PROMESSES
L’auteur de cet article est de nationalité congolaise. Marié et père de deux enfants, il est chef de travaux à l’Institut Pédagogique National à Kinshasa. Il a fait une thèse de doctorat en rapport avec les enfants de la rue, ce qui lui a permis d’initier une ONG pour ces enfants en situation difficile. Son épouse est médecin, et ils ont tous deux à cœur les enfants de la rue. Florentin AZIA est aussi Ancien de l’Assemblée Evangélique «La Réconciliation» à Kinshasa. Il est le responsable de PROMESSES pour la République Démocratique du Congo. Entouré d’une équipe compétente, il dirige également la salle de lecture PROMESSES établie dans l’immeuble du Centre Biblique de Matonge, à la Place de la Victoire, Kinshasa. Il est aussi le Coordinateur pour Kinshasa des cours bibliques EMMAUS.
Notre Seigneur et Sauveur Jésus- Christ nous a laissé deux ordonnances. Il s’agit du Baptême (Mat 28.19) et de la Cène (Luc 22.19-20). Dans cet exposé, nous allons essayer de développer séparément chacune de ces ordonnances.
I. Le baptême chrétien
Au travers de la Bible, nous retrouvons trois formes principales de baptême:
– Celui de Jean-Baptiste qui fut le baptême de repentance (Marc 1.4). Il rendait le baptisé propre à accueillir le Messie dont la venue avait été annoncée sept siècles auparavant.
– Le baptême du Saint-Esprit. Il est l’introduction du chrétien dans le corps de Christ (1 Cor 12.13). Nous sommes baptisés du Saint-Esprit dès l’instant où nous acceptons Christ comme Sauveur et Seigneur, ce qui exclut toute autre forme d’expérience, après la conversion, qui conduirait également au baptême du Saint-Esprit.
– Le baptême d’eau chrétien qui est le signe extérieur de notre identification avec Christ (Rom 6.1-13; Col 2.12).
1. Définition
Le baptême chrétien ou baptême d’eau, est le symbole de notre identification à la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ (Rom 6.1-13). A ce titre, il est un témoignage public de notre appartenance à Christ, partant à l’Eglise. Ceci revient aussi à dire qu’il est une manifestation extérieure de notre foi en Jésus-Christ.
2. Pourquoi le baptême?
Il y a plusieurs raisons qui le justifient, à savoir:
– C’est un ordre du Seigneur, par lequel nous montrons notre amour pour lui (Mat 28.19).
– C’est un témoignage rendant public notre appartenance à Christ.
– C’est un acte d’obéissance à Dieu et aux Ecritures (Jean 14.21).
– Il nous permet de suivre les pas de notre modèle, Jésus (Mat 3.13-16; 1 Jean 2.6).
– Il est nécessaire pour devenir membre d’une église locale (Act 2.40-47).
– Il est aussi nécessaire pour prendre part à la cène (Act 2.40-47).
3. Sous quelle forme le baptême doit-il être administré?
Il est préférable qu’il soit administré par immersion plutôt que par aspersion. Les raisons bibliques qui justifient cette approche sont les suivantes:
– Etymologiquement, ce mot vient du grec baptizo qui signifie plonger, immerger.
– Il n’y a que l’immersion qui illustre au mieux ce que l’on entend par ensevelissement (Rom 6.4). Ainsi, pour parler de baptême, il faut nécessairement que le baptisé disparaisse de la surface des eaux, ne fût-ce que pour une seconde.
– Le contexte biblique. Les exemples de ceux qui sont passés par les eaux du baptême, dans la Bible, attestent que celui-ci se fait par immersion. Dans le cas contraire, il n’aurait pas été écrit que: «Jésus… sortit de l’eau» (Mat 3.16), «Ils descendirent tous deux dans l’eau, et…quand ils furent sortis de l’eau» (Act 8.38-39) concernant l’intendant éthiopien.
4. Quand se faire baptiser?
Pour répondre à cette question, il serait intéressant de considérer ce qui se passait au temps de l’église primitive. La lecture attentive de la Parole de Dieu témoigne que les premiers chrétiens se faisaient baptiser immédiatement après leur conversion. C’est le cas notamment des Samaritains (Act 8.12), de l’intendant éthiopien (Act 8.34-39), de Paul (Act 9.17-18) et du geôlier de Philippe (Act 16.29-33).
Aussi, dans les Ecritures, le verbe croire, qui a ici le sens de recevoir, accepter Christ, précède toujours le verbe baptiser. Cela n’est pas dû au hasard:
– Marc 16.16: «Celui qui croira… et qui sera baptisé».
– Act 8.12: «cru… et furent baptisés».
– Act 18.8: «crurent… et furent baptisés». Comme on peut le remarquer, le baptême était la première expérience chrétienne à laquelle était soumis tout nouveau converti. Selon Act 2.38, la repentance fait partie de l’œuvre de grâce de la régénération comprenant la foi. C’est «l’engagement d’une bonne conscience à Dieu» (1 Pi 3.21), en quelque sorte le commencement de notre carrière de chrétien authentique.
5. Le baptême sauve-t-il?
A la lumière de Marc 16.16, pouvonsnous dire que le baptême d’eau sauve?
Seule la foi en Jésus-Christ sauve (Act 4.12; Eph 2.6-8). Mais pour comprendre ce verset, il est prudent de le lire en entier en le situant dans son contexte et par rapport à l’ensemble de toute la Bible.
Telle est la règle d’or pour la compréhension et l’interprétation de toute Ordre biblique: un passage clair explique un passage plus obscur. Dans ce cas, la seconde partie du verset donne explicitement la réponse à notre question: le baptême d’eau ne sauve pas.
6. Peut-on baptiser des enfants?
Voici quelques malentendus qui poussent certaines personnes à faire baptiser leur bébé:
– La confusion que certains entretiennent entre:
– Présentation et baptême d’enfant. Le Christ a été présenté 8 jours après sa naissance (Luc 2.21-24) et n’a été baptisé qu’à l’âge de 30 ans (Luc 3.21-23).
– Imposition des mains et baptême d’enfant. Christ, comme ses disciples n’a jamais baptisé d’enfant. Mais Il les aimait et leur imposait les mains (Mat 19.13-15).
– Etre baptisé avec sa famille (comme Lydie dans Act 16.15 et Stéphanas dans 1 Cor 1.16), avec les siens (comme le geôlier de Philippe dans Act 16.29-34); sa maison ne signifie nullement qu’il y avait nécessairement des enfants dans ces familles et /ou maisons).
– L’illusion de croire que le baptême d’eau sauve. Cela étant, tous ceux qui se sont fait baptiser avant la conversion, ou par aspersion, doivent, à l’instar des disciples de Jean-Baptiste (Act 19.1-6), accepter Christ pour se faire baptiser par immersion ensuite1.
7. Pourquoi Jésus s’est-il fait baptiser par Jean-Baptiste lorsque l’on sait que ce baptême concernait les pécheurs?
Le baptême de Jean séparait les baptisés de l’état impie du peuple. Jésus-Christ l’a reçu, non parce qu’Il était pécheur et devait se repentir, mais afin de s’identifier avec le reste repentant d’Israël et d’accomplir par là tout ce qui est juste (Mat 3.13-15).
8. Quelle vérité se dégage de Rom 6.4 et Col 3.1-3?
Cette question renvoie à l’attitude à tenir après le baptême. Le chrétien baptisé doit désormais marcher en nouveauté de vie! Par le baptême, il confesse publiquement qu’il est mort et enseveli avec Christ quant au péché, et ressuscité avec Lui pour de bonnes œuvres.
II. La cène
1. Origine
Avant de parler succinctement de l’origine de la cène, il est bon de signaler que la littérature spécialisée use de différents termes pour la désigner. Ainsi, la cène est synonyme de «repas du Seigneur», «fraction du pain», «communion», «cène du Seigneur».
«Cène» vient du latin cena, qui signifie repas du soir. On opta pour cette appellation, car cet acte solennel de souvenir fut institué par le Seigneur Jésus-Christ la nuit même où Il fut livré, c’est-à-dire immédiatement après avoir célébré la dernière Pâque avec ses disciples (1 Cor 11.23-26).
La Pâque était fêtée en mémoire de l’agneau qui avait été égorgé avant la sortie d’Egypte, agneau par le sang duquel les Israélites avaient été mis à l’abri du jugement de Dieu. Maintenant le moment était venu où le vrai Agneau pascal, Jésus lui-même, devait être mis à mort; où son sang allait être versé pour plusieurs en rémission de leurs péchés (Mat 26.28).
2. Pourquoi la cène?
Plusieurs raisons peuvent être évoquées, notamment:
– C’est un ordre du Seigneur. Il utilise l’impératif dans Luc 22.19 (Faites ceci…) pour parler de cette réalité.
– C’est un moyen de nous souvenir de ce qu’Il a fait pour nous à Golgotha (Luc 22.19: «… en mémoire de moi»).
– C’est un témoignage public de notre communion avec Christ et entre nous (1 Cor 10.16-17). Ainsi, en nous levant pour prendre part à la table du Seigneur, nous témoignons par là que non seulement nous sommes en relation avec Dieu, mais aussi en communion avec Lui et nos frères et sœurs dans la foi.
– C’est l’occasion d’annoncer son retour imminent (1 Cor 11.26: «…jusqu’à ce qu’Il vienne…»). Sa seconde venue constitue un motif de réjouissance pour tous ceux qui sont nés de nouveau, parce qu’ils verront le Christ tel qu’Il est et qu’ils vivront éternellement à ses côtés.
3. Quand prendre part à la cène?
Cela varie d’une église locale à l’autre, surtout que la Bible ne donne pas de commandement impératif. Act 2.46 parle de chaque jour, tandis que Act 20.7 parle du «jour du Seigneur». En Act 20.7, ils «étaient assemblés à Troas, le premier jour de la semaine, pour rompre le pain». L’ensemble des textes bibliques dans les Actes et les épitres nous autorise à penser que l’on avait l’habitude de prendre la cène chaque premier jour de la semaine – donc chaque dimanche.
