PROMESSES

Quel rapport entre mon destin personnel et la mort par crucifixion, il y a 2000 ans, d’un obscur ressortissant juif d’une ointaine province de l’Empire romain ?

Telle est la question éternellement débattue par tous ceux qui prirent connaissance de ces faits, y réfléchirent, et déciderent que ce rapport était de la plus extréme importance, ou au contraire choisirent de l’ignorer.

Les premiers écrits néotestamentaires rendent compte de ce débat et nous apprennent que les uns considéraient déja le message de la Croix de Christ comme un scandale, ou une folie — et les autres comme leur seule chance de salut (cf. 1 Cor 1.23-24 ; 2.2 ; Gal 1.6-9).

Pour si injuste et ignoble qu’ait été cette condamnation d’un innocent, il est pourtant un élément de cette affaire que personne ne doit sous—estimer. Cette crucifixion ne fut pas un tragique accident sur la route d’une impuissante victime. Une lecture attentive des Écritures, une écoute des enseignements de Christ lui-même et des apôtres après lui, nous révèlent qu’il fallait que ces événements arrivent, qu’ils étaient selon le plan de Dieu, que Christ savait au devant de quoi il allait, et que sa mort (conjointement a sa résurrection et a son ascension) allait déterminer sa victoire, rendre gloire au Père — et nous ouvrir les portes du salut. Puisqu’il n’y a donc pas de christianisme biblique sans la Croix, il est vital de bien comprendre la signification de celle—ci. C’est a cette tache que nous voulons nous atteler.

Quel sens donner a la crucifixion de Jésus ?

Beaucoup d’opinions se sont formées à ce sujet. Certaines interprétations contiennent des éléments intéressants, mais une seule d’entre elles nous semble entièrement répondre aux critères bibliques. Quelques échantillons des thèses les plus courantes :

1. La mort de Christ constituerait une rançon payée à Satan afin qu’il relâche les pécheurs que Dieu veut sauver. Se fondant sur des passages comme Mat 20.28 ; Marc 10.45 ; 1 Cor 6.20, cette conception fut défendue par Origène ou par Augustin. Quoique astucieuse, elle est liée à une compréhension défectueuse qui a dominé le christianisme jusqu’au xie s. Or, Satan fut jugé à la Croix (Jean 12.31 ; 16.11 ; Col 2.14-15) et sera emprisonné pour l’éternité (Apoc 20.10) ; le Créateur ne lui doit rien.

2. Jésus, par sa vie obéissante aurait fait une récapitulation, un résumé parfait de toutes les étapes de la vie humaine. Il aurait réussi là où Adam et ses descendants ont fauté (cf. Rom 5.12-21 ; Héb 2.10 ; c’était l’opinion d’Irénée). Or, s’il est vrai que Jésus fut sans péché (1 Jean 3.5 ; Jean 8.44), c’est de sa mort, de sa résurrection et de sa glorification que provient notre salut, et non seulement de sa vie terrestre parfaite.

3. Jésus aurait en quelque sorte dédommagé Dieu du déshonneur entraîné par le péché d’Adam : sa mort constituerait une offrande qui compenserait le ravage de nos fautes. Dès lors, Jésus pourrait offrir le salut à ceux qui se convertissent (cf.1 Pi 2.21 ; 1 Jean 2.6 ; Pélage, Anselme, Lélius et Fauste Socin, du ive au xvie s. défendirent ce point de vue). Or, cette théorie ne rend pas justice à des passages comme 1 Pi 2.24 ou Rom 5.6-10. Par sa mort, Jésus n’a rien remboursé à qui que ce soit !

4. La mort de Christ démontrerait l’amour de Dieu, et exercerait par là une influence morale sur l’homme. Cet acte adoucirait le cœur du pécheur pour l’amener à la repentance ; l’homme, étant spirituellement et moralement malade, aurait besoin de cette preuve d’amour (Rom 5.8 ; 2 Cor 5.17-18 ; Phil 2.5-11 ; Col 3.24 ; c’était la position d’Abélard, xie s.). Or, la mort de Christ fut plus qu’une influence morale. En recevant la condamnation que nous méritons, Jésus accomplit le seul acte de justice suffisant au règlement de notre dette envers Dieu (Mat 20.28 ; Apoc 5.9 ; Rom 3.24-25 ; 5.6,10).

5. Une démonstration de la justice de Dieu (théorie gouvernementale), Dieu voulant illustrer, par la mort de Christ, sa haine des violations de sa juste Loi. Les souffrances de Christ n’auraient rien expié du tout ; elles ne feraient que traduire l’estime que Dieu vouait à sa Loi et à son gouvernement de la race humaine (Ps 2 et 5 ; Es 42.21 ; position de Grotius, xvie s.). Or, la mort de Christ fut d’abord le moyen d’apaiser la colère du Dieu offensé (Rom 3.24 ; 1 Jean 2.2), et de fournir au pécheur la réconciliation que ce dernier n’aurait jamais pu obtenir par lui-même (2 Cor 5.21 ; 1 Pi 2.24).

6. Une démonstration mystique d’amour qui permettrait à la mort de Christ d’exercer une mystérieuse influence sur l’homme pour le pousser à être « bon » ; la mort sacrificielle inspirerait les hommes à agir charitablement ; elle permettrait de « sentir et goûter l’Infini » (Schleiermacher, xviiie s. ; cette théorie s’appuie sur Héb 2.10, 14-18 ; 4.14-16) . Or, les chap. 3 à 7 de l’Épître aux Romains enseignent que l’homme n’est pas bon, et qu’il est incapable d’agir selon les normes divines. Au préalable, sa culpabilité à l’égard de Dieu doit être ôtée : Christ est mort dans ce but.

7. Un accident, parce que Christ, si concentré sur sa prédication du Royaume, n’aurait pas vu arriver sa mort. Cette mort n’aurait pas été destinée à servir à quoi que ce soit (Albert Schweitzer, xxe s.). Or, Jésus a prédit, et accepté, sa mort (Mat 16.21 ; 17.22 ; 20.17-19 ; 26.1-5), laquelle était dans le plan de Dieu (Actes 2.23) parce qu’il fallait qu’un homme parfait subisse le jugement divin à la place de l’humanité (És 53.4-6).

8. Un acte de substitution. Jésus-Christ s’interposa entre la colère de Dieu et la race humaine pécheresse et coupable. Christ s’est constitué comme victime pour endurer la colère de Dieu envers les péchés de l’humanité ; il fut puni à notre place (2 Cor 5.21 ; 1 Pi 2.24 ; Héb 9.28 ; És 53.4-6). Christ, par sa mort, répondit totalement aux exigences divines sur les plans légal, moral, et personnel. Il a offert le seul et unique sacrifice parfait pour régler la question du péché.

Les sept premières conceptions ci-dessus sont déficientes. La huitième est la seule qui corresponde à la généralité de l’enseignement biblique. Regardons de plus près la doctrine de « la mort pénale en substitution de Jésus-Christ ».

La mort de Christ : une satisfaction et une substitution pénales

A-La substitution pénale : une notion largement répandue

Trois observations :

1. La mort de Christ occupe une place importante dans les Évangiles.

2. La mort de Christ fut le but de son incarnation, car sa mission était de donner sa vie comme une rançon2. Ce concept était familier en Israël3.

3. Même dans le monde païen gréco-romain, le principe de « substitution » légale était familier.

Cependant, beaucoup de théologiens, comme nous l’avons constaté, n’ont pas admis la centralité de cette notion. Historiquement, l’abandon du principe de substitution légale coïncide généralement avec l’apparition de toutes sortes de questionnements, tels que :

1. La mort de Christ était-elle une nécessité ou une option arbitraire ?

2. La mort de Christ était-elle ancrée dans l’amour et / ou dans la justice de Dieu ?

3. Cette mort fut-elle le remède à la culpabilité inhérente au péché originel, ou aux seuls actes de péché ?

4. Christ a-t-il souffert pour les crimes de l’humanité, ou seulement pour servir de bon exemple ?

Pour retrouver une base digne de foi, établissons tout d’abord que la nécessité du salut repose sur quatre réalités :

1. Le caractère de Dieu : sa justice (Deut 32.4 ; Ps 89.15 ; Gen 18.25 ; Rom 9.14), sa sainteté (Ex 15.11 ; Ps 89.36a ; Es 6.3 ; Hab 1.13), sa haine du péché (Ps 5.5-7 ; Nom 11.1 ; Héb 12.29), mais aussi son amour (1 Jean 4.7,8,16).

2. La Loi de Dieu (Lév 11.44 ; Deut 5.20, 29 ; 11.26-27 : Jac 2.10 ; Gal 3.10) à laquelle aucun pécheur n’a jamais complètement obéi (Rom 3.23).

3. La nature du péché adamique, inné en chaque être humain (Ecc 7.20 ; Éz 22.4 ; 18.4 ; Jac 2.10 ; Rom 3.9 ; 5.12).

4. Un besoin général de purification et de pardon (Ps 32.1 ; Luc 1.77 ; Act 13.38 ; Éph 1.7 ; Col 1.13-14 ; 2.13 ; Héb 1.3c ; 2.17c ; 7.27e), de victoire sur le péché (Éph 4.20-5.21 ; 6.14-17 ; Rom 7.22-25), de vie éternelle et de sécurité (Jean 3.16, 36 ; 5.21,24 ; 10.27-29 ; 17.2-3 ; Rom 5.17 ; 2 Tim 4.18 ; 1 Cor 1.8-9 ; Éph 1.4-5 ; Jude 1, 24).

B-Harmonie entre l’A.T. et le N.T.

Le Nouveau Testament établit que la conception et l’accomplissement du salut trouvent leur anticipation dans l’Ancien Testament ; les divers sacrifices prescrits par la Loi de Moïse sont la meilleure introduction au message de la Croix4. La nécessité de substitution et de satisfaction exigée par le Créateur pour régler la question du péché est du reste aussi vieille que l’homme. Cette nécessité s’est imposée jusqu’à la mort de Christ5. Les victimes offertes sur l’autel avaient pour but de mettre en évidence la sainteté et la justice de l’Éternel, l’état de corruption totale de la race humaine, la culpabilité entière de l’individu. Mais surtout, les sacrifices d’expiation révélaient que Dieu, en tant que Sauveur, était disposé à pardonner les péchés, non sur la base des œuvres, mais en raison de l’offrande d’une vie innocente que Dieu, dans sa grâce, accepterait en guise de substitution pour le coupable. Résumons brièvement cette doctrine fondamentale du christianisme biblique.

C-Portée de l’œuvre de la Croix pour les croyants

Voici quelques termes bibliques clés pour la bonne compréhension de cette œuvre :

1.  La mort de Christ fut une substitution pénale (légale). « Christ est mort pour les pécheurs » (Rom 5.8). Comment comprendre la préposition « pour » ? Elle traduit deux prépositions grecques différentes :

– (anti) : signifie parfois « pour ; au lieu de » (Mat 20.28, Marc 10.45 sont les seules références du N.T. qui mettent l’accent sur la substitution) ;

(hyper: « pour ; à la place de, pour le bienfait d’un autre »6. Toutefois, il semble bien que « hyper » dans 2 Cor 5.14, 21 ; Gal 3.13 recouvre aussi le sens de anti, et probablement aussi dans Jean 11.50 ; 18.14.

Déduction : la mort de Christ fut la mort de tous, parce qu’il subissait la condamnation que mérite toute créature. En devenant l’objet de la colère divine à l’égard du péché de l’homme, Christ a agi « au lieu de nous, pour notre bienfait, et à notre place ». Jésus-Christ assuma tous les égarements des hommes rebelles à leur Créateur. Selon 2 Cor 5.21 ; Gal 3.13, il est devenu « péché » en prenant la malédiction qui nous était destinée. Cette œuvre inouïe dépasse notre compréhension ! Elle ne peut que recevoir notre humble acceptation, notre constante adoration, et surtout déboucher sur une qualité de vie prouvant notre attachement respectueux à la personne de Christ.

