PROMESSES
Après avoir vu les liens généraux entre l’Histoire et la vie d’un chrétien (voir au No 100), nous nous intéressons de plus près aux conséquences, pour chacun, d’une histoire vécue, et aussi des souvenirs qu’elle suscite, dès lors où l’on a accepté un jour Christ dans sa vie.
Le propos des lignes qui suivent est d’analyser brièvement la valeur du basculement de notre vie dans le projet de Dieu. Ainsi est défini le mot «histoire» dans cet article, comme une appropriation d’une infime tranche de l’Histoire – que Dieu dirige souverainement – adaptée aux contours de chacun.
Ses disciples ne comprirent pas cela tout d’abord; mais quand Jésus fut glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de lui, et que, pour lui, ils les avaient faites (Jean 12.16).
Souvenez- vous…
Les disciples ont eu le privilège de vivre une tranche d’Histoire grandiose auprès de celui qui allait changer radicalement le cours des temps. Mais la Parole nous laisse entendre, à maintes reprises, que les disciples ne comprenaient pas tout ce qui leur était donné d’entendre, de voir et de vivre. lis avaient une bonne connaissance des Ecritures, mais cela ressemblait à un stockage d’informations dans une mémoire morte.
Le verset en exergue nous parle de «souvenir», on devrait même parler de «souvenir qui s’éclaire d’un jour nouveau». C’est un véritable éveil!
Nous précisons quand même que le déclic de la compréhension se fait parfois pendant le cours même du ministère de Jésus. Par exemple, après la purification du Temple par Jésus, ses disciples se souvinrent qu’il est écrit: Le zèle de ta maison me dévore (Jean 2.17).
A la résurrection, parlant aux femmes venues au sépulcre, les anges font clairement appel à leur mémoire. Souvenez-vous de quelle manière Jésus vous a parlé… et elles se souvinrent des paroles de Jésus (Luc 24.6-8).
Le rôle du souvenir
Est-ce à dire que seules les personnes ayant «vécu quelque chose» ont des souvenirs capables de se réveiller et de devenir dynamiques ? il ne s’agit pas ici, bien entendu, de souvenirs qui sont une compilation de faits, d’autant plus grande que la mémoire est grande. Mais il est plutôt question de ces souvenirs qui constituent le vécu de chacun, souvenirs constitués de choses variées comme l’éducation familiale, l’instruction, les recommandations de personnes qui nous ont marqués, les conseils divers, la vie d’église peut-être, l’exemple d’ainés, etc. Cet ensemble d’informations est en grande partie en sommeil, comptabilisé certes mais inerte, jusqu’au jour où un événement fait écho avec ce capital que chacun possède.
Pierre dit: Alors je me souvins de cette parole du Seigneur: Jean a baptisé d’eau, mais vous, vous serez baptisés d’Esprit Saint (Act 11.16). Le souvenir devient comme une mesure qui prend son sens à cause de l’actualité d’un événement que l’on vit. Comme ici dans l’exemple de Pierre, qui se souvient de choses dites antérieurement, choses qui ne seraient restées que des mots si leur accomplissement n’avait eu lieu.
Et ce n’était pas la première fois que cela se passait pour Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: «Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois». Il sortit, et dehors il pleura amèrement (Mat 26.75).
La force de notre histoire
Les recoupements entre ce que nous vivons dans l’immédiat et le potentiel déjà vécu ne sont heureusement pas toujours source d’amertume; tant s’en faut!
Qui de nous, par exemple, dans des moments de doute, alors qu’il est sur le chemin de la vie chrétienne, n’éprouve pas le besoin de se souvenir des débuts de sa conversion? N’est-ce pas réconfortant de se souvenir avec précision, que nous étions sans Christ et que maintenant, en Jésus, nous qui étions loin avons été rapprochés, réconciliés avec Dieu? (Cf. Eph 2.11- 16).
C’est un lieu commun de dire que nul ne peut changer l’Histoire, même sa propre histoire: cela est très bien ainsi, car comme cela, le rappel de ce que Dieu a fait dans ma vie restera constamment une donnée immuable dont le souvenir peut parfois surpasser en évidence et en force une expérience, même récente, de la proximité de Dieu dans ma vie.
Tu sacrifieras la Pâque à l’Eternel… tu te souviendras ainsi toute ta vie du jour où tu es sorti du pays d’Egypte (Deut 16.2-3).
Israël est invité à se souvenir à jamais de sa délivrance de l’esclavage d’Egypte. Comme le doute n’a pas de prise sur l’Histoire et à plus forte raison sur mon histoire, le souvenir d’une délivrance, d’une conversion, reste comme un phare même dans les jours les plus sombres.
Ce que notre histoire ne peut réaliser
Après avoir acquis la conviction que notre passé a de la valeur, il est temps de préciser quelle est sa juste place.
Tu te souviendras de tout le chemin que l’Eternel, ton Dieu, t’a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour reconnaître ce qu’il y avait dans ton coeur et si tu observais ses commandements, oui ou non (Deut 8.2).
A tout moment, il y a un constat possible, visible, qui se propose à nous. Seulement, s’il est vrai que notre marche quotidienne a ses racines dans notre histoire, il faut aussi redire que nous marchons par la foi et non par la vue (2 Cor 5.7).
Nous ne sommes pas invités à regarder constamment derrière nous, mais à renouveler chaque jour notre foi pour une marche victorieuse et dépendante avec notre Seigneur .Notre conversion, nos premiers pas avec Dieu, même s’ils restent des moments attachants dont le souvenir nous fait du bien, ne sont en aucun cas un capital pour le présent. La conversion n’est pas une provision à vie de foi, de victoires, de bons fruits, de sagesse, etc. dans laquelle nous pouvons puiser chaque jour de notre vie. La source reste Jésus-Christ. Etre chrétien n’est pas attaché à la qualité de la conversion, ce qui reste très subjectif et qui resterait à définir. La parole de l’Evangile: on reconnaît un arbre à ses fruits (Mat 7.20) reste la norme pour tout chrétien, même s’il est vrai que son enracinement est un facteur important.
Notre conclusion insistera sur la nécessité de rester attaché chaque jour à celui qui est nécessaire et suffisant à notre marche avec lui.
Notre capacité vient de Dieu (2 Cor 3.5).
Rendez grâce au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière; Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1.12,13).
Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles (2 Cor 5.17).