Dans la plupart des églises africaines, la tendance est de plus en plus de procéder à la cène une fois par mois, pour ne pas la «désacraliser», dit-on.
Toutefois, ce qui importe, ce n’est pas la fréquence, mais l’institution – sa pratique – et l’attitude dans laquelle elle se pratique2.
4. Conditions à remplir
La cène reste le moment d’adoration publique par excellence. Il nécessite le discernement et une attitude de prière. Celui qui veut participer à la fraction du pain, doit non seulement réaliser la présence du Seigneur (Mat 18.20; 28.20), mais aussi remplir certaines conditions:
– Etre en Christ.
– Etre passé par le baptême d’eau (Act 2.41-47).
– Ne pas professer des erreurs doctrinales (1 Tim 6.3-11; 2 Jean 7-11).
– Ne pas avoir la conscience chargée de péchés non confessés (2 Tim 2.19; Héb 10.22).
– S’être mis en règle avec le Seigneur et son prochain (Mat 5.23-24); de ce fait, les personnes ayant fait l’objet d’une mesure d’excommunication pour une raison morale (adultère, par exemple), ne peuvent y participer.
5. Conséquences et exhortation
Celui qui prend indignement la cène du Seigneur ( 1 Cor 11.27-31), peut subir la colère de Dieu à travers des infirmités, des maladies, voire même un décès prématuré. La marche quotidienne avec Dieu est une affaire sérieuse. Le Seigneur nous demande de ne jamais manger du pain et boire de la coupe sans nous éprouver personnellement devant Lui d’abord. Nous sommes donc invités à nous repentir devant le Seigneur de nos fautes ouvertes ou cachées et à nous préparer ainsi à la participation au repas du Seigneur. N’oublions jamais que nous sommes conviés au festin du Roi des rois pour rendre hommage à sa Personne et à son œuvre rédemptrice. Mais, par dessus tout, quel bonheur de se savoir accueilli à sa table, comme le fils prodigue, qui, après s’être repenti, put prendre place au festin de son père!
Notes
1 N.d.l.r.: D’autres, en revanche, pensent que le baptême est d’abord un acte de consécration au Seigneur, marquant une mise à part pour Dieu; la conversion serait alors la confirmation de cet acte. Mais il nous semble que le modèle néo-testamentaire priviliégie le baptême d’eau par immersion à la suite de la conversion à Jésus-Christ, comme le montre par exemple le récit des disciples de Jean-Baptiste (Ac 19.1-6).
2 N.d.l.r.: Nous pensons que si l’on enseignait l’esprit dans lequel ce mémorial doit être célébré, les églises le prendraient probablement avec plus de fréquence, comme ce fut le cas dans l’église primitive où l’on procédait au repas du Seigneur chaque «premier jour de la semaine» (Ac 20.7). Le danger devient alors de transformer la cène en un simple acte traditionnel. Or, le mémorial est toujours un moment des plus solennels: «Christ livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification» (Rom 4.25).
- Edité par Azia Florentin
La logique de Dieu n’est pas celle des hommes. L’Eglise est en danger constant de se laisser pénétrer par les concepts contemporains, par la logique des hommes. Nos premiers parents, séduits par les subtilités mensongères du diable, ont désobéi à Dieu, entraînant ainsi toute l’humanité dans le péché, la souffrance, et la mort spirituelle et physique. Il a fallu l’intervention divine constante pour accomplir ses desseins bienveillants en son Fils Jésus-Christ, notre Sauveur. Puis, dans sa grâce souveraine, Dieu a envoyé le Saint-Esprit pour former l’Eglise de Dieu, Corps de Christ, composée de tous ceux qui se sont repentis et ont cru en Jésus-Christ, leur Sauveur. Et, dans le futur, Dieu, dans son plan rédempteur souverain, continuera à contrôler et à diriger l’Histoire – celle des hommes, des nations, de l’Eglise et de son peuple d’Israël jusqu’au point culminant du retour glorieux de Christ. Alors, Il jugera le monde et établira son royaume terrestre de mille ans, où enfin la justice et la paix régneront.
Tout au long de l’Histoire, la logique de Dieu a été un paradoxe pour l’esprit humain. Nos dictionnaires déclarent qu’un «paradoxe» est «contraire à l’opinion commune». Pour Kant, c’est le conflit entre les lois de la raison pure. Pourquoi donc ces contradictions apparentes? Parce que le péché a tout gâté et que Dieu, dans sa grâce infinie, intervient constamment pour ouvrir les yeux de ceux qui sont éblouis par la logique des hommes.
La logique de Dieu heurte constamment nos mentalités, nos concepts, parce que l’Evangile est voilé «pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu» (2 Cor 4.4). Or le chrétien, né de Dieu, est appelé à «se dépouiller… de la vieille nature qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelé par l’Esprit dans son intelligence, et à revêtir la nature nouvelle, créée selon Dieu dans une justice, et une sainteté que produit la vérité» (Eph 4.22-24). La dissipation de ces paradoxes apparents gît dans notre identification en la mort et en la résurrection du Christ. Ce renouvellement de notre entendement, de notre mentalité, est un combat constant, et nous aide à surmonter ces paradoxes dans l’optique divine.
Notre dossier aborde un domaine délicat qui préoccupe l’Eglise: le paradoxe entre l’Eglise primitive des «apôtres et prophètes », et l’Eglise souffrante et faible aux yeux du monde. Beaucoup de questions nous parviennent concernant «l’évangile de la prospérité», les miracles et les guérisons. Une tendance à un certain triomphalisme évangélique mû davantage par les sentiments et les expériences que par la réflexion et la méditation sérieuse de la Bible risque d’ignorer la réalité des paradoxes de la vie chrétienne.
- Edité par Lüscher Henri
DOSSIER: GRANDEUR ET FAIBLESSE, UN PARADOXE
Luc 12.32
Le Seigneur s’adressait à ses disciples en particulier en les exhortant à ne pas s’inquiéter dans les circonstances adverses. Dans Actes 20, Paul informe les anciens d’Ephèse de son départ prochain et les avertit des dangers qui guettent l’Eglise. Au verset 28, il leur enseigne une précieuse vérité: «L’Eglise de Dieu qu’Il s’est acquise par son propre sang est appelée le troupeau de Dieu». Tous les rachetés de Jésus-Christ font partie de son troupeau. Ce sont des brebis précieuses à ses yeux. Et l’église locale en est l’expression vivante.
Ce petit troupeau bien insignifiant aux yeux des hommes, fait l’objet des tendres soins du Bon Berger, et il ne perd aucune de ses brebis. Le nombre minimum requis dans la Parole est deux ou trois (Mat 18.20) chrétiens intégrés dans la personne de Jésus pour s’assurer sa présence. Aucune étiquette n’est requise, si ce n’est la foi authentique dans le Dieu de la Bible, ce qui implique une vraie repentance, la confession de ses péchés et le pardon du Tout-Puissant par Jésus-Christ, notre Sauveur. Les pires assauts, ouverts ou subtils de l’ennemi, le diable, ne peuvent rien contre ce petit troupeau, parce qu’il est sous la protection du Tout-Puissant. Le Bon Berger les entoure puissamment. «Les brebis entendent sa voix et le suivent, car il va devant eux. Il les connaît et elles le connaissent» (Jean 10.2-5;14.27). L’Eglise a toujours été éprouvée par des dangers qui la rongeaient depuis l’intérieur: la tradition des hommes et la fausse doctrine. Si le Seigneur permet les afflictions dans l’Eglise, c’est que dans sa bonté, il veut la recentrer sur Lui.
Ainsi, nous sommes exhortés à ne pas craindre ni l’adversité des hommes ni celle de l’ennemi invisible. La crainte de Dieu, en revanche, est primordiale dans la vie de l’Eglise. Et cette crainte de Dieu implique d’abord de suivre Jésus-Christ et sa Parole coûte que coûte. Ce double aspect dans la vie du petit troupeau lui permet de franchir des murailles avec Dieu en Lui obéissant plutôt qu’aux hommes (Act 4.18-19). Dieu s’occupe du nombre des brebis, car c’est Lui qui ajoute à l’Eglise ceux qui doivent être sauvés (Act 3.47). C’est son affaire. La nôtre c’est de témoigner de Lui, de parler de ce que nous avons vu et entendu (Act 4.20).
Courage, petit troupeau de Dieu. Les circonstances permises par le Seigneur doivent nous stimuler à rechercher la face de Dieu et à réorienter notre position et notre vie à la lumière de la Parole de Dieu, «vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur» (Hébreux 4.12). Sommes-nous prêts à nous laisser interpeller par elle?
Nous avons l’ardent désir de marcher ensemble avec le Seigneur en nous laissant sonder et changer par sa Parole. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Rom 8.31-34). Ne sommes-nous pas «plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés?» Confiants en Lui, nous marchons par la foi. Conscients de notre petitesse, de nos imperfections, nous ne perdons pas courage (2 Cor 4, 1,16; 5.6), car «Dieu nous fait toujours triompher en Christ» (2 Cor 2,14). «Si nous vivons, ce n’est plus nous qui vivons, c’est Christ en nous; si nous vivons maintenant dans la chair, nous vivons dans la foi au Fils de Dieu, qui nous a aimés et qui s’est livré lui-même pour nous» (Gal 2,20).
Si nous vivons cela, nous n’avons rien à craindre, car le petit troupeau marche sous la houlette de son divin Berger. «Ils combattront contre toi, mais il ne prévaudront point sur toi; car je suis avec toi pour te sauver et pour te délivrer, dit l’Eternel » (Jér 15.20). Le troupeau de Dieu est indestructible, car il appartient au Seigneur. «L’Eternel est mon Berger… je ne crains aucun mal, car tu es avec moi» (Ps 23). Et le royaume de Dieu est à son troupeau. Gloire au Seigneur!
