PROMESSES
Cet article est à l’origine une note de bas de page extraite de la traduction française du livre de L.S. Chafer : Grace . Lewis Sperry Chafer (1871–1952) était un théologien américain, fondateur du Dallas Theological Seminary. |
Dans la Bible, 115 passages nous déclarent que le salut sous la grâce ne dépend que du fait de croire, et environ 35 passages nous disent qu’il dépend de la foi, ce qui est la même chose. Partout, les Écritures s’harmonisent sur cet ensemble surabondant de vérités. De zélés serviteurs de Dieu, n’ayant pas suffisamment considéré la portée précise de cette doctrine de la grâce, ont proposé d’ajouter certaines conditions au plan du salut, autres que celles de la foi.
La foi qui sauve…
1. ce n’est pas : « Crois et prie. » Étant donné la grâce, il n’est nullement nécessaire ni même convenable de supplier Dieu de sauver.
2. ce n’est pas : « Crois et confesse ton péché. » La confession du péché, qui est la condition formelle à laquelle un saint peut être restauré dans la communion de Dieu, n’est jamais imposée aux inconvertis. La confession est étrangère au terrain sur lequel ils se tiennent.
3. ce n’est pas : « Crois et confesse Christ devant les hommes. » Cette condition, quoique imposée par Christ dans les enseignements du royaume (Mat 10.32) n’est pas et ne peut pas être une condition de salut sous la grâce. Le passage de Rom 10.91 reçoit son complément final et trouve toute sa force dans les versets 10 et 112 . Là, nous voyons la confession comme expression du salut qui a été reçu par la foi. C’est, avant tout, la voix du nouveau-né en Christ parlant à son Père : « Abba, Père ». Des multitudes ont été sauvées, qui étaient privées de toute occasion de se déclarer publiquement.
4. ce n’est pas : « Crois et sois baptisé. » Marc 16.16 est le seul exemple dans les Écritures où ces deux conditions sont liées. Non seulement le contexte — Marc 16.9-20 — est omis dans les plus anciens manuscrits, mais l’omission du mot « baptisé » dans l’assertion négative, « celui qui ne croira pas sera condamné », prouve que le baptême n’est pas la condition essentielle dans l’assertion positive.
5. ce n’est pas : « Crois et repens-toi. » Environ six fois, ces deux conditions sont conjointes dans les Écritures3 . Ces paroles sont alors adressées à des inconvertis, dans la dispensation actuelle4 , et pour des raisons évidentes. Il faut [en effet] considérer que croire ou avoir la foi sont employés, en dehors du mot repentance, non moins de 150 fois ; l’Évangile de Jean, écrit pour amener les hommes au salut, n’emploie le mot repentance sous aucune forme ; et l’Épître aux Romains, écrite pour exposer toute la doctrine du salut, comme l’Évangile de Jean, ne donnent pas une seule fois la repentance comme condition au salut. Ils ne parlent que de croire. La repentance, qui veut dire « changement d’idée », n’est jamais exclue des conditions du salut ; elle forme, au contraire, une partie essentielle de la foi. Il n’y a pas de raison biblique de dissocier la foi et la repentance et d’y voir, comme certains s’acharnent à le faire, deux obligations distinctes à imposer aux inconvertis. Il est impossible de croire sans se repentir. En croyant, on expérimente ce changement d’attitude qui détourne de tout objet de confiance autre que Christ. Un mal infini a été fait aux âmes auxquelles on a enseigné qu’une repentance qu’on s’impose à soi-même doit précéder la foi en Christ. Une telle insistance met de côté chaque aspect vital de la grâce rédemptrice.
La foi qui sauve est plus qu’une croyance en des faits historiques concernant Christ. C’est s’appuyer sur Christ, c’est dépendre de sa grâce, c’est le recevoir, c’est croire ce que Dieu nous a dit concernant son Fils. En prêchant l’Évangile, l’accent ne devrait pas être mis sur le simple acte humain de croire, mais sur le message précis qui doit être cru.
- « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. »
- « Car en croyant du cœur, on parvient à la justice, et en confessant de la bouche, on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture : Quiconque croit en lui ne sera point confus.
- Cf. Mat 21.31,32 et Marc 1.15 : prédication de Jean-Baptiste ; Luc 24.47 ; Act 2.36-38 ; 20.21 ; 2 Tim 2.25-25.
- C’est-à-dire pendant le temps de la grâce
Les deux langues bibliques — hébreu et grec — partagent une caractéristique qui surprendra le lecteur d’aujourd’hui : un seul terme signifie à la fois servitude (esclavage) et service. Si parler de service chrétien « sonne » bien, se décrire comme « esclave de Dieu » pose question à beaucoup de croyants. Dieu aurait-il affranchi l’esclave du péché pour le soumettre à une nouvelle servitude ?
La réponse à cette question dépend de notre conception du salut. Le Royaume de Dieu n’accueillera pas des esclaves, mais des pécheurs libérés. Christ, notre Pâque, nous promet en effet de nous rendre réellement libres (Jean 8.32,36). Mais si telle est notre part, pourquoi Dieu ne nous prend-il pas déjà avec lui ? Quel salut nous propose-t-il ici-bas ? Au fond, pour quoi sommes-nous sauvés ?
Loi et salut vont de pair
Avant de répondre à ces questions, revenons au grand moment de la sortie d’Égypte. Dieu a décidé d’arracher son peuple à l’horrible servitude de l’Égypte (ce pays que la Bible nomme Mitsraïm : terre des dépressions et de l’angoisse). Moïse aurait dû sauter de joie à cette nouvelle. Il commence cependant par refuser obstinément de participer au projet divin : « Qui suis-je […] pour faire sortir d’Égypte les enfants d’Israël ? Dieu dit : Je serai avec toi ; et ceci sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie : quand tu auras fait sortir d’Égypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne. » (Ex 3.11-12) L’idée d’émancipation semble effrayer Moïse et bouscule son image de Dieu. Le peuple voudra-t-il vraiment le suivre jusqu’en Terre promise ? Libre, saura-t-il honorer son Dieu ? Pour rassurer son serviteur, l’Eternel lui laisse entendre qu’à partir de la Pâque, le peuple sera dûment informé de ce que son Dieu attend de lui (Ex 13).
Pour autant, tout ne se passera pas sans mal. Constatant, dès le début du voyage vers la Terre promise, que le peuple ne cesse de se rebeller et de récriminer, Moïse finit par crier à son Dieu : « Que ferai-je pour ce peuple ? Encore un peu et ils me lapideront. » (Ex 17.4) Heureusement, Dieu sait ce qu’il fait. Il sait que la mentalité du peuple affranchi reste marquée par les années d’esclavage et par l’esprit d’idolâtrie (Ex 32). Il sait qu’en plus des signes et des miracles, il faudra l’éclairage de la Loi pour faire naître dans les cœurs une saine crainte de l’Eternel (Ex 20.20). Il sait que le peuple va souvent devoir sa survie à la puissante médiation de Moïse. Enfin, il sait que bien des épreuves et des échecs seront nécessaires pour toucher aux portes du pays de Canaan (cf. Néh 9.9-25).