N’est-il pas vrai que ce sont des versets qui nous transportent de joie et nous rendent infiniment reconnaissants envers l’Auteur de notre salut? Nous nous trouvons placés sur un plan nouveau, où toutes choses sont nouvelles, tournés vers un avenir glorieux. Il semble qu’à partir de ce moment de découverte, bien des chrétiens désirent marcher de l’avant en voulant tout ignorer du passé. Ils savent que leur passé peu honorable, ténébreux,… en un mot sans Dieu, est un problème réglé grâce à l’oeuvre de Christ; mais à cause d’un amalgame souvent inconscient, ils se détachent avec autant de vigueur de leur propre passé que du passé tout court. La vie avec le Seigneur leur apparaît comme une aventure où chaque pas dorénavant leur sera inspiré, et les leçons de I ‘Histoire leur semblent inutiles, ou tout au plus, une curiosité que l’on pardonnera à ceux qui s’y penchent!
Les encouragements dans ce sens semblent même ne pas manquer: Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas bon pour le royaume de Dieu (Luc 9.62). Echappe-toi…, ne regarde pas derrière toi…, de peur que tu ne succombes… La femme de Lot regarda en arrière et devint une statue de sel (Gen 19. 17,26).
Que dire de plus quand on sait que la Bible est à l’origine de ma vie chrétienne et que le royaume de Dieu en sera la conclusion ? Dans ce petit espace-temps, il y a ma propre histoire où je vis par la foi. Celle-ci est sans relation directe avec le monde, et comme «nous ne sommes pas du monde»…
Le rôle de l’histoire
Le problème du rôle de l’Histoire commence à émerger dès l’instant où nous nous posons cette question: «Qu’est-ce que notre foi devrait induire dans nos comportements? Comment traduire en pensées, en paroles et en actes le fait que je suis chrétien?»
Il y a d’abord une réalité. Nous sommes héritiers d’une Histoire faite de culture et de mentalité qui ont modelé les générations qui nous ont précédés. Nous ne pouvons pas faire l’économie de 20 siècles de chrétienté qui ont martelé nos façons de penser. C’est tellement vrai que ceux qui sont extérieurs au christianisme d’Europe ne peuvent connaître ces réalités qu’intellectuellement et non de coeur!
Et pour nous, qu’en est-il? Même si nous n’avons jamais lu les philosophes et côtoyé les penseurs, nous sommes influencés collectivement par ce qui a été transmis à leur époque par des Descartes, Rousseau, Voltaire, Kant, Nietzsche, etc…; nous récoltons bien involontairement ce qu’ils ont semé!
Le chrétien aussi est héritier d’une histoire, mais plus riche encore. Son histoire remonte à l’éternité. Dieu prouve son amour envers nous, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous (Rom 5.8). Il nous a sauvés… à cause de son propre dessein, et de la grâce qui nous a été donnée en Christ-Jésus avant les temps éternels. (2 Tim 1.9). L’histoire du chrétien passe par Christ, et nos racines sont mêlées avec celles de l’Eglise.
A cet égard, il est utile de relever que l’oeuvre de Christ – dans laquelle nous sommes partie prenante – apparaît trop souvent aujourd’hui davantage comme un acte théologique, qui règle le problème du péché et de sa domination, que comme un fait historique, voulu et géré par Dieu. Il n’y a pas de choix: les deux aspects sont à admettre avec autant de force!
De plus, notre nouvelle naissance ne doit pas être un prétexte à nous faire sortir de l’Histoire des hommes, et plus particulièrement de celle de l’Eglise, sous prétexte que nous entrerons dans le royaume de Dieu.
La valeur de l’histoire
S’il est vrai que connaître Dieu par l’écoute de sa Parole est fondamental pour notre vie, il serait impensable de négliger l’Histoire, tout simplement parce qu’elle est le cadre des oeuvres de Dieu. Ainsi la Bible ne nous enseigne pas seulement de saisir tout son fondement par la foi, mais aussi de savoir reconnaître la valeur de l’Histoire. D’ailleurs, le chrétien est un maillon de cette longue chaîne qui a débuté dans la Genèse et traverse les siècles. Il fait partie de cette nuée de témoins – connus ou non – qui jalonnent les Ecritures, puis l’histoire de l’Eglise.
Le danger est de croire que, même inconsciemment, l’aboutissement de cette chaîne, c’est soi-même! Nous nous inscrivons aussi dans l’Histoire, et nous devons être reconnaissants de l’héritage évangélique dont nous bénéficions et qui est chaque jour plus fort. Les lumières successives apportées dans l’Histoire par les hommes de Dieu nous ont rendu le message biblique de plus en plus accessible de ce fait, nos pensées et nos activités en sont chaque jour davantage imprégnées »
Le Seigneur a suscité les réformateurs et bien d’autres hommes pour que le flambeau dont ils étaient porteurs éclaire leur époque. Ils ont oeuvré pour l’avancement de l’Eglise, parce qu’ils parlaient au nom de Dieu. Leur message inspiré ne fait- il pas partie de l’arsenal d’édification dont nous disposons?
L’Eglise est faite de tous ceux qui ont Christ pour Chef, mais sachons aussi qu’elle est riche de tous les témoignages de ceux qui nous ont précédés.
Dans la multiplicité des revues qui émanent des diverses sphères religieuses, on peut être parfois frappé par certaines convergences tant parmi les thèmes traités qu’au travers des préoccupations des responsables d’églises.
Il nous semble par exemple qu’on veuille aujourd’hui privilégier l’union à tout prix entre les chrétiens de tous horizons, pour aboutir à une unité – voire une uniformité – qui irait bien au-delà du courant oecuménique, déjà vieillot et menacé d’enlisement.
Comment s’y prend-on?
Pour réaliser cet objectif on met en avant une mission à laquelle tout chrétien se doit d’adhérer: l’évangélisation du monde. Et les mouvements religieux de tous bords abondent dans le même sens:
– le CGE (Conseil oecuménique des églises) projette une conférence mondiale sur ce thème;
– le pape a lancé son encyclique «Evangélisation du monde aujourd’hui»;
– le monde protestant se préoccupe régulièrement de ce sujet sous forme de colloques, synodes, forums…
La cacophonie
Le problème est que chacun donne au mot «évangélisation» un contenu différent: le CGE parlera de «théologie de la libération»; le pape parlera de «Marie inspiratrice et directrice d’une évangélisation toujours renouvelée»; les églises officielles protestantes parleront de «transformation de l’humanité en un peuple de Dieu où règnent la justice et la paix».
Nous sommes loin de ce que l’Ecriture enseigne à propos de la repentance et de la foi en Jésus-Christ, et loin du chrétien qui se fonde sur les valeurs de la parole de Dieu, qui est l’antithèse de l’humanisme et qui libère de la très légale religion-tradition! Il n’y aura pas de vrai progrès moral, social et religieux sans une soumission de l’homme à Dieu.
