PROMESSES
En matière de service chrétien, on s’est souvent posé la question de savoir s’il suffit d’être appelé de Dieu, ou s’il faut en plus suivre une formation, un enseignement spécifique pour être un parfait ministre de Dieu. La question de la vocation et de la formation dans la transmission des valeurs est alors posée. Le débat est parfois enflammé d’une passion débordante. Aussi faut-il réfléchir sérieusement sur les déclarations de la Parole de Dieu pour comprendre que la vocation et l’enseignement se donnent bel et bien rendez-vous sur le terrain de la transmission des valeurs.
La formation est indissociable de l’appel
Plusieurs passages bibliques montrent que Dieu ne se préoccupe pas seulement d’appeler ses serviteurs, mais qu’il a aussi le souci de leur formation pour un bon accomplissement de son œuvre. Ainsi, après avoir appelé son peuple d’Israël, il lui donne des instructions sur la manière dont ce dernier devra le servir (depuis l’appel d’Abraham en Genèse 12 jusqu’au livre du Deutéronome). Il donne aussi des instructions sur la façon de transmettre ces valeurs aux générations futures (Deut 6.6-9, Ps 78.3-8).
Plusieurs versets sont bel et bien évocateurs du rendez-vous de la vocation et de la formation. Aux parents, il est dit : « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre. » (Pr 22.6) Le Seigneur Jésus déclare : « Faites de toutes les nations des disciples (vocation) … et enseignez-leur à observer (formation) tout ce que je vous ai prescrit » (Mat 28.19-20) C’est ainsi que l’apôtre Paul à son tour enjoint à son enfant légitime dans la foi : « Ce que tu as reçu de moi (formation), confie-le (transmission) à des hommes fidèles (vocation) qui soient capables d’enseigner (formation) à d’autres (vocation). » (2 Tim 2.2) Dans la vie de l’apôtre Paul, ce rendez-vous de l’appel et de l’enseignement était bien exposé à Ananias : « Va, cet homme est un instrument que j’ai choisi (vocation)… et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom (formation). » (Act 9.15-16) Il n’y a pas que les déclarations bibliques ; on trouve aussi des exemples bibliques qui montrent clairement le rendez-vous entre l’appel et l’enseignement.
Les exemples bibliques
Caïn et Abel étaient appelés à vivre côte à côte dans la maison de leurs parents Adam et Eve, et ils ont probablement été enseignés au sujet de l’offrande sanglante que le péché originel avait rendue nécessaire (Gen 3.21). Cela pourrait expliquer pourquoi l’un a obéi et a trouvé l’approbation de Dieu, alors que l’autre a présenté l’offrande selon sa justice propre et a reçu la désapprobation de Dieu (Gen 4).
Dieu ayant appelé Noé, lui enseigna comment il fallait construire l’arche afin que sa famille soit sauvée (Gen 6.13-22 ; Héb 11.7).
Dieu appela Moïse et le plaça à son école pendant 40 ans en Madian ; plus tard, lorsque Moïse commença à exécuter sa mission, Dieu le remit à l’école non seulement pour lui transmettre la loi, afin que celle-ci soit enseignée au peuple d’Israël, mais aussi pour lui révéler le modèle du tabernacle. Dieu conclut en disant : « Regarde, et fais d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne. »
Dans la ligne de ce ministère, Josué sera appelé à son tour et enseigné par Moïse pour lui servir de successeur.
Chez les prophètes, on trouve la même règle. Le jeune homme est appelé par Dieu, et après il se met à l’école de l’aîné ; il y a l’exemple de Samuel et d’Éli (1 Sam 3.1), et celui d’Élisée et d’Élie (1 Rois 19.16,19-21), pour ne citer que quelques-uns.
Lorsqu’on arrive au N.T., on trouve Jean-Baptiste et l’apôtre Paul qui, une fois appelés par Dieu, sont formés dans un endroit à part à l’école du Saint-Esprit. Les autres apôtres, eux, sont formés à l’école de Jésus-Christ pendant trois ans (Marc 3.13-15).
Dans les Actes, une bonne armée d’appelés du Seigneur sont formés par les apôtres Paul et Barnabas, tandis qu’Aquilas et Priscille enseigneront Apollos (Act 18.24-26).
A partir des ces exemples, il est clair qu’une personne appelée par Dieu à son service ne peut pas se passer de l’enseignement, car l’instruction apparaît comme la courroie de transmission des valeurs. Il est vrai qu’il est souvent discuté de la forme que doit prendre la formation, mais il est certain que l’enseignement suit normalement un appel qui vient de Dieu.
Il y a diversité de formations
En réalité, il n’y a pas de formule exclusive s’il faut s’en tenir aux dispositions de la Parole de Dieu. Un homme appelé par Dieu à son service devrait se soumettre au type de formation que Dieu veut pour lui. Il ne faut donc pas négliger de se mettre à l’écoute attentive du Saint-Esprit, qui saura conduire les uns et les autres selon diverses formules.
La Parole n’exclut pas l’apprentissage de l’autodidacte, absorbé par une étude personnelle des Saintes Ecritures, sous la conduite du Saint-Esprit, mais recourant aussi aux livres que d’autres ont écrits. Le Saint-Esprit peut même conduire le croyant dans une solitude éprouvante, où celui-ci sera plus fortement incliné à une méditation profonde des Saintes Ecritures. Ce fut le cas de Jean-Baptiste et de Paul. Il y a aussi la formule du tutorat où la personne appelée se met sous l’autorité d’une autre personne expérimentée. Les exemples abondent : Moïse et Josué, Paul et Timothée, Paul et Tite, Aquilas et Priscille (ou Prisca) à l’égard d’Apollos, et d’autres.
On trouve encore la formule de l’école dans l’Ancien Testament : l’une regroupait des prophètes (2 Rois 6.1-6). Dans le N.T. l’apôtre Paul en dirigea une qui devint fameuse dans toute la province d’Éphèse (Act 19.8-10). La formule que peut prendre l’enseignement pour transmettre les valeurs divines à un homme appelé de Dieu est un domaine où il faut éviter l’esprit dogmatique. Tout dépend de Dieu lui-même qui est capable d’agir selon la connaissance qu’il a de l’individu et selon le but qu’il veut atteindre avec lui. Ainsi a-t-il conduit Israël dans un long chemin tant que son peuple n’était pas mûr pour la bataille et pour la conquête du pays promis (Ex 13.17).
Laissons donc Dieu nous équiper en vue du service qu’il nous destine : la patience que requiert une formation soignée n’est jamais du temps perdu !
L’Église manque grandement de responsables qualifiés et préparés à exercer divers ministères. Une des tâches des anciens de l’église locale est de discerner de futurs responsables dans le but de les former.
Moïse et Jéthro
Jéthro avait observé l’épuisement de son beau-fils Moïse dans sa tâche de chef du peuple, et il lui fit part de ses conseils (Ex 18.13-27). Cette portion de l’Écriture est pleine de leçons pratiques pour nous aujourd’hui :
Jésus et ses disciples
Jésus, modèle de « berger » parfait, avait choisi et formé ses disciples (Marc 3.13-14 ; Luc 6.12-16). Il était le formateur par excellence. Suivons-le dans le choix et la formation de responsables :
Il prie pour eux : avant de les choisir (Luc 6.12-16), pour qu’ils soient gardés de tomber dans les tentations (Luc 22.32), pour leur protection (Jean 17.11-12), pour leur sanctification (Jean 17.17), pour leur unité (Jean 17.11, 21-22) et pour leur croissance dans la connaissance de Dieu (Jean 17.24, 26) ;
Les apôtres et la formation des conducteurs
A l’instar de leur Maître, les apôtres ont procédé de la même façon.
Ainsi, Paul discernait des frères capables et qualifiés moralement, puis les formait. Cette stratégie apparaît clairement dans la recommandation que Paul fit à Timothée au sujet d’une œuvre qui touchait quatre générations : Paul, Timothée, ceux que Timothée devait former, et la génération qui suivait ces derniers :
« Ce que tu (2ème génération) as entendu de moi (1ère génération), en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes (3ème génération) fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres (4ème génération). » (2 Tim 2.2)
Qualifications des anciens et des diacres
Les anciens, et dans une certaine mesure les diacres, assument des responsabilités, prennent des décisions, portent des fardeaux, répondent de tout cela devant Dieu (Héb 13.17) et devant ceux qui leur demandent raison de leurs actes et de leurs paroles (1 Pi 3.15). Leur formation se déroule sur divers plans: spirituel, moral, social, humain.
Nous trouvons la description de leurs différentes qualités dans 1 Tim 3.1-7 ; 2 Tim 2.2-3, 24-25 ; Tite 1.5-91 ; 1 Pi 5.1-3 et Héb 13.17.
Leurs qualifications spirituelles
– Leur amour pour le Seigneur (Mat 22.37-38) ,
– Leur amour pour la Parole de Dieu (Ps 119, 1 Tim 4.6). Il est nécessaire de la méditer, l’étudier, se laisser imprégner par elle et lui obéir,
– Leur fidélité et leur attachement à Dieu et à sa Parole (Jean 15.4-5) ,
– Leur vie de prière et de communion avec le Seigneur (1 Thes 5.17) ,
– Leur foi et leur confiance en Dieu (Héb 11.6) ,
– Leur stabilité doctrinale (1 Tim 3.9) ,
– Leur vigilance (Act 20.28) : nos trois ennemis sont le diable, le monde et la chair. Il faut rester constamment vigilant,
– Leur aptitude à la souffrance (2 Tim 2.3).
Leurs qualifications morales
Elles doivent apparaître dans la marche de chacun d’eux avec le Seigneur, dans leur vie par l’Esprit . L’ancien ou le diacre est :
– irréprochable (1 Tim 3.2 ; Tite 1.7),
– sobre (aussi sur le plan psychologique : ne pas se laisser entraîner par des idées, des émotions extrêmes ; stable) (1 Tim 3.2),
– modéré, sensé (prudent dans ses agissements, ne jugeant pas hâtivement) (1 Tim 3.2),
– réglé dans sa conduite (1 Tim 3.2),
– pas adonné au vin (1 Tim 3.3),
– pas violent (1 Tim 3.3),
– indulgent (sachant céder, équitable) (1 Tim 3.3),
– pacifique (1 Tim 3.3),
– désintéressé (1 Tim 3.3),
– humble (pas enflé d’orgueil) (1 Tim 3.6),
– pas arrogant (Tite 1.7),
– pas coléreux (Tite 1.7),
– honnête (1 Tim 3.4),
– ami des gens de bien (Tite 1.8),
– juste (Tite 1.8),
– maître de soi, tempérant (Tite 1.8),
– affable envers tous (2 Tim 2.24-25),
– patient (2 Tim 2.24-25).
Leurs qualifications familiales
– mari d’une seule femme (fidèle à sa femme, par contraste avec la polygamie) (1 Tim 3.2 ; Tite 1.6),
– dirigeant bien sa propre maison (1 Tim 3.4),
– offrant un foyer hospitalier (1 Tim 3.2),
– tenant ses enfants dans la soumission avec une parfaite dignité (honnêteté) (1 Tim 3.4),
– ayant des enfants fidèles, ni débauchés, ni rebelles (Tite 1.6).