Moïse donc, au troisième mois après la sortie d’Égypte (Ex 19.1), va recevoir la Loi dont il restera le symbole (Jean 1.17) : pour lui qui ne conçoit pas une liberté sans règles, quel réconfort ! Les anciens esclaves ont acquis des droits, mais ils auront aussi des devoirs. Dans la perspective du Nouveau Testament, cette odyssée des affranchis hébreux préfigure une libération plus profonde et plus durable : elle nous aidera à répondre aux questions posées initialement parce qu’elle trace en filigrane le projet de Dieu pour le nouvel affranchi en Christ.
Liberté n’est pas licence
La vie chrétienne normale, c’est d’aspirer à la liberté et de fuir l’esclavage : « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. » (Gal 5.1) Mais des individus libres — libres individuellement — ne savent pas forcément vivre ensemble. S’ils n’acquièrent pas le sens de leurs obligations et de leurs responsabilités envers les autres, alors leur liberté chèrement acquise devient source de violence ou d’indifférence (« Suis-je gardien de mon frère ? » disait déjà Caïn le meurtrier, Gen 4.9). Comment concilier liberté propre et vivre ensemble ?
Une liberté sans règles rend l’autre esclave : « Frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon la chair […] Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde de ne pas être détruits les uns par les autres. » (Gal 5.13,15)
Ancien ou Nouveau Testament, un seul mot pour désigner servitude et service. Comme si, sous la Loi ou sous la Grâce, Dieu invitait à un effort de distinction, de séparation : se libérer de toute forme de servitude ici-bas, tout en demeurant dans le service pour l’autre. Afin que l’équilibre entre droit et devoir soit préservé et que nous puissions vivre ensemble.
La loi d’amour, antidote à une liberté mal orientée
Le commandement d’amour est associé au souvenir de l’Égypte : « Vous traiterez l’immigrant en séjour parmi vous comme un autochtone du milieu de vous ; tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été immigrants dans le pays d’Égypte […] » (Lév 19.34, reprise développée d’Ex 22.20) Dieu demande aux Juifs qui ont subi la férocité de mauvais maîtres de ne pas se comporter comme les Égyptiens se sont comportés envers eux.
L’Égypte, c’est notre terre de péché, notre esclavage, le lieu de prédilection du mauvais maître. Nous avons été libérés de l’oppression du mal, libérés de notre Égypte, de notre Mitsraïm-angoisse : l’angoisse d’une conscience asservie au péché. Mais voilà ce qui donne un sens à notre liberté ici-bas, en attendant l’avènement de notre bienheureuse espérance : nous avons reçu la liberté pour œuvrer en faveur de la liberté des autres, car nous-mêmes étions sous la tyrannie du péché menant à la mort. Ne tirons pas de notre salut un profit purement privé ; nous en ferions une liberté égoïste, nous délectant passivement des bienfaits du salut : « Merci Seigneur, je suis sauvé ! »
La liberté commence par le service fraternel
Sous la grâce aussi, la volonté de Dieu, c’est que je me soucie des besoins des autres : « Toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Gal 5.14) La Loi ne fournit pas cette puissance d’amour nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu, mais Christ seul. Ressuscité, il vient vivre dans le croyant (Gal 2.20). Il le libère de la puissance de l’égoïsme et lui permet de porter le fardeau de son frère (Gal 6.2). Le fardeau du frère d’abord, car l’Église est bien le lieu premier où Dieu appelle à vivre selon le bien (Gal 6.10).1 Pourtant, c’est peut-être là que nous sommes les plus fragiles, tant il est vrai que le danger du repli sur soi reste constant, même pour les croyants.
Christ, vivant en moi, ne se lasse pas de me ramener à l’essentiel. Il m’enseigne à aimer d’un amour semblable au sien. Et c’est précisément ainsi que se construit ma libération. Un croyant qui aime son prochain, à commencer par son frère, de l’amour de Christ ne se sentira jamais l’esclave de personne. Ce message évangélique se trouve à des lieues d’un moralisme desséchant. L’enjeu en est la véritable liberté.
1Il est intéressant de noter ici que l’apôtre Paul n’a pas eu honte de se présenter comme doulos (serviteur, ou esclave) de Jésus-Christ (Rom 1.1 ; Gal 1.10 ; Tite 1.1) et des croyants (1 Cor 9.19), sachant que ce ministère était le plus profitable qui soit, et que son Maître avait lui-même accepté cette fonction jusqu’au bout (Mat 20.28 ; Phil 2.7). (NDLR)
Questions pour faire le point
Comment l’injonction « Repentez-vous », qui retentissait si souvent dans la prédication de Jésus, se traduit-elle concrètement dans ma vie ? Cette conversion décisive dans le domaine de la mentalité, de la pensée, avec ses répercussions profondes sur la personne tout entière, s’inscrit-elle dans mon expérience personnelle ? (Voir Col 1.20-21 ; lire aussi le magnifique texte d’Ez. 36.25-27.)
Suis-je encore chargé de péchés non mis en lumière, non reconnus, non confessés au Seigneur et délaissés à la Croix ? Je me souviens ici de la douloureuse expérience de David et de sa délivrance, dont il témoigne dans le Ps 32. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice » (1 Jean 1.9).
Suis-je animé d’un esprit de pardon, ou les ressentiments, la haine, l’amertume distillés par mon moi orgueilleux, empoisonnent-ils mon cœur actuellement ? Ai-je lâché la corde de la rancune ? Ai-je pris la ferme décision de ne plus autoriser mon esprit à coopérer avec les mauvaises pensées que je cultivais avant de pardonner ? (Voir Mat 6.12).
Ai-je consacré mon être entier à mon Sauveur et Seigneur en réponse à son grand amour pour moi ? Mon corps, mes forces et toutes mes facultés sont-ils à son entière disposition ? Ai-je mis « ma tête sur l’autel » ? (Voir Rom 12.1-2 ; Lév 1).
Suis-je aux prises avec la pieuvre de l’apitoiement sur soi, ce fléau destructeur qui fait de moi une personne amère, aigrie, cynique, se posant constamment en victime, gémissant, murmurant, accusant… ? Ai-je pris la ferme décision de cesser dès aujourd’hui de m’y complaire en changeant la direction de mon regard ? « Regarde en haut ! » Je me souviens de la « pitié de soi » de Jonas déprimé (ch. 4) et de sa prière salutaire dans le ventre du grand poisson (ch. 2).
