PROMESSES

Chronique de livres
Titre: «La foi n’est pas une drogue» (46 pages)
Auteur: Jacqueline Ranc
Editeur: Collection Témoin no 2, Editions Contrastes,
CP 3709, CH-1002 Lausanne
Henri Lüscher

Ce petit ouvrage, facile à lire, force le lecteur à réfléchir sur l’authenticité et la solidité de la foi chrétienne face à une évangile au rabais.

 Divisé en cinq courts chapitres, l’auteur trace le chemin de sa foi à travers sa vie d’enfant, de jeune fille, d’épouse et de maman.

La définition «être chrétien» se dégage d’une façon naturelle, simple par ce magnifique témoignage d’une vie riche en épreuves et en foi solide, vivante, lumineuse. La description des «tunnels» dans le cheminement de la famille Ranc est touchante. On se sent proche, car ce témoignage correspond à la réalité d’un vécu, des «mêmes souffrances imposées aux frères dans le monde» (1 Pi 5.9). L’épreuve des handicaps de la maladie avec tous les exercices du coeur que cela entraîne, est dépeinte d’une façon captivante et réelle.

En voilà un foyer qui refuse les solutions à l’emporte-pièces, le sensationnel, la guérison à tout prix. Elle choisit le chemin de la croix, de la souffrance, des soupirs, des découragements et des espoirs. C’est la vie de la soumission au Dieu souverain, tout-poussant pour qui chacun a une valeur particulière. IL est plus grand que tous nos plans et nos «combinaisons». Il guérit comme il veut et quand il veut; tout lui appartient. A nous de lui faire confiance, de tout lâcher ce qu’il nous demande en nous abandonnant totalement entre ses mains paternelles. Soumission ne veut pas dire résignation. Nous devons sans cesse attendre, espérer, car Il a son plan et son heure précis pour chacun (p. 14-15). Les épreuves nous font mûrir et avancer dans la foi. Non, la foi n’est pas une drogue; elle s’exprime en un mot: «équilibre». «C’est dans le calme et la confiance que sera votre force» (Es 30.15).

Nous recommandons chaleureusement cet ouvrage particulièrement bienvenu en ces jours où des mouvements de guérison et autres vedettismes à caractère de spectacles rabaissent le glorieux Evangile au niveau d’une simple drogue à absorber. Un ouvrage qui remet Dieu à sa vraie place et valorise la foi biblique.

Henri Lüscher


Chronique de livres
Titre: L’équilibre psychologique du chrétien (190 pages)
Auteur: Jacques Poujol
Editeur: Editions Empreinte, 20 rue de la Madeleine, F-25000 Besançon

Tout équilibre nécessite des bases stables ou la présence d’une dynamique suffisante pour assurer le maintien de cet équilibre. Le pasteur J. Poujol s’est attaché tout au long de son livre à poser les fondements de cette stabilité et à dévoiler les mécanismes physiologiques et pathologiques qui soutiennent ou altèrent cet équilibre.

La première partie évoque donc ces bases, rappelant le fondement sur lequel l’édifice psychologique va édifier le «je suis». La pathologie intervient lorsque le «je suis» mal affermi se pose en «suis-je?» Face à ce doute, l’auteur invite à recentrer le sens existentiel de l’homme en Dieu.

Dans la seconde partie sont abordés les différents aspects de la personnalité humaine, ses structures, son fonctionnement, rappelant en passant que l’être humain est un être de relation. Nous soulignerons surtout la notion de temps sur laquelle J. Poujol insiste fort justement! La guérison, en dehors du miracle instantané, est une affaire de temps.

Deux remarques pourtant sur cette partie à propos du chapitre 9:
– l’une concerne la description de la «personnalité épanouie» qui, livrée sous la forme d’un catalogue de qualités idéales à posséder, nous apparaît plus propre à renforcer la culpabilité et l’inhibition du lecteur, qu’à l’épanouir…
– l’autre se réfère à «l’homme autoritaire» pour lequel il ne suffira pas malheureusement de savoir qu’il est autoritaire pour être délivré, et ce d’autant plus que sa personnalité est plus fortement structurée.

La troisième partie contient une foule de conseils judicieux et remplis de bon-sens que nous laissons au lecteur le loisir de découvrir. Relevons la référence aux personnages bibliques qui sont éclairés sous le jour de leur problématique humaine.

Le livre se termine par une quatrième partie livrée sous la forme d’une exhortation qui reprend les thèmes du sens et de la direction de l’homme.

Au total, donc, un livre clair, bien structuré, facile à lire et qui introduit des données psychologiques faisant référence à diverses écoles, mais synthétisé en un discours cohérent qui rend ce livre intéressant.

Le livre a aussi l’avantage d’être pratique: chaque donnée théorique trouve son corollaire dans une application concrète. Enfin, si la dimension psychologique et spirituelle est surexploitée dans les pays anglo-saxons, sous nos latitudes, elle n’en est qu’à ses balbutiements… En ce sens, ce livre est un ouvrage pionnier.

Jean-Michel Fabrizio
Dr en psychiatrie


Les enseignements de l’Ancien Testament (21)

«Que vont-ils recevoir comme cadeaux de Noël?» Telle est la question que j’ai posée à une petite fille de neuf ans à propos des autres enfants de sa classe. Vous connaissez déjà la réponse, si vous avez vu, à la télé, les publicités pour les jouets. Des ordinateurs, des vidéos, des BMX: des cadeaux qui coûtent chers!

A Noël, une chose est évidente: c’est le temps de la consommation à gogo, du toujours plus. Chaque année, les cadeaux sont plus grands, les factures plus impor­tantes. Cela est vrai non seulement pour les adultes, mais aussi, par les médias, pour nos enfants qui sont dressés pour qu’ils deviennent des consommateurs. Les atti­tudes de la société ambiante leur sont inculquées. Dans sa classe, le prestige d’un enfant est fonction de ce qu’il possède et reçoit. Malheureux les pauvres! Les pa­rents détournés de s’occuper de leurs enfants par leur travail et leur souci de gagner toujours plus, se donnent bonne conscience en offrant des cadeaux extravagants.

Pourquoi cette faim de richesse, cette soif de possession, qui semblent obséder l’homme d’aujourd’hui?

La convoitise

Ce mot est peu utilisé de nos jours, c’est un des péchés non reconnus de notre époque. La convoitise transparaît à travers l’acquisition des biens matériels.

Le dernier commandement du décalogue traite de la convoitise: Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante… ni rien qui soit à ton prochain (Ex 20.17). La convoitise n’est pas seulement le désir de posséder, mais une aspiration à le concrétiser par l’action. Elle implique l’envie aussi bien que la volonté de déposséder le prochain par l’accomplissement de gestes précis. C’est le sens que Jésus donne à ce mot en Marc 10.18 quand il dit: Ne fais de tort à personne. C’est aussi le sens d’Hab 2.9: Malheur à celui qui, pour sa maison, se taille un profit malhonnête. La convoitise n’est pas simplement un sentiment, mais la réalisation d’un gain malhonnête, qui fait du tort au prochain.

«Cela n’a rien à voir avec la consommation de biens à laquelle nous assistons dans notre société actuelle». N’est-il pas tentant d’affirmer cela? Chacun possède des biens, sans qu’apparemment ils ne portent préjudice à son prochain.

Ceci comporte une part de vérité. Il fait distinguer, en effet, entre le désir de posséder quelque chose de façon légitime, et la convoitise illégitime qui a pour effet de déposséder le prochain. Nous pouvons certainement acquérir un objet et en jouir sans faire de mal. Quand j’écoute de la musique, je suis très content d’avoir une chaîne hifi que j’ai honnêtement acquise. La possession et le plaisir sont légitimes en eux-mêmes.

Pourtant la convoitise garde tout son sens quand la possession de l’objet nous conduit à déposséder Dieu de ses droits de Créateur sur ces choses. Dieu nous appelle à utiliser les biens de sa création pour sa gloire. Si nous les prenons comme fin en soi et si nous plaçons notre confiance en ces biens, il se passe deux choses. D’abord, la convoitise en persuadant l’homme qu’il est le maître, le pousse à abuser de sa puissance. L’homme pollue, détruit et détourne de leur finalité les dons de Dieu. En deuxième lieu, en croyant avoir la maîtrise des objets, l’homme en devient l’esclave. Les valeurs humaines, la famille, l’amour, la beauté, la communauté s’es­tompent jusqu’à disparaître. L’homme et la femme deviennent des objets dans un monde d’objets, une marchandise à exploiter.

L’origine de la convoitise

Pourquoi la convoitise est-elle un des aspects fondamentaux du désir humain? La réponse nous est donné dans le récit de la chute de l’homme, au début de l’Histoire. Satan tente l’homme par cette proposition: Vous serez comme des dieux (Gen 3.15). L’homme aspire à quelque chose qui le dépasse. En voulant se mettre à la place de Dieu, il se dégrade. La tentation de vouloir toujours se surpasser reste comme une écharde dans sa chair. Il veut toujours plus, mais il est éternellement frusté par son incapacité à y atteindre.

La convoitise est la soif inassouvie de celui qui n’arrive pas à se contenter de ce qu’il a. Depuis la chute, cette tentation est présente dans le coeur de chaque être humain. Elle se traduit par la hantise de ne pas pouvoir assurer sa sécurité totale et par la volonté d’atteindre, à force d’efforts, au maximum d’assurance et de confort. Au lieu de compter sur Dieu le Créateur, l’homme compte sur lui-même.

