PROMESSES
Titre: | LES SEPT PAROLES DE JESUS A LA CROIX 128 pages |
Auteur: | Willy Geiser |
Editeur: | France: Edition Farel, B.P. 50, 94122 Fontenay-sous-Bois Suisse: Edition Janz Team, B.P. 450, 4125 Riehen |
Le message central de l’Evangile n’est-il pas la croix de Jésus-Christ? L’on ne saurait assez considérer l’oeuvre rédemptrice du Sauveur. La Bible offre à nos coeurs bien des sujets de méditation, mais celui des souffrances et de la mort du Fils de Dieu surpasse tous les autres. Selon le témoignage des Evangiles, le Sauveur a prononcé du haut de la croix sept paroles d’importance capitale. Ce sont ces paroles que l’auteur analyse dans cet ouvrage, nous faisant découvrir à travers elles un magistral sommaire du christianisme.
Le livre est simple, précis et facile à lire tout en laissant une empreinte profonde dans le coeur du lecteur de la portée immense de l’oeuvre rédemptrice de notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ.
- Edité par Promesses
EXTRAIT D’UNE LETTRE CIRCULAIRE DE RALPH SHALLIS
Que Dieu ait pitié de nous! que Dieu visite son peuple! Qu’Il verse sur nous l’Esprit de grâce !
Nous n’avons peut-être pas longtemps pour oeuvrer dans des conditions favorables. Décidons dès maintenant d’éliminer la paille du milieu du froment et le levain de la farine. Voici quelques points qui me semblent primordiaux :
– Chercher à tout prix une relation d’intimité avec Dieu par une plénitude constante de son Esprit, par une vie de prière.
– Connaître à fond les intentions de Dieu par une connaissance intégrale de toute sa Parole.
– Apprendre à chaque nouveau-né en christ la nécessité et la valeur de ses deux choses.
– Préparer les églises à la fois pour la persécution et pour le plus grand réveil de l’histoire.
– Apprendre aux églises et aux croyants la victoire de Jésus-Christ sur le diable. Les bâtir solidement sur le fondement inébranlable de la vérité.
– Demandons à Dieu un réveil véritable, une action irrésistible du Saint-Esprit fondée totalement sur la Bible, unissant les vrais enfants de Dieu dans un amour incassable et avec la vision de faire connaître Christ au monde francophone.
– Rejetons cette tolérance qui ferme les yeux sur l’erreur et le péché. Rejetons également cette petitesse d’esprit qui fragmente l’église en empêchant que l’Esprit présente au monde le portrait authentique et fulgurant de Christ.
Petite annonce
Le Seigneur a repris à lui Madame Anna Guignard-Thierstein le 10 février 1986, au Canada, épouse de notre co-fondateur René Guignard. Notre sour a eu une vie riche et consacrée à I’ouvre du Seigneur en Israël pendant de nombreuses années. Toute notre sympathie fraternelle va à notre cher frère. Que le Seigneur le soutienne dans ce dépouillement
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- Edité par Lüscher Henri
CAUSES DE L’INCREDULITE ET MISSION
DE L’EGLISE
3. Idéologies matérialistes
Les philosophies purement intellectuelles des penseurs pour lesquels seul le monde matériel existe conduisent au doute systématique (scepticisme) et à la négation de Dieu (athéisme).
Ces philosophies proclament la suprématie de l’homme, libre et indépendant de son entourage cosmique. L’homme est la mesure de tout. Sa sagesse ne se réfère plus à aucun point absolu en dehors de lui-même. C’est le propre de l’humanisme. Pourtant la Bible dit: La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse (Ps 111.10), et: L’insensé dit en son coeur: il n’y a point de Dieu (Ps 14.1). L’apôtre Paul s’exclame: Où est le sage ?… Dieu n’a-t -il pas convaincu (ou: frappé) de folie la sagesse du monde? (1 Cor 1.20)
Certaines organisations de tendance philosophique radicale, ainsi que p. ex. les dirigeants d’églises du COE (Conseil Oecuménique des Eglises) ne s’intéressent qu’à l’homme et ses besoins temporels. Le COE a pour objectif de pourvoir aux besoins matériels de l’humanité, de réformer l’injustice sociale, d’éliminer le racisme et d’abolir l’impérialisme, et il ne craint pas de soutenir financièrement les organisations révolutionnaires qui veulent y arriver par la violence armée. Lors d’une conférence du COE à Paris, il a été dit: « La lutte révolutionnaire entre dans le processus qui conduit à l’établissement du royaume de Dieu… Nous reconnaissons le droit de chaque chrétien et de tous les hommes de prendre part à la révolution et même aux luttes armées ». (Cité dans « Christianisme et révolution », Soepi, 4 avril 1968)
Encourager et soutenir des combattants armés, de quelque bord qu’ils soient, sachant qu’il s’en suivra mort, destruction et misère, est incompatible avec l’Evangile. Cette attitude est le résultat logique du désintéressement que manifeste le COE pour l’enseignement biblique, notamment la doctrine concernant la grâce salvatrice de Dieu, sans laquelle l’homme ne peut être libéré de l’emprise de Satan, grâce sans laquelle il n’y a pas de salut, même temporaire. C’est pourquoi on constate, au sein du COE, une nette tendance à adhérer à un christianisme sans foi, à un humanisme matérialiste et à un syncrétisme qui se veut tolérant, mais refuse de recevoir les délégués de nos frères persécutés dans les pays soviétiques, à cause de leur foi fondée sans compromis sur la Bible.
Les conséquences néfastes du libéralisme théologique dans les églises et leurs sphères d’influence se font sentir dans tous les domaines. Puisque l’Eglise, du moins dans son expression officielle, n’est plus le sel de la terre, sel qui devrait empêcher la corruption morale, une déchéance sans précédent se déverse sur notre monde par la télévision, le vidéo et les publications pornographiques. On ne se sent plus responsable de la vie de l’autre on tue l’homme déjà dans le sein de sa mère, et cela légalement dans certains pays. Meurtres, suicides, viols, agressions, morts dues à la drogue, persécution des croyants par les régimes totalitaires, tout cela est aujourd’hui à l’ordre du jour. Et l’Eglise en porte une lourde responsabilité La raison? Elle a quitté sa seule base légitime: l’acceptation inconditionnelle de l’autorité de la Bible dans toute question de foi et de comportement. Le libéralisme théologique tue la foi. C’est tellement évident que l’évangéliste roumain Josif Ton, qui a dû quitter son pays parce qu’il persistait à exercer son ministère chrétien dans la foi, a déclaré, il y a un an, à une conférence de presse en Californie: « Si le rideau de fer se levait subitement, les chrétiens de l’Europe de l’Est seraient menacés de deux maux: la pornographie et la théologie libérale ». (Cité par « Le témoin », avril 1983)
MISSION DE L’EGLISE
La lutte pour la foi, telle qu’elle se trouve définie par la Bible; la défense des principes de la Réforme; la protection de nos libertés religieuses; la prédication de l’Evangile à toute créature humaine : tout cela exige une entière consécration et soumission à la Parole de la part des hommes qui sont appelés à s’y vouer. De nos jours de grande apostasie, le besoin pressant de tous les croyants et de l’Eglise entière est un sens renouvelé de la sainteté de Dieu, de la justice de sa loi, de la grandeur de son amour envers les pécheurs repentants. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3.16).
La grande mission de l’Eglise, ordonnée par le Seigneur Jésus, comprend trois aspects qui resteront les lignes directrices de la mission de l’Eglise jusqu’au retour de Christ, quand l’Eglise entrera dans un service plus élevé et plus glorieux. Examinons les trois aspects de la mission de l’Eglise:
1er aspect: Proclamer et prêcher l’Evangile
Quel est cet Evangile à proclamer ? L’apôtre Paul en parle ainsi : Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre évangile. Non pas qu’il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous troublent et veulent pervertir l’Evangile du Christ. Mais si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème (= maudit) (Gal 1.6-8). Il n’y a rien à ajouter ou à enlever à l’Evangile qui nous est présenté dans la Bible, sous peine de tomber sous la malédiction de Dieu (2 Jean 8-10 ; Apoc 22.18-19).
L’Evangile affirme que l’homme est pécheur par nature, car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et le salaire du péché c’est la mort (Rom 3.23, 6.23). Or, l’Evangile de Jésus-Christ est la proclamation de la libération de la puissance du péché et de Satan, libération que Dieu offre à tous les hommes qui croient que Jésus-Christ a expié leur péché à la croix. La grande nouvelle de la grâce de Dieu, c’est que, par la foi en Christ, nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés selon la richesse de sa grâce (Eph 1.7).
Le christianisme n’est pas une religion parmi d’autres. Jésus-Christ ne peut être comparé à aucun autre chef religieux du passé ou du présent La foi chrétienne est d’abord une personne, le Seigneur Jésus-Christ, qui doit être reçu comme Sauveur.
Ensuite, la foi chrétienne est un mode de vie qui sort les hommes des habitudes du péché et du désespoir qui s’en suit, pour les mener dans l’espérance de la lumière en Christ (1Pi 2.9).