Suis-je enivré par les charmes trompeurs de la délectation morose, aimant qu’on me plaigne, me complaisant dans l’exposé détaillé et répétitif de mes malheurs et refusant délibérément de quitter mon état de découragement ? Ai-je peur de perdre ma cour de pleureuses professionnelles assidues… ? Est-ce que j’entends le Seigneur Jésus me dire d’une voix forte : « Lève-toi et sors de ton tombeau ! » (Luc 8.52-55). Quelle est ma réponse ?
Suis-je décidé à faire aujourd’hui « un pacte avec mes lèvres », me refusant à parler continuellement de mes misères et de tout ce qui ne va pas pas en ce bas monde ? Vais-je désormais m’appliquer à développer et cultiver un esprit de reconnaissance qui trouve son plaisir dans l’énumération joyeuse des innombrables bienfaits de Dieu ? De quelles fleurs nouvelles vais-je embaumer le jardin de mon cœur ? De quelles « pensées » de qualité les parterres de mon esprit seront-ils ensemencés ? (Voir Phil 4.5-9)…
Ai-je pris la ferme décision de refuser dès maintenant le découragement puisqu’il vient du « démoralisateur », de « l’accusateur » ? Pour entrer concrètement en résistance, suis-je résolu à cesser d’écouter mon âme et à lui donner des ordres autant de fois que nécessaire afin qu’elle s’ancre solidement dans le Dieu de mon salut ? (Voir Ps 42 – 43).
Jésus-Christ est-il concrètement Seigneur de ma vie dans l’usage de ce que je fais de la télévision ? des vidéos ? des cassettes et CD ? d’internet ? etc. De quel genre de littérature mes pensées se nourrissent-elles ? Que ferait Jésus à ma place ? « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor 10.31 ; lire aussi 6.12 ; 10.23).
Ai-je supprimé, dans mon lieu de vie, tout ce qui me rappelle de mauvais souvenirs et me tire en bas ? Ai-je fait le ménage dans mes armoires, mes tiroirs, mes archives, mes classeurs ? Me suis-je débarrassé de certaines lettres au contenu malsain ? Des photos qui empoisonnent mes pensées ? D’objets qui m’emprisonnent dans mes drames et dans mes péchés d’hier et d’avant-hier ? (Lire Act 19.18-19).
Quelle place la contemplation du Seigneur, d’un bout à l’autre de sa Parole, merveilleux antidote au découragement, occupe-t-elle dans mon programme quotidien ? (Voir Lam 3.19-25). Mais où ai-je donc bien pu ranger la harpe qu’Orphée m’a laissée pour m’aider à exalter sans cesse la beauté parfaite de mon Roi ?
Et pour terminer, une pensée précieuse : « Ne doutez jamais dans l’obscurité de ce que Dieu vous a révélé dans la lumière » (V.R. Edman). Ces jours-ci, je veux prendre le temps de repasser dans ma mémoires les nombreuses interventions de mon Dieu fidèle et miséricordieux en ma faveur tout au long des années écoulées.
« Pour moi, je regarderai vers l’Eternel. Je mettrai mon espérance dans le Dieu de mon salut ; mon Dieu m’exaucera. Ne te réjouis pas à mon sujet, mon ennemie ! Car si je tombe, je me relève ; si je suis assise dans les ténèbres, l’Eternel est ma lumière » (Mich 7.7-8).
L’auteur de ce témoignage est marié et père d’une petite fille. Il est de nationalité congolaise. Il est juriste et assistant d’université. Diacre de l’Assemblée Evangélique «La Réconciliation» à Kinshasa, il fait également partie de l’équipe des responsables de la salle de lecture PROMESSES, établi dans l’immeuble du Centre Biblique de Matonge, place Victoire, à Kinshasa. Bob Banzelyno est co-fondateur d’une ONG de protection des Droits de l’Enfant: Dignité de l’Enfant. Pour plus de renseignements: B.P. 409, Kinshasa 1, RDC, tél. (243)818103161/ (243)8959671, E-mail: dignitédelenfant@yahoo.fr
– Net: www.dignitedelenfant.org.
Ma mère s’était mariée régulièrement. Après six ans de vie conjugale heureuse, pendant lesquels naquirent quatre enfants, elle et son mari se séparèrent, sans pour autant divorcer juridiquement. Au bout de quelques mois, le mari de ma mère prit une autre compagne. Ma mère, de son côté, entreprit de partager sa vie avec un célibataire dont elle eut un garçon. J’étais né.
Quelque temps plus tard, mon père, réalisant qu’il entretenait des relations coupables avec ma mère (qui était encore juridiquement mariée), se rétracta pour ensuite se marier régulièrement avec une autre femme. Le départ de mon père incita ma mère à demander le divorce de son premier mari. Le juge de première instance, en vertu du principe que tout enfant né pendant le mariage a pour père le mari de sa mère, prononça ce divorce en prenant soin de me classer dans la lignée clanique du mari de ma mère, qui, aux yeux de la loi, et sous certaines réserves, était considéré comme mon père. Ma garde lui fut également attribuée. Le mari de ma mère ne me désavoua point et ne contesta pas la paternité qui lui était attribuée, bien que je sois né pendant une période de sa séparation notoire d’avec ma mère.
A 4 ans, j’étais donc tiraillé entre deux pères: l’un biologique (qui craignait d’être poursuivi pour adultère s’il me reconnaissait), l’autre juridique (car mari légal de ma mère à ma naissance). Je me sentais étranger aussi bien chez mon père juridique que dans la maison de mon père biologique, chacune de leurs femmes ayant réussi à dresser ses enfants contre moi. De là il m’arrivait de me demander si ces enfants étaient bien mes frères et mes sœurs au vrai sens du terme. Aussi, à plusieurs reprises, ai-je fugué pour rejoindre ma mère, qui vivait désormais pratiquement seule.
Dans ces conditions, j’ai développé pendant toute mon enfance une nature introvertie, timide, craintive et complexée, surtout devant certains camarades que je voyais entourés d’affection par leurs parents. Longtemps, j’ai cherché à cultiver des amitiés, mais sans succès. Jusqu’à un certain âge, je n’ai pas eu d’ami, sinon ma mère, qui était tout pour moi.
Un jour d’avril 1987, après une sérieuse fracture au genou lors d’une rencontre de football universitaire, je fus hospitalisé dans une clinique de la place. Pour éviter l’amputation de ma jambe gauche, le traitement nécessitait une énorme somme d’argent que ne put assumer mon père juridique (chez qui je passais certains de mes week-ends, habitant en semaine à la cité universitaire).
Ma mère se résolut alors à voir mon père biologique. Il paya bien la facture de mon hospitalisation, mais laissa entendre qu’il s’agissait là de son dernier geste en ma faveur, tant que je continuerais d’habiter chez mon père légal.
D’autre part, ce dernier, ayant appris que ma mère était allée voir mon père biologique pour honorer la facture de l’hôpital, décida de me chasser de chez lui, dès que je sortirais de l’hôpital. Ce jour-là, moi qui avais jusque-là deux pères, je n’en eus plus aucun.
