PROMESSES
Le 18 décembre 1865, une loi libérant totalement tous les esclaves des États-Unis a été promulguée, avec effet immédiat. Mais la bonne nouvelle ne se répandit que lentement dans les plantations du Sud. Les grands propriétaires retenaient l’annonce de la libération le plus possible. En attendant de le savoir, Tom devait continuer à travailler pour son maître, dur et méchant, dans la plantation de coton. Il n’avait aucun droit, aucune liberté ; sa vie n’était que labeur, de l’aube au crépuscule. Tom n’a su qu’il était affranchi que des années plus tard. Et encore fallait-il qu’il réalise ce qui s’était passé.
L’affranchissement est une libération de l’esclavage. Pour le chrétien, c’est la libération de l’esclavage du péché. Il en découle un attachement profond au Seigneur, son Libérateur, et un désir sincère de le suivre. Quel paradoxe : la vraie liberté est une complète dépendance de Christ !
Dans le N.T., le Seigneur lui-même déclare : « Si vous demeurez dans ma parole, […] vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. […] Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. » (Jean 8.31,32,36) Réellement (ontos), c’est-à-dire vraiment, tout à fait, véritablement, absolument.
Presque toutes les Épîtres traitent du salut et de ses implications pratiques. C’est Paul qui parle plus précisément de l’affranchissement aux Galates et aux Colossiens. Mais c’est dans l’Épître aux Romains que Paul développe, avec rigueur et enthousiasme, la grandeur d’un salut complet.
Tant que Tom n’a pas connu le fait d’avoir été libéré de l’esclavage, il n’a pas pu vivre pratiquement comme un homme libre. De même, le croyant peut ne pas connaitre la délivrance que le salut lui apporte.
1. Savoir qui nous sommes pour vivre en tant que tels
1.1 Justifiés
Après avoir déclaré que « le juste vivra par la foi » (Rom 1.17), Paul montre qu’ « il n’y a point de juste, pas même un seul » (3.10) « car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (3.23). Et il ajoute : « Et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption (rachat) qui est en Jésus-Christ. » (3.24) Dieu a donc racheté le croyant au prix du sang de Christ et impute sa justice à celui qui a la foi en Jésus (3.25-26).
Le chapitre 5 commence par un « donc » : la vie chrétienne, sous bien des aspects, est une affaire de logique, une affaire de déduction. Ce chapitre traite du résultat de la justification : l’assurance du salut (5.1-11) précisée par notre union avec Jésus Christ (5.12-21).
La plus grande preuve de notre salut final, et la garantie de celui-ci, est notre union avec Jésus Christ. Nous étions « en Adam » (unis à Adam), mais maintenant nous sommes « en Jésus Christ » (unis avec lui) :
– En Adam, nous étions condamnés (5.18) parce que pécheurs (5.19).
– En Christ, nous sommes justifiés (5.18) parce que rendus justes (5.19).
L’état nouveau dans lequel se trouve le chrétien est le résultat de la justification. La justification est un acte de pure grâce de la part de Dieu. Paul dit même : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » (5.20)
1.2 Vivifiés
La réaction de certains croyants de Rome aurait donc pu être de continuer à vivre dans le péché pour que la grâce surabonde (6.1). Non, dit l’apôtre, nous sommes morts au péché : le péché (l’ancien maître) n’a plus de droit sur nous ; nous avons changé de règne. En fait, c’est une contradiction morale et spirituelle de vivre dans le péché quand on y est mort. Paul déclare dans l’Épître aux Galates : « J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair [le corps], je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. » (Gal 2.20) Par plusieurs exemples, Paul présente en Romains 6 notre mort avec Christ et notre résurrection avec lui.
1.2.1 Baptisés (6.3-4)
Du temps de l’apôtre, pour teinter un tissu, on le trempait dans de l’eau colorée, en l’immergeant totalement, pour le ressortir imprégné du colorant. Le processus s’appelait « baptême ». Nous, chrétiens, avons été immergés, baptisés, dans la mort de Christ. Le verset 4 dit même : « ensevelis avec lui par le baptême ». S’il y a ensevelissement, c’est qu’à l’évidence il y a eu mort. Quand le tissu était coloré, on le ressortait du récipient. Pour nous, chrétiens, comme Christ a été ramené de la mort à la vie par la puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivons d’une vie nouvelle (6.4).
