PROMESSES
Depuis plusieurs décennies, des évolutions marquantes se sont produites dans notre société occidentale concernant la place de la femme. Ces changements se sont répercutés dans l’Église, où l’on assiste à de plus en plus de débats sur tout ce qui concerne le sujet..
Ainsi le vocabulaire religieux connaît une certaine féminisation : on tend à remplacer « homme » par « personne », et le terme « frères » ne devrait plus être employé sans être suivi de « sœurs ». Quasi unanimement, les changements dans le vocabulaire sont applaudis tant qu’ils expriment la relation non discriminante entre homme et femme dont Paul parle en Galates 3.28. Le problème se pose lorsque les changements proposés se réfèrent à Dieu. Où doit s’arrêter la révision de notre vocabulaire chrétien ?
Dans ce contexte, la dernière proposition en date est d’appeler Dieu « Père et Mère ». C’est cette question qui va nous intéresser : faut-il continuer d’appeler Dieu « Père » ? Il ne s’agit pas d’une nouvelle bataille uniquement féministe ou libérale. Ceux et celles qui se posent une telle question se trouvent dans toutes les dénominations, et même chez les évangéliques. Cette controverse doit être prise au sérieux, car elle concerne des questions théologiques essentielles, comme la nature de Dieu et l’autorité des Écritures.
Nous rencontrons deux positions extrêmes dans ce débat: pour certains, Dieu est Père, car la Bible enseigne que le vrai Dieu est masculin1. Pour d’autres, Dieu peut être « Mère » ; il est juste de vénérer une divinité féminine.
Nous montrerons en quoi ces deux positions sont théologiquement erronées et pourquoi il faut continuer à appeler Dieu « Père ». Mais il faudra aussi comprendre ce qu’est réellement la paternité de Dieu et retrouver, dans son indubitable vérité, le visage de ce Père que les hommes défigurent si souvent.
I. UNE THESE EN VOGUE : IL NE FAUT PLUS APPELER DIEU « PERE »
A) Arguments des partisans de cette thèse
L’une des principales raisons motivant la mobilisation de plusieurs théologiens et fidèles pour ne plus appeler Dieu «
Père » est que cette appellation semble nuire à la place de la femme dans l’Église.
En effet, à partir de l’appellation Dieu le Père, on a souvent déduit que Dieu est masculin. Cette conceptualisation au masculin aboutit à affirmer l’infériorité et la soumission des femmes.
Il est vrai, comme le note Claudette Marquet2, que la figure bien biblique de Dieu comme Père a été utilisée à des fins douteuses : faire de la religion une affaire d’hommes.
Mais le débat au sujet de Dieu Père/Mère repose sur d’autres arguments que ceux qui s’appuient sur l’évolution de la société, car il vise surtout à dépasser le sexisme. Ces arguments, que nous allons brièvement mentionner, s’appuient sur l’Écriture, la tradition, l’herméneutique et la linguistique.
1. Dieu est aussi mère, maternel
Bien que surtout masculines, les références que la Bible contient pour parler de Dieu sont aussi maternelles. Même si le symbolisme maternel n’est pas dominant dans l’Écriture, l’Israël ancien a loué certaines qualités maternelles de Dieu3. Ainsi, notre Père céleste aime comme une mère. Dieu montre de la tendresse, il porte dans ses bras, il connaît les douleurs de l’enfantement…4
2. Langage paternel comme accommodation culturelle
Bien qu’inspiré par Dieu, le langage de l’Écriture est humain, lié à une culture et à un langage donnés. Si la Bible a surtout un langage masculin, ce serait par accommodation de Dieu à une culture patriarcale. Ce ne serait pas la vérité finale. De même, lorsque Dieu tolère l’esclavage et la polygamie : ce n’est pas qu’il approuve ces pratiques, mais il s’agit d’une accommodation.
3. La transcendance de Dieu
Cette doctrine théologique est au cœur du débat. Elle est utilisée par les partisans comme par les adversaires d’un Dieu uniquement Père. L’argument avancé est le suivant : à cause de la transcendance divine, aucun langage humain n’est adéquat pour le définir. Le mot Père ne se réfère pas plus directement à Dieu qu’un autre mot. Les références féminines sont tout aussi appropriées et valables que les références masculines pour parler de Dieu. Elles se complètent sans contradiction ? sinon, comment le même Dieu pourrait-il occuper à la fois la fonction de Père et celle d’Époux ?
B) Les propositions de substitution
Pour toutes les raisons invoquées, des théologiens ne veulent plus appeler Dieu « Père ». Leurs propositions de remplacement sont diverses, mais soit elles sont hérétiques, soit elles créent encore plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
Selon les partisans du langage inclusif, Dieu doit être appelé « Père » et « Mère » à la fois, ou « parent » au lieu de « Père ». Comme nous le verrons, cette solution ne respecte pas la transcendance de Dieu.
II. POURQUOI IL FAUT MAINTENIR LA PATERNITE DE DIEU
C. S. Lewis disait que Dieu lui-même a révélé comment nous devons lui parler. Le danger de renommer Dieu « Mère » ou autrement est de vouloir exercer une autorité sur Dieu. De plus, d’une nouvelle appellation de Dieu, on dérive vite vers une nouvelle compréhension de Dieu : le Dieu qui s’est révélé à nous dans la Bible est remplacé par un Dieu que nous inventons pour répondre à nos besoins.
Alors, oui, il faut continuer d’appeler Dieu « Père » ; mais qu’entend-on par cette appellation ?
A) La transcendance de Dieu : ni masculin ni féminin
Nous ne pouvons pas définir Dieu. Dieu, par définition, transcende l’expérience humaine et son langage. Il est le Tout Autre. Il est Esprit (Jean 4.24). Si l’homme et la femme ressemblent à Dieu (Gen 1), Dieu ne ressemble ni à l’homme ni à la femme. Si l’homme/père ressemble à Dieu le Père, Dieu le Père ne ressemble pas aux pères de cette terre. Il s’agit de « notre Père qui est aux cieux » et non pas d’un père humain. L’A.T. prend souvent la peine d’ajouter un « comme » quand il s’agit de comparer Dieu à des personnages humains, ou sous-entend un « à plus forte raison Dieu… »5
Dieu transcende les métaphores : en Osée 11.1-11, certains voient la preuve de la masculinité de Dieu ; or, le v. 9 dit bien : « Mais je suis Dieu, pas un homme. » L’imagerie biblique reste indirecte. L’emploi de mots théologiques masculins pour Dieu n’indique pas plus la masculinité de Dieu que l’emploi d’images féminines sur Dieu n’indique sa féminité.
C’est pourquoi, citer les références où Dieu est lié à des connotations féminines apporte peu : ce n’est pas parce qu’un mot pour parler de Dieu est féminin que c’est une preuve de sa féminité. De même, la terminologie masculine seule est un argument insuffisant pour prouver théologiquement la masculinité de Dieu. D’ailleurs, Dieu est parfois comparé à un rocher, à une lumière… c’est-à-dire à des éléments neutres. Le vrai problème vient de l’équation faite entre Dieu comme père et Dieu masculin. Si un père est un homme, pour Dieu, être Père n’est pas du tout être masculin. Dieu n’est ni masculin ni féminin. Dieu a introduit la différenciation sexuelle dans la création, il a créé la sexualité. Il n’est pas lui-même sexué. De même qu’il a créé le temps, mais n’est pas temporel. Peut-être nous faut-il ici nous rappeler le premier commandement.
En bref, la Bible ne dit pas que Dieu est masculin, elle dit qu’il est Père, de même que le Royaume de Dieu n’est pas un grain de moutarde. Attention à « l’hérésie anthropomorphique » ! Définir Dieu comme masculin ou féminin, catégories finies, est une erreur théologique, incompatible avec sa nature infinie, absolue et transcendante. Les raisons de sa paternité sont à chercher ailleurs.
B) Le primat de la théologie paternelle d’adoption sur la théologie maternelle
Avoir un Dieu Père, c’est rappeler que l’homme est créé et non engendré. Il y a une rupture nécessaire de substance entre l’homme et Dieu, aucun lien naturel entre les deux. En effet, si la maternité est naturelle, la paternité est culturelle. Un père a besoin de devenir le père de son enfant, de le reconnaître. Ce qui qualifie la paternité, c’est l’adoption de l’enfant, tandis que la mère sait par nature que son enfant est d’elle-même, qu’il est la suite d’elle-même.
On voit ici se dessiner deux théologies différentes :
– la théologie maternelle, où la nature est reine et même déesse (terre et mère se confondent), avec la prépondérance de l’immanence, voire un panthéisme qu’on retrouve dans les religions anciennes, en particulier dans celles dont Israël a dû se démarquer ;
– la théologie paternelle, où père et ciel se confondent, et où il y a nécessairement distance entre le père et le fils ; il y a donc adoption et même élection du fils par le père qui garde toujours une certaine transcendance par rapport à ses enfants, et à ses fils en particulier.
Ainsi, toute l’histoire d’Israël est celle d’un fils aîné, élu, et d’un père dont la paternité n’est jamais considérée comme naturelle, allant de soi : Israël refuse constamment de vivre en fils soumis, ce qui contraint sans cesse Dieu à le « réadopter ». Dans cette optique, la paternité est le type de relation qui caractérise le mieux la relation entre Israël et Dieu.
C) La rupture avec les cultes de la fertilité
Ce n’est pas par antiféminisme qu’Israël devait rejeter toute idée de déesse et accepter la paternité de Dieu. Israël devait comprendre que son Dieu n’était pas comme les déesses de la fertilité, qu’il était au-dessus de toute sexualité : il n’est pas un Dieu masculin avec une femelle consort. C’est par sa seule volonté qu’il a créé le monde et non par une union sexuelle avec une déesse.
Dans les religions où les dieux sont sexués, ils ont des besoins sexuels qu’il faut satisfaire pour obtenir fécondité et prospérité. Les rites religieux incluaient donc souvent du libertinage spirituel. Chez les Hébreux, pas de divinisation du sexe, pas de possibilité d’amadouer Dieu par des rites sexuels. Il ne faut pas y voir une preuve d’antiféminisme, ni une victoire d’un Dieu mâle sur une déesse, mais une attitude en accord avec le culte de l’Éternel. C’est pourquoi toute projection sexuelle humaine sur Dieu était proscrite.
D) Paternité et Trinité
La compréhension chrétienne de la paternité divine est, selon Matt 11.27, que Dieu le Père est d’abord le Père de son Fils Jésus. Cette paternité est définie par sa relation exclusive avec son Fils Jésus : Dieu le Père est ainsi nommé à cause de ses liens avec le Fils.