La convoitise, c’est de l’idolâtrie

Voilà pourquoi nous lisons dans le NT que la convoitise est une idolâtrie (Eph 5.5; Col 3.5). Il en est ainsi parce que la possession d’objets traduit l’aspiration de l’homme à être un dieu qui conduit son propre destin. Penser, par exemple, que le monde constitue l’objectif ultime de la vie de l’homme est donc une forme de convoitise. C’est le contraire de la piété, qui est une grande source de gain, . . . si l’on se contente de ce qu’on a (1 Tim 6.6)

En Eph 5.5, la convoitise est liée à l’immoralité. Avec la possession des objets et la soif de consommer surgit la tentation de posséder l’autre, par exemple de façon sexuelle, comme un objet. Rien d’étonnant à ce que la pornographie se montre de plus en plus scandaleuse, de pair avec la violence et son corollaire de viol, meurtre et déshumanisation.

Ce n’est pas par hasard si, dans notre société, la consommation et la permissivité vont de pair. Elles ont, au fond, le même motif: l’idolâtrie. C’est ainsi que la convoi­tise conduit à la mort (Jac 1.13-15).

La convoitise totalitaire

La convoitise économique, qui est l’essence même des sociétés de consommation moderne, transforme tous les rapports sociaux. Aujourd’hui, la société est de moins en moins un ensemble intégré où chacun a sa place et où le maître et le serviteur se côtoient. Le château du patron n’est plus à côté des chaumières de ses employés. Le patron habite une banlieue résidentielle dans sa villa, et les salariés habitent une zone de HLM.

Les groupes sociaux se constituent selon les possibilités de consommation. Ainsi les cadres se regroupent dans des résidences de standing, envoient leurs enfants aux mêmes écoles s’ils en ont le choix, fréquentent les mêmes clubs et s’isolent dans un milieu ferme.

Puisque la société se structure selon la capacité de consommation, le moteur du développement est le snobisme. On ne convoite jamais ce qui est inférieur. On veut toujours plus. Une maison plus grande, une voiture plus puissante, une maîtresse plus jeune, un plus grand congélateur, etc. Même les enfants rivalisent entre eux pour voir des films déstinés à la tranche d’âge supérieure à la leur.

Pour beaucoup, l’avenir s’exprime en termes de développement, en expansion des biens. Voilà pourquoi ceux qui ont tout misé sur ce monde ont peur de le perdre. La psychose de la guerre nucléaire ou le délire de la bourse sont un fléau réel pour celui qui a tout investi ici-bas et qui, en conséquence, ne peut accepter l’idée de tout perdre. Les hommes qui veulent tout gagner ont toujours peur de tout perdre; mais il ne pensent plus à leur âme.

Ils n’ont plus d’âme.

La vraie richesse

Avec la richesse matérielle qui, engendre la convoitise, l’homme a perdu la vraie richesse. Celle-ci consiste, non en la possession de biens, mais en rapports qui donnent un sens à la vie. En se liant aux objets matériels, l’homme en devient l’esclave. En se liant à son Créateur, l’homme comprend qu’il existe une valeur qui dépasse toute considération économique. Cette libération lui permet d’utiliser et de développer les biens de la création, non pas pour sa gloire, mais en obéissance à Dieu. La convoitise est remplacée par le service.

La vrai valeur de notre vie consiste à vivre pour l’autre et non pas pour notre propre satisfaction: Nous n’avons rien apporté dans ce monde, comme aussi nous n’en pouvons rien emporter… Pour toi, recherche la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience, la douceur (1 Tim 6.7, 11).

A vouloir toujours plus, l’homme rate ce qui compte vraiment.

Paul Wells


Nous croyons avec tout notre être à la libération de la femme, à son égalité avec l’homme devant Dieu, en intelligence et capacité spirituelles. Nous croyons que la Croix doit éliminer la domination autoritaire de l’homme chrétien sur la femme. Tout cela doit dominer nos recherches même des deux défenses formelles faites aux femmes de ne pas endoctriner et ne pas dominer – prendre autorité sur l’homme (l Tim 2.12).

Préface générale

1. Nous vivons un temps de controverse et cela touche à beaucoup de choses, y compris le féminisme. Face à un flot de propagande, on est facilement influencé par les médias et les opinions populaires. Mais l’intégrité spirituelle nous oblige à recourir à la Bible comme ultime base de notre pensée en toute chose. C’est ce que nous essayons de faire dans ce document-ci.

2. Il n’y a aucun autre livre, ancien ou moderne, qui accorde à la femme un plus grand respect que la Bible.

3. Devant Dieu, elle a une position pareille à celle de l’homme en ce qui concerne le salut (Gal 3.28). Y mettre plus nous oblige à ignorer le contexte.

4. Notre Seigneur a toujours accordé le plus grand respect aux femmes, même païennes (voir la Samaritaine et la Syrophénicienne).

5. Il est évident d’après Rom 16, où 7 femmes sont mentionnées dans des termes très élogieux, qu’elles travaillaient côté à côté avec les hommes dans l’Eglise primitive et cela dans la plus grande liberté. (Priscille en est un exemple saillant.) C’est beaucoup plus que la plupart des femmes pratiquent aujourd’hui.

6. Il est dit très clairement que la femme reçoit les mêmes dons spirituels que l’homme (1 Cor 12.7, 11), sans marquer une distinction.

7. Lorsqu’on lit des passages bibliques tels que Prov 31 et Rom 16, on a la nette impression qu’il y a une certaine libération de la femme qui reste à faire, même dans beaucoup de nos milieux évangéliques.

I. La position de la femme dans l’Ancien Testament

  Il contient toutes les prescriptions inspirées de la loi, ainsi que les faits et incidents historiques qui doivent aussi servir d’instruction dans l’Ancien Testament. C’est là que les bases fondamentales de la vie et de la société sont établies, sans jamais être infirmées par la suite.

1. La femme fut créée après l’homme et pour l’homme, fait que Paul (inspiré) reprend dans 1 Cor 11.8-9 et 1 Tim 2, pour appuyer la doctrine

2. C’est la femme qui a chuté lors du premier péché en devançant son mari, et une partie de la malédiction prononcée par Dieu contre elle fut la domination de son mari sur elle (Gen 3.16). Paul reprend ce fait aussi à deux reprises comme raison pour la subordination de la femme dans l’Eglise du Nouveau Testament.

3. La femme n’est pas égale à l’homme sous la loi.
a) Elle est sous l’autorité d’abord de son père, ensuite de son mari en toute chose légale (Nom 30.3-13).
b) Les détails de la loi montrent que la femme a manifestement une place secondaire, moindre; ainsi, p. ex., la durée de purification après l’accouchement est le double pour une fille, 14 jours, contre 7 pour un garçon (Lev 12).
c) Marie, prophétesse avec son frère Moïse, le fut vis-à-vis des femmes selon les faits précis mentionnés dans le texte. Lorsqu’elle a prétendu à plus d’autorité, Dieu l’a frappée de lèpre! (Ex 15.20, Nom 12.9)
d) Les femmes ne sont pas comptées lors de recensements (Nom 1.16) et ne sont pas admises à la prêtrise (Nom 3.40-6).
e) On n’entend jamais parler d’une femme comme cheftaine de tribu, conseillère avec Moïse, espionne pour explorer le pays, ni assise avec les responsables au portail d’une ville.
f) Au contraire, la femme idéale de Proverbes 31, qui a manifestement une très grande liberté et autorité, approuvée par son mari (v. 11), en affaire comme au foyer, ne siège pas avec les anciens aux portes de la ville; c’est son mari qui est là.

4. On peut donc conclure que dans l’Ancien Testament, révélation de Dieu concernant famille et gouvernement, la femme est systématiquement écartée de toute place d’autorité ou d’enseignement publique. Ce sont les mêmes domaines qui lui sont défendus dans le Nouveau Testament (1 Tim 2.12). Il y a des exceptions à cette règle, mais elles sont des exceptions évidentes, faute d’hommes, permises en temps d’apostasie, telle Déborah (Jug 4.9).

Il. La position de la femme dans les Evangiles

L’ambiance du Nouveau Testament est différente, mais les éléments de base restent. Comme le Christ l’indique dans son «sermon sur la montagne», la loi devait connaître une application spirituelle qui changerait bien des choses, et nous devons constater chez le Christ une attitude respectueuse et courtoise envers les femmes qui fait défaut à ses contemporains (p. ex. Jean 8: la femme adultère).

Pourtant Jésus n’infirme en rien les deux règles de base maintenues par le reste du Nouveau Testament (après la Croix et la Pentecôte), à savoir: a) Pas de femme en autorité au-dessus de l’homme; b) pas de femme qui enseigne ou endoctrine des hommes (1 Tim 2.12).

Si le Christ accepte tout un groupe de femmes dans son entourage pour subvenir à certains besoins plutôt matériels (Luc 8.2-3), il n’en nommera aucune comme res­ponsable, ni apôtre, ni messagère (Mat 10; Luc 10.)

Lorsque sa propre mère intervient à plusieurs reprises pendant son ministère, Jésus la renvoie toujours assez sommairement. S’il se présente d’abord aux femmes après la résurrection, c’est parce qu’elles y étaient, à la honte des hommes! Aucune femme n’est mentionnée dans la liste de Paul des témoins officiels de la résurrection (1 Cor 15.5-7).

