PROMESSES

La création est un thème très important dans la Bible : elle est décrite et analysée dans au moins 17 livres de l’A.T. et dans 22 livres du N.T. Pour celui qui a mis sa foi en Dieu, la Bible est la référence quant à sa relation avec la création et l’écologie.

Dieu le Créateur est le seul qui comprenne parfaitement sa création : il est donc celui qui peut le mieux répondre à nos questions honnêtes et légitimes en la matière. Dieu créa le temps, l’espace, la terre et sa végétation, les animaux puis l’homme (Gen 1-2). Le chrétien accepte par la foi ce que dit la Bible au sujet de la création : elle a été créée parfaite. Avant que le péché n’entre dans le monde (Gen 3.17-19), la création ne présentait ni tache, ni défaillance, ni aucune imperfection. Elle était le délice de tous et de tout (Gen 1.31 ; 2.1-3, 25). Le premier homme, Adam, fut responsabilisé en recevant le mandat de surveiller les espèces animales (Gen 1.26), de reproduire la race humaine (Gen 1.28) et de bien gérer les ressources naturelles (Gen 2.15).

Le but de la création

La doctrine de la création n’est pas présentée dans la Bible comme une solution philosophique au problème de l’existence du monde ; la révélation divine par l’Écriture sainte dévoile plutôt le sens éthique et religieux de la création, par rapport aux relations de Dieu avec l’homme et de l’homme avec Dieu.

Dans sa sagesse et sa volonté souveraines, à partir de rien du tout, Dieu a créé l’univers, visible et invisible par sa parole puissante. L’univers a été créé pour sa gloire et pour le bien-être de ses créatures, en particulier les êtres humains. Toute la Bible témoigne qu’à sa création, la terre était parfaite et qu’elle reflétait la gloire de son créateur (Ps 19.1, 1 Tim 4.4). Notre monde fut fait par Dieu, mais ce monde n’est pas Dieu. La création est une entité différente de Dieu, mais totalement dépendante de lui (Act 17.24-28).

Une vue chrétienne de l’environnement

Si la Bible donne des directions au croyant quant à sa vie quotidienne, elle l’éclaire également quant à sa relation avec l’environnement et la nature. A priori, le chrétien doit avoir une vision théiste de la création, c’est-à-dire qu’il reconnaît l’action de Dieu sur elle. Une vision chrétienne de l’environnement retiendra les points suivants :

1. L’univers est une création ex nihilo (à partir de rien) par le Dieu révélé par la Bible, à un moment dans l’espace et le temps (Gen 1). L’espace et le temps eux-mêmes sont une création de Dieu

2. Le monde appartient à Dieu (Ps 24.1, 50.10). C’est à l’homme que Dieu en a confié la bonne intendance.

3. Le monde est le reflet de Dieu. Comme Dieu est « bon », ce qu’il a créé est « bon » (Gen 1.4, 10, 12, 18, 21, 25, 31). Non seulement Dieu déclara sa création comme étant bonne, mais le psalmiste affirme lui aussi que la création reflète la gloire de Dieu (Ps 19.1, 8.4-5).

4. Dieu est partout dans sa création (Rom 1.20), sachant tout ce qui se passe (Ps 139.7-12).

5. Le monde est soutenu par Dieu (Col 1.17, Héb 1.3) : c’est grâce à son influence que la terre fonctionne (Ps 104.10-14).

6. Le monde existe sur la base d’une alliance entre Dieu et l’homme (lire avec soin Gen 9.9-17 et noter les références aux animaux). Le Créateur s’est engagé à ne plus détruire le monde des vivants, humains et animaux, par un déluge. L’homme est tenu de respecter les animaux (Mat 6.26, 10.29, Prov 12.10). Dieu donne à l’homme la possibilité de se nourrir de viande animale (Gen 9.3), nourriture qui doit être reçue avec actions de grâce (1 Tim 4.3-5). La Bible, d’un côté, ne déifie pas la création ; d’un autre côté, elle n’a pas une conception impersonnelle de la nature (Ps 77.17-18, Amos 4.13, Act 17.28). Ainsi, tout acte de dégradation, toute destruction égoïste ou catastrophe écologique entraîne des conséquences graves, tôt ou tard.

7. Dieu a établi l’homme comme son gérant, « jardinier » de la création. Genèse 1.28 et 2.15 exposent les obligations de l’homme envers la création. Bien que possédant le pouvoir suprême, Dieu délègue trois responsabilités aux humains :

a) L’homme est appelé à se multiplier et remplir la planète avec sa descendance. Cette injonction concerne aussi les animaux. Il est évident toutefois que tout individu n’est pas appelé à procréer : Jésus (Mat 19.12) et l’apôtre Paul (1 Cor 7.8) reconnaissent et valorisent le célibat.

b) L’homme reçoit de Dieu la responsabilité de dominer la création. La domination évoquée ici est synonyme d’autorité absolue et de contrôle. Ainsi, il semble sage de penser que la population animale ne doive pas se développer à un point tel qu’elle mette en danger la domination humaine voulue par le Créateur.

c) L’homme a la responsabilité de cultiver et de garder la création. Un équilibre entre la végétation, les animaux et l’homme est souhaité. L’homme soumis à Dieu cherchera dans son rôle de gérant à honorer le Créateur par sa manière de cultiver et de protéger son environnement.

Deux approches anti-bibliques à la création

1) Le matérialisme

a) Les principes du matérialisme

Le matérialiste professe que toute réalité se trouve dans la matière et il ne cherche le plaisir que dans la jouissance de biens matériels. Le but des matérialistes est d’utiliser la technologie moderne et les avancées scientifiques pour influencer l’évolution humaine sur tous les plans1. Au xxie siècle, le matérialisme économique le plus en vue est le capitalisme2.

En rapport avec l’environnement, les caractéristiques du matérialisme économique sont les suivantes :

– La création n’est que matière : donc le monde physique est éternel et incréé. Dieu n’existe pas et il n’existe aucune règle éthique pour gouverner son utilisation ; l’homme est libre d’agir et de faire avec son environnement comme il lui plaît, il n’a aucune responsabilité de rendre des comptes à qui que ce soit.

– L’énergie est illimitée parce qu’indestructible, donc inépuisable. Il se peut que l’humanité manque un jour de telle ou telle énergie ou ressource, mais l’homme est si intelligent qu’il trouvera une bonne solution pour régler le problème.

– La technologie peut résoudre pratiquement tous les problèmes.

– Le monde souffre particulièrement à cause d’une mauvaise distribution des ressources et des produits finis. Il faut redistribuer les ressources et les produits finis en encourageant la consommation à l’échelle planétaire (c’est la globalisation de l’économie).

– Éduquer toute l’humanité va résoudre tous les problèmes. En effet, l’ignorance ralentit le progrès.

 b) Une évaluation de l’approche matérialiste de l’environnement

C’est l’évidence même que la foi en l’humanité seule pour régler ses problèmes n’a jamais résolu ses difficultés. Par rapport aux assertions du matérialisme économique, nous pouvons répliquer ce qui suit :

– Le monde n’est pas éternel (Apoc 21.1). La première loi de la thermodynamique ne dit rien au sujet de l’origine de l’énergie dans l’univers, mais seulement qu’elle est apparemment constante. Toutefois la deuxième loi affirme que l’énergie utilisable est en décroissance. Si l’univers décroît, il n’est pas éternel ; il a dû être créé, et s’il a été créé, il est raisonnable de suggérer qu’il y a eu un Créateur (Gen 1.1).

– L’énergie n’est pas illimitée. La fission nucléaire des étoiles est constatée par les astronomes ; donc, par principe, l’univers n’aura un jour plus d’énergie. Les énergies fossiles disponibles dans la terre viendront également un jour à manquer.

– La technologie ne peut jamais résoudre tous nos problèmes. Les guerres les plus destructrices ont justement pu avoir lieu à cause de la technologie. La technologie moderne n’est qu’un instrument des hommes (Jér 17.9). Et l’homme emploie la technologie pour aller vers sa propre destruction.

– La mauvaise distribution des ressources et des biens est empirée par l’état du cœur humain (Jac 4.1-2). L’égoïsme et l’avarice jaillissent partout, corrompent l’humanité et aggravent les problèmes.

– L’éducation et la formation ne sont pas la parade parfaite. Nous vivons depuis les deux derniers siècles avec la plus grande population jamais éduquée de l’histoire. Et bien des pays à niveau de formation élevé sont entrés en guerre et ont pillé la terre de ses ressources au prix parfois de grosses catastrophes écologiques. C’est le cœur qui a besoin de transformation et cela, seul Christ peut le produire.

 2) Le panthéisme

a) Les croyances du panthéisme

Le panthéisme est une doctrine métaphysique selon laquelle Dieu est unité du monde (tout est en Dieu) et où Dieu est la somme de tout ce qui existe (Dieu est tout) — à tel point que les animistes adorent la nature parce qu’elle contient le divin et les esprits. Le panthéisme est anti-matérialiste et anti-chrétien.

La nature est vivante. L’âme ou la force vive pénètre partout comme un organisme vivant. Le film Star Wars véhiculait des idées panthéistes : Yoda, un des personnages, parle de « la Force » qui entoure, pénètre, lie et crée. Tout est vivant avec une force vivante qui fait de la nature un organisme vivant.

Toutes les espèces de la nature sont la manifestation de Dieu. Il faut s’opposer à toute disparition d’un petit animal ou d’une fleur rare, car lorsqu’une espèce cesse d’exister, l’humanité a perdu une manifestation de Dieu.

L’humanité est unie avec la nature.

L’humanité doit être au service de la nature.

 b) Une évaluation de l’approche panthéiste de l’environnement

– La nature n’est pas vivante dans le même sens que l’être humain est vivant, Dieu ayant soufflé une respiration de vie en l’homme (Gen 2.7). Elle n’est pas égale à l’homme. Il existe une différence entre une fleur et l’homme. La matière est essentiellement énergie, laquelle est organisée intelligemment par le Créateur.

– Les espèces ne sont pas les manifestations de Dieu, elles sont uniquement une partie de la nature. Il ne faut pas déifier la nature. Dieu existe indépendamment de toute créature.

– Les hommes ne sont pas un avec la nature. L’homme a besoin de coopérer avec la nature en la préservant et la soignant, mais nous ne formons pas une même entité. L’homme seul fut créé à l’image de Dieu (Gen 1.27).

– Cette approche affirme que l’homme ne peut être en même temps roi et serviteur. Or Jésus-Christ, notre exemple, est l’exemple parfait du roi qui est devenu serviteur (Marc 10.45, Phil 2.5-8).

 Christ seul change les comportements

En regardant autour de nous, nous constatons que la pollution est partout : dans l’air, dans la mer, sur la terre. De nombreux scientifiques réputés et des professionnels actifs dans divers domaines liés à la nature témoignent, photos et études à l’appui, que l’humanité cause sa propre destruction. Et la majorité s’en fiche ! On comprend que la terre soupire… et attende la révélation des fils de Dieu (Rom 8.19-22). L’attitude actuelle pourrait s’exprimer de la manière suivante : « Que tout se passe bien aussi longtemps que je vis ! Après moi, cela m’est égal ! »

Les dirigeants, les industriels, les gouvernements et les exploitants de toutes sortes, en majorité, ne pensent qu’à eux-mêmes et à profiter des richesses du monde sans se soucier des générations suivantes. Cette idée domine le monde économique depuis le début du xxe siècle.

Que faire ? Le chrétien doit se rappeler constamment qu’il est un pèlerin qui traverse ce monde souffrant pour lequel il a une vraie sympathie. Notre tâche principale est de prêcher l’évangile, amener des gens à Christ par l’Esprit Saint et les former à être disciples (Matt 28.18-20). Seul Jésus-Christ peut transformer une vie, et donc des comportements hostiles à sa création.

Cependant, cela ne nous empêche nullement de croire, de vivre et d’agir « écolo ». Le chrétien mature évitera tout excès et sera attentif à préserver la planète. Son mode de consommation, voire éventuellement ses options électorales, seront cohérentes avec le mandat de gestion de la terre confié par le Créateur.

Ne soyons pas découragés, car le Possesseur de notre planète va revenir pour y régner. Il s’est fixé la tâche finale de tout purifier par le feu, puis de recréer un nouvel univers où la perfection sera éternelle (2 Pi 3.7, 10-14), et où la pollution, actuellement croissante, ne pourra plus jamais exister.

1 Humanist Manifesto I, 1933.
2
Selon le Petit Robert, le capitalisme est un régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu, n’appartiennent pas, en général, à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail.

Écrit par


La santé et la maladie font partie intégrante de notre existence. Pourtant, nous redoutons généralement la souffrance, et le cas échéant, cherchons à guérir au plus vite. Du début à la fin de l’A.T., la maladie est un thème fréquent (9 mentions dans le Second livre des Rois !). Il en est de même dans le N.T. (17 guérisons opérées par Jésus dans le seul Évangile selon Luc). Mais tous ces récits ne font pas de la Bible un ouvrage de médecine : Jésus n’a jamais promulgué ni une doctrine ni une pratique en matière de procédés thérapeutiques ! Et nous serions bien empruntés pour établir des méthodes curatives sur la base des guérisons apostoliques mentionnées dans les Actes (ch. 3, 5, 8, 19, 28).

Dans les épîtres, la maladie et la guérison n’occupent pas une très large place. Mais à l’heure qu’il est, on assiste à une surenchère dans certaines sphères du monde évangélique où la guérison est perçue comme un droit fondamental du chrétien. Dès lors, la confusion et les conflits d’opinion vont bon train : est-il normal de tomber malade ? faut-il toujours espérer la guérison ? La palette de réponses est variée.

Le sujet mérite notre réflexion. Pour limiter notre étude, nous nous focaliserons sur Jacques 5.13-18, le seul passage des Épîtres qui traite spécifiquement du sujet et qui suggère le chemin à suivre dans le traitement d’un certain type de maladie. Approchons ce texte avec le maximum d’objectivité et par le menu, en écoutant Jacques, le demi-frère de Jésus, qui fut un responsable important de l’église de Jérusalem.

Le texte dans la traduction Louis Segond, Nouvelle édition de Genève 1979

13. Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance ? Qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie ? Qu’il chante des cantiques.
14. Quelqu’un parmi vous est-il mala¬de ? Qu’il appelle les anciens de l’église, et que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ;
15. la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné.
16. Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière agis¬sante du juste a une grande efficacité.
17. Élie était un homme de la même na¬ture que nous : il pria avec instance pour qu’il ne pleuve point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois.
18. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit.

Voici ce que révèle l’analyse détaillée de ce passage, à partir des textes originaux.

Verset 13

« est-il dans la souffrance » : litt. souffre-t-il (le verbe signifie : être dans une mauvaise situation, être réduit aux extrémités, cf. 2 Tim 2.3,9 ; 4.5). Le terme a un sens large.
« qu’il prie » : La solution aux contrariétés, aux persécutions, aux problèmes est simplement la prière. Et pour celui qui est dans la paix de la joie, qu’il chante et adore avec louanges !

Verset 14

« est-il malade » : Le verbe utilisé (être faible, malade) a donné l’adjectif « asthénique », qui indique un manque de force, de vitalité physique ou psychique, un état de dépression, de faiblesse (Petit Robert). Jacques fut conduit à employer ce mot pour décrire un chrétien réduit à un état continuel de fatigue et de faiblesse, surtout physique et/ou psychique (cf. 1 Cor 2.3 ; 15.43 ; 2 Cor 10.10 ; Héb 4.15 ; 5.2 ; 7.28). Ce verbe est employé 20 fois (surtout dans les Évangiles et dans les Actes) pour évoquer la faiblesse, la maladie physique (sans précision quant à la nature du mal), et au moins 12 fois pour désigner ceux qui sont faibles, affaiblis psycho-spirituellement (Rom 4.19 ; 8.3 ; 14.1,2,21 ; 1 Cor 8.9,11,12 ; 2 Cor 12.10 ; 13.3,4,9). Une situation psycho-spirituelle asthénique d’abattement engendre souvent apathie et fragilité physiques. Jacques n’a utilisé ni le terme maladie au sens physique dans la majorité des réf. du N.T., ni paralysie. Le contexte doit nous servir d’arbitre pour opter entre le sens de maladie physique grave, ou de faiblesse spirito-psycho-somatique. Nous penchons pour cette dernière acception, forts :
– des douze références parallèles citées ci-dessus,
– de la mention d’Élie dans les versets 17 et 18 (cf. 1 Rois 18-19) : celui-ci n’a pas été malade physiquement, mais plutôt psychiquement et spirituellement, pour un temps limité.

« qu’il appelle les anciens de l’Église » : L’« asthénique » lui-même prend l’initiative (et non ses proches) d’appeler les anciens. Deux titres sont donnés aux hommes qui occupaient cette fonction : le premier désigne un homme d’un certain âge ayant acquis une vaste expérience de la vie, sachant parler et agir avec sagesse ; le second, littéralement « évêque », s’applique à celui qui surveille, administre (cf. 1 Tim 3.1-7 ; Tite 1.5-9 ; Act 20.17,28 ; Phil 1.1). Le titre d’anciens désigne les membres d’un collège de dirigeants aux qualités dûment reconnues .

« en l’oignant d’huile » : Le verbe « oindre » n’est pas celui utilisé pour faire une onction sacrée ; il veut dire : frictionner, graisser, enduire, étaler ou appliquer de l’huile sur le corps pour le détendre, le renouveler ou soigner des plaies (cf. Luc 10.33-34). L’huile d’olive (avec son action apaisante) et le vin (comme désinfectant) comptaient parmi les agents thérapeutiques les plus courants de la médecine populaire. Cette onction est donc de nature médicale ; elle suggère que les anciens étaient autorisés à admettre l’utilisation de médicaments en parallèle à leur secours spirituel et fraternel. La recommandation de Jacques n’a pas toujours été comprise ainsi : la pratique actuellement très répandue qui consiste à verser quelques gouttes d’huile sur la tête ou sur le front du malade en lui imposant les mains de manière rituelle ne me semble pas suivre son enseignement dans ce cas précis.

« au nom du Seigneur » : En prononçant le nom du Seigneur, les anciens reconnaissent publiquement que leur acte et leur autorité honorent la volonté du Seigneur, et non la leur. Prier « au nom du Seigneur » ne tient ni de la magie, ni du ritualisme. De plus, ce n’est pas l’énonciation de ces mots qui va opérer la guérison. « Au nom du Seigneur, je te guéris » n’est pas une formule dont la récitation mécanique va automatiquement être accompagnée d’un miracle.

