PROMESSES

I. Introduction

Dans les Évangiles, nous lisons que Jésus avait un père terrestre, Joseph, dont la présence n’est pas mentionnée après la petite adolescence. Ce silence ne prouve rien, mais beaucoup supposent que Joseph est décédé alors que ses enfants étaient encore jeunes. Malgré cela, ses enfants sont devenus des gens extraordinaires : sans parler de Jésus, Jude et Jacques ont écrit des parties du Nouveau Testament.

Une situation fréquente

En France, « en 2005, 17,7 % des enfants de moins de 25 ans vivent dans une famille monoparentale, contre 7,7 % en 1968. » 1 Cette situation a longtemps été considérée comme embarrassante : parler d’une mère seule impliquait beaucoup de sous-entendus ; aujourd’hui elle est considérée comme normale.

De telles familles sont dans cette situation suite à un décès, un divorce, ou par l’abandon fréquent d’un parent.

Comment vivre cette situation

La Genèse nous présente l’histoire de la famille d’Abraham (dont le nom est Abram avant que Dieu ne le change).

En Genèse 15.1-6, Dieu promet à cet homme une grande récompense, un grand héritage. Mais Abram se dit : À quoi cela peut-il servir, puisque je n’ai pas d’héritier, ma femme Saraï ne pouvant pas enfanter ? Alors Dieu lui promet un héritier « issu de ses entrailles », bien qu’Abram ait presque 80 ans, et sa femme presque 70 ans.

Le temps passe, et Dieu n’accomplit toujours pas sa promesse. Abraham arrive à presque 90 ans et Saraï, qui en a presque 80, se dit : « Peut-être faut-il que l’on accomplisse cette promesse autrement. » Ils avaient une servante, et Saraï donne un mauvais conseil à son mari : elle lui propose de coucher avec cette servante pour obtenir d’elle la descendance promise. Abram suit ce conseil et va auprès d’Agar qui devient enceinte, mais aussi très fière de sa maternité.

Un conflit éclate avec sa maîtresse. Excédée, Saraï la renvoie. Agar part seule au désert. Dieu intervient une première fois en disant : « Reviens auprès de Saraï ; j’ai un plan pour toi. » Elle nomme l’endroit où Dieu lui a parlé « le puits du Vivant qui me voit » (Gen 16.4-16).

Il est encourageant de remarquer que Dieu voit, quelle que soit la profondeur de la détresse. Agar, qui se sépare une première fois du foyer, n’est pas abandonnée de Dieu ; lorsque Dieu vient vers elle, elle reconnaît que celui qui voit a vu ! Agar accouche d’un enfant, Ismaël, qui concurrencera l’enfant de la promesse, Isaac.

La promesse s’accomplit enfin ! À 100 ans, Abraham donne un fils à Saraï, âgée de 90 ans. Elle se dit qu’elle va être « la risée de tout le monde » ! Ce fils est appelé Isaac, un nom qui signifie « il rit ».

II. Un monde brisé (Genèse 21.8-11)

« L’enfant [Isaac] grandit, et fut sevré ; et Abraham fit un grand festin le jour où Isaac fut sevré. Sara vit rire le fils qu’Agar, l’Égyptienne, avait enfanté à Abraham ; et elle dit à Abraham : Chasse cette servante et son fils, car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac. Cette parole déplut fort aux yeux d’Abraham, à cause de son fils. » (Gen 21.8-11)

On constate que le monde d’Agar était brisé, comme dans beaucoup de situations de vie aujourd’hui. Cette situation aurait pu être évitée s’il y avait eu plus de pitié, plus de confiance en Dieu de la part d’Abraham.

Nous voyons à travers cette histoire que les familles monoparentales sont parfois victimes de ces situations. Ceci est vrai même en cas de décès d’un des parents, car la mort ne fait pas partie de l’ordre créationnel. La Bible dit que  « le salaire du péché, c’est la mort » (Rom 6.23). Cela ne signifie pas qu’une personne qui meurt paie directement son propre péché, mais que le monde entier est soumis à la loi du péché qui conduit inexorablement à la mort, et à de telles souffrances.

Lorsque ce n’est pas un jugement général, cela peut parfois être une situation liée au péché d’égoïsme. L’abandon du foyer par un père ou une mère a des conséquences tragiques.

Mais Dieu est rempli de grâce : Dieu change l’égoïsme de Sara pour apporter une bénédiction à ce foyer.

Mieux vaut construire sur un fondement solide qui ne change pas avec les circonstances : Jésus-Christ. Lui est capable de nous garder, même dans les circonstances difficiles.

Bâtir sagement, c’est bien sûr réaliser la part d’ombre et d’égoïsme qui nous habite et refuser de la laisser s’exprimer. Abraham n’aurait pas dû écouter Sara, il aurait dû avoir confiance en Dieu. Assumer ses responsabilités de père. Prenons garde à la manière dont nous bâtissons. Nos erreurs et nos fautes peuvent avoir des conséquences qui nous poursuivent toute notre vie, et même au-delà.

III. Un Dieu constructeur (Gen 21.12-21)

À partir du verset 12, nous voyons combien Dieu souhaite changer cette situation pour y amener une bénédiction. Dieu est le seul capable d’utiliser les « ordures » du monde pour en faire des trésors, d’utiliser nos erreurs pour en tirer des grâces.

Dieu s’occupe d’Agar (21.12-19)

« Mais Dieu dit à Abraham : Que cela ne déplaise pas à tes yeux, à cause de l’enfant et de ta servante. Accorde à Sara tout ce qu’elle te demandera ; car c’est d’Isaac que sortira une postérité qui te sera propre. Je ferai aussi une nation du fils de ta servante; car il est ta postérité. Abraham se leva de bon matin ; il prit du pain et une outre d’eau, qu’il donna à Agar et plaça sur son épaule ; il lui remit aussi l’enfant, et la renvoya. Elle s’en alla, et s’égara dans le désert de Beer-Schéba. Quand l’eau de l’outre fut épuisée, elle laissa l’enfant sous un des arbrisseaux, et alla s’asseoir vis-à-vis, à une portée d’arc ; car elle disait : Que je ne voie pas mourir mon enfant ! Elle s’assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix et pleura. Dieu entendit la voix de l’enfant ; et l’ange de Dieu appela du ciel Agar, et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l’enfant dans le lieu où il est. Lève-toi, prends l’enfant, saisis-le de ta main; car je ferai de lui une grande nation. Et Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d’eau ; elle alla remplir d’eau l’outre, et donna à boire à l’enfant. »

Agar est seule, comme veuve, et Ismaël devient presque orphelin. C’est un jeune homme sans père. La Parole de Dieu se soucie de la veuve et de l’orphelin :

– « L’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point de favoritisme et qui ne reçoit point de présent, qui fait droit à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’étranger et lui donne de la nourriture et des vêtements. » (Deut 10.17-18)

– « Lorsque tu auras achevé de lever toute la dîme de tes produits, la troisième année, l’année de la dîme, tu la donneras au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve ; et ils mangeront et se rassasieront, dans tes portes. » (Deut 26.12)

– Dieu promet qu’il sera un père pour les orphelins (Ps 10.14-18 ; 68.5-6). Dieu est capable de compléter les absences d’un père ou d’une mère.

Êtes-vous parent seul ? Connaissez-vous des parents seuls qui sont dans le désespoir ? Avez-vous un sentiment d’isolement, l’impression qu’il n’y a plus rien à faire ? C’est exactement ce qu’Agar ressentait : elle était seule, désespérée, son enfant était en train de mourir de soif. Ne voulant pas voir le décès de son fils, elle s’en va, pensant qu’il n’y a plus rien à faire.

Pourtant, le « Dieu-qui-voit » exhorte cette jeune femme : « Lève-toi, prends l’enfant, saisis-le de la main… »

Il y a un moment où il faut pleurer pour ce que l’on a perdu. Mais il y a un autre moment où il faut choisir de se lever, de regagner la réalité de la vie et de cheminer vers des solutions.

Dieu s’occupe de l’enfant (21.20-21)

« Dieu fut avec l’enfant, qui grandit, habita dans le désert, et devint tireur d’arc. Il habita dans le désert de Paran, et sa mère lui prit une femme du pays d’Égypte. »

Dieu a su bénir et garder l’enfant d’Agar. Le reste des Écritures nous apprend qu’il devint le père de douze princes. Dieu a su prendre soin et écouter les prières de cette femme.

Même dans le cas d’une famille monoparentale, Dieu est capable de soutenir et de faire d’un enfant abandonné par un père ou par une mère une personne pleinement épanouie.

IV. Quelques applications

Voici quelques éléments utiles pour des familles qui se trouvent dans cette situation :

Pour le papa et la maman :

?  Veillez à ne pas vous laisser envahir par l’amertume, car elle ronge les os et ne donne aucune solution (cf. Prov 14.30).

 On peut vivre des années dans l’amertume et connaître la même tristesse. Il faut la rompre par le pardon que l’on offre à celui ou celle qui nous a offensé(e). Il faut accepter que Dieu ait un plan qui dépasse notre compréhension.

Agar n’avait aucun moyen de savoir que Dieu allait la bénir, et dans ce moment-là, elle était effondrée. Pourtant, elle pouvait placer sa confiance en Dieu en disant : « Je ne comprends pas, mais je veux te faire confiance », et Dieu est intervenu.

De plus, l’amertume se communique aux enfants, et les marquera toute leur vie.

?  Être pris de remords, non plus, n’arrange rien. Là encore, il faut demander pardon pour ses propres fautes. En Christ, Dieu donne sa grâce en abondance à celui dont le cœur est brisé, et qui reconnaît ses erreurs (Col 2.13-14 ; 1 Jean 1.9).

Un autre danger est la crainte de discipliner : les enfants ont tellement souffert que l’on ne veut plus les éduquer, on veut avoir un enfant pour le plaisir et plus pour l’éducation. Pourtant, un parent seul a les mêmes devoirs qu’un autre !

 Jim Elliot, missionnaire en Équateur, a été accueilli par les flèches des Indiens et il en est mort. La première réaction de sa femme qui avait des enfants a été de dire : « Seigneur, donne-moi la force d’être père et mère à la fois. » Dieu peut donner cette force, à la fois dans la discipline et la tendresse.

Pour les enfants

?  Il est nécessaire de développer la communication, car un enfant développe vite une fausse culpabilité, il se sent responsable de ce qui s’est passé. Il a besoin d’être sécurisé, plus particulièrement dans ce domaine-là.

Il peut également vivre un sentiment de rejet, peut-être même a-t-il entendu dire qu’il était un enfant illégitime. La Bible dit qu’il n’y a pas d’enfant illégitime. Le Psaume 139 nous montre que notre Dieu a voulu chaque naissance. Chaque enfant a fait l’objet d’une pensée éternelle et aimante de Dieu. « Éternel ! tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée ; tu sais quand je marche et quand je me couche. […] C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. » (Ps 139.1-3,13-14)

 

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Les dangers des pratiques occultes

Les pratiques occultes font courir deux risques : la « démonisation » et l’influence démoniaque.

La « démonisation »

Le terme « démonisation » me semble préférable au terme usuel de « possession », car selon la Bible, Dieu seul possède tout (Deut 13.14 ; 1 Chr 29.11-12, 1 Cor 10.26). Le diable ne possède rien d’autre que ce qu’il a voulu usurper. De plus, les deux expressions grecques les plus fréquentes signifient être démonisé (daimonizomai) et avoir un démon (echon daimonion).

Une personne « démonisée » (Luc 11.24-26) semble avoir trois caractéristiques :

– le démon la contrôle (de manière occasionnelle ou constante) : il peut la saisir (Mat 8.28), la pousser (Marc 9.18), etc. ; – le démon a accès à l’intérieur de la personne (cf. les verbes « sortir » en Luc 8.2 ; Act 16.18) ;

– la personne alterne des périodes de lucidité et d’autres où elle est sous contrôle (cf. Mat 17.15).

Essai d’identification des causes

Il n’est pas évident de se prononcer très clairement à ce sujet :

– Dans les Évangiles, la plupart des démoniaques viennent de régions où l’idolâtrie est importante. Une culture imprégnée d’occultisme formerait un environnement particulièrement propice. Serait-ce la raison des mises en garde si sérieuses de l’A.T. (Deut 18.9-14 ; Lév 19.26) ?

– D’un côté, Jésus n’a jamais reproché à quelqu’un d’être démonisé (contrairement à certains malades, à qui il a dit : « Va, et ne pèche plus »). Ce qui montre que la personne est plutôt victime que participante volontaire. Cela pourrait expliquer pourquoi dans une famille marquée par l’occultisme un enfant peut naître avec la présence d’un démon (cf. Marc 9.21).

– D’un autre côté, il semble exister des situations où la personne est pleinement responsable de son état (Act 5.1-4), puisqu’elle est appelée à ne pas faire de la place au diable (Éph 4.27), à se repentir pour être libre (2 Tim 2.25-26), et à ne pas « fréquenter » les puissances démoniaques (1 Cor 10.20). Par le péché, par des pratiques interdites, un individu peut contracter un lien avec une puissance céleste néfaste.

L’influence démoniaque

Il existe une autre forme d’influence par les démons. Selon Éphésiens 2.1-3, par nature, nous sommes tous plus ou moins sous l’influence du diable.

Aux Corinthiens, Paul écrit : « Mais ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons et non à Dieu ; or je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. » (1 Cor 10.20) Paul parle à des chrétiens : il y a donc une forme d’influence possible.

À Colosses, les spiritualités dévoyées de type initiatique exerçaient aussi une influence dommageable sur les chrétiens, en séduisant leurs pensées par des philosophies ou des théologies trompeuses.

À Thyatire, des déviances morales ou un manque de profondeur spirituelle semblent être liés à l’œuvre de démons (Apoc 2.20-22).

Il existe donc une forme d’influence, plus ou moins forte, plus ou moins manifeste, dont il faut avoir conscience.

La notion de victoire

L’Évangile déclare la victoire sur les démons :

– par la victoire complète et absolue du Christ qui « a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. » (Col 2.15)

– par la promesse que Christ bâtirait son Église sans que les portes du séjour des morts, lieu d’autorité démoniaque (cf. Héb 2.14) ne puissent s’opposer (Mat 16.18) ;

– par la délivrance qui résulte de la conversion : « Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1.13) ;

– par la position des chrétiens assis avec Christ au-dessus de toute autorité (Éph 1 ; 2) ;

– par l’intercession du Fils de Dieu et de l’Esprit de Dieu ;

– par la promesse qu’il est capable de nous préserver (Jude 24-25).

Je dois m’appuyer sur la vérité objective et théologique que Christ est vainqueur et que le chrétien est vainqueur par son association à Christ. Néanmoins cette victoire doit être enseignée et appliquée. En cela, sa réalisation pratique connaît des degrés de réussite divers.

L’exemple d’Éphèse (Actes 19)

Le contexte religieux1

L’histoire antique nous rapporte deux aspects particuliers du climat spirituel d’Éphèse :

– La vénération d’Artémis : Elle est adorée comme protothronia, c’est-à-dire suprême en rang et puissance. Ceux qui l’invoquaient la considéraient comme Sauveuse (Soteira), Seigneur (Kuria), et Reine du Cosmos (Basileia kosmou). Elle était la déesse céleste. Il y a un lien marquant entre Artémis et Cybèle, la Déesse Mère de Phrygie.

– L’utilisation de formules magiques : Les Ephesia grammata étaient six formules magiques censées apporter la guérison, protéger des démons, renouveler ses capacités sexuelles, etc. Ces formules étaient invoquées, ou inscrites sur des amulettes. Le lien est très fort entre la magie et Arte´mis. On est proche du mana des sociétés animistes. À ceci s’ajoute l’astrologie dont les signes ornementaient les images de la déesse. La littérature antique recense la sensation explicite à Éphèse d’une ville infestée de démons, où des endroits particuliers servent à leur rassemblement. Voilà le contexte dans lequel les gens vivaient quand Paul arrive avec l’Évangile.