III. La position de la femme dans le reste du Nouveau Testament

Introduction

C’est ici que la doctrine de la femme doit trouver sa forme finale. La Croix et la Pentecôte apportent une libération; mais laquelle? Il s’agit d’examiner toute Ecriture, favorable ou non, et cela dans son contexte.

Dans les Actes, livre qui raconte la vie de 1’Eglise primitive, les femmes mentionnées dans les Evangiles disparaissent, y compris Marie, mère de Jésus. Aucune femme de marque n’est signalée en position d’autorité ou comme enseignante dans l’Eglise. Il y a des ancien, mari d’une seule femme et capables de bien tenir et gouverner leur famille, y compris leur femme.

1. Certes le chrétien n’est plus sous la loi (Rom 6.14) et comme tel il doit aimer son prochain et sa femme comme lui-même (Rom 13.10; Eph 5.33).

2. Le mari chrétien doit honorer sa femme et avoir de la considération pour elle comme co-héritière de la grâce (1 Pi 3.7).

3. Par contre, après avoir insisté sur la soumission de tout chrétien envers tous ses frères et soeurs en Christ (Eph 5.21); les apôtres Paul et Pierre, sous l’inspiration de l’Esprit, insistent par trois fois sur la soumission de la femme comme vase plus faible (1 Pi 3.1-7, Eph 5.22-24; Col 3.18). Ce qu’ils ont écrit est définitif.

4. Dans l’Eglise, Paul est tout aussi formel et précis.
1 Cor 11.3: Comme Christ est le chef de tout homme, ainsi l’homme est le chef de la femme. Pour répondre à certains exégètes modernes qui veulent que ce passage ne soit qu’une affaire de moeurs contemporaines et passagères, Paul invoque à l’ap­pui trois arguments non contemporains: a) les anges (V. 10), b) l’origine de la femme (V. 12), c) la nature (V. 14); tous les trois restent valables aujourd’hui!

1 Timothée 2.11-12

Dans ce passage, Paul insiste sur cinq choses:
a) La soumission de la femme – marquée par son silence (cp. 1 Cor 14.34-37).
b) La défense à la femme d’enseigner l’homme.
c) La défense à la femme de prendre de l’autorité sur l’homme.
d) Deux raisons fondamentales pour ces prohibitions.
e) L’assurance de la protection divine dans ses grossesses, qui furent l’objet d’une certaine malédiction lors de la chute (Gen 3.16).

5. Serait-il significatif que la femme prostituée (Babylone), fausse épouse qui veut être indépendante de l’époux (Apoc 17-18) et régner sur le monde de la Bête (Anti-Christ), est condamnée et détruite dans un acte final de justice?

IV. Réfutation

Ceux et celles qui veulent l’indépendance et l’égalité totale de la femme évoquent à l’appui trois passages clés.

1. Gal 3.28: il n’y a plus ni homme ni femme; car vous êtes tous un en Jésus-Christ. Nous soulignons un, car Paul ne dit pas que vous êtes tous égaux. Une interprétation qui tient compte du contexte, où il n’est nullement question d’autorité mais plutôt de légalisme, écarte automatiquement cet usage du verset; ce d’autant plus quand on pense à la masse d’évidences bibliques qu’on a alignée sur la subordination féminine, et qui va à l’encontre d’une telle exégèse.

2. Rom 16: Le cas de Phoebé, diaconesse, est donné en preuve que Paul et l’Eglise apostolique reconnaissaient une vraie autorité aux femmes. Il ne faut pas le contester, mais la question cruciale s’impose: cette autorité s’exerce-t-elle sur les hommes? Si oui, Paul et le St-Esprit se contredisent. Heureusement, il n’y a rien dans le texte qui justifie une réponse affirmative; au contraire, la mention des activités de Phoebé correspond plutôt à celles des diaconesses (servantes) signalées dans 1 Tim 5.9-12, où elles s’occupent des tâches plutôt matérielles, comme les premiers diacres d’ailleurs, qui ne furent pas égaux aux anciens, puisque c’est les apôtres qui fixent leurs tâches et qualifications.

3. Act 18.26: Aquillas et Priscille… exposent la voie de Dieu à Apollos. Ailleurs Paul salue ce couple comme ses fidèles collaborateurs (Rom 16.3). Le texte, honnêtement interprété, ne donne aucune base pour bâtir un ministère féminin public envers des hommes. Priscille est là, avec son mari, et sous son autorité. Ensemble, en privé, ils partagent le message dans sa plénitude avec Apollos qui est moins instruit; donc rien de contradictoire dans ce passage.

Prophétesses, prophétie et prière

Les Ecritures mentionnent à plusieurs reprises le fait que tout croyant a au moins un don (1 Cor 12.7, 11; Rom 12.4-6) et cela sans distinction de sexe. En plus, les deux testaments nous parlent plusieurs fois de prophétesses: Marie (Ex 15.20), Hulda (2 Rois 22.14), Débora (Jug 4.4), Noadia (Néh 6.14), Anne (Luc 2.36) et les quatre filles de Philippe (Act 21.9).

Paul précise dans 1 Cor 11.5 que la femme couverte (voilée) peut prophétiser ou prier. La plupart des exégètes évangéliques reconnaissent que les chapitres 11-14 de cette lettre traitent du culte public. D’ailleurs, le fait que la femme doit se couvrir indique que c’est en présence des hommes. Que faire donc de la prohibition de parler imposée aux femmes dans cette même lettre, 14.33? Comme indiqué plus haut, nous croyons, selon le contexte, que cette défense touche au désordre causé par des questions des femmes (v. 35) qui devaient se poser à la maison et non pen­dant la prédication. Ainsi la prière, la «prophétie» ou autre intervention de la femme ne serait pas exclues des cultes pour autant que cela ne devienne pas un enseigne­ment ou une prise d’autorité sur l’assemblée.

Notons en guise d’illustration que lorsque Dieu avait un message prophétique à donner à l’apôtre Paul à Césarée (Act 21.8-11), il n’a pas employé une des filles prophétesses de Philippe chez qui Paul logeait, mais il a fait venir Agabus depuis Jérusalem (85 km) pour ne pas imposer l’autorité d’une jeune fille à l’apôtre.

Un dernier message dans 1 Tim 2.8-9 mérite notre attention. Ici Paul exhorte les hommes à prier partout, puis son exhortation continue dans le verset 9 en incluant les femmes qui de la même manière prient (sous-entendu), étant vêtues modestement… Le verbe «prier» manque, mais l’expression de la même manière en grec appelle le même verbe employé dans la phrase qui précède. Segond traduit l’infinitif «kosmein» comme verbe principal et fausse ainsi l’implication du mot qui ouvre la phrase.

Conclusion

Voilà les passages saillants avec les personnalités et les enseignements qui doivent décider notre doctrine et notre pratique. Notre but à tous est d’être solidement fondés et unis sur la Bible. Là où la Bible est claire et où notre génération ne l’est pas, restons fermes. Nous voudrions aussi répondre à l’attente du Seigneur et des églises que nous représentons et desservons.

Il nous paraît significatif que certains évangéliques soient prêts à changer même les pronoms bibliques, qu’ils mettent au féminin; ils vont jusqu’à donner à Dieu lui-même, un genre bisexuel pour qu’il devienne masculin et féminin!

N’est-il pas significatif que, malgré la chute d’Eve, le St-Esprit reprenne le fait théologiquement en déclarant que c’est en Adam que nous mourons tous et que la mort est entrée dans le monde par lui (Rom 5.12; 1 Cor 15.22).

Enfin, dans la cité éternelle, les noms sur ses fondements et sur ses portes seront des noms masculins. Sans aucun doute, la place où la femme sera la plus à l’aise et épanouie sera la place qui lui est désignée par son Seigneur et Créateur. Ce n’est que lorsqu’elle est dans cette place que la société sera saine, solide et spirituelle. Dieu a donné aux deux sexes des personnalités, tempéraments, capacités et missions complémentaires pour différentes tâches. Ne faussons pas les rôles; n’empêchons pas non plus l’oeuvre de Dieu en décourageant nos soeurs dans l’emploi de leurs dons et talents à la maison, dans l’église ou même au dehors, si cela ne compromet pas leurs responsabilités de base.

Dr Homer Payne
Directeur
Ecole Biblique Bethel
Sherbrooke Canada


La bataille de la pensée n’est pas nouvelle. C’est une affaire capitale. Le diable séduisit nos premiers parents d’abord à ce niveau-là pour dominer ensuite sur toute leur personne. D’abord, il sème le doute: Dieu a-t-il réellement dit? Ensuite il profère un mensonge: Vous ne mourrez point. Enfin, il les incite à l’autonomie, à leur propre indépendance envers Dieu: Vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal (Gen 3.1-6). Par sa chute, l’homme a introduit le péché dans le monde, entraînant toute la création à la servitude de la corruption (Rom 8.18-22). Ainsi par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s’est étendu sur tous les hommes, parce que tous ont péché (Rom 5.12). Satan est encore le prince de ce monde (Luc 4.6; Jean 12.31; 14.30). Deux royaumes s’affrontent désormais jusqu’au retour de Christ pour introduire la justice éternelle sur la terre (Dan 9.24) en établissant le royaume du Messie (1 Cor 15.24; Ps 2).