A chaque chose malheur est parfois bon. La multiplicité des lignages claniques auxquels je pouvais être rattaché (tant de l’Est que de l’Ouest de mon pays) me permit de subsister tant bien que mal, en fonction de l’alternance des différents blocs tribaux à la tête de l’Université. Dans les années 1990, l’Université fut fermée et les étudiants des Homes évacués; je fus alors hébergé dans la famille d’un ami. J’étais plongé dans des soucis et accablé par diverses maladies. Ma famille d’accueil, par crainte du pire, envisagea de se débarrasser de moi.
J’étais au désespoir; chaque lever de soleil était une amertume; je me sentais de trop. Je me rendais compte, à cette époque, que la pire des choses au monde qui pousse les gens au suicide, est le sentiment de leur inutilité. Cependant, je rends grâce à mon Dieu toutes les fois que je me souviens d’une de mes sœurs aînées qui, un jour, voyant ma détresse, me lut ces versets de Paul aux Philippiens: «Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera votre cœur et vos pensées dans le Christ Jésus» (Phil 4.6-7).
Cette exhortation transforma ma vision de la vie. Je découvris Christ, le reçus dans mon cœur. J’expérimentai sa paix, cette paix à laquelle tous (enfants nés dans le mariage ou hors mariage) avons été appelés pour former un seul corps.
Cette paix a régné en moi lorsque l’Eternel, considérant sans doute que ma mère était comme mon dieu, décida souverainement de me l’enlever juste après l’obtention de ma licence en droit. Je me sentis une fois de plus inutile et frustré sans cette merveilleuse femme qui représentait tout pour moi. Même si cette épreuve fut très pénible, néanmoins, sur le plan spirituel, Dieu m’a rappelé de la considérer comme un sujet de joie complète (Jac 1.2).
Effectivement, la mort de ma mère m’a comme libéré de ma frustration de ne pouvoir compter sur aucune autre personne qu’elle. Dieu m’enleva celle qui m’avait élevé et que j’aimais, pour laquelle j’avais formé plusieurs projets, et m’a laissé mon père, que je haïssais, afin de m’apprendre à l’aimer. Aujourd’hui, j’aime mon père. Votre situation est peut-être pire que la mienne. Peut-être ne connaissez-vous pas votre père biologique. Peut-être vous fait-il honte ou vous renie-t-il. Peut-être êtes-vous complexé et frustré, parce que ce vide affectif vous pousse dans la rue, la drogue ou la prostitution, en quête d’une affection qui vous manque.
A vous tous, je voudrais, à partir de mon expérience personnelle, même si elle n’est qu’un cas particulier, vous dire qu’en définitive, que l’on soit né dans le mariage ou hors mariage, d’une femme libre ou d’une esclave, le plus important, c’est de venir à Jésus Christ. En Lui, il n’y a ni esclave ni libre (Gal 3.28), car si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libre (Jean 8.36).
En tant qu’enfant né hors mariage, je reconnais que même si nous pouvons être encouragés quand nous trouvons chez quelqu’un d’autre un écho à notre souffrance, ce secours est trop faible. Il nous faut une voix qui dise «j’ai connu cela et j’en ai triomphé». Cette voix, c’est celle de Jésus-Christ qui a connu la souffrance. D’aucuns disent d’ailleurs de Lui qu’Il est Luimême né hors mariage- je m’insurge contre ceux qui veulent faire intervenir les lois des hommes dans le mystère de sa conception par l’action du Saint-Esprit.
A vous qui n’êtes pas reconnus par vos parents, qui ne connaissez même pas votre père ou votre mère, qui vous dites que vous êtes oubliés par le Seigneur, Dieu (non pas moi) vous dit ceci: «Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l’oublierait, Moi je ne t’oublierai point» (Es 49.15).
ETUDE BIBLIQUE
Question d’appréciation
ou
contagion mal connue
Le sens du mot «pécher»
Le mot traduit en français par pécher comporte l’idée de manquer son but, d’agir sans résultat. Elle porte même la signification, beaucoup plus abrupte, de «s’être trompé ».
Littéralement, «j’ai péché» signifie «je me suis égaré». Par extension, tout ce qui n’est pas droit: se révolter, commettre l’injustice, rater une cible, sont autant de facettes du péché.
Le péché et Dieu
Dès le départ de l’humanité, c’est Dieu qui définit le terme de «péché». Malgré la création de toutes choses, déclarées par Dieu «bonnes pour les hommes», et malgré la volonté de Dieu d’être l’initiateur de leur bonheur, ceux-ci ne cesseront de s’opposer à ce que Dieu dit et au principe de vie qui s’y attache!
Schématiquement, nous pouvons concevoir la Bible comme étant à la fois la pensée de Dieu et l’histoire du rattrapage, par le Dieu Créateur, du dérapage et de l’immense gâchis provoqué par l’homme, la créature.
Le salut de l’homme consiste à croire Dieu dans Ses affirmations et à Lui obéir, selon Sa volonté, non par devoir, ni avec une idée de profit – ce qui relèverait alors de l’hypocrisie! – mais par humble soumission à Sa parole (cf. Rom 14.23; Rom 5.1; Rom 6.17)
Pécheur de toute façon
Les prescriptions originelles de Dieu (cf. Gen 2.16-18; Gen 26.5), l’activité de la conscience et plus tard, la loi du décalogue sont là pour révéler les péchés.
La loi de Dieu révèle que nous sommes tous coupables (cf. Rom 3.19; Rom 7.8,9; Jac 1.14,15; 1 Jean 3.4).
Ainsi, à cause de l’universalité du péché, nous naissons tous pécheurs et pratiquons tous le péché (cf. Rom 3.10-12; 3.23; Gen 8.21).
La gravité du péché
De ce qui précède, nous pouvons déduire que le péché est une offense à Dieu (cf. 2 Sam 12.13). De plus, le péché est constant dans le cœur de l’homme (cf. Marc 7.21,22; 1 Jean 1.8-10).
Pourtant, ce qui est héréditaire, ce n’est pas la culpabilité, mais la corruption de l’être humain!
La solution au péché
Le péché a nécessité une réparation (cf. Rom 8.3,4; Héb 9.22). Dieu y a pourvu en Christ. Ce qui implique que le péché suprême, irrémédiable, consiste à refuser Christ (cf. Jean 3.36; Héb 2.3; Rom 5.18,19; Rom 1.21).
Encore quelques caractéristiques du péché
Il entraîne une séparation d’avec Dieu (cf. Es 59.1,2). De toute façon, il met l’homme en conflit direct avec la sainteté de Dieu (cf. Hab 1.13; Ps 130.3).
Essentiellement, le péché produit un esclavage redoutable pour l’homme (cf. Rom 6.16,17; Tite 3.3-5).