Les débuts de l’Église à Éphèse

Paul rencontre des disciples de Jean-Baptiste (19.1-7), puis exerce un ministère dans la synagogue pendant trois mois et dans l’école de Tyrannus pendant deux ans (19.8-12). Pendant cette période, Paul effectue des miracles « extraordinaires » qui ne sont pas sans rappeler les Ephesia grammata. C’est comme si le Seigneur en prenait le contrepied par des moyens dérisoires, comme les mouchoirs de Paul.

Suit un évènement étrange (19.13-16) avec ces « quelques exorcistes juifs ambulants » qui essayent d’imiter Paul et échouent lamentablement. Soudain la réputation de Christ se répand et l’Évangile est planté. Les Éphésiens qui se convertissent confessent ce qu’ils ont fait et se débarrassent de leurs livres occultes (19.17-20). La délivrance de l’Évangile est spectaculaire !

On fait grand cas de ce que les Éphésiens aient brûlé leurs affaires occultes. Faut-il les imiter ? Les objets sont-ils dangereux ? Les chrétiens comme les non-chrétiens peuvent-ils être contaminés ? Que faire si sa maison a été le théâtre d’actes de sorcellerie ? Jérémie 10.5 donne la réponse : « Ces dieux sont comme une colonne massive, et ils ne parlent point ; on les porte, parce qu’ils ne peuvent marcher. Ne les craignez pas, car ils ne sauraient faire aucun mal, et ils sont incapables de faire du bien. » La Bible dit clairement que les objets sont incapables de faire du bien ou de faire du mal. Le problème vient de la conscience de celui qui vient de se convertir et qui est en danger de revenir à ses anciennes pratiques. Il faut brûler ces objets — non parce qu’ils seraient contaminés, mais parce que la conscience faible a besoin d’être fortifiée. La coupure avec l’ancienne vie a parfois besoin d’être matérialisée par un tel acte. Quand je me suis converti, j’ai brûlé tous mes livres sur la réincarnation. Mais quand les éditions Clé m’ont demandé d’écrire un livre sur la réincarnation, je les ai tous rachetés et aucun démon n’est sorti des pages !

L’Épître de Paul aux Éphésiens

Plusieurs passages montrent combien Paul voulait par sa lettre rassurer et donner un cadre au combat spirituel des chrétiens d’Éphèse :

– Christ assujettira tout (Éph 1.9-10).

– Christ a le pouvoir sur les puissances (Éph 1.15-23) car il a déjà remporté la victoire (Éph 4.8-10).

– L’environnement est mauvais : le diable agit réellement et substantiellement pour la désobéissance et la rébellion de l’homme naturel (Éph 2.2) ; mais une transformation a eu lieu (Éph 2.4-10).

– L’Église a un rôle dans l’application de la victoire de Christ : « Les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu. » (Éph 3.10)

– Le développement sur la lutte spirituelle (Éph 6.10-20) est capital à comprendre et à mettre en œuvre pour les personnes qui viennent d’un milieu occulte.

Deux approches de la délivrance

Première approche : le ministère apostolique « ekbalistique »2

Le texte de Marc 16.17 (« Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ») sur lequel certains s’appuient pour chasser les démons s’applique aux apôtres, qui ont cru après avoir eu des doutes. Tous les signes mentionnés en Marc 16 ne sont réalisés que par deux catégories d’individus seulement :

– les apôtres (ex : Act 5.11-13),

– ceux auxquels ils imposent les mains (ex : Étienne).

Vers l’an 64, l’Épître aux Hébreux indique que ces signes, ces prodiges, ces miracles variés par lesquels Dieu appuyait le témoignage apostolique ont eu leur temps (Héb 2.4).

Ma conviction est que cette manifestation des signes et prodiges appartient a` l’autorité apostolique. Paul indique que c’est la « signature » de son statut d’apôtre : « Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par […] des signes, des prodiges et des miracles. » (2 Cor 12.12)

Avant de changer d’approche sur ce sujet, j’ai chassé des centaines de démons… mais je crois que je n’en ai chassé réellement aucun ! Ce que je faisais n’avait pas la caractéristique de ce que je lis dans le N.T.

Seconde approche : ministère pastoral centré sur l’individu

Il faut s’attendre à rencontrer des gens « démonisés ». Que doit-on faire ?

Le texte le plus emblématique est, selon moi, 2 Timothée 2.24-26 : « Un serviteur du Seigneur […] doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté. » Les adversaires (les contradicteurs) n’ont pas la connaissance de la vérité, ni leur bon sens et ont perdu leur liberté, capturés qu’ils sont par le diable. Dieu a pour objectif de les amener à la repentance qui conduit à la délivrance des pièges du diable. Ce texte nous donne la ligne de conduite à adopter envers des gens qui sont pris dans l’occultisme. Notre rôle est de les enseigner en sorte que Dieu leur donne la repentance — et c’est lui seul qui peut la donner.

Jacques 4.7 va dans le même sens : « Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable » — ce sont les deux impératifs qui nous concernent — « et il fuira loin de vous » — c’est la promesse de Dieu.

Cette approche me semble cohérente avec l’enseignement magistral d’Éphésiens 6.10-17 :

– La prière est centrale.

– La posture n’est pas agressive : il ne s’agit pas de partir à la chasse aux démons. Toutes les armes sont défensives, à l’exception de l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. Il faut avant tout « tenir ferme ».

– Le côté le plus dangereux est le dos — là où d’autres doivent ou devraient nous protéger. Il y a dans la guerre spirituelle une notion fondamentale et peu soulignée : le rôle protecteur de l’Église. Chacun est invité à ne pas être pour l’autre une occasion de chute (suscitant l’amertume, la colère, la tentation, etc.).

Vers une méthodologie

Des éléments possibles à repérer

Comment déterminer si une personne est réellement possédée ? Le discernement spirituel est de mise. La présence de certains éléments peut alerter :

– des influences marquées (occultisme, violence — subie ou exercée —, immoralité, mysticisme…) ;

– des voix distinctes (mais la schizophrénie existe aussi !) ;

– des comportements asociaux, notamment à proximité de chrétiens, d’églises ou de la Bible ;

– des dons médiumniques ou paranormaux ; etc. ;

Dans ma (petite) expérience, les liens les plus forts correspondent aux pratiques occultes et à l’absence de pardon délibérée qui conduit à une amertume cultivée.

Sept pratiques fondamentales

1. Prier pour une illumination puissante des vérités chrétiennes (Éph 3.14-21). Le diable empêche la parole de pénétrer (Mat 13.19).

2. Enseigner l’Évangile dans la puissance de l’Esprit (en identifiant les points de mensonge, de blocage, les « forteresses », cf. 2 Cor 10.4-5).

3. Enseigner la victoire objective du Christ sur les puissances des ténèbres (cf. Col 2.15) afin que la personne ait une assise de foi suffisante pour faire face à des situations aussi oppressantes que peut être la présence d’un démon dans une pièce.

4. Enseigner la mise en pratique de la victoire du Christ, notamment auprès des jeunes chrétiens (cf. Jac 4.7).

5. Enseigner le devoir d’une repentance spécifique et accompagner la personne dans ce sens (cf. 2 Tim 2.24-26), ce qui peut passer par une séparation de certains objets à cause de sa conscience faible (Jér 10.5 ; 1 Cor 8.7-12).

6. Enseigner la mise en place de toutes les armes de Dieu (Éph 6.10-20), en prenant conscience des deux armes mobiles de la foi et de l’épée de l’Esprit (cf. Jean 8.32).

7. Enseigner à tous le besoin de ne pas être une occasion de chute : même si cela va rarement jusqu’au stade de la possession, la colère (Éph 4.27), l’abstinence forcée dans le couple marié (1 Cor 7.5), l’absence délibérée de pardon (2 Cor 2.11), un esprit de provocation (1 Cor 10.19-22), sont des terrains fertiles pour donner au diable un « accès » et cela peut affecter toute l’église.

1Ces éléments sont tirés de Clinton E. Arnold, Ephesians Power and Magic, Baker, 1992.
2Le verbe grec ekballo est souvent utilisé lorsque Jésus ou les apôtres chassent les démons.

Écrit par


J’ai lu l’histoire d’une dame âgée qui était sur le point de mourir. Elle était née de nouveau, et avait vécu dans la joie du Seigneur la plus grande partie de sa vie. Mais voilà que la fin approchait, et elle manifestait une grande frayeur. Elle ne voulait pas mourir. Du moins c’est ce qu’elle disait à son pasteur.

Lors d’une visite, ce dernier lui a demandé si elle savait qu’elle allait auprès du Christ, au paradis. Elle lui répondit par l’affirmative et se mit à pleurer… Surpris, le pasteur lui demanda comment elle se représentait le paradis. Elle décrivit une grande salle avec des bancs, où elle devrait chanter toute la journée ! Effectivement, sauf si l’on s’appelle Pavarotti, qui voudrait passer l’éternité ainsi ?

Sans s’en rendre compte, beaucoup de chrétiens ont été influencés par la philosophie platonicienne, où la vie matérielle est inférieure à la vie spirituelle : la matière est encombrante, négative ; la pensée est pure, positive. Plusieurs théologiens chrétiens s’en sont imprégnés, notamment Augustin, puis le catholique Thomas d’Aquin, et ont évoqué le paradis en des termes plutôt éthérés : « Le paradis lui non plus n’est pas un lieu corporel, mais spirituel.1 » Et les descriptions qu’il donne dépeignent un endroit de réflexion philosophique et théologique, où la vie se résume à un échange de nobles pensées.

Les gens réagissent différemment devant la notion de paradis :

– L’investigation : Certains s’appuient sur des livres tels que La vie après la vie (Raymond Moody) pour se faire une idée de ce qui s’y passera. Ces ouvrages sont totalement erronés dans leur interprétation des situations de mort imminente2.

– La confiance : Il suffirait de se dire que ce sera bien, puisque Dieu est bon. Ceux-là sont très prudents sur les textes qui l’annoncent.

– La méfiance : Comme on ne sait pas ce qui se passera, autant vivre pleinement aujourd’hui dans ce monde que l’on connaît.

La Bible nous demande de considérer les trésors du paradis. Dieu nous prépare une cité (Héb 11.16) ; Paul nous rappelle que « notre cité est dans les cieux ; de là nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Phil 3.20) et il nous invite à « chercher les choses d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » et à « penser à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre » (Col 3.1-2).

Non seulement il nous faut nous imprégner de ce ciel, mais Jésus nous propose de considérer que notre fidélité et notre engagement sont une forme d’investissement dans le monde à venir : « Amassez des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. » (Mat 6.20) Aucune de nos possessions terrestres ne subsistera dans le ciel — aucune voiture, aucune maison, etc. Il en sera très différemment de tout sacrifice que nous aurons fait sur terre pour Christ.

Le monde nouveau (21.1)

«Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. »

Nous sommes là après le millénium, après la déconstruction complète de l’univers actuel, après la condamnation devant le grand trône blanc.

Jean voit un nouveau ciel et une nouvelle terre : c’est donc un nouvel environnement physique. Comment se le représenter ? Peu de passages de l’Écriture en parlent précisément. Y aura-t-il de nouveaux astres dans le ciel ? Il est dit plus loin que la ville n’aura pas besoin de l’éclat du soleil ni du reflet de la lune (21.23). Comment imaginer la nouvelle terre ? Il semble qu’il y aura des montagnes puisqu’il en existe une qui sera « haute et grande » (21.10)

Quand je m’imagine le paradis, je m’imagine donc un monde avec des milliers de paysages différents. Évidemment j’aurai la capacité de jouir de cette création, et cela, pour la gloire de Dieu. Le mot « paradis » veut dire « jardin ». Le paradis, c’est le jardin du début, de Genèse 1 et 2, parfaitement rétabli. D’ailleurs un arbre est mentionné dans ce paradis, l’arbre de vie (22.2), qui nous renvoie à celui de la Genèse. C’est bien l’explosion de la perfection du début que nous trouverons alors.

Cette nouvelle terre n’aura pas de mer. La mer est le symbole d’une force indomptable. Elle fait partie des sept fléaux qui n’existeront plus dans le monde à venir : s’y ajoutent la mort, le deuil, les cris, la douleur (21.4), la malédiction (22.3), et la nuit (21.25). Toutefois la suite du texte mentionne « le fleuve de l’eau de la vie », qui alimente notamment l’arbre de vie (22.1). Est-ce à dire qu’il y a des lacs, des fleuves ?

Le paradis est un monde. Un monde qui s’inspire du premier, qui se manifeste en partie pendant le millénium, et qui dépasse notre imagination dans l’éternité. Mais c’est un monde. Et nous avons raison de nous réjouir du monde présent comme du monde à venir. En appréciant les cadeaux de Dieu, l’homme honore Dieu. Nous avons raison de remercier Dieu pour un bon repas, pour un lever de soleil, pour l’affection d’un chien, etc. Nous avons raison aussi de reconnaître que si la vie nous prive de jouir de certains aspects de la création, par un handicap, par un manque de moyens, par des relations impossibles ou inaccessibles, le moment vient où nous vivrons dans un monde réel, tangible, concret, dans une jouissance et une félicité parfaites.

La capitale (21.2)

« Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, prête comme une épouse qui s’est parée pour son époux. »

Lorsque Jean écrit ces lignes, Jérusalem est en ruine depuis 25 ans. C’est une ville que nul ne connaît. Mais une autre Jérusalem existe déjà quelque part : « Mais au contraire vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades d’anges ; de la réunion et de l’assemblée des premiers–nés inscrits dans les cieux ; de Dieu, juge de tous ; des esprits des justes parvenus à la perfection. » (Héb 12.22-23) C’est comme si elle était en cours d’aménagement. Jésus a dit avant de partir : « Je vais vous préparer une place. Donc, si je m’en vais et vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. » (Jean 14.2-3)

C’est une ville sainte, en ce que nul être pécheur n’y entrera : « Il n’y entrera rien de souillé, ni personne qui se livre à l’abomination et au mensonge, mais ceux-là seuls qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau. » (21.27)

Elle est « prête », littéralement, « arrangée » — un terme qui nous a donné le mot « cosmétique » — comme une épouse qui s’est parée pour son époux. L’image de la ville rejoint celle de l’épouse, l’ensemble de ceux et de celles que le Seigneur a sauvés. Ce sera la consommation éternelle entre Christ et son Église. C’est le moment que Paul prophétise en 1 Corinthiens 15.28 : « Et lorsque toutes choses seront soumises [au Christ], alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. »

Le Seigneur (21.3)

« J’entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui–même sera avec eux. »

Le meilleur du nouvel univers est que Dieu sera avec nous — ou plutôt qu’enfin nous serons avec lui ! La voix vient du trône, comme pour indiquer l’autorité absolue de ce qui est annoncé. Avec cette déclaration, Dieu n’est plus transcendant, c’est-à-dire un Dieu distant, éloigné de sa création, visible seulement de derrière (Ex 33.23), ou dans la nuée et la colonne de feu (Ex 13.21-22), ou dans l’humble incarnation de Christ (Phil 2.5-8 ; Col 1.16).

En fait, c’est l’univers qui devient l’habitation de Dieu. Apocalypse 21.22 affirme d’ailleurs : « Je n’y vis pas de temple, car le Seigneur Dieu Tout-Puissant est son temple, ainsi que l’Agneau. » Il n’y a plus de distance à franchir : Dieu est là, son temple est lui-même, et ce nouvel univers est sa tente ! C’est un retour à l’intention de Dieu en Genèse d’être le Dieu des hommes et de demeurer au milieu d’eux. Le paradis accomplit l’inverse de Genèse 3.21-24 : nous avons accès à l’arbre de vie et à la présence de Dieu.

Je ne sais pas m’imaginer la proximité immédiate de Dieu : plus par la prière, pas au travers de notre imagination, mais en direct ! Nous suffira-t-il de tourner la tête pour voir le Christ dans sa gloire ?

