PROMESSES
Paul s’est beaucoup investi pour l’église de Corinthe. Mais, en son absence, certaines personnes cherchent à le discréditer dans l’esprit des Corinthiens. Leur but est de se présenter comme des personnes plus dignes de tenir le rôle d’apôtre. Elles lui adressent de nombreuses critiques :
• il ne tient pas ses engagements (2 Cor 1.15-17) ;• il n’a pas la carrure d’un chef (2 Cor 10.1) ;
• il marche selon la chair (2 Cor 10.2) ;
• il n’est pas un bon orateur, il n’a pas de prestance (2 Cor 10.10 ; 1.6) ;
• il les plonge dans la tristesse (2 Cor 2.5) ;•
il prêche pour son propre intérêt (2 Cor 4.5) ;
• il est cupide et rusé (2 Cor 7.2), charnel (2 Cor 10.2) ;
• il agit en « franc-tireur », sans recommandation ou mandat (2 Cor 3.1 ; 12.11).
Tout cela sape sa crédibilité et son autorité d’apôtre. Bien malgré lui, il se sent obligé de se défendre. Mais son but n’est pas de défendre son honneur et son statut, mais de défendre son ministère et de protéger les Corinthiens des prédateurs qui les menacent. Il défend son autorité spirituelle.
Étudions ce chapitre selon la formule « verset par verset » pour relever les caractéristiques de l’autorité de Paul.
v. | Texte | Commentaire |
1 | Moi Paul, je vous prie, par la douceur et la bonté de Christ – moi, humble d’apparence quand je suis au milieu de vous, et plein de hardiesse à votre égard quand je suis éloigné | L’autorité exhorte avec bienveillance et bonté, avec humilité. Paul aurait pu chercher à s’imposer, mais il préfère que ce soit le choix des Corinthiens. |
2 | Je vous prie, lorsque je serai présent, de ne pas me forcer à recourir avec assurance à cette hardiesse, dont je me propose d’user contre quelques-uns qui nous regardent comme marchant selon la chair. | Paul pourrait faire preuve de hardiesse et assurance, et il le fera si nécessaire, pour le bien des personnes qui sont des dangers. Mais il préfèrerait ne pas y être contraint. |
3 | Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. | L’autorité ne fait pas intervenir la chair (capacités et motivations naturelles seules). |
4 | Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. | Elle utilise des armes puissantes par Dieu (4-5). Quelle différence avec l’autorité des hommes sans Dieu ! |
5 | Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ. | Elle conduit à la soumission à Christ (et pas à Paul, ou à un autre leader). Ce sont les fausses idées et les faux raisonnements qui empêchent de s’approcher de Dieu. Peut-être aussi de reconnaître l’autorité voulue par Dieu. |
6 | Nous sommes prêts aussi à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance sera complète. | La désobéissance et la contestation envers la volonté de Dieu auront des conséquences. L’autorité peut punir. |
7 | Vous regardez à l’apparence ! Si quelqu’un se persuade qu’il est de Christ, qu’il se dise bien en lui-même que, comme il est de Christ, nous aussi nous sommes de Christ. | L’autorité ne vient pas de la prestance naturelle, apparente. Il faut examiner les choses spirituellement, voir si cette autorité vient de Dieu. |
8-9 | Et même si je me glorifiais un peu trop de l’autorité que le Seigneur nous a donnée pour votre édification et non pour votre destruction, je ne saurais en avoir honte, afin que je ne paraisse pas vouloir vous intimider par mes lettres. | C’est le Seigneur qui donne l’autorité ; cette autorité construit et ne détruit pas ; elle est saine, juste, donc pas de raison d’avoir honte de l’exercer, à distance ou de près. Elle peut être exercée par des personnes d’apparence peu impressionnante. |
10 | Car, dit-on, ses lettres sont sévères et fortes ; mais, présent en personne, il est faible, et sa parole est méprisable. | L’autorité ne dépend pas d’une capacité à impressionner par une présence physique imposante ou par un style d’écriture dominateur. |
11 | Que celui qui parle de la sorte considère que tels nous sommes en paroles dans nos lettres, étant absents, tels aussi nous sommes dans nos actes, étant présents. | Jusqu’à présent, Paul avait été doux au milieu des Corinthiens ; mais pour leur bien, il pourra user de sévérité. |
12 | Nous n’osons pas nous égaler ou nous comparer à quelques-uns de ceux qui se recommandent eux-mêmes. Mais, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant à eux-mêmes, ils manquent d’intelligence. | Paul ne désire pas se justifier, se comparer, il fait appel à leur intelligence pour que ceux qui bravent son autorité réfléchissent. |
13 | Pour nous, nous ne voulons pas nous glorifier outre mesure, mais seulement dans la limite du champ d’action que Dieu nous a assigné en nous amenant jusqu’à vous. | L’autorité est déléguée par Dieu, dans un domaine limité (ce n’est pas une prise de contrôle total motivée par une fierté déplacée). Il est important, pour ceux à qui Dieu a donné une autorité, qu’ils connaissent bien le « champ d’action ». |
14 | Nous ne dépassons point nos limites, comme si nous n’étions pas venus jusqu’à vous ; car c’est bien jusqu’à vous que nous sommes arrivés avec l’Évangile de Christ. | Paul n’est pas intervenu « hors limites », dans un champ qu’il ne connaissait pas. Il intervient là où il a lui-même apporté l’Évangile. |
15 | Nous ne nous glorifions pas des travaux d’autrui qui sont hors de nos limites. Mais nous avons l’espérance, si votre foi augmente, de devenir encore plus grands parmi vous, dans notre propre domaine, | L’autorité n’essaie pas de trouver un champ d’action en « récupérant » le travail d’un autre. |
16 | en évangélisant les contrées situées au-delà de chez vous, au lieu de nous glorifier de ce qui a déjà été fait dans le domaine des autres. | Si Paul combat pour que son autorité soit reconnue, c’est pour le bien des Corinthiens et pour que l’Évangile soit répandu ailleurs aussi. |
17 | Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. | D’ailleurs il ne se réjouit que de l’approbation du Seigneur. Quand Dieu a donné une autorité, la chair risque de s’enorgueillir. L’antidote est là. |
18 | Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, c’est celui que le Seigneur recommande. | Notre service n’est pas validé – reconnu par notre propre recommandation ; mais par la recommandation du Seigneur. |
Conclusion
Paul n’est pas intéressé par le pouvoir ou la domination. Il ne cherche pas la reconnaissance ou l’admiration (2 Cor 12.15). Il veut servir, enseigner et faire grandir ses enfants spirituels. Son secret, c’est qu’il se considère à la fois :
• Comme un apôtre, investi d’une mission, mais appelé par grâce et non pour ses mérites (1 Tim 1.12-14) ou capacités (2 Cor 3.5) ;
• Comme un serviteur (esclave) de Jésus-Christ (Phil 1.1), serviteur (diacre) de l’Évangile (Col 1.23) et des saints (Rom 15.25).
Questions pour aller plus loin
a. Comment peut-on définir en quelques mots l’autorité de Paul ?
b. Comment peut-on agir avec autorité et humilité en même temps ?
c. L’autorité et l’humilité ont-elles un fondement commun ?
- Edité par Regard Jean
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On donne parfois des « petits noms » à des enfants : « petit chérubin », « innocent ». Ces termes affectueux se comprennent… mais ils ne sont théologiquement pas très fondés !
