PROMESSES

Promesses 174 – Dossier

DE L’ÂME QUI A SOIF AU CŒUR QUI DÉBORDE PSAUMES 42 A 45

Plus que de toute autre partie du Saint Livre, l’on ne s’approche du livre des Psaumes qu’avec une crainte respectueuse. Pourquoi donc ? Nous le comprendrions aisément si nous découvrions, par exemple, dans le vieux grenier de nos arrière-grands-parents, un recueil de leurs prières, de leurs louanges à Dieu. Nous lirions avec émotion, non le récit des circonstances qu’ils ont vécues, mais les exercices de leur âme devant Dieu, ce qu’ils ont dit à Dieu, dans la souffrance comme dans la joie. Nous pourrions peut-être par une lecture plus approfondie, toujours émus et respectueux, reconstituer en partie les circonstances que nos arrière-grands-parents ont traversées.
Il en est ainsi du livre des Psaumes.

Des Psaumes des fils de Coré

Les Psaumes 42 à 45 commencent le deuxième livre des Psaumes. Ils font partie des onze écrits par les fils de Coré et des douze ou treize dits « Psaumes d’instruction »1. « Les fils de Coré » dont les pères tombèrent sous le jugement de Dieu (Nom 16) « ne moururent pas » (Nom 26.11). Ils gardèrent certainement de cet épisode tragique du désert, d’une part le sentiment de la sainteté de Dieu, d’autre part de son infinie miséricorde qui les avait épargnés. Ils furent par la suite de vrais lévites, attachés au sanctuaire — déjà au désert, puis après l’établissement dans le pays (1 Chr 9.17-34). Ils en gardaient l’entrée (v. 19), poste de confiance. Samuel lui-même en était un descendant (1 Chr 6.22-28). Lui aussi était portier (1 Sam 3.15). Au temps glorieux de David et Salomon, les fils de Coré étaient encore portiers (1 Chr 26). Venant de leurs villages, de sept jours en sept jours, ils veillaient fidèlement aux portes (1 Chr 24-26), « sur les trésors de la maison de Dieu et ils se tenaient la nuit autour de la maison de Dieu, car la garde leur en appartenait, et ils en avaient la clef pour ouvrir chaque matin » (1 Chr 9.26-27). Poste de responsabilité, fonction pleine de risques. Ils ne la considéraient pas comme purement administrative, mais tout leur amour était tourné vers Dieu et sa maison. Plus encore, ils étaient sur le « seuil de la maison de mon Dieu » (Ps 84.10).

Psaumes 42 et 43

Aussi quel désastre, quel désarroi, quelle douleur pour eux, quand ces trésors qu’ils avaient si fidèlement gardés furent arrachés du temple et emportés à Babylone, quand cette maison dont ils avaient si souvent gardé les seuils fut « brûlée » et livrée à la destruction (2 Chr 36.18-19). Plus de « voix de triomphe et de louange », plus de « multitude en fête ». Le souvenir même en était maintenant douloureux (Ps 42.4). Ce fils de Coré parlant personnellement, dit à Dieu dans ces Psaumes 42 et 43, toute sa souffrance, tout son abattement (42.5,6,7 ; 43.5), et lance vers lui de douloureux « pourquoi » (42.5,9 ; 43.2,5).
Dans sa situation déjà pénible, des adversaires ajoutent la provocation : « Ils disent tout le jour : où est ton Dieu ? » (42.3,10)
Mais au travers de tout ce désastre, de toute cette souffrance, ce fidèle s’attache à son Dieu. Il a même soif de lui (42.2). Sa foi affirme que, malgré tout, la bonne attitude est encore de « s’attendre à Dieu ». Il s’exhorte lui-même dans cette attitude (42.5,11 ; 43.5). De plus, il demande lumière et vérité pour être conduit (43.3) Il désire venir à « l’autel de Dieu » comme autrefois pour célébrer Celui qu’il appelle « mon Dieu » (43.4).
Arrêtons-nous un instant sur la merveilleuse parole de ce fidèle : « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant » et posons-nous la question : mon âme a-t-elle soif de Dieu ? Nous pouvons aussi avoir soif de beaucoup d’autres choses. Le champ de nos désirs est immense, mais avoir « soif de Dieu », c’est une chose étrange et merveilleuse. Toutefois, si « la soif de Dieu » est une chose mille fois préférable à l’indifférence, elle représente un manque, c’est une souffrance.
Notre Psalmiste n’en est pas au bouillonnement de son cœur quand il compose le Psaume 45 ; mais il a déjà soif de Dieu. Si, dans la souffrance, nous avons soif de Dieu, nous sommes aussi sur ce chemin-là.

Psaume 44

Au Psaume 44, le psalmiste s’identifie maintenant avec tout son peuple et remplace le « je » par le « nous ».
Il se souvient encore « des jours d’autrefois » (44.1). Il rappelle à Dieu les manifestations de sa puissance miséricordieuse envers son peuple (44.1-8). Alors le douloureux « mais » du v. 9 sonne comme un glas. Encore, il dit à Dieu toute sa souffrance en constatant cette chose étrange et terrible : Dieu est contre son peuple, à cause de l’infidélité de ce dernier (44.9-14). Ce qu’il dit alors est magnifique : « Tout cela nous est arrivé et nous ne t’avons pas oublié, et nous n’avons pas été infidèles à ton alliance. » (44.17-18)
Arrêtons-nous un instant pour retenir « l’instruction ». Il y a un fort parallèle entre Israël et les chrétiens. Ces derniers furent infidèles à leur Dieu à plusieurs occasions et, en conséquence, bien des manifestations extérieures de l’approbation divine telles qu’on les voyait aux premiers temps de l’Église, nous font aussi défaut. Mais pouvons-nous dire comme le Psalmiste : « Tout cela nous est arrivé, et nous ne t’avons pas oublié » ? Dans un contexte pénible de divisions, de fragmentations de l’Église, nous pouvons néanmoins « ne pas oublier », « persévérer dans la fraction du pain ».
Le Psalmiste lance encore deux douloureux et émouvants « pourquoi » : « Pourquoi dors-tu Seigneur ? », « Pourquoi caches-tu ta face, et oublies-tu notre affliction ? » (44.23-24) et un ultime appel : « Lève-toi, aide-nous et rachète-nous à cause de ta bonté. » (44.26)

Psaume 45

Le ton du Psaume 45 change complètement. Enfin, le cœur du Psalmiste bouillonne. Sortant de sa douloureuse histoire personnelle (Ps 42 et 43) et de l’histoire non moins douloureuse de son peuple (Ps 44), il en vient à contempler une Personne extérieure à lui, à son peuple, sans aucun doute, le Messie qui viendra en puissance et en majesté. Voilà le secret de ce cheminement, de ce revirement. Il compose « au sujet du roi » (45.1). Il décrit ce Messie, ce Roi à venir. Plus, il lui parle : « Tu es plus beau que les fils des hommes » (45.2) Il est plein de « grâce », de « débonnaireté » (45.2,4) mais aussi d’autorité majestueuse, de « vérité » de « justice ». Il est muni « d’un sceptre de droiture » (45.3,4,5,6).
Ce Roi, ce Messie à venir sera « béni » et « oint » par Dieu lui-même (45.2,7). Son peuple repenti et revenu à lui, lui sera comme « des compagnons » (ceux qui mangent le pain avec) (45.7), comme « une reine » dont le roi « désire la beauté » (45.9). Comme « la fille de Tyr » autrefois, les nations rechercheront sa faveur (45.12). Jérusalem sera amenée à ce roi, mais aussi, telles des vierges qui suivent le cortège nuptial, les villes de Juda participeront à « la joie » et à « l’allégresse » de ce règne (45.14,15).
Le Psalmiste parle encore à ce Roi à venir : « Au lieu de tes pères, tu auras des fils. » (45.16) C’est un peuple nouveau, celui de la nouvelle alliance.
Jusqu’au bout de sa composition, son « cœur bouillonne » pour son Roi, « sa langue est le style d’un écrivain habile » pour proclamer « son nom » et « le célébrer » (45.17).

Recevons encore « instruction »

Il ne faut point nous contenter d’avoir soif ; il nous faut parvenir comme le psalmiste au bouillonnement du cœur. Le pourrions-nous, nous aussi, en regardant notre douloureuse histoire passée ou celle de l’Église ?
Non point, mais en contemplant Celui que « Dieu a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance …» À qui « il a assujetti toute chose » (Éph 1.20-21). Celui qui revient chercher l’Église (1 Thes 4.16-17) ; qui revient établir son règne en puissance et en gloire en y associant les siens (Marc 13.26 ; 1 Cor 15.25 ; 2 Tim 2.12). Les siens encore sur la terre, mais qui le « considèrent » (Héb 3.1), fixent leurs yeux sur lui (Héb 12.2) et savent que rien — ni leur histoire, ni celle de l’Église ou du monde — ne peut ébranler son cœur ou son trône. Depuis la terre déjà, l’Église l’acclame et chante la gloire du Ressuscité.
Seigneur accorde-nous la grâce, au milieu des souffrances du temps présent, de faire et refaire comme ce fils de Coré, le chemin de l’âme qui a soif au cœur qui déborde d’amour pour toi. Amen !

1Le Psaume 43 semble bien, au vu de son contenu, être écrit par le même auteur que le Psaume 42.


Un Psaume particulier

Le Psaume 119 diffère de la plupart des Psaumes en ce qu’il n’est pas un chant spontané, mais plutôt un écrit soigneusement structuré et composé. C’est un psaume acrostiche, parce que chacune de ses 22 strophes commence par une lettre de l’alphabet hébreu. Les psaumes acrostiches, bien que beaucoup plus difficiles à écrire, étaient ainsi plus artistiques et aussi plus faciles à mémoriser. Le Psaume 119 est probablement le plus élégant des psaumes acrostiches, en ce que chacune de ses 22 strophes contient 8 versets et chacun de ces 8 versets commence par la même lettre de l’alphabet. Cela donne un total de 176 (= 22 x 8) versets artistiquement disposés.

« Tes statuts sont le sujet de mes cantiques. » (v. 54) Dans notre culture, il est difficile d’être ému en pensant au mot « loi ». Nous l’associons habituellement à des règles et des stipulations, comme le faisaient les Romains. Les Grecs, cependant, utilisaient le mot « loi » pour parler de coutumes ou de traditions. Les Juifs, comme l’auteur du Psaume 119, utilisaient le mot « loi » ou torah pour désigner l’ensemble de l’enseignement, de l’instruction ou de la révélation de Dieu — ce qui, bien sûr, inclut les lois ou règles formelles données de Dieu, mais beaucoup plus encore. Afin d’en saisir toute l’étendue, l’auteur de ce psaume fait usage de 8 mots différents : loi (singulier, torah), lois (pluriel), parole, statuts (ou témoignages), commandements, décrets, préceptes et promesse.

Pourquoi se tourmenter ?

Le psalmiste ne fait aucun secret des raisons qui l’attirent vers la Parole de Dieu. Dans son esprit, beaucoup de bienfaits sont réservés à ceux qui choisissent de méditer la Parole de Dieu.

1. La Parole de Dieu est vérité (v. 151)

Une vraie compréhension de la vérité conduit à la liberté. Il aime la Parole de Dieu parce que Dieu l’a utilisée pour élargir son cœur (v. 32), et son désir est de continuer à « marcher au large » (v. 45). En tant que chrétiens, nous pouvons également vivre sous le lien de pressions sociales ou religieuses visant à nous soumettre à des règles. Nous pouvons également être liés par nos propres attentes. C’est en comprenant correctement la vérité des Écritures que nous serons libérés et pourrons jouir de notre nouvelle vie en Christ.