Leurs qualifications sociales
– ayant une bonne réputation auprès des non-chrétiens (1 Tim 3.7),
– irréprochable (face à la loi civile, morale, et par rapport aux normes courantes du comportement) (1 Tim 3.2 ; Tite 1.7).
? Les qualifications additionnelles propres au ministère d’ancien
– capable d’enseigner (1 Tim 3.),
– capable d’exhorter (Tite 1.9),
– capable de réfuter les contradicteurs (Tite 1.9),
– capable de redresser avec douceur les adversaires (2 Tim 2.25),
– capable de servir de bon gré (1 Pi 5.2).
Leurs qualités humaines à tous (anciens, diacres, et responsables de divers services)
La liste ci-dessous, sans être exhaustive, en indique quelques-unes. Nous n’avons pas cherché de passages bibliques à l’appui. Nous pensons simplement que ces compétences seraient souhaitables et que l’on peut les acquérir, mais sans forcément les posséder toutes. Cette liste pourra simplement ouvrir quelques pistes de réflexion. Un responsable :
– a le sens de ses responsabilités et les assume jusqu’au bout,
– est fiable, crédible, un homme (une femme) de parole,
– jouit d’une autorité reconnue : sans s’imposer, il est pris au sérieux à cause de sa compétence, de sa personnalité et de son statut, mais surtout parce qu’il est un modèle,
– est endurant et persévérant,
– est discret,
– est créatif,
– gère bien son temps,
– est capable de se mettre à la place de l’autre (empathie) en discernant et en comprenant les besoins fondamentaux de ses équipiers,
– est enthousiaste tout en restant équilibré,
– est capable de communiquer,
– … de motiver ses collaborateurs,
– … d’organiser (concevoir des programmes, planifier, déléguer, contrôler, etc.),
– … de déléguer des responsabilités,
– … de travailler en équipe.
Encore quelques points de repère
Comme il faut s’assurer que le troupeau soit nourri, protégé, restauré collectivement (prédications, études, exhortation, édification, etc), et individuellement (visites, cure d’âme, instruction, exhortation, etc), dans le cas de futurs anciens, le soin apporté au choix du responsable est primordial.
Le ministère d’ancien s’exerce dans la collégialité et l’aptitude de celui-ci à travailler en équipe est indispensable. Ce ministère exige du temps, de l’énergie, une préparation personnelle, parce qu’il implique une formation continue d’une part, et une disponibilité envers les collaborateurs et le troupeau.
L’épouse joue un rôle primordial. Son foyer est ouvert. Elle s’engage de tout son cœur avec son mari pour partager ce fardeau.
La gestion des affaires du peuple de Dieu, l’Église, Corps de Christ, est une grande et noble tâche. C’est aussi un honneur de pouvoir accomplir un ministère d’ancien (1 Tim 3.1), mais quelle que soit notre fonction, nous sommes exhortés à marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards (Col 1.10).
L’accompagnement du formateur
Prenant comme modèle Jésus, le formateur passe du temps avec le responsable pour l’instruire, le suivre, en évaluant son travail. Il lui confie des responsabilités en lui montrant comment il doit affronter sa nouvelle tâche. Il fixe un cahier des charges et un programme, d’entente avec lui. Il contrôle et corrige si nécessaire ses tâches. Il lui donne les moyens nécessaires pour se former (cours bibliques, séminaires, éléments bibliques pour la relation d’aide, éléments bibliques pour la communication, ouvrages, brochures, documents, etc).
Mot de la fin
Former des responsables, c’est préparer l’avenir de l’Église. Cette démarche est biblique et ne s’improvise pas. Jésus l’a fait, Paul a suivi ses traces, et l’église locale qui néglige cette formation perdra une génération précieuse de responsables. C’est aussi un ordre que nous donne la Parole de Dieu avec insistance (2 Tim 2.22). Que Dieu nous fasse la grâce de nous occuper de la relève, de la jeune génération qui attend notre main tendue pour la former de façon biblique. Que Dieu suscite une nouvelle génération d’hommes de Dieu pour diriger l’Église de demain. Levons-nous et construisons avec elle.
En principe, les aînés peuvent s’adresser à chaque génération. Mais ils ont parfois la prétention de donner des leçons aux plus jeunes dans un esprit critique ou paternaliste (« on a fait des expériences… quand nous étions jeunes, ce n’était pas la même chose », etc.)
Les expériences faites par les aînés ne profitent pas toujours aux jeunes, car les conditions ont beaucoup évolué. Que faire alors ? Prendre les nombreux exemples de la Parole et les appliquer à notre temps. Ils répondent à chaque situation. Voici quelques exemples tirés de l’expérience de croyants âgés :
1. Jacob, en bénissant ses deux petits-enfants à la fin de sa vie, fait preuve de discernement spirituel. Il croise les bras pour bénir de sa main droite le plus jeune, contrairement à la coutume, et dit : « Que le Dieu devant la face duquel ont marché mes pères, Abraham et Isaac, le Dieu qui a été mon berger depuis que je suis jusqu’à ce jour, l’Ange qui m’a délivré de tout mal, bénisse ces jeunes hommes. » (Gen 48.15-16) Malgré ses expériences fâcheuses, Jacob a appris quelque chose durant sa vie : l’Éternel a été pour lui un berger, il le sera pour ses petits-enfants.
2. David, en remettant le royaume à Salomon, se tourne vers lui et lui dit : « Et toi, Salomon, mon fils, connais le Dieu de ton père, et sers-le avec un cœur parfait et avec une âme qui y prenne plaisir. » (1 Chr 28.9) C’est comme si David disait : l’Éternel est mon Dieu personnel, il est comme un père pour moi. J’ai pu me confier en lui ; il est aussi ton Dieu, et il te sera comme un père.
3. Paul, sachant qu’il arrivait au terme de sa vie, écrit à Timothée, son enfant spirituel : « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. » (2 Tim 3.14-15) Les jeunes peuvent apprendre l’enseignement des Écritures de la part de leurs parents et aussi d’autres croyants.
4. Pierre reconnaît qu’il est ancien parmi d’autres anciens dans l’assemblée (1 Pi 5.1). Il voit cette assemblée comme étant le troupeau du Seigneur et exhorte les anciens : « Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau » (1 Pi 5.2, 3). « Paissez » : la responsabilité des anciens et de donner la nourriture nécessaire au troupeau. Est-ce que mon attitude me rend digne de cette fonction ?
5. Samuel a passé le témoin aux jeunes avec des mains propres : « Me voici, témoignez contre moi, devant l’Éternel et devant son oint. De qui ai-je pris le bœuf ? ou de qui ai-je pris l’âne ? ou à qui ai-je fait tort ? à qui ai-je fait violence ? ou de la main de qui ai-je pris un présent pour que par lui j’eusse fermé mes yeux ? Et je vous le rendrai. » (1 Sam 12.3) Paul avait aussi les mains propres quand il prend congé des anciens d’Éphèse : « Je n’ai rien caché des choses qui étaient profitables », leur dit-il (Act 20.20). Par contre, le roi David, à la fin de sa vie, doit reconnaître ses manquements envers sa famille : « Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu, cependant il a établi avec moi une alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée et assurée, car c’est là tout mon salut et tout mon plaisir, quoiqu’il ne la fasse pas germer. » (2 Sam. 23.5) N’ayons pas honte de reconnaître nos fautes devant la génération suivante, mais en soulignant, comme David, la fidélité de Dieu.
Un mot à ma génération
agissons avec la sagesse que conseille la Parole, ne faisons pas étalage de nos connaissances, n’assénons pas des exhortations en gonflant notre expérience. La sagesse, c’est de remettre la nouvelle génération aux soins du Seigneur. Que les jeunes ne se laissent pas décourager par les erreurs de leurs aînés, mais qu’ils mettent à profit ce qu’ils ont reçu de la Parole, de leurs aînés et de leurs parents.
Messieurs, votre mission est essentielle. Ne sous-estimez pas l’influence que vous exercez sur votre entourage, votre couple et vos enfants. C’est généralement lorsqu’un fils est parvenu à l’âge adulte que se manifeste le plein effet de l’implication paternelle dans son éducation, dans sa formation intellectuelle, psychologique et spirituelle. C’est également par opposition à des familles dont le père est absent que l’on peut affirmer la nécessité d’une implication profonde de l’autorité masculine comme condition d’une éducation réussie.
La conception d’un enfant nécessite la définition préalable d’un projet de vie avec les étapes qu’il comporte (croissance, maturité et indépendance). La vocation des parents est de transmettre un ensemble de valeurs instrumentales, à savoir des « outils » lui permettant de parvenir à l’existence à laquelle il aspirera (capacité d’amour, de fidélité, de persévérance, d’intégrité…). Il ne s’agit pas de définir pour l’enfant le but ultime de sa vie, mais au contraire de lui fournir les moyens d’élaborer son propre projet et d’y parvenir.
Quelles sont les implications d’un tel rôle ?
1) la prise en compte de la nécessité d’une transmission de certaines valeurs d’une génération à l’autre. Mais où trouver ces valeurs si elles ne nous ont pas été transmises par la génération précédente ? Un retour aux bases bibliques permet de combler ces lacunes et de s’inscrire dans la continuité de la transmission des valeurs, et du contenu de la foi chrétienne.
2) la conduite par la main, c’est à dire l’introduction dans une réalité concrète que l’enfant puisse assimiler ; c’est probablement le point le plus délicat à mettre en œuvre, car ce concept implique la présence physique du père. Il s’agit d’un investissement de temps, d’efforts et de créativité pour fournir à son fils une attention de qualité.
3) Le rappel constant que le but ultime de l’éducation est la responsabilité et la liberté de l’enfant. La métaphore des « racines et des ailes » résume l’objectif apparemment paradoxal que visent les parents pour leurs enfants.
4) La fidélité. Les valeurs associées à la présence du père sont la stabilité, la fidélité et la confiance qu’il inspire à l’enfant. La fidélité, manifestée par un père dans ses engagements, est une de ces valeurs qui ne s’enseignent que par l’exemple.
5) La sphère familiale est l’endroit d’apprentissage idéal du pardon comme mécanisme libérateur de la rancune et de l’amertume. Le pardon expérimenté au sein du couple et/ou dans la relation parents-enfants est une des leçons les plus marquantes pour un adulte en devenir. De plus, la capacité à pardonner se répercutera directement et positivement sur ses futures relations conjugales.
Messieurs, votre mission est essentielle. Ne sous-estimez pas l’influence que vous exercez sur votre entourage, votre couple et vos enfants. Le retour sur investissement de votre engagement est suffisamment élevé pour que vous y consacriez votre temps et votre énergie. Ce que vos enfants réclament le plus, c’est votre présence.
L’exemple de Moïse et Josué
De tout temps, l’être humain passe le témoin. Il le fait dans le cadre familial entre parents et enfants, dans le cadre professionnel, ecclésial et jusque dans la remise de la plus petite responsabilité.
Cette transmission à différents degrés comprend les valeurs éthiques, familiales, spirituelles et sociales. Souvent les protagonistes ne se rendent même pas compte de ce transfert.
