PROMESSES
Les cieux racontent la gloire de Dieu,
Et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains.
Le jour en instruit un autre jour,
La nuit en donne connaissance à une autre nuit.
Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles
Dont le son ne soit point entendu :
Leur retentissement parcourt toute la terre,
Leurs accents vont aux extrémités du monde,
Où il a dressé une tente pour le soleil.
Et le soleil, semblable à un époux qui sort de sa chambre,
S’élance dans la carrière avec la joie d’un héros ;
Il se lève à une extrémité des cieux,
Et achève sa course à l’autre extrémité :
Rien ne se dérobe à sa chaleur.
La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme ;
Le témoignage de l’Éternel est véritable, il rend sage l’ignorant.
Les ordonnances de l’Éternel sont droites, elles réjouissent le cœur ;
Les commandements de l’Éternel sont purs, ils éclairent les yeux.
La crainte de l’Éternel est pure, elle subsiste à toujours ;
Les jugements de l’Éternel sont vrais, ils sont tous justes.
Ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup d’or fin ;
Ils sont plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons.
Ton serviteur aussi en reçoit instruction ;
Pour qui les observe la récompense est grande.
Qui connaît ses égarements ?
Pardonne-moi ceux que j’ignore.
Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux ;
Qu’ils ne dominent point sur moi !
Alors je serai intègre, innocent de grands péchés.
Reçois favorablement les paroles de ma bouche
Et les sentiments de mon cœur,
O Éternel, mon rocher et mon rédempteur !
- Edité par _Anonyme
Pourquoi parler d’un livre sur l’écologie, édité pour la première fois en 1971 et réédité fin 2015, au moment où la COP 21 se déroulait à Paris, en France ?
Ce sont les éditions BLF qui ont réédité[note]
La version anglaise fut publiée en 1971 et traduite en français en 1974 : Francis Schaeffer, La pollution et la mort de l’homme, Guebwiller, LLB, 1974. Réédition BLF, 2015.[/note] La pollution et la mort de l’homme : un point de vue chrétien sur l’écologie, de Francis Schaeffer, philosophe et théologien évangélique (1912-1984). Leur directeur s’en explique : « Nous apprécions beaucoup l’auteur et le sujet abordé était on ne peut plus actuel. C’est pour cela qu’on l’a pris dans notre catalogue à la veille de la COP21. Entre les climato sceptiques et ceux qui ont une vision très humaniste de la création, il nous semblait pertinent de porter une voix évangélique qui présente une vision biblique de la création. Elle se résume très bien dans la citation de Francis Schaeffer : “Nier la valeur de la création revient à insulter le Créateur.” »
Écrit au moment des premières prises de conscience sur les enjeux écologiques[note]Nous pouvons dater le premier avertissement de la crise écologique, et peut-être le premier déclencheur du mouvement environnemental, en 1962, année marquée par la sortie du livre de la biologiste Rachel Carson, Le Printemps silencieux. C’est à ce moment que sont nés les mouvements comme « les Verts » et que s’est développée une conscience écologique.[/note], La Pollution et la mort de l’homme reste toujours aussi actuel sur un sujet qui n’a jamais cessé de l’être (plus de 40 ans plus tard, les premières alertes se sont malheureusement avérées !), et le relire aujourd’hui se justifie pour ses multiples intérêts : historique, sociologique, philosophique et théologique. Il est également révélateur de l’intérêt des protestants évangéliques aux questions environnementales, et ce, depuis quarante ans, contrairement à ce qu’une vision caricaturale pourrait laisser entendre.
Le titre est explicite : il s’agit d’une question de vie ou de mort ! Car, prévient Francis Schaeffer, « si l’homme est incapable de résoudre ses problèmes écologiques, ses ressources vont disparaître » et même « il n’aura plus tout l’oxygène nécessaire à sa respiration si l’équilibre des océans est trop dérangé » (p. 11).
Or, tout le monde (ou presque) s’en moque : Francis Schaeffer rappelle avec pertinence qu’ « à l’approche de sa mort, Darwin reconnut à plusieurs reprises dans ses écrits que deux choses auraient perdu de leur intérêt à mesure qu’il vieillissait : les plaisirs de l’art et de la nature ». Et Francis Schaeffer déclare être convaincu « que ce qui affecte aujourd’hui toute notre culture n’est rien d’autre que ce que Darwin avait vécu en son temps » (p. 10)[note]Bien avant lui, Hannah Arendt faisait ce même rapprochement troublant entre la nature et la culture : le mot « culture », d’origine romaine, vient de « cultiver », « demeurer », « prendre soin », « entretenir », « préserver », dans le sens « de culture et d’entretien de la nature en vue de la rendre propre à l’habitation humaine » (La crise de la culture, Folio essais, 2014, p. 271). Mais alors que « les Romains tendaient à considérer l’art comme une espèce d’agriculture, de culture de la nature, les Grecs tendaient à considérer même l’agriculture comme un élément de fabrication, comme appartenant aux artifices techniques ingénieux et adroits, par lesquels l’homme, plus effrayant que tout ce qui est, domestique et domine la nature ». Les Grecs comprenaient l’activité de labourer la terre-« ce que nous considérons comme la plus naturelle et la plus paisible des activités humaines »-comme « une entreprise audacieuse, violente dans laquelle, année après année, la terre, inépuisable et infatigable, est dérangée et violée. Les Grecs ne savaient pas ce qu’est la culture parce qu’ils ne cultivaient pas la nature mais plutôt arrachaient aux entrailles de la terre les fruits que les dieux avaient caché aux hommes » (op. cit., p. 272-273).[/note]. Les protestants évangéliques, pourtant « attachés à la saine doctrine », ne montrent pas « le bon exemple aux incroyants » en ne se préoccupant pas de nature et de culture.
Dans le même ordre d’idée, Francis Schaeffer soulève, pour mieux la réfuter, une erreur d’interprétation relative au mandat créationnel de l’homme, commise depuis l’universitaire Lynn White en 1967. Le commandement donné par Dieu à l’homme en Genèse 1 de « dominer » signifie-t-il « permis d’exploiter sans mesure » des ressources susceptibles d’être « infinies » ? Le christianisme serait-il responsable de la pollution et de la crise écologique ? S’appuyant sur les Écritures, Francis Schaeffer répond « non » : au contraire même, la foi chrétienne bibliquement fondée, bien comprise et vécue avec authenticité, conduit à garder (protéger) la terre et non à la détruire.
Cette vision juste, bonne et sage de la création reste le meilleur antidote, selon Schaeffer, aux impasses d’autres philosophies et visions du monde non bibliques de la nature ; ces visions ne sauraient être de meilleures solutions pour résoudre les problèmes écologiques. Pas plus qu’un pseudo-christianisme médiocre, désincarné et déconnecté des réalités ne saurait être une vision fidèle à la pensée biblique sur la création.
À l’inverse, selon Francis Schaeffer, « individuellement et collectivement », les chrétiens devraient être de ceux qui s’appliquent dans leur vie pratique à être, par la grâce de Dieu, un facteur de rédemption, de guérison et de réconciliation « entre Dieu et l’homme, entre l’homme et lui-même, entre l’homme et son prochain, entre l’homme et la nature et au sein de la nature elle-même » (p. 77-78). Le chrétien qui connaît et aime le Dieu qui est amour et créateur, est censé agir avec amour, intégrité et respect envers ce que Dieu a créé.
Et à l’heure où le principe de précaution est sans cesse remis en question, quand il n’est pas dénigré[note]Le principe de précaution a été intégré dans la Constitution française en 2005, par Jacques Chirac alors que la droite était majoritaire au Parlement. Il y a bientôt vingt ans, le Conseil d’État s’appuyait sur le principe de précaution pour empêcher la culture de maïs transgénique en France. Depuis, le principe de précaution est invoqué pour tenter de freiner la banalisation de produits toxiques, des pesticides aux perturbateurs endocriniens, en passant par les nanoparticules.[/note], sous prétexte qu’il serait « un frein à l’innovation », le plaidoyer de Francis Schaeffer prend tout son sens et toute sa pertinence pour notre génération : le chrétien devrait être celui qui accepte de s’autolimiter, c’est-à-dire de « ne pas faire tout ce qu’il peut », pour en tirer un maximum de bénéfices. En toute cohérence, il saura dire « non » ou « stop » à tout abus de la terre, si pure, si belle, comme à toute tentative de traiter un homme « en objet de consommation, destiné à rapporter le plus de bénéfices possibles » (p. 83-85).
Son devoir sera « de refuser aux hommes le droit de violer notre terre », comme il leur est refusé « de violer nos femmes » (p. 80). Loin de toute crainte de perdre, ce choix éthique, inspiré par une vision biblique, permettra au contraire à l’homme de recevoir « bien plus que cela », sur le long terme et de façon durable : l’amour et des relations authentiques, libératrices et porteuses de sens.
En conclusion, j’ai trouvé ce livre stimulant, fluide et facile à lire, quoique parfois répétitif. Mais cela reste un « défaut » mineur. Ceci dit, il me paraît tout à fait recommandable pour qui souhaite, avec « un cœur honnête (loyal) et bon » (Luc 8.15), examiner les bonnes raisons bibliques de se sentir concerné par l’écologie. D’autant plus que l’écologie, c’est la « bonne gestion » responsable et respectueuse de « notre maison commune », non pour notre seul intérêt mais aussi pour le bien des autres, avec le souci de « servir » la terre comme nous servirions ou rendrions un culte à notre
- Edité par Schaeffer Francis
Commission d’éthique protestante évangélique
Dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, la Commission d’éthique protestante évangélique de France a publié en octobre 2015 un document dont nous donnons ici un extrait.
L’énergie
[…] Le problème de la transition énergétique se pose différemment selon les pays (suites du nucléaire pour la France, recours croissant au charbon en Allemagne ou en Chine, pétrole et gaz de schistes aux États-Unis, en Chine, etc.).
On ne peut qu’être solidaires, en tant que chrétiens, des appels à nos gouvernants pour des mesures urgentes, volontaristes et concertées, dépassant les intérêts nationaux, visant à promouvoir au maximum les énergies renouvelables, mais aussi les économies d’énergie et autres mesures.
Les ressources de la planète
Depuis 1970, notre consommation dépasse ce qui est produit, et le phénomène s’accentue. […]
Sans nous prononcer sur les débats techniques autour des notions de développement durable ou de décroissance, il nous semble que les approches telles que la sobriété heureuse, la simplicité volontaire ou la décroissance soutenable ont le mérite d’attirer l’attention des populations déjà nanties que nous sommes sur le fait que les ressources de la planète ne sont pas inépuisables.
Nous appelons nos gouvernants à mettre en œuvre des mesures concrètes alternatives au tout-croissance et au tout-consommation pour tous, et à faire œuvre à la fois d’exemplarité et de pédagogie politique pour aider à une prise de conscience de nos concitoyens sur ce plan. […]
On pourrait aussi sortir de nos modes de vie individualistes et retrouver le sens de la communauté et du partage des ressources, à la manière des premiers chrétiens, décrite dans le livre des Actes des Apôtres. Il est significatif que certains spécialistes étudient comme voie d’avenir la remise en cause de la notion de propriété des ressources naturelles, des connaissances et des réseaux de communication[note]Voir, par exemple Y. C. Zarka, L’inappropriabilité de la Terre, Principe d’une refondation philosophique, Armand Colin, 2013 et P. Dardot, C. Laval, Commun, Essai sur la révolution au XXIe siècle, La Découverte, 2014.[/note]. La terre appartient au Seigneur et il offre ses biens à tous les humains.