2.  Aux yeux de Dieu, la mort de Christ a une valeur éternelle, parce que son amour, sa justice et sa Loi ont été satisfaites ; toutes les exigences divines envers les hommes se trouvèrent satisfaites en cette mort. Christ devint une offrande propitiatoire pour apaiser (la propitiation) le Dieu en colère, offensé7.

 3.  La mort de Christ fut un acte de réconciliation, le but étant de rétablir le contact avec le Dieu dont l’homme s’était volontairement détourné8. Par sa mort, Christ a potentiellement éliminé l’opposition et la rébellion humaines contre Dieu9. Toutefois, il nous appartient, sous l’éclairage de la Parole et du Saint-Esprit, de répondre à cette offre par la repentance et la foi (Act 20.21).

 4.  La mort de Christ fut une rédemption de portée universelle, mais son fruit n’est récolté que par ceux qui le reçoivent, c’est-à-dire par ceux qui passent par une authentique conversion. Trois verbes grecs différents l’expriment plus précisément :

a.  Christ a acheté l’esclave (au marché) pour le libérer10.

b.  En acquérant le pécheur repentant, Christ le libère de l’esclavage et de la malédiction de la Loi. La Loi n’a plus aucun droit sur celui qui s’est réfugié dans l’œuvre de Christ11.

c.  C’est au prix de son sang précieux, de sa vie, que Christ a payé la rançon, le rachat12.

La mort de substitution pénale de Jésus-Christ, satisfaisant et apaisant Dieu, réglant la question du péché, est une réalité. Chez le croyant, cette mort devrait toujours engendrer un amour sincère pour chaque Personne de la Trinité, l’amour des autres, une vraie haine et une solide horreur du péché, un désir de service et de sacrifice, et une dynamique en vue d’une conduite sanctifiée.

D-Portée de la Croix pour l’humanité en général

Une question a divisé, divise, et divisera les théologiens… et ceux qui les écoutent : Christ est-il mort uniquement pour les « élus », les « nés de nouveau » ? Ou bien a-t-il payé la dette de toute l’humanité ?

Puisqu’un verset comme Jean 3.16 est souvent invoqué dans ce débat, que représente donc ce « monde » que Dieu a tant aimé qu’il lui a donné son Fils ? Le mot grec (cosmos) désigne, dans la philosophie grecque, la totalité de l’existence spatiale et temporelle de la création, de l’univers, dans un ordre perceptible (Homère, Hésiode, Anaximandre, Platon, Aristote, etc.). Dans les écrits apocryphes de la LXX, ce sens s’y trouve (Sagesse, 2 Maccabées, 4 Maccabées). Fait intéressant : l’hébreu biblique n’a aucun équivalent, ni concept, ni mot correspondant au grec « cosmos ». L’A.T. appelle l’univers « ciel et terre », « tout » (Jér 10.16 ; Ps 103.19 ; És 44.24 ; Ps 8.7). Le « monde » est toujours une entité en rapport avec le Créateur (Gen 1.1-2.4a ; cf., Ps 136 ; 148 ; Amos 4.13 ; 5.8 ; 9.6). Comme dans le grec séculier et le judaïsme hellénisé, le N.T. emploie « cosmos » comme « monde » avec trois usages :

a. l’univers (Act 17.24 ; Jean 1.3) ;

b. la sphère ou le lieu de la vie humaine, la terre (Marc 8.36 ; Mat 4.8 ; Luc 4.5 ; cf. Jean 1.9 ; 2 Cor 1.12) ;

c. l’humanité, le lieu appartenant à l’activité des hommes (Jean 3.19 ; 2 Cor 5.19, surtout là où l’activité divine salvatrice est à l’œuvre). Notons aussi la signification de « cosmos » dans Rom 5.12ss ; 3.6, 19 ; 8.20-22. Quant au « nouveau monde » à venir, il n’est jamais appelé « cosmos », mais « Royaume de Dieu », « nouveaux cieux et nouvelle terre » ; le « cosmos » est corrompu, provisoire, et voué à la disparition ; le Royaume est parfait, incorruptible et éternel (lisez les descriptions de l’apôtre Jean concernant le « cosmos », Jean 1.29 ; 7.7 ; 15.18ss ; 12.31 ; 16.11 ; 1 Jean 5.18).

Les divers sens du terme « cosmos » ne peuvent donc pas autoriser une application restrictive de la doctrine de la substitution. Du reste, cette doctrine ne produisit pas de controverse générale parmi les chrétiens jusqu’en 1618. C’est à ce moment en effet que les descendants spirituels de Calvin, réunis à Dordrecht, en Hollande, radicalisèrent leur position : Christ n’est mort que pour les élus. Or, de grands noms de l’histoire chrétienne, Clément d’Alexandrie, Eusèbe, Athanase, Chrysostome, Augustin, Luther, Latimer (martyr), Coverdale, Cranmer, Schaff, Edersheim, A.T. Robertson (le plus grand grammairien américain du grec du N.T.), croyaient sans broncher que Christ est mort pour payer la dette de toute l’humanité. C’est aussi notre profonde conviction.

A. Voici les références utilisées par ceux qui affirment que Christ est venu procurer le salut uniquement à une petite minorité, les élus. Suivies de mes commentaires…

– És 53.5 : si l’on interprète ce verset dans son contexte, le Messie allait mourir uniquement pour Israël ! Or, Paul l’applique à tous dans Romains 5.6,8.

– Mat 1.21 : peut-on réellement appliquer ce verset uniquement aux juifs ? Si oui, aucun non-juif n’a jamais été sauvé !

– Mat 20.28 : « plusieurs » désigne-t-il contextuellement les juifs seulement ? Si oui, il n’existe aucun non-juif sauvé. Idem pour 26.28, et pour Jean 10.15.

– Act 20.28 ; Gal 3.13 ; Éph 2.25 parlent de la mort pour « l’Église », et c’est la vérité. Toutefois, ces références ne disent jamais que Christ est mort uniquement pour elle. Ces versets ne font que mettre l’accent sur un aspect particulier de la vérité au sens plus large. L’Église représente une minorité du grand ensemble de ceux pour qui Christ est mort. Ainsi aucun des versets ci-dessus, et bien d’autres, ne causent de problème d’interprétation pour ceux qui croient que Christ a payé la dette de l’humanité entière.

B. Voici un échantillon de références qui enseignent que la mort propitiatoire englobait toute l’humanité :

– Luc 19.10 : Jésus est venu pour « ce qui était perdu ». Qui était perdu ? Seulement les juifs, seulement les élus ou toute l’humanité ?

– Jean 1.29 : « les péchés du monde » (rappelons-nous

– Jean 3.16 : le verset parle pour lui-même.

– Romains 5.6 : qui sont les « impies » ? Seulement les « élus », et si oui, le monde n’a-t-il jamais vu ni connu d’autres impies13 ?

– Hébreux 2.9 : Christ fut-il couronné uniquement à cause de sa mort pour les élus ? Il a tout réglé pour tous, mais seuls les convertis en bénéficient (1 Tim 4.10).

– 2 Pierre 2.1 : mais ce verset est solennel14 !

En guise de conclusion

Les deux versets qui suivent résumeront très clairement la valeur universelle et actuelle de la mort substitutive de Jésus-Christ pour tout pécheur qui se repent, croit, et se donne au Dieu-Sauveur :

1 Jean 2.2 : « Il [Jésus-Christ] est lui-même victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. »

1 Timothée 4.10 : « …nous travaillons et nous luttons, parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le sauveur de tous les hommes, surtout des croyants. »

1És 53 ; Mat 17.22,23 ; Marc 14.21 ; Act 2.23 ; 3.18 ; 4.25-28 ; Gal 3.13 ; 1 Pi 2.24.
2 Jean 12.27 ; Marc 10.45 ; Luc 22.15 ; Mat 26.2 ; Jean 3.14.
3 Lév 25.25, 48 ; Ps 49.7 ; És 35.10 ; 51.11 ; Ex 13.13 34.20 ; Osée 13.14.
4 Jean 1.29 : 1 Cor 5.7 ; Éph 5.2c ; 2 Cor 5.21 ; 1 Pi 1.19 ; Héb 1.1-10.29.
5 Gen 3.21 ; 22.1-14 ; comparez Lév 16 avec Héb 9.1-12 ; 0.1-22.
6 Jean 10.11, 15 ; 11.50-51 ; 15.13 ; 18.14 ; Rom 5.6, 8 ; 1 Cor 5.7 ; 11.24 ; 15. 3 ; 2 Cor 5.14-15, 21 ; Gal 1.4 ; 2.20 ; 3.13 ; 1 Thes 5.10 ; Tite 2.14 ; Héb 2.9 ; 5.3 ; 10.12 ; 1 Pi 2.21 ; 3.18 ; 4.1 ; 1 Jean 3.16. Ici l’accent est mis sur l’idée de représentation, de remplacement.
7 Héb 2.17 ; 1 Jean 2.2 ; 4.10 ; Rom 3.25, cf. la prière du pécheur dans Luc 18.13.
8 És 59.1-2 ; Col 1.21, 22 ; Jac 4.4.
9 Rom 5.10 ; 2 Cor 5.18-19.
10 Rom 7.14 ; Éph 2.2 ; Rom 3.19 ; 1 Cor 6.20 ; 7.23 ; Apoc 5.9 ; 14.3-4.
11 Gal 3.13 ; 4.5.
12 1 Pi 1.18 ; Tite 2.14 ; cf. Luc 24.21a.
13 N.B. : les versets où les mots « tous » ou « quiconque » (ou un équivalent) apparaissent : Rom 3.23 ; 10.13 ; És 53.6 ; Tite 2.11 ; Luc 2.10-11 ; 1 Tim 2.3-4, 6 ; 1 Jean 2.2 ; Ac 17.30 ; Rom 1.5 ; 16.26 ; 2 Cor 5.14
14 Ces considérations n’impliquent pas de notre part un jugement globalement négatif sur toutes les contributions théologiques de Calvin, de Th. De Bèze et de leurs descendants spirituels. Nous avons une grande dette de reconnaissance envers les Réformateurs, Calvin compris. Toutefois, notre gratitude envers ces courageux serviteurs de Dieu ne doit pas nous contraindre à accepter sans réserve chacune de leurs doctrines. Dont celle de « l’expiation limitée », par exemple.


Les chrétiens ont parfois tendance à ne considérer leur salut que sous un angle restreint, conditionnés qu’ils sont par leurs préoccupations du moment. Il leur serait pourtant hautement profitable de se souvenir de la réalité du salut dans ses multiples dimensions, pour apprécier (même imparfaitement) le plan que Dieu a conçu de toute éternité.

En Christ, les croyants sont tout à la fois bénis ; élus ; aimés ; adoptés ; rachetés ; justifiés ; pardonnés ; sanctifiés ; prédestinés ; scellés du Saint-Esprit ; rendus héritiers.1

Souvent dans la première partie des Épîtres, les apôtres donnent à connaître ce que Dieu a fait, avant d’exhorter leurs lecteurs à se comporter en authentiques croyants. En effet, la conscience de notre identité spirituelle en Jésus-Christ est de première importance2. Suite à notre repentance et notre foi en Jésus-Christ, nous sommes mis au bénéfice d’une plénitude de bénédictions spirituelles d’une valeur incalculable.