Au regard de la loi, le péché sera considéré comme une transgression. Et pour un homme qui vit en autonomie vis-àvis de la loi, son péché sera pris pour une iniquité (il sera littéralement tenu pour:«hors-la-loi»).
Ainsi, une vie normale aux yeux de Dieu consiste pour le pécheur, et même s’il arrive à ce dernier de pécher encore, à ne plus pratiquer le péché ou s’y complaire.
Conclusion
L’Ecriture nous enseigne combien la question du péché est importante aux yeux de Dieu: il faut qu’elle soit réglée devant Lui pour notre salut éternel.
En effet, Dieu avait créé l’homme à son image et à l’état d’innocence. Mais le péché a terni et tordu cette image. Il a causé une rupture de communion complète entre Dieu et l’homme, rupture qui a eu comme résultat l’inimitié entre eux. Il n’est plus en paix ni avec Dieu, ni avec lui-même, ni avec son prochain. L’environnement – toute la création – souffre et soupire à cause du péché, en attendant sa libération de la servitude de la corruption (Rom 8.25). L’homme, judiciairement sous la condamnation, est mort dans ses fautes et ses péchés. Le péché a entraîné sa double mort: spirituelle et physique. Toute la race humaine gît dans le péché par imputation du péché d’Adam (Rom 5.12-21). Il est donc entièrement corrompu et dépravé, étant dans l’incapacité de changer quoi que ce soit. Son cœur et ses pensées sont corrompus, et il est aveugle (Gen 8.21; Ps 51.5; Ecc 7.20; 9.3; Mat 7.18; Rom 3.9- 23; Eph 2.1-3; 1 Jean 5.19). Mais la grâce de Dieu est prête à nous combler: Dieu a pourvu à notre salut; Il a offert Jésus en victime expiatoire pour nos péchés; Il est ressuscité pour notre justification; Il fait de nous de nouvelles créatures par la foi en Christ.
Là où le péché s’est amplifié, la grâce a surabondé (Rom 5.20). Gloire à Dieu! Suivons donc l’exhortation impérieuse: Ne livrez pas vos membres au péché… Mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu (Rom 6.13)!
Said ASSAGBA (nom d’emprunt)
Je suis né au Sénégal, au milieu d’une famille de huit enfants. Comme musulman, je pratiquais ma religion dans une «dahéra » (mosquée) de mon quartier avec notre Imam. Nous avions organisé des chants religieux dans notre village et les villages environnants. Les prières se faisaient en groupe, matin et soir, souvent durant toute une semaine. C’étaient des journées pénibles pour moi et mes camarades.
Un jour, lors d’une promenade au marché de mon village, j’ai rencontré un homme, un «toubab ». Je me suis arrêté et lui ai dit «Bonjour Monsieur, comment t’appelles-tu?» Il me répondit «…, missionnaire anglais, et j’habite déjà depuis six ans au village». Après avoir fait ma connaissance, il m’invita chez lui. Il habitait dans un petit bâtiment de deux pièces avec une véranda pour recevoir les gens. Ce fut le début d’une longue amitié. Je lui rendais souvent visite, et il venait aussi nous voir dans ma famille. Un jour, il me donna un livre disant que c’était un cadeau pour moi. Je le remerciai. En le lisant, j’ai appris comment Dieu a créé l’univers et l’homme, comment l’homme a péché contre lui dans le jardin d’Eden, comment il chassa cet homme et sa femme de là. Le lendemain, je suis retourné chez mon ami pour lui dire que notre Coran parle de la même chose et que c’était donc très bon à lire. Ce livre était la Torah de Moïse. Il m’en donna un autre, l’Injil, le livre d’Issa ou le Nouveau Testament. Après avoir lu ces livres, certains passages concernant Jésus, appelé Fils de Dieu, me troublaient. Mes deux premières questions furent: «Comment Dieu peut-il avoir un fils sur cette terre?» et «le Coran ne dit-il pas qu’après que Jésus est monté au ciel, un autre prophète allait venir, Mohammed, le dernier prophète? »
Un jour, il m’invita à une étude biblique qu’il faisait chez lui avec mes camarades. Nous avons commencé cette étude en février 1997 et en 1998, j’ai reconnu le Seigneur Jésus-Christ grâce au texte d’Actes 1.6-11:
«Eux donc, réunis, demandèrent: Seigneur, estce en ce temps que tu rétabliras le royaume pour Israël? Il leur répondit: Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit, survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Après avoir dit tout cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici deux hommes en vêtements blancs se présentèrent à eux et dirent: Vous Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière dont vous l’avez vu aller au ciel».
Et celui de Jean 1.14:
«La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père».
Cela m’a beaucoup parlé et a remué le fond de mon cœur, et j’ai compris que la lumière du monde, c’est Jésus, et je l’ai accepté comme Fils de Dieu dans ma vie, ce que les musulmans refusent. C’est un peu plus tard que j’ai compris qu’il fallait me repentir de mes péchés en donnant ma vie à mon Sauveur et Seigneur Jésus-Christ.
Ma vie changea, mais ce fut le début d’une persécution par mes parents. Père de 8 enfants, j’ai quitté mon village pour aller dans un autre. Comme ma femme était encore musulmane, j’avais quelques difficultés à ses côtés. Mais les prières du missionnaire et les miennes m’ont beaucoup aidé dans ma foi en Christ. Je pense aussi au Ps 7.2-3: «Eternel, mon Dieu! Je cherche en toi mon refuge; Sauve-moi de tous mes persécuteurs et délivre- moi, de peur qu’ils ne me déchirent comme un lion qui emporte sans que personne ne délivre».
Deux ans plus tard, le Seigneur me confia l’école du dimanche au Centre Baptiste à…J’ai été très béni dans ce ministère ouvert. Parfois nous étudions la Bible aussi en groupe. Peu à peu, j’ai éprouvé le besoin d’approfondir ma connaissance de la Bible et j’en ai parlé au responsable qui a facilité mon entrée à l’Ecole biblique de Dakar où je suis pour cette session. Je bénis le Seigneur pour tout le chemin parcouru, et mon vœu le plus cher est de voir venir à Lui ma femme et mes enfants. Amen!
La vie de Dieu dans l’âme de l’homme
Auteur: Vernon HIGHAM,
Editeur: Europresse, B.P. 505, FR-71322 Chalon-sur-Saône, Cedex, France; 144 pages
La vie chrétienne n’est ni hasardeuse ni ennuyeuse. Le mot aventure doit être entendu dans le vieux sens de ce qui doit arriver au chrétien, car ce livre expose d’une manière claire et vivante l’œuvre de re-création totale que Dieu poursuit dans chacun de ses enfants, en les préparant pour la gloire. L’auteur puise dans les richesses de sa formation en tant que professeur de dessein, puis dans les expériences d’un long ministère pastoral, afin d’aider les chrétiens à comprendre et apprécier la profondeur de l’œuvre de la grâce dans leur vie.