Verset 15

« la prière de [la] foi » : Chacun des anciens dûment qualifiés doit avoir confiance que le Seigneur va guérir l’« asthénique ». Au préalable, ils vont se renseigner pour bien saisir le fond de la situation, avant de se lancer dans cette entreprise de si haute importance. Il se peut que les anciens, discernant l’état moral et spirituel du demandeur, concluent que le Seigneur a un autre plan que la guérison (cf. 1 Cor 5 ; 2 Tim 4.20). La « prière » (e??? : requête basée sur un besoin légitime) « de [la] foi » est exigée des anciens entourant le malade. Trop souvent des guérisseurs itinérants, lors de grandes réunions, proclament leur capacité de guérir tout visiteur de tout mal. Lorsqu’une guérison ne s’effectue pas, on déclare : « C’est la faute du malade qui n’a pas assez de foi ! » … et tout le monde s’en contente. Or, Jacques précise que ce sont les anciens locaux qui doivent manifester la foi nécessaire à la guérison (cf. Marc 2.3-5). Toute la scène se passe en privé chez le faible-malade, pas en plein air devant des milliers de gens « traités » à la chaîne. Notons bien que c’est la « prière de [la] foi » et non l’onction qui agit efficacement !

« sauvera » : Le sens étymologique du verbe est « délivrera, émancipera » l’affaibli de son état de faiblesse, de fatigue ; ce contexte n’a rien à voir avec l’acte du salut éternel. Le Seigneur va le relever, le restaurer à sa vigueur antérieure.

« le malade » : C’est ici l’adjectif verbal substantivé du verbe ??µ?? (être fatigué ; être souffrant), employé ailleurs dans le N.T. uniquement en Héb 12.3-4 et Apoc 2.3, où il s’agit de la fatigue, de la lassitude, de l’épuisement résultant des assauts constants du monde, des incroyants ou des faux frères pour faire tomber l’enfant de Dieu. Ces assauts sans fin sapent la résistance jusqu’à produire la lassitude, le manque de force pour résister. Un frère affligé d’un tel burn-out a besoin de l’aide directe des anciens.

« et s’il a commis des péchés » : C’est une éventualité ; dans le cas où il serait accablé par le poids de péchés particuliers, il est bon qu’il les confesse devant Dieu, après en avoir parlé aux anciens.

« il lui sera pardonné » : Celui qui est devenu captif d’un péché réitéré, cause de son affaiblissement, sera pardonné après s’être repenti par une confession sincère. Quelle promesse de valeur (cf. v. 16) !

Verset 16

« Confessez donc vos péchés les uns aux autres » : Attention, la confession du péché, lorsqu’elle est nécessaire, fait partie intégrante du processus de guérison dans le cas de ce verset, afin que le péché soit pardonné et que le malade soit rétabli. On peut penser que cette confession a lieu après l’appel aux anciens. Voici le déroulement possible de la démarche du malade : il appelle les anciens, expose sa condition psycho-somatique déficiente, reconnaît (ou non, s’il n’a rien sur la conscience) qu’une habitude de pécher l’a amené dans sa condition ; un adjuvant médical est utilisé si nécessaire, tandis que tous prient, chacun à son tour, pour le malade, mais aussi pour soi-même, car chacun se reconnaît pécheur. Les anciens se souviendront probablement de « petits » péchés d’attitude intérieure, de tel ou tel propos déplacé, de telle décision égoïste, à avouer au Seigneur, afin qu’eux aussi soient purifiés et fortifiés dans leur être tout entier, en vue de pouvoir prier avec foi. Notons que tous les noms et les verbes dans ce verset sont au pluriel ! Tous viennent dans l’humilité, prêts à admettre leurs lacunes et leurs manquements les uns devant les autres. L’orgueil et l’attitude de supériorité des anciens, face au frère en piteux état, sont formellement exclus. Les anciens n’ont en eux-mêmes aucune puissance inhérente pour guérir, ils sont eux aussi pécheurs par nature. L’humilité et la compassion authentiques sont donc de mise.

« afin que vous soyez guéris » : Jacques affirme que la confession et la prière par tous sont les clefs de la guérison de l’homme asthénique. Une confession publique ou privée de péchés qui ne serait pas authentique n’est qu’une comédie, une honte. Mieux vaut ne rien dire du tout ou rester à la maison si l’honnêteté n’y est pas. Par ailleurs, il n’y a rien dans la procédure décrite par Jacques qui ressemblerait à une séance de guérisons à la chaîne sans confession explicite des péchés, et sans considération à l’égard d’un éventuel appui médical.

« la prière agissante du juste a une grande efficacité » : Les mots s’accumulent avec force. D’abord « la prière » (le mot ici diffère du v. 15 et désigne une requête, une supplication, une intercession pour un besoin particulier), puis l’adjectif verbal « agissante » (tiré du verbe e?e???? : être efficace), puis le mot « juste » (qui désigne tout individu justifié en Christ au moment de sa conversion, « en règle » avec le Seigneur), et finalement, l’expression « a une grande efficacité » (a beaucoup de puissance, de robustesse) : voilà un assemblage plein de promesses et d’encouragement.

Versets 17, 18

Jacques termine ses instructions inspirées en prenant un exemple tiré de la vie d’Élie (1 Rois 17-18). Le prophète est très affaibli dans sa marche avec l’Éternel à un moment crucial de sa vie. Toutefois, il a vu intervenir la main de l’Éternel avec puissance en réponse à sa foi, exprimée vigoureusement dans une simple prière. Son exemple replace chaque croyant devant la réalité centrale de tout notre texte, mais aussi de toute notre marche chrétienne : si nous faisons confiance à notre Dieu et Sauveur, si nous sommes intègres devant lui, il y a en lui pleine réserve de miséricorde, de puissance et de sagesse pour répondre à tous nos besoins, à toute détresse, et pour nous relever si nous sommes tombés. Dieu peut nous secourir sans médiation humaine, mais il peut aussi nous diriger vers ceux à qui il a confié la responsabilité de diriger notre église locale. Dans ce dernier cas, c’est Jacques qui nous dévoile la marche à suivre.

En guise de post-scriptum :

Notre article laisse volontairement dans l’ombre toute une série de situations auxquelles les versets de Jacques 5 n’apportent pas de réponse explicite. Par exemple : Qu’en est-il des bébés malades ? des personnes atteintes d’un cancer incurable ou de la maladie d’Alzheimer ? des infirmes de naissance ? etc. Il est évident que la question de la santé, de la maladie et de la guérison comporte de nombreux aspects qui mériteraient une étude beaucoup plus approfondie. Des médecins chrétiens ont du reste écrit d’excellents ouvrages à ce propos.

Qu’il nous suffise ici de rappeler l’exemple de l’apôtre Paul, par le moyen duquel Dieu accomplit des guérisons spectaculaires (jusqu’à une résurrection !). Affligé en lui-même d’une douloureuse (et peut-être rebutante) maladie chronique, il pria à plusieurs reprises pour en être délivré. Sans résultat. Mais Dieu lui fit comprendre la raison de ce non exaucement, et lui révéla ce grand secret : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (cf. 2 Cor 12.6-10)

Écrit par


Une Epître à part… Pourquoi ? À cause peut-être d’un style rugueux, coupé, énergique, marqué par beaucoup d’impératifs (60 sur 108 versets), beaucoup de questions (une vingtaine), des thèmes multiples… Un livre donc difficile à résumer, souvent critique, peu systématique, rare en mentions de Jésus (seulement deux, en 1.1 et 2.1, et encore, sans référence directe ni à son incarnation, ni à sa crucifixion, ni à sa résurrection). De quoi indisposer le lecteur qui veut lire tranquillement une portion de la Parole de Dieu sans se sentir obligé à l’engagement personnel. Mais puisque l’Epître existe, tout lecteur convaincu de l’inspiration divine de chaque livre de l’Écriture se doit d’y plonger ses regards, dans un esprit de prière, afin d’en retirer le plus grand profit possible (cf. 2 Tim 3.16,17).

Qui en est l’auteur ?

Il s’agit probablement de Jacques (1.1) le demi-frère de Jésus (Mat 13.55 ; Marc 6.3 ; Gal 1.19 ; 2.7,9,12), qui se serait converti après la résurrection de Jésus (1 Cor 15.7 ; Act 1.14) et qui jouait un rôle de premier ordre dans l’église de Jérusalem (Act 12.17 ; 15.13 ; 21.18 ; Gal 2.12).

Sa réputation fut telle que Juifs et non Juifs l’ont appelé « Jacques le Juste » (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2.23) à cause de sa piété et de sa vie de prière ; on lui aurait accolé le sobriquet de « genoux de chameaux », parce qu’il fut souvent trouvé à genoux dans le Temple, implorant Dieu de pardonner à la nation juive. La tradition rapporte qu’en 62 apr. J.-C. Jacques fut convoqué devant le sanhédrin, qui le somma de déclarer dans le Temple que Jésus n’était pas le Messie. Jacques répondit en clamant que Jésus était le Fils de Dieu et le Juge du monde ! Là-dessus, il fut amené en haut du Temple et jeté en bas, puis frappé avec un gourdin jusqu’à la mort. Au dernier moment, il pria encore : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (cf. Luc 23.34) Il vaut vraiment la peine de découvrir le livre d’un homme aussi exemplaire de fidélité jusqu’à la fin !

Pourquoi croyons-nous que Jacques, frère de Jésus, fut l’auteur de ce texte, alors que d’autres Jacques pourraient être pressentis ? Par exemple, Jacques fils de Zébédée et frère de Jean (Mat 4.21 ; Act 12.2), Jacques fils d’Alphée (Mat 10.3 ; Act 1.13), ou Jacques le père de Jude (mais pas de Jude l’Iscariote, cf. Luc 6.16). Voici nos raisons : (1) La simplicité de l’adresse (1.1) : il fallait un Jacques bien connu pour écrire ce type de lettre sans donner plus d’explications sur son identité, et la faire accepter par les chrétiens.
(2) L’histoire du canon : quoique le livre ait eu des difficultés à « percer » pendant les premiers siècles, Origène le théologien, Eusèbe l’historien et Jérôme le traducteur (auteur de la Vulgate au IIIe s.), ont reconnu comme auteur Jacques le demi-frère de Jésus. De plus, le Concile de Carthage a proclamé sa canonicité en 397.
(3) L’attribution traditionnelle de ce texte au demi-frère du Seigneur, même si certains commentateurs en doutent.
(4) Des ressemblances entre le « Jacques » de cette Epître (2.7 ; 2.5 ; 1.27 ; 5.19-20 ; 1.27 ; 1.16,19 ; 2.5) et celui qui intervient en Actes 15 (15.17 ; 15.13,14 ; 15.19,20 ; 15.29 ; 15.25). 1

Qui sont les destinataires ?

Jacques s’adresse aux Juifs convertis à Christ dispersés partout dans le monde connu à cette époque (cf. les références « juives » : synagogue (2.2) ; Seigneur des Armées, le Jahvé Sabaoth de l’AT (5.4) ; Seigneur de gloire (2.1) ; frères (5.7,10,12), comme dans les Actes). Il est fort probable que les destinataires étaient des Juifs convertis au christianisme — nous dirions aujourd’hui des Juifs messianiques ; ils auraient été dispersés partout après le martyre d’Étienne (Act 7.59-8.4 ; 11.19). Jacques, occupant une place importante à Jérusalem, aurait eu de la sympathie pour tous ses frères dispersés, désirant les instruire dans les domaines de la vie chrétienne pratique. En effet, il souffrait de trouver chez ses frères chrétiens d’origine juive des tares dangereuses : par exemple, l’amour des richesses (5.1-6), le formalisme légaliste 1.22-27 ; 2.14-26), le manque d’amour pratique (2.1-13), le mauvais usage de la langue (3.1-12), les disputes et toutes sortes de passions (3.14-4.6). Il voulait que leurs vies soient d’une exemplarité incontestable à cause du « beau Nom » invoqué sur eux. Mais Paul avait le même souci pour les croyants d’origine païenne. Il ne faudrait donc pas en déduire que le message de Jacques est réservé aux chrétiens juifs.

Quand Jacques a-t-il rédigé ce livre ?

Nous proposons une date entre 45 et 50 apr. J.-C. Pour quelles raisons (1) L’Épître a une orientation juive, parce que la « voie » chrétienne (cf. Act 19.9) était au début essentiellement composée de Juifs convertis. Les païens convertis étaient minoritaires dans l’Église.
(2) Est absente, dans l’épître, toute référence à la controverse entre certains judaïsants, qui insistaient pour que les païens qui se convertissaient soient circoncis (Act 15.1-12), et les apôtres (Act 15.13-29). Si le livre avait été écrit après la conférence de Jérusalem en 50 apr. J.-C., cette dispute aurait mérité une mention.
(3) Il existe plus d’affinités entre Jacques et Jésus qu’entre Jacques et Paul, en ce qui concerne leur enseignement. Si l’Épître avait été écrite après les événements d’Actes 15, « l’angle d’attaque » des problèmes aurait sûrement davantage ressemblé à celui de Paul, à l’exemple des analogies entre les Épîtres de Pierre et celles de Paul.
(4) La simplicité de ton quand il est fait référence aux responsables de l’église locale (« docteurs », 3.1 et « anciens », 5.14) favorise une date antérieure à l’an 50 (moment de la conférence d’Actes 15).
(5) L’utilisation du terme « synagogue » (2.2) plutôt que d’ « église » met en évidence que le christianisme était surtout confiné aux Juifs convertis à Christ au moment de la composition du livre.

Quels sont les points saillants de l’Épître ?

• Toutes les références à l’A.T. : Jacques évoque Abraham, Rahab, Job, Élie, la loi et les dix commandements ; de plus, il fait allusion à 21 livres de l’A.T. (de Genèse à Deutéronome, Josué, 1 Rois, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, et 7 des 12 petits prophètes).
• L’absence d’un développement systématique des doctrines centrales exposées par l’apôtre Paul (le salut par grâce fondé sur la Croix et la résurrection).
• Une fine appréciation de la création et de la nature (30 fois !) : Jacques en parle plus que Paul dans toutes ses Épîtres !
• 29 mentions directes ou allusives à la langue : les Juifs n’avaient pas bonne réputation dans ce domaine…
• La ressemblance entre l’enseignement de Jésus et celui de Jacques.
• L’emploi de phrases courtes et percutantes, de figures de style : o métaphores (comparaisons implicites) : « la langue est un feu » (3.6) ; « vous êtes une vapeur » (4.14 )
o comparaisons : « celui qui doute est semblable au flot de la mer, que le vent agite et soulève » (1.6) ; « le riche…passera comme la fleur de l’herbe » (1.10) ; celui qui écoute la Parole et ne la pratique pas « est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il est » (1.23,24). • L’âme de ce livre le rapproche de la littérature de « sagesse » de l’A.T. (Proverbes, Ecclésiaste).
• Ce livre est immédiatement et précisément praticable, car la vie chrétienne doit être pure, morale, éthique, juste, réelle.
• Les exhortations de Jacques s’ancrent dans des doctrines chrétiennes majeures : (1) La doctrine de Dieu : 1.5,13,17 ; 2.19 ; 3.9 ; 4.15 ; 5.4,11.
(2) La doctrine du péché : 3.2 ; 1.14,15,20,21 ; 2.7,9-11 ; 4.1-4,6 ; 5.4.
(3) La doctrine de l’eschatologie : 1.12 ; 2.5,12 ; 3.1 ; 5.7-8.
(4) La doctrine de l’Esprit : 4.5.
(5) La doctrine du salut : 1.18,21 ; 2.14-26,21-25 ; 5.15.
(6) La doctrine de l’église locale : 5.13-16.

Nous avons dans ce livre un aperçu de la nature du vrai christianisme biblique vécu par des Juifs convertis au Messie, mais vivant encore sous une très forte influence de l’A.T. Ce livre n’a pas reçu l’empreinte des Épîtres de Paul. Mais attention ! L’Épître de Jacques et l’Épître de Paul aux Romains (pour citer la plus fameuse) ne se contredisent pas. Jacques et Paul se complètent. Paul appréciait Jacques (Act 15.13 ; 21.8) et le reconnaissait (Gal 1.19 ; 2.9,12). Paul a écrit au sujet de la foi salvatrice du point de vue de Dieu, tandis que Jacques a décrit l’expression de la foi dans le service actif de l’homme. La preuve de la foi salvatrice en Christ est donnée par la foi mise au service des autres, et cela au nom de Christ. Jacques dit en fin de compte que la vraie foi pense aux autres et se met au travail pour eux.

Quel est le plan de l’Épître ?

Le caractère informel du livre en rend la structuration un peu aléatoire. J’ai compté jusqu’à 26 essais de schématisation de l’Épître. J’en propose un 27e !

Chapitres 1 et 2 : Les rapports entre la foi et les œuvres

1.1-15 : La foi affronte les épreuves et la tentation – la foi associée à la sagesse permet de surmonter les épreuves et d’acquérir la patience (1.1-12)
– la foi doublée d’une juste connaissance de Dieu et du cœur humain permet d’affronter la tentation (1.13-15) 1.16-27 : La foi reconnaît l’activité de la Parole de vérité dans… – la régénération (1.16-21)
– le passage de l’écoute à la pratique (1.22-25)
– une conduite en société qui soit utile aux autres alliée à la recherche d’une pureté morale qui honore Dieu (1.26-27) 2.1-13 : La foi discerne et combat l’esprit de partialité – la partialité est condamnable (2.1)
– la partialité s’inspire de faux jugements (2.2-4)
– la partialité est à l’origine des injustices sociales (2.5-7)
– la partialité est incompatible avec l’amour véritable (2.8-11)
– la partialité est contraire à l’esprit de miséricorde et de liberté (2.12-13) 2.14-26 : La vraie foi sauve – la vraie foi en Christ s’active pour le bien des autres (2.14-19)
– la vraie foi s’est illustrée chez Abraham et Rahab (2.20-26)

Chapitres 3 à 5 : Les rapports entre la sagesse céleste et les œuvres

La sagesse céleste… 3.1-12 contrôle l’emploi de la langue
3.13-18 est garante d’une bonne conduite
4.1-3 doit prévaloir sur les passions, les querelles et les désirs mal orientés
4.4-12 cultive l’humilité et rejette la médisance
4.13-17 participe à la formation et à l’exécution de nos projets
5.1-6 lutte contre la corruption causée par les richesses
5.7-12 attend patiemment l’avènement de Christ
5.13-18 nourrit la prière
5.19-20 contribue à la restauration d’un frère

Comment lire cette Épître ?

Une lecture superficielle de cette Épître est à exclure : chacun de ses paragraphes est à méditer en vue d’être appliqué dans notre expérience quotidienne. La mise en œuvre des principes exposés dans cette Épître est indissociable d’un examen de conscience approfondi et sincère dans tous les domaines que le Saint-Esprit veut vivifier, corriger, illuminer et affermir dans nos vies. Une attitude de prière humble et volontaire doit en baigner la lecture.