Nos styles de vie
Mais à trop inviter nos gouvernants à agir, il ne faudrait pas que nous nous croyions, en tant que citoyens, dégagés de toute obligation. De nombreuses pistes gagneraient à être explorées sur le plan du comportement individuel et les chrétiens pourraient avoir une attitude beaucoup plus volontariste pour participer à cette œuvre collective de réflexion et d’action[note]Collectif, Consommation et gestion du temps. Quels choix éthiques pour un style de vie prophétique ?, Emmaüs, 2008. Collectif, La fin d’un monde : quel avenir pour l’homme et son environnement ?, Farel et GBU, 2012. Collectif, Vivre en chrétien aujourd’hui – Repères éthiques pour tous, p. 663 – Maison de la Bible, 2015.[/note]. La préoccupation n’est pas nouvelle : le Mouvement de Lausanne a, dès 1980, exhorté les chrétiens à mener un style de vie simple[note]Un engagement évangélique pour un style de vie simple, texte du Mouvement de Lausanne du 20 juin 1980. Disponible dans le Cahier de l’École Pastorale n° 65, Croire Publications, 3e trimestre 2007, ou sur le site internet du Défi Michée.[/note]. D’abord par obéissance au Christ mais aussi, parce qu’interpellés par une pauvreté qui offense le Créateur, nous voulons « vivre avec moins et donner davantage ». Nous reconnaissons aussi que nous avons tous besoin, quelle que soit notre situation sociale, de nous encourager à sortir du piège spirituel de la convoitise qui détruit l’humanité et la création.[note]À cet égard, nous rejetons la théologie de la prospérité qui encourage cette convoitise. Voir sur ce sujet le document : La Théologie de la prospérité, Les Textes du CNEF, Éditions BLF, 2012.[/note]
Il est important de ne pas baisser les bras devant la complexité de la situation, et il y a place pour que des chrétiens se sentent parties prenantes d’initiatives de plus en plus nombreuses dans des domaines très variés, par exemple : les économies d’énergies, l’économie circulaire, les pratiques alternatives de l’économie sociale et solidaire qui incluent, notamment, les activités mutualistes, coopératives et associatives, l’économie collaborative, la finance participative, l’entrepreneuriat social, et l’habitat groupé, en n’oubliant pas le rôle des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il est urgent d’être inventifs dans tous nos secteurs de vie, y compris dans nos vies d’Églises et d’Unions d’Églises.
Et l’enjeu est aussi éducatif. « La question n’est pas seulement : Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? mais aussi : Quels enfants laisserons-nous à notre planète ? »[note]P. Hégé, dans : Collectif, Vivre en chrétien aujourd’hui – Repères éthiques pour tous, p. 675 – Maison de la Bible, 2015.[/note]
Le colibri
Quelle que soit la pertinence de ces initiatives, on peut avoir, au bout du compte, le sentiment d’ « apporter une goutte d’eau dans la mer », d’autant plus qu’il est quasiment impossible d’avoir une vue d’ensemble complète de tous les paramètres pertinents. Il peut alors être intéressant de se sentir solidaires de certains mouvements comme la sobriété heureuse, qui s’appuie sur la parabole amérindienne du colibri, racontée par Pierre Rahbi.
« Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux, terrifiés, atterrés, observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! ». Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. » »
[…] Nous croyons qu’en Christ aucune action juste n’est perdue. Il faut souligner que, pour faire sa part, le chrétien dispose d’une ressource extrêmement précieuse, de nature à lui donner une motivation indéfectible : une liberté absolue par rapport à l’obligation de résultat : nous devons faire tous nos efforts pour travailler à la justice, à la paix et à la sauvegarde de la création, mais nous croyons que tout dépend de Dieu pour les moyens et pour ce but à atteindre. Pour expliciter cette singularité, il faut redire ce qu’est le rôle du chrétien dans la société.
Quel engagement ?
Nous croyons que la protection de l’environnement est « un aspect de l’Évangile qui entre dans le cadre de la seigneurie du Christ »[note]Dans L’Engagement du Cap (Troisième Congrès de Lausanne pour l’évangélisation du monde) – Une confession de foi et un appel à l’action, I 7 A, Éditions BLF, 2011.[/note].
Le Christ, dans sa vie sur terre, est venu montrer l’amour de Dieu pour tous en donnant sa vie sur la croix et en ressuscitant, pour que chacun puisse saisir la main tendue de Dieu le Père et vivre, par le Saint-Esprit, une vie réconciliée avec Dieu. Et cette vie doit nous conduire à faire face aux problèmes de ce monde, à travailler pour la paix, la justice, le service du prochain et de la création, en posant, par notre manière d’être, des manifestations encore imparfaites du Royaume de Dieu. Mais ce Royaume, c’est le Christ qui l’établira pleinement lors de son retour. Pour les chrétiens, il s’agit essentiellement de témoigner dans ce monde qu’un nouveau mode de relations est possible, fondé sur l’amour et le respect mutuel. À nous d’être inventifs, en particulier pour un mode de vie renouvelé et qui fasse envie sur tous les plans, comme signe du Royaume.
C’est ce qui doit nous permettre cet « engagement dégagé » cher à Jacques Ellul, et qui s’appuie aussi sur l’importance première donnée à la prière fervente, confiante en l’action de Dieu.
Encore faut-il qu’engagement il y ait, et c’est notre exhortation, sur la base de la promesse du livre de l’Apocalypse, promesse « de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre, où la justice habitera ». C’est notre espérance finale, qui fonde notre engagement persévérant dans le présent.
- Edité par d'éthique protestante évangélique Commission
C’est une campagne menée tambour battant dont les idées infusent la société : les enfants polluent. Pour « sauver la planète », trier ses déchets, réduire sa consommation de viande ou limiter ses déplacements en avion n’auraient qu’un faible impact comparé au fait d’avoir un enfant de moins, disent les anti-natalistes du mouvement GINK, pour Green Inclinations, No Kids (inclinations vertes, pas d’enfants).
Ne pas faire d’enfants pour les plus radicaux, faire « un enfant de moins » pour les modérés, serait une solution efficace face aux défis du changement climatique, de la surconsommation, et des troubles majeurs de ce monde. Un sacrifice raisonnable en somme. Un sacrifice, mais à qui ? À Gaïa, la déesse de la Terre ? À sa bonne conscience ?
Considérer un enfant comme externalité malheureuse est dangereux. Cela peut prendre aussi des accents colonialistes et racistes, quand par exemple, l’organisation britannique Population Matters proposait en 2009 à ses concitoyens de « compenser » leurs émissions de CO2 en finançant une campagne de stérilisation des femmes en Éthiopie. Ou encore en signant un manifeste demandant aux membres de l’Union européenne de ne plus accueillir de réfugiés syriens, au plus fort de la guerre civile. En prônant cette idéologie résolument pessimiste et contraire aux Droits de l’homme, ces femmes et ces hommes oublient-ils qu’ils ont, eux-mêmes, un jour été des enfants ? Ou alors reprochent-ils à leurs parents d’être nés et condamnés à vivre dans un monde dominé par la souffrance ? Quelle tristesse de voir un vide dans le cœur de ces personnes qui — à l’instar du philosophe David Benatar — pensent qu’en donnant naissance à un enfant, on inflige à un être une quête existentielle perpétuelle, ponctuée de petits plaisirs et de grands malheurs avec pour seule fin la mort. Ce serait bien évidemment dramatique si c’était complètement vrai. Ça l’est partiellement.
Si la vie a ses plaisirs, au bout du compte, sans Dieu, tout est vanité comme l’écrivait l’Ecclésiaste. Sauf que la vie ne s’arrête pas à la mort physique. L’homme n’est pas seul dans ce monde. Accueillir un enfant, dans sa propre famille, celle de ses voisins, d’amis ou de membres de l’Église est un cadeau magnifique. Cet enfant n’est pas un futur pollueur, mais une créature merveilleuse, voulue et aimée par Dieu.
- Edité par Métreau David
Depuis la publication de l’ouvrage phare de Peter Singer, Animal Liberation, en 1976, le thème de la relation morale de l’humanité avec les animaux est devenu un sujet particulièrement controversé. Sans surprise, les chrétiens ont commencé à revisiter la question des droits des animaux. Les végétariens chrétiens, comme ils s’appellent eux-mêmes, se sont mis à proclamer leur mode de vie plus « humain » comme une extension logique de la rédemption trouvée en Christ. À la lumière de ces évolutions, il est maintenant nécessaire que l’Église examine à nouveau ce que dit l’Écriture sainte à propos de la relation de l’humanité avec les animaux, en comparant cette relation à celle défendue par ceux qui s’appellent des « végétariens chrétiens » et des « défenseurs chrétiens des droits des animaux ». Pour ce faire, cet article définira la question, examinera cette question du point de vue du théologien des droits des animaux Andrew Linzey, puis évaluera ses idées à la lumière des Écritures.
Définitions
Commençons par définir certains termes.
Le concept de « droits des animaux » pose comme principe que les animaux en tant qu’individus ont les mêmes droits que ceux que l’on croit appartenir à l’homme, ou du moins des droits similaires à ceux-ci. Ces droits comprendraient le droit à la vie, à la liberté et à la latitude de vivre sans être dérangés par les humains. Cette théorie diffère de la doctrine du « bien-être des animaux », selon laquelle les êtres humains peuvent manger, chasser, piéger, pêcher et élever des animaux, à condition que les animaux soient traités de manière responsable.
Les végétariens sont des personnes qui refusent de manger de la chair animale, mais qui mangent et portent des produits d’origine animale (tels que le fromage, le lait et la laine) qui n’exigent pas la mort de l’animal.
Les végétaliens (vegans), eux, refusent de manger ou de porter tout produit provenant directement ou indirectement d’animaux, y compris les produits testés sur des animaux.
Les végétariens chrétiens, malgré une certaine diversité, estiment que le principe chrétien d’intendance de la terre selon Dieu justifie fortement, sinon exige, l’adoption d’un mode de vie végétarien. Ils croient que le végétarisme accomplit la volonté de Dieu pour la gérance de l’humanité de quatre manières essentielles.
Tout d’abord, ils soutiennent que le végétarisme était le plan original de Dieu dans la création.
Deuxièmement, le végétarisme, en réduisant la mort animale, représente la compassion du Christ pour la création.
Troisièmement, il illustre une gestion selon Dieu de la terre par un mode de vie plus simple, dans la mesure où les végétariens consomment moins de ressources.
Enfin, le végétarisme témoigne d’une meilleure responsabilité individuelle dans la mesure où il est un mode de vie plus sain.[note]Stephen R. Kaufman and Nathan Braun, Vegetarianism as Christian Stewardship, Vegetarian Advocates Press, 2002, ix.[/note]
Comme on peut le constater, le sujet du végétarisme chrétien est varié et nécessite une évaluation, tant du point de vue théologique que scientifique. Il convient de souligner que la relation entre le végétarisme et les droits des animaux n’est pas symétrique. Mais si on prétend être un activiste des droits des animaux, alors on doit être végétarien pour rester cohérent. Cependant, vous pouvez être végétarien sans être un activiste des droits des animaux.
La théologie d’Andrew Linzey
Le premier ouvrage d’Andrew Linzey, intitulé Droits des animaux : une évaluation chrétienne du traitement des animaux par l’homme, a paru en 1976, la même année que Animal Liberation de Peter Singer. Depuis, Linzey, un ministre anglican, a continué à développer ses arguments en faveur d’une vision chrétienne des droits des animaux. L’argumentation du Dr Linzey présente des thèmes intéressants pour le chrétien par rapport à la Bible. Ses points de vue concernent notre vision de l’homme, la place de l’humanité dans la création, le statut des animaux, l’étendue de l’œuvre rédemptrice du Christ et les participants à l’au-delà.