2. La Parole de Dieu est parfaite (v. 96)

La technologie et les idées humaines ont toujours besoin de révision, de correction ou de mise à jour. Mais la Parole de Dieu est parfaite et ne peut pas être améliorée. « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant d’après ta parole. » (v. 9). Et pour les hommes plus âgés et les femmes, la recette est la même ! Bénis et heureux sont ceux qui choisissent de prendre la parfaite Parole de Dieu pour base de leur vie (v. 1). Ils ne peuvent pas se tromper !

3. La Parole de Dieu est éternelle (v. 160)

Les lois fiscales sont valables un certain temps. Puis elles changent. Les politiciens, comme les pop stars et les gourous économiques, font l’actualité pendant un temps. Et puis cela change. Notre foi repose sur la Parole éternelle et immuable de Dieu, une ancre sûre dans un monde temporaire qui évolue. « Il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment ta loi. » (v. 165)

4. La parole de Dieu est la Parole de Dieu

Le psalmiste n’est pas d’abord un amoureux des livres et des écrits, mais quelqu’un qui aime passionnément son grand Dieu. Il est attiré non par l’amour des lois et des commandements, mais parce qu’elles sont « tes » lois et « tes » commandements. Il est en relation spéciale avec Dieu, il a appris à écouter sa voix au travers des Écritures, car c’est Dieu qui l’enseigne (v. 102). Les Écritures sont toujours le premier moyen que Dieu utilise pour communiquer avec son peuple. Voulez-vous que Dieu vous parle ? Lisez la Bible !

Tirer profit de la Parole de Dieu

On ne peut pas s’empêcher de remarquer l’enthousiasme de l’auteur au sujet de la révélation écrite de Dieu, et c’est contagieux.

– 1. Il est très positif à son sujet : « Je fais mes délices de tes statuts » (v. 16) ; « tes préceptes sont admirables » (v. 129) ; « je les aime beaucoup » (v. 167). Si seulement nous aimions et apprécions la Parole de Dieu comme le psalmiste !

– 2. Il est humble devant elle : « Je crains tes jugements » (v. 120) ; « mon cœur ne tremble qu’à tes paroles » (v. 161). Apprécions-nous de la même manière l’autorité de la Parole révélée de Dieu ? l’acceptons-nous humblement et avec révérence ? ou bien la discutons-nous et essayons-nous d’adapter sa claire signification à ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas ?

– 3. Il s’attend à ce que Dieu lui parle à travers elle : J’aime l’expression physique d’anticipation de l’auteur lorsqu’il se prépare à lire et méditer la Parole de Dieu : « J’ouvre la bouche et je soupire, Car je suis avide de tes commandements » (v. 131) ; « Mon âme est brisée par le désir qui toujours la porte vers tes lois » (v. 20). Notre attitude au moment d’ouvrir la Parole de Dieu est-elle la même ?

– 4. Il est déterminé à lui obéir : « Je garderai ta loi constamment, à toujours et à perpétuité. » (v. 44) La conversion est marquée par la décision de se livrer soi-même à Christ. De la même manière, la croissance dans la vie chrétienne est fondée sur la décision ferme d’obéir à la Parole de Dieu, quoi qu’on y trouve. « Ma part, c’est de garder tes paroles. » (v. 57) Comme les vœux de mariage, « je jure, et je le tiendrai, d’observer les lois de ta justice » (v. 106).

– 5. Il cherche à la comprendre et à lui obéir : « Ouvre mes yeux pour que je contemple les merveilles de ta loi ! » (v. 18) ; « Enseigne-moi, Éternel, la voie de tes statuts. […] Donne-moi l’intelligence, pour que je garde ta loi et que je l’observe de tout mon cœur ! » (v. 33-34) Nous subissons tous dans notre vie différentes pressions sociales, et nous avons tous nos goûts et nos dégoûts… Nous avons besoin d’un cœur sincère et de l’aide de Dieu pour éviter de tirer de mauvaises conclusions des Écritures.

– 6. Il passe du temps avec elle : Pour l’auteur, la Parole de Dieu n’est pas juste de la nourriture pour événements spéciaux, ou pour le dimanche. Pendant la journée, son esprit y retourne : « Elle est tout le jour l’objet de ma méditation » (v. 97) ; « Je devance les veilles et j’ouvre les yeux, pour méditer ta parole. » (v. 148)

– 7. Il prend ses décisions à sa lumière : Il s’efforce d’appliquer les principes de la Parole de Dieu à sa vie de tous les jours : « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. » (v. 105). Laissez-vous la Parole de Dieu répandre sa lumière sur votre sentier ? dans quelle mesure influence-t-elle votre processus de décision ? fait-elle la différence dans votre vie de famille et dans votre vie professionnelle ?

– 8. Il admet qu’il en dévie : Nous, les évangéliques, avons du mal à admettre nos écarts personnels. Mais pas le psalmiste. Lorsqu’il regarde autour de lui, ses « yeux répandent des torrents d’eau, parce qu’on n’observe point ta loi » (v. 136). Et pourtant, il finit son chant en admettant avec chagrin : « Je suis errant comme une brebis perdue. » (v. 176) Il implore qu’aucune iniquité ne domine sur lui (v. 133). Ressentez-vous également le chagrin de vos propres écarts particuliers ? Lorsque nous essayons de conserver l’image artificielle du chrétien sans problème, il est difficile d’entendre le Seigneur nous parler. Mais le psalmiste a également trouvé que « tes compassions sont grandes, ô Éternel ! » (v. 156), et en conséquence, il s’abandonne dans ses bras pleins d’amour. Êtes-vous intègre ? essayez-vous de cacher quelque chose ? Tournez-vous vers le Seigneur et ouvrez-vous à lui. Sa grandeur et ses compassions sont toujours les mêmes aujourd’hui !

S’arrêter et réfléchir

L’un des arts perdus de notre société moderne, affairée et orientée vers les résultats, est celui de la contemplation ou de la méditation. Nous faisons tant, nous voyons tant — et nous nous arrêtons si peu pour peser la signification de ce que nous vivons. Notre culture est celle d’un peuple superficiel. Dans l’Écriture, cet homme de Dieu est appelé à réfléchir et considérer, à peser les choses. Dans ce psaume, son auteur s’arrête pour réfléchir sur au moins quatre sujets :

– 1. La Parole de Dieu : « Moi, je médite sur tes ordonnances. » (v. 78) Méditer veut dire tourner et retourner un verset dans nos pensées, en en soulignant les différents mots, tout en nous demandant : « Qu’est-ce que le Seigneur essaie de me dire ? » Si nous ne méditons pas les Écritures, nous n’aurons jamais de changement dans notre mode de vie, ni ne développerons de convictions.

– 2. Ses propres voies : « Je réfléchis à mes voies, et je dirige mes pieds vers tes préceptes. » (v. 59) Avez-vous réfléchi à la manière dont vous dépensez actuellement votre temps et votre argent ? avez-vous considéré la manière dont vous influencez l’atmosphère de votre foyer et de votre église locale ? À moins que vous n’en décidiez autrement, votre vie, comme une rivière, s’écoulera dans le sens de la résistance la plus faible. « Toutes mes voies sont devant toi » (v. 168), mais ai-je pris le temps de les connaître moi-même ?

– 3. Les œuvres de Dieu : « Je méditerai sur tes merveilles. » (v. 27) Nous sommes encouragés et enseignés lorsque nous relevons les œuvres de Dieu dans l’Écriture et dans l’histoire : la création, les miracles de l’A.T. et du N.T., les grands réveils, les biographies d’hommes de Dieu… Mais nous savons que Dieu agit toujours dans le monde d’aujourd’hui. Prenons-nous la peine de nous arrêter et de réfléchir sur ce que Dieu fait dans nos vies et autour de nous, dans les circonstances « normales » et exceptionnelles de notre quotidien ?

– 4. Les voies de Dieu : « Je médite tes ordonnances ; j’ai tes sentiers sous les yeux. » (v. 15) C’est en réfléchissant sur l’œuvre de Dieu au travers du temps que nous pourrons commencer à appréhender les voies (ou « sentiers ») de Dieu, ses itinéraires habituels. Nous ne pourrons jamais pleinement comprendre les voies de Dieu, mais nous pouvons y relever des principes. Par exemple, le psalmiste relève que l’une des raisons possibles à l’affliction est la désobéissance : « Avant d’avoir été humilié, je m’égarais. » (v. 67) Au lieu de se plaindre, il a prié : « C’est par fidélité que tu m’as humilié » (v. 75), et a alors conclu : « Il m’est bon d’être humilié, afin que j’apprenne tes statuts. » (v. 71) Voyons-nous de cette manière certaines de nos afflictions ? Lorsque je médite sur les voies de Dieu, l’une des choses qui me fascinent est l’amour de notre Seigneur pour la diversité et la surprise (alors que nous nous sentons habituellement plus à l’aise dans l’uniformité et la prédictibilité). Au fil des ans, nous devons inévitablement arriver à la même conclusion que celle du psalmiste : « Tu es bon et bienfaisant. » (v. 68) Alléluia !

La séquence correcte

La plupart des processus naturels se déroulent suivant un ordre ou une suite logique. Avant de moissonner, il faut semer. Avant d’enseigner, il faut apprendre. Nous trouvons aussi des éléments de progression dans ce psaume.

– 1. Apprendre : « Enseigne-moi » (v. 12) est la prière du psalmiste, car son désir est d’« apprendre les lois de ta justice » (v. 7). Avons-nous le désir de croître dans la connaissance des Écritures ? J’ai observé qu’habituellement, le jeune croyant est avide de creuser dans la Parole avec un cœur et un esprit ouverts. Mais au bout d’un ou deux ans, nous pensons en savoir assez au sujet de la Bible, nous croyons que nos arguments théologiques sont maintenant fermement en place, et nous nous arrêtons tout simplement de prier : « Enseigne-moi » !

– 2. Prendre à cœur : La prière du psalmiste est : « Incline mon cœur vers tes préceptes. » (v. 36) C’est une chose de connaître par notre esprit la Parole de Dieu, une autre de l’accepter dans notre cœur. Il a été dit que le voyage de 50 cm le plus lent est celui qui va de notre tête à notre cœur ! Mais jusqu’à ce que nous acceptions la vérité dans notre cœur, elle n’affectera pas notre échelle de valeurs et n’influencera donc pas notre conduite. « Je serre ta parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi. » (v. 11)

– 3. Obéir et se réjouir : La joie dans la vie chrétienne n’est pas la satisfaction mentale découlant de nombreuses assertions exactes dans notre esprit. Ce n’est pas non plus la satisfaction de savoir que vous avez raison et de prouver aux autres qu’ils ont tort. Non, la joie vient quand nous sentons le plaisir du Seigneur à nous voir vivre les vérités qui ont passé de notre tête dans notre cœur. « Je me hâte, je ne diffère point d’observer tes commandements. » (v. 60)

– 4. Enseigner : Ce n’est que lorsque la vérité de Dieu s’est installée avec bonheur dans notre cœur et a été éprouvée par notre obéissance personnelle que nous sommes en mesure de « parler de tes préceptes devant les rois » (v. 46). Ce n’est pas la connaissance qui attire les autres au Seigneur et à sa Parole, mais la connaissance vécue. Oui, les beautés et les grâces de la loi de Dieu ne sont pas réservées à quelques privilégiés. Nous avons la responsabilité de les partager, de les faire connaître autour de nous.