En fait, tout homme est pécheur dès sa naissance. Déjà David en avait eu l’intuition quand il s’écrie : « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » (Ps 51.7 ; cf. Ps 58.4) Paul précise dans l’Épître aux Romains : « C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes. » (Rom 5.12) Comme représentant de toute la race humaine, Adam a entraîné à sa suite ses descendants qui reçoivent tous à la naissance la trace du péché qu’il a commis. La preuve en est que les bébés peuvent mourir dès leurs premières minutes de vie ; la mort, conséquence du péché, démontre la présence de cette racine de mal. Tout enfant a donc en lui une corruption héritée, une propension innée à mal faire.
Pour autant, cela ne veut pas dire ces bébés soient responsables : le même Paul, dans la même lettre aux Romains évoque la promesse faite à Rebecca en ajoutant à propos de Jacob et Ésaü : « ils n’avaient fait ni bien ni mal » (Rom 9.11).
À quel moment se manifeste de façon visible l’existence de cette racine du péché ? Il est difficile de le dire… Mais qui n’a pas vu un petit bambin de 18 mois perché sur sa chaise haute à qui l’on dit de ne plus souffler sur la cuillerée d’épinards et qui, avec un regard narquois, se précipite pour souffler encore plus fort la prochaine fois qu’on l’approche de sa bouche ?
La fixation de « l’âge de responsabilité » a fait couler beaucoup d’encre. Il correspond au moment où l’enfant ou l’adolescent devient personnellement responsable devant Dieu. Il dépend assurément de nombreux facteurs (maturité personnelle, connaissances bibliques, contexte familial, etc.) et seul Dieu le sait avec certitude. Que cela nous encourage en tout cas à présenter l’Évangile aux enfants dès leur plus jeune âge !
- Edité par Prohin Joël
Édification
« Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l’un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l’observaient. Et voici, un homme hydropique était devant lui . Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya. Puis il leur dit : Lequel de vous, si son fils ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ? Et ils ne purent rien répondre à cela. Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places ; et il leur dit : Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi, et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire : Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place. Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes. » (Luc 14.1-14)
Une respectabilité déficitaire
Jésus est invité à un repas chez un chef des Pharisiens. Il n’y a là que des personnalités honorables, des docteurs de la loi et des pharisiens. C’est l’élite de la nation, la crème religieuse du judaïsme. Nous nous serions certainement sentis tout petits devant ces hommes imposants aux grosses barbes parfois toutes blanches, et revêtus de vêtements somptueux…
Tous observent Jésus, dans le but de trouver, dans son comportement ou dans ses paroles, une faute, une entorse à la loi ou à la règle de la tradition : ce serait enfin l’occasion de le reprendre et de l’accuser.
L’apparition soudaine d’un homme malade d’hydropisie est peut-être un piège de leur part, car elle coïncide avec un jour de sabbat.
Seulement, avant d’agir, Jésus leur pose une question: « Est-il permis de faire du bien et de guérir le jour du sabbat ? »
Le grand problème pour les Pharisiens, comme pour la plupart des chefs religieux, c’est que la disposition du cœur a moins d’importance que l’acte extérieur. En fait, ils honorent Dieu des lèvres, mais leur cœur en est éloigné. Ils aiment paraître, occuper les premiers sièges dans les festins et dans les synagogues, et qu’on les salue bien bas sur les places publiques : « Rabbi, rabbi1 » (maître ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54)
Dans nos églises2, cette attitude ne s’exprime-t-elle pas à sa manière ? : « Pasteurs, serviteurs de Dieu, ne venez jamais à l’avance lors des rencontres, car vous êtes beaucoup trop importants ; attendez que l’église soit pleine, afin que tout le monde puisse bien vous voir ! Et lorsque vous faites votre entrée, assurez-vous que le tapis rouge a été déroulé au préalable devant vous. N’entrez jamais tout seuls, mais soyez toujours accompagnés par tout un protocole; de préférence des jeunes filles qui porteront votre lourde sacoche et votre grosse Bible ! »
Je ne voudrais pas être sarcastique, mais ces dispositions sont malheureusement trop évidentes dans beaucoup de nos assemblées ! On favorise le culte de la personnalité, et certains s’arrogent toutes sortes de titres et de ministères pompeux ! On a oublié les paroles du Seigneur Jésus :
« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.11,12)
C’est pourquoi Jésus dénonce l’orgueil de ces chefs, leur hypocrisie, leur négligence de ce qui est essentiel à la loi : la justice et l’amour de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même. » (Luc 10.27) N’ira-t-il pas jusqu’à leur déclarer : « Vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, et votre intérieur est plein de rapine et de méchanceté » (Mat 23.25) ?
Au Congo, on dirait : « Soignez surtout votre apparence extérieure, et assurez-vous que vos chaussures sont bien cirées avant d’entrer dans la maison de Dieu ! Mieux encore, faites nettoyer vos chaussures par quelqu’un qui se mettra à vos genoux dans votre bureau avant de paraître devant le petit peuple, le commun des mortels ! »
Un certain péché nommé orgueil
À ce repas, que constate le Seigneur ? C’est que chacun s’est bousculé pour choisir les premières places ! Alors Jésus leur destine une parabole en guise de leçon de modestie. Qui n’en a pas besoin aujourd’hui ?
Bien souvent nos réactions et notre attitude dans la vie de tous les jours révèlent un aspect de notre vie intérieure et de notre niveau spirituel. Pourquoi tous ces dirigeants, cette élite, ont-ils besoin d’une leçon de modestie et d’humilité ? À cause de l’orgueil qui caractérise tout homme au naturel. C’est ce que le Seigneur Jésus développe dans son enseignement général : « Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » (Marc 7 :21-23)
Ainsi pourrait-on dire que ce n’est pas la beauté de telle personne qui la rend orgueilleuse, ni sa force, son intelligence, ses dons, sa réussite, sa richesse, sa position sociale, etc… Mais ce sont plutôt ces avantages qui éveillent, qui font gonfler et éclater en elle l’orgueil qui s’y trouve déjà.
D’ailleurs, n’est-ce pas ce sentiment destructeur qui a poussé Lucifer, ce chérubin protecteur, cet astre brillant, à se rebeller contre Dieu, à se croire égal à Dieu et à essayer de le supplanter (És 14.12-14) ? N’est-ce pas son orgueil qui l’a détruit et précipité dans les ténèbres du dehors ? À sa suite, ce poison mortel a également fait tomber nos premiers parents en leur instillant l’idée qu’ils deviendraient comme des dieux !
Oui, nous dit la Bible, « par un seul homme, le péché est entré dans le monde … » (Rom 5.12) Et le péché d’orgueil n’a pas reculé devant la désobéissance à la parole de Dieu. Par la même occasion, il a ouvert la porte au diable et aux mauvais esprits, avec les terribles conséquences que l’on sait.