Ce sont précisément ces affirmations claires et nettes que refusent de recevoir certains théologiens, tels que l’évêque Oxnam, qui écrit dans « Un testament de foi » (p.46): « Est-ce que Dieu est un être qui règle les comptes des individus par quelque mort, et ce jusqu’au sacrifice d’un fils? Franchement, de telles doctrines ne m’aident pas… « Pourtant, ce sont justement ces doctrines-là qui ont aidé des millions de pécheurs à trouver grâce et libération, paix et joie auprès de Dieu. Les refuser équivaut à refuser 1’Evangile tout court.
2e aspect: Faire des disciples
Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les…, enseignez-les… (Mat 28.19). Cet ordre du Christ est à être exécuté en trois temps il trace tout le programme du prosélytisme chrétien. Le prosélytisme est une activité commandée par le Seigneur, et ceux qui la regardent d’un mauvais oeil chez les autres font eux-mêmes du prosélytisme pour leur propre église. D’une part, Jésus n’a pas dit: « Allez, faites des membres d’église », mais faites des disciples. D’autre part, tout disciple s’attachera naturellement à une église locale, dont il deviendra un membre actif. A son tour, il prêchera l’Evangile, promesse de vie pour ceux qui croient et déclaration de mort pour ceux qui ne veulent pas croire.
Dans ce sens, l’Evangile était déjà présent sous le régime de la loi, puisque Moïse a écrit: J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives…, pour aimer l’Eternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix et pour t’attacher à lui: c’est lui qui est la vie… (Deut 30.19-20). On croirait entendre l’exclamation de Jésus : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra… (Jean 11.25). Pour « faire des disciples », il faut donc prêcher la Bonne Nouvelle du Fils éternel devenu homme, qui a souffert à la croix pour faire l’expiation des péchés du monde, qui est ressuscité, qui est monté au ciel, qui reviendra en gloire pour régner, et qui aujourd’hui appelle les hommes à la repentance et à la foi en Jésus-Christ, seul nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Act 4.12). Celui qui prêche l’Evangile sait qu’il n’y a de salut en aucun autre qu’en Jésus-Christ.
L’ordre de Jésus de baptiser les disciples doit être pratiqué dans ces termes mêmes. Le baptême est un acte extérieur scellant une réalité intérieure: le disciple s’est identifié à la mort de Jésus à la croix (s’il restait dans l’eau, elle deviendrait son tombeau) et à la résurrection de Jésus après trois jours (il ressort de l’eau comme Jésus est ressorti du tombeau). En plus, le baptême est une confession de foi publique: le baptisé professe sa foi en la Trinité divine. Il engage sa conscience devant le Père, le Fils et le Saint-Esprit, comme le dit Pierre dans sa première épître : … le baptême… est l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu (3.21).
Il est indéniable que si l’on veut vraiment s’en tenir aux paroles de Jésus et faire abstraction des traditions et coutumes ecclésiastiques extra-bibliques, on se fera des ennemis. Le pasteur Eicher en a fait l’expérience. « Les libéraux ne vous aiment pas », lui a fait remarquer une dame. Sa réponse fut: « Pour moi, Jésus-Christ et (la fidélité à) la Parole de Dieu sont au-dessus de toute considération. »
Le troisième temps du prosélytisme est l’enseignement. Jésus a spécifié son ordre: Enseignez-leur (aux disciples) à garder tout ce que je vous ai prescrit.
Cette définition du contenu de l’enseignement exclut aussi bien l’adjonction de doctrines ou de pratiques ne se trouvant pas dans l’enseignement de Jésus que l’omission de certains éléments de son enseignement (ainsi, à en croire certains, Jésus n’aurait prêché que la grâce et le pardon, mais pas le jugement et la condamnation).
La mission de 1′ Eglise comporte encore un
3e aspect: Etre témoins de Jésus-Christ
Vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins… jusqu’aux extrémités de la terre (Act 1.8). A ne pas oublier que le mot témoin correspond au mot martyr du texte grec utilisé dans le Nouveau Testament. Etre témoin comporte des risques. Jésus précise: Vous serez mes témoins. Qu’est-ce à dire? Relisons la définition que donne Jésus lui-même: Je suis le chemin, la vérité et la vie; nul ne vient au Père que par moi (Jean 14.6). Témoigner de Jésus-Christ équivaut à témoigner de la vérité. Nous n’avons pas à proclamer ou à défendre un système idéologique, mais une personne, le Seigneur Jésus-Christ. C’est là, je le rappelle, la différence entre le christianisme biblique et toutes les autres religions. Aucune de ces dernières ne mène à Dieu Jésus-Christ en est le seul chemin. Aucune religion ne saurait communiquer la vie; Jésus-Christ étant la vie, lui seul peut la communiquer. C’est de Jésus-Christ et de ce qu’il est, que nous avons à être les témoins. Si le COE n’a sur aucun principe une affirmation claire à offrir, c’est que ceux qui dirigent ses groupes d’études sont toujours à la recherche de la vérité, alors que Jésus-Christ en est l’incarnation suprême et finale. Pouvons-nous dire avec l’apôtre Paul : Je sais en qui j’ai cru… (2 Tim 1.12), au lieu de dire « en quoi j’ai cru? » Que les adhérents de l’idéologie matérialiste marxiste-léniniste proclament que, pour libérer les hommes (sous-entendu: les travailleurs), il faut se libérer de Dieu et de toute idée d’une vie après la mort (déclassés dans la catégorie des vieilles fables), on peut le comprendre. Mais il semblerait qu’une organisation telle que le COE devrait savoir que Jésus-Christ est la réponse à tous les problèmes de l’homme, qu’ils soient de nature sociale ou politique, morale ou spirituelle, temporelle ou éternelle.
Voici la conclusion par laquelle le pasteur Eicher termina sa conférence: « Nous avons un merveilleux héritage: le cadeau de l’amour de Dieu pour nous et la foi basée sur les affirmations de la Bible. De Jérusalem jusqu’au dernier point de la terre, des hommes et des femmes ont payé un grand prix par leur courage, leur consécration et leurs souffrances, afin que nous jouissions des bénédictions de Dieu par la foi. Levons-nous donc pour témoigner courageusement de la Parole de Dieu, et levons bien haut l’étendard de notre Seigneur Jésus-Christ sur le champ de bataille de la foi dans les pays d’où nous venons tous, jusqu’au jour où notre Seigneur, le juste juge, viendra pour nous prendre dans son royaume, nous tous qui aurons aimé son apparition (2 Tim 4.7-8). »
E.C. EICHER, pasteur au Liban
(Adaptation par J.P. Schneider)
- Edité par Eicher E.C
Si le titre peut surprendre, de prime abord il n’en deviendra que plus significatif au fur et à mesure que vous avancerez dans le développement que je vous propose, pour autant qu’il soit entendu que phénomène désigne ce qui se manifeste soit à la conscience par l’intermédiaire des sens (domaine de la physique), soit à la sensibilité affective (domaine du psychisme). A la fin de notre voyage dans le royaume de la musique, vous saurez mieux apprécier à quel point la musique est une de ces « perfections invisibles de Dieu qui se voient comme à l’oeil, depuis la création du monde », pour emprunter à l’apôtre Paul ces paroles écrites aux croyants de Rome il y a près de deux millénaires; ce qui est valable pour l’oeil l’est aussi pour l’oreille.
Je n’ai évidemment aucunement la prétention de faire, en quelques pages, le tour du problème que soulève le phénomène musique. Aussi aimerais-je solliciter l’indulgence des musicologues professionnels et des amateurs avisés qui pourraient déplorer, dans mon article, l’absence de certains faits, de certains noms qu’ils auraient jugés essentiels. On voudra bien excuser le côté vulgarisateur de mon exposé: tout le monde n’est pas versé en matière musicale.
Le problème de la musique en tant que phénomène psychique a commencé à me préoccuper lors de mon séjour en Afrique équatoriale voilà bientôt trente ans. Comment, me disais-je, est-il possible que des Africains qui ne connaissent que la musique monophonique rythmée à gamme réduite (4 ou 5 tons) puissent goûter la musique polyphonique classique d’un Bach, Haydn, Mozart, sans avoir reçu la moindre initiation à cette musique qui, pourrait-on penser, doit leur être fermée? Certains de mes élèves africains en étaient arrivés à jouir de la musique classique à tel point que j’organisais de véritables petits récitals chez moi, mon piano tropique étant le seul moyen d’expression à ma disposition (il n’y avait pas encore de transistors en ce moment-là). J’ajouterai tout de suite que dès que je leur jouais les romantiques du 19e siècle, ils perdaient tout intérêt, sauf pour quelques pièces de Beethoven. Comme j’étais alors ignorant de certains faits avec lesquels je me propose de vous familiariser, les raisons de ce comportement m’échappaient. Par la suite, ces faits m’ont fait comprendre que la musique tonale, qui a trouvé son apogée dans le classicisme occidental, s’inscrit dans la condition humaine. Elle est donc indépendante des races et des cultures. On entend par musique tonale la musique qui est organisée selon les principes de la tonalité, où l’harmonie et la mélodie sont réglées par l’obligation de respecter un ton principal. Ainsi, une symphonie en la mineur est soumise aux lois inhérentes à cette tonalité.