Le point central de l’Histoire: Christ a triomphé sur les dominations et les autorités, les ayant livrées publiquement en spectacle à la croix (Col 2.15). Ceux qui sont régénérés par l’Esprit de Dieu ont passé du royaume de la puissance des ténèbres à celui du Fils de son amour (Col 1.13). «De jure» le Seigneur a vaincu les puissances des tènèbres; «de facto» il manifestera publiquement sa victoire lors de son retour. Jusque là, la bataille reste gigantesque que le chrétien doit livrer contre les puissances des ténèbres dirigées par Satan et ses démons (Eph 6.11-20). Deux mondes invisibles se combattent.

Il est capital de savoir que toutes les grandes batailles se jouent au niveau de l’esprit, de la pensée. Ce sont les philosophies et les idéologies qui ont influencé, modelé, changé les hommes et les peuples au cours de l’histoire. L’apôtre Paul en était conscient quand il écrivait que l’aveuglement de l’intelligence des incrédules est opéré par le dieu de ce siècle, afin qu’ils ne perçoivent pas la splendeur de l’Evangile de la gloire de Christ (2 Cor 4.4). En revanche, l’homme qui se repent devant la Seigneur, change de mentalité face à Dieu, au monde et à lui-même, car le terme «metanoia» signifie «transformation de pensée, de mentalité». L’Esprit de Dieu opère un changement radical dans l’entendement de l’homme régénéré. Dépouillé du vieil homme, il doit maintenant revêtir l’homme nouveau… créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. Dès ce moment, il doit être renouvelé par l’Esprit dans son intelligence (Eph 4.22-24).

Nous avons reçu les avertissements et les instructions nécessaires pour déjouer les subterfuges et les desseins du diable (2 Cor 2.11) déguisé en ange de lumière (2 Cor 11.14) et qui présente ses mensonges sous différentes formes de pensées et de philo­sophies néfastes au travers d’hommes qui sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ (2 Cor 11.13). Dieu nous a munis de ses armes spirituelles puissantes dont nous devons nous servir pour renverser les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu et amener toute pensée captive à l’obéissance au Christ (2 Cor 10.4-5).

Voici un peu d’anatomie pour mieux comprendre l’importance de la pensée. Le cerveau, le mécanisme le plus complexe du monde, est l’organe le plus influent pour penser et raisonner, mémoriser et imaginer, aimer et haïr. Comparable à un ordinateur complexe, il contient quelque 12 billions de cellules dont chacune peut être à son tour connectée avec 10 000 neurones, totalisant ainsi environ 120 trillions de connections intercellulaires. Les fonctions du cerveau desservent trois «compartiments» importants: la pensée, les émotions et la volonté. La partie de l’intelligence est la plus importante. Le cerveau est alimenté par ce qu’on voit, entend et pense. Ce que je programme ainsi par ces trois données dans ma pensée, affectera ensuite ma morale, mon travail, mon intégrité, ma consécration, mon engagement dans la vie. Le centre émotionnel réagit à ce qui a été filtré à travers mon esprit. Contrairement au mythe que «les sentiments sont spontanés», ceux-ci dépendent de ce qui a alimenté les pensées. Ainsi, par exemple, les mass médias, au nom de la liberté, ont pollué des millions d’âmes par la pornographie, et les esprits souillés ont transmis ce «programme» aux émotions. Il est donc de la plus haute importance que nos pensées, dont dépendent émotions et volonté, soient formées à l’école de Christ. Imprégnons-nous de la pensée de Christ (1 Cor 2.16). Sachons reconnaître les deux philosophies de vie diamétralement opposées l’une à l’autre: l’une séculière, l’autre chrétienne.

Voici les caractéristiques de la philosophie de vie séculière: Elle est humaniste, centrée sur l’homme. Dieu n’existe pas ou est impersonnel et limité. Le christianisme n’a pas de bases historiques. Il n’y a en conséquence pas d’absolu. Tout devient relatif, y compris la morale. Les origines et la finalité sont détachées de Dieu. Les faits existent par eux-mêmes, étant explicables par la raison seule. C’est l’athéisme, la foi en l’évolutionnisme, la déification de l’homme et son autonomie, la foi en sa «bonté innée», la foi en l’Etat-dieu providence ultime, la foi en une révolution permanente susceptible de transformer le monde en paradis. La belle utopie!

Tout autre est la philosophie de vie chrétienne: Dieu existe; il est infini et personnel. Le christianisme a des bases historiques et repose sur des faits. Il y a en conséquence un absolu: le Dieu de la Bible qui donne un sens à tout. La morale est absolue et ses normes sont révélées dans la parole de Dieu. Les origines et la finalité sont d’ordre divin. Les faits n’existent pas par eux-mêmes. Dieu en est la raison, la Création en est la source, et la Providence divine en explique son existence.

La culture moderne nous a imprégnés d’une quantité de fausses notions, telles celles de «l’égalité» (nivellement), de «l’autonomie» (on se gouverne soi-même, ne relevant de personne), de «la non-directivité», du «subjectivisme», du «relativisme», etc. Il s’agit de «reprogrammer» nos pensées en développant une mentalité qui corresponde à une vision chrétienne du monde sur la base de la Bible. En voici quelques points qui pourront nous aider à relever le défi dans l’arène du bon combat de la foi:

1. Consacrons-nous tout entiers au Seigneur. Ne nous conformons pas au monde actuel. Soyons transformées par le renouvellement de l’intelligence afin de discerner quelles est la volonté de Dieu (Rom 12.1-2).

2. Prions et lisons la Bible avec assiduité. Méditons et étudions cette Parole pour mieux connaître Dieu et communiquer avec lui par la prière.

3. «Développons un témoignage chrétien efficace qui s’enracine dans une mentali­té qui tire toute sa substance de la perspective biblique… On est ce que l’on pense» (1)

4. Formons des disciples dans nos églises sur ces bases, afin que l’Eglise suive le chemin de la sanctification, puis apporte la Bonne Nouvelle au monde, pour le salut de beaucoup.

5. Soyons le sel de la terre en nous engageant dans la bataille pour mettre en valeur les pensées de la culture chrétienne, en vivant l’Evangile authentiquement au milieu d’un monde hostile et sceptique. Que la puissance de Dieu nous secoure et nous rende capables en lui (2 Cor 3.5).

Henri Lüscher

(1)«La Révolution française: un regard protestant», lettre de Pierre Berthoud, doyen de la Faculté Libre de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence (avril 89).
Nous recommandons également trois livres importants à ce sujet:
– «Démission de la raison» par Francis Schaeffet; éd. Maison de la Bible.
– «La Vision chrétienne du monde» par B. Walsh et R. Middelton, éd. Sator.
– «The Battle for the Mind» par Tim LaHaye. éd. Flemind H. Revell Co.


3.11-17: Elaboration du test de l’amour fraternel

Q1. Voici le message: Où avions-nous rencontré cette expression, avec quelle dif­férence?

Les deux messages ont été entendus dès le commencement, preuve que la bonne nouvelle ne change pas, tant en ce qui concerne la personne de Christ (expression de l’amour de Dieu) que la conduite des chrétiens (amour entre eux).
v. 12-16: Caïn et Christ, haine et amour

Q2. Quels sont les aboutissements de la haine et de l’amour?

Q3. Que caractérisent la haine et l’amour?
Il est dit que la paternité de Caïn est le Malin (Satan).

Q4. Est-ce là la raison pour son crime?
On peut se demander pourquoi Dieu n’accepta pas le sacrifice de Caïn. La réponse est dans Héb 11.4 et Jude v. 11: Abel agit par la foi et non Caïn (ce qui est sous-entendu). Si Abel était juste, c’est que sa foi avait comme effet l’obéissance, alors que Caïn est compté parmi les révoltés.

Le juste provoque toujours l’antagonisme auprès du méchant (l’injuste).

Le monde (injuste) traite donc le chrétien (juste) comme Caïn traita Abel (v. 13).

Q5. Que prouve l’amour pour les frères?

Q6. Que signifie donc devenir un chrétien?
Donc : Preuve de la vie reçue: l’amour pour les frères.
    Preuve de la mort spirituelle: la haine pour les chrétiens nés de Dieu.

Q7. Le meurtrier, qu’a-t-il pris et qu’a-t-il perdu?
Jean dit: Haïr, c’est tuer. Parallèle dans le sermon sur la montagne: commettre adultère.

Déduction: Tout se passe d’abord à l’intérieur.
  ou: L’action permet de juger du coeur

Christ est l’exemple par excellence de ce qui caractérise l’amour: il a donné sa vie pour nous (expression particulière à Jean). D’où la question suivante:

Q8. Pourquoi le meurtre est-il le plus grand péché?

Q9. Le v. 16 peut nous étonner. En quoi?

Q10. Le v. 16 parle «des frères», alors que le v. 17 parle de «son frère». Y voyez-vous une implication?
Pour voir le frère dans le besoin, il faut le regarder. Voir le besoin de l’autre, auquel je pourrais remédier, doit me mettre mal à l’aise. Si j’ignore le besoin que j’ai vu et passe outre, l’amour de Dieu n’est pas en moi. Un examen s’impose!

Parallélisme: La vie ne demeure pas dans le meurtrier.
  De même, l’amour n’est pas dans l’avare.

