PROMESSES

Le médecin a d’abord affaire au corps de son patient, c’est une évidence.

L’apprentissage du métier de médecin fait la part belle au corps d’abord, pour s’attacher à comprendre ses fonctions et ses dérèglements.

Les connaissances des médecins relatives à la psychologie sont souvent moindres.

C’est ainsi qu’une dichotomie implicite corps/psyché s’installe.

Cependant nombre de symptômes sont inexpliqués, ils ne correspondent pas à un dysfonctionnement organique identifiable. La médecine psychosomatique tente de sortir de ce dualisme, pour regarder le patient comme un tout dans son corps. En fait, dans toutes les situations, même les plus organiques, l’expérience permet de réunifier soma et psyché : chaque atteinte dans un domaine, corporel ou psychologique, retentit sur l’autre domaine ou s’exprime dans l’autre domaine ; si le trouble est d’abord dans l’esprit, il est visible aussi dans le corps ; si le trouble est d’abord dans le corps, l’esprit en est perturbé. De la même façon, la douleur associe sensorialité (perception désagréable), émotion inévitable (peur et détresse), pensées et raisonnements, et comportement visible sur le corps du patient. Plus simplement, le corps « parle », comme on dit communément.

L’ensemble de la personne comprend aussi une part immatérielle, invisible mais bien présente, spirituelle, – souffle de Dieu, respiration de vie. Le corps est le lieu physique de cette personne complexe et plurielle, et il ne peut être réduit au fonctionnement de cellules et de molécules. C’est par le corps que passe le premier contact avec autrui.

Alors, comment le médecin chrétien appréhende-t-il le corps ? En tant que pédiatre, je m’occupe d’enfants, et particulièrement de douleur chez l’enfant, et je peux partager quelques ressentis et réflexions, sans vouloir être exhaustif.

1. Admirer le corps

Le médecin est d’abord le témoin d’un chef d’œuvre, fait d’une « étrange et merveilleuse manière » (Ps 139.14). Plus les connaissances progressent dans le domaine du fonctionnement du corps humain, de chaque organe, de chaque cellule, des interactions entre elles, plus l’étonnement grandit. À l’échelon macroscopique comme à l’échelon moléculaire, tout est extraordinaire de complexité, chaque cellule spécialisée surprend. Tout un monde de signaux de communication est à l’œuvre à chaque instant, pour maintenir le corps en bonne santé.

Quelle beauté dans le corps d’un enfant en pleine santé ! Les enfants sont des êtres vivants, mystérieux et merveilleux, des personnes humaines à part entière. Leur croissance, leur développement, suscitent aussi notre admiration profonde. Cependant ne nous appuyons pas sur des critères morphologiques ou des standards de mode, allons au-delà.

En effet, en même temps, nous nous rappelons que cette personne a été faite à l’image de Dieu, pour refléter l’image de Dieu, elle a été appelée à l’existence, engendrée. Ce qui nous est proposé par la révélation divine, nous amène à discerner que le corps est beau parce qu’il est reflète le projet de l’être, ou pour le dire de façon plus simple : le corps est beau parce qu’il est habité par une âme. Toutes ces pensées participent au plaisir et à l’émerveillement éprouvés devant un nouveau-né.

Cet enfant devant nous est un être unique, une association de concret et d’immatériel, qui porte un nom. Son corps est le lieu précieux de sa personne, animé par l’esprit et l’âme, et il est impossible de tracer la frontière exacte entre le physique, le psychologique et le spirituel.

Cette admiration peut nous ramener à Jésus, à sa naissance qui nous étonne, à sa croissance et à son développement que nous imaginons.

Cet enfant, ce patient, va apprendre, avec ses parents, à apprécier son corps, à le nourrir et l’entourer de soins (Éph 5.29) ; il va bâtir son espace intime, apprendre à respecter son corps. Le « soin » du médecin et des soignants peut y contribuer.

2. Approcher le corps du patient d’un point de vue médical

Le corps est abordé d’abord par le visage et le regard : on perçoit un visage, on rencontre une présence dans l’expression et le regard. L’état de santé (la fatigue, la dépression, la douleur, les émotions) est visible sur le corps, et d’abord sur le visage. Un petit enfant est particulièrement lisible, il ne contrôle pas son expression, et nous donne à voir et à lire son ressenti ; quand il grandit, le déchiffrage peut devenir plus difficile, car chacun porte facilement un masque.

Pour établir son diagnostic, ou simplement statuer sur la bonne santé, le médecin examine, il a le droit – exceptionnel, reconnu par la société et accepté des parents comme des enfants – de regarder, toucher, examiner le corps dénudé. Les enfants ont aussi des droits, ils ont également besoin de protection. L’approche du corps se doit d’être simple et digne, jamais critique, si possible assortie de commentaires positifs, et parfois ludique avec l’enfant : toucher, palper, ausculter, peser, mesurer… en respectant et même en favorisant la pudeur. On dit ce que l’on fait et ce que l’on va faire, avec respect et délicatesse, alors que l’on cherche à objectiver des « signes cliniques », qui nous éclairent sur des mécanismes pathogènes. C’est aussi respecter une juste distance – la distance de sécurité – être prudent dans les attitudes, la proximité, le territoire intime, avoir le regard chaste et clair, sans séduction, – et cela à tout âge, mais particulièrement, bien sûr, avec les adolescents.

« Le corps dénudé peut être honoré par le regard qui le perçoit et le reçoit comme expressif, tout entier expression d’une présence personnelle. […] Lorsqu’il est perçu à partir du visage, le corps tout entier, dans sa nudité même, peut être regardé sans impudeur » (Xavier Lacroix). En tant que médecin, je regarde, j’examine une personne, un corps « sujet » et non « objet », et le corps que je regarde est comme « habillé » par ce regard. Mon regard, mon expression, accueillent le corps de l’autre, sans le juger, sans se l’approprier.

3. Prendre soin du corps

Devant nous une personne se présente avec sa plainte. La mission du médecin est de rétablir la santé, autant que faire se peut. Cette mission nous évoque l’injonction du Samaritain à l’hôtelier, à propos du blessé qu’il a amené : « Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus […] » (Luc 10.35). Quelle étendue dans ce « de plus » : tous les besoins de la personne semblent sous entendus. C’est une médecine de la personne, approche reprise et développée par Paul Tournier1.

L’enfant et ses parents se confient à nous : cela implique échanges loyaux, respect et dignité, du soigné comme du soignant. Cette attitude a détrôné l’approche paternaliste du médecin, qui se place au dessus du patient, sachant et décidant à sa place. La loi française va d’ailleurs dans cette direction2, elle dynamise l’autonomie du patient comme la responsabilité du médecin.

Dans le domaine des soins médicaux du corps, pouvons-nous aussi appliquer la règle d’or : « Faites aux autres ce que vous voulez qu’on vous fasse » (Matt 7.12) ? Nombre de médecins reconnaissent que leur approche change après avoir été eux-mêmes malades !

Les soins médicaux peuvent s’empreindre d’empathie, de bienveillance, dans un projet de collaboration ; parfois doit être communiquée de l’énergie stimulante, de la fermeté, et parfois de la douceur, de la compassion.

Le regard porté sur le corps malade, les paroles, et tous les signaux de communication non verbale qui les accompagnent, font que le patient se sent respecté, écouté, apprécié, reconnu, malgré la maladie. Un « pacte de soin » est implicitement conclu, une alliance thérapeutique s’établit entre le médecin, l’enfant et ses parents.

Jésus a passé beaucoup de temps avec les malades, les handicapés, nous faisons de même ; il regardait, il touchait, il parlait, nous faisons de même. L’analogie s’arrête là car il avait le pouvoir de guérir et de pardonner. Nous pouvons néanmoins ressentir une collaboration avec le Dieu puissant qui guérit, mais bien sûr nous, nous ne guérissons pas toujours.

Cependant Jésus nous dit : « ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matt 25.40). Alors ces petits que nous soignons, nous pouvons les considérer comme les petits frères et soeurs de Jésus.

Des questions éthiques délicates se posent plus particulièrement au début et à la fin de la vie, dans un contexte de souffrance, de tragédie humaine : stérilité, anomalies fœtales, réanimation, fin de vie, soins palliatifs. Nous sommes appelés à essayer de comprendre, à entrer dans l’expérience humaine, en trouvant moyen d’accompagner ces parents.

Soigner, c’est une invitation à la modestie.

4. Soulager le corps souffrant

Le corps peut être crispé, tendu, par des contraintes physiques, émotionnelles, psychiques ou spirituelles. Souffrance morale et douleur physique s’entremêlent souvent.

