord prendre conscience du potentiel gigantesque en soi : Dieu lui-même est en toi, tu as accès à lui 24 h sur 24. Et c’est la même puissance qui a ressuscité Jésus d’entre les morts (Rom 8.11) !

C’est ensuite lâcher prise et lui donner le contrôle absolu. L’Esprit ne te force pas, il t’attend, pour que tu sois non pas un esclave, mais un partenaire (Jean 15.15).

Enfin, c’est lui faire confiance, et ne pas s’interposer en y rajoutant du sien parce qu’on a peur que ça ne fonctionne pas : on risque de faire des dégâts ! Il gère parfaitement, il est l’Éternel ! « Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, déclare l’Éternel. » (És 55.8) Même si je pense bien faire, je n’ai pas de vue globale sur une situation : Dieu, si. Alors il est mieux placé que moi pour aider quelqu’un ou m’aider moi. « Un serviteur n’est jamais supérieur à son maître, ni un messager plus grand que celui qui l’envoie. » (Jean 13.16, Semeur) Pour ma part, j’ai encore du chemin à faire…


1. Définition d’un don

Un don de grâce, ou « charisme », est une capacité spirituelle donnée d’en haut. C’est plus qu’une aptitude naturelle, bien que le Saint-Esprit remette des talents à chacun selon sa propre capacité (Mat 25.15), de sorte que le Seigneur tient compte des aptitudes naturelles quand il distribue souverainement des dons et des talents pour le service (Éph 4.8) ; mais l’aptitude naturelle seule ne fait pas le don. Il faut absolument qu’il soit conféré par le Saint-Esprit.

En 1 Corinthiens 12, les divers dons sont décrits comme manifestations de l’Esprit. Ils sont vus comme s’exerçant par le Saint-Esprit : « Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. » (1 Cor 12.11) Le Seigneur est le donateur ; mais ici, l’Esprit de Dieu est celui par qui le don est transmis, et celui qui le rend efficace — la puissance par laquelle le Seigneur agit.

Un ministère est l’exercice d’un don spirituel, un service accompli avec une responsabilité envers Christ.

Les fonctions d’anciens et de diacres sont des charges qui sont généralement distinctes des dons, avec un aspect local plus marqué. Toutefois, il faut se garder de trop distinguer les dons des charges : dans la liste des dons en Romains 12, le mot « service » désigne ailleurs la charge du diacre (1 Tim 3.8) ; le mot « présider », « gouverner » en Romains 12.8 est le devoir du surveillant, de « l’évêque » (1 Tim 3.4-5 ; 5.17) ; enfin, être pasteur est un don spirituel (Éph 4.11), mais paître le troupeau est la fonction des anciens (Act 20.27 ; 1 Pi 5.1).

L’important est de ne pas négliger le don que Dieu a donné à « chacun » :

– « Ne néglige pas le don qui est en toi. » (1 Tim 4.14) ;

– « Je t’exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu. » (2 Tim 1.6)

2. Les différents dons

2.1. Les dons fondamentaux

Le N.T. fournit au moins quatre listes de dons. Celle d’Éphésiens 4 est particulièrement importante, car elle mentionne les dons principaux qui édifient l’assemblée : « Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs. » (Éph 4.11)

Les apôtres

Les douze apôtres ont eu, dans l’établissement de l’Église, une place unique qui ne pouvait être transmise à d’autres. Ils étaient des témoins particuliers de la résurrection du Seigneur (Act 1.22 ; 1 Cor 9.1 ; 15.5-8). Dans ce sens, il ne peut donc y avoir de « succession apostolique » après le fondement qu’ils ont établi (Éph 2.20).

En dehors des Douze, la Bible mentionne d’autres apôtres (1 Cor 9.5-6) : Paul (Rom 1.1), Barnabas (Act 14.14), Andronique et Junias (Rom 16.7), Jacques, le frère du Seigneur (Gal 1.19), Silas et Timothée (1 Thes 2.6).

Aujourd’hui, certains missionnaires partis pour implanter de nouvelles églises font un travail qui s’apparente à celui des apôtres.

Les prophètes

Les prophètes du N.T. étaient des messagers directs de la révélation divine (ex : Act 21.10). Maintenant que le canon des Écritures est complet, le prophète remet en lumière la vérité et, par l’action puissante de l’Esprit sur les âmes, applique cette vérité aux circonstances actuelles. Ce don est très utile et Paul encourage vivement son exercice (1 Cor 14.1,3,31-32).

Les évangélistes

L’évangéliste est l’instrument que Dieu emploie habituellement pour amener des âmes à Christ. Tous les croyants ne sont pas évangélistes ; tous pourtant devraient avoir l’amour des âmes et être prêts à diriger un pécheur vers Christ (2 Tim 4.5). Mais ceux qui ont reçu le don d’évangéliste ont une vraie passion pour les âmes ; ils ont appris à présenter l’Évangile, à amener les âmes à la conversion, à distinguer entre détresse vraie et sentiments superficiels, entre réalité et simple profession (voir Act 8 et 21.8).