Pour autant, Dieu reste infini, inconnaissable dans son essence. Allons-nous découvrir chaque jour un peu plus de sa personne ? En discutant avec Jésus, allons-nous grandir en amour pour lui chaque jour davantage ? En regardant son trône et sa personne, serons-nous saisis d’une admiration croissante ?

Dieu est souverainement satisfait et rassasié de bonheur en lui-même (1 Tim 1.11) et il veut nous introduire dans ce bonheur. Jésus a prié : « Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jean 17.24) Nous ne cesserons de nous rassasier du spectacle de sa gloire, complétée par la parfaite humilité et l’immense amour manifesté à la croix. Et cette gloire aura un effet immédiat : 1 Jean 3:2 « Lorsqu’il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jean 3.2) L’état d’esprit du Seigneur sera une joie en nous : « L’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi un héros qui sauve ; il fera de toi sa plus grande joie ; il gardera le silence dans son amour pour toi ; il aura pour toi une triomphante allégresse. » (Soph 3.17) Vous vous représentez la scène ?

La consolation (21.4)

« Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. »

L’expérience du passé, tellement empreinte de larmes et de douleurs, sera terminée. Et c’est Dieu lui-même qui passe le baume. Le geste est tendre et reflète sa bienveillance particulière. Ainsi s’achèvera ce que Jésus a commencé avec sa première venue, et particulièrement avec son calvaire : « Ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé… » (És 53.4)

Il n’y aura aucun deuil, puisque que la première et la seconde mort ne feront plus partie des risques ou des réalités (cf. 1 Cor 15.54-57).

Nous serons à jamais dans un corps glorifié qui ne subira aucune altération, qui ne vieillira pas, qui ne connaîtra pas la douleur. Cela conduit tout naturellement à plusieurs questions :

– Quel âge aurons-nous, si nous ne vieillissons pas ? Ou à quoi ressemblera le nourrisson qui meurt, et qui se retrouve au paradis ? La Bible ne donne pas la réponse !

– Qu’implique l’absence de douleur sur notre activité ? Pas de marteau qui manque le clou ? Pas de randonnée dans des gorges et des précipices ? Là encore, nous n’avons que notre imagination. Une imagination qui sait que le Christ ressuscité passait au travers des murs sans passer par les portes, et que son rapport à la matière actuelle était très différent. Une imagination qui sait aussi que nos pensées glorifiées seront plus sages que maintenant, et peut-être parfaitement incapables d’un geste malencontreux ?

L’invitation (21.5-7)

« Celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit : Écris, car ces paroles sont certaines et vraies. Il me dit : C’est fait ! Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement. Tel sera l’héritage du vainqueur ; je serai son Dieu, et il sera mon fils. »

Du trône futur, Dieu nous lance encore cette invitation. Il dit à Jean d’écrire, avec l’assurance que c’est le Saint Esprit qui signe ces propos. Ces paroles sont vraies, comme toutes les paroles de la Bible (2 Tim 3.16-17 ; 2 Pi 1.20-21 ; 1 Thes 2.13).

Dieu se présente dans son éternité, source et destinée, alpha et oméga3, commencement et fin.

L’invitation que Dieu nous lance du trône est positive, riche en bienveillance. Le thème de la soif est celui qui est le plus souvent souligné pour décrire celui qui cherche Dieu, qui cherche son salut (És 55.1-2 ; Jean 7.37) Voilà l’essence du christianisme : être rassasié d’une eau éternelle. Son prix ? Elle est gratuite ! On plutôt, elle a été achetée par quelqu’un d’autre, en sorte qu’on en bénéficie par pure grâce (Éph 2.8-9 ; Tite 3.5). Dieu nous invite à participer à son banquet, à sa fête, gratuitement. La seule nécessité est se repentir dans la foi. Seul Christ ouvre l’accès à cette promesse (Act 4.12). Mais cette gratuité du salut s’accompagne d’un avertissement solennel.

L’avertissement (21.8)

« Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre : cela, c’est la seconde mort. »

Il n’y aura aucun pécheur dans le paradis — du moins aucun pécheur qui n’ait reçu la grâce du pardon du Christ. Et comment savoir si l’on a reçu la grâce du pardon ? Par la réalité de notre marche avec Jésus. Le salut n’est pas seulement le fait de « recevoir Christ » mais de « marcher en lui ». Un changement est nécessaire (voir 1 Cor 6.9-11 où Paul évoque une vie caractérisée par le péché des Corinthiens au passé). Un homme qui dit avoir accepté Christ et qui demeure dans ses péchés sans gêne, ni repentance, ni croissance, n’a pas vraiment l’assurance du salut de Christ. Dieu évoque cette réalité en dressant cette liste non exhaustive :

– les lâches, ou les peureux : ceux qui, par timidité ou peur de la persécution, ont rejeté Christ ;

– les incrédules : ceux qui n’acceptent pas la révélation de Dieu et demeurent incroyants ;

– les abominables : le mot a une connotation de souillure ;

– les meurtriers : ceux qui tuent — physiquement, par la langue… ;

– les débauchés : essentiellement en lien avec l’immoralité sexuelle sous toutes ses formes ;

– les magiciens : ceux qui s’adonnent à la magie, l’astrologie, la sorcellerie, les guérisseurs, etc. ;

– les idolâtres : ceux qui participent aux cultes païens ou à leurs festivités, ceux qui ont centré leur vie sur quelqu’un ou quelque chose d’autre que Dieu ;

– les menteurs : ceux qui trompent ou mentent…

Il y a deux erreurs à éviter par rapport à cette liste :

– Celle consistant à l’ignorer en disant : « Je suis chrétien, je pèche et ce n’est pas grave. » Ce n’est pas que nous devions être parfaits pour entrer au ciel. Mais la réalité de notre salut se mesure à notre marche. Cette marche reflète-t-elle le salut du Christ ? Non pas que la marche doive être parfaite, mais elle doit être caractérisée par une pratique de la repentance. Si ta vie est marquée par l’immoralité, l’incrédulité, le mensonge, sans repentance… Dieu t’invite à sérieusement reconsidérer ton assurance du salut.

– Celle consistant à croire que le salut s’obtient en respectant cette liste. Un indice nous montre que ce n’est pas possible : « tous les menteurs » iront en enfer. Je n’ai jamais rencontré quiconque qui n’ait jamais exprimé un mensonge, en tant qu’enfant ou en tant qu’adulte. Christ est mort pour des pécheurs ! C’est par la foi que nous sommes sauvés. Cette liste est là pour nous éveiller à la réalité du péché et à la solennité de la mort. Tout au long de ces deux derniers chapitres de la Bible, on retrouve ce mélange de félicité et de mise en garde. Attention, le lac de feu, l’enfer, l’étang de soufre, la seconde mort, ne sont pas à prendre à la légère.

 

  1. Thomas d’Aquin, « Somme théologique », vol 1, question 102.
  2. Florent Varak, « La réincarnation », livre disponible en ligne sur « Un poisson dans le net » à http : //www.unpoissondansle.net/reincarn.
  3. Première et dernière lettre de l’alphabet grec. Le titre est déjà présent en 1.8 et répété en 22.13 par Jésus en personne, soulignant, s’il était nécessaire de l’affirmer, que Jésus est véritablement Dieu.

Écrit par


La grandeur de Dieu (6.1)

« L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. »

Nous sommes à la fin du règne prospère et long de 52 ans du roi Ozias. Sous ce roi fidèle, Juda devint un État économiquement et militairement fort, avec un port sur la mer Rouge, des citadelles et des villes fortifiées. Mais Ozias voulut s’adjuger les prérogatives d’un sacrificateur en offrant des parfums sur l’autel. Frappé de la lèpre, il ne guérit pas de cette maladie (2 Rois 15.3-5 ; 2 Chr 26.16-21). À la mort d’Ozias, l’Assyrie était en pleine croissance sous Tiglath-Piléser, dont le royaume allait emmener les 10 tribus d’Israël en captivité.

C’est donc en ce temps troublé, rempli à la fois de la prospérité passée et de la crainte de l’avenir, qu’Ésaïe a cette vision. On ne peut savoir si Ésaïe était dans le temple ou non. Sa vision inclut le temple et un trône très élevé. Cette vision est surprenante : comment Dieu, qui est omniprésent, peut-il être vu sur un trône ? Ésaïe lui-même dit : « Ainsi parle l’Éternel : Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied. Quelle maison pourriez-vous me bâtir, et quel lieu serait celui de mon repos ? » (66.1) Dieu communique au prophète sa présence de façon particulière, pour qu’il puisse le voir dans une situation compréhensible. Daniel 7.9 nous montre également le trône de Dieu, tout comme Ézéchiel 1, ainsi qu’Apocalypse 4. C’est devant son trône que les nations survivantes à la tribulation seront jugées (Mat 25.31). C’est encore devant un grand trône blanc que tous les pécheurs de tous les temps entendront leur jugement (Apoc 21).

Ainsi Dieu veut que nous comprenions sa grandeur, l’immense grandeur de l’Éternel. Au point que ce sont les extrémités même de son manteau qui remplissent le Temple — et qu’il s’agisse du temple de Jérusalem ou du temple céleste ne change pas vraiment l’idée.

Ésaïe rapporte fréquemment la grandeur du Seigneur :

– Parfois en opposition avec l’orgueil des hommes : « Les regards arrogants de l’être humain seront abaissés, et l’orgueil des hommes sera courbé : l’Éternel seul sera élevé ce jour-là. Car l’Éternel des armées a fixé un jour contre tout ce qui est hautain et orgueilleux, contre ce qui s’élève et qui sera abaissé. » (2.11-12)

– Ailleurs par rapport à sa domination sur la création : « Éternel des armées, Dieu d’Israël, qui sièges sur les chérubins ! C’est toi qui es le seul Dieu pour tous les royaumes de la terre, c’est toi qui as fait les cieux et la terre. » (37.16)

Les hommes prennent possession des royaumes, et se prennent pour des grands. Tiglath-Piléser croyait être le maître de l’époque. Louis XIV voulait que Notre Dame de Paris soit sombre le jour de ses funérailles, et qu’une seule bougie, posée sur sa sépulture, éclaire doucement l’église. L’évêque est rentré, a soufflé la bougie, et s’est exclamé : « Dieu seul est grand ! » Un jour, l’antichrist viendra et réussira à imposer une paix artificielle sur terre et se croira grand. Dieu seul est grand !

La sainteté de Dieu (6.2-4)

« Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes ; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler. Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée. »

Les anges sont des êtres que Jésus a créés (Col 1.16), mais dont les caractéristiques sont distinctes des humains. Ils ont été les spectateurs ébahis de la création (Job 38.7). Leur nombre est fixe car ils ne se reproduisent pas (Mat 22.30) mais on serait incapable de les compter tellement ils sont nombreux (Héb 12.22).

Certaines classes d’anges sont désignées avec des responsabilités particulières, comme les chérubins, qui semblent assignés à la protection de la sainteté de Dieu (Gen 3.24 ; Ex 25.20).

Ici nous est présentée une autre classe d’anges, les séraphins. C’est le seul endroit de la Bible où ils sont mentionnés. Détaillons-les :

a. Leur nom veut dire « flamboyant » ou « brûlant », peut être pour indiquer leur luminosité, peut-être pour indiquer leur ministère, puisqu’ils cautérisent la plaie du péché. Ils ont des points communs avec les quatre êtres vivants d’Apocalypse 4.6-8 et la vision des animaux d’Ézéchiel 1. Selon les Juifs et les targums1, ils seraient une catégorie d’anges exerçant un ministère en rapport avec la sainteté divine et la purification du péché.

b. Ils volent au-dessus du temple, au-dessus du Seigneur, et ils chantent la sainteté de Dieu. Non seulement, ils la chantent, mais en plus ils la manifestent :

• deux de leurs ailes voilent leur visage — comme pour indiquer qu’ils ne peuvent voir la sainteté de Dieu tellement elle est rayonnante ;

• deux de leurs ailes leur couvrent les pieds — comme signe d’humilité (cf. Ex 3.5).

Si des anges élus, justes et parfaits, se couvrent devant Dieu, que devrait-il être de nous !

c. Ils crient l’un à l’autre, un chant antiphoné2, louant Dieu eux-mêmes. Ils proclament la sainteté de l’Éternel : « saint, saint, saint ».

Lorsque nous pensons au terme « saint » ou « sainteté », nous pensons souvent à l’idée d’obéissance aux commandements : ne pas mentir, ni convoiter, ne pas commettre d’adultère… C’est évidemment associé au concept de sainteté, mais quelque part, ce n’est pas l’idée principale. Dieu n’obéit pas à ses propres commandements — il les incarne ! Ils sont plutôt une conséquence d’un concept unique à Dieu. Le mot « saint » signifie proprement « séparé, mis à part » :

– Est « saint » ce qui est détaché d’un usage ordinaire, « profane » (Lév 10.10).

– Est « saint » ce qui, sur le plan moral, est absolument séparé du mal (És 17.7).

– Appliqué à Dieu, ce mot exprime son absolue majesté qui le sépare de toute créature, sa dignité souveraine, sa perfection inaltérable. Dans le cantique des séraphins, la triple répétition du mot saint est destinée à exprimer, mieux que ne le ferait la simple affirmation, le caractère absolu de cet attribut divin3. Dieu est absolument distinct de tout ce qu’il a créé. Il est « autre », en-dehors, transcendant. Il est non souillé, non contaminé, séparé ; donc, bien entendu, il est séparé de tout vice, de tout mal, de tout péché.

d. Ils chantent également la gloire du Seigneur. Le mot « gloire » inclut l’idée d’abondance, de poids ; c’est la richesse de l’honneur et de la dignité personnelle de l’Éternel des armées. Quel poids de gloire et de splendeur est associé à sa seigneurie !

Et Dieu qui se cache généralement à nos sens paraît ici dans une gloire époustouflante. Tout tremble à la voix de l’ange. La fumée (v. 4), symbole de la présence de Dieu dans le temple, rappelle la présence de Dieu sur le mont Sinaï. Elle rappelle aussi l’encens symbolisant les prières du peuple. Quel spectacle saisissant ! Tout tremble, même les objets, dans la présence du Créateur. Et Ésaïe tremble également…

La sanctification opérée par Dieu (6.5-7)

La prise de conscience d’Ésaïe

« Alors je dis : Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. »

Face à cette vision de Dieu, Ésaïe est effrayé. Il n’est pas le seul ! Jacob (Gen 28.17), Gédéon (Jug 6.22), Manoah (Jug 13.22), Ézéchiel (Éz 1.28), Zacharie (Luc 1.12), Pierre (Luc 5.8-9), Jean (Apoc 1.17), éprouvèrent cette frayeur quand ils se virent en face de quelque manifestation directe de l’être divin.

Lorsqu’Ésaïe voit la gloire de Dieu, il prononce sur lui-même un jugement prophétique absolu : « Malheur ». C’est à l’opposé des béatitudes ; c’est l’annonce d’une destruction complète ! Ses lèvres sont sales — les organes mêmes de son service pour Dieu en tant que prophète ! C’est comme si un pianiste disait de ses mains qu’elles sont gangrénées, ou comme si un diamantaire de sa vue qu’elle est floue…

Personne ne peut chanter le moindre chant de louange naturellement. Il faut réaliser la gravité du péché, et l’immensité de la grâce. Aucune personne consciente de son péché ne peut faire la fière devant Dieu. Par exemple, quand Pierre vit la pêche miraculeuse, il « tomba aux genoux de Jésus et dit : Seigneur, éloigne–toi de moi parce que je suis un homme pécheur. » (Luc 5.8) La sainteté de Dieu n’est pas une mince affaire. Dieu s’est toujours séparé du mal et les hommes ont dû subir à maintes reprises son juste jugement4.