En discutant de la théologie de Linzey, il faut donc considérer deux questions clés. Premièrement, quel est le statut moral des animaux ? Deuxièmement, l’humanité peut-elle moralement manger des animaux ?
En un mot, selon la théologie de Linzey sur les animaux, le but premier de Dieu pour l’homme et la bête était qu’ils vivent dans une harmonie non violente. L’un ne devait pas nuire à l’autre. La chute, cependant, a changé cette relation. Mais Dieu, à travers Jésus-Christ, cherche à tout racheter et à tout restaurer, y compris la relation entre les animaux et l’homme. Par conséquent, les chrétiens, en tant que disciples du Christ, doivent prendre soin des animaux et travailler à leur restauration, car la cruauté est un athéisme.
Linzey fonde sa thèse sur deux points principaux : l’alliance de la création et l’exemple du Christ.
Tant l’humanité que le monde animal font partie d’une même communauté puisque tous deux tirent leur vie de l’esprit de Dieu, ont été formés de la poussière du sol et partagent la même bénédiction de croître et multiplier. Dieu avait originellement conçu Adam et Ève pour être végétariens. Leur domination visait à garder le jardin non seulement pour le bénéfice des hommes mais aussi pour le bénéfice de la création animale. Genèse 9 n’est qu’une concession par laquelle Dieu permettait à l’homme de tuer des animaux par nécessité. Puisque ce n’est plus nécessaire pour vivre, nous ne devons donc plus le faire.
En Christ, la puissance s’est exprimée dans l’humilité. Comme représentants de Christ, nous devons servir les « moindres de ceux-ci » (cf. Mat 25.45). Christ est mort pour réconcilier le monde, donc les animaux et toute la création avec lui-même. En Christ nous devons aider à faire advenir le royaume de paix prophétisé en Ésaïe 65. Enfin, Christ, comme Logos, a contribué à la création des animaux et il est donc concerné par eux comme plusieurs paraboles le suggèrent.
La plus grande objection à cette théorie vient du système sacrificiel de l’A.T. Linzey s’étonne que Dieu puisse aimer les animaux et pourtant apprécier leur mort (Gen 8.20-21). Mais pour Linzey, le sacrifice revient à libérer la vie de l’animal pour être avec Dieu.
À l’objection que Jésus a mangé du poisson, Linzey répond que Christ vivait dans un certain contexte et qu’il était limité pour résoudre tous les problèmes.
Une évaluation critique des vues de Linzey
La faiblesse du travail de Linzey vient de ce qu’il ne se base pas suffisamment sur les textes bibliques pertinents sur le sujet (1 Tim 4.3 ; Marc 7.19 ; Rom 14.1-2).
Concernant l’alliance de la création, Linzey exagère l’étendue des ressemblances entre les animaux et les hommes. Genèse 2 nous indique spécifiquement que Dieu a soufflé une respiration de vie en Adam. Seul l’homme est fait « à l’image de Dieu » (Gen 1.26 ; cf. Ps 8). Dieu a développé une relation avec l’homme comme il ne l’a jamais fait avec aucun animal. Le verbe « dominer » n’est jamais utilisé pour les animaux. Enfin la transgression d’Adam et Ève est d’autant plus grave qu’ils auraient dû dominer sur le serpent et le chasser pour blasphème. Et si Adam et Ève étaient probablement végétariens (selon Gen 9.3), Linzey oublie que nous ne pouvons pas retourner dans le jardin d’Éden.
Concernant l’exemple du Christ, Linzey a certainement raison de dire que suivre Christ ne veut pas dire l’imiter exactement : par exemple, Christ ne demande pas à chacun de souffrir le martyre. Mais le comportement de Christ face aux animaux donne un exemple de domination qui va à l’opposé des vues de Linzey. Christ a démontré son pouvoir à ses disciples en tuant des animaux (Luc 5.4-6 ; Mat 17.27). N’aurait-il pas pu créer une pièce à partir de rien ?
Une proposition pour une vision biblique des animaux
Quelle synthèse peut émerger si nous prenons en compte l’ensemble des Écritures ? Je crois que la vraie réponse ne réside pas dans l’utilitarisme (faites ce que vous voulez avec les animaux) ou dans la théorie des « droits des animaux » de Linzey. Elle consiste plutôt à accepter nos « responsabilités de domination ».
Premièrement, les animaux, comme toute la création, appartiennent ultimement à Dieu. L’humanité doit traiter la propriété de Dieu comme telle. Cela signifie que la propriété de Dieu doit être traitée comme Dieu le veut. Traiter quelque chose au-dessus ou au-dessous de sa position reviendrait à en faire soit une idole, soit un élément sans valeur. Linzey n’a pas réussi à démontrer de manière biblique que Dieu voulait que ses enfants évitent de manger de la viande et de tuer l’animal pour obtenir cette viande. En substance, il a largement exagéré le souci biblique du bien-être des animaux. Les besoins de base des animaux doivent être satisfaits lorsqu’ils sont sous notre contrôle (cf. Mat 12.11 ; Luc 13.15 ; 14.5). Cependant, cette satisfaction de leurs besoins fondamentaux ne nous empêche pas de jouir de notre privilège fondamental de les tuer et de les manger, comme nous estimons devoir le faire dans notre appel au service du Royaume de Dieu.
Deuxièmement, Dieu distingue la valeur relative des animaux par rapport aux humains. Plusieurs cas ont déjà été cités, mais j’aimerais en ajouter un autre. Dieu a sauvé spécialement Noé et sa famille du fait de la justice de Noé. L’hypothèse implicite est que Dieu aurait sauvé davantage d’humains si d’autres avaient été justes. Des animaux, Dieu n’a simplement sauvé qu’un échantillon représentatif des différentes espèces et il a détruit le reste. Il est clair que Dieu traite les animaux comme des groupes, tandis que les humains sont des individus autant que des groupes. En d’autres termes, les humains ont le droit inhérent de tuer des animaux, mais ils n’ont pas le droit inhérent d’exterminer des espèces. Les animaux pris individuellement n’ont pas nécessairement le droit à la vie. Mais les espèces l’ont. Ainsi, les humains doivent assurer une gestion adéquate des animaux.
Troisièmement, la création porte un lourd fardeau sous la malédiction qui a été causée par l’humanité. Cependant, en suggérant que les humains peuvent simplement revenir en arrière dans le jardin d’Éden ou se projeter dans l’état final, la théologie de Linzey est défaillante. Tout comme les Corinthiens qui ont poussé pour des mariages non consommés, Linzey veut une humanité non carnivore. Il a en effet mis sur les chrétiens un fardeau que le Christ n’a pas donné (cf. Mat 15.11). Linzey a élevé une préférence au rang d’idéal moral et remis ainsi en question la personne de Christ qui n’a pas atteint cette norme.
En conclusion, pouvons-nous établir des principes concrets sur l’utilisation des animaux ? Il me semble que oui. Premièrement, à la suite de Christ, nous pouvons manger de la viande. Pour ce qui concerne la question de la souffrance animale, je pense que le fait que Christ ait accepté qu’on pêche avec des filets constitue un élément pertinent pour approfondir la question. Il est évident que les poissons souffrent dans des filets où ils peuvent être écrasés ou étouffés. En dépit de la douleur que le poisson subit, le Christ n’a jamais condamné la pêche. Je crois qu’il est possible d’en déduire le principe suivant : Dieu a accordé à l’humanité le droit d’utiliser ce type de moyens pour capturer des animaux afin de se nourrir. En d’autres termes, s’il y avait eu un autre moyen économiquement réalisable de capturer du poisson en lui causant moins de souffrances, je crois que Christ l’aurait utilisé.
- Edité par Vantassel Sterphen M.
Introduction
Définition
Un Organisme Génétiquement Modifié est un organisme vivant (végétal ou animal, microorganisme…) dont le patrimoine génétique a été transformé par l’introduction d’une petite construction génétique issue d’autres organismes vivants. La technique implique d’isoler des gènes et de les transférer d’une espèce à une autre (c’est pourquoi on parle de transgénèse ou d’organismes transgéniques). Ainsi, les organismes vivants créés combinent des caractères nouveaux qui n’auraient pu exister naturellement.
La création d’OGM nécessite donc d’intervenir directement sur la molécule ADN, ce qui a été rendu possible par les progrès récents de la biologie moléculaire. Cela permet le franchissement de la barrière sexuelle entre espèces : il s’agit donc d’une rupture scientifique, car jusqu’à ce jour, la sélection conventionnelle consistait à utiliser la variabilité des êtres vivants à l’intérieur d’une même espèce ou par croisement d’espèces apparentées.
L’histoire des OGM est récente : le premier OGM a été mis au point en 1983 (tabac), et le premier produit commercialisé est une tomate à mûrissement ralenti en 1994[note]NDLR : Cet article se concentre sur les OGM végétaux. D’autres OGM produisent des molécules pour les humains (par exemple, l’insuline des diabétiques fabriquée à partir du gène humain par des bactéries). Notons aussi que les souris de laboratoires sont la plupart du temps génétiquement modifiées.[/note].
Intérêt de la technique
Les OGM présentent de nouvelles propriétés héréditaires qu’on ne trouve pas à l’état naturel : par exemple, la majorité des plantes génétiquement modifiées disposent de nouvelles caractéristiques génétiques comme la production de leur propre insecticide, une meilleure tolérance aux herbicides, etc. En agriculture, cela permet donc d’améliorer les techniques culturales, grâce à de meilleurs rendements et par exemple une résistance accrue aux prédateurs, en particulier pour le soja et le colza.
Dans le domaine médical, des produits pharmaceutiques nouveaux voient le jour (comme l’hormone de croissance BST pour forcer la lactation des vaches).
Avantages et inconvénients des OGM
L’intérêt et les risques des OGM soulèvent aujourd’hui dans le monde un large débat, si bien que deux « camps » s’opposent : les « pro-OGM » et les « anti-OGM ».
Les avantages et inconvénients montrent que les enjeux sont de plusieurs ordres :
- des enjeux liés à la notion de risque : la nouveauté des OGM met en évidence des peurs et des réticences quant aux éventuels dangers pour l’avenir ;
- des enjeux liés à la notion d’intérêt : qui a intérêt au développement des OGM ? les populations souffrant de la faim et l’humanité en général, les agriculteurs, les firmes produisant et commercialisant les semences et intrants[note]NDLR : Un intrant (en anglais input) est un élément entrant dans un processus de production.[/note] ? ces intérêts sont-ils compatibles et sont-ils homogènes sur l’ensemble de la planète, au Nord comme au Sud ?
- des enjeux philosophiques, moraux, éthiques et théologiques, qui peuvent apparaître au regard de l’origine des OGM (suppression de certaines barrières entre espèces), et au regard du développement des produits contenant des OGM malgré l’opposition de l’opinion publique, en particulier européenne.
Les deux dimensions éthiques du débat
Les questions éthiques autour des OGM font actuellement débat dans la société. Elles peuvent s’articuler autour de deux dimensions : par rapport à l’environnement et par rapport à la justice sociale.
L’environnement : questions éthiques liées à la manipulation du vivant
La plupart des chercheurs considèrent la transgénèse comme une étape supplémentaire de l’avancée scientifique, au même titre que les progrès en sélection des variétés réalisés depuis des millénaires par l’humanité. Il y a donc peu de remise en cause du principe même de la technologie.