Les pasteurs

Le mot grec désigne un berger, c’est-à-dire quelqu’un qui procure nourriture et soins aux brebis du troupeau. Le pasteur prend soin du peuple de Dieu ; il veille à ce que les brebis ne s’égarent pas, et il s’emploie à les ramener si elles s’écartent dans l’indifférence ou la mondanité. Il a un cœur compatissant, il apporte la consolation à ceux qui sont dans l’affliction. Il entre dans leurs épreuves et dans leurs problèmes ; il cherche à les ranimer et à les fortifier, donnant conseils, encouragements, répréhensions, en appliquant la Parole selon les besoins de chaque cas1.

Les docteurs

Le docteur a reçu le don de comprendre et de saisir les vérités de la Parole de Dieu et de discerner les divers aspects de la vérité et les nuances de sens. Par la puissance du Saint-Esprit, il est capable d’exposer la vérité et de la communiquer à d’autres de façon claire et convaincante, si bien que l’intelligence et les affections des croyants en sont touchées, et qu’elle opère avec puissance dans leur âme (2 Tim 2.15).

C’est le docteur qui fait face aux enseignements erronés, qui démasque les doctrines fausses et perverses, et qui sauvegarde et délivre ainsi les âmes.

Dans Éphésiens 4, les dons de pasteurs et de docteurs sont liés : tous deux contribuent aux soins du peuple de Dieu.

2.2. Les autres dons

Tous les membres du corps ont reçu par l’Esprit un don pour l’édification du corps de Christ. Chacun a sa place et son service : « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu. » (1 Pi 4.10)

Voici une liste des dons énumérés dans l’ordre dans lequel ils apparaissent dans le texte :

– Rom 12.6-8 : la prophétie, le service, l’enseignement, l’exhortation, la libéralité, la présidence, la miséricorde ;

– 1 Cor 12.8-10 : une parole de sagesse, une parole de connaissance, la foi, les guérisons, les miracles, la prophétie, le discernement des esprits, les langues, l’interprétation des langues ;

– 1 Cor 12.28-30 : les apôtres, les prophètes, les docteurs, les miracles, les guérisons, les secours, le gouvernement, les langues ;

– Éph 4.11 : les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs, les docteurs.

– 1 Pi 4.11 : parler, servir ;

Il existe des recoupements entre ces listes : les dons de prophétie, d’enseignement, d’exhortation, de direction (Rom 12), la parole de sagesse et la parole de la connaissance (1 Cor 12), pourraient sans aucun doute être compris dans les dons de prophète, de docteur et de pasteur d’Éphésiens 4.

Les « dons les meilleurs » sont ceux par lesquels nous pouvons démontrer le mieux notre amour pour les autres et ceux qui édifient tout le corps de Christ. Désirons-les ardemment (1 Cor 12.31 ; 14.12).

2.3 Les dons miraculeux

Plusieurs dons mentionnés en 1 Corinthiens 12, tels que les dons de guérison, l’opération des miracles, et diverses sortes de langues et interprétations des langues, ont accompagné la venue du Saint-Esprit sur la terre, le commencement de la prédication de l’évangile et la naissance de l’Église. Ils ne figurent pas dans la liste des dons d’Éphésiens 4 qui seront donnés jusqu’à ce que l’Église parvienne à «  la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éph 4.11-13).

On pourrait penser, d’après l’utilisation de verbes différents en 1 Corinthiens 13.8 pour les prophéties et la connaissance, d’une part, et pour les langues, d’autre part, que ces dernières « cesseront ». Dans la seconde partie du N.T., il est de moins en moins parlé de miracles2. Ainsi, ces opérations de miracles étaient surtout des dons temporaires faits à l’Église à son début pour confirmer la Parole annoncée : « Le salut annoncé d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté. » (Héb 2.3-4)

Diverses personnes prétendent posséder aujourd’hui de tels dons, mais s’il y manque les vraies caractéristiques de l’œuvre de l’Esprit, nous ne pouvons les accepter comme authentiques3. Plus encore, Jésus et les apôtres ont averti que les derniers temps seront caractérisés par une recrudescence de signes et de miracles. Les croyants sont appelés à veiller afin de ne pas être séduits (Mat 24.24 ; 2 Thes 2.9-10 ; Apoc 13.13-14 ; 16.14 ; 19.20). Sans être trop catégorique, nous concluons que les miracles opérés par l’homme n’arrivent plus avec la même intensité qu’aux jours de l’Église primitive.

S’attendre aux miracles afin que Dieu confirme l’authenticité de sa Parole, pour aider ceux qui sont dans les détresses, pour enlever les obstacles à l’Évangile et pour glorifier Dieu est toujours légitime. Dieu est souverain, et s’il lui plaît d’accorder aujourd’hui les mêmes signes ou les mêmes dons que précédemment, il en est le seul juge. Mais c’est une chose de s’attendre aujourd’hui aux miracles, c’en est une autre chose de les chercher sans cesse.