1Par ailleurs, l’auteur de l’Epître est souvent proche de Matthieu (au moins 19 passages convergents), et il y a dans ce livre plus de parallèles avec l’enseignement de Jésus (dans les Évangiles) que dans aucun autre livre du N.T. Notons aussi la ressemblance entre Jacques (4.6 ; 1.5 ; 1.19 ; 3.18 ; 4.13-16 ; 5.20) et le livre des Proverbes (3.34 ; 2.6 ; 29.20 ; 11.30 ; 27.1 ; 10.12).

Écrit par


Lévitique 16

Dans l’A.T., les fêtes d’Israël, instituées directement par Dieu, symbolisaient des aspects importants de la rédemption éternelle du peuple de Dieu. Elles rappelaient les actes de délivrance divine du passé ; elles parlaient du pouvoir sanctifiant de Dieu pour la vie présente de la nation, et étaient enfin une anticipation de la victoire future du Messie sur le péché.

Cet article traite de la fête du « Jour des Expiations », appelé aussi « Yom Kippour » ou « Grand Pardon ». Cette fête se déroulait le 10e jour du 7e mois du calendrier religieux juif (Tishri, soit en septembre-octobre).

Yom Kippour était le couronnement de l’année religieuse, car c’était le jour où chaque Israélite ainsi que toute la nation reconnaissaient la nécessité d’une expiation, d’une repentance et d’un pardon pour leurs péchés de l’année écoulée. Cette fête donnait ainsi au croyant juif une conscience purifiée du passé pour regarder la nouvelle année avec espérance. C’était aussi le seul jour où le souverain sacrificateur avait le droit d’entrer dans le saint des saints, avec du sang à asperger sur le couvercle et devant l’arche.

Cet article prend appui sur les événements solennels de cette journée particulière, telle qu’elle est décrite dans l’A.T., pour expliquer, à l’aide du N.T. et en particulier de l’Épître aux Hébreux, comment ils ont trouvé leur accomplissement dans notre Seigneur Jésus-Christ, le suprême souverain sacrificateur.

L’Écriture définit cette cérémonie d’expiation annuelle par le mot hébreu « kippourim » (Ex 30.10 ; Lév 16.1-34 ; 23.27-32 ; 25.9 ; Nom 29.7-11) qui signifie « expiations ». L’expiation est à la fois l’effacement de l’offense causée au Dieu très saint et la purification de l’offenseur (cf. Ps 32.1 ; 99.8 ; 103.3 ; Osée 14.2 ; Néh 9.17). Cette doctrine vétérotestamentaire de l’expiation des péchés, est reprise et expliquée dans le N.T. La « propitiation » est une autre facette du salut, qui désigne l’apaisement, la pacification avec Dieu par un sacrifice (Rom 3.24-25 ; 1 Jean 4.10). Cet apaisement (Rom 5.1) détourne ainsi sa juste colère envers le pécheur et contre son péché (1 Jean 2.21 ). Ainsi, les deux Testaments enseignent que l’expiation (la suppression de l’offense) et la propitiation (la suppression de la colère divine) font partie intégrante du salut.

Étudions maintenant le déroulement des activités du Yom Kippour, telles qu’elles nous sont relatées en Lévitique 16. Rappelons-nous que le souverain sacrificateur en ce jour national d’humiliation et d’expiation offrait des sacrifices pour lui-même, pour toute la famille sacerdotale, pour le sanctuaire et pour toute la nation — et cela à cause de tous les péchés commis pendant l’année précédente.

LES CÉRÉMONIES DU YOM KIPPOUR

Voici, en résumé, le déroulement des activités qui occupaient toute cette journée :

Les v. 1 à 10 sont un résumé en trois parties de l’activité du souverain sacrificateur (Aaron) dans ce rite.

v. 1-2 : Dieu rappelle que les deux fils d’Aaron, Nadab et Abihu, avaient pénétré dans le lieu saint d’une manière impropre (Lév 10.1-2 ; Nom 3.4 ; 26.61) et qu’ils avaient été foudroyés par l’Éternel. Les règles énoncées en Lévitique 16 restreignent donc l’accès du saint des saints : 1° seul le souverain sacrificateur (Aaron, à l’époque) avait le droit d’y pénétrer,
2° une seule fois par an,
3° selon une convocation divine,
4° lors d’une occasion solennelle.

v. 3-5 : Le premier geste d’Aaron était de choisir et de mettre en réserve deux animaux (un taureau pour le sacrifice pour le péché et un bélier pour l’holocauste) qu’il allait sacrifier plus tard (v. 11-14). Puis, il devait aller s’habiller d’une manière simple et particulière afin de recevoir de la part de la nation deux boucs pour le sacrifice pour le péché et un bélier pour l’holocauste. Jusque-là, Aaron avait deux groupes d’animaux à sacrifier.

Les sacrifices de Lév. 161. Sacrifices pour le péché2. Holocaustes
Pour Aaron et les siensTaureauBélier
Pour le peuple

Bouc égorgé
Bouc pour Azazel

Bélier

Les v. 6-10 sont un résumé de la première entrée d’Aaron dans le saint des saints avec le sang du taureau, afin d’accomplir l’expiation pour lui-même ainsi que pour sa propre tribu (tous les Lévites). Ensuite, il sortait pour prendre les deux boucs réservés pour la nation en vue d’accomplir une cérémonie particulière : Aaron choisissait par le sort un des boucs comme offrande pour le péché (cérémonie reprise au v.15) ; l’autre bouc était renvoyé (comme expliqué plus en détail dans les v. 20-28).

Les v. 11 à 14 reviennent sur la cérémonie d’expiation réservée à Aaron et à sa famille. Le sacrificateur égorgeait le taureau en réservant son sang pour faire plus tard l’expiation des péchés (v.14). Puis il prenait d’une main un brasier rempli de charbons ardents provenant de l’autel des holocaustes, et de l’autre main, il prélevait deux poignées de parfum (qu’il mettait sûrement dans un bol). Il entrait dans le lieu saint pour disposer les charbons et le parfum sur l’autel des parfums, produisant ainsi une épaisse fumée qui remplissait même le saint des saints2. Il ressortait pour prendre le sang du taureau, puis rentrait dans le saint des saints afin d’asperger sept fois le couvercle de l’arche avec le sang ainsi que le sol devant l’arche.

Les v. 15 à 17 nous informent qu’Aaron sortait alors pour égorger le bouc du peuple (v.9). Il prenait son sang, puis il entrait une nouvelle fois dans le saint des saints pour asperger l’arche — exactement comme il l’avait fait pour l’aspersion du sang du taureau (v.14). Cette cérémonie était nécessaire pour expier les souillures causées au sanctuaire par le va-et-vient des Israélites qui fréquentaient le tabernacle. Cette purification incluait aussi la « tente de la rencontre ou d’assignation », placée en dehors du camp, où l’Éternel avait l’habitude de rencontrer personnellement Moïse (Ex 33.7-11 ; 34.34,35 ; 18.13,21-26). Pendant cette expiation, nul spectateur n’avait le droit d’être présent.

Les v. 18 à 19 indiquent comment Aaron sortait du lieu très saint pour aller vers l’autel de l’holocauste3 pour le purifier et le sanctifier en prenant le sang du taureau (v. 3, 6, 11,14) et celui du bouc (v. 9,15). Il aspergeait sept fois les quatre cornes de cet autel.

Les v. 20 à 28 détaillent la fonction des quatre dernières cérémonies de cette longue journée : enlever tous les types de péchés commis par chaque membre de la nation, du souverain sacrificateur jusqu’au dernier du peuple :

1. La cérémonie « d’Azazel » (v.8,10,20-22). On a beaucoup spéculé, de façon bien inutile et infructueuse, sur le sens « d’Azazel ». Une étude approfondie de l’original peut conduire à la conclusion qu’il s’agit d’un mot composé de ??? (bouc), et de ????? (partir, sortir), précédé de la préposition ??, laquelle signifie « direction vers » et aussi « en référence à l’égard de ». Ce second bouc du peuple était désigné pour « partir » : il emportait avec lui symboliquement les péchés de la nation dans un endroit désertique où il ne serait jamais retrouvé. Le renvoi de ce bouc vivant symbolisait l’enlèvement total des péchés et de leur culpabilité, après qu’Aaron eut confessé les fautes de la nation entière en imposant ses mains sur sa tête4 .

2. La cérémonie de l’holocauste (v.23-25). Pour cette occasion, Aaron devait changer ses vêtements spéciaux de ce jour après un bain rituel de purification, pour remettre ses vêtements normaux de souverain sacrificateur (8.5-9 ; Ex 28.4-39). Maintenant glorieusement habillé, il offrait les deux béliers sur l’autel de l’holocauste pour une dernière déclaration publique concernant l’expiation des péchés pour toute la nation (v.24-25).

3. La cérémonie du sacrificateur lévite choisi (v.26). Après avoir amené le bouc vivant dans le désert, le Lévite devait changer ses vêtements et se laver avant de pouvoir entrer dans le camp, car il avait été en contact avec le bouc renvoyé qui symbolisait le péché. Quand bien même ce Lévite accomplissait un acte ordonné par Dieu, cette purification soulignait que la nature pécheresse héritée d’Adam reste même chez celui qui est sauvé. Et le pécheur sauvé a besoin aussi d’un « lavage spirituel » régulier (cf. 1 Jean 1.8-10) pour « renvoyer au désert », pour ainsi dire, ses péchés quotidiens.

4. La cérémonie de la consommation totale par le feu (v.27-28). Elle devait avoir lieu en dehors du camp où les restes des deux animaux offerts en sacrifice pour le péché (le taureau et le premier bouc) étaient totalement consumés. Le Lévite chargé de cette tâche devait nettoyer ses vêtements et se laver avant de pouvoir retourner au camp.

Les v. 29 à 34 sont une sorte de résumé du Yom Kippour sous forme d’exhortation :
– Les v. 29 à 31 précisent la date, les conditions (v.29) et les raisons de cette journée.
– Les v. 32 à 34 soulignent que seul le souverain sacrificateur dûment consacré par l’onction pouvait officier ce jour-là. Tout souverain sacrificateur devait être un descendant en ligne directe d’Aaron. Cette prescription était « perpétuelle » pour la nation d’Israël, aussi longtemps que l’ancienne alliance existerait, jusqu’à l’avènement du « prophète » annoncé par Moïse (Deut 18.15, 18), le Messie, le parfait souverain sacrificateur à venir.

LE SYMBOLISME DU YOM KIPPOUR SELON L’ÉPÎTRE AUX HÉBREUX

Le système lévitique jouait le rôle de préfiguration des réalités spirituelles futures amenées par Jésus-Christ en tant que Souverain Sacrificateur. Les protagonistes du culte et leurs actes, les animaux sacrifiés, font ainsi office de « types », de « figures » de la rédemption future en Christ. Celui-ci a été lui-même le sacrifice parfait qui a réglé définitivement la question du péché et du salut éternel (7.25 ; 9.12) pour tout pécheur repentant et croyant (Act 20.21). Jusqu’à quel point le croyant de l’A.T. a-t-il compris les profondeurs des richesses spirituelles éternelles « cachées » dans le rituel lévitique ? Il est impossible de l’évaluer, mais heureusement, l’Épître aux Hébreux éclaire pour nous la supériorité de Jésus et de son œuvre rédemptrice par rapport au système lévitique (8.6). Cela nous amène à louer et à remercier Dieu pour la perfection de son plan de salut.

Ni le souverain sacrificateur de l’A.T., ni les sacrifices d’animaux pour les péchés ne pouvaient régler définitivement la question du pécheur et de ses péchés (Héb 5.1-3 ; 9.8-10 ; 10.11). Toutefois, le rituel solennel du Jour des Expiations illustrait par avance dans tous ses détails la réalité présentée par l’Épître aux Hébreux.

C’est grâce à sa vie et à son caractère parfaits que Jésus, Fils de Dieu, a pu s’offrir comme sacrifice acceptable au Père et assumer légitimement son sacerdoce selon Melchisédek (Héb 2.17-18 ; 4.14-16 ; 5.7-10 ; 7.26-28). Jésus-Christ fut à la fois le sacrifice parfait puis le souverain sacrificateur parfait (Jean 1.29 ; 3.16), seul capable de proposer un remède au péché, potentiellement pour toute l’humanité (Rom 3.23-24, 1 Jean 2.2) et effectivement pour les croyants (1 Tim 4.10 ; Rom 3.25).

La nécessité, la réalité, l’utilité et l’efficacité du sang de Jésus-Christ sont soulignés pour mettre une fin définitive à la séparation des pécheurs d’avec leur Créateur (Héb 1.3c ; 2.17 ; 7.27c ; 8.3 ; 9.11, 12, 14, 22, 26-27 ; 10. 10,12, 14, 29 ; 12.2d, 24 ; 13.12, 20). Ce qui frappe, dans Lévitique 16, c’est le fait qu’Aaron a dû entrer et sortir du sanctuaire plusieurs fois pour régler provisoirement la question du péché pour la nation, tandis que Jésus a tout fait en une seule fois.

Le croyant en Christ bénéficie maintenant de nombreux bienfaits, dont le croyant de l’A.T. ne pouvait pas encore jouir parce qu’il faisait partie de l’ancienne alliance (Héb 2.14-15,18)5 .

Le souverain sacrificateur de l’A.T. occupait une place spirituelle primordiale pour le peuple juif. Le Seigneur Jésus-Christ, notre souverain sacrificateur, accomplit davantage : il inaugure la nouvelle alliance par son sang précieux (Héb 7.22 ; 8.6, 7-13 ; 9.15, 20 ; 10.29 ; 12.24 ; 13.20). Cette alliance est totalement différente de l’ancienne par son origine, ses accomplissements, ses moyens et ses buts. L’alliance mosaïque avec son système légal fut annulée à la Croix (ch. 8, surtout le v. 13 ; Col 2.14).

UN APPEL

Comment répondre à ce que le Seigneur a fait pour l’expiation et la propitiation de nos péchés6 , en vue de nous attacher éternellement au Dieu saint, qui est béni éternellement ?

Témoigner humblement, mais avec courage, force et intelligence devant le monde, de notre attachement à Jésus-Christ comme seul Sauveur et unique sacrificateur et médiateur (Héb 13.13-14 ; 1 Pi 2.12 ; 3.15-16).
Offrir à Dieu le Père la louange qu’il mérite pour nous avoir donné ce souverain sacrificateur unique, et cela malgré les circonstances souvent difficiles par lesquelles nous passons (Héb 13.15).
Pratiquer généreusement le partage de nos biens, en donnant de bon cœur, sans rien demander en retour, car ainsi nous suivons l’exemple du sacrificateur qui s’est sacrifié (Héb 13.16).
Demander à Dieu qu’il nous accorde, dans sa grâce, un plus grand amour pour Jésus-Christ, un amour dont la preuve est notre obéissance fidèle jusqu’à ce qu’il vienne.

1 Le mot « expiatoire » utilisé par la version Segond en 1 Jean 2.2 et 1 Jean 4.10 serait mieux traduit ailleurs par « propitiatoire », comme c’est le cas dans d’autres versions (Darby, Osty,…).
2 Le saint des saints est aussi appelé le « lieu très saint ». Il désigne la seconde partie du tabernacle, derrière le second voile, où se trouvait uniquement l’arche de l’alliance, avec son couvercle appelé le « propitiatoire ».
3 « Holocauste » signifie « entièrement brûlé ». Sur cet autel, les animaux étaient brûlés entièrement après avoir été préalablement égorgés.
4 L’imposition des mains du souverain sacrificateur à ce moment-là signifiait l’identification de la nation entière avec la victime expiatoire. Je ne crois pas qu’on puisse utiliser cette imposition des mains tout à fait particulière pour justifier d’imposer les mains à tout va.
5 Voir aussi : 3.1, 14 ; 4.14-16 ; 5.9 ; 6.9-12,18-20 ; 7.25 ; 9.11-12, 14, 15d, 22b, 24c, 26c, 28b-c ; 10.10,14,16-18,19-20,21-22,23,24,25,36,37,39 ; 12.1-3,5-13 (le privilège d’avoir un Père exceptionnel qui s’occupe de notre « éducation »), 15a,22-23 ; 13.1-17.
6 Voici quelques références supplémentaires de textes qui peuvent être rapprochées de Lévitique 16 : Rom 3.24-25 ; 4.25 ; 8.34 ; 1 Cor 11. 23-26, 31 ; 2 Cor 5.19, 21 ; 1 Jean 1.7-10 ; 2.1-2 ; 1 Tim 2.5 ; 1 Pi 2.24 ; Col 1.20 ; Act 2.23-24, 36 ; Apoc 1. 5-6,18 ; Tite 2.14 ; Luc 22.17-20 ; Gal 3.13. Cf., Mich 7.19 ; És 53 ; Ps 103.12 ; Éz 18.22a.

Écrit par


Un regard honnête posé sur notre monde physique et humain admet l’évidence que rien n’est parfait : la corruption est réelle et universelle. Selon le dictionnaire, la corruption est une « altération de la substance par décomposition » ou encore un « état de ce qui est corrompu » (Le Petit Robert). Mais la vie a-t-elle toujours été perturbée ? Sinon, quand, pourquoi, comment et par qui la création a-t-elle été altérée ou contaminée ? Ces grandes questions méritent des réponses claires ; c’est pourquoi nous chercherons à connaître le point de vue du Créateur, lui qui donne son sens à notre existence et à notre condition matérielle.

Il n’y a pas d’information sur la création plus fiable que celle que Dieu nous transmet par sa Parole, la Bible1 . Selon celle-ci, la création originelle était entièrement bonne, parfaite (Gen 1-2 ; Col 1.16-17). Or, cette excellence n’a duré que le temps de l’obéissance d’Adam et Ève. Leur désobéissance aux exigences claires de Dieu (Gen 3 ; Rom 5.12-21) a fini par entraîner la corruption et la détérioration de cette perfection… quoiqu’il demeure en l’homme des traces de son origine (Dieu nous a créés à son image).

