PROMESSES
de 590 à 1517
INTRODUCTION GENERALE AU PROCHE-ORIENT
La riche histoire du christianisme au Moyen Âge mérite plus de trois pages ! Il a donc fallu choisir de séparer les aspects occidental et proche-oriental. Le premier ayant été traité dans l’article précédent, voici maintenant le second. Pour les différencier des chrétiens « catholiques » de l’Ouest, on appelle les chrétiens de l’Est les « orthodoxes ». Cette dénomination se justifie par le fait que le christianisme débuta à l’Est (Proche-Orient). Durant de longs siècles, les chrétiens y furent plus nombreux.
Jusqu’au IVe s., le mouvement chrétien est minoritaire dans tout l’Empire romain (parties occidentale et orientale). La « conversion » du général Constantin en 312, puis son ascension à la position d’empereur projettent le christianisme au rang de religion légale en 313 dans tout l’Empire. A partir de là, le christianisme oriental et le pouvoir politique impérial romain font intimement route ensemble. Ce mariage politico-religieux proche-oriental perdure jusqu’à la destruction de l’Empire d’Orient à Constantinople, en 1453. Or, dans un couple, pour comprendre l’un, il faut aussi connaître l’autre ! Par conséquent, cet article traite des deux « partenaires » et de la complexité de leur histoire.
L’Empire romain est divisé en deux institutions (occidentale et orientale) en 285 par l’Empereur Dioclétien, parce que l’Empire est devenu impossible à contrôler efficacement depuis Rome. Cette division accentue encore des différences d’origine, d’influence, de culture, de langues (latin et grec), et — en ce qui concerne les chrétiens — de vocabulaire théologique. Constantin abandonne Rome pour faire de Byzance sa capitale en 330 ; il la nomme Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Il se sent appelé par Dieu à assumer la responsabilité de « guider » les chrétiens grecs vers leur destin spirituel ! L’unité de l’Empire ne dure pas au-delà de 395 à cause de l’incompétence des leaders politiques (appelés « Césars » ou « Empereurs ») des deux secteurs de l’Empire. Chaque partie suit son propre destin de 285 à 395.
Avec la fin politique de la partie occidentale de l’Empire en 476, par le sac total de Rome par des Barbares, Constantinople se considère l’héritière politique, spirituelle et culturelle de Rome. Elle se considère plus raffinée, plus civilisée, plus sécurisée que la Rome décadente et brisée ; de plus, elle est sans conteste une ville plus grande et plus belle, et constitue le centre intellectuel et architectural du monde.
Les pauvres papes romains sont alors obligés de prendre en main le destin des miettes de l’ex-Empire occidental dont la décomposition débute en 410, avec le sac de Rome par les Wisigoths. En 451, les Huns ravagent l’Italie ! La populace païenne de Rome supplie les papes et les évêques successifs de s’occuper de leur avenir sur tous les plans : justice, sécurité, voirie, défense militaire de leur ville, etc. En 476, un chef germain dépose l’Empereur postiche de Rome. C’est ainsi que l’on enterre l’Empire romain occidental ! Néanmoins, la partie orientale perdure à Constantinople.
Les empereurs orientaux grecs, à commencer par Justinien Ier (qui règne de 527 à 565) et suivi par la dynastie macédonienne (867-1056), conduisent l’Empire oriental à son apogée de gloire sur tous les plans. L’orthodoxie grecque guide toute la chrétienté (est et ouest) sur le plan théologique pendant les six premiers siècles. Lors des décisions monumentales des conciles dits « œcuméniques », les légats des papes ne sont que des observateurs privilégiés. Ces discussions ont été relatées dans l’article précédent.