3.18-24: Digression: Le coeur et l’assurance

Paraphrase du v. 18: «Les protestations d’amour ne suffisent pas!» Aimer en vérité, c’est aimer en actes. Ceci donne de l’assurance (de la paix), selon le sens impliqué dans le verbe grec traduit par «apaiser» ou «rassurer». La connaissance d’être dans la vérité calme les doutes du coeur, car cela signifie qu’on est de Christ (= la vérité), qu’on lui appartient. L’amour pour les frères n’est pas un amour naturel, mais si je l’ai, c’est que je suis de Christ.

Or, Satan, l’accusateur des frères, veut nous enlever cette assurance en nous inspi­rant des accusations. Mais nous n’avons pas de comptes à lui rendre; notre coeur (nos pensées, notre conscience) est placé «devant Dieu» (v. 19). Et Dieu ne nous condamne pas! Dans ce procès, notre coeur nous condamne, mais nous (notre per­sonnalité) nous apaisons par notre connaissance de Christ, et Dieu est plus miséri­cordieux envers nous que notre coeur, car notre conscience n’est pas infaillible et peut nous accuser à tort sous l’incitation de Satan. (cf. Ps 103.14; Jean 21.17).

Notre confiance en Dieu doit faire taire les accusations et la condamnation de notre coeur, pour autant que nous restions dans l’amour. Finalement, c’est une question de foi: il n’y a… aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus (Rom 8.1). De cette assurance découle un bienfait: Il nous donne ce que nous demandons parce que nous lui obéissons (v. 22), ce qui fait que nos prières sont selon sa volonté (5.14). Autres conditions pour l’exaucement de nos prières, en dehors du passage étudié: Demander en son nom (Jean 14.13-14); croire à l’exaucement (Mat 21.22; cp. Jac 1.6-8); pardonner, sans quoi notre propre péché reste impardonné, et Dieu ne nous écoute pas (Marc 11.25), vu que ne pas pardonner équivaut à ne pas aimer.

Q11. A quel commandement faut-il obéir pour avoir une réponse à nos prières?
Garder ses commandements est aussi la condition pour cette demeure mutuelle: lui en moi et moi en lui (v. 24).

Conclusions:

Foi et amour pour les frères sont les conditions pour que Christ demeure en nous et pour qu’il exauce nos prières.

Le témoignage de l’Esprit en nous nous rassure que nous appartenons au Christ. L’Esprit se manifeste par notre conduite; il nous pousse à confesser que Jésus-Christ est le Fils de Dieu venu en chair; il nous rend capables d’aimer les frères.

Jean-Pierre Schneider

Réponses aux questions

R1. 1.5: Dieu est lumière: constatation, complétée par: Dieu est amour (4.8).
3.11: Aimons-nous: commandement.
R2. Haine: meurtre. – Amour: don de sa vie.
R3. Le monde et l’Eglise.
R4. Non, mais la jalousie de voir son frère juste, alors que lui ne l’était pas; car ses oeuvres étaient mauvaises: Abel lui était supérieur, et Caïn ne supportait pas cela. (De quoi nous interroger…)
R5. Qu’on a passé à la vie éternelle.
R6. Passer d’un état à un autre: de la mort à la vie (= résurrection: Jean 5.24-25).
R7. La vie!
R8. Parce que la vie est le bien le plus précieux. Après le commandement d’honorer ses parents, la défense de tuer est en tête des commandements concernant les relations inter-humaines, dans le décalogue (Ex 20).
Par contre, donner sa vie, est la preuve du plus grand amour (Jean 15.13).
R9. Ne dit-il pas: Nous devons donner notre vie pour les frères?
C’est donc une obligation, car le chrétien doit marcher comme le Seigneur a marché (2.6). Mais si peu sont appelés à ce don-là, tous sont appelés à partager leurs biens (relisez le passage de Jac 2.15-16).
R10. Il est plus facile parce qu’impersonnel d’aimer l’humanité qu’un individu, comme le dit si bien C. S. Lewis: «Aimer tout le monde en général peut être une excuse pour n’aimer personne en particulier.» Paul va plus loin: Il dit que celui qui a des biens et voit son frère dans le besoin a une dette envers lui (Rom 13.8).
R11. A un seul, mais qui est double: croire et aimer! Ils sont inséparables (v. 23).


Certains diront: Impossible! d’autres trouvent cela normal. Mon propos ce n’est pas d’entrer dans une polémique, mais de témoigner de mon combat dans le but d’aider le lecteur qui voudrait s’en sortir ou celui qui voudrait porter secours à une personne en détresse.

Mes parents, bien que spirituellement non-engagés, m’ont envoyé à l’école du dimanche. Adolescent, j’ai accepté Jésus-Christ dans ma vie, et «l’enfant insupportable est devenu bien sage» selon le témoignage familial. Très libre dans leur éducation, mes parents m’ont laissé aller dans une église évangélique où j’ai pu grandir dans la connaissance de la saine doctrine. C’est à cet âge-là que j’ai réalisé mon attirance vers les garçons. Aussitôt le combat contre mon péché a commencé, mais 1 Cor 10.13: Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine; Dieu est fidèle et ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation, il donnera aussi le moyen d’en sortir; pour que vous puissiez la supporter, me paraissait ne pas pouvoir s’appliquer à mon péché. «Car enfin», me disais-je, «un chrétien peut tomber dans tous les péchés, mais pas dans celui de l’homosexualité, et surtout pas continuellement.»

Aussi, c’est avec joie que j’ai envisagé le mariage lorsqu’un amour vrai est né avec une chrétienne de mon église. J’y ai vu la fin de mon esclavage. Très vite, cependant, j’ai dû réaliser que notre mariage n’avait pas apporté la solution à mon problème. Ma femme perdant son attrait, d’autres relations sont venues la remplacer, occasionnelles d’abord. Puis se sont succédés la drogue, les saunas spécialisés et les clubs privés pendant des années. Cependant, la lutte n’a jamais cessé, et les départs à zéro se sont multipliés, à un rythme difficile; pourtant j’espérais et je priais pour la délivrance totale. Il serait trop long de décrire toutes ces années remplies de larmes et d’espoirs qui m’ont conduit au plus profond dégoût de moi-même, à tel point que seule la mort m’apparut comme la solution.

Dans cette période, j’ai connu un amour profond avec un autre chrétien. Nous avons cru qu’à deux nous nous en sortirions, mais nous avons dû faire l’expérience de la vérité du texte dans Luc 6.39: Un aveugle peut-il conduire un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse?

C’est à ce moment qu’un chrétien m’a parlé de ses problèmes (bien différents des miens), et j’ai pu me confier à lui. Nous avons prié mais aussi pleuré ensemble. Ce fut un réconfort que de se savoir compris, aidé et non rejeté. Oui, merci Seigneur d’avoir placé cette main tendue qui m’a retiré du désespoir pour me mener à la délivrance, même si elle me semblait impossible. C’est grâce à l’aveu de mon état de péché à ce frère qui m’écoutait que le demi-tour a pu commencer, même si je n’en étais pas encore conscient à ce moment-là. Vu mon état dépressif, il m’a conseillé de voir un psychiatre. J’en ai vu plusieurs, mais leur remède était inefficace, car ils préconisaient de m’accepter homosexuel, ni plus ni moins.

Tout se dégradait, moi et mon foyer qui ne tenait plus que par miracle. Enfin, j’ai fait la connaissance d’un psychiatre chrétien. Après de longs mois de luttes et de psychothérapie, j’ai pu retrouver mon équilibre mental. Luttes et psychothérapie, que cachent ces mots? Luttes il y avait, car j’avais le désir de sortir malgré tout de la dépression et du péché. La psychothérapie, m’a aidé à me confier à mon conseiller en lui racontant tout; alors j’ai réalisé que tout n’était pas fini, car Dieu pouvait me comprendre, alors que certains chrétiens ne le pouvaient pas. Il m’était impossible de comprendre un texte tel que 2 Cor 5.17: Si quelqu’un est en Christ; il est une nouvelle créature.

Tous ces rendez-vous hebdomadaires furent autant de pas vers l’espoir qui renais­sait en moi. Finalement nous avons pu prier ensemble. Un jour, d’un commun accord nous avons demandé, au nom de Jésus, le pardon et la délivrance de mon homosexualité. Je les ai reçus, et sa joie et sa paix ont été immédiates. Le combat n’était plus le même. Je n’étais plus désarmé ni vaincu. Je savais que la victoire existait puisque je la possédais. Cependant la guerre n’était pas finie, d’autant plus qu’il n’y avait pas que la sexualité dans mes relations, mais de l’amour et de l’amitié vrais.

Les ruptures n’ont pas été faciles. Quelques mois plus tard, Dieu a fait un second miracle en nous permettant, à mon épouse et moi, de nous redécouvrir. Nos relations sont devenues ce qu’elles n’avaient jamais été avant. Les tentations elles-mêmes ont changé quand j’ai réalisé quelles étaient devenues un réflexe, une habitude, un conditionnement qu’il fallait déprogrammer. Exemple: Lorsque je croisais un garçon que j’aurais dragué dans le passé, je réalisais que mon regard était instinctif, mais n’avait pas de but profond. A ce moment-là je me disais: «Bof, pourquoi faire?» Oui, ma vie est devenue différente, même si les tentations n’ont pas disparu entièrement.