Tous dans le même sens?
Il n’est pas inutile de se poser quelques brèves questions sur les motifs qui inspirent cet élan à évangéliser le monde.
Faut-il faire sienne la déclaration du pape à Strasbourg: «L’unité spirituelle et morale devraient être les éléments indispensables de l’identité de notre monde christianisé»? N’y a-t-il rien de plus que la tentative de réunir en un seul groupe les diverses familles chrétiennes? Une réédition de Babel?
Nous nous posons en tout cas vivement la question: peut-on être d’accord avec cette idée que ce qui est primordial, c’est de poursuivre tous le même but? N’est-ce pas une ruse nouvelle que de s’interdire toutes questions au moment où nous sommes tous invités à nous engager dans une évangélisation en commun?
Il semble que l’essentiel est que «ça marche»! Un bel héritage de notre monde de consommation: peu importent les moyens… Pourtant, comme on ne veut pas se payer de mots seulement, il faut se donner les moyens pour réaliser cette ambition.
La ruse
A «mission commune» on a donc associé l’idée «d’union nécessaire». Encore faut-il la faire sentir concrètement, montrer que l’on décloisonne, que l’on est nombreux. Pour éviter de mesurer les éloignements mutuels et de constater les incohérences par l’examen de la Parole, on propose de mesurer la proximité mutuelle par «la prière inter-groupes». Voilà enfin trouvé le terrain commun, unificateur, qui vient élargir le courant oecuménique.
On détourne la prière de sa fonction première: parler à Dieu. On la récupère comme instrument de «dialogue intercommunautaire». Même s’il est vrai que la prière en commun nécessite la communion, on oublie que cet accord, voire cette harmonie, doit avoir au départ une base biblique.
La confusion peut séduire n’importe qui et aller jusqu’à entraîner une église entière, même si l’on prétend ne pas vouloir «marcher» avec ce qui est proposé. L’enjeu est de taille: l’amalgame mission/union/prière, avec l’étude trop sommaire de la Bible, peut déteindre sur toutes les activités d’une église locale.
Le préalable
Et si nous posions la question à rebours? Si justement l’étude approfondie de la Parole était un atout? Un atout parce qu’elle nous oblige à un effort tout à fait irremplaçable en vue de notre maturité chrétienne.
Prêcherions-nous à des gens convaincus? Pas si sûr…
L’étude de la Bible a pour rôle de nous entraîner à rester attachés à la pensée de Dieu. L’apprentissage de l’étude systématique des Ecritures nous oblige à faire un effort, à élaborer une méthode, à exercer une certaine rigueur – autant de termes qui sont catalogués de «rétros» s’ils font peur, éludés s’ils sont liés au travail, mais entendus par ceux qui veulent aller plus loin…
Il est malheureusement courant de voir que la connaissance de la Bible est traitée de la même manière que l’apprentissage de notre langue maternelle en classe à notre époque. On s’est peu à peu aligné au but qu’on poursuit en apprenant une langue étrangère, c’est-à-dire savoir communiquer immédiatement. L’efficacité se pare du même coup de l’à-peu-près. On apprend des mots, des tournures toutes faites, ce qui se dit ou ne se dit pas, mais on délaisse tout ce qui n’est pas indispensable à la communication orale, et on perd un immense trésor de littérature qui restera à jamais inaccessible.
Il en va de même pour l’étude des Ecritures. L’étude des livres de la Bible qui n’ont pas d’implications pratiques immédiates reste facilement à l’écart. C’est une grave erreur de ne pas croire profondément à l’unité de la Parole dans tous les domaines. Il en résulte un état de fait: une connaissance insuffisante de la Bible et l’incapacité notoire de conduire une déduction conforme à la pensée de Dieu.
Le retour à l’équilibre
Ce qui est vrai dans notre étude personnelle des Ecritures l’est aussi dans celle pratiquée en commun. Il nous faut absolument revenir à une instruction systématique et solide de la Bible. C’est une nécessité dans nos églises afin que les chrétiens acquièrent du discernement spirituel.
L’étude de la Bible et la prière sont d’une importance égale. Etude et prière se complètent nécessairement. Comment pourrions-nous privilégier la prière (= l’homme parle à Dieu) par rapport à sa Parole (z Dieu parle à l’homme) sans nous laisser inspirer par cette dernière? Comment un concert de prières, qui se voudrait harmonieux, pourrait-il se jouer si la partition n’est pas la même pour tous?
La direction
La prière sans sa source d’inspiration, la Bible, devient une activité charnelle qui risque en plus de se tarir.
Mais là où nous réitérons toutes nos réserves, c’est lorsque la prière devient la base du «dialogue» entre tous les participants. N’entend-on pas souvent cette phrase: «Soyons heureux, nous avons pu prier ensemble!»
C’est une joie en effet si cette exclamation est le reflet d’une communion retrouvée dans la vérité. Mais ce sera très artificiel si, pour que cette prière-prétexte puisse se réaliser, on a dû d’abord piétiner ses propres convictions et s’interdire ensuite tout autre dialogue spirituel.
Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières (Act 2.42).