Toutefois, il reste un dernier problème théologique qui oppose catholiques et orthodoxes : les premiers retiennent le monothélisme (Christ n’a qu’une seule volonté divine pour ses deux natures), contrairement aux seconds. Le Concile de Constantinople en 681 déclare que, pour chacune des deux natures présentes en Jésus-Christ1 correspond une volonté : Jésus-Christ, en tant qu’homme à part entière et sans péché, a une volonté humaine propre, et en tant que Fils de Dieu, il a une volonté divine propre. Il n’existe par conséquent aucun conflit entre les deux volontés, l’humaine étant toujours soumise volontairement à la divine. Pour les chrétiens orthodoxes, tout développement doctrinal a atteint la perfection dans le credo des Conciles. Pour eux, il n’y a plus rien à apprendre par une étude personnelle de la Bible ! L’Eglise orthodoxe stagne depuis le VIIe s. (Notons au passage que cette « maladie » de croire ne plus rien apprendre de l’étude de la Bible atteint bien des convertis occidentaux de nos jours !)
Depuis 385, les chrétiens occidentaux et orientaux suivent un chemin conflictuel sur le plan théologique jusqu’à ce que le pape Léon IX (1049-1054) envoie le Cardinal Humbert à Constantinople pour essayer de gommer les différences accumulées avec le patriarcat orthodoxe représenté par le patriarche Cérulaire. Le 16 juillet 1054, ne trouvant pas de terrain d’entente, Humbert place avec mépris sur l’autel de Sainte-Sophie, en plein office, une bulle2 excommuniant Cérulaire et avec lui tous les orthodoxes ! Cérulaire réunit un mini-concile et excommunie alors Léon IX ! Le catholicisme romain et l’orthodoxie grecque demeurent à tout point de vue séparés jusqu’au 7 décembre 1965, date à laquelle Paul VI et Athënagoras lèvent solennellement à Jérusalem les excommunications réciproques de 1054 ! Malgré cet acte public, des différences doctrinales et ecclésiastiques profondes demeurent. Leur acte n’a qu’une valeur historique ; il signifie seulement que leurs communautés ne sont plus en guerre. Cependant, chacun continue à croire fermement qu’il possède encore la seule vérité sur les sujets de désaccord. Voici les causes conflictuelles majeures de la rupture de 1054 :
1. La rivalité politico-ecclésiastique entre les patriarches et les papes pour déterminer le chef spirituel de la chrétienté, celui-ci devant recevoir la soumission inconditionnelle de l’autre ! Les patriarches sont soutenus par les empereurs byzantins, et les papes par les empereurs du Saint-Empire romain germanique3. Rappelons-nous qu’au Moyen Âge, la politique et le religieux forment un couple indissociable.
2. La centralisation politique pesante, mais très active, de la bureaucratie de l’Eglise de Rome fait d’elle une force gouvernementale puissante. L’Eglise orthodoxe n’a rien en elle-même de semblable ; elle ne contrôle pas ses empereurs.
3. L’inertie spirituelle de l’Eglise orthodoxe, causée par son « perfectionnisme » doctrinal, entraîne son écartement de toutes les discussions sur la nature de l’homme et sur le salut qui secouent l’Eglise de Rome pendant des siècles. L’orthodoxie devient mystique et spéculative, créant intérieurement un climat continuel de disputes et d’antagonismes qui l’affaiblissent, en face d’un Islam uni, militant et conquérant à partir de 632. Les orthodoxes se battent entre eux, au lieu de faire front commun contre l’Islam.
4. Les querelles doctrinales entre Rome et Constantinople se calment ou se ravivent alternativement. Entre le IIIe et le XIe s., des questions de liturgie et de discipline ecclésiastique (célibat ou non pour le clergé, port de la barbe ou non, etc.) n’ont fait qu’augmenter le désaccord entre les deux parties.
5. Le Filioque du credo catholique : le Credo, adopté par les Conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381), professe : « l’Esprit procède du Père ». Or, l’Eglise de Rome, à cause de la lutte contre l’arianisme4 des Wisigoths en Espagne, y ajoute la formule « Filioque » (« et du Fils »), pour clarifier la relation entre l’Esprit Saint et les deux autres Personnes de la Trinité (Jean 15.26 ; 16.7,14). Fait intéressant, Charlemagne généralise l’emploi de Filioque en Europe au IXe s., et cela pour narguer l’empereur byzantin ! « Hérésie ! », crient le patriarche Photius et un concile en 879.