D’ailleurs, jamais Paul n’appelle Dieu « notre » Père sans parler du Christ dans le contexte. De même, les premiers chrétiens vont invoquer Dieu comme Père — mais comme Père de Jésus-Christ. Cette paternité traduit une autorité et une confiance. C’est donc dans un sens trinitaire et non patriarcal qu’il faut comprendre le terme Père.
E) La « paternité maternelle » de Dieu
La pensée trinitaire permet de dépasser le patriarcalisme théologique pour une autre raison : le Père de Jésus est le Père maternel. Le concept de paternité pour Dieu doit être compris comme concept de « génitorité » : il est celui qui engendre le Fils et sa paternité est très maternelle.
F) La paternité de Dieu, sceau de mon adoption
Dans l’A.T., la paternité de Dieu était limitée à Israël. Le terme Père indiquait l’origine de la nation, mais aussi une relation personnelle avec elle. Dans le N.T., Dieu se révèle, non plus comme Père de la nation, mais comme le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et aussi le Père des chrétiens. La paternité de Dieu et l’adoption de l’homme sont le plus grand miracle, synonyme de justification. Le nom de Père accolé à Dieu ne me dit rien sur la masculinité de Dieu ; il me dit la qualité d’enfant qui est la mienne. En disant « notre Père » nous savons que notre relation filiale est très réelle. Quand on dit paternité, on dit adoption : la Bible parle plus de Dieu comme notre Père que de nous les croyants comme ses enfants. Mais l’un implique l’autre.
G) Abba, Père
L’usage du terme Abba, tel qu’il se présente dans la prière du Christ, constitue un emploi unique. En effet, ce mot araméen n’était employé que pour désigner le père au sens naturel ou adoptif. Il n’était jamais employé par un juif comme invocation à Dieu dans une prière.
Jésus, en choisissant Abba, montre ainsi sa relation unique au Père, et il prépare les disciples à la révélation du mystère filial du Père avec eux. De plus, Jésus met l’accent, non sur les traits masculins et patriarcaux, mais sur la proximité. Jésus ne veut pas évoquer un sexe particulier ni une autorité, mais indiquer la relation intime que nous avons avec le Père qui prend soin de nous: on est aimés, protégés, chéris, nourris. Jésus nous invite à entrer dans cette relation avec l’Abba, relation où il voit chacun de nos mouvements, se soucie de chacune de nos larmes. C’est une profonde intimité, une relation paternelle et maternelle.
C’est également un terme qui révèle un état de détresse. C’est dans la solitude et la détresse de Gethsémané que Jésus a appelé Abba. Ce disant, il montre que son Dieu est si proche qu’il se laisse nommer même dans la détresse.
CONCLUSION
Face aux questions suscitées par le symbole du Dieu Père, deux précautions sont utiles :
– La prise en compte, dans toute la Bible, des images féminines parlant de Dieu, afin de trouver un langage religieux moins sexiste, exprimant mieux la transcendance de Dieu, car il est bien vrai que Dieu est un père maternel. Selon les actes ou les sentiments de Dieu auxquels on se réfère, on utilisera un vocabulaire tantôt féminin, tantôt masculin.
– L’analyse rigoureuse du concept de paternité attribué à Dieu, car le symbole du Dieu Père a été souvent mal compris, assimilé à une masculinité de Dieu.
Ainsi, nous nous garderons de deux erreurs :
– En arriver à appeler Dieu « Père et Mère ». Le faire revient à oublier que Dieu est transcendant ; c’est encourager l’attribution erronée d’une « sexuation » en Dieu au lieu de l’abolir. Or, toute attribution à Dieu d’une sexualité est un retour au paganisme.
– Utiliser la paternité de Dieu pour justifier la suprématie mâle, ce qui est une aberration.
Ces égarements ne doivent pas nous faire perdre de vue que Dieu s’est révélé à nous comme Père et qu’il veut qu’on le prie ainsi. Si l’on peut avancer plusieurs raisons théologiques pour éclairer ce choix de la paternité, nous restons en présence d’un mystère qui nous dépasse, et nous rappelle notre finitude face à l’Être infini. Toutefois, la venue du Christ est la manifestation suprême de la paternité de Dieu. Christ appelle Dieu Abba, indiquant par là que cette paternité est synonyme de filiation, d’adoption, et de tendresse. Dieu comme Père n’est pas un argument dans la guerre des sexes, mais une vérité théologique, un article de foi et un sujet de louange.
Avec confiance, réapprenons à dire : « Je crois en Dieu le Père. »
1Remarquons qu’en réfléchissant à la paternité de Dieu, on s’inscrit dans une réflexion plus large : le Dieu de la Bible est-il une divinité masculine ? Certains auteurs soulignent que la Bible présente, en effet, Dieu avec des attributs et des fonctions très masculins. Il dirige une armée, exerce le jugement, est comme un mari, un père, un roi, il a des noms masculins et les pronoms pour parler de lui sont masculins. De plus, il s’incarne en un homme, Jésus.
2Claudette Marquet, Femme et homme il les créa…, Les Bergers et les Mages, Paris, 1984, p. 181.
3Quelques références bibliques (directes ou indirectes) : Gen 3.21 ; Nom 11.12 ; Deut 32.18b ; Néh 9.21 ; Osée 11.1-4 ; És 1.2 ; 42.14 ; 46.3 ; 49.14-15 ; 66.11,13 ; Ps 91.4 ; 131.2 ; Luc 15.8-10.
4Relevons le terme rahamim, qui signifie « tendresse », souvent celle de Dieu pour son peuple ; c’est le pluriel de « sein maternel, uterus » : ce terme confère à la bienveillance de Dieu un caractère de tendresse quasi charnelle.
5Voir Ps 103.13; Luc 11.11-13.
- Edité par Duval-Poujol Valérie
Gérard Ducrozet est conseiller conjugal et familial. Auteur du livre Parlez-moi d’Amour à destination des jeunes, il est un orateur régulier de l’association Famille Je t’Aime, dont il est membre fondateur, et un des formateurs des cours de relation d’aide.
Ginette Gaasch est fondatrice avec son époux Claude de l’association Famille Je t’Aime. Elle est conseillère conjugale et familiale. Durant ces vingt dernières années, elle a apporté aux familles, et aux femmes en particulier, le message d’espoir et de réconciliation de Christ pour la famille. Actuellement à la retraite, elle rédige encore de nombreux articles et collabore au Top Féminin sur Internet. |
On voudrait tous vivre sans conflits, sans disputes, et pourtant depuis que le monde existe, les humains trouvent sans cesse des occasions d’entrer en conflit. D’où vient donc cette mauvaise habitude ?
Elle est très lointaine. Souvenez-vous du jardin d’Eden… lorsque l’homme dit à Dieu : « La femme que tu as mise auprès de moi m’a fait manger du fruit que tu avais défendu de manger ». C’est elle la responsable, ce n’est pas moi…
Nous connaissons bien cette façon de faire. Lorsque quelque chose tourne mal dans nos couples ou nos familles, nous accusons l’autre, en évitant de voir notre propre responsabilité, et c’est ainsi que l’on espère fuir le problème. Quelle erreur ! la fuite ne nous fait pas avancer, mais plutôt reculer.
Ne croyons pas qu’il existe des individus parfaits, ou des couples parfaits, et d’autres qui ne le sont pas. Mais il s’agit plutôt de dire qu’il y a des individus qui savent régler leurs conflits, et d’autres qui n’y parviennent pas.
Nous n’avons pas à avoir peur des conflits dans la mesure où nous sommes capables de les résoudre. Ce sont eux qui nous donnent des possibilités d’apprendre et de changer. La plupart des conflits ne prennent pas d’ampleur si nous les réglons rapidement. Par contre, si nous ne les réglons pas, ils s’enveniment, parasitent d’autres domaines de la vie de couple, et risquent de déboucher sur une crise grave.
D’OÙ PROVIENNENT DONC NOS CONFLITS ?
1. De nos différences
L’un se couche tôt, l’autre tard. L’un est méticuleux et ordonné, l’autre plutôt désordonné et brouillon. L’un est très relationnel et l’autre solitaire, l’un aime remplir la maison de ses amis, et l’autre préfère un peu plus de tranquillité.
Si nous n’acceptons pas notre conjoint avec son tempérament, nous ne sortirons jamais des difficultés. On peut souhaiter des changements, mais on ne peut demander à l’autre d’être ce qu’il n’est pas. Nos différences peuvent être une richesse pour notre couple, elles sont source de complémentarité, d’équilibre et d’enrichissement mutuel.
2. De notre passé et de notre arrière-plan
Nous entrons dans le mariage avec des valises pleines de notre passé (culture, éducation, milieu socioprofessionnel…). Ce passé nous a profondément façonnés, souvent de manière inconsciente. Il influence nos goûts, nos habitudes, notre manière de réagir, la conception de nos rôles respectifs.
Les conflits nés de ces différences d’arrière-plan ne sont pas impossibles à résoudre, mais il faut en identifier les causes et pour cela, communiquer.
3. De nos convictions et de nos objectifs
On n’en parle pas assez avant le mariage. On croit que la force du sentiment amoureux va surmonter tous les problèmes. Mais on n’a pas forcément les mêmes buts, les mêmes priorités, les mêmes valeurs… Il faut vivre ensemble sans renier ses convictions, et ce n’est pas facile.
4. De nos attentes
Nous entrons dans le mariage avec des désirs et des attentes, et nous idéalisons la vie conjugale. Le conjoint est perçu comme celui avec lequel nous allons pouvoir réaliser nos rêves.
Derrière vos conflits, identifiez vos attentes insatisfaites, avec deux questions-clés :
– Mes attentes sont réelles, mais sont-elles réalistes ?
– Quelles stratagèmes ai-je développés vis-à-vis de mon conjoint pour chercher à satisfaire mes attentes (manipulation, critique, chantage…) ?
5. De notre égoïsme
Jacques 4.1-3 dit : « D’où viennent les conflits et les querelles entre vous? N’est-ce pas des désirs égoïstes qui combattent sans cesse en vous ? Vous convoitez beaucoup de choses, mais vos désirs restent insatisfaits. »
Les conflits sont de redoutables révélateurs de l’état de notre cœur, de nos motivations, de notre nature pécheresse et égocentrique. « Le cœur est tortueux par dessus tout et méchant. » (Jér 17.9) Dans vos attitudes lors de vos conflits conjugaux, cherchez votre péché…
QUELQUES PRINCIPES POUR AIDER A RESOUDRE LES CONFLITS
1. Reconnaître qu’il y a un conflit
C’est une évidence, mais il vaut mieux s’assurer que les deux conjoints reconnaissent que quelque chose ne va pas.