Des signes peuvent se reproduire sur le champ missionnaire où le témoignage chrétien n’est pas encore établi. Mais là où le témoignage est établi, la nécessité de confirmer la Parole n’a plus la même urgence. De toute façon, les signes et les miracles ne produisent pas la foi (cf. Luc 16.29-31) ; seule la Parole le fait (Rom 10.17).

2.4 Remarques générales

Pour terminer, remarquons que :

– tous les dons ne se manifestent pas à chaque endroit ;

– Dieu se sert aussi de nos dons naturels et de nos désirs et nos aspirations (1 Cor 14.1) ;

– le mot charisma (don de grâce) est lié au mot chara (joie) : l’exercice de nos dons spirituels nous donne généralement une grande satisfaction ;

– la valeur d’un don se mesure à son utilité dans le corps ;

– recevoir un don implique une responsabilité et une disponibilité pour l’exercer, qui ne va pas sans sacrifices.

3. Les ministères

Un don de grâce (charisma) est une aptitude reçue par l’Esprit de Dieu qui doit être reconnue et développée. Le « ministère » est sa mise en œuvre au service du Seigneur et des autres (1 Cor 12.5). Nous pouvons posséder un don sans en exercer le ministère correspondant ou, au contraire, mal assumer un service par méconnaissance des exigences de la Parole.

3.1. Le but des ministères

Les ministères principaux d’Éphésiens 4.11 sont « pour le perfectionnement des saints, en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ » (Éph 4.12). Ils équipent, préparent, rendent aptes au service (katartismos) les autres chrétiens afin qu’ils soient capables d’accomplir leur ministère dans le corps. Ils sont donc essentiellement des formateurs. Ainsi tout le corps croîtra « par l’activité qui convient à chaque partie » (Éph 4.16). La condition est que chaque organe remplisse son office suivant la fonction qui lui a été assignée et selon les forces et capacités qui lui ont été données.

Le corps est vivant au moment où les dons sont mis en action et au moment où les croyants sont mis en relation. La Bible insiste beaucoup plus sur l’importance pour les chrétiens d’acquérir de la maturité en Christ, aussi bien individuellement que collectivement, que sur la recherche des dons. Si quelqu’un accomplit fidèlement les tâches qui se présentent, Dieu peut lui révéler le don qu’il lui a accordé. Le Seigneur rendra son ministère efficace par son Saint-Esprit qui le remplira d’une puissance divine (1 Pi 4.10-11 ; 1 Cor 2.4-5).

3.2. Chaque croyant est appelé à un ministère

En principe, un croyant ne peut pas entrer dans un ministère sans avoir reçu un don, parce que le ministère est un don en exercice. Mais, dans la pratique, nous découvrons souvent notre don au travers d’un service pour le Seigneur. Pour qu’un don devienne un ministère, il faut une volonté de service, c’est-à-dire, une disponibilité.

– Chaque croyant est créé pour un ministère : « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. » (Éph 2.10)

– Chaque croyant a reçu au moins un don pour un ministère : « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu. » (1 Pi 4.10)

– Chaque ministre est dépendant de l’autre : « L’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni la tête dire aux pieds: Je n’ai pas besoin de vous. Mais bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires. » (1 Cor 12.21-22)

– Chaque ministère est nécessaire pour l’édification du corps : « C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans l’amour. » (Éph 4.16)

– Chaque croyant doit rendre compte de son ministère et sera récompensé : « Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage pour récompense. Servez Christ, le Seigneur. » (Col 3.23)

1Signalons que tout pasteur n’est pas nécessairement ancien et que tout ancien n’a pas nécessaire-ment le don de pasteur. L’ancien peut avoir le don de pasteur (1 Pi 5.1-2), d’enseignant (1 Tim 5.17) ou le don de gouvernement (Rom 12.8). Cependant « pasteur » et « ancien » sont souvent rapprochés (Act 20.17,28).
2Dans l’A.T., les miracles n’ont jamais été permanents ; c’étaient des événements exceptionnels ayant lieu au début d’une nouvelle œuvre de Dieu : essentiellement lors de la sortie d’Égypte et de la traversée du désert ; ensuite du temps d’Élie et d’Élisée.<br>
3 Par exemple, les miracles opérés par les apôtres dans le N.T. étaient instantanés, complets, irréfu-tables : le boiteux de naissance marchait (Act 3.7-8 ; 4.16,22) ; le paralytique depuis 8 ans se levait aussitôt (Act 9.33-34) ; la morte ressuscitait (Act 9.41) ; il suffisait de l’ombre d’un apôtre passant sur le lit d’un malade pour que ce dernier soit guéri (Act 5.15), etc. C’est cela, le vrai don de guérison néotestamentaire.

 

 


« Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi ; la loi n’est pas contre ces choses. » (Galates 5.22-23)

Nous examinerons d’abord les différents sens du mot « fruit » et le rôle de l’Esprit en relation avec ces différentes significations ; puis nous examinerons ce qu’évoque l’allégorie du « fruit de l’Esprit » ; enfin nous regarderons brièvement les différents aspects de ce fruit.