Ainsi, il y a rupture totale du 16 juillet 1054 jusqu’au 7 décembre 1965, mais encore aujourd’hui des différences fondamentales et irréconciliables les divisent.
De 1054 à 1453, l’empire oriental et l’Eglise orthodoxe grecque déclinent rapidement sous les attaques successives des Turcs Seldjoukides islamisés ; ceux-ci s’emparent de l’Arménie christianisée et d’une grande partie de l’Asie mineure (1081). Les Normands chassent les Byzantins de la Sicile (1071). La 4e croisade papale prend et saccage Constantinople pour y installer le Royaume latin (1204-1261) — sorte de revanche du catholicisme sur l’orthodoxie ! Péché romain impardonnable à l’époque ! Même la reprise de Constantinople en 1261 par les Grecs ne permet pas à l’Empire de résister aux Turcs ottomans islamisés qui s’emparent définitivement de tout ! Les Ottomans laissent « vivre » les chrétiens (mais ne leur permettent pas de prosélytisme) et acceptent le patriarche de Constantinople comme leur porte-parole.
Malgré cette humiliation, l’orthodoxie perdure en Grèce, en Bulgarie, en Serbie au XIIIe s., et surtout en Russie à partir du Xe s. Le patriarcat russe de Moscou règne sur les peuples orthodoxes de la grande Russie pendant des siècles, jusqu’à la révolution bolchevique de 1917. Depuis la chute du communisme, il a repris une bonne partie de son ancien pouvoir spirituel et psychologique sur les orthodoxes de la Russie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, et sur d’autres pays. Il existe actuellement neuf patriarcats (Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem, Moscou, Géorgie, Roumanie, Serbie, Bulgarie), six Eglises orthodoxes autocéphales (Grèce, Amérique, etc.) qui ne se réfèrent à aucun patriarche, et deux Eglises autonomes. Toutes les Eglises orthodoxes, ainsi que Rome dans son dialogue œcuménique, donnent une primauté d’honneur, mais non de juridiction, au patriarche de Constantinople. Il est à noter qu’il existe aussi six grands patriarcats catholiques de rite oriental unis à Rome, comprenant des Coptes, des Syriens, des Maronites, des Chaldéens (Bagdad), des Arméniens.
Le mépris de l’orthodoxie pour le catholicisme s’est accru en 1854 lorsque Rome inventa la doctrine (sic !) de la conception immaculée de Marie, et encore plus par la déclaration du pape Pie IX en 1870 de l’infaillibilité pontificale (les Grecs parlent de la papolâtrie des latins).
Nous devons reconnaître que malgré l’antagonisme réel entre ces deux communautés jusqu’à nos jours, elles sont d’accord sur :
– la validité des décrets des sept Conciles œcuméniques (de 325 à 787),
– l’adoration des statues et des icônes,
– l’égalité de l’autorité de l’Ecriture sainte et des traditions humaines de chaque Eglise,
– l’adoration de Marie, des saints et des reliques,
– la justification par la foi, avec des bonnes œuvres méritoires (sic !),
– le caractère méritoire du célibat,
– la nécessité des sept sacrements (sic !),
– la régénération baptismale pour recevoir le salut,
– la transsubstantiation (le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang de Christ),
– le sacrifice perpétuel de la messe pour les vivants et pour les morts5,
– l’efficacité des prières pour les morts,
– l’absolution des péchés de l’individu par l’autorité ecclésiastique, ainsi investie par Dieu,
– la nécessité d’une hiérarchie épiscopale.
L’Eglise de Rome reconnaît que les Orthodoxes sont de manière doctrinale « orthodoxes », mais qu’ils sont quand même schismatiques !
Ce survol très bref de mille ans de l’histoire orthodoxe s’imposait pour trois raisons importantes :
1. Les protestants et/ou les évangéliques en général ignorent l’histoire de l’orthodoxie orientale, qui concerne grecs, russes, ukrainiens, serbes, roumains, bulgares, etc. Ils sont autour de 150 millions dispersés dans le monde aujourd’hui. A titre de comparaison, le catholicisme réunit plus de 900 millions de fidèles !