Cadre historique
Le livre des Nombres fait partie des écrits de Moïse qui constituent les cinq premiers livres de la Bible, communément appelés le Pentateuque. La Genèse parle de l’origine, l’Exode de la présence de Dieu parmi son peuple, le Lévitique de la façon de s’approcher de Dieu, les Nombres de l’organisation du peuple et le Deutéronome est un rappel et un résumé des instructions fondamentales.
Ces cinq premiers livres de la Bible nous montrent comment Dieu choisit un peuple (Genèse), le rachète (Exode), le sanctifie (Lévitique), le dirige (Nombres) et l’enseigne (Deutéronome). Ils préfigurent le plan du salut en Jésus-Christ.
Dans la direction et l’organisation du peuple, le livre des Nombres indique bien des éléments utiles quant à l’attitude, la responsabilité, l’autorité et la charge des dirigeants :
– la consécration des Lévites dans leurs fonctions (chapitres 3-4, 8),
– la désignation des 70 anciens (11),
– la rébellion d’Aaron et Myriam contre l’autorité de Moïse (12),
– la révolte au retour des espions, et la fidélité de Caleb et de Josué (13-14),
– la révolte de Qoré, et la confirmation de Moïse et d’Aaron (16-17),
– la faute de Moïse et d’Aaron (20),
– les préparatifs pour l’entrée en Canaan (26-36).
C’est dans la préparation pour l’entrée en Canaan que nous trouvons le texte de Nom 27.15-23. Dieu demande à Moïse de monter sur une montagne, lui fait voir le beau pays et lui rappelle qu’il n’entrera pas dans la terre promise. Moïse, prévenu de sa mort prochaine, élève « un cri du cœur » vers Dieu pour demander un successeur, et le Seigneur répond.
Moïse premier conducteur spirituel
Moïse naît dans des circonstances où, comme tous les bébés mâles de son peuple, il est condamné à mourir. Il est choisi, sauvé et préparé par Dieu pour devenir le chef des Hébreux. Il reçoit une éducation aristocratique, étant instruit dans toute la science des Égyptiens. Son apprentissage de l’écriture lui sera utile pour transcrire les ordonnances de Dieu. Au pays de Madian, Moïse apprend à vivre dans le désert comme berger et à exercer la patience. Il entend l’appel divin, devant un buisson embrasé qui ne se consume pas.
Moïse conduit le peuple de Dieu hors d’Égypte, transmet la loi, et la manière d’entrer en communion avec Dieu. Moïse est le témoin vivant de l’alliance que Dieu a conclue avec son peuple au Mont Sinaï. Dans le N.T., il a l’honneur d’être présent lors de la transfiguration, aux côtés de Jésus et d’Élie.
Il ne s’est plus levé en Israël de prophète comme Moïse, que l’Éternel connaissait face à face. Il est incomparable pour tous les signes et prodiges que l’Éternel l’envoya accomplir au pays d’Égypte contre le Pharaon, contre ses serviteurs et contre tout son pays, et pour les actes redoutables qu’il exécuta avec autorité sous les yeux de tout Israël (Deut 34.10-11).
Suite à une désobéissance à Dieu, Moïse se voit interdit d’entrée dans le pays découlant de lait et de miel, c’est pourquoi il demande un successeur pour terminer son mandat. Moïse initie ce que son successeur est appelé à continuer : il démontre sa dépendance de Dieu à maintes reprises ; il responsabilise les anciens en les faisant participer à la conduite du peuple ; il enseigne et met en pratique la loi et les ordonnances de Dieu. Quand au caractère de Moïse, nous savons qu’il est humble (fort patient ou très doux, selon les traductions). Il est prêt à se donner totalement pour le peuple, jusqu’à intercéder pour le pardon de celui-ci au risque de sa vie.
1. Le besoin d’un successeur (Nom 27.15-17)
« Moïse parla à l’Éternel et dit : Que l’Éternel, le Dieu des esprits de toute chair, établisse sur la communauté un homme qui sorte devant eux et qui entre devant eux, qui les fasse sortir et qui les fasse entrer, afin que la communauté de l’Éternel ne soit pas comme des brebis qui n’ont point de berger. »
a) L’importance de la demande d’un successeur
Dans la perspective de la préparation à la transmission de charges, la demande d’un successeur est capitale. Pour transmettre une responsabilité, il est indispensable de découvrir une (ou plusieurs) personne(s) qui poursuive(nt) l’œuvre commencée.
A qui est adressée la demande ?
La demande est adressée à l’Éternel, « le Dieu des esprits de toute chair ». Moïse, en utilisant cette expression, démontre donc qu’il sait que c’est Dieu qui a autorité sur la vie, et dans cette attitude, montre humblement sa confiance en celui qui a déjà souvent répondu favorablement à ses requêtes.
Quelle est la demande ?
La demande est claire et précise. Moïse demande à Dieu d’établir (désigner, placer, nommer, donner) un homme sur la communauté. Moïse demande à Dieu de désigner un homme. Un autre devra conduire le peuple dans le pays promis et terminer le voyage. Il ne mentionne pas Josué dans sa prière : il est essentiel que ce ne soit pas Moïse qui désigne son successeur, mais Dieu lui-même.
Qu’est-ce qui motive la demande ?
Ce qui motive la demande de Moïse, c’est l’humilité, le don de soi et le souci pour son peuple en tant que berger expérimenté. Moïse désirait ardemment entrer en Canaan. Il sait maintenant qu’il n’y entrera pas. Mais Dieu tient parole selon le jugement qu’il a prononcé à Qadech, aux eaux de Meriba. Moïse réagit sans un mot de plainte. Il est préoccupé par la communauté de l’Éternel : il ne dit pas mon troupeau. Il ne se place pas au-dessus des autres, bien qu’il ait reçu l’autorité (déléguée par Dieu) sur le peuple.
b) Le profil du successeur
Dans la demande de Moïse, nous pouvons discerner deux éléments essentiels concernant le profil de son remplaçant :
– capable de diriger (faire entrer et sortir) : cette expression « entrer et sortir » désigne le commandement, la conduite du peuple ; l’image est tirée de l’office du berger à l’égard du troupeau ;
– capable de « paître » (berger) : le peuple d’Israël a besoin d’un conducteur qui le mène au combat dans la conquête de la terre promise, mais ce conducteur ne doit pas seulement être un guerrier. Il doit également savoir soutenir, encourager, enseigner, guider, soulager, et soigner le peuple.
c) La réponse souveraine de Dieu (Nom 27.18-21)
« L’Éternel dit à Moïse : Prends Josué, fils de Noun, homme en qui (se trouve) l’Esprit ; et tu poseras ta main sur lui. Tu le placeras devant le sacrificateur Éléazar et devant toute la communauté, et tu lui donneras des ordres sous leurs yeux. Tu le rendras participant de ta dignité, de sorte que toute la communauté des Israélites l’entende. Il se tiendra devant le sacrificateur Éléazar, qui consultera pour lui le jugement de l’ourim devant l’Éternel ; et lui-même, ainsi que tous les Israélites avec lui, et toute la communauté, sortiront sur l’ordre d’Éléazar et rentreront sur son ordre ».
Dieu répond à Moïse de façon précise et le met à l’œuvre. Dieu est souverain, il contrôle et dirige tout. Il demande cependant la participation de Moïse : Moïse n’est pas passif, mais responsable et actif, dans le courant de l’action de Dieu.
2) La désignation d’un homme préparé
a) Un homme courageux et fidèle
La mention initiale de Josué se trouve en Exode 17.8-16 lors du premier combat que les Israélites ont dû livrer après la sortie d’Égypte. Généralement, le contexte de la première mention d’un personnage dans la Bible nous donne des indications sur sa personnalité. Ici, Josué est nommé chef militaire pour sortir au combat. Josué fait partie des 12 espions qui vont explorer le pays de Canaan. C’est à ce moment-là que Moïse change le nom de Hochéa (salut) en Josué (L’Éternel sauve). Avec Caleb, il reste fidèle et confiant en Dieu, malgré la révolte des autres espions et du peuple. Ainsi Josué reçoit la promesse d’entrer dans le pays promis. Dieu l’a préparé à l’avance au travers de ces différentes étapes de vie.
b) Un homme en qui se trouve l’Esprit
Lors de la désignation officielle de Josué comme successeur, Dieu utilise l’expression « un homme en qui se trouve l’Esprit ». Il est vrai que, d’une manière générale, nul esprit humain ne peut exister ni subsister sans l’œuvre vivifiante de Dieu. Mais dans cette expression, il est également possible de comprendre que Dieu a imparti à Josué les qualités nécessaires à l’exécution de son futur mandat. Que Dieu lui ait donné toutes ces qualités dès le début de son ministère, ou qu’il les lui ait dispensées en temps opportun, le texte ne nous le dit pas. Le seul indice qui puisse nous faire pencher pour un complément d’équipement étape par étape est la mention dans Deut 34.9 de l’esprit de sagesse pour conduire le peuple, que Josué reçoit lors de l’imposition des mains de Moïse.
c) Un homme préparé
Josué est l’assistant de Moïse lorsque celui-ci monte sur le mont Sinaï. Nous le trouvons dans la tente de la rencontre lorsque l’Éternel parle à Moïse face à face. Assistant et confident de Moïse, Josué a l’occasion d’écouter ce que Dieu dit à son illustre aîné. En mettant Josué dans cette situation d’écoute, Dieu le prépare et le fortifie pour son mandat. Josué était donc idéalement préparé pour ce service (Nom 11.28 ; Ex 17.9ss ; 24.13 ; 32.17). Il avait également visité le pays de Canaan avec les autres espions (Nom 13.8 ; 14.6).
3) Le passage de témoin
a) Une nomination personnelle
« Prends Josué. » Sans développer longuement, nous soulignons que ce geste est important. Moïse n’est pas appelé à se mettre devant le peuple et à appeler « du haut de la chaire » celui qui deviendra son successeur. Il n’est pas suggéré de demander qui veut bien assumer ce travail. Prendre Josué signifie aller chercher un homme désigné par le souverain Berger, Dieu.
b) Une identification par l’imposition des mains
Dieu demande à Moïse de poser sa main sur Josué. Si Dieu fait cette demande avant de placer Josué devant le peuple, c’est parce que l’identification est plus importante. La présentation devant le peuple en découle. L’imposition des mains est un acte d’identification et de transmission. Celui qui transmet son mandat doit clairement indiquer qui est son successeur, et donner sa bénédiction. La manière de le faire à l’époque de Moïse était de mettre la main sur la tête.
c) Une mise à part visible
L’Éternel demande de présenter Josué devant deux témoins de cette transmission : le sacrificateur Éléazar et le peuple. Pourquoi devant le sacrificateur Éléazar ? Bien que rempli de l’Esprit, et honoré, le successeur ne doit rien faire sans demander conseil à Dieu, et ne pas se fier à son propre jugement. Cela souligne la réalité du gouvernement divin ! Éléazar est le représentant du système sacrificiel, seul moyen d’entrer en contact avec Dieu ; il est le médiateur entre Dieu et les hommes. Dieu demande également à Moïse de placer Josué devant tout le peuple. Le peuple doit savoir que Josué est désigné par Dieu et être témoin de la charge qu’il reçoit (et donc entendre les modalités de cette charge). Ainsi, la communauté entière participe comme témoin, donnant une validité juridique à une cérémonie où le rite de l’imposition des mains est pratiqué, symbole de la transmission d’une charge. Rien n’est fait en cachette, et comme Josué sera le conducteur du peuple, il importe que le peuple connaisse son nouveau conducteur.