A. Qu’est-ce qu’un fruit ?

Considérons trois sens du mot « fruit » :

• organe végétal succédant à la fleur et protégeant la graine ;

• aliment sucré produit par un arbre ;

• au sens figuré : résultat, bénéfice, but (« il récolte le fruit de son travail »).

Un fruit, comme porteur de graines et comme aliment, vise deux finalités évoquées dans le récit biblique de la création :

1. Transmettre la vie et la disséminer (le fruit a le sens de « porteur de graines ») : « Dieu dit : Que la terre produise […] des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. » (Gen 1.11) Le fruit protège les graines, puis les dissémine. Par exemple, une noix de coco flotte, et, en échouant sur un rivage lointain, peut faire germer un cocotier.

Dans un sens figuré, ces graines de vie ainsi semées sur toute la terre évoquent le résultat du travail de l’Esprit : il produit d’abord là où il le juge bon (il souffle « où il veut ») une conviction de péché qui conduit à accepter le salut en Jésus-Christ (Jean 16.8). L’Esprit peut alors transmettre la puissance d’une vie éternelle (Jean 3.5 ; 6.63).

2. Entretenir, fortifier la vie (le fruit a alors le sens d’aliment, de nourriture). Adam a entendu autrefois la voix de Dieu : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin » (cf. Gen 2.16) et depuis, l’homme se nourrit de tous ces fruits délicieux qui désaltèrent et fournissent de l’énergie. De tous ces fruits sans lesquels nous manquerions de vitamine C, nourriture essentielle pour notre santé (entre autres pour éviter la maladie du scorbut !) Non seulement les fruits entretiennent la vie de l’homme, mais ils procurent aussi un plaisir renouvelé par leur immense variété en goût, en consistance, en couleur, en taille, etc.

De même, la vie de l’homme intérieur doit être renouvelée : « Qu’il [le Père] vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur » dira Paul (Éph 3.16). « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit. » (Gal 5.25)

B. L’allégorie du « fruit de l’Esprit »

L’expression « le fruit de l’Esprit » est en relation avec le sens figuré du mot fruit (résultat, bénéfice, but).

L’action de l’Esprit dans le croyant a donc pour « but » les neuf caractères énumérés en Galates 5.22 : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi.

Le choix inspiré du terme « fruit » est magnifique ! Paul reprend le terme que Jean-Baptiste ou le Seigneur lui-même avaient déjà utilisé dans son sens figuré : « Produisez donc du fruit digne de la repentance. » (Mat 3.8) « Tout bon arbre porte de bons fruits » (Mat 7.17)

Un FRUIT

Le fruit de l’Esprit est différent des dons de l’Esprit, lesquels sont accordés à différents chrétiens, à des moments choisis par Dieu (1 Cor 12.7-11). Par contre, le fruit de l’Esprit doit être porté par tous les chrétiens de tous les temps !

Mais ces caractères ne sont pas « portés » d’une façon automatique. Comme pour l’arbre, des conditions sont nécessaires, que le Seigneur précise à ses disciples : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit. » (Jean 15.5)

La fragilité de certains fruits peut évoquer aussi la fragilité de notre relation avec Dieu. Le fruit de l’Esprit pourrait-il disparaître ? « N’attristez pas le Saint-Esprit » enjoint Paul (Éph 4.30). Le contexte de cette exhortation indique comment ne pas attrister cet hôte divin en nous : par une vie droite, honnête, communiquant la grâce, sans amertume, dans un chemin de pardon et d’amour. Paul évoque aussi un cœur disposé à la prière et à la reconnaissance, et l’abstention de toute espèce de mal quand il écrit : « N’éteignez pas l’Esprit. » (1 Thes 5.19)

Comme le sarment de vigne « porte » la grappe de raisin, le chrétien « porte » ces caractères produits par l’Esprit ; le fruit est vu comme le résultat direct de la vie de Christ (la sève) dans le chrétien (Jean 15.1-8).

Nous avons tous, certainement à des degrés divers, des capacités naturelles, mais limitées : par exemple, les uns auront plus de douceur ou de patience que d’autres… L’Esprit saura sans doute utiliser ces capacités, mais fera en sorte qu’elles soient transcendées, et subsistent même au travers d’épreuves trop grandes pour nos forces naturelles.

Un fruit issu DE L’ESPRIT

Il est donc le résultat d’une action surnaturelle de Dieu en nous. Dieu souhaite nous rappeler que les caractères du fruit de l’Esprit sont le résultat, non de nos efforts ou de nos œuvres, mais de la présence du Saint-Esprit en nous.

Paul donne aux Éphésiens une autre description du fruit de l’Esprit (appelé ici le « fruit de la lumière »), qui complète bien celle donnée aux Galates : « Maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. » (Éph 5.8-9) À la liste des neuf caractères du fruit de l’Esprit de Galates 5, s’ajoutent donc la justice et la vérité. (D’ailleurs, l’absence de ces deux caractères aurait été très surprenante !)