Mais dans la vie quotidienne, nous connaissons tous des hauts et des bas. Nos pensées et nos émotions varient, fluctuent… Nous courons le risque d’oublier la richesse des bénédictions qui nous ont été acquises par la personne de Christ et par son œuvre à la Croix. Toutefois, notre valeur, notre identité profonde, notre sécurité spirituelle éternelle, notre vocation de témoins, toutes ces réalités se trouvent enracinées dans le fait que Dieu nous aime de toute éternité. Nous rappeler ces bénédictions, nous les approprier, les intégrer, les mémoriser, nous les réciter, nous vivifiera, nous stimulera, développera un esprit de reconnaissance, de louange et d’adoration pour un tel Dieu Sauveur. Enfin, au-delà de notre personne, ces grâces produiront en nous la compassion, la prière et l’action en faveur de ceux qui sont encore « sans espérance et sans Dieu » autour de nous (Éph 2.11-12).

Pour l’heure, retenons que ce que nous sommes devenus par la conversion et la nouvelle naissance, nous le sommes en Christ. Notre destin, notre être et notre vie ne sont plus qu’en lui :

– « Il nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés […] C’est lui que nous annonçons, en avertissant tout homme et en instruisant tout homme en toute sagesse, afin de rendre tout homme parfait (c.-à.-d. pleinement accompli) en Christ. » (Col 1.13-14 ; 28)

– « Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Et vous avez tout pleinement en lui qui est le chef de toute principauté et de tout pouvoir. » (Col 2.9-10)

Les actes fondateurs de notre salut

Ces grâces nous sont accessibles en vertu de la purification, de l’expiation, et de la substitution opérées par le Seigneur Jésus à la Croix. Car faut-il le rappeler : si nous sommes les objets de telles bénédictions, c’est uniquement en vertu du fait que Dieu nous impute la justice de Christ (2 Cor 5.21) ? Le terme « imputer » signifie littéralement  « mettre sur le compte de ». L’imputation de la justice de Dieu (qui vient de Dieu : Rom 1.17 ; 3.21-22 ; 10.3) est donc un acte de la pure grâce divine qui n’a rien à voir avec les mérites de l’homme ou avec ses œuvres (Rom 4.4,5). L’apôtre Paul illustre le sens propre du terme lorsqu’il écrit à Philémon que si Onésime lui a fait quelque tort ou lui doit quelque chose, que Philémon le mette sur le compte de Paul (Phm 18), parce que ce dernier est prêt à rembourser cette dette.

Ésaïe a prophétisé (És 53.5,6) et les auteurs du N.T. ont attesté que le châtiment que méritaient nos péchés est tombé sur Christ, que l’Éternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous : « Celui qui n’a pas connu le péché, il [Dieu] l’a fait devenir péché pour nous. » (2 Cor 5.21) « Il a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pi 2.24). Dieu lui a donc imputé notre péché, puisque Jésus n’en avait jamais commis3.

De nouvelles créatures

Relevons quelques-unes des bénédictions (à peu près dans l’ordre où elles apparaissent en Éph 1) qui soulignent la valeur que nous avons aux yeux de Dieu.

1. En lui, je suis béni (Éph 1.3 ; grec : eulogein ; latin : benedicere : dire du bien).

Bénir a plusieurs significations dans la Bible ; trois d’entre elles peuvent s’appliquer ici :

– accorder la faveur divine, octroyer des grâces : cf. Gen 1.22 ; 2.3 ; 9.1-7 ; 1 Pi 3.9 ;

– invoquer la faveur divine sur une personne : cf. Gen 27.4, 27-29 ; Ps 129.8 ;

– souhaiter que la paix nous soit donnée, selon la formule de salutation courante : cf. 1 Sam. 25.6 ; 2 Rois 4.29

2.  En lui, je suis élu (Éph 1. 4 ; grec : egklegomai : choisir, élire)

Dieu a élu les croyants pour qu’ils soient saints, pour qu’ils lui soient consacrés. L’élection rend toujours saint. En grec : hagios, « saint », signifie parfois « séparé, mis à part, consacré à », mais le plus souvent « pur ». Cette élection procède de la souveraine et libre décision de Dieu, antérieurement à toute décision humaine, en vue du salut des individus : Mat 10.32 ; 25.34 ; Luc 10.20.

3.  En lui, je suis aimé (Éph 1.5 ; 2.4 ; Col 1.13.) La caractéristique de cet amour est bien rendue par le terme hébreu hesed (souvent traduit par « miséricorde ») : l’« amour constant », la bienveillance divine dans le cadre de l’alliance avec Israël (Jér 31.3 ; Osée 11.1-4). En grec : agapê : l’amour qui se donne ; il caractérise l’amour de Dieu pour l’homme (Jean 3.16 ; 15.9 ; Rom 5.8 ; Marc 10.21 ; Luc 15.2 ; Jean 11.3, 36 ; 13.1). Seul un tel amour peut nous pousser à faire preuve d’un amour de même nature à d’autres (2 Cor 5. 14-21). L’amour de Dieu en nous est d’ailleurs la pierre de touche de tout service pour Dieu (1 Cor 13.1-7). C’est pourquoi l’exhortation à l’amour est celle qui revient le plus souvent dans les épîtres (Phil 2.2 ; Col 3.14 ; Héb 10.24 ; 13.1 ; 1 Pi 1.22 ; 2.17 ; 4.8 ; 1 Jean 4.7).

 4. En lui, je suis adopté (Éph 1.5 ; grec : huiothesia : action d’établir quelqu’un comme fils ; de huios : fils, et de tithèmi : poser, établir ; c’était le terme juridique utilisé en Grèce et à Rome pour désigner l’acte par lequel un homme conférait, devant témoins, la qualité de fils à quelqu’un dont il n’était pas le père naturel). En Christ, les chrétiens sont adoptés comme enfants de Dieu (Rom 8.15 ; Gal 3.26 ; 4.4-6 ; Héb 12.5-8) L’adoption a pour base la justification et la régénération : puisque ses péchés sont pardonnés, qu’il a été déclaré juste aux yeux de Dieu, qu’il est né de nouveau par l’Esprit de Dieu, le croyant peut aussi être adopté par Dieu et partager tous les privilèges du Fils légitime, c’est-à-dire de Jésus. L’adoption parle plutôt de notre position en Christ que de nos relations avec lui. Elle tourne nos regards vers l’avenir où aura lieu l’acte final d’adoption, la rédemption de notre corps (Rom 8.23). L’esprit d’adoption nous rend capables d’aimer Dieu comme des enfants aiment un tendre père (1 Jean 4.19). Cet Esprit se distingue de l’esprit de servitude qui nous maintient dans les sentiments d’un esclave envers son maître (Rom 8. 14-21).

5.  En lui, je suis racheté (Éph 1.7) Le mot français est dérivé du latin redimere. Ce terme traduit le grec lutrosis ou apolutrosis : « rachat, libération par le paiement d’une rançon, délivrance de celui qui est en esclavage ou en prison pour dette ». L’A.T. souligne constamment la pensée qu’Israël appartient à l’Éternel, ayant été racheté de l’esclavage de l’Égypte. À ce titre, l’Exode est par excellence le livre de la rédemption. Le N.T. tout entier présente Jésus-Christ comme le Rédempteur. On peut dire que le christianisme est la religion de la rédemption. Nous étions tous esclaves du péché (Rom 7.14), de la mort (Héb 2. 14-15 ; Act 26.18), de la Loi (Gal 3.13 ; 4.5), de Satan (Col 1.13).

6.  En lui, je suis justifié (Rom 4.25 ; 5.1,18 ; le verbe dikaioô correspond au substantif grec : dikaiôsis : « acquittement, justification »). Le Dieu trois fois saint déclare que le pécheur croyant est devenu juste et acceptable devant lui, parce que Christ a porté son péché sur la croix, ayant été « fait justice » en sa faveur (1 Cor 1.30). La justification est gratuite, c’est-à-dire totalement imméritée (Rom 3.24). Elle est cependant juste, car Dieu ne passe pas simplement l’éponge sur nos péchés au mépris de sa sainte Loi. Cette Loi a été satisfaite en Jésus-Christ, qui l’a parfaitement accomplie et a subi pour nous la condamnation. Jésus nous justifie par son sang (Rom 5.9) et par sa pure grâce (Tite 3.7). La justification est reçue par la foi, et nullement sur la base des œuvres (Éph 2.8-10). Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ (Rom 8.1)4.

7.  En lui, je suis pardonné (Éph 1.7) Dans le N.T., les verbes principaux sont :

aphièmi, (de la racine aphesis) : « détacher, envoyer au loin ; remettre dettes ou

péchés », d’où l’idée de rémission et de pardon (Mat 6.12, 14, 15 ; 9.2 ; 12.31-32) ;

hilaskomai : « expier, pardonner » (Luc 18.13 ; Héb 8.12 citant Jér 31.34) ;

apoluô : littéralement « relâcher » (Luc 6.37) ;

kaluptô : littéralement « couvrir », parfois utilisé à propos des péchés (Rom 4.7 citant Ps

32.1 : Jac 5.20 citant Pr 10.12 ; 1 Pi 4.8 citant également Pr 10.12).

L’homme pardonné par le sang de Christ (1 Jean 1.7-9) est un homme heureux qui dit sa joie (Ps 32.1-2), car il perçoit la grandeur du pardon. Dieu met les péchés de cet homme à une distance comparable à celle qui sépare l’orient de l’occident (Ps 103.12), il les jette derrière son dos (És 38.17), il les a effacés et ne s’en souvient plus (És 43.25 ; Jér 31.34). Du moment que Dieu les a oubliés, nous ne devons pas revenir sur des fautes pardonnées pour nous culpabiliser ou attendre un meilleur pardon, car ce serait une injure à son amour.

Une autre conséquence sur laquelle Jésus a beaucoup insisté est le pardon que l’homme pardonné doit accorder aux autres. Ainsi le « Notre Père » nous fait-il exprimer le rapport entre le pardon reçu de Dieu et celui que nous donnons « à ceux qui nous ont offensés » (Mat 6.12,14,15). Si cette mesure est appliquée, elle indique que nous avons vraiment compris le pardon de Dieu et que nous avons fait le juste rapport entre l’énorme dette qui nous a été remise et les petites créances que nous remettons à notre tour. Aux 100.000 talents qui représentent la dette qui nous a été remise, Jésus oppose les 100 deniers figurant la dette des autres envers nous (Mat 18.24-33). Le principe appliqué ici est la relation entre l’amour et le pardon (Luc 7.47,48). Ainsi, l’apôtre Paul nous exhorte à nous pardonner mutuellement à cause de la bonté que nous devons nous témoigner les uns aux autres (Éph 4.23).

8.  En lui, je suis sanctifié (1 Cor 1.2 ; Héb 10.10) La sanctification est l’œuvre du Saint-Esprit en nous, pour nous purifier, nous séparer du mal et nous rendre conformes à Christ. Comme nous ne pouvons pas mériter notre salut, ni notre justification, nous ne pouvons pas non plus nous sanctifier par nos propres efforts. En effet :

– C’est Dieu qui purifie nos cœurs par la foi, en réponse à notre foi  (Actes 15.9) ;

– C’est le Dieu de paix qui nous sanctifie lui-même tout entiers (1 Thes 5.23-24) ;

– C’est Christ qui a été fait pour nous sagesse, justice et sanctification (1 Cor 1.30) ;

– C’est en Christ que nous avons été sanctifiés, parce qu’il s’est premièrement sanctifié pour nous (Jean 17.19 ; 1 Cor 1.2) ;

– C’est au nom de Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu que nous avons été lavés, sanctifiés et justifiés (1 Cor 6.11 ; 1 Pi 1.2).

– C’est par l’offrande du corps de Jésus-Christ que nous avons été sanctifiés une fois pour toutes (Héb 10.10). Comme en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité, nous avons tout pleinement en celui qui est le chef de toute principauté et de tout pouvoir (Col 2.9,10).