Les conséquences de la rébellion de nos parents

Dieu le Créateur avait averti le couple : la transgression de ses ordres aurait des conséquences désastreuses. Ce principe universel de causalité nous rappelle que négliger les règles qui garantissent un bon fonctionnement engendre le pire, tôt ou tard. Personne ne peut calculer avec exactitude toutes les implications d’un acte irréfléchi opposé à la volonté de Dieu. Cette loi se vérifie facilement dans l’histoire, biblique ou générale. Voici brièvement les implications majeures de l’insoumission du premier couple. Elles nous touchent encore aujourd’hui :

1. Dieu le Créateur avait prédit la mort du couple s’il refusait d’obéir (Gen 2.17 ; Rom 6.23).Cette mise en garde visait à prévenir la mort spirituelle (la séparation d’avec Dieu) autant que la mort physique. Adam et Ève ignoraient ce qu’était « la mort », car elle n’existait pas avant la Chute. Ils devaient seulement croire que Dieu savait bien ce dont il parlait. Ils ont cependant préféré leur propre conception de la vie humaine, pour découvrir très vite le tournant radical qu’allait prendre leur destin ! 2. La Bible proclame que le péché, la tendance à désobéir à Dieu, est une déformation universelle de notre nature adamique (Rom 3.23). Tout être humain en est totalement infecté dès sa naissance (Rom 3.10-18 ; 1 Jean 1.8-10). L’Ancien Testament offre plus de cinquante (!) nuances pour décrire la désobéissance ou le manque de conformité à la loi de Dieu. Les trois principaux termes sont : a. le péché : le fait de manquer la cible (Ps 32.1-5 ; Dan 9.24d),
b. l’iniquité : la faute, la préparation d’une tromperie (ou d’une perversion) et sa réalisation (És 32.6 ; Job 15.35),
c. la transgression : la révolte, la rébellion (Ex 23.20-21 ; Job 13.23b). Le Nouveau Testament n’est pas en reste avec sa panoplie de mots forts. On y trouve notamment : a. le péché : le fait de manquer la cible (Rom 5.12-13 ; 6.12),
b. la désobéissance : l’injustice, le mal moral ou spirituel (Rom 1.29)2 ,
c. l’iniquité : le rejet de la loi (Mat 23.28),
d. l’impiété : la volonté délibérée de ne pas donner à Dieu ce qu’il mérite (Rom 1.18 ; Tite 2.12 ; Jude 18). Il existe bien d’autres termes. L’homme est ainsi dépravé par rapport à Dieu et à ses exigences – et dépouillé de toute prétention à la sainteté. L’individu ne commet pas nécessairement les péchés les plus vils, il n’a tout simplement rien en lui pour plaire au Dieu trois fois saint. Pourquoi une telle déchéance ? L’existence du mal est un mystère : nous ne pouvons le comprendre, et aucune explication ne satisfait l’esprit humain. Dieu ne nous demande pas de comprendre, mais d’accepter la réalité affligeante de notre état, afin de lui laisser traiter le mal à sa façon : en Christ.

3. L’acte de péché (au sens général) entraîne la mort spirituelle de la race humaine, à savoir la séparation de l’âme et de l’esprit d’avec Dieu (Éph 2.1-2).

4. Il entraîne aussi la mort physique (Gen 3.19 ; Rom 6.23). Chaque enterrement nous rappelle que même l’être le plus aimé a été « infecté » par le poison du péché.

5. La rébellion d’Adam et Ève a entraîné d’autres effets durables. Certains d’entre eux correspondent encore bien à notre condition spirituelle, psychique et sociale d’aujourd’hui. En voici un aperçu :
a. Le cœur est devenu insensible à l’appel de Dieu (Act 28.27) ;
b. Les pensées se sont obscurcies (Éph 4.18) ;
c. La conduite de l’homme est devenue errante et sinueuse (És 53.6) ;
d. Les décisions sont prises en fonction de tendances charnelles (Rom 8.7) ;
e. Les réalités de l’Esprit de Dieu sont considérées comme folles et incompréhensibles (1 Cor 2.14) ;
f. L’âme de l’homme est gangrenée dans ses élans vers la vraie vie (Prov 8.36) ;
g. La bouche est empoisonnée et pleine de malédictions (Rom 3.13-14) ;
h. La paresse entraîne au dégoût du travail (Pr 21.25) ;
i. La discorde familiale frappe comme une évidence (Luc 15.11-30) ;
j. Constamment et puissamment, Satan pousse les hommes à se révolter contre Dieu (Éph 2.2).

Les conséquences de notre état de pécheurs

La liste ci-dessus n’est pas exhaustive. Cet enseignement biblique brosse un tableau pessimiste de l’homme, dans son comportement individuel et collectif, hérité de la nature déchue d’Adam (Rom 5.11-21). Dieu noircit encore le tableau quand il dépeint les conséquences de la Chute dans le domaine de sa relation avec l’homme.

1. Les écrivains sacrés ont comparé certains hommes corrompus à des animaux. À des serpents (Ps 140.4 ; Mat 23.33), à un âne sauvage (Job 11.12b), à un ours cruel (Dan 7.5), à des chiens impurs (Pr 26.11 ; Mat 7.6 ; 15.26 ; Phil 3.2 ; Apoc 22.15), à un renard rusé (Luc 13.32), à un léopard féroce (Dan 7.6), à un lion qui déchire sans pitié (Dan 7.14b), à une truie se vautrant dans la boue (2 Pi 2.22c), à un loup cruel (Éz 22.27). Dieu, dans sa sainteté et sa droiture, décrit l’homme en rébellion contre lui comme il le voit. Le diagnostique est bien sombre, mais c’est la vérité : Dieu ne cache jamais leur état réel à ses créatures. Il se garde à leur égard de paroles lénifiantes, car il sait que l’individu aime à s’illusionner sur sa nature et sur son caractère. Mais Dieu vient en aide à celui qui accepte de se voir tel qu’il est.

2. Sans Christ comme sauveur, chaque pécheur vit sous la menace du Dieu juste, saint et droit. Le châtiment que nous méritons comporte au moins six aspects :

a. La démonstration de culpabilité (Rom 3.19 ; Jac 2.10) ;
b. La punition (Mat 25.46 ; Jean 3.36c) ;
c. La perdition : le fait de tout perdre, le naufrage absolu (Mat 10.28, Jean 3.16b) ;
d. La mort spirituelle, la séparation d’avec Dieu (Rom 5.12 ; 6.23 ; Apoc 3.1). Puis la séparation physique de l’âme et de l’esprit d’avec le corps (Jac 2.26). Finalement, la « seconde mort », la séparation éternelle d’avec Dieu (Apoc 20.14-15 ; 21.8) ;
e. Le Jugement final et le prononcé des peines éternelles (2 Pi 2.9 ; Jude 6) ; f. Le feu éternel (Mat 18.8 ; 25.46 ; Jude 7).

Ces descriptions sur la corruption concernent chaque individu de l’espèce humaine. Elles peuvent choquer, particulièrement ceux qui nourrissent une bonne image d’eux-mêmes. Cependant, accepter la vérité biblique, c’est faire le premier pas vers la libération de la vie corrompue.

La solution à la corruption humaine

Ô combien est grande la condamnation par Dieu de notre nature pécheresse. Comment s’y soustraire sans l’intervention d’un très grand Avocat ? Dieu lui-même y a pourvu : il nous presse de nous tourner vers le Sauveur éternel : c’est lui qui a détourné sur lui-même la punition divine que nous méritions (Jean 3.16)3 . Bien plus, Dieu investit le repentant d’une nouvelle nature (2 Cor 5.17). À cause de Christ, Dieu distingue donc entre le pécheur qui persiste volontairement dans son péché (et qui demeure sous le coup de la condamnation), et celui qui est exempté du jugement parce qu’il s’est soumis à Jésus-Christ par la repentance et la foi (Act 20.21). Le salut en Christ ne transforme pas seulement notre destin éternel, il crée aussi une possibilité de transformation de notre caractère, moyennant notre obéissance à la Parole de Dieu et à la direction du Saint-Esprit.

Le converti en Christ n’a pas perdu sa nature humaine (Rom 6-7), mais il a l’Esprit en lui pour l’encourager à la victoire quotidienne (Rom 8.1-17) en s’identifiant à Christ dans sa mort et dans sa résurrection (Gal 2.20 ; 6.14). Le vrai pèlerin (Héb 11.10-16) regarde en avant et en haut (Héb 12.1-2), en attendant le retour du Seigneur et le don d’un corps nouveau, impérissable (1 Thes 4.13-18). Quant à la création matérielle, qui subit la corruption propagée par le péché, Dieu la réhabilitera aussi en son temps, lors du règne de Christ (Rom 8.18-23). Puissions-nous tous entrer pleinement dans le plan anti-corruption de notre Père bienveillant.

1 Cf. Ps 19.8, 10b ; 33.6 ; 2 Tim 3.15-17 ; Mat 4.4 ; 2 Pi 1.21.
2 Cf. aussi : 2.8 ; 6.13 ; 2 Thes 2.10, 12 ; 2 Tim 2.19 ; 1 Jean 5.17.
3 Cf. aussi Act 3.17-20 ; 1 Cor 1.17-18 ; Gal 6.14 ; Éph 2.16 ; Phil 2.7-11 ; Col 1.20-23 ; 2.14. Puis Rom 3.24-26 ; 4.24-25 ; 5.1-2, 10-11 ; 8.1-3, 9, 16-17 ; 10.10-13.

Écrit par


Scott McCarty nous donne une vue biblique sur l’Église et son gouvernement avec l’exercice des divers dons et ministères dans leur pluralité et complémentarité. Une vision biblique à redécouvrir !

I. Organisme et organisation de l’Église

Notre objectif est de réfléchir sur l’Église telle que le N.T. l’a révélé. Distinguons d’abord l’Église universelle, corps de Christ, (1 Cor 12.12) de l’église locale (par ex. celle d’Antioche). Quant à la première, « l’Église est un organisme spirituel qui est le corps du Seigneur Jésus-Christ, composé uniquement de tous les croyants convertis, devenus membres de ce corps par le baptême du Saint-Esprit1, et cela depuis la Pentecôte jusqu’à l’enlèvement de l’Eglise en la présence de Christ »2. Les versets suivants appuient cette définition : Act 1.5 ; 11.15-17 ; 2.1-5 ; 1 Cor 12.12-13 ; Éph 4.11-13,15-16 ; Col 1.28 ; 1 Thes 4.16-17.

Quant à l’organisation de l’Église, voici une bonne définition : « C’est l’institution terrestre, temporelle, constituée de tous ceux qui professent la foi dans le Seigneur Jésus-Christ, dans le but de l’adorer, de pratiquer la communion fraternelle et de témoigner »3. La réalité actuelle nous oblige d’admettre que cette organisation inclut trop souvent non seulement ceux qui sont membres du corps de Christ mais aussi ceux qui ne le sont pas.

En effet, l’idée d’organisme n’est pas automatiquement contradictoire avec celle d’organisation. Paul nous montre qu’à Corinthe, les membres organiques et les membres organisationnels étaient bien les mêmes (1 Cor 1.2). Lors des débuts historiques de l’Eglise à Jérusalem (Act 2.1,47 ; 4.32 ; 5.13-14), organisme et organisation recouvraient la même réalité ; cette situation a perduré pendant les premières années qui ont suivi la Pentecôte.

Mais déjà dans Act 8.13,20-23, une rupture survient entre les deux, car il semble que Simon n’ait pas passé par une réelle conversion. Dans les épîtres, nous voyons s’élever de faux prophètes et enseignants au sein même d’une église locale. L’histoire de l’Église démontre que la notion biblique de l’Église a été complètement faussée, et qu’elle a été redécouverte à partir de la Réforme, puis du piétisme et des grands mouvements de réveils évangéliques. Cela explique que de nos jours, il peut y avoir des personnes non converties à Jésus-Christ et qui sont membres d’une église locale, alors que d’autres personnes, d’authentiques enfants de Dieu, peuvent ignorer complètement le fonctionnement néotestamentaire d’une église.

II. Sept principes essentiels

Le but de cette étude est de confirmer ce que les Ecritures nous enseignent à propos de la réalité de l’église locale, qui procède du rassemblement des croyants à un endroit déterminé. Il y a au moins sept principes essentiels dont les églises locales devraient témoigner :

1. Il y a un seul corps (Éph 4.4.).
2. Christ est la tête de ce corps (Éph 5.23 ; Col 1.18).
3. Tous les croyants sont membres de ce corps.
4. Le Saint-Esprit est le vicaire de Christ dans l’Eglise (Jean 14.16-20).
5. L’Eglise de Dieu est sainte (1 Cor 3.17).
6. Les dons sont donnés pour l’édification de l’Eglise (Éph 4.11-12).
7. Tous les croyants sont des sacrificateurs de Dieu (1 Pi 2.5-9).

Cet article examinera l’église locale à partir de ces sept points fondamentaux tout en se concentrant sur des observations complémentaires tirées du Nouveau Testament4.

1. Il y a un seul corps

Ephésiens 4.4 : Les Ecritures montrent clairement que cet organisme est le corps de Christ. La rude critique de Paul aux Corinthiens qui se réclamaient, soit de Paul, soit de Pierre…, indique parfaitement qu’aucun nom ni parti-pris humains ne doivent être source de divisions dans ce corps. Romains 1.7 établit que tous les croyants sont « appelés saints » (klétois hagios) au delà de toute étiquette dénominationnelle. Paul adressait ses lettres aux croyants de Corinthe, de Colosse, de Rome, etc. Le fait qu’il y ait aujourd’hui tant de confessions différentes dans l’Eglise est le fruit d’un esprit de discorde et d’ignorance des Ecritures. L’église locale doit reconnaître tous ceux qui professent Christ, s’ils sont sains dans leur doctrine et saints dans leur conduite. C’est l’unité, manifestée ainsi à la table du Seigneur lors de la cène.

2. Christ est la tête du corps

Ephésiens 5.23 ; Colossiens 1.18 : Puisque le corps est celui de Christ, il est tout à fait normal qu’il en soit la tête. Lui seul est le Maître de ceux qui forment les différentes parties du corps. L’Eglise dans sa forme universelle et locale doit compter sur lui pour tous ses besoins. Ni le président d’un synode ou d’une communauté évangélique, ni l’évêque d’un diocèse, ni l’évêque de Rome, ne sont habilités à usurper la place de la Tête du corps de Christ. L’exemple affligeant d’un Diotrèphe dans 3 Jean 9-10 est significatif et a été cité pour nous prévenir du danger constant d’une soif de pouvoir charnel au sein de l’église même. « Les quartiers généraux », selon W. MacDonald5, sont dans les lieux célestes où se trouve la tête, Christ. Ce dernier nous enseigne qu’il n’appartient pas à ses disciples d’exercer l’autorité sur qui que ce soit de façon hiérarchique, démagogique, semblable à celle du monde (Mat 26.20).

3. Tous les croyants sont membres du corps

Actes 2.47 : L’assemblée locale doit enseigner cela en toute sincérité et vérité. La base d’une communauté authentique se trouve dans Rom 15.7 : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. » Trois autres exigences sont requises pour l’acceptation d’une personne nouvelle dans une église : – Un croyant doit avoir une vie qui honore Dieu (1 Cor 5.11 ; 10.21).
– Un croyant sous discipline pour des raisons valables et bibliques dans une église, et qui ne se repent pas, ne devrait pas être accepté dans une autre église.
– Une personne doit être trouvée fidèle à la doctrine du Christ (2 Jean 10).

D’autre part, il ne doit y avoir aucun favoritisme ; un frère faible doit être reçu comme le frère fort, car l’accueil est à la base de la vie. L’accueil d’un frère ne doit pas dépendre de sa connaissance approfondie de la Bible, ni de sa situation sociale, mais de sa vie en Jésus-Christ.

Il y a au moins cinq démarches requises dans les Ecritures concernant la façon d’accueillir une personne nouvelle dans une assemblée :
a) par une lettre de recommandation (Rom 16.1) ;
b) par le témoignage de personnes reconnues ou de confiance (Mat 18.16 ; Act 9.27) ;
c) par une personne qui, ayant la confiance de l’assemblée, peut en recommander une autre (Rom 16.1 : Phœbé est recommandée par Paul à l’église de Rome) ;
d) par une réputation de bon serviteur de Christ (2 Cor 3.1-3) ;
e) par un entretien consciencieux des anciens avec la personne en question (1 Pierre 3.15). Si la personne à accueillir enseigne des hérésies, l’église ne recevra pas ce faux docteur et sa doctrine sera réfutée (Tite 3.10; 1 Tim 5.20).

4. Le Saint-Esprit est le vicaire de Christ dans l’Eglise

Jean 14.16-27 : Le Saint-Esprit réside dans l’Eglise aujourd’hui ; donc les croyants devraient se fier à lui pour faire connaître la volonté de Christ en toute chose. Si quelqu’un dans l’église essaie d’usurper la place souveraine de conducteur réservée à l’Esprit, il étouffe la liberté de l’Esprit et gêne ainsi la vie et les ministères de l’assemblée. Comme nous le verrons plus loin à propos des anciens ou des évêques, l’idée du ministère qui s’accomplit par un seul homme dans l’église n’est pas biblique. Les Ecritures ne parlent jamais d’un ministre de Dieu qui doit seul tout planifier, toujours prêcher et tout diriger. C’est contraire à l’idée de l’Esprit qui dirige et à la notion biblique de collégialité (Act 20.17-35 — notez le pluriel du mot « anciens »).

5. L’Eglise de Dieu est sainte

1 Corinthiens 3.17 : L’église locale doit vivre saintement afin de révéler correctement la sainteté du Dieu trois fois saint. Il doit y avoir une discipline sage et équitable pour les membres qui s’égarent. Ils doivent être successivement avertis (1 Thes 5.14), évités (2 Thes 3.11,14-15), puis écartés (Tite 3.10), jusqu’à ce qu’ils se repentent et soient réintégrés dans la communauté. Cette discipline doit être appliquée avec douceur (Gal 6.1), impartialité (Jac 2.1), avec le concours de toute l’église (2 Cor 2.6), et en prenant soin de ne pas réagir trop fort.

6. Les dons pour l’édification dans l’église

Éphésiens 4.11-12 ; 1 Corinthiens 12 : Ces textes nous dressent une liste de quelques-uns des dons. Chaque croyant appartient organiquement au corps de Christ, et il possède au moins un don qu’il ou elle a l’obligation d’exercer dans le but d’édifier le corps tout entier et l’église locale en particulier. C’est l’Esprit qui est à l’origine du don de chaque individu dans l’église. Tel don n’est pas plus important que tel autre devant le Seigneur, mais une assemblée pourrait décider à un moment donné de mettre en avant tel ou tel don selon les circonstances, c’est-à-dire selon un besoin pressant, pour une certaine durée.