- Edité par Lüscher Henri
VIE CHRÉTIENNE
Mais le peuple de ceux qui connaissent leur Dieu agiront avec fermeté
Daniel 11.32
Tel un diamant étincelant de mille feux, ce «MAIS…» brille avec d’autant plus d’éclat qu’il est posé sur le velours profondément ténébreux du règne cruel d’Antiochus IV Epiphane (= l’illustre), roi de Syrie de 175 à 164 av. J.-C. Non content de conquérir la Palestine, ce monarque dur et expert en intrigues s’était mis dans l’idée de réduire à néant la foi juive en terre d’Israël. Visant l’hellénisation complète de son modeste empire afin de l’unifier contre Rome, il rêvait de faire de Jérusalem une cité grecque qu’il baptiserait Antioche de Palestine. Pour atteindre cet objectif, celui qui fut surnommé Epimanès (= le fou) ne lésina pas sur les moyens: destruction systématique des écrits sacrés, interdiction de pratiquer la circoncision, d’observer le Sabbat et les autres fêtes religieuses, suppression du sacrifice perpétuel, obligation d’immoler des animaux impurs, de consommer de la viande de porc et de se livrer à des cultes idolâtres, massacres et supplices horribles pour les rebelles à ses lois impies, etc. Le comble de l’horreur fut atteint lorsque dans sa rage insatiable il profana le temple, déjà pillé par ses sbires, en le consacrant à Zeus Olympien dont il fit ériger une statue dans le lieu très saint. L’autel de ce dieu fut installé au-dessus de l’autel des holocaustes.
Dans sa funeste entreprise, le tyran réussit à séduire par des flatteries un certain nombre de juifs qu’attirait puissamment la civilisation hellénistique. Certains d’entre eux, dont un grand prêtre de Jérusalem, n’hésitèrent pas à transformer leur nom hébraïque, Joshua (ou Jésus) en Jason, nom grec qui sonnait mieux… En s’associant au régime impie alors en place, en se coulant dans le moule grec, ils devenaient les «traîtres de l’alliance» (v.32a). Quel contraste saisissant entre ce parti d’apostats qui abandonnèrent l’alliance sainte avec l’Eternel et le parti des «Pieux» ou «Fidèles», les Hassidim qui, dès le début du règne d’Antiochus, s’opposèrent avec courage à l’imposition du mode de vie grec en Israël. La connaissance personnelle qu’ils avaient de leur Dieu leur fit choisir le camp des résistants, agissant avec fermeté, refusant donc au péril de leur vie de bafouer la Loi de l’Eternel et de perdre ainsi leur identité religieuse. Elle faisait aussi d’eux des clairvoyants, hommes doués de discernement dans un temps d’extrême confusion spirituelle et morale, et ayant un message consistant, cohérent et convaincant à communiquer à leurs contemporains totalement déboussolés (v.32c). Leur résistance courageuse et l’influence bénéfique qu’ils exercèrent sur le peuple favorisa l’émergence d’un mouvement puissant de libération et d’indépendance nationale, dirigé par la famille des Maccabées.
Derrière ce terrible persécuteur d’Israël se profile un personnage bien plus sinistre encore, l’Antéchrist de la fin, ce dernier grand ennemi de Dieu, du Seigneur Jésus- Christ et de la vraie foi. L’esprit de cet Antéchrist est puissamment à l’œuvre aujourd’hui, à l’échelle mondiale et comme jamais dans l’histoire. L’Eglise de Jésus- Christ subit de toutes parts de très fortes pressions, insidieuses et insistantes, pour que la différence entre elle et le monde soit progressivement gommée et finisse par disparaître complètement. Un rationalisme subtil bat en brèche l’inspiration divine et l’autorité suprême des Saintes Ecritures. Un illuminisme séduisant rejette leur pleine et entière suffisance. Un œcuménisme sentimental et tacticien sacrifie allègrement la Vérité divine sur l’autel d’une unité factice. Un humanisme délirant installe l’homme, ses besoins et ses expériences sur le trône où le Seigneur Dieu seul devrait régner et être adoré. Un matérialisme boulimique tarit la soif de Dieu et ôte l’appétit pour les richesses célestes.
Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus capables de résister à ces pressions et d’agir avec fermeté. Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus clairvoyants pour agir avec réflexion et discernement. Seuls ceux qui connaissent vraiment leur Dieu sont rendus capables d’exercer une sainte influence autour d’eux. «Les gens qui influencent les autres incarnent la détermination. La détermination, ce n’est rien d’autre que le fait de décider de rester ferme, même lorsque c’est ardu. La détermination, c’est le fait de s’accrocher, de ne pas renoncer, de ne pas atténuer ses convictions quand la route semble longue et rude» (C.R.Swindoll).
La connaissance de Dieu n’est pas une affaire purement intellectuelle. Sans exclure cette dimension, elle signifie bien plus que cela: rencontre personnelle avec Lui, don de soi, échanges constants, intimité cultivée, amour partagé, désir intense de lui plaire, engagement de l’être tout entier à son service. Elle se nourrit en permanence de la Bible, Sa Parole vivante. Elle contemple le Dieu invisible en fixant continuellement son regard sur la personne et l’œuvre de son Fils Jésus-Christ. Le fruit d’une telle connaissance se manifeste dans la vie, dans le caractère, dans une mentalité changée, dans une intelligence renouvelée. Cette connaissance ne s’acquiert pas sur les sentiers battus serpentant mollement dans la plaine et parcourus par les foules. Son itinéraire varié nous fait parfois emprunter des voies mystérieuses et solitaires qui nous plongent dans la perplexité et suscitent de nombreux «pourquoi? ». «Pour qu’un homme soit fidèle, il doit avoir une connaissance personnelle de Dieu. Or, le chemin de la connaissance de Dieu passe tout droit par la vallée de la solitude profonde. C’est dans les périodes où il n’y a personne d’autre que Dieu que nous apprenons à mieux Le connaître dans sa plénitude. (…) Aux moments où la solitude est la plus grande, nous devons nous tourner vers Dieu, dans une dépendance éperdue, et nous confier à Lui si totalement que notre ruine psychologique serait certaine s’Il manquait de nous répondre. C’est alors que nous arriverons à Le connaître mieux. Alors, notre caractère s’affermira dans la piété. Sa gloire surgit avec le plus d’éclat quand la nuit est la plus noire. C’est quand nous sommes le plus faible que nous constatons pleinement que sa force nous suffit» (L.Crabb).
Ceux qui auront été des clairvoyants resplendiront comme la splendeur de l’étendue céleste, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude comme des étoiles, à toujours et à perpétuité (Dan 12.3).
- Edité par Decker Maurice
HISTOIRE DE L’EGLISE
Période 3: de 312 à 590 après J.-C.
I. Introduction
Le titre de cet article pourrait faire croire que l’Empire romain s’est converti bibliquement à Christ. Il n’en est rien! Après le IIIe siècle, l’empire se «christianise» de plus en plus, au moins en apparence, et le christianisme biblique se dilue et se corrompt toujours davantage par la mondanité et par l’influence impériale. Les trois siècles étudiés ici sont complexes par l’interaction de forces de natures différentes: politiques, religieuses, sociales, morales, doctrinales.
L’étude est divisée en deux parties: un regard général sur l’Empire (son déclin, sa «christianisation», sa disparition), puis l’étude (future) des luttes intestines vigoureuses, parfois violentes, parmi les chrétiens pour trouver une orthodoxie œcuménique (= universelle) en accord avec celle du Nouveau Testament. Notre présente étude va consister seulement en un survol général, même si cette période est la seconde en importance dans sa totalité après celle des Apôtres. Son étude est nécessaire pour comprendre la période suivante: «l’Âge des Ténèbres», du 7e au 16e siècle, à laquelle elle sert en quelque sorte de tremplin, et pour comprendre aussi ce qui amènera à la Réforme protestante du 16e siècle. Le futur est toujours caché dans le présent, le présent enfante le futur.
C’est l’évidence même que le mot «Église» a perdu son acception du 1er siècle et ne ressemble pratiquement plus au modèle apostolique! À partir de 312, l’Église devient essentiellement une organisation qui accepte pratiquement tout ce que le monde a à lui offrir, en abritant minoritairement, quand même, le vrai christianisme! La date butoir de 590 indique l’année où le système épiscopal occidental devient la force papale du Moyen Âge.
II. Survol politique et religieux
Il est nécessaire de traiter ces deux domaines ensemble, car ils sont inextricablement liés l’un à l’autre..
En 312 le général Constantin unifie la partie occidentale de l’Empire romain sous son nom après sa victoire sur son rival; il dit que Jésus-Christ a répondu à sa prière! S’était-il réellement converti? Qui sait! En tout cas, il favorise le christianisme de maintes manières, même si sa vie contredit souvent sa profession de foi.
L’Église, jusqu’ici méprisée, persécutée, se trouve instantanément avantagée, et Constantinople devient la capitale de la chrétienté en 330! Une anecdote: en 324 l’Empereur offre de l’argent aux païens pour se convertir; ainsi en une année 12’000 d’entre eux sont baptisés à Rome! En 325 il exhorte tous les sujets de l’Empire à embrasser le christianisme.
Cette aide a eu certaines conséquences heureuses: la persécution s’achève; la législation est influencée pour le bien de l’être humain en général.