UN fruit au singulier, bien que multiple

L’utilisation du singulier suggère non seulement que le Saint-Esprit ne produit qu’une sorte de fruit (il transforme le chrétien pour le rendre semblable à l’image de Christ), mais aussi que le résultat de l’action de Dieu en nous est globale, harmonieuse, équilibrée dans ses effets. Inutile donc de revendiquer une marche juste et vraie, si nous sommes dépourvus d’amour et de bonté, et réciproquement !

Un fruit en contraste avec les ŒUVRES de la chair

Par opposition aux « œuvres de la chair » (Gal 5.19-21), on s’attendrait à l’expression « les œuvres de l’Esprit ». Mais l’apôtre parle du « fruit de l’Esprit » pour montrer l’aspect intérieur du développement de la vie nouvelle, dont la source est l’Esprit de Dieu en l’homme.

Les œuvres sont produites par l’énergie humaine. Le fruit pousse quand la branche reste attachée au cep (Jean 15.5). La différence est comparable à celle qui existe entre une usine et un verger ! Dans le contexte de cette comparaison, les « œuvres » de la chair évoquent une activité fiévreuse alors que le « fruit » de l’Esprit évoque un verger paisible.

C. Les différentes facettes du fruit de l’Esprit

Examinons succinctement tous les aspects de ce fruit :

1. L’amour : En Galates 5.14, nous comprenons que toute la loi est contenue dans un seul commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Nous avons tous besoin de l’œuvre de Dieu dans nos cœurs pour aimer vraiment Dieu, notre conjoint, nos frères et sœurs, etc. Et c’est l’Esprit saint qui va verser dans nos cœurs l’amour même de Dieu (Rom 5.5).

2. La joie : La joie qui subsiste au sein de la souffrance ne peut que découler de la grâce de Dieu, comme celle par exemple de la joie de notre salut (Luc 10.20 ; Ps 51.12).

3. La paix : Elle désigne avant tout la paix avec Dieu. Elle nous est acquise par la foi en Christ (Rom 5.1). Si nous avons trouvé la paix avec Dieu, nous devons, par la puissance de l’Esprit en nous, nous efforcer de vivre en paix avec nos frères et nos sœurs dans l’Église (Rom 14.19) pour que l’unité de l’Esprit soit gardée par le lien de la paix (Éph 4.3) ! De même, cherchons à vivre en paix avec tous les hommes (Rom 12.18).

Ces trois vertus évoquent aussi la confiance en notre Père céleste.

4. La patience : Elle décrit la persévérance dans l’épreuve. Être patient, c’est savoir supporter, attendre, faire preuve de sympathie et de compréhension envers notre frère malgré ses faiblesses et ses péchés (Éph 4.2). En puisant dans la patience dont Jésus a fait preuve à notre égard, usons de patience les uns envers les autres (1 Tim 1.16).

5. La bienveillance : Elle est la disposition d’accueillir favorablement dans son cœur l’autre, tel qu’il est. La bienveillance recherche les occasions de faire le bien envers tous les hommes.

6. La bonté : Être bon, c’est être compatissant et faire du bien à son prochain.

Ces trois vertus de Christ — la patience, la bienveillance et la bonté — conduisent tout naturellement au pardon (Mat 18.21-22).

7. La foi ou la fidélité : Être fidèle, c’est être loyal et fiable dans nos affections, nos pensées, nos engagements. La fidélité et la confiance constituent le fondement sans lequel la société, le couple et la famille ne peuvent subsister !

8. La douceur : Souvenons-nous de ce que dit l’apôtre Pierre : « Un esprit doux et paisible […] est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pi 3.4). La douceur intérieure est synonyme d’humilité. Un homme humble, animé d’un esprit de douceur, ne se préoccupe pas de son honneur (Gal 5.26), mais il se soucie de l’honneur de Christ (Gal 6.1-2).

9. La maîtrise de soi : Cette vertu consiste à placer notre « vieille nature » pécheresse sous le contrôle de l’Esprit et à ne pas accomplir les désirs de la chair (Gal 5.16). C’est aussi la retenue par rapport à la colère, aux paroles, aux désirs, à la passion pour l’argent ou le pouvoir…

Paul souligne la valeur de ces neuf facettes par une litote : « La loi ne condamne certes pas de telles choses. » (Gal 5.23)

D. La maturité du fruit de l’Esprit

Un fruit a besoin de temps pour mûrir. Minuscule au départ, il se développe, croît lentement et arrive progressivement à maturité grâce aux éléments nutritifs apportés par la sève et à l’énergie des rayons du soleil.

De même, le terme « fruit » évoque une action progressive de Dieu en nous. Dieu nous fait cheminer pas après pas, progrès après progrès. « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va croissant jusqu’au milieu du jour. » (Pr 4.18)

Comment savoir si le fruit de l’Esprit en nous est « mûr » ? Quels sont nos critères pour savoir si une pêche est arrivée à maturité ? En la pressant ! N’est-ce pas les circonstances difficiles de la vie qui mettent le plus en relief le fruit de l’Esprit ? Tant que tout va bien, il nous semble facile d’être chrétiens. Le fruit de l’Esprit peut donner l’impression qu’il est arrivé à maturité. Lorsque l’épreuve survient, lorsque nous sommes « pressés », nous savons si le fruit de l’Esprit est réellement mûr ou pas. Comment réagissons-nous lorsque nous sommes confrontés à la calomnie, à l’injustice, à une simple contrariété ? Que sort-il du fruit pressé ? Un jus amer de récriminations ? Un jus d’orgueil blessé, de colère ? Un jus de mépris ? Ou un jus fait d’amour, de joie, de patience, d’humilité ?