Chaque génération connaît ses déséquilibres. Il est probable que notre génération a mis l’accent sur l’immanence de Dieu — c’est-à-dire sur sa proximité — et sur les qualités « agréables » de Dieu : amour, bonté bienveillance… Dieu est-il également saint dans nos cœurs ? « Il est évident que le diable n’a pas besoin de faire de nous des athées pour gagner. Il a juste besoin d’ôter cette idée de la sainteté de Dieu de nos pupitres, de nos livres, de nos séminaires, de nos consciences, et très rapidement nous ferons de nous-mêmes des athées.5»  

L’expiation d’Ésaïe

« Mais l’un des séraphins vola vers moi, (tenant) à la main une braise qu’il avait prise sur l’autel avec des pincettes. Il en toucha ma bouche et dit : Ceci a touché tes lèvres ; ta faute est enlevée, et ton péché est expié. »

Ésaïe est « défait » par l’événement. Il ressent son indignité. La bonne nouvelle, c’est que notre Dieu est proche de ceux qui sont humbles, humiliés (És 57.15). Remarquez bien que Dieu ne dit pas à Ésaïe : « Va laver tes lèvres », ou bien : « Efforce-toi de dire des choses justes pour compenser les choses sales que tu as faites. » Quelque chose d’extérieur à lui-même vient le toucher et le sanctifie. Il est purifié là même où il se savait impur. Des braises de l’autel, où étaient consumés des sacrifices, touchent ses lèvres.

La faute est enlevée, le péché expié. Tout ce que Dieu touche est sanctifié. Il faut tout d’abord qu’il nous touche d’une conviction de péché, puis il fait de nous des saints (Rom 3.24 ; 1 Cor 1.2).

C’est le miracle du salut. L’homme ou la femme qui comprend que son péché est grave, qu’il ou elle ne peut rien faire pour être pardonné(e) — cette personne peut recevoir une grâce complète, un pardon parfait, en s’appuyant avec confiance sur l’œuvre de Jésus à la croix (Col 1.14 ; Éph 2.8-9).

La mission de Dieu (6.8-13)

« J’entendis la voix du Seigneur, disant : Qui enverrai-je et qui marchera pour nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi. Il dit alors : Va, tu diras à ce peuple : Écoutez toujours, et ne comprenez rien ! Regardez toujours, mais n’en apprenez rien ! Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, de peur qu’il ne voie de ses yeux, n’entende de ses oreilles, ne comprenne avec son cœur, qu’il ne se convertisse et ne soit guéri. Je dis : Jusques à quand, Seigneur ? Et il répondit : Jusqu’à ce que la dévastation ait privé les villes d’habitants et les maisons d’êtres humains, que le sol dévasté soit une désolation ; jusqu’à ce que l’Éternel ait éloigné les êtres humains et que le pays soit tout à fait abandonné, et s’il y reste encore un dixième des habitants, il repassera par l’incendie. Mais, comme le térébinthe et le chêne conservent leur souche quand ils sont abattus, sa souche donnera une sainte descendance6. »

Sans détailler cette partie, remarquons qu’elle indique la conséquence logique d’avoir compris la sainteté de Dieu, d’avoir réalisé son péché, d’avoir été purifié : se mettre au service de Dieu. Il y a un lien vital entre connaître Dieu et témoigner pour Dieu. On ne parle que de ce que l’on connaît. Être témoin de Christ, ne peut venir qu’après être devenu disciple de Christ.

Notons au passage le pluriel (« nous ») : il évoque la majesté suprême et complète du Seigneur.

Bien entendu, l’appel au ministère d’Ésaïe est particulier : « Écoutez, mais ne comprenez pas ! ». Mais à quoi bon prêcher si personne n’écoute ? La gloire de Dieu nous demande de prêcher quel que soit le résultat : pas seulement pour permettre aux élus d’être sauvés, mais aussi pour que celui qui rejette Christ puisse le faire en connaissance de cause. Dieu est glorifié par la prédication et l’obéissance, pas par le résultat.

Une dernière remarque : avez-vous remarqué comment est décrite la souche qui demeure ? « Sa souche donnera une sainte descendance. » Encore une fois cet adjectif « saint », qui vise ici Jésus, la « racine de David » et ceux qui croient à sa suite.

Quelques pensées pour vivre ce message

1. Personne n’échappera à la sainteté de Dieu

La Bible est unanime pour décrire le jugement de tous les pécheurs (2 Thes 1.9-10 ; 1 Pi 4.17). Paul met en garde à la fois les Corinthiens et les Galates : « Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi » (2 Cor 13.5) ; « Les œuvres de la chair sont évidentes […] Je vous préviens comme je l’ai déjà fait : ceux qui se livrent à de telles pratiques n’hériteront pas du royaume de Dieu. » (Gal 5.19-21)

Avez-vous fait la paix avec Dieu ? Avez-vous cessé de prétendre lui plaire par vos propres forces ? L’essence du salut et de l’Évangile, c’est d’avoir confiance que Christ a tout accompli, pour que je sois sauvé ; ne pas croire qu’on est suffisamment saint par soi-même ; croire qu’on ne peut rien faire pour plaire à Dieu ; croire que l’on ne peut que se confier dans le pardon de Christ acquis à la croix.

Lorsque Dieu sifflera la fin du monde, où serez-vous ? Est-ce que votre vie témoigne de la grâce du Christ ? Du pardon de Christ ? Et de la présence de l’Esprit en vous ? Comprenez bien que je ne parle pas ici de perfection comme preuve du salut. La lutte contre le péché, l’expérience de la défaite parfois, font partie de la vie chrétienne. Mais elles vont avec la contrition face au péché, une lutte ardente, l’amour pour Christ…

2. Recevons la sainteté que Dieu nous offre

Curieusement, la Bible parle des chrétiens comme des « saints » (Éph 1.1 ; Phil 4.21). Lorsqu’une personne se convertit, elle est justifiée, c’est-à-dire que Dieu la déclare entièrement juste. Elle est sainte dans sa position devant Dieu : il la regarde au travers du sang de Christ (Col 2.14). Christ a été fait pour elle « sanctification » (1 Cor 1.30).

3. Cultivons la sainteté que Dieu nous demande

En plus de cette sanctification de position, il y a la sanctification progressive. Ceux qui sont déjà saints aux yeux de Dieu sont encouragés à poursuivre une sainteté dans leur vie pratique (Héb 12.14 ; 1 Thes 4.3) : « Puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit : Soyez saints, car je suis saint ! » (1 Pi 1.15).

La sainteté de l’Eternel doit nous encourager à la repentance régulière (Héb 10.22 ; Jac 4.8). Dieu accomplit parfois des délivrances spectaculaires dans nos vies : des dépendances sont brisées, des amertumes sont ôtées, des démons sont expulsés. Parfois le chemin est plus long, et nous devons apprendre, en comptant sur l’Esprit, et sur la Parole de Dieu : à ôter de mauvaises habitudes, à renouveler nos pensées par la vérité de la Parole, à adopter une nouvelle façon de vivre… Pour cela, Dieu nous aide par sa Parole mémorisée, par l’assiduité à l’église, par des amitiés chrétiennes…

4. Admirons la sainteté de Christ

La sainteté de Jésus se voit maintes fois dans les Évangiles. C’est bouleversant :

– Au désert, Jésus est tenté par le diable. Celui-ci lui propose de transformer juste une pierre en pain pour atténuer la faim. Vous vous souvenez de sa réponse ? Il y a quelque chose de plus qui rassasie… (Luc 4).

– À table chez le pharisien, une femme prostituée vient embrasser ses pieds en pleurant. Loin d’être souillé par ce contact, il renvoie cette femme pardonnée. Il y a en Christ une séparation absolue de tout ce qui est impur.

– À Gethsémané, sa sainteté se voit encore dans son rejet de son propre désir d’échapper à la croix.

Combien le Christ est admirable ! Il est notre exemple (Héb 12.1-3) ! Adorons le Seigneur de sainteté et tirons de lui l’exemple et l’encouragement dont nous avons tant besoin.

1Les targums sont des traductions araméennes du texte biblique de l’A.T., dans un style de para-phrase, faites par les Juifs au cours des siècles pour pallier l’ignorance des Juifs qui avaient oublié l’hébreu.
2Un chant antiphoné est repris alternativement par l’une et l’autre partie d’un chœur.
3Le chiffre trois symbolise généralement dans la Bible la plénitude, la perfection, en particulier en relation avec Dieu.
4Voir par exemple : Adam et Ève (Gen 3.24), Nadab et Abihu (Lév 10.2) ; Achan (Jos 7) ; Ananias et Saphira (Act 5), etc.
5Steve DeNeff, Whatever Became of Holiness, p. 23.
6Version dite « à la Colombe ».

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« En [Christ] vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, pour célébrer sa gloire. » (Éphésiens 1.13-14)

Charcot, le grand explorateur des terres polaires, préparait une nouvelle expédition. Ceux qui devaient l’accompagner (et qui avaient déjà fait d’autres voyages avec lui) avaient accepté ses plans et son itinéraire, quand brusquement, il dut changer de programme. Le voyage comportait encore plus de fatigue et plus de dangers ! Il prévint ses collaborateurs, les invitant à reconsidérer leur choix. Savez vous quelles ont été les réponses ? Elles se résumaient toutes dans le télégramme de l’un d’eux : « Où vous voudrez ; quand vous voudrez ; tant que vous voudrez. » Qu’est-ce qui peut faire qu’un homme soit prêt à tant de périls ? À tant de sacrifices ? Probablement une seule chose : la confiance dans les capacités de ce leader.

Dieu nous invite à un voyage qui n’est pas toujours facile. La foi, la marche chrétienne est parfois inconfortable. Qu’est-ce qui est susceptible de nous encourager pour que nous puissions dire à Dieu : « Où tu veux ; quand tu veux ; tant que tu veux. » La présence et l’œuvre du Saint-Esprit sont des soutiens primordiaux dans notre voyage terrestre.

L’Esprit est donné en réponse à notre foi (v. 13)

L’Épître aux Éphésiens commence par une longue phrase qui constitue la prière de louange de Paul (1.3-14) : l’apôtre y présente Jésus Christ comme le centre et l’objet de notre foi. En lui nous sommes bénis, choisis, adoptés. En lui nous avons la possession du pardon, le privilège de la compréhension, et le sens d’appartenance. En lui aussi, comme si cela n’était pas suffisant, nous recevons l’Esprit saint, dont nous allons détailler le ministère.

Le Saint-Esprit vient sur les Juifs et les païens

Le changement dans les pronoms est significatif : du v. 3 au v. 12, Paul utilise « nous ». Au v. 13, soudainement, Paul utilise « vous ». Paul veut s’assurer que les lecteurs païens convertis à Christ, comprennent bien qu’ils font partie du même plan de rédemption. Vous aussi qui n’êtes pas de la famille juive, vous êtes au bénéfice de ce salut.

Le Saint-Esprit vient dans l’individu en réponse à la foi dans l’Évangile

Dieu sauve par l’Évangile ; c’est pourquoi il est qualifié d’Évangile « de votre salut ». En Luc 11.13, Jésus annonce que notre bon Père céleste donnera le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. La venue du Saint-Esprit n’est pas une seconde expérience, postérieure à la conversion (1 Cor 12.13 ; Rom 8.9). Le Saint-Esprit vient en réponse à la compréhension de la « Parole de vérité ». L’Évangile est une sorte de contrat qui sauve dans la mesure où il est retenu dans des termes où il est proclamé (cf. 1 Cor 15.1-3) : « Vous êtes sauvés [par l’Évangile], si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. » (v. 2) La clause suspensive doit inciter les chrétiens à présenter un Évangile authentique. L’Évangile sauve les pécheurs, les malades spirituels, ceux qui ont conscience de leur misère. Dans un premier temps, l’Évangile est choquant, car il parle de péché et de culpabilité. Et nous ne saurions éviter d’aborder la question du péché sous prétexte qu’elle est gênante. Dieu ne sera pas honoré par un Évangile tronqué. Le Saint-Esprit vient dans une personne lorsque celle-ci croit au véritable Évangile.

Le Saint-Esprit vient lorsqu’une personne choisit de croire

C’est l’autre côté de la vérité présentée dans les v. 3 à 12 : Dieu choisit, Dieu nous a élus, selon un choix souverain caché et mystérieux, selon un plan arrêté d’avance avant que le monde existe, sans toutefois que ce plan ne diminue en quoi que ce soit la responsabilité et la liberté humaines. L’homme choisit de croire en l’Évangile. En cela, il prend une décision. L’homme peut choisir de refuser l’Évangile. 2 Thessaloniciens 1.8 évoque le jugement de ceux « qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus ». Le salut ressemble à une auberge portant un panneau : « Ouvert à tous » mais quand nous y entrons, nous y trouvons un badge à notre propre nom et sur lequel est gravé : « Élu de Dieu ». Ces deux aspects de la vérité sont irréconciliables dans une logique humaine.

Le Saint-Esprit forme un sceau divin

Nous sommes « scellés » du Saint-Esprit. Un sceau évoque :

( La propriété : Dieu nous a scellés afin que nous soyons pour lui un peuple qui marche selon sa volonté ;

( L’authenticité : Le chrétien authentique n’est pas quelqu’un qui suit une religion. Il est un fils de Dieu, il appartient à une famille, et vit comme un fils avec son père. Il reflète l’Esprit saint dans la manière dont il vit et conçoit la vie ;

( La protection : Au xiiie siècle, Marco Polo fut un jour pris par une patrouille de soldats en Mongolie. Son père et son oncle s’étaient éloignés du campement et devaient revenir assez vite, mais, à ce moment là, il était seul. Les soldats mongols étaient réputés pour leur sauvagerie et ils avaient décidé de couper la tête de Marco Polo. Pleurant de crainte, il se souvint d’un sceau que lui avait donné Khan Qubilaï, fils de Genghis Khan. Ce sceau lui sauva la vie, et poussa les soldats à se retirer ;

( La sécurité : Christ nous a scellés pour que personne ne nous vole ! L’Esprit est comme notre marque antivol. Et la Bible dit que rien ni personne ne nous arrachera de sa main (Jean 10.28).

Le Saint-Esprit vient comme le promettait l’A.T.

Sous la nouvelle alliance (Jér 31.31-34), la Bible devient parole intérieure et personnelle, désirée au plus profond de soi, une relation directe et filiale avec Dieu, une connaissance intime et complète de Dieu. Les bienfaits spirituels de cette alliance sont une réalité, précisément parce que le Saint-Esprit vient résider à l’intérieur du croyant : « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères ; vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. » (Éz 36.25-28) L’Esprit nous donne la capacité de pratiquer ce que la loi ordonnait (Rom 8.4).

Le Saint-Esprit vient comme le promettait Jésus-Christ

Jean-Baptiste, voyant venir Jésus pour être baptisé, dit de lui : « Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » (Luc 3.16) Jésus lui-même a promis la venue du Saint-Esprit (Jean 14 ; 16 ; Act 1.8), ce qui n’était possible qu’après sa glorification (Jean 7.39 ; 16.7).

L’Esprit est un acompte sur notre salut (v. 14)

Le Saint-Esprit sert de « caution », de « garantie » pour la suite.

Lorsqu’on acquiert une maison en France, il est obligatoire de consigner immédiatement 5 % du prix de vente pour rassurer les propriétaires et prouver le sérieux des intentions de l’acheteur.

Il en est de même avec la rédemption. Elle comporte plus que le simple pardon de nos péchés que nous recevons immédiatement. Beaucoup est à venir. Nous avons reçu, en la personne du Saint-Esprit, sa présence et son ministère : « 5 % » du reste !

Nous avons tous déjà été frustrés de l’écart entre notre désir de vivre selon Dieu et la réalité de notre marche avec Dieu, loin d’atteindre les 100 %. Nous regrettons les débordements de notre caractère (colère, irritation, impatience, etc.). Nous avons parfois un mal terrible à canaliser nos pensées, à nous éloigner de certains péchés, etc. Néanmoins nous pouvons avoir confiance pour la suite, parce que Dieu nous a donné avec l’Esprit un acompte qui nous assure qu’il terminera ce qu’il a commencé en nous (2 Cor 1.22 ; Éph 4.30 : « pour le jour de la rédemption »).