Or il existe des musiques qui sont étroitement liées à des cultures ou à des races, musiques qui ne sont pas forcément goûtées ou comprises par des gens d’autres races ou cultures. Cependant, elles s’inspirent du même matériel tonal, ce qui expliquerait en partie pourquoi la musique classique tonale est accessible à des gens ne connaissant qu’une musique rudimentaire. Ils ressentent d’ailleurs la musique tonale de la période classique comme supérieure à la leur, aussi bien en tant que source de joie qu’absolument, pour autant qu’ils soient susceptibles de jouir de la musique tout court. Car, il ne faut jamais l’oublier, il y a des individus imperméables à la musique, soit par déficience organique (comme les daltoniens en ce qui concerne les couleurs), soit par constitution psychique.
On peut maintenant se poser la question d’où vient cette universalité de la musique tonale telle que je l’ai définie plus haut?
La première constatation qui me fit entrevoir une réponse à cette question, je la trouvai dans le livre d’Ernest Ansermet, « Les fondements de la musique dans la conscience humaine ». Ansermet, qui avait fait des études de mathématiques et de physique, qu’il enseigna pendant plusieurs années au gymnase classique de Lausanne, découvrit que le limaçon, cette partie en spirale de l’oreille interne humaine, est construit sur le logarithme 12.
Nous savons tous que la gamme tonale est constituée à partir d’une succession de 12 demi-tons. Mis en relation avec la découverte d’Ansermet, cela peut déjà paraître significatif. Mais cela le devient infiniment davantage du moment où l’on étudie les relations entre les tons de la gamme.
Les sons que nous percevons par notre oreille sont des vibrations transmises par le moyen de l’air. Ces vibrations, dont la fréquence par seconde varie considérablement, sont mathématiquement mesurables. Ansermet, ce mathématicien-musicien, montre la présence secrète d’une relation logarithmique dans la musique ce qui explique pourquoi, au sein de la conscience musicale, on ressent quelque chose de mathématique. Pour démontrer cette relation, il suffit de faire les réflexions qui suivent. (Que les lecteurs réfractaires aux mathématiques veuillent se reporter directement à la conclusion au paragraphe suivant).
Le nombre de vibrations par seconde (la fréquence) d’un ton donné est le double à l’octave supérieure de ce ton. Ainsi, si le la (troisième corde du violon) a une fréquence de 432, le la’ (octave supérieure) en a une de 864. La relation est arithmétique: 432+432=864 (addition). D’autre part, pour la conscience musicale (comme dit Ansermet), la quarte (quatrième ton de la gamme: re’ dans notre cas) et la quinte (cinquième ton: mi’), s’additionnent pour constituer une octave. Or, si l’on tient compte de la fréquence de la quarte (576) et de celle de la quinte (648), on constate que la fréquence de la quarte est 4/3 du la (432), et la fréquence de la quinte est 3/2 du même la; mais la multiplication (4/3 fois 3/2) donne 2 (relation géométrique), tout comme le rapport des 2 sons de l’octave (la et la’), qui peut s’exprimer par une addition dont le résultat est également 2 (1+1=2, simplification de 432+432=864).
Lorsqu’il y a correspondance, pour les mêmes chiffres, entre une série arithmétique et une série géométrique, comme c’est le cas ici, on parle d’une relation logarithmique. Ansermet en conclut que l’expérience musicale se laisse donc interpréter comme une structure logarithmique. Comme d’une part le limaçon de l’oreille humaine est construit sur le logarithme 12, et que d’autre part la fréquence des sons mise en relation avec la conscience musicale aboutit à une relation également logarithmique, on peut concevoir que deux ou un ensemble de sons émis en même temps seront ressentis comme une harmonie, créatrice de bien-être psychique, s’ils sont en relation logarithmique basée sur le chiffre 12. Voilà donc pourquoi tous les hommes de toutes races ont la capacité de jouir de la musique basée sur le système tonal que nous connaissons tous.
Si nous acceptons ce que la Bible nous dit, à savoir que Dieu a créé l’homme pour le placer dans une nature qu’il avait créée à son intention, nous devons conclure que le système tonal capable de former des harmonies qui réjouissent le coeur de l’homme, n’a pas été inventé, mais qu’il a été créé par Dieu et qu’il existe au même titre que la lumière, l’air et d’autres phénomènes naturels.
Dans ce contexte, la constatation qui a été faite par Alexandre Dénéréaz dans son livre « La gamme, ce problème cosmique » (Hug u. Co. Zürich) prend toute son importance. Mais avant de la communiquer, il y a lieu de rappeler quelques données astronomiques.
Des neuf planètes qui tournent autour du soleil, seul Pluton, la plus éloignée, ne se trouve pas sur le même plan elliptique, et de ce fait n’entre pas dans les considérations qui vont suivre. On peut calculer avec précision la distance moyenne de chaque planète du soleil. La distance terre-soleil étant 1, les distances entre le soleil et les quatre grandes planètes (Neptune, Uranus, Saturne et Jupiter), se situent, en gros, entre 30 et 5, et celles des petites planètes (Mercure, Vénus, Terre et Mars) entre 1/3 et 1,5.
Une fois de plus, que le lecteur qui trouve les détails d’ordre mathématique par trop ennuyeux se reporte directement à la conclusion. Je tiens à avertir que ce qui suit est rudimentaire, mais je puis espérer que ce sera suffisant pour comprendre comment Dénéréaz est arrivé à sa conclusion. L’idée principale consiste à comparer la distance des planètes du soleil aux distances des tons de la gamme sur une corde d’une longueur donnée. Grâce au résonateur acoustique de Hermann Helmholtz (19e siècle), sur lequel une corde de 100cm est tendue et accordée à do, on peut constater que, dans l’accord parfait majeur, les intervalles entre do-mi et mi-sol (mesurés en mm) forment entre eux une section d’or, aussi nommée « divine proportion », dont le rapport est de 618 sur 1000. Cela donna à Dénéréaz l’idée de faire intervenir la section d’or pour les distances des planètes du soleil. Il constata alors que ces distances sont exactement proportionnelles aux distances entre les tons de la gamme.
Sur le diagramme qui suit, les chiffres se trouvant sous les planètes représentent les distances de celles-ci du soleil. Les chiffres se trouvant entre les planètes représentent la différence entre leurs distances du soleil, chiffres qui correspondent exactement aux distances proportionnelles entre les tons de la gamme!
Tout comme le soleil est symbole de vie et de transformation, ainsi le fa dièse permet la modulation de la tonale à la dominante (de do à sol), ce qui peut se répéter en passant par les 12 tonalités. Sans soleil, pas de dynamisme: sans fa dièse, pas de modulation tonale, donc pas de dynamisme non plus.
Un calcul du même genre, dont je vous dispenserai, s’applique aux quatre petites planètes, à ceci près que la corde doit avoir la longueur de la section d’or de celle du résonateur de Helmholtz, donc 61,8cm, pour que les proportions entre les planètes et les tons de la gamme soient identiques. Mais alors que les distances entre les quatre grandes planètes s’accordent avec les distances entre les tons de la gamme du mode lydien (majeur), les mêmes données concernant les quatre petites planètes correspondent aux modes dorien (mineur), à savoir do-si bémol – la bémol – sol (Mars – Terre -Mercure – Soleil) et phrygien (neutre), à savoir do – si bémol – la – sol (Mars -Terre – Vénus – Soleil).
Comme il est absolument impensable que ces corrélations mathématiquement mesurables et donc prouvables, entre le système des planètes et le système tonal, puissent être le jeu du hasard, on arrive à cette conclusion inéluctable: Le système tonal de la musique est conditionné par les distances des planètes du soleil. Il s’agit donc bien d’un phénomène cosmique, de là le titre du livre d’Alexandre Dénéréaz. Mais il en découle alors un autre fait significatif: On ne peut pas davantage changer le système des harmonies naturelles que l’on peut changer la distance des planètes par rapport au soleil.
Que n’enseigne-t-on pas ces merveilles aux élèves de nos écoles? Craindrait-on qu’ils s’inclinent devant Dieu, le Créateur de l’univers, pour l’adorer?
Dans le livre d’Ernest Ansermet cité au début, il y a un chapitre intitulé « Phénoménologie de Dieu ». Jean-Claude Piguet, dans son petit livre sur « Ernest Ansermet et les fondements de la musique » (Payot Lausanne), dit très justement que « Dieu est le centre caché du livre » d’Ansermet, et « qu’à partir de Dieu s’amorce le mouvement descendant qui conduit à la constitution, dans la conscience, des formes musicales ». Et plus loin cette phrase capitale: « Seul le christianisme, pour Ansermet, a permis à la musique occidentale d’accéder à sa vérité éthique« .
Jean-Pierre SCHNEIDER
- Edité par Schneider Jean-Pierre
COMBAT, COURSE ET COURONNE
Le texte de 2 Tim 4.7-8 a occupé mes pensées tous ces temps après avoir appris le décès d’un grand serviteur de Dieu, Ralph Shallis, mort le 17 Mai 1986. Quel combat que cette vie! Quelle foi fervente et constante! La couronne de justice lui est réservée, car il a aimé le retour de Christ: il en parlait et il vivait dans cette heureuse attente.