Les treize chapitres vont de la régénération jusqu’à la mort, en passant par la providence, la communion avec Dieu, la volonté, le pardon et d’autres thèmes principaux de la vie chrétienne. Les expériences, souvent complexes, de la vie chrétienne sont expliquées par la bonne doctrine avec des illustrations inoubliables qui font admirer la sagesse et la bonté de Dieu. Par exemple, au chapitre 2, la sanctification de tout notre être – intelligence, mémoire, sentiments, conscience, volonté – est remarquablement présentée.
Au chapitre 5, Vernon Higham insiste sur la place de la repentance tout au long de la vie chrétienne en disant que la «repentance reste un élément essentiel de progrès dans la sanctification de notre vie d’enfants de Dieu» (p. 58). Ensuite, en citant sa perplexité dans les réunions de prière de l’église où il a débuté son ministère, il montre ce qu’est la vraie repentance qui doit accompagner le chrétien toute sa vie. Il était déconcerté par les prières des chrétiens qui, tantôt exprimaient une confiance totale, tantôt un brisement et une indignité profonde. «Avec le temps, je compris qu’ils possédaient cet équilibre doux et délicat entre une confiance née de la pleine assurance de la foi et un profond respect pour Dieu qui engendrait en eux une remarquable sensibilité au péché. Peu à peu, j’ai appris que plus nous vivons dans la proximité de notre Dieu, plus notre confiance grandit; mais parallèlement se développe aussi le sentiment de honte suscité par le péché qui subsiste en nous. Ce genre de contrition est un signe de piété» (p.59).
Sur la tentation, chapitre 11, il est éminemment pratique, comme d’ailleurs sur l’amour, chapitre 12, où l’auteur suit fidèlement la révélation biblique où le Décalogue (Exode 20) précède la déclaration du ch. 34:6,7 et le Sermon sur la montagne qui précède la Passion. L’amour chrétien est décrit à la lumière de la sainteté et, de ce fait, contraste fortement avec ce que le monde appelle «amour». C’est peut être dans le dernier chapitre, sur la mort, que la chaleur de l’âme du pasteur, qui imprègne tout le livre, arrive à sa pleine expression et il donne de bons conseils à ceux qui, comme lui, ont passé leurs soixante- dix ans et s’approchent de la Cité Céleste. Un livre vivement recommandé pour tous ceux qui cherchent une piété authentique.
Tony HYNES
LES CINQ «SOLI» DES RÉFORMATEURS
3e formule
Dans le dernier numéro de PROMESSES, nous avons consacré un article à la deuxième formule des cinq soli: «Solus Christus». Les Réformateurs exprimaient ainsi leur conviction que «notre salut est accompli par l’œuvre médiatrice du Christ historique seul. Sa vie sans péché et son œuvre expiatoire seules suffisent pour notre justification et notre réconciliation avec le Père»1.
Les 120 pasteurs, théologiens et éducateurs mentionnés dans l’article précédent, réunis à Cambridge en avril 1996, constatèrent avec inquiétude les dérapages des milieux évangéliques inspirés par une fausse confiance dans les capacités humaines. L’estime de soi, l’évangile de la santé et de la richesse, la vente du message évangélique à des pécheurs devenus «consommateurs complaisants»… tout cela dénature la doctrine de la justification et la réduit au silence. Au contraire, la grâce de Dieu en Christ est l’unique et indispensable cause efficace du salut, car l’être humain est né spirituellement mort et incapable de collaborer à la grâce régénératrice (Ep 2.8).
La Déclaration de Cambridge continue:
«Nous réaffirmons que par le salut nous sommes délivrés de la colère de Dieu, et cela par sa grâce seule. C’est l’œuvre surnaturelle du Saint-Esprit que de nous conduire au Christ en nous libérant de notre esclavage au péché, et en nous ressuscitant de la mort spirituelle à la vie spirituelle.
«Nous déclarons que le salut n’est en aucun sens une œuvre humaine. Les méthodes, techniques et stratégies humaines ne peuvent par elles-mêmes accomplir cette transformation. La foi ne peut être produite par notre nature humaine non-régénérée»2.
Essais de définition
Mais qu’est-ce que la grâce? Le Nouveau Dictionnaire Biblique lui consacre un article fourni, qui commence par dire:
«Dans l’A.T. déjà, se trouve exprimée la pure bonté de Dieu qui aime le pécheur et désire, non pas sa mort, mais sa conversion et sa vie (Ez 18.23)»3. Et le NDB d’ajouter que cette grâce est venue par Jésus-Christ, qu’elle éclate à la Croix, qu’elle ne peut être reçue que par la foi, et que ses effets en nous sont nombreux, merveilleux et complets.
Un prédicateur a tenté de définir la grâce en disant qu’elle est l’acte par lequel un être supérieur se penche sur un être inférieur pour lui accorder un bien non-mérité. Dans le contexte biblique, la grâce désigne alors la faveur imméritée de Dieu à l’égard de l’homme déchu, par laquelle il pourvoit en Jésus- Christ à sa rédemption, car depuis toute l’éternité il a déterminé d’accorder cette faveur à tous ceux qui croiraient en Christ, Sauveur et Seigneur. C’est aussi par grâce que le croyant est rendu capable de persévérer dans la vie chrétienne. Ajoutons la pensée que dans sa miséricorde Dieu retient ce que nous méritons – colère, jugement, condamnation – tandis que dans sa grâce il nous comble des innombrables biens que nous ne méritons pas!
Et pourtant, ces tentatives de définition nous laissent sur notre faim, car nous sentons instinctivement que la grâce échappe à nos catégories humaines connues, dépasse les limites du langage et reste, par conséquent, indéfinissable! C’est pourquoi l’Ecriture ne l’explique pas, mais la déclare (Ex 33.19; 34.6-7; Deut 7.7-8; Ps 32.1-5; 130.3-4, 7-8; Jean 1.17; Rom 3.24; 4.16; 11.6; 2 Cor 8.9; Eph 2.8-9; etc.), et en donne de nombreux exemples historiques, tant dans l’A.T que dans le N.T. Peut-être l’illustration la plus saisissante est-elle celle de l’accueil réservé par le père à son fils «prodigue» dans la parabole racontée par Jésus (Luc 15.11-32), que nous résumons ci-après.
Fils prodigue… ou Père prodigue?
