PROMESSES
Dans la période où Jésus est sur la terre, il prononce des discours. L’un d’eux appelé « le sermon sur la montagne » est en quelque sorte la charte du royaume (Mat 5-7), introduite par les béatitudes1 qui vont nous occuper (Mat 5.3-12).
Deux difficultés se présentent à nous quand nous abordons cette section.
Première difficulté (qui s’étend à d’autres passages des évangiles) : Jésus parle-t-il pour les croyants de l’Église ou pour les croyants du « résidu2 pieux » des temps de la fin ?
Tout d’abord, il nous faut garder à l’esprit que Jésus voit dans ses disciples tantôt l’embryon de l’Église, tantôt les croyants pieux du « résidu juif » de la fin, car dans les Évangiles, nous sommes comme sur une frontière : nous ne sommes plus sous « l’ancienne alliance » — puisque Jésus est là — mais nous ne sommes pas encore dans la pleine bénédiction qui va être dévoilée dans les Épîtres — puisque Jésus n’est pas encore mort, ressuscité, glorifié, et que l’Esprit n’est pas encore venu.
Pourquoi ne pas envisager que ces enseignements sont pour les deux ? (Quand un père s’adresse à l’un de ses enfants, à table par exemple, les autres peuvent en tirer profit, même si cela n’est pas directement pour eux.)
Deuxième difficulté : comment traduire le mot « bienheureux » ?
Le terme grec correspondant, « makarios », est souvent traduit par « bienheureux » , mais aussi par « en marche » 3.
Comment concilier cela ? Le terme « en marche » a l’avantage de véhiculer une dynamique, une espérance, un but… Aussi nous proposons une synthèse : « en marche les bienheureux ! » (sous-entendu vers le royaume de Dieu) ou « sur la route du bonheur » (qui conduit au royaume de Dieu). Nous retrouvons d’ailleurs cette pensée de dynamique, cette marche en avant, dans plusieurs passages (És 35.5-10 ; 42.16 ; 43.16-21 ; 51.9-11 ; Apoc 7.4-17). Cela va nous éclairer les paroles parfois bien étranges de Jésus. Survolons donc les « béatitudes ».
« Bienheureux les pauvres en esprit, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux. » (v. 3)
Peu de béatitudes ont donné lieu à autant de malentendus, voire même de sarcasmes. Jésus a-t-il voulu dire que ceux qui s’avancent vers le royaume de Dieu doivent nécessairement posséder un quotient intellectuel déficient et manquer d’instruction ou, pire encore, que ce soient des gens au psychisme altéré ?
Jésus a plutôt voulu dire qu’ils doivent être comme des petits enfants qui croient simplement, qui ne raisonnent pas, qui ne sont pas occupés de leur importance. D’ailleurs ils ne sont pas importants pour le monde et le monde n’est pas important pour eux. Ils peuvent même être méprisés. La seule chose qui compte pour eux c’est qu’ils se sentent aimés. N’est-il pas désirable que nous soyons tels (Mat 18.1-4) ?
« Bienheureux ceux qui mènent deuil, car ce sont eux qui seront consolés. » (v. 4)
Beaucoup de fidèles juifs des temps de la fin tomberont sous les coups terribles de l’Antichrist pendant la grande tribulation (cf. Dan 11.35 ; Apoc 10.7-8). Et dans le temps actuel, aucun d’entre nous ne peut traverser la vie sans connaître le deuil. Mais le croyant dans le deuil possède trois grandes ressources, trois piliers sur lesquels repose sa foi.
1. La sympathie de Jésus : Cela nous renvoie à la scène de Béthanie de Jean 11. Jésus pleure avec nous. Il sympathise avec nous. Il est capable de nous comprendre, maintenant dans notre souffrance (voir Héb 4.14-16).
2. La résurrection de Jésus : Quand tout semblait perdu, quand la mort avait même atteint le Fils de Dieu venu dans l’humanité, Dieu a manifesté sa puissance en le tirant de la mort, montrant ainsi qu’il était supérieur à cette terrible conséquence du péché de l’homme. La lumière du matin de Pâques éclaire maintenant nos plus sombres deuils et nous montre que ce qui paraît définitif ne l’est pas.
3. La venue de Jésus : « Le Seigneur lui-même descendra du ciel et les morts en Christ ressusciteront premièrement… » (1 Thes 4.16-17), c’est-à-dire ces bien-aimés appartenant à Christ que nous pleurons. Ainsi, nous sommes consolés à leur sujet. Leur corps que nous avons enseveli va être transformé !