E. Les bienfaits du fruit de l’Esprit

Quand nous voyons de beaux fruits sur un arbre ou sur l’étalage d’un marché, nous sommes attirés par eux. Ce fut l’expérience de Salomon : « Ce qui attire dans un homme, c’est sa bonté. » (Pr 19.22, Darby) Le fruit de l’Esprit que nous pourrons porter (souvent à notre insu) non seulement nous fera du bien, mais aussi sera bénéfique pour nos proches (notre conjoint, nos collègues de travail, nos frères et sœurs dans l’église, etc.). « Le fruit que porte le juste est un arbre de vie » (Pr 11.30, Semeur). Autrement dit, tout ce qui procède du juste (paroles et actions) est salutaire à ses proches. Quel encouragement pour nous !

F. Un fruit durable

Jésus l’évoque : « C’est moi qui vous ai choisis ; je vous ai donné mission d’aller, de porter du fruit, du fruit qui soit durable. » (Jean 15.16, Semeur) Le bon fruit porté aujourd’hui a produit des conséquences pour l’éternité ! L’habit de toile fine de l’Épouse, dans le ciel, sera constitué des « œuvres justes des saints » (Apoc 19.8) !

L’apôtre Paul dit aussi : « Le fruit que vous portez, c’est une vie sainte, et le résultat auquel vous aboutissez, c’est la vie éternelle » (Rom 6.22, Semeur) et nous paraîtrons devant lui « chargés d’œuvres justes, ce fruit que Jésus–Christ aura produit en vous, à la gloire et à la louange de Dieu. » (Phil 1.11, Semeur)

Conclusion

Pour paraphraser une publicité qui vantait les bienfaits d’un yaourt bio, on pourrait dire, à la suite de la description que Paul fait du « fruit de l’Esprit » : « Ce que l’Esprit fait dans votre être intérieur se voit à l’extérieur ! »

L’expression « le fruit de l’Esprit » indique une action :

– surnaturelle de Dieu,

– globale, touchant tout l’être, harmonieuse, équilibrée dans ses effets,

– progressive tout au long de la vie,

– tranquille, paisible, attirante

Que Dieu nous aide à pouvoir dire à notre bien-aimé Sauveur qui vient bientôt : « Tous les fruits exquis [dans ma vie avec toi], nouveaux et anciens : mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi ! » (Cant 7.13, Darby)


Le Seigneur Jésus-Christ a donné à ses disciples l’assurance qu’il leur enverrait l’Esprit saint : « Quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement. » Il a aussi expliqué que « l’Esprit de vérité […] [les] conduira dans toute la vérité […] Il [le] glorifiera » (Jean 16.8-14). Parmi ses dernières paroles, en leur confiant une importante mission, le Seigneur Jésus donne une garantie à ses disciples : « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins […] jusqu’aux extrémités de la terre. » (Act 1.8) Du jour de la Pentecôte à aujourd’hui, le Saint-Esprit est intimement mêlé à la vie de chaque croyant et à l’édification de l’Église de Jésus-Christ. Travailler à l’œuvre du Seigneur sans la puissance de l’Esprit saint est aussi absurde que de vouloir coudre un vêtement sans fil. Même un travail conduit avec abnégation et esprit de sacrifice n’obtiendra, à la fin, aucun résultat durable. Aussi est-il primordial de savoir si nous avons vraiment l’Esprit et comment il peut agir pour nous remplir et nous guider.

L’Esprit saint vit-il en moi ?

Quand l’Esprit saint entre-t-il dans la vie d’une personne ? En qui demeure l’Esprit saint ? Comment puis-je savoir si j’ai l’Esprit saint ? Le livre des Actes rapporte le processus historique de transition entre le judaïsme et l’établissement de l’Église. Il s’y produisit différents événements uniques qui ne se répètent pas systématiquement. En contraste, les Épîtres sont didactiques et laissent des enseignements pour tous les âges. Dans les Actes, quatre passages relatent des événements au cours desquels des personnes reçoivent le Saint-Esprit :

Actes 2 : les croyants juifs le jour de la Pentecôte

Cet événement historique unique a marqué la naissance de l’Église. L’Esprit saint est descendu sur les croyants juifs rassemblés. Ils ont reçu de la puissance et ont parlé en langues de telle manière que les Juifs de différentes parties du monde, en visite à Jérusalem, entendaient le message, chacun dans sa propre langue.

Actes 8 : les Samaritains (moitié juifs, moitié païens)

Ils ont reçu le message par Philippe et plus tard, quand l’apôtre Pierre est arrivé, ils ont reçu l’Esprit saint. Notons que, lors de cet événement, rien n’est dit sur le parler en langues.