1.2.2 Identifiés à Christ (6.5)
« Car si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection. » (6.5, Darby) Nous avons été identifiés (litt. « faits une même plante ») dans sa mort, de même aussi nous sommes identifiés (litt. « faits une même plante ») dans sa résurrection. Le verset utilise le futur, mais c’est un futur qui, évidemment, commence maintenant.
1.3 Le vieil homme a été crucifié
« …sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit réduit à l’impuissance, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché » (6.6). Le « vieil homme », c’est mon identité en Adam, celui qui est décrit en Romains 5.12-21, l’homme non régénéré. Le vieil homme a été crucifié. La crucifixion n’est pas une expérience journalière, mais un évènement passé, exprimé d’ailleurs en grec par une forme grammaticale (l’aoriste) qui reflète une action ponctuelle ; ici, cette action est dans le passé. Notre vieil homme n’est pas constamment en train d’être crucifié jour après jour, mais il a été crucifié avec Christ (voir Gal 2.20). Le vieil homme n’est mentionné comme tel que trois fois dans la Parole (Rom 6.6 ; Col 3.9 ; Éph 4.22). Ces versets sont à l’aoriste et le contexte montre qu’ils se réfèrent au passé. Le croyant est maintenant une nouvelle création : « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Cor 5.17)
Le « corps du péché » est cet élément faisant partie de nous qui nous obligeait à pécher. Cet élément a été annulé (ou délié), réduit à l’impuissance (katergeo). Avant ma nouvelle naissance, j’étais incapable de ne pas pécher. Après, je peux ne pas pécher lorsque je réalise qui je suis en Christ. Paul d’ailleurs déclare : « Ainsi vous-mêmes, regardez-vous [ou plutôt reconnaissez que vous êtes] comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus Christ. » (6.11)
Il est important de bien distinguer :
– le vieil homme : celui que j’étais, ma précédente identité ;
– la chair : ma première manière de vivre, indépendante de Dieu, par laquelle je réponds à mes propres besoins par mes propres moyens. Le croyant n’est plus dans la chair (7.5 ; 8.8 ; Gal 5.24), mais la chair est encore en lui (8.5 ; Gal 5.16) ;
– le péché : force mauvaise en moi, mais qui n’est pas moi. Le péché reste dans le corps du croyant (6.12 ; 7.17,20).
1.4 Christ notre vie
Le chrétien est transféré dans la vie de Christ au moment de sa nouvelle naissance. Il est « une même plante » avec lui et il est le bénéficiaire de la vie de Christ. Étant en lui, je peux bien comprendre que quand Christ est mort, je suis mort ; quand il a été enseveli, j’ai été enseveli ; quand il est ressuscité, je suis ressuscité et je vis maintenant de sa vie. Il est donc notre Sauveur, celui qui nous a rachetés ; il est notre Seigneur, notre nouveau maître, mais il est aussi « notre vie » (Col 3.4).
2. Comment vivre selon notre identite
2.1 La victoire sur le péché
La victoire sur le péché, c’est d’abord la victoire de Christ à la croix, sa victoire. Souvenons-nous que « Christ a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Col 2.15).
Paul dit aux Galates : « Marchez par l’Esprit et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » (Gal 5.16) Les œuvres de la chair sont multiples : immoralité, querelles, jalousie, colère, etc. (voir Gal 5.19-21). Il est important de se souvenir qui nous sommes en Christ et d’agir à partir de ce fait, par sa force ; se souvenir qu’il nous a donné sa victoire.
Il ne peut y avoir de victoire, sans se revêtir de l’armure complète de Dieu (Éph 6.10-18). Quatre verbes sont utilisés à l’aoriste impératif (la chose est à faire immédiatement) :
– « revêtez-vous de toutes les armes de Dieu » … immédiatement,
– « prenez toutes les armes de Dieu » … immédiatement,
– « tenez donc ferme » … immédiatement,
– « prenez aussi le casque du salut » … immédiatement.
Des ordres identiques, sous la même forme verbale, nous sont donnés en Colossiens 3.5-14 : « faites mourir » (litt. nécrosez, n’alimentez plus), « renoncez », « revêtez-vous » … immédiatement.