Né en 1912 en Espagne, de parents chrétiens, Ralph Shallis fait ses études en Angleterre. Il est converti à Jésus-Christ à 18 ans. Cinq ans plus tard, las d’une vie chrétienne médiocre, il décide de rechercher la face de Dieu par la lecture suivie de la Bible, qu’il parcourt entièrement en une année. Il rencontre réellement le Dieu de la Bible en la personne de Jésus-Christ: toute son existence en est transformée. Le Seigneur fera de lui un homme sensible, tendre et chaleureux.
Pendant la deuxième guerre mondiale, où il doit servir sa patrie comme soldat en Afrique, en Asie et en Europe, Dieu le forme au creuset de la guerre. Après avoir enseigné à la faculté des lettres au Portugal, il répond, à l’âge de 37 ans, à un appel de Dieu pour l’Algérie, et c’est un ministère qui, exercé dans la pauvreté et la souffrance pour lui et sa famille, est si richement béni que seize petites églises en naissent.
La guerre d’Algérie l’oblige de quitter ce pays. Après un ministère itinérant, il s’établit dans le midi de la France en 1967. Dès lors il se consacre à écrire des livres dont aucun ne laisse le lecteur indifférent, tant la ferveur de Christ s’en dégage. Ses livres donnent envie de mieux connaître ce Dieu merveilleux de la Bible. Malgré une longue maladie, cet écrivain de Dieu est resté infatigable, voyageant et donnant des conférences. C’est au milieu de ces activités que le Seigneur l’a enlevé.
Le texte cité en exergue est à propos. Shallis, ce combattant intrépide pour la foi, a su entraîner toute une jeune génération dans le combat spirituel, cette course qui se déroule dans l’arène du monde.
Personnellement, j’ai été profondément touché par la trilogie « Si tu veux aller loin ». Le miracle de l’Esprit » et « Explosion de vie » (1), ouvrages qui nous mettent en face de la réalité: soit je fonce, soit je reste un chrétien médiocre. Pour foncer, quatre disciplines indispensables: la prière, la lecture quotidienne de la Bible, la communion fraternelle, le témoignage. Dans un temps de confusion comme le nôtre, il est précieux d’entendre la voix d’un prophète suscité par Dieu tracer avec clarté, chaleur et fermeté les différentes opérations que l’Esprit déploie dans l’harmonie et l’équilibre: le baptême (2), la plénitude caractérisée par le témoignage, le fruit, la communion, l’intercession, l’enseignement et les dons de l’Esprit (3). Ces ouvrages sont le fruit d’une vie vécue dans l’intimité avec le Seigneur.
Un des livres les plus courageux est certainement « Le don de parler diverses langues » (4), qui, tout en traitant d’un sujet délicat entre tous, fait suite aux trois premiers livres. Prophète et berger à la fois, Shallis était profondément angoissé par ces excès que le sujet controversé du « parler en langues » suscitait de part et d’autre. Pourquoi le don de parler en d’autres langues manifesté à la Pentecôte serait-il différent de celui évoqué dans 1 Cor 14 ? S’il est vrai que les dons de l’Esprit existent encore aujourd’hui, il faut cependant reconnaître la souveraineté du Saint-Esprit et rester à son écoute à travers la parole de Dieu, selon laquelle l’Esprit distribue (les dons) à chacun séparément selon son vouloir »(1 Cor 12.11, Chouraqui).
Des livres tels que « Jésus » et « Il faut beaucoup de foi pour être athée »(1) témoignent du fardeau de Shallis pour l’évangélisation.. Riche de ses expériences en Algérie, il a joué le rôle d’un catalyseur auprès de jeunes pionniers qu’il a formés pour la tâche d’implanter de nouvelles églises. Cela reste une nécessité impérieuse pour toute l’Eglise.
Prémillénariste, Shallis a aussi exposé ses convictions, fermement mais avec courtoisie et chaleur, dans un article intitulé « Mon ami millénariste »(5). Il est réjouissant de lire un texte sut l’eschatologie (6) dont le fondement biblique est si solide, et on peut espérer que d’autres reprendront ce flambeau du témoignage prophétique.
Ralph Shallis est aujourd’hui, par ses livres un véritable prophète à l’instar d’un Jérémie et d’un Jean-Baptiste. Il a su concrétiser l’essentiel du christianisme par ses livres qui resteront parmi les classiques évangéliques: une foi vivante enracinée dans le Seigneur Jésus-Christ.. Et il a suscité une nouvelle génération prête à prendre la relève.
Dans une de ses dernières lettres, Shallis parle avec tendresse de son épouse qui « a autant besoin de vos prières que moi », dit-i, demandant au Seigneur de prendre soin d’elle après son départ Au nom de toute l’équipe de PROMESSES, j’exprime ma sympathie et mon affection profonde à Madame Shallis et ses enfants.
(2) « Le miracle de l’Esprit », 1ère édition 1977, p.78 – 110.
(3) « Explosion de vie » 1979 & 1983, 367 p. (cf p.350).
(4) Editions du C.C.P B, 19440 Ligniac. 398 p.
(5) paru dans « Le règne de 1000 ans sur la terre », éditions CIFEM, 1982, 185 p.
(6) L’eschatologie traite de la fin du monde, de la résurrection, et du jugement dernier (Petit Robert), à la lumière de la Bible.
- Edité par Lüscher Henri
Aï – LA DEFAITE
Josué 7
Les scouts qui ont inspecté les lieux sont persuadés que trois mille hommes n’en feront qu’une bouchée. Pas la peine de se fatiguer pour si peu. Pas la peine non plus de consulter Dieu. Après tout, n’a-t-on pas gagné une victoire éclatante en prenant Jéricho, forteresse autrement impressionnante qu’Aï?
Interdit
C’est l’échec, la fuite honteuse des trois mille Israélites devant une poignée de païens. Comment est-ce possible? Dieu n’a-t-il pas agi par sa puissance surnaturelle à Jéricho ? Et puis, n’a-t-on pas le même général Josué approuvé par Dieu ? N’a-t-on pas l’arche de Dieu, donc sa présence garantie? N’a-t-on pas fêté la première Pâque au pays promis? Les hommes et les garçons ne sont-ils pas tous circoncis en signe de l’alliance établie par Dieu?
Malgré tous ces atouts, c’est la défaite, la honte, l’humiliation. On comprend le désarroi de Josué, car cela ne peut signifier qu’une chose Dieu n’est plus avec eux ! Et Josué de se lamenter: Si seulement nous étions restés en Transjordanie! Que vont dire les Cananéens? Et que feras-tu pour l’honneur de ton grand nom, ô Eternel?
La réponse de Dieu est brusque: Ne comprends-tu pas ? Il n’y a qu’une raison qui puisse expliquer la défaite: le péché est entré en Israël. Ne reste pas prostré. Lève-toi, agis! Le péché est un interdit: il empêche la victoire. Tant que les mesures nécessaires n’ont pas été prises, l’interdit reste. C’est Dieu qui fixe les mesures à prendre, étant le premier offensé par le péché.
Akan croit être le seul à connaître le péché qui a causé la défaite. Il n’a pas compté avec Dieu dont rien ne peut être caché. Mais pourquoi Dieu accuse-t-il le peuple entier? Sous l’ancienne alliance, le peuple entier était consacré en tant que collectivité, de sorte que la faute d’un seul impliquait tout Israël, par solidarité. Avec la nouvelle alliance, cela a changé, car on devient membre du corps du Christ, l’Eglise, par une décision personnelle. On naît Israélite; on ne naît pas chrétien.
Autre question : pourquoi Dieu dit-il que le peuple a volé ? Volé qui? et quoi? Il a volé les prémices à Dieu. Jéricho étant les prémices de la conquête de Canaan, le peuple n’avait aucun droit au butin, ce qui ne sera plus le cas pour Aï, où le peuple pourra s’approprier le butin. A cause de l’impatience d’Akan, lui et le peuple entier ont été plongés dans la défaite. Si Akan avait attendu dans l’obéissance, il aurait eu son butin avec la bénédiction de Dieu!
Levée de l’interdit
Dieu indique le chemin pour retourner à lui : se sanctifier – c’était déjà la condition pour entrer dans le pays. Le peuple doit se désolidariser du coupable, se séparer de lui. C’est là le sens de toute sanctification: se séparer du mal sous toutes ses formes.
Quand Akan est désigné comme coupable, Josué est rempli de commisération pour lui: Donne gloire à Dieu – reconnaît que Dieu a dit vrai en te désignant. La réponse d’Akan est instructive : J’ai vu, j’ai convoité, j’ai pris et j’ai caché. Voilà la raison de la défaite: un péché caché Akan illustre parfaitement ce qui caractérise le monde selon 1Jean 2.16: la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Le manteau de Chinéar, d’origine babylonienne, faisait chic, donnait du prestige, faisait d’Akan un homme du monde…
Voulons-nous paraître ce que nous ne sommes pas? Quel est notre manteau de Chinéar? Celui d’Ananias et Saphira consistait à être classés parmi les plus consacrés, généreux et spirituels. Ils ne voulaient pas être généreux, ils voulaient paraître généreux. Même une action louable, si elle est faite pour paraître devant les autres, est un péché.