Le vrai visage de l’orgueil
Voici ce que la Bible déclare au sujet de l’orgueil :
a- L’orgueil excite des querelles ; l’orgueilleux veut toujours avoir raison et le dernier mot (Pr 13.10) !
b- L’orgueil précède la chute et conduit à la ruine (Pr 16.18).
c- L’orgueil conduit l’homme à des actes de folie, à la folie des grandeurs, en le poussant à aller toujours plus loin, plus vite, à accumuler plus de puissance, plus de gloire, plus de richesses (Pr 30.32).
d- L’orgueil endurcit l’esprit, à l’image du roi Nebucadnetsar dont il est dit que « lorsque son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire. » (Dan 5.20)
e- L’orgueil refuse d’entendre quand Dieu parle (Jér 13.9-10).
f- L’orgueil n’accepte pas les conseils, les instructions, la réprimande. À tel point que sous l’Ancienne Alliance, l’orgueilleux était condamné à mort, comme nous le lisons dans Deut 17.12 : « L’homme qui, par orgueil, n’écoutera pas le sacrificateur placé là pour servir l’Eternel, ton Dieu, ou qui n’écoutera pas le juge, cet homme sera puni de mort. Tu ôteras ainsi le mal du milieu d’Israël. »
g- L’orgueil du cœur aveugle et égare (Jér 49.16).
h- L’orgueil est la porte ouverte à l’autosuffisance, à l’envie de se débrouiller sans Dieu, et à une trop haute opinion de soi (És 53.6 ; Luc 19.14).
i- L’orgueil conduit à l’incrédulité vis-à-vis de Dieu, de Jésus-Christ, du salut et de la grâce divine, et mène finalement au blasphème suprême qui est le refus de la grâce, du pardon et du salut de Dieu. L’orgueil tue physiquement et spirituellement.
j- L’orgueil est en tête des choses que hait l’Eternel en Pr 6.16-19 : « Il y a six choses que hait l’Eternel, et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains (= l’orgueil), la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent … »
k- L’orgueil est aussi une marque des faux serviteurs de Dieu : « Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions… » (1 Tim 6.3-4)
l- L’orgueil se cache parfois derrière une fausse humilité. D’où cet avertissement du Seigneur : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. » Il y a un camouflage que nous devons découvrir. Et l’apôtre Paul dira à son tour : « Qu’aucun homme sous une apparence d’humilité et par un culte des anges ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu’il s’abandonne à ses visions et qu’il est enflé d’un vain orgueil par ses pensées charnelles. » (Col 2.18)
Faire pâlir l’orgueil
Maintenant, comment être délivré de l’orgueil ?
Premièrement, il nous faut le reconnaître comme la cause directe de la chute de l’homme, et ne pas l’excuser comme s’il constituait une « faculté » qui peut nous aider à être ambitieux, visionnaire et à faire de grands exploits ! Ainsi, dira-t-on, l’orgueil va renforcer notre estime de nous-mêmes, notre confiance en nous-mêmes, et nous aidera à nous surpasser. On citera peut-être à l’appui de cette thèse un passage comme celui-ci, adressé à la nation d’Israël : « Ton Dieu te donnera la supériorité sur toutes les nations de la terre […] L’Eternel fera de toi la tête et non la queue, tu seras toujours en haut et tu ne seras jamais en bas… » (Deut 28.1,13) Ou encore Ps 60.14 : « Avec Dieu, nous ferons des exploits ! » Gardons-nous de sortir ces versets de leur contexte pour justifier notre orgueil et nos ambitions charnelles ! Car tout ce qui n’est pas fait dans la pleine volonté de Dieu sera tôt ou tard rejeté et consumé (voir 1 Cor 3.11-15). Aussi, après avoir reconnu notre propre orgueil, confessons-le sincèrement devant Dieu en acceptant son pardon et la purification par le sang de Jésus.
Ensuite, écartons résolument toute pensée, tout esprit et tout acte d’orgueil, en nous dépouillant de toutes ces œuvres de la chair. Refusons par exemple les modes introduites dans nos églises pour nourrir notre orgueil, tels ces applaudissements à l’entrée en chaire du prédicateur, ou pendant et après son message, applaudissements que nous justifions d’une façon fausse et hypocrite en avançant qu’ils sont destinés au Seigneur.
N’y a-t-il pas suffisamment de serviteurs de Dieu qui sont tombés à cause de l’orgueil pour éviter d’en faire tomber d’autres ? Méfions-nous des éloges des hommes et de l’ennemi : « Comme tu as bien prié, chanté, prêché… » Ou encore : « Comme tu es humble ! » La Bible dit justement en Pr 4.23 : « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » et : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. » (1 Jean 5.18)
Un habit nouveau
Ayant confessé à Dieu notre orgueil, remplaçons ce dernier par l’humilité en nous revêtant de l’ « habit » du Seigneur Jésus lui-même (Zach 9.9 ; Jean 13.5 ; 2 Cor 8.9 ; Col 3.12). Portons-le vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans nos relations, comme la Bible nous le recommande : « Tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité. » (1 Pi 5.5)
C’est un état d’esprit, une attitude volontaire que d’être humbles dans nos paroles et dans nos actes. Non pas en marchant pieds nus, ou en priant ostensiblement à genoux devant tout le monde, la tête penchée et en prenant une voix chevrotante… Comprenons-nous bien ! La Bible nous demande de rechercher l’humilité authentique, non sa contrefaçon : « Cherchez l’Eternel, vous tous, humbles du pays, qui pratiquez ses ordonnances ! Recherchez la justice, recherchez l’humilité ! Peut-être serez-vous épargnés au jour de la colère de l’Eternel. » (Soph 2.3)
N’ayons donc pas peur d’être repris et critiqués par les autres, d’être touchés dans notre amour propre et notre dignité. L’orgueil n’accepte pas ces « offenses » car il est très susceptible, il se vexe très rapidement (de telles réactions ne sont-elles pas le miroir de notre état spirituel ?) Jésus déclare : « Quiconque s’élèvera sera abaissé et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.12) Il est bien dit : « Quiconque ! ». Dieu résiste aux orgueilleux (1 Pi 5.5), mais fait toujours grâce aux humbles (Jac 4.6). Oui, Dieu se plaît à sauver l’homme ou le peuple qui s’humilie (Ps 18.28).
L’humilité : un bon remède
L’humilité est la voie de la restauration individuelle, comme de celle de l’Église.
L’humilité est le fruit de la grâce du salut ; c’est une évidence de la foi qui sauve, parce que pour être sauvé, je dois m’abaisser et reconnaître que je suis un pauvre pécheur. Mais plus je réalise mon dénuement et mon néant devant Dieu, plus je puis recevoir sa miséricorde, son pardon, son salut, et vivre de sa grâce. En effet, le salut en Christ, ainsi que toutes les bénédictions spirituelles, désamorcent tout motif de s’enorgueillir : « Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. » (Rom 3.27)
L’humilité apportera un grand changement dans notre attitude vis-à-vis des autres. L’apôtre Paul recommande aux Philippiens : « Que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes » (Phil 2.3), mais il commence par s’appliquer ce conseil : « Je suis le moindre des apôtres, le moindre de tous les saints. » (1 Cor 15.9 ; Éph 3.8)
L’humilité libère des disputes et de la jalousie, de l’esprit de rejet, de la peur d’être mis de côté, d’être écrasé par la critique et les faux jugements. L’humilité libère de l’irritation et de la susceptibilité. Elle nous affranchit de la course au pouvoir, de l’entêtement, de la conviction d’être indispensable à l’Église et à Dieu. Elle nous aide à maintenir une appréciation juste et réaliste de nous-mêmes. L’apôtre Paul déclare encore : « Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. » (Rom 12.3)
L’humilité nous apprend à ne compter que sur Dieu seul et sur sa parole ; à lui être entièrement consacrés et soumis, à accepter d’être employés par lui, afin d’être serviteurs des autres (Rom 12.1 ; 1 Cor 9.19). Ce sont les humbles que le Seigneur conduit dans la justice et à qui il enseigne la voie à suivre, selon Ps 25.9. Jésus notre Sauveur et Maître reste notre modèle d’homme parfait, doux et humble de cœur (Mat 11.29 ; Phil 2.5-8).