Paul fait une recommandation similaire dans l’Épître aux Romains : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Rom 13.14)
2.2 Nos chaînes
Y a-t-il d’autres empêchements pour vivre selon notre identité en Christ ? Paul parle de « forteresses » en 2 Cor 10.4. Nous pouvons tous avoir des domaines de notre vie que nous avons gardés jalousement pour nous. Un péché caché, sous forme de « non-pardon », de rancœur, d’habitude mauvaise, etc. ; quelque chose que nous n’avons jamais voulu lâcher, un domaine de notre vie resté dans l’ombre.
C’est le moment d’arrêter cette lecture et de se poser la question devant Dieu : que dois-je abandonner, lâcher, pardonner, confesser à Dieu et peut-être à quelqu’un ? Quelle libération si cela est mis en ordre !
À partir de Romains 6.12, l’apôtre indique comment continuer la vie de victoire, la vie d’affranchi : se livrer soi-même (6.13) et puis livrer ses membres (6.13,19). Apprenons cet exercice : le Seigneur nous veut affranchis, donc libres.
Nous étions esclaves du péché (6.17) ; maintenant, nous sommes invités à nous livrer comme esclaves à la justice pour la sainteté (6.19). Remarquons le lien entre ce que nous sommes (comme d’entre les morts étant faits vivants, 6.13) et ce que nous sommes appelés à faire : nous livrer nous-mêmes (6.13,19).
2.3 Libres
« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. » (Rom. 8.1-2).
La comparaison suivante nous aidera à comprendre : Un ballon à air chaud est soumis à deux lois :
– la loi d’Archimède (qui dit que tout corps plongé dans un liquide subit une poussée de bas en haut égale au poids du liquide déplacé) — pousse le ballon vers le haut (? la loi de l’esprit de vie) ;
– la loi de la gravitation qui pousse le ballon vers le bas (? la loi du péché et de la mort).
La loi d’Archimède est plus forte que la gravitation et le ballon s’élève. Rappelons-nous que nous sommes sous la loi de l’Esprit de vie. Dieu nous appelle à le réaliser pour vivre en affranchis.
2.4 Pourquoi péchons-nous encore ?
Si notre vieil homme n’existe plus, qui est alors celui qui pèche ?
C’est moi. Qui suis-je alors ? Je ne suis plus le vieil homme, il a été crucifié. Alors qui suis-je ? Je suis un être nouveau qui a revêtu le nouvel homme (Éph 4.24 ; Col 3.10).
Je suis un enfant de Dieu, je suis régénéré, je suis juste, etc. La Bible a un mot précis qui revient 62 fois dans le N.T. pour décrire l’homme régénéré : nous sommes des « saints ». Mais nous pouvons encore marcher en désaccord avec ce que nous sommes, si nous ne vivons pas notre identité en Christ.
Nous avons encore la chair en nous et le péché habite encore dans notre corps mortel. Pourtant, maintenant, cela ne définit plus notre identité.
Conclusion : N’acceptons pas d’autre condition
Le Seigneur désire que nous vivions dans sa complète dépendance. Il désire que nous reconnaissions que nous sommes morts et ressuscités avec lui. Il désire que nous nous souvenions de qui nous sommes en lui : une même plante avec lui. Souvenons-nous que nous ne sommes plus esclaves du péché et apprenons à nous livrer nous-mêmes à Christ. Puisque nous sommes affranchis, réalisons notre liberté en Christ. C’est un exercice permanent pour le croyant.
Dans Philippiens 3.4-9, Paul évoque tout ce qu’il avait été avant sa conversion et qu’il considère désormais comme une perte, parce que son désir est de « connaître le Christ, c’est-à-dire expérimenter la puissance de sa résurrection ».
1. Qu’est-ce que la puissance de sa résurrection ?
a) C’est une puissance
C’est une puissance inimaginable pour l’homme, la puissance, la toute-puissance de Dieu même. Dans l’Épître aux Éphésiens, l’apôtre nous donne cette puissance qui a ressuscité Jésus d’entre les morts comme la mesure de la puissance de Dieu. Il parle de « l’extraordinaire grandeur de la puissance qu’il […] a déployée dans toute sa force en la faisant agir dans le Christ lorsqu’il l’a ressuscité d’entre les morts » (Éph 1.19).
Tout ce que le grec connaît comme termes désignant la force, des mots qui sont entrés par francisation dans notre langue comme dynamite, énergie, tout ce qu’il possède comme hyper et méga pour renforcer une idée, il semble l’avoir accumulé là pour nous donner une lointaine idée de la puissance infinie de Dieu : « la grandeur qui surpasse tout de sa puissance (dynamis) selon l’énergie du pouvoir de sa force ». C’est cette puissance que Dieu a déployée en Christ en le ressuscitant des morts.