LA PATERNITE SPIRITUELLE
![]() | Les articles précédents se sont préoccupés du leadership au sein d’un groupe. Maintenant, il est important d’examiner l’action du leader-pédagogue vis-à-vis de chacun dans ce groupe, ce que nous ferons en nous plaçant dans le cadre d’une communauté chrétienne ou d’un groupe de jeunes chrétiens, là donc où l’objectif avoué est de faire connaître le Seigneur. | ![]() |
Ce que le leader-pédagogue connaît
![]() | Il va sans dire que le pédagogue animé du désir de partager son enthousiasme de chrétien a envie de présenter la vie chrétienne, sa foi, son espérance, et surtout le Christ, qui en est l’auteur, comme une dimension attirante et passionnante. Pour lui, le Christ n’est pas une vision aux contours bien nets, comme si le modèle à atteindre était devant lui. Ce serait en effet une vision frustrante, car nul ne saurait jamais égaler la personne de Christ. Un modèle ne s’atteint pas, il s’imite, même si la barre du modèle est en apparence moins haute à franchir, en se disant par exemple qu’on se contentera du modèle qu’est l’apôtre Paul (cf. 1Cor ll.1 ;Eph5.1 ;Phil3.17).A plus forte raison, le pédagogue qui en est conscient s’efforcera de ne pas se mettre en avant, mais de renvoyer constamment au modèle qu’est le Christ. | ![]() |
La démarche du leader-pédagogue
![]() | Nous sommes l’ouvrage de Dieu, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions (Eph 2.10). Est-il nécessaire de dire que l’oeuvre de Christ sur la terre a été l’accomplissement parfaitement conforme à l’oeuvre qui lui était réservée, et donc préparée d’avance ? Christ a pu dire: Tout est accompli (Jean 19.30). Nous pouvons donc affirmer que chacun peut aussi réaliser ce qu’il a à faire, non pas selon le modèle réservé à Christ, mais selon l’oeuvre qui a été préparée d’avance pour lui. Ce que Christ a fait m’aidera, par exemple, à saisir les qualités requises pour accomplir ce qui est à faire. Et ces qualités peuvent être effectivement acquises grâce à l’aide indéfectible que le Seigneur donne aux siens. Le rôle du pédagogue est donc de faire comprendre à chacun qu’il lui est possible, individuellement, d’accomplir d’une façon originale ce qui lui est préparé d’avance, et de l’y conduire. Jamais le pédagogue ne se posera en modèle, car le disciple accomplira de toute façon son chemin à lui. Le but du pédagogue ne consiste qu’à montrer constamment l’excellence du modèle qu’est le Christ. | ![]() |
Le danger
![]() | Dans cette démarche pédagogique qui consiste à faire progresser l’autre à la fois dans la connaissance de Christ et dans sa maturité chrétienne, le leader est parfois tenté d’aller trop vite. Le motif inavoué ou inconscient, c’est la recherche d’un « résultat » tangible chez l’autre. Le forcing et la manipulation sont les écueils à éviter dans les problèmes relationnels Il ne faut pas oublier non plus que la progression dont il est question ici, selon un plan et une oeuvre préparée d’avance pour chacun, est comparable à une croissance, et que cela ne comporte pas souvent des aspects spectaculaires. Il est possible de plaire à Dieu et de construire sa vie chrétienne dans le plus strict anonymat. Christ le charpentier, n’a-t-il pas été appelé Bien-aimé avant même d’avoir exercé son ministère (Marc 1.11) ? Un des pièges à éviter, c’est de faire tapage autour d’un futur disciple, voire même d’en faire un modèle avant qu’il ait fait ses preuves. | ![]() |
Conclusion
![]() | L’influence du leader-pédagogue doit toujours s’exercer dans le respect de l’autre, tout en lui donnant les éléments nécessaires pour construire sa vie de disciple, sans se lasser de lui montrer continuellement le Christ. Bien entendu que le leader lui-même veillera sans cesse sur sa cohérence en tant que chrétien. | ![]() |
DEVIATIONS DU LEADERSHIP :
Quelques types bibliques
![]() | Suite à l’article du numéro précédent, il convient de reprendre les quatre types de déviations énoncés « Bible en main », pour nous rendre compte, entre autres, des caractéristiques et des symptômes ayant trait à la perversion de certains leaderships. Ce faisant, il faut se garder d’enfermer la totalité d’un personnage dans une des déviations décrites, pour en conclure p. ex. qu’un tel est uniquement autoritariste. Soyons bien conscients que, même si les personnages décrits dans la Bible avaient tissé des relations familiales et sociales teintées de leur propre personne, et même s’il est vrai que nous leur ressemblons beaucoup, il ne faut pas en conclure autre chose que ceci: le problème de l’autorité dans un groupe a été vécu d’une certaine manière par un tel, et il n’est pas question de lui jeter la pierre! Evidemment, dans le cadre de notre étude, certains aspects ne peuvent pas être relevés. | ![]() |
Le vedettariat: Saül
![]() | (voir 1 Sam 1 5, chapitre auquel se réfèrent les versets cités entre parenthèses) Son seul souci, c’est que cette déclaration de rejet reste entre Samuel et lui: une vedette ne doit pas avoir de défauts! Saül veut donc paraître en public comme si rien ne s’était passé: Honore-moi en présence des anciens et de mon peuple, dit-il (30). Il désire être confirmé dans sa position de vedette. La Bible nous rapporte un détail symptomatique sur ce Saul-vedette. Il justifie devant Samuel son manque de respect pour la parole de Dieu en ces mots: Je craignais le peuple (24). N’est-ce pas là un argument-tricherie? En tant que vedette, l’honnêteté ne l’aurait-elle pas obligé à dire: « Je craignais de déplaire au peuple » ? Posons-nous cette question: qu’est-ce qui nous importe davantage, ce que les gens pensent de nous ou ce que le Seigneur pense de nous ? Craignons-nous davantage le jugement des gens… ou le jugement de Dieu ? | ![]() |
Le laisser-faire: Ruben
![]() | (Les références bibliques se rapportent aux chapitres 37-45 de la Genèse.) La première réaction de Ruben, le chef de ce groupe remuant et hostile, est de canaliser l’énergie meurtrière de ses frères vers une « solution de secours » pour éviter le pire (37.20-22). Déjà là, il aurait fallu une action énergique, digne d’un chef. Ruben devait s’interposer avec autorité entre Joseph et ses frères. Il est vrai qu’il intervient, mais on a le sentiment d’une capitulation de la part de cet aîné, suivie d’une longue série de regrets: le type même du laisser-faire. Juda profite d’une absence de Ruben pour vendre son frère Joseph à des nomades, et Ruben ne peut plus rien contre ce fait accompli. Son laisser-aller a perdu Joseph. Ruben ne proteste même pas contre la supercherie que ses frères manigancent pour tromper leur père (37.29-35). Les années passent, mais Ruben ne peut oublier. « L’événement Joseph » ressurgit lors de la famine qui mène les fils de Jacob en Egypte. Ruben ne proteste même pas quand ses frères mentent en disant qu’ils sont d’honnêtes gens (42.11). Malgré tout, dans le groupe Ruben garde sa place à cause de son rang d’aîné (43.33). Cependant il n’a plus d’autorité sur ses frères. Son incapacité de gérer le groupe le bloque. Cela doit se remarquer, puisque Joseph a discerné le manque d’autorité de l’aîné, vu qu’il recommande à ses frères de ne pas se quereller en route (45.24)! | ![]() |