2. Identifier la racine du conflit
C’est une seconde évidence, mais l’expérience montre qu’il est difficile pour un couple de rester lucide dans un conflit. On ne s’affronte pas toujours sur les vraies causes du conflit, mais sur des causes annexes.
C’est le cas lorsque le couple n’a pas développé une communication profonde, et qu’il y a une grande part de non-dit. Le conflit va se développer sur un mode de communication indirecte. La soupe est trop salée ; les yaourts sont passés de date ; les chaussures ne sont pas à leur place…
3. Accepter d’être co-responsables de la résolution du conflit
Matthieu 5.23-24 indique : « Si ton frère a quelque chose contre toi… va te réconcilier. » Matthieu 18.15 complète : « Si ton frère a péché, va vers lui. » Que j’aie offensé ou que j’aie été offensé, je suis invité à me réconcilier. Mais comment faire pour y arriver ?
– Prendre la décision d’aller vers l’autre dans une attitude constructive.
– S’engager à faire ce qui est bon pour nous, même si l’autre n’est pas constructif. Ne pas adopter ses méthodes.
– Faire un effort pour comprendre les peurs et les émotions de l’autre.
– Faire un effort pour comprendre l’autre, même si je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit. C’est l’écoute qui va faire tomber ses peurs. Par ailleurs, rappelons-nous que tout ce que dit l’autre est lié à son appréciation du problème, et que dans tout ce qui est dit, il y a une part de vérité. On est souvent aveuglé sur soi-même.
– Veiller à ne pas humilier l’autre.
4. Viser le problème, pas la personne
La difficulté, dans un conflit conjugal, est que le désaccord n’est pas perçu comme un problème interpersonnel (lié au mode de relation mis en place) mais comme imputable à l’autre. Le problème c’est lui, c’est elle. Il (ou elle) est la cause de mes blessures, de mes frustrations. La communication s’est cristallisée sur la personne et non sur le problème.
– « Je suis agressive parce que tu te replies sur toi. »
– « Je me replie sur moi parce que tu es agressive. »
Le doigt est toujours tourné vers l’autre qui est perçu comme étant le problème. La communication se fait sur un mode accusatoire avec l’usage répété du TU.
Il faut donc viser le problème et non la personne. Cela implique d’être honnête avec soi-même (JE suis blessé, JE souffre de…) et d’être honnête avec mon vis-à-vis. On ne règle pas les conflits si l’on n’est pas honnête avec soi-même et avec l’autre. Il est important d’employer le JE et le TU : « Quand tu as dit ou fait ceci, j’ai ressenti… Quand tu invites des gens sans m’en parler, je ressens que tu ne te soucies pas du travail que ça me donne. »
5. Rechercher une solution
Il y a plusieurs manières possibles de procéder :
– Le compromis : C’est un arrangement dans lequel on fait mutuellement des concessions. On cherche un juste milieu, une solution intermédiaire. Stratégie « perdant-perdant », utile pour des conflits mineurs, ou pour une solution temporaire.
– La conciliation : On ne cherche pas à savoir qui a raison et qui a tort, on coopère pour rechercher une solution satisfaisante, une alternative créatrice. Stratégie « gagnant-gagnant » ou « sans perdant ».
– La coexistence pacifique : On est d’accord de ne pas être d’accord. On relativise les problèmes, on hiérarchise les priorités.
6. Chercher la paix, pas la victoire
Dans un conflit, il n’y aura pas un gagnant et un perdant : il y aura deux gagnants ou deux perdants. Si tu cherches la victoire en dominant, en manipulant ou en blessant, qu’as-tu gagné ? L’amour de ton conjoint ? Son respect ? La bénédiction de Dieu sur ton couple ? Tu as tout perdu, y compris la paix avec toi-même et le respect de toi-même.
Si vous cherchez la victoire, il y aura plus de deux perdants, car vos enfants vous observent, vos déchirures les déchirent, ils en porteront les traces indélébiles. Ils seront les grands perdants et les premières victimes des déchirures de votre couple.
a) Rechercher la paix est une vocation (Éph 4.1-3)
La vocation du chrétien est de vivre en paix. Dieu veut des chercheurs de paix, des artisans de paix. La paix intérieure et extérieure est un signe majeur de la maturité chrétienne, c’est-à-dire de la ressemblance avec le Christ. « Autant que possible, et dans la mesure où cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. » (Rom 12.18)
Notre cause est juste devant Dieu si nous cherchons la paix. Le cœur de Dieu bat pour la paix, et c’est la paix qui nous lie et nous unit.
b) Rechercher la paix est une attitude intérieure (Éph 4.2)
La paix est la marque de la présence du Saint-Esprit. Nous sommes appelés à être des ouvriers de paix dans notre couple, dans notre famille. Dieu nous a donné le pouvoir d’expérimenter la paix intérieure par son pardon et son amour. Cette paix intérieure doit rejaillir dans notre couple.
Ce texte nous propose quatre dispositions intérieures qui favorisent la paix :
– L’humilité : C’est l’orgueil qui nous pousse à chercher la victoire dans les conflits — l’orgueil qui montre du doigt, accuse, se défend, fuit sa responsabilité. Dieu déteste l’orgueil et les orgueilleux (Jac 4.6) Il ne peut travailler avec eux. Le caractère de Dieu que nous voyons en Christ, c’est l’humilité (Phil 2.6-8). Mais qu’il m’est difficile de venir vers mon conjoint et de lui dire : « Pardonne-moi de t’avoir fait mal, j’ai eu tort d’agir ainsi. » Or c’est l’humilité qui ouvre la porte de la paix.
– La douceur : Ce mot décrit un animal dompté. On peut devenir violent dans les conflits. La paix appelle la douceur, le « moi » souverain et égoïste doit être dompté. Dans les conflits, le « moi » revendique son droit. Nos attitudes sont centrées sur la conquête de ce droit. JE demande justice, réparation. Comme un animal dompté, le « moi » doit apprendre à s’effacer pour devenir sensible aux besoins de l’autre. La douceur est cette disposition du cœur qui oublie un peu son propre droit pour s’ouvrir au besoin de l’autre.
– La patience : Il faut du temps pour régler les conflits et reconstruire. Dieu est patient (pensez à son attitude envers Israël). Il n’a pas fini de travailler dans le cœur de notre conjoint. Mais nous voudrions constater un changement immédiat chez celui-ci, faire le travail à la place du Saint-Esprit. Parfois, dans notre impatience, c’est nous qui empêchons Dieu d’agir.
– L’acceptation : Accepter la différence, accepter l’autre tel qu’il est, renoncer à le changer — c’est peut-être ça, la solution. Parfois un conjoint exerce une très forte pression sur l’autre pour qu’il soit à la hauteur de ses attentes. Une telle attente, qui va au delà de ce qu’un humain peut donner, est irréaliste. Il faut laisser de la place aux échecs, ne pas toujours rappeler les fautes, mais encourager et communiquer l’espoir.
– L’amour : Tout cela dans l’amour. Il réunit toutes les qualités que Dieu veut produire en nous par le Saint-Esprit. « L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est pas envieux, il ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le mal, il ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. » (1 Cor 13.4-7)
- Edité par Ducrozet Gérard
«Hervé et Hélène, qui êtes-vous ?
Question difficile ! Individuellement, des enfants de Dieu — mais aussi, ensemble, des héritiers de la grâce de Dieu. Nous sommes mariés depuis plus de 27 ans, nous avons trois enfants dont encore deux à la maison, et nous nous rattachons à une Assemblée de Frères à Aix-en-Provence. Depuis bientôt deux ans, nous avons quitté un travail séculier pour nous investir davantage dans la relation d’aide. Après en avoir fait un exercice de foi et de prière, nous avons décidé de mettre en vente notre entreprise sur la région parisienne, pour être plus disponibles et nous consacrer à plein temps à la relation d’aide ; en effet, nous avons fait plusieurs fois l’expérience qu’une vie professionnelle intense, nos fonctions dans la famille et dans l’église, devenaient incompatibles avec un engagement complet auprès des personnes que nous souhaitions accompagner.
Qu’est-ce qui vous a conduits à ce service ?
Des circonstances familiales, des situations qui nous touchaient de près, notre expérience personnelle des difficultés de la vie conjugale et familiale, nous ont sensibilisés à la souffrance en général et à la douleur morale d’une séparation en particulier.
Nous nous sommes trouvés très désemparés et impuissants face à ces difficultés et nous avons désiré apprendre comment répondre à quelqu’un qui souffre.
Et qu’avez-vous appris ?
Oh, beaucoup de choses, mais s’il fallait n’en retenir qu’une, c’est qu’écouter est plus important que parler — en tout cas dans un premier temps. Cela nous a réconfortés de découvrir que, lors de nos premières rencontres, notre incapacité à fournir des réponses nous avait permis d’écouter, de recevoir.
C’est avec une attitude de grand respect et d’humilité que nous devons aborder ces rencontres où l’autre est « celui pour lequel Christ est mort », avec ses souffrances (et quelquefois ses faiblesses ou ses manques). Nous sommes là pour faire un bout de chemin ensemble, sur sa route, à son rythme, et avec l’aide du Saint Esprit.
Et maintenant ?
Nous souhaitons pouvoir accompagner des personnes en chemin, désireuses de faire évoluer des situations bloquées, travailler sur des blessures du passé afin que les plaies qui font souffrir puissent se refermer et se cicatriser, tout cela à la lumière de la Parole de Dieu.
Quels sont vos outils ?
Nous n’avons pas de « solution clé en main », mais des outils de la psychologie moderne, appliqués à la lumière de la Bible et avec le soutien de la prière, dont les personnes vont pouvoir se saisir.
C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à suivre toutes nos formations dans un cadre chrétien, afin que les théories de la psychologie soient validées par la Parole de Dieu, qui intervient à la jointure de l’âme et de l’esprit.
Depuis quelques années, nous organisons des sessions « Elle et Lui », chez nous : il s’agit d’une série de sept rencontres autour d’un dîner aux chandelles, au cours duquel le couple échange en tête à tête, après un temps d’enseignement et à l’aide d’un questionnaire, sur le thème de la soirée (l’engagement, la communication, la gestion des conflits, le pardon, la relation parents/beaux parents, la sexualité, les langages de l’amour).
Par ailleurs, nous co-organisons des « camps famille », des week-ends « Love » : une préparation au mariage pour fiancés et tout jeunes mariés.
Mais pourquoi cette sensibilité particulière à l’égard des couples ?