Mais pour d’autres, les manipulations génétiques peuvent être considérées comme enfreignant les lois de la nature (on va peut-être vers une disparition de la notion même d’espèce). Jean-Marie Pelt[note]Jean-Marie Pelt, professeur émérite de l’Université de Metz, fondateur de l’Institut Européen d’Écologie.[/note] défend une position assez proche : le développement des plantes transgéniques s’intègre dans un mouvement d’instrumentalisation généralisée de la nature par l’homme, qui cherche à la dominer par une artificialisation croissante des milieux naturels. Beaucoup d’ONG demandent que ce mouvement ne s’opère pas sans une large réflexion philosophique et éthique. Les associations écologiques et environnementalistes se fondent souvent sur la nécessité de préserver la nature des dangers que lui fait courir l’homme.
La justice sociale : questions éthiques liées au respect de l’être humain
Concernant les consommateurs que nous sommes tous, beaucoup considèrent qu’il n’est pas acceptable de contraindre des individus à consommer des aliments contre leur gré, avec des risques exacts méconnus. Or les OGM se répandent petit à petit dans les produits agro-alimentaires, avec une information insuffisante. La recherche scientifique doit-elle se poursuivre si elle n’est pas socialement acceptée ? Il y a aussi une question de démocratie dans ces débats, car la population rejette majoritairement les OGM (mais la majorité a-t-elle toujours raison, et, même si elle a tort, son avis ne devrait-il pas primer en démocratie ?). Enfin, cette question de la justice sociale concerne également les producteurs qui pourraient être enfermés dans un schéma de production « génétiquement modifiée », car liés contractuellement ou économiquement aux fournisseurs d’OGM et d’intrants pour leurs cultures, et aux intermédiaires pour la vente de leurs récoltes. Il s’agit d’une lutte inégale, celle du pot de terre contre le pot de fer. Les OGM pourraient bien être une « illusion économique » destinée à favoriser ceux qui les développent.
Ces deux dimensions font débat actuellement dans la société ; beaucoup d’associations, de mouvements politiques, syndicaux et plus largement le mouvement social altermondialiste s’y investissent. Il est intéressant de se pencher sur la façon dont les chrétiens — et plus particulièrement les évangéliques — s’impliquent dans ce débat.
Quelques points de vue chrétiens
Dans le monde protestant et évangélique, la préoccupation des OGM ne prend pas beaucoup de place et peu de personnes l’ont traitée sous un angle théologique. Mais il est tout de même possible de rapporter quelques points de vue de plusieurs penseurs, pasteurs, professeurs, qui ont abordé dans leurs écrits la question des OGM ou plus largement des biotechnologies.
- Au niveau international[note]Recherches réalisées par Sophie Tron (A Rocha).[/note], on constate que les chrétiens dans le monde (en particulier occidental), n’ont pas tous les mêmes opinions vis-à-vis des OGM en agriculture. Certains semblent penser qu’ils peuvent être bénéfiques, comme un groupe canadien d’agriculteurs chrétiens (CFFO : Christian Farmers Federation of Ontario), selon qui l’utilisation des biotechnologies permet d’explorer des nouveaux moyens pour améliorer leur « mission au service de la Création de Dieu ». Quoi qu’il en soit, le CFFO reste prudent quant aux conditions d’utilisation des OGM, notamment vis-à-vis de leur commercialisation. D’autres, au contraire, s’y opposent fermement, telle l’Église Protestante Allemande EKD, qui a lancé en 2003 une campagne contre la culture des OGM sur les territoires de l’église, pour la raison principale que les risques environnementaux sont mal connus.
- En France, peu de prises de position ont été répertoriées.
– En 2002, le rapport d’un groupe de travail sur la bioéthique et les biotechnologies de la commission « église et société » (Conférence des Églises Européennes) propose une « théologie de la création qui cherche l’équilibre entre une intervention humaine admissible et la nécessaire limitation imposée par le souci de l’être humain et des autres aspects de l’ordre créé par Dieu. Il n’y a pas de condamnation de principe sur la modification génétique, mais un regard critique à porter dessus ».
– La Fédération Protestante de France s’est positionnée (en 1999) de la façon suivante : « Nous rappelons que l’être humain a été fait par Dieu, non pas propriétaire, mais dépositaire et gestionnaire de la création. C’est pourquoi nous nous inquiétons de certaines recherches et manipulations dans le domaine agroalimentaire effectuées par de grandes entreprises multinationales. Il s’agit en particulier du développement des semences « TPS » nommées « Terminator » par les médias. Ces semences ont pour particularité de voir leur capacité de germination bloquée peu avant la récolte. La conséquence est l’impossibilité de prélever une partie des graines récoltées pour des semailles ultérieures. Les pays pauvres risqueraient fort de ne plus avoir les moyens d’acheter des semences, sinon au prix fort. Les risques de famine à l’échelle planétaire s’en trouveraient considérablement accrus. Nous estimons devoir alerter l’opinion et dire notre préoccupation face à de telles dérives, contraires à toute éthique chrétienne. Il n’est pas acceptable, en effet, que des intérêts purement économiques fassent courir des risques aussi graves, menaçant la survie de populations entières, notamment dans les pays les plus pauvres, voire celle de toute l’humanité. Il n’est pas permis de jouer aussi cyniquement avec la nature et les vies de nos frères et sœurs. Ni la justice ni l’amour voulus par Jésus-Christ n’y trouvent leur compte. C’est pourquoi nous appelons à la plus grande vigilance face à toute dérive scientifique risquant de mettre en péril ce que Dieu nous confie. »
Ces prises de position « officielles » prennent donc en compte la place de l’homme dans la création et le souci de la préservation de la dignité de l’être humain. En tant que gestionnaire de la création, celui-ci doit mesurer son intervention sur la nature créée par Dieu et préserver le sort de ses semblables, dans un souci de justice et d’équité. Il n’y a donc pas de condamnation absolue des OGM, mais la manifestation d’une certaine prudence vis-à-vis de ces derniers.
Pistes de réflexion théologique
La question des OGM peut être reliée à celle de l’environnement. Il est donc intéressant de se pencher sur les passages bibliques qui peuvent nous aider à nous forger une opinion sur ce sujet.
- La création nous parle de qui est Dieu, elle rend gloire au Créateur (Rom 1.20 ; Ps 19.2 ; 119.91). La détruire ou la bouleverser reviendrait donc à supprimer un des moyens par lequel Dieu se révèle à l’humanité.
- La création toute entière fait partie du plan du salut de Dieu (Rom 8.19-22). Si Dieu désire la restaurer, rien ne justifie donc de la mettre en péril et de la considérer comme juste bonne à satisfaire les besoins de l’être humain.
- L’homme a un double mandat : exploiter la terre en la protégeant (Gen 2.15). Cultiver implique une transformation, mais jusqu’où ? La création a un ordre voulu par Dieu, et elle a une valeur car elle est l’œuvre de sa volonté créatrice. Une bonne gestion de la création implique donc une certaine responsabilité de l’intendant : un espace de liberté, une utilisation pertinente des dons que Dieu a accordés à l’être humain (notamment son intelligence pour se lancer dans la recherche afin de comprendre l’ordre de l’univers voulu par Dieu et afin d’améliorer sa condition), mais en respectant l’intégrité de ce qui lui a été confié. La nature n’est pas un matériau inerte malléable dont on doit abuser.
- La formule « chacun selon son espèce » ou « chacun selon sa semence » revient une dizaine de fois dans les premiers chapitres de la Genèse. Elle peut être comprise comme une invitation à considérer que la semence vient de la plante elle-même ; l’homme n’aurait donc pas à intervenir pour créer la semence en modifiant la structure d’une semence existante. La manipulation génétique transforme et ne respecte pas l’espèce. Elle remet peut-être en cause l’ordre naturel et l’harmonie préétablie par le Créateur.
- Genèse 2.1 dit : « Ainsi furent achevés le ciel et la terre. » D’après Pierre Berthoud, un monde achevé n’est pas un monde fini, c’est un monde à vivre, dont les potentialités sont à découvrir, ce que Dieu propose à l’homme de faire en lui enjoignant de nommer les espèces (Gen 2.19). La science apporte à l’homme d’immenses possibilités d’action sur son environnement. En lui donnant une place privilégiée dans la création et en lui demandant de cultiver le jardin, Dieu lui laisse une marge de manœuvre considérable, à charge pour celui-ci d’en faire bon usage.
Les OGM, en modifiant des plantes dans leur nature même, respectent-ils l’ordre voulu par Dieu dans la création ? Où se trouve la limite de l’intervention humaine ? Aucune réponse ne fera l’unanimité parmi les chrétiens, qui doivent avant tout se pencher avec humilité et sagesse sur ces questions.
Deux remarques pour conclure cette réflexion :
- D’après Jean-Pierre Bory, le croyant est responsable de veiller à la sécurité et d’avertir comme sentinelle du danger, en discernant les motivations profondes de chaque acte, les enjeux politiques et financiers, en évaluant les conséquences à long terme de l’utilisation qui sera faite des découvertes.
- Si les OGM en tant qu’avancée scientifique et économique sont très discutables, si les arguments pour et contre ne peuvent être départagés dans l’état actuel des connaissances, se tourner vers la sagesse de Dieu reste un recours à privilégier. Les voies de l’Eternel sont de pratiquer la justice. Tout développement des OGM devrait donc respecter la nature mais aussi l’être humain.
Progrès, science et OGM
Les questions posées sur les OGM sont arrivées à un tel degré de finesse qu’il est devenu impossible d’y répondre de façon univoque, parce que les paramètres sont trop nombreux.
Les risques sont pour l’instant surtout potentiels, même si des voix s’élèvent désormais pour apporter des preuves (contestées) des conséquences allergènes, des contaminations des cultures voisines, des résistances aux produits, de la perte d’autonomie des paysans engagés dans la filière OGM, etc. Même si on n’adhère pas aux mises en garde éthiques (ou à celles fondées sur des passages bibliques) concernant les OGM, les énormes inconvénients et les risques environnementaux et économiques paraissent indéniables. Force est pourtant de constater que ces risques ne sont pas souvent pris en compte par la recherche, qu’elle soit privée ou publique.
Voici quelques extraits des apports du chercheur Pierre-Henri Gouyon[note]Professeur à l’Université de Paris-Sud, à l’Agro et à l’École Polytechnique, directeur du laboratoire d’Écologie Systématique et Évolution du CNRS.[/note] qui amènent à réfléchir à la relation entre science et progrès (en particulier concernant les OGM), et, en extrapolant, qui me permettent de poser la question du rôle du chrétien dans cette dialectique :
« Les sciences et techniques ont été, d’une certaine façon, les vedettes de l’époque dite « moderne » où tout pouvait être sacrifié au progrès. Ce progrès était supposé améliorer la vie des humains et constituer le moteur du dynamisme économique. En fait, toutes ces raisons ont permis de définir le progrès comme un but en soi, n’ayant plus besoin de se justifier. […] La période « post-moderne » remet en cause cet édifice. Le principe de précaution en est un des aspects. Les scientifiques se défendent contre ce courant post-moderne parce qu’il les retire de cette situation confortable de noyau de la machine à progrès. On a souvent vu le principe de précaution comme un frein au progrès. L’époque post-moderne demande effectivement un progrès un peu plus lent dans le domaine de la technique, mais aussi un progrès plus sûr. Ceci n’entraverait pas du tout la science, mais pourrait l’amener à se réorienter en fonction des demandes des citoyens et des questions posées par la problématique du respect de l’environnement et du développement durable. […] Les scientifiques n’ont pas été habitués à cela. […] Il faudrait qu’ils arrêtent de croire qu’on exige d’eux le risque zéro. Il est simplement demandé le mépris zéro. Les derniers avatars du dossier « OGM » illustrent bien cette situation. Des scientifiques reconnus sont convaincus qu’il faut développer cette technique, et on peut les suivre sur ce point. Mais pour juger du dossier dans son ensemble, ils devraient se poser la question des impacts écologiques et économiques de l’application de leurs découvertes. Pourquoi des scientifiques si distingués oublient-ils ainsi les règles déontologiques de leur profession ? […] Quand donc l’establishment scientifique comprendra-t-il qu’il est temps de réorienter son attitude et cessera-t-il d’invoquer Galilée en face de son tribunal à chaque fois que la société l’interroge ? Aujourd’hui, il faudrait impérativement que les scientifiques, dès le début de leur recherche […] ne se posent pas seulement la question de savoir comment cela permettra de faire tourner la machine à progrès, la machine économique, la machine technique, mais aussi de savoir comment cela s’intégrera dans l’environnement, quel jeu cela jouera, et quels intérêts cela servira. »
Selon Pierre-Henri Gouyon, la société doit peser sur la recherche pour l’orienter dans le bon sens, vers un progrès plus sage, aux conséquences maîtrisées.