Le nerf de la victoire sur l’orgueil
Souvenons-nous que tout ce que nous venons de rappeler n’aurait pas de sens ni de réalité si Christ lui-même n’en était aussi l’artisan et le but. Laissons toute la place à Jésus-Christ dans notre cœur, afin de pouvoir dire comme Jean-Baptiste : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » (Jean 3.30) Oh ! que l’Esprit de Christ puisse nous habiter et nous animer, parce que nous aurons appris à lui céder la place d’honneur en nous revêtant de son humilité.
1 Ce terme araméen signifie : « maître » ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54.
2 L’auteur fait référence à des églises africaines, mais il n’est pas difficile de transposer les commentaires qui suivent pour les appliquer à d’autres églises, européennes, américaines ou asiatiques.
- Edité par Monot Ronald Jean
Depuis plus de 400 ans, le violon exerce une fascination particulière, non seulement à cause de ses formes superbes, mais surtout en vertu de la sonorité exceptionnelle que surent lui conférer les grands luthiers italiens du xviie siècle (comme Antonio Stradivarius). Ma sœur et moi n’échappions pas à cette attirance.
Lorsque j’avais 6 ans, mon père offrit un violon à ma sœur aînée, et l’autorisa à prendre ses premières leçons chez notre grand-mère. Quant à moi, qui brûlais du désir d’en jouer, je dus me contenter de la promesse que mon tour viendrait, mais plus tard.
Bien que les sonorités du violon sur lequel ma sœur faisait ses premières gammes ne fussent pas toujours très harmonieuses, j’éprouvais du plaisir à l’entendre. Deux ans plus tard, lorsque j’atteignis enfin l’âge suffisant, mon père déclara : « Ta sœur Anne-Marie joue déjà du violon, toi tu vas jouer du piano. » Je refusai. On m’avait promis le violon, je m’y tenais. J´étais une petite fille assez têtue, et je crois que j’ai conservé cet esprit « jusqu’au-boutiste ».
En possession de mon violon à l’âge de 8 ans, j’eus dès lors le privilège de sortir de l’école un quart d´heure plus tôt que les autres élèves, le mercredi, pour me rendre chez ma grand-mère, où je reçus mes premières leçons. Au fil des ans, j’appris à maîtriser mon instrument de mieux en mieux, et j’éprouvai toujours plus de joie à en jouer. Je commençai aussi à comprendre que cet instrument m´ouvrait de nouvelles portes, qu’il me permettrait de sortir de notre canton, puis de notre pays : le monde s’offrait à moi.
À l’âge de 16 ans, je me décidai à entreprendre des études professionnelles au Conservatoire de Fribourg. Mais comme la musique était un mauvais gagne-pain, mon père, dans de bonnes intentions, me proposa de poursuivre des études commerciales en parallèle. Ce n’était pas du tout ce dont je rêvais. Il me suffisait de devenir violoniste, car je pensais que cet instrument me rendrait tout à fait heureuse. J´attendis donc avec impatience le moment de déserter les bancs d´école.
Enfin, à 18 ans, mon rêve se réalisa. J’étais prête à tout affronter pour mon instrument, même les examens les plus difficiles des Conservatoires de Fribourg et de Genève. À 21 ans, je travaillais le violon 6 à 7 heures par jour. Je ne faisais que cela, hormis les cours théoriques de musique. J’étais prête à tout sacrifier pour une carrière de virtuose. Le violon était devenu mon « Dieu ». Paul écrit dans sa Lettre aux Galates (5.19) : « On sait bien comment se manifeste l’activité de notre propre nature : dans l’immoralité, l’impureté et le vice, le culte des idoles [cela me concernait, mon idole était en bois], et la magie. »
Je n’arrivais plus à converser normalement : je n’avais que violon et musique en tête. Je ne trouvais même pas le temps d’écouter des nouvelles ou de lire les journaux. J’évoluais dans un autre monde, et me sentais souvent très seule. Par la suite, lorsque je donnai des concerts, en solo ou en orchestre de chambre, j’obtins beaucoup de succès, mais le bonheur constant dont j’avais rêvé enfant semblait m’échapper. À peine un concert était-il terminé qu’il fallait recommencer à travailler pour le prochain concert ou pour des examens.
Extérieurement, je progressais. À 23 ans, grâce à un concours, je reçus une bourse d’étude qui me permit, après ma virtuosité au Conservatoire de Genève, d’approfondir ma formation à l’Université de Vienne. Là-bas, je fis la connaissance de Christian, un Autrichien qui étudiait la contrebasse à l´Université. C’est lui qui, quelques années après, allait devenir mon mari… et me donner un premier enfant.
Alors que je continuais de gravir les marches de la pyramide du succès, et que je poursuivais mon travail avec acharnement, au prix de ma santé, je commençai à perdre pied. Après la naissance de notre deuxième enfant, je sombrai dans une profonde dépression. Dans cet état, ni mon violon, ni ma famille, ni la musique, ni les médecins ne pouvaient plus rien pour moi. Le surmenage m’avait jetée dans un trou noir sans issue.
Peu à peu, je me rendis compte que je n’étais pas en ordre avec Dieu, que j’avais péché, que j’avais besoin de quelqu’un qui me sauve, qui me pardonne. Tandis que le secours tardait, je perdais toute envie et toute force de vivre. Et comme j’ignorais ce qu’il adviendrait de moi si je mourais, cette pensée m’angoissait.
Tout « par hasard », une amie qui gardait mes enfants lorsque je travaillais m´invita un soir à une rencontre biblique dans un village de la région. Ce soir-là, chacune des participantes reçut un verset préparé par l’organisatrice du groupe. Ce verset-là me tombait entre les mains à un moment où j’avais perdu tout repère : « Jésus-Christ dit : Oui, je vous le déclare, c’est la vérité, celui qui écoute ma parole [la Bible] et croit à celui qui m´a envoyé [Dieu le Père], a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné mais il est déjà passé de la mort à la vie. » (Jean 5.24)
Pendant que je lisais ce verset, je sentis que Quelqu’un en moi me disait : « Ceci est la Vérité, crois en moi et suis-moi. » Je fus convaincue que Jésus m’appelait à devenir son enfant et à le suivre. Une chaleur nouvelle m’envahit. C’était la plus grande révélation de ma vie. Alors que j´étais seule dans ma chambre, je me mis à genoux. Je demandai à Jésus-Christ, du plus profond de mon cœur, de pardonner mes péchés et de guider totalement ma vie, comme il le désirait. Dès cet instant, je n’ai plus trouvé de raison de craindre l’avenir ou la mort puisqu’il habite en moi par son Esprit Saint, et qu’il assure la vie éternelle, le paradis, à celui qui croit en lui. Il n´a pas dit : « Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m´a envoyé, aura la vie éternelle », mais « a la vie éternelle. » Et dans sa Première Épître, Jean souligne pareillement (4.15,16a) : « Si quelqu’un reconnaît que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous savons et nous croyons que Dieu nous aime. » L’accès à la vie éternelle était effectif dès le moment où j’avais cru au Seigneur ; il vivait en moi par son Esprit Saint. Mon péché était pardonné, et je me trouvais désormais sous la protection d’un Dieu qui m’aime quoique, par nature, je ne sois rien de plus qu’une petite créature pécheresse.
