PROMESSES
Marc 8.22-26
La guérison d’un aveugle dans Marc 8.22-26 m’a longtemps laissé perplexe. Pourquoi le malade n’est-il guéri que partiellement après la première intervention de Jésus ? « Je vois des hommes, mais comme des arbres, et ils marchent », dit-il. Étrange. De la part du Christ, on était habitué à autre chose. Pourquoi cet échec apparent qui nécessite une deuxième intervention ?
Solutions proposées
Comme c’est souvent le cas pour un texte difficile à comprendre, les solutions proposées par les commentateurs et les prédicateurs sont aussi nombreuses que diverses. En voici quelques-unes :
1. L’échec relatif provient du manque de foi du malade ou de ses amis (H.A. Ironside, Mark, p.125). Chrysostome soulignait déjà que cet homme n’était pas venu de lui-même. Il n’aurait pas non plus appelé à l’aide, contrairement, par exemple, à Bartimée, l’aveugle de Jéricho. Pour lui, la limitation ne doit pas être placée du côté divin, mais du côté humain.
2. La guérison graduelle pourrait correspondre au progrès de la foi dans l’infirme (Joseph Huby, Évangile selon St Marc, p.205).
3. Certains discernent une amélioration graduelle de l’aveugle qui pourrait être assimilée à une guérison naturelle. Jésus aurait ainsi montré l’importance d’un processus trop souvent sous-estimé (G.G. Chadwick, The Gospel according to St Mark, p.214).
4. Les paroles de l’aveugle sont celles d’un homme qui aurait eu de la peine à s’exprimer. « Pour les enfants et pour les sauvages, ‘arbre’ est une des formules les plus fréquemment employées pour désigner un homme » (Gunther Dehn, Le Fils de Dieu, p.152).
5. Ce récit illustre la variété des méthodes du Seigneur dans ses guérisons et nous montre avec quelle liberté et quelle souplesse Jésus usait de sa puissance (J.A. Alexander, The Gospel according to Mark, p.217).
6. Ce miracle enseigne la manière dont l’Esprit agit dans l’illumination de l’âme (J.J. Jones, The Gospel according to St Mark, Vol. 2, p.151).
7. L’événement symbolise la marche des disciples vers la lumière (M.J. Lagrange, évangile selon St Marc, p.213).
Enfin, quelques-uns concluent de manière défaitiste.
8. Le contexte immédiat étant trop limité, il est impossible de donner une réponse valable (William L. Lane, The Gospel of Mark, p.285).
9. L’échec de Jésus est incompréhensible. Il nous enseigne, néanmoins, que le Seigneur ne s’est pas relâché dans son action jusqu’à ce que l’homme soit complètement guéri (R.A. Cole, Mark, p.133).
Quelle solution faut-il préférer ? Comme le relève Lane, le contexte immédiat (verset 22-26) est maigre. Si nous interdisons d’emblée à notre imagination de déformer le texte (solutions 3 et 4), il nous reste la possibilité d’appliquer un principe général (solutions 5, 6 et 7) – mais lequel ? -, de ramener ce texte à d’autres récits de guérisons (solutions 1 et 2) – mais lesquels ? – ou d’avouer simplement notre perplexité (solutions 8 et 9).
Le contexte général du récit
Une étude du cadre global de cet événement, nous guide, je crois, vers la bonne interprétation. Les dix premiers chapitres de l’évangile selon Marc, qui décrivent le ministère de Jésus depuis ses débuts jusqu’à son entrée à Jérusalem, sont séparés en deux parties par la confession de Pierre (Marc 8.27-33), véritable plaque tournante de ces chapitres.
Avant ces paroles de l’apôtre, l’accent est mis sur la démonstration de la puissance de Jésus. Quatorze miracles sont relatés, et à trois reprises, l’auteur indique que de nombreuses personnes furent guéries (1.34 ; 3.10 ; 7.56).
Après cette confession-clé, la situation est toute différente. Jésus enseigne en privé, à ses disciples, le message de la croix. « Il [Jésus] commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite trois jours après » (8.31). Les miracles, dans cette section, sont réduits à deux (9.14-29 et 10.46-53). Jésus annonce à plusieurs reprises ses souffrances et sa mort (8.31 ; 9.31 ; 10.33-34) et son corollaire, le chemin de la croix pour les disciples (8.34-38 ; 9.35 ; 10.39,41-45). L’annonce de ce message de souffrance et d’humiliation rencontre l’opposition de Pierre (8.32-33) et l’incompréhension des disciples (9.32 ; 10.32). Le comble de leur aveuglement est illustré par leurs discussions au sujet des premières places, discussions qui suivent à chaque fois l’annonce du calvaire du Christ (9.33-34 ; 10.35-37). Que Jésus soit le Messie tout-puissant, cela Pierre l’avait pleinement compris, cru et confessé (8.29) ; qu’il soit le Messie souffrant, cela il ne l’a compris, cru et confessé qu’après la résurrection.
La confession de Pierre joue donc un rôle capital : elle fait office de charnière pour les dix premiers chapitres de cet Évangile. Est-ce surprenant puisque la tradition affirme que Marc n’était que l’interprète de Pierre ?
Sens du miracle
Revenons à notre récit pour constater qu’il se situe juste avant cette confession cruciale, juste avant la nouvelle orientation du ministère de Jésus. En fait, la guérison de l’aveugle annonce et prépare ce deuxième élément fondamental du message messianique. Tout en manifestant sa compassion pour l’aveugle, Jésus enseigne ses disciples. La manière dont la cécité physique a été guérie, illustre comment la cécité spirituelle sera vaincue. De même que l’aveugle n’a discerné « tout distinctement » (8.25) qu’à la suite d’une deuxième intervention de Jésus – la première ne lui ayant donné qu’une vue trouble -, de même les disciples ont besoin d’un complément d’information – le message de la croix – afin de pouvoir tout comprendre. La confession de Pierre (8.29) n’est que la première étape, elle n’indique encore qu’une compréhension partielle de l’ouvre du Messie, celle qui reconnaît la toute-puissance de Jésus. La perception totale, elle, confesse aussi le ministère de souffrance du Christ.
Comme ce miracle avait pour but d’enseigner les disciples, Jésus prend soin de le réaliser « hors du village » (8.23), à l’écart d’une foule qui n’était pas prête pour ce nouvel enseignement. Notons aussi que la guérison s’est produite dans les environs de Béthsaïda, le village natal de Pierre (Jean 1.44). Qui sait si le Seigneur n’a pas opéré ce signe révélateur près de l’ancien domicile de l’apôtre afin que ce dernier s’en souvienne mieux ?
Pour terminer, relevons que cet événement n’est relaté que dans le deuxième évangile : situation exceptionnelle, puisque tous les autres miracles relatés par Marc – mis à part la guérison du sourd-muet (Marc 7.31-37) – sont « repris » par Matthieu et Luc. Cette guérison progressive, enseignant une vérité particulièrement bien développée dans l’Évangile selon Marc, semble n’avoir eu sa place que dans ce livre.
Et nous ?
En conclusion, il nous reste à méditer sur la leçon de ce récit. L’enseignement du ministère de souffrance s’est heurté à l’incrédulité des disciples. Qu’en est-il aujourd’hui ? Lorsque nous cherchons la puissance de Jésus par dessus tout, n’avons-nous pas, nous aussi, une vue trouble et partielle de l’Évangile ? Aujourd’hui, bien souvent, le message de la « vie abondante » me semble reléguer le message de la « croix » dans l’ombre. Le « plein Évangile » n’est pas fait que de victoires, de guérisons divines et de promesses saisies par la foi, mais aussi d’abnégation, de persévérance, de souffrances et de larmes. Ne l’oublions pas !
- Edité par Arnold Daniel
Introduction
Ce livre est une collection de sentences, de maximes et de pensées. Tout au long du livre, le mot clé, la « sagesse », ressort. Cette sagesse a comme fondement la crainte de Dieu. Celui qui veut suivre ce chemin, recevra « discernement, prudence, bon sens, prudence, réflexion, connaissance et intelligence », tous synonymes de « sagesse ». Tout le livre est construit sur ces réflexions provenant de la crainte de Dieu et contrastent de façon marquante avec la folie, le non-sens, la méchanceté et le mal sans aucune crainte de Dieu. Les Proverbes nous exhortent donc à « connaître », à « comprendre » et à « recevoir » instruction et correction.
En quelques mots, l’auteur du livre nous livre une préface magistrale (1.1-9) en fixant l’objectif de son énoncé : connaître la sagesse et l’instruction (v. 2), comprendre les paroles de l’intelligence (v. 2), recevoir des leçons de bons sens, de justice, d’équité, de droiture (v. 3) et donner du discernement aux simples et de la connaissance et de la réflexion au jeune homme (v. 4). Le sage est exhorté à écouter afin d’augmenter son savoir et d’acquérir de l’habileté (v. 5). Cela lui permettra de saisir le sens d’un proverbe, d’une énigme ou d’une parole proverbiale des sages (v. 6). La source de toute sagesse est dans la crainte de l’Éternel. En conséquence, celui qui rejette Dieu en refusant de le craindre, méprise sagesse et instruction (v. 7). La famille instituée par Dieu, est le foyer d’où sort la sagesse, basée sur la crainte de Dieu, et les parents, père et mère de l’enfant, doivent lui enseigner cela. S’il écoute, il deviendra à son tour un « sage » parce qu’il craint Dieu. Il sera ainsi une couronne de grâce sur la tête de ses parents pieux (v. 8-9). Quel magnifique résultat !