Actes 13.1-3 souligne la réalité des divers dons utilisés pour édifier toute l’assemblée. Actes 15.35 nous rappelle aussi que beaucoup d’autres croyants ayant reçu un don, participaient activement aux offices et aux activités. Un seul homme n’accaparait pas toute la place des ministères, comme c’est souvent le cas de nos jours. Dans Actes 20.28, les anciens sont exhortés à nourrir le troupeau, l’église. 1 Corinthiens 14.26 nous enseigne que, lorsque les croyants sont réunis, chacun a le privilège et la responsabilité d’édifier les autres. Philipe Schaff, spécialiste de l’histoire de l’Eglise, écrit : « Dans l’église apostolique, la prédication et l’enseignement n’étaient pas réservés à une classe particulière, mais au contraire, chaque converti pouvait proclamer l’évangile au non-croyant, et chaque chrétien pouvait prier et, s’il en avait le don, enseigner et exhorter dans la congrégation. »6

Colossiens 3.16 dit que plusieurs doivent participer à l’enseignement, au chant, à l’exhortation, c’est-à-dire chaque frère ayant reçu un don pour l’enseignement, l’exhortation, etc., peut l’utiliser dans l’église, quand l’Esprit le pousse à le faire, en communion avec les anciens.

Les femmes ne doivent pas enseigner lors des réunions publiques de l’église, n’usurpant pas la place des hommes dans les ministères. Elles exercent d’autres ministères importants (1 Tim 2.12 ; 1 Tim 5.1-16 ; Tite 2.1-10 ; Pr 31.10-31). La Bible dépeint des tableaux de femmes de Dieu remarquables. Ne méconnaissons pas leur rôle. D’autre part, nous regrettons une certaine démission des hommes dans les affaires du Seigneur. Manqueraient-ils d’une vision renouvelée pour la cause du Ressuscité !?

Alexander MacLaren affirme : « Je ne peux pas m’empêcher de croire que la pratique actuelle consistant à limiter l’enseignement de l’église à une classe officielle, a causé bien des dommages. Pourquoi la prédication devrait-elle être réservée à un seul homme ? »7 Le cléricalisme a réprimé les dons spirituels. L’Esprit ne permettra pas que les dons soient mal utilisés. Nous devons retourner aux Ecritures et mettre en pratique ses préceptes, c’est-à-dire utiliser chacun son don et encourager les autres à exercer le leur, en priant les uns pour les autres dans ce sens. L’église locale a la responsabilité de veiller à ce que chacun ait l’occasion de discerner et de vérifier quel est son don, puis de l’exercer.

7. Tous les croyants sont des sacrificateurs de Dieu

1 Pierre 2.5,9 : C’est la responsabilité de chaque église de faire en sorte qu’il y ait une forte adhésion à cette vérité. Toute autre sorte de « prêtrise » ecclésiastique doit être rejetée. Le « prêtre » (le converti) — autrement traduit par « le sacrificateur » — dans le corps de Christ doit offrir en sacrifice : 1. son corps (Rom 12.1) ;
2. ses biens matériels (Héb 13.16) ;
3. sa louange (Héb 13.15).

Le fait que chaque croyant soit un « sacrificateur » ne devrait pas créer de désordre dans l’église. Chaque « sacrificateur » doit regarder vers le Grand Sacrificateur et suivre les instructions de la Parole (spécialement le Nouveau Testament). Il n’y a aucune preuve scripturaire dans le Nouveau Testament de l’influence judaïque selon laquelle il faudrait une classe d’hommes mis à part pour les services divins, une hiérarchie dans l’église, des vêtements sacerdotaux, des édifices somptueux et des autels consacrés, etc., ou toute autre forme de rituels qui créent une séparation nette entre le « clergé » et « les laïcs », comme c’est le cas dans la chrétienté des grandes Églises officielles. L’historien Schaff soutient que l’opposition entre clergé et laïcs n’a pas eu sa place durant l’époque apostolique8.

III. Les deux ordonnances

Il existe deux ordonnances, (qu’il vaut mieux ne pas appeler des sacrements car ce n’est pas eux qui rendent « saints »), acceptées par la majorité des croyants évangéliques. La première est le baptême du croyant né de nouveau en Christ et la seconde la cène.

1. Le baptême du croyant né de nouveau en Christ

Romains 6.1-10 expose la signification du baptême du croyant : la mort de Christ représente celle de tous les croyants. Par sa mort, Christ a réglé une fois pour toutes la question du péché : son châtiment, son pouvoir et les péchés à venir. Chaque croyant est mort avec et en Christ ; par conséquent, le péché ne doit plus avoir théoriquement de pouvoir sur le chrétien, et cette victoire sur le péché est gagnée par l’obéissance à Christ et à sa Parole

Le baptême par immersion est un acte public d’obéissance à la volonté du Seigneur (Mat 28.19-20), illustrant ainsi l’identification du croyant avec la mort en Christ. De même que Jésus est remonté du royaume des morts, la sortie du croyant hors de l’eau représente son désir de marcher « en nouveauté de vie et de se montrer digne de l’appel de Dieu ».

Le baptême étant une sorte de représentation d’ensevelissement, il nous semble que l’immersion (le sens étymologique du grec) est la forme du baptême qui illustre le mieux l’identification du croyant au Christ mort et ressuscité. Nulle part dans la Bible nous lisons qu’un enfant doive être baptisé ou qu’un évêque ecclésiastiquement ordonné soit seul qualifié pour baptiser.

2. La cène

Luc 22.18-20 et 1 Corinthiens 11.23-29 sont les sources principales où est expliquée l’ordonnance de la cène (ou repas du Seigneur). Jésus a donné l’ordre selon lequel les éléments de la cène doivent être pris : en premier lieu, le pain, qui représente symboliquement son corps offert pour les croyants nés de nouveau en Christ, puis, en second lieu, la coupe, symbole de son sang versé pour eux.

Le but principal de ce repas est de rappeler aux croyants la mort du Seigneur pour eux. L’autre but, selon Paul, est « d’annoncer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne » (1 Cor 11.26). Il n’y a pas de moment bien déterminé pour pratiquer cette célébration ; cela peut se faire aussi souvent que l’Esprit l’ordonne. Les chrétiens de Troas se réunissaient le dimanche, « premier jour de la semaine, pour rompre le pain », c’est-à-dire prendre le repas du Seigneur (Act 20.7). Mais cela ne veut pas dire que les chrétiens doivent rompre le pain d’une manière légaliste chaque dimanche. Gummey dit que « les épîtres d’Ignace, martyrisé en l’an 107 après Jésus-Christ, nous présentent le partage du pain et du vin comme étant le centre de l’ordre et de la vie de l’église, la source de l’unité et de la communion fraternelle »9. W. MacDonald cite Spurgeon : « Je suis sûr que ceux qui connaissent la douceur de communier tous les dimanches, ne seraient pas satisfaits s’ils devaient le faire moins fréquemment.10 » Jonathan Edwards11 semble avoir opté aussi pour la communion hebdomadaire. 1 Corinthiens 11.27-29 avertit le croyant n’étant pas en règle avec le Seigneur et avec ses semblables (v. 20-22) de ne pas participer au repas du Seigneur. Plutôt que de se priver de la cène, il est exhorté à « s’examiner soi-même » et à se repentir devant Dieu en se mettant en règle avec lui et avec son prochain avant de prendre la cène.

V. Les deux offices

Cette dernière partie de l’étude est réservée à l’examen de la forme actuelle de gouvernement d’une église locale selon le N.T. Dieu a établi un ordre pour la direction d’une église locale. Cet ordre néo-testamentaire n’est pas hiérarchique (au sens ecclésiastique du terme) mais au fil du temps, la chrétienté l’a rendu tel.

1. Les anciens

Le N.T. établit clairement que les « anciens » ou « évêques » (en grec « surveillants ») sont les seuls responsables humains d’une assemblée locale12.

Il faut faire une distinction entre la signification du mot « sacrificateur » dans le N.T. et la signification actuelle du mot « prêtre », car le mot « sacrificateur » dans le N.T. ne désigne jamais un prélat ou un prêtre ecclésiastique (comme dans l’Eglise catholique romaine). Il ne fait non plus jamais référence à une personne qui a la charge d’un diocèse. Les mots « anciens » ou « évêques » sont synonymes (voir Tite 1.5-7 ; 1 Pi 5.12 ou Act 20.17-28 où ces deux termes désignent les mêmes personnes : l’apôtre charge les anciens de l’église d’Ephèse de nourrir (paître) l’église dans laquelle le Saint-Esprit les a établis « surveillants »). E-G. Forrester explique que les termes « ancien » et « évêque » correspondent à une seule et même fonction, que le premier terme est emprunté à la synagogue et le second aux communautés grecques, et enfin que l’un se rattache à la notion de « dignité » (ou âgé, ayant de l’expérience) et l’autre à celle de « service »13. Schaff commente l’identité des officiants en notant qu’ils apparaissent comme une pluralité dans la même congrégation14. Cette interchangeabilité des termes a continué d’être courante jusqu’à la fin du premier siècle. Il observe également, à juste titre, que la distinction « entre les anciens qui enseignent »… et les « anciens qui dirigent » ne bénéficient pas d’une confirmation apostolique.

Finalement, seul le Saint-Esprit peut qualifier ou désigner un individu pour être ancien. On trouve dans 1 Tim 3.1-7 et Tite 1.6-9 une liste d’une vingtaine de qualifications requises pour qu’un frère soit reconnu comme ancien. W. MacDonald résume en disant « qu’il doit être capable de se maîtriser, de bien gérer son propre foyer et qu’il doit être un lutteur pour la vérité de Dieu »15. Rien ne laisse croire dans la Bible qu’un ancien doive nécessairement avoir un diplôme d’études quelconque, bien que cela puisse toujours être utile pour la formation. Les critères de Dieu sont plus élevés et plus sûrs que les exigences ecclésiastiques parfois lacunaires et discutables de l’homme. Dosker résume en disant que « leur rôle est de diriger (Rom 12.8), de surveiller (Act 20.17,28 ; 1 Pi 5.2), de prendre soin du troupeau de Dieu (Act 20.28). Or, le mot archéin (diriger) au sens hiérarchique n’est jamais utilisé. De plus, chaque église possédait son « école » d’anciens-surveillants (Act 20.17,28 ; Phil 1.1 ; 1 Tim 4.14). Il est évident que du temps de Paul, l’église n’a jamais fait de distinction entre ancien et évêque »16. Les textes de 1 Tim 4.2, Tite 1.3 et 2.15 montrent que les anciens doivent reprendre, blâmer et exhorter ceux qui en ont besoin.

L’assemblée doit se souvenir de ses anciens, les reconnaître comme tels, les soutenir et les respecter. Ceux qui dirigent bien sont dignes d’un double honneur, surtout ceux qui peinent au ministère de la Parole et à l’enseignement, c’est-à-dire qu’ils doivent bénéficier d’un support financier ou matériel (1 Tim 5.17-18). Certains subvenaient eux-mêmes à leurs besoins par un travail. Leurs métiers ne doivent pas prendre aux anciens de l’église tout leur temps. Quant à leur discipline, Paul donne des consignes précises (1 Tim 5.19-20). Cette section sur les anciens devrait suffisamment indiquer au lecteur que le ministère accompli entièrement par un seul homme va à l’encontre de l’enseignement des Ecritures.

2. Les diacres

Il va sans dire que dans un sens général chaque croyant est un « diacre » ou « serviteur » du Seigneur et de l’église. Ce terme est aussi utilisé pour l’accomplissement des divers ministères dans l’Eglise (1 Cor 12.5). Mais, dans 1 Timothée 3.8-13, cette fonction est spécifique à ceux qui ont été choisis dans l’église locale pour un diaconat (service) précis. Dans le N.T., ils ne commandent ni ne dirigent l’église. Ils sont les serviteurs des autres. Le même texte nous donne les qualifications d’un diacre sans préciser leurs fonctions en détail. Nous pensons qu’ils assument des tâches précises et ils en réfèrent aux anciens. Inutile de préciser que les diacres qui se considéreraient comme les dirigeants de leur église locale sont en désaccord avec l’Ecriture. Ils devraient, soit être des anciens, soit cesser d’accomplir le travail des anciens et bien plutôt essayer de s’acquitter convenablement de leurs propres tâches. Notons que dans 1 Tim 3.13 un diacre qui remplit bien sa fonction avance et progresse dans la foi.

VI. Conclusion

Cet exposé ne présente pas une conception personnelle de l’auteur sur le fonctionnement de l’église ni la façon de la mettre en pratique. Il importe de comprendre d’abord le « pourquoi » de quelque chose avant le « comment ». Le cheminement pour parvenir au type de gouvernement préconisé dans la Bible peut varier naturellement selon les situations, mais toujours en accord avec les Ecritures. Nous n’avons, à dessein, pas parlé de ceux qui travaillent « à plein temps » dans l’église. Il se peut qu’ils ne soient même pas des anciens, surtout s’ils sont jeunes (1 Tim 3.6). C’est aux assemblées locales de décider de leur rôle, de leur statut et de leur soutien. Il en va de même pour un système d’organisation (conseils, comités, écoles du dimanche, etc.). Puisse le lecteur examiner sa propre situation dans la structure de gouvernement de son église, et qu’il se mette devant le Seigneur en demandant son secours s’il devait y avoir quelque chose à changer. Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec nous tous.

Notes
1 L’expression « baptême par le Saint-Esprit » selon 1 Cor 12.12-13 signifie simplement que la personne qui s’est repentie, et croit en Jésus-Christ, est introduite dans le corps de Christ au moment de sa conversion. Une simple lecture du texte grec exclut l’interprétation erronée pentecôtiste-charismatique
2 Dr. John A. Witmer, Notes non publiées, cours Theology 103, Dallas Theology Seminary, automne 1959.
3 John A. Witmer, idem.
4 William MacDonald, Christ Loved the Church, Walterick Publishers, 1956.
5 William MacDonald, idem, p. 26
6 Philipe Schaff, The History of the Church, vol. II, p. 124.
7 Alexander MacLaren, 1826-1910, prédicateur baptiste en Angleterre renommé comme « prince des prédicateurs des exposés par texte », cité par MacDonald dans Christ Loved the Church, p. 50-51.
8 Philipe Schaff, The History of the Church, pp. 56-60 et 486.
9 H.G. Gummey, The Lord’s Supper, International Standard Bible Encyclopedia, édition 1939, vol III, p. 1923.
10 MacDonald, idem, p. 72.
11 Jonathan Edwards, 1703-1758, un des plus grands théologiens réformés, calviniste et puritain, à l’origine des deux grand réveils de 1734-1735 et 1740-1741 aux Etats-Unis. Cité par W. MacDonald, Christ Loved the Church, p. 73.
12 Bibliquement et historiquement, ces deux termes décrivent la même personne sous deux aspects différents : « anciens » = âge, sagesse et expérience ; « évêques » = activité de gardien, inspecteur.
13 E.G. Forrester, Church Government, International Standard Bible Encyclopedia, vol. I, p. 479.
14 Ph. Schaff, idem, p. 493. Il est regrettable que Schaff (1819–1893) le plus grand historien américain de l’Eglise du XIXe siècle, ait assimilé le don de pasteur (don de service) automatiquement aux responsabilités de direction qui sont celles des anciens, alors qu’un ancien peut ne pas avoir nécessairement un don public de pasteur ou d’enseignant tandis qu’un ministère marquant de pasteur ou d’enseignant peut s’exercer sans faire partie du corps des anciens, c’est-à-dire qu’il peut être supra-local. Je cite Schaff ici pour montrer qu’ancien et évêque sont synonymes.
15 W. MacDonald, Christ Loved the Church, p. 86-87.
16 Henry E. Dosker, International Standard Bible Encyclopedia, edition 1957, vol. I, p. 654.

Cette étude a été écrite par l’auteur en 1960, lorsqu’il fit ses études de théologie biblique au Dallas Theological Seminary. Après 47 ans de service, d’études du Nouveau Testament et de l’histoire, ses convictions à ce sujet sont restées inchangées, bien que le document ait été amélioré depuis. Si la même étude avait été rédigée aujourd’hui, elle aurait été davantage inductive et aurait plus souvent recouru aux sources francophones accessibles maintenant.

Écrit par


L’évolution du christianisme en Occident

En 1564, le concile de Trente rejette la Réforme protestante. Les doctrines suivantes sont condamnées : la justification par la foi seule, le salut uniquement par la grâce, les Saintes Écritures comme seule source d’autorité en matière de doctrine et de pratique chrétienne. Pour Rome, les bonnes œuvres doivent accompagner la foi, elles sont donc méritoires : la grâce a besoin de la coopération humaine pour le salut. Seul le Pape et les évêques ont le droit d’interpréter la Bible. En 2005, Jean-Paul II a confirmé l’attachement de l’église romaine aux décisions de ce Concile. Ainsi, le catholicisme actuel maintient les sept sacrements, l’efficacité de la messe, le rôle des saints, la confession au prêtre, les indulgences, etc.

Le 16ème siècle

Au 16ème siècle, l’unité de la chrétienté occidentale est brisée. Chaque camp estime que sa conception spirituelle est la seule qui soit acceptable devant Dieu, et essaie de détruire l’autre par la force ! Finalement chacun doit se résoudre à accepter la réalité historique : la diversité religieuse s’installe au sein de chaque nation.

Le 17ème siècle

Au 17ème siècle, les souverains des deux camps entendent être les maîtres dans leurs domaines territoriaux et se servent de la religion à des fins politiques. Cela aboutit parfois à des situations paradoxales. Ainsi, la France catholique s’allie avec l’Allemagne protestante contre les Turcs mais aussi contre le très catholique empereur et roi d’Espagne ! En France, les protestants (huguenots) sont néanmoins de plus en plus malmenés. La guerre de Trente Ans (1618-1648) ravage toute l’Europe. Elle oppose l’Empereur aux princes protestants allemands qui s’allient avec les suédois (protestants) et les français (catholiques). Le traité de Westphalie y met fin : les protestants retrouvent la situation de 1618 et le calvinisme est reconnu dans l’Empire, même si le pape Innocent X proteste vigoureusement. La papauté est définitivement écartée, au moins ouvertement, des décisions politiques internationales.

Entre 1620 et 1681, l’Angleterre est perturbée par les guerres entre catholiques et protestants : toutes les institutions de l’État s’en mêlent. C’est à cette époque que des puritains émigrent en Amérique pour fonder une société qui corresponde à leur idéal du royaume de Dieu (les « Pilgrim Fathers » ou Pères pèlerins). Les pays scandinaves sont, eux, solidement ancrés dans le luthéranisme. Catholiques et protestants cherchent par tous les moyens à gagner des adhérents.

Rome résiste aux avancées scientifiques : aux 16ème et 17ème siècles, des érudits comme Copernic, Bruno et Galilée sont malmenés. Ce n’est qu’en 1989 que le pape Jean-Paul II réhabilitera définitivement la recherche scientifique et les condamnés de jadis !

A partir de 1640, le jansénisme – une sorte de catholicisme augustinien et calviniste – se développe en banlieue parisienne et bouleverse le catholicisme français jusqu’à son déclin un siècle plus tard. Aux 18ème et 19ème siècles, le catholicisme hollandais est perturbé et un schisme y persiste encore de nos jours.