Pourquoi Dieu ne nous a-t-il pas tout donné ? C’est vrai que cela aurait été sympathique ! D’abord, n’oublions pas que Dieu ne nous doit rien du tout ! Ensuite, l’homme sent plus profondément son besoin de Dieu lorsqu’il est en partie dérangé par ses penchants et ses tendances. Cela le force à chercher refuge en Dieu. Et l’homme croît dans son amour pour Dieu. Enfin, Dieu se plaît à l’intimité que forge le combat. Dieu révèle sa grâce, sa patience et sa miséricorde, enseignant par là même les anges (3.9-10 ; 1 Pi 1.12).

Mais cette caution n’est pas seulement un prépaiement. C’est beaucoup plus :

– Avant la conversion, le Saint-Esprit donne cette conviction d’un problème spirituel majeur et oriente les âmes vers Dieu (Jean 16.8) ;

– Lors de la conversion, l’Esprit renouvelle (Tite 3.5), fait entrer le croyant dans le royaume de Dieu (Jean 3.5), baptise (cf. supra), lave, sanctifie et justifie (1 Cor 6.11) ;

– Au cours de la vie chrétienne, l’Esprit conduit (Rom 8.14 ; Act 8.29 ; 10.19-20 ; 13.2, 4), témoigne que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8.15-16). Il est le Consolateur qui nous enseigne dans la vérité (Jean 14.26). Il donne la justice, la paix et la joie (Rom 14.17). Il répand l’amour de Dieu dans nos cœurs (Rom 5.5). Il donnera de quoi nous défendre devant nos agresseurs (Marc 13.11 ; Act 6.5). Il intercède secrètement en fonction de nos besoins (Rom 8.26), etc. ;

– Collectivement, l’Esprit agit et édifie l’Église, qui est son temple (1 Cor 3.16).

En face de toutes ces bénédictions déjà présentes dans cet « acompte », le chrétien est responsable :

– de se laisser continuellement remplir par l’Esprit (Éph 5.18) ;

– de ne pas attrister le Saint-Esprit de Dieu (Éph 4.30) ;

– de ne pas éteindre l’Esprit (1 Thes 5.19) ;

– de marcher par l’Esprit (Gal 5.16).

Nos enfants ont appris à faire du vélo, et cela a été une joie de leur apprendre l’équilibre sur deux roues. Au début, il faut les mettre en selle, et puis courir avec eux, les tenant pour imposer l’équilibre. Petit à petit, conseils aidant, des petites touches ici et là, et les voilà partis d’eux-mêmes.

C’est un peu la même chose avec l’Esprit saint, mais d’une manière inverse. Il nous est donné et nous met en selle. Mais sa participation à notre vie ne va pas diminuant, mais croissant. Il prend de plus en plus de place, pour que Christ apparaisse de plus en plus en nous.

Jésus a dit de lui qu’il demeurerait éternellement avec nous (Jean 14.16). L’Esprit nous accompagne, dès le moment de la conversion, accomplissant en nous la nouvelle naissance, puis nous apprenant les rudiments de la marche chrétienne. Enfin, il réalisera notre résurrection, et la transformation de notre corps, et, sans que je sache comment, nous accompagnera pendant toute l’éternité. Par son Esprit, Dieu terminera son œuvre. Le paiement sera alors complet et l’héritage complètement touché.

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DIEU ET MOI DANS LE PSAUME 139

Dieu est immense et que dès qu’on se penche sur sa personne, on est vite impressionné :
– Plusieurs dizaines de noms lui sont attribués : Dieu de force, de puissance, des armées, Celui qui est, le Créateur, le Seigneur. Ces noms décrivent parfois de façon imagée son action : le lion, l’aigle, l’agneau, la poule…
– Plusieurs dizaines de qualités lui sont attribuées – il est tout puissant, il est impassible, il est amour, autonome, éternel, etc.

Dès qu’on plonge son regard dans la personne de Dieu, on est émerveillé. Et pourtant, cela pourrait être fastidieux d’énumérer les qualités du Seigneur, sans réaliser la différence que Dieu fait dans une vie. C’est comme si vous me demandiez que je vous décrive mon épouse. Si je vous disais : « Elle fait 1 m 70, elle a les yeux bleus, et quelques cheveux blancs », je ne communiquerais pas une grande sympathie dans notre relation. Si je vous dis par contre : « J’aime beaucoup poser ma tête sur la sienne parce qu’elle est un tout petit peu plus petite que moi, ses yeux bleus font fondre mon cœur chaque fois qu’elle me regarde, et elle est en train de se tresser une couronne de gloire avec quelques cheveux blancs », c’est une description qui reflète l’amour que je lui porte…

Dans le Psaume 139, David parle de Dieu — pas comme un catalogue de vérités sur Dieu, mais comme une célébration de ce que Dieu fait dans une vie. David associe ces qualités divines à sa vie personnelle. Dieu n’est pas une série de faits. Il est une personne qui cherche la communion avec ses enfants, qui se révèle à ses enfants… Ce Psaume présente quatre qualités de Dieu pour nous encourager.

Omniscience

Dieu connaît tout de moi (v. 1-6)

1 Éternel ! tu me sondes et tu me connais,
2 Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu comprends de loin ma pensée ;
3 tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies.
4 Car la parole n’est pas sur ma langue, que déjà, Éternel ! tu la connais entièrement.
5 Tu m’entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi.
6 Une telle science est trop merveilleuse pour moi, trop élevée pour que je puisse la saisir.

La première qualité de Dieu que David décrit est l’omniscience, la « toute connaissance » de Dieu : Dieu sait tout, connaît tout, comprend tout (1 Jean 3.20 ; Job 37.16 ; Héb 4.13). Mais là encore, il possède plus qu’une information sur les hommes. Il me connaît moi, personnellement, intimement, comme nul autre ne me connaît.
– Il me « sonde » : le verbe dénote un regard complet, attentionné. Il ne regarde pas de façon superficielle.
– Il me « connaît » : il perçoit et prend directement connaissance de ce que je suis.
– Il me « comprend » : ce verbe pourrait être traduit par « disséquer » ; Dieu connaît mon cœur comme nul autre (Jér 17.9-10).
Dieu ne connaît pas seulement les choses importantes qui secouent le monde, mais les détails les plus anodins de ma vie : mes mouvements quotidiens (v. 3a), mes pensées (v. 2b,3b), mes paroles (v. 4). Jésus rajoutera que même les cheveux de nos têtes sont comptés (Matt 10.30).
Non seulement Dieu connaît les moindres recoins de ma vie, mais en plus il connaît précisément mon futur (v. 4) : avant que je parle, Dieu sait ce que je vais dire !

Comment vivre cette partie du Psaume ?

– par la louange, l’émerveillement (v. 6),
– en intégrant le Seigneur dans tous les aspects de mon existence : l’un des dangers de la vie chrétienne, c’est de sortir Dieu de nos joies, pour ne l’intégrer qu’à nos épreuves ; ou bien de sortir Dieu de nos épreuves, par stoïcisme, pour ne l’intégrer qu’à nos louanges ;
– par la confession de mes péchés : avec Dieu, il est impossible de se cacher ; il met le doigt sur toutes nos manipulations, connaît toutes nos motivations, lit toutes nos pensées.
Alors, puisqu’il sait tout, pourquoi le tenir à l’écart ?

Omniprésence

Dieu est toujours près de moi (v. 7-12)

7 Où irais-je loin de ton Esprit et où fuirais–je loin de ta face ?
8 Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà.
9 Si je prends les ailes de l’aurore, et que j’aille demeurer au-delà de la mer,
10 là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira.
11 Si je dis : Au moins les ténèbres me submergeront, la nuit devient lumière autour de moi ;
12 Même les ténèbres ne sont pas ténébreuses pour toi, la nuit s’illumine comme le jour, et les ténèbres comme la lumière.

Dieu est partout présent — ou plutôt, il n’y a nul endroit où il ne se trouve. On ne peut le fuir, pas même par la mort (v. 8b). David réalise qu’il est gardé en tout lieu par la présence de Dieu : Dieu est toujours près de lui (v. 10a).
Cette notion d’omniprésence est difficile à comprendre. D’un côté, Dieu est présent partout, d’un autre il est sur son trône ou s’incarne en Jésus. Il ne peut tolérer le mal, et il côtoie pourtant le diable en son omniprésence.
Dieu est pleinement présent en tout point de l’espace, sans toutefois agir de la même manière en chacun de ces points :
– Il est pleinement présent : Il n’y a pas une partie de Dieu au ciel, et une autre partie sur terre. Il ne remplit pas l’espace comme l’eau remplit un verre. C’est l’intégralité de son être qui est partout présente. Il ne faut pas penser en terme d’un volume, d’une dimension car Dieu est esprit, et il est au-delà de l’espace qu’il a créé (1 Rois 8.27).
– Sans agir de la même manière : Dieu est présent parfois pour punir (Amos 9.1-4), pour soutenir (Héb 1.3), pour bénir (Ps 16.11). Dieu est dans le cœur de ses enfants, mais pas dans celui de ceux qui ne sont pas croyants.

Que faire de l’idée que je ne peux m’éloigner de la présence de Dieu ?

– Louer : Dieu m’accompagne partout. Quel privilège !
– Être réaliste sur le péché : Certains péchés sont très visibles, ou affectent beaucoup de personnes, tant par leurs effets que par la manière dont ils se font ; ils sont connus par d’autres. Certains péchés sont discrets ; ils sont réalisés dans le secret des cœurs, dans l’imagination. Mais Dieu est présent à l’intérieur de nous-mêmes. Comment ne pas reconnaître nos fautes devant lui ?
– Décider de le suivre : Je ne peux pas me détacher du Seigneur. Il est, pour mon bien, à jamais soucieux de m’accompagner.
– Ne plus avoir peur : Il n’est pas de table d’opération où Dieu est absent. Il n’est pas de situations que Dieu trouverait profondes, trop dangereuses. Je peux envoyer mes enfants dans un pays étranger — et savoir que le Seigneur les accompagne.

Souveraineté

Dieu a un plan pour moi (v. 13-18)

13 C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tenu caché dans le sein de ma mère.
14 Je te célèbre ; car je suis une créature merveilleuse. Tes œuvres sont des merveilles, et mon âme le reconnaît bien.
15 Mon corps n’était pas caché devant toi, lorsque j’ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre.
16 Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui étaient fixés, avant qu’aucun d’eux (existe).
17 Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! Que la somme en est grande !
18 Si je les compte, elles sont plus nombreuses que (les grains de) sable. Je m’éveille, et je suis encore avec toi.

Troisièmement, David s’émerveille de la souveraineté de Dieu sur sa vie, du début à la fin. Plus que l’omnipotence de Dieu, cette partie développe l’idée que Dieu, mon créateur, a un projet pour moi.
Avec délicatesse, j’ai été créé, formé, caché, pétri ; mieux, « tissé » (v. 15 — c’est presque de l’embryologie !). Je ne suis pas une créature issue du hasard.
Non seulement Dieu est maître du début de mon histoire, mais encore de sa fin. Je ne mourrai pas un jour plus tôt ou plus tard que le jour fixé par Dieu. Jésus dit d’ailleurs de ne pas s’inquiéter, car ce n’est pas cela qui rallongera mon existence. Bref, je suis un homme ou une femme que Dieu a voulu, une créature merveilleuse.

Comment vivre cette souveraineté de Dieu ?

– Encore une fois, par la louange ! David commence cette section avec une exclamation : « C’est toi ! », reconnaissance heureuse de l’œuvre puissante de Dieu. La louange des v. 17 à 18 est probablement l’émerveillement face à toutes ces qualités de Dieu. Qu’il est grand, tellement au-delà de toutes nos pensées !
– Par le respect de mon corps : J’ai été créé à l’image de Dieu, et Dieu a créé mon corps avec une touchante attention. J’ai lu le récit d’un couple dont l’épouse ne se sentait pas belle et cela la gênait considérablement dans ses rapports avec son mari. Tendrement, cet homme l’a placée devant un miroir et lui a demandé de louer Dieu pour chaque partie de son corps. Dieu m’a fait à son image, au-delà de toute logique génétique, au-delà de tout handicap de naissance ou acquis. Je le reflète et il a sa main sur moi. Plus encore, avec ma conversion, ce corps est devenu le temple du Saint Esprit (1 Cor 6.19).
– Par le respect de la vie : Un enfant existe dès la conception. La Bible souligne la continuité de l’existence du ventre de la mère à l’enfant qui respire. Il est impossible de valider l’avortement, ou les techniques de contraceptions abortives. Pour autant, un Dieu de grâce accueille toujours celle qui s’est prêtée à de tels gestes et qui s’en repent.
– En me réjouissant de ce projet bienveillant de Dieu : si mes parents ne m’ont pas vraiment voulu, si la société ne m’a pas vraiment voulu, Dieu, lui, m’a voulu ! Je peux me réfugier en Dieu, en son amour pour moi, dans sa compréhension de ce que je suis.
– En ayant confiance : La vie en général, et la vie chrétienne en particulier, n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des combats, des épreuves, des tentations, des chutes… (Prov 24.16). Mais Dieu reste souverain.

Justice

Dieu jugera mes ennemis (v. 19-24)

19 O Dieu, si seulement tu faisais mourir le méchant ! Hommes de sang, écartez–vous de moi !
20 Ils parlent de toi d’une manière infâme, ils prennent (ton nom) en vain, eux, tes adversaires !
21 Éternel, n’aurai–je pas de la haine pour ceux qui te haïssent, du dégoût pour ceux qui se soulèvent contre toi ?
22 Je les hais d’une parfaite haine ; ils sont devenus pour moi des ennemis.
23 Sonde–moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve–moi, et connais mes préoccupations !
24 Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis–moi sur la voie de l’éternité !

Dans cette quatrième strophe, le ton change radicalement. On passe d’attributs de Dieu paisibles et encourageants à ses attributs de sainteté et de justice. David exprime des émotions très fortes : du dégoût, de la haine… Ces expressions paraissent violentes à la lumière du N.T., mais c’est une impression erronée : au cri de David, répond la prière des martyrs (Apoc 6.10). Et c’est parce qu’un jour un jugement aura lieu, que les chrétiens peuvent, avec confiance, pardonner ceux et celles qui les ont offensés. Parce que pardonner, c’est laisser à Dieu le soin de juger. C’est exprimer au Seigneur sa colère et son ressentiment, et les laisser à ses pieds, sachant qu’il fera justice.
Le Psaume se termine par une prière, d’autant plus importante que David est animé d’un désir de justice, et que ce sentiment pourrait le faire basculer dans l’amertume.

Comment vivre cette partie ?

– Par la confiance face au harcèlement : Un jour ou l’autre on a dû faire face au harcèlement d’un collègue, d’un patron, d’un voisin ou d’un membre de sa famille. Un jour ou l’autre, on a été confronté à l’impossibilité d’obtenir réparation, ou de résoudre des relations difficiles. Dieu n’est pas absent de cette irritation. Il la connaît, la mesure, la chiffre, et il en sera juge. Quelle sérénité !
– Quelle sérénité de lui laisser le soin de juger, et de lui demander que nos cœurs soient rendus souples. Pensons à confesser nos péchés. Prions pour que nous nous jugions nous-mêmes avant de juger les autres. Dieu nous conduira ainsi « sur la voie de l’éternité » (v. 24).

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Le yoga semble offrir tout ce que l’homme occidental recherche. Le corps, rouillant sur les chaises de bureau trop longuement fréquentées, trouve ainsi le moyen de s’assouplir et de s’exprimer. La tête, obscurcie de chiffres et de soucis, est gentiment vidée de ses impuretés. Pour beaucoup, le yoga est une source de détente équivalente à un sport ou un loisir.
Mais n’est-il que cela ?