2. L’orthodoxie revient en puissance dans les pays ex-communistes en y jouant un rôle important. Ces pays sont devenus un champ de mission pour l’évangélisation, mais il faut savoir où l’on met les pieds. Pour combien de temps ces pays vont-ils rester ouverts ?
3. Les papes et les patriarches ont repris contact de temps à autre depuis Vatican II (1962-1965) pour discuter comment ils pourraient se rapprocher. Il serait prudent de notre part de suivre attentivement l’évolution de leurs contacts, car ils ne sont pas banals, même pour notre avenir d’évangéliques ! Leur poids est énorme auprès des politiques !
L’article suivant traitera du phénomène de la Réforme protestante qui commença en 1517.
1Doctrine affirmée lors du Concile de Chalcédoine en 451.
2Une bulle est une lettre officielle du pape, revêtue de son sceau, visant à excommunier ou à donner une directive.
3Le Saint-Empire romain germanique est l’institution politique créée par le pape Léon III et Charlemagne en l’an 800. Elle se maintient jusqu’en 1806, lorsque l’empereur François Ier d’Autriche dépose sa couronne pour régner uniquement sur le royaume austro-hongrois
4L’arianisme nie la divinité de Jésus Christ et sa préexistence éternelle — un peu comme les Témoins de Jéhovah aujourd’hui.
5Une anecdote : l’inventeur de l’automobile de masse, Henry Ford, a laissé un million de dollars à sa mort, en 1947, pour que des messes soient dites afin qu’il sorte assez tôt du purgatoire !
- Edité par McCarty Scott
La septième béatitude
« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » Matthieu 5.9
D’emblée, j’ai un problème. Les béatitudes précédentes ne caractérisent-elles pas justement les fils de Dieu ? Certains voient une différence entre « enfants de Dieu » et « fils de Dieu ». Je constate pourtant que les deux appellations sont parfois employées d’une façon interchangeable.
En voici deux exemples :
1. Romains 8.16,19,21 : « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. […] La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. […] La création aura part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. »
2. Galates 3.26-27 : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. »
Qui peut procurer la paix ?
Évidemment ceux qui sont en paix avec Dieu. Et qui est en paix avec Dieu, sinon les enfants ou fils de Dieu ?
Je comprends cette septième béatitude ainsi : étant fils de Dieu, ils procurent la paix et seront donc reconnus comme fils de Dieu.
Une fois de plus, cette béatitude présuppose les précédentes. Cela explique pourquoi le monde ne trouve jamais la paix dont il parle continuellement, le péché ne pouvant produire que la guerre. Ceux qui procurent la paix sont des hommes transformés. Tous les accords, toutes les conférences et conventions imaginables ne pourront procurer la paix, car ils ne peuvent éliminer le péché, la révolte contre Dieu, qui est la racine de tous les malheurs. La raison de tous ces échecs n’est ni politique, ni économique, ni sociale ; elle est d’ordre théologique et doctrinal : le cœur de l’homme, de tous les hommes, est mortellement malade et ne peut être changé que par Jésus-Christ, par l’action du Saint-Esprit. Les fils de Dieu ne resteront toujours qu’une poignée en comparaison avec le monde dans son ensemble (ils sont « le sel de la terre »). Il faudra que Christ revienne sur la terre qui l’a rejeté afin d’établir son royaume de paix et de justice, que les prophètes prédisent si clairement1. Ce royaume terrestre durera 1000 ans (selon Apoc 20, même si ce chiffre signifie peut-être simplement une période très longue, mais limitée dans le temps), alors que le royaume éternel dans lequel il débouchera sera sans fin.
Ce qui caractérise celui qui procure la paix
Passivement, il doit être paisible, parce que son cœur est en paix avec Dieu.
Activement, il doit faire tout pour apporter la paix quand se produisent des discussions ou des querelles. Comment serait-ce possible si le cœur est plein d’envie, de jalousie, d’amertume, de violence (Gal 5.15) ? Le porteur de paix ne doit pas être susceptible, ni sur la défensive, ni préoccupé par la prestance de sa personne. Il ne doit pas agir en fonction de ce que cela lui coûtera. Là encore, Jésus est le suprême exemple !