Sous l’alliance de la loi, le péché devait être expié par une victime de substitution ou par le pécheur lui-même. Akan et sa famille sont exécutés : Tout Israël lui jeta des pierres. Comme tout le peuple était solidaire de la faute d’Akan, de même toute sa famille était impliquée dans le châtiment. C’était la pédagogie divine sous l’ancienne alliance : inculquer l’horreur du péché par la destruction de tout ce qui y a participé. Pourtant – et c’est un point capital – la peine de mort du clan d’Akan ne signifiait pas sa perdition éternelle ; c’était un châtiment temporel.
Victoire différente.
A présent, le chemin de la victoire est ouvert. Pourquoi Dieu envoie-t-il trente mille guerriers contre Aï? Pour la même raison pour laquelle il envoya seulement trois cents avec Gédéon : Pour que l’homme ne puisse se vanter. Les Israélites avaient dit: Trois mille suffiront. Dieu leur dit: Vous aurez besoin de tous vos guerriers pour prendre Aï.
La prise d’Aï diffère totalement de celle de Jéricho. Point de miracle à Aï, que les Israélites doivent prendre en utilisant la méthode de guerre traditionnelle. La victoire n’est pas une affaire de routine. On ne peut pas établir un schéma qui garantirait la victoire. A Jéricho, il y eut un miracle à Aï, non.
Ne nous étonnons pas si l’Esprit de Dieu nous mène autrement aujourd’hui qu’hier. Jamais il n’agira contrairement au caractère de Dieu tel que les Ecritures nous le révèlent. Jamais, par exemple, il ne parlera d’une manière inintelligible. Mais il appliquera des méthodes différentes d’une fois à l’autre, non seulement parce qu’il est souverain, mais parce qu’il est une personne, la Personne qui est à l’origine de l’homme qui, ayant été créé à l’image de Dieu, est aussi une personne. Ce qui caractérise une personne, c’est sa liberté d’action. L’animal n’est pas une personne son comportement étant conditionné par ses instincts. Pourquoi la Personne souveraine de Dieu se conformerait-elle à un quelconque schéma?
Déductions.
Gardons-nous du légalisme en ce qui concerne soit l’acquisition du salut, soit la marche dans la sanctification. Mais gardons-nous également de l’idée que, puisque nous devons tout à la grâce de Dieu, le péché n’aurait pas tellement d’importance.
D’autre part, ne pensons pas que toute défaite, toute faiblesse doit être due à un péché. J’en prends à témoin notre Seigneur Jésus-Christ lui-même. A vues humaines, il a essuyé de nombreux échecs; à Nazareth, il a été méprisé; à Jérusalem, on n’a pas voulu de lui; malgré les miracles, les foules ne croyaient pas en lui ; ses propres frères n’ont pas cru en lui; un des douze disciples l’a trahi et s’est suicidé ensuite, alors qu’un autre l’a renié ; le miracle spectaculaire de la résurrection de Lazare a décidé les Pharisiens de faire mourir Jésus; malgré son innocence constatée par le pouvoir politique, Jésus a été condamné à mort et crucifié. En voici les références : Mat 13.53-58; 23.37; Jean 12.37; 7.5; Mat 26.14-16; 69-75; Jean 11.53; 18.38; 19.4,6,16. La victoire n’est pas toujours là où l’on croit.
L’enseignement qui se dégage de la victoire à Jéricho et de la défaite à Aï peut se résumer en quatre points:
1. Quand nous péchons, Dieu le sait, même si personne d’autre ne le sait.
2. Quand nous péchons, la bénédiction diminue ou s’arrête; elle peut même s’arrêter pour toute une église à cause du péché d’un ou de plusieurs membres.
3. Il y aura jugement, soit par nous-mêmes en confessant notre péché, soit par Dieu lui-même.
4. Si nous mettons la chose en ordre, la voie est rouverte pour la bénédiction.
- Edité par Schneider Jean-Pierre
4. LE PECHE ET l’ALLIANCE
Adam, la créature la plus accomplie de Dieu, marchait avec Dieu en connaissance, justice et sainteté. Cependant, arriva ce qu’on nomme la chute:
Adam tomba
Ce fait est totalement nié par les « rationalistes », alors que les « néo-orthodoxes », s’ils disent bien qu’il y a eu une chute, n’acceptent pourtant pas l’historicité du récit de Genèse 3, n’y voyant qu’une parabole.
Mais il n’y a aucun doute que Genèse 3 relate des faits historiquement authentiques qu’il y a lieu de traiter littéralement, sans quoi on les dépouille de leur sens véritable. Cela ressort clairement de la manière dont l’apôtre Paul, inspiré par le Saint-Esprit, en parle dans Rom 5.12-21, 2 Cor 11.3 et 1 Tim 2.14, où le récit de Genèse 3 est repris dans son sens littéral. Nous pouvons donc affirmer que:
1. Adam et Eve, le premier homme et la première femme créés par Dieu, ont péché en mangeant du fruit défendu. [Le mot « péché » comprend l’idée de « manquer le but ».]
2. Ils furent séduits par la subtilité de la tentation de Satan.
3. Dieu le permit pour que cela serve à le glorifier. Rom 11.36.
Voici les résultats de ce premier péché
1. Adam et Eve perdirent la communion avec Dieu. Gen 3.8,24.
2. Ils perdirent leur état de justice originel. Gen 3.11.
3. Ils moururent dans le péché et furent entièrement souillés, de sorte que toutes leurs facultés physiques et psychiques en furent corrompues et totalement dépravées Gen 2.17 ; 6.5. (Illustration: un peu de poison imprègne toute l’eau d’un verre.)
Nous sommes tombés
Adam représentait toute la race humaine. (Similitudes le Président représente son pays; le chef de la famille représente la famille.) Le comportement d’Adam a conditionné nos dispositions et notre destinée. Voici pourquoi:
1. Le nom « Adam » signifie « homme » dans le sens de « être humain ».
2. Toutes les ordonnances, promesses et sanctions que Dieu adressa au premier couple étaient aussi valables pour leurs descendants (p ex. la terre maudite, la mort, les douleurs de l’enfantement). Gen 3.16-19.
3. Le NT enseigne clairement que par la désobéissance d’un seul (Adam), tous les hommes sont morts, le péché s’étant étendu à tous entraînant la condamnation de tous (Rom 5.15,18-19).
Ainsi donc, la culpabilité due au péché d’Adam est imputée à tous ses descendants naturels, tous ayant la même nature corrompue. Gen 6.5; Ecc 9.3 ; Jér 17.9. C’est un mal universel ; nous sommes tous nés pécheurs, ce qui explique pourquoi nous péchons. Marc 7.21-23.
Etant coupables, la colère et la malédiction de Dieu reposent sur nous
Dieu nous demande d’être saints et d’agir avec justice : être et faire ne peuvent être séparés ! Comme nous ne sommes cependant ni saints ni justes, nous sommes des pécheurs. 1 Pi 1.16; 1 Jean 3.4.
Il est dit du péché qu’il règne sur nous, qu’il nous domine, que nous en sommes les esclaves. Rom 6.12-18; Eph 4.18-19.
Par nature, nous sommes des enfants de colère (Eph 2.3)
1. Déjà dans notre vie terrestre, il est évident que la malédiction de Dieu est sur nous. Gen 3.16-19; Rom 1.18-32.
2. L’au-delà réserve à l’homme pécheur un juste châtiment et une ruine éternelle. 2 Thes 1.6-9; Apoc 20.11-15.
Dieu fait alliance
Dieu est Dieu et nous sommes ses créatures: il y a une énorme distance entre lui et nous. Même si nous vivions d’une manière irréprochable, nous n’aurions fait que notre devoir. Rien ne nous permet de jamais faire valoir des « droits » auprès de Dieu.
Cependant Dieu veut, à certaines conditions, nous gratifier de certains bienfaits, ce qui est un acte de générosité imméritée de sa part. C’est lui qui choisit les dons et qui décide quelles sont les conditions qui y donnent accès. Il ne s’agit pas d’un contrat entre deux parties égales où chacune impose ses conditions à l’autre. Dieu lui-même se lie envers ses créatures indignes, auxquelles il impose certaines obligations et conditions.
L’alliance de la loi fondée sur les oeuvres
Au début de l’Histoire, Dieu mit Adam devant l’alternative suivante: obéir (et vivre, ce que le texte ne dit pas explicitement), ou désobéir et mourir (Gen 2.15-17). Dieu seul décida des termes. Sans le spécifier, il offrait en fait la vie à Adam, à condition qu’il accomplisse l’oeuvre requise de lui, qui consistait à obéir au commandement de Dieu; c’est à cette condition que Dieu allait confirmer Adam pour toujours dans son état originel. Mais nous l’avons vu: Adam désobéit, et les conséquences en furent désastreuses. Si, théoriquement parlant, la promesse de vie sur la base des oeuvres (accomplissement de la loi) est toujours valable, en pratique elle ne nous sert à rien (cf Rom 10.5 et Gal 3.12, qui citent Lév 18.5), car étant toujours pécheurs, nous ne pouvons jamais suffire aux exigences de la loi. Pour avoir accès à la vie éternelle, il nous faut forcément passer par un autre chemin.