Mais aussi des conséquences mauvaises: le christianisme est sécularisé au point qu’il est souvent difficile de distinguer entre le «chrétien» et le païen; la conversion est à la mode; l’adoration des dieux est adaptée pour devenir l’adoration des martyrs (= «saints»); l’adoration accordée à Isis, la déesse égyptienne appelée «la Grande Vierge» et «la Mère de Dieu», est transférée à Marie, la mère du Seigneur (!); le christianisme en se paganisant devient la chrétienté (!); la hiérarchisation ecclésiastique se développe sans frein; «l’Église» devient parfois à son tour la persécutrice des païens (!); certains chrétiens, exaspérés par la mondanité rampante, se tournent vers un ascétisme excessif et le monachisme; et les empereurs successifs s’octroient le droit d’intervenir dans toute dispute entre des chrétiens. Longue est la liste des manifestations de l’éloignement des chrétiens des enseignements du N.T! En 391, l’Empereur Théodose ferme tous les temples païens dans les villes, mais à la campagne le paganisme se maintiendra pendant plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’il soit «christianisé»!
En 395, l’Empire est définitivement divisé entre l’empire d’Orient et celui d’Occident pour des raisons politico-militaires. Cette décision a pour résultat le développement de deux entités dans la chrétienté, l’une romaine de langue latine, l’autre grecque de langue grecque. Leurs relations deviennent très conflictuelles, car chacune veut la première place et les honneurs pour pouvoir imposer ses manières et ses interprétations à tous les chrétiens.
Lorsque les Barbares parviennent finalement à anéantir le gouvernement de la partie «latine» restante de l’Empire en 475, ils prennent le contrôle des peuples depuis la Yougoslavie jusqu’en Espagne et en Afrique du Nord. À ce moment, le peuple de Rome se tourne vers les papes successifs pour qu’ils leur donnent un gouvernement bien structuré et très efficace, car «l’Église de Rome» est bien organisée et a des «moyens».
Le pape Grégoire I régnant de 590 à 604 a pu, par ses capacités extraordinaires et par ses œuvres, garantir la future domination religieuse de l’Europe par Rome.
Constantin établit le dimanche comme jour de repos; il désigne également le 25 décembre comme un jour consacré à Jésus en transposant une fête païenne en une fête «chrétienne»! D’autres «changements » de cette nature se font au fur et à mesure que la chrétienté avance à travers les siècles.
Voici un exemple d’une journée de culte (rien n’est statué au début de notre période pour fixer un seul style de réunion pour toutes les églises dans l’Empire): il commence le dimanche matin vers 8 heures avec l’Eucharistie (la Sainte Cène) suivie par des lectures bibliques et des exposés des textes, puis suivent des hymnes ou psaumes chantés, des prières. Vers midi un repas en commun est suivi d’une sieste (en été); puis des gens, après une offrande d’argent ou de nourriture, s’engagent à accomplir des œuvres de bienfaisance envers des pauvres, des prisonniers, des veuves, des orphelins ou des personnes âgées et à rendre visite aux malades. Parfois, à la fin de la journée il y a une agape. Chaque église locale ou région décide de l’ordre et du contenu de son culte selon des facteurs différents. Progressivement la simplicité et l’indépendance cèdent leur place sous la pression charnelle au cérémoniel, au sacramentalisme et au cléricalisme.
Le baptême est normalement pratiqué par immersion des adultes convertis, mais déjà vers la fin du IIe siècle le baptême des enfants non-convertis est introduit petit à petit! Tertullien vitupère, avec raison, contre cette pratique, car comment un bébé ou un jeune enfant peut-il se convertir? Le candidat adulte au baptême doit prouver que ses motivations sont pures après avoir suivi un cours d’enseignement qui pouvait durer jusqu’à trois ans. Cet enseignement porte sur la bonne doctrine, la pratique de la vie chrétienne et la mise en garde contre le paganisme ambiant. Et aujourd’hui, où en est-on avec les candidats pour le baptême des bibliquement convertis dans nos églises? Malheureusement, petit à petit d’autres éléments s’immiscent dans la cérémonie: l’exorcisme, l’onction, l’imposition des mains, le signe de la croix, puis l’idée que le baptême lave l’individu de tous ses péchés!
Dans le N.T. la discipline des chrétiens a parfois été sévère (1 Cor 5; 2 Thes 3: 6 à 15), mais elle avait pour but d’amener le coupable à la repentance et à la restauration. Après quelques siècles, elle est devenue arbitraire, légaliste, incohérente: on distingue trois classes de «disciplinés »: (1) les «pleureurs» debout devant l’église souvent par mauvais temps, confessant leurs péchés et demandant les prières des chrétiens; (2) les «auditeurs» sous le porche avec des non-croyants pour entendre la lecture des Écritures; (3) les «agenouilleurs» qui sont à l’intérieur de l’église avec des catéchumènes.
Le célibat est de plus en plus considéré comme l’état idéal pour pouvoir cultiver une vie de prière et d’abstinence, pour démontrer sa spiritualité, et pour se rendre acceptable à la prêtrise (1 Tim 4.1-3). Il y a des abus sexuels (!): des «célibataires » vivent en concubinage avec des femmes, des hommes mariés veulent abandonner leurs épouses pour vivre une vie ascétique. L’ascétisme monacal est le résultat de l’accent mis sur le célibat pour devenir «saint».
Au IVe siècle les fonctions ecclésiastiques – évêques, anciens, diacres, sous-diacres, exorcistes, acolytes, lecteurs – déjà hiérarchisées depuis un certain temps, deviennent formelles et fixes.
Les églises, en accueillant de plus en plus de «membres», s’enrichissent. Un sénateur romain païen s’exclame: «Consacrez- moi évêque de Rome et demain je deviendrai chrétien!» À la campagne, les églises restent malgré tout assez modestes. L’évêque prend une importance grandissante au IVe siècle dans les métropoles avec l’augmentation du nombre de «chrétiens »; même Irénée († 117), Tertullien († 220), et Cyprien († 258) appuient l’idée que l’évêque de Rome est supérieur à tous les autres évêques (cf. Mt 16.18), une idée étrangère au N.T (cf. 1 Pi 5.1,3; Eph 2.22). Au cours des siècles l’église de Rome a parfois des hommes aux qualités humaines extraordinaires en son sein, hommes qui sauront imposer l’idée que l’Evêque de Rome doit être le chef suprême des chrétiens en Occident.
L’histoire complète de l’expansion du christianisme au cours des premiers siècles (et surtout après le 1er) est impossible à raconter par manque de place ici. Le christianisme s’est séparé du judaïsme au 1er siècle. Il s’est ensuite répandu dans tout l’Empire, de la Grande Bretagne jusqu’en Iran en passant par la partie sud de l’ex-URSS, de l’Afrique du Nord au Soudan, en Arabie Saoudite et peutêtre jusqu’aux Indes! On raconte qu’au IIIe siècle, un missionnaire, parti pour servir le Seigneur au N.-O. de la Turquie, a trouvé 17 chrétiens en arrivant sur place; mais après 30 années de dur service, il ne restait que 17 non-convertis!!
III. CONCLUSION
Après la «conversion» de Constantin, le christianisme quitte les catacombes pour entrer par étapes dans les palais. Entre le début et la fin du IVe siècle, le christianisme devient la religion de l’État romain. On peut dire que l’Église se marie avec le pouvoir politique, et qu’elle assume aussi la responsabilité morale pour toute la société. Pour mieux «servir » (?) l’État, elle adapte ses doctrines et imite la structure hiérarchique de l’Empire. Heureusement, tout n’est pas mauvais. Toutefois, le christianisme du N.T. a subi une transformation totale par rapport au Ier siècle. Cette transformation prépare l’Occident pour «l’Age des Ténèbres » (=le Moyen Âge).
Pour terminer le survol des siècles IV à VI, un regard particulier sur les controverses doctrinales des IVe et Ve siècles devrait occuper notre attention dans la prochaine parution de «PROMESSES».
- Edité par McCarty Scott
ISLAM
II.
Paul GESCHE
On entend souvent dire que le musulman est un «croyant» et par fois que «le Dieu des musulmans et le Dieu des chrétiens est un seul et même Dieu». Qu’en est-il vraiment et comment des convictions essentielles communes peuvent-elles conduire à des piétés si différentes? A l’opposé, certains chrétiens hésitent à employer le nom arabo- musulman pour Dieu, Allah, de peur de tomber dans une confusion qui masquerait la nécessité d’une «conversion», comme on le constate parfois dans le cas du judaïsme. Allah est-il vraiment le Dieu que nous appelons «notre Père» dans nos prières?
Lorsqu’on le compare aux païens et aux athées, il est vrai que le musulman est beaucoup plus proche de nous et que nous avons beaucoup de choses en commun. Il croit en un Dieu Créateur, qui se révèle aux hommes par ses œuvres et par sa parole, transmise aux hommes par des prophètes. Dans le principe, et s’il est fidèle à sa religion, il rejette l’idolâtrie sous toutes ses formes et cherche à mener une vie de soumission à Dieu. Il a aussi le souci de parler de Dieu autour de lui, afin d’amener si possible tous les hommes à la foi et à la soumission à Dieu. Il place Dieu au centre de sa vie et au centre de la cité, il lui consacre ses enfants et une part importante de ses richesses. Il emploie beaucoup d’expressions qui montrent que Dieu est partout l’hôte silencieux de toutes ses conversations: «Dieu voulant, que Dieu te donne la paix, Dieu te le rendra… ».
Le musulman a conscience d’avoir une «foi» bien définie, fondée sur le Livre Saint de l’islam, le Coran. Dans la plupart des pays musulmans, les enfants apprennent les fondements de leur religion en même temps que les rudiments de leur langue. A l’école coranique , ils apprennent par cœur des versets du Coran et des leçons sur les divers aspects de la vie religieuse. Dans le cadre de la famille, ils reçoivent les diverses traditions en participant aux fêtes qui rythment la vie (circoncision, mariage, funérailles) et l’année (fêtes du Mouloud, du «mouton», jeûne du Ramadan). Plus tard, les jeunes gens iront à la mosquée et participeront aux rites collectifs, aux ablutions, à la prière publique; ils écouteront le prêche du vendredi et achèteront peut-être au marché les livres et tracts religieux, ou les cassettes audio ou video qui les remplacent souvent aujourd’hui.