Une réalité à ne pas oublier
Le chrétien est soumis à deux influences : celle de la chair et celle de l’Esprit. Par l’Esprit, il apprend à faire mourir les actions de la chair. Le Saint-Esprit a créé en lui un homme nouveau, ce qui fait qu’il s’inquiète aussi de ses prochains. Il ne leur en voudra pas d’être méchants, injustes, voleurs, menteurs, même meurtriers , car il sait qu’ils sont sous l’emprise de Satan, animés par cet « esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion » (désobéissance) (Eph 2.2). Ils sont les victimes du péché en eux et du prince de ce monde. Il ne peut qu’en avoir pitié, même si leur comportement le révolte et le dégoûte. Vu de cette manière, il est possible de comprendre le commandement de Jésus d’aimer même ses ennemis. En cela aussi, nous avons l’exemple de Jésus, qui nous a aimés quand nous étions encore ennemis de Dieu.
Un aspect essentiel
C’était le but primordial de Jésus de glorifier Dieu, son Père, qui par lui est aussi devenu notre Père. Le glorifier doit donc aussi être notre premier but. Produire la paix, tout d’abord la paix avec Dieu, c’est donner toute la gloire à Dieu. Qu’est-ce qui est plus important, que j’obtienne justice auprès des hommes ou que Dieu soit honoré ? Nos considérations personnelles doivent y céder le pas.
Tout cela peut paraître utopique. Pouvons-nous vraiment être ainsi, nous comporter de cette manière, comme Jésus ? Non, à moins que nous ayons « été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. […] Nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui. […] Considérez-vous comme morts au péché et comme vivant pour Dieu en Jésus-Christ. » (Rom 6.4,6,11) « Considérez-vous » : c’est un ordre, l’ordre de vivre pour Dieu et non pour nous-mêmes. C’est l’exact contraire de la psychologie, qui veut revaloriser le Moi du pécheur. L’abnégation du Moi est le trait saillant de la personne de Jésus. L’apôtre Paul s’exprime d’une manière frappante : « Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » (Gal 2.20) Je vous laisse sonder la profondeur de cette constatation dans la prière, en vous abandonnant à l’action du Saint-Esprit en vous.
Comment mettre en pratique
Je vous livre les indications suivantes tirées du livre sur les béatitudes de Martyn Lloyd-Jones :
1. Apprendre à se taire. Jacques 1.19 dit : « prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère ». Donc : mettre un frein à s’exprimer.
2. Réfléchir. Évaluer la situation en fonction de l’évangile, et se demander si la cause de Christ en profite ou en pâtit, donc finalement l’Église. Quelle est l’impression faite sur le monde ?
3. Chercher le moyen et la méthode qui amènera la paix. Jésus nous recommande de donner à manger à nos ennemis qui ont faim.
4. Être abordable et compréhensif ; faire fi de sa dignité.
On le voit, nous revenons toujours au point essentiel : prendre exemple sur Jésus. N’oublions jamais que la paix a coûté cher au Père : le don de son Fils. Jésus s’est donné, son sang a dû couler, il a dû mourir, lui le Fils, Dieu devenu chair. Si nous sommes prêts, nous aussi, à nous donner jusqu’à la mort, nous agissons aussi comme Jésus, en tant que fils de Dieu. Cela lui a coûté, il n’y a pas de raison pourquoi cela ne nous coûterait pas, à nous aussi. Cela commence par une dépense : mes forces physiques, mon argent, mes loisirs, mes aises, mon confort, mon temps, tout ce que j’ai et que je suis !
Nous comprenons mieux ce qu’implique le commandement qui inclut tous les commandements : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. […] Et voici le second, qui lui et semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mat 22.37,39). Paul y revient dans sa lettre aux Galates, déjà citée : « Toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (5.14).
Nous le voyons : la septième béatitude est d’une portée immense et englobe toutes nos activités en tant qu’expression de notre statut de fils de Dieu.
1Parmi les passages les plus explicites, voir Ésaïe 11 ; 60 ; 65.17-25.
- Edité par Schneider Jean-Pierre
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