d) Une transmission transparente
L’Éternel demande à Moïse de donner des ordres (des instructions) à Josué devant les Israélites. Les consignes de Dieu sont ainsi transmises afin que tous comprennent que même si Josué est investi de la charge suprême, Dieu reste le Souverain. Et qu’ainsi les membres du peuple prennent conscience de la charge que Josué porte, et qu’ils s’engagent à l’assister et à l’encourager. Quelles sont les consignes que Moïse donne à Josué ? L’ordre de conduire le peuple dans la crainte et l’obéissance à Dieu, d’être courageux, de marcher en tête du peuple lors de la conquête du pays promis, car il peut être assuré de la présence et de l’aide divine, et libéré de toute crainte des ennemis. Ces dispositions sont confirmées par Dieu en Deut 31.23. Si les ordres sont maintenant donnés devant le peuple, c’est afin que tout le peuple soit informé du but à atteindre et des promesses de Dieu. Ne pas donner d’ordres devant le peuple reviendrait à cacher les promesses de Dieu et à rendre confus le rôle du successeur.
e) Une transmission progressive
Moïse fait participer Josué à l’honneur du gouvernement civil ; il ne l’utilise plus comme serviteur, mais comme partenaire. Il lui donne une part d’autorité, et une part d’exercice de celle-ci. Non seulement pour l’introduire dans le gouvernement, mais aussi pour le rendre respectable aux yeux du peuple, afin que toute la congrégation d’Israël le reconnaisse comme législateur et gouverneur, s’attache à sa parole et obéisse à ses directives. Dans cette perspective, Moïse est appelé à prendre Josué à part pour un temps de formation spécifique. Josué doit l’accompagner et prendre sa place petit à petit. La transmission entre Moïse et Josué n’est pas abrupte. Dieu n’a pas seulement préparé Josué, mais il a aussi préparé le peuple, par la participation de Josué à la dignité de Moïse.
4) Mise en pratique (Nom 27.22-23)
Moïse agit comme l’Éternel le lui avait ordonné. Il prit Josué et le plaça devant le sacrificateur Éléazar et devant toute la communauté. Il posa ses mains sur lui et lui donna des ordres, comme l’Éternel l’avait dit par l’intermédiaire de Moïse.
Moïse agit comme l’Éternel le lui avait ordonné ! Moïse fait même plus que ce que Dieu lui a demandé, puisqu’il impose les deux mains au lieu d’une seule. Cela prouve que Moïse n’est pas un imposteur et ne cherche pas à tirer la couverture de son côté, du côté de sa famille ou de sa tribu. Le pouvoir est transmis à son serviteur, un Éphraïmite, et non pas à son fils, comme ce fut le cas pour Aaron dans le cadre du sacerdoce
« Agir comme l’Eternel le demande », cette phrase devrait être notre devise. Pour en faire l’expérience pratique, il est nécessaire de connaître ce que Dieu demande ! Moïse, dans les versets 22-23 nous donne un aperçu de son obéissance, mais son action envers Josué ne s’arrête pas là. À partir de ce jour, Josué participe avec lui à la conduite du peuple. Quel exemple de consécration et de renoncement ! Ce qui importait pour Moïse, ce n’était pas sa position, ni celle de Josué, mais leur obéissance à Dieu.
Josué a-t-il suivi l’exemple de Moïse ? Oui. En Jos 24, nous voyons qu’il place le peuple face à ses responsabilités devant Dieu. Il lui rappelle l’œuvre de Dieu et lui donne des ordres. A la mort de Josué, ce sont les anciens qui ont la responsabilité du peuple, et nous voyons que tant qu’ils sont en vie, Israël sert l’Éternel (Jos 24.31 ; Jug 2.7). Mais curieusement, la génération suivante fait ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, car ils ne le connaissent pas (Jug 2.10-11). Les anciens ont-ils pratiqué la transmission de témoin dans le même esprit que Moïse à l’égard de Josué ? Et nous aujourd’hui, comment transmettons-nous le témoin ? L’histoire de Moïse a beaucoup à nous apporter : obéissants et dépendants de Dieu, cherchons à laisser l’exemple d’une vie de foi altruiste et totalement tournée vers Dieu.
Le rédacteur, maintenant âgé, d’un périodique chrétien, aimerait bien passer le témoin. Le directeur d’un centre de vacances évangélique cherche régulièrement de nouveaux moniteurs. Des anciens cherchent de l’aide pour répondre aux besoins de leur église locale… Hélas, beaucoup d’éventuels candidats à la relève paraissent suivre les réunions et les activités de l’église en consommateurs occasionnels, absorbés, piégés par le rythme effréné et les obligations de la société. Aussi la vie de l’église continue de ressembler à un tournoi de tennis où deux joueurs s’épuisent à se renvoyer une balle sous le regard de quelques spectateurs. Pourtant, nombre de jeunes, de nouveaux convertis pleins de zèle, se sont dévoués quelque temps… pour finir par se décourager et rejoindre les rangs du « public » sans avoir trouvé l’accompagnement et l’espace nécessaires à une bonne reprise du témoin.
Une réaction immédiate pousse à accuser le déclin général, le matérialisme de la société, les effets du post-modernisme, le manque d’engagement de la génération montante. Nous savons cependant par l’Ecclésiaste que le présent n’est pas forcément pire que le passé (Ecc 7.10). Il est plus sage de se remémorer, chacun pour soi, l’urgence de notre mission. Paul résume celle-ci à l’attention de Timothée, en lui rappelant sa responsabilité : « Ce que tu as entendu de moi… confie-le à des hommes fidèles qui seront capables, à leur tour, d’en instruire d’autres. » (2 Tim 2.22) Le texte cité évoque bien la course de relais et ses enjeux :
L’équipe américaine de relais 4 x 100 mètres aligne des coureurs parmi les plus rapides du monde. Elle pouvait prétendre à la médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin. Pourtant, elle a été éliminée sans gloire. En tête de la course, les troisième et quatrième relayeurs ont manqué leur transmission et laissé tomber le témoin. Ce n’est pas la qualité des athlètes qui est en cause, mais leur capacité à se transmettre en pleine course le précieux bâton. La transmission est certainement aujourd’hui l’un des enjeux les plus sérieux pour ceux qui ont à cœur le renouvellement et l’édification du peuple de Dieu.
Ce souci jalonne toute la Bible. Plusieurs exemples nous instruisent : Moïse et Josué ; les lévites ; Élie, Élisée et les fils des prophètes ; Jésus et ses disciples ; Paul et ses compagnons : Timothée, Tite, et d’autres encore. Les dernières paroles du Seigneur Jésus à ses disciples, les secondes lettres de Paul à Timothée et de Pierre nous encouragent, à leur suite, à considérer attentivement l’importance cruciale de ces questions. Qui est concerné ? Que transmettre ? Quels liens entre formation et transmission ? Que signifie passer le témoin dans la perspective du service chrétien ? Comment le faire ? Ces lignes proposent quelques pistes de réflexion.
La transmission du témoin : qui doit s’en charger ?
La transmission n’est pas l’affaire de quelques élites blanchies sous le harnais et de quelques brillants élèves d’instituts bibliques renommés. C’est l’affaire de tous les chrétiens puisque tous sont appelés à servir, tous ont reçu un don, un service à faire valoir pour l’édification du corps de Christ. Toutefois, les bergers, les enseignants et les anciens paraissent plus particulièrement investis de cette tâche (Éph 4.12, 1 Tim 4 et 1 Pi 5).
La transmission du témoin : dans quelle perspective ?
Dieu nous appelle à collaborer avec lui pour préparer ceux qui formeront et serviront l’Église de demain. Nous n’avons pas à former des imitateurs qui sachent seulement perpétuer les activités et les formes telles que nous les avons toujours vécues.
L’apôtre Paul travaillait lui-même constamment à trois niveaux distincts pour l’édification harmonieuse du corps de Christ :
Si elle vise ces trois objectifs, la transmission entre les générations et entre les serviteurs pourra se faire de manière continue et enrichissante.
La transmission du témoin : oui, mais quel témoin ?
On ne peut transmettre que des choses que l’on a reçues et dont on est pleinement convaincu (cf. 2 Tim 1.13-14 ; 3.14 ; 2 Pi 1.12). Les spécialistes de la formation professionnelle utilisent volontiers cette formule : « Transmettre un savoir, un savoir-être et un savoir-faire ». Inconsciemment, ils appliquent le modèle biblique – un programme complet qui concerne l’intelligence, le cœur et la pratique :
1) Savoir : il s’agit des connaissances objectives, fondées sur l’enseignement de la Parole de Dieu écrite, inspirée, soigneusement étudiée et interprétée (1 Tim 4.6 ; 2 Tim 3.15-16 ; 2 Pi 1.16-21). Le socle des savoirs à transmettre est la doctrine des apôtres :
2) Savoir-être : la connaissance du coeur, pas seulement intellectuelle, mais subjective, expérimentale, liée à une piété personnelle exigeante qui forme, transforme, fortifie par l’attachement à Christ ; qui aide à revêtir le caractère de serviteurs par une transformation intérieure continue (Rom 12. 1-3). Paul demandait à Timothée de s’exercer à la piété (1 Tim 4.7-16), de s’imprégner de l’Écriture pour être enseigné, convaincu, corrigé, instruit, accompli (2 Tim 3.16), et Pierre encourageait les chrétiens, participants de la nature divine, à joindre à leur foi, entre autres choses, la force morale (2 Pi 1.5-11).
3) Savoir-faire : la connaissance n’est acquise que si elle est mise en pratique et peut être transmise. Comment préparer chacun selon le don ou le service reçu, selon ses aptitudes ? N’est-il pas nécessaire de personnaliser la formation différemment pour celui qui veut faire l’œuvre d’un évangéliste, pour celui qui aime la collaboration technique, ou pour ces autres qui se destinent à l’enseignement des enfants, ou aux soins pastoraux ? Paul recommandait à Timothée de rechercher des hommes fidèles et capables, préparés à accomplir des œuvres bonnes (2 Tim 1.2). Pierre précise que ceux-ci ne devraient pas être sans activité, ni sans fruit (2 Pi 1.8).
La transmission du témoin : quand et comment ?
La transmission s’accomplit parfois dans des circonstances difficiles. Elle doit s’adapter aux situations morales et sociales défavorables, c’est pourquoi Paul et Pierre ont pris soin de décrire prophétiquement l’évolution de la chrétienté et du monde où nous sommes appelés à vivre et à témoigner (2 Tim 3 et 4 ; 2 Pi 2 et 3).
Recevoir le témoin requiert l’acquisition de compétences pratiques, selon les situations. Ces compétences se développent peu à peu dans la proximité d’un maître-serviteur, tuteur ou coach aimé et respecté ; celui-ci enseigne, donne l’exemple et accompagne la prise de responsabilités de plus en plus grandes, et de moins en moins protégées. Il s’agit d’entraîner à l’autonomie le disciple du Seigneur jusqu’à ce qu’il devienne un homme de Dieu capable de porter le témoin et d’instruire les autres à son tour.