La douleur fait appel à la solidarité humaine, elle nous incite à « porter les fardeaux les uns des autres » (Gal 6.2). Au plan médical, cela veut dire lutter contre la douleur et la souffrance. Pour nous comme pour les patients qui viennent à nous, l’acceptation de la vie n’a rien à voir avec la résignation. Au contraire, cela signifie l’accepter comme elle vient, avec tous les handicaps, la souffrance, et les injustices, puis tout mettre en oeuvre pour soulager, – cela fait partie de notre vocation.

Mais une révolte intérieure peut gronder, partagée avec l’enfant et ses parents : « Et pendant ce temps, où est Dieu ? » (C.S. Lewis) « À ce moment-là, tous les discours à propos de la résignation, de l’acceptation de la volonté de Dieu ou de la valeur rédemptrice de la souffrance sont insupportables » (Bernard Ugeux).

La souffrance requiert une réponse médicale, pour l’alléger ; mais elle reste un mystère, et elle exige une présence. Cette présence est parfois difficile à assumer : oser entrer dans la chambre où souffre un enfant, où va mourir un enfant, cela exige une atmosphère d’authenticité, sans mensonge. Cet accompagnement médical, psychologique, spirituel c’est la démarche des soins palliatifs. « Restez avec moi » demande Jésus à ses amis lorsque l’approche de la mort l’angoisse (Matt 6.38). À la fin, on laisse venir la mort, que C.S. Lewis appelle « une miséricorde sévère » : quand il n’y a plus rien à faire, il ne reste qu’à être, être avec.

5. Se laisser éclairer par la foi

Bien des attitudes décrites ici relèvent simplement d’une éthique médicale partagée avec nos collègues, laïcs, athées, agnostiques, ou d’autre confession religieuse. Alors quel « plus » apporte la foi pour le médecin chrétien ?

La foi éclaire les mystères, mais incomplètement, comme au travers d’un voile. Nous savons que Dieu ne s’est pas révélé au travers d’une majesté glorieuse, mais sous les traits d’un homme brisé, au corps sanglant cloué sur une croix. Angoisse, rejet, sentiment d’abandon, fatigue, solitude, souffrance physique extrême : le Christ a connu les pires douleurs de l’humanité. Paul Claudel dit : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu pour l’expliquer mais il est venu la remplir de sa présence. »

Si la foi n’explique pas tout, elle permet de porter en nous et autour de nous le mystère, celui de Dieu, mystère qui inclut celui de la souffrance, et celui de la personne humaine. L’être humain ne peut être réduit à ses maladies, ses souffrances, ni d’ailleurs à ses joies ou ses performances. La foi permet de voir au-delà de l’apparence fragile.

La foi déploie de nouveaux horizons dans notre compréhension du corps. Notre privilège en tant que chrétiens est de voir le Créateur, le Sauveur du corps, ce Dieu qui aime le corps qu’il a créé, jusqu’à s’y incarner, et jusqu’à vouloir le ressusciter.

Enfin la foi renouvelle nos forces, comme dit Bernard Ugeux : « Du cœur de ma fragilité reconnue et acceptée sourd une force, une capacité d’accueillir la fragilité, la misère même des autres avec tendresse, en me laissant toucher, mais sans me laisser envahir ou détruire. » Et de nous inciter à puiser au quotidien dans son cœur à lui. Rappelons-nous que les souffrants ne sont pas les seuls à être faibles, que tous, nous avons besoin d’encouragement3.

1Paul Tournier, médecin genevois protestant (1898-1986) en fut un ardent défenseur dans sa pratique et à travers ses nombreux écrits.
2Loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite loi Kouchner, du 4 mars 2002
3Pour approfondir :
Lydia Jaeger et coll, L’âme et le cerveau, l’enjeu des neurosciences, Édifac et Excelsis, 2009
Michel Johner et coll, Le corps et le christianisme, Excelsis 2003
Xavier Lacroix, Le corps de l’esprit, Les éditions du Cerf, 2002
Paul Tournier, Médecine de la personne, Delachaux et Nestlé 1940
Bernard Ugeux, Traverser nos fragilités, Les éditions de l’atelier, 2006
John Wyatt, Questions de vie et de mort : la foi et l’éthique médicale, Excelsis, 2009
Philip Yancey, Où est Dieu dans l’épreuve, Éditions Ligue pour la lecture de la Bible, 2007


Le yoga semble offrir tout ce que l’homme occidental recherche. Le corps, rouillant sur les chaises de bureau trop longuement fréquentées, trouve ainsi le moyen de s’assouplir et de s’exprimer. La tête, obscurcie de chiffres et de soucis, est gentiment vidée de ses impuretés. Pour beaucoup, le yoga est une source de détente équivalente à un sport ou un loisir.
Mais n’est-il que cela ?

Les auteurs d’ouvrages sur le yoga montrent que cette technique n’est pas purement physique. Elle relève d’une conception théologique du monde où les postures sont à la fois représentation d’une réalité théologique et véhicule d’une puissance spirituelle.
Le yoga est de nature religieuse.
Une religion est un « ensemble d’actes rituels liés à la conception d’un domaine sacré distinct du profane et destinés à mettre l’âme humaine en rapport avec Dieu ». C’est un « système de croyances et de pratiques, impliquant des relations avec un principe supérieur et propre à un groupe social ». Nous sommes ainsi en présence d’une religion lorsque les caractéristiques suivantes sont présentes :

1. l’homme est considéré comme une entité spirituelle ;

2. l’homme a accès à une dimension spirituelle ;

3. il existe une méthode pour parvenir à cette dimension.

Un mouvement révèle sa nature lorsque son historique témoigne d’une recherche spirituelle. Lorsque sa conception du monde affirme l’existence d’un monde spirituel. Lorsque ses objectifs s’appliquent à faire passer l’homme dans des sphères spirituelles. Et lorsqu’il propose à ses adhérents des gestes propres à éveiller une conscience spirituelle. C’est précisément le cas du yoga !

1. Origines du yoga

Le yoga classique indien provient d’un texte attribué à Patanjali dont on connaît peu de choses. Il aurait vécu au Pendjab au ive s. avant notre ère (certains avancent le xie s. av. J.-C.). Le terme yoga signifie littéralement « joug » ou « attelage » ; il évoque la recherche de l’union entre le soi et l’Absolu (brahman).

Selon les époques, les philosophies comme les pratiques varient. Elles visent le salut individuel par un enseignement métaphysique ou religieux (selon les écoles). Ainsi, dès sa création, le yoga est une quête spirituelle.

2. Conception du monde pour le yoga

Le yoga part de l’idée que tout est souffrance, et il faut en être délivré. Cette douleur provient d’une séparation de l’âme avec l’Absolu. L’âme souffre de cette condition déchue et recherche, à travers ses incarnations successives, à retourner dans la fusion originelle avec l’Absolu.

Selon l’hindouisme, la vie humaine est cyclique, d’où la doctrine de la réincarnation. La vie est pleine de douleurs et de chagrins, fondements de la condition de l’homme. Le but du yogi est de se retirer de ce cycle douloureux de la mort et d’atteindre l’immortalité. Cette libération (salut) est entraînée par La mort de l’identité individuelle par sa fusion avec l’absolu. Ainsi, il devient un jîvanmukta, un « délivré de son vivant ». À travers le yoga, un homme profane peut devenir sacré ou divin.

Il est difficile d’échapper à la conclusion que la pratique du yoga illustre une conception éminemment religieuse du monde.

3. Objectif du yoga

Jean Varenne décrit le yoga comme « une technique de salut originale qui se propose de libérer l’âme de sa condition  charnelle par l’exercice de disciplines psychiques et corporelles. [L’âme] est en quelque sorte exilée dans le monde de l’existence où elle est condamnée à se réincarner indéfiniment, passant de corps en corps à la manière d’un oiseau migrateur1 ».

Il est évident que le yoga a un objectif religieux. Ce n’est pas seulement une série de gestes innocents. Ils sont pédagogiques (et opérants !) en vue d’une transformation spirituelle de l’être.

4. Pratique du yoga

Comme nous l’avons vu, le yoga est religieux. Pour des raisons obscures, les professeurs occidentaux de yoga voilent cette réalité à leurs étudiants. En décrivant leurs pratiques, ils révèlent pourtant ce côté religieux :

« Le yoga n’a jamais été conçu seulement comme une discipline de mieux-être dans la vie actuelle, mais comme un mode de transformation si radical que ses effets se répercutent sur l’après-vie2 ».

On ne pourra jamais séparer la pratique du yoga de la « théologie » à laquelle elle est liée. En quelque sorte, le yoga offre à l’hindouisme ce que les sacrements offrent au catholicisme. Ils sont les rites initiatiques et opérants de privilèges spirituels.