Quelques pistes de conclusion d’un point de vue chrétien
L’ensemble de cette réflexion m’amène à proposer quelques pistes. Tout d’abord, il me semble que les chrétiens devraient s’intéresser à la question des OGM, se documenter, en débattre, et ne pas y rester indifférents. Les sentinelles doivent d’abord observer et chercher à comprendre. Ensuite, je crois qu’ils pourraient s’intégrer dans ce débat en réaffirmant leurs convictions, et en y apportant une perspective chrétienne, tout en se préservant, avec l’aide de Dieu, de ce qui peut accompagner cette réflexion sur les OGM : les peurs, ainsi que la tentation de sacraliser la création plutôt que le Créateur.
Une prise de position « chrétienne » est délicate car aucune réponse tranchée ne semble pouvoir être apportée sous un angle scientifique (pour l’instant) comme théologique. Pourtant, il me paraît important en tant que chrétienne de m’associer à un mouvement qui amène à réfléchir sereinement sur les OGM et de réaffirmer :
- Que les risques réels ou supposés des OGM doivent inciter à la prudence. Il me semble que c’est un des rôles des chrétiens de mettre en lumière des points de vue qui incitent au respect de la création et de l’intégrité de la personne humaine, et de peser pour qu’ils soient à l’avenir pris en compte en amont par la recherche scientifique. En effet, il ne faut pas compter sur les firmes « commercialisatrices » pour intégrer ces aspects, ce n’est pas leur rôle. Ces positions chrétiennes n’incluent pas une condamnation de la recherche, mais peuvent proposer de lui apporter un cadre différent de celui qui existe actuellement (porté vers le progrès à tout prix).
- Que les solutions que les OGM peuvent apporter à la question de la faim dans le monde ne suffiront pas à résoudre le problème dans sa globalité, voire pourrait même l’aggraver. Il s’agit donc surtout pour les chrétiens de réaffirmer leur engagement à lutter contre la pauvreté, à aider à améliorer la production actuelle des paysans et l’adaptation des variétés locales, et à promouvoir une meilleure répartition des richesses dans le monde par d’autres moyens, dans le souci de la dignité humaine.
- Que l’être humain devrait déployer plus d’humilité dans sa quête du progrès, et réfléchir aux effets qu’elle engendre sur la création de Dieu dans son ensemble et sur l’humanité en particulier.
- Edité par Farelly Hélène
Que va-t-il arriver à notre terre ? Le réchauffement climatique ou la pollution vont-ils la rendre inhabitable ? Allons-nous devant une catastrophe nucléaire ? Des ressources essentielles à notre civilisation vont-elles manquer bientôt ? Ces questions taraudent nos contemporains. Elles sont à l’origine de grandes inquiétudes mais aussi d’engagements courageux.
La Bible ne nous donne pas beaucoup de détails sur la nouvelle création, mais elle trace des grandes lignes de façon suffisamment claire pour nous permettre d’avoir une idée sur l’avenir de la création.
Le crépuscule de la création actuelle
Sortie parfaite des mains du Créateur, la création actuelle a été irrémédiablement entachée par le péché de l’homme. Le sol maudit continue à souffrir tant que le mal est présent (Gen 3.17-18).
Plus encore, il semble que la Parole fasse un lien plus étroit qu’on ne le pense souvent entre la moralité d’un peuple et les conséquences écologiques sur son territoire :
- Après avoir donné une liste d’interdictions de relations sexuelles illicites, l’Éternel conclut : « C’est par toutes ces choses que se sont souillées les nations que je vais chasser devant vous. Le pays en a été souillé ; je punirai son iniquité, et le pays vomira ses habitants. » (Lév 18.24-25).[note]Il est frappant — et paradoxal — que les partis écologistes soient les plus en pointe pour promouvoir des pratiques sexuelles explicitement condamnées dans ce chapitre et parmi les plus libéraux sur les sujets sociétaux.[/note]
- Par la bouche d’Osée le prophète, Dieu fait un lien direct entre la situation écologique d’Israël et la violence et l’injustice de ses habitants (Osée 4.1-3).
- Un peu plus tard, Jérémie a le même message pour Juda : « Jusqu’à quand le pays sera-t-il dans le deuil, et l’herbe de tous les champs sera-t-elle desséchée ? À cause de la méchanceté des habitants, les bêtes et les oiseaux périssent. » (Jér 12.4)
Comme la Bible annonce une recrudescence du mal avant le retour de Jésus-Christ, il est difficile de conserver un grand optimisme quant à l’évolution écologique de la terre.
Jésus annonce qu’il « y aura en divers lieux des famines et des tremblements de terre » (Mat 24.7). L’Apocalypse mentionne à de multiples reprises des catastrophes comme des tremblements de terre, des orages d’une intensité exceptionnelle, des disparitions de végétation, des pollutions de l’eau, etc. — même s’il est difficile de faire la part entre le symbolique et le littéral dans le langage de ce livre. Ce que nous observons avec inquiétude aujourd’hui ne semble donc être qu’un « commencement de douleurs ». La responsabilité de ces catastrophes semble incomber, au moins en partie, à l’action humaine puisque, au moment d’introduire le royaume, la louange s’élève à Dieu qui va détruire « ceux qui corrompent la terre » (Apoc 11.18).
En parallèle, la nouvelle création a déjà commencé dans le cœur d’êtres humains sauvés par grâce (2 Cor 5.17) que Dieu appelle ses fils et ses filles. Mais ce n’est que lorsque Christ établira son royaume éternel de gloire, quand les « fils de Dieu » verront ce renouvellement reconnu publiquement, que la création pourra être délivrée de la servitude dans laquelle elle se trouve (Rom 8.18-23).
Le passage de la première création à la nouvelle création
Dieu ne va donc pas laisser les choses en l’état mais il va introduire une nouvelle création. Plusieurs textes des deux Testaments évoquent ce changement :
- « Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l’esprit. » (És 65.17)
- « Comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je vais créer subsisteront devant moi, dit l’Éternel… » (És 66.22)
- « Le ciel et la terre passeront. » (Mat 24.35)
- « Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ils vieilliront tous comme un vêtement, tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés. » (Héb 1.10-12)
- « Maintenant il a fait cette promesse : Une fois encore j’ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel. Ces mots : une fois encore, indiquent le changement des choses ébranlées, comme étant faites pour un temps, afin que les choses inébranlables subsistent. » (Héb 12.26-27)
- « Par la même parole, les cieux et la terre d’à présent sont gardés et réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la ruine des hommes impies. […] Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. […] le jour de Dieu, jour à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront ! Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. » (2 Pi 3.7,10,12-13)
- « Je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s’enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. » (Apoc 20.11)
- « Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu. » (Apoc 21.1)
Re-création, changement, disparition, dissolution… — tous ces termes indiquent l’introduction d’une nouvelle création en lieu et place de l’actuelle.
Un débat agite depuis longtemps les théologiens : y aura-t-il remplacement ou renouvellement ? Devant la force des textes listés ci-dessus, la charge de la preuve semble incomber à ceux qui soutiennent un renouvellement sans disparition de la création actuelle. Plusieurs arguments sont avancés :
- Des arguments textuels : l’adjectif utilisé pour « nouveau » dénote plutôt la qualité que la jeunesse[note]Kainos et non neos.[/note]. Le mot « éléments » semble désigner aussi bien des éléments concrets que des puissances spirituelles ou des idées[note]Cf. Gal 4.9 ou Col 2.8.[/note].
- Des arguments analogiques : le passage à la nouvelle création est mis en parallèle avec le déluge. Or la terre issue du déluge est la même que celle du commencement mais elle a connu un renouvellement complet.
- Des arguments théologiques : Dieu a déclaré que la création initiale était bonne, très bonne, et il semble difficile qu’il veuille la mettre complètement de côté.
- Des arguments christologiques : le corps de résurrection de Jésus-Christ était adapté à une vie sur la terre actuelle même s’il avait les caractéristiques nouvelles.
- Des arguments bibliques : certains textes semblent indiquer que la terre demeure éternellement (Ps 104.5 ; 119.90 ; Ecc 1.4).
La thèse de l’anéantissement a la faveur des luthériens ; les réformés retiennent plutôt celle de la transformation. Les dispensationalistes sont plus partagés. Pour certains, penser que la création actuelle va disparaître et être brûlée complètement fait courir le risque d’une attitude plus négative envers elle et conduirait à en prendre moins soin. Toutefois le mandat de Genèse 1 et 2 s’applique à tous, quelles que soient les options eschatologiques !
Quelques aperçus de la nouvelle création
Très peu de détails nous sont donnés sur la nouvelle création et il est donc hasardeux de spéculer sur ce qui ne nous est pas révélé. Le langage d’Apocalypse 21 et 22, que nous prenons pour essentiellement symbolique, ne doit pas nous égarer. Par exemple, lorsqu’il nous est dit que la mer n’est plus, cela n’est pas une indication sur l’hydrographie de la nouvelle création ; la mer symbolise ici avant tout l’agitation des peuples opposés à Dieu (cf. És 57.20).
Retenons simplement trois caractéristiques :
- La matérialité : contrairement à ce qui est dit parfois, sans doute sous l’influence de quelques restes de pensée platonicienne, la nouvelle création sera matérielle. Nos corps ressuscités seront « spirituels », parfaitement adaptés à une vie remplie par l’Esprit, mais ils seront tout aussi tangibles que le corps de Jésus ressuscité.
- La diversité : la variété des pierres précieuses de la muraille et l’analogie que Paul fait entre les corps ressuscités et les différentes étoiles suggèrent qu’il y aura au moins la même diversité dans la nouvelle création que dans l’actuelle ( 1 Cor 15.37-41).
- La beauté : la description de la sainte cité fait appel aux plus beaux matériaux connus à l’époque. Si la première création, pourtant entachée du péché, nous émerveille, à combien plus forte raison pouvons-nous nous attendre à être subjugués par la nouvelle !
Sous un angle plus théologique, la nouvelle création marquera l’harmonie retrouvée entre Dieu et ses œuvres. Le Nouveau Testament l’exprime sous trois aspects :
- La réconciliation : « Il a voulu par lui tout réconcilier avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. » (Col 1.20)
- La récapitulation : « … le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même, pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. » (Éph 1.9-10)
- L’habitation : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. » (Apoc 21.3)
Dans cette nouvelle création, tout sera pleinement inondé de la lumière de la présence du Dieu créateur qui fera « toutes choses nouvelles ». Quel bonheur d’être déjà « les prémices de ses créatures » (Jac 1.18) !