Les auteurs d’ouvrages sur le yoga montrent que cette technique n’est pas purement physique. Elle relève d’une conception théologique du monde où les postures sont à la fois représentation d’une réalité théologique et véhicule d’une puissance spirituelle.
Le yoga est de nature religieuse.
Une religion est un « ensemble d’actes rituels liés à la conception d’un domaine sacré distinct du profane et destinés à mettre l’âme humaine en rapport avec Dieu ». C’est un « système de croyances et de pratiques, impliquant des relations avec un principe supérieur et propre à un groupe social ». Nous sommes ainsi en présence d’une religion lorsque les caractéristiques suivantes sont présentes :

1. l’homme est considéré comme une entité spirituelle ;

2. l’homme a accès à une dimension spirituelle ;

3. il existe une méthode pour parvenir à cette dimension.

Un mouvement révèle sa nature lorsque son historique témoigne d’une recherche spirituelle. Lorsque sa conception du monde affirme l’existence d’un monde spirituel. Lorsque ses objectifs s’appliquent à faire passer l’homme dans des sphères spirituelles. Et lorsqu’il propose à ses adhérents des gestes propres à éveiller une conscience spirituelle. C’est précisément le cas du yoga !

1. Origines du yoga

Le yoga classique indien provient d’un texte attribué à Patanjali dont on connaît peu de choses. Il aurait vécu au Pendjab au ive s. avant notre ère (certains avancent le xie s. av. J.-C.). Le terme yoga signifie littéralement « joug » ou « attelage » ; il évoque la recherche de l’union entre le soi et l’Absolu (brahman).

Selon les époques, les philosophies comme les pratiques varient. Elles visent le salut individuel par un enseignement métaphysique ou religieux (selon les écoles). Ainsi, dès sa création, le yoga est une quête spirituelle.

2. Conception du monde pour le yoga

Le yoga part de l’idée que tout est souffrance, et il faut en être délivré. Cette douleur provient d’une séparation de l’âme avec l’Absolu. L’âme souffre de cette condition déchue et recherche, à travers ses incarnations successives, à retourner dans la fusion originelle avec l’Absolu.

Selon l’hindouisme, la vie humaine est cyclique, d’où la doctrine de la réincarnation. La vie est pleine de douleurs et de chagrins, fondements de la condition de l’homme. Le but du yogi est de se retirer de ce cycle douloureux de la mort et d’atteindre l’immortalité. Cette libération (salut) est entraînée par La mort de l’identité individuelle par sa fusion avec l’absolu. Ainsi, il devient un jîvanmukta, un « délivré de son vivant ». À travers le yoga, un homme profane peut devenir sacré ou divin.

Il est difficile d’échapper à la conclusion que la pratique du yoga illustre une conception éminemment religieuse du monde.

3. Objectif du yoga

Jean Varenne décrit le yoga comme « une technique de salut originale qui se propose de libérer l’âme de sa condition  charnelle par l’exercice de disciplines psychiques et corporelles. [L’âme] est en quelque sorte exilée dans le monde de l’existence où elle est condamnée à se réincarner indéfiniment, passant de corps en corps à la manière d’un oiseau migrateur1 ».

Il est évident que le yoga a un objectif religieux. Ce n’est pas seulement une série de gestes innocents. Ils sont pédagogiques (et opérants !) en vue d’une transformation spirituelle de l’être.

4. Pratique du yoga

Comme nous l’avons vu, le yoga est religieux. Pour des raisons obscures, les professeurs occidentaux de yoga voilent cette réalité à leurs étudiants. En décrivant leurs pratiques, ils révèlent pourtant ce côté religieux :

« Le yoga n’a jamais été conçu seulement comme une discipline de mieux-être dans la vie actuelle, mais comme un mode de transformation si radical que ses effets se répercutent sur l’après-vie2 ».

On ne pourra jamais séparer la pratique du yoga de la « théologie » à laquelle elle est liée. En quelque sorte, le yoga offre à l’hindouisme ce que les sacrements offrent au catholicisme. Ils sont les rites initiatiques et opérants de privilèges spirituels.

5. Dangers du yoga

De l’aveu même des praticiens, le yoga n’est pas sans danger. Mircea Eliade évoque les « troubles auxquels certaines techniques exposent l’amateur imprudent, nous pensons surtout à celle de “l’érotisme mystique” »3. Ysé Tardan-Masquelier parle de « graves dissociations, conduisant parfois à la folie ». Il ajoute :

« Le pratiquant est donc très vulnérable […] : il n’a pas perdu son jugement qu’il retrouvera d’ailleurs clarifié et affermi, mais il l’a levé, suspendu, pour entrer plus profondément en lui-même et, si telle est sa forme de spiritualité, en contact avec une puissance divine. On imagine bien à quels excès des instructeurs à tendance paranoïaque, se sentant investis d’une mission urgente pour le monde, peuvent se livrer […] parfois, dans le sens d’un véritable “viol” psychique, […] où les  préceptes inoculés dans ces moments de totale réceptivité, atteignent l’inconscient et y laissent des traces indélébiles. »4

Si, selon Saravasti, le yoga est « l’annihilation de toutes les fonctions du mental, l’art de vider son mental et d’en faire un feuillet blanc »5, on entre dans  un terrain glissant. Il devient facile à un enseignant, terrestre ou angélique, d’écrire à sa guise les « vérités » spirituelles qui contrôleront la vie de celui qui pratique le yoga.

6. Un chrétien peut-il pratiquer le yoga ?

Deux raisons exigent une réponse négative.

En premier lieu, nul ne peut fléchir le genou devant une statue « innocemment », c’est-à-dire sans détrôner celui qui est le Seigneur. Pareillement, rechercher le « Grand Suprême » par le yoga revient à dire que la Révélation, la Parole de Dieu, est insuffisante.

En second lieu, un geste est un témoignage public. Un chrétien faisant du yoga enseigne qu’il existe d’autres chemins de libération que Jésus-Christ.

C’est probablement ce qui explique la présence dans la loi de commandements comme : « Vous ne couperez pas en rond les bords de votre chevelure. Tu ne raseras pas les bords de ta barbe » (Lév 19.27). Ce n’est pas que ces gestes étaient mauvais en eux-mêmes, mais ils étaient des rites païens que les Israélites ne devaient pas imiter. Il en va de même avec les postures du yoga.

Conclusion

J’invite le lecteur à méditer 2 Corinthiens 6.11-7.1 pour conclure cette brève étude :

11 Notre bouche s’est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur s’est élargi, 12 Vous n’y êtes point à l’étroit, mais c’est votre cœur qui s’est rétréci pour nous. 13 Rendez-nous la pareille — je vous parle comme à mes enfants — élargissez, vous aussi, votre cœur ! 14 Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger.
Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? 15 Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? 16 Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
17 C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. 18 Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant.
7.1 Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu.

1J. Varenne, « Yoga », Encyclopedia Universalis, vol. 12, p. 1029.
2Ysé Tardan-Masquelier, Le yoga : du mythe à la réalité, Paris, Éditions Droguet et Ardant, p. 55.
3M. Eliade, Techniques du yoga, p. 12-13.
4Ysé Tardan-Masquelier, Le Yoga : du mythe à la réalité, Paris, Éditions Droguet et Ardant, p. 111-112.
5Saravasti, La pratique de la méditation, Paris, Éditions Albin Michel, 1950, p. 118.

Écrit par


Cet article est adapté de prédications tenues alors que mon épouse et moi étions jeunes mariés. Depuis, notre couple est passé par le mélange normal des joies et des détresses de deux pécheurs vivant ensemble ! Nous sommes tous deux convaincus du besoin de revenir constamment au programme que Dieu place devant chacun d’entre nous. J’espère que ces quelques lignes vous y encourageront.

Une femme, une vraie : les marques de la maturité féminine

Qu’est-ce qu’une femme idéale ?… Barbie, Marylin Monroe, Laure Manaudou, Marie Curie ?
Certains (surtout dans les années soixante) ont cherché à abolir toute distinction entre hommes et femmes. Pourtant, ceux-ci sont radicalement différents, dans leurs corps, dans leur façon de penser, etc. — et c’est une source de richesse.
D’autres cherchent à rabaisser la femme. Pierre de Coubertin (rénovateur des jeux olympiques) a dit : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. » Nous comprenons dès lors le danger de dire que les hommes sont différents des femmes : considérer les uns supérieurs aux autres.
La Bible est glorieusement pour la féminité. Elle attribue à la femme un rôle et une fonction qui lui sont propres, au sein du couple comme au sein de la société. Toutefois, elle ne définit pas prioritairement des tâches, mais esquisse les traits spécifiques de la féminité. Bien sûr, la manière dont s’exprime cette différentiation va changer d’une culture à l’autre.
Un texte clef sur ce thème se trouve en 1 Pierre 3.1-6 : « Vous de même, femmes, soyez soumises chacune à votre mari, afin que même si quelques-uns n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans parole, par la conduite de leur femme, en voyant votre conduite pure et respectueuse. N’ayez pas pour parure ce qui est extérieur : cheveux tressés, ornements d’or, manteaux élégants, mais la parure cachée du cœur, la parure personnelle inaltérable d’un esprit doux et tranquille ; voilà qui est d’un grand prix devant Dieu. Ainsi se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari, telle Sara qui obéissait à Abraham, et l’appelait son seigneur. C’est d’elle que vous êtes devenues les descendantes, si vous faites le bien, sans vous laisser troubler par aucune crainte. »

L’abandon (3.1-2)

Le texte débute avec les propos les plus controversés sur la relation mari-femme : « Soyez soumises »… Il ne s’agit pas d’une erreur de manuscrit, ni d’une conception particulière de Pierre, car l’apôtre Paul exprime la même chose dans plusieurs autres passages (Éph 5 ; Col 3 ; Tite 2.5, etc.). Le terme grec est hupotasso, un terme très fort puisqu’il évoque une notion militaire : se placer sous l’autorité d’un plus gradé. Pour autant, il ne signifie ni une différence de nature, ni une domination masculine, ni une obéissance aveugle, ni une servitude.

Il s’inscrit au contraire dans un principe général de relations sociales qui dépasse largement le cadre unique du foyer : Pierre commence par évoquer la bonne conduite à observer parmi les païens, puis il parle de la soumission aux gouvernements, aux employeurs, etc. En fait, le concept de la soumission touche tout le monde. C’est une nécessité pour tout rassemblement d’hommes et de femmes. Dans ce contexte, la soumission de la femme n’est qu’un élément parmi d’autres de cette soumission mutuelle.

Peut-être que le mot le plus approprié pour résumer l’attitude générale de la femme est : « s’abandonner » — pour le bien d’autrui.
Nous avons un exemple formidable dans la personne de Marie : elle reçoit de Dieu un appel qui peut lui coûter la vie, car accepter d’être enceinte sans être mariée peut entraîner la lapidation, et elle s’abandonne à la volonté de Dieu.

Le pouvoir féminin ne se manifeste pas par un discours, encore moins par la violence. Le pouvoir féminin, c’est l’influence par l’exemple :
1. La conduite sans parole : L’exemple a un profond impact pour juger et enfin changer le cœur d’un homme. La mère d’Augustin (un des « pères » de l’Église) vécut avec un mari difficile ; elle fut un exemple Asi spectaculaire que Dieu eut pitié de cet homme qui mourut dans la foi.
2. L’attitude de pureté : La pureté (de langage, de pensée, etc.) d’une femme est admirée. Et comme la pureté devient denrée rare, elle est d’autant plus magnifique. C’est une parure capable de faire fléchir les plus durs.
3. L’attitude de respect : Si un mari sent qu’une épouse respecte ses choix, son engagement, ses efforts, ses sacrifices pour le Seigneur comme pour sa famille, il sera plus attentif au conseil, à l’enseignement de son épouse.

La piété (3.3-4)

La poudre aux yeux

« N’ayez pas pour parure… » Pierre se préoccupe ici de la tendance de certaines femmes à trouver leur identité dans le « paraître ». Il souhaite donc éviter le manque de substance dans la valeur d’une femme. Une femme tire sa valeur de ses dispositions intérieures. La Bible n’est pas contre les ornements qui agrémentent l’allure (Gen 24.53). Elle s’en prend plutôt à ceux qui trouvent leur valeur dans leurs bijoux : « [La sagesse] est plus précieuse que les perles, elle a plus de valeur que tous les objets de prix. » (Pr 3.15). Les tresses dont il est question dans 1 Pi 3 étaient constituées de pierres précieuses. Ce n’est pas la beauté qui est à éviter, mais la dépense excessive pour la beauté et l’ostentation. Pierre recommande plutôt…

La poudre au cœur

La parure est cachée, elle se révèle à ceux qui prennent le temps de la découvrir. L’homme qui respecte la femme apprendra à discerner et chérir comme un trésor ce qu’il a découvert. Seul un mariage à vie permet de se découvrir mutuellement. Les marques de la maturité féminine se trouvent dans l’entretien d’un être intérieur agréable, plus que dans l’entretien d’un aspect agréable.

La bonté (3.5-6)

Les exemples du passé

Pierre mentionne Sara comme exemple pour toute femme. Elle est qualifiée de sainte, non parce qu’elle aurait été parfaite (il suffit d’observer son comportement par rapport à sa stérilité), mais parce que sa foi était ancrée en Dieu. Elle a un respect réel d’Abraham, et le manifeste dans sa manière de parler et de se comporter envers lui.

Les opportunités du présent

Beaucoup d’opportunités s’offrent à l’expression de la féminité : dans l’église, dans le foyer, dans la société,… En 1 Timothée 3.11, Paul décrit les qualifications requises pour un ministère féminin : « Les femmes, de même, doivent être respectables, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. » (1 Tim 3.11)

Le présent est vécu sans « aucune crainte » : lorsqu’une femme vit de bonté, pour l’amour de Dieu, que peut-elle craindre ? Lorsqu’avec confiance elle s’abandonne, corps et âme, au mari que Dieu lui a accordé, elle est protégée par sa situation. Elle est gardée dans sa réputation. Elle ne risque pas d’être mal influencée. Elle demeure sereine.

Un homme, un vrai : les marques de la maturité masculine

La Bible est glorieusement pour le développement différencié des sexes. La Bible est pour la féminité, elle est également pour la masculinité. L’homme et la femme, deux êtres de même nature, fondamentalement différents, ont, dans le couple comme dans la société, des rôles différents à jouer. Comme pour la femme, soulignons que la Bible ne définit pas avec précision ces rôles, mais elle en donne des principes, dont l’application variera d’une culture à l’autre.

Un texte clef sur ce thème est Éphésiens 5.25-31 : « Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne, en effet, n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chaAir. »

Aimer comme Christ (5.25-27)

Un commandement

« Aimez votre femme » : 1° Le temps du verbe implique une application continuelle. Les maris doivent aimer en toutes circonstances, même dans les temps de crise du couple. La formule retenue pour célébrer les mariages « pour le meilleur et pour le pire » souligne le poids de la responsabilité de l’homme marié. 2° L’amour de l’homme ne dépend pas de ce que sa femme fait, ni de sa manière de répondre à l’homme. 3° L’amour de l’homme est un commandement auquel il ne peut se soustraire : on le trouve à cinq reprises dans ce texte ! Ce n’est pas une option, mais un devoir. Pourquoi ce devoir est-il plutôt imposé à l’homme qu’à la femme ? Difficile à dire, mais c’est au centre de sa vocation de mari.

Une image

Paul désire que nous, les maris, « imitions » ce que Christ a fait pour l’Église. Christ a aimé l’Église d’un amour inconditionnel (Rom 5.8), volontaire (Deut 7.7), intense (Jean 13.1), perpétuel (Rom 8.39), désintéressé (Phil 2.6-7). La qualité de l’amour d’un homme envers sa femme doit s’approcher de la qualité de l’amour du Christ envers l’Église. Les hommes, lorsqu’ils se marient, doivent savoir qu’ils se livrent à leur femme. Ils renoncent à certains aspects de leur vie pour le bien-être de leur épouse. Ils prennent la décision de ne jamais laisser quoi que ce soit devenir prioritaire par rapport à leur épouse. L’amour du Christ envers l’Église est un amour constructif : il cherche à l’édifier et promet de la faire paraître parfaite un jour. L’amour d’un homme pour sa femme doit également être constructif : il a l’objectif de faire progresser la personnalité, les talents, l’engagement, la vision, la vie intérieure, le ministère de son épouse.