L’Édit de Nantes et la Révocation

L’Édit de Nantes (1598-1685) – un accord mutuel de paix initié par le roi Henri IV (protestant devenu catholique pour pouvoir régner sur la France, 1594), déclaré perpétuel et irrévocable – devient la loi du royaume. En voici les principales dispositions : le catholicisme est la religion d’État et est rétabli partout ; les protestants bénéficient cependant de la liberté de conscience et ont accès à tout emploi et à toute dignité, ils jouissent de toutes les garanties judiciaires, la liberté de culte leur est accordée à certains endroits et sous certaines conditions (mais pas à Paris et dans certaines villes, ni dans les résidences royales) ; quatre universités sont autorisées dans le pays ; les huguenots peuvent conserver leurs lieux fortifiés et leurs garnisons huit ans ; ils doivent respecter les fêtes catholiques, payer la dîme à l’État qui s’engage à verser un subside annuel aux pasteurs (clause peu respectée !). Du vivant d’Henri IV, cet Édit est respecté. Mais l’assassinat du roi en 1610, puis la politique de Richelieu, et finalement celle de Louis XIV y mettent fin. En 1685, l’irrévocable est révoqué. Applaudie à l’époque, la Révocation sera unanimement blâmée par la postérité !

Avec la Révocation, les huguenots ne peuvent plus exercer de pouvoir politique, ni même se rassembler pour le culte. Les autorités catholiques envoient des missionnaires pour ramener les brebis égarées au sein de l’église romaine, et ceci par tous les moyens, même les plus vils et les plus odieux. Les conséquences sont horribles pour les huguenots : des centaines de milliers émigrent en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Amérique, en Prusse, en Afrique du Sud, en Irlande, en Suisse, etc. Ils font prospérer l’économie et la vie spirituelle de leur terre d’accueil. Ces émigrés dressent l’opinion publique contre l’intolérance de la France. Les huguenots restés en France se trouvent, quant à eux, privés de leurs pasteurs et leur vie devient presque intolérable : leurs enfants doivent être baptisés par des curés (rétrécissement du protestantisme). Malgré toutes ces injustices, le petit îlot de résistants se trouve fortifié spirituellement ! La France, elle, est appauvrie spirituellement à l’aube du siècle des « Lumières », siècle durant lequel les philosophes s’opposent au christianisme.

La multiplication des dénominations

Le 16ème siècle est marqué par un retour à la Bible sous l’influence des Réformateurs. Toutefois, au 17ème siècle, une « orthodoxie » protestante se développe sans qu’elle s’accompagne toujours de la vie spirituelle apportée par la nouvelle naissance. Il en résulte une « scolastique » protestante où le travail intellectuel devient plus important que l’application des principes néo-testamentaires au quotidien (le 21ème siècle n’a rien apporté de nouveau de ce côté-là). La religion rationaliste produit un intellectualisme froid, des guerres de religion (1560-1648), l’émergence de la philosophie orgueilleuse et celle des sciences empiriques, tout en préparant le terrain pour les vrais réveils spirituels du 18ème siècle et des suivants, réveils qui s’opposent au rationalisme. Ce regain de ferveur religieuse débouche également sur le « dénominationalisme » et la tolérance pour des idées et des pratiques différentes entre les protestants eux-mêmes. Le foisonnement des dénominations d’origine protestante provient essentiellement du fait que désormais chacun, selon ses capacités et sa compréhension de la vérité biblique, peut se former sa propre opinion sur bien des questions délicates. Mais cette tendance au chacun pour soi reste généralement soumise à une forme de consensus. En effet, on admet généralement :

– que les différences d’opinions ne doivent pas toucher aux vérités fondamentales de la foi ;
– qu’aucune église ni association d’églises ne peut comprendre la totalité de la Révélation biblique, qu’aucune structure ne peut englober la totalité du corps de Christ ;
– que l’unité spirituelle existe entre tous ceux qui sont nés de nouveau ;
– que la tolérance, dans de sages limites, n’accepte pas de perversions doctrinales, même celles qui sont professées au nom du Christ.

Le dénominationalisme marque fortement l’histoire du protestantisme du 17ème au 21ème siècle. L’éparpillement des familles chrétiennes n’est sûrement pas idéal, mais il vaut mieux que l’autoritarisme de certains Réformateurs et de leurs successeurs directs.

L’extension du christianisme dans le monde

Du 16ème au 18ème siècle, on assiste à la propagation du christianisme sur les cinq continents. Celle-ci est bien plus importante que celle des religions humaines en place depuis des siècles, qui essaient aujourd’hui encore de rattraper leur retard. Cette progression phénoménale est accompagnée de l’émigration des peuples et de l’expansion des cultures et du commerce européens. Les conquêtes sont souvent militaires. Malheureusement, l’avance du « christianisme » est trop souvent entravée par :

– la piètre qualité de vie de ceux qui confessent le Christ,
– l’exploitation cruelle et malhonnête, parfois même l’extermination des indigènes,
– l’immoralité des conquérants,
– l’établissement de traditions et de rites dépourvus de spiritualité biblique.

L’expansion géographique est dominée par l’Espagne en Amérique, aux Philippines et aux Caraïbes ; par le Portugal au Brésil, sur les côtes africaines, en Inde, en Malaisie et en Chine ; par la France en Amérique du Nord et en Chine. Cette expansion coïncide avec les grandes explorations et la colonisation par les grandes puissances européennes ; mais elle est aussi liée à la Contre-Réforme catholique. De nouveaux ordres apparaissent qui apportent d’importants moyens humains et financiers (jésuites, capucins, théatins, lazaristes) ; des « réveils » touchent également des ordres plus anciens comme les franciscains, les dominicains et les augustins.

Aux 16ème et 17ème siècles, les protestants, eux, cherchent à consolider leurs gains en Europe et ne s’intéressent que trop peu à la mission à l’étranger. Heureusement, ce désintéressement initial cède la place à l’amour du Christ pour tous les nouveaux peuples découverts.

Il faudrait des livres pour résumer le travail missionnaire sur tous les continents. L’éclatement du christianisme depuis le 16ème siècle rend impossible le traitement détaillé de cette histoire dans le cadre de cette série d’articles. C’est une histoire où se mêlent privations, victoires, décès de missionnaires et avances parfois fulgurantes. Certains « indigènes » font également des œuvres dynamiques dont les résultats sont à couper le souffle. Si des transformations de tous ordres s’opèrent, il y a bien sûr aussi des tragédies et des erreurs nombreuses.

L’œuvre du Seigneur Jésus-Christ continue envers et contre tout. Il est toujours fidèle à son œuvre commencée il y a 2000 ans. Nous pouvons lui faire confiance, même si aujourd’hui, les persécutions contre les chrétiens ravagent de nombreux pays, même si les déviations doctrinales pullulent, et même si de vrais croyants s’assoupissent parfois, donnant l’impression que les paroles adressées à Laodicée s’appliquent à nous (Apoc 3.14-21). Le Seigneur aura pourtant le dernier mot de la victoire !

Conclusion

Tout au long de cette série d’articles sur l’histoire de l’Église, mon but a été de présenter la vérité historique, en ne cachant pas les erreurs de ceux qui sont considérés comme les plus grands chrétiens. La vérité ne doit pas avoir de préférence lorsqu’elle relate les faits. Mais aussi désagréable que soit l’examen des imperfections et des échecs de l’Église, on aurait grand tort de se détourner de son histoire : cela revient à contester les œuvres et le gouvernement souverain du Créateur. Même si nous ne comprenons pas toujours ce qu’il est en train de faire, faisons-lui confiance ! Et soyons reconnaissants de toutes les choses excellentes que nous devons à l’obéissance, aux sacrifices et à l’amour de la Vérité de ceux qui nous ont précédés sur le chemin de la foi.

Écrit par


Scott McCarty a fait ses études en théologie au Dallas Seminary, aux États-Unis. Il exerce un ministère d’enseignement biblique en France depuis 1971. Il est marié et père de cinq enfants. Il est co-fondateur du C.I.F.E.M. et auteur de nombreux articles.

« Quand il sortit de la barque, Jésus vit une grande foule, et il fut ému de compassion pour eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de berger ; et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. »
Marc 6.34

Tous les chrétiens savent par la lecture du N.T. que le Seigneur Jésus-Christ « est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19.10). Ils savent aussi que le Sauveur des hommes a été la deuxième personne de la Trinité incarnée (Mat 1.23 ; Jean 1.1-2 ; Mat 8.20 ; Jean 19.5 ; Ac 2.22), et qu’il est le seul médiateur entre le Père et l’humanité (1 Tim 2.5). Par sa mort et par sa résurrection (Jean 1.29 ; Act 4.10,12), il a acquis le pardon des péchés et la vie éternelle en faveur de celui qui se repent et croit en lui (1 Pi 1.3-4 ; Eph 1.7 ; Jean 1.12-13 ; Act 20.21).

A. L’exemple de Jésus

Une juste compréhension de l’œuvre de Christ est le fondement de la vie chrétienne. Or Jésus a sans cesse démontré une attitude dynamique et pleine de zèle dans son travail d’évangéliste (Mc 1.15) ; il exhortait ses disciples à évangéliser (Mc 10.13), ce qu’ils ont fait (Ac 2.22-24, 32-36 ; 10.36-43 ; 1 Cor 9.16 ; 1 Pi 1.12). Une question se présente donc naturellement : « Comment le Seigneur a-t-il évangélisé ? » La réponse complète à cette question mériterait un traité couvrant l’ensemble des quatre Evangiles ! En guise d’introduction au sujet, je propose un verset qui met en évidence sept facteurs qui ont contribué, à cette occasion, au succès du témoignage de Jésus-Christ. Voici ce texte (Marc 6.34) subdivisé en sept parties :

« Quand il sortit (1) de la barque (5), Jésus vit (2) une grande foule, et il fut ému de compassion pour eux (3), parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de berger (4) ; il se mit à leur enseigner (6) beaucoup de choses (7). »

1. Sortir

Dans cet épisode, Jésus a pratiqué ce qu’il allait enseigner plus tard, en Mat 28.18-20 : sortir vers les perdus : « Allez… ». Le monde évangélique en général recommande : « Venez dans notre église où vous allez entendre la bonne nouvelle du prédicateur spécial (il prêche vraiment bien). Il va vous expliquer comment devenir enfant de Dieu. » Nous avons laissé les sectes accaparer la méthode « sortir… aller », et nous ne savons plus comment chercher les perdus. Dans mon village, les samedis après-midi, je sors rencontrer des hommes de porte en porte, et ce depuis cinq ans. Je peux passer de 45 minutes à 4 heures avec mes interlocuteurs à partager l’Evangile. Je prie tous les jours pour des ouvertures et crois éperdument à l’intervention de Dieu ; il a toujours répondu !

2. Voir

Jésus voit et constate que des gens existent. Que voyons-nous lors de nos sorties en ville, au supermarché, sur les routes, dans les rues, à notre lieu de travail, dans le métro-train-bus-avion ? Seulement des êtres inconnus auxquels nous sommes totalement indifférents, et pour lesquels nous ne souhaitons pas même qu’ils puissent entendre l’Evangile et être sauvés ? Sommes-nous si occupés par nos affaires et nos pensées que nous venons à conclure : « Le Seigneur m’a sauvé, qu’il fasse donc de même pour eux » ? Nous devrions partout voir des autochtones de l’abîme, car sans Christ, tous iront éternellement en enfer (Jean 3.18b, 36b ; Luc 16.19-31 ; Mat 25.46 ; 1 Jean 5.12b). Nous sommes si bien installés dans notre matérialisme et dans notre indifférence aveuglante que nous ne nous sentons plus concernés par l’existence de la géhenne éternelle ; elle ne nous trouble plus. Et si toutefois nous recevons encore la doctrine biblique de l’enfer, que faisons-nous pratiquement pour essayer de barrer la route dite large (Mat.7.13) à ceux qui s’y précipitent ?

3. Compatir

Jésus a eu une réaction normale pour un individu animé d’un esprit d’évangéliste, et dont l’âme était affligée par l’état des « Enferriens » : il a été saisi d’une forte émotion de pitié compatissante. Pour qui avons-nous de la compassion, en dehors de notre famille, parmi ceux que nous côtoyons tous les jours ? Les voyons-nous, reconnaissons-nous leur état spirituel ? Quelle est la grandeur et la profondeur de notre réservoir de compassion pour les perdus ?

4. Percevoir

Jésus a eu une perception exacte et juste de l’état spirituel des Galiléens : il avait à faire à des brebis vagabondant dans la vie sans la direction du maître Berger. Il ne suffit pas d’admettre intellectuellement et théologiquement que tous les pécheurs non régénérés sont séparés et perdus par rapport à Dieu (Rom 3.23 ; 6.23 ; Jean 3.36b). Il faut être pénétré de leur tragique destinée jusqu’au fond de nos entrailles. Voulons-nous que les brebis perdues trouvent le Berger pour avoir le salut et une vie abondante ici-bas (Jean 10.9-10, 16) ? Qu’allons-nous faire ?

5. Être flexible

Jésus démontre sa capacité de flexibilité en changeant ses plans pour s’adapter à de nouvelles données. Jésus et ses disciples sont descendus à terre avec une seule idée en tête, se reposer quelque part. Or Jésus, toujours souple dans sa capacité d’interpréter les circonstances, décide de répondre d’abord à la détresse de la foule. Malheureusement, je constate, après 34 ans passés en France, que nos églises, nos responsables et beaucoup d’entre nous, sommes figés dans des pratiques traditionnelles. Nous sommes affublés d’œillères qui ne nous permettent pas d’envisager d’autres méthodes que celles que nous avons toujours pratiquées, et qui ne font plus recette : à savoir l’invitation de prédicateurs extraordinaires, la distribution de traités dans les boîtes aux lettres et dans la rue, la mise sur pied de festivals de films chrétiens, ou la confection de repas gratuits, en vue de faire entrer des gens dans nos salles.

J’ai participé à de tels événements, et j’en ai même fait la promotion. Dites-moi : quels ont été les résultats de ces initiatives dans le cadre de votre église ? Quant à moi, frustré, j’ai dû demander au Seigneur en 2001 ce qu’il convenait de faire pour sortir de l’ornière évangélique, où l’on s’agite une ou deux fois par an sans résultats probants. Matthieu 28.18-20 résonnait fortement dans ma tête ! Comment concrétiser cet ordre de mission ? J’ai pris la liberté d’aller au devant des perdus en passant de porte en porte muni d’un questionnaire! Vu la réaction de certains de mes frères et sœurs lorsque j’ai annoncé mon projet, j’ai préféré ne plus en parler. J’ai commencé mon action en septembre 2001. En cinq ans, le Seigneur m’a rendu plus flexible, pourtant je pars chaque fois avec l‘estomac noué, le cœur battant la chamade, et en suppliant le Seigneur d’envoyer l’Esprit ouvrir des portes là où il veut que j’entre ! Par la grâce de Dieu, la réponse vient et l’Evangile a déjà pu être partagé avec des centaines de personnes. Mon espoir est de voir naître une communauté locale fondée sur Christ dans cette forteresse du Malin de 6 500 à 7 000 personnes que constitue mon village.

6. Enseigner

Jésus a enseigné et prêché la vérité (doctrinalement irréprochable) dont les « brebis » avaient besoin. Ce qu’il disait correspondait à sa nature, à son ministère, et à l’état spirituel de son auditoire. Ce point n’est aucunement anodin étant donnée la théologie pervertie des rabbins de l’époque. Certains évangéliques du XXIe siècle diraient qu’ils n’ont pas le problème qu’avait Jésus pour évangéliser les perdus. Et pourtant… quelle cacophonie de messages parmi tous les « évangiles » qui circulent aujourd’hui : la résurrection de Christ devient prétexte à des promesses de guérison physique, les bonnes œuvres sont présentées comme nécessaires à l’acquisition du salut, l’universalisme (croyance qu’en fin de compte, tout le monde sera sauvé) devient monnaie courante. J’ai même entendu un prédicateur spécial, invité pour prêcher l’Evangile, qui n’a jamais mentionné la Croix ! La prédication est souvent devenue molle, accommodante ¬— et impuissante, parce qu’elle est de moins en moins biblique et que l’activité de l’Esprit ne peut plus s’y faire sentir. Un agréable sermon ne fera jamais œuvre de prédication si le péché et la repentance passent à la trappe. De plus, l’Evangile ne doit pas être désincarné : nous devons le vivre.

7. Connaître en profondeur

L’enseignement prolongé du Seigneur implique, par déduction, que si nous connaissons et vivons un Evangile bibliquement fondé, nous possédons un réservoir de connaissances et d’exemples bibliques capables d’être utiles dans des situations où la flexibilité l’exige. Trop de chrétiens n’ont qu’une connaissance biblique superficielle et disparate, inadéquate pour servir d’instrument d’évangélisation aiguisé dans les mains du Saint-Esprit. Jésus, tout en demeurant éternellement le Dieu omniscient, a grandi comme homme dans la connaissance de la vérité de Dieu par sa lecture personnelle de la Parole de Dieu, par l’instruction reçue à la synagogue et par une méditation prolongée sur la vérité. Comment assimilons-nous la vérité biblique, et quel est notre niveau de connaissance biblique ? Si nous reconnaissons qu’il existe une carence dans ce domaine, que faisons-nous pour y remédier ?

B. Comment agir ?

Un de mes professeurs nous disait, dans les années 50 : « Ne dites jamais à quelqu’un ce qu’il doit faire, si vous ne lui dites pas comment le faire ! » Voici donc quelques actes précis qui peuvent nous aider à marcher sur les traces de Jésus l’Evangéliste :

1. Nous repentir, car par rapport aux sept points développés ci-dessus, nous sommes tous manquants et coupables. La repentance réelle et transparente est l’élément qui manque peut-être le plus parmi les chrétiens évangéliques francophones (cf. 1 Jean 1.9). Ne sommes-nous pas laodicéens (cf. Ap 3.14 ss.) dans notre manière d’envisager la mission que Jésus a confiée à ses disciples. Si nous disons aimer Jésus, comment ne pas aimer ceux qu’il aime ?

2. Prier pour que l’amour qui réside en nous (Rom 5.5) se répande davantage sur les perdus, où qu’ils se trouvent. L’Esprit de Dieu nous montrera de quelle manière l’amour de Christ (2 Cor 5.14-15) peut se manifester à travers nous. Pour le salut de qui prions-nous assidûment, en dehors de notre proche famille ? Avons-nous pris l’initiative d’établir une liste de perdus pour lesquels nous prions avec ferveur et fidélité ? Ou alors nous reposons-nous sur le prétexte que Dieu, dans son absolue souveraineté, saura bien sauver les « élus », pour ne rien faire nous-mêmes! Celui qui emploie cette échappatoire pour ne pas se soucier des incroyants n’a pas sérieusement lu son N.T. et n’a pas la vision de Jésus, ni celle des apôtres.