Ce scénario n’est pas tiré d’un ouvrage de management à la mode ; il ressort de plusieurs exemples de la Bible :
a) Josué apprit et servit longtemps dans la proximité immédiate de Moïse (Ex 33.11) ; en même temps, il fut très tôt appelé à une responsabilité significative comme chef de l’armée opposée à Amalek. Inexpérimenté, il fut protégé et encouragé par la présence et par l’intercession de Moïse (Ex 17.8-16). Il apprit de ses propres erreurs (Nom 11.24-29). Choisi pour explorer le pays de Canaan, il démontra sa foi et sa fidélité à Dieu et à Moïse lors d’une tragique mise à l’épreuve, et se vit ainsi fortifié dans sa capacité à conduire le peuple (Nom 13 et 14). Il était dès lors successeur potentiel de Moïse, mais allait servir loyalement à ses côtés trente-huit ans encore. Le moment venu, Moïse lui transmettra le témoin dans une triomphante cérémonie d’adieux (Deut 31-34).
b) Les leçons du Seigneur à ses disciples dans l’Évangile de Marc sont un modèle : « Il appela à lui ceux qu’il voulait… Il les établit pour être avec lui et les envoyer. » (Marc 3.13-14 ; Jean 15.16) Il les envoie avec une mission et des ressources (Marc 6.7-13). Au retour, Jésus les invite auprès de lui pour un temps de compte rendu et de repos (6.30-32). Puis il leur confie à nouveau des responsabilités et les implique dans son travail (6.34-44). Il les met à l’épreuve dans la tempête (6.45-52) ; puis sans désespérer d’eux, il continue à les solliciter (8.1-9). Jusqu’à la fin, il continuera ainsi à les préparer par une alternance d’enseignement, d’exemple donné, d’incitation à la pratique. Au moment de les laisser poursuivre sa mission, il les prend avec lui, s’oubliant lui-même dans un ultime service d’amour, pour un séminaire exceptionnel de transmission (Jean 13-17).
c) La relation de Paul avec Timothée, son enfant dans la foi, confirme la démarche biblique de transmission. L’apôtre est à l’origine de sa conversion (env. 46-48 ap J.-C.). Assuré par l’église locale de l’engagement authentique de Timothée, Paul en fait son compagnon de voyage (env. 50-52 ; Act 16.1-2 ; 17). Tout au long de son ministère, l’apôtre entretiendra avec lui une relation de communion particulièrement féconde. En même temps, il lui confiera des responsabilités de plus en plus importantes :
La transmission du témoin : comment la faciliter ?
L’appel, la formation, le service sont d’abord l’œuvre de Dieu, et une expérience cachée entre le serviteur et son Maître (Jean 15.5 ; 16 ; 1 Cor 4.1-5). Mais parallèlement à cette préparation, directement dépendante de la relation du chrétien avec son Père céleste, qu’est-ce qui peut favoriser concrètement le passage du relais au sein de l’assemblée ? Les exemples qui suivent permettent d’esquisser une stratégie pour faciliter cette transition :
Une transmission progressive
La transmission du témoin ne devrait pas attendre le moment où celui qui faisait presque tout cède la place à celui qui ne faisait presque rien, mais plutôt correspondre à une prise de responsabilité partagée et progressive. De plus, l’avenir étant plus important que le passé, la transmission devrait être pensée d’abord en fonction de celui qui reçoit le témoin. Telle devrait être l’orientation d’un serviteur expérimenté et encore capable d’accompagner un jeune serviteur qui s’engage. Car que vaut une transmission de témoin arrachée à la dernière minute à un serviteur à bout de souffle, ou improvisée par un responsable déjà âgé, peut-être lassé d’avoir longtemps attendu ? Paul est converti depuis une quinzaine d’année et Timothée depuis cinq ou six quand il le prend avec lui. C’est après seulement dix ans de vie chrétienne que Timothée reçoit la difficile mission de Corinthe.
Une transmission confiante
Gardons-nous de considérer les jeunes avec crainte, ou avec un quelconque mépris, avec condescendance (1 Cor 16.11 ; 1 Tim 4.12). Accordons-leur délibérément et très tôt notre confiance. Ils sont promesse de fruit et de renouvellement si nous savons les protéger, les aider à grandir dans la foi et à devenir parties prenantes dans le service.
Une transmission empreinte de discernement
Beaucoup d’exemples bibliques montrent que les serviteurs utiles ont été appelés précisément par le Seigneur ou par d’autres serviteurs. On peut en déduire que le relais se transmet, davantage qu’il ne se prend, mais ce fait met l’accent sur la responsabilité de bien connaître le troupeau (Pr 27.23), de discerner les dons reçus, la foi, l’engagement des plus jeunes et puis de susciter, d’encourager, d’informer, peut-être de désigner ou d’inviter à partager précisément tel ou tel service. Il ne s’agit évidemment pas de faire précocement pression sur qui que ce soit. La transmission ne revêt pas une forme particulière, chaque situation est différente : Moïse demande à Josué de choisir des hommes pour combattre Amalek (Ex 17.9), les apôtres demandent aux frères réunis de choisir parmi eux des personnes capables de s’occuper des veuves (Act 6.3), et parfois même l’Esprit Saint intervient pour mettre à part deux serviteurs pour un ministère particulier (Act 13.2,3).
Une transmission doublée d’une mission
Paul envoyait ses compagnons pour des missions précises. La première lettre à Timothée comme l’Épître à Tite sont de véritables cahiers des charges pour la conduite de l’église locale. De plus, l’apôtre prenait soin d’informer les bénéficiaires de la mission afin de protéger ses collaborateurs (1 Cor 16.10-12).
Une transmission dans l’unité de l’Esprit
Paul et Pierre étaient très attachés au maintien des liens noués avec ceux qui poursuivaient le ministère. Leur intercession était continuelle. La seconde Épître de Paul à Timothée et la deuxième Épître de Pierre sont des testaments spirituels qui complètent la formation commencée. Ces textes encouragent les « transmetteurs » d’aujourd’hui à rester concernés, solidaires, pour assurer un soutien moral et rester disponibles envers les collaborateurs plus jeunes.
Une transmission sans tyrannie
On retrouve ici la nécessité de respecter le lien primordial entre le serviteur et son Maître divin. Ce qui est transmis est un travail pour Dieu, pas un fond de commerce ou une entreprise personnelle. Ainsi Paul laisse place à l’initiative de ses compagnons. Il accepte que ses frères aient une vision différente de la sienne (1 Cor 16.12). Il est heureux des comptes-rendus missionnaires qu’il reçoit, et malgré les avertissements ou les exhortations dispensés à ses jeunes collaborateurs, il n’est jamais question de contrôle ou de reprise en main. Belle leçon de confiance pour la transmission aujourd’hui.
La transmission du témoin : un cap délicat
Ceux qui reçoivent le témoin des mains d’un serviteur plus ancien doivent être attentifs et faire preuve d’une grande délicatesse de cœur. Le moment peut être douloureux pour celui qui cède sa place. Ce n’est pas sans raison que Paul laisse percer sa fragilité et souhaite ardemment la présence de Timothée. Seuls ceux qui traversent ces moments peuvent dire la difficulté à accepter complètement des limites nouvelles, l’émotion douloureuse de voir d’autres continuer l’oeuvre de leur vie, avec tout ce qu’elle a coûté de joies et de peines, l’appréhension devant le mystère de leur propre mort. Alors l’exemple de Paul et de Pierre parlant précisément l’un de « sa course achevée », l’autre du « temps de déposer sa tente » devient très riche. Les deux apôtres trouvent les ressources pour dépasser leur propre situation, pourtant difficile. Ils sont capables de voir au-delà d’eux-mêmes, de leur propre vie, pour se préoccuper encore des autres et de la continuation de l’œuvre de Dieu.
S’il y a des gens qui voient le diable partout, il y en a d’autres qui ne le voient nulle part. Les deux positions sont fausses – et le diable en tire parti. Il maintient les premiers dans une crainte servile et agit avec toute liberté envers les seconds. Qu’il soit ignoré ou adoré, l’important est qu’il puisse accomplir son travail de destruction.
Par contre, il n’aime pas qu’on le débusque, qu’on signale sa méchanceté et sa tyrannie, son incessante activité (Apoc 12.9,10), qu’on signale sa présence derrière tant de choses qui paraissent anodines et qu’il manipule avec une extrême dextérité pour lier non seulement les incrédules mais aussi les croyants. Il n’aime pas qu’on parle de la victoire de Jésus Christ.
En ouvrant ce numéro de Promesses, demandons la protection de Dieu, car nous devenons la cible de l’Ennemi : nous le dérangeons dans son travail.
Bientôt « le Dieu de paix écrasera Satan sous nos pieds » (Rom 16.20). En attendant, notre prière est que ce numéro aide l’un ou l’autre à « ne pas ignorer les desseins de Satan » (2 Cor 2.11), à se revêtir pratiquement de l’armure de Dieu, à s’emparer des ressources dont nous avons besoin pour être vainqueurs face au déchaînement de la puissance du mal en notre début de XXIe siècle.
À Celui qui a donné sa vie pour nous sauver et pour nous libérer de la puissance de l’Ennemi, à lui seul soit la gloire pour l’éternité !
Bernard Cousyn, retraité et anciennement professeur en mathématique, est marié à Danièle, et père de 3 enfants. Il était ancien dans une grande assemblée évangélique au nord de la France. Il fait partie du comité de Promesses et est dans notre équipe depuis la fondation de notre revue en 1967. Enseignant de la Parole, il est un conférencier apprécié.
« Faites de toutes les nations des disciples. » (Mat 28.l9) C’est un lieu commun de dire que les disciples dont il est question prennent le « parti de Dieu » avec tous les privilèges attachés à leur nouvelle vocation, sans oublier le désir puissant de montrer leur amour pour Dieu en gardant ses commandements (1 Jean 5.3). Ces disciples, dont la communauté est identifiée dans les Écritures comme étant l’Église, auront donc à cœur, individuellement et collectivement, de maintenir et de perfectionner les critères vitaux de leur engagement :
« Les disciples s’attachaient à écouter assidûment l’enseignement des apôtres, à vivre en communion les uns avec les autres, à rompre le pain et à prier ensemble. » (Act 2.42) Ces quatre directions, signalées dès la fondation de l’Église, sont à même d’authentifier et de vivifier notre foi. Chacun des quatre axes cités dans ce verset est une synthèse de ce qui paraît essentiel de retenir et d’entretenir. Chacune de ces affirmations a évidemment généré dans tous les âges une multitude de messages explicatifs et une abondante littérature développant ces thèmes. Notre propos ici a la modeste ambition d’être un rappel, en insistant sur quelques aspects exhortatifs, sans vouloir être exhaustif.
1. « Ils s’attachaient à écouter attentivement l’enseignement des apôtres »
« Quand on découvre tes paroles, c’est la lumière. » (Ps 119.130) Il n’est pas étonnant de trouver en premier lieu l’importance de la Parole. La formulation nous invite à prendre une place très « scolaire » d’apprentissage du contenu des Écritures, avec notre adhésion nécessaire à une grande constance dans la démarche.