Tout le ch. 8 des Romains, sans employer le terme de sanctification, nous en révèle le secret : «  Si nous avons des obligations, ce n’est plus envers notre nature pécheresse. Nous ne sommes plus obligés d’accomplir ce qu’elle exige de nous. Si vous continuez à suivre ses impulsions et à la laisser régner en vous, vous marchez vers la mort. Si, par contre, par la puissance du Saint-Esprit, vous livrez à la mort les instincts pécheurs du corps et votre comportement charnel, vous vivrez réellement. Car ceux qui se laissent diriger par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. » (Rom 8.12-14) On peut dire que le croyant est saint de par son appel, et appelé à être saint. Autrement dit : « Devenons ce que nous sommes ! »

9. En lui, je suis prédestiné à le glorifier (Éph 1.11,12 ; grec : proorizô, de pro : « avant » et horizô : « délimiter, fixer, destiner d’avance »). Le terme prédestination désigne le décret divin par lequel est déterminée la destinée temporelle et éternelle des croyants. Elle représente le décret éternel de Dieu en ce qui concerne le salut des rachetés (Luc 12.32 ; Jean 15.16). On peut dire que toute l’Écriture « affirme d’une part la souveraineté sans condition de la volonté de Dieu […] et d’autre part, la gratuité du salut, qui ne dépend jamais des œuvres, mais toujours de la foi en cette gratuité […] sans que pour cela la nécessité de la réponse humaine de l’obéissance et le fait de la responsabilité soient le moins du monde méconnus ou minimisés » (Nouveau dictionnaire biblique, Emmaüs, p. 1055).

10. En lui, je suis scellé du Saint-Esprit (Éph 1.13 ; du grec sphragis : « sceau, cachet », signe de la propriété). Au sens figuré, la présence du Saint-Esprit en nous est la preuve que nous sommes passés de la suzeraineté de Satan à celle de Dieu, que nous sommes devenus la propriété de Dieu (1 Cor 6.19). « Vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis. » (Éph 1.13 ; 4.30) Le Saint-Esprit en nous est un gage et une garantie de notre rédemption finale. Dans ce sens, le sceau du Saint-Esprit est équivalent à son onction.

11. En lui, je suis héritier (Éph 1.14 ; grec : kleronomos, de kleros : « sort ; part tirée au sort », et de nemo : partager). Au sens spirituel, nous sommes héritiers de Dieu, étant pleinement devenus ses enfants par l’adoption de l’Esprit, qui nous permet de l’appeler « Père ! » (Rom 8.15-17). Christ, le Fils unique du Père, est de droit l’héritier de toutes choses (Héb 1.2), mais par sa grâce, nous sommes désormais cohéritiers avec lui (Rom 8.17 ; Éph 1.14). Étant justifiés, nous sommes devenus en espérance héritiers du salut et de la vie éternelle (Héb 1.14 ; Tite 3.7). N’oublions pas que Dieu lui-même est l’héritage des croyants (Deut 10.9 ; Ps 16.5-6 ; Rom 8.17) comme nous sommes le sien (1 Rois 8.53 : Ps 2.8 ; 33. 12).

Principales sources consultées : Nouveau Dictionnaire Biblique, Emmaüs ; Vocabulaire Biblique, Delachaux et Niestlé.

1Éph 1.3-14 ; Rom 5.1-10 ; 1 Cor 1.2,29-30 ; Col 1.12-20 ; 2.9-10.
2« Dieu nous a rendus agréables dans le Bien-aimé. » (Dieu nous a placés en Christ dans une position de faveur : Éph 1.6)
3Cette substitution était déjà annoncée dans l’A.T. par les sacrifices ; en posant sa main sur la tête du bouc qui était chassé dans le désert (Lév 16.21), Aaron lui transférait « toutes les iniquités des Israélites et toutes les transgressions par lesquelles ils [avaient] péché ». Dieu imputait donc au bouc tous les péchés que l’animal, qui payait pour les coupables, emportait sur lui (v.22). Pour un traitement plus complet de ce point, voir l’article de Scott McCarty dans ce numéro.
4C’est là un point controversé au cours des siècles : la foi est-elle réellement la seule condition de la justification, ou les bonnes œuvres ajoutées à la foi ne sont-elles pas également nécessaires pour y parvenir ? On rencontre sur ce point les opinions les plus extrêmes. Déjà, parmi les premiers chrétiens, certains pensaient pouvoir se contenter d’une adhésion simplement intellectuelle à la doctrine évangélique, sans conséquences pratiques quant à leur vie morale et à leur service. Paul a constamment cherché à réfuter cette grave erreur (Rom 6.1). Les ch. 12 à 16 des Romains complètent son magistral exposé du salut par la foi en insistant sur les œuvres qui sont le fruit nécessaire de la justification (Gal 5.16-25 ; Tite 2.14 etc.). Quant à Jacques, il dit la même chose en déclarant que « la foi sans les œuvres est morte ». La foi qui a justifié Abraham était vivante parce qu’elle produisait des œuvres ; elle fut ainsi « rendue parfaite » (Jac 2.17-26). On peut résumer ainsi l’argumentation des deux auteurs sacrés : le pécheur est justifié gratuitement par la foi seule, avant d’avoir pu faire aucune œuvre (Paul) ; dès qu’il a reçu la grâce de Dieu, sa foi produit des œuvres qui prouvent la réalité de sa justification (Jacques). Beaucoup de personnes sincères confondent la justification et la sanctification. Elles disent : « Comment puis-je encore me croire justifié, puisque je vois encore tant d’imperfections et même de chutes dans ma vie spirituelle ? » En réalité, la justification nous est accordée dès que nous croyons, au moment de notre nouvelle naissance. Dieu, dans sa grâce, et à cause de la Croix, efface nos péchés passés et nous régénère. Mais dès ce moment-là commence la croissance du nouveau-né en Christ. Il aura chaque jour des progrès à faire, des victoires à remporter ; comme un enfant à l’école, il apprendra sa leçon malgré et par les fautes commises, pour connaître toujours plus la marche dans la lumière, grâce à la puissance et la plénitude du Saint-Esprit (1 Jean 1.6-22). Celui qui est justifié n’obéit plus pour être agréé par Dieu, mais parce qu’il a été agréé ; il n’aura donc plus un comportement dont la finalité serait d’être approuvé par les autres. (Les nouvelles d’Emmaüs, n° 7/94, p. 4)


Cet article est à l’origine une note de bas de page extraite de la traduction française du livre de L.S. Chafer : Grace . Lewis Sperry Chafer (1871–1952) était un théologien américain, fondateur du Dallas Theological Seminary.

Dans la Bible, 115 passages nous déclarent que le salut sous la grâce ne dépend que du fait de croire, et environ 35 passages nous disent qu’il dépend de la foi, ce qui est la même chose. Partout, les Écritures s’harmonisent sur cet ensemble surabondant de vérités. De zélés serviteurs de Dieu, n’ayant pas suffisamment considéré la portée précise de cette doctrine de la grâce, ont proposé d’ajouter certaines conditions au plan du salut, autres que celles de la foi.

La foi qui sauve…

1. ce n’est pas : « Crois et prie. » Étant donné la grâce, il n’est nullement nécessaire ni même convenable de supplier Dieu de sauver.

2. ce n’est pas : « Crois et confesse ton péché. » La confession du péché, qui est la condition formelle à laquelle un saint peut être restauré dans la communion de Dieu, n’est jamais imposée aux inconvertis. La confession est étrangère au terrain sur lequel ils se tiennent.

3. ce n’est pas : « Crois et confesse Christ devant les hommes. » Cette condition, quoique imposée par Christ dans les enseignements du royaume (Mat 10.32) n’est pas et ne peut pas être une condition de salut sous la grâce. Le passage de Rom 10.9[note]« Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. »  [/note] reçoit son complément final et trouve toute sa force dans les versets 10 et 11[note]« Car en croyant du cœur, on parvient à la justice, et en confessant de la bouche, on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture : Quiconque croit en lui ne sera point confus.[/note] . Là, nous voyons la confession comme expression du salut qui a été reçu par la foi. C’est, avant tout, la voix du nouveau-né en Christ parlant à son Père : « Abba, Père ». Des multitudes ont été sauvées, qui étaient privées de toute occasion de se déclarer publiquement.

4. ce n’est pas : « Crois et sois baptisé. » Marc 16.16 est le seul exemple dans les Écritures où ces deux conditions sont liées. Non seulement le contexte — Marc 16.9-20 — est omis dans les plus anciens manuscrits, mais l’omission du mot « baptisé » dans l’assertion négative, « celui qui ne croira pas sera condamné », prouve que le baptême n’est pas la condition essentielle dans l’assertion positive.

5. ce n’est pas : « Crois et repens-toi. » Environ six fois, ces deux conditions sont conjointes dans les Écritures[note]Cf. Mat 21.31,32 et Marc 1.15 : prédication de Jean-Baptiste ; Luc 24.47 ; Act 2.36-38 ; 20.21 ; 2 Tim 2.25-25.[/note] . Ces paroles sont alors adressées à des inconvertis, dans la dispensation actuelle[note]C’est-à-dire pendant le temps de la grâce[/note] , et pour des raisons évidentes. Il faut [en effet] considérer que croire ou avoir la foi sont employés, en dehors du mot repentance, non moins de 150 fois ; l’Évangile de Jean, écrit pour amener les hommes au salut, n’emploie le mot repentance sous aucune forme ; et l’Épître aux Romains, écrite pour exposer toute la doctrine du salut, comme l’Évangile de Jean, ne donnent pas une seule fois la repentance comme condition au salut. Ils ne parlent que de croire. La repentance, qui veut dire « changement d’idée », n’est jamais exclue des conditions du salut ; elle forme, au contraire, une partie essentielle de la foi. Il n’y a pas de raison biblique de dissocier la foi et la repentance et d’y voir, comme certains s’acharnent à le faire, deux obligations distinctes à imposer aux inconvertis. Il est impossible de croire sans se repentir. En croyant, on expérimente ce changement d’attitude qui détourne de tout objet de confiance autre que Christ. Un mal infini a été fait aux âmes auxquelles on a enseigné qu’une repentance qu’on s’impose à soi-même doit précéder la foi en Christ. Une telle insistance met de côté chaque aspect vital de la grâce rédemptrice.

La foi qui sauve est plus qu’une croyance en des faits historiques concernant Christ. C’est s’appuyer sur Christ, c’est dépendre de sa grâce, c’est le recevoir, c’est croire ce que Dieu nous a dit concernant son Fils. En prêchant l’Évangile, l’accent ne devrait pas être mis sur le simple acte humain de croire, mais sur le message précis qui doit être cru.

 


Édification

« Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l’un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l’observaient. Et voici, un homme hydropique était devant lui . Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya. Puis il leur dit : Lequel de vous, si son fils ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ? Et ils ne purent rien répondre à cela. Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places ; et il leur dit : Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi, et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire : Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place. Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes. » (Luc 14.1-14)

Une respectabilité déficitaire

Jésus est invité à un repas chez un chef des Pharisiens. Il n’y a là que des personnalités honorables, des docteurs de la loi et des pharisiens. C’est l’élite de la nation, la crème religieuse du judaïsme. Nous nous serions certainement sentis tout petits devant ces hommes imposants aux grosses barbes parfois toutes blanches, et revêtus de vêtements somptueux…

Tous observent Jésus, dans le but de trouver, dans son comportement ou dans ses paroles, une faute, une entorse à la loi ou à la règle de la tradition : ce serait enfin l’occasion de le reprendre et de l’accuser.