Nous avons pu observer que beaucoup de souffrances proviennent de blessures d’enfance et parmi elles la séparation ou la mésentente des parents qui engendrent bien des dysfonctionnements par la suite. Le plus beau cadeau qu’un homme puisse faire à son enfant c’est d’aimer sa maman et réciproquement. La mésentente conjugale nous a semblé être la perturbation la plus en amont dans la chaîne des peines.
Qui vient vous voir ?
Des personnes qui ont entendu la parole du Seigneur : « Veux-tu être guéri ? », des personnes qui recherchent un accompagnement chrétien qui ne remettra pas en cause leurs croyances, qui ne leur proposera pas de solution qui soit incompatible avec leur foi, qui prenne en compte leur situation et leur environnement particuliers.
Comment se passe un entretien ?
C’est très variable, mais disons que généralement un exposé circonstancié, puis un échange pour préciser certaines choses, permettent de commencer ; ensuite, suivant les besoins, peuvent suivre un partage, des exercices, une lecture, et nous aimons bien finir par la prière.
Rencontrer des personnes qui souffrent, entendre parler de douleurs, quelquefois de drames, voire de scandales, n’est-ce pas desséchant ?
C’est sans doute un risque, mais lorsqu’on assiste à des miracles, que l’on voit la main de Dieu agir pour redresser ce qui était défaillant, lassé ou tordu, que l’on voit la Grâce en action et l’Esprit agir en guérison, alors nous sommes admiratifs, réconfortés et émerveillés.
Notre désir est d’accompagner ces personnes, de faire un bout de route ensemble, de leur donner le temps de se dire, de se transformer et d’évoluer chacune vers ses propres solutions, en toute liberté. Donner, mais aussi recevoir, accepter que cette rencontre puisse aussi nous transformer, et laisser repartir, avec confiance, la personne dans la vie qui est la sienne.
Le mot de la fin ?
Nous encourageons vivement tous les couples sensibilisés à la difficulté du « vivre ensemble » à se former pour répondre aux besoins de ceux qui sont plus fragiles, étant en cela relais et témoins de l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs.
- Edité par Gibert Hervé et Hélène
Chronique de livres
Fuite de l’Absolu, volume II, poursuit l’étude (initiée au volume I) des conséquences éthiques du postmodernisme.
Il examine d’abord la question de l’euthanasie ainsi que le sort que réserve le discours postmoderne aux handicapés et aux personnes jugées non productives. Il considère un cas de meurtre par compassion, celui du fermier canadien Robert Latimer qui a tué sa fille Tracy atteinte de paralysie cérébrale.
Les chapitres suivants changent de sujet et abordent une question fondamentale pour l’Occident : une société peut-elle se passer de mythes et de mythes sur les origines plus particulièrement ? Il y a là une question cruciale, car les mythes sur les origines jouent un rôle extraordinairement important et central pour le développement d’une civilisation.
L’essai entreprend un sujet d’envergure, la déconstruction de la cosmologie matérialiste partagée par les systèmes de croyances moderne et postmoderne. Fuite de l’Absolu, vol. II, jette donc un regard décapant et provocateur sur un monument culturel généralement considéré intouchable : la théorie de l’évolution proposée par Charles Darwin. Pour réaliser ce projet, des données provenant à la fois de l’anthropologie sociale aussi bien que de la philosophie de la science sont examinées. Ce processus de remise en question implique un examen des prétentions des héritiers du Siècle des Lumières et fouille la question fondamentale des limites de la science et de la censure qui peut s’exercer en milieu universitaire à l’égard de perspectives cosmologiques jugées non « politiquement correctes ».
Tandis qu’en milieu anglophone le débat sur les origines est large et profond (les remises en question ont commencé dans les années 60), à la même époque, en milieu francophone, le lamarckisme[note]Le lamarckisme est une théorie émise par Jean-Baptiste Lamarck vers 1805, selon laquelle l’environnement, dans lequel vit une espèce végétale ou animale, amène cette espèce à se modifier pour s’adapter. Cette thèse s’opposait à celle du fixisme.[/note] était à peine enterré et le néodarwinisme triomphait. Depuis, en milieu anglophone, même des athées tels que David Stove se sont joints à la bagarre : là, on peut critiquer l’évolution. Chez les francophones, la remise en question du darwinisme provoque l’irritation et l’inquiétude de nos élites. La question reste taboue… La stratégie la plus efficace est d’étouffer tout débat véritable (où l’on pourrait examiner les arguments des critiques de l’évolution) et d’« immuniser » les francophones contre la « contagion » du « dessein intelligent » (intelligent design) et du créationnisme en les gavant de stéréotypes biaisés. Nos élites sont consternées par des sondages qui révèlent régulièrement qu’une part très large de la population américaine (pourtant un des pays les plus avancés sur le plan scientifique et technologique) remet en question la théorie de l’évolution…
Cet ouvrage a le mérite d’examiner deux questions de fond du point de vue de l’anthropologue : Se peut-il que la théorie de l’évolution joue le rôle de mythe d’origine ? L’évolution tire une bonne part de son prestige de sa prétention à être une théorie scientifique ; mais ce statut est-il soutenable face aux exigences de la philosophie de la science ?
Fuite de l’Absolu, vol. II, examine aussi la théorie de l’évolution du point de vue de l’anthropologie sociale et expose les multiples fonctions sociales et idéologico-religieuses de la théorie de Darwin. En milieu francophone, l’incursion dans la philosophie des sciences que propose cet ouvrage, sera inévitablement perçue comme subversive, car elle implique une déconstruction fondamentale du discours issu des Lumières sur la vérité et la hiérarchie des savoirs. Cet essai innove car, même dans le monde anglophone, ces questions n’ont pas été traitées de manière systématique jusqu’ici. Il permet donc de faire le pont entre le débat sur les origines dans le monde anglophone et le monde francophone.
En parcourant ce texte, le lecteur fera la rencontre, entre autres, du romancier Kurt Vonnegut, du philosophe autrichien Karl Popper, de Tracy Latimer (cf. supra), de Charles Darwin, du microbiologiste Richard Lenski, du spécialiste de la mythologie Mircea Eliade, du paléontologue Stephen Jay Gould, du zoologiste Pierre-Paul Grassé, de l’anthropologue Wictor Stoczkowski, du philosophe des sciences canadien Michael Ruse, du biologiste Ernst Mayr, de la philosophe Mary Midgley, du phylogénéticien français Guillaume Lecointre, du biologiste Julian Huxley, du prix Nobel en physique Robert Laughlin et de bien d’autres encore.
C’est un ouvrage intéressant qui fait découvrir l’idéologie matérialiste du postmodernisme de l’Occident et ses mécanismes, qui sont de réels dangers pour l’Eglise.
Paul Gosselin détient une maîtrise en anthropologie sociale. Il est l’auteur de Hors du Ghetto et de Fuite de l’Absolu, vol. I. Il est webmaster du site samizdat. Il a vécu en Nouvelle Écosse, en Californie, sur l’île de Vancouver et réside actuellement à Québec. Il est marié, père de deux enfants.
Titre : Fuite de l’Absolu, volume II
Observations cyniques sur l’Occident postmoderne
Auteur : Paul Gosselin
Éditeur : Samizdat – Sainte-Foy QC, Canada
ISBN : 978-2-9807774-2-4
570 pages avec avant-propos, notes, bibliographie et index des sujets
English version : Escape from the Absolute, volume II : Cynical Observations on the Post-Modern West
Courriel : pogo@novactiv.ca ; site Internet : www.samizdat.qc.ca/publications.
Diffusion en Europe : CLC France, Quartier Pelican, 26740 Châteauneuf-du-Rhône, France ;
site www.clcfrance.com; e-mail : accueil@clcfrance.com
- Edité par Gosselin Paul
Cet article est adapté de prédications tenues alors que mon épouse et moi étions jeunes mariés. Depuis, notre couple est passé par le mélange normal des joies et des détresses de deux pécheurs vivant ensemble ! Nous sommes tous deux convaincus du besoin de revenir constamment au programme que Dieu place devant chacun d’entre nous. J’espère que ces quelques lignes vous y encourageront. |
Une femme, une vraie : les marques de la maturité féminine
Qu’est-ce qu’une femme idéale ?… Barbie, Marylin Monroe, Laure Manaudou, Marie Curie ?
Certains (surtout dans les années soixante) ont cherché à abolir toute distinction entre hommes et femmes. Pourtant, ceux-ci sont radicalement différents, dans leurs corps, dans leur façon de penser, etc. — et c’est une source de richesse.
D’autres cherchent à rabaisser la femme. Pierre de Coubertin (rénovateur des jeux olympiques) a dit : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. » Nous comprenons dès lors le danger de dire que les hommes sont différents des femmes : considérer les uns supérieurs aux autres.
La Bible est glorieusement pour la féminité. Elle attribue à la femme un rôle et une fonction qui lui sont propres, au sein du couple comme au sein de la société. Toutefois, elle ne définit pas prioritairement des tâches, mais esquisse les traits spécifiques de la féminité. Bien sûr, la manière dont s’exprime cette différentiation va changer d’une culture à l’autre.
Un texte clef sur ce thème se trouve en 1 Pierre 3.1-6 : « Vous de même, femmes, soyez soumises chacune à votre mari, afin que même si quelques-uns n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans parole, par la conduite de leur femme, en voyant votre conduite pure et respectueuse. N’ayez pas pour parure ce qui est extérieur : cheveux tressés, ornements d’or, manteaux élégants, mais la parure cachée du cœur, la parure personnelle inaltérable d’un esprit doux et tranquille ; voilà qui est d’un grand prix devant Dieu. Ainsi se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari, telle Sara qui obéissait à Abraham, et l’appelait son seigneur. C’est d’elle que vous êtes devenues les descendantes, si vous faites le bien, sans vous laisser troubler par aucune crainte. »
L’abandon (3.1-2)
Le texte débute avec les propos les plus controversés sur la relation mari-femme : « Soyez soumises »… Il ne s’agit pas d’une erreur de manuscrit, ni d’une conception particulière de Pierre, car l’apôtre Paul exprime la même chose dans plusieurs autres passages (Éph 5 ; Col 3 ; Tite 2.5, etc.). Le terme grec est hupotasso, un terme très fort puisqu’il évoque une notion militaire : se placer sous l’autorité d’un plus gradé. Pour autant, il ne signifie ni une différence de nature, ni une domination masculine, ni une obéissance aveugle, ni une servitude.