Auteurs
Salomon a écrit la majorité des Proverbes : 3000 proverbes lui sont attribuées (1 Rois 5.1), et l’Esprit de Dieu en a choisit un certain nombre de ces maximes (1 – 22.16 ; 25.1 – 29.27). Il y a eu aussi des « hommes sages » (22.17 – 24.34) qui ont rédigé un certain nombre de proverbes. Agur (30) et Lemuel (31.1-31) nous ont laissé les deux derniers chapitres des Proverbes.
Date
Salomon (– 1000 avant Jésus-Christ) a rédigé la majorité des Proverbes, dont Ezéchias a également rassemblé une partie vers – 700 (25.1 – 29.27). D’autres maximes été ajoutées encore plus tard (pendant ou après l’exil). A partir du 5e siècle av. J.-C. la collection doit avoir été au complet.
Mots-clefs
Sagesse, Connaissance, Instruction, Crainte de l’Eternel, Vie, Loi, Commandement, Justice, Mais, Mon fils, Folie, Mal, Méchanceté.
Versets-clefs
« La crainte de l’Eternel est le commencement de la connaissance : les insensés méprisent la sagesse et l’instruction » (1.7). « Le début de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel » (9.10).
La sagesse personnifiée
La sagesse est personnifiée et incarnée en Jésus-Christ : Plusieurs versets des Proverbes correspondent à des expressions du N.T. relatives au Seigneur Jésus :
– Prov 8.23 – Jean 1.1
– Prov 8.27 – Jean 1.1-2
– Prov 8.29 – Jean 1.3
– Prov 8.29 – Héb 1.2
– Prov 8.30 – Jean 7.24; Luc 3.22
– Prov 8.14 – 1 Cor 1.30
– Prov 2.4 – Col 2.3
– Prov 8.5 – Mat 11.28
– Prov 8.35 – Luc 10.21
– Prov 1.33 – Mat 11.28
– Prov 8.35 – Jean 6.47
– Prov 9.5 – Jean 6.35
Globalement, il y a une nette analogie entre Prov 8.22-31 et Jean 1.1-14 : la Sagesse personnifiée du livre des Proverbes est le Logos divin incarné de l’Evangile.
Thèmes divers
Outre la sagesse et la folie qui forment le contraste majeur du livre, un certain nombre de sujets reviennent constamment, mais ne sont pas arrangés par thèmes .
Le caractère de Dieu dans les Proverbes
Quelques-unes de ses attributs y apparaissent, comme sa miséricorde (28.13; son omniscience (5.21); sa sagesse (3.19; 15.11), sa providence (3.6; 16.3,9,33; 19.21; 20.24; 21.30-31.
Division du Livre en Cinq Collections
Collection I: Proverbes de Salomon: Recherchez la sagesse: 1 – 9
Collection II: Proverbes de Salomon: Etique pratique: 10.1 – 22.16
Collection III: Proverbes des sages: Divers Proverbes 22.17 – 24.34
Collection IV: Proverbes de Salomon: Ethique et bien social 25 – 29
Collection V: Prov. d’Agur et Lemuel : Confession – bonheur famille: 30 – 31
Division du livre
A. Introduction 1.1-7
1. Auteur 1.1
2. But 1.2-6
3. Thème 1.7
B. Préceptes de la sagesse 1.8 – 9.18
1. Evite les mauvaises compagnies 1.18-19
2. Reçois les avertissements de la sagesse 1.20-33
3. Discerne le bien et le mal 2
4. Confie-toi en Dieu 3.1-12
5. Considère la valeur de la sagesse 3.13-20
6. Sois aimable et généreux avec ton prochain 3.21-35
7. Acquiers la sagesse 4.1-9
8. Choisis le bon chemin de la sagesse 4.10-19
9. Veille sur toi-même et sur ton cœur 4.20-27
10. Abandonne la convoitise 5.1-23
11. Evite les cautions 6.1-5
12. Combats la paresse 6.6-19
13. Evite l’adultère 6.20-35
14. Reste chaste 7
15. Portrait de la sagesse en contraste avec la folie 8.1-9.18
a) Qualité de la sagesse 8.1-21
b) Discipline de la sagesse 8.22-31
c) L’homme de sagesse 8.32-36
d) Contraste sagesse – folie 9
C. Proverbes de Salomon 10.1 – 22.16
D. Proverbes des sages 22.17 – 24.34
E. Proverbes de Salomon réunis sous Ezéchias 25.1 – 29.27
F. Paroles d’Agur 30
G. Parole de Lemuel 31.1-9
H. Paroles sur la femme de valeur 31.10-31
- Edité par Lüscher Henri
« Ainsi donc, frères, nous avons l’assurance d’un libre accès au sanctuaire par le sang de Jésus, accès que Jésus a inauguré pour nous comme un chemin nouveau et vivant au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair ; et (nous avons) un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu. Approchons-nous donc d’un coeur sincère, avec une foi pleine et entière, le coeur purifié d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’une eau pure. » Héb 10.19-22
L’auteur de l’épître aux Hébreux utilise beaucoup d’images et de faits de la vie du peuple d’Israël afin de nous montrer combien plus excellente est la réalité dans laquelle la mort du Seigneur nous introduit.
Dans cette lettre, le peuple de Dieu est vu comme un peuple de voyageurs délivré de la main de l’ennemi et en route pour la patrie céleste. Néanmoins, sur ce chemin, nous sommes invités à nous approcher.
En tant que croyants, nous sommes invités à entrer avec pleine liberté dans le sanctuaire de Dieu, dans sa maison. Il ne s’agit pas dans ces versets du temple, mais bien du tabernacle dans le désert.
Cette entrée est possible premièrement à cause du sang du Seigneur Jésus qui a coulé à la croix. Deuxièmement, cet accès est ouvert, car il a déjà été parcouru par Celui qui conduit son peuple au travers du désert. Ce n’est pas quelqu’un qui nous indique seulement le chemin… mais une personne qui a inauguré ce chemin nouveau (qui n’existait pas auparavant) et vivant (car tous ceux qui le parcourent ont la vie pour l’éternité). Troisièmement, cette voie passe au travers du voile du tabernacle, qui nous parle de l’humanité de Jésus, lui qui a été la manifestation parfaite de Dieu. Et quatrièmement, le Seigneur Jésus nous est un souverain sacrificateur dans la présence de Dieu. Il sait ce qui lui convient et il nous aide à nous comporter de la bonne manière et à présenter un service digne de la personne de notre Dieu et Père.
Ayant donc considéré ces quatre raisons, n’avons-nous pas hâte d’entrer avec pleine liberté ? Lorsque nous arrivons dans sa présence, notre Dieu et Père nous accueille ; il a de la joie de nous avoir autour de lui. Alors nous lui racontons toutes les merveilles que les yeux de notre foi ont discernées dans la vie et la mort de notre Seigneur, le bien-aimé du Père et notre bien-aimé. Ainsi la joie est parfaite et nous nous sentons vraiment à la maison.
- Edité par Waldmann Stefan
LA SIXIEME BEATITUDE
« Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu »
Matthieu 5.8
Cette parole est une des plus remarquables de toute la Bible. Nous ne pouvons qu’en effleurer le sens profond, sans jamais pouvoir en épuiser les implications.
Commençons par la fin: voir Dieu. C’est certes le but ultime de tous nos efforts, je dirai de tout effort religieux tout court. On peut alors se demander pourquoi cette béatitude ne figure pas en premier, mais à la fin? Voici ce que comprend Lloyd-Jones:
"Les trois premières béatitudes ont affaire avec la connaissance de nos besoins: être pauvre en esprit, être affligé à cause de notre péché, l’humilité qui doit résulter de la connaissance de notre grand égoïsme. Suit la satisfaction de nos besoins: la soif de justice, qui sera pleinement étanchée; le besoin d’obtenir miséricorde, accordée pleinement à ceux qui deviennent miséricordieux. La pureté de coeur, et ensuite le désir de semer la paix: tout cela mène à la persécution due à une vie de justice qui tranche tellement avec la vie d’injustice ambiante" (traduction libre).
Lloyd-Jones compare cette progression à une ascension: on gravit le coteau, on arrive à la cime (la 4e béatitude) et on descend de l’autre côté.
Je vois encore une correspondance. Les trois béatitudes qui suivent la béatitude centrale (soif de justice) correspondent aux trois béatitudes qui précèdent:
– Celui qui est pauvre en esprit dépend si entièrement de Dieu qu’il fait miséricorde comme Dieu lui a fait miséricorde.
– Celui qui est pur de coeur est affligé de la méchanceté du coeur humain, à commencer par le sien propre.
– Ceux qui procurent la paix (7e béatitude) sont humbles de coeur. L’orgueilleux ne procure pas la paix; sa fierté (sa propre justice) l’en empêche.
La pureté de coeur est l’essence même de l’évangile, parce que le coeur est au centre de l’évangile. Jésus parle constamment du coeur, comme du reste tout l’AT. Sans vouloir faire un jeu de mots, on peut dire: le coeur est au coeur de l’enseignement de Jésus, en contraste avec les pharisiens, qui se préoccupaient de ce qui est extérieur.