La foi du musulman et l’expression quotidienne de sa piété sont très liées. La seconde est cependant aussi tributaire de la culture locale, qui n’est nullement homogène dans le monde musulman. La foi apparaît donc comme l’élément commun à tous les musulmans, dont l’expression découle directement du Coran, que tous les musulmans devraient en principe lire en arabe. Mais la foi n’a pas pour seul objet Dieu et sa Loi. Elle concentre et réfléchit aussi le regard porté sur soi et sur les autres. La foi musulmane influence la vision du monde et les rapports entre l’individu et la société. Si elle peut être intime, elle est surtout partagée, elle est source de communion et de cohérence. Si le Coran1 n’est pas la seule source de la Tradition, il est bien le centre de la conscience de l’islam et c’est pourquoi nous le citons ici. Sauf mention explicite, nous utiliserons les versions de Régis Blachère2 ou Denise Masson3.
Les paragraphes qui suivent sont librement adaptés d’un livre que le lecteur trouvera certainement utile pour sonder la foi et l’espérance du musulman qu’il côtoie. Ce n’est pas un livre à offrir à un musulman pour lui annoncer l’Evangile, mais c’est un ouvrage à étudier avant ou pendant que le chrétien profite de ses contacts pour parler de Jésus. Il aide à comprendre et donne aussi quelques éléments de réponse aux questions que le musulman ne manquera pas de poser. «Annoncer Christ aux musulmans» a été publié en 1990 aux Editions MENA (BP2 FR- 69520 GRIGNY) et peut être trouvé dans les librairies bibliques ou directement chez l’éditeur4.
Le CREDO musulman («IMAN»)5
Une des formulations de la «foi musulmane » peut être trouvée dans la sourate «Les Femmes», IV:136, qui l’exprime dans les termes suivants:
«O vous qui croyez!
Croyez en Dieu et en son Prophète,
Au Livre qu’il a révélé à son Prophète et au Livre qu’il a révélé auparavant.
Quiconque ne croit pas en Dieu, à ses anges et ses Livres, à ses prophètes et au Jour Dernier, se trouve dans un profond égarement.»
Nous allons reprendre chaque expression en la commentant en quelques mots:
1. DIEU («ALLAH»)
Pour l’islam, il n’y a qu’une seule divinité ou Personne divine, à l’exclusion de tout autre objet d’adoration, qu’il soit associé, engendré ou juxtaposé6. L’islam rejette ce qu’il croit comprendre de la doctrine trinitaire chrétienne, et en particulier refuse l’idée d’un «Fils engendré»7. L’islam insiste sur la transcendance absolue et la différence absolue entre Allah et ses créatures.
«Au nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux.
Dis8: Il est ALLAH, Unique, ALLAH le Seul.
Il n’a pas engendré et n’a pas été engendré9.
N’est égal à lui personne!» (sourate CXII)
Le nom divin «ALLAH» vient très probablement de Elohim (Dieu), en passant par le syriaque «Alloo»10. La formule d’introduction de la sourate ci-dessus revient comme une en-tête au commencement de chaque sourate: elle veut être l’écho de la formule sacrée des prophètes juifs : «Car ainsi parle l’Eternel…» (Ez 22.28)11.
Pour un musulman, il n’y a pas de doute: il existe un seul Dieu, qu’adorent les musulmans et que connaissent aussi les juifs et les chrétiens, mais aussi toutes les créatures de Dieu! Il existe aussi une seule religion approuvée par Dieu. Les hommes peuvent mépriser Dieu, omettre de le servir comme il l’exige, ou répandre sur son compte des mensonges par des inventions qu’ils ont forgées. Mais il n’y a qu’une façon juste de rendre un culte à Dieu: c’est l’islam, qui est la religion originelle d’Adam, la religion d’Abraham et des prophètes. Pour les musulmans, c’est la religion de Jésus aussi, quoi qu’en disent les chrétiens.
La foi en un Dieu unique est véritablement au centre de la foi musulmane. Chez les Ibadites du M’Zab algérien, la tradition voulait même qu’il n’y eût qu’une seule mosquée par ville, un seul minaret rappelant l’unicité divine. Allah ne partage son essence avec personne. Il n’a pas de vis à vis avec lequel il puisse communiquer naturellement. Il est seul comme Adam avant la création d’Eve. De ce fait, l’amour n’est pas un attribut important en islam: n’ayant pas d’égal, Dieu sera au plus miséricordieux, il sera rempli de pitié envers ses créatures qu’il a voulu fragiles. En excluant pour Dieu des relations de type père-fils (qui existent pourtant chez ses créatures) et en minimisant le rôle du diable, l’islam place à la fois Dieu et l’homme dans un univers entièrement déterminé, dans lequel l’individu et la liberté ne sont pas des valeurs en soi. Au «tu» de la Bible correspond le plus souvent le «vous» du Coran.
2. SES ANGES («malaikatuhu»)
Les musulmans croient à l’existence d’un monde invisible qui nous entoure et qui est peuplé d’anges et de démons, les «djinns», créés «de feu clair» (sourate LV:15) pour être réprouvés (sourate XXXVII:158). Les anges glorifient Allah (sourate XVI:49) et porteront son trône (sourate LXIX:17). Ils portent les ordres d’Allah et sont souvent associés à l’«Esprit»12:
«… Allah, Maître des Degrés… Les anges et l’Esprit montent vers Lui au cours d’un jour dont la durée est de cinquante mille ans» (sourate LXX:4).
«Il fait descendre les anges, avec l’Esprit [émanant] de son ordre sur qui il veut parmi ses serviteurs». (sourate XVI:2).
«La Nuit de la Destinée vaut mieux que mille mois. Les anges et l’Esprit y descendent avec la permission de leur Seigneur, pour tout ordre» (sourate XCVII:4).
Les anges ont aussi pour les musulmans la charge d’écrire dans des livres les actes bons ou mauvais des hommes:
«Croient-ils que nous n’entendons pas leurs secrets et leurs confidences? Mais si! et Nos émissaires écrivent» (sourate XLIII:80).
«[L’homme] a [des anges] attachés à ses pas, par-devant lui et par-derrière lui, qui l’observent, sur l’ordre d’Allah…» (sourate XIII:12).
Le monde surnaturel a beaucoup de sens pour le musulman. L’ambiguïté du rôle des «djinns» a permis à la religion populaire d’intégrer localement certaines pratiques animistes. En Afrique tout particulièrement, les populations musulmanes des campagnes et même celles des villes cherchent à communiquer avec des puissances occultes, à se les rendre propices par des sacrifices ou des offrandes, ou à libérer des forces par la pratique magique. La recherche de puissance est un des aspects de la quête spirituelle de la plupart des musulmans, ce qui explique le succès de certains mouvements qui mettent l’accent sur les prodiges.
Les anges et les démons ont aussi leur place dans la vision du monde biblique et les textes apocalyptiques font état des «livres» et du «livre de vie» (par ex. Apoc 20.12). Il existe pourtant des nuances importantes entre la Bible et le Coran sur ce sujet. En particulier, le Coran cite des noms d’anges inconnus dans la Bible et ne donne pas au diable («Iblis», du grec «Diabolos») un rôle très important.
3. SES APOTRES («rusuluhu»)
Le musulman croit en la mission particulière du prophète arabe Muhammad («le Loué»), ibn Abdallah (fils de «serviteur de Dieu»), envoyé aux Arabes premièrement (comme Moïse fut envoyé aux Enfants d’Israël), puis à tous les hommes avec la Dernière Révélation, la seule qui atteigne la perfection, pour enseigner à tous les hommes la religion de l’abandon et de la soumission (islam) à la volonté d’Allah.
Ses premiers discours s’apparentent à ceux de Jean-Baptiste ou des grands prophètes de l’Ancien Testament, son titre est celui des disciples «envoyés» par Jésus. Le Coran déclare:
«Nous t’avons envoyé, [Prophète!,] avec la vérité, en Annonciateur et Avertisseur. Il n’est aucune communauté chez qui ne soit passé un Avertisseur» (sourate XXXV:24).
«Nous n’avons envoyé nul apôtre sinon (chargé d’enseigner) dans l’idiome de son peuple, afin d’éclairer celui-ci…» (sourate XIV:4).
«Et il est certes une Révélation du Seigneur des Mondes descendue [du ciel] par l’Esprit fidèle, sur ton cœur, pour que tu sois parmi les Avertisseurs, en langue arabe pure et cela se trouve certes dans les écritures des Anciens…» (sourate XXVI:192-196).
Cette croyance est fondamentale dans l’islam et c’est un reflet de l’unicité divine: un seul Dieu étant auteur de la création, toutes les créatures sont potentiellement musulmanes, mais il y a des hommes qui ne le savent pas. Dieu envoie alors à chaque peuple un «Avertisseur » qui leur dit en substance: «Obéissez à Allah!» Si le peuple accepte cette sommation et abandonne ses faux dieux, il devient musulman et intègre la «maison de l’islam»! S’il résiste, Dieu le punira et lui fera la guerre jusqu’à ce qu’il cède ou jusqu’à ce qu’il soit détruit. C’est le principe de la guerre sainte, le «chemin d’Allah»!
Le mot «apôtre» a un sens différent lorsqu’il désigne Muhammad ou les disciples de Jésus. Selon la tradition musulmane, Allah dicte les paroles à Muhammad qui les répète ensuite un grand nombre de fois. La langue qu’il emploie, c’est l’arabe, une langue oubliée par l’Antiquité littéraire mais réhabilitée et sacralisée par l’islam. C’est pourquoi le Coran ne peut être traduit valablement, toute traduction n’est au mieux qu’une «tentative d’interprétation du Coran inimitable»!