L’alliance de la grâce fondée sur la foi
Ce chemin, Dieu l’a ouvert dans sa miséricorde en instituant une nouvelle alliance, une alliance éternelle (Héb 13.20). Par elle, Dieu lui-même remplit les conditions nécessaires au salut des hommes. Dieu n’a pas consulté les hommes pour savoir s’ils étaient d’accord avec cette alliance, car elle ne dépend que de sa décision souveraine, étant l’expression d’un acte de grâce éternel. De là son nom: alliance de grâce.
Tout ce que l’homme doit faire, c’est croire que Dieu dit vrai. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne croit pas au Fils [ou: qui désobéit au Fils] ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui (Jean 3.36). Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé (Act 16.31). C’est par grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c ‘est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie (Eph 2.8.9). C’est cela, l’Evangile, la Bonne Nouvelle du salut accordé en réponse à notre foi, et non plus sur la base de nos oeuvres, qui ont été accomplies pour nous par Jésus-Christ.
L’alliance dans les deux Testaments
Dans l’AT, l’alliance de Dieu avec l’homme a été annoncée d’une manière ancienne. Les promesses, les prophéties, les sacrifices, les ordonnances et les symboles de l’AT annonçaient tous le Seigneur Jésus-Christ et parlaient du salut en tant qu’oeuvre de Dieu, et non la nôtre.
Dans le NT, l’alliance de Dieu avec l’homme est annoncée d’une manière nouvelle: par la prédication (Rom 10.14; 2 Cor 3.6; 4.5) ; par le baptême (Col 2.12-14) ; par la sainte cène (1 Cor 11.23-26). La vérité y est plus clairement apparente, plus simple à saisir, mais accompagnée de moins de gloire perceptible.
Une seule alliance
En fait, les deux alliances – celle basée sur les oeuvres de la loi et celle basée sur la grâce par le moyen de la foi – ne sont pas fondamentalement différentes. Les deux sont des dons dus à la grâce de Dieu. Le Seigneur Jésus-Christ a suffi aux exigences de la loi pour que nous puissions bénéficier de la grâce.
Tant que nous n’avons pas compris le principe de l’alliance, la Bible ne sera jamais qu’un dédale inextricable. Par contre, une fois que nous avons saisi son enseignement sur l’alliance sous sa forme ancienne et nouvelle, le sens de toute la Bible éclate à nos yeux émerveillés.
Je n’ai pas honte de l’Evangile: c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du juif premièrement, puis du Grec. En effet, la justice de Dieu s’y révèle par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit: Le juste vivra par la foi. Rom 1.16-17.
En aurions-nous honte aujourd’hui, gens du vingtième siècle, de cet Evangile, du seul évangile qui sauve ?
(Traduit et adapté par
Jean-Pierre Schneider)
- Edité par Olyott Stuart
Dans une récente chronique théologique, le professeur Eric Fuchs rendait compte de deux ouvrages récents d’exégètes protestants, L’exégèse du Nouveau Testament (Labor et Fides) de Max-Alain Chevalier, et Sauvez la Bible (Editions du Moulin) de Jean Zumstein. Du premier de ces livres le professeur Fuchs nous dit, « Il veut prouver ainsi la rigueur, l’honnêteté et la pertinence de cette méthode (historico-critique) et faire mieux comprendre et mieux apprécier les services qu’elle rend à ceux qui ont la charge d’expliquer la Bible et d’en prêcher les textes (…) L’honnêteté et la rigueur de cette méthode est incontestable; ses fruits ont été et sont nombreux. » Le second ouvrage dû à la plume vigoureuse du professeur de NT à Neuchâtel, Jean Zumstein, critique de manière sévère les mandarins de l’exégèse biblique universitaire, « spécialistes qui se sont enfermés dans leur tour d’ivoire et ont cessé de s’intéresser au sens théologique des textes qu’ils étudiaient d’un point de vue historico-critique. » Mais il s’en prend avec une violence à peine retenue à d’autres responsables de la désaffection à l’égard de l’Ecriture sainte ». M. Fuchs résume la pensée du professeur Zumstein ainsi: « Il y a d’abord le courant fondamentaliste, voire intégriste, qui, par défiance pour tout ce qui est moderne, affirme le caractère sacré du texte biblique par lequel, sans qu’il soit nécessaire de l’interpréter, Dieu parle immédiatement au croyant. Une telle attitude rassure sûrement les esprits inquiets, mais elle rend la Bible otage d’une forme de terrorisme spirituel, dit Zumstein, qui l’enferme dans une seule lecture possible. « (Gazette de Lausanne, 10.8.1985) C’est ainsi que notre pluralisme universitaire sectaire exécute élégamment les épouvantails caricaturaux qu’il dresse complaisamment comme adversaires !
Dans un article plus récent intitulé, Retour à la Bible, l’éminent historien protestant français, Pierre Chaunu, rend compte des premiers volumes d’une série consacrée au thème, la Bible de tous les temps (Beauchesne). Voici ce qu’il nous dit des divers auteurs de ces volumes: « Dans l’ensemble, les auteurs de la Bible de tous les temps appartiennent aux courants exégétiques issus de l’ultra-libéralisme « historiciste » bien plus hégélien que chrétien… De l’énorme percée que représente la véritable nouvelle exégèse de Carmignac, Robinson, Tresmontant*, nulle trace. »(Le Figaro 17.8.85) Quelle serait donc cette percée foudroyante d’une exégèse véritablement novatrice qu’occulteraient nos savants bien installés dans leurs habitudes désuètes? Regardons de plus près ces hommes que cite Chaunu.
Le célèbre évêque anglican, John A.T. Robinson, auteur de livres peu orthodoxes, tels que Dieu sans Dieu et Ce que je ne crois pas, est également un des plus éminents spécialistes du NT. Un de ses livres publié en 1977, Peut-on se fier au Nouveau Testament ?(Lethielleux, 1980), résumé d’un ouvrage monumental, Redating The New Testament, démontre de manière rigoureuse à partir d’une étude interne détaillée du texte des Evangiles qu’aucun d’entre eux ne peut avoir été rédigé après la prise de Jérusalem par Titus en l’an 70. Voici un bien rude coup porté à l’hégémonie universitaire de la critique biblique, et ceci par un savant qui ne saurait être rangé parmi les fondamentalistes intégristes!
L’abbé Carmignac est un des meilleurs spécialistes français de l’hébreu du premier siècle de notre ère. Des recherches minutieuses entreprises depuis 1963 l’ont conduit à démontrer de manière extrêmement plausible que les Evangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, avaient d’abord été rédigés en hébreu avant d’être transposés en grec. Dans la naissance des Evangiles synoptiques (Oeil, 1984), Carmignac écrit: « … les conséquences de ces constatations vont très loin : les Evangiles ont donc été rédigés bien plus tôt qu’on ne le dit habituellement. Ils sont beaucoup plus proches des faits. Ils ont une valeur historique de premier ordre. Ils contiennent les témoignages des disciples qui ont suivi et écouté Jésus. (…) Ces arguments scientifiques devraient réconforter les chrétiens et attirer l’attention des incroyants. Mais ils bouleversent les théories à la mode et donc ils seront âprement critiqués. » Est-il étonnant que nos exégètes en place se refusent de faire connaître des découvertes si peu favorables à une méthode critique vieille de plus de deux siècles?
Mais les auteurs français que cite Chaunu sont loin d’être les seuls à secouer vigoureusement l’édifice de la Haute-Critique biblique. L’abbé René Laurentin, journaliste au Figaro et prêtre charismatique dans le vent, est lui aussi un des spécialistes les plus éminents du NT. Dans un ouvrage massif mais d’une lecture très agréable consacré à l’un des grands thèmes de la mythologie critique, les Evangiles de l’enfance du Christ (Desclée, 1982, 635 p.), il démonte tranquillement les montagnes d’incroyance édifiées par des générations de savants sur les fondements bibliques de la doctrine chrétienne de l’incarnation. En appliquant au récit biblique les méthodes de critique de textes les plus modernes et, en particulier, celle de la sémiotique (théorie générale des signes, relation entre signes et signifiés, Robert), Laurentin démontre qu’une étude approfondie des textes relatant la naissance et l’enfance de Jésus-Christ conduisait à la constatation de leur cohérence interne et de leur fiabilité en tant que témoignages véridiques des événements qu’ils relatent. Dans sa préface au livre de Laurentin, le Cardinal Ratzinger écrit: « Il a appliqué les instruments de la critique moderne, avec toutes leurs ressources. A un réalisme naïf et superficiel, il a substitué un nouveau réalisme de l’intelligence, qui manifeste la relation spécifique entre l’événement et le langage, et qui découvre, précisément dans leur corrélation la richesse de la réalité. (…) Avec ce livre, les Evangiles de l’enfance nous sont redonnés à neuf. « (p.3-4) De son côté, l’abbé Armand Ory se consacre depuis plus de vingt ans au développement d’une nouvelle méthode d’étude des Evangiles, et plus particulièrement à l’estimation critique de la vraisemblance des diverses interprétations du texte biblique. Dans son ouvrage récemment traduit en français, Initiation à l’exégèse fonctionnelle (Oeil 1984), Ory applique au texte de l’Ecriture une analyse logique très rigoureuse, destinée à établir l’interprétation qui convient rationnellement le mieux à ce qu’il appelle la fonction précise du texte. Il présente sa méthode comme suit, « L’exégèse fonctionnelle est une méthode d’interprétation de l’Evangile, enracinée dans le contexte culturel du dernier quart du vingtième siècle. Elle apporte une réponse à une question de l’explication de l’Evangile à notre époque, notamment la valeur des genres littéraires. »(p.11) Pour chaque texte minutieusement analysé, Ory cherche d’abord sa fonction précise – récit historique, prophétie, parabole, but apologétique, etc.