Une relation heureuse

Bien que le thème principal du Psaume 119 soit la Parole de Dieu, il ne serait pas correct de dire qu’il a pour sujet la Parole de Dieu. Nous avons vu que ce psaume est beaucoup plus riche, en montrant comment Dieu utilise sa Parole pour changer la vie et la destinée du croyant, et comment le croyant utilise la Parole de Dieu pour progresser dans sa vie et connaître son Seigneur. Les Écritures sont la clé d’une relation toujours plus étroite avec Dieu. Au sein des épreuves et des difficultés, le psalmiste a appris à ressentir la présence de son Seigneur : « Tu es proche » (v. 151) et à se reposer sur la certitude que « tu es mon asile et mon bouclier » (v. 114). Le Seigneur ne se révèle qu’à ceux qui choisissent de vraiment le rechercher. Aimez-vous être avec le Seigneur ? croissez-vous dans son intimité  ? Cher frère, chère sœur, ne nous installons pas dans une profession chrétienne doctrinalement correcte, mais sans vie. Nous sommes maintenant des enfants de Dieu, apprenons à jouir de la communion avec notre Père. « Heureux ceux qui gardent ses préceptes, qui le cherchent de tout leur cœur. » (v. 2)


Si le livre des Psaumes a une place centrale dans la Bible, n’est-ce pas parce qu’il est formé d’une compilation de textes composés par des auteurs marqués par certaines de leurs expériences ?

On y trouve, par exemple, l’exaltation que procure la rencontre avec le Dieu créateur, mais aussi le découragement face à l’adversité. On y entend des louanges envers le Dieu sauveur, mais aussi l’aveu d’un besoin de consolation dans le creuset de l’épreuve.

Ailleurs s’exprime l’épanchement honnête d’un cœur devant Dieu, mais en même temps la crainte que suscite un Dieu juste.

Ou encore, on découvre l’expression du bienfait lié à la proximité du Seigneur, tout autant que la difficulté que l’on éprouve à s’approcher de lui…

Que de richesses ! Tous ces témoignages personnels rendent les Psaumes si proches de nous, si actuels, si universellement vrais !

Ce numéro de Promesses vous propose un survol des motifs qui jalonnent les Psaumes, dans lesquels s’inscrit la réalité de la vie, partout sous-jacente. Vous y trouverez également une sélection de quelques Psaumes particulièrement réconfortants. Vous constaterez enfin que Promesses n’élude pas les questions que soulèvent certains textes déroutants.

Que cette lecture puisse vous convaincre que le message véhiculé par les Psaumes est approprié à notre époque et qu’il a la faculté d’infuser notre quotidien.

« Tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que par la patience et la consolation que donnent les Écritures nous possédions l’espérance. » (Rom 15.4)

 


Les Psaumes 1 et 2 constituent une introduction générale aux Psaumes :
– Le Psaume 1 pose le principe éthique, moral et distingue deux classes d’humains : les justes et les méchants. Il traite de l’homme au singulier et commence par : « Heureux celui qui… »
– Le Psaume 2 pose le principe prophétique et politique concernant le peuple de Dieu et les nations. Il s’adresse aux hommes (au pluriel) et se termine par : « Heureux tous ceux qui se confient en lui. »

Le Psaume 1, que nous allons étudier, présente deux chemins avec deux issues : celui du juste ou du pécheur acceptant la grâce et celui du méchant ou du pécheur rejetant la grâce.

Le bonheur selon les humains

En regardant un peu ce qui s’écrit sur le bonheur, j’ai été surpris de voir à quel point les humains font la chasse au bonheur. Qu’est donc le vrai bonheur ?
Argent, sexe, maison, santé, réussite dans les divers domaines, respect des autres, réputation, honorabilité, longévité, famille aimante, intégrité, estime de soi, réalisation spirituelle, générosité, forme physique, etc. ?
Un dictionnaire donne 23 synonymes pour le mot bonheur, notamment : allégresse, béatitude, chance, euphorie, réussite, succès, extase, etc. Parmi de nombreuses citations, en voici trois d’auteurs désabusés par la poursuite du bonheur :
– Montaigne (philosophe français, 1533-1592) dans ses Essais écrivit : « Si l’on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente. »
– Léo Ferré (compositeur et chanteur français, 1916-1993) dit dans une chanson : « Le bonheur ça vaut pas trois mailles. »
– Antoine Rivarol (écrivain français, 1753-1801) écrivit : « Nous avons tous assez de force en nous pour supporter le malheur des autres, mais nous n’en avons peut-être pas autant pour supporter leur bonheur. »

Le bonheur selon Dieu

Pour Dieu, le bonheur (l’état de celui qui est « heureux ») est d’abord christocentrique. Posséder Christ dans son cœur est ce qui rend l’homme objectivement « heureux ».
Déjà dans l’A.T., David disait : « Bienheureux l’homme dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert. Bienheureux l’homme à qui l’Eternel ne compte pas l’iniquité et dans l’esprit duquel il n’y a pas de fraude. » (Ps 32.1-2) Le bonheur commence avec le pardon de ses péchés.
Le bonheur se décline ensuite :
– dans la séparation du mal et la méditation de la Bible (notre Ps 1), – dans l’aide apportée aux autres : « Bienheureux l’homme qui comprend le pauvre ! Au mauvais jour, l’Éternel le délivrera. » (Ps 41.1)1
Voilà ce qu’est le bonheur selon la Bible, bien différent de celui des hommes cités ci-dessus ; et il peut être vécu même dans la souffrance (voir Matt 5.5-11 et les paradoxes des béatitudes).

Le chemin du juste (v. 1-3)

1 Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs,
2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, Et qui la médite jour et nuit !
3 Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point : Tout ce qu’il fait lui réussit.

Le chemin de la vie a deux faces :

La face négative — ce dont le juste s’abstient (v. 1)

– Il « ne marche pas dans le conseil des méchants ». Le « conseil », ici, c’est l’état d’esprit, la mentalité. Nous sommes plutôt appelés à « renverser les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, en amenant toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Cor 10.5). La séduction s’opère d’abord dans nos pensées. Elles ont besoin d’être renouvelées selon la pensée du Christ.
– Il « ne s’arrête pas dans le chemin des pécheurs ». Nos pensées influencent notre comportement, nos attitudes. Celui qui « s’arrête » est déjà séduit. Paul avertit les chrétiens galates : « Vous couriez si bien, qui vous a arrêtés ? » (Gal 5.1)
– Il « ne s’assied pas sur le banc des moqueurs ». Le pli des habitudes est pris pour celui qui « s’assied ». L’esprit critique vis-à-vis du monde qui se moque de Dieu est anesthésié. L’Esprit de Dieu est étouffé, attristé, éteint.
Il y a progression vers le mal pour celui qui ne court plus vers le but. Il marche d’abord, puis s’arrête et finalement s’assied à la table du monde. Le juste est appelé à se séparer moralement du monde (2 Cor 6.14-18), « tout en étant dans le monde ».

La face positive — ce que recherche le juste (v. 2)

Le juste trouve du plaisir dans la loi de l’Éternel. Pour nous, c’est toute la Parole, la révélation de Dieu, amplement suffisante pour la vie de tous les jours, dans toutes les situations.
Le juste la « médite » : sa pensée, son intelligence, son esprit sont engagés. Il « réfléchit », « se penche sur » le texte, pour le comprendre et s’y conformer.
Il la médite « jour et nuit ». Sa volonté intervient. Le secret d’une relation juste avec Dieu engage la raison, l’affection et la volonté du croyant. Est-ce à dire qu’il doit passer son temps à lire la Parole ? Ce n’est pas possible ni forcément souhaitable. Mais ses pensées et ses affections sont tournées vers Dieu en continu. Et son être entier se transforme ainsi progressivement.

Les caractéristiques du juste bienheureux — l’issue de la voie du juste (v. 3)

– « Il est comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux » : L’arbre est le symbole de la sécurité et de la solidité. Les cours d’eaux nous parlent du rafraîchissement donné par l’Esprit de Dieu (Jean 7.38 ; Éph 2.22 ; Tite 2.5-6).
– Il « porte du fruit en sa saison » : Chaque arbre porte des fruits selon son espèce et en sa propre saison. Les progrès du chrétien dans son chemin de sanctification diffèrent de l’un à l’autre. Ce qui compte, c’est de porter du fruit « en sa saison », en son temps. C’est l’affaire de Dieu. Notons encore que la croissance pour faire mûrir le fruit se fait sans bruit, tranquillement, mais il est aussi exposé aux tempêtes jusqu’à la récolte. « Je suis le cep ; vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit, car, séparés de moi (sans moi), vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.5)
– Son « feuillage ne flétrit point » : Cette image évoque la pérennité, la durabilité de la vie de foi.
– « Tout ce qu’il fait prospère » : Réussir sa vie ne signifie pas avoir du succès, mais avoir suivi la voie du Seigneur tracée pour chacun dans l’obéissance à sa Parole. Pour les uns, c’est plus palpable que pour d’autres : le fruit se voit dès maintenant. Pour d’autres, le fruit se révèlera après leur mort. Leur chemin de sanctification, fidèlement suivi avec méditation et prière, trouvera une merveilleuse issue : leurs œuvres ont été cachées devant les hommes, mais leurs prières auront été exaucés et ils verront les résultats dans la gloire. Engageons-nous résolument dans cette voie de la prospérité dans le Seigneur.

Le chemin des pécheurs non repentis (v. 4-5)

4 Il n’en est pas ainsi des méchants : Ils sont comme la paille que le vent dissipe.
5 C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement,Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes.

Dans un texte qui rappelle notre Psaume, le prophète Jérémie a donné une très belle comparaison entre les deux voies, celle du juste et celle du méchant : « Ainsi parle l’Éternel : Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son cœur de l’Éternel ! Il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit point arriver le bonheur ; il habite les lieux brûlés du désert, une terre salée et sans habitants.
Béni soit l’homme qui se confie dans l’Éternel, et dont l’Éternel est l’espérance ! Il est comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines vers le courant ; il n’aperçoit point la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert. Dans l’année de la sécheresse, il n’a point de crainte, et il ne cesse de porter du fruit. » (Jér 17.5-8) « Les méchants » désignent les pécheurs : ce sont ceux qui ont rejeté Dieu, qui s’opposent à lui, qui se moquent de lui — en un mot, des pécheurs impénitents.

Les caractéristiques du pécheur impénitent

Il est « comme la balle ». La balle (ou la paille) est l’enveloppe des graines et des céréales. Plus légère que les graines, elle est emportée par le vent lorsque le vanneur lance en l’air le blé.
Les nations (És 17.13), le peuple de Dieu désobéissant (Os 13.3), le roi de Babylone, l’impie Belshatsar (Dan 4.22-27), sont comparés à la balle légère, qui n’a aucune valeur et qui va subir le jugement.