Comme la bombe atomique tombée sur Hiroshima a révélé au monde la puissance infinie et insoupçonnée cachée dans la matière apparemment inerte, la résurrection du Christ a révélé à l’humanité la puissance de Dieu. Qui aurait soupçonné que dans un caillou d’uranium de quelques kilos soit contenue une puissance capable de détruire une ville de plusieurs millions d’habitants ? Et pourtant, qu’est-ce que cette puissance en comparaison de celle de Dieu ? Du Dieu qui a créé les atomes, qui les a enfermés dans la prison de la matière et les y maintient dans une immobilité apparente malgré leur mouvement vertigineux incessant.
C’est la puissance du Dieu qui a dans sa main toutes les sources d’énergie de l’univers, qui a donné lui-même l’impulsion première à tous ces astres qui, par myriades, gravitent dans l’espace à des vitesses laissant loin derrière eux toutes les fusées créées par l’homme.
Le Christ est ressuscité par la puissance de Dieu. Connaître la puissance de sa résurrection, c’est donc d’abord connaître la puissance infinie, incommensurable de Dieu, du Dieu tout-puissant, Créateur des cieux et de la terre.
b) C’est une puissance de vie
L’homme a su découvrir d’immenses sources d’énergie cachées dans la matière ; mais qu’en a-t-il fait ? Une puissance de mort.
La puissance de Dieu est une puissance de vie. L’homme sait utiliser l’énergie qui lui est donnée par Dieu, il sait la transformer, libérer l’énergie contenue dans la matière, mais il ne sait pas la créer. Dieu seul l’a créée. L’homme sait aussi étudier la vie, la transformer et la détruire, mais il ne sait pas la créer. Elle reste un mystère pour les plus grands biologistes. Qu’est-ce qui a changé dans la seconde qui sépare le moment où l’oiseau était perché sur une branche de celui où il est tombé mort sur le sol ? Il est toujours pareil, rien n’a changé dans son apparence, mais il ne peut plus voler, plus bouger.
Les savants ont échafaudé des théories complexes sur la transformation de la vie de l’amibe à l’être humain, mais ont-ils jamais pu créer une seule amibe vivante ? Ou rendre la vie à une amibe morte ? Le problème des origines reste entier — avec ou sans évolutionnisme — car on n’a encore jamais résolu le problème de l’origine de la vie.
Car Dieu seul peut créer la vie et la rendre à un corps que la vie a quitté. « Le Père a la vie en lui-même », dit Jésus. Le Père donne la vie, il ressuscite les morts. La puissance de la résurrection est une puissance capable de rendre la vie à un corps qui a perdu tout son sang, qui était enseveli depuis trois jours. Cette puissance, l’homme ne la possède pas et n’est pas près de la posséder.
La puissance de la vie est capable de briser les pierres les plus dures, comme le fait le saxifrage lorsque ses racines s’enfoncent dans une roche. Elle rend de simples pousses de blé capables de soulever des charges cent fois plus lourdes. Connaître la puissance de la résurrection, c’est connaître une puissance de vie.
c) C’est une puissance de vie nouvelle
La vie de Jésus après sa résurrection n’était pas une simple reproduction ou une suite de sa vie d’avant sa mort. C’était une vie nouvelle, avec des caractères nouveaux et différents. Il n’était plus soumis aux lois de la pesanteur, de la distance, de la mort. « La mort n’a plus de pouvoir sur lui. » Il n’y a plus de barrières infranchissables pour lui, il passe à travers les murs et les portes fermées. La puissance de la résurrection transforme la vie en une vie nouvelle.
2. Que signifie pour nous : connaître la puissance de sa résurrection ?
a) Connaître la puissance de Dieu
Savoir que nous avons à notre disposition une puissance inimaginable, avec laquelle aucune puissance ne peut être comparée. Quand Paul parle de « l’infinie grandeur de sa puissance qui se manifeste avec efficacité pour le pouvoir de sa force », il dit que cette puissance est « pour nous qui croyons ». Que sont, face à cette puissance, nos difficultés, nos impossibilités à l’échelle humaine ?
La résurrection du Christ était aussi une impossibilité à l’échelle humaine. C’est pourquoi beaucoup d’hommes n’y croient pas. Mais elle est un fait qui a embarrassé bien des hommes qui ont commencé à y réfléchir sérieusement.