Voilà des années que j’expérimente la victoire en Jésus-Christ. Je m’étonne même de ma passivité quand je rencontre un ancien «ami» ou que je croise un garçon. Enfin, après des années de souffrances, quelle joie de pouvoir vivre le pardon et la paix dans la délivrance de l’homosexualité. Cette délivrance est à la portée de chacun qui vient à Jésus pour confesser ses péchés et saisir le pardon et la victoire à la croix. Jésus est venu pour proclamer la délivrance aux captifs (Luc 4.18). Paroles empreintes d’amour et de justice.

Anonyme


Ce n’est pas la proclamation solennelle et l’inscription dans la Constitution d’un pays quelconque d’une «Déclaration des droits de l’homme», aussi élaborée soit-elle, qui protégera effectivement les citoyens contre les abus, les injustices et les crimes dont ils pourraient être l’objet de la part de l’Etat ou de leur concitoyens.

Sur ce point, l’exemple de l’Union Soviétique est probant, car la Constitution de ce pays contient une «Déclaration des droits de l’homme» parmi les plus élaborées du monde, sans que les Soviétiques eux-mêmes en éprouvent la moindre protection de la part de l’Etat s’ils se trouvent en contradiction avec les exigences du régime.

II

Ce ne sont pas non plus les revendications faites au nom des opprimés pour réclamer leurs droits qui amélioreront effectivement leur sort, que ces revendications soient faites par le Conseil oecuménique des Eglises ou le Pape, par les Nations Unies ou Amnesty International, par les mass médias ou l’Internationale socialiste. Certes, dans un monde où chacun défend âprement ses propres intérêts, l’exercice d’une force politique est indispensable à tout changement, pour le bien ou pour le mal d’ailleurs. Mais, dans les circonstances que nous connaissons depuis la Révolution française, la revendication de ses «droits», plutôt que l’exigence de redresser des injustices précises, conduit immanquablement à contester la légitimité de l’autorité en place, que ce soit dans la famille, à l’école, dans l’entreprise, à l’armée ou, finalement, dans l’Etat lui-même. Cette contestation des autorités conduit à la révolte et cette révolte à la révolution qui est presque toujours fort adroitement récupérée, si ce n’est pas provoquée, par le socialisme international au profit du communisme soviétique. Ainsi des injustices de type personnel et pragmatique sont systématisées dans des structures totalitaires qui institutionnalisent l’injustice de façon quasiment inamovible.

Il est évident que ce n’est pas par l’incitation universelle à l’envie et à la convoitise, d’ailleurs interdite par le 10e commandement, que l’on pourra parvenir à plus de justice.

III

Le genre de mesures qui peuvent effectivement protéger tous les citoyens d’injus­tices de tous genres sont, entre autres, les suivantes:

a) Le respect par tous de la loi, du droit existant.

b) La fondation du droit sur la justice, non pas sur des vagues droits humanitaires qui peuvent être tordus dans tous les sens, mais sur les règles immuables d’une justice transcendante. La loi de Dieu telle que nous la révèle la Bible définit avec une précision toute juridique les normes de cette justice.

c) Le respect de la séparation du pouvoir spirituel (dont la tâche est de rappeler à l’Etat et aux citoyens ces normes transcendantes) du pouvoir temporel (qui les met en application selon les circonstances de lieu et d’époque). Les «droits de l’homme» sont à la fois source du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. C’est pour cette raison que dès sa première apparition effective lors de la Révolution française, et immanquablement depuis, l’adhésion aux droits de l’homme a abouti au totalita­risme, dictatorial ou démocratique, peu importe.

d) La séparation du pouvoir politique, exécutif et législatif, du pouvoir judiciaire. La dispersion fédéraliste et communale du pouvoir.

e) Le respect de l’autonomie relative des organismes dont la société est composée par rapport à l’Etat. Un des fondements les plus importants de cette autonomie indispensable est le respect stricte de la propriété privée. Ainsi les organismes tels que la famille, l’entreprise, les églises, les universités, les syndicats ouvriers et patro­naux, ont droit à leur propre gouvernement interne. Ceci assurera une possibilité de contrôle directe des actions des responsables de ces organismes et une prise de conscience plus aiguë des responsabilités de chacun.

f) Le fondement de toutes ces libertés dans un pays quelconque se trouve dans la forte présence de citoyens libres, c’est-à-dire responsables devant Dieu et sa loi.

Jean-Marc Berthoud


Ce qui va être dit concerne toutes les manifestations artistiques et même la vie chrétienne, qui peut et doit être elle-même une expression esthétique.

Tous les moyens d’expression artistique ajoutent quelque chose à ce qui serait la simple pro-déclaration didactique. Dans les Psaumes par exemple, la formulation poétique ajoute quelque chose à la déclaration doctrinale. Il faut cependant qu’il y ait continuité entre cette pro-déclaration et l’oeuvre elle-même. L’Art doit ajouter quelque chose à la communication; il est un complément à la parole, il doit en augmenter la puissance. Actuellement, avec l’Art moderne, nous avons perdu ce côté additionnel; il y a rupture entre le discours et l’oeuvre. Soit il n’y a plus que l’oeuvre (théorie de l’Art pour l’Art), soit il n’y a plus que le discours (l’art, intellectualisé, devient une déclaration philosophique). Or, les grands artistes du passé ont voulu, eux, créer une oeuvre qui ait une valeur esthétique en elle-même et qui démontre en même temps leur philosophie de la vie, leur vision du monde.

Nous devrions créer une oeuvre d’art d’abord parce que l’Art sert à quelque chose, dans le sens le plus large, le plus élevé, le plus profond du terme. Dieu a créé le monde et le monde parle de Dieu. Il est évident que Dieu s’intéresse à la beauté, et qu’il nous a créé de sorte que nous y soyons réceptifs. Cette beauté possède une valeur en elle-même et elle est un argument de l’existence de Dieu. Ainsi, en négligeant la dimension esthétique, l’artiste chrétien crée en fait des oeuvres contraires au message biblique, et des traités anti-évangéliques. La beauté participe de la personne de Dieu. Ce n’est pas parce qu’un chrétien exprime sa vision du monde qu’il va créer une oeuvre d’art. Trop souvent, les chrétiens oublient que l’oeuvre d’art a une valeur en elle-même; ils se soucient trop du message: c’est la raison pour laquelle c’est souvent mauvais. Ils se désintéressent de l’Art, pensant faire quelque chose seulement quand ils produisent un traité évangélique.

Je propose trois critères pour juger d’une oeuvre d’art:

1. L’excellence technique: par exemple, Salvador Dali. Une mauvaise qualité es­thétique réduit le message, une bonne l’intensifie.

2. La «validité»: l’honnêteté du créateur envers son message et de l’artiste produisant une oeuvre d’art. Il faut éviter cet opportunisme artistique qui consiste à faire «ce qui plaît» plutôt que «ce qu l’on ressent», souvent dans un but de profit. D’autre part, cela implique une certaine cohérence message-oeuvre. Si Dali, par exemple, peignait comme Rembrandt, il serait malhonnête, car sa vision du monde est différente de celle de Rembrandt. Imiter un tel, c’est parfois profitable sur le plan technique, mais c’est souvent pire sur celui de la «validité». On doit peindre ce que l’on est, ce que l’on pense réellement.

3. Le message: ce n’est pas parce qu’il s’agit d’Art que le message est sacré. L’artiste, comme le scientifique, n’est pas hors de l’autorité de l’Ecriture. Ainsi, le message qu’il dispense doit être jugé par rapport à l’enseignement des Ecritures, indépendamment de la qualité esthétique qui l’accompagne. On doit rendre justice à l’artiste pour ce qui est de sa technique, de sa «validité» mais, pour ce qui est du message en tant que tel, l’Art ne le rend pas sacré. Si, comme il a été dit, le moyen d’expression artistique augmente la puissance du message, alors si un message des­tructeur est bellement exprimé, sa puissance destructrice en sera décuplée (com­paraison poésie beatnick/poésie Zen). Une négation comme celle contenue dans la philosophie Zen artistiquement exprimée, c’est ce qui tue.

Les moyens d’expression artistique peuvent tout exprimer: la vérité, l’hérésie, la moralité, l’immoralité. Ils peuvent véhiculer tous les messages et tous dispensent des messages propositionnels, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Ils ne sont pas liés à un seul domaine, ils se caractérisent par leur neutralité.

Pour devenir un grand artiste chrétien, celui-ci devra porter son effort sur deux fronts:
– chercher comment créer la beauté, étudier, travailler.
– comprendre le message chrétien, l’étudier. Si celui-ci n’est pas compris, l’artiste peut créer de très belles images mais, le message étant incorrect, cette beauté ne conduira les gens qu’à des déviations.

Tout comme le langage, le style et les systèmes symboliques qui lui sont propres changent. Il faut se tenir au courant de ces changements. Quand nous faisons une peinture, il faut qu’elle s’adresse à notre culture, à notre siècle. Il nous faut utiliser le système symbolique contemporain. Ainsi, la relation de notre oeuvre avec le consen­sus environnant s’établira sur trois niveaux:
– l’époque
– le pays
– le système symbolique propre à la vision du monde, à la philosophie traduite dans l’oeuvre d’art.