L’issue du pécheur impénitent

Le pécheur impénitent « ne subsistera pas au jour du jugement », pas plus que la balle ne peut résister au vent qui la chasse. Au jour du Seigneur, lors de l’établissement en puissance de son royaume de justice et de paix sur la terre, les pécheurs seront exclus de « l’assemblée des justes ». Jésus annonce le même jugement : « Retirez-vous maudits, allez dans le feu éternel préparé pour le diable et les anges. […] Ceux-ci iront dans le châtiment éternel et les justes dans la vie éternelle. » (Mat 25.41,46)
La voie des pécheurs mène à la « ruine », car « à la mort du méchant, son espoir périt, et l’attente des hommes iniques est anéantie. Le juste est délivré de la détresse et le méchant prend sa place. » (Prov 22.7-8)
Mais Dieu ne veut pas le jugement du pécheur. Il a donné son Fils unique pour que le pécheur ait la vie éternelle, s’il accepte de se repentir (Jean 3.16).

Le suprême juge à l’issue des deux chemins (v. 6)

6 Car l’Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine

.

Dieu est omniscient (Ps 139.1-6). Le Seigneur connaît ses brebis ; il connaît ceux qui lui appartiennent (Jean 10.14 ; 2 Tim 2.19). Par contraste, il dit aux méchants : « Je ne vous ai jamais connus. » (Mat 7.23)
Cette connaissance de Dieu envers chacun d’entre nous inclut aussi sa sollicitude à notre égard : « Tu connais les angoisses de mon cœur. » (Ps 31.8)
Quel merveilleux jour pointe à l’horizon lorsqu’il reviendra ravir son Église et ressusciter les morts en Christ : « Alors nous connaîtrons comme nous avons été connus » (1 Cor 13.12) !
Quelle perspective extraordinaire — celle des pécheurs pardonnés. Quelle perspective terrible — celle des pécheurs qui ont refusé la grâce de Dieu. Il n’y a pas de troisième voie, de voie médiane.

1Ces versets sont les trois textes du 1er Livre des Psaumes qui commencent par « Heureux ». Au total, le mot « heureux » revient 26 fois dans tous les Psaumes : 1.1 ; 2.12 ; 32.1,2 ; 33.12 ; 34.9 ; 40.5 ; 41.2 ; 65.5 ; 84.5,6,13 ; 89.16 ; 94.12 ; 106.3 ; 112.1 ; 119.1,2 ; 127.5 ; 128.1,2 ; 137.8,9 ; 144.15 (2 x) ; 146.5.


DIEU ET MOI DANS LE PSAUME 139

Dieu est immense et que dès qu’on se penche sur sa personne, on est vite impressionné :
– Plusieurs dizaines de noms lui sont attribués : Dieu de force, de puissance, des armées, Celui qui est, le Créateur, le Seigneur. Ces noms décrivent parfois de façon imagée son action : le lion, l’aigle, l’agneau, la poule…
– Plusieurs dizaines de qualités lui sont attribuées – il est tout puissant, il est impassible, il est amour, autonome, éternel, etc.

Dès qu’on plonge son regard dans la personne de Dieu, on est émerveillé. Et pourtant, cela pourrait être fastidieux d’énumérer les qualités du Seigneur, sans réaliser la différence que Dieu fait dans une vie. C’est comme si vous me demandiez que je vous décrive mon épouse. Si je vous disais : « Elle fait 1 m 70, elle a les yeux bleus, et quelques cheveux blancs », je ne communiquerais pas une grande sympathie dans notre relation. Si je vous dis par contre : « J’aime beaucoup poser ma tête sur la sienne parce qu’elle est un tout petit peu plus petite que moi, ses yeux bleus font fondre mon cœur chaque fois qu’elle me regarde, et elle est en train de se tresser une couronne de gloire avec quelques cheveux blancs », c’est une description qui reflète l’amour que je lui porte…

Dans le Psaume 139, David parle de Dieu — pas comme un catalogue de vérités sur Dieu, mais comme une célébration de ce que Dieu fait dans une vie. David associe ces qualités divines à sa vie personnelle. Dieu n’est pas une série de faits. Il est une personne qui cherche la communion avec ses enfants, qui se révèle à ses enfants… Ce Psaume présente quatre qualités de Dieu pour nous encourager.

Omniscience

Dieu connaît tout de moi (v. 1-6)

1 Éternel ! tu me sondes et tu me connais,
2 Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu comprends de loin ma pensée ;
3 tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies.
4 Car la parole n’est pas sur ma langue, que déjà, Éternel ! tu la connais entièrement.
5 Tu m’entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi.
6 Une telle science est trop merveilleuse pour moi, trop élevée pour que je puisse la saisir.

La première qualité de Dieu que David décrit est l’omniscience, la « toute connaissance » de Dieu : Dieu sait tout, connaît tout, comprend tout (1 Jean 3.20 ; Job 37.16 ; Héb 4.13). Mais là encore, il possède plus qu’une information sur les hommes. Il me connaît moi, personnellement, intimement, comme nul autre ne me connaît.
– Il me « sonde » : le verbe dénote un regard complet, attentionné. Il ne regarde pas de façon superficielle.
– Il me « connaît » : il perçoit et prend directement connaissance de ce que je suis.
– Il me « comprend » : ce verbe pourrait être traduit par « disséquer » ; Dieu connaît mon cœur comme nul autre (Jér 17.9-10).
Dieu ne connaît pas seulement les choses importantes qui secouent le monde, mais les détails les plus anodins de ma vie : mes mouvements quotidiens (v. 3a), mes pensées (v. 2b,3b), mes paroles (v. 4). Jésus rajoutera que même les cheveux de nos têtes sont comptés (Matt 10.30).
Non seulement Dieu connaît les moindres recoins de ma vie, mais en plus il connaît précisément mon futur (v. 4) : avant que je parle, Dieu sait ce que je vais dire !

Comment vivre cette partie du Psaume ?

– par la louange, l’émerveillement (v. 6),
– en intégrant le Seigneur dans tous les aspects de mon existence : l’un des dangers de la vie chrétienne, c’est de sortir Dieu de nos joies, pour ne l’intégrer qu’à nos épreuves ; ou bien de sortir Dieu de nos épreuves, par stoïcisme, pour ne l’intégrer qu’à nos louanges ;
– par la confession de mes péchés : avec Dieu, il est impossible de se cacher ; il met le doigt sur toutes nos manipulations, connaît toutes nos motivations, lit toutes nos pensées.
Alors, puisqu’il sait tout, pourquoi le tenir à l’écart ?

Omniprésence

Dieu est toujours près de moi (v. 7-12)

7 Où irais-je loin de ton Esprit et où fuirais–je loin de ta face ?
8 Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà.
9 Si je prends les ailes de l’aurore, et que j’aille demeurer au-delà de la mer,
10 là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira.
11 Si je dis : Au moins les ténèbres me submergeront, la nuit devient lumière autour de moi ;
12 Même les ténèbres ne sont pas ténébreuses pour toi, la nuit s’illumine comme le jour, et les ténèbres comme la lumière.

Dieu est partout présent — ou plutôt, il n’y a nul endroit où il ne se trouve. On ne peut le fuir, pas même par la mort (v. 8b). David réalise qu’il est gardé en tout lieu par la présence de Dieu : Dieu est toujours près de lui (v. 10a).
Cette notion d’omniprésence est difficile à comprendre. D’un côté, Dieu est présent partout, d’un autre il est sur son trône ou s’incarne en Jésus. Il ne peut tolérer le mal, et il côtoie pourtant le diable en son omniprésence.
Dieu est pleinement présent en tout point de l’espace, sans toutefois agir de la même manière en chacun de ces points :
– Il est pleinement présent : Il n’y a pas une partie de Dieu au ciel, et une autre partie sur terre. Il ne remplit pas l’espace comme l’eau remplit un verre. C’est l’intégralité de son être qui est partout présente. Il ne faut pas penser en terme d’un volume, d’une dimension car Dieu est esprit, et il est au-delà de l’espace qu’il a créé (1 Rois 8.27).
– Sans agir de la même manière : Dieu est présent parfois pour punir (Amos 9.1-4), pour soutenir (Héb 1.3), pour bénir (Ps 16.11). Dieu est dans le cœur de ses enfants, mais pas dans celui de ceux qui ne sont pas croyants.

Que faire de l’idée que je ne peux m’éloigner de la présence de Dieu ?

– Louer : Dieu m’accompagne partout. Quel privilège !
– Être réaliste sur le péché : Certains péchés sont très visibles, ou affectent beaucoup de personnes, tant par leurs effets que par la manière dont ils se font ; ils sont connus par d’autres. Certains péchés sont discrets ; ils sont réalisés dans le secret des cœurs, dans l’imagination. Mais Dieu est présent à l’intérieur de nous-mêmes. Comment ne pas reconnaître nos fautes devant lui ?
– Décider de le suivre : Je ne peux pas me détacher du Seigneur. Il est, pour mon bien, à jamais soucieux de m’accompagner.
– Ne plus avoir peur : Il n’est pas de table d’opération où Dieu est absent. Il n’est pas de situations que Dieu trouverait profondes, trop dangereuses. Je peux envoyer mes enfants dans un pays étranger — et savoir que le Seigneur les accompagne.

Souveraineté

Dieu a un plan pour moi (v. 13-18)

13 C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tenu caché dans le sein de ma mère.
14 Je te célèbre ; car je suis une créature merveilleuse. Tes œuvres sont des merveilles, et mon âme le reconnaît bien.
15 Mon corps n’était pas caché devant toi, lorsque j’ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre.
16 Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui étaient fixés, avant qu’aucun d’eux (existe).
17 Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! Que la somme en est grande !
18 Si je les compte, elles sont plus nombreuses que (les grains de) sable. Je m’éveille, et je suis encore avec toi.

Troisièmement, David s’émerveille de la souveraineté de Dieu sur sa vie, du début à la fin. Plus que l’omnipotence de Dieu, cette partie développe l’idée que Dieu, mon créateur, a un projet pour moi.
Avec délicatesse, j’ai été créé, formé, caché, pétri ; mieux, « tissé » (v. 15 — c’est presque de l’embryologie !). Je ne suis pas une créature issue du hasard.
Non seulement Dieu est maître du début de mon histoire, mais encore de sa fin. Je ne mourrai pas un jour plus tôt ou plus tard que le jour fixé par Dieu. Jésus dit d’ailleurs de ne pas s’inquiéter, car ce n’est pas cela qui rallongera mon existence. Bref, je suis un homme ou une femme que Dieu a voulu, une créature merveilleuse.

Comment vivre cette souveraineté de Dieu ?

– Encore une fois, par la louange ! David commence cette section avec une exclamation : « C’est toi ! », reconnaissance heureuse de l’œuvre puissante de Dieu. La louange des v. 17 à 18 est probablement l’émerveillement face à toutes ces qualités de Dieu. Qu’il est grand, tellement au-delà de toutes nos pensées !
– Par le respect de mon corps : J’ai été créé à l’image de Dieu, et Dieu a créé mon corps avec une touchante attention. J’ai lu le récit d’un couple dont l’épouse ne se sentait pas belle et cela la gênait considérablement dans ses rapports avec son mari. Tendrement, cet homme l’a placée devant un miroir et lui a demandé de louer Dieu pour chaque partie de son corps. Dieu m’a fait à son image, au-delà de toute logique génétique, au-delà de tout handicap de naissance ou acquis. Je le reflète et il a sa main sur moi. Plus encore, avec ma conversion, ce corps est devenu le temple du Saint Esprit (1 Cor 6.19).
– Par le respect de la vie : Un enfant existe dès la conception. La Bible souligne la continuité de l’existence du ventre de la mère à l’enfant qui respire. Il est impossible de valider l’avortement, ou les techniques de contraceptions abortives. Pour autant, un Dieu de grâce accueille toujours celle qui s’est prêtée à de tels gestes et qui s’en repent.
– En me réjouissant de ce projet bienveillant de Dieu : si mes parents ne m’ont pas vraiment voulu, si la société ne m’a pas vraiment voulu, Dieu, lui, m’a voulu ! Je peux me réfugier en Dieu, en son amour pour moi, dans sa compréhension de ce que je suis.
– En ayant confiance : La vie en général, et la vie chrétienne en particulier, n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des combats, des épreuves, des tentations, des chutes… (Prov 24.16). Mais Dieu reste souverain.