L’apparition soudaine d’un homme malade d’hydropisie est peut-être un piège de leur part, car elle coïncide avec un jour de sabbat.

Seulement, avant d’agir, Jésus leur pose une question: « Est-il permis de faire du bien et de guérir le jour du sabbat ? »

Le grand problème pour les Pharisiens, comme pour la plupart des chefs religieux, c’est que la disposition du cœur a moins d’importance que l’acte extérieur. En fait, ils honorent Dieu des lèvres, mais leur cœur en est éloigné. Ils aiment paraître, occuper les premiers sièges dans les festins et dans les synagogues, et qu’on les salue bien bas sur les places publiques : « Rabbi, rabbi1 » (maître ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54)

Dans nos églises2, cette attitude ne s’exprime-t-elle pas à sa manière ? : « Pasteurs, serviteurs de Dieu, ne venez jamais à l’avance lors des rencontres, car vous êtes beaucoup trop importants ; attendez que l’église soit pleine, afin que tout le monde puisse bien vous voir ! Et lorsque vous faites votre entrée, assurez-vous que le tapis rouge a été déroulé au préalable devant vous. N’entrez jamais tout seuls, mais soyez toujours accompagnés par tout un protocole; de préférence des jeunes filles qui porteront votre lourde sacoche et votre grosse Bible ! »

Je ne voudrais pas être sarcastique, mais ces dispositions sont malheureusement trop évidentes dans beaucoup de nos assemblées ! On favorise le culte de la personnalité, et certains s’arrogent toutes sortes de titres et de ministères pompeux ! On a oublié les paroles du Seigneur Jésus :

«  Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.11,12)

C’est pourquoi Jésus dénonce l’orgueil de ces chefs, leur hypocrisie, leur négligence de ce qui est essentiel à la loi : la justice et l’amour de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même. » (Luc 10.27) N’ira-t-il pas jusqu’à leur déclarer : « Vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, et votre intérieur est plein de rapine et de méchanceté » (Mat 23.25) ?

Au Congo, on dirait : « Soignez surtout votre apparence extérieure, et assurez-vous que vos chaussures sont bien cirées avant d’entrer dans la maison de Dieu ! Mieux encore, faites nettoyer vos chaussures par quelqu’un qui se mettra à vos genoux dans votre bureau avant de paraître devant le petit peuple, le commun des mortels ! »

Un certain péché nommé orgueil

À ce repas, que constate le Seigneur ? C’est que chacun s’est bousculé pour choisir les premières places ! Alors Jésus leur destine une parabole en guise de leçon de modestie. Qui n’en a pas besoin aujourd’hui ?

Bien souvent nos réactions et notre attitude dans la vie de tous les jours révèlent un aspect de notre vie intérieure et de notre niveau spirituel. Pourquoi tous ces dirigeants, cette élite, ont-ils besoin d’une leçon de modestie et d’humilité ? À cause de l’orgueil qui caractérise tout homme au naturel. C’est ce que le Seigneur Jésus développe dans son enseignement général : « Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » (Marc 7 :21-23)

Ainsi pourrait-on dire que ce n’est pas la beauté de telle personne qui la rend orgueilleuse, ni sa force, son intelligence, ses dons, sa réussite, sa richesse, sa position sociale, etc… Mais ce sont plutôt ces avantages qui éveillent, qui font gonfler et éclater en elle l’orgueil qui s’y trouve déjà.

D’ailleurs, n’est-ce pas ce sentiment destructeur qui a poussé Lucifer, ce chérubin protecteur, cet astre brillant, à se rebeller contre Dieu, à se croire égal à Dieu et à essayer de le supplanter (És 14.12-14) ? N’est-ce pas son orgueil qui l’a détruit et précipité dans les ténèbres du dehors ? À sa suite, ce poison mortel a également fait tomber nos premiers parents en leur instillant l’idée qu’ils deviendraient comme des dieux !

Oui, nous dit la Bible, « par un seul homme, le péché est entré dans le monde … » (Rom 5.12) Et le péché d’orgueil n’a pas reculé devant la désobéissance à la parole de Dieu. Par la même occasion, il a ouvert la porte au diable et aux mauvais esprits, avec les terribles conséquences que l’on sait.

Le vrai visage de l’orgueil

Voici ce que la Bible déclare au sujet de l’orgueil :

a-  L’orgueil excite des querelles ; l’orgueilleux veut toujours avoir raison et le dernier mot (Pr 13.10) !

b-  L’orgueil précède la chute et conduit à la ruine (Pr 16.18).

c-  L’orgueil conduit l’homme à des actes de folie, à la folie des grandeurs, en le poussant à aller toujours plus loin, plus vite, à accumuler plus de puissance, plus de gloire, plus de richesses (Pr 30.32).

d-  L’orgueil endurcit l’esprit, à l’image du roi Nebucadnetsar dont il est dit que « lorsque son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire. » (Dan 5.20)

e-  L’orgueil refuse d’entendre quand Dieu parle (Jér 13.9-10).

f-  L’orgueil n’accepte pas les conseils, les instructions, la réprimande. À tel point que sous l’Ancienne Alliance, l’orgueilleux était condamné à mort, comme nous le lisons dans Deut 17.12 : « L’homme qui, par orgueil, n’écoutera pas le sacrificateur placé là pour servir l’Eternel, ton Dieu, ou qui n’écoutera pas le juge, cet homme sera puni de mort. Tu ôteras ainsi le mal du milieu d’Israël. »

g-  L’orgueil du cœur aveugle et égare (Jér 49.16).

h-  L’orgueil est la porte ouverte à l’autosuffisance, à l’envie de se débrouiller sans Dieu, et à une trop haute opinion de soi (És 53.6 ; Luc 19.14).

i-  L’orgueil conduit à l’incrédulité vis-à-vis de Dieu, de Jésus-Christ, du salut et de la grâce divine, et mène finalement au blasphème suprême qui est le refus de la grâce, du pardon et du salut de Dieu. L’orgueil tue physiquement et spirituellement.

j-  L’orgueil est en tête des choses que hait l’Eternel en Pr 6.16-19 : « Il y a six choses que hait l’Eternel, et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains (= l’orgueil), la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent … »

k-  L’orgueil est aussi une marque des faux serviteurs de Dieu : « Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions… » (1 Tim 6.3-4)

l-  L’orgueil se cache parfois derrière une fausse humilité. D’où cet avertissement du Seigneur : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. » Il y a un camouflage que nous devons découvrir. Et l’apôtre Paul dira à son tour : « Qu’aucun homme sous une apparence d’humilité et par un culte des anges ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu’il s’abandonne à ses visions et qu’il est enflé d’un vain orgueil par ses pensées charnelles. » (Col 2.18) 

 Faire pâlir l’orgueil

Maintenant, comment être délivré de l’orgueil ?

Premièrement, il nous faut le reconnaître comme la cause directe de la chute de l’homme, et ne pas l’excuser comme s’il constituait une « faculté » qui peut nous aider à être ambitieux, visionnaire et à faire de grands exploits ! Ainsi, dira-t-on, l’orgueil va renforcer notre estime de nous-mêmes, notre confiance en nous-mêmes, et nous aidera à nous surpasser. On citera peut-être à l’appui de cette thèse un passage comme celui-ci, adressé à la nation d’Israël : « Ton Dieu te donnera la supériorité sur toutes les nations de la terre […] L’Eternel fera de toi la tête et non la queue, tu seras toujours en haut et tu ne seras jamais en bas… » (Deut 28.1,13) Ou encore Ps 60.14 : « Avec Dieu, nous ferons des exploits ! » Gardons-nous de sortir ces versets de leur contexte pour justifier notre orgueil et nos ambitions charnelles ! Car tout ce qui n’est pas fait dans la pleine volonté de Dieu sera tôt ou tard rejeté et consumé (voir 1 Cor 3.11-15). Aussi, après avoir reconnu notre propre orgueil, confessons-le sincèrement devant Dieu en acceptant son pardon et la purification par le sang de Jésus.

Ensuite, écartons résolument toute pensée, tout esprit et tout acte d’orgueil, en nous dépouillant de toutes ces œuvres de la chair. Refusons par exemple les modes introduites dans nos églises pour nourrir notre orgueil, tels ces applaudissements à l’entrée en chaire du prédicateur, ou pendant et après son message, applaudissements que nous justifions d’une façon fausse et hypocrite en avançant qu’ils sont destinés au Seigneur.

N’y a-t-il pas suffisamment de serviteurs de Dieu qui sont tombés à cause de l’orgueil pour éviter d’en faire tomber d’autres ? Méfions-nous des éloges des hommes et de l’ennemi : « Comme tu as bien prié, chanté, prêché… » Ou encore : « Comme tu es humble ! » La Bible dit justement en Pr 4.23 : « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » et : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. » (1 Jean 5.18)

Un habit nouveau

Ayant confessé à Dieu notre orgueil, remplaçons ce dernier par l’humilité en nous revêtant de l’ « habit » du Seigneur Jésus lui-même (Zach 9.9 ; Jean 13.5 ; 2 Cor 8.9 ; Col 3.12). Portons-le vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans nos relations, comme la Bible nous le recommande : « Tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité. » (1 Pi 5.5)

C’est un état d’esprit, une attitude volontaire que d’être humbles dans nos paroles et dans nos actes. Non pas en marchant pieds nus, ou en priant ostensiblement à genoux devant tout le monde, la tête penchée et en prenant une voix chevrotante… Comprenons-nous bien ! La Bible nous demande de rechercher l’humilité authentique, non sa contrefaçon : « Cherchez l’Eternel, vous tous, humbles du pays, qui pratiquez ses ordonnances ! Recherchez la justice, recherchez l’humilité ! Peut-être serez-vous épargnés au jour de la colère de l’Eternel. » (Soph 2.3)

N’ayons donc pas peur d’être repris et critiqués par les autres, d’être touchés dans notre amour propre et notre dignité. L’orgueil n’accepte pas ces « offenses » car il est très susceptible, il se vexe très rapidement (de telles réactions ne sont-elles pas le miroir de notre état spirituel ?) Jésus déclare : « Quiconque s’élèvera sera abaissé et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.12) Il est bien dit : « Quiconque ! ». Dieu résiste aux orgueilleux (1 Pi 5.5), mais fait toujours grâce aux humbles (Jac 4.6). Oui, Dieu se plaît à sauver l’homme ou le peuple qui s’humilie (Ps 18.28).

L’humilité : un bon remède

L’humilité est la voie de la restauration individuelle, comme de celle de l’Église.

L’humilité est le fruit de la grâce du salut ; c’est une évidence de la foi qui sauve, parce que pour être sauvé, je dois m’abaisser et reconnaître que je suis un pauvre pécheur. Mais plus je réalise mon dénuement et mon néant devant Dieu, plus je puis recevoir sa miséricorde, son pardon, son salut, et vivre de sa grâce. En effet, le salut en Christ, ainsi que toutes les bénédictions spirituelles, désamorcent tout motif de s’enorgueillir : « Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. » (Rom 3.27)

L’humilité apportera un grand changement dans notre attitude vis-à-vis des autres. L’apôtre Paul recommande aux Philippiens : « Que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes » (Phil 2.3), mais il commence par s’appliquer ce conseil : « Je suis le moindre des apôtres, le moindre de tous les saints. » (1 Cor 15.9 ; Éph 3.8)

L’humilité libère des disputes et de la jalousie, de l’esprit de rejet, de la peur d’être mis de côté, d’être écrasé par la critique et les faux jugements. L’humilité libère de l’irritation et de la susceptibilité. Elle nous affranchit de la course au pouvoir, de l’entêtement, de la conviction d’être indispensable à l’Église et à Dieu. Elle nous aide à maintenir une appréciation juste et réaliste de nous-mêmes. L’apôtre Paul déclare encore : « Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. » (Rom 12.3)

L’humilité nous apprend à ne compter que sur Dieu seul et sur sa parole ; à lui être entièrement consacrés et soumis, à accepter d’être employés par lui, afin d’être serviteurs des autres (Rom 12.1 ; 1 Cor 9.19). Ce sont les humbles que le Seigneur conduit dans la justice et à qui il enseigne la voie à suivre, selon Ps 25.9. Jésus notre Sauveur et Maître reste notre modèle d’homme parfait, doux et humble de cœur (Mat 11.29 ; Phil 2.5-8).