5. Dangers du yoga

De l’aveu même des praticiens, le yoga n’est pas sans danger. Mircea Eliade évoque les « troubles auxquels certaines techniques exposent l’amateur imprudent, nous pensons surtout à celle de “l’érotisme mystique” »3. Ysé Tardan-Masquelier parle de « graves dissociations, conduisant parfois à la folie ». Il ajoute :

« Le pratiquant est donc très vulnérable […] : il n’a pas perdu son jugement qu’il retrouvera d’ailleurs clarifié et affermi, mais il l’a levé, suspendu, pour entrer plus profondément en lui-même et, si telle est sa forme de spiritualité, en contact avec une puissance divine. On imagine bien à quels excès des instructeurs à tendance paranoïaque, se sentant investis d’une mission urgente pour le monde, peuvent se livrer […] parfois, dans le sens d’un véritable “viol” psychique, […] où les  préceptes inoculés dans ces moments de totale réceptivité, atteignent l’inconscient et y laissent des traces indélébiles. »4

Si, selon Saravasti, le yoga est « l’annihilation de toutes les fonctions du mental, l’art de vider son mental et d’en faire un feuillet blanc »5, on entre dans  un terrain glissant. Il devient facile à un enseignant, terrestre ou angélique, d’écrire à sa guise les « vérités » spirituelles qui contrôleront la vie de celui qui pratique le yoga.

6. Un chrétien peut-il pratiquer le yoga ?

Deux raisons exigent une réponse négative.

En premier lieu, nul ne peut fléchir le genou devant une statue « innocemment », c’est-à-dire sans détrôner celui qui est le Seigneur. Pareillement, rechercher le « Grand Suprême » par le yoga revient à dire que la Révélation, la Parole de Dieu, est insuffisante.

En second lieu, un geste est un témoignage public. Un chrétien faisant du yoga enseigne qu’il existe d’autres chemins de libération que Jésus-Christ.

C’est probablement ce qui explique la présence dans la loi de commandements comme : « Vous ne couperez pas en rond les bords de votre chevelure. Tu ne raseras pas les bords de ta barbe » (Lév 19.27). Ce n’est pas que ces gestes étaient mauvais en eux-mêmes, mais ils étaient des rites païens que les Israélites ne devaient pas imiter. Il en va de même avec les postures du yoga.

Conclusion

J’invite le lecteur à méditer 2 Corinthiens 6.11-7.1 pour conclure cette brève étude :

11 Notre bouche s’est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur s’est élargi, 12 Vous n’y êtes point à l’étroit, mais c’est votre cœur qui s’est rétréci pour nous. 13 Rendez-nous la pareille — je vous parle comme à mes enfants — élargissez, vous aussi, votre cœur ! 14 Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger.
Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? 15 Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? 16 Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
17 C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. 18 Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant.
7.1 Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu.

1J. Varenne, « Yoga », Encyclopedia Universalis, vol. 12, p. 1029.
2Ysé Tardan-Masquelier, Le yoga : du mythe à la réalité, Paris, Éditions Droguet et Ardant, p. 55.
3M. Eliade, Techniques du yoga, p. 12-13.
4Ysé Tardan-Masquelier, Le Yoga : du mythe à la réalité, Paris, Éditions Droguet et Ardant, p. 111-112.
5Saravasti, La pratique de la méditation, Paris, Éditions Albin Michel, 1950, p. 118.


« Mon corps m’appartient ! » entendons-nous clamer haut et fort depuis quelques décennies. L’homme s’épuise à le maintenir en forme à tout prix, à en faire dépendre son bonheur, à le rendre immortel. Dans cette quête de bien-être terrestre, la maladie et l’épreuve sont l’ennemi numéro un. Que dit Dieu de tout cela ?

Le corps n’est pas neutre dans ses usages, de la fornication aux techniques respiratoires. Il a été racheté à un grand prix (J. Prohin, R. Alcorn). Le yoga lui-même ferait concurrence à l’Évangile (F. Varak).

Le médecin s’émerveille devant ce chef-d’œuvre, soignant humblement la souffrance à la lumière de sa foi (É. Fournier-Charrière). Jésus s’est souvent confronté aux malades de son époque, nous laissant un message sur le rapport entre la santé et la foi (M. Poeymirou).

Ce corps limité ne nous pousse-t-il pas à persévérer dans l’espérance de la gloire ? Conscients de notre faiblesse (J.L. Théron) mais soutenus par la fidélité de Dieu, nous soupirons (Rom 8.23) après la perspective du corps de résurrection (J-L. Dandrieu).

Même de grands hommes de Dieu ont connus le découragement, et ils les ont surmontés par la prière et la foi dans la Parole (G. Müller). Dans l’épreuve, sachons examiner nos motivations (S. Théret) afin de témoigner par notre corps, souffrant ou non, de la splendeur glorieuse de notre Créateur !


CINQ PRIORITÉS POUR LA COMMUNAUTÉ

Permettez-nous de vous parler de cinq domaines qui nous semblent prioritaires dans la vie communautaire.

La louange ( Cultiver un esprit de louange dans nos diverses rencontres. Notre louange glorifie Dieu, encourage notre prochain, et nous aide à garder une bonne attitude.

Le service ( Encourager chacun à trouver un service qui corresponde à ses dons. Ainsi, nos vies seront utiles au Seigneur, ainsi qu’à nos frères et sœurs.

Le témoignage ( Encourager et équiper le plus grand nombre à partager l’évangile auprès des personnes qu’il côtoie. Un objectif personnel, communautaire et intercommunautaire.

Le culte ( Vivre des cultes de qualité, spirituels et dynamiques. Vivre un culte édifiant. Le culte est la carte de visite de l’Église.

La prière ( La prière est un élément essentiel, tant au niveau personnel que communautaire. Nous désirons persévérer dans ce domaine. La prière, faite avec foi, est très efficace. Dieu se plaît à exaucer les prières de foi de son Église.

Que ces quelques jalons vous permettent d’avancer dans la foi et l’obéissance à la volonté de Dieu !


Avec l’aimable permission des deux coéditeurs Impact et La joie de l’Éternel, nous reprenons un extrait du journal de Georges Müller : G. Brunel, Georges Müller, sa vie et son œuvre (1805-1898). Georges Müller ne demanda jamais de salaire comptant uniquement sur Dieu quant à ses revenus ; il édifia plusieurs orphelinats dans ce même esprit. Il prêcha aussi et amena une multitude d’âmes au Christ. Ce passage est extrait du chapitre 8, « Ouverture des premiers orphelinats ». L’homme y fait part de ses douleurs physiques insupportables. Voyons la réaction d’un tel homme de Dieu. Puissent ces pages nous servir d’exemple et nous encourager dans notre faiblesse. Les intertitres et caractères gras sont ajoutés par la rédaction de Promesses

Georges Müller expérimente une bénédiction supplémentaire due à sa maladie.

6 janvier 1838. Maladie et bénédiction. Il me semble que l’état de ma tête ne s’améliore pas, bien que l’état général soit plus satisfaisant?; mais mon bon docteur assure que je vais mieux et conseille un changement d’air. Or, ce même jour, une sœur qui habite à quelque cinquante-quatre kilomètres d’ici (elle ne sait donc rien de l’ordonnance du docteur) m’a envoyé 375 francs en spécifiant que c’était pour un changement d’air. Dieu prend soin des siens de façon merveilleuse? ! J’ai donc les moyens de suivre l’avis du docteur.

Malgré ses douleurs et les sentiments qu’elles provoquent, sa préoccupation est la préservation de la gloire de Dieu dans ses réactions.

7 janvier. Ma tête est dans un état pitoyable et aussi malade que jamais, me semble-t-il. Les nerfs doivent être touchés ; et ceci provoque en moi une forte tendance à l’irritabilité, mêlée de je ne sais quel sentiment satanique, qui est étranger à ma nature. Ô Seigneur ! Veuille garder ton serviteur de te déshonorer ! Mieux vaudrait que tu me prennes à toi.

À cause de son mal, G. Müller commence à lire une biographie de Whitefield [note] Prédicateur anglais du XVIIIele siècle et instigateur, avec John Wesley de ce qu’on a appelé « le grand réveil », et l’un des leaders du méthodisme[/note] qui va le bouleverser et renouveler sa vie de prière et sa communion.

10 janvier. Aujourd’hui nous sommes partis pour Trowbridge, ma famille et moi.

12 janvier. Trowbridge. J’ai commencé la lecture de la Vie de Whitefield par M. Philip.

13 janvier. La lecture de cette biographie m’a déjà été en bénédiction. Il est évident qu’il faut attribuer les grands succès de la prédication de Whitefield à sa vie de prière intense et au fait qu’il lisait la Bible à genoux. Je sais depuis quelques années déjà l’importance de ce dernier point?; mais jusqu’ici je ne m’y suis que très peu conformé. J’ai eu aujourd’hui plus de communion avec Dieu que je n’en avais eue ces temps passés.