Frank Morison voulait démontrer que la résurrection de Jésus n’a jamais eu lieu. En juriste consciencieux, il a analysé toutes les circonstances du récit. Le matin de Pâques, le tombeau était vide. C’est une évidence. Car s’il n’avait pas été vide, lorsque les disciples ont commencé à raconter que Jésus était ressuscité, les Juifs auraient organisé une réunion publique autour du tombeau. Ils auraient rompu les scellés et sorti le corps qui commençait à se décomposer. Et plus personne à Jérusalem n’aurait cru à cette histoire de résurrection.
Le tombeau vide était donc un fait. Alors comment l’expliquer ? « Les disciples ont volé le corps », disaient les Juifs. Est-ce crédible ? Etait-ce là tout le respect que les apôtres avaient pour leur Maître : le sortir d’un beau caveau pour le cacher en quelque trou secret ? Et pourquoi l’auraient-ils fait ? Pour le plaisir de raconter qu’il était ressuscité ? En vue de quoi ? Pour se faire persécuter, lapider, crucifier — et jusqu’à la fin, aucun d’eux n’aurait « vendu la mèche », même devant le martyre ! Étudiez les Évangiles et vous verrez que les disciples n’étaient pas du tout prêts à croire à cette résurrection et qu’il a fallu que Jésus use de tous les moyens de persuasion pour les en convaincre : manger devant eux, leur faire mettre les doigts dans la marque de ses clous…
Au lieu d’écrire un livre pour ruiner la foi, Morison en a écrit un autre pour prouver la réalité de la résurrection1. D’autres, comme Wallace, l’auteur de Ben-Hur, ont suivi le même itinéraire. Non, il n’y a pas d’autre explication au tombeau vide que la résurrection de celui qui y avait séjourné pendant trois jours. Mais alors pourquoi nos lenteurs à croire, nos doutes, nos hésitations, nos « Dieu peut-il » ? Parce que nous n’avons encore jamais eu la vision de cette puissance de Dieu. Or, cette vision ne vient pas par le raisonnement, il faut une révélation divine. C’est pourquoi l’apôtre prie pour les Ephésiens afin qu’ils comprennent « quelle est l’extraordinaire grandeur de la puissance qu’il met en œuvre en notre faveur, à nous qui plaçons notre confiance en lui » (Éph 2.17-19). Cette puissance, il l’a déployée dans la résurrection du Christ.
b) Connaître une puissance de vie
La Parole de Dieu dit que, par nature, nous sommes « morts à cause de nos fautes et de nos péchés. […] Mais Dieu […] nous a ressuscités ensemble et nous a fait siéger ensemble dans le monde céleste » (Éph 2.4-7). Jésus a dit : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi vivra. » (Jean 11.26) « Celui qui écoute ce que je dis et qui place sa confiance dans le Père qui m’a envoyé, possède, dès à présent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné ; il est déjà passé de la mort à la vie. » (Jean 5.21,24) « Et vous, qui étiez morts à cause de vos fautes […] Dieu vous a donné la vie avec le Christ », « vous êtes ressuscités avec le Christ » (Col 2.13 ; 3.1).
Avez-vous déjà fêté la Pâque de votre vie ? Avez-vous expérimenté cette puissance de résurrection qui transforme un homme mort dans ses offenses en un homme vivant pour Dieu dans la justice et la sainteté ? « Je suis la résurrection et la vie », dit Jésus. « Celui qui place toute sa confiance en moi vivra, même s’il meurt. » (Jean 11.25) « Oui, vraiment, je vous l’assure : celui qui écoute ce que je dis et qui place sa confiance dans le Père qui m’a envoyé, possède, dès à présent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné ; il est déjà passé de la mort à la vie. » (Jean 5.24) C’est ce que Jésus appelait une « nouvelle naissance » (Jean 3).