Justice

Dieu jugera mes ennemis (v. 19-24)

19 O Dieu, si seulement tu faisais mourir le méchant ! Hommes de sang, écartez–vous de moi !
20 Ils parlent de toi d’une manière infâme, ils prennent (ton nom) en vain, eux, tes adversaires !
21 Éternel, n’aurai–je pas de la haine pour ceux qui te haïssent, du dégoût pour ceux qui se soulèvent contre toi ?
22 Je les hais d’une parfaite haine ; ils sont devenus pour moi des ennemis.
23 Sonde–moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve–moi, et connais mes préoccupations !
24 Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis–moi sur la voie de l’éternité !

Dans cette quatrième strophe, le ton change radicalement. On passe d’attributs de Dieu paisibles et encourageants à ses attributs de sainteté et de justice. David exprime des émotions très fortes : du dégoût, de la haine… Ces expressions paraissent violentes à la lumière du N.T., mais c’est une impression erronée : au cri de David, répond la prière des martyrs (Apoc 6.10). Et c’est parce qu’un jour un jugement aura lieu, que les chrétiens peuvent, avec confiance, pardonner ceux et celles qui les ont offensés. Parce que pardonner, c’est laisser à Dieu le soin de juger. C’est exprimer au Seigneur sa colère et son ressentiment, et les laisser à ses pieds, sachant qu’il fera justice.
Le Psaume se termine par une prière, d’autant plus importante que David est animé d’un désir de justice, et que ce sentiment pourrait le faire basculer dans l’amertume.

Comment vivre cette partie ?

– Par la confiance face au harcèlement : Un jour ou l’autre on a dû faire face au harcèlement d’un collègue, d’un patron, d’un voisin ou d’un membre de sa famille. Un jour ou l’autre, on a été confronté à l’impossibilité d’obtenir réparation, ou de résoudre des relations difficiles. Dieu n’est pas absent de cette irritation. Il la connaît, la mesure, la chiffre, et il en sera juge. Quelle sérénité !
– Quelle sérénité de lui laisser le soin de juger, et de lui demander que nos cœurs soient rendus souples. Pensons à confesser nos péchés. Prions pour que nous nous jugions nous-mêmes avant de juger les autres. Dieu nous conduira ainsi « sur la voie de l’éternité » (v. 24).


PSAUME 133

Charles Spurgeon

L’article qui suit est traduit du Treasury of David, de Charles Spurgeon. Spurgeon est un pasteur baptiste anglais du xixe siècle qui est resté dans l’histoire comme un des prédicateurs les plus puissants de tous les temps. Écrivain prolifique, il rédigea un commentaire de tous Psaumes qui parut dans le périodique The Sword and the Trowel, pendant une vingtaine d’années. L’épouse de Spurgeon dit que ce commentaire était l’œuvre littéraire à retenir parmi les milliers de pages écrites par son mari. Nous avons conservé le style typique des prédications du xixe siècle, un peu désuet, mais dont la saveur demeure.

« Voici, oh ! qu’il est bon et qu’il est agréable… » 

« Voici, oh ! » : C’est une merveille qu’on ne voit pas souvent ; aussi faites-y attention ! Elle peut être vue, car elle est la caractéristique des vrais saints ; aussi ne manquez pas de la voir de près ! Elle est digne d’admiration : arrêtez-vous et observez-là ! Elle vous conduira à l’imiter ; aussi notez-la bien. Dieu la voit favorablement ; aussi considérez-la avec attention.

Personne ne peut dire à quel point cette condition est excellente ; aussi le psalmiste s’exclame-t-il deux fois : « Qu’il est bon, qu’il est agréable ! » Il ne cherche pas à mesurer à quel point c’est bon ou agréable, mais il nous invite à l’admirer pour nous-mêmes. La combinaison des deux adjectifs « bon » et « agréable » est plus remarquable que la conjonction de deux étoiles de première grandeur : être agréable est bien ; mais être bon également est mieux. Tous les hommes aiment ce qui est agréable et cependant il arrive fréquemment que ce qui est agréable soit mauvais ; mais ici l’état évoqué est aussi bon qu’il est agréable, aussi agréable qu’il est bon.

« … pour des frères de demeurer ensemble ! »

Pour des frères selon la chair, habiter ensemble n’est pas toujours sage, car l’expérience montre qu’il vaut mieux qu’ils soient chacun un peu de leur côté et il est honteux pour eux d’habiter ensemble dans la désunion. Il vaudrait bien mieux pour eux être en paix comme Abraham et Lot qu’habiter ensemble dans la jalousie comme les frères de Joseph. Quand des frères peuvent et habitent réellement ensemble dans l’unité, alors leur communion vaut la peine qu’on l’admire et qu’on la chante dans une sainte psalmodie. De telles visions devraient être vues parmi ceux qui sont proches parents, car ils sont frères et donc unis de cœur et de but ; ils habitent ensemble et c’est pour leur bien-être mutuel qu’il ne doit pas y avoir de conflit ; et cependant combien de familles sont déchirées par de virulentes dissensions et montrent un spectacle qui n’est ni bon ni agréable !

Quant aux frères dans la foi, ils devraient habiter ensemble dans la communion ecclésiastique et un élément essentiel de cette communion est l’unité. Nous pouvons nous dispenser de l’uniformité si nous avons l’unité : unité de vie, de vérité et de conduite ; unité en Jésus Christ ; unité d’objet et de pensée — c’est cela que nous devons avoir, ou bien nos assemblées seront des synagogues de dispute plutôt que des églises du Christ. Plus l’unité est étroite, mieux c’est, car meilleur et plus agréable ce sera. Comme nous sommes des êtres imparfaits, un peu de mal et de désagrément viendra sûrement s’introduire ; mais cela sera rapidement neutralisé et facilement ôté par l’amour vrai entre saints, s’il existe vraiment. L’unité chrétienne est « bonne » en elle-même, bonne pour nous-mêmes, bonne pour les frères, bonne pour nos nouveaux convertis, bonne pour le monde extérieur. Et certainement elle est « agréable », car un cœur aimant doit trouver son plaisir et donner du plaisir en étant associé avec d’autres de la même nature. Une église unie depuis des années dans le service actif pour le Seigneur est un puits de bienfait et de joie pour tous ceux qui demeurent autour d’elle.

« C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête… »

De façon à ce que nous puissions mieux contempler l’unité entre frères, David nous donne une image, afin que, comme dans un miroir, nous puissions percevoir ses bienfaits. Cette unité dégage un doux parfum, comparable à l’huile précieuse avec laquelle le grand souverain sacrificateur était oint lors de son ordination. Cette unité est sainte, comme l’était l’huile de consécration qui était réservée au seul service du Seigneur. Cette unité est communicative : répandue sur la tête d’Aaron, l’huile odorante coulait le long de ses vêtements jusqu’à ce qu’ils soient tous oints. De même, l’amour fraternel étend son influence bénéfique et bénit tous ceux qui sont sous son influence. L’union des cœurs amène une bénédiction sur tous ceux qui sont concernés ; sa bonté et son agrément sont partagés par les membres les plus humbles de la maison ; même les serviteurs sont plus heureux à cause de l’unité des membres de la famille. Cette huile était réservée à un usage spécial : en étant ainsi oint, Aaron était mis à part pour le service particulier de l’Éternel ; de même ceux qui demeurent dans l’amour sont les mieux à même de glorifier Dieu dans son Église. Il est peu probable que le Seigneur utilise pour sa gloire ceux qui sont dépourvus d’amour ; il leur manque l’onction nécessaire pour faire d’eux des sacrificateurs pour le Seigneur.

« … descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements.… »

C’est le point clef de la comparaison : l’huile ne reste pas confinée à la place où elle était répandue initialement, mais elle s’écoule sur la chevelure du grand prêtre et inonde sa barbe, tout comme l’amour fraternel, descendant de la tête, distille en coulant un parfum sur tout ce qu’il illumine. L’huile allait jusqu’au bas de ses vêtements. Une fois répandue, cette huile ne cessait de couler.

Ainsi l’amour fraternel non seulement coule des cœurs sur ceux sur qui il a été premièrement répandu, mais il se répand là où il n’était pas recherché, ne demandant ni autorisation ni permission pour frayer son chemin. L’affection chrétienne ne connaît aucune limite, ni de paroisse, ni de nation, ni d’âge. Cet homme est-il un croyant en Christ ? Alors il appartient au seul corps et je dois lui apporter un amour continuel. Est-il un des moins spirituels, un des moins aimables ? Alors il est comme au « bord des vêtements » et mon amour doit se répandre même sur lui. L’amour fraternel vient de la tête mais va jusqu’aux pieds. Il se dirige vers le bas : l’amour pour les frères s’abaisse jusqu’aux personnes du rang le plus humble ; il n’est pas orgueilleux, mais doux et humble. Ce n’est pas la moindre de ses excellences : de même que l’huile n’oindrait pas si elle ne coulait pas, l’amour ne diffuserait pas ses bénédictions s’il ne descendait pas.

« C’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion »

Vue des plus hauts sommets, la rosée semble s’écouler vers les collines moins élevées : la rosée de l’Hermon descend sur Sion. Les sommets du Liban pourvoient aux besoins de la petite éminence de la cité de David. De même l’amour fraternel descend du plus haut vers le plus bas, rafraîchissant et vivifiant sur son passage. Une sainte harmonie est comme la rosée ; elle bénit mystérieusement ; elle apporte vie et croissance à tous les plants de la grâce. Elle amène tant de bénédictions qu’il ne s’agit pas d’une rosée banale, mais elle est comme celle de l’Hermon, qui est spécialement abondante et qui vient de loin.

« Car c’est là que l’Éternel envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité. »

Là, en Sion, mieux encore, à l’endroit où l’amour fraternel abonde. Là où l’amour règne, Dieu règne. Là où l’amour veut bénir, là Dieu commande la bénédiction. Dieu n’a qu’à commander et c’est fait. Il est tellement heureux de voir ses bien-aimés enfants trouver leur bonheur dans l’autre qu’il ne peut pas manquer de les rendre heureux en lui-même. Il donne spécialement la plus grande bénédiction, la vie éternelle, car l’amour est la vie. En demeurant ensemble dans l’amour, nous avons commencé à goûter les joies de l’éternité et cela ne nous sera pas retiré. Aimons-nous pour l’éternité et nous vivrons pour l’éternité. C’est ce qui rend la communion chrétienne si bonne et si agréable ; sur elle repose la bénédiction de Jéhovah et rien ne peut être plus sacré que « l’huile précieuse » ni plus céleste que « la rosée de l’Hermon ».