Le nerf de la victoire sur l’orgueil

Souvenons-nous que tout ce que nous venons de rappeler n’aurait pas de sens ni de réalité si Christ lui-même n’en était aussi l’artisan et le but. Laissons toute la place à Jésus-Christ dans notre cœur, afin de pouvoir dire comme Jean-Baptiste : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » (Jean 3.30) Oh ! que l’Esprit de Christ puisse nous habiter et nous animer, parce que nous aurons appris à lui céder la place d’honneur en nous revêtant de son humilité.

1 Ce terme araméen signifie : « maître » ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54.
2 L’auteur fait référence à des églises africaines, mais il n’est pas difficile de transposer les commentaires qui suivent pour les appliquer à d’autres églises, européennes, américaines ou asiatiques.


Depuis plus de 400 ans, le violon exerce une fascination particulière, non seulement à cause de ses formes superbes, mais surtout en vertu de la sonorité exceptionnelle que surent lui conférer les grands luthiers italiens du xviie siècle (comme Antonio Stradivarius). Ma sœur et moi n’échappions pas à cette attirance.

Lorsque j’avais 6 ans, mon père offrit un violon à ma sœur aînée, et l’autorisa à prendre ses premières leçons chez notre grand-mère. Quant à moi, qui brûlais du désir d’en jouer, je dus me contenter de la promesse que mon tour viendrait, mais plus tard.

Bien que les sonorités du violon sur lequel ma sœur faisait ses premières gammes ne fussent pas toujours très harmonieuses, j’éprouvais du plaisir à l’entendre. Deux ans plus tard, lorsque j’atteignis enfin l’âge suffisant, mon père déclara : « Ta sœur Anne-Marie joue déjà du violon, toi tu vas jouer du piano. » Je refusai. On m’avait promis le violon, je m’y tenais. J´étais une petite fille assez têtue, et je crois que j’ai conservé cet esprit « jusqu’au-boutiste ».

En possession de mon violon à l’âge de 8 ans, j’eus dès lors le privilège de sortir de l’école un quart d´heure plus tôt que les autres élèves, le mercredi, pour me rendre chez ma grand-mère, où je reçus mes premières leçons. Au fil des ans, j’appris à maîtriser mon instrument de mieux en mieux, et j’éprouvai toujours plus de joie à en jouer. Je commençai aussi à comprendre que cet instrument m´ouvrait de nouvelles portes, qu’il me permettrait de sortir de notre canton, puis de notre pays : le monde s’offrait à moi.

À l’âge de 16 ans, je me décidai à entreprendre des études professionnelles au Conservatoire de Fribourg. Mais comme la musique était un mauvais gagne-pain, mon père, dans de bonnes intentions, me proposa de poursuivre des études commerciales en parallèle. Ce n’était pas du tout ce dont je rêvais. Il me suffisait de devenir violoniste, car je pensais que cet instrument me rendrait tout à fait heureuse. J´attendis donc avec impatience le moment de déserter les bancs d´école.

Enfin, à 18 ans, mon rêve se réalisa. J’étais prête à tout affronter pour mon instrument, même les examens les plus difficiles des Conservatoires de Fribourg et de Genève. À 21 ans, je travaillais le violon 6 à 7 heures par jour. Je ne faisais que cela, hormis les cours théoriques de musique. J’étais prête à tout sacrifier pour une carrière de virtuose. Le violon était devenu mon « Dieu ». Paul écrit dans sa Lettre aux Galates (5.19) : « On sait bien comment se manifeste l’activité de notre propre nature : dans l’immoralité, l’impureté et le vice, le culte des idoles [cela me concernait, mon idole était en bois], et la magie. »

Je n’arrivais plus à converser normalement : je n’avais que violon et musique en tête. Je ne trouvais même pas le temps d’écouter des nouvelles ou de lire les journaux. J’évoluais dans un autre monde, et me sentais souvent très seule. Par la suite, lorsque je donnai des concerts, en solo ou en orchestre de chambre, j’obtins beaucoup de succès, mais le bonheur constant dont j’avais rêvé enfant semblait m’échapper. À peine un concert était-il terminé qu’il fallait recommencer à travailler pour le prochain concert ou pour des examens.

Extérieurement, je progressais. À 23 ans, grâce à un concours, je reçus une bourse d’étude qui me permit, après ma virtuosité au Conservatoire de Genève, d’approfondir ma formation à l’Université de Vienne. Là-bas, je fis la connaissance de Christian, un Autrichien qui étudiait la contrebasse à l´Université. C’est lui qui, quelques années après, allait devenir mon mari… et me donner un premier enfant.

Alors que je continuais de gravir les marches de la pyramide du succès, et que je poursuivais mon travail avec acharnement, au prix de ma santé, je commençai à perdre pied. Après la naissance de notre deuxième enfant, je sombrai dans une profonde dépression. Dans cet état, ni mon violon, ni ma famille, ni la musique, ni les médecins ne pouvaient plus rien pour moi. Le surmenage m’avait jetée dans un trou noir sans issue.

Peu à peu, je me rendis compte que je n’étais pas en ordre avec Dieu, que j’avais péché, que j’avais besoin de quelqu’un qui me sauve, qui me pardonne. Tandis que le secours tardait, je perdais toute envie et toute force de vivre. Et comme j’ignorais ce qu’il adviendrait de moi si je mourais, cette pensée m’angoissait.

Tout « par hasard », une amie qui gardait mes enfants lorsque je travaillais m´invita un soir à une rencontre biblique dans un village de la région. Ce soir-là, chacune des participantes reçut un verset préparé par l’organisatrice du groupe. Ce verset-là me tombait entre les mains à un moment où j’avais perdu tout repère : « Jésus-Christ dit : Oui, je vous le déclare, c’est la vérité, celui qui écoute ma parole [la Bible] et croit à celui qui m´a envoyé [Dieu le Père], a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné mais il est déjà passé de la mort à la vie. » (Jean 5.24)

Pendant que je lisais ce verset, je sentis que Quelqu’un en moi me disait : « Ceci est la Vérité, crois en moi et suis-moi. » Je fus convaincue que Jésus m’appelait à devenir son enfant et à le suivre. Une chaleur nouvelle m’envahit. C’était la plus grande révélation de ma vie. Alors que j´étais seule dans ma chambre, je me mis à genoux. Je demandai à Jésus-Christ, du plus profond de mon cœur, de pardonner mes péchés et de guider totalement ma vie, comme il le désirait. Dès cet instant, je n’ai plus trouvé de raison de craindre l’avenir ou la mort puisqu’il habite en moi par son Esprit Saint, et qu’il assure la vie éternelle, le paradis, à celui qui croit en lui. Il n´a pas dit : « Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m´a envoyé, aura la vie éternelle », mais « a la vie éternelle. » Et dans sa Première Épître, Jean souligne pareillement (4.15,16a) : « Si quelqu’un reconnaît que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous savons et nous croyons que Dieu nous aime. » L’accès à la vie éternelle était effectif dès le moment où j’avais cru au Seigneur ; il vivait en moi par son Esprit Saint. Mon péché était pardonné, et je me trouvais désormais sous la protection d’un Dieu qui m’aime quoique, par nature, je ne sois rien de plus qu’une petite créature pécheresse.

Appartenant au Seigneur Jésus-Christ, je me demandais quelle forme allait prendre mon activité professionnelle à venir : ne fallait-il pas abandonner la pratique du violon, de peur que mon idole ne me rattrape ? Le danger de retomber dans mon péché était réel.

J’ai donc prié Jésus-Christ de me montrer son chemin. Comme il m’arrivait d’être sollicitée pour participer avec mon violon à  des soirées d´évangélisation, à des offices religieux et à des rencontres bibliques, j´ai remarqué que par la musique Jésus-Christ touchait aussi le cœur des gens. Je me suis souvenue que le message évangélique avait aussi inspiré de grandes œuvres liturgiques de compositeurs bien connus : J.-S. Bach, G.-F. Händel, L. van Beethoven. Dès lors, je me suis sentie libre de poursuivre la pratique de mon instrument, mais je savais que cet exercice ne serait utile que sous le contrôle de la Parole et de l’Esprit de Dieu.

Maintenant, je puis affirmer que le Seigneur m’a délivrée de mes peurs ; il me donne la joie, le bonheur de vivre chaque nouvelle journée ; il renouvelle son pardon et ma paix intérieure ; il m’apprend l’amour du prochain. Ma vie a un but. Et si un jour je ne peux plus jouer de mon instrument, je conserve l’espérance de rencontrer mon Sauveur dans sa gloire, et d’entrer dans son bonheur éternel.

Un soir que je parlais de mon bonheur à mon mari, il me dit : « C’est bien que tu aies trouvé le bonheur, mais tu ne fais rien pour les autres. » Il avait raison : il fallait que je parle de Jésus-Christ à mes enfants, à ma famille, à mes voisins, à mes élèves de violon à l’université.

Quand un (ou une) étudiant(e) arrive dans ma classe avec un visage morose, je me souviens de ce que j’éprouvais avant ma conversion. Je tente de lui transmettre quelque chose de la joie et de la lumière de Dieu, car « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix… » (Gal 5.22), et Jésus dit en Jean 8.12 : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie, et il ne marchera pas dans l’obscurité. »

Quant à moi, si certains jours, tout ne réussit pas comme je le souhaiterais, bien que je me donne de la peine, je reviens à ce verset clé : « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure uni à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire.» (Jean 15.1-2) Non, je ne peux rien faire sans Jésus-Christ, je dépends de lui complètement.  


Les deux langues bibliques — hébreu et grec — partagent une caractéristique qui surprendra le lecteur d’aujourd’hui : un seul terme signifie à la fois servitude (esclavage) et service. Si parler de service chrétien « sonne » bien, se décrire comme « esclave de Dieu » pose question à beaucoup de croyants. Dieu aurait-il affranchi l’esclave du péché pour le soumettre à une nouvelle servitude ?

La réponse à cette question dépend de notre conception du salut. Le Royaume de Dieu n’accueillera pas des esclaves, mais des pécheurs libérés. Christ, notre Pâque, nous promet en effet de nous rendre réellement libres (Jean 8.32,36). Mais si telle est notre part, pourquoi Dieu ne nous prend-il pas déjà avec lui ? Quel salut nous propose-t-il ici-bas ? Au fond, pour quoi sommes-nous sauvés ?

Loi et salut vont de pair

Avant de répondre à ces questions, revenons au grand moment de la sortie d’Égypte. Dieu a décidé d’arracher son peuple à l’horrible servitude de l’Égypte (ce pays que la Bible nomme Mitsraïm : terre des dépressions et de l’angoisse). Moïse aurait dû sauter de joie à cette nouvelle. Il commence cependant par refuser obstinément de participer au projet divin : « Qui suis-je […] pour faire sortir d’Égypte les enfants d’Israël ? Dieu dit : Je serai avec toi ; et ceci sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie : quand tu auras fait sortir d’Égypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne. » (Ex 3.11-12) L’idée d’émancipation semble effrayer Moïse et bouscule son image de Dieu. Le peuple voudra-t-il vraiment le suivre jusqu’en Terre promise ? Libre, saura-t-il honorer son Dieu ? Pour rassurer son serviteur, l’Eternel lui laisse entendre qu’à partir de la Pâque, le peuple sera dûment informé de ce que son Dieu attend de lui (Ex 13).