La foi chrétienne concerne la condition du coeur. La compréhension de la doctrine de l’évangile a pour centre le coeur. L’intelligence ne suffit pas. L’intellectualisme a souvent été et est encore une malédiction dans l’Église. On peut avoir un intérêt purement intellectuel en la doctrine et en la théologie, sans que le coeur ne soit renouvelé. Mais l’intelligence elle-même a besoin du renouvellement opéré par le Saint-Esprit (Rom 12.2).
Je rappelle ici que le coeur englobe la raison (le raisonnement), la volonté et les émotions, donc la personne entière. Le coeur représente ainsi la source de toutes les activités.
L’erreur tragique, promulguée par Rousseau entre autres, est de croire que nos difficultés résultent des conditions de la société, de l’environnement, et qu’en changeant celui-ci, tout s’améliore. Même certains chrétiens l’ont pensé, en oubliant que c’est au paradis, où régnaient des conditions optimales, qu’a eu lieu la chute. Si le coeur ne change pas, aucun changement, aussi bien intentionné soit-il, ne saurait améliorer la condition humaine. Aucune éducation, aucune culture, aucun traitement psychologique, ni encore aucune religion ne pourront jamais améliorer le coeur. Pourquoi? Jérémie l’exprime lapidairement: « Le coeur de l’homme est irrémédiablement mauvais » (litt. « tordu, tortueux » – 17.9).
Que faut-il entendre par pur?
1. Sans hypocrisie; plus loin dans le Sermon sur la montagne, Jésus dit: « Si ton oeil est simple » (sans fausseté, sincère, traduit dans la Colombe par « en bon état »), ce qui rappelle cette prière de David: « Donne-moi un coeur tout simple, que je craigne ton nom » (Ps 86.11). Un coeur pur n’est pas divisé, mais entièrement dévoué à Dieu.
2. Un coeur purifié. Parlant de la ville sainte (la nouvelle Jérusalem): « Il n’y entrera rien de souillé.. » et « Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d’avoir droit à l’arbre de vie…» (Apoc 21.27 et 22.14) Un coeur pur est un coeur nouveau.
3. Désirer être comme le Seigneur Jésus, afin de le servir. « Ceux qu’il a connus d’avance, il les aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils… » (Rom 8.29). « Recherchez… la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur » (Hébr. 12.14). Cela doit être le but principal de la vie: un coeur pur afin de voir le Seigneur.
Voir Dieu
Moïse n’a pu voir que « le dos » de l’Éternel (Ex. 30.23), parce qu’on ne peut voir Dieu dans notre condition physique actuelle. Jésus dit à la foule: « Vous n’avez jamais entendu sa voix, ni vu sa face » (sa forme) (Jean 5.37). Il y a donc une face, une forme qui peut se voir. Pourtant il est dit que Dieu est Esprit (Jean 5.24). Comment comprendre?
La solution me semble être donnée dans Jean 14.9: « Celui qui m’a vu, a vu le Père. Jésus est l’image du Dieu invisible », l’apparition visible du Dieu invisible (Col. 1.15). En voyant Jésus, nous verrons Dieu. – Ceci dit, il ne nous faut pas oublier que "voir Dieu" reste un mystère dont la profondeur dépasse notre pensée limitée.
Attachons-nous à cette promesse glorieuse: « Lorsqu’il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est ». Ce bonheur est si grand que: « Quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme il est pur » (1 Jean 3.2-3).
Voici donc le sens complet de cette 6e béatitude: se purifier (avoir le coeur pur) à cause de l’espérance grandiose de notre transformation à l’image de Jésus et de notre face à face avec lui! N’est-ce pas le sommet, l’apogée, le "summum bonum" de notre vie de chrétiens? Est-ce à cela que nous aspirons de tout coeur? Si oui: sanctification obligée! Prions avec David (Ps 51.12): « Crée en moi un coeur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé ». Sachant bien que seul Dieu, par son Esprit en nous, peut purifier notre coeur.
Mais cela ne veut pas dire que nous sommes passifs. « Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous. Purifiez vos mains (actions), pécheurs, et nettoyez vos coeurs, âmes partagées » (Jac 4.8). Même conscients que nous ne pouvons purifier notre coeur par nos propres efforts, il n’en découle pas que nous puissions vivre n’importe comment en nous attendant que Dieu nous purifie. Je dois faire tout ce que je peux, sachant que cela ne suffit pas, que c’est lui qui me purifie. Je ne peux pas vivre un amour sauvage (vivre comme conjoint hors du mariage), ni m’adonner à des pratiques perverses, ni tromper dans les affaires, y compris les impôts… Si je pratique ces choses ou de semblables, je souille mon coeur, et le seul remède est la repentance. Je dois m’éloigner de toute impureté, l’éviter et tenir corps et âme dans la discipline. « Faites mourir votre nature terrestre: l’inconduite, l’impureté, les passions, les mauvais désirs et la cupidité qui est une idolâtrie » (Col 3.5). Il nous est demandé de mettre à mort les mauvaises tendances de notre corps. Comment? « Si par l’Esprit vous faites mourir les (mauvaises) actions du corps, vous vivrez » (Rom 8.13).
Nous, créatures d’un moment, allons éternellement voir Dieu dans sa gloire. Cela ne vaut-il pas tous les sacrifices des plaisirs charnels?
- Edité par Schneider Jean-Pierre
Vie chrétienne
« Ne dis pas: Comment se fait-il que les jours précédents ont été meilleurs que ceux-ci ?
Car ce n’est pas sagesse que tu t’enquiers de cela. »
Ecclésiaste 7.10
Optimiste ou pessimiste ?
En simplifiant quelque peu, nous pouvons affirmer qu’il existe deux sortes de gens : ceux qui se projettent souvent dans le futur et ceux qui sont constamment tournés vers le passé. Les premiers parlent avec confiance de l’avenir, passent des heures à échafauder des projets qu’ils n’accompliront pourtant que trop peu souvent : ce sont les optimistes ! Les seconds passent leur temps à parler du « bon vieux temps » et de ce passé qui était tellement plus agréable à vivre que le moment présent. Ils agacent leurs interlocuteurs par leur discours volontiers moralisateur et plutôt pessimiste: l’avenir leur fait peur…
Les expériences passées : source d’encouragement
Ainsi donc, certains ont tendance à considérer le passé avec bienveillance. Effectivement lorsque nous regardons en arrière, nous pouvons le faire avec reconnaissance : dans combien de situations difficiles, apparemment insurmontables, Dieu nous a fidèlement secourus… Que d’expériences encourageantes aurions-nous à raconter… « La tribulation produit la patience, et la patience l’expérience, et l’expérience l’espérance ; et l’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Jac 5.4-5) L’accumulation d’expériences, positives ou négatives, produit son fruit, et certainement qu’il est parfois bon de jeter un regard en arrière et de remercier notre Père des expériences qu’il nous a permis de vivre. Ces dernières nous arment pour l’avenir. Les expériences des autres peuvent également nous venir en aide. A plus forte raison, celles relatées dans la Bible sont pour notre instruction: « Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des écritures nous possédions l’espérance.» (Rom 15.4) Certains croyants ont peut-être marqué notre enfance. Ces chrétiens ont été pour nous des exemples et leur souvenir nous est agréable : « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et, considérant la fin de leur parcours terrestre, imitez leur foi. » (Héb 13.7)
Mettre en valeur ce que Dieu a fait
Retenons qu’il est bon pour le chrétien de s’arrêter de temps en temps et de tourner son regard en arrière. Il se rappellera tout ce que Christ a fait pour lui, notamment à la Croix (Héb 12.3). Son cœur sera alors rempli de reconnaissance envers Dieu pour les expériences qu’il lui a permis d’accumuler, pour les conducteurs qu’il lui a donnés. Le rappel du passé a ici un but positif : il met en valeur tout ce que Dieu a fait.
Remuer le passé n’est pas sage
Mais il nous arrive de remuer le passé animés de sentiments bien différents: pour mettre en avant l’une de nos réussites par exemple, ou pour charger quelqu’un que nous n’aimons pas beaucoup : « Te souviens-tu que c’était lui qui… ? » Le plus souvent, nous aimons rappeler le bon vieux temps. Ce n’est pas mal en soi ! Si nous y regardons de plus près, nous constatons que c’est une manière de nous rassurer par rapport à un présent difficile à vivre… Quelquefois, c’est comme si nous reconnaissions tout ce que Dieu nous a permis de vivre de positif dans le passé, mais que nous doutions de sa capacité à nous garantir un avenir heureux avec lui. Or nous ne pouvons résoudre les difficultés du moment en nous absorbant dans des souvenirs nostalgiques. Gardons-nous d’idéaliser le passé et d’en faire une vache sacrée, ce n’est pas sagesse que de se consacrer à pareil exercice ! Et, entre nous, ce passé a-t-il toujours été idéal ? Notre mémoire n’est-elle pas sélective ? A chaque période de la vie ses joies et ses peines… A chaque époque de l’histoire des hommes et de l’Eglise, il y a des défis, des dérapages, des soucis, comme des moments heureux. Le sage avance pas à pas, en se confiant en Dieu, en comptant sur lui et en s’appuyant sur ses promesses. Hélas, trop souvent nous manquons de foi…. Comme Pierre marchant sur l’eau, au lieu de regarder à Christ, nous regardons aux circonstances et nous nous enfonçons toujours plus dans l’eau… Le rappel du bon vieux temps ne peut pas même faire office de bouée de sauvetage.
En avant !