L’autoritarisme: Diotrèphe
(3 Jean 9-11)
![]() | La Bible est moins explicite sur ce cas, mais on soupçonne un homme d’église au caractère de dictateur. Comment est-il arrivé à être le leader? Nous n’en savons rien, sinon qu’il est celui qui commande et qu’il y tient (9). Pour Diotrèphe, l’autoritarisme est la seule solution, puisque les relations avec tous sont coupées. Il est le « tyran du presbytère » que le groupe subit, dont les actes et les paroles nuisent à l’église (10). Les paroissiens ne sont plus considérés comme des frères à part entière, mais comme des pions que l’on déplace, admet ou refuse selon son bon vouloir! C’est ainsi que dans l’église, parfois, des ministères deviennent progressivement des magistères… | ![]() |
Le paternalisme: Rébecca
![]() | (Les références bibliques se rapportent aux chapitres 25-27 de la Genèse.) Dans le cas présent, le problème remonte à la naissance des jumeaux Esaü et Jacob (25.24-28). Le texte biblique nous apprend que l’amour de Rébecca pour son fils Jacob est exclusif et oppressant, au point où elle lui dicte sa conduite sans lui laisser le choix (27.8,15-17). Quand son fils Jacob est en danger de subir la vengeance d’Esaü, qui est furieux d’avoir perdu la bénédiction paternelle (alors qu’il l’avait méprisée en la vendant à Jacob contre son plat favori: 25.33-34), c’est encore Rébecca qui fait front. Elle trompe de nouveau Isaac pour éloigner Jacob, en alléguant un prétexte de mauvaise compagnie féminine pour son fils (27.46). Remarquons que l’argument ne sonne pas faux, car les mésalliances ont déjà fait souffrir la famille (26.34), de sorte qu’Isaac est tout à fait convaincu que Jacob doit partir. Le témoignage prêchant l’exemple, quoi d’étonnant Jacob devienne tricheur à tour? | ![]() |
Conclusion
![]() | Il serait intéressant de rechercher dans la Bible les problèmes relationnels entre les divers personnages afin d’étudier la manière dont Dieu intervient. Ayant examiné les écueils qu’un leader doit éviter, on peut maintenant se poser la question: quelle est la mission du leader? Le prochain article se proposera d’établir un projet général valable pour tout leader-pédagogue en action au sein d’un groupe, pour autant que son objectif avoué soit de faire connaître le Seigneur. | ![]() |
Bernard COUSYN
QUELQUES DEVIATIONS DU LEADERSHIP
L’origine des problèmes![]() | Dans les articles précédents, la situation décrite peut être ainsi résumée: un chef émerge du sein d’un groupe avec pour projet d’y établir un tissu de relations mutuelles. Son propos en effet est de permettre a chacun de s’édifier et de s’épanouir. Ce leader-pédagogue n’agit pas à sa guise, mais veille à la satisfaction des besoins de chacun, agissant naturellement dans les limites du domaine où il est compétent et où il a reçu l’autorité de la part du groupe. Seulement voilà: cet échange entre le groupe et son chef peut se détériorer de façon subtile, sans qu’il y ait prise de pouvoir de manière ostensible, ni même abus de pouvoir. S’il est impossible, dans ce cadre, d’examiner tous les aspects du problème, il vaut la peine de se pencher sur quelques cas caractéristiques qui illustrent une attitude négative du leader dans le groupe. Ces critères généraux peuvent s’appliquer soit à l’attitude d’un responsable au sein d’un groupe de jeunes, soit à l’action d’un ancien dans son église, soit encore à la manière dont un animateur gère son groupe en centre de vacances par exemple, même si, dans ce dernier cas, l’autorité dont il est investi est avant tout fonctionnelle. | ![]() |
Le vedettariat
![]() | Le risque le plus évident pour celui qui est le leader d’un groupe, c’est d’être constamment la référence, c’est-à-dire celui qui sait. Sans prendre l’allure d’un champion, il risque de passer pour le spécialiste. Le pouvoir peut ainsi pernicieusement amener le leader à devenir indispensable, et par conséquent à inverser l’ordre des choses: au lieu de « veiller au troupeau » qui lui est échu, le leader existe maintenant par le troupeau. Autrement dit, les membres du groupe dépendent entièrement du chef, qu’ils se sentent tenus d’applaudir… Sans autre alternative, chacun se trouve soit parmi les admirateurs, soit en dehors du groupe. L’égoïsme du chef divise donc le groupe en deux blocs: les pour et les contre. Inutile d’insister sur la futilité de son rôle de pédagogue: d’une part, l’unité du groupe est détruite d’autre part, le leader voit d’un mauvais oeil que quelqu’un progresse et puisse devenir plus apte que lui! | ![]() |
Le laisser-faire
![]() | Le deuxième risque, c’est que celui à qui vient d’échoir l’autorité dans un groupe, garde le titre de chef tout en évacuant la charge du leader de son contenu. Par paresse, ou plus souvent par démission, le chef du groupe n’en retient plus que le nom. Naissent alors toutes sortes de prétextes destinés à masquer l’incapacité notoire du leader: le groupe est suffisamment adulte pour se conduire seul il faut bien un peu de liberté pour que chacun se prenne en charge… En fait, cette passivité engendre la mort du groupe, parce que s’il n’y a pas d’action de la part du chef, c’est qu’il n’y a plus de projet. Il y avait bien à l’origine l’apparence d’un projet, juste assez pour que le groupe puisse en déduire qu’il était un leader probable. Il y a pire ici que la maladie du pouvoir: la maladie du titre de chef. | ![]() |
L’autoritarisme
![]() | Le pendant de ce qui précède est de faire sentir au groupe tout le poids que représente la charge de leader. Par peur de sa nouvelle fonction face au groupe, par timidité peut-être aussi, le leader se campe dans un personnage inabordable, et en même temps, confondant autorité et force, il aimerait que tout le groupe « marche à sa musique ». Au lieu que chacun puisse progresser sur son chemin propre, chacun doit progresser sur le chemin du leader. Non seulement cette attitude trahit un indéniable manque de respect de l’autre, mais elle s’arroge aussi le droit d’être le directeur de conscience de chacun. L’autoritarisme de cette trempe-là a ceci d’insidieux qu’il peut être mis en oeuvre sans violence apparente. On est loin du leader-pédagogue! | ![]() |
Le paternalisme