Aimer comme soi-même (5.28-30)

Un commandement

« Les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. » Cette fois-ci, la comparaison porte sur son propre corps. Quand nous sommes malades, nous cherchons à soulager les parties malades du corps, à prendre soAin d’elles. Le même type de soin doit s’appliquer à l’épouse. Les maris refuseront de laisser libre cours à leur égoïsme naturel qui viendrait briser cette relation.

Une image

Paul fait appel à une image : le corps humain est une image de l’Église. La relation du Christ avec l’Église, son corps spirituel, est une relation d’autorité spirituelle.
Toutefois, il n’est pas d’abord prescrit à l’homme de commander — il lui est d’abord demandé d’aimer. Mais sa position implique une responsabilité, celle de se montrer un « chef bienveillant ». Là encore, le modèle est Christ : il s’est occupé de son « corps », l’Église, en donnant sa vie pour elle (Mat 20.25-28), et en se mettant au service des siens (Jean 13.1-5).

Aimer comme une colle (5.31)

« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. » Le terme grec traduit par « s’attacher » veut littéralement dire « coller », avec une portée sexuelle explicite. La caractéristique d’une bonne colle, c’est d’unir sans qu’il soit possible de séparer. Une image idéale du mariage !

Une deuxième caractéristique d’une bonne colle, c’est d’unir deux objets sans qu’il soit possible d’y intercaler quoi que ce soit d’autre. En bref, la Bible parle de pureté au sein du mariage (Héb 13.4).

Cette image à deux aspects. L’un positif : il faut déborder d’imagination pour apprendre à créer une union mutuellement satisfaisante. L’autre négatif : il interdit à toute autre présence de s’installer entre les époux, ce qui trahirait l’alliance du mariage. Dénonçons quelques mythes trompeurs à propos de l’adultère :
– Se croire à l’abri de ce piège : le plus sûr moyen d’y tomber un jour. C’est typiquement « l’orgueil qui précède la chute » (Pr 16.18).
– Croire que l’adultère n’aura pas d’influence sur notre vie ou notre foyer : là encore un redoutable mensonge. Si Dieu pardonne le péché, les conséquences de la chute peuvent être coûteuses. Une vie conjugale brutalement jetée à terre ; des enfants en grand désarroi.
– Croire qu’une autre femme apportera une satisfaction supérieure. Comment l’égoïsme serait-t-il la base d’une union viable ?

Dans notre civilisation, l’appel à la pureté est une priorité. Il nous incombe, à nous les hommes, de nous entraider, de nous encourager et de lutter pour vivre à ce niveau. De cela aussi dépend le succès de notre vie d’époux capables d’aimer selon l’exemple de Christ.

* * *

Comment définir une femme, une vraie ? Elle s’abandonnera pour le bien des autres, elle se fera remarquer par sa piété, sa bonté et son absence de crainte.

Comment définir un homme, un vrai ? Il décidera d’aimer sa femme, il refusera de laisser libre cours à son égoïsme et restera fidèle.

À la lumière de cette étude, la question se pose à chacun, homme ou femme : où en sommes-nous dans notre croissance en Christ vers la maturité masculine ou féminine ?

Écrit par


Florent Varak a grandi dans une famille passionnée de spiritualité orientale. En 1984, il se convertit au christianisme. Il est titulaire d’une maîtrise de théologie et pasteur d’une église évangélique à Lyon depuis plus de 10 ans. Il est marié et père de trois enfants. Il enseigne aussi à l’Institut Biblique de Genève (IBG). Conférencier et écrivain, il est l’auteur de deux ouvrages : La Foi charismatique (Editions CLE) et La Réincarnation (Editions CLE). De nombreux articles, dus à sa plume sur des sujets actuels sont disponibles sur le site www.grace-lyon.org ou www.unpoissondansle.net. Florent Varak fait partie du comité de soutien de Promesses.

Il est des moments dans la vie avec Dieu où le Seigneur prend plaisir à tester notre intégrité. Il autorise des circonstances ou des situations, où un homme va refléter concrètement son amour pour Dieu. Tel fut le cas pour Daniel dans le récit rapporté au ch. 6 de son livre.4

La jalousie des collègues (6.1-5)

En 539 av. J.C., le roi perse Cyrus conquiert la ville de Babylone. Après avoir pris la ville, Cyrus continue sa conquête, et laisse à Gubaru (appelé Darius dans le livre de Daniel) le soin de gérer sa nouvelle acquisition.

Ce Gubaru (alias Darius) nomme 6 gouverneurs par provinces, soit 120 « satrapes », c’est-à-dire 120 hauts fonctionnaires. Trois ont la charge de superviser l’ensemble, et Daniel est en quelque sorte le premier ministre de cette administration. C’est merveilleux ? Pas vraiment !
– Ses collègues, perses ou mèdes, sont verts. Verts de jalousie, verts de rage, verts d’envie.
– Pour comble, Daniel est vieux (environ 80 ans) et Juif. Pour eux, il n’a rien à faire dans le gouvernement de Babylone.
– Ces charmants collaborateurs cherchent un moyen d’accuser Daniel de négligence (6.5), mais ne trouvant rien, ils se tournent vers la religion de Daniel pour y découvrir un motif de dénonciation.

Le complot des collègues (6.6-9)

Les collègues de Daniel complotent. Pour renverser Daniel, ils s’appuient sur deux éléments :
– La Loi de Dieu dit : « Tu n’adoreras que le Seigneur ton Dieu. » Cela fait partie des 10 commandements. Si le roi signait un décret obligeant à adorer un dieu, alors Daniel serait cuit. Ou plutôt mangé, car si la peine de mort chez les Babyloniens c’était le bûcher, pour les Perses, c’était les lions 5.
– La loi des Mèdes et des Perses se voulait irrévocable lorsqu’elle était scellée par les dignitaires de ces empires.
Leur stratégie est particulièrement haineuse. Ils trompent le roi en disant que « tous les chefs du royaume, les intendants, les satrapes, les conseillers et les gouverneurs » sont d’accord sur cette proposition. Manifestement, c’est tous, sauf le premier ministre ! Le roi Darius ne prend pas soin de vérifier les dires de ces dizaines de dignitaires qui réclament bruyamment la signature du décret.

De telles demandes apparaissent démesurées aujourd’hui – du moins dans les pays occidentaux. Mais les despotes du coin et de cette époque exigeaient souvent le culte de leur personne.

L’intégrité spirituelle de Daniel (6.10-15)

Le refus de Daniel le condamne à la fosse aux lions. Daniel a eu une longue vie, bien remplie. Il a été fidèle à Dieu, tout en étant un fonctionnaire responsable au sein des divers empires qu’il a traversés. Je suppose qu’il a au moins été tenté de trouver une solution pour échapper à ce piège :
– Cesser de prier pendant 30 jours par exemple.
– Ou prier la nuit, lorsque personne ne regarde.
Je me demande ce que j’aurais fait… C’est une chose d’être intègre pour Dieu sans pression ; c’en est une autre de l’être lorsqu’une foule de personnes influentes qui sont vos propres collègues vous poussent à ne pas l’être.

L’intégrité spirituelle de Daniel est remarquable. Et elle se résume en une phrase : il vit pour Dieu quels que soient les agissements des gens autour de lui. Il continue donc à prier, 3 fois par jour, devant les fenêtres. Il continue même de le faire lorsque les hommes entrent chez lui (v. 11).

L’étau se ressert donc sur Daniel. Le roi est affligé ; il réalise qu’il a été floué, mais qu’il ne peut rien pour arrêter ce qu’il a lancé.

Les conséquences de l’intégrité de Daniel (6.16-28)

Daniel est jeté dans la fosse aux lions, dont l’ouverture est scellée 6. Il se trouve que dans cette situation unique de l’histoire, Dieu a choisi d’intervenir pour préserver Daniel. Six siècles plus tard, lors des persécutions romaines, bien des chrétiens n’auront pas le même privilège. Il semble même que Paul ait échappé de justesse à ce terrible châtiment 7 (2 Tim. 4.17). L’auteur de l’épître aux Hébreux fait sans doute allusion à cet épisode dans la superbe présentation des héros de la foi de l’Ancien Testament : « Et que dirais-je encore ? Car le temps me manquerait si je passais en revue […] les prophètes qui, par la foi, […] fermèrent la gueule des lions. » (Héb 11.32-34)

Devant cette délivrance miraculeuse, le roi décide de punir les accusateurs de Daniel ; son décret est radical : « Que ces hommes qui avaient accusé Daniel soient amenés et jetés dans la fosse aux lions, eux, leurs enfants et leurs femmes ! » La Loi de Moïse interdisait que l’on punisse la famille d’un coupable (Deut. 24.16) ; l’ordre du roi était donc injuste. Mais les monarques non juifs n’avaient pas la même sensibilité. La condamnation avait un effet dissuasif sur toute personne qui voulait tromper un roi. Cela tuait dans l’œuf toute possibilité de vengeance également.

Le texte décrit crûment ce qui se produisit : « Et avant qu’ils soient parvenus au fond de la fosse, les lions se ruèrent sur eux et brisèrent tous leurs os. » (6.24)

Le roi est évidemment impressionné par la délivrance de Daniel – surtout en contraste avec le « festin » qui a suivi – au point qu’il rédige une lettre destinée aux provinces dont il avait la gouvernance : « Je donne l’ordre que, dans toute l’étendue de mon royaume, on ait de la crainte et du respect devant le Dieu de Daniel.

Car il est le Dieu vivant
Et il subsiste à jamais !
Son royaume ne sera jamais détruit.
Et sa domination durera jusqu’à la fin.
C’est lui qui sauve et délivre,
Qui opère des signes et des prodiges
Dans les cieux et sur la terre.
C’est lui qui a sauvé Daniel
De la griffe des lions. » (6.25-27)

La religion de Darius, dualiste, à laquelle étaient associés de nombreux dieux, souvent illustrés ou représentés par le feu, n’est pas comparable à la puissance si éclatante du Dieu d’Israël. Le roi Darius ne s’est pas trompé à son sujet !

Gérer le succès

L’honneur, c’est comme le parfum, ça doit rester à l’extérieur – c’est du poison quand on le boit ! Le roi Darius aurait dû se méfier de la flatterie de sa cour. Le roi aurait dû veiller à cultiver l’humilité. Parce qu’il était sensible à la flatterie, il a pu être manipulé aisément. La recherche de la gloire, de l’approbation des autres, est l’un des grands dangers de l’homme. Au fond, c’est de l’orgueil.

Fait étrange : si un péché comme l’adultère est rapidement identifié dans une église et si le processus de discipline se met en place pour de tels péchés, on l’envisage mal pour l’orgueil. Pourtant, c’est l’un des sept vices que l’Eternel déteste : « Il y a six choses pour lesquelles l’Éternel a de la haine, et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains, la langue trompeuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des projets injustes, les pieds qui se hâtent de courir au mal, le faux témoin qui profère des mensonges, et celui qui déchaîne des querelles entre frères. » (Prov. 6.16-19)

De gros échecs spirituels ont lieu après de grandes victoires ou de grands sommets.
– Pierre s’est entendu dire par le Seigneur : « Arrière de moi, Satan », juste après qu’il a dit à Jésus sa compréhension de son identité : « Tu le Christ, le Fils de Dieu. » (Mat 16)
– C’est après la victoire sur Jéricho qu’Acan a pris du trésor défendu (Jos 7).
– C’est après des milliers de conversions, et une vie d’église remarquable, qu’Ananias et Saphira tombèrent morts pour leur péché (Act 5).

Et on pourrait multiplier les exemples.

Dans le développement de notre intégrité et de notre marche avec le Seigneur, soyons très vigilants sur la gestion du succès. Pour l’avoir ignoré, Darius est tombé dans un piège monstrueux. Daniel, lui, a toujours su gérer cette situation avec Dieu.

Le piège de la jalousie

Les conseillers du roi étaient jaloux du succès de Daniel – comme quoi les hommes n’ont pas beaucoup changé au cours du temps :
– Joseph a été vendu comme esclave par ses propres frères, jaloux de l’amour que lui portait leur père.
– Saül a voulu tuer David à plusieurs reprises à cause de ses succès militaires, et du choix de Dieu.
– Les Proverbes parlent de la jalousie (ou de l’envie) en des termes catégoriques : « Car la jalousie met un homme en fureur, il est sans pitié au jour de la vengeance. » (6.34) « Un cœur calme est la vie du corps, mais la jalousie est la carie des os. » (14.30) « La fureur est cruelle et la colère impétueuse, mais qui tiendra devant la jalousie ? » (27.4)
– Actes 13.45 montre que les chefs religieux juifs étaient jaloux du succès de l’Eglise, et que cela motivait leur désir de persécution.
Mais la jalousie existe en dehors des païens, ou du temps de l’A.T. Au point que les apôtres ont eu à la traiter à bien des reprises.
– Romains 13.13 nous exhorte à marcher loin de la jalousie, et de la discorde.
– Paul reproche longuement aux Corinthiens leur jalousie les uns envers les autres. Leurs cultes cherchaient à attirer l’admiration des autres, sans souci de service mutuel (1 Cor. 3.3 ; 2 Cor 12.20).

Dieu avant tout !

Les gens qui aiment Dieu aiment… Dieu. Pas l’ambiance des gens qui aiment Dieu, pas les activités religieuses ou spirituelles. Ils aiment Dieu. Ils honorent Dieu. Ils vivent pour lui. C’est-à-dire qu’ils lui obéissent, quel que soit leur état d’âme, leurs sentiments…
– Daniel commence sa carrière dans la cour des rois avec un test d’intégrité. Il a à peine 15 ans. Loin de ses parents, des sacrificateurs, des coutumes de son peuple, il choisit de ne pas manger des viandes déclarées impures par le Lévitique. Il choisit de mettre en avant ses convictions morales et spirituelles. Quitte à mettre en danger sa carrière et son avenir.
– Daniel a plus de 80 ans maintenant. Le même scénario se produit. Il demeure fidèle à ses principes. Un mot pour les adolescents : vous deviendrez ce que vous développez aujourd’hui ; si votre vie d’ado chrétien est un bain de compromis, il n’y aura pas d’âge où cela va changer. Il n’y a pas d’âge magique, où un homme devient intègre facilement. C’est un choix coûteux et difficile, qui se prend dès maintenant.

La relation avec Dieu est prioritaire sur les autres. Des hommes n’ont pas eu la chance de Daniel. Rappelons rapidement l’histoire de Bernard Palissy : né à Agen, en 1510, il devient maître verrier, étudie la géologie, la physique, la chimie, l’agronomie. Soucieux de découvrir le secret des émailleurs italiens, il travaillera seul durant une quinzaine d’années, sacrifiant tout à ses recherches. Il se convertit. Il travaille pour la famille royale, à Saintes puis à Paris et offre à Henri II des compositions émaillées de grande qualité. Puis vient la Saint-Barthélémy (1572). Palissy part s’exiler à Sedan. Il est emprisonné à la Conciergerie, puis à la Bastille pour hérésie. Le roi Henri III désire vivement garder ce sujet qui est le seul artisan du temps capable de lui fabriquer de la vaisselle précieuse en terre cuite. Comme ni les menaces ni les promesses ne produisent aucun effet sur le prisonnier pour lui faire renier sa foi, le roi se rend en personne dans la prison, et lui demande d’abjurer : « Si vous ne le faites pas, ajoute Henri, je me verrai forcé de vous laisser condamner à mort. ».