Il s’inscrit au contraire dans un principe général de relations sociales qui dépasse largement le cadre unique du foyer : Pierre commence par évoquer la bonne conduite à observer parmi les païens, puis il parle de la soumission aux gouvernements, aux employeurs, etc. En fait, le concept de la soumission touche tout le monde. C’est une nécessité pour tout rassemblement d’hommes et de femmes. Dans ce contexte, la soumission de la femme n’est qu’un élément parmi d’autres de cette soumission mutuelle.
Peut-être que le mot le plus approprié pour résumer l’attitude générale de la femme est : « s’abandonner » — pour le bien d’autrui.
Nous avons un exemple formidable dans la personne de Marie : elle reçoit de Dieu un appel qui peut lui coûter la vie, car accepter d’être enceinte sans être mariée peut entraîner la lapidation, et elle s’abandonne à la volonté de Dieu.
Le pouvoir féminin ne se manifeste pas par un discours, encore moins par la violence. Le pouvoir féminin, c’est l’influence par l’exemple :
1. La conduite sans parole : L’exemple a un profond impact pour juger et enfin changer le cœur d’un homme. La mère d’Augustin (un des « pères » de l’Église) vécut avec un mari difficile ; elle fut un exemple Asi spectaculaire que Dieu eut pitié de cet homme qui mourut dans la foi.
2. L’attitude de pureté : La pureté (de langage, de pensée, etc.) d’une femme est admirée. Et comme la pureté devient denrée rare, elle est d’autant plus magnifique. C’est une parure capable de faire fléchir les plus durs.
3. L’attitude de respect : Si un mari sent qu’une épouse respecte ses choix, son engagement, ses efforts, ses sacrifices pour le Seigneur comme pour sa famille, il sera plus attentif au conseil, à l’enseignement de son épouse.
La piété (3.3-4)
La poudre aux yeux
« N’ayez pas pour parure… » Pierre se préoccupe ici de la tendance de certaines femmes à trouver leur identité dans le « paraître ». Il souhaite donc éviter le manque de substance dans la valeur d’une femme. Une femme tire sa valeur de ses dispositions intérieures. La Bible n’est pas contre les ornements qui agrémentent l’allure (Gen 24.53). Elle s’en prend plutôt à ceux qui trouvent leur valeur dans leurs bijoux : « [La sagesse] est plus précieuse que les perles, elle a plus de valeur que tous les objets de prix. » (Pr 3.15). Les tresses dont il est question dans 1 Pi 3 étaient constituées de pierres précieuses. Ce n’est pas la beauté qui est à éviter, mais la dépense excessive pour la beauté et l’ostentation. Pierre recommande plutôt…
La poudre au cœur
La parure est cachée, elle se révèle à ceux qui prennent le temps de la découvrir. L’homme qui respecte la femme apprendra à discerner et chérir comme un trésor ce qu’il a découvert. Seul un mariage à vie permet de se découvrir mutuellement. Les marques de la maturité féminine se trouvent dans l’entretien d’un être intérieur agréable, plus que dans l’entretien d’un aspect agréable.
La bonté (3.5-6)
Les exemples du passé
Pierre mentionne Sara comme exemple pour toute femme. Elle est qualifiée de sainte, non parce qu’elle aurait été parfaite (il suffit d’observer son comportement par rapport à sa stérilité), mais parce que sa foi était ancrée en Dieu. Elle a un respect réel d’Abraham, et le manifeste dans sa manière de parler et de se comporter envers lui.
Les opportunités du présent
Beaucoup d’opportunités s’offrent à l’expression de la féminité : dans l’église, dans le foyer, dans la société,… En 1 Timothée 3.11, Paul décrit les qualifications requises pour un ministère féminin : « Les femmes, de même, doivent être respectables, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. » (1 Tim 3.11)
Le présent est vécu sans « aucune crainte » : lorsqu’une femme vit de bonté, pour l’amour de Dieu, que peut-elle craindre ? Lorsqu’avec confiance elle s’abandonne, corps et âme, au mari que Dieu lui a accordé, elle est protégée par sa situation. Elle est gardée dans sa réputation. Elle ne risque pas d’être mal influencée. Elle demeure sereine.
Un homme, un vrai : les marques de la maturité masculine
La Bible est glorieusement pour le développement différencié des sexes. La Bible est pour la féminité, elle est également pour la masculinité. L’homme et la femme, deux êtres de même nature, fondamentalement différents, ont, dans le couple comme dans la société, des rôles différents à jouer. Comme pour la femme, soulignons que la Bible ne définit pas avec précision ces rôles, mais elle en donne des principes, dont l’application variera d’une culture à l’autre.
Un texte clef sur ce thème est Éphésiens 5.25-31 : « Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne, en effet, n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chaAir. »
Aimer comme Christ (5.25-27)
Un commandement
« Aimez votre femme » : 1° Le temps du verbe implique une application continuelle. Les maris doivent aimer en toutes circonstances, même dans les temps de crise du couple. La formule retenue pour célébrer les mariages « pour le meilleur et pour le pire » souligne le poids de la responsabilité de l’homme marié. 2° L’amour de l’homme ne dépend pas de ce que sa femme fait, ni de sa manière de répondre à l’homme. 3° L’amour de l’homme est un commandement auquel il ne peut se soustraire : on le trouve à cinq reprises dans ce texte ! Ce n’est pas une option, mais un devoir. Pourquoi ce devoir est-il plutôt imposé à l’homme qu’à la femme ? Difficile à dire, mais c’est au centre de sa vocation de mari.
Une image
Paul désire que nous, les maris, « imitions » ce que Christ a fait pour l’Église. Christ a aimé l’Église d’un amour inconditionnel (Rom 5.8), volontaire (Deut 7.7), intense (Jean 13.1), perpétuel (Rom 8.39), désintéressé (Phil 2.6-7). La qualité de l’amour d’un homme envers sa femme doit s’approcher de la qualité de l’amour du Christ envers l’Église. Les hommes, lorsqu’ils se marient, doivent savoir qu’ils se livrent à leur femme. Ils renoncent à certains aspects de leur vie pour le bien-être de leur épouse. Ils prennent la décision de ne jamais laisser quoi que ce soit devenir prioritaire par rapport à leur épouse. L’amour du Christ envers l’Église est un amour constructif : il cherche à l’édifier et promet de la faire paraître parfaite un jour. L’amour d’un homme pour sa femme doit également être constructif : il a l’objectif de faire progresser la personnalité, les talents, l’engagement, la vision, la vie intérieure, le ministère de son épouse.
Aimer comme soi-même (5.28-30)
Un commandement
« Les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. » Cette fois-ci, la comparaison porte sur son propre corps. Quand nous sommes malades, nous cherchons à soulager les parties malades du corps, à prendre soAin d’elles. Le même type de soin doit s’appliquer à l’épouse. Les maris refuseront de laisser libre cours à leur égoïsme naturel qui viendrait briser cette relation.
Une image
Paul fait appel à une image : le corps humain est une image de l’Église. La relation du Christ avec l’Église, son corps spirituel, est une relation d’autorité spirituelle.
Toutefois, il n’est pas d’abord prescrit à l’homme de commander — il lui est d’abord demandé d’aimer. Mais sa position implique une responsabilité, celle de se montrer un « chef bienveillant ». Là encore, le modèle est Christ : il s’est occupé de son « corps », l’Église, en donnant sa vie pour elle (Mat 20.25-28), et en se mettant au service des siens (Jean 13.1-5).
Aimer comme une colle (5.31)
« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. » Le terme grec traduit par « s’attacher » veut littéralement dire « coller », avec une portée sexuelle explicite. La caractéristique d’une bonne colle, c’est d’unir sans qu’il soit possible de séparer. Une image idéale du mariage !
Une deuxième caractéristique d’une bonne colle, c’est d’unir deux objets sans qu’il soit possible d’y intercaler quoi que ce soit d’autre. En bref, la Bible parle de pureté au sein du mariage (Héb 13.4).
Cette image à deux aspects. L’un positif : il faut déborder d’imagination pour apprendre à créer une union mutuellement satisfaisante. L’autre négatif : il interdit à toute autre présence de s’installer entre les époux, ce qui trahirait l’alliance du mariage. Dénonçons quelques mythes trompeurs à propos de l’adultère :
– Se croire à l’abri de ce piège : le plus sûr moyen d’y tomber un jour. C’est typiquement « l’orgueil qui précède la chute » (Pr 16.18).
– Croire que l’adultère n’aura pas d’influence sur notre vie ou notre foyer : là encore un redoutable mensonge. Si Dieu pardonne le péché, les conséquences de la chute peuvent être coûteuses. Une vie conjugale brutalement jetée à terre ; des enfants en grand désarroi.
– Croire qu’une autre femme apportera une satisfaction supérieure. Comment l’égoïsme serait-t-il la base d’une union viable ?
Dans notre civilisation, l’appel à la pureté est une priorité. Il nous incombe, à nous les hommes, de nous entraider, de nous encourager et de lutter pour vivre à ce niveau. De cela aussi dépend le succès de notre vie d’époux capables d’aimer selon l’exemple de Christ.
* * *
Comment définir une femme, une vraie ? Elle s’abandonnera pour le bien des autres, elle se fera remarquer par sa piété, sa bonté et son absence de crainte.
Comment définir un homme, un vrai ? Il décidera d’aimer sa femme, il refusera de laisser libre cours à son égoïsme et restera fidèle.
À la lumière de cette étude, la question se pose à chacun, homme ou femme : où en sommes-nous dans notre croissance en Christ vers la maturité masculine ou féminine ?
- Edité par Varak Florent
Depuis que la Révolution française (et toutes celles qui lui ont emboîté le pas) a haussé l’égalité au rang de valeur laïque absolue, les humanistes ont eu l’occasion de découvrir que dure était la traduction dans les faits de cette belle idée. Certains individus « plus égaux » que les autres n’ont pas attendu pour imposer leurs lois et leurs ambitions totalitaires au nom de l’égalité. Les désastres des utopies égalitaristes ont forcé les penseurs à nuancer le concept d’égalité, de manière à limiter son application abusive. Ils ont dû faire de même pour les concepts de liberté, de justice sociale, de bonheur du genre humain, etc.
D’un point de vue biblique, l’égalité de chaque être humain devant Dieu ne fait aucun doute : tous sont issus du même sang, tous sont affectés par le péché originel, tous sont pourtant aimés de Dieu, tous sont appelés à revenir à leur Créateur et à se laisser sauver par lui, en Jésus-Christ. Car, chose bouleversante, Dieu, dans sa suprématie universelle, n’aspire pas à écraser l’homme rebelle, mais à parvenir à une communion d’amour avec ses enfants d’adoption, jusqu’à les rendre semblables à lui (1 Jean 3.1-2).