Le texte original dit « qu’ils persévéraient dans la doctrine des apôtres » (Act 2.42). « Persévérer » implique « écouter assidûment », mais aussi « apprendre, s’instruire et vivre l’enseignement des apôtres ».
La doctrine des apôtres est la transmission de l’enseignement du Christ (Jean 14.25-26 ; 16.13). Or le Christ se référait constamment à l’A.T., à la loi, aux prophètes et aux Psaumes (Luc 24.27,44). Les apôtres, témoins oculaires de la vie, de la mort et de la résurrection du Seigneur, n’enseignaient rien d’autre que « la doctrine de Christ » (1 Jean 4.6). En conséquence, « quiconque connaît Dieu, écoute aussi les apôtres » (1 Jean 4.6). Cet enseignement comprend également l’A.T., la Torah avec le sens de l’instruction, y compris les Prophètes et les Psaumes. La doctrine biblique occupait donc une place on ne peut plus importante dans l’Église primitive. Cette doctrine des apôtres — celle de Christ — était d’abord axée sur les trois points centraux : « Jésus est le Christ » (Act 3.13-18), Jésus est ressuscité d’entre les morts (Act 1.22 ; 2.24,26), le salut est par la foi en son nom (Act 2.38 ; 3.16 ; 4.12).
Nous ajoutons que cet enseignement apostolique est christologique : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. » (1 Cor 3.11) « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ étant lui-même la pierre de l’angle. » (Éph 2.20)
Finalement Paul, l’apôtre des nations choisi par Dieu, nous a laissé ses épîtres qui font partie de la doctrine des apôtres.
L’enseignement des apôtres n’est fondé ni sur des émotions, ni sur des circonstances, mais sur toutes les Écritures saintes (A.T. et N.T.), divinement inspirées pour « enseigner, convaincre corriger et instruire dans la justice » (2 Tim 3.16).
Précisons encore que cet enseignement des apôtres concerne toute la Bible et rien que la Bible, Parole de Dieu1.
2. « Ils s’attachaient à vivre en communion les uns avec les autres »
L’explosion numérique constatée après l’annonce de l’Evangile (Act 2.41) a développé l’Église. Dès le début, les apôtres ont eu conscience que pour cette « mini-société » en formation, ils devaient répondre à une double exigence :
– structurer et gérer l’Église, sans la transformer en une organisation pure et simple
– canaliser et s’adapter face au flux des fidèles, et ne pas tomber dans le flou et l’anarchie.
« Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres chacun pour sa part. » (1 Cor 12.27) « La crainte » (Act 2.43) qui saisissait les croyants, dénote la gravité et le sérieux qui caractérisaient les participants — nouveaux ou non — quant à leur implication dans la vie de l’Église qui est le « corps de Christ ». Dans sa sagesse, le Seigneur a voulu que l’une des motivations de notre vie chrétienne soit de participer activement, les uns à côté des autres, à la construction de l’Église.
La lisibilité de l’Église est à ce prix :
– l’authenticité de la vie de ses membres,
– la qualité de leur accueil,
– leur amour fraternel sincère.
C’est la démonstration sans complexe que la vie par la foi est une aventure exceptionnelle.
La communion fraternelle participe au rayonnement de l’Église et se concrétise visiblement par l’enthousiasme et la joie régnante (Act 2.46). Ne masquons pas pour autant les écueils d’une telle entreprise. L’ennemi reste vigilant dans l’exploitation des failles humaines et des faiblesses de la chair. Il y aurait beaucoup à dire sur les chapitres « utilité commune » (1 Cor 12.7) et « édification de l’Église » (1 Cor 14.12). Que dire par exemple de quelqu’un qui dans l’Église n’est pas à la place que Dieu lui destine ? Que dire aussi de celui qui n’y prend pas la place qui devrait être la sienne ? Ou à l’inverse, que dire de celui qui a usurpé une place, et qui de ce fait n’est pas reconnu ? Dans notre participation à la vie de l’église locale, dans notre adoration, la recherche de ce que Dieu est, de ce qu’iI dit, dans notre service sans amateurisme… est-ce que j’admets, sans juger que mon prochain le fait différemment de moi certes, mais avec la même qualité ?
Enfin, évoquons juste la question sous-jacente de l’exercice de l’autorité dans l’Église. Dans le cadre des relations fraternelles, cela reste un sujet sensible en permanence. Osons affirmer que veiller sur le troupeau est un renoncement à soi-même. Conduire l’église locale, n’est-ce pas servir ceux dont on a la charge ? Dans tous les rouages de la communion fraternelle, l’amour les uns pour les autres résout bien des écueils.
«L’amour ne cherche pas son intérêt… il espère tout, il supporte tout. » (1 Cor 13.5,7)
3. « Ils s’attachaient à rompre le pain »
La cène a été instituée à la fin du ministère terrestre de Jésus « dans la nuit où il fut livré » (1 Cor 11.23). Elle fera désormais partie du temps de l’Église. L’événement de la cène est à la fois historique et prophétique :
– « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur. » (1 Cor 11.26). Les éléments dont il est question nous rappellent que « nous sommes en communion au corps de Christ » tout autant qu’unis les uns aux autres (1 Cor 10.16, 17). D’où la centralité du moment de la cène dans la vie de l’église. D’où aussi la solennité de ce moment pour soi-même, qui implique de s’examiner, de s’éprouver, pour réactualiser le fondement de notre appartenance à Christ (1 Cor 11.28 ; 2 Cor 13.5).
– La cène marque également un moment d’attente collectif : « jusqu’à ce qu’il vienne », attente d’un accomplissement final annoncé par le Seigneur lui-même, savoir la venue du Royaume visible de Dieu (Mat 26.29). La cène porte aussi le message de l’espérance, espérance qui a son point de départ avec la Passion, et qui est ponctuée par notre persévérance à la cultiver dans le temps que Dieu a imparti à l’Église.
La cène, qui nous remémore l’œuvre de Christ tout autant que notre statut de racheté, précise les conditions requises pour « attendre des cieux Jésus comme Sauveur » (Phil 3.20). Son institution par Jésus-Christ est le coup d’envoi de cette attente. Sa répétition au sein de l’église reformule, sans lassitude ni répétition à notre cœur oublieux, les termes de l’alliance que Dieu nous propose en Christ (Marc 14.24).
4. « Ils s’attachaient à prier ensemble »
« En toutes circonstances, faites toutes sortes de prières et de requêtes sous la conduite de l’Esprit. Faites-le avec vigilance et constance. » (Éph 6.18)
Le seul discernement humain ne suffit pas pour diriger sa propre vie. Et que dire lorsqu’il s’agit d’une responsabilité prise au sein de l’église locale ? Conscient de ce handicap, le Seigneur a prévu et pourvu : « L’Esprit vient nous aider dans notre faiblesse. Comme nous ne savons pas que prier, l’Esprit lui-même intercède… et c’est en accord avec Dieu qu’il intercède en faveur de ceux qui lui appartiennent » (Rom 8.26, 27).
Voilà donc le fondement de la prière, de notre prière : le Seigneur sur-intercède en ce sens qu’il prend notre prière dans la sienne pour en combler les déficits. Les apôtres du début de l’ère chrétienne, conscients de leurs insuffisances, allèrent à l’essentiel en se consacrant « à la prière et au ministère de la Parole » (Act 6.4). C’est une sage décision que de prendre du temps pour Dieu, avec cette logique de parler à Dieu d’abord avant de parler aux hommes.
La prière est un engagement de 1’homme tout entier, qui reconnaît sa fragilité en même temps que la majesté de Celui à qui il s’adresse. La prière est tout à la fois louange, reconnaissance, requête, mais aussi patience devant la souveraineté de Celui qui accueille nos attentes et dont la réponse est une bénédiction répandue au temps convenable.
Selon les circonstances, la prière peut se faire plus pressante : « Étant en agonie, Jésus priait plus instamment. » (Luc 22.44) Cependant, elle est déraisonnable quand elle ne vise que notre propre satisfaction. Moïse qui réclamait avec insistance d’entrer en Canaan, se fit réprimander par Dieu en ces termes : « C’est assez ! Ne me parle plus de cette affaire. » (Deut 4.26)
En bref, la prière est à la fois respiration de l’âme et complicité avec Dieu, tout autant que requête de notre part et main tendue de Dieu vers les siens.
Prier ensemble, c’est exprimer ensemble une dépendance totale du Seigneur pour l’adoration, les décisions à prendre, la protection et le service. C’est admettre que nous n’avons aucune puissance en nous-mêmes et que nous avons besoin constamment d’être dépendants de Christ. C’est également s’approcher avec confiance du trône de la grâce pour trouver du secours au moment où les épreuves et les difficultés peuvent s’abattre sur l’un ou sur l’autre — voire sur l’assemblée entière (Héb 4.16). Les Actes sont remplis d’exemples de rencontres de prières en commun (Act 1.13-14 ; 4.23-31 ; 12.5 ; 13.1-3 ; 16.13 ; 20.36). La persévérance dans la prière collective — réunions de prière, en groupes, en église — constitue la base d’une vie saine de l’église locale. Ne pas éprouver le besoin constant du secours divin conduit à l’affaiblissement spirituel. Un serviteur de Dieu avait l’habitude de dire : « Pour prendre la température d’une église, visitez sa réunion de prière ! » Quelle impression aurait un visiteur de nos rencontres de prière ?
Conclusion : la foi dénominateur commun
Comment ne pas voir, dans chacune des quatre démarches ci-dessus, un dénominateur commun : celui de la foi ? « Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu. Car celui qui s’approche de Dieu, doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. » (Héb 11.6) C’est pourquoi les apôtres s’appliquaient « à fortifier les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi » (Act 14.22). En effet,
– la foi rend pertinente les Écritures ;
– la foi purifie les relations fraternelles ;
– la foi donne du sens à la cène ;
– la foi stimule la prière.
Cette foi entretenue qui vivifie tous les aspects de la vie personnelle du disciple, et par là même embellit la vie de l’église, n’est pas à mettre au crédit de l’homme. Car « notre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor 2.5).
Ainsi, tout procède de Dieu. Tout revient à Dieu. Gloire à notre Dieu!