- Edité par Prohin Joël
Pour comprendre l’écologie dans un sens biblique, il est nécessaire de revenir aux neuf premiers chapitres de la Bible. La chute a eu un impact écologique avec l’apparition de la mort de l’homme. Le déluge a également eu un impact dramatique : la destruction massive de toute la vie humaine, animale et végétale sur la terre. L’apôtre Pierre, en parlant de la fin des temps, rappelle que l’« ancien monde » a été détruit et que seules huit personnes ont été sauvées, le reste des hommes ayant été anéanti par les eaux (2 Pi 2.5 ; 1 Pi 3.20). Avant lui, Jésus avait annoncé qu’à son avènement futur, le comportement des hommes serait similaire à celui avant le déluge (Mat 24.37-39 ; Luc 17.26-27).
Un constat sinistre
Après la chute, Dieu s’adressa à l’homme et lui fit connaître sa nouvelle situation : « Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain. » (Gen 3.17-19) La vie d’Adam et de ses descendants allait devenir pénible.
Plus tard, les hommes ont commencé à se multiplier et leurs mœurs se sont gravement dégradées. Dieu fit venir une catastrophe afin de juger l’humanité, mais il accorda aux hommes un répit pour se repentir, par la prédication de Noé pendant le temps de la construction de l’arche (1 Pi 3.20). Tous ceux qui ne franchiraient pas la porte de l’arche pour s’y réfugier allaient périr. Le salut des hommes passait par un acte simple : croire et franchir la porte de l’arche, qui préfigurait la personne de Jésus. Aujourd’hui encore, le salut s’obtient de manière simple en plaçant sa foi dans le sacrifice de Jésus sur la croix, lui qui est « la porte » et qui a tout accompli.
Tant pour la chute en Genèse 3 que pour le déluge, la cause des catastrophes écologiques était le péché de l’homme suivi du jugement de Dieu. Au travers du déluge, Dieu nous montre qu’il utilise la nature, et en particulier la météorologie et les phénomènes naturels, lorsque l’homme le rejette. Ce principe se retrouve au travers de toute la Parole : les plaies d’Égypte (Ex 7-13), le chef cananéen Sisera emporté par le torrent de Kison (Jug 5.4-5,20-21), la sécheresse au temps du roi Achab (1 Rois 17), la tempête qui surprend Jonas dans le bateau en route pour Tarsis (Jon 1.4-15), en sont autant d’exemples. Dieu est souverain sur les phénomènes naturels et météorologiques (Ps 29 ; 83.16 ; 107.24,27 ; Job 38.22-30).
Jésus nous rapporte dans les Évangiles qu’au temps de Noé, les hommes mangeaient, buvaient et se mariaient — et ne souciaient pas de Dieu. En Occident, la même situation prévaut de nos jours : les hommes se soucient davantage de leur ventre et de leur état affectif que de la justice de Dieu. N’oublions pas l’action de Dieu et ne nous étonnons pas du dérèglement climatique.
Un nouveau départ
À la fin du déluge, l’arche se pose sur les monts Ararat. Mais avant que Noé, sa famille et les animaux ne sortent de l’arche, Dieu vient au-devant de Noé pour réitérer le commandement aux animaux de se multiplier, comme lors de la création. Autrefois adressé aux poissons et aux oiseaux comme à l’homme (Gen 1.22), il est étendu aux animaux terrestres (Gen 8.17). Le nombre restreint d’animaux qui allaient sortir de l’arche nécessitait une multiplication, parce que Dieu accorde à Noé la possibilité de manger du poisson et de la viande animale en plus des herbes qui portaient des semences. De nos jours, les milieux écologiques se préoccupent beaucoup de l’alimentation. Manger sainement et équilibré est une bonne chose ; mais lorsque des idéologies, sous le couvert de défense des animaux, placent le droit des animaux au-dessus de celui de l’homme, on ne peut que s’indigner en tant que chrétien. La consommation de viande et de poisson est une grâce que Dieu accorde à l’homme pour son équilibre alimentaire.
Suite aux holocaustes offerts par Noé, Dieu agrée les sacrifices des bêtes pures. Il fait une promesse encourageante pour l’humanité : « Je ne maudirai plus la terre, à cause de l’homme, parce que les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse ; et je ne frapperai plus tout ce qui est vivant, comme je l’ai fait. Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront point. » (Gen 8.21-22) Dieu s’engage à réhabiliter la terre qu’il avait maudite lors de la désobéissance d’Adam et d’Ève (Gen 3.17). Il promet aussi la nourriture aux hommes au travers des récoltes d’année en année.
Bilan
Face à l’alarmisme actuel des écologistes, rappelons-nous aussi que cette terre sera un jour détruite. Entre temps, elle subira encore les catastrophes dévastatrices décrites dans le livre de l’Apocalypse. Mais Dieu nous a promis qu’il n’y aurait plus de déluge sur la terre.
Dieu a donné la terre à l’homme pour qu’il en prenne soin, mais il savait de toute éternité que celui-ci n’allait pas la gérer à bon escient. Il sait que le cœur de l’homme est mauvais.
Aujourd’hui, nous qui vivons à la fin des temps, soyons donc vigilants et arrêtons-nous un instant sur l’histoire de Noé pour y réfléchir.
- Edité par Herrmann Georges
Aujourd’hui quand les chrétiens parlent de la doctrine de la création, la discussion se porte immédiatement sur des questions telles que : « De quand date la création ? Quels liens avec les théories évolutionnistes ? La terre est-elle vieille ? Est-elle jeune ? », et d’autres dans le même genre. Mais si ces questions sont assurément importantes, ce n’est pas ce sur quoi la Bible met l’accent en premier lieu. Voici ce que je veux dire par là.
Il y a environ 50 ans, Francis Schaeffer a écrit un livre intitulé La Genèse, berceau de l’histoire. Dans ce livre, il pose une question qui, avec le temps m’a paru fondamentale : que tirer au minimum des chapitres 1 à 11 de la Genèse pour que le reste de la Bible soit cohérent et vrai ? Il ne se demande pas : « Quels sont tous les enseignements à tirer de Genèse 1 à 11 (et plus particulièrement des chapitres 1 à 3) ? », mais plutôt : « Quel est ce dont nous devons au minimum être sûrs et certains pour que le reste de la Bible soit cohérent et vrai ? » C’est une question très judicieuse, car elle consiste à dire : « Voilà les points les plus importants, ceux qui sont les moins négociables. »
Plutôt que de regarder chacun de ces points en détail, je vais en évoquer un bon nombre assez rapidement :
1.Dieu vient en premier et c’est un Dieu d’amour
C’est un point vraiment essentiel, mais qui nécessite quelques mises au point. Avant l’existence de quoi que ce soit d’autre, et avant même celle de l’Univers, Dieu était. Il est avant tout. Plusieurs textes de la Bible mettent en évidence le fait que le Dieu d’éternité ne dépend pas de nous. Dieu n’a pas besoin de l’univers, il ne l’a pas créé pour se sentir moins seul. Au bout du compte, la Bible donne corps à la notion de Dieu de toutes sortes de façons pour nous montrer que, dans le passé déjà, le Père aimait le Fils et le Fils aimait le Père. Donc l’amour parfait existait déjà dans le passé.
Cette vision est très différente de celle de l’islam par exemple : l’islam est réticent à parler de Dieu en tant que Dieu d’amour, parce que cela suppose que l’autre (notamment soi) est important. En revanche, en insistant sur le caractère unique et souverain de Dieu et sur le fait qu’il est séparé de nous, les musulmans peuvent mettre l’accent sur la grandeur et la gloire de Dieu. Mais l’ensemble de la Bible insiste sur le fait que Dieu est amour, parce que dans le Dieu unique, miraculeusement, étrangement, Dieu est aussi l’Autre. Dans l’unité de Dieu, il y a cette complexité qui fait que le Père aime le Fils et le Fils aime le Père, et ce de toute éternité. Dieu n’a pas besoin de l’univers.
2.Dieu parle
La première chose que Dieu fait est de parler et c’est par sa parole puissante qu’il donne corps à l’univers. C’est là le paradigme de Dieu : il se révèle par sa parole. À travers toute la Bible, Dieu est un Dieu qui parle et qui ose parler avec des mots compréhensibles par les humains.
3.Dieu a fait toutes choses
Cette affirmation s’oppose au panthéisme, une croyance selon laquelle toute chose dans l’univers est Dieu.
Elle s’oppose aussi au panenthéisme. D’après cette croyance-là, toute chose dans l’univers serait Dieu, mais Dieu ne serait pas tout dans l’univers. Autrement dit, il y aurait un petit peu de Dieu dans tout ce qui est fait dans l’univers. Mais la Genèse fait une distinction entre Dieu, qui existe avant toute chose dans l’univers, et l’ordre créé.
4.Il existe un Dieu qui est bon, et il a fait toute chose bonne
Cette affirmation s’oppose à tout dualisme ontologique, dans lequel il y a une force du bien et une force du mal, ou bien une force qui aurait un bon et un mauvais côté. Nous ne sommes pas dans Star Wars.
L’origine du mal ne s’explique donc pas par la mise en concurrence d’un principe du bien et d’un principe du mal. Même quand le serpent apparaît dans l’Écriture, il est présenté comme la plus subtile des créatures que Dieu a faites. Il n’y a donc jamais la moindre allusion à un quelconque dualisme. Dieu est souverain, et il est souverain sur tout.
Je sais que ce point soulève toutes sortes de questions — notamment comment situer Dieu par rapport au mal et au bien. Sur le long terme, la Bible met l’accent sur le fait que Dieu est derrière le bien et le mal de façon asymétrique. Autrement dit, il est derrière le bien et le mal, mais de façon différente. Il est derrière le bien, qui lui est toujours porté à crédit. Quant au mal, même s’il est dû à des causes secondaires (comme le serpent), il ne peut se soustraire à la souveraineté de Dieu.
Lorsque Paul, dans Actes 17, est en train d’évangéliser parmi les païens, dans la grande ville d’Athènes, il insiste sur le fait que Dieu est souverain et créateur de toutes choses et qu’ainsi il n’a besoin de rien. Les dieux païens sont finis : ils ont des besoins, des peurs, des plaisirs, des joies, des peines, des victoires, etc. Ainsi, les religions païennes visent avant tout à rendre les dieux heureux — ou du moins elles essaient. La religiosité consiste alors plus en un échange : un service en vaut un autre. Vous offrez les bons sacrifices aux dieux et vous avez un beau bébé en bonne santé. C’est un monde de petits arrangements.
Mais si Dieu a fait toutes choses et n’a besoin de rien, alors quelle relation entretenir avec lui ?
5.La doctrine de la création établit la responsabilité de l’homme
Dieu a fait toutes choses bonnes. Cela signifie que les êtres humains sont responsables devant Dieu. La doctrine de la création est à l’origine de notre responsabilité devant Dieu. La création devient la source de la louange du croyant (Ps 33 ; Apoc 4) et on retrouve ce refrain tout au long de la Bible.
Louons Dieu parce que nous sommes faits par lui et pour lui. Louons Dieu parce que nous sommes responsables devant lui. Un tel comportement est absolument juste, bon et sensé.
Parce que nous sommes des créatures de Dieu, nous lui appartenons et nous devrons un jour lui rendre des comptes.
Ainsi, qu’il s’agisse de la raison de notre redevabilité à Dieu, de notre responsabilité devant lui ou du fait que (parce qu’il est Dieu) il est le juge final de nos réactions envers lui, tout cela est établi dès les premiers chapitres du livre de la Genèse.