Il examine ensuite de manière purement logique les diverses interprétations proposées pour déceler rationnellement si le but que le texte se donnait à lui-même est atteint par l’une ou l’autre des lectures. Les interprétations absurdes s’écroulent d’elles-mêmes. « Analysons tout d’abord les différents éléments de ce système. Tout est concentré sur le raisonnable et l’absurdité. Le raisonnable est supposé comme un caractère typique de l’homme. L’exégèse fonctionnelle suppose que l’homme agit raisonnablement et qu’on doit l’expérimenter après des siècles dans ses oeuvres, par exemple dans ses écrits. La bonne solution est indiquée par ce caractère raisonnable; les mauvaises par l’absurdité. Dès qu’une forme d’absurdité se manifeste, il faut se trouver devant une mauvaise signification. »(p.48) Il prend par exemple l’incident où Jésus marche sur les eaux, interprété d’une part littéralement comme décrivant un fait miraculeux et, d’autre part, comme une manière d’exprimer symboliquement la manière dont Jésus se dressait contre le mal. A une fonction descriptive s’oppose une fonction symbolique et moralisante. Ory analyse ensuite l’image de « marcher sur l’eau » comme expression symbolique de l’idée de se « dresser contre le mal » et en démontre l’entière absurdité: « .il semble évident que le lecteur doive trouver au récit évangélique une « fonction » adéquate. Seule celle qui exclut toute absurdité et implique partout la clarté et la compréhension peut être la bonne. Celui qui élimine le miracle semble se trouver pour le reste devant les absurdités. Celui qui admet le miracle se promène pour le reste dans le jardin du raisonnable. (…) L’interprétation d’un passage qui parvient à éviter toute absurdité, qui maintient partout le raisonnable et se situe en plus dans la ligne de la tradition, semble la seule bonne; celle qui se charge d’absurdités, ne maintient nulle part le raisonnable et rompt avec la tradition, ne peut être la bonne. Le maintien du miracle dans les faits et les récits est entouré de relations raisonnables; la transformation du surnaturel en naturel se noie dans les absurdités. »(p. 54-55) Voici, pour le moins, une analyse rationnelle de la Bible dont nous n’avions guère l’habitude.
Dans cette perspective, il est utile de signaler la parution prochaine d’un ouvrage du doyen des calvinistes français, Pierre Marcel, intitulé Face à la critique: le Christ et ses apôtres (Editions Kerygma d’Aix-en-Provence), dans lequel le pasteur Marcel démontre que « toute la méthode dite « critique » relève d’une « logique profane », et qu’elle se trouve sans aucune valeur face à une « logique chrétienne » capable de recevoir sans « discussion » l’Evangile de Dieu que nous apporte le Christ, ses apôtres, et l’Ecriture tout entière. » C’est cette nouvelle façon d’aborder la recherche biblique que nous trouvons dans les contributions très variées du recueil d’articles rassemblés en honneur du professeur Pierre Courthial, Fondements pour l’avenir (Kerygma, 1981) par des spécialistes de la Bible, tant réformés, évangéliques que catholiques. C’est ce même courant exégétique nouveau qui s’exprimait lors du congrès sur l’inspiration et l’autorité de la Bible qui s’est tenu du 20-24 novembre 1985 au Palais de la Femme à Paris. Ce sont ces exégètes qui ont l’audace de ne pas se plier aux modes du jour (même vieilles de plus de deux siècles) et qui, pour reprendre les paroles salubres du professeur Fuchs, retrouvent « le courage d’une lecture intelligente, honnête, ouverte sur les surprises d’un texte qui ne se laisse pas réduire à nos idées. »
* Claude Tresmontant: Le Christ hébreu.
- Edité par Berthoud Jean-Marc
QUELQUES BASES BIBLIQUES
Un des responsables dans l’église propose une journée de jeûne et de prière pour aider à résoudre un problème spirituel qui a surgi dans la communauté. Tout le monde n’est pas d’accord, il y a même de l’opposition. Que faire ? Certains citent Hudson Taylor, fondateur de la Mission à l’Intérieur de la Chine cet homme remarquable avait l’habitude de recourir au jeûne dès qu’il se trouvait en face d’un problème majeur. D’autres évoquent Esaïe 58 qui critique le jeûne pratiqué à l’époque. D’autres encore parlent de légalisme ou d’ascétisme, ressentant le jeûne comme un reste de judaïsme qui déforme la grâce. Enfin on tombe d’accord pour chercher une réponse dans la Bible.
La question se pose: Est-ce du légalisme que de jeûner? On découvre que le jeûne n’est pas ancré dans la loi mosaïque. S’il est légaliste dans le sens populaire du terme, alors l’apôtre Paul et l’Eglise primitive étaient légalistes (d’après Act 13.1-4; 2 Cor 6.5; 11.27), ce qui est inadmissible.
Le jeûne dans l’AT.
Moïse, le plus grand personnage de l’ancienne alliance, a deux fois jeûné pendant 40 jours en présence de Dieu. Son visage, radieux de la gloire céleste, a dû être voilé. De David, un homme selon le coeur de Dieu (1 Sam 13.14), il est dit six fois qu’il avait jeûné. Esdras, Néhémie, Esther, Elie, Joël et Daniel ont tous jeûné en temps de crise, ce qui démontre que cette pratique était courante parmi les chefs pieux de l’ancienne alliance.
Le jeûne dans le NT.
Jean-Baptiste jeûnait et l’enseignait à ses disciples (Mat 9.14). De la prophétesse Anne il est dit qu’elle servait Dieu par des jeûnes et des prières (Luc 2.37).
Jésus, notre grand exemple dans la vie spirituelle, jeûna avant d’être tenté par Satan (Mat 4.2). Après avoir expliqué aux disciples de Jean-Baptiste que ses propres disciples n’avaient pas de raison de jeûner tant qu’il était avec eux, Jésus indiqua qu’ils jeûneraient une fois que l’époux leur serait enlevé (Mat 9.15). Or tous les chrétiens sont censés être disciples. D’ailleurs il est dit de l’église d’Antioche que le Saint-Esprit appela Barnabas et Saul (plus tard Paul) alors qu’on jeûnait et qu’on leur imposa les mains après avoir jeûné et prié (Act 13.2-3).
Paul, qui nous enjoint de l’imiter tout comme lui-même imitait Christ, jeûnait souvent (1 Cor 4.16; 2 Cor 11.27; 6.5).
Il ressort de ces exemples que la pratique et le principe du jeûne concernent l’Eglise, malgré certaines réticences dues autant de nos habitudes (le confort et de luxe qu’à notre aversion contre le renoncement.
Jeûner – Pourquoi?
Le jeûne est un exercice de discipline physique personnelle qui consiste à s’abstenir totalement ou partiellement de nourriture et même de boisson, dans un but spirituel. Esaïe 58 montre que le côté spirituel du jeûne est si important que s’il est absent, le jeûne perd tout son sens.
Il est vrai que travailler sans manger est dur! Les genoux de David vacillent par l’effet du jeûne (Ps 109.24), mais cela ne l’empêche pas d’y persister. Le jeûne peut être le prix d’une communion profonde et d’une obéissance plus totale.
La Bible parle souvent d’affliction et de renoncement (Act 20.23; 2 Cor 4.17; Ps 35.13; Mat 16.24; Luc 14.33). Il nous est même dit que ceux qui sont au Christ-Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs (Gal 5.24). Une consécration authentique comporte donc abstinence et renoncement.
Tout cela nous montre que le jeûne est une pratique biblique et chrétienne. Cependant le coeur doit y être pour qu’il ait de la valeur. Jeûner signifie se consacrer tout spécialement à Dieu pour un temps dans un but particulier. L’AT parle pourtant d’une consécration encore plus poussée, dont il se dégage un enseignement chrétien profond:
Le Nazaréat.
Ce mot veut dire « s’abstenir ». Sous l’ancienne alliance, le voeu fait par un nazaréen était l’acte suprême de consécration. Dans la loi israélite, le nazaréat correspondait à une consécration volontaire et temporaire (Nom 6.13). Voici en quels termes le NT exprime le même principe, avec la différence qu’il s’agit ici d’un don de soi permanent: Je vous exhorte donc frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. (Rom 12.1).
Le voeu de nazaréat comportait trois exigences (cf Nom 6.1-8); elles symbolisent la somme du renoncement pour l’homme qui se consacre à Dieu. Voici les trois exigences
1. Laisser pousser les cheveux sans les couper. Cela équivaut à l’abandon du signe extérieur de la virilité, car c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux (1 Cor 11.14), quoi qu’en pensent nos contemporains. Peut-on y voir l’abstinence des activités conjugales pendant le temps du nazaréat? Nombres 6 n’en fait pas mention. A nous d’en tirer l’enseignement que le Seigneur nous montrera, sans toutefois oublier l’avertissement donné par Paul dans 1Cor 7.5.