Le chrétien est un sportif ! Son passé l’aide à toujours mieux gérer les courses futures. Mais il ne peut pas se reposer sur ses titres passés pour gagner… il doit aller de l’avant ! « Oubliant les choses qui sont en arrière et tendant avec effort vers celles qui sont en avant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus. » (Phil 3.14) Comme il a pu faire confiance à son entraîneur dans le passé, il lui fait confiance pour le présent et l’avenir… Avec foi, il se confie en Dieu. Celui qui a été avec vous dans le passé, vous a accompagné, est aussi est avec vous maintenant, et il le sera à l’avenir ! Car « Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui et éternellement. » (Héb 13. 8)
N’en doutez pas.
- Edité par Bourgeois Nathanaël
« Il faut qu’il règne ! » Au milieu d’un ample développement sur la résurrection, l’apôtre Paul fait retentir cette exclamation (1 Cor 15.25). C’est une des multiples « nécessités » de la Bible : de même qu’il « fallait » que Jésus souffre et meure sur la croix (Luc 9.22 ; 17.25 ; 24.7,26,44 ; Jean 3.14, etc.), il faut qu’un jour Christ règne. Ce sujet du règne de Christ n’emporte pas l’unanimité, loin s’en faut. Toutefois cet article essayera de mettre en évidence ce qui nous semble être quelques caractéristiques importantes de ce règne dans le futur1.
Il faut qu’il règne… un jour sur la terre
Après sa mort et sa résurrection, notre Seigneur est monté au ciel, à la vue de ses disciples. Gardant pour l’éternité son corps glorifié, il a reçu une place d’honneur, « à la droite de Dieu »2. Pour autant, de très nombreux passages, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, montrent que Jésus ne restera pas pour toujours dans son lieu de gloire actuel ; pris littéralement, dans leur sens premier, ils annoncent son retour personnel sur terre.
La lecture des prophètes montre que Jésus n’a accompli lors de sa première venue qu’une partie des prophéties le concernant. Les prophéties sur le Serviteur souffrant s’étant accomplies exactement, cela nous rend parfaitement confiants sur l’accomplissement des prophéties relatives au Roi glorieux.
Les annonces se précisent dans le Nouveau Testament : Jésus a laissé ses disciples avec la promesse de venir les chercher (Jean 14.1-3) et Paul a reçu la révélation d’un retour du Seigneur pour prendre avec lui ceux qui lui appartiennent (1 Thes 4.13-18 ; 1 Cor 15.51-54). Jean, lui, a eu la vision d’un futur troublé par des jugements terribles, suivi par un règne de « mille ans » (Apoc 20.6).
Deux passages (1 Cor 15 et Apoc 19-21) éclairent particulièrement les grandes lignes chronologiques du futur. Après un cycle de jugements effroyables, la venue de Jésus Christ amènera une nouvelle période pour la terre3, qui aboutira finalement à de nouveaux cieux et une nouvelle terre.
Il faut qu’il règne… sur le peuple d’Israël
« Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous » (Luc 19.14). « Nous n’avons de roi que César » (Jean 19.15). Il avait pourtant rang de roi, celui que le premier évangile présente comme « le fils de David ». Mais le peuple juif du 1er siècle n’a pas voulu de ce roi différent, qui voulait changer les cœurs avant de dominer sur un peuple, et il l’a crucifié. Pourtant, sa royauté a été proclamée jusque dans son rejet : l’écriteau sur la croix comme la supplique du brigand repentant étaient là pour affirmer qu’il demeurait roi sur Israël.
Au travers de terribles épreuves, une partie du peuple d’Israël reconnaîtra un jour en Jésus Christ « celui qu’ils ont percé » (Zach 12.10). Ce « reste » fidèle sera prêt à accueillir son Messie, qui introduira pour son peuple un temps de bénédiction extraordinaire (Ps 72).
Le peuple d’Israël aura une place particulière dans le règne : c’est à Jérusalem qu’on viendra adorer le vrai Dieu et apporter des offrandes (Zach 14.16 ; 8.13,23). La mission jusque là inachevée du peuple que Dieu s’était choisi, sera pleinement remplie : par Israël, Dieu sera connu sur toute la terre (Jér 3.17 ; Es 60.3 ; 66.19).
Affirmer la prééminence future d’Israël n’est certainement pas « politiquement correct » aujourd’hui et ne doit en rien justifier des menées politiques pour devancer le « temps de Dieu ». Ce plein « retour en grâce » d’Israël ne peut pas avoir lieu indépendamment de son Messie. Aussi prêcher Jésus aux Juifs est-il sans doute actuellement le plus grand service à rendre à ce peuple !
Il faut qu’il règne… sur la création
Adam avait été placé par Dieu pour dominer la création (Ps 8). Mais l’introduction du péché l’a fait partiellement déchoir de cette place. Au lieu de régner sur la création, l’homme la fait plutôt souffrir (Rom 8.20,22). Les désastres écologiques qui se multiplient ne le montrent que trop.
Mais Dieu ne laisse pas les choses en l’état : il envoie le « dernier Adam », qui, un jour, occupera en perfection la place de l’homme sur la création. L’épître aux Hébreux, en appliquant à Christ le Ps. 8, indique bien que ce rétablissement est encore à venir : « nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises » (Héb 2.8).
Les prophètes évoquent à plusieurs reprises une terre où les mauvaises herbes seraient remplacées par de beaux arbres (Es 55.13) et où les animaux sauvages perdraient leurs instincts meurtriers (Es 11.6-8 ; 65.25). Il nous est difficile actuellement de trancher sur la portée littérale ou symbolique de tels passages ; qu’il nous suffise de savoir que, lorsque le Créateur prendra les rênes de sa création, celle-ci pourra enfin être « affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rom 8.19-21). Dans le millénium, plus de pollution, plus de gaspillage inutile de précieuses ressources naturelles, plus de destruction d’espèces rares, mais une terre renouvelée, qui pourra donner tous les trésors de richesses prévus par son Créateur (Amos 9.13-14) !
Il faut qu’il règne… comme Prince de paix
« Paix sur la terre ! » avaient chanté les anges à la naissance du Sauveur (Luc 2.14). L’enfant qui venait de naître avait été annoncé comme le « Prince de paix » (Es 9.6). Et pourtant, l’homme de Nazareth a été un sujet supplémentaire de conflit sur la terre (Luc 12.51) et les hommes se sont déchirés à son sujet. Plus généralement, la guerre a été une triste constante de l’histoire humaine depuis son début. Les conflits atteindront leur paroxysme dans la période qui précédera immédiatement le millénium (Apoc 16.12-16 ; 19.19-21).
Mais une espérance de paix demeure : le Prince de paix viendra un jour régner. Sous sa domination, guerres et armes disparaîtront : "De leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances, des serpes : une nation ne lèvera pas l’épée contre une autre nation, et on n’apprendra plus la guerre. […] Ils habiteront en sûreté, car maintenant il sera grand jusqu’aux bouts de la terre. Et lui sera la paix" (Mich 4.3 ; 5.4 version JND).
Il faut qu’il règne… comme Roi de justice
« Il n’y a pas de juste, pas même un seul », constatait le psalmiste, suivi par l’apôtre (Rom 3.10). Une seule exception : « Jésus Christ, le juste » (1 Jean 2.1) : il a fait et dit ce qui était juste, mais cela n’a pas plu. A l’issue d’un procès qui fut un sommet d’injustice, il fut condamné, non sans que sa justice soit proclamée : par Judas, par la femme de Pilate, par le centurion, etc. Et désormais tout croyant peut reconnaître Jésus comme sa « justice » (1 Cor 1.30).
Mais il faut plus : il est nécessaire que les injustices révoltantes qui se sont accumulées depuis tant de siècles fassent place à la justice parfaite du Roi de justice qui aura enfin le pouvoir (Ps 85.10 ; 94.15). « Voici, un roi régnera en justice, et des princes domineront avec droiture. L’homme vil ne sera plus appelé noble, et on ne dira pas l’avare généreux » (Es 32.1-8). « C’est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne. Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté » (Ps 45.6-7).
Il faut qu’il règne… pour apporter le bonheur
Dieu n’a pas créé l’homme pour être malheureux : comme en témoignent les si nombreuses « béatitudes »4 qui parsèment l’Écriture, il veut le bonheur de sa créature. Et pourtant que de pleurs, de tristesses, de déceptions, d’angoisses, de faillites, etc. Malgré tout, confusément, l’espoir d’un « lendemain meilleur » existe au fond du cœur de beaucoup d’hommes. Est-ce une illusion ? Non, car la prospérité, la longévité, la santé, le bonheur sont devant pour l’humanité. Soumise au Roi des rois, elle ne subira plus les conséquences du péché et pourra se développer (Es 25 ; 65.20-23).
Il faut qu’il règne… comme monarque absolu
La sagesse humaine recommande, à juste titre, de séparer les pouvoirs pour qu’ils s’équilibrent et qu’aucun ne l’emporte sur les autres. Le règne terrestre de Christ sera différent : il concentrera en sa personne tous les pouvoirs : judiciaire (« L’Éternel est notre juge »), législatif (« l’Éternel est notre législateur ») et exécutif (« l’Éternel est notre roi », Es 33.22).
Aujourd’hui, on n’en reconnaît aucun à Christ , mais le jour va venir où, de gré ou de force, tout genou fléchira (Phil 2.11). Lors de sa première venue, il était là pour sauver le monde, pas pour le juger. Mais lui qui est déjà maintenant établi « juge des vivants et des morts » (Act 10.42) jugera :
– les nations révoltées lors de l’introduction du millénium (Mat 25.31-46 ; Apoc 19. 11-21) ;
– les hommes qui ne se soumettront pas à son pouvoir absolu pendant le règne en les faisant mourir prématurément (Es 11.4 ; Ps 2.8-12) ;
– les morts à la fin du millénium, jusqu’à la mort qui sera anéantie (Apoc 20.11-15).