Pour autant, tout ne se passera pas sans mal. Constatant, dès le début du voyage vers la Terre promise, que le peuple ne cesse de se rebeller et de récriminer, Moïse finit par crier à son Dieu : « Que ferai-je pour ce peuple ? Encore un peu et ils me lapideront. » (Ex 17.4) Heureusement, Dieu sait ce qu’il fait. Il sait que la mentalité du peuple affranchi reste marquée par les années d’esclavage et par l’esprit d’idolâtrie (Ex 32). Il sait qu’en plus des signes et des miracles, il faudra l’éclairage de la Loi pour faire naître dans les cœurs une saine crainte de l’Eternel (Ex 20.20). Il sait que le peuple va souvent devoir sa survie à la puissante médiation de Moïse. Enfin, il sait que bien des épreuves et des échecs seront nécessaires pour toucher aux portes du pays de Canaan (cf. Néh 9.9-25).

Moïse donc, au troisième mois après la sortie d’Égypte (Ex 19.1), va recevoir la Loi dont il restera le symbole (Jean 1.17) : pour lui qui ne conçoit pas une liberté sans règles, quel réconfort ! Les anciens esclaves ont acquis des droits, mais ils auront aussi des devoirs. Dans la perspective du Nouveau Testament, cette odyssée des affranchis hébreux préfigure une libération plus profonde et plus durable : elle nous aidera à répondre aux questions posées initialement parce qu’elle trace en filigrane le projet de Dieu pour le nouvel affranchi en Christ.

Liberté n’est pas licence

La vie chrétienne normale, c’est d’aspirer à la liberté et de fuir l’esclavage : « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. » (Gal 5.1) Mais des individus libres — libres individuellement — ne savent pas forcément vivre ensemble. S’ils n’acquièrent pas le sens de leurs obligations et de leurs responsabilités envers les autres, alors leur liberté chèrement acquise devient source de violence ou d’indifférence (« Suis-je gardien de mon frère ? » disait déjà Caïn le meurtrier, Gen 4.9). Comment concilier liberté propre et vivre ensemble ?

Une liberté sans règles rend l’autre esclave : « Frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon la chair […] Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde de ne pas être détruits les uns par les autres. » (Gal 5.13,15)

Ancien ou Nouveau Testament, un seul mot pour désigner servitude et service. Comme si, sous la Loi ou sous la Grâce, Dieu invitait à un effort de distinction, de séparation : se libérer de toute forme de servitude ici-bas, tout en demeurant dans le service pour l’autre. Afin que l’équilibre entre droit et devoir soit préservé et que nous puissions vivre ensemble.

La loi d’amour, antidote à une liberté mal orientée

Le commandement d’amour est associé au souvenir de l’Égypte : « Vous traiterez l’immigrant en séjour parmi vous comme un autochtone du milieu de vous ; tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été immigrants dans le pays d’Égypte […] » (Lév 19.34, reprise développée d’Ex 22.20) Dieu demande aux Juifs qui ont subi la férocité de mauvais maîtres de ne pas se comporter comme les Égyptiens se sont comportés envers eux.

L’Égypte, c’est notre terre de péché, notre esclavage, le lieu de prédilection du mauvais maître. Nous avons été libérés de l’oppression du mal, libérés de notre Égypte, de notre Mitsraïm-angoisse : l’angoisse d’une conscience asservie au péché. Mais voilà ce qui donne un sens à notre liberté ici-bas, en attendant l’avènement de notre bienheureuse espérance : nous avons reçu la liberté pour œuvrer en faveur de la liberté des autres, car nous-mêmes étions sous la tyrannie du péché menant à la mort. Ne tirons pas de notre salut un profit purement privé ; nous en ferions une liberté égoïste, nous délectant passivement des bienfaits du salut : « Merci Seigneur, je suis sauvé ! »

La liberté commence par le service fraternel

Sous la grâce aussi, la volonté de Dieu, c’est que je me soucie des besoins des autres : « Toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Gal 5.14) La Loi ne fournit pas cette puissance d’amour nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu, mais Christ seul. Ressuscité, il vient vivre dans le croyant (Gal 2.20). Il le libère de la puissance de l’égoïsme et lui permet de porter le fardeau de son frère (Gal 6.2). Le fardeau du frère d’abord, car l’Église est bien le lieu premier où Dieu appelle à vivre selon le bien (Gal 6.10).1 Pourtant, c’est peut-être là que nous sommes les plus fragiles, tant il est vrai que le danger du repli sur soi reste constant, même pour les croyants.

Christ, vivant en moi, ne se lasse pas de me ramener à l’essentiel. Il m’enseigne à aimer d’un amour semblable au sien. Et c’est précisément ainsi que se construit ma libération. Un croyant qui aime son prochain, à commencer par son frère, de l’amour de Christ ne se sentira jamais l’esclave de personne. Ce message évangélique se trouve à des lieues d’un moralisme desséchant. L’enjeu en est la véritable liberté.

1Il est intéressant de noter ici que l’apôtre Paul n’a pas eu honte de se présenter comme doulos (serviteur, ou esclave) de Jésus-Christ (Rom 1.1 ; Gal 1.10 ; Tite 1.1) et des croyants (1 Cor 9.19), sachant que ce ministère était le plus profitable qui soit, et que son Maître avait lui-même accepté cette fonction jusqu’au bout (Mat 20.28 ; Phil 2.7). (NDLR)


Cet article a été initialement publié par la revue La Bonne Nouvelle (n° 2/2005, p. 567-569) dans une forme légèrement différente.

Paul-André Dubois, aujourd’hui à la retraite, a exercé des fonctions pastorales au Portugal et en Suisse. Il a également assumé des tâches d’enseignement et de direction à l’Ecole biblique de Genève (actuellement Institut Biblique de Genève). Il est encore actif dans l’enseignement de l’écriture et dans des tâches rédactionnelles (revue La Bonne Nouvelle).

Certains théologiens, mus par le désir louable de ne pas attribuer le moindre mérite à l’homme dans l’obtention du salut, et d’exclure toute espèce de contribution humaine qui porterait atteinte à la gloire de Dieu, placent la foi après la régénération (ou « nouvelle naissance »). Pour eux, dans l’ordre logique, le pécheur doit être régénéré par l’Esprit de Dieu pour croire. La foi ne précéderait pas la régénération ; elle la suivrait, au contraire, comme l’effet suit la cause. Mais cette thèse nous mène dans un chemin sans issue et confine à l’absurde.

A. Deux impasses

La position ci-dessus se heurte à deux difficultés majeures.

1. La foi n’a plus de fonction claire dans l’expérience du salut

Selon l’Écriture, un homme régénéré ou né de nouveau est par définition « un homme sauvé », au plein sens du terme, de façon tout à fait effective. Il est passé de la mort à la vie : « II nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions, en espérance, héritiers de la vie éternelle. » (Tite 3.5-7)

Le salut effectif évoqué par Paul inclut, outre la régénération, la justification gratuite (« justifiés par sa grâce ») et la résurrection finale du corps du racheté au retour en gloire de Jésus-Christ (« héritiers en espérance de la vie éternelle », cf. Rom 8.23-24). Cela fait partie de l’héritage de celui qui est devenu une nouvelle créature en Jésus-Christ.

Si l’on affirme que la foi suit la régénération comme son fruit, quel peut donc être son rôle dans le processus du salut ? Où est sa place, quel est son sens, si l’on peut être régénéré — et donc sauvé — sans elle ? En quoi est-elle encore nécessaire ?

2. Les affirmations de l’Écriture sur le rôle de la foi dans le processus du salut deviennent caduques

La foi occupe une place déterminante dans les préalables au salut. Qu’il suffise de rappeler ici quelques textes fondateurs sur ce point.

* Un message sans équivoque

 – Jean 3.16 : «  … afin que quiconque croit en lui […] ait la vie éternelle. »

– Jean 3.36 : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle … »

– Jean 5.24 : « Celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ». Séquence : « parole » ? « foi » ? « vie éternelle »

– Act 15.9 : (Pierre à propos des païens) Dieu a « purifié leurs cœurs par la foi. »

– Act 16.31 : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé … »

– Rom 5.1 : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. »

– Rom 10.9 : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » (Remarquez le futur « tu seras sauvé » : sans la foi, personne n’est sauvé. Son rôle est « premier », primordial.)

* Un passage-clé

 – Éph 2.8,9 : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. ».

Ce passage est crucial sur le plan de la doctrine, car l’apôtre définit et articule nettement le rôle de la foi par rapport au salut. Il est clair que, dans la pensée de Paul, la grâce — et elle seule — est la source, la cause, et le fondement du salut. Nous ne devons donc pas attribuer à la foi ce que l’Écriture ne lui attribue pas. Mais il est tout aussi évident que c’est « à travers » la foi que nous sommes sauvés. Il s’agit d’un passage obligé. Pas de salut pour qui que ce soit sans la foi. Elle est le moyen voulu de Dieu, et désigné par lui, pour atteindre le salut. On ne peut donc postuler une « régénération » qui précéderait la foi, qui l’escamoterait, et qui — pour comble — en serait la cause !

Mais alors, que devient la gloire de Dieu ? Il est vrai que ceux qui soutiennent la thèse d’une régénération antérieure à la foi sont désireux de tout attribuer à Dieu : ils défendent et chérissent avec jalousie sa gloire. Mais l’apôtre tout autant, sinon davantage ! Et il le montre en précisant au verset 8, après avoir désigné la foi comme moyen de salut : « et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » Et, pour qu’il n’y ait aucune équivoque, il précise : « Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. »

J’aimerais affirmer que ceux qui placent la foi avant la régénération, convaincus que c’est là l’enseignement de l’Écriture, sont tout aussi soucieux de la gloire de Dieu. Ils n’attribuent rien à l’homme, mais tout à la seule grâce de Dieu (v. 8). Pour eux, personne ne peut croire en Jésus-Christ de façon salvatrice sans l’action prévenante et efficace de la grâce, selon la déclaration sans appel du Seigneur : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. » (Jean 6.44) Mais cette action souveraine du Père par l’Esprit Saint, ce labourage de la conscience, de l’intelligence et du cœur de l’homme, n’équivaut pas à la régénération et ne doit pas lui être assimilée. Elle laisse intacte la responsabilité de l’homme dans le fait de croire à l’Évangile et en Jésus-Christ (cf. Marc 1.15).

* Le salut, une œuvre de Dieu dans sa totalité

Cet « acte de foi », inconcevable sans l’intervention de la grâce, ne correspond en rien à une œuvre dont la créature pourrait se prévaloir. Au contraire, nous devons tout notre salut à Dieu seul, et la foi en fait partie. Elle est « le germe » du salut suite à l’action de la semence de Dieu dans le cœur : « La semence, c’est la parole de Dieu. » (Luc 8.11 ; cf. 1 Pi 1.22-25 ; Rom 10.17)

Ce passage d’Éphésiens 2 est lumineux, car, après avoir montré l’absolue nécessité de l’œuvre de Dieu dans nos cœurs, il en dévoile l’aboutissement concret, visible : « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. » (v. 10) Nous sommes « son ouvrage » en vertu d’une « nouvelle création » opérée en Christ, en qui nous sommes et qui est en nous par la foi. La boucle est donc bouclée.