2. S’abstenir de vin et de toute boisson alcoolique; ne pas manger de raisins. Il s’agit du renoncement librement consenti à certains plaisirs ou certaines joies autrement tout à fait légitimes, joies que chante le psalmiste quand il parle du vin qui réjouit le coeur de l’homme (Ps 104.15).
3. N’avoir aucun contact avec la mort. Dans une culture qui attachait grande importance à l’honneur dû aux défunts et à leur enterrement honorable, cette exigence devait être ressentie comme particulièrement frustrante. L’explication se trouve dans le fait que la mort est le salaire du péché (Rom 6.23), de sorte que le nazaréen qui touchait un mort se rendait impur. Cette exigence signifie donc l’éloignement de tout ce qui est impur.
Si nous appliquons au jeûne les enseignements que nous avons pu tirer du nazaréat, nous pouvons dire que le jeûne est le témoignage visible d’une attitude de coeur qui démontre l’intensité de notre foi et de notre dévouement envers le Seigneur, une mise en croix délibérée du Moi et des appétits, dans le but de se concentrer sur les valeurs spirituelles, notamment la prière.
Temps de crise.
A l’époque d’Esdras et de Néhémie, d’Esther et de Daniel, le jeûne était pratiqué en temps de crise. Ne sommes-nous pas dans un temps de crise morale et spirituelle? On n’ose plus parler de morale chrétienne sans provoquer les ricanements, même dans des cercles qui se veulent chrétiens… Des perversions telles que l’homosexualité sont acceptées comme allant de soi, ainsi que les pires dérèglements sexuels. La violence, le vandalisme, le terrorisme n’étonnent même plus. Belle « civilisation » où l’assassinat de millions d’enfants est toléré sous prétexte que ce ne sont « que des embryons » (non pas qu’on hésiterait devant les foetus…).
Les valeurs les plus nobles de notre culture qui, ne l’oublions pas, est d’inspiration chrétienne, sont en train d’être démolies à un rythme effrayant. Ne serait-ce pas le moment de repenser certaines de nos conceptions modernes et de retourner à la frugalité, l’abnégation et l’abaissement qui ont si souvent marqué la vie et le caractère de tant de héros de la foi, tant dans le domaine ecclésiastique que dans la vie politique ?
Homer PAYNE.
- Edité par Payne Homer
Les scientifiques de notre époque se posent depuis quelques années une question qui a déjà fait l’objet de bien des écrits philosophiques: pourquoi tout organisme vivant est-il condamné à vieillir puis inéluctablement à mourir? Les scientifiques se la posent d’autant plus que depuis quelques décennies, compte tenu des progrès de la médecine, de l’hygiène et de la nutrition, la durée de la vie humaine s’est allongée de nombreuses années.
Limite d’âge.
L’espérance de vie est de plusieurs dizaines d’années, sinon le double, de ce qu’elle était au milieu du siècle dernier. Et les médecins se demandent jusqu’à quel âge on pourra encore reculer l’échéance fatale qui pèse sur tout homme depuis Adam.
Des études très complexes sur lesquelles il serait inutile de s’étendre ici ont montré que l’homme a toutes les aptitudes nécessaires pour vivre jusqu’à 120 ans. Diverses équipes sont arrivées à la même conclusion et l’on peut se rendre compte que les doyens de notre planète, si l’âge qu’on leur prête est exact, se trouvent à cette limite. Le doyen actuel, un japonais nommé lzumi, a eu exactement 120 ans cette année. Cet âge caractéristique, sur lequel les scientifiques viennent de tomber d’accord, se trouve être exactement celui que Dieu a donné également comme limite supérieure après que les hommes aient commencé à peupler la terre :Désormais ils ne vivront pas plus de cent vingt ans (Gen 6.3).
Vieillissement: pourquoi?
A une époque où la plupart des maladies et des fléaux qui décimaient jadis les populations ont disparu, pour être remplacés, il est vrai, par d’autres maladies encore mal connues, comme le cancer, mais pourtant moins dévastatrices, les scientifiques semblent donc se tourner vers l’allongement de la vie et étudient sérieusement les causes de la mort.
Les biologistes se sont en effet aperçus que les cellules humaines prélevées sur des vieillards sont encore capables de se multiplier de nombreuses fois, bien plus que ce qu’elles feraient dans l’organisme lui-même. Elles disposent donc d’un potentiel de vie inhérent, mais elles dégénèrent rapidement dans l’organisme. Un phénomène appelé sénescence se produit alors qui transforme peu à peu, de façon irréversible, des cellules saines en cellules séniles, peu fonctionnelles et de moins en moins actives. L’étape finale est la mort de la cellule.
Tous, scientifiques ou non, nous avons déjà contemplé un organisme mort alors qu’il était bien vivant peu de temps avant. Rien extérieurement ne permet de distinguer les deux stades, sinon la vie, cette organisation de la cellule et des organismes que la science n’arrive pas à expliquer, que la Bible appelle parfois le mouvement et l’être, mais le plus souvent le souffle de vie. (Gen 1.30; 6.17; Ps 104.29; Job 33.4).
Vie et mort.
La vie est un état d’organisation et de structure de la matière qui n’existe qu’en soi et qui est tellement complexe que les scientifiques ont de plus en plus de difficultés à admettre qu’elle soit apparue par hasard, mais nous reviendrons dans un autre article sur cette question. Chaque organisme vivant, naît, grandit, vieillit, puis meurt. Cet ordre inéluctable des choses est voulu de Dieu depuis la chute de l’homme et son renvoi du jardin d’Eden: Tu es poussière et tu retourneras à la poussière (Gen 3.19). L’homme, nous dit la Bible, a entraîné la nature dans sa chute (Gen 3.17-18).
La mort est-elle vraiment inéluctable? se demandent les savants aujourd’hui. N’est-elle que la conséquence du vieillissement qui fait actuellement l’objet de nombreuses recherches et dont certains résultats commencent à être connus (dérèglement du métabolisme, production de radicaux libres ou oxydants détériorant les cellules, etc) ? La mort n’est-elle pas portée dès la naissance par le patrimoine génétique ? Cette nouvelle façon de concevoir la mort est surprenante, mais il semble effectivement que certains gènes, qui ont déjà été appelés les gènes de la mort, soient directement responsables de la sénescence et de la mort.
Des travaux en cours sur les fruits, certains champignons, des insectes, montrent que de nombreux caractères nouveaux apparaissent avec la sénescence, véritable horloge biologique à retardement. Le nombre de gènes impliqués et l’enchevêtrement de leurs actions sont tellement nombreux et variables selon les espèces qu’on n’arrivera probablement jamais à disséquer et à empêcher le processus.
Les règles du jeu pourraient-elles être changées ? Dieu seul le peut. Si l’on analyse le 5ème chapitre du livre de la Genèse, on s’aperçoit que les premiers hommes vivaient en moyenne… 900 ans! Adam vécut 930 ans, Mathusalem 969 ans (le doyen de tous les temps) et Noé 950 ans. La limitation de la durée de vie des hommes rapportée par Gen 6.3 s’est traduite par une diminution progressive (200 ans en moyenne pour les descendants de Noé, Gen 11) puis ralentie.
Longévité extensible?
L’homme peut-il par lui-même allonger sa vie? Certains régimes alimentaires, certaines cures de jouvence ou autres élixirs n’ont jamais été d’une grande efficacité, pas plus que certains traitements à base d’hormones ou transplantations d’organes qui ont enrichi plus d’un charlatan. La presse nous a parlé également il y a quelque temps d’un riche homme d’affaires qui souhaitait se faire congeler et attendre que la science ait découvert un remède à sa maladie aujourd’hui incurable.
Quelle est aujourd’hui votre propre espérance de vie? Espérez-vous vivre le plus longtemps possible ou avez-vous une autre espérance de vie, d’une vie éternelle? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? (Luc 12.25). Bien des chrétiens n’ont pourtant de l’inquiétude que pour leur vie terrestre et ne prient que pour leur avenir dans ce monde.
Temporel ou éternel?
La Bible nous dit que c’est une profonde erreur, source de nombreuses déceptions: Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ nous sommes les plus malheureux de tous les hommes (1 Cor 15.19). La vie humaine est limitée. Tôt ou tard, il nous faudra comparaître levant celui qui jugera notre vie et nous accordera ou non de vivre avec lui pour l’éternité.
Qu’avez-vous choisi ? Vous inquiétez-vous pour cette vie bien courte ou au contraire vous inquiétez-vous pour la vie à venir, celle qui n’aura pas de fin, où la mort n’aura plus d’emprise et que nous passerons dans une parfaite communion d’amour avec notre Seigneur Jésus-Christ? Combien ces petites années gagnées par la science et la médecine nous semblent dérisoires à côté de la vie éternelle dans le royaume de Dieu! Tant de chrétiens semblent oublier, alors que cette espérance devrait être sans cesse devant nos yeux et dans nos esprits.
J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous (Rom 8.18). Cette gloire et cette espérance sont pour tous ceux qui ont cru et accepté Jésus-Christ dans leur vie (Jean 3.5; 10.28). Où est ton espérance aujourd’hui ?
- Edité par Deschamps Alain
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