3. Prier le Père et le Fils que le Saint-Esprit crée des occasions de témoigner de l’Evangile (Luc 12.12-15 ; Jean 15.26). Comme les trois veulent que nous témoignions, nous recevrons des réponses concrètes à cette requête.

4. Décider si nous sommes prêts à payer le prix pour représenter et présenter Jésus et la Bonne Nouvelle aux autres : un rejet familial, la perte d’amis parce que nous serons perçus comme des fanatiques, une perte d’emploi, la perte de notre réputation, ou même la moquerie de la part des chrétiens de notre église (Marc 8.38 ; 10.29-30 ; Mat 10.35-38 ; Jean 15.20 ; 2 Tim 3.11-12). Jésus-Christ vaut-il tout cela ?

5. Prier pour recevoir la sagesse, car il importe de discerner comment, où, et quand témoigner du Seigneur Jésus. 2 Tim 4.1-2, 5 souligne que, même si tous n’ont pas le don d’évangéliste (capacité d’amener régulièrement des gens à la conversion), chaque chrétien authentique reçoit le mandat d’évangéliser en témoignant de ce que Christ a fait pour lui, et de le faire connaître.

6. Apprendre comment présenter Jésus-Christ, sa personne et son œuvre rédemptrice, d’une manière claire, précise, intelligente, et surtout avec l’amour de Christ. Notre interlocuteur est une créature aimée de Christ. Et si nous nous sentons entravés dans notre témoignage, demandons conseil et soutien à un ou plusieurs responsables de notre église.

Notre Seigneur a été le meilleur évangéliste et sa méthode n’a jamais été surpassée, même par nos frères « spécialistes » de la croissance de l’Eglise qui écrivent livre sur livre à ce sujet. Restons simples et retournons au N.T. Le Saint-Esprit préfère, je crois, la méthode du Fils. Prenons le temps de méditer Marc 6.32-34 pour comprendre dans la prière sincère comment les sept principes relevés peuvent devenir réalité dans nos vies de disciples.

Écrit par


Histoire de l’église

à partir de 1545

Introduction

Les articles précédents de cette série considéraient les trois grands réformateurs protestants : Zwingli, Luther, et Calvin. Chacun d’eux avait sommé l’ église de Rome de renier ses erreurs et superstitions, tant dans leurs écrits que dans les débats oraux auxquels ils avaient été confrontés.

Pourquoi l’ église Catholique Romaine (ECR), après tant de siècles de pouvoir suprême, était-elle contestée ? Avait-elle vraiment besoin d’un renouveau spirituel ? La réponse diffère selon la tradition religieuse du commentateur. Par exemple, le pape Adrien VI, en 1522, en parlant de la Réforme allemande inspirée par Luther dit :  « Nous reconnaissons que Dieu a permis cette persécution (sic) de l’ église à cause des péchés des hommes et particulièrement des prêtres et des prélats. » De son côté, le directeur du Séminaire Universitaire de Lyon, J. Colomb, dira en 1947 que Luther a créé une fausse réforme, en déchirant l’ église par des attaques contre le pape, «  le plus grand malheur qui soit arrivé à la civilisation occidentale », selon lui.

Revenons en arrière et évaluons la réalité à la lumière de l’histoire. Au xiii e s., le pape domine sans conteste sur le clergé, les rois et les princes. Il contrôle la politique des états, et commande des expéditions militaires là où il le désire. L’ECR est le centre du monde occidental. Le xiv e s. va modifier la donne :
– Les rois et princes recherchent leur indépendance de l’ECR. Celle-ci élit trois papes en même temps par trois conciles contradictoires, pour gérer leurs pays.
– La guerre de Cent Ans et la peste ravagent l’Europe. La vie est trop courte pour ne pas en profiter.
– Le clergé s’intéresse à l’argent et oublie « le troupeau ».
– L’art, les idées, la littérature de la Renaissance italienne glorifient l’Homme et la Nature, et paganisent toute la société.
– L’évangile est oublié, voire nié.
– L’ECR brille moins par sa sainteté que par ses richesses matérielles ; ses papes commandent de somptueux palais.
– La papauté ne guide plus les peuples selon la Bible.

Le xve s. ne fait pas mieux, mais voit apparaître des individus et de petits groupes qui reconnaissent que l’ECR court à sa perte et nécessite une réforme en profondeur. La papauté s’intéresse moins à ses missions qu’à une vie de luxe, voire d’immoralité, à sa puissance politique (les états papaux), ou aux arts.

La question se pose : comment réformer la papauté pour pouvoir redresser toute l’ECR ?
1. Attaquer la papauté qui existe depuis le temps des apôtres (sic) pour refaire du neuf ?
2. Rester fidèle à l’ECR par une réforme de l’intérieur, parce que le pape est le successeur de Christ, de Pierre, et que les traditions sont bonnes, quoiqu’un peu souillées ? On ne tue pas un malade, on applique des régimes pour le guérir !

Cette dernière option motive Zwingli et Luther… en vain. C’est donc la première solution qui est appliquée sans concession (même si des négociations perdurent entre les « protestants » et l’ECR jusqu’en 1541). Les Réformateurs apportent suffisamment de preuves bibliques et historiques démontrant que l’ECR s’est détournée du chemin évangélique depuis des siècles : il faut revenir aux principes du Nouveau Testament !

La réponse de la papauté est curieuse, parce qu’inconsciente du danger. Les évêques et prélats sont absents de leurs charges. L’ECR ignore le profond mécontentement de la masse populaire. Ce n’est qu’à partir de 1519 que Léon X, puis Adrien VI (en 1522), prennent au sérieux la menace… mais trop tard. Les dés sont jetés en 1520 par la publication de La Captivité babylonienne de Luther. Pour Erasme,  « la brèche est irréparable ! ». Adrien VI (1521-1523) tente de petites réformes, mais il est menacé d’assassinat et d’empoisonnement ! Paul III (1534-1549), lui, est une vraie énigme : il veut une réforme en purifiant la Curie, en s’entourant de conseillers à la bonne moralité (Contarini, Carafa, Pole, Sadolet), en transférant le contrôle de l’Inquisition de l’Espagne à Rome, et en créant le Concile de Trente, mais en même temps, il mène une vie des plus immorales, et promeut tous ses enfants illégitimes !

Des origines plus anciennes que la Réforme

La « Contre-Réforme catholique » démarre vraiment à partir 1545 pour s’achever en 1648. L’ECR préfère à cette expression les termes de « Réforme Catholique » ou de « Renouveau Catholique »… et elle n’a pas tout à fait tort ! Est-elle seulement une réaction à la rébellion protestante en Suisse, en Allemagne, et à Genève ? Non ! On est surpris d’apprendre que l’idée d’une réforme de l’ECR avait débuté au xv e s. dans la très catholique Espagne !

Quelques éléments de réforme et de réveil dans l’ECR précèdent la Réforme protestante. Ces deux Réformes s’opposent sur bien des points, mais offrent quelques similitudes : toutes deux s’appuient sur un passé en commun, elles conduisent à un réveil de la prédication biblique et populaire, elles favorisent un mysticisme pratique1.

En Espagne

Des personnalités comme le cardinal X. de Cisneros, F. de Vitoria ou la fervente reine Isabelle de Castille espéraient ardemment une réforme bien catholique en Espagne. Ils sont plusieurs à constater que l’ECR espagnole est tombée bien bas sur le plan spirituel. Un des sombres aspects de ce pieux désir se manifeste dans les pouvoirs accordés à Tomas de Torquemada vers 1478 pour établir l’Inquisition : tout Espagnol, sans exception, y compris juifs et musulmans, se doit d’entrer dans l’ECR, en se convertissant et en acceptant le baptême. Et gare aux hypocrites, le poteau leur est réservé ! En 1492, les juifs sont expulsés, et plus tard, c’est le tour des Maures.

Fait intéressant, le cardinal Ximénez de Cisneros publie entre 1514 et 1517 la Bible complutensienne polyglotte (d’après le nom latin de la ville, Complutum) : l’AT est en hébreu, en araméen, en latin (la Vulgate) et en grec ; le NT, lui, est en grec. Pourquoi une telle publication ? Tout simplement, parce qu’il veut favoriser un retour à l’étude de la Bible parmi les séminaristes de l’université d’Alcala. Cette université est fondée en 1500, et accueille ses premiers étudiants en 1508.

La réforme espagnole possède donc une base solide. Mais tout cela donne l’illusion que l’ECR retourne à la pureté de l’ère apostolique. Toute dissidence est fortement réprimée.

Une certaine piété médiévale, un mysticisme quiétiste et une scolastique rénovée sont le fer de lance d’une nouvelle force religieuse : un réveil de l’ascétisme et du monachisme. Le mysticisme ascétique minimise l’importance des sacrements et de la médiation sacerdotale. Certains théologiens remplacent la dialectique aride de la scolastique par un retour à l’étude assidue des Pères de l’ église, développant ainsi une nouvelle théologie dogmatique et morale.

Telle est, en résumé, la vie spirituelle en Espagne avant l’apparition de Luther.

En Italie

Contrairement à ce que l’on peut penser, il y a à l’époque des individus et des petits groupes qui espèrent, ici et là, une réforme de la part de la papauté. Par exemple, cinquante prélats et laïcs de convictions diverses se mettent solennellement ensemble dans « l’Oratoire de l’amour divin » en vue de maintenir le catholicisme traditionnel sous la direction de la papauté : ils espèrent faire revivre la spiritualité de l’âme individuelle par la prière, la prédication, l’écoute des sermons, l’emploi fréquent des sacrements et par les « actes d’amour ». Ils regrettent la détérioration progressive de la moralité, l’ignorance et la superstition des masses, le manque de sincérité d’une grande partie du clergé, le paganisme de la vie religieuse et culturelle, et la misère très répandue du peuple que la façade de la Renaissance ne peut plus cacher. Une querelle entre Clément VII (1525-1534) et Charles Quint s’achève par le sac de Rome pendant des semaines, perpétré par l’armée indisciplinée de l’empereur. Clément est emprisonné pendant six mois ! La repentance jaillit dans les cœurs de beaucoup à cause de ce « jugement de Dieu ». L’Oratoire se disperse. Parmi ce groupe, on trouve des évêques (Sadolet, Ghiberti, Carafa), qui décident de monter une campagne de réforme dans leurs diocèses : ils veulent former leur clergé pour que celui-ci assume ses responsabilités religieuses avec discipline, établir des écoles pour éduquer des jeunes, s’occuper des pauvres, lutter contre les maladies vénériennes, modifier et adapter la scolastique à la situation, maintenir l’orthodoxie théologique de l’ECR par l’étude de la Bible ! Sadolet essaie même d’évangéliserGenève à l’époque de Calvin pour la faire revenir au bercail. Tous avaient pleinement conscience qu’une vraie et durable réforme dépendait surtout du nettoyage de la papauté, rien de moins.

Un nouveau monachisme

De nouveaux ordres sont fondés sur des initiatives individuelles entre 1524 et 1540 pour répondre à des besoins religieux et sociaux criants, sous le règne de Paul III (1534-1549). Ces ordres ne seront pas des systèmes clos : leurs activités et leur influence vont largement dépasser le cadre leurs membres.
– Les Théatins (1524) sont des aristocrates qui se consacrent à une vie rude, pauvre et ascétique, pour montrer l’exemple au clergé séculaire par leur prédication, par l’administration des sacrements, par la création d’orphelinats et d’hôpitaux, et en délivrant des prostituées.
– Les Barnabites (1530), aristocrates eux aussi, instruisent la jeunesse et exportent leur réforme personnelle en Allemagne, en Bohème, en France.
– Les Capucins (1525), de couche populaire, sont les rejetons d’une branche des Franciscains observants ; ils savent s’identifier aux pauvres en prêchant dans leur langage et en s’occupant des malades et des miséreux.
– Les Ursulines (1535) se dévouent à l’éducation des filles sans faire de distinction.
– La Société de Jésus, c.-à-d. les Jésuites, est fondée par Ignace de Loyola avec six amis en 1534 à Paris, mais reconnue par Paul III en 1540 seulement. Elle s’occupe des pauvres et des prostituées, établit des maisons pour des ouvriers et des pauvres. Sa réputation est acquise par une éducation stricte et de qualité auprès des jeunes, par sa capacité à faire revenir les couches populaires à l’ECR, et par sa promotion d’une ardeur religieuse personnelle en employant la confession et les « exercices » spirituels.

Le temps des grandes manœuvres

Peu à peu, l’esprit du renouveau pénètre au sein la Curie romaine, y compris sous Clément VII ; mais c’est à Paul III (1534-1549) qu’il revient de lancer une réforme : il convoque enfin un concile digne de ce nom, sous la pression de Charles Quint ; l’empereur veut briser le mouvement protestant, qui perturbe l’unité religieuse et politique de l’Empire. La stabilité de ce dernier dépend d’une ECR unie et puissante. Le pape veut déterminer clairement de quelle réforme a besoin l’ECR avant de se lancer dans cette vaste entreprise. Il crée une commission de neuf cardinaux droits et compétents pour enquêter sur la situation. Les constats effraient Paul III au point qu’il ne les publiera jamais ! Les voici : la papauté est sécularisée, elle croit que son pouvoir est si absolu (déjà une ombre de 18702 !) qu’elle peut vendre des offices pour son seul profit ; la défection des fidèles vient principalement de la vénalité des personnes haut placées ; l’absentéisme des cardinaux de leurs diocèses, les anciens ordres monastiques trop laxistes, la vente scandaleuse des indulgences, le soutien actif à la prostitution à Rome, l’influence païenne dans les écoles, etc.

Pour comble, les protestants ont pu se procurer une copie du document, et l’ont utilisé contre l’ECR ! Paul III a toutefois consenti à purger quelque peu la Curie, et même la ville. Les pays catholiques ont bien apprécié ce début de nettoyage. Après maints obstacles et péripéties, le pape a pu réunir le Concile de Trente en 15453. Paul III fixe au Concile trois objectifs : triompher de la division religieuse des protestants ; réformer l’ECR ; libérer les chrétiens du joug turc. Paul III s’octroie le contrôle de l’Inquisition en fixant à Rome le centre de décision.

à partir de Paul III, tous les papes se concentrent sur l’application des décisions de Trente :
– Pie IV (1559-1565) propose l’idée de l’Index, cette liste de livres que tout bon chrétien ne doit pas avoir entre les mains.
– Pie IV, encore, crée le fameux Catéchisme romain et révise le Bréviaire. Celui-ci est un livre de prières et de lectures à l’usage quotidien du clergé, puis des laïcs à partir de 1971. Il prépare aussi le Missel romain ; c’est un livre de prières et de descriptions des actes liturgiques s’appliquant à la messe pour tous les jours de l’année. Paul VI, cependant, en fera une refonte en 1970, même si le Missel des dimanches est aujourd’hui le plus populaire.
– Pie V (1566-1572) laisse de côté la politique, réforme le clergé, envoie des troupes en France contre les huguenots, aide les catholiques anglais qui essayent de chasser la reine Elisabeth I, félicite le duc espagnol d’Alba pour ses massacres des calvinistes aux Pays-Bas, chasse l’immoralité et la corruption, et supprime l’hérésie protestante à Rome par des autodafés4.
– Grégoire XIII (1572-1585) réforme l’ancien calendrier de la Rome antique. C’est ainsi que nous utilisons « le calendrier grégorien » plutôt que celui de Jules César (utilisé encore par les grecs et russes orthodoxes). Le nouveau calendrier n’a qu’un jour de plus toutes les 3,323 années. Ce pape soutient sans mesure les Jésuites, il crée des universités romaine, allemande, grecque, et anglaise à Rome et aussi des instituts pontificaux pour former des prêtres dans divers pays. Il se réjouit en célébrant un Te Deum aux nouvelles du massacre de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572 à Paris, qui a décapité le parti protestant français. Il encourage des révoltes en Irlande contre les protestants, soutient Philippe II d’Espagne et les Guises en France, contre les protestants.
– Sixte V (1585-1590) réforme efficacement les états pontificaux (en Italie du centre), encourage et finance des croisades contre la Turquie, l’Angleterre, Genève, des protestants de Pologne et de Suède. Il pousse le protestant Henri IV à devenir catholique.
– Clément VIII (1592-1605) accomplit des réformes liturgiques, publie une révision érudite de la Vulgate.

Tels sont, en résumé, les actes de quelques-uns des douze papes du xvi e s. qui se sont engagés avec énergie pour réformer l’ECR. Rome considère qu’elle a réussi à préserver l’essentiel de l’organisation, les doctrines et l’esprit des traditions médiévales de la papauté. Toutefois, quant au fond, rien n’est changé.

à la fin du xvi e s l’autorité du pape est fermement rétablie. Il a corrigé les pires abus publics en recrutant de puissantes forces religieuses et culturelles en divers pays pour le bienfait de l’ECR. Il contrôle mieux son administration et la vie spirituelle des peuples.

Pourquoi la Réforme protestante ne perce pas en Italie

Il est impératif pour les protestants que la Réforme triomphe en Italie. Or, ce n’est pas le cas. La désunion politique italienne donne à Charles Quint un motif pour se présenter comme seul défenseur valable de l’ECR, à laquelle il tenait de tout cœur. L’ECR avait une grande et très belle capitale, ce qui, pour les catholiques, prouvait que Dieu avait béni son «  église ». En effet, qu’avaient les protestants de semblable ?! L’Oratoire, créé en 1517, dont le membre le plus important est le cardinal Carafa — qui deviendra plus tard le pape Paul IV — répand son influence au-delà du petit nombre de ses membres déterminés. Paul III fait des meilleurs de l’Oratoire ses conseillers personnels les plus proches, avec succès. Les Capucins, les Ursulines, les Jésuites, se montrent infaillibles dans l’énergie qu’ils mettent pour éduquer garçons et filles, pour sauver les âmes, pour vivre parmi les pauvres une vie exemplaire sur tous les plans. Tout cela contribue à modifier en bien l’image que les Italiens se font de leur église. On veut alors la protéger des idées et des efforts extérieurs pour détruire cette institution qui date de Christ et des apôtres (sic). Ajoutez le fait que les protestants, surtout les chefs, dans le triangle Suisse-Allemagne-France se bagarrent entre eux sur des points de doctrine mineurs, voire s’entretuent (les calvinistes tuent les anabaptistes adultes à cause de la question du baptême des enfants)… Quelle mauvaise publicité ! Les quelques protestants d’Italie ne possèdent aucun grand leader pour les diriger, et surtout ils n’ont pas de force politico-militaire pour les protéger. Résultat : l’ECR reste unie, les anti-papistes sont inconséquents.