B. Confirmation : les étapes de la nouvelle naissance selon Jean

L’apôtre Jean, dans le prologue de son Évangile (1.1-13), rappelle aussi avec clarté les phases et les conditions de cette « gestation spirituelle ». Ce passage est explicite quant aux étapes qui mènent à la nouvelle naissance spirituelle. Pour bien les comprendre, il faut d’abord se pencher sur les réalités résumées dans les versets 1 à 11. Jean y parle de la Parole divine (le Logos), égale à Dieu et préexistant auprès de lui de toute éternité, nommée aussi « la Lumière » avant et après l’événement extraordinaire de l’Incarnation. L’évangéliste fait ensuite remarquer que la nation d’Israël n’a pas voulu recevoir son Messie-Sauveur, la Parole incarnée :

« Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. » (v. 11)

Voilà pour l’attitude d’Israël en tant que nation : rejet, fin de non recevoir. Mettons ce verset en contraste avec le v. 12 : « Mais à tous ceux qui l’ont reçue [on dépasse ici les limites de la nation juive], à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. »

Voici la séquence établie par ce texte :

a) Accueil de la Parole incarnée en la personne historique de Jésus-Christ

Cette Parole, qui n’a pas été connue par le monde (pourtant fait par elle, cf. v. 10), qui a été rejetée par les siens, les Juifs (à qui cependant elle était destinée en priorité), trouve finalement un accueil auprès d’une multitude d’individus juifs et païens auxquels elle s’est révélée à travers l’Évangile. Tous ceux-ci ont perçu sa nature, son caractère, les traits distinctifs de sa Personne, et ont mis définitivement leur confiance en elle : « …à ceux qui croient en son nom ». Le nom renferme la totalité des attributs de Celui en qui l’on se repose pour le temps et l’éternité.

La foi, qui est l’expression même de l’accueil favorable1 réservé à Jésus-Christ, la Parole incarnée, est une vraie et complète adhésion à la personne et à l’œuvre du Messie prédit et révélé par la Parole écrite (cf. És 42.1 ; 49.1-7; 52.13 ; 53.10,11).

On peut même franchir un pas de plus et dire que la foi mène à une vraie union avec le Seigneur ressuscité, car par elle s’établit un lien de vie2 entre le croyant et Jésus-Christ, l’objet de la foi (cf. 1 Cor 6.17).

b) Régénération (nouvelle naissance)

« …elle [la Parole faite chair] leur a donné le pouvoir3 de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (v. 12b et 13)

En raccourci, voici le commentaire du grand exégète F. Godet (xixe siècle) sur ce passage : « Jean se plaît à faire éclater les conséquences salutaires et glorieuses de l’accueil fait à la Parole par les individus croyants de tous les peuples. Cet hôte divin a conféré à ceux qui l’ont reçu des privilèges dignes de lui. L’apôtre en indique deux, dont l’un est la condition pour obtenir l’autre : une nouvelle position vis-à-vis de Dieu, et, dans cette position nouvelle, la participation à sa vie parfaite. » Dans le temps, ces deux faveurs sont accordées simultanément.

La position nouvelle est « celle de réconcilié ou de justifié, en vertu de laquelle il (le croyant) peut recevoir le pneuma, l’Esprit de Dieu, qui est chez lui le principe d’une vie divine. Par la possession de cette vie, il devient teknon Theou, enfant de Dieu. Cette expression renferme plus que l’idée de l’adoption (huiothesia, chez Paul), qui correspondrait plutôt à l’état de justifié … Le terme teknon, du verbe tiktein, engendrer, implique la communication réelle de la vie de Dieu, tandis que le mot huios, fils, ne dépasse pas nécessairement l’idée de l’adoption. » […]

Quant à la foi de l’homme, « qui rend apte à être engendré de Dieu », voici ce que Godet en dit : « Ce n’est pas en elle-même qu’est le secret de sa puissance ; car elle n’est que simple réceptivité ; c’est dans son objet. »4 Godet n’exalte pas la foi elle-même, mais le Christ glorieux qu’elle contemple et qui la suscite (cf. Héb 12.2).

C. Conclusion

La promesse de Dieu est pleinement digne d’être reçue : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car en croyant du cœur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture : Quiconque croit en lui ne sera pas confus. » (Rom 10.9-11)

1Bien des prédicateurs et théologiens n’ont aucune sympathie pour la formule « accepter Jésus-Christ », qu’ils jugent offensante en regard de la majesté de sa Personne à qui, par ce langage, l’on semble « faire une faveur ». Ils soulignent à juste titre que c’est lui qui nous reçoit en sa communion : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » (Jean 6.37) Toutefois le verbe « recevoir » (prendre, saisir) est biblique !
2La justification gratuite obtenue par la foi (cf. Rom 5.1), est une « justification de vie » (texte grec de Rom 5.18). Segond traduit : « … qui donne la vie ».
3« le pouvoir », c’est-à-dire le droit, le privilège.
4F. Godet, L’Évangile de Saint Jean, 2e édition, 1877.


Le Seigneur l’a lui même déclaré : il est possible de faire beaucoup de miracles, de prononcer des « prophéties », de chasser des démons, d’invoquer le nom de Jésus, alors que le Seigneur Jésus ne nous connaît pas comme ses brebis. Donc les miracles, les prophéties, les expulsions de démons ne sont pas nécessairement les signes d’une vraie conversion. Tout cela peut être imité par les puissances des ténèbres ! La Bible indique des signes plus sûrs.

1. Une vraie repentance

C’est le premier signe clair d’une conversion :

– « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés. » (Act 3.19 ; cf. Act 17.30-31)

La repentance, c’est le sentiment d’avoir offensé Dieu. Une repentance sincère s’accompagne de tristesse, car justement on comprend qu’on a gravement offensé Dieu (2 Cor 7.9-10).

La repentance sincère se traduit par un changement dans nos pensées mais aussi dans nos actes :

– « Produisez donc du fruit digne de la repentance. » (Matt 3.8)

– « Chaque arbre se reconnaît à son fruit. » (Luc 6.44)

Si on est vraiment triste en comprenant que chaque péché commis est une offense envers Dieu, si on accepte le pardon avec joie, si on montre dans sa façon de vivre qu’on se détourne du mal et qu’on cherche à plaire à Dieu en lui obéissant, alors on peut parler de vraie repentance.

2. Le rejet total et définitif de ce qui est lié à Satan

L’idolâtrie, les fétiches, l’occultisme sont des abominations pour Dieu :

– « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point. » (Ex 20.4-5)

– « Celui qui offre des sacrifices à d’autres dieux qu’à l’Éternel seul sera voué à l’extermination. » (Ex 22.20)

– « Tu n’introduiras donc pas dans ta maison une abomination, car tu te mettrais avec elle sous le coup de la malédiction. Tu la tiendras pour une chose réprouvée, tu l’auras en abomination, car elle est sous la malédiction. » (Deut 7.26)

Cela est confirmé dans le Nouveau Testament :

– « C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie. » (1 Cor 10.14)

Une vraie repentance entraîne nécessairement une rupture, car il est impossible de se soumettre à Dieu et en même temps de continuer à pratiquer ce qu’il déteste. Il faut abandonner l’idolâtrie, totalement et définitivement :

– « Vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai. » (1 Thes 1.9)

– « Ne prenez point part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. » (Eph 5.11)

Dieu nous a délivrés du pouvoir de Satan et de ses agents. Il ne faut pas revenir en arrière !

– « Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé. » (Col 1.13)

– « Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1 Pi 2.9)

3. Un intérêt permanent et durable pour « les choses d’en haut »

Le vrai converti se détourne des ténèbres et son intérêt se porte vers tout ce qui concerne Dieu, il cherche à mieux le connaître à travers sa Parole, il cherche à mieux le servir : « Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Attachez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. » (Col 3.1-2)

4. Une transformation dans notre caractère

Le signe d’une vraie conversion, c’est aussi une transformation du caractère et de l’attitude envers les autres personnes : « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi. » (Gal 5.22)

5. La sanctification dans la vie quotidienne

Un autre signe d’une conversion authentique, c’est la volonté de rester pur, séparé du mal ; pas seulement un vague désir de vivre dans la sainteté, mais laisser vivre, par la foi, cette nouvelle nature donnée par Dieu à notre nouvelle naissance, une nouvelle nature qui ressemble à la sienne :

– « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur. » (1 Jean 3.3)

– « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. » (1 Jean 5.18)


« Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? » (És 53.1) ; « Nul ne cherche Dieu… » (Rom 3.11b)

Qui veut encore du salut de Dieu ?

Il y en a tant d’autres. Parce que le temps presse, le monde grouille de plans de salut : « Normal, nous sommes adultes et savons ce qui est bon… »

La planète est malade mais il est souhaitable qu’elle survive : nous la protégerons, la nettoierons, et punirons vertement les pollueurs !

Les peuples et leurs chefs se chamaillent sur une poudrière : nous négocierons, pratiquerons l’« ingérence humanitaire » ou les sanctions économiques.

Les familles et la société volent en éclats : qu’on déstructure donc, qu’on légitime l’échec et les déviances, puis retapons les ruines de bric et de broc.

La misère, les inégalités, les épidémies font des ravages : sauve qui peut, et ne nous attardons pas sur les causes profondes du mal !

L’avenir est sombre, il faut bien se divertir : buvons et mangeons, éclatons-nous, oublions…

Nous ne voulons pas vieillir ni mourir : bougeons, gesticulons, soignons-nous, et puis embaumons-nous avant l’heure…

De vagues questions métaphysiques nous effleurent sournoisement : méditons, soyons zen, tentons l’ésotérisme.

La corruption et le crime se banalisent : pourquoi ne pas s’endetter, spéculer, frauder, tricher, voler plus que les autres ?

On ne veut plus de Jésus-Christ ni de son Évangile : on va bien se contenter de champions, de stars, de Führers, de messies, et d’évangiles de pacotille. C’est l’illusion qui compte.

Mais sommes-nous réellement condamnés à ne pas nous laisser trouver par Celui qui seul est Amour, Bienveillance et Miséricorde ; Sainteté, Justice et Pureté ; Force, Génie et Beauté ; Vie, Sagesse et Lumière ; unique Dieu Éternel ? À supposer que Lui-même se porte garant de tout notre salut, temporel et éternel…


C’est en ces termes qu’en octobre 2010 un journaliste décrivait l’opération réussie du sauvetage des trente-trois mineurs chiliens bloqués depuis des mois à plus de 600 mètres sous terre. Le monde entier a assisté en direct à un exploit technologique, à une formidable démonstration de solidarité internationale, voire à un miracle, à la réponse divine aux prières en faveur des sinistrés. Que d’espoir, que de ferveur, que d’acharnement et d’habileté ont été investis pour arracher ces quelques hommes à la mort. On ne peut que s’émerveiller d’un tel dévouement — et dénouement.

Des nouvelles plus… terre à terre ont suivi cette apothéose, calmant les excès d’enthousiasme. À la surface, des réalités pénibles attendaient les héros : nuées de journalistes en mal d’exclusivités, conditions matérielles aussi précaires qu’avant l’accident, avenir professionnel compromis, et pour certains, l’obligation de répondre d’anciennes liaisons extraconjugales. L’épilogue n’est malheureusement pas à la hauteur du glorieux sauvetage.

Mais il est un sauvetage autrement paradoxal, déconsidéré par la plupart de nos contemporains ; de lui dépend pourtant la vie du corps, de l’âme et de l’esprit de chacun de nous. Dieu a daigné en faire son travail prioritaire. La portée de cette œuvre immense est actuelle et éternelle. Son aboutissement est certain, et elle n’implique aucun lendemain qui déchante. Comment peut-elle être à ce point méconnue de tant de « mortels » prêts à s’émouvoir de la résurrection provisoire de trente-trois mineurs ? Les pages de ce numéro tentent de réhabiliter le seul salut « sans comparaison dans l’histoire de l’humanité », le salut en Jésus-Christ.  

Claude-Alain Pfenniger