Pour nous chrétiens, vivre en tenant compte de cette égalité-là ne manque pas de poser des problèmes d’application, surtout dans nos relations interpersonnelles. Mais la Bible nous éclaire. Gardons-nous d’aborder l’égalité à la manière de Satan. C’est la voie de l’orgueil revendicateur, violent et stérile : « Je monterai sur les sommets des nues, je serai semblable au Très-Haut ! » (És 14.14)
Le modèle pour vivre l’égalité est en Christ. C’est la voie de l’humilité, de la soumission volontaire et aimante, qui mène à la vie véritable : « Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus : lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas considéré comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé… » (Phil 2.5-9a ; cf. v. 3-5 ; Jean 1.1-3 ; 5.17 et ss.)
C’est en regardant au Maître que réside la vraie révolution dans l’approche de l’égalité au quotidien, dans le renouvellement de notre mentalité.
- Edité par Pfenniger Claude-Alain
Tant notre Seigneur Jésus que l’apôtre Paul se réfèrent à des détails historiques de Genèse 1 à 3 pour étayer leur enseignement sur le rôle des femmes par rapport à celui des hommes dans le foyer et dans l’assemblée. Regardons plus en détail six textes qui sont utilisés dans le N.T.
1. Genèse 1 : Hommes et femmes, images de Dieu
Le premier chapitre de la Genèse décrit comment Dieu a créé les êtres vivants et leur habitat. Le chapitre culmine au v. 27 où Dieu crée « l’homme à son image — homme et femme ». Qu’implique cette image ? Quelles en sont les conséquences ? On a beaucoup écrit sur cette imago Dei, mais la plupart des commentateurs chrétiens sont d’accord pour dire que nous, les humains, ressemblons à Dieu, et que cette image nous rend différents du reste de la création. Il y a au moins trois domaines où nous ressemblons à Dieu.
a. Adam et Eve comme individus
Il est des domaines, comme la créativité, la spiritualité, la moralité, la capacité à établir des relations, à penser, à se réjouir, etc. où les hommes et les femmes sont conjointement l’image de Dieu. Sous d’autres aspects, peut-être l’un des sexes reflète-t-il mieux l’image de Dieu que l’autre : la tendresse, les soins et l’affection sont généralement mieux exprimés par les femmes.
b. Adam et Eve comme couple
Nous ressemblons aussi à Dieu ensemble, dans la relation homme-femme. En Dieu existent éternellement des relations entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il y a aussi un ordre dans la trinité (1 Cor 11.3). En tant que couple, Adam et Eve furent aussi créés pour refléter ces aspects de relation et d’ordre. Ensemble aussi, comme homme et femme, nous sommes appelés à multiplier, soumettre la terre et exercer la domination sur la création. Ensemble, nous sommes bénis par Dieu.
c. Adam comme homme
L’apôtre Paul explique que l’homme (et non la femme) « est l’image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme » (1 Cor 11.7). Paul utilise le terme « image » dans un sens différent qu’en Genèse 1, où les êtres humains sont « l’image » de Dieu dans un sens général et sous des aspects variés. En 1 Cor 11, Paul se réfère à un aspect particulier de cette « image générale », propre à l’homme. Cette image découle de l’analogie de relations entre Adam et Eve d’une part, Dieu et Christ d’autre part : « le chef de la femme est l’homme, et le chef de Christ est Dieu » (1 Cor 11.3). Dieu constitue la « tête » dans une relation entre égaux ; de même, l’homme est la « tête » dans une relation entre égaux. Dans ce sens, l’homme (et non la femme) est l’image de Dieu.
Avant de passer au chapitre suivant, notons que Genèse 1 dit que nous sommes créés à l’image de Dieu, mais n’explique pas vraiment ce que cela signifie. Tout au plus, cela évoque la nécessité d’unité, de collaboration et de coopération entre hommes et femmes. Mais il n’y a rien qui suggère des rôles égaux ou différents pour l’homme et la femme.
2. Genèse 2 : Adam créé avant Ève
En 1 Timothée 2.12, Paul explique qu’il ne permet « pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme; mais elle doit demeurer paisible. Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite ». L’ordre dans lequel les choses furent créées est-il si important ? Certainement, Dieu aurait pu créer l’homme et la femme en même temps. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Et pourquoi ce « détail » est-il mis en avant quand il s’agit de définir l’autorité dans l’église ? Dans la pensée de Dieu, le premier-né d’une famille avait une place spéciale. Dans l’A.T., le fils aîné héritait d’une double portion et, à la mort de son père, remplaçait celui-ci comme chef de famille.
Le thème de l’autorité et de la responsabilité du premier-né est également développé en Col 1.15-18 en relation avec notre Seigneur Jésus. Christ est présenté comme « le premier-né de toute la création », celui qui est « avant toutes choses » et qui est « la tête du corps, de l’Église », « le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier ». Le fait que l’homme ait été créé avant la femme est par conséquent riche de sens. Dès le commencement, Dieu avait en vue une fonction spéciale pour les hommes et une fonction spéciale pour les femmes.
Si l’ordre de la création fait sens, les animaux ont-ils alors, dans une certaine mesure, autorité sur les êtres humains parce qu’ils ont été créés les premiers ? Non, car ils n’appartiennent pas à l’espèce humaine. L’autorité de l’homme sur eux se montre par le fait que Dieu a donné à l’homme le privilège et la responsabilité de les nommer.
3. Genèse 2 : Ève prise d’Adam
La formation d’Ève à partir d’une côte d’Adam souligne probablement l’égale valeur de chacun d’eux. Ils ont été faits de la même substance. Cette idée est confirmée par la réaction enthousiaste d’Adam quand il rencontre Ève pour la première fois : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! ». Mais l’apôtre Paul utilise cet acte de Dieu pour fonder la position de l’homme comme « tête » dans le couple, et pour justifier les fonctions différenciées que Dieu réserve à chaque sexe : « En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme. » (1 Cor 11.8) Quel est le raisonnement de l’apôtre ?
Dans la pensée de Dieu, il y a une association entre origine et autorité. Cette idée est appliquée à notre Seigneur Jésus : « En lui ont été créées toutes les choses. Tout a été créé par lui et pour lui. » (Col 1.16) Nous retrouvons le même principe dans les relations de famille : les enfants tirent leur origine de leurs parents et ces derniers exercent leur autorité sur eux tant qu’ils sont à la maison (Éph 6.1-2). Telle est probablement la ligne de pensée de Paul en 1 Corinthiens 11. Adam est la source de laquelle Ève (et à travers elle le reste de l’humanité) a tiré son origine ; c’est pourquoi Adam a reçu une place d’autorité1 .
Anticipant les abus possibles de cette autorité associée à l’origine, Paul ajoute immédiatement : « Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme. Car, de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme existe par la femme, et tout vient de Dieu. » (1 Cor 11.11-12) Le fait qu’après Adam tous les hommes soient nés d’une femme est le rappel constant que les hommes et les femmes ont besoin l’un de l’autre, qu’ils dépendent l’un de l’autre et qu’ils sont d’égale valeur. De même, le fait que Dieu ait choisi de créer Eve à partir d’Adam est un rappel symbolique constant que Dieu, dès le commencement, avant que le péché soit entré dans le monde, avait assigné un rôle spécial aux hommes.
4. Genèse 2 : Ève créée pour être l’aide d’Adam
Adam éprouvait une forme de manque. Dieu attendit jusqu’à ce qu’il se sente seul. Alors il créa une femme pour être sa compagne et sa collaboratrice. Dieu dit : « Je lui ferai une aide qui lui corresponde. » (Gen 2.18) Le mot hébreu traduit ici par « aide » est aussi utilisé maintes fois pour décrire Dieu comme l’« aide » d’Israël2
Parallèlement, en Genèse 2, il est évident qu’Ève a été créée pour aider Adam, sans pour autant obtenir une autorité sur lui. Paul, inspiré par le même Esprit que celui qui avait inspiré le texte de la Genèse, le confirme : « L’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. » (1 Cor 11.9) Ève a été faite pour le bien d’Adam et non le contraire. Adam et Ève travaillaient comme une équipe de partenaires d’égale valeur, où Ève était appelée une « aide ». Avant la chute, hommes et femmes avaient été créés avec des rôles différents et complémentaires
.
5. Genèse 3 : Ève a été trompée et non Adam
En Genèse 3, un serpent « rusé » s’approcha d’Ève et lui suggéra de manger du fruit défendu. Elle mangea, en donna à Adam et il mangea. Quelle différence y a-t-il entre le péché d’Ève et celui d’Adam ? L’apôtre Paul explique qu’Ève a été trompée et non Adam : « Adam n’a pas été séduit, mais la femme, séduite, s’est rendue coupable de transgression. » (1 Tim 2.14) Adam était-il moins pécheur ? De toute évidence, non ! A tout prendre, il était plus coupable parce qu’il pécha sciemment, sans être trompé. C’était une rébellion consciente.
Certains suggèrent que Paul ne veut pas qu’une femme enseigne ou prenne de l’autorité sur l’homme parce que les femmes sont plus crédules ou plus faciles à tromper que les hommes. Ce n’est pas la pensée de Paul, puisque par ailleurs il encourage les femmes âgées à enseigner les jeunes femmes (Tite 2.3,4). Du reste, les hommes eux aussi sont tentés et pèchent !
Le dénouement de l’épisode de la Chute ne remet pas en question l’autorité conférée à Adam :
– Après que les deux ont mangé du fruit défendu, c’est Adam qui doit comparaître le premier devant Dieu (3.9). Même si Ève a péché la première, Adam, en tant que « tête », doit répondre d’abord.
– Quand Dieu voulut parler, il choisit Adam. Satan choisit d’approcher d’abord Ève. Adam était-il auprès d’elle quand cela eut lieu (Gen 3.6) ? Ève choisit de dialoguer directement avec le serpent et prit alors l’initiative de manger du fruit. Les actes de Satan et d’Ève montrent leur indifférence quant au rôle de « tête » d’Adam.
– Ève est-elle responsable de l’entrée du péché dans le monde ? La réponse de l’apôtre est claire : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort. […] La mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. » (Rom 5.12,14) Bien qu’Ève ait péché la première, c’est Adam, en tant que représentant de la race humaine, qui est tenu pour responsable collectif.
6. Genèse 3 : Ève et Adam punis par Dieu
Après qu’Ève et Adam eurent péché, Dieu maudit le serpent et la terre, et punit l’homme et la femme. Les effets de cette punition affectent, entre autres, trois domaines :
a. Les effets de la punition de Dieu sur les hommes
Dieu accusa Adam de deux mauvaises actions :
– il avait « écouté la voix de sa femme » : c’est-à-dire qu’il avait suivi passivement, au lieu de protéger sa femme en exerçant une autorité selon Dieu ;
– il avait « mangé de l’arbre » : c’est-à-dire qu’il avait choisi de désobéir à l’interdiction positive de Dieu.