Appartenant au Seigneur Jésus-Christ, je me demandais quelle forme allait prendre mon activité professionnelle à venir : ne fallait-il pas abandonner la pratique du violon, de peur que mon idole ne me rattrape ? Le danger de retomber dans mon péché était réel.
J’ai donc prié Jésus-Christ de me montrer son chemin. Comme il m’arrivait d’être sollicitée pour participer avec mon violon à des soirées d´évangélisation, à des offices religieux et à des rencontres bibliques, j´ai remarqué que par la musique Jésus-Christ touchait aussi le cœur des gens. Je me suis souvenue que le message évangélique avait aussi inspiré de grandes œuvres liturgiques de compositeurs bien connus : J.-S. Bach, G.-F. Händel, L. van Beethoven. Dès lors, je me suis sentie libre de poursuivre la pratique de mon instrument, mais je savais que cet exercice ne serait utile que sous le contrôle de la Parole et de l’Esprit de Dieu.
Maintenant, je puis affirmer que le Seigneur m’a délivrée de mes peurs ; il me donne la joie, le bonheur de vivre chaque nouvelle journée ; il renouvelle son pardon et ma paix intérieure ; il m’apprend l’amour du prochain. Ma vie a un but. Et si un jour je ne peux plus jouer de mon instrument, je conserve l’espérance de rencontrer mon Sauveur dans sa gloire, et d’entrer dans son bonheur éternel.
Un soir que je parlais de mon bonheur à mon mari, il me dit : « C’est bien que tu aies trouvé le bonheur, mais tu ne fais rien pour les autres. » Il avait raison : il fallait que je parle de Jésus-Christ à mes enfants, à ma famille, à mes voisins, à mes élèves de violon à l’université.
Quand un (ou une) étudiant(e) arrive dans ma classe avec un visage morose, je me souviens de ce que j’éprouvais avant ma conversion. Je tente de lui transmettre quelque chose de la joie et de la lumière de Dieu, car « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix… » (Gal 5.22), et Jésus dit en Jean 8.12 : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie, et il ne marchera pas dans l’obscurité. »
Quant à moi, si certains jours, tout ne réussit pas comme je le souhaiterais, bien que je me donne de la peine, je reviens à ce verset clé : « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure uni à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire.» (Jean 15.1-2) Non, je ne peux rien faire sans Jésus-Christ, je dépends de lui complètement.
- Edité par Roschek Jacqueline
Si le livre des Psaumes a une place centrale dans la Bible, n’est-ce pas parce qu’il est formé d’une compilation de textes composés par des auteurs marqués par certaines de leurs expériences ?
On y trouve, par exemple, l’exaltation que procure la rencontre avec le Dieu créateur, mais aussi le découragement face à l’adversité. On y entend des louanges envers le Dieu sauveur, mais aussi l’aveu d’un besoin de consolation dans le creuset de l’épreuve.
Ailleurs s’exprime l’épanchement honnête d’un cœur devant Dieu, mais en même temps la crainte que suscite un Dieu juste.
Ou encore, on découvre l’expression du bienfait lié à la proximité du Seigneur, tout autant que la difficulté que l’on éprouve à s’approcher de lui…
Que de richesses ! Tous ces témoignages personnels rendent les Psaumes si proches de nous, si actuels, si universellement vrais !
Ce numéro de Promesses vous propose un survol des motifs qui jalonnent les Psaumes, dans lesquels s’inscrit la réalité de la vie, partout sous-jacente. Vous y trouverez également une sélection de quelques Psaumes particulièrement réconfortants. Vous constaterez enfin que Promesses n’élude pas les questions que soulèvent certains textes déroutants.
Que cette lecture puisse vous convaincre que le message véhiculé par les Psaumes est approprié à notre époque et qu’il a la faculté d’infuser notre quotidien.
« Tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que par la patience et la consolation que donnent les Écritures nous possédions l’espérance. » (Rom 15.4)
- Edité par Cousyn Bernard
Les Psaumes 1 et 2 constituent une introduction générale aux Psaumes :
– Le Psaume 1 pose le principe éthique, moral et distingue deux classes d’humains : les justes et les méchants. Il traite de l’homme au singulier et commence par : « Heureux celui qui… »
– Le Psaume 2 pose le principe prophétique et politique concernant le peuple de Dieu et les nations. Il s’adresse aux hommes (au pluriel) et se termine par : « Heureux tous ceux qui se confient en lui. »
Le Psaume 1, que nous allons étudier, présente deux chemins avec deux issues : celui du juste ou du pécheur acceptant la grâce et celui du méchant ou du pécheur rejetant la grâce.
Le bonheur selon les humains
En regardant un peu ce qui s’écrit sur le bonheur, j’ai été surpris de voir à quel point les humains font la chasse au bonheur. Qu’est donc le vrai bonheur ?
Argent, sexe, maison, santé, réussite dans les divers domaines, respect des autres, réputation, honorabilité, longévité, famille aimante, intégrité, estime de soi, réalisation spirituelle, générosité, forme physique, etc. ?
Un dictionnaire donne 23 synonymes pour le mot bonheur, notamment : allégresse, béatitude, chance, euphorie, réussite, succès, extase, etc. Parmi de nombreuses citations, en voici trois d’auteurs désabusés par la poursuite du bonheur :
– Montaigne (philosophe français, 1533-1592) dans ses Essais écrivit : « Si l’on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente. »
– Léo Ferré (compositeur et chanteur français, 1916-1993) dit dans une chanson : « Le bonheur ça vaut pas trois mailles. »
– Antoine Rivarol (écrivain français, 1753-1801) écrivit : « Nous avons tous assez de force en nous pour supporter le malheur des autres, mais nous n’en avons peut-être pas autant pour supporter leur bonheur. »
Le bonheur selon Dieu
Pour Dieu, le bonheur (l’état de celui qui est « heureux ») est d’abord christocentrique. Posséder Christ dans son cœur est ce qui rend l’homme objectivement « heureux ».
Déjà dans l’A.T., David disait : « Bienheureux l’homme dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert. Bienheureux l’homme à qui l’Eternel ne compte pas l’iniquité et dans l’esprit duquel il n’y a pas de fraude. » (Ps 32.1-2) Le bonheur commence avec le pardon de ses péchés.
Le bonheur se décline ensuite :
– dans la séparation du mal et la méditation de la Bible (notre Ps 1), – dans l’aide apportée aux autres : « Bienheureux l’homme qui comprend le pauvre ! Au mauvais jour, l’Éternel le délivrera. » (Ps 41.1)1
Voilà ce qu’est le bonheur selon la Bible, bien différent de celui des hommes cités ci-dessus ; et il peut être vécu même dans la souffrance (voir Matt 5.5-11 et les paradoxes des béatitudes).
Le chemin du juste (v. 1-3)
1 Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs, 2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, Et qui la médite jour et nuit ! 3 Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point : Tout ce qu’il fait lui réussit. |
Le chemin de la vie a deux faces :
La face négative — ce dont le juste s’abstient (v. 1)
– Il « ne marche pas dans le conseil des méchants ». Le « conseil », ici, c’est l’état d’esprit, la mentalité. Nous sommes plutôt appelés à « renverser les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, en amenant toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Cor 10.5). La séduction s’opère d’abord dans nos pensées. Elles ont besoin d’être renouvelées selon la pensée du Christ.