![]() | Ce mot désigne une forme de pouvoir qui a des aspects parfois tellement « sympathiques » qu’on n’y discerne que difficilement une déviation. En effet, il est tellement évident qu’une des fonctions du leader est d’être attentif aux intérêts de tous dans le groupe, qu’il semble naturel de se laisser guider par le chef sans mettre cette conduite en question. Le chef qui prend à coeur la situation de chacun risque de devenir omniprésent, à un point tel qu’il usurpe même la place d’un parent, d’un conjoint… Sans prôner le détachement, il semble que ce leader prend une place trop envahissante. Celui du groupe qui se distancie de cette présence oppressante s’expose souvent au chantage, parfois inconscient, de la part du leader. Chantage affectif avec des phrases du genre « tu ne m’aimes plus » chantage spirituel avec des affirmations du genre « tu te détaches du Seigneur ». L’exclusivisme du leader en tant que chef du groupe est antipédagogique: nous sommes loin de ce chef qui est prêt à rentrer dans les rangs (voir Promesses n0 72). Nous sommes au contraire face à un chef qui ne veut pas lâcher son étreinte! | ![]() |
Conclusion
![]() | A la base de ces déviations dans le rôle du leader, il y a le préjugé que les membres du groupe seraient incapables d’agir indépendamment et d’atteindre à la maturité dans cette optique-là, chacun est considéré comme un objet et non un sujet – et c’est dramatique! Il restera, dans le prochain article, à étayer ce qui précède par des textes bibliques. Une chose est certaine: dans les relations humaines troublées par le péché, il est nécessaire, pour que l’ordre règne, qu’une autorité s’établisse dans quelque groupement que ce soit, sans oublier que chacun est créature de Dieu. | ![]() |
Bernard COUSYN
L’installation du leader
![]() | Nous resterons dans la situation d’un groupe homogène, c’est-à-dire composé de personnes ayant des préoccupations à peu près analogues et dont elles peuvent librement discuter. Il n’est pas inutile de rappeler l’importance de la famille chrétienne que Dieu nous a donnée. Nous avons devant les yeux l’exemple des premiers chrétiens, qui faisaient quotidiennement l’expérience de la vie de groupe (voir Act 2.44; 4.32). C’est dans ce cadre que le leader a été choisi. Il a l’autorité dans le groupe et exerce son rôle en harmonie avec lui (voir PROMESSES No. 71). Evidemment que le fait d’ètre investi de l’autorité n’est pas unefin en soi. Il y a un objectif qu’il convient maintenant de définir. | ![]() |
Le rôle du leader
![]() | Bien entendu que le groupe connaît bien le chef qui est issu de ses rangs et réciproquement, mais il est plus difficile de prévoir si, malgré cette harmonie, le tandem groupe-leader sera fructueux à long terme. Un pasteur nouvellement arrivé en poste dans une église essayera d’abord de gagner la confiance de ses paroissiens; mais sa préoccupation principale sera de prendre connaissance des besoins réels, profonds, parfois inexprimés de chacun. Cette connaissance amène le leader àmener le groupe d’une manière qui soit propice à son épanouissement. L’un des critères qui révèle si le leader garde son autorité dans un groupe qui progresse, demeure la constatation qu’il y a des relations détendues et joyeuses, toujours plus riches, entre chacune des personnes qui composent le groupe. Le chef mène donc l’ensemble, non pas selon sa fantaisie, mais selon le discernement qu’il a de chacun dans le groupe, besoins qu’il cherche à combler de son mieux. Si le leader s’appuie sur son autorité, ce n’est jamais pour faire ce qu il veut, mais pour promouvoir l’avancement de chacun. Sa manière de faire est à l’opposé de cette maladie du pouvoir qui fait du chef un usurpateur du pouvoir sans autorité authentique, dont le but est l’autosatisfaction en faisant du groupe la caisse de résonance de ses propres convictions. Il y a manipulation. C’est de la tyrannie! Par contre, le vrai leader possède des qualités d’abnégation et d’acceptation de l’autre qui, unies à ses propres capacités connues par le groupe, font de lui un pédagogue. La position de conducteur, donc d’autorité, ne saurait faire l’objet d’une convoitise, vu qu’il s’agit en réalité d’une lourde responsabilité, a savoir la charge de mener le groupe. Le leader ne règne pas sur un troupeau, il le fait paître: l’image bibliqe a toute sa dimension, vue sous cet angle. | ![]() |
Les qualités du leader-pédagogue
![]() | Dans la mesure où le leader a accepté que son rôle est vraiment celui d’un pédagogue, bien des choses se mettent tout naturellement en place. Les attitudes réciproques qui peuvent favoriser les relations entre le leader et son groupe ne devraient pas faire problème. Je n’en nommerai que quelques-unes: respect de l’autre, disponibilité, compréhension facilitant la communication. Ces dispositions favorisent le climat harmonieux d’édification et d’épanouissement dans le groupe. Mais le plus important pour le pédagogue, c’est de réaliser son objectif: faire faire à chacun un bout de chemin en vue de son développement complet. Il n’y a là rien d’écrasant: au contraire, la croissance habilitera l’autre à devenir chef à son tour. | ![]() |
La finalité de l’exercice de l’autorité
![]() | Le leader devient un authentique pédagogue le jour où, d’une façon implicite ou réelle, il veut assurer sa succession, sachant qu’il n’est pas le seul à pouvoir être à la place qu’il occupe. Les relations que le chef cherchera à stimuler au sein du groupe sont celles qui permettront àchacun de progresser; elles ont donc un but pédagogique. Ainsi, le chef laissera faire par d’autres ce qu’il serait capable de faire lui-même, et parfois mieux… C’est loin d’être une transmission! Le jour vient où, gardant intactes toutes ses qualités et capacités, le leader-pédagogue se sent appelé à retourner dans les rangs du groupe pour laisser sa place à un autre | ![]() |
![]() | Voici ma conclusion: en analysant ce qui précède à la lumière de votre groupe, pensez-vous qu il soit déraisonnable d’imaginer que le processus qui vient d’être décrit puisse avoir lieu dans votre communauté, dans votre église ? | ![]() |
Bernard COUSYN
L’existence de l’autorité
![]() | C’est un lieu commun de dire que l’Ecriture est très sensible à la qualité des rapports tissés entre les hommes. Et c’est vrai particulièrement dans l’Eglise. Un type de relations nouvelles y a été inauguré par le Saint-Esprit. L’Eglise identifiée à un corps (Eph 4.12 5.23), où tous les membres sont bien coordonnés (Eph 4.16 I Cor 12. 14-27), nous parle à la fois d’un ordonnancement harmonieux et d’une explosion de vie nouvelle, mais sans anarchie. L’autorité confessée, qui organise et gère cet état de choses, est toujours en fin de compte celle de Christ (Col 1.17-18) ; mais il faut reconnaître, dans la pratique, que le rouage de l’autorité existe entre les membres de l’Eglise, et plus spécialement entre les adhérents d’une église locale ! Ignorer cet axiome, c’est résoudre ce problème relationnel fondamental, soit par la dissolution de l’autorité, ce qui est illusoire et amène la pagaille soit par l’absolutisation de l’autorité, ce qui est usurpatoire et amène la dictature. | ![]() |