« Bienheureux les débonnaires, car ce sont eux qui hériteront de la terre. » (v. 5)
Un débonnaire est quelqu’un qui est plein de bonté, doux. Il n’insiste pas sur ses droits (cf. Phil 4.5). Pourquoi revendiquerais-je agressivement un droit et une possession si je suis en route vers le royaume ?
Plus que pour nous, l’expression « hériter de la terre » sera une merveilleuse promesse, et un encouragement pour le résidu juif pieux accablé par toutes les spoliations du règne de l’Antichrist.
« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice car ce sont eux qui seront rassasiés. » (v. 6)
Notre monde est plein d’injustices. Elles engendrent frustrations et souffrances pour les plus faibles. Elles nous heurtent, nous révoltent ; mais nous ne pouvons faire que peu de choses en face d’elles. Il faudra qu’arrive le règne du Messie sur la terre pour que la justice soit enfin instaurée (voir Ps 9.7-9 ; 72.12-14). Toutefois, nous pouvons poursuivre personnellement et ardemment ce qui est juste devant Dieu, entre nous et dans l’Église.
Le résidu juif souffrira aussi de l’injustice, mais il sera lui aussi sur le chemin du bonheur, sur le chemin du règne.
« Bienheureux les miséricordieux, car c’est à eux que miséricorde sera faite. » (v. 7)
Notre monde est dur, c’est la loi de la jungle, du chacun pour soi, du « pousse-toi que je passe ».
Mais les miséricordieux font attention à la misère qui les entoure, ils ont un cœur qui cherche à prodiguer au moins un peu de soulagement. Le résidu juif en bénéficiera alors pour entrer dans le règne (És 49.13 ; Jér 12.15 ; Osée 2.23). Sommes-nous ces miséricordieux dans le temps présent ?
« Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car ce sont eux qui verront Dieu » (v. 8)
Si nous sommes de ceux-là, notre amour pour Dieu sera exclusif. Le propos de notre cœur sera clair, nos motivations simples. Nous rechercherons sa volonté et non la nôtre, sa gloire et non la nôtre. Pensons à un exemple pratique parmi beaucoup d’autres : nous ne « forcerons pas les portes », mais nous laisserons Dieu nous les ouvrir si c’est sa volonté. Si réellement nous maintenons dans la durée cette attitude de cœur et de foi, nous « verrons Dieu » agir. Il n’y aura pas de doute, ce sera lui.
« Ceux qui sont purs de cœur » — le résidu pieux sera de ceux-là, quand « ils retourneront vers Dieu de tout leur cœur » (Jér 24.7 ; 29.11-14).
« Bienheureux ceux qui procurent la paix car ce sont eux qui seront appelés fils de Dieu. » (v. 9)
Les conflits sont incessants et à tous les niveaux dans notre monde. Dans les couples, dans les familles, entre voisins, entre nations. Mais ces bienheureux qui s’avancent vers le royaume recherchent la paix, au prix même de certains de leurs intérêts. Ils savent que la paix sera une caractéristique du royaume terrestre du Messie, qu’il l’incarnera (Mich 5.4) ; que le règne sera fondé sur la justice (És 32.17-18). Mais dès à présent, ces bienheureux « la procurent » à ceux qui les entourent. Ils manifestent déjà les caractères du Dieu de paix ; ils en sont « les fils ». Que Dieu nous soit en aide pour la procurer autour de nous !
« Bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice car c’est à eux qu’est le royaume de Dieu. Vous serez bienheureux quand on vous injuriera et qu’on vous persécutera… » (v. 10-12)
Jésus ferait-il ici (comme aussi lors de la deuxième béatitude) l’apologie de la souffrance ? Assurément non. La souffrance est difficile, même terrible ; mais elle manifeste, chez la personne qui la traverse, la fidélité, la pureté — tel le métal dans le creuset.
Ceux qui sont (et seront, pour le résidu juif) soumis à la persécution violente, sont (et seront) plus que d’autres, aux portes du royaume. Ils y auront en tous cas une place de choix. Ils y recevront la couronne de vie (Apoc 2.10). Mais, dès maintenant, ils peuvent se réjouir d’être estimés dignes de souffrir pour le nom infiniment glorieux de leur Maître. « L’Esprit de gloire et de Dieu demeure sur eux. » (1 Pi 4.12-14)
Beaucoup de chrétiens souffrent actuellement souvent jusqu’à la mort, mais ils sont ces bienheureux.