– Il « ne s’arrête pas dans le chemin des pécheurs ». Nos pensées influencent notre comportement, nos attitudes. Celui qui « s’arrête » est déjà séduit. Paul avertit les chrétiens galates : « Vous couriez si bien, qui vous a arrêtés ? » (Gal 5.1)
– Il « ne s’assied pas sur le banc des moqueurs ». Le pli des habitudes est pris pour celui qui « s’assied ». L’esprit critique vis-à-vis du monde qui se moque de Dieu est anesthésié. L’Esprit de Dieu est étouffé, attristé, éteint.
Il y a progression vers le mal pour celui qui ne court plus vers le but. Il marche d’abord, puis s’arrête et finalement s’assied à la table du monde. Le juste est appelé à se séparer moralement du monde (2 Cor 6.14-18), « tout en étant dans le monde ».
La face positive — ce que recherche le juste (v. 2)
Le juste trouve du plaisir dans la loi de l’Éternel. Pour nous, c’est toute la Parole, la révélation de Dieu, amplement suffisante pour la vie de tous les jours, dans toutes les situations.
Le juste la « médite » : sa pensée, son intelligence, son esprit sont engagés. Il « réfléchit », « se penche sur » le texte, pour le comprendre et s’y conformer.
Il la médite « jour et nuit ». Sa volonté intervient. Le secret d’une relation juste avec Dieu engage la raison, l’affection et la volonté du croyant. Est-ce à dire qu’il doit passer son temps à lire la Parole ? Ce n’est pas possible ni forcément souhaitable. Mais ses pensées et ses affections sont tournées vers Dieu en continu. Et son être entier se transforme ainsi progressivement.
Les caractéristiques du juste bienheureux — l’issue de la voie du juste (v. 3)
– « Il est comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux » : L’arbre est le symbole de la sécurité et de la solidité. Les cours d’eaux nous parlent du rafraîchissement donné par l’Esprit de Dieu (Jean 7.38 ; Éph 2.22 ; Tite 2.5-6).
– Il « porte du fruit en sa saison » : Chaque arbre porte des fruits selon son espèce et en sa propre saison. Les progrès du chrétien dans son chemin de sanctification diffèrent de l’un à l’autre. Ce qui compte, c’est de porter du fruit « en sa saison », en son temps. C’est l’affaire de Dieu. Notons encore que la croissance pour faire mûrir le fruit se fait sans bruit, tranquillement, mais il est aussi exposé aux tempêtes jusqu’à la récolte. « Je suis le cep ; vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit, car, séparés de moi (sans moi), vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.5)
– Son « feuillage ne flétrit point » : Cette image évoque la pérennité, la durabilité de la vie de foi.
– « Tout ce qu’il fait prospère » : Réussir sa vie ne signifie pas avoir du succès, mais avoir suivi la voie du Seigneur tracée pour chacun dans l’obéissance à sa Parole. Pour les uns, c’est plus palpable que pour d’autres : le fruit se voit dès maintenant. Pour d’autres, le fruit se révèlera après leur mort. Leur chemin de sanctification, fidèlement suivi avec méditation et prière, trouvera une merveilleuse issue : leurs œuvres ont été cachées devant les hommes, mais leurs prières auront été exaucés et ils verront les résultats dans la gloire. Engageons-nous résolument dans cette voie de la prospérité dans le Seigneur.
Le chemin des pécheurs non repentis (v. 4-5)
4 Il n’en est pas ainsi des méchants : Ils sont comme la paille que le vent dissipe. 5 C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement,Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes. |
Dans un texte qui rappelle notre Psaume, le prophète Jérémie a donné une très belle comparaison entre les deux voies, celle du juste et celle du méchant : « Ainsi parle l’Éternel : Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son cœur de l’Éternel ! Il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit point arriver le bonheur ; il habite les lieux brûlés du désert, une terre salée et sans habitants.
Béni soit l’homme qui se confie dans l’Éternel, et dont l’Éternel est l’espérance ! Il est comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines vers le courant ; il n’aperçoit point la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert. Dans l’année de la sécheresse, il n’a point de crainte, et il ne cesse de porter du fruit. » (Jér 17.5-8) « Les méchants » désignent les pécheurs : ce sont ceux qui ont rejeté Dieu, qui s’opposent à lui, qui se moquent de lui — en un mot, des pécheurs impénitents.
Les caractéristiques du pécheur impénitent
Il est « comme la balle ». La balle (ou la paille) est l’enveloppe des graines et des céréales. Plus légère que les graines, elle est emportée par le vent lorsque le vanneur lance en l’air le blé.
Les nations (És 17.13), le peuple de Dieu désobéissant (Os 13.3), le roi de Babylone, l’impie Belshatsar (Dan 4.22-27), sont comparés à la balle légère, qui n’a aucune valeur et qui va subir le jugement.
L’issue du pécheur impénitent
Le pécheur impénitent « ne subsistera pas au jour du jugement », pas plus que la balle ne peut résister au vent qui la chasse. Au jour du Seigneur, lors de l’établissement en puissance de son royaume de justice et de paix sur la terre, les pécheurs seront exclus de « l’assemblée des justes ». Jésus annonce le même jugement : « Retirez-vous maudits, allez dans le feu éternel préparé pour le diable et les anges. […] Ceux-ci iront dans le châtiment éternel et les justes dans la vie éternelle. » (Mat 25.41,46)
La voie des pécheurs mène à la « ruine », car « à la mort du méchant, son espoir périt, et l’attente des hommes iniques est anéantie. Le juste est délivré de la détresse et le méchant prend sa place. » (Prov 22.7-8)
Mais Dieu ne veut pas le jugement du pécheur. Il a donné son Fils unique pour que le pécheur ait la vie éternelle, s’il accepte de se repentir (Jean 3.16).
Le suprême juge à l’issue des deux chemins (v. 6)
6 Car l’Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine |
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Dieu est omniscient (Ps 139.1-6). Le Seigneur connaît ses brebis ; il connaît ceux qui lui appartiennent (Jean 10.14 ; 2 Tim 2.19). Par contraste, il dit aux méchants : « Je ne vous ai jamais connus. » (Mat 7.23)
Cette connaissance de Dieu envers chacun d’entre nous inclut aussi sa sollicitude à notre égard : « Tu connais les angoisses de mon cœur. » (Ps 31.8)
Quel merveilleux jour pointe à l’horizon lorsqu’il reviendra ravir son Église et ressusciter les morts en Christ : « Alors nous connaîtrons comme nous avons été connus » (1 Cor 13.12) !
Quelle perspective extraordinaire — celle des pécheurs pardonnés. Quelle perspective terrible — celle des pécheurs qui ont refusé la grâce de Dieu. Il n’y a pas de troisième voie, de voie médiane.
1Ces versets sont les trois textes du 1er Livre des Psaumes qui commencent par « Heureux ». Au total, le mot « heureux » revient 26 fois dans tous les Psaumes : 1.1 ; 2.12 ; 32.1,2 ; 33.12 ; 34.9 ; 40.5 ; 41.2 ; 65.5 ; 84.5,6,13 ; 89.16 ; 94.12 ; 106.3 ; 112.1 ; 119.1,2 ; 127.5 ; 128.1,2 ; 137.8,9 ; 144.15 (2 x) ; 146.5.