Actes 10 : les non-Juifs dans la maison de Corneille

Quand ils ont entendu l’Évangile de la bouche de l’apôtre Pierre, ils ont reçu le salut et l’Esprit saint. Ils ont reçu le don de parler en langues comme signe que Dieu a accepté également les non-Juifs pour faire partie de son Église (Actes 11.15-18).

Actes 19 : les disciples juifs de Jean-Baptiste, à Éphèse

L’apôtre Paul les interrogea : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit, quand vous avez cru ? » (Act 19.2) Il faut noter que recevoir l’Esprit de Dieu au moment de la conversion était normal. Ces personnes n’étaient pas chrétiennes avant de rencontrer Paul. C’étaient des croyants comme ceux de l’Ancien Testament, comme une minorité résiduelle dans une période de transition.

L’apôtre Pierre a donc utilisé ses « clefs » du royaume, premièrement en Actes 2 en inaugurant l’Église parmi les Juifs, ensuite en Actes 8 en ajoutant les Samaritains à l’Église et, pour finir, en Actes 10, en ouvrant la porte du salut aux nations. Actes 2 est un commencement. Actes 8 et 10 sont une transition. Actes 19 présente un groupe de Juifs en dehors de l’actualité (ils n’avaient pas entendu parler de l’Esprit saint). En Actes 2 et 8, des personnes reçoivent le Saint-Esprit après leur conversion. En Actes 10 et 19, elles reçoivent le Saint-Esprit au moment de leur conversion. Ce dernier cas est le modèle pour les chrétiens aujourd’hui. C’est ce que confirment les Épîtres.

Quand une personne devient chrétienne en croyant ce que l’Écriture dit du Seigneur Jésus, elle reçoit également le Saint-Esprit : « après avoir entendu la parole de la vérité, […] en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit. » (Éph 1.13) La Bible n’envisage pas la possibilité qu’un chrétien n’ait pas l’Esprit saint ; voilà pourquoi l’apôtre Paul affirme : « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. » (Rom 8.9) Jésus-Christ lui-même enseigne que tout croyant a l’Esprit saint (Jean 7.38-39).

Quelques croyants à Corinthe ne savaient pas (ou avaient oublié) que l’Esprit saint vivait en eux ; c’est pourquoi l’apôtre Paul les interroge : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? » (1 Cor 6.19) Sans qu’ils l’aient demandé, même sans qu’ils le sachent, l’Esprit saint demeurait déjà en eux. Les écrits du N.T. prennent pour acquis que Dieu a donné son Esprit à tous les croyants1.

Le chrétien n’est pas exhorté/invité à demander l’Esprit saint. Dieu promet de donner son Esprit à celui qui croit. Si Dieu dit que l’Esprit saint habite dans chaque croyant, il suffit de le croire et d’accepter sa Parole avec foi.

Me manque-t-il le baptême du Saint-Esprit ?

Sept mentions du baptême du Saint-Esprit

Nous trouvons sept fois l’expression « baptême du Saint-Esprit » dans le Nouveau Testament. C’est en étudiant ces citations que nous comprendrons le sens de l’expression :

– Elle est utilisée quatre fois par Jean-Baptiste en référence au ministère de Jésus : Matthieu 3.11, Marc 1.8, Luc 3.16 et Jean 1.33 ;

– Elle est utilisée une fois par le Seigneur Jésus qui se réfère à la prophétie de Jean-Baptiste (Act 1.5-8). Il explique dans ce passage que l’événement « baptisés du Saint-Esprit », s’accomplira « dans peu de jours », c’est-à-dire lors de la fête de la Pentecôte rapportée en Actes 2 ;

– Elle est utilisée une fois par l’apôtre Pierre en Actes 11.15-16. Il cite ici les paroles du Seigneur Jésus en Actes 1.15 et montre que, désormais, les non-Juifs (la maison de Corneille) sont également bénéficiaires de l’événement inaugural du baptême de l’Esprit saint, comme les Juifs le jour de Pentecôte, « au commencement » de l’Église ;

– La septième et dernière référence est faite par l’apôtre Paul en 1 Corinthiens 12.13 : « Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul esprit. » L’église à Corinthe était formée de croyants matures et immatures, spirituels et charnels, et même ainsi l’apôtre affirme que tous avaient été baptisés.

En conclusion, le baptême du Saint-Esprit est l’événement initial accompli le jour de Pentecôte quand le divin Esprit a été répandu sur les croyants. Ce baptême a uni ce jour-là tous les croyants en un seul corps et a marqué le début de l’Église de Jésus-Christ.

Quand un pécheur se repent et se soumet à Christ, il devient aussitôt participant du baptême du Saint-Esprit — il reçoit en lui le Saint-Esprit — qui l’introduit dans l’Église, le corps de Christ. C’est pourquoi tout croyant peut affirmer avec certitude : « J’ai été baptisé de l’Esprit saint ! » Quand ? « Le jour de ma conversion. »

Baptême et plénitude

Il n’existe pas un seul cas où nous soyons exhortés à chercher ou à demander le baptême du Saint-Esprit. Par contre, nous devons chercher à être remplis de l’Esprit saint.