Oh ! qu’il y ait davantage de cette vertu rare ! Non l’amour qui va et qui vient, mais celui qui demeure. Non cet esprit qui sépare et isole, mais celui qui fait demeurer ensemble. Non cette pensée qui ne conduit qu’au débat et à la différence, mais celle qui fait habiter ensemble dans l’unité. Jamais nous ne connaîtrons toute la puissance de cette onction jusqu’à ce que nous soyons d’un cœur et d’une âme. Jamais la rosée sacrée de l’Esprit ne descendra dans sa plénitude jusqu’à ce que nous soyons parfaitement unis ensemble dans le même esprit. Jamais les bénédictions de l’alliance que Dieu a commandées ne viendront du Seigneur notre Dieu jusqu’à ce que nous ayons encore « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. »

Seigneur, conduis-nous dans cette si précieuse unité spirituelle, au nom de ton Fils. Amen.


CES MYSTÉRIEUX PSAUMES IMPRÉCATOIRES

Cet article est composé de plusieurs extraits du livre d’Alfred Kuen, Encyclopédie des difficultés bibliques, vol. III, Livres poétiques, Éditions Émmaüs, 2009, p. 256 à 265. Ils ont été reproduits avec l’aimable autorisation de l’auteur et des Éditions Émmaüs. Nous recommandons cet ouvrage, qui est une mine de réponses face à des questions qui peuvent se poser à la lecture des Psaumes. En particulier, il répond dans sa partie « Psaumes : Questions générales » à 26 questions utiles pour entrer dans la compréhension de ce livre.

DEFINITION ET ETAT DES FAITS

Des imprécations isolées se trouvent dans beaucoup de Psaumes, mais dans certains d’entre eux (55, 59, 69, 79, 109 et 137), l’imprécation constitue l’élément essentiel. Dans ces Psaumes, le psalmiste demande à Dieu de châtier le méchant conformément à ce qu’il mérite.

Si notre sens du bien ou du mal est notre critère pour déterminer si un passage est inspiré ou non, il y a de fortes chances pour que nous rejetions ces passages, les considérant comme non inspirés par l’Esprit de Dieu.

LE PROBLEME

Comment un esprit de vengeance évident peut-il être concilié avec les préceptes du N.T. et avec l’ordre de Jésus d’aimer ses ennemis et de prier pour ceux qui vous persécutent (Matt 5.44) ? Trois problèmes se posent :
– Comment peut-on expliquer la présence de ces imprécations dans le recueil d’hymnes hébreux ?
– Peut-on leur trouver une application dans la vie et le culte des chrétiens ?
– Ces cris appelant à la vengeance et au châtiment peuvent-ils être aussi inspirés que les autres parties du Livre des Psaumes qui exaltent le caractère de Dieu ?

ÉLEMENTS DE REPONSE

Affirmer que ces Psaumes font partie de la Parole inspirée de Dieu est une condition préliminaire indispensable à une compréhension correcte de ces paroles. Avant de nous lancer dans la discussion, nous devons réaffirmer notre confiance dans la Parole de Dieu, nous déclarer d’accord avec ce qu’a dit Jésus-Christ, reconnaître que David a parlé et écrit sous l’inspiration de l’Esprit (voir Matt 22.43 ; Marc 12.36 ; Act 1.16 ; 4.25 ; Héb 4.7). Cela exige beaucoup d’humilité, de renoncement à notre propre jugement comme autorité suprême et de confiance dans la Parole de Dieu — même si nous ne la comprenons pas.

Le sens de la justice

Les Psaumes imprécatoires sont une prière pour que justice soit faite et que les exigences du droit soient respectées. Les poètes de l’A.T. étaient très sensibles au mal dû à l’injustice des hommes. David savait être très généreux envers ses ennemis (Saül, Absalom), mais il pouvait aussi être outré par des actions cruelles et il demandait alors à Dieu de les juger.

Bien des appels à la vengeance (109.12 ; 137.8) sont des cris arrachés à des cœurs souffrants qui demandent à Dieu de faire justice et de rétablir le droit. Ces Psaumes veulent réveiller les sentiments du fidèle pour susciter en lui un cœur sensible à la misère causée par la cruauté. Nous trouvons la même préoccupation dans le N.T. La parabole du juge inique demande que justice soit faite à la veuve, et Jésus conclut en disant que « Dieu fera promptement justice à ses élus » (Luc 18.1-8). Pour que la justice de Dieu s’accomplisse, il faut que le mal soit condamné.

Dans un certain sens, ces poètes anciens étaient proches de Dieu qui « a, pour les péchés de ses ennemis, l’hostilité implacable qu’exprime le poète. Implacable ? Certes, mais envers le péché, et non envers le pécheur. Le péché n’est ni toléré, ni ignoré ; il ne fait l’objet d’aucun compromis. De cette façon, l’attitude impitoyable des psalmistes est plus proche d’un des aspects de la vérité que bien des attitudes de nos contemporains qui peuvent être prises, à tort, par ceux qui les adoptent, pour de la charité chrétienne. Les passages féroces des Psaumes servent à nous rappeler que la méchanceté existe réellement dans le monde et qu’elle (sinon ses auteurs) est détestable aux yeux de Dieu. »1

L’injustice émeut et provoque de l’indignation. Si ce n’est plus le cas, le mal est banalisé et accepté.

Le réalisme de la Bible

Le royaume de Dieu ne pourra s’établir qu’après la destruction du royaume de Satan. « Délivre-nous du mal » implique aussi : « Délivre-nous de ceux qui font le mal », de ceux qui s’identifient à la cause de Satan. De même, nous prions avec joie pour le retour du Christ, sans nous arrêter à la pensée que nous prions en même temps pour les événements de 2 Th 1.7-92.

Si nous sommes choqués par ces imprécations, cela peut provenir non pas tant de notre sensibilité chrétienne que d’un manque général d’expérience de la persécution et de notre incapacité à épouser la cause des chrétiens persécutés. Le Ps 83.3-4 dit : « Voici, tes ennemis s’agitent, Ceux qui te haïssent lèvent la tête. Ils forment contre ton peuple des projets pleins de ruse, Et ils délibèrent contre ceux que tu protèges. » Cette situation n’a pas changé. Partout dans le monde, on entend parler des attaques extérieures et intérieures contre l’Église. Dans le Deutéronome, Dieu a prononcé des malédictions sur les membres de son propre peuple. À plus forte raison, maudira-t-il ceux qui s’opposent à lui.

Le cadre de l’alliance

Ces textes sont prononcés dans le cadre d’une société liée par une alliance avec Dieu qui comprenait un engagement mutuel. En cas de rupture du contrat, des sanctions étaient prévues. Le psalmiste demande à Dieu de les appliquer et de punir ceux qui transgressaient son alliance. Cette punition avait aussi un but pédagogique : « Ne laisse pas réussir les projets du méchant, de peur qu’il ne s’en glorifie ! » (140.9)

L’alliance avec Abraham promettait la bénédiction à ceux qui béniraient la postérité d’Abraham et la malédiction à ceux qui la maudiraient (Gen 12.1-3). Comme cette alliance était inconditionnelle, ses promesses restent valables aussi longtemps qu’Israël subsiste en tant que nation. Sur cette base, David avait donc parfaitement le droit, en tant que représentant de la nation, de prier que Dieu veuille accomplir ses promesses en maudissant ceux qui maudissaient ou attaquaient Israël.

Attaquer le roi (représentant oint officiel de la théocratie), c’était attaquer Dieu. Son zèle pour Dieu inspirait ses prières. Le psalmiste a choisi Dieu pour ami ; les ennemis de celui qui prie sont donc aussi les ennemis de Yahveh.

Mais les malédictions sont toujours conditionnelles : « Dieu est un juste juge, qui, chaque jour, fait sentir son indignation à qui ne revient pas à lui. » (7.12-13)

Ces imprécations sont des prières

David avait la passion de la justice ; il n’était pas animé d’un esprit de revanche. Il pouvait être généreux lorsqu’il était lui-même attaqué (2 Sam 16.11 ; 19.16-23). Il a témoigné sa bonté à un fils de Saül (qui l’avait persécuté) (2 Sam 9).

Les psalmistes reconnaissent à Dieu seul le droit d’exécuter la vengeance. Il est certainement préférable de demander à Dieu de nous venger, plutôt que de se venger soi-même. Est-il si condamnable de demander à Dieu de briser les dents des méchants (58.7) lorsque ceux-ci s’en servent pour déchirer les justes ? Combien de malheurs seraient évités si, au lieu de nous venger, nous exposions à Dieu notre amertume et notre misère — tout en traitant nos ennemis de manière noble et généreuse comme David !

Jésus prie aussi ces Psaumes

Il y a des passages des Psaumes que nous ne pouvons pas reprendre pleinement à notre compte, par exemple des affirmations comme celles du Ps 18.21-24 : « L’Éternel m’a traité selon ma droiture, Il m’a rendu selon la pureté de mes mains ; Car j’ai observé les voies de l’Éternel, Et je n’ai point été coupable envers mon Dieu. Toutes ses ordonnances ont été devant moi, Et je ne me suis point écarté de ses lois. J’ai été sans reproche envers lui, Et je me suis tenu en garde contre mon iniquité. » Un seul a pu les redire en toute vérité : Jésus-Christ.

Dans les « je » des Psaumes, c’est le Christ qui parle. Qu’en est-il alors des confessions de péché dans les Psaumes ? David a confessé ses propres péchés dans ces paroles, mais Jésus les a priées parce qu’il s’est chargé de nos péchés, s’appropriant nos dettes (2 Cor 5.21).

Dans ce sens, tous les Psaumes sont messianiques parce qu’ils regardent vers le Christ — même les Psaumes imprécatoires. « Quelle différence cela fait dans notre prédication lorsque nous savons que ces Psaumes ne sont pas les prières émotionnelles d’hommes coléreux, mais les cris de guerre de notre Prince de la paix ! »3 Il faut lire ces prières à la lumière d’Apocalypse 19.11-16.

Sur la croix, Jésus a prié : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Comment peut-il alors prier ces Psaumes de vengeance contre ses ennemis ?

Il nous faut voir la personne du Christ dans son entier. Il est le Sauveur miséricordieux et plein d’amour qui pardonne les péchés, mais il est aussi Celui qui viendra pour juger ceux qui désobéissent à l’Évangile.

Quel est le but de ces prières ?

Le Ps 83.16-17 dit : « Poursuis-les ainsi de ta tempête, Et fais-les trembler par ton ouragan ! Couvre leur face d’ignominie, Afin qu’ils cherchent ton nom, ô Éternel ! » Nous sommes appelés à prier pour que Dieu exerce ses jugements sur ses ennemis « afin qu’ils cherchent ton nom », c’est-à-dire qu’ils se convertissent. Bien des tempêtes (physiques ou morales) ont amené des gens à se tourner vers le Seigneur.

Le N.T. fait un pas de plus

Dans leur impatience, les psalmistes demandent à Dieu de hâter le jugement. L’Évangile, par contre, montre que Dieu est désireux de sauver. Dans Jean 13.18, Jésus cite le Ps 41.10 au sujet de l’ami qui « mangeait mon pain » et qui « lève son talon contre moi », mais il ne prie pas comme David pour avoir l’occasion de le lui rendre.

L’A.T. ne fait pas de distinction entre le péché et le pécheur. Celui qui combat le péché doit aussi combattre celui qui le commet. Dieu hait le péché et le détruit. Seules la souffrance et la mort du Christ ouvrent le chemin vers le fait que le pécheur peut être pleinement gracié et réconcilié. C’est pourquoi, même dans le N.T., seul celui qui se réfugie auprès de l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde (Jean 1.29) voit s’ouvrir devant lui la porte du paradis (Luc 23.43). Le Dieu de l’A.T. n’est pas plus saint que celui du N.T. Sa colère reste suspendue au-dessus du péché. Cet arrière-plan de l’A.T. rend d’autant plus lumineuse la grâce que Jésus-Christ est venue apporter : tout en condamnant le péché, il voulait sauver le pécheur (Luc 7.47-50 ; 19.1-10 ; Jean 8.1-11).