– « Sire, répondit Palissy, est-ce le roi de France à qui j’entends dire : ‘Je serai forcé ?’ Je ne suis qu’un pauvre potier, un des plus petits sujets de Votre Majesté et de plus aujourd’hui prisonnier, mais aucune puissance au monde ne peut me forcer à agir contre ma conscience. Vous êtes un des plus puissants maîtres de la terre et vous dites : ‘Je suis forcé’ ! Sire, lequel de nous deux est libre ? »

Palissy meurt à la Bastille en 1590. Il n’a pas été délivré comme Daniel. Dieu ne promet nulle part qu’il nous délivrera – mais il le peut, et il l’a fait parfois dans l’histoire. Notre obéissance doit seulement s’appuyer… sur notre devoir, pas sur l’espoir de ne jamais être confronté à la mort.

Le secret d’un témoignage convaincant

Plus de 60 ans au service de Dieu ! Performance rare et belle. Daniel est un homme exemplaire. Pourquoi Dieu a-t-il utilisé cet homme aussi longtemps, devant des rois si divers et si nombreux ? Je crois que la réponse principale est sa pureté. Daniel a à l’avance mis en pratique 2 Timothée 2.20-22 : « Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre ; les uns pour un usage noble et les autres pour un usage vil. Si donc quelqu’un se purifie, il sera un vase d’un usage noble, sanctifié, utile à son maître, propre à toute œuvre bonne. Fuis les passions de la jeunesse et recherche la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. »

Voulons-nous être utiles à Christ, notre Maître ? Propres à toute œuvre bonne ? La pureté – morale, doctrinale, spirituelle – est un préalable obligatoire. Cela implique une discipline quotidienne. C’est une passion, un choix, un désir. Si notre passion est le service du Christ, notre Rédempteur, recherchons avec passion la purification.

  1. Cette étude est reprise et adaptée de l’étude du livre de Daniel par Florent Varak disponible sur www.unpoissondansle.net/dan/dan.php?d=&i=6.
  2. Le feu était leur dieu, et il aurait été sacrilège de l’utiliser comme moyen de condamnation.
  3. Le scellement devait consister à poinçonner un morceau de terre glaise. La signature en relief contenue sur l’anneau identifiait l’auteur de l’acte.
  4. Du moins si l’on interprète ce verset littéralement (NDLR).

Écrit par


L’article qui suit est un condensé librement adapté de l’étude :
« JONAS : quand la compassion de Dieu nous dépasse. La chance de Ninive » ( Jonas 3), disponible sur le site Internet http://www.unpoissondansle.net/jonas/jonas.php?d=&i=3

A. Un message choc

Jonas parcourt Ninive en criant : « Encore quarante jours et Ninive sera bouleversée. »

Ce message est dur. Ce n’est pas le ton habituel des évangélistes qui se gardent d’insister sur la perdition éternelle, et limitent leur prédication à la première moitié de Jean 3.16. Encore 40 jours et Ninive ne sera plus qu’une pièce de musée. Mes amis, savez-vous qu’encore quelque temps, et la France ne sera plus ? Que la chose arrive dans quelques années, ou dans quelques siècles, le jour vient, nous rappelle l’apôtre Pierre, où « les éléments embrasés se dissoudront, et la terre, avec les œuvres qu’elle renferme, sera consumée » (2 Pi 3.10b, 12).

La Bible parle abondamment de l’enfer. Plus de 30 expressions le décrivent. Jésus a souvent parlé du lac de feu, de la géhenne, de la perdition éternelle. Les apôtres décrivent la justice de Dieu qui condamne tout pécheur, c’est-à-dire tout homme non régénéré, à l’enfer.

Je me demande si la proclamation de l’Évangile ne manque pas de mordant. Jonathan Edwards, au 18e siècle, a prêché, entre autres, un sermon passionné sur la justice de Dieu. L’Esprit utilisa ce message pour déclencher un réveil puissant :

« Ainsi donc, vous tous qui n’avez jamais connu le changement de cœur qu’opère le Saint Esprit par sa grande puissance, vous n’êtes pas devenus de nouvelles créatures, nées de nouveau, ressuscitées de la mort du péché à une nouvelle vie ; vous tous, vous dis-je, êtes entre les mains d’un Dieu en colère. Peu importe la multiplicité de vos réformes, seul le bon vouloir de Dieu vous empêche d’être à l’instant engloutis par une destruction éternelle. Vos expériences religieuses, l’observation d’une certaine forme de religion ou vos prières ne vous délivreront pas. […] Le Dieu qui vous retient suspendus au-dessus de l’abîme infernal éprouve une infinie aversion à votre égard, tout comme l’on tient un insecte répugnant au-dessus du feu. Vous avez terriblement provoqué sa colère, et celle-ci brûle comme un feu à votre encontre. Vous méritez seulement d’être précipités dans le feu. Les yeux de Dieu sont trop purs pour supporter la vue que vous leur offrez, et vous lui paraissez dix mille fois plus abominables que le serpent le plus venimeux. Vous l’avez offensé, infiniment plus que ne l’a jamais fait le plus entêté des rebelles à l’égard de son prince. Pourtant, seule sa poignée vous empêche à tout moment de tomber dans le feu. [… et Edwards conclut son sermon] Mon ami, sauve-toi pour ta vie ; ne regarde pas derrière toi, et ne t’arrête pas dans toute la plaine ; sauve-toi vers la montagne, de peur que tu ne périsses » (Gen 19.17).

Que dire aux Français de ce 21e siècle ? Si Dieu avait envoyé Jonas en France à notre époque, comment ce dernier se serait-il exprimé ? Il existe un point commun entre les prédications de Jean-Baptiste, de Jésus-Christ, puis des apôtres : l’appel à un changement radical de mentalité :
• Jean-Baptiste : « Et il alla dans toute la région du Jourdain ; il prêchait le baptême de repentance, pour le pardon des péchés » (Luc 3.3).
• Jésus-Christ. : « Dès lors, Jésus commença à prêcher et à dire : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Mat 4.17).
• Dans la bouche des apôtres, le premier message de l’apôtre Pierre s’est terminé par : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Act 2.38) Puis, un peu plus tard : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés… » (3.19).

Comment susciter ce changement de mentalité (et de conduite) ?
• Pour les personnes qui n’ont aucune conscience de leur état devant Dieu, il est bon de rappeler la Loi.

Citons Jean Calvin : « Le Seigneur a donc établi comme première étape, pour tous ceux qu’il destine à hériter de la vie céleste, qu’ils soient douloureusement touchés dans leur conscience, chargés du poids de leurs péchés, et poussés à le craindre. Or, c’est précisément pour nous amener à cette connaissance de nous-mêmes qu’il nous propose sa Loi. » (Brève instruction chrétienne, Kerygma & Excelsis, p. 16)
• Pour ceux que la conscience de leur péché accable, au contraire, prêchez la grâce.

Jésus-Christ est dur envers tous ceux qui se croient hors de danger. Mais il est rempli d’amour à l’égard de ceux dont la conscience est brisée par leurs péchés. Le Père accueille avec gentillesse et amour le fils prodigue. Jésus accueille avec gentillesse et amour cette femme surprise dans l’adultère. Le Seigneur accueille avec gentillesse et amour cette femme souffrante depuis tant d’années, tout comme l’étrangère dont l’enfant est malade.

B. Une réponse bouleversante

« Les gens de Ninive crurent en Dieu ; ils proclamèrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits. La nouvelle parvint au roi de Ninive ; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac et s’assit sur la cendre ».

Les gestes évoqués par notre texte sont des marques d’humiliation volontaire. Les Ninivites croient Jonas. Ils croient son Dieu, le Dieu unique du peuple d’Israël. Ils se détournent de leurs conceptions polythéistes. Ils reconnaissent qu’ils méritent le jugement de Dieu. Et ils le montrent par des actes précis :
• Le jeûne dans la Bible est un acte qui n’est jamais commandé, mais dont on trouve de multiples exemples. Il a pour but de permettre à l’homme de ressentir sa faiblesse dans son corps, et ainsi de réaliser sa fragilité et sa dépendance de Dieu.
• Il est quasiment toujours associé à la prière. Sauter un repas de temps en temps — pour ceux dont la santé le permet — libère du temps pour la prière. Mais Christ met en garde contre tout jeûne visant à impressionner les observateurs ! C’est une pratique privée.
• Les sacs dont il est question étaient en poil de chèvre. Très rugueux, ce « tissu » constituait le vêtement du pauvre et de l’esclave. Se revêtir de tels vêtements marque une volonté de s’abaisser, de s’identifier avec les plus petits de la terre, d’admettre que franchement, on est un peu mendiant aux yeux de Dieu, et qu’il vaut mieux être esclave de Dieu que de la méchanceté.
• Certains prophètes (comme Elie et Jean-Baptiste ; 2 Rois 1.8 ; Zach 13.4 ; Marc 1.6) se revêtaient de peau d’animaux pour illustrer, de manière expressive, la nécessité de se séparer d’une vaine manière de vivre.
• S’asseoir dans la cendre était une forme fréquente de manifestation de deuil. C’était manifester la douleur, le ravage de la vie qui ne laisse que de la cendre…
Les marques de repentance adoptées par les Ninivites correspondaient à un langage culturel, compris à l’époque !

Que ces guerriers sanguinaires répondent avec tant d’humilité au jugement de Dieu est l’une des plus grandes surprises de l’histoire de l’Ancien Testament. Même de toute la Bible ! Au point que Christ a dit : « Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils se repentirent à la prédication de Jonas; et voici, il y a ici plus que Jonas » (Mat 12.41). Jésus met en contraste l’apathie, le manque de réponse et de foi de la part des Israélites, le peuple de Dieu, avec la réponse des Ninivites : les gens de Ninive se sont repentis, et vous ne le faites pas !

Les commentateurs libéraux, qui ne perdent pas une occasion pour suggérer que la Bible est pleine d’erreurs, estiment impossible que toute cette population se soit convertie… Il est vrai que la Ninive du 8ème siècle av. J.C., c’est un peu comme Berlin dans les années 40. On aurait mal imaginé les Nazis se revêtir de sacs, pleurer sur leurs fautes, et Hitler décréter un jeûne public d’humiliation ! Pourtant, un tel réveil pourrait avoir été favorisé par les circonstances critiques dans lesquelles se trouve l’Empire assyrien à cette époque : les tribus du nord, en Urartu (Arménie), menacent sérieusement l’intégrité du pays. Les grands dictateurs assyriens du passé n’ont pas été remplacés par des rois du même calibre. Il règne donc un sentiment d’insécurité et de faiblesse.

Quoi qu’il en ait été du moral des Ninivites, Dieu trouve les moyens d’oeuvrer d’une manière spectaculaire dans les consciences. Au point que le roi publie un édit : « Il fit crier ceci dans Ninive : Par décision du roi et de ses grands : que les hommes et les bêtes, le gros et le menu bétail, ne goûtent de rien, ne paissent pas et ne boivent pas d’eau ! Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs, qu’ils crient à Dieu avec force, et que chacun revienne de sa mauvaise conduite et de la violence attachée aux paumes de ses mains ! Qui sait si Dieu ne reviendra pas de son ardente colère, en sorte que nous ne périssions pas ? »

Il est surprenant que ce roi implique les animaux dans cet élan de repentance. Mais je retiens ceci : une repentance authentique se voit. Elle est visible. « Que chacun revienne de sa mauvaise conduite et de la violence attachée aux paumes de ses mains ! ».

Transposons :

• En entendant que Dieu est prêt à répondre à la repentance par un pardon complet, certains rétorquent : « C’est trop facile : tu fais n’importe quoi et il te suffit de demander pardon. » Non ! Le pardon que Dieu accorde s’accompagne d’un désir de faire le bien. Jean-Baptiste dira d’ailleurs à ceux qui voulaient en abuser : « Produisez donc du fruit digne de la repentance. » (Mat 3.8)
• Dieu transforme les cœurs, et cela se voit, ou alors ce n’est pas une vraie foi. « Que chacun revienne de sa mauvaise conduite… » Jacques écrira : « Veux-tu comprendre, homme vain, que la foi sans les œuvres est stérile ? » (Jac 2.20)
• Tous les réveils spirituels de la Bible évoquent une intense contrition, une conviction de péché qui mène aux larmes, et à un changement radical de vie.

o C’est le cas du réveil spirituel sous les rois Joas, puis Ezéchias, sous la prédication d’Esdras et de Néhémie.
o C’est le cas du réveil spirituel de la ville d’Ephèse. Nous sommes en 53 ou 54 après Jésus Christ (voir Act 19.13-20).
C’est aussi le cas des réveils spirituels dans l’histoire de l’Eglise :
o Savonarole, prêtre dominicain à Florence, a prêché la repentance avec fougue à la fin du 15e siècle, transformant la ville d’une manière spectaculaire. Précurseur de la réforme, il se fit excommunier par le pape Borgia et mourut étranglé puis brûlé.
o Wesley Duewel, auteur d’un ouvrage sur l’histoire des réveils spirituels écrit :
« La plupart des mouvements de réveil ont été caractérisés par une pro¬fonde conviction de péché et par beaucoup de confessions publiques. Dieu a utilisé ces confessions pour convaincre d’autres, chrétiens et non-chrétiens, de leurs propres péchés. Les réveils en Corée, au Nord de la Chine et dans les universités américaines ont démontré l’effet profond que peut avoir la confession sur les auditeurs, surtout quand la confes¬sion est accompagnée par la restitution et par la réconciliation. »

Quelle différence avec les pseudo réveils des charlatans actuels !

C. Un verdict plein de grâce

« Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise conduite. Alors Dieu regretta le mal qu’il avait résolu de leur faire et ne le fit pas. »

La « chance » des Ninivites, c’est que Dieu est un Dieu de grâce. Pas seulement dans le Nouveau Testament. Voici trois des prophètes qui parlent de la compassion de Dieu (il y aurait des dizaines d’autres passages) :
• « Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées ; qu’il retourne à l’Eternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. » (És 55.7)
• « Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l’Éternel. N’est-ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive ? » (Éz 18.23)
• « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, et revenez à l’Éternel, votre Dieu ; car il est compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et il se repent des maux qu’il envoie » (Joël 2.13)

Lorsque notre texte dit que l’Éternel regretta le mal qu’il avait résolu, il faut plus y voir une manière de parler pour nous faire comprendre la nature de son cœur. Dieu savait, avant d’envoyer Jonas, que Ninive répondrait favorablement à l’Évangile. Mais dans sa manière de communiquer avec les hommes, on trouve parfois des expressions très humaines, très terrestres pour expliquer certains attributs de Dieu. Par exemple :
• Les yeux du Seigneur (2 Chr 16.9)
• Le bras ou la main du Seigneur (És. 53.1)
Et puisque les Ninivites se sont repentis, Dieu leur accorde un sursis. Leur destruction n’arrivera qu’en 612, par la main des Babyloniens (voir Soph 2.13-15). La ville sera rasée, disparaissant dans l’oubli.

D. Une histoire pour nous

De la Loi dans nos messages

La Loi fait mal. Il est dur de dire à quelqu’un, avec amour mais clarté, qu’il a offensé Dieu par ses fautes et que, s’il ne reconnaît pas son état devant Dieu, en lui faisant confiance pour le pardon, il passera l’éternité en enfer. Cette douleur est nécessaire, parfois.

De la grâce pour le pécheur

Un roi voulut libérer quelques détenus qui avaient été envoyés aux galères. Il interroge le premier en lui demandant pourquoi il est là. « – Sire, c’est une erreur judiciaire terrible, je suis innocent… » ; de même se récrie le deuxième, et le troisième… Tous les condamnés sont plus blancs que neige… sauf un, qui lui avoue : « J’ai mérité ma peine, j’ai fait du mal et il est juste que je sois ici. »
« – Oh, dit le roi, je ne vais surtout pas laisser un mauvais homme comme toi contaminer tous ces honnêtes gens ; va, tu es libre ! »

« Venez et plaidons ! dit l’Eternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. » (És 1.18)

Ce message est peut-être d’abord pour nous, les chrétiens. Prions donc qu’une profonde conviction de péché vienne secouer nos églises. Et pour que notre rétablissement et notre affermissement dans la vocation de Dieu touchent durablement les cœurs de nos contemporains.

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