Alors qu’il nous semble que la victoire de la Croix laisse encore beaucoup trop d’ennemis actifs, un jour tous seront mis sous ses pieds (1 Cor 15.25-27).
Il faut qu’il règne… pour sa joie personnelle
Au cours de sa première venue, notre Seigneur a été « l’homme de douleurs » et, même s’il pouvait trouver sa joie en son Père alors qu’il était rejeté, les pleurs ont été son « pain ». Toutefois, il avait devant lui une joie qui lui était réservée (Héb 12.2) : la joie de retourner auprès de son Père, la joie de voir des hommes et des femmes se tourner vers lui comme leur Sauveur, la joie d’avoir l’Église, son Épouse auprès de lui, mais aussi la joie du royaume. Il en a parlé de façon imagée lors de l’institution de la cène. La coupe qu’il donnait à ses disciples évoquait aussi pour lui la joie future qu’il goûtera dans son règne : « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Matt 26.29).
Il faut qu’il règne… pour l’éternité
Dans sa vision, le prophète Daniel avait vu « quelqu’un de semblable à un fils de l’homme », à qui on « donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit » (Dan 7.13-14). Pierre parle du « royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pi 1.11). Au-delà du millénium, le règne continue dans l’éternité qui s’ouvre, sur des nouveaux cieux et une nouvelle terre (Apoc 21.1).
Le royaume prend alors une nouvelle forme : Jésus, qui a régné dans le millénium comme homme, remet à Dieu son royaume et comme Fils de Dieu s’absorbe, pour ainsi dire, dans la Divinité, « afin que Dieu soit tout en tous » (1 Cor 15.28). Nous conservons la sobriété de l’Écriture sur cet avenir lointain, sans doute trop éloigné de notre compréhension actuelle pour que nous puissions le concevoir nettement…
Il faut qu’il règne… dès aujourd’hui dans notre cœur
Le royaume de Christ n’est pas seulement une spéculation sur le futur. Son règne doit dès maintenant commencer, en premier lieu dans nos cœurs5. Nous sommes actuellement un « royaume » pour notre Seigneur (Apoc 1.6), en attendant un jour d’être rois avec lui, le Roi des rois. C’est pourquoi les textes bibliques qui nous semblent s’appliquer plus directement au royaume futur de Christ doivent nous parler aujourd’hui, nous qui sommes déjà volontairement les heureux sujets du Roi. Oui, il est digne de régner toujours plus sur notre cœur ! Oui, nous sommes déjà introduits spirituellement dans le « siècle à venir », dans les « choses nouvelles » !
« Que ton règne vienne! » prient et chantent des milliers de chrétiens chaque jour. Comment pouvons-nous aller dans le sens de cette demande ? En reconnaissant l’autorité totale de Jésus Christ sur tous les domaines de notre vie et en portant l’évangile à ceux qui ne sont pas encore ses sujets.
1Les sujets prophétiques ne doivent pas occasionner des divisions dans l’Église : des chrétiens fidèles, étudiants attentifs de l’Écriture, parviennent à d’autres conclusions que les nôtres ; plusieurs de nos lecteurs partagent sans doute leur position, que nous respectons profondément. Et qui sait si les uns et les autres nous ne serons pas surpris quand nous vivrons effectivement les événements annoncés ?
2Cette expression n’est qu’une image pour indiquer l’honneur et le pouvoir que Jésus a reçus dans le ciel.
3Apocalypse 20 mentionne 6 fois la durée du règne : « 1000 ans », ce qui milite pour prendre cette durée littéralement, tout comme les 3,5 ans indiqués plus haut dans le même livre. Toutefois, il est possible que « 1000 » soit un chiffre symbolique et n’indique qu’une longue période, de durée indéterminée mais finie. Par simplicité, dans la suite de l’article, nous retiendrons le terme de "millénium" pour définir cette période.
4Une béatitude désigne un verset où les personnes qui remplissent certaines conditions sont proclamées bienheureuses. Il s’agit d’un état objectif à la suite d’une bénédiction de Dieu, bien plus qu’une émotion subjective.
5C’est pourquoi certaines traductions préfèrent le terme de "règne" à celui de "royaume", car il est moins connoté spatialement ou temporellement en français.
- Edité par Prohin Joël
Plusieurs passages bibliques dans le Nouveau Testament nous relatent la venue imminente du Seigneur pour les croyants. Chaque occurrence fait penser à un autre aspect de cette rencontre bienheureuse ; en voici quelques-uns :
– L’aspect des enfants rentrant à la maison du Père en Jean 14.1-3
– L’aspect de l’épouse rencontrant l’époux en Mat 25.1-13 et Apoc 19.7-10
– L’aspect du corps revêtant l’incorruptibilité et l’immortalité en 1 Cor 15. 51-58
– L’aspect des pélerins entrant dans le pays promis en Phil 3.20
– L’aspect des disciples ravis par leur Seigneur, les sujets rencontrant leur roi en 1Thes 4.13-17
C’est ce dernier aspect que nous désirons développer quelque peu ci-dessous.
Les disciples enlevés par leur Seigneur ou l’attente des combattants
Le caractère des croyants décrit dans l’épître aux Thessaloniciens est celle de disciples, de sujets d’un roi, maintenant absent de son royaume. Le témoignage de leur conversion radicale ainsi que de leur attente nous est relaté au chapitre 1.9-10.
Nous voyons aussi un témoignage de cette reconnaissance de Christ comme roi en Act 17.6-7. La place à prendre par les sujets du roi est bien décrite en Mat 10.24-25: celle de leur Maître. Lui-même a été rejeté et n’a pas cherché à se faire reconnaître ; son unique désir était de faire la volonté de Celui qui l’avait envoyé et d’accomplir Son œuvre.
1 Thes 2.12 nous invite à marcher d’une manière digne de Dieu, étant appelés à son propre royaume et à sa propre gloire. Néanmoins, nous sommes encore sur la terre pour partager son rejet de la part du monde et accomplir la mission qu’il nous a confiée. Certes, la tâche n’est pas toujours facile, souvent pleine d’embûches et demandant beaucoup d’énergie, de l’abnégation et peu ou pas de reconnaissance.
En tant que sujets du roi, nous sommes considérés comme des représentants du royaume, des combattants non contre le sang et la chair mais contre les dominations, les esprits méchants dans les lieux célestes (Eph 6.12).
1 Thes 4.13-17 parle d’hommes forts, de guerriers, de sujets, de disciples rangés en ordre de bataille pour le dernier combat : ils marchent pour ainsi dire dans le ciel et seront pour toujours avec leur divin roi. Dans ce passage, nous voyons donc la venue du Seigneur pour ceux qui ont combattu avec Lui, partagé son rejet lors de leur vie sur la terre et représenté en tant que sujets et disciples. La mention Seigneur apparaît cinq fois; elle nous indique notre position dans le royaume. Pour appuyer cette idée, on pourrait relever sept caractéristiques dans les versets 16-17 :
1. C’est le Seigneur lui-même qui descend des cieux. Il n’envoie pas un ange ou quelqu’un à sa place. L’événement est si important et les personnes rencontrées ont un tel attrait pour lui, qu’il se déplace lui-même.
2. C’est un cri de commandement, de rassemblement. Ceci nous indique la mise en scène d’une bataille de grande envergure. Le Seigneur rassemblera tous ensemble morts et vivants en un clin d’œil (1Cor 15.52). Une foule innombrable…
3. C’est une voix d’archange ; dans l’Ecriture, l’archange est toujours mentionné en rapport avec un conflit, un combat (Dan 10.11 ; Apoc 12.7) mais qui se termine toujours par une victoire. Ceci nous indique la puissance de Celui qui vient.
4. C’est la trompette de Dieu ; en Nom 10, le son de la trompette invitait entre autres le peuple à se lever pour marcher, aller en guerre. Ici, c’est la dernière trompette (1 Cor 15.52), il n’y a plus d’autre bataille, c’est la dernière avant le repos éternel, la joie éternelle. Pendant notre vie, nous livrons beaucoup de batailles, subissons aussi des défaites, mais celle-ci sera la dernière orchestrée par le Seigneur et remportée d’une manière triomphale. L’ennemi n’aura aucune occasion de nous désarmer !
5. Nous serons enlevés ; c’est le même mot qu’en Jean 10.28 et Apoc 3.10. Il indique un enlèvement rapide, presque furtif. En effet, nous serons enlevés de la terre en un clin d’œil (1 Cor 15.52)
6. A la rencontre du Seigneur ; le mot rencontrer veut dire ici accueillir quelqu’un qu’on aime (Act 28.15 ; Mat 25.6). Ce mot est peu utilisé dans la Bible et indique une rencontre intime entre deux parties qui s’aiment. Le Ps 45.12 exprime le désir profond du Seigneur à l’égard de ceux qui l’ont suivi : Le roi désire ta beauté.
7. Dans les airs ; cette rencontre se produit en dépit de Satan, le « prince de la puissance de l’air » (Eph 2.2) ; c’est contre ses puissances que nous devons combattre momentanément (Eph 6.12) dans notre vie quotidienne. Mais alors, nous rencontrerons le Seigneur là où ce dernier l’aura décidé. Satan n’aura plus d’emprise sur nous. Il sera vaincu et nous pourrons marcher dans le ciel avec une foule de combattants. Quelle heureuse perspective !