La marche de l’Histoire

Ces deux réformes produisirent en Europe un tel creuset de forces et de mouvements opposés, d’idées contradictoires, de guerres meurtrières, de manœuvres et d’alliances politiques complexes, qu’il est impossible de tout relater dans cet article. Il est facile de nos jours de discerner les vérités et les erreurs de tel ou tel acteur de l’histoire, mais il faut bien comprendre que tout arrivait très vite, dans un monde à l’évolution exponentielle sur le plan économique, géographique (découverte du Nouveau Monde), technologique (toujours de nouvelles inventions) ; les échanges d’informations se démultiplièrent aussi grâce à l’imprimerie… Il fallait réagir très vite aux influences extérieures, avant de se faire dépasser par les événements.

Les réformateurs protestants, en tant que pionniers, entamaient leur tâche avec un énorme handicap, souvent seuls, tandis que l’ECR pouvait s’appuyer sur une organisation, une longue histoire et la motivation bien ancrée de sauver le navire. Les catholiques se croyaient sincèrement intègres, tous leurs opposants venant du diable. Ils étaient prêts à tous les sacrifices pour protéger leur « maison » de ces quelques destructeurs. Sur ce point, il est certain que nous, évangéliques, avons des leçons pratiques de détermination et d’engagement à apprendre. Nous vivons en paix actuellement, mais l’ECR — derrière une façade de gentillesse et d’œcuménisme universel — n’a pas modifié sa vision, ni ses buts à atteindre pour régner sur le monde au nom de Christ et de Marie.

Les conséquences internes de la contre-réforme

Finalement, à quoi aboutit la forte réaction réformatrice de l’ECR au protestantisme ?
– Des ruines de l’ECR médiévale ont fleuri une nouvelle piété spirituelle, bien catholique, et une orthodoxie mieux définie, quoique rigide et contraire aux normes bibliques.
– Certains catholiques ont mieux saisi pourquoi ils étaient catholiques par rapport aux protestants, même si l’ECR retient des croyances et des pratiques très souvent anti-bibliques, superstitieuses et médiévales. Tout est devenu cohérent, organisé, et logique pour eux, car ils comprennent pourquoi ils croient ceci ou cela.
– L’expansion missionnaire extraordinaire du catholicisme outre-mer dans les deux Amériques, en Afrique, aux Indes, au Japon, au Sri-Lanka a rencontré des succès fulgurants, le but étant de compenser la perte de larges régions en Europe. L’ECR, ainsi rajeunie, voyait le moyen de retrouver fortune et d’augmenter le nombre de ses membres lui permettant d’influencer la politique et le commerce des pays nouvellement conquis.
– La nouvelle ECR a pu empêcher l’Allemagne et la France de devenir protestants d’une manière écrasante comme en Angleterre, en Ecosse et en Suède. Le renouveau catholique aidait l’Espagne et l’Italie à préserver leurs spécificités religieuse et culturelle.

Conclusion

En tant que protestants évangéliques, les succès de la Contre-Réforme nous attristent, car la proclamation néotestamentaire du salut par la grâce sans les œuvres en a été largement ralentie, voire arrêtée. Le monde évangélique fait face à un « concurrent » exceptionnel qu’il ne peut se permettre de sous-estimer. L’ECR de Benoît XVI peut nous paraître un gentil géant inoffensif. Détrompons-nous, c’est le même colosse qu’autrefois. J’ai entendu le pape actuel, encore Cardinal Ratzinger à l’époque, dire à la télévision française au printemps 2003 que l’Inquisition avait été remplacée par la Congrégation du Saint Office (en 1908), puis par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (lors de Vatican II, en 1965), mais que l’esprit était resté le même ! Au xvi e s, l’ECR a changé de visage par rapport au Moyen Âge ; mais a-t-elle vraiment changé intérieurement aujourd’hui ?

1 Luther et Ignace de Loyola sont tous deux très touchés par l’Imitation de Jésus-Christ, publiée en 1418 et attribuée à Thomas a Kempis ; 3 000 livres de mystique sont imprimés au xvi e s. en Espagne.
2 En 1870 fut proclamé le dogme de l’infaillibilité pontificale.
3 Un article futur lui sera consacré, car l’ECR du xxi e s. n’est que le prolongement de ce concile, et Vatican II n’a rien changé de très fondamental aux décisions de Trente !
4 Un autodafé était une cérémonie au cours de laquelle les hérétiques condamnés au supplice du feu par l’Inquisition étaient conviés à faire acte de foi pour mériter leur rachat dans l’autre monde.

Écrit par


Histoire de l’église

1509 – 1564

Introduction

Jean Cauvin (1509-1564), dit Calvin, devient réformateur à la suite de circonstances qu’il n’a pas choisies. Il poursuit l’ouvre de la première génération des réformateurs protestants : Zwingli, Luther, Bucer, et Farel. Son penchant pour le calme sera troublé par des circonstances et des luttes douloureuses qui feront ressortir des qualités insoupçonnées jusqu’alors : esprit de clarté d’expression et de détermination, de logique, d’organisation, d’influence, de systématisation d’idées. Cet homme cultivé, réticent, anxieux, est aussi implacable, têtu, colérique, sûr de sa mission, car convaincu de son appel à prêcher, à enseigner, à propager la gloire et la souveraineté de Dieu décrites dans la Bible, et dépouillées des conceptions erronées de Rome. Calvin est autant aimé ­― voire adulé ― par ses amis en Christ que contesté par ses opposants. Il le rend bien à ses détracteurs et ce, sans aucun scrupule. C’est à se demander si, vivant aujourd’hui, il serait admiré comme un nouveau Paul (ce qu’il est pour certains à cause de son enseignement !), ou bien comme le pire des hypocrites à causes des meurtres qu’il a instigués à Genève au nom de Dieu !! Nous préférons retenir le meilleur chez nos héros, mais nous ne pouvons pas nier le mauvais. Calvin entretient l’ambiguïté, d’où notre regard contextuel et réaliste pour comprendre et pour jauger sa personne, sa vie, ses doctrines, ses actions et son héritage exceptionnel jusqu’à nos jours. Cet article se limite à une biographie sommaire, mais il nous évitera peut-être une vision tronquée de toute son ouvre et de tout son héritage.

Sa vie

Elle se divise facilement en trois périodes, quoique inégales en contenu et en importance.

A. Avant 1536

Calvin est né à Noyon en Picardie (France), d’un notable au service de l’Église. A Paris, il acquiert une solide connaissance de l’Antiquité latine et de la patristique1 dont il se servira plus tard pour écrire et illustrer ses commentaires bibliques. De 1528 à 1531, il étudie le droit à Orléans et à Bourges, se formant à la logique et à la rigueur dans l’argumentation. C’est à Orléans qu’il croise, probablement grâce à son cousin P. Olivetan, les idées réformées de Luther, lesquelles travaillent son esprit. En 1531, de retour à Paris, il s’investit dans deux courants de pensée : l’humanisme, qu’il attaquera vigoureusement plus tard, et les idées évangéliques de Luther.

Il se convertit « soudainement » en 1533, puis s’engage dans la bataille pour le pur Évangile contre les catholiques. Cet effort, qui perturbe le monde religio-intellectuel, l’oblige à quitter Paris en 1534 pour Angoulême où, dans l’environnement studieux des livres et avec sa Bible, il écrit les six premiers chapitres d’un livre bouleversant, L’Institution chrétienne, publié en latin à Bâle en 1536 – trois ans seulement après sa conversion ! Calvin s’inspire du Catéchisme de Luther pour le contenu, mais sa présentation est à la fois plus logique et plus irénique. Il dédie à François 1er de France cette ouvre qui transformera spirituellement et intellectuellement l’Europe ; les protestants y découvrent « un monument » clair, précis, simple, et humainement logique. La dernière édition augmentée de 1559 contient 80 chap., divisés en quatre livres. La première traduction française date de 1539. Elle est la base de la pensée réformée et a influencé tout le protestantisme, plus encore que les grandes ouvres doctrinales de Luther.

B. Après 1536

La Réforme zwinglienne se poursuit en Suisse depuis 1523. Calvin pense à préserver sa vie en rejoignant Strasbourg, qui appartenait alors à l’Empire germanique et avait été gagné à la Réforme depuis 1523. Il pense y étudier paisiblement sous la protection du guide spirituel Martin Bucer.

Mais les guerres de Champagne le forcent à passer par Genève. Depuis 1535, cette ville connaît la Réforme grâce à Guillaume Farel (1489-1565) – surnommé le « fléau des prêtres », « l’Élie de la Réformation française » – qui avait déjà introduit des idées réformatrices à Neuchâtel en 1529. Averti de son passage pour la nuit à Genève, Farel va le voir pour lui demander de diriger la Réforme de cette ville païenne de 10 000 habitants. Calvin ne cherche qu’à poursuivre son voyage à Strasbourg pour étudier et écrire en toute tranquillité. Farel le menace avec la foudre de Dieu s’il n’y reste pas ! Effrayé, Calvin considère cette menace comme un appel de Dieu pour y demeurer (1536). Farel lui confie les rênes de la Réforme et le seconde puissamment par sa prédication – d’où son surnom « Élie » – jusqu’en 1538 où tous deux sont « remerciés » sans ménagement. Leur système, destiné à transformer Genève en une ville-Église ou Église-État, est jugé trop rigide et harassant par la majorité des habitants : contrôler toute la vie morale et sociale des païens et des convertis. Calvin et Farel voulaient tout simplement instaurer par la force le royaume de Dieu pour sa plus grande gloire à Genève ! Glorifier Dieu par tous les moyens sans en négliger aucun ! Rappelons-nous bien que cette façon de faire hérite d’une longue histoire médiévale : tout peut être imposé par la force et cela pour la gloire de Dieu ! Enfants du xvie s., ils ignorent nos concepts modernes de tolérance, de liberté de conscience et d’expression. (Fait étrange : ces concepts modernes trouvent leur fondement dans la théologie de Calvin !) Or, les magistrats, les grandes familles et le peuple ne se sont pas libérés de la tyrannie papale ni de celle du Duc de Savoie (1526) pour tomber sous celle, réformée, du type calvino-farélien ! En fait, leur système et son application par les autorités civiles n’étaient pas bien  « rodés », comme ils le seront lors du retour de Calvin en 1541.

Farel rejoint Neuchâtel (il y mourra en 1565), et Calvin rejoint enfin Strasbourg ! De 1538 à 1541, mûrissant sa pensée dans un lieu calme, il profite de la sagesse théologique de Luther via Bucer, et de la structure de l’église locale mise en place par ce dernier. Les idées bucériennes influencent les écrits de Calvin, au point d’en devenir la pierre d’angle. La logique de Calvin éclaire les idées de la Bible très simplement. ce qui ne place cependant pas L’Institution chrétienne dans le Canon du N.T. ; il n’invente pas les idées bibliques, mais les systématise2.

Il passe trois années heureuses à Strasbourg :
1. Comme pasteur de l’église des réfugiés français, il peut imposer ses conceptions disciplinaires dans l’église.
2. C’est un docteur en théologie très apprécié.
3. Il est honoré par la ville et la représente aux conférences religieuses importantes en Allemagne.
4. Il se marie à une veuve qui a deux enfants d’un pasteur anabaptiste.

En 1540, le parti évangélique reprend le pouvoir à Genève et rappelle Calvin, qui refuse pendant un an. En 1541, il cède, considérant que Dieu l’appelle pour instaurer le royaume de Dieu (il aimait beaucoup le livre du Deutéronome) : « tout pour la gloire de Dieu ».

C. Après 1541

Avec le retour en puissance de Calvin, Genève devient le creuset d’un type d’homme et d’une civilisation qu’il pense être dignes du christianisme. Tel est le Royaume de Dieu strictement établi, ordonné, total et définitif, dont le moralisme dans un climat d’inquisition frôle l’hypocrisie, surtout parmi les non-convertis. Personne ne sera toléré qui s’oppose à la volonté de Dieu ! Dans les Ordonnances, appuyées par son nouveau Catéchisme, les lignes directrices de son système théocratique sont élaborées. L’Eglise liée au pouvoir civil – lui-même dominé par Calvin et ses amis – doit contrôler tous les aspects de la vie d’un individu, chrétien ou non ! C’est l’Eglise d’Etat : les autorités civiles, un Consistoire de 12 pasteurs et anciens formant une sorte de tribunal d’inquisition, doivent appliquer les règles et les décisions ecclésiastiques. Calvin croit sincèrement que le Royaume peut être imposé par la force, car le Dieu Créateur est le Maître du monde. Cette souveraineté doit s’appliquer à tous les Genevois. Tous les moyens sont employés pour atteindre ce but. Entre 1541 et 1546, 58 personnes sont condamnées à mort et exécutées, 78 sont bannies ! Calvin dit n’avoir aucun regret, car l’honneur du Dieu souverain (mot-clé chez lui) est en jeu ! Le cas odieux de Michel Servet, hérétique, brûlé au poteau en 1553, deviendra le plus célèbre.

La vie de Calvin est traversée par des périodes d’accalmies, malgré 17 controverses majeures qui lui prennent beaucoup de temps. Il produit un travail prodigieux : par ses commentaires écrits de la Bible, par ses fréquentes prédications chaque semaine, par l’enseignement et par une correspondance volumineuse avec toute l’Europe (rois, pasteurs, théologiens, etc.).

Il doit lutter âprement jusqu’en 1555 contre tous ses adversaires pour finaliser l’implantation du « règne théocratique » à Genève. A partir de cette date et jusqu’à sa mort en mai 1564, on peut dire que la paix règne dans les cours de Calvin et des Genevois. Quoique de santé fragile, souvent douloureusement malade, il n’épargne jamais ses efforts pour conserver les acquis.

Il a l’idée géniale de fonder « l’Académie », l’actuelle Université de Genève, où des centaines d’étudiants de tous horizons sont enseignés : théologie, exposé biblique, grec et hébreu, philosophie, physique, mathématiques. Aux plus de 2150 églises réformées de France, il écrit : « Envoyez-nous du bois et nous vous renverrons des flèches » ! Ces flèches françaises formées à Genève sont devenues l’armée de Dieu portant l’Evangile partout en Europe en vue de fonder des églises réformées ancrées dans la doctrine élaborée par Calvin. Une réussite fulgurante. Où sont ces « flèches » dont la France et l’Afrique du XXIe siècle ont tant besoin ?

Conclusion

Ce colosse, dont le cour fut une matière précieuse pour l’Évangile de la grâce de Dieu en Jésus-Christ par l’Esprit Saint, possédait cependant des pieds de fer et d’argile. Aucun grand réformateur n’était un « saint » selon nos standards, mais tous étaient des géants dans leur époque, pétris par la Parole de Dieu et marqués par l’époque médiévale dont ils sortaient, pour la grande tâche que Dieu leur avait confiée. Chacun savait qu’il ne répondait qu’à Dieu, et que personne avant eux n’avait eu à accomplir une telle fonction. Pour Dieu et pour sa gloire, ils n’avaient pas peur de qui que ce fut, et aucun d’eux ne recherchait sa propre gloire. Tous travaillaient de manière totalement désintéressée. Ce type de conducteur spirituel nous manque aujourd’hui. Calvin est mort plutôt pauvre alors que cet homme exceptionnel aurait pu s’enrichir.

Tous sortaient de « l’âge des ténèbres » qui les accaparait spirituellement et intellectuellement. Calvin, en rencontrant le Jésus biblique et le salut par la grâce et par la foi, s’est retrouvé pionnier malgré lui dans un environnement ignorant la pure vérité, totalement hostile et tyrannique. Il a fait ce qu’il a pu comprendre de la volonté de Dieu.

Luther et Zwingli ont ouvert la route, mais Calvin a puisé dans leurs indications doctrinales un carnet de bord que tous les protestants évangéliques utilisent d’une façon ou d’une autre depuis, sans probablement le savoir, et ce, quelle que soit leur étiquette confessionnelle.

Calvin était un enfant de son époque. Malgré ses erreurs inexcusables, voire abominables, des érudits catholiques romains (voire certains Jésuites!), des sceptiques, des protestants de tout bord, des littéraires allemands, français, anglais, hollandais, écossais, américains, reconnaissent en Calvin le plus grand exégète et théologien de la Réforme. Et ce, malgré cette impression d’une spiritualité calviniste austère et peu affective, plus soucieuse de l’honneur de Dieu que de la manifestation de son amour pour les convertis et les perdus. L’un exclut-il l’autre ? Nous avons besoin des deux en même temps, car nous honorons Dieu en aimant les autres membres du corps de Christ, et en aimant aussi les perdus.

Attention : en lisant Calvin le principe d’Actes 17.11 s’applique dans toute sa rigueur, car ses écrits n’appartiennent pas au canon scripturaire. Certains calvinistes laissent parfois l’impression de penser que les écrits de Calvin descendent directement du Trône ! Il lui est arrivé de se contredire (voir le prochain article de cette série) ! Cela n’enlève rien au fait que la lecture de Calvin est des plus profitables.

Le sceptique français Ernest Renan, de l’Académie française, historien hors pair, qui rejetait les doctrines de Calvin, a toutefois décrit dans un article de 1880 Calvin comme « l’homme le plus chrétien de son siècle ». L’historien suisse Merle d’Aubigné (mort en 1872) écrit : « Calvin est celui qui a travaillé, a écrit, a agi, et a prié le plus pour la cause qu’il avait embrassée. ». John Knox (1513-1572), grand réformateur écossais, après deux séjours à Genève, appelle la ville, « l’école de Christ la plus parfaite que le monde n’ait jamais vue depuis les jours des apôtres. ». Calvin considère Genève comme une ville de refuge pour les protestants persécutés, l’exemple d’une bonne communauté chrétienne disciplinée, et un centre hors pair pour la formation des ministres de l’Évangile.

1 La patristique est l’étude des textes et de la doctrine des « pères de l’Église ».
2 Calvin croit sans faille que la Bible est la véritable parole de Dieu, et que sa théologie est une expression pure de la théologie biblique énoncée de manière systématique pour le XVIe s. Or, il ne fournit aucune référence biblique appuyant son affirmation selon laquelle l’homme « a un sens de déité. ». Dans son explication de la doctrine de la prédestination (Éph 1.5, 8), Calvin se fonde sur la quadruple notion de causalité d’Aristote (les causes efficiente, matérielle, formelle, et finale). Cela veut dire que Calvin emploie sans aucun doute des catégories d’Aristote pour exprimer sa compréhension de l’enseignement de l’Apôtre Paul ! Une question se pose : jusqu’où la théologie de Calvin fut-elle influencée, consciemment ou non, par des idées philosophiques (il cite Aristote, Epicure, Platon, les Stoïciens, et Cicéron) ? De plus, Calvin avait tendance sur certaines questions à s’accorder avec Thomas d’Aquin

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