6.Dieu est complexe
Une expression comme « Faisons les hommes à notre image » (Gen 1.26), fournit un indice (mais pas une preuve) de la complexité de Dieu. Certaines personnes ont voulu assimiler ce « notre » au « nous » de majesté. Mais il n’y a aucun réel indice en ce sens dans le texte. Pas plus qu’on ne peut dire avec certitude qu’il s’agisse de Dieu et du reste du Paradis (ou quelque chose dans le même genre) — rien dans le contexte du passage ne permet de l’affirmer.
Je pense que dans les trois premiers chapitres de la Genèse, beaucoup de thèmes sont introduits sans être clairement expliqués. Par exemple, la doctrine de la trinité n’est pas mentionnée et ses composants ne sont pas présentés ; et pourtant il y en a déjà des indices.
On peut présumer que Dieu n’est pas simplement « un ». Il est le Dieu unique. Et pourtant, il y a en Dieu une complexité telle qu’il y a aussi un Autre. Ces idées sont introduites dans l’Ancien Testament et clarifiées dans le Nouveau, notamment dans l’Évangile selon Jean (1.1 ; 5.19).
Je pourrais vous montrer qu’une douzaine de thèmes au moins sont déjà présents en germe dans le début de la Genèse (l’alliance, le temple, le roi, etc.).
7.Les êtres humains sont faits à l’image de Dieu
Ils entrent dans le récit avec cette précision : ils sont faits à l’image de Dieu. Et ce point devient un thème majeur tout au long de l’Écriture. Dieu fait des êtres humains à son image et à sa ressemblance, même s’ils sont, de bien des manières, semblables au reste de la création (c’est-à-dire créés par Dieu avec de la poussière). Sur d’autres plans, ils sont uniques, et il serait bien utile d’étudier en profondeur les conséquences de cette notion d’« image de Dieu ».
D’après moi, l’une des raisons pour lesquelles les chrétiens ont tant de mal à se mettre d’accord sur ce que recouvre cette notion est, une fois encore, due au fait qu’il s’agit d’une notion « en devenir ». Le fait que les êtres humains sont des créatures uniques est esquissé ici puis présenté beaucoup plus en détail dans les chapitres suivants de la Genèse et tout au long de l’Écriture.
D’un côté, nous sommes censés refléter Dieu : nous sommes son image. Mais, de l’autre, nous appartenons aussi à la poussière : nous sommes des êtres insignifiants et nous faisons partie de l’ordre créé ; nous ne pouvons donc pas être confondus avec Dieu. Et cet ordre créé est extrêmement important.
8.Les êtres humains sont les intendants de la création
En tant qu’image de Dieu, les êtres humains reçoivent le mandat de gérer la création en bons intendants.
9.La création est ordonnée et structurée
Genèse 1.26-27 se contente de dire : « Faisons l’homme à notre image. » Les hommes et les femmes sont donc tous faits à l’image de Dieu. Dans le chapitre 2, le récit de la création est précisé en termes d’ordre et de structure : l’un est créé avant l’autre, et l’autre est créée à partir du premier. Ainsi, Adam est créé en premier et Ève est créée à partir de lui ; elle fait donc partie de l’humanité et est liée à lui de manière unique. À ce stade de la Genèse, il n’y a pas réciprocité dans la relation homme-femme.
La relation entre l’homme et la femme peut être examinée de bien des manières. Elle fait partie du récit de la création et a rendu possible celui de la chute. Cette relation se précise et se clarifie plus loin dans la Bible (cf. 1 Cor 11 ; 1 Tim 2, etc.).
10.L’eschatologie renvoie à la création
Le prophète Ésaïe annonçait, au VIIIe siècle av. J.-C., ce que Dieu fera pour son peuple à la fin des temps : il leur accordera un nouveau ciel et une nouvelle terre. Ses paroles dévoilaient la gloire de ce qui n’était pas encore révélé et l’anticipaient, avant même qu’Apocalypse 21 ne l’annonce finalement.
Mais la notion de « nouveau ciel » et de « nouvelle terre » renvoie à la création, au livre de la Genèse. Le thème d’un renouveau de la création revient ensuite, notamment dans Romains 8 qui donne beaucoup de détails à ce sujet : à cause du péché et de la rébellion, l’ordre créé est tout entier soumis à la mort et au déclin selon le décret de Dieu, et il gémit, dans l’attente de l’adoption des fils de Dieu. Cette adoption est la vraie raison de se glorifier des croyants.
11.L’origine du sabbat est liée au repos de Dieu
Dans les premiers chapitres de Genèse, rien ne dit que le sabbat est imposé. Il est simplement indiqué que Dieu se repose le septième jour. Mais quand le sabbat est institué légalement dans le Décalogue, le texte se réfère explicitement au récit de la création. « Vous vous rappellerez du septième jour et le garderez saint, car en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre. » (Ex 20.8-11) Ce thème est ensuite repris en Apocalypse 4 pour bâtir une théologie du repos ; lui aussi trouve sa source dans les premiers chapitres de la Genèse…
12.Dieu est grand
Pour finir (et ces douze points ne forment pas une liste exhaustive !), une dernière remarque : un accent très fort est mis dans le reste de la Bible sur la grandeur de Dieu, grandeur dont sa création est le témoin. Lisons et méditons des textes comme les Psaumes 8 et 19, ou les spectaculaires chapitres 40 à 45 d’Ésaïe. La lecture de ces textes nous rappelle que Dieu est souverain sur la création, qu’il connaît la fin (et ce dès le début), et que l’on est redevable de tout devant lui. Il est le potier souverain. L’ordre créé est tout simplement ce qu’il fait.
De nombreux passages nous appellent à louer Dieu à cause de sa grandeur et de la manifestation de sa propre gloire dans la création (És 40.12 ; Rom 1, etc.). Tout ce que Dieu a accompli, il l’a fait en laissant un témoignage de son existence et de sa gloire dans la création elle-même.
En d’autres termes, Genèse 1 à 3 et l’importance accordée à la création sont à la source même d’un grand nombre de thèmes bibliques et théologiques. Ces thèmes nous en disent énormément sur Dieu, les êtres humains — la structure du récit biblique conduisant finalement à la venue du Christ et au dénouement de toutes choses dans la gloire. Une gloire qui est encore à venir, dans le nouveau ciel et la nouvelle terre.
- Edité par Carson D.A.
On pourrait s’attendre à ce qu’une tentative de formuler une doctrine biblique chrétienne sur l’environnement commence par Genèse 1 et ses déclarations majestueuses sur Dieu comme Créateur. Bien que cette vérité fondamentale mérite une place de choix, nous la soulignerons à travers le Psaume 104. Car dans ce psaume, nous trouvons non seulement l’affirmation de la vérité que Dieu a créé le monde, mais aussi l’expression de vérités corollaires, de sorte que le psaume présente un tableau plus complet de la relation qui existe entre Dieu et la création. Cela amène ainsi le lecteur à prendre davantage conscience de la réponse appropriée à la vérité fondamentale présentée dans ce psaume.[note]Il existe un parallèle structurel assez évident entre le Psaume 104 et le récit de la création de Genèse 1. Ce parallélisme accrédite notre choix, car le Psaume 104 est vu comme un essai délibéré d’interpréter et d’illustrer le récit de la Genèse. Pour une analyse de ce parallèle, voir, par exemple, D. Kidner, Psaumes, vol. 2, Farel-Sator, p. 116.[/note] On pourrait même avancer que, si l’on ne devait choisir qu’un seul passage pour soutenir un environnementalisme chrétien, ce devrait être ce psaume ; et s’il ne fallait choisir qu’un seul verset, ce serait le v. 24 : « Que tes œuvres sont en grand nombre, ô Éternel ! Tu les as toutes faites avec sagesse. La terre est remplie de ce que tu as créé. »
L’apport du Psaume 104 pourrait être résumé ainsi :
- Dieu a créé la terre et tout ce qui s’y trouve, et il continue de soutenir la terre et tout ce qui s’y trouve par l’exercice plein d’amour de son pouvoir souverain.
- La terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à Dieu en raison de son travail créateur, et toutes choses trouvent fondamentalement leur raison d’être en relation avec lui.
- La terre et tout ce qui s’y trouve ont été créés parfaits — chaque créature elle-même et la création entière dans ses interactions.
- Même après l’entrée du péché dans l’ordre créé, cette perfection transparaît de manière à être perceptible par l’homme. Ainsi, la création témoigne continuellement des perfections de Dieu et favorise chez l’homme la louange envers Dieu.
* * *
Dieu a créé et soutient la terre et tout ce qui s’y trouve
Si, dans la majeure partie du Psaume 104, le travail créateur de Dieu est sous-entendu, il existe quelques vers où le psalmiste l’affirme explicitement (p. ex. v. 5-6), et, à un moment culminant du psaume, il fait jaillir une déclaration passionnée à Dieu : « Tu as fait … » (v. 24). Il est donc clair que les cieux et la terre résultent de l’exercice de la créativité souveraine de Dieu.
L’accent unique de ce psaume, cependant, porte sur le soutien de Dieu à sa création. « Il conduit les sources dans des torrents […] Il arrose les montagnes […] Il fait germer l’herbe […] Les arbres de l’Éternel se rassasient. » (v. 10,13,14,16) Et après avoir fourni un échantillon représentatif des animaux de la forêt, de la montagne, des plaines et de la mer, le psalmiste résume : « Tous ces animaux espèrent en toi, pour que tu leur donnes la nourriture en son temps. » (v. 27) Toutes les créatures dépendent complètement de Dieu. Lorsque Dieu pourvoit, ses créatures sont satisfaites (v. 28). Quand il « cache sa face », elles sont terrifiées (v. 29). Quand Dieu envoie son « Esprit », il y a une nouvelle vie (v. 30). Quand il retire le souffle, la vie cesse (v. 29). Cela marque un développement significatif du récit de la Genèse. Oui, la création n’existe que parce qu’elle a été appelée à l’existence par Dieu. Mais elle continue d’exister uniquement grâce aux soins continus de son Créateur.
La terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à Dieu et trouvent leur raison d’être en relation avec lui
À partir de cette première affirmation, le psaume en déduit la théocentricité de la création. Parce qu’elles ont été créées par Dieu, toutes les créatures lui appartiennent. Ce sont, dit notre psalmiste, « tes biens » (v. 24), « ses œuvres » (v. 31 ; cf. Ps 24.1-2). Or non seulement toutes les créatures ont été créées par Dieu, mais elles ont également été créées pour Dieu, et elles trouvent ainsi leur première raison d’être par rapport à lui. C’est un point d’importance dans le débat actuel sur l’environnementalisme.
Que Dieu trouve du plaisir dans sa création est un témoignage constant des Écritures. C’est ce qui motive le désir du psalmiste : « Que l’Éternel se réjouisse de ses œuvres. » (v. 31) Mais peut-on dire que le plaisir que trouve Dieu dans ses créatures non humaines soit une explication suffisante pour leur existence ? C’est une chose de trouver du plaisir en quelque chose qui existe. C’en est une autre de dire qu’une chose existe pour procurer du plaisir.
Il ne fait aucun doute que la création existe, du moins en partie, dans le but de nourrir l’humanité :
« Il fait germer […] les plantes pour les besoins de l’homme,
afin que la terre produise de la nourriture,
le vin qui réjouit le cœur de l’homme,
et fait plus que l’huile resplendir son visage,
et le pain qui soutient le cœur de l’homme. » (v. 14-15)
Mais cette référence à l’homme est-elle la seule raison d’être des créatures non humaines ? Ou, pour le dire positivement, la création non humaine trouve-t-elle une raison d’être indépendante de l’homme ? Le Psaume 104 le suggère.