Par sa prière et ses méditations de la Parole, Georges Müller jouit de sa communion avec Dieu, au-delà des douleurs.

14 janvier. Jour du Seigneur. J’ai continué la lecture de la Vie de Whitefield, et Dieu continue de bénir celle-ci pour mon âme. J’ai passé plusieurs heures en prière aujourd’hui. À genoux, j’ai lu le psaume soixante-troisième, ce qui a été pour moi l’occasion de deux heures de méditation et de prière. Mon âme est maintenant parvenue à ce point, qu’elle fait ses délices de la volonté de l’Éternel, quelle qu’elle soit. Oui, du plus profond du cœur, je puis dire maintenant que je ne voudrais pas guérir aussi longtemps que je ne jouis pas pleinement de la bénédiction que Dieu veut me dispenser par ce moyen. Hier et aujourd’hui, il a puissamment attiré mon âme vers lui.

Ô Dieu ! Continue de manifester tes bontés envers moi, et remplis-moi d’amour ! Je voudrais te glorifier davantage ?; pas tellement par une activité extérieure que par la conformité intérieure à l’image de Christ.

Qu’est-ce qui empêcherait Dieu de faire d’un être aussi vil que moi un autre Whitefield ? Il est certain que Dieu pourrait faire reposer sur moi autant de grâce, qu’il en fit reposer sur lui.

Psaume de David. Lorsqu’il était dans le désert de Juda.
Ô Dieu ! Tu es mon Dieu, je te cherche ; mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi, dans une terre aride, desséchée, sans eau. Ainsi je te contemple dans le sanctuaire, pour voir ta puissance et ta gloire. Car ta bonté vaut mieux que la vie. Mes lèvres célèbrent tes louanges. Je te bénirai donc toute ma vie, j’élèverai mes mains en ton nom. Mon âme sera rassasiée comme de mets gras et succulents, et, avec des cris de joie sur les lèvres, ma bouche te célébrera. Lorsque je pense à toi sur ma couche, je médite sur toi pendant les veilles de la nuit.
Car tu es mon secours, et je suis dans l’allégresse à l’ombre de tes ailes. Mon âme est attachée à toi ; ta droite me soutient. Mais ceux qui cherchent à m’ôter la vie iront dans les profondeurs de la terre ; ils seront livrés au glaive, ils seront la proie des chacals. Et le roi se réjouira en Dieu ; quiconque jure par lui s’en glorifiera, car la bouche des menteurs sera fermée. Psaume 63

Georges Müller remonte la pente et entrevoit de nouveau son avenir. Il prend des initiatives.

15 janvier. Les douleurs de tête ont été bien moins vives depuis hier après-midi. Cependant, je suis loin d’être bien. Mais à cause des bénédictions spirituelles que le Seigneur m’a déjà accordées, j’ai l’assurance que par cette maladie il veut me purifier pour son service béni, et qu’il me rendra bientôt, avec la santé, la possibilité de travailler encore pour lui.

16 janvier. Journée bénie ! Oh ! Que le Seigneur est bon ! Sa grâce entretient en moi la ferveur d’esprit. Le psaume soixante-six a fait l’objet de mes méditations, et plus spécialement les versets dix, onze et douze, qui s’appliquent à mes circonstances particulières. Par le moyen de cette maladie, Dieu m’a déjà « mis au large et dans l’abondance », et je crois qu’il veut me bénir encore davantage. Que n’a-t-il pas fait déjà pour moi durant les dix-huit années écoulées ! Si j’établis un parallèle entre ce 16 janvier 1838 et le 16 janvier 1820, jour de la mort de ma chère mère, je puis mesurer la grandeur de son amour à mon endroit. Aujourd’hui j’ai pris la résolution, si Dieu me rend la santé, d’avoir une fois par semaine ou tous les quinze jours, avec les enfants de nos écoles et les orphelins, une réunion spéciale à la chapelle pour étudier avec eux les Écritures. Le Seigneur incline mon cœur à prier pour bien des choses ; celle-ci par exemple : qu’il veuille allumer en moi un saint désir de lui gagner des âmes et un plus grand amour pour les perdus. C’est la lecture de la Vie de Whitefield qui m’a fait sentir mon devoir sur ces points particuliers.

Peuples, bénissez notre Dieu, faites retentir sa louange ! Il a conservé la vie à notre âme, et il n’a pas permis que notre pied chancelle.
Car tu nous as éprouvés, ô Dieu ! Tu nous as fait passer au creuset comme l’argent. Tu nous as amenés dans le
filet, tu as mis sur nos reins un pesant fardeau, tu as fait monter des hommes sur nos têtes : nous avons passé par le feu et par l’eau. Mais tu nous en as tirés pour nous donner l’abondance.
Psaumes 66.8-12

En méditant la Parole de Dieu, Georges Müller retrouve le courage de prendre Dieu au mot et de compter sur lui seul quant à la suite de son œuvre.

17 janvier. Dieu continue de me manifester sa faveur en maintenant en moi la ferveur d’esprit. À plusieurs reprises aujourd’hui, je me suis senti attiré par la prière, et j’ai prié longuement. J’ai lu à genoux le psaume soixante-huit en priant et en méditant. Au verset sixième, le qualificatif de « Père des orphelins » donné à Jéhovah m’a été en bénédiction. Je me suis approprié immédiatement tout ce qu’il comportait en pensant aux enfants qui me sont confiés ; jamais encore je n’avais réalisé comme aujourd’hui la vérité contenue dans ce passage. Dieu aidant, elle deviendra mon argument pour les heures difficiles.

Au chef des chantres. De David. Psaume. Cantique.
Dieu se lève, ses ennemis se dispersent, et ses adversaires fuient devant sa face. Comme la fumée se dissipe, tu les dissipes ; comme la cire se fond au feu, les méchants disparaissent devant Dieu. Mais les justes se réjouissent, ils triomphent devant Dieu, ils ont des transports d’allégresse.
Chantez à Dieu, célébrez son nom ! Frayez le chemin à celui qui s’avance à travers les plaines ! L’Éternel est son nom, réjouissez-vous devant lui !
Le père des orphelins, le défenseur des veuves, c’est Dieu dans sa demeure sainte. Dieu donne une famille à ceux qui étaient abandonnés, il délivre les captifs et les rend heureux ; les rebelles seuls habitent des lieux arides.
Psaumes 68.1-7

Il est leur Père, il s’est engagé à pourvoir à leurs besoins, à prendre soin d’eux. Je n’ai donc qu’à lui rappeler les besoins des orphelins pour qu’il donne le nécessaire. Mon âme s’est encore élargie pour les malheureux enfants sans parents. Cette expression : « le Père des orphelins » recèle assez d’encouragement pour que je puisse sans crainte placer des milliers d’orphelins sur le cœur du Père, et les remettre à son amour.

Le séjour de Georges Müller touche à sa fin ; il n’est pas guéri pour autant, mais il s’est rapproché de Dieu par la foi, par la lecture et par la prière.

11 février. Ce matin, j’ai lu les versets cinq à douze du chapitre trois des Proverbes, pendant les quelques instants libres que j’avais avant le déjeuner.

Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta sagesse ; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. Ne sois point sage à tes propres yeux, crains l’Éternel, et détourne-toi du mal : ce sera la santé pour tes muscles, et un rafraîchissement pour tes os.
Honore l’Éternel avec tes biens, et avec les prémices de tout ton revenu : alors tes greniers seront remplis d’abondance, et tes cuves regorgeront de moût.
Mon fils, ne méprise pas la correction de l’Éternel, et ne t’effraie point de ses châtiments ; car l’Éternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit.
Proverbes 3.5-12

Et ces mots m’ont particulièrement frappé : « Ne te rebute pas quand l’Éternel te reprend ». Certes, je n’ai pas méprisé le châtiment du Seigneur, mais il m’arrive de temps à autre d’être las d’être repris.

« Ô Dieu, aie pitié de moi, ton serviteur inutile ! Tu sais bien que l’homme intérieur veut endurer l’affliction avec patience, et que même il ne voudrait pas qu’elle se retire avant qu’elle n’ait parfaitement accompli son œuvre et porté les fruits paisibles de justice qu’elle doit porter. Mais tu sais aussi quelle épreuve c’est pour moi que de continuer à vivre comme je le fais maintenant. Viens à mon secours, Seigneur ! ».

 


NOTRE CORPS DE RESURRECTION

Le Seigneur Jésus est mort et a été ressuscité.

Comme lui, nous le serons aussi. C’est la volonté de Dieu : « La volonté de mon Père, c’est que quiconque discerne le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

C’est un engagement du Seigneur, qui le répète quatre fois en quelques versets (Jean 6.39, 40, 44, 54).