- Edité par Lüscher Henri
Promesses 174 – Dossier
DE L’ÂME QUI A SOIF AU CŒUR QUI DÉBORDE PSAUMES 42 A 45
Plus que de toute autre partie du Saint Livre, l’on ne s’approche du livre des Psaumes qu’avec une crainte respectueuse. Pourquoi donc ? Nous le comprendrions aisément si nous découvrions, par exemple, dans le vieux grenier de nos arrière-grands-parents, un recueil de leurs prières, de leurs louanges à Dieu. Nous lirions avec émotion, non le récit des circonstances qu’ils ont vécues, mais les exercices de leur âme devant Dieu, ce qu’ils ont dit à Dieu, dans la souffrance comme dans la joie. Nous pourrions peut-être par une lecture plus approfondie, toujours émus et respectueux, reconstituer en partie les circonstances que nos arrière-grands-parents ont traversées.
Il en est ainsi du livre des Psaumes.
Des Psaumes des fils de Coré
Les Psaumes 42 à 45 commencent le deuxième livre des Psaumes. Ils font partie des onze écrits par les fils de Coré et des douze ou treize dits « Psaumes d’instruction »1. « Les fils de Coré » dont les pères tombèrent sous le jugement de Dieu (Nom 16) « ne moururent pas » (Nom 26.11). Ils gardèrent certainement de cet épisode tragique du désert, d’une part le sentiment de la sainteté de Dieu, d’autre part de son infinie miséricorde qui les avait épargnés. Ils furent par la suite de vrais lévites, attachés au sanctuaire — déjà au désert, puis après l’établissement dans le pays (1 Chr 9.17-34). Ils en gardaient l’entrée (v. 19), poste de confiance. Samuel lui-même en était un descendant (1 Chr 6.22-28). Lui aussi était portier (1 Sam 3.15). Au temps glorieux de David et Salomon, les fils de Coré étaient encore portiers (1 Chr 26). Venant de leurs villages, de sept jours en sept jours, ils veillaient fidèlement aux portes (1 Chr 24-26), « sur les trésors de la maison de Dieu et ils se tenaient la nuit autour de la maison de Dieu, car la garde leur en appartenait, et ils en avaient la clef pour ouvrir chaque matin » (1 Chr 9.26-27). Poste de responsabilité, fonction pleine de risques. Ils ne la considéraient pas comme purement administrative, mais tout leur amour était tourné vers Dieu et sa maison. Plus encore, ils étaient sur le « seuil de la maison de mon Dieu » (Ps 84.10).
Psaumes 42 et 43
Aussi quel désastre, quel désarroi, quelle douleur pour eux, quand ces trésors qu’ils avaient si fidèlement gardés furent arrachés du temple et emportés à Babylone, quand cette maison dont ils avaient si souvent gardé les seuils fut « brûlée » et livrée à la destruction (2 Chr 36.18-19). Plus de « voix de triomphe et de louange », plus de « multitude en fête ». Le souvenir même en était maintenant douloureux (Ps 42.4). Ce fils de Coré parlant personnellement, dit à Dieu dans ces Psaumes 42 et 43, toute sa souffrance, tout son abattement (42.5,6,7 ; 43.5), et lance vers lui de douloureux « pourquoi » (42.5,9 ; 43.2,5).
Dans sa situation déjà pénible, des adversaires ajoutent la provocation : « Ils disent tout le jour : où est ton Dieu ? » (42.3,10)
Mais au travers de tout ce désastre, de toute cette souffrance, ce fidèle s’attache à son Dieu. Il a même soif de lui (42.2). Sa foi affirme que, malgré tout, la bonne attitude est encore de « s’attendre à Dieu ». Il s’exhorte lui-même dans cette attitude (42.5,11 ; 43.5). De plus, il demande lumière et vérité pour être conduit (43.3) Il désire venir à « l’autel de Dieu » comme autrefois pour célébrer Celui qu’il appelle « mon Dieu » (43.4).
Arrêtons-nous un instant sur la merveilleuse parole de ce fidèle : « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant » et posons-nous la question : mon âme a-t-elle soif de Dieu ? Nous pouvons aussi avoir soif de beaucoup d’autres choses. Le champ de nos désirs est immense, mais avoir « soif de Dieu », c’est une chose étrange et merveilleuse. Toutefois, si « la soif de Dieu » est une chose mille fois préférable à l’indifférence, elle représente un manque, c’est une souffrance.
Notre Psalmiste n’en est pas au bouillonnement de son cœur quand il compose le Psaume 45 ; mais il a déjà soif de Dieu. Si, dans la souffrance, nous avons soif de Dieu, nous sommes aussi sur ce chemin-là.
Psaume 44
Au Psaume 44, le psalmiste s’identifie maintenant avec tout son peuple et remplace le « je » par le « nous ».
Il se souvient encore « des jours d’autrefois » (44.1). Il rappelle à Dieu les manifestations de sa puissance miséricordieuse envers son peuple (44.1-8). Alors le douloureux « mais » du v. 9 sonne comme un glas. Encore, il dit à Dieu toute sa souffrance en constatant cette chose étrange et terrible : Dieu est contre son peuple, à cause de l’infidélité de ce dernier (44.9-14). Ce qu’il dit alors est magnifique : « Tout cela nous est arrivé et nous ne t’avons pas oublié, et nous n’avons pas été infidèles à ton alliance. » (44.17-18)
Arrêtons-nous un instant pour retenir « l’instruction ». Il y a un fort parallèle entre Israël et les chrétiens. Ces derniers furent infidèles à leur Dieu à plusieurs occasions et, en conséquence, bien des manifestations extérieures de l’approbation divine telles qu’on les voyait aux premiers temps de l’Église, nous font aussi défaut. Mais pouvons-nous dire comme le Psalmiste : « Tout cela nous est arrivé, et nous ne t’avons pas oublié » ? Dans un contexte pénible de divisions, de fragmentations de l’Église, nous pouvons néanmoins « ne pas oublier », « persévérer dans la fraction du pain ».
Le Psalmiste lance encore deux douloureux et émouvants « pourquoi » : « Pourquoi dors-tu Seigneur ? », « Pourquoi caches-tu ta face, et oublies-tu notre affliction ? » (44.23-24) et un ultime appel : « Lève-toi, aide-nous et rachète-nous à cause de ta bonté. » (44.26)
Psaume 45
Le ton du Psaume 45 change complètement. Enfin, le cœur du Psalmiste bouillonne. Sortant de sa douloureuse histoire personnelle (Ps 42 et 43) et de l’histoire non moins douloureuse de son peuple (Ps 44), il en vient à contempler une Personne extérieure à lui, à son peuple, sans aucun doute, le Messie qui viendra en puissance et en majesté. Voilà le secret de ce cheminement, de ce revirement. Il compose « au sujet du roi » (45.1). Il décrit ce Messie, ce Roi à venir. Plus, il lui parle : « Tu es plus beau que les fils des hommes » (45.2) Il est plein de « grâce », de « débonnaireté » (45.2,4) mais aussi d’autorité majestueuse, de « vérité » de « justice ». Il est muni « d’un sceptre de droiture » (45.3,4,5,6).
Ce Roi, ce Messie à venir sera « béni » et « oint » par Dieu lui-même (45.2,7). Son peuple repenti et revenu à lui, lui sera comme « des compagnons » (ceux qui mangent le pain avec) (45.7), comme « une reine » dont le roi « désire la beauté » (45.9). Comme « la fille de Tyr » autrefois, les nations rechercheront sa faveur (45.12). Jérusalem sera amenée à ce roi, mais aussi, telles des vierges qui suivent le cortège nuptial, les villes de Juda participeront à « la joie » et à « l’allégresse » de ce règne (45.14,15).