Cet article est la suite de la série REGARDS SUR L’ISLAM que Paul GESCHE propose à nos lecteurs; exposés que nous apprécions pour leur objectivité et pour l’amour que notre frère porte aux âmes encore sans Christ sous le joug de l’islam.
Notes
1 Le Coran ne se présente pas sous la même forme que la Bible (nous lui consacrerons un article dans cette série). Ses chapitres sont appelés «sourates» et ses versets sont appelés «aya» (c’est à dire «signes») par les musulmans.
2 Le Coran, trad. Régis Blachère, G.P. Maisonneuve & Larose, Paris, 1972
3 Essai d’interprétation du Coran inimitable, trad. D. Masson, revue Dr Sobhi El-Saleh, Dar Al-Kitab Al- Masri d’après Ed. Gallimard, Paris, 1980
4 Prix indicatif pour la France (sans les éventuels frais de port): 12 euros.
5 Pour des raisons pratiques, cet article a dû être scindé en deux parties; la seconde paraîtra dans le prochain numéro de Promesses.
6 L’islam est né dans le contexte de l’Arabie païenne, où les nomades adoraient des divinités liées aux astres, mais aussi des pierres – appelées bétyles comme la pierre ointe par le patriarche Jacob – celles-ci étant considérées comme des réceptacles de la divinité («bayt allah» fait écho à «Béth-El»). Les païens disaient aussi que les anges étaient des «filles d’Allah».
7 Le prophète Muhammad a rencontré des Juifs et des Chrétiens. Il n’a probablement jamais tenu une Bible ou un Evangile dans ses mains. C’est par ouï-dire qu’il s’est forgé une opinion sur les croyances des Juifs et des Chrétiens. Mais il vivait malheureusement dans un environnement marqué par les hérésies et les légendes dont rendent compte les écrits apocryphes des premiers siècles. L’islam se démarque de ces deux religions, avec ambiguïté et non sans contradictions, comme si l’islam combattait davantage l’influence de cultes concurrents que des doctrines qu’il aurait comprises mais rejetées.
8 Cette déclaration d’unicité fait directement écho au «chema Israël» du judaïsme et de la Bible:
Ecoute, Israël!
Yahweh Eloheynu (l’Eternel notre Dieu),
Yahweh est Un! (Deut 6.4)
On se souvient que ce passage a été cité par Jésus en introduction au plus grand commandement (Marc 12:29). A la base, le «credo» musulman est donc très proche du credo biblique. Ceci est confirmé par la parenté entre la confession de foi musulmane (la «chahadda») et le credo paulinien (1 Tim 2.5).
9 Ce verset du Coran est représenté sur le Dôme du Rocher, qui remplace depuis le VIIe siècle sur le mont Morijah le Temple de Yahweh. Sur le lieu symbolique où «Dieu a pourvu» en fournissant l’agneau pour le sacrifice, l’islam crie vers le ciel son refus de l’Incarnation!
10 Ce nom était déjà courant en Arabie avant l’islam et le nom El était celui d’un Dieu adoré en Mésopotamie et en Canaan depuis la plus haute antiquité. La Bible a utilisé ce nom dans des sens variés, mais préfère utiliser le nom de l’Alliance Yahweh-Adonaï lorsqu’elle évoque le Dieu qui se révèle ou le Dieu qui aime son peuple. C’est dire qu’un Chrétien a certainement le droit d’utiliser le nom «Allah» , mais qu’il doit veiller à exprimer clairement ce que Dieu représente pour lui. Or sur ce dernier point, le musulman et le chrétien ont des expériences et des convictions très différentes.
11 Les épithètes de «bienfaiteur miséricordieux» (en arabe «ar-rahim ar-rahman») viennent en droite ligne de la déclaration de Dieu lui-même en Exode 34 v.6: «Yahweh, Yahweh, Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité…» L’arabe se lit: «Bismillah ar-rahim arrahman »; l’hébreu se lit: «Yahweh, Yahweh, él rahôm…» Le parallélisme est frappant!
12 En réalité, celui que nous appelons l’Esprit Saint est inconnu dans l’islam, mais comme l’Esprit est mentionné dans l’Ancien Testament et dans les textes du judaïsme, les musulmans ont pris l’habitude de le confondre avec l’Ange Gabriel. L’expression «l’Esprit et les Anges» désigne donc pour eux l’Ange de la Révélation et les autres Anges. On peut rappeler que les anges et les démons étaient des personnages importants dans les cosmogonies de la Perse et de la Mésopotamie, qui ont influencé le judaïsme et l’islam. Dans la Bible, les anges sont mentionnés avec un rôle de «messager», mais une grande sobriété marque leur description et même leur évocation. L’apôtre Paul met en garde contre un «culte des anges».
- Edité par Gesche Paul
Un moment de légère affliction produit pour nous au delà de toute mesure un poids éternel de gloire (2 Cor 4.17).
En lisant, dans 2 Cor 11.23-27, l’énumération des «afflictions» que l’apôtre Paul dut endurer, sans jamais succomber, nous sommes déconcertés: comment Paul peut-il les qualifier de «légères»? La réponse se trouve dans Rom 8.18: «J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrance du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous». Nous sommes invités à être conscients des proportions. Quelle que soit l’intensité de nos souffrances physiques ou psychiques, quand on les place sur un des plateaux d’une balance, celui-ci sera soulevé tout en haut par le poids de gloire placé sur l’autre plateau. Il n’y a aucune commune mesure entre les deux, ce dont nous ne sommes souvent pas conscients. Nous oublions souvent que nos souffrances sont temporelles et infiniment courtes comparées à la durée éternelle, donc infiniment longue, de la gloire qui nous attend. Paul fait remarquer que les choses visibles (telles que le monde avec ses souffrances) sont momentanées, et les invisibles (telles que la gloire qui nous attend) sont éternelles (2 Cor 4.18).
Quant à Pierre, il va jusqu’à dire que nous tressaillons d’allégresse quand, au milieu des souffrances qui éprouvent notre foi, nous avons en vue la gloire qui nous attend à la venue de Jésus-Christ (2 Pi 1.6-7). Plus loin dans cette épître, il qualifie la souffrance de grâce devant Dieu et affirme même que nous y avons été appelés. Et il précise pourquoi: parce que Christ lui aussi a souffert pour nous. Christ est notre exemple suprême. Il est dit de lui qu’en vue de la joie qui lui était proposée, il a souffert la croix (Héb 12.2).
Pas si vite! direz-vous. D’abord:
Qu’est-ce que la gloire?
Voyons quels sont les sens que ce concept a dans l’Ancien Testament:
– apparence lumineuse
– manifestation de Dieu et l’effet qu’elle produit
– révélation de Dieu, dans la création et dans l’histoire du salut
– honneur.
NB: l’arche de l’Alliance est le symbole de la présence de Dieu.
Dans le Nouveau Testament, le mot «doxa» (dans le sens de «gloire») est utilisé 165 fois: entre autres par Paul (77 fois), par Jean (35), par Pierre (15), par Luc (13), etc. Il a le sens de: honneur, célébrité, réputation; majesté et puissance.
– Le verbe «glorifier» revient plus de 60 fois; il signifie faire partager la gloire de Dieu; rendre efficace la gloire de Dieu ou de Christ.
– Les êtres célestes ont leur propre gloire. Les croyants participent ou participeront à la gloire. L’espérance chrétienne est «espérance de la gloire» (Col 1.27; Eph. 1.18; 2 Thes 2.14; 2 Tim 2.10).
NB: La transfiguration de Christ est la révélation de la gloire que Jésus a possédée continuellement mais pas ouvertement.
Posons alors deux questions: quelle est la raison de la souffrance et quel est son but?
Souffrir pour quelle raison?
Relevons quelques raisons en citant plusieurs textes parmi d’autres:
1. Le Seigneur dit à Paul lors de sa conversion: «Je lui montrerai combien il faudra qu’il souffre pour mon nom». Paul écrira aux Philippiens: «…il vous a été fait la grâce… de souffrir pour Christ» (1.29).
2. Paul exhorte Timothée: «…souffre avec moi pour l’Evangile», donc pour le salut des hommes (2 Tim 1.8).
3. «Je me réjouis maintenant dans mes souffrances… pour son corps, qui est l’Eglise» (Col 1.24).
Souffrir dans quel but?
J’ai relevé six buts parmi d’autres:
1. Pour être digne du royaume: «…que vous soyez rendus dignes du royaume de Dieu, pour lequel vous souffrez» (2 Thes 1.5). «C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Act 14.22).
2. Pour recevoir la couronne de vie: «Heureux l’homme qui endure la tentation (ou: l’épreuve); car après avoir été mis à l’épreuve, il recevra la couronne de vie…» (Jacq 1.12).
3. Pour entrer dans la gloire: «…Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire?» (Luc 24.26).
4. Les souffrances sont suivies de la gloire éternelle, comme l’affirme la citation mise en exergue. Méditons les passages suivants: «Ils se sont appliqués à découvrir… les indications de l’Esprit de Christ qui était en eux et qui, d’avance, attestait les souffrances de Christ et la gloire qui s’en suivrait» (1 Pi 1.11).
5. Parlant de Jésus: «Tu l’as fait pour un peu de temps inférieur aux anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur, tu as mis toutes choses sous ses pieds» (Héb 2.7-10, citation du Ps 8.6-7). Ce texte éclaire plusieurs aspects relatifs à la gloire précédée par la souffrance:
– l’abaissement de Jésus
– les souffrances avant la gloire
– Jésus couronné de gloire à cause de ses souffrances.
Cela est aussi valable pour nous.