Certains nient pourtant la résurrection.

Déjà, au temps du Seigneur, les Sadducéens1 n’y croyaient absolument pas ! À Corinthe, cette vérité était contestée. Alors, Paul répond longuement à ces contradicteurs. Parmi les questions posées à ce sujet, on demandait : « Comment ressuscitent les morts, et avec quel corps reviennent-ils ? » (1 Cor 15.35)
C’est légitime de poser des questions, si ce n’est pas par incrédulité mais par désir d’apprendre. Dieu répond à nos interrogations, même si parfois ce sont les questions d’un cœur incrédule. 1 Corinthiens 15.35-58 nous donne quelques réponses.

Comment ressuscitent les morts (v. 35-41) ?

Le Seigneur avait déjà pris dans la nature l’image du grain de blé semé pour parler de sa mort et de sa résurrection (Jean 12.24). Paul utilise la même analogie, mais en fait une application différente. Une graine semée, tout en gardant son identité, sort de terre avec un corps complètement différent : d’un gland pousse un chêne, un grain de blé donne un épi. Ces exemples de transformation, simples à comprendre, démontrent la souveraineté de Dieu : « Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu » (v. 38). La création, dans sa diversité, est la marque du doigt de Dieu. Serait-ce différent pour la résurrection du croyant ? Non ! Le corps d’un croyant déposé en terre sortira changé à la résurrection, mais avec son identité. Il existe une grande différence entre le terrestre et le céleste. De plus, les « corps célestes » diffèrent entre eux, de sorte qu’on peut les distinguer. D’après ce texte, nous comprenons qu’entre notre corps terrestre et notre corps céleste existe une immense différence, et que notre corps de résurrection aura une beauté très supérieure à celle de notre corps actuel. Et au ciel, nous ne serons pas tous identiques. Sur la montagne de la transfiguration, Moïse et Élie étaient aussi distincts l’un de l’autre, en tant qu’individus, qu’ils l’avaient été lorsqu’ils vivaient sur la terre (Luc 9.30, 33). Bien sûr, ils n’avaient pas encore leur corps ressuscité définitif, mais ils étaient des êtres célestes distincts.

Avec quel corps (v. 42-50) ?

Certains croient bien à la résurrection, mais pas à celle du corps. Ils pensent à une forme d’existence immatérielle, mais non corporelle. Comment Dieu pourrait-il redonner forme et existence à des corps réduits en poussière depuis des siècles, disparus sans une trace au fond des mers ? Aux Sadducéens, le Seigneur répond : « Vous êtes dans l’erreur, vous ne connaissez pas les Écritures, ni la puissance de Dieu » (Mat 22.29). Un tel miracle est vraiment au pouvoir du Créateur de l’univers !

De plus, aujourd’hui, le corps du croyant est le temple du Saint-Esprit (1 Cor 6.19), ce qui en fait la valeur. C’est une des raisons pour laquelle Dieu lui redonnera vie pour l’éternité. « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous » (Rom 8.11).

Paul montre, en effet, l’immense contraste qui existe entre un corps, au moment de sa mise en terre (« il est semé ») et le même corps au moment de la résurrection :

Ensuite, Paul explique les différences entre corps naturel et corps spirituel (v. 45-49) à partir d’Adam, le premier homme, et de Christ, le second homme, le dernier Adam. Ils ont une vie différente : l’un est une âme vivante (il a reçu la vie), l’autre un esprit vivifiant (il donne la vie) (v. 45). Ils se succèdent l’un à l’autre : d’abord celui qui est naturel, ensuite celui qui est spirituel. Ils ont une origine différente : l’un est tiré de la terre, l’autre est venu du ciel. Les deux sont des chefs de race. La conclusion est : « Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste. » Ainsi, ressuscités, nous aurons un corps de même nature que celui du Seigneur Jésus après sa résurrection.

Il est semé… Il ressuscite…
Corruptible : rapidement il va se décomposer, « retourner à la poussière », quels que soient les traitements de conservation utilisés (cf. Jean 11.39). Incorruptible : pas de décomposition, pas de maladie, pas de mort.
Méprisable ou « en déshonneur » : il n’est plus qu’une enveloppe sans valeur, même si on l’entoure de beaucoup d’apparat. Glorieux ou « en gloire » : pas de trace de la terre, sans péché, sans handicap.
Plein de faiblesse ou « en faiblesse » : si pendant notre vie nous réalisons nos limites et notre faiblesse, que reste-t-il de force humaine, même chez l’homme le plus puissant du monde, à la mort ? Plein de force ou « en puissance » : hors des limites de l’humanité terrestre, sans fatigue ni vieillissement.
Corps naturel : adapté à la vie terrestre, généralement sous le contrôle de l’âme (sentiments, désirs, etc.) Corps spirituel : parfaitement adapté à la vie céleste, sous le contrôle de l’esprit en relation avec Dieu.

Quelles sont les caractéristiques du corps de résurrection du Seigneur Jésus ?

Ce n’est pas un autre corps, sans lien avec le précédent. Le matin de la résurrection, l’ange a roulé la pierre qui fermait l’entrée de la tombe pour que l’on constate qu’elle était vide (Mat 28.2-5). Il n’y reste que les linges bien pliés, mais pas de corps (Jean 20.5-6). Le Seigneur est ressuscité. Il est revenu à la vie dans son corps d’homme, mais un corps changé.

Bien qu’appelé « corps spirituel », il n’est pas immatériel : on peut le toucher et il peut se nourrir (Luc 24.37-42). Mais il répond à des lois physiques différentes. En effet,

– Jésus est sorti du tombeau, encore scellé, avant qu’il ne soit ouvert ;

– il disparaît et apparaît soudainement (Luc 24.31) ;

– il monte aux cieux (Actes 1.9).

Il peut parler et être vu par ceux auxquels il veut se manifester. On le reconnaît. Les disciples ont bien quelques difficultés pour le faire, mais c’est peut-être à cause de leur incrédulité (Luc 24.41). Les disciples d’Emmaüs ne le reconnaissent pas, car « leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître », et non pas parce qu’il était méconnaissable (Luc 24.16). Sans doute n’avait-il plus trace sur son visage de fatigue ni de souffrances. Mais il restait les marques des clous dans ses mains et ses pieds, et la cicatrice du coup de lance dans son côté (Jean 19.34 ; 20.20,27).

Et pour nous, croyants ?

1. Comme nous avons ressemblé à Adam par notre naissance, nous porterons l’image de Christ dans un corps ressuscité (v. 49).

2. Notre corps actuel n’est pas fait pour le royaume de Dieu dans son aspect éternel, céleste (v. 50).

3. Notre corps corruptible, sujet à la maladie, au vieillissement, n’est pas compatible avec un mode de vie sans corruption (v. 50).

4. Nous serons tous changés, soudainement, au moment choisi par Dieu, à la venue du Seigneur pour chercher les siens. Les morts seront ressuscités et ceux qui vivront à ce moment-là seront transformés, et enlevés à la rencontre du Seigneur (v. 51 ; 1 Thes 4.16-18).

5. C’est une nécessité absolue, car « il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité » (v. 53).

6. C’est un acte de délivrance et de puissance du Seigneur : « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera notre corps d’abaissement en la conformité du corps de sa gloire, en déployant le pouvoir qu’il a de soumettre absolument tout à son autorité » (Phil 3.21).

7. C’est un fait extraordinaire : ce qui est mortel sera absorbé par la vie (2 Cor. 5.4) !

Ce nouveau corps « spirituel » incorruptible, glorieux, plein de force, sera semblable à celui de Jésus ressuscité. Car quand Christ paraîtra, « nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3.2). Nous ne pouvons pas mesurer l’infini de ce changement.

Nos relations dans le ciel

Parfois on pose cette question : « Est-ce que nous nous reconnaîtrons au ciel ? » Nous serons certainement reconnaissables comme le Seigneur l’était, sans trace des infirmités terrestres. L’aveugle verra, puisque nous verrons le Seigneur. Il n’y aura plus de paralysé, de handicap. Ce sera la perfection. Mais notre centre d’intérêt sera le Seigneur. Sera-t-il utile de se reconnaître ? Nos relations seront différentes : « Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne se marie pas et on n’est pas donné en mariage, mais on est comme des anges dans les cieux. » (Marc 12.25) Notre vision et notre conception des choses seront différentes : « Nous voyons à présent à travers un verre, obscurément, mais alors face à face. À présent je connais en partie, mais alors, je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu. » (1 Cor. 13.12) Quelle différence, en effet, entre le champ de vision d’une chenille rampant sur le sol et celui du papillon, qu’elle devient, volant de fleur en fleur dans le même jardin. La même rose lui paraît très différente et bien plus belle !