Mais là ne s’arrête pas la puissance de vie que Dieu a déployée en Christ et qu’il veut aussi déployer dans notre vie. Cette vie nouvelle veut éliminer de notre vie tous les germes de mort et triompher de toutes les manifestations du règne de la mort en nous. Selon l’expression imagée de l’apôtre Paul, la mort doit être « engloutie par la vie ». Comme la puissance de vie brise des rocs, elle veut briser le roc dur de notre cœur. Comme elle soulève des poids, elle peut nous donner la force de porter des fardeaux qui dépassent nos forces. « Je veux que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance. » (Jean 10.10)
L’action vivifiante de la puissance de résurrection se ressentira jusqu’en nos corps mortels : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels (litt. : les vivifiera) par son Esprit qui habite en vous. » (Rom 8.11) Mais cette puissance de vie ne s’arrêtera pas là. Comme toute vie, elle a tendance à se multiplier, à engendrer d’autres vies. Notre vie nouvelle peut aussi devenir une source de résurrection pour d’autres, afin qu’eux aussi naissent à la vie éternelle. « Oui, nous sommes, pour Dieu, comme le parfum du Christ parmi ceux qui sont sur la voie du salut et parmi ceux qui sont sur la voie de la perdition. Pour les uns, c’est une odeur de mort qui les mène à la mort, pour les autres, c’est une odeur de vie qui les conduit à la vie. » (2 Co 2.15-16)
Connaître la puissance de sa résurrection, c’est connaître la puissance de vie :
– qui, de morts que nous étions, nous a rendus à la vie,
– qui triomphe dans notre esprit, notre âme et même notre corps, de tous les germes de mort,
– et qui engendre cette vie en d’autres.
c) Connaître une puissance de vie nouvelle
La résurrection n’est pas seulement une puissance de vie, c’est une puissance de vie nouvelle, d’une vie différente de celle de ceux qui nous entourent.
« Nous avons été ensevelis avec le Christ par le baptême en relation avec sa mort afin que, comme le Christ a été ressuscité d’entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi, nous menions une vie nouvelle. » (Rom 6.4 ; cf. v. 10-11) « Vous êtes morts pour appartenir à celui qui est ressuscité des morts, pour que nous portions des fruits pour Dieu. » (Rom 7.4) La puissance de sa résurrection nous libère de « la loi du péché et de la mort » (Rom 8.2). « Le péché n’aura pas de pouvoir sur vous parce que vous êtes sous la grâce. » Vous avez été « affranchis du péché », libres de la pesanteur de notre vieille nature qui nous tirait toujours vers le bas. Notre vieil homme a été « crucifié avec le Christ » et maintenant « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2.20). « Ainsi, celui qui est uni au Christ est une nouvelle créature : ce qui est ancien a disparu, voici : ce qui est nouveau est déjà là. » (2 Cor 5.17) Cette vie nouvelle se renouvelle de jour en jour à l’image du Christ ressuscité.
3) Comment connaître cette puissance de sa résurrection dans notre vie ?
L’apôtre Paul nous en indique le chemin. Dans l’Épître aux Philippiens où il parle de cette puissance de résurrection, il dit d’abord : « Toutes ces choses constituaient, à mes yeux, un gain, mais à cause du Christ, je les considère désormais comme une perte. » (3.7) Si nous tenons aux gloires de ce monde, à ses honneurs et ses plaisirs, nous ne saurons que faire de la puissance de sa résurrection. Elle nous embarrassera plutôt.
Puis Paul veut « être trouvé en Christ », « avec la justice qui vient de la foi en lui et que Dieu accorde à ceux qui croient » (v. 9). Nos efforts ne servent à rien pour la connaissance de cette puissance. C’est par la foi que nous y accéderons. La foi c’est la confiance dans la grâce de Dieu.
Enfin, « c’est ainsi que je pourrai connaître le Christ, c’est-à-dire expérimenter la puissance de sa résurrection et avoir part à ses souffrances, en devenant semblable à lui jusque dans sa mort » (v. 10). La puissance de la résurrection est encadrée de deux connaissances : celles du Christ et de la communion de ses souffrances. Mieux nous connaîtrons le Christ, mieux nous connaîtrons aussi la puissance de sa résurrection puisqu’il a dit : « Je suis la résurrection et la vie. » Mais si nous voulons connaître la puissance de sa résurrection, il nous faut aussi apprendre à connaître la communion de ses souffrances. C’était l’expérience de l’apôtre Paul (2 Cor 4.10-12). Pour que « la puissance du Christ repose » sur lui, il se complaît dans les souffrances qu’il endure pour lui. Car, lui a dit le Seigneur : « Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste pleinement. » (2 Cor 12.8-10)
Pâques est inséparable du Vendredi saint. C’est par la croix que la puissance de la résurrection pourra se déployer en nous : « par la conformité à sa mort ». C’est la pensée que Paul développe dans Rom 6.4. C’est dans la mesure où nous acceptons de mourir à notre ancienne vie de péché que nous expérimenterons la puissance de la résurrection du Christ dans notre vie.