Auparavant, il sera toutefois utile d’examiner la position opposée dont Thomas Sieger Derr est un représentant.[note]T. S. Derr, J. A. Nash, and R. J. Neuhaus, Environmental Ethics and Christian Humanism, Nashville, Abingdon, 1996, p. 17.[/note] Derr se positionne face au biocentrisme qui domine une grande partie de l’environnementalisme séculier et qui considère la « nature » ou « le processus de la vie » comme central. À l’opposé, Derr réaffirme la conviction que l’homme est résolument au-dessus de la nature et que la nature existe pour préserver la vie humaine. En tant qu’humaniste chrétien, Derr n’hésite pas à ajouter que l’homme est fait pour Dieu mais il est catégorique (« impénitent » dit-il) dans son anthropocentrisme. Les besoins de l’homme constituent une explication suffisante de l’existence d’une création non humaine.
Alors que Derr, et d’autres avec lui, ont raison de s’éloigner du biocentrisme de l’environnementalisme séculier pour des raisons explicitement religieuses, leur erreur est de ne pas s’en distancer suffisamment. Derr affirme sans doute une vision du monde théocentrique, mais selon moi cette vision du monde doit comporter une vision théocentrique de la création non humaine. La nature a certes été créée en pensant à l’homme, mais les besoins de l’homme ne constituent pas un cadre de référence entièrement suffisant pour expliquer la création. Seul Dieu peut fournir un tel cadre de référence.
Notre psaume, avec d’autres passages (Job 38-41 en particulier), montre que la création n’existe pas uniquement pour l’homme. Dans son discours à Job, Dieu indique clairement que certaines créatures existent simplement pour son propre plaisir :
« Voici l’hippopotame[note]Litt. le « behemoth ».[/note], à qui j’ai donné la vie comme à toi !
Il mange de l’herbe comme le bœuf.
Le voici ! Sa force est dans ses reins,
et sa vigueur dans les muscles de son ventre ;
il plie sa queue aussi ferme qu’un cèdre ;
les nerfs de ses cuisses sont entrelacés ;
ses os sont des tubes d’airain,
ses membres sont comme des barres de fer.
Il est la première des œuvres de Dieu. » (Job 40.10-14)
Cette description montre à l’évidence que Dieu prend un grand plaisir dans une création, qu’elle a du prix pour lui et qu’il est heureux de souligner « combien certaines de ses créatures sont totalement et incroyablement inutiles (pour nous) »[note]Yan Dyke et al., Redeeming Creation, p. 49.[/note]. Après avoir enfoncé le clou par une description similaire du « léviathan » (Job 40.20-41.1), Dieu déclare avec insistance : « De qui suis-je le débiteur ? Je le paierai. Sous le ciel tout m’appartient. » (Job 41.2) En face de la présomption de Job, Dieu rappelle aimablement qu’il ne doit rien à l’homme.
Sous une forme un peu moins dramatique, notre psaume exprime la même idée :
« Les arbres de l’Éternel se rassasient,
Les cèdres du Liban, qu’il a plantés.
C’est là que les oiseaux font leurs nids ;
La cigogne a sa demeure dans les cyprès,
Les montagnes élevées sont pour les boucs sauvages,
Les rochers servent de retraite aux damans.
Tu amènes les ténèbres, et il fait nuit :
Alors tous les animaux des forêts sont en mouvement ;
Les lionceaux rugissent après la proie,
Et demandent à Dieu leur nourriture.
Le soleil se lève : ils se retirent,
Et se couchent dans leurs tanières.
Voici la grande et vaste mer :
Là se meuvent sans nombre
Des animaux petits et grands ;
Là se promènent les navires,
Et ce léviathan que tu as formé pour jouer dans les flots. »
(v. 16-18,20-22,25-26)
Nous avons ici la démonstration que ce ne sont pas seulement les besoins de l’homme, et certainement pas ses besoins physiques, qui expliquent la diversité des créations de Dieu. Apparemment, Dieu porte un intérêt majeur à des petits oiseaux, à de minuscules créatures marines ou à des animaux nocturnes chassant dans la profondeur de la jungle. Il leur a donné à chacun un abri approprié et il satisfait leur faim avec de « bonnes choses » (v. 28). Et tout cet intérêt est pour le bien des créatures elles-mêmes, sans aucune référence à l’alimentation humaine. En fait, le psalmiste trace une ligne de démarcation nette entre l’écosystème de ces animaux et celui de l’homme :
« Les lionceaux rugissent après la proie,
Et demandent à Dieu leur nourriture.
Le soleil se lève : ils se retirent,
Et se couchent dans leurs tanières.
L’homme sort pour se rendre à son ouvrage,
Et à son travail, jusqu’au soir. » (v. 21-23).
Une vie animale sans rapport avec les besoins de l’homme poursuit son cours. Par conséquent, tout anthropocentrisme militant doit être rejeté de manière claire, voire catégorique. Bien que l’homme soit indéniablement au centre du travail créateur et rédempteur de Dieu, la vie terrestre présente une fécondité impressionnante qui ne peut tout simplement pas être expliquée par référence à la nourriture et au confort de l’homme. Encore une fois, seul Dieu peut fournir un cadre de référence adéquat. C’est précisément ce théocentrisme qui nous sauvera de l’avidité ou de l’indifférence qui vont si facilement de pair avec une vision anthropocentrique. Garder Dieu au centre de l’univers nous aidera à bien nous comporter.
La terre et tout ce qui s’y trouve ont été créés à la perfection
La troisième contribution majeure du Psaume 104 a trait à la perfection de la création de Dieu. C’est au v. 24 que cette pensée surgit le plus puissamment : « Que tes œuvres sont en grand nombre, ô Éternel ! Tu les as toutes faites avec sagesse. » Cette référence à la sagesse divine agissant dans la conception de « toutes » les créatures de Dieu évoque la perfection inhérente à chaque espèce. Chaque espèce animale ou végétale existante possède une perfection qui vient de l’exercice de la sagesse de Dieu dans la création. Jean Calvin a écrit : « Dieu a pris plaisir à manifester ses perfections dans toute la structure de l’univers. Sur chacune de ses œuvres, sa gloire est gravée dans des caractères si brillants, si distincts et si illustres que nul, aussi terne et illettré qu’il soit, ne puisse prétendre à l’ignorance. »[note]Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, 1.4.2.[/note]
Mais le message du psaume dans son ensemble nous oblige à concevoir non seulement la perfection de la création de chaque espèce, mais aussi la perfection de la sagesse de Dieu au travers de la manière dont les espèces interagissent pour former des communautés biotiques occupant des zones de vie bien définies :
« Il conduit les sources dans des torrents
Qui coulent entre les montagnes.
Elles abreuvent tous les animaux des champs ;
Les ânes sauvages y étanchent leur soif.
Les oiseaux du ciel habitent sur leurs bords,
Et font résonner leur voix parmi les rameaux.
Les arbres de l’Éternel se rassasient,
Les cèdres du Liban, qu’il a plantés.
C’est là que les oiseaux font leurs nids ;
La cigogne a sa demeure dans les cyprès. » (v. 10-12,16-17)
Cet ordre bien agencé des écosystèmes est, dit le psalmiste, une démonstration du génie divin.
Malgré le péché, la création favorise chez l’homme la louange envers Dieu
La quatrième contribution, étroitement liée à cette troisième contribution, découle de l’impact de la perfection de la création sur l’homme. Au moment où le psalmiste a pris sa plume, le péché a depuis longtemps envahi Éden et laissé sa marque sur la création. Le psalmiste n’en est pas inconscient. Il parle de lions qui rôdent en rugissant autour de leur malheureuse proie (v. 21). Il sait que la terreur et la mort sont communes chez l’homme et la bête (v. 29). Il n’occulte pas les destructions dues au séisme et au volcan (v. 32). Il reconnaît ouvertement l’existence d’hommes méchants (v. 35). Il voit que la nature est, en fait, « rouge de dents et de griffes ». Néanmoins, il observe la création et ne peut retenir ses louanges.
« Mon âme, bénis l’Éternel !
Éternel, mon Dieu, tu es infiniment grand !
Tu es revêtu d’éclat et de magnificence
Que la gloire de l’Éternel subsiste à jamais !
Que l’Éternel se réjouisse de ses œuvres !
Je chanterai l’Éternel tant que je vivrai,
Je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai.
Mon âme, bénis l’Éternel !
Louez l’Éternel ! » (v. 1,31,33,35)
En dépit de l’intrusion du péché et de ses dégâts, il reste un témoignage puissant et clairement visible dans la création de « la puissance éternelle et de la divinité » de Dieu, comme le dit l’apôtre Paul (Rom 1.19-20). Les cieux proclament encore la « gloire de Dieu » et « l’étendue » « l’œuvre de ses mains » (Ps 19.1). Des attributs particuliers de Dieu sont révélés dans ses œuvres. L’auteur du Psaume 104 peut vraiment y voir des preuves de la sagesse et de la richesse de Dieu. Il est donc conduit à louer Dieu pour ces attributs spécifiques. Nous voyons ici la valeur doxologique de la création.
Le Psaume 104 présente plus qu’une vérité conceptuelle. Il est un modèle pour nous de la réponse appropriée à notre découverte de la présence manifeste de Dieu dans la création. Comme le peuple de Dieu est poussé à crier « Gloire ! » quand il observe l’approche d’un orage venant de la Méditerranée (Ps 29.3-9), comme Agur est stupéfait alors qu’il regarde l’un des aigles de Dieu monter en flèche dans l’air (Prov 30.18-19), nous devrions répondre de façon appropriée par une humble louange quand la création nous dirige au-delà d’elle-même vers un Dieu tout-puissant et pleinement sage.
Tout cela a des implications environnementales claires. Si « toutes » les œuvres de Dieu ont été faites avec sagesse, alors chacune a la capacité de parler à l’homme de cette sagesse. Ainsi, toute disparition d’espèce est une diminution des opportunités pour l’homme d’observer la perfection de Dieu. Dans sa vision du trône céleste, Jean entend les anciens chanter au Seigneur : « Tu es digne de recevoir gloire, honneur et pouvoir, car tu as créé toutes choses. » (Apoc 4.11) Toute destruction de la création supprime pour l’homme un motif d’honorer Dieu. Chaque espèce, chaque écosystème révèle la sagesse de Dieu et exerce ainsi une puissante influence doxologique[note]À cette influence pour la louange pourrait être ajoutée une influence pour l’évangélisation. Aldo Leopold a écrit : « Quelle est la valeur de la faune sauvage du point de vue de la morale et de la religion ? J’ai entendu parler d’un garçon qui avait été élevé athée. Il a changé d’avis en voyant qu’il y avait une centaine d’espèces de fauvettes. Chaque espèce est parée comme un arc-en-ciel. Elles effectuent chaque année des vols migrateurs de plusieurs milliers de kilomètres à propos desquels des scientifiques ont écrit avec pertinence mais sans les élucider. Aucun hasard opérant aveuglément au cours de plusieurs millions d’années ne peut expliquer pourquoi les fauvettes sont si belles. Aucune théorie mécaniste, même étayée par des mutations, n’a jamais vraiment justifié les couleurs de la fauvette céruléenne, ni le chant de la grive. J’ose dire que les convictions de ce garçon seront plus difficiles à ébranler que celles de nombreux théologiens. »[/note]. Nous devons nous rappeler que Dieu a également dit au moins à tous les oiseaux et à toutes les créatures marines « d’être féconds et de se multiplier » (Gen 1.22). Nous devons donc trouver un moyen de coexister avec ces créatures dans une fécondité mutuelle, qui reconnaît et honore la sagesse du Seigneur et qui laisse « toute chose bénir son créateur ».
- Edité par Bullmore Michael A.
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