Notes
1 La Bible a souffert des attaques menées par des personnes qui, pour mieux justifier le bien-fondé de leurs critiques, arguaient de leur démarche scientifique, s’appuyant pêle-mêle sur l’histoire, la linguistique, les reprises d’écrits existants, les légendes anciennes, les coutumes archaïques, la confusion des lieux, les dates de rédaction des textes sacrés, etc. Il s’agissait pour eux, avec leur propre raison humaine, d’éliminer les scories du texte sacré pour découvrir enfin la Parole de Dieu contenue quelque part dans la Bible. Il semble à l’heure actuelle que la démarche soit inversée, c’est-à-dire que la Bible soit considérée comme une Parole de Dieu parmi d’autres que nul ne désespère de découvrir bientôt. A ce point de vue, notre époque paraît exaltante, puisqu’elle permet régulièrement la découverte de manuscrits anciens. Ceux-ci révèlent de nouveaux textes ayant un air de famille avec le christianisme. Par voie de conséquence, on déchoit la Bible de son rôle de référence. Sans le formuler explicitement, on incline à penser que la Bible n’est pas la version définitive que l’on croit. La Parole est comme diluée dans une littérature religieuse abondante parallèle, et on affirme en plus que le choix de la Vérité devient difficile ! Affirmer que la Parole de Dieu n’est pas quelque part dans la Bible, affirmer que la Bible n’est pas qu’une Parole de Dieu à côté d’autres livres, mais affirmer que la Bible c’est la Parole de Dieu, nous fait rejoindre la légion de témoins qui ont aimé les écritures, s’en sont réjouis et en ont vécu. En ce qui concerne l’église, la beauté de la vie qui l’anime a sa source et son prolongement dans la vie personnelle des fidèles qui la composent. Encore faut-il bâtir sur « le Roc de la Parole » entendue, crue et mis en pratique (Mat 7.24). « Je retiens mon pied loin de tout mauvais chemin, afin de garder ta Parole. » (Ps 119.101)
Introduction
Retraçons un épisode de la vie d’un pasteur de Californie, du nom de Raymond Ortlund. Dans l’église dont il avait la charge, il avait appris à ne pas agir seul. Il disait ceci : « Dans l’église, nous travaillons uniquement en groupe. Et les décisions sont prises au niveau du groupe. »
Un jour, la société missionnaire Wycliffe l’avait invité à être l’orateur de la rencontre des missionnaires en Amérique du Sud. Quelle était sa réponse ? « Je viendrai si je peux venir avec une équipe. Quant aux finances nécessaires, Dieu pourvoira d’une manière ou d’une autre. »
Quatre personnes avaient fait partie de l’équipe : le pasteur, sa femme, et deux frères (un doyen d’une école et un dentiste). Pour reprendre les paroles du pasteur, « Dieu les a pétris jusqu’à ce qu’ils deviennent une même pâte. »
Ainsi, les quatre se sont rencontrés chaque jour pour prier, planifier, rire, pleurer, et invoquer Dieu. « Nous étions quatre bouches avec un seul message… Durant les rencontres avec les missionnaires, l’un ou l’autre d’entre nous pouvait prendre la parole… Nous étions le corps de Christ en action. » C’est alors qu’ils découvrirent pourquoi ils étaient là. Les missionnaires de la Wycliffe de Colombie et de Panama avaient donné leurs vies à Dieu, afin qu’il soit le premier dans leurs vies. Ils étaient également pleinement engagés au niveau de l’évangélisation. L’objectif de leur mission était d’apporter la Parole de Dieu à des tribus qui n’avaient jamais entendu l’évangile, dans leurs propres langues.
Mais qu’en était-il de leur engagement au sein du corps de Christ ? Bien que travaillant ensemble dans la même mission, partageant les mêmes objectifs, ces missionnaires travaillaient et vivaient en solitaires.
L’équipe des quatre — le pasteur, sa femme et les deux autres frères — ont partagé avec ces missionnaires comment le Seigneur était en train de les former en une équipe unie.
Cela signifie : « J’ai une responsabilité envers toi, et tu en as une envers moi…Tout ce que j’ai est à toi… Voilà où je suis faible et où j’ai besoin d’aide… j’ai besoin que tu pries pour moi et avec moi… »
La réponse de ces missionnaires : « Comment pourrais-je avoir le temps de faire tout cela ? Je n’ai déjà pas assez de temps pour faire mon travail ! »
Savez-vous ce que répondirent nos quatre frères ? « Alors remettez vos objectifs à plus tard. Le corps de Christ vient en premier — votre épouse, vos enfants, votre voisin isolé, votre ami qui souffre… »
Le matin du 8e jour, alors que les missionnaires se réunissaient, Dieu est intervenu, ayant fondu l’équipe missionnaire en une réalité du corps de Christ. Les chrétiens ont exprimé leur amour les uns pour les autres. Ils ont demandé pardon pour les blessures du passé. À travers les larmes et les rires, ils ont laissé sortir ce qu’ils avaient enfoui au plus profond d’eux-mêmes pendant si longtemps : leurs joies, leurs peines, leurs aspirations.
Puis ils ont prié les uns pour les autres. Alors une compassion authentique, un amour vrai pour les tribus indiennes a été rallumé.
Conclusion :
L’Église, à la base, n’est pas une organisation, mais un organisme.
Ceci a de nombreuses implications, quant à la vie d’église. C’est ce que nous allons examiner maintenant.
I. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Un seul chef
Dans une équipe sportive, il y a un capitaine et des joueurs (pas de spectateurs) ; chacun a un rôle à jouer. Dans l’église, qui est le capitaine de l’équipe ? Pas le pasteur, ni les anciens, mais Jésus-Christ ! Redonnons-lui la première place qui lui est due !
Jésus-Christ est l’unique chef (« tête ») de l’Eglise : « Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Eglise, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. » (Éph 1.22-23)
Souvent, les églises donnent trop de place aux dirigeants humains, et trop peu à Christ, la seule tête de l’Église ; or le titre « chef de l’Église » n’est pas un titre honorifique.
A. Le terme « tête » dans la Bible
Dans l’A.T., le terme « tête » (chef) s’applique à des dirigeants humains. L’organisation est de type hiérarchique. Moïse dit : « Je pris alors les chefs [héb. rosh] de vos tribus, des hommes sages et connus, et je les mis à votre tête comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante, et chefs de dix, et comme ayant autorité dans vos tribus. » (Deut 1.15)
Dans le N.T., le terme « tête » (chef) est employé principalement pour Jésus, la tête de l’Eglise. Il est aussi employé quelquefois pour le mari. Par contre, il n’est jamais utilisé pour désigner un dirigeant de l’église.
B. Un passage clé dans les Epîtres
Quelques extraits d’Éph 5.21-30 aideront à préciser cette notion de « chef »:
« Vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ.
Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses.
Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable.
C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair, mais il la nourrit en en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps1.
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. »
Christ est notre modèle. Comment agit-il en qualité de chef ?
– Il a un rôle de Sauveur (v. 23).
– Il initie l’amour — il nous a aimés le premier. Or l’amour est plus qu’un sentiment ; c’est une manière de traiter les personnes.
– En tant que « chef », il recherche le bien des autres.
Conclusion :
Diriger, c’est avant tout renoncer à soi pour servir ceux dont nous avons la charge.
II. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Des dirigeants compétents
Qu’entend-on par « compétents » ? Sont-ce des dons exceptionnels, une personnalité hors du commun ?
A. Quelle est l’identité des dirigeants ?
Ce sont des dirigeants-serviteurs
« Mais vous (en contraste avec les chefs religieux), ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. » (Mat 23.8)
« Ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et les grands les dominent. Il n’en sera pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. » (Marc 10.42-43)
« Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jean 13.13-14)
B. Quelle est la méthode des dirigeants ?
– Ils doivent être des modèles : « Sois un modèle pour les fidèles », dit Paul à Timothée (1 Ti 4.11-16).
– Ils doivent être des ministres de la Parole : « Veille sur toi-même et sur ton enseignement » (1 Tim 4.16) : c’est la seule compétence requise des anciens (être apte à enseigner). Les anciens sont avant tout des hommes de prière et de la Parole. Notre priorité est de nous placer devant Dieu dans la prière et de prendre le temps dans la Parole de Dieu. Aujourd’hui, ceci représente un vrai défi ! Pourtant, c’est ce que pratiquaient les apôtres : « Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. » (Act 6.4)
C. Quelle est la mission des dirigeants ?
Le NT est unanime : Ils doivent répondre aux besoins spirituels des croyants, en les nourrissant et en les équipant :
« Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau. » (Act 20.28)
« Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde. » (1 Pi 5.2)
« Pais mes brebis. » (Jean 21.15-17)
Mais un des rôles essentiels des responsables d’église est d’aider les membres à développer des relations harmonieuses avec Dieu, ainsi que les uns avec les autres.
– Avec le Père : Cette relation s’exprime avant tout par l’adoration et la prière.
Notre responsabilité est de conduire les croyants à mieux connaître Dieu, afin qu’ils puissent répondre par l’adoration. Tozer a dit à propos de l’adoration qu’elle est « le joyau manquant de l’Eglise ». L’adoration doit retrouver son vrai sens au sein de l’église. « A celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ. » (Éph 3.20-21)
– Avec le Fils : Cette relation qui se traduit par l’obéissance : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Jean 14.23)
– Avec le Saint-Esprit : Nous devons apprendre à écouter sa voix, et à nous laisser conduire par lui. « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair » (Gal 5.16), mettant en contraste les œuvres de la chair avec le fruit de l’Esprit.
– Les uns avec les autres : Le N.T. présente l’Église comme des frères et sœurs qui partagent leurs vies.
L’apôtre Pierre déclare : « Avant tout [i.e. avant qu’il parle des dons], ayez les uns pour les autres un ardent amour, car l’amour couvre une multitude de péchés. » (1 Pi 4.8)
L’apôtre Paul dit : « Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime a accompli la loi. » (Rom 13.8)
Jésus résume le tout par ses mots : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13.34-35)
III. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Un organisme vivant
Plusieurs hommes étaient assis autour d’une table de conférence de l’église. Lorsqu’ils avaient commencé à se réunir au début, ce n’était qu’un comité. Mais Dieu avait uni leurs cœurs, et ils étaient devenus « un cœur et une âme » (Act 4.32). Maintenant, autour de cette table, ils s’engageaient à se soutenir mutuellement.
L’un d’eux était découragé. Il dit aux autres : « Je ne sais pas si je peux m’engager envers vous. Je suis si découragé, je me sens si faible… je n’ai rien à vous offrir. »
Et un autre lui répondit : « Eh bien, c’est le moment pour nous d’investir nos vies dans la tienne. Le temps viendra où tu pourras à ton tour nous fortifier ».
Voilà la pensée que Dieu avait, lorsqu’il a institué l’Église : un corps (un organisme).
Un ministère n’aura d’impact que s’il s’exerce dans un contexte d’amour et d’unité :
« Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité [c’est la qualité première] et douceur, avec patience, vous supportant [faisant preuve d’indulgence] les uns les autres avec amour, vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » (Éph 4.1-3)
Le Seigneur nous invite à entrer dans de telles relations :
« Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent (sumphônizô qui a donné le mot « symphonie ») sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mat 18.19-20).
Le Seigneur connaît la tragédie de lutter seul au niveau spirituel.
Luc nous relate dans le livre des Actes que les premiers chrétiens (Act 2.44-46) se rencontraient chaque jour, tous ensemble et en petits groupes. Personne ne leur avait dit : « Vous devez vous rencontrer chaque jour » ; ils avaient besoin les uns des autres.
Actes 4 nous rapporte que « la multitude qui avait cru n’était qu’un cœur et qu’une âme » (unis au niveau de leurs cœurs et de leurs pensées). Une telle communauté va vivre des choses… et elle aura un témoignage efficace !
Le danger est grand de nos jours de confondre une église (qui est un organisme) avec une entreprise.