Aux chefs religieux qui lui reprochent de fréquenter des gens de «mauvaise vie» (Luc 15.1-2), Jésus administre une série de chocs thérapeutiques en leur racontant les paraboles de la brebis perdue (3-7), de la drachme perdue (8-10), puis des deux fils perdus (11-32). Le père de cette dernière parabole fait plusieurs entorses pendables aux coutumes de son époque. Confronté à la demande outrageante de son fils cadet qui souhaitait sans l’avouer la mort de son père, celui-ci, au lieu de le désavouer, l’exclure de la famille et le bannir publiquement de la communauté, lui accorde ce qu’il réclame! Ayant dilapidé son héritage, étant tombé dans la misère, le fils se livre à un raisonnement qui nous paraît ressembler beaucoup plus à des calculs intéressés qu’à une amorce de repentance sincère, et s’engage sur le chemin de retour.
C’est ici que nous assistons à l’une des scènes les plus inattendues, bouleversantes, de l’Ecriture sainte. Le père attend, guette le long du chemin, prie sans doute, et un jour reconnaît enfin le garçon de loin. Voici venue l’occasion de rendre à ce jeune ce qu’il mérite et de le renier brutalement devant témoins… ou tout au moins de convoquer une consultation de la famille sceptique pour jauger la profondeur de sa repentance. Pas du tout! Le père se livre à un spectacle humiliant pour un patriarche oriental: aux yeux des badauds ébahis, il soulève ses robes et se met à courir à la rencontre du fils pour se jeter à son cou, le prendre dans ses bras et embrasser ce clochard en haillons, puant la porcherie!
«Vous me reprochez de manger avec des pécheurs et des péagers?» dit Jésus en substance aux scribes et aux Pharisiens. «Parfaitement! Mais non seulement je mange avec eux: je les attends, je les guette de loin, et quand ils s’engagent sur le chemin de retour, je cours à leur rencontre, je les couvre de baisers, et je les force à entrer chez moi pour festoyer ensemble.» Si le Seigneur attendait de nous les preuves d’une repentance parfaite, il ne courrait jamais à notre rencontre. Cela s’appelle la GRACE, une grâce stupéfiante, incompréhensible, insaisissable, qui prend l’initiative. Du moment que le garçon accepte d’être accueilli, embrassé, reçu de nouveau dans la famille, on peut déduire qu’il commence à passer par une repentance véritable.
Arraché à la perdition4
Avant la mort de ses parents, alors qu’il n’avait que six ans, John Newton bénéficia d’une forte influence chrétienne. Il fut envoyé alors vers un parent incrédule, qui se moqua du christianisme et abusa de lui. Enfin, pour échapper à ces conditions, Newton se porta volontaire dans la marine britannique, où il devint esclave des péchés les plus grossiers. Il déserta, et partit pour une région d’Afrique où il pouvait, comme il disait, «faire son plein» de péché et vivre dans une dégradation inqualifiable. De là, il se fit embaucher comme navigateur sur un navire d’esclavagiste, où il continua sa vie dévergondée. Un jour il réussit à forcer le cadenas du local où était stocké le rhum; il se soûla au point de perdre son équilibre et tomber à la mer, d’où un officier le repêcha en plantant un harpon dans sa cuisse. Il en porta l’énorme cicatrice jusqu’à la fin de ses jours!
Vers la fin du voyage le navire entra dans une tempête violente, perdit son cap et commença à sombrer. Newton fut envoyé dans les soutes, là où gisaient les esclaves, avec l’ordre d’actionner les pompes. Pendant des jours, terrifié et convaincu que la mort était proche, il travaillait à pomper l’eau, et commença à prier le Seigneur. Des versets bibliques, appris sur les genoux de sa mère, qu’il croyait oubliés depuis longtemps, lui vinrent en mémoire, et il fut miraculeusement transformé, engendré de nouveau.
Rentré en Angleterre, il devint un prédicateur puissant de la Parole de Dieu, et eut l’occasion de prêcher devant la reine. C’est en rappelant les circonstances de sa conversion qu’il composa les paroles du cantique célèbre, Amazing Grace5. Car il avait appris, comme tout chrétien, que la grâce de Dieu dépasse toutes nos catégories, et que cette grâce a trouvé son expression suprême dans la mort et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ.
Notes :
1 Résumé par la «Déclaration de Cambridge» in Here We Stand, Baker Books, Grand Rapids, Mich., 1996, p.16; (v. PROMESSES 1997/2, p.13)
2 Ibid.
3 Nouveau Dictionnaire Biblique, Editions Emmaüs, 1992, p.525 s.
4 Raconté par James M. Boice in The Gospel of John, Vol. 1, Zondervan, Grand Rapids, Mich., 1975, p.110 s.
5 Certains musiciens voient dans la mélodie un air d’origine africaine, que Newton aurait pu entendre chanté par les esclaves.
CHRONIQUE DE LIVRES
Une menace pour l’Eglise Africaine
Auteur: Daniel BOURDANNÉ
Editeur: Presses Bibliques Africaines, 08 B.P. 424 Abidjan 08 (Côte d’Ivoire);
adresse e-mail: gbuaf@hotmail.com ; édition 1999, 94 pages
L’auteur, après des études en biologie et en philosophie, a exercé comme enseignant et chercheur. Actuellement, il se consacre au ministère parmi les étudiants et est Secrétaire régional des Groupes Bibliques Universitaires d’Afrique Francophone (GBUAF) et Directeur des Presses Bibliques Africaines. Il nous tient à cœur de faire connaître cet excellent ouvrage. S’il a été écrit pour nos frères africains, il n’en reste pas moins que l’Europe est aussi concernée. C’est un phénomène qui touche actuellement toutes les cultures.
«Ce livre se propose de passer en revue les subtilités de cette théologie hérétique ». Il contient quatre chapitres principaux. Le premier chapitre présente L’Evangile de la prospérité à visage ouvert et touche quatre thèmes: l’argent en vitesse, la négation de la maladie et la foi, la confession positive, ainsi que la connaissance par révélation.
Le chapitre deux nous amène aux racines de ce mouvement: l’Europe et les Etats-Unis. Il nous informe sur ses connexions africaines et sur l’ascendant qu’exerce cette théologie sur l’Afrique. On y retrouve des noms familiers au mouvement de Toronto tels que Erwin Hagin, Oral Robert, Kenneth et Gloria Copeland. Cette fausse doctrine trouve un terrain favorable en Afrique, où les conditions de vie très difficiles, maladie et pauvreté, sont particulièrement accentuées. Une misère surréaliste dont de nombreux lecteurs africains nous font part, avec son lot de souffrances parfois extrêmes.
D’autre part, l’arrière plan du religieux traditionnel associe fortement le malheur aux forces spirituelles: «Dans la mentalité africaine il faut lutter spirituellement contre les forces du mal»(p. 49), l’accent étant mis sur «les délivrances» qui sont facilement comparables à un rite magique. On comprend donc aisément le succès de ce mouvement co-responsable d’une certaine christianisation superficielle, populaire et non débarrassée de l’ésotérisme.