Conclusion
Tous ces bienheureux sont en marche vers le royaume. Le résidu juif pieux portera en son temps tous les caractères mentionnés ci-dessus. Ils seront développés en eux par un grand travail de cœur et de conscience, au travers de la « grande tribulation » (Mat 24.21), pour les préparer à reconnaître le Messie qu’ils avaient rejeté4 (voir Zach 12. 10-11).
Pour nous, chrétiens, qui attendons et aimons l’apparition glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ (Tite 2.13 ; 2 Tim 4.8), nous sommes aussi ces bienheureux en qui le Saint-Esprit forme ces caractères, au travers des épreuves et des difficultés de la vie.
1 Le terme « béatitude » désigne le bonheur que Dieu donne à ses élus. « Les béatitudes » désignent plus spécifiquement les expressions de Matthieu 5 commençant par « bienheureux ».
2 Le terme « résidu » traduit aussi par « reste » (voir par ex. Rom 9.27 ; 11.5) ne véhicule pas la pensée de quelque chose de méprisable, de peu de valeur, mais au contraire de ce qui retrouve des caractères originels et, de ce fait, est précieux pour Dieu. Ces juifs pieux, qui se repentiront du rejet du Messie et entreront dans son règne avec lui, portent bien ces caractères.
3 Le terme grec « makarios » veut dire : bienheureux, heureux, chanceux ; ce terme signifie qu’une personne est bénie de Dieu et que cette bénédiction la remplit de joie, la rend heureuse. Il correspond au terme hébreu « ashréhy » (que l’on trouve 26 fois dans les Psaumes, 8 fois dans les Proverbes et 3 fois en Ésaïe) et qui est compris de différentes façons par les hébraïsants : il peut être une interjection, une exclamation « heureux ! » ou un nom pluriel, « les bonheurs », traduit par « ô les bonheurs de » . Ce mot là, au singulier : « èshèr » vient d’une racine verbale qui signifie à la forme intensive « mener, guider » et à la forme simple « marcher », d’où la traduction de Chouraqui : « en marche ! » Une théologienne suisse, Thérèse Glardon a écrit à propos de la traduction de Chouraqui pour ce terme : « Ce dernier rapprochement suggère non des bonheurs statiques ou des satisfactions béates, mais des bonheurs dynamiques, toujours à découvrir, toujours neufs et qui nous mettent en mouvement. » Dieu est deux fois qualifié de makarios : c’est une de ses qualités qu’il nous souhaite (1 Tim 1.11 ; 6.15).
4 Retrouvailles magnifiquement illustrées par l’histoire des frères de Joseph (Gen 45)
« A leur départ, Jésus se mit à dire aux foules, à propos de Jean : Qu’êtes-vous allés contempler au désert ? Un roseau agité par le vent ? Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu somptueusement ? Mais ceux qui portent des vêtements somptueux sont dans les maisons des rois. Qu’êtes-vous donc allés (faire) ? Voir un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. Car c’est celui dont il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. En vérité je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est soumis à la violence, et ce sont les violents qui le ravissent. Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean ; et, si vous voulez l’admettre, c’est lui qui est l’Élie qui devait venir. »
Matthieu 11.6-13
Héraut du royaume
Jean est en prison depuis près d’un an. Il entend parler du Christ, de ses discours, de ses miracles, mais il est inquiet. Il doute. Il ne voit pas l’accomplissement des prophéties messianiques. Jésus n’a toujours pas imposé la justice au monde. Et lui est toujours en prison. Jean envoie des émissaires à Jésus pour lui demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mat 11.3)
Pour rassurer son ami, Jésus réalise sur le champ plusieurs miracles (Luc 7.21) qui authentifient son rôle de messie. Puis il prononce les paroles les plus élogieuses jamais sorties de sa bouche. Le témoignage du Christ en faveur de Jean-Baptiste est impressionnant.
Le ministère de Jean-Baptiste a été extrêmement influent. Marc 1.4-7 indique que « tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; et ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain en confessant leurs péchés. » Parmi la foule, certains n’étaient que curieux de voir le premier prophète depuis Malachie, après 400 ans de silence ; d’autres se repentaient sincèrement.