Conclusion

Nous pouvons nous réjouir dans la perspective certaine de la résurrection, moment de notre rencontre avec le Seigneur. Aujourd’hui, c’est le temps de l’attente, mais aussi de l’espérance : « Nous-mêmes aussi qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons intérieurement, attendant l’adoption, la délivrance de notre corps. » (Rom. 8.23) Plusieurs d’entre nous, atteints de maladies ou de handicaps, ressentent certainement plus intensément le besoin de délivrance, mais, pour tous, la promesse du Seigneur va se réaliser. « Que votre cœur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi […] je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14.1-3).

1Les Sadducéens étaient un parti juif, oppose aux Pharisiens. Riches et influents, ils comprenaient une large partie des sacrificateurs. Jésus (Mat 22.22-23) et Paul (Act 23.6-10) eurent maille à partir avec eux.


Face à mon handicap, certaines personnes « bien intentionnées » m’ont souvent confronté à des sous-entendus du type : « Dieu guérit, il faut avoir la foi » ; « Si tu n’es pas guéri, c’est que tu manques peut-être de foi » ; « La foi peut déplacer des montagnes » ; etc. Qu’en est-il exactement ?

La question est vaste et mériterait un examen de toutes les Écritures. Nous la limiterons ici aux Évangiles. Investiguons les cas où Jésus guérit des personnes physiquement et où il sauve – au sens spirituel – sur le fondement de la foi.

1. Guérison : le centenier et son serviteur (Mat 8.5 ; Luc 7.2)

Jésus s’étonne de la foi de ce non juif, au point de déclarer à ceux qui le suivent : « Je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. » Et à l’heure même son serviteur fut guéri. La foi du centenier en la puissance de Jésus a guéri le serviteur auquel il était attaché.

2. Salut et guérison : le paralysé et ses amis (Mat 9.2 ; Luc 5.18 ; Marc 2.2)

Les amis du paralysé manifestent une foi évidente dans la puissance de guérison de Jésus. Le paralysé, par sa bonne volonté à être emmené, montre sa foi en Jésus : « Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : Homme, tes péchés te sont pardonnés. » (Luc 5.20) L’homme est d’abord pardonné et sauvé sur le fondement de sa foi. Jésus intervient miraculeusement dans des buts précis : ici, la guérison venait appuyer son ministère messianique.

3. Guérison et salut : la femme atteinte d’une perte de sang (Mat 9.20 ; Marc 5.25 ; Luc 8.43)

Cette femme croit de tout son cœur qu’en touchant seulement le vêtement de Jésus, elle guérira de son mal. Dans un premier temps, sa foi la guérit. Puis, Jésus s’adresse à elle : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. » Elle est guérie et sauvée, non parce qu’elle aurait tout simplement touché le vêtement de Jésus, mais à cause de l’essentiel : sa foi personnelle en la puissance de Jésus en qui elle reconnaît le Messie.

4. Guérison et salut : les deux aveugles (Mat 9.27)

Les deux aveugles croient que Jésus est le Messie : « Seigneur, fils de David ! » Jésus leur rend la vue selon la mesure de leur foi. S’ils n’avaient pas vraiment cru, ils n’auraient probablement pas vu.

5. Salut et guérison : Bartimée, le mendiant aveugle (Marc 10.46)

Bartimée a entendu parler des miracles de Jésus et croit qu’il est le Messie. Un jour que Jésus passe près de lui, il crie : « Fils de David, Jésus aie pitié de moi ! » Jésus accède à sa requête et lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Il recouvre la vue. Bartimée devient un disciple de Jésus.

6. Guérison : la femme cananéenne et sa fille (Mat 15.22 ; Marc 7.25)

La foi de cette femme — qui reconnaît en Jésus le Seigneur — et son amour pour son enfant font que Jésus accède à sa requête : sa fille est guérie. Ici, On ne parle pas de salut. Mais Jésus connaît cette femme, et il lui accorde probablement son salut sur le fondement de sa foi en lui !

7. Guérison avec et sans salut : les dix lépreux (Luc 17.12)

Jésus guérit dix lépreux qui lui ont demandé à distance : « Jésus, maître, aie pitié de nous ! » Un seul d’entre eux, un Samaritain, revient se prosterner aux pieds de Jésus et lui rendre grâce ! Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Les autres lépreux ont accepté la guérison mais sans gratitude. Leur guérison n’est pas accompagnée du salut accordé par Jésus.

8. Guérison : la fille de Jaïrus (Mat 9.18 ; Marc 5.22 ; Luc 8.41)

Jaïrus fait venir Jésus au chevet de sa fille malade. En chemin, il est informé que celle-ci vient de mourir. Jésus dit à Jaïrus : « Ne crains pas, crois seulement. » Arrivé auprès d’elle, il la ressuscite : « Jeune fille, lève-toi, je te le dis. » (Marc 5.40) Ce père, malgré les circonstances douloureuses, a gardé espoir dans la puissance de Jésus.

Synthèse

Jésus guérit sur le fondement de la foi personnelle : le paralysé, la femme hémorragique, les deux aveugles, Bartimée et le lépreux.

Jésus guérit suite à la foi d’une tierce personne qui intercède : le centenier pour son serviteur, la Cananéenne pour sa fille, Jaïrus pour sa fille mourante.

Le salut n’est, en revanche, jamais accordé sur la foi d’une tierce personne. La foi qui justifie et sauve demeure personnelle.

Ces faits nous montrent surtout que le Seigneur Jésus est souverain : il peut accorder le salut sans guérison et la guérison sans salut, et aussi les deux en même temps.

Jésus démontre son autorité sur le péché : il peut pardonner les péchés de l’homme.

Cette autorité, il peut aussi l’appuyer par des miracles extraordinaires : il a le pouvoir de guérir et de redonner la vie.

Mais lui seul décide ; nous ne pouvons pas lui imposer notre volonté dans quelque domaine que ce soit. Ceci doit nous amener à être reconnaissant pour le salut que Dieu nous offre tout de suite, et non pas à imaginer avec regrets ce qu’il aurait pu faire comme miracle s’il avait voulu. Il nous a promis une totale régénération quand il nous prendra avec lui.

 


Je suis né dans une famille chrétienne ; j’ai cinq frères et sœurs. Malgré cela, je choisis très vite de ne pas suivre cet Évangile que mes parents désirent m’enseigner. Rejetant ces repères, je deviens un adolescent rebelle et malfaisant. Je quitte rapidement mes parents et l’école pour aller vivre comme bon me semble et… je finis dans la rue.

Ma vie se résume alors à faire la manche, à me droguer et à voir le temps passer. Bien sûr, mon cœur aspire toujours à combler le vide produit par l’absence de Dieu. Et je cherche dans l’étude d’autres religions le dieu que je voudrais rencontrer.

Puis, un jour, sous influence d’hallucinogènes, je tombe d’un arbre et me casse la colonne vertébrale. Ma condition change : j’étais un zonard, je deviens handicapé en fauteuil roulant. Ma résistance obstinée n’a laissé à Dieu que la manière forte pour me raisonner, semble-t-il.

Pendant ce temps, et malgré moi, mes parents et d’autres chrétiens prient pour ma conversion. Mais, même si mon corps a changé, ma mentalité reste la même : ma dépendance des drogues reprend le dessus. Et je recommence à glisser vers mes anciennes valeurs.

Il faut bien d’autres étapes pour m’amener à la conversion, comme ma rencontre avec ce vendeur chrétien de pizzas. Grâce à notre amitié, je vais entendre à nouveau parler d’un Dieu d’amour. Finalement, le message annoncé dans la Bible résonne en moi ; il me montre un Jésus mort pour mes péchés. J’accepte qu’il me sauve par pure grâce et qu’il me donne une vie nouvelle. J’accepte le salut qu’il m’offre et ma vie change une fois de plus ! Me voici entouré par une nouvelle famille : l’Église de Jésus-Christ ! J’y retrouve une véritable fraternité avec ses hauts et ses bas et… j’y rencontre celle qui deviendra mon épouse.

Jésus, certes, en me sauvant, ne m’a pas guéri de ma paralysie ; je me déplace toujours en fauteuil. Cela ne me rend toutefois pas aigri. Je suis même reconnaissant ; j’ai compris qu’il a choisi de me faire suivre ce chemin pour m’amener au pied de la croix. Il m’a d’ailleurs promis une vie bien meilleure après mon passage sur terre, avec un nouveau corps et une parfaite santé éternelle.