Vivre dans la plénitude de l’Esprit (en d’autres termes, « être rempli de l’Esprit ») est la même chose que « marcher selon l’Esprit » (Gal 5.16,25) et que « rendre culte par l’Esprit » (Phil 3.3). La conséquence d’être contrôlé par le Saint-Esprit, ou rempli de lui, ne se manifeste pas dans des attitudes curieuses, des sauts, des bruits ou par la réception subite de dons extraordinaires. La plénitude de l’Esprit saint se démontre par un caractère moral régénéré et par une vie de sainteté. Comment a-t-on su que les sept hommes en Actes 6 étaient remplis de l’Esprit ? Par la manifestation du fruit de l’Esprit dans leurs vies. Les caractéristiques d’une vie pleine de l’Esprit de Dieu sont énumérées en Galates 5.22-23. Personnellement, comment est-ce que je vis ? Est-ce que je cherche la direction de l’Esprit dans mes décisions et mes choix ? Est-ce que je lui laisse le contrôle de ma vie ?

L’exemple des croyants à Corinthe

Cette église était marquée par trois caractéristiques, vraies pour toute église :

– L’Esprit saint habitait dans tous les croyants (1 Cor 6.19) ;

– Tout croyant avait été baptisé par l’Esprit (1 Cor 12.13) ;

– Tout croyant avait reçu au moins un don (1 Cor 1.4-7 ; 12.7).

Toutefois, l’apôtre classait ces croyants en croyants charnels et croyants spirituels (1 Cor 3.1-3). Les uns et les autres avaient reçu l’Esprit, avaient été baptisés par l’Esprit. Le croyant charnel est celui qui ne se laisse pas conduire par l’Esprit, c’est-à-dire qui n’est pas rempli de l’Esprit.

Ce qui montre qu’un croyant est rempli de l’Esprit, ce ne sont pas ses dons (tout croyant possède au moins un don), mais sa manière d’être, son caractère transformé, la vie de Christ manifestée dans sa vie quotidienne.

Suis-je un chrétien spirituel ?

Toute personne née de nouveau est une nouvelle création (2 Cor 5.17). Notre position change devant Dieu. Nous devenons « saints » et commençons une vie « spirituelle » comme enfants de Dieu. Cependant, un chrétien qui ne serait pas attentif à sa vie devant Dieu deviendrait un chrétien charnel s’il recommençait à se comporter comme avant sa conversion. Comment reconnaît-on un chrétien spirituel ?

Être un chrétien spirituel ne réside pas dans le fait d’avoir eu une « expérience spirituelle ». C’est un processus, un changement continu dans sa manière de vivre. L’apôtre Paul disait : « Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais je cours […] je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but. » (Phil 3.12-14) Un homme spirituel, une femme spirituelle, est une personne consciente de sa faiblesse et de son péché et qui désire de tout son cœur être comme Jésus-Christ. La seule méthode est : « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » (Gal 5.16) Jésus-Christ a enseigné que les fruits démontrent la réalité et la qualité de la vie : « Tout bon arbre produit de bons fruits. » (Mat 7.17) Comment sait-on qu’un croyant est spirituel ? Il montre le fruit de l’Esprit dans sa vie !

Comment suis-je guidé par l’Esprit ?

Jésus-Christ a dit à ses disciples : « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. » (Jean 16.13) L’Esprit saint désire guider tout chrétien et pas seulement certains d’entre eux.

Être guidé par l’Esprit est un style de vie : nous devons rechercher la direction de l’Esprit saint, non seulement dans des moments particuliers, mais aussi dans toutes nos décisions, grandes ou petites, personnelles, familiales ou d’église : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit. » (Gal 5.25)

La direction de l’Esprit n’est pas automatique : nous avons le devoir de ne pas contrister le Saint-Esprit (Éph 4.30) et de ne pas l’éteindre (1 Thes 5.19) par une vie superficielle ou désordonnée. Nous avons l’ordre de « marcher selon l’Esprit » (Galates 5.16,25). Avec quel sérieux recherchons-nous la direction du Saint-Esprit ? Avant de prendre des décisions, avant de planifier des études, avant d’accepter un nouveau travail, avant de chercher une fiancée, avant de faire une visite, etc., demandons à Dieu qu’il nous dirige par son Esprit. Soyons des instruments purs, souples et utiles dans ses mains. Ainsi, Dieu pourra répandre sa bénédiction sur notre vie et notre ministère. Il n’y a aucun doute : le Saint-Esprit désire nous guider sans cesse.

De plus, le Saint-Esprit agit et guide toujours en harmonie avec la Parole de Dieu. Il est donc nécessaire d’étudier la Parole. Un but saint et biblique ne justifie pas qu’on cherche à l’atteindre en utilisant des activités ou des moyens en opposition avec la Parole de Dieu. Quand l’Esprit guide, l’objectif comme la réalisation sont en harmonie avec les Saintes Écritures.

1 Voir également 1 Thes 4.8 et 1 Jean 3.24 ; 4.13.