Une analogie de l’Ancien Testament
Une analogie peut être faite entre notre situation et celle des hommes forts de David en 1 Chron 11. David est l’image d’un roi rejeté, pas encore reconnu par son peuple, comme le Seigneur. Nous relevons 3 caractéristiques des compagnons de David lors de son accession au royaume :
1. Les hommes forts de David se sont fortifiés afin de l’établir roi (v.10). David a été porté à la royauté par ses amis, par ceux qui l’aimaient. Le roi apprécie d’une manière particulière cette action, alors que la majeure partie du peuple ne le reconnaît pas. Ces hommes forts l’avaient rejoint dans la caverne d’Adullam, car ils étaient dans la détresse, pauvres et criblés de dettes (1 Sam 22). Il n’est pas difficile d’y voir une analogie avec notre situation avant notre conversion. Ces hommes avaient donc du respect pour David et lui étaient soumis en toute chose ; ils étaient engagés pour sa cause. Le Seigneur aussi mérite une telle place dans notre vie.
2. Les hommes forts de David étaient exercés à la guerre (12.8). Ils connaissaient leurs ressources et savaient les utiliser en toute situation. Le combat peut s’avérer difficile, mais nous avons aussi des ressources inépuisables tels que la Parole de Dieu et la prière. Savons-nous les utiliser en toute circonstance ?
3. Les hommes forts ont prêté secours à David (12.21). Ils ont aidé le roi qui était encore dans un terrain miné par son ennemi. Beaucoup de récits nous relatent les difficultés que David et ses hommes ont traversées pendant plusieurs années. Notre roi, le Seigneur, n’a pas besoin de notre aide, mais il apprécie grandement que nous lui prêtions secours, que nous le servions, en mettant à sa disposition tous nos talents, notre énergie, notre vie entière, afin qu’il puisse accomplir sa mission à travers nous (Rom 12.1-2).
Lorsque le long conflit, les nombreuses batailles touchaient à leur fin, les hommes de David ont triomphé avec lui et ils ont été associés à la joie du couronnement du roi (1 Chron 12.38-40). C’est notre espérance bienheureuse, décrite par Paul en 1 Thes 4.18, où il nous invite à nous laisser consoler et encourager par cette perspective. La bataille sera bientôt la dernière, le combat va bientôt faire place à une victoire commune de tous les chrétiens qui marcheront dans le ciel à la rencontre du Seigneur, le roi rejeté, mais acclamé par tous ceux qui l’auront suivi et servi sur la terre.
- Edité par Waldmann Stefan
LES CINQ «SOLI» DES RÉFORMATEURS
2e formule
Dans le dernier numéro de PRO MESSES, nous avons consacré un article à la première formule des cinq soli: «Sola Scriptura». Les Réformateurs exprimaient ainsi leur conviction que l’Ecriture sainte était l’unique et ultime autorité pour tout ce qui touchait à la foi et à la vie chrétienne. Nous avons ajouté qu’aujourd’hui cette même formule atteste la pleine suffisance de l’Ecriture dans les domaines de l’évangélisation, de la sanctification, de la direction divine et des réformes sociales.
Reculer pour mieux sauter
Pourquoi nos milieux évangéliques ontils un impérieux besoin de redécouvrir ces formules de la Réforme ? Nous pourrions évoquer deux raisons.
Premièrement, nous devenons de plus en plus mondains ! En abandonnant peu à peu les vérités de la Bible et l’expression de ces vérités dans la théologie historique de l’Eglise, nous essayons d’accomplir l’œuvre de Dieu en adoptant la théologie du monde, sa sagesse, ses valeurs, ses méthodes, ses priorités et son ordre du jour. En l’absence d’une saine et solide théologie biblique, bien comprise et appliquée, nous avons remplacé les catégories classiques de péché, de colère de Dieu, de culpabilité, de jugement et de repentance, par une approche thérapeutique où l’accent est mis sur la relation d’aide, la psychologie ou la sociologie. Feu le philosophe chrétien Francis Schaeffer disait en 1978 que «si nous n’arrêtons pas cet éloignement de l’autorité suprême de la Bible chez les évangéliques, nous n’aurons pas d’église évangélique à léguer à nos enfants.» Mais pire que cela à l’heure actuelle, si nous ne retournons pas à la vérité de la Parole de Dieu pour la confesser comme l’avaient fait les Réformateurs, nous n’aurons pas d’église du tout à confier à nos successeurs!
Deuxièmement, comme l’a si bien dit la «Déclaration de l’Alliance évangélique italienne » (1), les évangéliques ont besoin d’avoir une compréhension authentique de la foi évangélique avant d’acquérir, par exemple, une compréhension authentique du catholicisme. Et cette Déclaration de continuer :
«L’enseignement biblique, redécouvert à la Réforme et touchant au «sola, solus » comme au cœur de l’Evangile, est un point crucial qu’une conception évangélique considère comme non négociable (c’est nous qui mettons en italique). L’Ecriture seule, le Christ seul, la grâce seule, la foi seule et à Dieu seul la gloire… ensemble ces affirmations constituent les critères de l’étude du catholicisme et le principe d’interprétation à utiliser dans l’analyse des forces à l’œuvre dans l’Eglise catholique romaine. Sur la base du «sola, solus», la distance qui sépare le catholicisme contemporain de la foi évangélique n’est pas plus réduite qu’au moment de la Réforme du XVIe siècle. En fait, après le premier et le deuxième concile du Vatican, le catholicisme continue d’ajouter à l’Ecriture l’autorité de la tradition et l’autorité de l’enseignement du magistère. Au Christ, il a ajouté l’Eglise comme une extension de l’incarnation. A la grâce, il ajoute la nécessité de bénéfices qui proviennent de l’office sacramentel de l’Eglise. A la foi, il a ajouté la nécessité des bonnes actions pour le salut. A la célébration de Dieu, il a ajouté la vénération d’une foule d’autres figures qui détournent du culte au seul vrai Dieu. (…) Aucun changement de fond n’est intervenu (depuis le concile de Trente).»
Christ seul !
Alarmés par la dérive des milieux évangéliques, 120 pasteurs, théologiens et éducateurs se sont réunis en avril 1996, pour appeler les églises à se repentir de leur mondanité, et à recouvrer les doctrines bibliques, apostoliques, qui seules peuvent donner intégrité et puissance au témoignage chrétien. De leur consultation est sortie la «Déclaration de Cambridge», dont une version française a été publiée dans la Revue Réformée (Aix-en-Provence). Cette Déclaration, à laquelle nous aurons l’occasion de revenir dans la suite de nos articles, commente et soutient les cinq «soli» des Réformateurs, avant d’appeler les églises évangéliques à la repentance et à une nouvelle réforme. Voici ce qu’elle dit au sujet de la deuxième formule : «Solus Christus» :
«Nous réaffirmons que notre salut est accompli par l’œuvre médiatrice du Christ historique seul. Sa vie sans péché et son œuvre expiatoire seules suffisent pour notre justification et notre réconciliation avec le Père.»
«Là où l’œuvre du Christ comme substitut n’est pas déclarée, et où la foi en Christ et son œuvre n’est pas sollicitée, nous nions que l’Evangile ait été prêché »(2).
Commentant ces affirmations, l’un des participants à la consultation a dit :
« La formule «solus Christus» signifie que Jésus a tout accompli, de sorte qu’aucun mérite de la part de l’homme, aucun mérite des saints, aucune œuvre que nous aurions accomplie ici ou au purgatoire, ne peut ajouter quoi que ce soit à cette œuvre salvatrice achevée. En fait, toute tentative d’ajouter (à l’œuvre de Jésus) est une perversion de l’évangile… voire, n’est pas l’évangile du tout!»
« Proclamer Christ seul, c’est le proclamer comme Prophète, Sacrificateur et Roi qui seul suffit au chrétien. Nous n’avons pas besoin d’autres prophètes pour révéler la parole et la volonté de Dieu (3). Jésus a dit dans la Bible tout ce qu’il nous faut entendre. Nous n’avons pas besoin d’autres prêtres ou sacrificateurs comme médiateurs du salut et des bénédictions divines ; Jésus est notre seul et unique Médiateur. Nous n’avons pas besoin d’autres rois ou gourous pour contrôler la pensée et la vie des croyants; Jésus seul est le Roi du croyant individuel et de l’Eglise. Jésus est tout pour nous ! » (4).
Un autre participant a ajouté :
« Si nous représentons le Christ principalement comme Thérapeute Divin, Guide, Ami, Héros, Source de Puissance, Réformateur Politique, Guérisseur, ou quelque autre titre à la place de Médiateur entre Dieu et les méchants, nous lui enlevons le rôle central de sa personne, et nous sapons l’essentiel de sa mission et de son œuvre (1 Cor 1.22 ; 2.2) »(5).
Le Christ unique, incomparable
Le titre «Christ» (Christos en grec) correspond au Messie de l’AT (machiah en hébreu), et signifie «l’Oint». Il est intéressant de constater qu’on pratiquait l’onction avec une huile spéciale (Ex 30.22-33), parfois pour la consécration d’un prophète, toujours pour celle d’un prêtre ou d’un roi. Un homme n’était pas autorisé à cumuler ces offices.