Quelle fut la malédiction ? Des ronces et des épines croîtraient désormais pour rendre le travail d’Adam plus difficile. Notons que le travail en lui-même n’est pas une malédiction (comme le pensent certains paresseux !) ; en Gen 2.15, avant la chute, « l’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder ».
-> Le péché d’Adam et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : le travail.
b. Les effets de la punition de Dieu sur les femmes
En punissant la femme pour sa mauvaise action, Dieu dit : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur. » (3.16) Donner naissance à des enfants n’était pas une punition, car Dieu avait demandé de « fructifier et de multiplier » avant la chute (Gen 1.28). La punition d’Ève était la douleur liée à l’enfantement.
-> Le péché d’Ève et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : l’accouchement.
c. Les effets de la punition de Dieu sur la relation homme-femme
La seconde punition sur la femme a affecté les deux : « Tes désirs se porteront vers ton mari, mais, il dominera sur toi. » Que signifient les mots « désirs » et « dominer » ? Au chapitre suivant, Dieu utilise les mêmes termes quand il dit à Caïn : « Le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. » (Gen 4.7) Peut-être dans ce contexte, le « désir » signifie une tendance à contrôler et « dominer », gouverner, être le maître dans un sens fort. La rivalité s’est introduite dans la relation homme-femme.
-> Le péché d’Adam et Ève et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : l’autorité aimante et protectrice de l’homme dans la relation mari-femme.
Conclusion
Genèse 1 enseigne que Dieu avait conçu l’homme et la femme pour travailler ensemble, comme une équipe d’êtres humains d’égale valeur, créés tous deux à l’image de Dieu. Genèse 2 met en évidence que les hommes et les femmes sont égaux, mais avec cependant des rôles différents : Dieu a donné à l’homme la responsabilité d’exercer l’autorité et à la femme la responsabilité d’aider. Aux yeux du Créateur, l’homme, la femme et leur relation étaient toutes « très bonnes ». Genèse 3 décrit comment le péché est entré et a déformé la bonne création originelle de Dieu. Ce n’est pas la chute qui donne à l’homme et la femme des rôles différents, mais la chute est la raison qui les rend plus difficiles à vivre.
Ces textes de la Genèse forment ainsi le fondement de notre compréhension des relations hommes-femmes. Toutefois, ils ne sont pas tout l’enseignement biblique sur ce sujet et, à leur lumière, il nous appartient de chercher dans tout le reste des Écritures d’autres textes, d’autres exemples, pour vivre ces relations selon Dieu.
1Le lien entre la formation d’Ève de la côte d’Adam et l’autorité d’Adam sur Ève n’est pas évident dans le texte de Genèse 2. En effet, Adam n’a pas été directement responsable de la création d’Ève : il dormait et c’est Dieu qui a tout fait (Gen 2.21-22). La relation entre origine et autorité se discerne surtout dans ce texte par le fait qu’Adam reçoit l’autorité pour donner un nom à sa femme : Ève (Gen 2.23b).
2Voir, parmi d’autres citations : Deut 33.7,26,29 ; Ps 33.20 ; 121.2.
- Edité par Nunn Philip
« Femmes, soyez soumises à vos propres maris. » (Éphésiens 5.22)
Parler de soumission est difficile, car se soumettre n’est pas naturel à l’être humain, homme ou femme. De plus, parler de la soumission de la femme ajoute une difficulté, car la condition de la femme est extrêmement variable d’un pays à l’autre, d’un milieu socio-culturel à l’autre, même au XXIe siècle.
En lisant cet article, gardez donc à l’esprit qu’il a été écrit par une femme occidentale, née dans la deuxième moitié du XXe siècle, chrétienne et mariée à un mari aimant qui partage la même foi.1
Mais bien sûr, ce ne sont ni mon vécu, ni l’apparent bien-être de la plupart des femmes occidentales qui peuvent servir de référence en la matière, mais uniquement la Parole de Dieu, seule norme sûre. Et quand on cherche à comprendre sincèrement ce que la Bible dit de la soumission, on est surpris de constater que celle-ci est source d’épanouissement et non de contrainte !
Ce que la soumission n’est pas
Avez-vous déjà remarqué l’attitude de certaines femmes quand Éphésiens 5.22 est lu à l’occasion d’un mariage ? On a l’impression de lire dans leurs pensées : « Ça y est ! on va y avoir droit ! » Peut-être certains assimilent-ils la soumission à la sujétion, la subordination, l’oppression, l’obéissance servile, c’est-à-dire à tout ce qu’elle n’est pas !
En effet, on ne soumet pas quelqu’un. Se soumettre signifie se mettre volontairement en dessous ; la soumission est donc un choix librement décidé devant Dieu.
La soumission pour tous
« Soumettez-vous les uns aux autres. » (Éph 5.21)
Il n’est pas réservé aux femmes de se soumettre : Dieu, par la plume de l’apôtre Paul, le demande à tous les chrétiens. Le Seigneur Jésus, qui, de toute éternité, était dans le ciel l’égal de Dieu le Père, en s’incarnant, s’est soumis à son Père (Phil 2.5-8). Prenons exemple sur lui !
Soumission = infériorité ?
Non ! Devant Dieu, en Christ, dans la nouvelle création, homme et femme ont la même valeur (mais pas la même fonction).
Se soumettre à son mari consiste donc à reconnaître l’ordre établi par Dieu, d’abord lors de la création (l’homme a été créé le premier), puis lors de la rédemption : le Christ est le chef de l’Eglise, de même le mari est le chef de sa femme (1 Cor 11.3) ; dans ce sens, il prend soin d’elle et la protège. Ainsi cette soumission est grandement facilitée par l’amour du mari pour sa femme.
La soumission de la femme n’est donc pas l’acceptation d’un rôle inférieur.
Soumission et autorité
L’autorité déléguée par Dieu doit toujours s’exercer dans l’intérêt de ceux pour lesquels elle a été donnée, et non de manière égoïste — qu’il s’agisse d’un mari, d’un père ou d’une mère, d’un chef dans le travail, etc. L’autorité n’a donc rien à voir avec l’autoritarisme ou la tyrannie.
Dans le couple, l’attitude du mari devrait être toujours empreinte d’amour (Éph 5.25), selon l’exemple suprême de l’amour de Christ pour son Eglise. Son but principal deviendra le plein épanouissement de la personnalité de sa femme. Alors se soumettre à un tel mari conduira à la liberté.
Des limites à la soumission ?
Toute autorité est donnée par Dieu et est liée à la position de la personne, à sa fonction, et non à son caractère ou à ses qualités2. Néanmoins, le pouvoir d’une personne détenant une autorité n’est pas illimité. Il nous est par exemple demandé de nous soumettre aux autorités aussi longtemps que cette obéissance n’entraîne pas une désobéissance envers Dieu (Act 5.29).
Alors, me direz-vous, si mon mari n’est pas chrétien, je n’ai pas besoin de lui être soumise ? Ce n’est pas si simple ! On voit trop de femmes qui, dès lors qu’elles se tournent vers le Seigneur, s’affranchissent complètement de l’autorité de leur mari, s’imaginent que, parce qu’elles ont trouvé une relation directe avec Dieu, elles n’ont aucun compte à rendre à leur mari incrédule. Ce n’est pas ainsi qu’elles le « gagneront » (1 Pi 3.1-2 ; 1 Cor 7.16).
Leur mari détient toujours une autorité lui venant de Dieu, et si, en l’exerçant, il n’amène pas sa femme à désobéir à Dieu3 , celle-ci devrait s’y soumettre — même si c’est évidemment beaucoup moins facile que de se soumettre à un mari partageant la même foi, et donc se soumettant lui-même à Dieu.
Conclusion
Jésus, par son œuvre, a amené les êtres humains dans la liberté. S’il demande aux femmes de se soumettre à leur mari, ce n’est donc pas pour leur remettre un joug qu’il est lui-même venu enlever. Alors cherchons à vivre cette soumission positivement, en étant persuadées qu’elle est pour notre épanouissement.
Et vous maris, ne cherchez pas à soumettre vos épouses — ce n’est pas ce que le Seigneur fait avec ses rachet&eacu te;s — mais aimez-les en cherchant leur bonheur avant tout !
1Pour écrire cet article, je me suis beaucoup inspirée du livre de John Stott, La lettre aux Ephésiens : vers une nouvelle société.
2C’est ainsi que Paul demande aux chrétiens de Rome de se soumettre aux autorités, sachant qu’à l’époque régnait l’empereur Néron, dont ni la personne ni la conduite n’étaient estimables ! (Rom 13.1-2,5-7)
3L’exemple d’Abigaïl est très instructif : quand elle comprend que son mari a agi contre l’oint de Dieu et que David, en se vengeant, se portera tort à lui-même, alors elle s’oppose à son mari mais fait preuve d’une grande sagesse en ne le prenant pas de front, ce qui aurait certainement déclenché une violente colère chez Nabal ; l’intervention d’Abigaïl « sauve » David et, plus tard, c’est Dieu lui-même qui s’occupe du sort de Nabal.
- Edité par Prohin Anne
Christophe Argaud travaille en région parisienne dans un groupe international, tout en s’impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église et dans diverses rencontres, en particulier pour les jeunes. Il est marié et père de trois enfants. |
La structure symétrique du prologue
L’Évangile selon Jean ne débute pas, comme les évangiles synoptiques, par les scènes de la nativité ou par le commencement du ministère de Jésus, comme les Évangiles synoptiques, mais par une introduction magistrale qui, telle une ouverture musicale, décline les uns après les autres les grands thèmes de l’évangile.
On peut voir dans ce prologue (1.1-18) une construction particulière appelée « chiasme » où chaque thème, placé de manière symétrique, pointe vers le thème central, clef de voûte de l’édifice.
Le schéma suivant visualise cette construction : (A) Dieu avec Dieu : Cher Lecteur,……………………..(A’) Dieu avec Dieu
Le logos avec Dieu (v. 1-2)…………………….. Le Fils avec le Père (v. 18) (B) Dons aux hommes ………………….. (B’) Dons aux hommes (v. 3-5)……………………………………………..(v. 16-17) (C) Témoignage de………………. (C’) Témoignage de
Jean-Baptiste (v. 6-8) ………….Jean-Baptiste (v. 15)
(D) Venue de la Parole….. (D’) La Parole
dans le monde (v. 9-10)…..incarnée(v. 14) (E) Rejet ou acceptation de la Parole (v. 11-13)
Cette structure n’est pas anodine, car le thème central du prologue est aussi celui de l’Évangile (20.31).