1Ce livre, intitulé primitivement Le tombeau vide, a été réédité par la Ligue pour la lecture de la Bible sous le titre La résurrection : mythe ou réalité.
Vous est-il déjà arrivé, en croyant obéir à un commandement de Dieu, de vous faire traiter de légaliste ?
Le mot « légalisme » ne se trouve pas dans le Petit Larousse. Il faut chercher dans un dictionnaire plus complet pour trouver comme définition :
– « Souci de respecter la lettre de la loi et les formes qu’elle prescrit.
– (Souvent péjoratif) Attitude de celui qui respecte rigoureusement la lettre de la loi. » Le mot ne se trouve pas dans la Bible, mais on y trouve plusieurs indications sur l’obéissance.
L’obéissance de détail n’est pas condamnée :
« Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. » (Matt 5.19)
L’obéissance partielle est insuffisante :
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses. » (Matt 23.23)
L’obéissance à la loi de Moïse n’est plus pour le chrétien :
Au sujet de la circoncision : « C’est pourquoi je suis d’avis qu’on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu’on leur écrive de s’abstenir des souillures des idoles, de la débauche, des animaux étouffés et du sang. » (Actes 15.19-20)
Toutefois la loi nous est toujours utile : « Car il est écrit dans la loi de Moïse : “Tu ne muselleras point le bœuf quand il foule le grain.” Dieu se met-il en peine des bœufs, ou parle-t-il uniquement à cause de nous ? » (1 Cor 9.9-10) Paul se sert de cette instruction de la loi pour justifier l’aide financière aux serviteurs de Dieu.
L’obéissance aux lois « fabriquées » est totalement condamnée :
« Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous impose-t-on ces préceptes : Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas ! préceptes qui tous deviennent pernicieux par l’abus, et qui ne sont fondés que sur les ordonnances et les doctrines des hommes ? Ils ont, en vérité, une apparence de sagesse, en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’humilité, et le mépris du corps, mais cela est sans valeur réelle et ne sert qu’à satisfaire la chair. » (Col 2.20-23)
L’obéissance à la loi ne rend pas juste :
« Néanmoins, sachant que ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d’être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que personne ne sera justifié par les œuvres de la loi. » (Gal 2.16) « Que nul ne soit justifié devant Dieu par la loi, cela est évident, puisqu’il est dit : “Le juste vivra par la foi.” Or, la loi ne procède pas de la foi ; mais elle dit : “Celui qui mettra ces choses en pratique vivra par elles.” » (Gal 3.11-12)
« Trop » obéissant ?
Certainement pas, mais on peut manquer d’équilibre. Par exemple, je participe à toutes les activités de l’église pour obéir au Seigneur et pendant ce temps je néglige mes enfants ou mes parents. C’est ce que Jésus reproche aux pharisiens : « Vous rejetez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. Car Moïse a dit : “Honore ton père et ta mère” ; et : “Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort.” Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : “Ce dont j’aurais pu t’assister est corban”, c’est-à-dire, une offrande à Dieu, vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère, annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. » (Marc 7.9-13)
« Mal » obéissant ?
– J’obéis par peur d’être puni ; ce n’est pas un motif noble, mais c’est un motif utile (Rom 13).
– J’obéis pour une récompense, pour que Dieu me bénisse. Oui, Dieu nous bénit quand nous obéissons : « Honore ton père et ta mère (c’est le premier commandement avec une promesse), afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre. » (Éph 6.2-3) Mais Dieu ne nous est pas redevable parce que nous obéissons. En règle générale, la bénédiction de Dieu découle de sa grâce et pas de notre comportement.
– J’obéis pour être vu des autres et être loué. Dans ce cas, j’ai déjà ma récompense sur la terre.
Conclusion
Ne jugeons jamais les motifs qui poussent mon frère à obéir, et pour ce qui nous concerne, ne faisons pas trop d’introspection, mais cultivons le désir de vouloir plaire à Dieu par notre vie.
Et si on me traite de légaliste ? Examinons honnêtement devant Dieu le bien-fondé de cette critique. Si elle est infondée, disons comme Paul : « Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ou par un tribunal humain. […] Celui qui me juge, c’est le Seigneur. » (1 Cor 4.3-4)
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