Les diverses formes de l’autorité
![]() | 1) Dans notre société, il existe des chefs « naturels » qui détiennent une autorité que nous pouvons qualifier de hiérarchique les parents pour leurs enfants, les professeurs pour les élèves, les patrons, les maîtres, etc… Même seuls contre tous, ils décident et font appliquer ce qui leur paraît juste. 2) D’autres critères peuvent nous faire découvrir une autorité fonctionnelle, par exemple celui qui est plus âgé, ou l’animateur en Centre de Vacances, ou encore celui qui détient le savoir. | ![]() |
Le leader
![]() | Prenons précisément l’exemple de « celui qui sait » dans un groupe qu’il connaît et qui le connaît. Celui-ci sera désigné comme chef, tout simplement parce que les autres reconnaissent en lui le seul capable de les instruire de les guider, de répondre àleurs besoins. L’exemple des anciens dans ‘Eglise est typique. L’ancien n’est jamais celui qui se désigne, mais celui qui s’impose au groupe comme une évidence. La conséquence immédiate de ce qui précède, est qu’il n’y a pas d’autorité sans groupe. Il en découle que la règle de l’unanimité prévaut lors de la reconnaissance du leader. Il paraît alors légitime de penser que l’autorité personnelle, ou naturelle, est un leurre. Il existe certes des qualités pour être et rester leader mais celui qui s’impose de lui-même, qui est là et que l’on supporte, n’est plus vraiment un leader, mais une idole ou un despote, avec cette caractéristique redoutable : celui qu’on n’a pas voulu et à qui on donne constamment ! | ![]() |
Les qualités d’un leader
![]() | 1) Il est avant tout celui qui répond aux attentes du groupe, qui mène, qui nourrit, et qui montre par lé qu’il n’a pas usurpé sa place. 2) Il est aussi celui qui se remet en question constamment. L’autocritique est biblique et permet de mieux se connaître (I Cor 11.28; Apoc 3.17,18). Mais ce dont il est question ici, c’est de se sentir constamment renvoyé à son rôle de chef, à tout moment, et de façon tacite ! 3) Il est enfin celui qui est apte à »rentrer dans les rangs » à certaines occasions, et être lui-même capable d’investir un autre, sans arrière-pensée, d’une autorité de la même qualité que celle qu’il détenait. 4) Sans être exhaustif, les qualités morales telles que maîtrise de soi, honnêteté, simplicité, sincérité et justice, viennent compléter l’esquisse à peine ébauchée du leader d’un groupe. | ![]() |
L’ autorité pour quoi faire ?
![]() | Dans ce qui précède, nous avons tout d’abord découvert que celui qui a l’autorité, est celui qui, issu d’un groupe, d’une communauté, d’une église, est reconnu comme chef. Maintenant que notre leader est découvert, il nous reste à examiner comment il va concevoir son rôle et exercer son autorité. | ![]() |
La mise en exercice de l’autorité
![]() | On peut légitimement s’attendre à ce que le leader assume pleinement le rôle pour lequel il a été choisi. Ses qualités, son savoir-faire, ses connaissances, qui ont guidé son « élection » dans le sein du groupe, n’ont de valeur que si le groupe lui-même tire profit de ce choix. Il est normal qu’une communauté ou une assemblée soit au bénéfice de ses anciens, au lieu de les subir. Les critères d’un groupe qui avance sous l’impulsion de son chef sont finalement simples harmonie, gens heureux, pas de conflit, pour ne citer que ce qui frappe de prime abord. | ![]() |
La prise de pouvoir
![]() | Le tableau ci-dessus ne correspond mal heureusement pas toujours à la réalité. Il arrive parfois qu’un leader se coupe du groupe. Pour des motifs charnels tels que l’orgueil ou le goût du pouvoir, le leader s’investit alors lui-même d’une autorité qui ne correspond plus aux désirs du groupe. Issu des rangs du groupe, il n’est plus question pour lui d’y retourner : c’est la prise de pouvoir. Il détient bel et bien le pouvoir, mais il ne détient plus l’autorité authentique dans le groupe, puisque celui-ci lui échappe. Les échanges entre le groupe et lui, si abondantes au début, s’étiolent jusqu’é cesser totalement. Comment le leader peut-il alors exercer son autorité dans un groupe qui le rejette, si ce n’est en établissant le règne de l’autoritarisme? Il est vrai que l’élection d’un leader au sein d’un groupe présente un double aspect: Sans le discernement collectif pour ce choix, parfois capital, il faut reconnaître que l’élection d’un leader comporte pour celui-ci une certaine tentation ; car la maladie du pouvoir est un danger réel qui, à des degrés très divers, fait des leaders des « tentés à vie ». Qui ne connaît ce « frère prêcheur », dont la recherche de la parole en chaire est le symptôme évident de cette maladie ? Qui ne connaît ce « frère indispensable », ou ce « frère président », dont l’activité est devenue activisme, toujours à cause de cette maladie? | ![]() |
Nuance
![]() | Ce qui précède présuppose un groupe adulte, mûr, capable de se choisir un leader, même s’il y a un risque. Mais dans une situation différente, au sein d’un groupe incapable de se gouverner, soit par inertie, soit par manque de vie, soit à cause de nombreux conflits, on ne peut s’attendre à ce que le groupe choisisse lui-même son chef. Dans ce cas, quiconque se lève est considéré comme prenant le pouvoir : c’est compréhensible, mais c’est parfois la seule méthode curative pour le groupe. C’est dans ce cadre qu’il faut voir le ministère de Jésus sur terre. Il n’a jamais été accepté, mais il a opéré une prise de pouvoir salutaire chez les siens, par-ce qu’il connaissait mieux leurs besoins qu’aucun autre. (Jean 12.48 peut s’expliquer dans ce sens). | ![]() |
Bernard COUSYN
Etude d’un verset: Apoc. 3 : 21
« Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi
sur mon trône, comme moi-même j’ai vaincu et
je me suis assis avec mon Père sur son trône ».Trois points sont à retenir :
Pour nous, un but à atteindre ;
De la part de Dieu, une promesse de récompense ;
De la part de Christ, un exemple à suivre.
Le but, c’est vaincre
a) quoi ? -La tentation du monde et tout ce qui nous dévie du chemin étroit. « Conduisez-vous d’une manière digne de l’Evangile de Christ… sans vous laisser aucunement effrayer par les adversaires » (Phil. 1 : 27-28) .
b) qui ?-La vieille nature et ses passions. « Vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris Christ… c’est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller… du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses… et à revêtir l’homme nouveau » (Eph. 4 : 20-24) .
c) Comment ? -Avec l’aide de Christ. Si « nous avons revêtu Christ », si « Christ vit en nous » (Gal. 2 : 20) , alors le Seigneur reste fidèle: « Il nous affermira et nous préservera du Malin » (II Thess. 3 : 3) .