Apocalypse 20.11-15 nous révèle que Dieu jugera les méchants dans l’avenir. Mais, comme indiqué plus haut, nous pouvons prier Dieu pour qu’il paralyse la main des méchants, juge ceux qui ne veulent pas changer et que la justice soit manifestée sur la terre.

1C.S. Lewis, Réflexions sur les Psaumes, Éditions Raphaël, 1999, p. 49-50.
2« Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. »
3J.E. Adams, War Psalms, p. 33.


Les Psaumes messianiques

Que comprenons-nous derrière l’expression « Psaumes messianiques » ?

Au soir de sa résurrection, le Seigneur Jésus explique à ses disciples qu’il fallait que soit accompli tout ce qui était écrit de lui dans la loi de Moise, dans les prophètes et dans les Psaumes (Luc 24.44).

Par cette référence, Jésus confirme le fait que certains Psaumes portent un caractère particulier de Psaumes « messianiques », en ce qu’ils parlent de façon directe du Messie promis au peuple d’Israël.

Parallèlement, on pourrait étendre le concept aux « textes messianiques tirés du Pentateuque » ou aux « prophéties messianiques tirées des prophètes ». En général, le caractère messianique d’un texte de l’Ancien Testament est avéré, quand un ou plusieurs auteurs du Nouveau Testament citent ce texte en relation avec le Messie. Par extension, d’autres parties de la Bible portent ce caractère, sans être spécifiquement « accréditées comme telles » par le Nouveau Testament. Il nous faut ici beaucoup de discernement et de sagesse dans l’interprétation des Écritures, car on risque, dans une recherche trop poussée de typologie, de vouloir rendre messianique un passage qui ne le serait pas. Au-delà d’une lecture directe, historique des Psaumes, nous pouvons en relire certains en cherchant à y trouver ce qui annonce par avance Jésus.

Au cours de son enseignement, Jésus a souvent cité lui-même des Psaumes, afin d’illustrer ou d’établir une vérité

– Mat 21.16 : « Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle. » (Ps 8.2)
– Mat 5.5 : « Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront la terre ! » (Ps 37.11)
– Jean 6.31 : « Il leur donna le pain du ciel à manger. » (Ps 78.24)

Jésus nous montre ainsi que la lecture des Psaumes constitue une très riche nourriture spirituelle.
Mais il va plus loin, quand il reconnaît le caractère messianique de certains Psaumes :
– Marc 12.36 : Il cite un psaume qui annonce la gloire du Messie : « David lui-même, animé par l’Esprit-Saint, a dit : “Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.’” » (Ps 110.1)
– Jean 15.25 : Il évoque la souffrance du Messie : « Mais cela est arrivé afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : “Ils m’ont haï sans cause.” » (Ps 35.19)
– Jean 13.18 : Il annonce la trahison de Judas : « Il faut que l’Écriture s’accomplisse : “Celui qui mange avec moi le pain a levé son talon contre moi.” » (Ps 41.9)
– Luc 20.17 : Il démasque le rejet des chefs religieux à son égard : « La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle. » (Ps 118.22)
N’est-ce pas touchant d’entendre Jésus parler de lui-même, à travers ces citations de Psaumes ?

Cette introduction — que l’on pourrait compléter par de nombreuses citations des Actes et des Épîtres — nous conduit à parcourir ensemble un de ces Psaumes messianiques, cité dans le Nouveau Testament en Hébreux 10. 5-7 : le Psaume 40.

Psaume 40

« J’avais mis en l’Éternel mon espérance ; Et il s’est incliné vers moi, il a écouté mes cris. » (v.1)
Comme souvent dans les Psaumes, le premier verset peut être lu comme un résumé ou une introduction à ce qui suit. L’humanité parfaite du Seigneur marchant sur la terre, sa dépendance et sa patience, sa souffrance, sont évoquées là et se retrouvent dans les versets qui suivent.

« Il m’a retiré de la fosse de destruction, du fond de la boue ; Et il a dressé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas. Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu. » (v. 2-3a)
Le Psaume commence par la résurrection et la louange. Nous pensons à Jésus victorieux. Après l’abîme de la mort, évoquée dans des expressions qui rappellent celles qu’utilisait Jonas dans le ventre du grand poisson, la stabilité d’une vie qui demeure à toujours s’appuie sur le roc.
Et si nous sommes nous-mêmes au fond d’un puits ou dans un bourbier, nous pouvons penser à celui qui en est sorti victorieux.

« Beaucoup l’ont vu, et ont eu de la crainte, et ils se sont confiés en l’Éternel. » (v. 3b)
De nombreux témoins oculaires de sa résurrection ont vu et ont cru. C’est le cas de Jean, « l’autre disciple », entrant dans le tombeau vide (Jean 20.8) ou de Thomas face aux marques des clous et de la lance (Jean 20.28).

« Heureux l’homme qui place en l’Éternel sa confiance, Et qui ne se tourne pas vers les hautains et les menteurs ! » (v. 4)
Nous entrevoyons la confiance de Christ comme homme. Il n’était pas tourné vers les orgueilleux, lui qui était « doux et humble de cœur » (Mat 11.29).

« Tu as multiplié, Éternel, mon Dieu ! Tes merveilles et tes desseins en notre faveur ; Nul n’est comparable à toi ; Je voudrais les publier et les proclamer, Mais leur nombre est trop grand pour que je les raconte. » (v. 5)
Ses œuvres et ses pensées sont merveilleuses. L’apôtre s’écriera dans une doxologie : « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom 11.38) Jean dira aussi des œuvres du Seigneur : « Si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qu’on écrirait. » (Jean 21.25) Jésus dira aussi : « Le Père aime le Fils et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci afin que vous soyez dans l’admiration. » (Jean 5.20, Darby) Partageons-nous cette admiration ?

« Tu ne désires ni sacrifice ni offrande, Tu m’as ouvert les oreilles ; Tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire. » (v. 6)
Jésus était le « plaisir de Dieu » sur la terre, au-dessus des quatre formes de sacrifice qui nous sont décrites dans le début du livre du Lévitique et qui sont rappelées ici. À deux reprises, lors de son baptême et sur la montagne de la transfiguration, Dieu fait entendre sa voix : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. »
L’humanité de Christ est soulignée dans l’expression : « Tu m’as ouvert les oreilles », traduite par : « Tu m’as formé un corps » dans la traduction des Septante citée en Hébreux 10.5. Outre le fait que les Septante aient probablement choisi ici un mode de traduction dit « par équivalence dynamique » et non pas mot à mot, il est touchant d’entrevoir que toute l’humanité du Seigneur Jésus — « Tu m’as formé un corps » — se caractérisait par son écoute, son obéissance, sa soumission à son Père — « Tu m’as ouvert des oreilles ».
Son corps d’homme parfait est présenté comme sacrifice, ultime ressource quand le sacrifice de prospérité, l’offrande de gâteau, l’holocauste et le sacrifice pour le péché ne nous sont plus « demandés ».

« Alors je dis : “Voici je viens” » (v. 7a)
Joseph dit : « Me voici » quand son père veut l’envoyer vers ses frères (Gen 37.13). Ésaie dit : « Me voici, envoie moi » quand Dieu demande : « Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? » (És 6.8)
David « se leva de bon matin, […] prit sa charge, et partit » quand Isaï son père lui demanda d’aller voir ses frères (1 Sam 17.17,20).
Joseph et David, par divers traits de leur caractère et par les expériences de leur vie (par exemple leur rejet par leurs frères), annoncent par avance celui qui, encore mieux qu’eux, dira : « Voici je viens. »

« Il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, Et ta loi est au fond de mon cœur. » (v. 7b-8)
Quand Jésus dit à ses disciples étonnés, devant le puits de Sichar : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jean 4.34), c’est un peu comme s’il citait ce texte du Psaume 40 pour lui-même. Et voilà que ce même verset fait référence à un autre rouleau, un autre livre, celui de la loi. C’est comme une chaîne qui commence dans le Pentateuque, passe par le Psaume 40 et se termine dans les Évangiles et l’Épitre aux Hébreux. Jésus dira : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit à mon sujet. » (Jean 5.46)

« J’annonce la justice dans la grande assemblée ; Voici, je ne ferme pas mes lèvres, Éternel, tu le sais ! Je ne retiens pas dans mon cœur ta justice, Je publie ta vérité et ton salut ; Je ne cache pas ta bonté et ta fidélité dans la grande assemblée. » (v. 9-10)
Jésus est le vrai témoin fidèle. Sa vie se caractérise par la perfection.
Au cours de son ministère il ne se lassait pas : « Selon sa coutume, il se mit encore à enseigner [la foule]. » (Marc 10.1) Dans les tout derniers jours avant la croix, « tout le peuple, dès le matin, se rendait vers lui dans le temple pour l’écouter. » (Luc 21.38)
Jésus a fait une « belle confession devant Ponce Pilate » (1 Tim 6.13). Il n’a pas hésité non plus devant le souverain sacrificateur, alors qu’il savait quel déchaînement de violence ses paroles allaient provoquer : « Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. » (Mat 26.64) Jésus unifie admirablement dans cette seule phrase deux textes messianiques complémentaires : le Psaume 110.1 (« assis à la droite de la puissance ») et Daniel 7.13 (« Sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme »). La situation s’est retournée : Jésus devient le juge et l’assistance, l’accusée. C’est comme si Jésus donnait, à la dernière heure de son ministère, la clef de l’expression qu’il aimait tant utiliser pour se désigner lui-même : « le fils de l’homme » (79 fois dans sa bouche).

«  Toi, Éternel ! tu ne me refuseras pas tes compassions ; Ta bonté et ta fidélité me garderont toujours. Car des maux sans nombre m’environnent ; Les châtiments de mes iniquités m’atteignent, Et je ne puis en supporter la vue ; Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête, Et mon courage m’abandonne. » (v. 11-12)
Ce Psaume, qui a introduit Christ comme un sacrifice, le présente maintenant comme celui qui a porté nos péchés sur lui, les prenant à son compte. Il est semblable au bouc azazel (le bouc qui s’en va, ou le bouc-émissaire), qui recevait l’imposition des mains du sacrificateur sur sa tête. Ce dernier y confessait toutes les iniquités et toutes les transgressions du peuple que le bouc portait au désert (Lév 16. 20-23).

« Veuille me délivrer, ô Éternel ! Éternel, viens en hâte à mon secours ! Que tous ensemble ils soient honteux et confus, Ceux qui en veulent à ma vie pour l’enlever! Qu’ils reculent et rougissent, Ceux qui désirent ma perte ! Qu’ils soient dans la stupeur par l’effet de leur honte, Ceux qui me disent : Ah ! ah ! » (v. 13-15)
Le Seigneur est passé par la souffrance de la moquerie, du ridicule, d’être différent. Un autre Psaume messianique dit : « L’opprobre me brise le cœur. » (Ps 69.20) Quelqu’un d’endurci peut se moquer de l’avis des autres, mais le Seigneur était sensible à la violence des mots et des regards. Il nous comprend, si nous ressentons parfois des attaques de cette nature.
Il semble que ce Psaume se termine par la croix, alors qu’il avait commencé par la résurrection. Quand nous nous préparons et participons à un culte d’adoration, ne tombons pas sous la tyrannie de la chronologie ou de la liturgie. N’hésitons pas à commencer un culte par la résurrection et la victoire et à reparler de la croix après la célébration de la cène. Il en est de même dans notre adoration privée, pour laquelle un Psaume comme celui-ci peut nous servir de base ou d’aide.