 


« Tout m’est permis », mais tout n’est pas utile ; « tout m’est permis », mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit.
« Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ; et Dieu détruira l’un comme les autres. » Mais le corps n’est pas pour la débauche. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ ? Prendrai-je donc les membres de Christ, pour en faire les membres d’une prostituée ? Loin de là ! Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair. Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit.
Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps ; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps.
Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu.

1 Corinthiens 6.12-20

Introduction

Corinthe n’est pas très éloignée d’Athènes et l’influence de la philosophie de Platon se faisait sentir dans l’ensemble de la société grecque. Les chrétiens de Corinthe, convertis depuis peu, restaient — peut-être inconsciemment — sous son emprise. Au risque de caricaturer, cette philosophie prônait le mépris du corps et de la réalité tangible au profit du domaine supérieur des « idées ». En conséquence, peu importait ce qu’on faisait de son corps, puisque c’était le domaine spirituel qui primait. Chez les Corinthiens, cela se traduisait par des slogans du style : « Tout m’est permis »[note]Il semble qu’à plusieurs reprises dans cette Épître, Paul cite des paroles ou des extraits de lettre des Corinthiens. Les commentateurs ne sont pas unanimes sur les mots à attribuer aux Corinthiens et ceux qui reflètent la pensée de Paul. Pour notre part, nous considérons que les mots mis entre guillemets ci-dessus sont ceux des Corinthiens et que Paul corrige leur pensée en introduisant son correctif par « mais » ou « toutefois ».[/note]… et par une conduite relâchée quant à leur corps.

Face à ces influences, Paul revient aux fondements de l’Évangile et rappelle à ses destinataires quelques principes de base concernant leur corps. C’est sur ces rappels qu’il fonde ses exhortations pratiques.

Quatre principes évangéliques de base

Reprenons ces quatre principes, dans l’ordre inverse de celui du texte :

1. Nous avons été achetés à grand prix, esprit ET corps (v. 20)

Nous appartenions à un maître cruel et impur, le diable, mais par son œuvre à la croix, Jésus nous a libérés. Le « grand prix » payé a été rien moins que le sang du Fils de Dieu versé pour nous (Apoc 5.9). Toutefois, dans ce verset, l’accent n’est pas tant sur le « rachat » de notre ancien maître, que sur « l’achat » par le Seigneur : nous ne nous appartenons pas, mais sommes l’heureuse possession de notre nouveau maître. Christ a des droits sur nous comme Créateur et plus encore comme Sauveur.

2. Notre corps est le temple du Saint-Esprit (v. 19)

La marque du salut est la présence du Saint-Esprit en nous (Rom 8.1-17). Cette habitation est spirituelle, mais elle se fait dans un corps physique, ?? tangible, qui est ici appelé un « temple ». La présence de Dieu n’est plus dans un édifice de pierre, comme le temple de l’ancienne alliance, mais dans un être de chair et de sang. La sainteté due à la maison de Dieu (Ps 93.5) s’applique donc à notre corps, qui a l’honneur d’accueillir la troisième personne de la Trinité !

3. Nos corps sont les membres de Christ (v. 15)

La présence de l’Esprit dans le corps du croyant l’unit à Christ au point qu’il devient un des « membres de Christ ». Paul ne fait ici qu’effleurer un thème qu’il développera plus loin dans la même Épître (12.12-27). Christ ressuscité n’est plus physiquement présent sur terre, mais sa présence demeure bien réelle par l’intermédiaire des corps de ses rachetés ; grâce aux chrétiens, il continue à toucher les malades, à prêcher le royaume de Dieu, à regarder un souffrant, etc.

4. Notre corps ressuscitera (v. 14)

Notre salut est corporel et l’état de félicité ultime des croyants ne sera pas une présence seulement spirituelle avec Dieu — ainsi qu’une spiritualité polluée par la philosophie grecque l’a parfois compris. Cet état sera une union d’un être humain complet, esprit et corps glorifié. Les Corinthiens, qui niaient la réalité d’une résurrection corporelle des chrétiens (15.12), sont ici rappelés à l’ordre. Même si notre corps actuel est loin de la beauté de notre corps de résurrection, il est important, puisqu’il en est la « semence » (15.42-44).

Des conséquences pratiques importantes

Ainsi étayées par ces rappels doctrinaux importants, les exhortations concrètes de Paul ne sont plus une simple morale, mais la traduction pratique de ce que nous sommes en Christ : achetés, possédant l’Esprit, ?? unis à Christ, bientôt ressuscités. La force de ces exhortations en est accrue !

1. Glorifions Dieu dans notre corps (v. 20)

Paul sous-entend : « … pas seulement dans votre esprit » ! L’utilisation que nous faisons de notre corps (ce que nous faisons, ce que nous voyons, ce que nous écoutons, etc.), peut ou non contribuer à la gloire de Dieu. Plus loin, Paul dit que des actes aussi prosaïques que manger ou boire peuvent ou non contribuer à rien moins que « la gloire de Dieu » (10.31) ! Pensons-y plus souvent…

2. Prenons conscience de la gravité du péché de « fornication » (v. 18)

La « fornication » est un terme large, qui englobe l’ensemble des relations sexuelles en dehors du cadre fixé par Dieu, le mariage[note]Sans faire une liste exhaustive (et fort peu édifiante) des déviations incluses dans ce terme « porneia », citons : l’adultère, les relations sexuelles prémaritales, l’homosexualité. Notons que ce mot grec a donné « pornographie ». Sans être stricto sensu englobée dans ce péché, la pornographie, hélas de plus en plus répandue, risque d’y conduire.[/note]. Paul singularise ce péché : il n’est pas « hors du corps » mais il est « contre son propre corps ». Il ne semble pas qu’il faille comprendre par là que le péché sexuel soit le plus grave[note]Le blasphème contre le Saint-Esprit est le seul péché formellement qualifié d’impardonnable. Les Corinthiens avaient beaucoup forniqué, mais avaient été pardonnés (6.11).[/note], mais il a une composante particulière en ce qu’il implique l’être tout entier. Une relation sexuelle, même passagère et sans affect particulier comme avec une prostituée, crée une relation qui unit plus que deux corps : ce sont deux êtres qui ne font plus qu’un. L’attachement à une liaison sexuelle dénaturée vient polluer un lien réservé au mariage (d’où la citation de Genèse 2) et corrompt le lien spirituel avec le Seigneur.

Paul ne donne qu’un seul ordre : « fuyons » ! Ce verbe implique un acte courageux de notre part, celui d’éviter les lieux, les situations, les environnements, etc., qui peuvent nous mettre en risque. Chacun étant « attiré et amorcé par sa propre convoitise » (Jac 1.14), il ne convient pas de faire une liste d’interdits : voyons pour nous-mêmes ce qu’il nous faut « fuir ».

3. Ne nous laissons pas influencer par de fausses idées sur la liberté ou sur notre corps (v. 12, 13)

Pour les Corinthiens, ce qui était légal (« permis ») était moral. Les relations sexuelles avant le mariage ne sont pas interdites par la loi, mais elles ne sont pas « avantageuses »[note]Autre traduction de l’adjectif « utile » du v. 12.[/note] pour le chrétien, car elles entraînent souvent des dégâts durables. Au contraire, nombreux sont les couples chrétiens qui se sont conservés purs jusqu’à leur mariage et qui peuvent témoigner de l’épanouissement qui a suivi cette attente récompensée.

On entend parfois comparer le « besoin sexuel » avec le besoin de nourriture. C’était déjà un argument des Corinthiens : les aliments sont éliminés par le corps, sans enjeu ; il en est de même d’une relation sexuelle, elle ne porte pas à conséquence (6.13). Tout faux ! dit Paul. Les pulsions sexuelles peuvent être très fortes — et elles sont tellement attisées de nos jours par les médias — mais il est possible de ne pas y céder et Dieu saura récompenser celui qui tient ferme par la foi.

Conclusion

Notre position en Christ nous assure de notre bonheur éternel ; mais Dieu veut le meilleur pour ses enfants, les « achetés » de Christ, dès cette terre. C’est pourquoi, à la lumière de son œuvre éternelle, il nous donne par l’apôtre Paul des exhortations directes, ô combien d’actualité et cela dans des termes sans pudeur excessive. Quel qu’ait été notre passé (et celui de certains Corinthiens était bien lourd), nous sommes invités à considérer aujourd’hui l’importance de notre corps, afin de glorifier notre Maître dans son usage.