6. Après avoir souffert, ainsi participant aux souffrances de Christ, nous participerons à la gloire de Christ: «…réjouissez- vous de participer aux souffrances de Christ. …moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ et participant à la gloire qui doit être révélée. … Le Dieu de toute grâce vous a appelés en Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps…» (1 Pi 4.13; 5.1,10).
Le but ultime de la souffrance du chrétien
Nous tous connaissons probablement le passage qui dit que «toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom 8.28). Nous connaissons souvent moins bien ce qui suit: «Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils». C’est cela le bien que Dieu a en vue, quoi que ce soit qui nous arrive: toutes choses.
Là il faut ne pas oublier que Dieu n’est pas toujours l’auteur de ce qui nous arrive. Dieu a permis à Satan de démolir les biens et la vie de Job, dont Dieu a dit: «Il n’y a personne comme lui sur la terre; c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal» (Job 1.8 et 2.3). En craignant Dieu, Job s’est placé sous la souveraineté de Dieu, qui met des limites au mal que Satan peut faire à Job. Dieu n’a pas fait un pari avec Satan à la légère; Job a dû passer par son épreuve pour glorifier Dieu devant tous les anges et pour apprendre quelque chose de fondamental: on ne discute pas avec Dieu, dont la grandeur est révélée par ses oeuvres. Sans l’histoire de Job, nous ne saurions pas que le malheur qui frappe un homme n’a pas besoin d’être lié à sa mauvaise conduite, ce que les amis de Job n’arrivaient pas à comprendre. Dieu est totalement souverain et n’a de comptes à rendre à qui que ce soit: «Je forme la lumière et je crée les ténèbres. Je réalise la paix et je crée le malheur» [ou: le mal] (Es 45.7). Rien n’échappe jamais à l’autorité suprême de Dieu.
Puisque Dieu nous a appelés selon son dessein, son plan ne peut tolérer que ce qui nous arrive soit pour notre mal. Le contenu de ce bien auquel Dieu coopère est de nous glorifier parce que nous serons devenus semblables à l’image de son Fils; non au Fils, mais à l’image du Fils. Nous ne sommes pas destinés à être des «répliques» du Fils de Dieu, mais à lui ressembler comme des frères se ressemblent. Le Fils de Dieu aura toujours la première place, étant le premier-né d’un grand nombre de frères. Le bien auquel coopèrent toutes choses, c’est la glorification avec Jésus-Christ en tant que ses frères. Rien ne peut aller à l’encontre de ce but suprême.
Rassurons-nous donc: quand le malheur frappe, le deuil, la maladie, la perte des biens ou de la liberté, le martyre même, c’est pour notre bien; ce sont des jalons sur le chemin de la glorification. L’éclat et le rayonnement se dégagent de la personne de Dieu. A la révélation de Jésus- Christ, toutes les perfections de Dieu seront rendues visibles. De ceux qui aiment Dieu, il est dit qu’ils n’auront ni tache ni ride, mais qu’ils seront saints et sans faute (Eph 5.27). Voilà l’éclat final auquel Dieu a prédestiné ceux qu’il a appelés, ceux qu’il aime, ceux qui l’aiment.
Tout cela dépasse de loin notre compréhension limitée; c’est trop sublime pour que notre raison humaine puisse en saisir la portée. Et pourtant, c’est le contenu de notre espérance, de notre attente, et elle ne sera pas déçue.
- Edité par Schneider Jean-Pierre
L’auteur de ce témoignage est marié et père d’une petite fille. Il est de nationalité congolaise. Il est juriste et assistant d’université. Diacre de l’Assemblée Evangélique «La Réconciliation» à Kinshasa, il fait également partie de l’équipe des responsables de la salle de lecture PROMESSES, établi dans l’immeuble du Centre Biblique de Matonge, place Victoire, à Kinshasa. Bob Banzelyno est co-fondateur d’une ONG de protection des Droits de l’Enfant: Dignité de l’Enfant. Pour plus de renseignements: B.P. 409, Kinshasa 1, RDC, tél. (243)818103161/ (243)8959671, E-mail: dignitédelenfant@yahoo.fr
– Net: www.dignitedelenfant.org.
Ma mère s’était mariée régulièrement. Après six ans de vie conjugale heureuse, pendant lesquels naquirent quatre enfants, elle et son mari se séparèrent, sans pour autant divorcer juridiquement. Au bout de quelques mois, le mari de ma mère prit une autre compagne. Ma mère, de son côté, entreprit de partager sa vie avec un célibataire dont elle eut un garçon. J’étais né.
Quelque temps plus tard, mon père, réalisant qu’il entretenait des relations coupables avec ma mère (qui était encore juridiquement mariée), se rétracta pour ensuite se marier régulièrement avec une autre femme. Le départ de mon père incita ma mère à demander le divorce de son premier mari. Le juge de première instance, en vertu du principe que tout enfant né pendant le mariage a pour père le mari de sa mère, prononça ce divorce en prenant soin de me classer dans la lignée clanique du mari de ma mère, qui, aux yeux de la loi, et sous certaines réserves, était considéré comme mon père. Ma garde lui fut également attribuée. Le mari de ma mère ne me désavoua point et ne contesta pas la paternité qui lui était attribuée, bien que je sois né pendant une période de sa séparation notoire d’avec ma mère.
A 4 ans, j’étais donc tiraillé entre deux pères: l’un biologique (qui craignait d’être poursuivi pour adultère s’il me reconnaissait), l’autre juridique (car mari légal de ma mère à ma naissance). Je me sentais étranger aussi bien chez mon père juridique que dans la maison de mon père biologique, chacune de leurs femmes ayant réussi à dresser ses enfants contre moi. De là il m’arrivait de me demander si ces enfants étaient bien mes frères et mes sœurs au vrai sens du terme. Aussi, à plusieurs reprises, ai-je fugué pour rejoindre ma mère, qui vivait désormais pratiquement seule.
Dans ces conditions, j’ai développé pendant toute mon enfance une nature introvertie, timide, craintive et complexée, surtout devant certains camarades que je voyais entourés d’affection par leurs parents. Longtemps, j’ai cherché à cultiver des amitiés, mais sans succès. Jusqu’à un certain âge, je n’ai pas eu d’ami, sinon ma mère, qui était tout pour moi.
Un jour d’avril 1987, après une sérieuse fracture au genou lors d’une rencontre de football universitaire, je fus hospitalisé dans une clinique de la place. Pour éviter l’amputation de ma jambe gauche, le traitement nécessitait une énorme somme d’argent que ne put assumer mon père juridique (chez qui je passais certains de mes week-ends, habitant en semaine à la cité universitaire).
Ma mère se résolut alors à voir mon père biologique. Il paya bien la facture de mon hospitalisation, mais laissa entendre qu’il s’agissait là de son dernier geste en ma faveur, tant que je continuerais d’habiter chez mon père légal.
D’autre part, ce dernier, ayant appris que ma mère était allée voir mon père biologique pour honorer la facture de l’hôpital, décida de me chasser de chez lui, dès que je sortirais de l’hôpital. Ce jour-là, moi qui avais jusque-là deux pères, je n’en eus plus aucun.
A chaque chose malheur est parfois bon. La multiplicité des lignages claniques auxquels je pouvais être rattaché (tant de l’Est que de l’Ouest de mon pays) me permit de subsister tant bien que mal, en fonction de l’alternance des différents blocs tribaux à la tête de l’Université. Dans les années 1990, l’Université fut fermée et les étudiants des Homes évacués; je fus alors hébergé dans la famille d’un ami. J’étais plongé dans des soucis et accablé par diverses maladies. Ma famille d’accueil, par crainte du pire, envisagea de se débarrasser de moi.
J’étais au désespoir; chaque lever de soleil était une amertume; je me sentais de trop. Je me rendais compte, à cette époque, que la pire des choses au monde qui pousse les gens au suicide, est le sentiment de leur inutilité. Cependant, je rends grâce à mon Dieu toutes les fois que je me souviens d’une de mes sœurs aînées qui, un jour, voyant ma détresse, me lut ces versets de Paul aux Philippiens: «Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera votre cœur et vos pensées dans le Christ Jésus» (Phil 4.6-7).
Cette exhortation transforma ma vision de la vie. Je découvris Christ, le reçus dans mon cœur. J’expérimentai sa paix, cette paix à laquelle tous (enfants nés dans le mariage ou hors mariage) avons été appelés pour former un seul corps.
Cette paix a régné en moi lorsque l’Eternel, considérant sans doute que ma mère était comme mon dieu, décida souverainement de me l’enlever juste après l’obtention de ma licence en droit. Je me sentis une fois de plus inutile et frustré sans cette merveilleuse femme qui représentait tout pour moi. Même si cette épreuve fut très pénible, néanmoins, sur le plan spirituel, Dieu m’a rappelé de la considérer comme un sujet de joie complète (Jac 1.2).
Effectivement, la mort de ma mère m’a comme libéré de ma frustration de ne pouvoir compter sur aucune autre personne qu’elle. Dieu m’enleva celle qui m’avait élevé et que j’aimais, pour laquelle j’avais formé plusieurs projets, et m’a laissé mon père, que je haïssais, afin de m’apprendre à l’aimer. Aujourd’hui, j’aime mon père. Votre situation est peut-être pire que la mienne. Peut-être ne connaissez-vous pas votre père biologique. Peut-être vous fait-il honte ou vous renie-t-il. Peut-être êtes-vous complexé et frustré, parce que ce vide affectif vous pousse dans la rue, la drogue ou la prostitution, en quête d’une affection qui vous manque.
A vous tous, je voudrais, à partir de mon expérience personnelle, même si elle n’est qu’un cas particulier, vous dire qu’en définitive, que l’on soit né dans le mariage ou hors mariage, d’une femme libre ou d’une esclave, le plus important, c’est de venir à Jésus Christ. En Lui, il n’y a ni esclave ni libre (Gal 3.28), car si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libre (Jean 8.36).