Par exemple, pour un jeune japonais chrétien, son oeuvre devra comporter ces trois caractéristiques: elle devra appartenir au XXème siècle, être japonaise et être chrétienne. Ce point de vue ne se veut pas perfectionniste.

Les notions de thème majeur et de thème mineur:

a) Thème mineur: mineur parce que moins fort (ce n’est pas au sens musical). Dans le christianisme, le thème mineur est que les hommes sont perdus et vont en enfer. Ils sont morts à présent et, même dans la vie chrétienne, nous ne sommes pas parfaits. Ce n’est pas un problème d’existence: la situation est telle à cause de la rébellion spatio-temporelle de l’homme. Le dilemme de l’homme – si présent dans la pensée contemporaine – n’est pas que l’homme soit petit, limité, mais qu’il soit sous l’effet de la chute. Ceci est présent dans l’Art, peut-être plus qu’ailleurs. Ce thème mineur ne vient pas de ce que l’homme intrinsèquement est, ni de ce qui existe de façon intrinsèque, mais du fait que l’homme est anormal à cause de cette chute spatio-temporelle. Cependant, Dieu, dans son amour, fournit la solution au dilemme par l’oeuvre rédemptrice de Christ.

b) Thème majeur: il y a un but à l’existence, parce que Dieu existe. C’est un dieu personnel. L’homme est créé à son image et, par conséquent, a un but, une signification à sa vie. Remarquez que le thème majeur de la vie chrétienne ne trouve pas son origine, n’est pas enraciné dans le salut; il a pour source le fait que Dieu existe et que l’homme est créé à son image. Le thème majeur se trouve premièrement dans ce qui est là et qui existe. C’est la pré-condition humaine.

Ces deux thèmes étant précisés, nous dirons que l’Art chrétien doit démontrer ces deux thèmes à la fois. Si il n’y a que le thème majeur, c’est romantique: ce n’est pas vrai par rapport à ce qui est et par rapport à ce que vous êtes. L’Art chrétien doit être un art réaliste! Il en est de même pour la conversation, pour la vie chrétienne. Si beaucoup se détournent de l’Art chrétien, c’est parce que celui-ci se veut toujours majeur, dans beaucoup de cas. Les gens regardent les vies de ceux qui le créent, et c’est évident que ce n’est pas vrai, que ça répugne…

A l’inverse, il ne faut pas donner constamment dans le thème mineur, du côté noir. Il faut veiller, lorsqu’on devient chrétien, à ne pas continuer à produire dans le noir de sa vie passée. Le thème majeur doit à présent apparaître, et dominer le thème mineur. Un chrétien ne devrait pas créer quoi que ce soit qui ne soit pas une aide à notre pauvre monde. L’art moderne ne donne quasiment que dans le thème mineur. L’artiste chrétien, lui, doit fonctionner selon l’amour et la vérité. Il doit dire la vérité sur l’homme, le monde et lui-même, mais il doit le dire avec amour, en créant un art véritable (non un traité chrétien). Il faut sauver ce monde et non le tuer par une production romantique, ou finissant sur le thème mineur. Il ne faut pas non plus se montrer trop intellectuel, ni trop doctrinaire. Si on ne remplit pas ces conditions, on n’est pas un artiste chrétien.

Pour celui qui écrit un sermon comme pour celui qui exécute une oeuvre d’art, le dilemme est qu’on ne peut donner le message en entier en une seule fois. Il ne faut pas prétendre à l’exhaustivité avec une seule oeuvre, un seul sermon. Si on le fait, d’une part c’est l’éparpillement, et d’autre part, on s’aperçoit que le sermon est toujours le même, ce qui fait qu’il est nul. Il faut avoir le courage de ne pas tout dire dans un sermon et en peinture, où on est encore plus limité. On distingue là une hiérarchie dans les possibilités du dire: roman – sermon – poésie – peinture, photo – gravure – musique. Il faut accepter cet état de chose, vivre avec le moyen d’expres­sion artistique pour lequel Dieu a donné un vrai talent. Il faut nous astreindre à ne pas faire une oeuvre seulement dans le ton mineur, mais à la compléter par le thème majeur, pour que la vue d’ensemble, éclaire le but que nous nous proposons et le style qui est le nôtre. La plaquette sous un tableau permet de verbaliser toutefois, de traduire en paroles l’image, ajoutant un «deuxième oeil» à la perspective du message exprimé dans l’oeuvre d’art.

Ainsi, il faut donc, en créant une oeuvre, avoir à l’esprit l’ensemble que l’on veut créer, qui doit fournir aussi bien le thème majeur que le thème mineur, aussi bien l’amour que la vérité dans son dynamisme final. Le thème majeur doit présider à l’ensemble, dominant le thème mineur.

Francis A. Schaeffer


« Pour moi, ici, à Ban Vinai, Thaïlande, la compassion revêt des formes particulières. Hier, il a fallu très rapidement enlever à des parents leur jeune enfant qui se mourait et pour lequel ils accomplissaient des rites animistes. J’ai pris le bébé et je l’ai conduit au dispensaire le plus proche, afin qu’on puisse le soigner et le sauver. Aujourd’hui, les choses paraissent moins urgentes, mais n’en sont pas moins importantes. Pendant que je donne mon cours, je m’aperçois que l’un de mes élèves a du mal à assimiler mon enseignement; il faut que je prenne du temps pour répéter, et répéter encore, alors que je suis si fatiguée. J’aurais envie de remettre tout cela à demain. Dans ce camp de réfugiés cambodgiens, il y a tant de problèmes, et je me sens souvent dépassée par les événements. Je me dis qu’il faudrait davantage de moyens, davantage de personnes pour répondre à tant de besoins et en même temps. Je veux faire confiance à Dieu, croyant qu’il veillera à ce que la tâche commencée viendra un jour à son terme; qu’à la place des ténèbres de ce camp, la lumière de l’Evangile resplendira.» Ainsi témoigne Ruth Neckerson.

Face à tant de besoins et de misères, aucune personne de bonne volonté ne peut rester insensible. Il y a certainement beaucoup à faire. Mais comment s’y prendre? Etre plus solidaires? Soutenir les grandes actions humanitaires? Nos interrogations se mêlent et se compliquent au fur et à mesure que nous y réfléchissons. Les lignes qui suivent voudraient tenter de mettre un peu d’ordre dans les pensées, afin de discerner quelle doit être le comportement du chrétien aujourd’hui face aux im­menses besoins des hommes.

La première démarche qui s’impose consiste à examiner ce que l’Ecriture nous enseigne quant à la compassion.

Au commencement

Lorsque l’oeuvre de la création s’achève, le Créateur affirme que tout est très bon. Les relations humaines sont parfaites, et l’homme trouve en Eden tout ce qui lui est nécessaire, matériellement, spirituellement et socialement. Cette réalité sera complètement défigurée par le péché. Dès lors, l’injustice et l’égoïsme vont prendre le dessus. Les récits de l’Ancien Testament et notre propre expérience en donnent de trop nombreuses preuves.

Cependant, nous voyons aussi se déployer une autre ligne de force déjà dans l’Ancien Testament: Dieu n’abandonne pas l’homme à sa situation misérable; il se révèle à lui et lui fait connaître sa propre compassion. Il prend plaisir à la miséricorde (Mich 7.18). Cette compassion divine pourra faire naître la compassion humaine, l’amour pour le prochain. La loi que Dieu donne à son peuple contient de nombreuses précisions sur la manière dont cet amour pourra s’exercer. Une attention toute particulière est portée au plus faible, au pauvre, à la veuve et l’orphelin. La fonction de la loi a un double but: elle est à la fois une barrière qui limite les effets du mal et une voie dans laquelle l’amour pourra s’épanouir. Contrairement à ce que beaucoup de nos contemporains imaginent, loi et amour ne s’opposent pas, mais au contraire se complètent.

Ce que l’Ancien Testament ébauche et prépare va trouver son plein épanouissement en la personne de Jésus, qui incarnera de manière parfaite la compassion de Dieu pour les hommes. L’expression «il fut ému de compassion» revient souvent dans les écrits évangéliques et nous montre que c’est là le moteur qui le pousse très souvent à agir. Sa prédication, ses miracles, sa mort sur la croix, voire sa venue dans notre monde, n’avaient pas d’autre raison: manifester son amour pour les hommes. Les disciples du Christ ne s’y sont pas trompés; dès les premiers temps de l’Eglise, l’amour fraternel a été une des caractéristiques de l’Eglise naissante et persécutée. Justin Martyr écrivait: «Avant, nous estimions par dessus tout l’argent et les biens: maintenant, nous apportons tout ce que nous avons et nous le partageons avec ceux qui sont dans le besoin.» De son côté, Julien l’Apostat, un ennemi de l’Eglise primitive, écrivait: «Ces Galiléens sans Dieu nourrissent non seulement leurs pauvres, mais aussi les nôtres; quant à nous, nous n’accordons aucun soin à nos pauvres.» L’église de Rome pourvoyait aux besoins de 1500 veuves et personnes dans la misère; beaucoup d’autres exemples pourraient être extraits de l’histoire de l’Eglise.

Mais quelle doit être notre attitude aujourd’hui?