La prédication de Jean-Baptiste était orientée résolument vers les gestes concrets qui accompagnent la foi (Luc 3.10-14). Mais avant tout elle annonçait un être supérieur à lui, qui baptiserait d’Esprit saint ceux qui se tourneraienont vers Dieu, et de feu ceux qui refuseront refuseraient de le faire (cf. Mat 3.121). Jésus marque de son sceau d’approbation le ministère de Jean- Baptiste, exposant par là même la motivation de certains des spectateurs qui n’appréciaient pas son ministère.
Jean-Baptiste n’était pas une girouette s’agitant en vain — à l’instar des roseaux qui poussent facilement sur les berges d’un fleuve, et qui se couchent dans le sens du vent. Jean-Baptiste n’était pas un dignitaire de la société suscitant l’admiration des foules — ses vêtements étaient primitifs, son mode de vie frugal. Lorsque Jésus pose la question « qu’êtes-vous donc allés voir ? », il invite le peuple indécis à se positionner. Car Jean- Baptiste est prophète, et même, « plus qu’un prophète ».
Une supériorité qui tient au fait qu’il fait lui-même l’objet d’une prophétie : « Voici que j’enverrai mon messager ;; il ouvrira un chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez ; et le messager de l’alliance que vous désirez, voici qu’il vient, dit l’Éternel des armées. » (Mal 3.1). Mais également parce que Jean-Baptiste est l’annonciateur, le héraut, du Roi des rois. Les autres prophètes de l’Ancien Testament n’ont pas eu ce privilège et ne faisaient qu’investiguer sur une époque future (1 Pi 1.10-12).
Témoin par anticipation du royaume
Selon Jésus il n’y a pas eu d’homme plus grand que Jean-Baptiste depuis Adam. Ni Job, ni Abraham, ni David, ni Daniel ne peuvent rivaliser avec lui. L’honneur que Christ attribue à Jean-Baptiste est spectaculaire.
Mais il ajoute : « Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. » Une parole énigmatique ! Don Carson recense deux interprétations à écarter, car trop isolées du contexte2 :
– Comprenant le « royaume des cieux » dans un sens futur, certains voient le contraste entre Jean-Baptiste maintenant, et le croyant plus tard dans le royaume des cieux. La phrase dirait donc : « Le plus petit dans le royaume des cieux de demain est plus grand que lui aujourd’hui. »
– Comprenant les rapports dans un sens temporaire immédiat, certains entendent : le plus petit dans le sens de « plus jeune » : « Le plus jeune [c’est-à-dire Jésus] est plus grand que lui, bien qu’il que celui-ci soit plus âgé. »
D’autres y voient un contraste entre les croyants de l’Ancien Testament, et les croyants du Nouveau Testament, ces derniers bénéficiant d’un statut spirituel supérieur. Mais c’est une manière étrange de séparer les sauvés, qui le sont par la même œuvre substitutive du Christ.
Deux perspectives sont à considérer :
– 1. Jean-Baptiste est le plus grand homme, mais avec le sacrifice du Christ, les chrétiens reçoivent par grâce une justice par la grâce qui est supérieure à celle des plus grands hommes.
– 2. L’illumination du Christ modifie la hiérarchie entre les prophètes. Jean-Baptiste était une « lampe » qui éclairait Jésus- Christ. Mais après la mort et la résurrection de Jésus, la venue du Saint-Esprit sur les hommes a donné aux chrétiens une lumière bien plus vive ! C’est comme comparer une lampe de poche à une lampe halogène. Parce qu’ils ont l’Esprit saint, et qu’ils reflètent le Christ, les chrétiens ont une fonction de « poteau indicateur » supérieure à celui celle de Jean-Baptiste (cf. 2 Cor 5.14-21).
Mais les implications sont importantes ! Il n’existe pas de plus grand appel que de faire connaître le saint Évangile du Christ. Il n’y a pas d’existence plus « « prophétique » que celle qui se consacre à être témoin de Jésus Christ.
Précurseur du royaume
Selon le Seigneur, le royaume est « soumis à la violence ». Le temps grammatical du verbe peut se traduire de deux façons :
– Au sens passif : le royaume des cieux est « violenté ». Jean-Baptiste, puis Jésus plus encore, sont sujets à une critique violente, contestés par les chefs religieux. Une opposition nette, une rivalité précise s’est établie entre le royaume des cieux et le royaume du monde.
– Au sens actif : le royaume des cieux exige des gens violents, c’est-à-dire des gens passionnément désireux d’y entrer. Jésus ferait remarquer ici la difficulté de faire partie de ce royaume ; les tièdes ne peuvent y entrer parce que leur cœur est rempli de compromis.