1) Le prophète, agent de la révélation, porte- parole chargé de transmettre les messages de Dieu à l’homme, avait pour exemple Elie (1 Rois 19.16).
2) Le souverain sacrificateur (ou prêtre), médiateur qui représentait le peuple coupable devant Dieu, avait pour exemple Aaron (Ex 29.4-7 ; Lév 8.12).
3) Le roi, revêtu d’autorité, chargé de régner, avait pour premier exemple Saül (1 Sam 10.1 ; 24.7-11).
Au travers d’une cérémonie solennelle, Dieu, l’initiateur, indiquait son choix souverain, mettait l’oint à part pour lui en vue d’une tâche déterminée par lui, le plaçait sous sa protection et le chargeait d’accomplir fidèlement son service. Toutefois, ces offices ne pouvaient être que provisoires, car leur accomplissement laissait toujours à désirer. C’est pourquoi l’A.T. annonce l’avènement de Celui qui est promis par Dieu, Fils (Ps 2.7) et Serviteur (Es 42.1) et qui – fait absolument unique – cumulera les trois fonctions en une seule Personne : Prophète (Deut 18.15,18-19 ; Es 61.1-2), Souverain Sacrificateur (Es 53), et Roi (Ps 2 ; Jér 23.5-6 ; etc.). Certains textes réunissent les offices de Sacrificateur et Roi (Ps 110.1,4 ; Zach 6.12-13). Le dénouement vient en la personne de Jésus-Christ, «que les deux Testaments regardent : l’Ancien comme son attente, le Nouveau comme son accomplissement, tous deux comme leur centre» (Pascal). Oint par l’Esprit Saint, Jésus-Christ, Fils unique du Dieu unique, incarné, entre dans notre temps et notre espace pour remplir complètement et parfaitement les trois offices :
1) Prophète (Luc 4.18-19 ; Jean 4.25- 26 ; Héb 1.1-4.13). Avec Simon Pierre, nous croyons qu’il a les paroles de la vie éternelle (Jean 6.68-69), car «jamais homme n’a parlé comme parle cet homme» (7.46). Il dit ce qu’il a vu chez son Père (8.38a), et nous sommes responsables de la manière dont nous écoutons ses paroles (12.47-48). Le ciel et la terre passeront, mais ses paroles ne passeront point (Mat 24.35).
2) Souverain Sacrificateur (Héb 3.3 ; 4.14-10.25 ; etc.). Jésus seul s’est offert lui-même, volontairement, une fois pour toutes, en sacrifice parfait pour les péchés du peuple (7.27) ; il est toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui s’approchent de Dieu par lui, et les sauver parfaitement (25) ; il est capable de compatir à nos faiblesses, ayant été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché (4.15).
3) Roi (Mat 2.2 ; Marc 15.2 ; Luc 1.31- 33 ; etc. jusqu’à l’Apoc 11.15 et 19.16). Car «Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phil 2.9-11).
Le mot de la fin
Accepter la formule Sola Scriptura, c’est découvrir que le salut en Jésus Christ est le message qui traverse l’Ecriture de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse ; c’est donc nous laisser conduire au Christ seul, Christus solus, et faire nôtre la priorité de l’Apôtre Paul : «Je n’ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié» (1 Cor 2.2).
Notes :
(1) Reproduite dans «Fac réflexion», no 51-52, 2000/2-3, Faculté Libre de Théologie Evangélique, pp. 44-49
(2) Here We Stand, Baker Books, Grand Rapids, Mich., 1996, p.16
(3) Sans doute dans le sens de transmettre les révélations constitutives de la «foi transmise une fois pour toutes» (Jude 3)
(4) Op. cit. p. 11s.
(5) Op. cit. p. 117
- Edité par Horton Frank
J’AI aussi vu sous le soleil ce trait d’une sagesse qui m’a paru grande. Il y avait une petite ville, avec peu d’hommes dans son sein; un roi puissant marcha sur elle, l’investit, et éleva contre elle de grands forts. Il s’y trouvait un homme pauvre et sage, qui sauva la ville par sa sagesse. Et personne ne s’est souvenu de cet homme pauvre. Et j’ai dit : La sagesse vaut mieux que la force. Cependant la sagesse du pauvre est méprisée, et ses paroles ne sont pas écoutées. Les paroles des sages tranquillement écoutées valent mieux que les cris de celui qui domine parmi les insensés. La sagesse vaut mieux que les instruments de guerre; mais un seul pécheur détruit beaucoup de bien. (Ecc 9.13-18)
Ce bref récit renferme une belle vérité cachée en lui. « Sondez les écritures, a dit Jésus: elles rendent témoignage de moi! » Oui, toutes les parties de l’Ecriture sainte convergent vers un seule centre: Jésus-Christ.
Résumons tout d’abord en sept points les versets 13 à 15:
1. Il y avait une petite ville;
2. Un roi puissant l’assiégea;
3. Il s’y trouvait un homme;
4. Un homme pauvre;
5. Un homme sage;
6. Un homme qui sauve;
7. Il sauva la ville! Hélas! Personne ne s’est souvenu de lui !
1. Il y avait une petite ville
Que représente cette petite ville? Elle est une image de notre globe terrestre. Notre planète, sur laquelle nous vivons, est-elle petite? Certes oui, surtout si on la compare à d’autres corps célestes et même avec d’autres planètes de notre propre système solaire, comme Jupiter ou Saturne. On peut dire que la terre dans l’espace n’est qu’un grain de poussière au milieu de l’univers immense.
Cette petite ville avait peu d’hommes dans son sein. Aujourd’hui il y a plus de six milliards d’habitants sur la terre. C’est beaucoup pour nous, mais c’est peu pour Dieu!
D’autres planètes seraient-elles habitées dans le vaste univers? La Bible ne le dit pas, mais que dit-elle? Dieu a donné la terre aux fils de l’homme: « L’Eternel a fait les cieux et la terre. Les cieux sont les cieux de l’Eternel, mais il a donné la terre aux fils de l’homme » (Ps 115.15-16). Et encore: «Ainsi parle l’Eternel: C’est moi qui ai fait la terre, et qui sur elle ai créé l’homme. C’est moi, ce sont mes mains qui ont déployé les cieux, et c’est moi qui ai disposé toute leur armée» (Es 45.11-12). Et encore: « Car ainsi parle l’Eternel, le créateur des cieux, le seul Dieu, qui a formé la terre, qui l’a faite et qui l’a affermie, qui l’a créée pour qu’elle ne fût pas déserte, qui l’a formée pour qu’elle fût habitée; je suis l’Eternel, et il n’y en a point d’autre » (Es 45.18). Ces quelques textes nous disent que Dieu a formé la terre pour qu’elle fût habitée et qu’Il l’a donnée aux hommes. Quant au reste de l’univers, appelé « les cieux de l’Eternel », ceux-ci comprennent tous les corps célestes (en dehors de la terre): toutes les étoiles, toutes les galaxies, le soleil et même la lune, notre plus proche voisin ! Oui, l’univers immense appartient à Dieu, mais Il a donné et préparé la terre pour les fils de l’homme. Depuis que des hommes ont posé les pieds sur la lune, la preuve est fournie: notre satellite n’a pas été préparée pour nous.
Certains pensent peut-être: «Oui, c’est possible que Dieu soit le Créateur de l’univers… mais Il est si loin, si loin qu’Il ne s’occupe pas des hommes.» Détrompez-vous: Dieu pense à l’homme et s’occupe de lui ! Ecoutez: « L’Eternel regarde du haut des cieux, Il voit tous les fils de l’homme; du lieu de sa demeure il observe tous les habitants de la terre, Lui qui forme leur cœur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions» (Ps 33.13-15).
2. Un roi puissant l’assiégea
De qui s’agit-il ? De Satan, du diable. Celui-ci porte beaucoup de noms dans la Bible, Il est comparé ici à un roi puissant. Il est appelé ailleurs : « le prince de la puissance de l’air » (Eph 2.2), « le prince de ce monde» (Jean 12.31), « le prince des démons » (Mat 9.34), «le dieu de ce siècle» (2 Cor 4.4), etc.
Il ne faut pas surestimer la puissance du diable, mais il ne faut pas non plus la sous-estimer. La Parole de Dieu nous dévoile sa puissance (Ex 7.8-12; Job 1; Job 2, etc.). Quelqu’un a dit avec raison: «Nous (êtres humains), nous sommes impuissants. Le diable (Satan) est puissant. Mais Dieu est tout puissant. Gloire à Dieu! »
Et nous disons avec une joie immense: Le fils de Dieu a paru pour détruire les œuvres du diable (1 Jean 3.8b). A la croix, Jésus-Christ a dépouillé les dominations et les autorités (diaboliques), et les a livrées publiquement en spectacle en triomphant d’elles par la croix (Col 2.15). Satan est un ennemi vaincu. Voilà pourquoi il est écrit: «Résistez au diable, et il fuira loin de vous» (Jac 4.7) et « Résistez-lui avec une foi ferme» (1 Pi 5.9).