Il faut se rendre compte que les pays occidentaux, qui constituent le quart de la population mondiale, possèdent les 4/5 des ressources de la planète, alors que le reste ne possède qu’1/5 du revenu mondial. A ces chiffres sans âme il faut ajouter toute la misère que cette situation entraîne: mortalité infantile importante, absence de soins, analphabétisme, chômage élevé…

Réactions possibles

Il n’est pas rare d’entendre dire: «Ces problèmes sont trop vastes, ils nous dépassent, il nous est impossible de répondre aux besoins.» Il faut reconnaître que lorsqu’on réfléchit à ces questions, on se trouve effectivement rapidement dépassé.

Il est vrai que les questions sont complexes et poussent à intervenir: la politique intérieure des états, la politique internationale, le commerce, mais aussi les idéologies et l’écologie. Le non-spécialiste a l’impression désagréable d’être complètement perdu et de ne pas savoir par quel bout prendre les choses. Cette complexité constitue un encouragement à baisser les bras.

Cependant, ne convient-il pas d’essayer, malgré la difficulté, de voir comment des réponses même partielles peuvent être apportées? Il serait trop commode de retirer son épingle du jeu et prétendre que ce sont les états ou les grand organismes inter­nationaux qui doivent trouver des solutions. Nous ne pouvons rien exiger d’autrui si nous ne sommes pas prêts nous-mêmes à nous engager d’une manière ou d’une autre pour une plus juste répartition des richesses, à refuser l’exploitation et à examiner sérieusement comment nous pourrions jouer un rôle. Nous verrons plus loin com­ment pratiquement des actions peuvent être menées.

Deuxième réaction: «Les oeuvres humanitaires gaspillent souvent énormément, et l’aide qui est envoyée ne parvient pas à ceux qui en auraient le plus grand besoin.» Il faut reconnaître que dans le domaine de l’aide au développement, de nombreuses erreurs ont été commises. Mais il faut ici faire une distinction entre les erreurs involontaires et celles qui ont été consciemment organisées. Dans ce domaine, les pays occidentaux ne sont souvent pas responsables, car souvent les autorités des pays en voie de développement jouent un rôle néfaste. Les détournements soigneusement organisés sont fréquents. Combien d’envois ou d’aides ne sont jamais parvenus à ceux qui en avaient véritablement besoin. Mais l’association dans laquelle je travaille, malgré sa petite expérience, s’est très vite rendu compte que dans l’aide au développement, même lorsque tout est soigneusement préparé et réfléchi, des erreurs de parcours sont commises, de sorte qu’il est plus difficile qu’il n’y paraît d’aider de manière vraiment utile. Mais les erreurs commises ne constituent pas des arguments suffisants pour ne rien faire. Sans doute, d’ailleurs, apprend-t-on davantage par les erreurs reconnues que par les succès remportés.

Un troisième argument que l’on oppose parfois à l’aide au développement est d’ordre théologique et concerne très directement le chrétien. La tâche de l’Eglise aujourd’hui, n’est-elle pas avant tout l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ? Les textes bibliques à l’appui de cette thèse sont bien connus, tels que ceux-ci: Faites de toutes les nations des disciples. – Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Si nous n’annonçons pas l’Evangile, des hommes et des femmes seront perdus pour l’éternité, car qui le fera à notre place?

Il est très certain que la volonté de Dieu pour son peuple aujourd’hui comporte cette responsabilité de transmettre le message de l’Evangile. Mais en rester là serait commettre une grave infidélité quant au plan général de Dieu pour le monde. J’ai très rapidement esquissé l’enseignement de l’Ancien et du Nouveau Testament quant à l’amour du prochain. Il importe de se souvenir que celui qui a été créé comme nous à l’image de Dieu n’est pas qu’une âme. S’il a des besoins d’ordre spirituel, ce dont nous sommes bien convaincus, il a aussi des besoins d’ordre matériel et social. Il convient donc de répondre aux besoins de l’homme tout entier. La motivation profonde doit être la compassion. Si mon prochain a faim, il est de mon devoir de lui donner à manger. Si je rencontre un homme qui souffre de solitude ou d’incompréhension, j’ai à répondre à ce besoin précis. Si je rencontre un homme qui a des besoins d’ordre spirituel, je dois répondre à ses besoins d’ordre spirituel. Aimer son prochain comme soi-même, c’est se soucier de tous ses besoins, comme Jésus, qui allait de lieu en lieu, faisant le bien.

Dans nos pays occidentaux, les états ont pris en charge une partie non négligeable des besoins matériels des hommes. La situation est toute différente dans beaucoup de pays du monde. Les missions qui ont tant travaillé dans ces pays l’ont d’ailleurs bien compris et ont ouvert des écoles et des hôpitaux, participant ainsi au développement des régions dans lesquelles ils se trouvaient. Il nous semble donc qu’aujourd’hui comme hier, les chrétiens ont à prendre leurs responsabilités et à voir comment ils peuvent répondre aux besoins des hommes selon la vocation, et les moyens qui sont les leurs.

Encouragés par des chrétiens de diverses églises en France, notre association, le Service d’Entraide et de Liaison (SEL), a commencé à apporter son aide dans plusieurs pays en voie de développement, principalement francophones.

Nous nous sommes surtout attachés à soutenir des projets qui, à plus ou moins long terme, permettent à des hommes de connaître des conditions de vie décentes (ce qui ne signifie pas luxueuses).

Lorsque dans un village la population est assurée d’avoir à sa disposition de l’eau potable durant toute l’année et que les femmes ne doivent plus parcourir de longues distances pour subvenir aux besoins quotidiens, un progrès réel et important a été réalisé. Imaginez un peu que vous deviez chercher votre eau potable à 5 ou 10 km à pied! L’eau potable chez soi signifie une moins grande fatigue, et l’absorption d’eau pure va diminuer les maladies et redonner des forces aux habitants. On va aussi pouvoir planter des arbres et pratiquer des cultures maraîchères.

Dans d’autres régions, le chômage est tellement important que ce n’est que par la création de petites unités de production qu’il est possible d’assurer un minimum vital aux familles. Encore faut-il pour cela écouler la production. C’est une des raisons pour lesquelles, depuis quatre ans maintenant, nous importons des objets réalisés dans une dizaine de pays que nous revendons dans nos pays.

Les besoins ne manquent pas. On peut y répondre de différentes manières. Il nous parait cependant nécessaire de veiller au respect de quelques principes essentiels.

Comment faire?

Lorsque nous envisageons d’intervenir sur le terrain, nous ne commençons pas par établir des plans précis et nous doter de moyens pour les mener à bien. La première démarche vient de la base, des habitants d’un village ou d’une région. C’est eux qui seront amenés à prendre en charge leur destinée. C’est eux qui savent ce dont ils ont le plus urgent besoin. Ceci ne signifie nullement que nous puissions toujours accepter tout ce qui nous est demandé. Mais l’initiative doit leur appartenir. C’est de plus une des conditions de la réussite finale du projet. Si la population est impliquée dès le départ, chacun s’y intéressera. Lorsque la période d’intervention proprement dite s’achèvera, on sait que chacun veillera au respect et au bon fonctionnement de l’ensemble du projet. Cette concertation prend parfois du temps, mais elle nous paraît indispensable.

Il nous paraît aussi impératif de veiller soigneusement à ce que le projet réussisse. Nous avons eu l’occasion de participer à la construction de banques de céréales. Ce sont en fait des locaux construits en dur avec l’aide des habitants du village. Au moment des récoltes, les céréales sont achetées à un prix raisonnable et sont ensuite stockées et soigneusement gardées jusqu’à la période de soudure qui s’avère souvent difficile, les prix grimpant considérablement. Si les habitants d’un village savent qu’ils vont trouver leur «mil quoditien» sur place, à un prix raisonnable, ils n’iront pas courir à la ville pour acheter à prix d’or ce qui leur est indispensable. Ceci réclame une mise de fond au départ, mais permet à la structure villageoise de se maintenir et de s’organiser. Evidemment, lorsqu’une telle expérience a donné de bons résultats, d’autres voudront aussi créer de telles structures. Ainsi le processus de changements pour le mieux s’amorce durablement.

Si des associations purement humanitaires mettent en oeuvre les principes que nous venons de souligner, nous croyons que nous avons, en tant que chrétiens, la responsabilité d’apporter non seulement l’aide matérielle, mais aussi le pain de vie qu’est l’Evangile. C’est pourquoi tous nos projets, qu’ils soient d’ordre agricole, éducatif, médical, ou artisanal, sont menés en collaboration étroite avec les églises. Dans beaucoup de pays en voie de développement, l’Eglise de Jésus-Christ progresse. Des pasteurs et des évangélistes, dans des conditions souvent difficiles, accomplissent un travail remarquable. Des hommes et des femmes se tournent vers le Christ. Mais ces églises n’ont souvent que peu ou pas de moyens. Les pasteurs ne touchent aucun traitement et cultivent comme chacun leur lopin de terre. Nous croyons donc que nous avons à nous associer à ces églises dans leurs projets de telle sorte que beaucoup trouvent une réponse à tous leurs besoins.

Cette oeuvre immense ne peut être menée que grâce à notre générosité, à notre compassion envers ceux qui se trouvent si démunis. Si nous sommes disciples du Christ, si nous voulons suivre ses pas, il convient que nous réfléchissions à ce que nous avons et comment nous pouvons partager avec ceux qui n’ont rien. Nous avons des techniques, des qualifications, du temps, de l’argent. A nous de voir les besoins et ensuite d’ouvrir notre coeur.

Gauthier de Smidt