Le chapitre trois examine, à la lumière de l’Ecriture, cet évangile tronqué, avec sa conception erronée de l’homme, une sorte de panthéisme où l’homme est divinisé. Pire encore, il contient des vues antiscripturaires sur le sacrifice et la mort de Jésus-Christ, la confession positive de la foi et la souveraineté de Dieu, favorisant ainsi «les rites traditionnels africains». Les doctrines de la guérison divine, et de la connaissance par révélation sont interprétées faussement, cette dernière aboutissant à la fabrication de «deux catégories de chrétiens, le chrétien et le superchrétien», d’un mysticisme dangereux situé aux antipodes de l’Ecriture.
Les remarques finales sur cette théologie dans le dernier chapitre font ressortir le désaccord total sur les plans philosophique, épistémologique, anthropologique, exégétique et théologique d’avec l’Evangile authentique. C’est une sorte d’évasion hors de la souffrance que tout humain doit affronter et qui est une conséquence de la désobéissance et de la chute de nos premiers parents.
Avec cet ouvrage, nous touchons aux problèmes très présents de «l’obsession du succès», d’une soif de pouvoir magique sur notre sort humain, en particulier sur la pauvreté et la maladie. Le problème fondamental reste celui de l’ignorance de la Parole de Dieu, qui est claire à ce sujet et qui «libère de la tyrannie de la pauvreté plutôt que de la pauvreté tout court»(Apoc 2.7-10; Act 14.22), comme nous l’a écrit un théologien africain.
Ce livre parfaitement clair, objectif, équilibré et ferme mérite largement d’être lu et répandu dans les églises confrontées à ce fléau moderne. Adressezvous directement à son éditeur à Abidjan qui vous communiquera les conditions d’achat pour votre pays.
Henri Lüscher
TÉMOIGNAGE SOUS FORME D’UN POÈME
Andrée DUFOUR
Dieu dit: «Je demanderai compte à chaque homme de la vie de son semblable»
(Gen 9.5b).
Jésus a dit: «Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids d’un lourd
fardeau, et je vous donnerai du repos» (Mat 11.28 ; Bible du Semeur).
Maryse murmurait, en ce matin d’été :
« Père, tu m’as donné deux enfants pleins de vie,
Un mari généreux ; pour ta grande bonté
Je suis reconnaissante, et je te remercie.
Puisque tu m’as offert, à la Croix, ton pardon,
Que tu m’as préparé dans ton ciel une place :
Que l’affligé, souvent, s’arrête en ma maison,
Afin de découvrir la beauté de ta grâce ».
Ainsi, résolument, Maryse et son époux
Suivirent le Seigneur dans la joie et la peine.
Tandis que leur parcours semblait tranquille et doux
Ils furent accablés d’une épreuve soudaine.
« Un cancer ! dit Maryse, Oh ! mon Seigneur, pourquoi ?
Faut-il vivre cela ! Quitter si tôt la terre ?
Père, vois mon tourment, mon cœur rempli d’effroi !
Mes enfants si petits ont besoin de leur mère ».
La jeune femme dut mener un vrai combat.
Du doute et de la peur elle fit l’expérience.
Et puis, un jour, Maryse, à son Dieu déclara :
« Je ne te comprends pas, mais je te fais confiance.
J’apporte mon mari, mes enfants à la Croix.
Prends soin d’eux jusqu’au bout, Seigneur, je te les donne.
Quel que soit l’avenir, en ton amour je crois,
Car depuis deux mille ans, tu n’as trompé personne ».
Elle eut à supporter de pénibles tourments,
Mais son âme resta discrètement paisible.
Son être tout entier, malgré soins et calmants
Subit les durs assauts du mal irréversible.
Puis, quelqu’un décida dans le grand hôpital
Qu’il serait « plus humain » d’abréger sa souffrance.
Quelqu’un, tenant en main le mélange fatal
Se glissa près du lit à l’heure du silence.
Mais la malade put dans un suprême effort
Repousser ce quelqu’un, disant d’une voix sûre :
« Non ! mon frère, arrêtez ! ne donnez pas la mort,
Ne risquez pas pour moi l’enfer et sa torture.
Mon Dieu va m’appeler bientôt dans sa maison… »
Puis Maryse se tut, elle était épuisée.
L’homme sentit soudain vaciller sa raison.
Il partit sans un mot, et la tête baissée.
Mais après quelques jours, le Rendez-Vous des cieux
Mit fin à tous les maux de Maryse sur terre.
Qui donc le dépeindra cet instant merveilleux,
De voir enfin Jésus dans la gloire du Père.
Angoisses, deuils, chagrins, quel que soit notre sort
Au plus fort des combats, Il a promis son aide.
Lui qui donne la vie, Il a vaincu la mort,
Afin que dans son ciel « le meilleur » nous précède.
Restons près de Jésus, c’est le Dieu Souverain.
Il a compté nos jours, l’instant, le mois, l’année…
Lorsque nous sommes las, tremblants sur le chemin,
Oh ! n’oublions jamais, non jamais l’ARRIVEE !
Ce poème a été inspiré par un fait réel. Le nom de Maryse est un pseudonyme. Le chrétien, lui aussi, est confronté à cette réalité de la souffrance et de la mort, anomalie amenée par la désobéissance d’Adam. Malgré ses douleurs physiques aiguës, cette jeune maman avait refusé résolument la tentation de l’euthanasie active qui lui fut proposée. Visiblement impressionnée par ce qu’elle venait de vivre sur son lit d’hôpital, Mme Dufour nous écrivit entre autres: «Je
suis consternée de la manière légère dont on aborde le sujet de l’euthanasie autour de moi. Même des personnes âgées de ma connaissance désirent cette solution. Je compatis pleinement à la peur de la souffrance, mais quelle folie, n’est-ce pas? Alors, je vous joins ce poème»…
De plus en plus courants de nos jours, l’euthanasie et l’avortement sont pourtant en flagrante violation contre le sixième commandement « Tu ne commettras pas de meurtre» (Ex 20.13). Notre société humaniste, utilitariste et pragmatique a perdu le sens de la vie et ignore les vraies valeurs, parce que le Dieu de la Bible a été évacué. Levons-nous donc et demandons à Dieu foi et courage afin de nager à contre-courant. Qu’Il munisse l’Eglise de ministères de
compassion envers ceux et celles qui souffrent si intensément et endurent des épreuves morales et physiques, et apportons-leur Jésus-Christ, Sauveur, Consolateur et Espérance vivante. Prions que Dieu nous fasse rencontrer des personnes qui souffrent et auprès desquelles nous pouvons exercer un peu de compassion en les soutenant dans leurs épreuves.
Alors que nous étions en correspondance avec notre sœur, Mme Andrée Dufour, au début février 2001, le Seigneur avait rappelé sa fidèle servante en sa Présence éternelle à la fin du même mois. Nous avons apprécié notre sœur pour sa grande sensibilité et sa compassion face à la détresse et à la solitude des hommes.
H. Lüscher
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