Ces deux sens se complètent. En venant sur terre, Jésus vient pour arracher avec force des hommes au monde des ténèbres (Col 1.13). Les démons empêchent les gens de comprendre l’Évangile (Mat 13.19). Satan aveugle les pensées des hommes de notre temps (2 Cor 4.4). Dieu propose un royaume qui est rudement contesté, car ses valeurs sont opposées aux valeurs du monde (1 Jean 2.16).
Seuls les gens qui « poussent », y mettant toute leur énergie, pénètrent dans le royaume des cieux. Bien évidemment, il ne s’agit pas d’une flambée d’œuvres mais d’un cœur confessant clairement son attachement à Jésus- Christ. Jésus use d’une image qui n’invalide en rien les doctrines de la grâce !
Jean-Baptiste est le brise-glace qui ouvre le chemin au Christ, il est le service d’ordre qui force un passage, il est l’éclaireur qui révèle le cœur des hommes et leur besoin de Jésus.
Il est aussi « Élie qui doit venir » (Mal 4.5). Est-ce à dire que Jean-Baptiste est la réincarnation d’Élie ? C’est une lecture bizarre que l’on trouve aujourd’hui dans divers cercles ésotériques. Mais c’est impossible :
– Tout d’abord Jean-Baptiste dit lui-même qu’il n’est pas Élie (Jean 1.21).
– Ensuite, parce qu’Élie n’est jamais mort — il est monté au ciel. Jean-Baptiste est né d’une femme ; ses jours ont commencé d’une manière naturelle qui ne fait pas suite à la vie d’Élie.
– Enfin et surtout parce que la Bible enseigne clairement qu’on ne meure qu’une fois, et que notre sort éternel est déterminé par notre justification qui ne dépend que de notre union à Christ (Dan 12.2-3 ; Héb 9.27 ; 1 Jean 5.11-13).
En fait, Jean-Baptiste est venu « avec l’esprit et la puissance d’Élie » (Luc 1.17). Il y a dans sa personne et son œuvre les caractéristiques de la fonction d’Élie. En sorte que si Israël l’avait reconnu, les conditions étaient réunies pour l’accomplissement des prophéties.
La promesse du retour d’Élie se rattache probablement à un passage surprenant d’Apocalypse 11 où deux témoins sont suscités, dont l’un accomplit les miracles faits par Élie autrefois (Apoc 11.5-6), même si l’identité de ces deux témoins n’est pas explicitement révélée.
Jésus conclut par une mise en garde solennelle : « Que celui qui a des oreilles entende ! » En acceptant Jean-Baptiste comme précurseur du Seigneur, on accepte dès lors que Jésus est soit le Seigneur ; l’horloge prophétique se met en marche et le royaume peut s’établir dans sa plénitude. Mais en refusant d’admettre Jean-Baptiste dans son rôle, alors on refuse la messianité de Jésus. Le Roi des rois est rejeté, et l’avènement public du royaume est reporté. C’est ce qui s’est passé. Un jour, comme le disait Jean-Baptiste, Jésus triera entre les hommes et répartira départagera entre ceux qui sont sauvés et ceux qui ne le sont pas.
Dieu s’est déplacé en la personne de Jésus. Il a envoyé son précurseur pour attester sa venue. Son appel à la repentance nous invite à changer radicalement notre manière de penser au sujet de la vie, du péché, de Dieu, et à nous engager à sa suite…
Un grand homme
La grandeur d’un homme ne se mesure pas à son apparence ! La grandeur d’un homme n’est pas anéantie par un moment de déprime ou de doute. La grandeur d’un homme ne se mesure pas à sa popularité auprès des personnalités reconnues.
Voici ce qui fait la grandeur de Jean-Baptiste :
– il était consacré à Dieu — pas de superflu dans son style de vie ;
– il ne faisait pas de distinction de personnes, comme l’atteste ses propos courageux à Hérode et aux prêtres ;
– il savait conseiller ceux qui venaient à lui, même des soldats œuvrant pour un gouvernement corrompu ;
– il avait l’humilité de reconnaître les limites de son appel : « Il faut qu’il croisse, et que je diminue. » (Jean 3.30)
1 La notion de tri entre le blé et la paille milite en faveur de cette interprétation.
2 « Matthew », Expositor’s Bible Commentary, vol. 8, Zondervan, 1984, p. 264.
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