Conclusion :
Un soir, un groupe d’hommes se rencontraient. Ce soir-là, ils avaient une communion merveilleuse : ils partageaient la Parole de Dieu, et aussi ce qui les préoccupait. Un étranger entra. Chacun pensait que l’un d’entre eux l’avait invité. C’est ainsi qu’il était assis et qu’il écoutait, alors que chaque participant partageait ses frustrations et ses besoins ; et tous avaient tant de plaisir à partager l’évangile et à lire ensemble la Parole, dans l’amour de Christ. Enfin, ils demandèrent à cet homme de se présenter. Il leur a dit : « Je m’appelle Paul. Puisque vous avez été honnêtes, je le serai aussi. Je suis toxicomane. Je suis venu ici ce soir pour vous voler, afin de me procurer de la drogue. Mais je crois que j’ai trouvé quelque chose de meilleur. »
1 On retrouve ici la pensée de l’Église comme un organisme.
Matthieu 28,18-20
Avant de monter vers son Père, le Seigneur Jésus-Christ avait rassemblé les onze disciples en leur donnant deux consignes précises, celles de faire des disciples de Christ et de leur enseigner tout ce qu’il leur avait commandé. Ce texte affirme l’autorité de Christ sur toutes choses et sa présence constante avec les disciples tous les jours jusqu’à la consommation du siècle. Nous aimerions brièvement développer ces deux impératifs valables encore aujourd’hui pour l’Église de Christ.
1. « FAITES DISCIPLES »
Cet ordre prononcé par le Seigneur après sa résurrection s’adresse à tout disciple de Jésus-Christ. C’est l’évangélisation. Le monde a besoin de témoins de Christ authentiques, fidèles, consacrés. Qu’est-ce qui attire le pécheur à Dieu ? L’application des quatre critères bibliques suivants glorifie Dieu et facilite nos contacts avec les pécheurs dans l’évangélisation :
– La puissance de l’amour (Jean 13.34) : il est essentiel de maintenir les relations dynamiques dans l’Église. L’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit nous rend capables d’aimer nos frères et notre prochain (Rom 5.5 ; 13.8). L’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit nous aide aussi à respecter notre prochain, d’où une ouverture pour se faire des amis et leur présenter Jésus-Christ.
– La puissance de l’unité (Jean 17.21,23) : notre intelligence et notre cœur y sont engagés, car être « UN » (1 Cor 12.13) implique « l’unité de l’Esprit » (Eph 4.3) et « l’unité de la foi » (Eph 4.13). L’Esprit et la Parole produisent cette unité profonde. Cette harmonie était visible pour les premiers chrétiens à Jérusalem qui étaient « d’un seul cœur » (Act 1.14 ; 2,1,46 ; 4.24 ; 5.12 ; 8.6 ; 12.20 ; 15.25). Paul exhorte l’église de Rome à cette unité (Rom 15.6). L’unité dans l’église, comme dans la famille, est un facteur puissant comme témoignage face au monde déstructuré.
– La puissance de la communication comme témoignage : différentes formes de transmission orale de l’Evangile sont présentées, comme par exemples « parler » (Act 4.31), « évangéliser » (5.42), « enseigner » (4.2) le peuple (5.25,28), « proclamer » (8.5-6), « témoigner » (1.8) et « dialoguer » (17.2-3). Chaque membre du corps de Christ, chaque croyant dans l’église locale peut utiliser une de ces formes de témoignage oral pour atteindre les non-croyants.
– La puissance d’une vie exemplaire : Il est évident que notre témoignage oral doit être accompagné par une façon de vivre, des attitudes et un comportement qui honorent le Seigneur en tout (Act 2.42-47 ; Rom 13.9 ; 2 Cor 3.2 ; Col 4.3-6).
Quelques rappels pour l’évangélisation:
Chaque église locale doit manifester l’amour, l’unité, et une règle de vie chrétienne exemplaire dans tous les domaines. Chaque chrétien est un témoin vivant par l’amour fraternel (Jean 13.34), par l’amour du prochain (Rom 13.9), par une attitude correcte (1 Pi 2.12), par l’humilité (1 Pi 2.18) et par un témoignage clair (1 Pi 3.15) Chaque nouveau croyant est intégré dans l’église locale (Pr 18.1) pour qu’il croisse dans le Seigneur. Sa foi est ainsi consolidée.
Gagner des familles à Christ est un objectif important. Voici quelques exemples dans les Actes et le reste du N.T. : Zachée (Luc 19.9), Lydie (16.15), le geôlier (16.31-34), Corneille (Act 10), Crispus (18.8 ; 1 Cor 1.16), Onésiphore (2 Tim 1.16), Philémon. La famille crée un impact. Le devoir des parents est d’éduquer et d’instruire les enfants dans la crainte de Dieu (Deut 6.7 ; Jos 24.15 ; Pr 22.6).
Chaque église doit discerner et encourager ceux qui ont un appel pour la mission extérieure. Recherchons et développons de nouveaux chemins pour atteindre les non-croyants par l’Évangile.
2. « ENSEIGNEZ-LES »
L’édification est le second impératif du Seigneur pour l’Église. Les nouveaux convertis à Jésus-Christ s’intègrent dans l’Eglise qui est édifiée par l’Écriture.
L’édification de l’Eglise : deux piliers de base
– La Parole inspirée, inerrante, base et priorité absolue de notre foi : « Faites disciples… les enseignant » (Mat 28.19-20). Cela implique la persévérance dans l’enseignement des apôtres (Act 2.42), l’apport « du pur lait de la Parole pour croître quant au salut » (1 Pi 2.2). Le verbe « instruire », « enseigner » (didasko) est employé environ 100 fois dans le N.T. Un constat intéressant : dans les Actes, dans la moitié des cas, ce terme est employé en rapport avec les chrétiens, et dans l’autre moitié en rapport avec les non-chrétiens.
– Les relations : Elles sont d’abord avec Dieu (niveau vertical), puis avec les autres frères (niveau horizontal) : « Que vous ayez communion avec nous, car notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jean 1.3). C’est la koinonia, la communion fraternelle, le partage. Cet élément constitue un apport inestimable dans la vie de l’église et doit être cultivé avec soin.
L’édification de l’Église : développement des trois vertus
Trois vertus sont mentionnées dans 1 Corinthiens 13.13 : la foi, l’espérance et l’amour. Poursuivies simultanément, elles conduisent à une maturité spirituelle progressive (Eph 1.15-18 ; Col 1-3-4 ; 1 Thes 1.2-3). Elles doivent être développées à travers les dons et les ministères pour l’édification de l’église.
– La foi : Elle est ancrée en Dieu (1 Pi 1.25) et en Jésus-Christ (Eph 1.15). Elle est l’assurance des choses qu’on espère avec une confiance pleine et entière (Héb 11.1 ; 10.22). Elle produit ce qui est appelé « l’œuvre de la foi » (1 Thes 1.3 ; 5.8). Elle doit s’élargir (2 Thes 1.3). Elle doit être sans hypocrisie (1 Tim 1.5). Nous devons « garder la foi » (1 Tim 1.19) qui est ici l’ensemble des Écritures, de la doctrine biblique.
– L’espérance : Elle constitue cette force qui nous aide à persévérer dans la foi, parce que la mort n’est pas la fin, mais une simple « servante » pour amener les croyants auprès du Seigneur en attendant leur résurrection en Christ lors de son retour glorieux (Eph 1.18 ; Col 1.5 ; 1 Thes 1.3 ; 5.8).
– L’amour : C’est dans l’intimité avec Dieu que nous puisons constamment force et fraîcheur pour être en communion avec nos frères et sœurs dans la foi en Christ et pour aimer notre prochain (Mat 22.34-40 ; 1 Cor 13.4-9 ; Eph 4.14-16 ; Col 3.12-14).
Ces deux principes de l’évangélisation et de l’édification s’enchevêtrent harmonieusement l’un dans l’autre et se manifestent dans et hors de l’Église. Une église locale où les deux ordres : Faites disciples et Enseignez-les, émanant directement de la bouche du Maître, sont trouvés conjointement, est agréable au Seigneur. A nous de semer et de labourer, au Seigneur de fertiliser le sol spirituel qui nous a été confié.
CINQ ACTIONS A POURSUIVRE ENSEMBLE
L’enseignement, l’instruction, l’édification, l’exhortation collectifs : Les croyants s’édifient mutuellement par la Parole. Ils reçoivent instruction dans l’Écriture (Act 2.42) pour « parvenir à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ, pour ne plus être des enfants, flottants et entraînés à tout vent de doctrine…pour croître à tous égards en celui qui est le chef, Christ » (Eph 4.1-16).
La prière collective : En Actes 1.14, 120 croyants « priaient continuellement » ensemble. En Actes 2.42, les croyants persévéraient dans la prière. En Romains 12.12 et Colossiens 4.2, l’église est exhortée à la prière, et cela « tout le temps » et « sans cesse » (Eph 6.18 ; 1 Thes 5.17). Nous devons tout exposer à Dieu dans la prière (Phil 4.6) par des « supplications, des prières, des intercessions, et des actions de grâces » (1 Tim 2.1-8). Nous devons prier « les uns pour les autres » (1 Thes 4.14-18 ; Jac 5.13-16 ; 1 Pi 4.7-10). L’église prie pour la proclamation de l’Evangile (Act 4.23-31). Nous rendons grâces ensemble (Eph 5.20 ; Phil 4.6). Paul demande à l’église de prier pour lui (Eph 6.19), et il prie pour les églises (Rom 1.8 ; Eph 1.16 ; 3.14).
Le chant collectif : L’A.T. en est rempli d’exemples. Jésus et les disciples chantaient des Psaumes (Marc 14.26). C’est un moyen d’instruction, d’exhortation, d’avertissement, de témoignage (Eph 5.19 ; Col 3.16). « L’hymne » est une composition poétique non inspirée, un psaume de louange en quelque sorte. Nos chants sont l’expression de notre attitude envers Dieu et les autres.
L’offrande collective : C’est un indice de la qualité de notre vie relationnelle, un témoignage face au monde. Nous pratiquons le bien envers tous, mais spécialement envers les frères en la foi (Gal 6.10), partageons les produits des biens selon les besoins (Act 2.44-45), subvenons aux besoins des saints et exerçons l’hospitalité (Rom 12.13). Les offrandes étaient réunies chaque premier jour de la semaine dans l’église locale pour l’œuvre de Dieu (1 Cor 16.1-4). Chacun donne de plein gré selon ses possibilités (2 Cor 8.3-4), car Dieu récompensera la largesse du cœur (2 Cor 9.6-15). Les Philippiens prenaient part (koinonia) à l’Evangile par leurs biens (Phil 1.5) Nous devons « rechercher toujours le bien, soit entre nous, soit envers tous » (1 Thes 5.15). 2 Corinthiens 8 et 9 présente un christianisme relationnel, avec des effets universels.
Le repas collectif : Selon Act 20.7, nous pouvons déduire que l’église primitive se réunissait le « premier jour de la semaine » (dimanche) pour « rompre le pain ». La cène avait été instituée par le Seigneur (Mat 26.26-28) : « Prenez, mangez, ceci est mon corps… Buvez en tous, ceci est mon sang ». Selon Actes 2.42, l’église persévérait « dans la fraction du pain ». Lors des débuts de l’Eglise, on prenait même le repas du Seigneur plusieurs fois par semaine dans les maisons (Act 2.46-47). Ce mémorial est décrit dans 1 Corinthiens 11.28-34 et constitue la partie centrale du rassemblement. La cène est donc un repas que l’on prend en mémoire du Sauveur mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification.
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