Notre sort sur la terre est celui d’un soldat et nos jours sont ceux d’un mercenaire (Job 7 : 1) ; mais mercenaires pour Christ, c’est la victoire finale assurée, car « avec Dieu, nous ferons des exploits »(Ps. 60: 14) .
La promesse
c’est d’être toujours face à face avec notre Maître. « Notre cité à nous est dans les cieux » (Phil. 3 : 20) .Car « Dieu nous a préparé une cité dans la patrie céleste » ( Héb .11: 16) .
Selon la Parole, être assis sur le trône de Dieu représente la suprême récompense, outre la multiplication des bénédictions et « l’héritage de la vie éternelle » (Luc 18: 29-30) .
« Regarde, ô Dieu, si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternité! » (Ps. 139: 24) .
Un exemple, c’est Christ lui-même.
a) Il a déjà inauguré le chemin. -« Le chemin du lieu très-saint n’était pas encore ouvert… mais Christ est venu… et Il est entré une fois pour toutes dans le lieu très-saint… avec son propre sang… et Christ, après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu » (Héb. ch. 9 et 10) .« Ainsi nous avons au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée… » (Héb. 10: 19-20) .
b) Nous ne faisons pas le chemin seul. -« Après avoir pris toutes les armes de Dieu, nous pouvons résister dans le mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté » (Eph. 6 : 13) .« Vous aurez des tribulations dans le monde, nous dit Jésus; prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jean 16: 33) . « Ainsi, même si nous souffrons, nous régnerons avec lui » (2 Tim. 2: 12) .
En conclusion,
ce verset d’Apocalypse constitue le programme d’une vie chrétienne réussie dont l’impératif reste: VAINCRE.Ce livre se présente sous la forme d’un dialogue entre l’Eternel et Habakuk. En le lisant, nous sommes émerveillés de constater la liberté de communion entre le prophète et son Maître: les révélations qui en découlent ne sont que les conséquences de l’intimité avec le Tout-Puissant. S’il en est de même pour nous chrétiens, nous irons de progrès en progrès, dans une connaissance bénie de sa merveilleuse Personne.
Ch. 1: 2-4. Habakuk s’adresse à Dieu pour lui dénoncer une violation continuelle de la loi parmi le peuple. Du fait de son attachement à Dieu il lui est accordé une sensibilité accrue en face du péché d’Israël. Ce peuple devrait honorer Dieu et être un modèle de sainteté et de sagesse, mais non un puits de ténèbres.
Ch. 1, 5-11
Dieu répond â la remarque d’Habakuk, en lui prouvant qu’il n’est pas insensible aux mauvaises actions de son peuple. Le plan divin, selon lequel Dieu va le châtier, est dévoilé au prophète. Israël, s’étant détourné de Dieu, devra lutter contre les Chaldéens, peuple déiste, idolâtre, rempli d’orgueil, mais extrêmement fort. «Cela n’arrive-t-il pas à Israël, parce qu’il a abandonné l’Eternel, son Dieu, lorsqu’il le dirigeait dans la bonne voie?» (Jérémie 2, 17).
Ch. I, 2-17 et II, 1. Habakuk reprend la dialogue, mais son attitude n’est plus la même. La lourde répression annoncée pour Israël par le moyen des Chaldéens amène le prophète à plaider pour son peuple:
A. Il fait valoir que le degré de méchanceté est plus grand chez l’agresseur;
B. Il fait valoir la joie sans égale qu’aurait Babylone à vaincre Israël;
C. Il fait valoir l’insatiabilité de ce peuple destructeur.
Bien que le prophète ne proteste pas contre le choix du moyen pour exercer le jugement divin, il demande à Dieu: «Qui l’arrêtera?» Et c’est l’attente de la foi. Habakuk veille pour ne pas manquer le rendez-vous avec son Dieu, car il Le sait saint et juste.
Pour le chrétien, l’image est frappante. Satan rôde autour de nous: «Qui l’arrêtera?», demandons-nous au Seigneur. En Christ est la réponse: Soyons des sentinelles vigilantes, attentives aux prescriptions divines, pour ne manquer aucune bénédiction.
Ch. Il, 2-6. La réponse de Dieu est dévoilée. Des moments difficiles sont annoncés; le seul refuge pour le juste sera la foi. Celle-ci se présente comme un combat et non comme un repos: de sombres jours de châtiment pour Israël. Aux ambitions des Chaldéens, Dieu répond non, car ils ne seront là que pour servir à Sa gloire.
La longue course de guerre de Satan est aussi bientôt à son terme. Dieu a rendu son jugement à cet égard, il y a deux mille ans déjà.
Ch. Il, 6-20. Les malheurs annoncés par Dieu concernent tous Babylone la dévastatrice. Celle-ci espère baser son luxe et son rang sur des biens mal acquis, provenant de l’injustice et du pillage. Le «MOI» aveugle cette nation; l’idolâtrie la caractérise. Mais Dieu a les yeux tournés vers son peuple: il ne permettra pas le joug étranger au delà du temps du châtiment. C’est pourquoi Babylone est déjà jugée.
Arrêtons-nous en face de l’enseignement de Dieu: les plans divins sont d’irrévocables décisions que rien n’arrête, pas même le feu ou le sang. La position du chrétien est claire: rechercher la face du Seigneur doit être le but de ses investigations, de peur de travailler en vain, de se trouver les mains vides au jour du jugement!
Ch. III. Ces quelques versets sont consacrés à la prière du prophète. Elle résume l’humilité, la patience et l’attente de la foi, face au plan divin maintenant révélé.
L’attitude d’Habakuk préfigure celle du chrétien en face de la Parole de Dieu. Le malheur est-il à la porte? Peut-être, mais l’attente de la victoire de Dieu ne sera pas vaine pour le chrétien, car «toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom. 8, 28). Dieu veut, pour son peuple, la bénédiction, hors de la main du méchant. «Celui qui vous a appelés est fidèle et c’est lui qui le fera» (I Th. 5, 24). Que notre part soit donc une foi que rien n’arrête, en notre Sauveur! Envers et contre tout, accrochons-nous à Dieu et à ses multiples promesses de présence et de délivrance: La victoire de la foi apparaîtra lors de l’avènement de notre Maître!
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