«Un roi puissant marcha sur elle, l’investit et éleva contre elle de grands forts.» Investir, c’est assiéger, c’est environner de troupes une place de guerre. Notre planète terre est donc comparée ici à une ville assiégée. La Bible nous donne quelques descriptions de villes assiégées. Quelle détresse! Quelle angoisse lorsque la famine devient grande dans la ville! Qui pourra délivrer? Ainsi notre petite planète terre se trouve assiégée par Satan qui est appelé «le prince de la puissance de l’air». Pourquoi ce nom-là? Parce que, non seulement Satan, le prince de ce monde, «séduit toute la terre» (Apoc 12.9), mais encore parce que toute l’atmosphère terrestre est occupée par l’ennemi. Avons-nous remarqué en Genèse 1.6-8 pour ce qui concerne l’atmosphère qui entoure notre planète qu’il n’est pas écrit que cela était bon (alors que cela revient comme un refrain tout au long du chapitre)? Pourquoi cette absence? Ne serait- ce pas à cause de la présence des puissances de méchanceté? Ailleurs il est écrit : Nous savons que… le monde entier est sous la puissance du malin (1 Jean 5.19). Ainsi Satan a mis le siège à la cité de l’âme humaine! Comment lui échapper ?
3. Il s’y trouvait un homme
Cet homme, c’est Jésus! Ainsi, dans cette petite parabole, le grand roi Salomon, sous l’inspiration du Saint- Esprit, a annoncé le Sauveur! Un homme semblable à nous en toutes choses, à part le péché. «Il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché» (Héb 4.15). Aussi : «Ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés» (Héb 2.18).
– Il a connu la faim: Lors de la tentation (Mat 4.3) et plus tard au cours de son ministère (Mat 21.18).
– Il a connu la soif: Il a dit à la femme Samaritaine: «Donne-moi à boire » (Jean 4.7) et sur la croix: « J’ai soif» (Jean 19.28).
– Il a connu la fatigue: On le voit en Samarie fatigué du voyage (Jean 4.6). Une autre fois il s’est endormi de fatigue dans la barque (Luc 8.23).
– Il a connu le mépris: (Luc 23.11). «La sagesse du pauvre est méprisée» (Ecc 9.16).
– Il a connu la haine: Il a pu dire : « Ils m’ont haï sans cause» (Jean 15.25).
Ne pensons donc jamais: «Personne ne peut me comprendre!» Car notre Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur bien-aimé, a souffert avant nous. Il est pleinement capable de nous comprendre. Il peut compatir à nos faiblesses, sympathiser avec nous. Cependant sa seule sympathie ne nous suffit pas. Il peut aussi nous secourir (Héb 2.18). Il peut aussi nous délivrer: « Le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux» (2 Pi 2.9).
4. Un homme pauvre
Jésus, ici-bas, a été le pauvre par excellence! «Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre (ou: a vécu dans la pauvreté), de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor 8.9). Il est né dans la pauvreté: «Marie l’emmaillota, et le coucha dans une crèche (sur la paille) parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2.7). Jésus n’a même pas eu de berceau. Sa mère a offert le sacrifice des pauvres: «deux tourterelles ou deux jeunes pigeons » (Luc 2.24). Jésus ici-bas a vécu dans la pauvreté: «Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête» (Mat 8.20; Luc 9.58). Il n’avait même pas un sou sur lui (voir Luc 20.23).
Aussi celui qui a ainsi vécu pour nous dans la faiblesse et la pauvreté est-Il digne de recevoir la puissance et la richesse: «L’agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange» (Apoc 5.12).
5. Un homme sage
Jésus a été ici-bas le sage par excellence. Déjà comme enfant : Or, « l’enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui» (Luc 2.40). «Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses» (Luc 2.47). Et comme jeune homme: « Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes» (Luc 2.52).
Il a été sur la terre l’homme sage – la Sagesse du livre des Proverbes de Salomon et du chapitre 28 de Job. Le livres de Proverbes a été écrit «pour connaître la sagesse» (Pr 1.2), c’est-àdire, pour connaître Christ ! «Les insensés méprisent la sagesse» (Pr 1.7), c’est-à-dire, ils méprisent Christ! Christ, la Sagesse du livre des Proverbes, nous dit : «Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille chaque jour à mes portes, et qui en garde les poteaux! Car celui qui me trouve a trouvé la vie, et il obtient la faveur de l’Eternel » (Pr 8.34-35).
6. Un homme qui sauve
Jésus-Christ est vraiment le Sauveur du monde. Dans une ville de la Samarie, nommée Sychar (aujourd’hui Naplouse) beaucoup d’habitants de cette ville crurent en Jésus et dirent à la femme qui leur avait parlé tout d’abord: « Ce n’est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde» (Jean 4.41-42). « C’est une parole certaine et entièrement digne d’être reçue que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs» (1 Tim 1.15). «Lui, parce qu’il demeure éternellement… peut sauver parfaitement (c’est-à-dire «jusqu’à l’achèvement » ou: «de façon définitive») ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur» (Héb 7.24-25). «Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé le Fils comme Sauveur du monde» (1 Jean 4.14).
7. Un homme qui sauva la ville par sa sagesse
Un jour (qui est proche maintenant) le roi puissant, l’homme fort, sera lié (Marc 3.27). «Puis je vis descendre du ciel un ange, qui avait la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans l’abîme, ferma et scella l’entrée au-dessus de lui, afin qu’il ne séduisit plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis » (Apoc 20.1-3).
Alors, sur la terre, on verra la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ, le roi des rois et le seigneur des seigneurs! Jésus-Christ a été ici-bas «le témoin fidèle ». Il est aujourd’hui « le premierné d’entre les morts et bientôt il sera le prince des rois de la terre» (Apoc 1.5). La ville aura été sauvée par la sagesse!
Conclusion
«Et personne ne s’est souvenu de cet homme pauvre » (v.15). Les hommes l’ont oublié. Ils vont leur chemin comme si jamais la croix de Christ n’avait été dressée sur le mont Golgotha. Ils se détournent de celui qui est mort pour eux. Que c’est triste !
Et nous, frères et sœurs en Christ, nous voulons nous souvenir de Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Seigneur; nous voulons vivre pour Lui en attendant son très proche retour: «L’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux» (2 Cor 5.14-15). Donnons gloire au Seigneur Jésus chaque jour par nos vies et nos paroles. Ecoutons ses paroles. Mettons-les en pratique. Honorons- Le! Souvenons nous de Lui ! Et prenons aussi pour nous l’exhortation de Paul à Timothée:
«Souviens-toi de Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts » (2 Tim 2.8).
J-R.C. †
- Edité par Couleru Jean Raymond
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Christ a souffert
JÉSUS, le Sauveur du monde, le Fils de Dieu, est entré volontairement dans la condition humaine sans s’en épargner l’aspect le plus rebutant, le plus mystérieux, le plus insoluble: celui de la souffrance. Dans ce domaine, chacun reconnaît en l’autre un être de la même espèce et se rapproche de lui pour partager, aider, supporter, alléger, sympathiser. Ceux qui vivent une expérience commune comportant des dangers, des privations, des coups, des moments d’espoir voient tomber des barrières de toutes sortes. Des liens sont tissés à jamais entre eux.
Si un témoin peut parler des souffrances réelles de Jésus-Christ, c’est bien l’apôtre Pierre qui a vécu avec lui depuis son baptême jusqu’à sa mort. Qu’a donc vu ce disciple chez cet homme unique, si profondément homme parce que réellement Dieu? Une capacité infinie à souffrir face à des adversaires déclarés, à une foule apathique, aux jugements de sa famille, à l’incompréhension de ceux qui l’entouraient. Aussi Pierre déclare-t-il trois fois dans son Epître :
Christ a souffert…(1) Pourquoi? Pour les péchés des hommes, afin de les amener à Dieu par la repentance et la foi puisqu’ils sont séparés de lui de- puis la désobéissance d’Adam et Eve. Le mot péché n’est plus à la mode, mais il exprime bien la révolte de l’homme contre son Créateur, la transgression des lois divines, l’absence de frein envers le mal. Celui qui commet ces choses est loin de Dieu, égaré et condamné. C’est pourquoi Christ, le seul juste, a enduré le jugement et la colère de Dieu pour sauver l’homme perdu et en faire un homme nouveau. Lecteur, êtes-vous conscient que le Dieu de la création, de l’histoire, de l’humanité, a souffert en son Fils pour réparer cette brisure, établir une relation solide entre lui et vous?
Christ a souffert…(2) Comment? Volontairement, sans regretter ni récriminer, en pleine possession de ses moyens pour accomplir la volonté de son Père. «Celui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude » (3) a supporté l’opposition avec une grande dignité. En cela, il est un exemple et nous sommes appelés à suivre ses traces. Si quelqu’un souffre à tort, de façon criante et scandaleuse, qu’il tourne ses regards vers Jésus et fasse comme lui.
Christ a souffert… (4) Jusqu’où? Audelà des limites que les hommes se fixent, au-delà de l’acceptable, jusqu’aux pires souffrances physiques et morales. Vous savez que les douleurs de tous genres peuvent casser un rythme, saper une carrière, isoler de la société, arracher des larmes, paralyser tout l’être. Bref, ces grands coups de vent de la vie ne nous amènent-ils pas à réfléchir sur son sens, même si nous souffrons jusqu’à la moelle? Jésus a aussi ressenti l’abandon de son Dieu sur la croix. C’est pourquoi il peut compatir aux détresses, entendre les cris du cour, consoler les affligés et fortifier les découragés. Si votre peine vous bloque et vous enferme, levez les yeux vers Jésus qui a dit : «Celui qui écoute ma Parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie» (5).
Ph. F.
(1) cf. 1 Pi 3.18
(2) cf. 1 Pi 2.21
(3) cf. 1 Pi 2.22
(4) cf. 1 Pi 4.1
(5) cf. Jean 5.24