1Il semble qu’à plusieurs reprises dans c??ette Épître, Paul cite des paroles ou des extraits de lettre des Corinthiens. Les commentateurs ne sont pas unanimes sur les mots à attribuer aux Corinthiens et ceux qui reflètent la pensée de Paul. Pour notre part, nous considérons que les mots mis entre guillemets ci-dessus sont ceux des Corinthiens et que Paul corrige leur pensée en introduisant son correctif par « mais » ou « toutefois ».
2Sans faire une liste exhaustive (et fort peu édifiante) des déviations incluses dans ce terme porneia, citons : l’adultère, les relations sexuelles pré-maritales, l’homosexualité. Notons que ce mot grec a donné « pornographie ». Sans être stricto sensu englobée dans ce péché, la por-nographie, hélas de plus en plus répandue, risque d’y conduire.
3Le blasphème contre le Saint-Esprit est le seul péché formellement qualifié d’impardonnable. Les Corinthiens avaient beaucoup forniqué, mais avaient été pardonnés (6.11).

 


LE CHOIX DE LA PURETE

Randy Alcorn

le livre : Randy Alcorn, Le choix de la pureté,
Éditeur BLF Europe, coll. « Mini livre, maxi-impact », 128 pages, 8,50 €. En librairie ou sur www.blfeurope.com.

L’auteur : Randy Alcorn est pionnier et conférencier.

Parlez de la pureté sexuelle et l’on vous rira au nez.
Voici cependant l’un de nos plus grands combats. La sexualité est un don de Dieu, une pierre précieuse dont la valeur en fait un enjeu spirituel majeur.

Ce petit livre est le fruit de son ministère auprès des jeunes depuis des années.
À partir de quelques témoignages et de nombreux versets pertinents, il nous conduit dans une réflexion, fondée sur la thèse suivante : la pureté est toujours avisée, l’impureté toujours stupide.

C’est en vue de notre bonheur que Dieu recommande la pureté. Le non-respect du « mode d’emploi » divin provoque des blessures indélébiles, qui mettent des années à cicatriser, parfois impossibles à oublier. Voilà en quoi consiste la « stupidité ».

Chacun s’y retrouve puisqu’il s’adresse — sans détours — aux célibataires, aux couples, aux jeunes et aux moins jeunes. Le problème existe potentiellement en tout chrétien ayant à cœur de vivre une vie digne de Jésus-Christ. Le sujet, si actuel dans notre société, n’est pas souvent abordé. Nous avons tendance à éluder les conséquences destructrices de l’impureté… comme si convoitise ou adultère n’existaient pas dans nos assemblées, ou si peu.

Son livre se veut pratique ; il donne beaucoup de « tuyaux » pour aujourd’hui, qui sont autant d’idées qui font travailler les méninges ! Pensez, par exemple, à ce verset d’Éphésiens : « Que l’immoralité sexuelle, l’impureté […] ne soient pas même mentionnées parmi vous » (Éph 5.3) et demandez-vous comment vos films préférés résistent à leur épreuve. Et que penser du proverbe : « Si quelqu’un se détourne pour ne pas écouter la loi, sa prière même est en horreur à Dieu » (Pr 28.9) ? De quoi faire réfléchir.

Voici donc un petit livre pour avertir plutôt que guérir. S’il commence par effrayer en racontant des témoignages désastreux, il montre surtout qu’il est possible de s’en sortir et de vaincre ses tentations. Son contenu clair tient bibliquement la route. Loin d’être austère ou légaliste, il devrait convaincre de prendre le sujet au sérieux.

Court et concis, il va droit au but et sera facile à lire jusqu’au bout. Que vous soyez ou non pris au piège de la tentation, il vous encouragera à ne pas abandonner le combat et à emprunter résolument le chemin de la pureté, source d’une joie véritable.

Extraits choisis

L’argument sage et l’argument stupide

Dieu plaide-t-il vraiment en faveur de la pureté sexuelle parce qu’elle correspond à un choix sage tandis que l’impureté serait stupide?? Jugez-en vous-même?: « Pourquoi, mon fils, t’amouracherais-tu de la femme d’autrui?? Pourquoi donnerais-tu tes caresses à une inconnue?? L’Éternel surveille toute la conduite d’un homme, il observe tout ce qu’il fait. Celui qui fait le mal sera pris à ses propres méfaits, il s’embarrasse dans le filet tissé par son propre péché. Il périra parce qu’il n’a pas su se discipliner, il s’égarera enivré par l’excès de sa folie. » (Proverbes 5.20-23)

Pourquoi éviter l’adultère?? Parce que Dieu le verra et qu’il jugera. Mais avant même le jour du jugement, la personne infidèle se prendra les pieds dans le filet tissé par son propre péché. Prise au piège, elle mourra. Elle est donc la première victime de sa folie. Par contre, celui qui reste pur peut se réjouir et s’enivrer de l’amour de sa femme en profitant pleinement de leur complicité sexuelle (voir Proverbes ?5.18-19).

Dans le chapitre suivant, Dieu demande?: « Peut-on mettre du feu dans sa poche sans que les vêtements s’enflamment?? Peut-on marcher sur des braises sans se brûler les pieds?? De même, celui qui court après la femme de son prochain ne demeurera pas indemne?; s’il la touche, il ne saurait rester impuni. » (Proverbes 6.27-29)

[…] Je ne sortirai jamais impuni de l’immoralité sexuelle. Dieu veut que je me rappelle cela dans mon intérêt. ch. 2, p. 21s.

Chapitre 6 : Une stratégie intelligente, La première et la plus fondamentale des stratégies

Les bonnes intentions les plus sincères et même les prières, ne suffisent pas. Pour vaincre la tentation, nous devons adopter des objectifs clairs et des stratégies saines, et nous devons les appliquer avec rigueur.

Quelle est notre première ligne de défense contre l’impureté??

« Fuyez l’immoralité sexuelle » (1 Corinthiens 6.18 – Segond 21).

En matière de tentation sexuelle, la lâcheté est une stratégie payante. Celui qui hésite (et se cherche des excuses) est perdu. Celui qui prend la fuite garde la vie sauve.

Les Écritures sont catégoriques?: « N’entre pas dans le sentier des méchants et ne t’avance pas dans la voie des hommes mauvais. Évite-la, n’y passe pas?; détourne-t’en et passe outre. » (Proverbes 4.14-15 – Colombe)

Joseph a démontré la valeur de ce principe avec la femme de Potiphar […] (Genèse 39.10,?12). […]

Gardez vos distances

Si vous dites à votre enfant?: « Je t’interdis de jouer sur l’autoroute », qu’attendez-vous de sa part?? Qu’il se rende aux abords de l’autoroute, qu’il grimpe sur le parapet, qu’il balance ses jambes de l’autre côté ou qu’il marche en équilibre sur la ligne du bas-côté??

Manifestement non. Ce serait jouer avec le feu.

« Mais je ne suis pas allé sur l’autoroute », rétorquerait-il. Peut-être pas, non. Toutefois, s’il continue à tester à quel point il peut s’en approcher, il finira par se faire renverser.

Voilà pourquoi je n’aime pas cette question classique?: Jusqu’où peut-on aller???Que signifie-t-elle en réalité?? Jusqu’où peut-on aller sans pour autant tomber dans le péché?? Indiquez-moi où se trouve la limite pour que je puisse m’en approcher le plus près possible?!

Les Écritures prescrivent une attitude différente. […]

Anticipez et évitez la tentation

[…] Dans les moments où vous êtes fort, prenez des décisions qui empêcheront la tentation de survenir dans les moments où vous serez faible.

Cultivez votre vie intérieure

Le danger existe qu’un livre comme celui-ci paraisse simplement encourager un changement de comportement par des recettes simples. […] Je n’insisterai jamais assez sur l’importance de recourir à la puissance du Christ ressuscité qui vit en nous. L’auto-transformation ne suffit pas. Elle peut permettre de gagner un peu de terrain, mais elle peut aussi engendrer de l’autosatisfaction. La vie chrétienne est bien davantage que la simple gestion du péché. Elle consiste en une transformation divine qui nous donne la capacité de mener une vie vertueuse.[…]

Le temps passé avec Dieu est la source de laquelle coule notre sainteté ainsi que notre joie et notre plaisir. Il nous rappelle qui nous sommes et à qui nous appartenons. […]

Mémorisez et citez les Écritures

Jésus a cité les Écritures pour répondre aux tentations du diable (voir Matthieu 2-11). […] « Je garde ta parole tout au fond de mon cœur pour ne pas pécher contre toi. » (Psaumes 119.11)

Ce livre contient beaucoup de passages bibliques. Choisissez-en plusieurs qui vous parlent en particulier. Notez-les, emportez-les avec vous, mettez-les en évidence. Lorsque vous êtes tenté, répliquez au diable. La Bible vous fournit les mots à utiliser. Gardez-les en mémoire et sous la main à tout moment.

Priez sans vous lasser

Jésus a enseigné à ses disciples de prier constamment, sans jamais se décourager (Luc?18.1).

Nous sommes souvent à genoux après avoir perdu une bataille. Or, nous devons tomber à genoux avant que la bataille commence ch. 6, p. 65s.