Et, en même temps, le rejet ou l’acceptation de la Parole (E) sont basés sur ce qui précède, à savoir : (A) ce que la Parole est,
(B) ce qu’elle a donné aux hommes,
(C) le témoignage des hommes,
(D) sa vie parmi les hommes. Tout comme l’Évangile selon Jean dans son ensemble, ce prologue surprend par le contraste entre la simplicité des mots utilisés et la profondeur de son contenu. La suite de l’Évangile en sera le développement.
(A) et (A’) : Dieu avec Dieu
(A) : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » (v. 1-2)
– Les arrière-plans grecs et juifs sont importants pour comprendre le terme grec « logos » (traduit par « parole » ou « verbe » en français). Pour les Grecs, le logos est la raison divine ou cosmique qui donne la cohésion au monde. Pour les Juifs, le logos renvoie à la sagesse qui a créé le monde et le soutient (Prov 8.23-26). Le fait que Jésus soit identifié au logos est donc un message fort pour ces deux cultures.
– La « Parole » était : l’imparfait suggère l’éternité, et s’oppose au passé simple employé dans les v. 3 et 14, quand la parole entre dans l’histoire par la création et l’incarnation.
– « Au commencement » renvoie à Genèse 1 et souligne qu’au moment de la création, la Parole existait déjà.
– Elle « était avec Dieu » et elle « était Dieu ». Le logos est distinct de Dieu et il est en même temps Dieu, dans une intimité unique et éternelle avec lui.
(A’) : « Personne n’a jamais vu Dieu. Dieu le Fils unique, qui vit dans le sein du Père, nous l’a fait connaître. » (v. 18)
– Ce verset distingue le Fils de toute création et exprime la relation étroite du Fils avec le Père. Et c’est ce logos-Fils qui a « fait l’exégèse de Dieu ». Il a expliqué, interprété, raconté la nature profonde de Dieu, ainsi rendu visible et accessible : « Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et celui à qui le Fils voudra le révéler. » (Matt 11.27)
(B) et (B’) : Dons aux hommes
(B) : « Toutes choses furent faites par elle, et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise. » (v. 3-5)
– La Parole entre dans l’histoire par la création. Créatrice au même titre que Dieu, elle donne aux hommes vie et lumière. La vie physique (« en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » dira Paul en Actes 17.28), temporelle, préfigure la vie éternelle, thème majeur de l’Évangile. La lumière, première création de Dieu, représente dans l’A.T. la révélation de Dieu qui guide l’homme dans sa destinée et lui apporte la vie : « En toi est la source de la vie, en ta lumière nous verrons la lumière. » (Ps 36.9) Jésus s’identifie à cette lumière, en lui donnant une portée universelle : il est la « lumière du monde » (Jean 8.12).
– La lumière est supérieure aux ténèbres : les ténèbres n’ont pas enveloppé, circonscrit, vaincu la lumière. La lumière l’a emporté sur toutes les forces du mal, présentes dans le monde visité par le logos. Jean anticipe la fin de l’Évangile, avec le Calvaire et la résurrection.
(B’) : « Car, de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce. Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité vinrent par Jésus-Christ. » (v. 16-17)
– Jésus-Christ comble l’homme de richesses que la loi ne pouvait donner. Étant plénitude, il ne donne pas avec mesure : nous avons en effet reçu « une grâce après l’autre ». Ce ministère de la grâce, incarné par Jésus-Christ, dépasse celui de la loi, incarné par Moïse. Augustin a commenté le rapport entre loi et grâce dans cette formule célèbre : « La loi a été donnée pour que la grâce soit recherchée ; la grâce est venue pour que la loi soit accomplie. » La grâce qui accompagne la vérité n’est pas du laxisme — et la vérité nous est supportable car elle est alliée avec la grâce.
(C) et (C’) : Témoignage de Jean-Baptiste
(C) : « Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Celui-ci vint pour rendre témoignage de la lumière, afin que tous croient par lui. Lui n’était pas la lumière, mais pour rendre témoignage de la lumière. » (v. 6-8)
(C’) : « Jean rend témoignage de lui, et a crié, disant : C’était celui duquel je disais : Celui qui vient après moi prend place avant moi ; car il était avant moi. » (v. 15)
– Le témoignage de Jean-Baptiste est un point essentiel de l’Évangile (1.19,32,34 ; 3.26 ; 5.33). Il était là pour que tous croient en Jésus-Christ, et un beau témoignage est rendu a posteriori à sa mission : « Plusieurs vinrent à Jésus et disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci étaient vraies. Et plusieurs crurent là en lui. » (10.41-42) Jean n’était pas la lumière, mais seulement un témoin de la lumière ; de même nous ne sommes pas non plus des modèles à imiter ou des références, mais nous montrons simplement Celui qui seul est lumière. Quand Jean-Baptiste a continué à baptiser alors que Jésus avait lui aussi commencé à le faire (3.22), leurs deux ministères se « télescopent », et Jean se rend compte qu’il pourrait retenir ses disciples d’aller à Jésus-Christ. C’est à ce moment qu’il constate « qu’il faut que lui croisse, et que moi je diminue » (3.30).
(D) et (D’) : La Parole incarnée
(D) : « La vraie lumière était celle qui, venant dans le monde, éclaire tout homme. Il (le logos) était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne l’a pas connu. » (v. 9-10)
(D’) : « Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité. » (v. 14)
– « La lumière venant dans le monde », « la Parole devint chair » : on ne peut guère trouver de formulations plus concises de l’incarnation. Jésus n’est pas simplement apparu comme un homme : il est devenu homme. Jean choisit à dessein le terme le plus explicite qui soit (« chair »), pour démontrer l’humanité de Christ.
– La Parole « planta sa tente » (litt.) parmi nous, de la même manière que Dieu habitait au milieu de son peuple (Ex 25.8-9), mais avec la différence que Jésus était accessible par tous et en tout temps. Le rêve que Salomon osait à peine caresser (« Mais Dieu habitera-t-il vraiment sur la terre ? ») est réalisé.
– Cependant, l’accessibilité de Jésus ne lui ôte pas sa gloire, gloire liée à celle de Dieu (Jésus était « en forme de Dieu »). Cette gloire est plénitude de « grâce et de vérité », deux notions qui ne peuvent être comprises dans leur pleine dimension en dehors de la vie de Jésus-Christ. Chaque scène de l’Évangile montre à quel point Jésus les a incarnées : ses rencontres avec la femme samaritaine (la grâce : « Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire, moi qui suis une femme samaritaine ? » et la vérité : « celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ») et avec la femme adultère (la grâce : « Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre sur elle » et la vérité : « Va, dorénavant ne pèche plus ») en sont deux exemples.
(E) Rejet ou acceptation de la Parole
(E) : « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (v. 11-13)
– Le point central du texte porte sur le rejet ou l’acceptation de Jésus-Christ. On ne peut adopter d’attitude neutre : soit nous croyons en lui, soit nous le rejetons. Ceux qui croient deviennent « enfants de Dieu ». Ce n’est pas parce que nos parents ou ancêtres sont chrétiens que nous le devenons : Dieu n’a pas de petits-enfants !
– Être « enfants de Dieu » est la réponse de Dieu à notre foi en Jésus-Christ, et non le résultat d’une décision humaine, comme le choix de vouloir un enfant.
– « Croire » en Jésus-Christ n’est pas simplement une démarche intellectuelle ou un élan de confiance inspiré par les paroles et la personne de Jésus. Il s’agit d’une démarche essentiellement volontaire, qui est l’aboutissement des pas de foi intellectuel et affectif qui la préparent. Or nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes pour prendre cette décision : le prologue nous rappelle que Jésus est Dieu, qu’il nous a comblés de bienfaits que nul autre ne pouvait apporter, et qu’il a partagé notre condition d’homme pour nous expliquer Dieu. Jean-Baptiste, mais également Nathanaël, Pierre, l’aveugle-né, Marthe et Thomas ont reconnu Jésus comme Messie et l’ont annoncé aux hommes, et Jean a consigné leur témoignage. Une foule de témoins s’est ajoutée à travers les âges, certains d’entre eux ont profondément souffert ou sont même morts martyrs.
Tout cela rend la décision de recevoir Jésus-Christ capitale — et sensée. Mais si la décision est négative, aucun lecteur de l’Évangile ne pourra honnêtement prétexter que l’identité de Christ ne lui a pas été clairement dévoilée.
- Edité par Argaud Christophe
13 ans — c’était la durée moyenne d’un mariage en France au Moyen Age : les maris mouraient à la guerre, les femmes décédaient en couches ; les uns et les autres subissaient les épidémies, les maladies, les famines…
13 ans — c’est la durée moyenne d’un mariage en France en ce début du XXIe siècle : la même qu’il y a sept cents ou huit cents ans. Les décès lors d’une naissance sont devenus rarissimes, le territoire national n’a plus connu de guerre depuis plus de soixante ans, les traitements médicaux ont permis d’augmenter considérablement l’espérance de vie. Mais les divorces se sont multipliés : le taux de divorce dépasse désormais les 50 %
Ensemble pour la vie, c’est-à-dire pour 40 ans, 50 ans, voire plus, étant donné l’allongement de la durée de la vie ? Cela semble inconcevable, irréalisable, utopique, à la plupart de nos contemporains. Le « oui » prononcé devant le maire est devenu implicitement un « oui, mais », un « oui, pour le moment », un « oui, à condition que ». On veut croire au grand amour, absolu, définitif, mais on se dit tout bas qu’il ne s’agit que d’un mythe. Et dès que les différences deviennent des fardeaux trop pesants, on jette l’éponge. 13 ans, c’est déjà bien, après tout !
Nous, chrétiens, ne trancherons jamais autant qu’en décidant fermement que notre mariage est pour la vie. Au lieu d’être effrayés à l’avance par cette longue route ensemble qui s’ouvre pour des décennies, nous compterons sur la grâce de Dieu pour développer au fil du temps un amour approfondi par les expériences partagées, dans l’acceptation toujours plus complète de l’autre. Et ces différences, loin d’être vues comme des obstacles, seront reçues comme une richesse. D’ailleurs, en vieillissant l’un à côté de l’autre, n’ont-elles pas tendance à s’estomper ?
- Edité par Prohin Joël
Articles par sujet
abonnez vous ...
Recevez chaque trimestre l’édition imprimée de Promesses, revue de réflexion biblique trimestrielle qui paraît depuis 1967.