En tant qu’enfant né hors mariage, je reconnais que même si nous pouvons être encouragés quand nous trouvons chez quelqu’un d’autre un écho à notre souffrance, ce secours est trop faible. Il nous faut une voix qui dise «j’ai connu cela et j’en ai triomphé». Cette voix, c’est celle de Jésus-Christ qui a connu la souffrance. D’aucuns disent d’ailleurs de Lui qu’Il est Luimême né hors mariage- je m’insurge contre ceux qui veulent faire intervenir les lois des hommes dans le mystère de sa conception par l’action du Saint-Esprit.
A vous qui n’êtes pas reconnus par vos parents, qui ne connaissez même pas votre père ou votre mère, qui vous dites que vous êtes oubliés par le Seigneur, Dieu (non pas moi) vous dit ceci: «Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l’oublierait, Moi je ne t’oublierai point» (Es 49.15).
- Edité par Banzelyno Bob
Le temps passe si vite. Voici déjà 35 années de publication et 142 numéros de PROMESSES . Quelle richesse énorme en articles d’édification et d’enseignement bibliques. Rassurez-vous, le Site Web PROMESSES est en préparation, afin que vous puissiez profiter dès que possible de cette grande diversité de thèmes archivés.
Le courrier nous arrive de tous les côtés, ce qui nous encourage grandement. L’e-mail constitue déjà notre principal outil de travail. Nos frères africains l’utilisent de pOrdre, même si cela leur coûte cher, tant ils tiennent à exprimer leur reconnaissance et leur désir de continuer à recevoir PROMESSES. Beaucoup de questions nous sont posées, et nous cultivons ainsi une communion fraternelle enrichissante. Les nombreuses études bibliques, archivées grâce à l’informatique, nous permettent de soutenir nos frères dans leurs ministères divers.
A notre avis, ce dont l’Afrique a le plus besoin actuellement, c’est d’un soutien concret en formation biblique. Le ministère de PROMESSES s’insère dans ce créneau. Nous lançons un appel à nos lecteurs européens qui ont à cœur la Mission: Votre soutien nous permet d’envoyer de la documentation biblique adéquate Mais nous ne pouvons répondre que dans la mesure des dons reçus, car notre mission principale reste la diffusion de notre revue. Actuellement, nous tirons à 2200 exemplaires, mais nous pourrions facilement doubler ce nombre en cas de soutien matériel. Précisons une fois de plus que, grâce au bénévolat de toute l’équipe de PROMESSES, nous pouvons maximaliser l’investissement des recettes.
Voici encore quelques extraits de lettres: «Je reçois régulièrement PROMESSES et j’ai appris beaucoup de choses à travers cette revue…Les thèmes traités ont été une source d’inspiration pour mes prédications dans les églises…» (B. Zacharie, Parakou, Bénin).
«…Nous souhaitons la bienvenue sur les colonnes de la revue PROMESSES à Paul Gesche qui, par son thème sur l’ISLAM, nous sera d’une aide et d’une source inestimables… En ce qui concerne l’évangélisation, je dois vous avouer que ce n’est pas facile. La question est de savoir «comment faire avec les convertis (ex-musulmans)»?… Envoyez-nous au moins cinq à sept exposés, si possible, pour me permettre de répondre à leurs besoins spirituels…» (Pasteur J. N. Kousseri, extrême nord du Cameroun).
«…Concernant la revue PROMESSES, je l’avais vue chez une personne il y a 24 ans… Il m’est bénéfique de recevoir vos «pièces jointes» (études bibliques par e-mail), car nous avons besoin d’enrichir notre connaissance biblique, afin de préparer les âmes bien disposées en vue du retour du Seigneur… » (Pasteur P. K. Kinshasa, RDC)
Les encouragements de nos lecteurs européens nous sont aussi précieux: «… En guise de témoignage «européen», je lis dans votre lettre des nouvelles no 11 … que PROMESSES constitue un repère sécurisant pour nos frères et sœurs d’Afrique. Je souligne que pour nous, européens, c’est également le cas! L’un des derniers articles parus, «Mysticisme évangélique…», a permis que des sœurs et frères de notre assemblée soient touchés et éclairés en ces temps troublés. Ce dossier constitue un excellent support de partage et affermit la position… Continuez et soyez encouragés dans votre travail quotidien pour le Seigneur. Votre revue est vraiment un «phare dans la nuit» et contribue à ce que l’analphabétisme biblique régresse… » (C.T. à P. Suisse).
Cher lecteur, PROMESSES aura un habit différent dès 2003: sa présentation sera nouvelle, son équipe de collaborateurs élargie. Le contenu, lui, ne change pas. Les temps changent, mais «Jésus- Christ est le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité » (Héb 13.8). Bonne lecture à tous.
Merci de votre fidélité, de votre soutien dans la prière, de vos dons et de vos lettres toujours bienvenues. Et faites connaître PROMESSES autour de vous.
Henri Lüscher
- Edité par Lüscher Henri
Préliminaire
Il y eut, dans l’histoire de l’humanité, 3 époques où Dieu a authentifié ses serviteurs par des prodiges extraordinaires:
– Lors de l’exode d’Israël d’Égypte, par Moïse, les miracles époustouflants prouvant que Dieu l’envoyait. Moïse fut suivi de Josué (traversée du Jourdain, prise de Jéricho, etc.).
– Pour introduire l’ère des prophètes: Elie (1 Rois 17-19), suivi d’Elisée (2 Rois 2-9; 13).
– Pour authentifier Jésus, le serviteur par excellence décrit dans les Évangiles, comme étant le Messie annoncé des siècles à l’avance par les prophètes, suivi par les apôtres, y compris Paul (Actes et épîtres), comme étant les successeurs authentiques de Jésus.
Constatation
Dans les Actes des apôtres, qui recouvrent une période d’environ 30 ans, seuls les apôtres accomplissent des miracles, le dernier ayant lieu en 55 à Troas (Act 20), puis plus aucun dans Act 21 à 28). Les miracles sont relatés dans Act 2.43; 3.6; 4.16; 5.12-13; 9.40-41; 14.9-10 et 16.18. Les 2 exceptions sont: Etienne (6.8) et Philippe (8.6), auxquels les apôtres avaient imposé les mains au préalable (6.6). Il est a relever que toutes les guérisons opérées par les apôtres étaient instantanées et totales, jamais partielles.
Cas particulier: Marc 16.17-18 (à noter: les versets 9-20 manquent dans beaucoup de manuscrits, de sorte qu’on n’est pas sûr de leur authenticité). Ici, Jésus s’adresse spécifiquement aux apôtres, auxquels il vient de reprocher leur incrédulité (v. 15-18). «Les signes qu’accompagneront ceux (pas: «tous ceux») qui auront cru» (litt.: «ceux devenus croyants»)… Rappelons que c’était avant la Pentecôte. Pourquoi ne tient-on compte que de «chasser les démons» et «parler de nouvelles langues» et laisse-t-on de côté le poison qu’ils pourront boire impunément et les serpents dont les morsures ne leur feront rien? Cela montre bien que cela ne s’appliquait qu’aux apôtres (dont était Paul, mordu par une vipère à Malte, Act 28). Comment se fait-il qu’à travers tout l’âge de l’Église des quantités de croyants soient morts par des serpents et du poison, si la protection divine avait été conféré à tous les croyants?
La liste des dons dans les épîtres
1. 1 Cor 12.8-11,28-30, écrit en l’an 55: «A l’un est donné par l’Esprit: sagesse, connaissance, foi, guérisons, miracles, prophéties1, discernement, langues et leur traduction».
2. Rom 12.6-8, écrit en 57: Nous avons des dons différents, selon la grâce accordée: prophétie (voir sous 1), service, enseignement, exhortation, générosité, présidence, miséricorde.
3. Eph. 4.11, écrit en 60: C’est lui (Christ) qui a donné les uns comme apôtres (ici dans le sens d’envoyés), prophètes (voir sous 1), évangélistes, pasteurs, docteurs.
4. 1 Pi. 4.10-11, écrit vers 62: Chacun a reçu un don: parler, servir.
Constatations
– Aucune liste ne mentionne un don d’exorcisme (chasser des démons).
– Dès l’an 57, il n’y a plus de mention de dons miraculeux.
– 2 Cor. 12.12 dit expressément que les dons de signes, prodiges et miracles distinguaient les apôtres. Cette restriction n’aurait pas de sens si tous les chrétiens les avaient exercés dès la rédaction de la 2e épître aux Corinthiens.
– Héb. 2.3-4, écrit avant l’an 70: le salut fut confirmé (passé défini en grec) par des signes, des prodiges, des miracles variés, c.-à-d. une fois dans le passé, et non à l’époque où l’épître aux Hébreux fut écrite.
– Jacques 5.13-15, écrit vers 60, indique ce qu’il faut faire en cas de maladie: appeler les anciens pour prier et apporter de l’aide médicale (le mot pour «huile » en grec ici désigne une huile qui guérit et non l’huile d’onction). Pourquoi ne pas appeler le frère ayant un don de guérison? Il faut en déduire qu’il n’y en avait plus.
La conclusion s’impose
Les dons miraculeux ont cessé tôt dans l’Église, ce qui est confirmé par l’histoire, aucun des «pères» de l’Église n’en mentionnant jamais dans leurs écrits du 1er au 3e siècle (l’Église catholique romaine n’apparaît qu’au 4e siècle): entre autres Irénée (140-190), Tertullien (160-240), Origène (185-254), et plus tard Augustin (354-430).
Postscriptum
Bien entendu, Dieu continue à intervenir miraculeusement en réponse à nos prières. Mais ces miracles n’ont plus le but d’authentifier ses serviteurs; ils sont des grâces accordées quand Dieu le juge bon.
Notes
1 Révélations consignées plus tard dans les épîtres des apôtres et donc devenues ensuite superflues.
- Edité par Schneider Jean-Pierre
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