« Que tous ceux qui te cherchent Soient dans l’allégresse et se réjouissent en toi ! Que ceux qui aiment ton salut Disent sans cesse : Exalté soit l’Éternel ! » (v. 16)
Au cœur même de la souffrance, le Messie entrevoit les fruits de son œuvre. Des hommes et des femmes rechercheront Dieu, se réjouiront en lui et seront l’objet « d’un si grand salut ». Ils seront un peuple d’adorateurs.
Hébreux 12.2 nous dit : « Jésus, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte. » C’est un peu le résumé des trois derniers versets de notre psaume : la honte (v. 15), la joie (v. 16) et la croix (v. 17).

« Moi, je suis pauvre et indigent ; Mais le Seigneur pense à moi. Tu es mon aide et mon libérateur : Mon Dieu, ne tarde pas ! » (v. 17)
Sur la croix, le Seigneur Jésus était le pauvre par excellence. On venait de le dépouiller du peu qui lui restait, ses vêtements, dont la tunique tissée d’une seule pièce. Il sait que la délivrance viendra de son Dieu, qui ne l’oublie pas. Mais la souffrance est là et le temps est long : « Mon Dieu, ne tarde pas ! »

 


Un magnifique soir d’été. Je chante dans une chorale le Psaume 103 mis en musique spécialement pour l’occasion. C’est le mariage de ma meilleure amie. Je la connais depuis 25 ans. Nous sommes voisines depuis toujours, allons dans la même école, avons souvent été dans la même classe, partageons la même foi, fréquentons la même église, partons parfois en vacances ensemble et passons de longues heures à parler, au téléphone ou de visu !

Pour son mariage, l’oncle de la mariée a donc composé une musique adaptée au Psaume 103 et une grande chorale chante à pleins poumons : « Mon âme, bénis l’Eternel et n’oublie aucun de ses bienfaits ! » (v. 2) C’est vrai que, pour Amélie , c’est un grand bienfait que d’épouser un garçon qu’elle aime, qui partage sa foi et qui, de plus, a de nombreuses qualités. Pour moi, c’est un peu différent : j’ai vraiment l’impression de la « perdre ». Nos longues heures de discussion risquent de se réduire considérablement ; c’est normal mais j’en éprouve un petit pincement au cœur…

« Autant l’orient est loin de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions. » (v. 12) C’est beau de rappeler en un jour de mariage que Dieu nous a pardonnés toutes nos fautes et qu’il ne nous les rappelle plus.

« L’homme ! ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs. Lorsqu’un vent passe sur elle, elle n’est plus, et le lieu qu’elle occupait ne la reconnaît plus. » (v. 15-16) Mais quelle idée a eu l’oncle d’Amélie de vouloir nous faire chanter tout le Psaume 103 ! Les mariés sont jeunes, beaux, pleins de vie et la vie est devant eux ! Il aurait pu nous proposer une adaptation du Psaume en omettant ces deux versets…

« Bénissez l’Éternel, vous toutes ses œuvres, dans tous les lieux de sa domination ! Mon âme, bénis l’Éternel ! » (v. 22)

Quatre jours plus tard, coup de téléphone. C’est la mère de la mariée : « Michel et Amélie sont auprès du Seigneur ! » Stupéfaction. Incompréhension. C’est un accident de voiture qui les a tués tous les deux sur le coup, lors de leur voyage de noces. J’avais eu l’impression de « perdre » ma meilleure amie le jour où elle partait avec son mari, mais là, c’est effectif : je ne la reverrais plus sur cette terre…

Je passe mes journées à pleurer. Et au milieu de mes larmes et de toutes les pensées qui m’assaillent, le Psaume 103 me revient : « L’homme ! ses jours sont comme l’herbe… » Je comprends pourquoi il ne fallait pas supprimer ces deux versets dans l’adaptation musicale. Et, même si je ne comprends pas pourquoi « elle n’est plus », je comprends un peu la brièveté de la vie et la souveraineté de Dieu.

Et, dix-sept ans après, je peux dire : « … elle n’est plus… mais la bonté de l’Eternel est de tout temps et à toujours sur ceux qui le craignent. » (v. 17)

« Mon âme, bénis l’Eternel ! »


Les Éditions Clé ont publié deux recueils de méditations journalières un peu particuliers, intitulés Le Dieu qui se dévoile. L’auteur, Donald A. Carson, est professeur de Nouveau Testament à Trinity Evangelical Divinity School aux États-Unis. Il est auteur ou co-auteur de plus de 40 livres, dont plusieurs ont été traduits en français : citons La prière renouvelée, Jusques à quand ? (Éditions Excelsis) et Dans l’intimité de Jésus, Jean 14-17 (Éditions Grâce et Vérité) — tous chaudement recommandés. D’autres de ses ouvrages ne sont malheureusement disponibles qu’en anglais, dont un commentaire sur l’Évangile selon Jean qui fait autorité, ainsi qu’une approche remarquablement équilibrée de 1 Corinthiens 12 à 14 intitulée Showing the Spirit. Il est également un conférencier apprécié, dont plusieurs conférences sont téléchargeables en mp3 sur le web.

Dans Le Dieu qui se dévoile, Donald Carson propose chaque jour la lecture de quatre chapitres de la Bible[note]Le découpage adopté permet de lire en un an deux fois le N.T., deux fois les Psaumes et une fois tout le reste de l’A.T[/note] et commente un de ces quatre chapitres, en donnant quelques éléments de contexte et d’interprétation, agrémentés de quelques applications. C’est cet équilibre entre une vision large, permettant de saisir le but visé par chaque livre et des mises en relation avec notre monde actuel qui fait l’immense intérêt de ces deux ouvrages. Le style est clair, concis et met bien en évidence les articulations de la pensée. Le second volume reprend en fait le même découpage annuel, mais commente un autre des quatre chapitres proposés.

La qualité de ces courts commentaires fait qu’on reste un peu frustré, car même en rassemblant les deux volumes, seuls 730 chapitres environ sont commentés sur 1189. On aimerait bien que les « blancs » soient comblés !

La mise en page est un peu curieuse et n’aide pas toujours à s’y retrouver. Cependant un index en fin du vol. 2 permet de retrouver l’ensemble des thèmes abordés. On peut ainsi aller directement au commentaire d’un chapitre particulier.

Ainsi, qu’on décide ou non de se lancer dans l’aventure excitante et enrichissante de la lecture en un an de toute la Bible, ces deux ouvrages sont une source d’édification de qualité. Nous reproduisons ci-dessous le commentaire du Psaume 17 (vol. 1, 10 avril), à titre d’exemple, en rajoutant le texte du Psaume (version Colombe).

Psaume 17
1 Éternel ! écoute ce qui est juste, sois attentif à mon cri, Prête l’oreille à ma prière (faite) avec des lèvres sans ruse.
2 Que mon droit paraisse devant ta face, Que tes yeux contemplent la droiture !
3 Tu sondes mon cœur, tu le visites la nuit, Tu m’éprouves, tu ne trouveras rien : Ma parole ne dépasse pas ma pensée.
4 À la vue des actions des hommes, par la parole de tes lèvres, Je me garde des sentiers des violents ;
5 Mes pas sont fermes dans tes voies Mes pieds ne chancellent pas.
6 Je t’invoque, car tu me réponds, ô Dieu ! Incline vers moi ton oreille, écoute ma parole !
7 Toi qui sauves ceux qui cherchent un refuge, Montre les merveilles de tes bienfaits, Par ta droite contre les assaillants.
8 Garde-moi comme la prunelle de l’œil ; Cache-moi, à l’ombre de tes ailes,
9 Contre les méchants qui me persécutent, Contre mes ennemis acharnés qui me cernent,
10 Ils se renferment dans leur graisse, Leur bouche parle avec orgueil,
11 Ils sont sur nos pas, déjà ils nous entourent, Ils jettent les yeux sur nous, pour nous étendre à terre.
12 On dirait un lion avide de déchirer, Un lionceau aux aguets dans son repaire.
13 Lève-toi, Éternel, marche à sa rencontre, fais-le plier ! Délivre-moi du méchant par ton épée,
14 Des hommes par ta main, Éternel, des hommes de ce monde ! Leur part est dans la vie, Et tu remplis leur ventre de ce que tu as mis en réserve ; Leurs fils sont rassasiés, Et ils laissent leur superflu à leurs jeunes enfants.
15 Pour moi, avec justice, je verrai ta face ; Dès le réveil, je me rassasierai de ton image.
Le Psaume 17 est une prière par laquelle David demande à Dieu de prendre sa défense, de le justifier, de lui donner raison. Certes, le psalmiste sait très bien qu’il n’a pas toujours été juste (cf. Ps 51 !). Il arrive cependant des situations dans lesquelles le croyant est certain d’avoir agi de façon absolument intègre, selon une justice tout à fait transparente. C’est le cas de David dans ce Psaume. Si, dans de telles situations, les adversaires mentent ou lancent une campagne de dénigrement, si, comme un lion, ils s’apprêtent à fondre sur leur proie pour l’abattre (v. 10-12), comment le juste doit-il réagir ?

La première chose nécessaire est de rechercher humblement le Dieu qui prend sa défense. En fait, David ne demande pas seulement à être justifié plus tard, il réclame une intervention divine plus immédiate : « Lève-toi, Éternel, marche à sa rencontre, fais-le plier ! Délivre-moi du méchant par ton épée. » (v. 13) Il reconnaît que le fait de demander à Dieu de prendre sa défense le situe du côté de ceux qui ne se contentent pas d’appartenir à ce monde : « Délivre-moi des hommes par ta main, Éternel, des hommes de ce monde ! Leur part est dans la vie. » (v. 14)

Comme Dieu est souverain, toute justification ne peut venir que de lui : « Que mon droit paraisse devant ta face, que tes yeux contemplent la droiture. » (v. 2) David en appelle à l’amour fidèle de Dieu pour les siens : « Toi qui sauves ceux qui cherchent un refuge, montre les merveilles de tes bienfaits, par ta droite contre les assaillants. » (v. 7)

La Bible répète plusieurs fois cette leçon, partiellement ou entièrement. L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Rome : « Ne rendez à personne le mal pour le mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes. S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère, car il écrit : ‘À moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai’ [Deut 32.35], dit le Seigneur. » (Rom 12.17-19)

C’est une leçon que les croyants doivent constamment réapprendre et appliquer. Il est facile de la mettre en pratique quand tout va bien. Mais que faire lorsque des membres d’Église s’en prennent injustement à votre ministère, lorsque des commérages sapent votre position dans l’entreprise au profit de ceux qui les répandent, lorsque des collègues à l’université vous soupçonnent systématiquement de malveillance dans tout ce que vous dites ou faites ? C’est alors l’occasion de remettre votre défense entre les mains de Dieu ; ses attentions pour les siens et sa passion pour la justice garantissent leur défense finale.

Cette confiance est propre à nous libérer de tout stress : « Pour moi, avec justice, je verrai ta face ; dès le réveil, je me rassasierai de ton image. » (v. 15)