Le Psalmiste parle encore à ce Roi à venir : « Au lieu de tes pères, tu auras des fils. » (45.16) C’est un peuple nouveau, celui de la nouvelle alliance.
Jusqu’au bout de sa composition, son « cœur bouillonne » pour son Roi, « sa langue est le style d’un écrivain habile » pour proclamer « son nom » et « le célébrer » (45.17).
Recevons encore « instruction »
Il ne faut point nous contenter d’avoir soif ; il nous faut parvenir comme le psalmiste au bouillonnement du cœur. Le pourrions-nous, nous aussi, en regardant notre douloureuse histoire passée ou celle de l’Église ?
Non point, mais en contemplant Celui que « Dieu a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance …» À qui « il a assujetti toute chose » (Éph 1.20-21). Celui qui revient chercher l’Église (1 Thes 4.16-17) ; qui revient établir son règne en puissance et en gloire en y associant les siens (Marc 13.26 ; 1 Cor 15.25 ; 2 Tim 2.12). Les siens encore sur la terre, mais qui le « considèrent » (Héb 3.1), fixent leurs yeux sur lui (Héb 12.2) et savent que rien — ni leur histoire, ni celle de l’Église ou du monde — ne peut ébranler son cœur ou son trône. Depuis la terre déjà, l’Église l’acclame et chante la gloire du Ressuscité.
Seigneur accorde-nous la grâce, au milieu des souffrances du temps présent, de faire et refaire comme ce fils de Coré, le chemin de l’âme qui a soif au cœur qui déborde d’amour pour toi. Amen !
1Le Psaume 43 semble bien, au vu de son contenu, être écrit par le même auteur que le Psaume 42.
- Edité par Jouve Lucien
DIEU ET MOI DANS LE PSAUME 139
Dieu est immense et que dès qu’on se penche sur sa personne, on est vite impressionné :
– Plusieurs dizaines de noms lui sont attribués : Dieu de force, de puissance, des armées, Celui qui est, le Créateur, le Seigneur. Ces noms décrivent parfois de façon imagée son action : le lion, l’aigle, l’agneau, la poule…
– Plusieurs dizaines de qualités lui sont attribuées – il est tout puissant, il est impassible, il est amour, autonome, éternel, etc.
Dès qu’on plonge son regard dans la personne de Dieu, on est émerveillé. Et pourtant, cela pourrait être fastidieux d’énumérer les qualités du Seigneur, sans réaliser la différence que Dieu fait dans une vie. C’est comme si vous me demandiez que je vous décrive mon épouse. Si je vous disais : « Elle fait 1 m 70, elle a les yeux bleus, et quelques cheveux blancs », je ne communiquerais pas une grande sympathie dans notre relation. Si je vous dis par contre : « J’aime beaucoup poser ma tête sur la sienne parce qu’elle est un tout petit peu plus petite que moi, ses yeux bleus font fondre mon cœur chaque fois qu’elle me regarde, et elle est en train de se tresser une couronne de gloire avec quelques cheveux blancs », c’est une description qui reflète l’amour que je lui porte…
Dans le Psaume 139, David parle de Dieu — pas comme un catalogue de vérités sur Dieu, mais comme une célébration de ce que Dieu fait dans une vie. David associe ces qualités divines à sa vie personnelle. Dieu n’est pas une série de faits. Il est une personne qui cherche la communion avec ses enfants, qui se révèle à ses enfants… Ce Psaume présente quatre qualités de Dieu pour nous encourager.
Omniscience
Dieu connaît tout de moi (v. 1-6)
1 Éternel ! tu me sondes et tu me connais, 2 Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu comprends de loin ma pensée ; 3 tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies. 4 Car la parole n’est pas sur ma langue, que déjà, Éternel ! tu la connais entièrement. 5 Tu m’entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi. 6 Une telle science est trop merveilleuse pour moi, trop élevée pour que je puisse la saisir. |
La première qualité de Dieu que David décrit est l’omniscience, la « toute connaissance » de Dieu : Dieu sait tout, connaît tout, comprend tout (1 Jean 3.20 ; Job 37.16 ; Héb 4.13). Mais là encore, il possède plus qu’une information sur les hommes. Il me connaît moi, personnellement, intimement, comme nul autre ne me connaît.
– Il me « sonde » : le verbe dénote un regard complet, attentionné. Il ne regarde pas de façon superficielle.
– Il me « connaît » : il perçoit et prend directement connaissance de ce que je suis.
– Il me « comprend » : ce verbe pourrait être traduit par « disséquer » ; Dieu connaît mon cœur comme nul autre (Jér 17.9-10).
Dieu ne connaît pas seulement les choses importantes qui secouent le monde, mais les détails les plus anodins de ma vie : mes mouvements quotidiens (v. 3a), mes pensées (v. 2b,3b), mes paroles (v. 4). Jésus rajoutera que même les cheveux de nos têtes sont comptés (Matt 10.30).
Non seulement Dieu connaît les moindres recoins de ma vie, mais en plus il connaît précisément mon futur (v. 4) : avant que je parle, Dieu sait ce que je vais dire !
Comment vivre cette partie du Psaume ?
– par la louange, l’émerveillement (v. 6),
– en intégrant le Seigneur dans tous les aspects de mon existence : l’un des dangers de la vie chrétienne, c’est de sortir Dieu de nos joies, pour ne l’intégrer qu’à nos épreuves ; ou bien de sortir Dieu de nos épreuves, par stoïcisme, pour ne l’intégrer qu’à nos louanges ;
– par la confession de mes péchés : avec Dieu, il est impossible de se cacher ; il met le doigt sur toutes nos manipulations, connaît toutes nos motivations, lit toutes nos pensées.
Alors, puisqu’il sait tout, pourquoi le tenir à l’écart ?
Omniprésence
Dieu est toujours près de moi (v. 7-12)
7 Où irais-je loin de ton Esprit et où fuirais–je loin de ta face ? 8 Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà. 9 Si je prends les ailes de l’aurore, et que j’aille demeurer au-delà de la mer, 10 là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. 11 Si je dis : Au moins les ténèbres me submergeront, la nuit devient lumière autour de moi ; 12 Même les ténèbres ne sont pas ténébreuses pour toi, la nuit s’illumine comme le jour, et les ténèbres comme la lumière. |
Dieu est partout présent — ou plutôt, il n’y a nul endroit où il ne se trouve. On ne peut le fuir, pas même par la mort (v. 8b). David réalise qu’il est gardé en tout lieu par la présence de Dieu : Dieu est toujours près de lui (v. 10a).
Cette notion d’omniprésence est difficile à comprendre. D’un côté, Dieu est présent partout, d’un autre il est sur son trône ou s’incarne en Jésus. Il ne peut tolérer le mal, et il côtoie pourtant le diable en son omniprésence.
Dieu est pleinement présent en tout point de l’espace, sans toutefois agir de la même manière en chacun de ces points :
– Il est pleinement présent : Il n’y a pas une partie de Dieu au ciel, et une autre partie sur terre. Il ne remplit pas l’espace comme l’eau remplit un verre. C’est l’intégralité de son être qui est partout présente. Il ne faut pas penser en terme d’un volume, d’une dimension car Dieu est esprit, et il est au-delà de l’espace qu’il a créé (1 Rois 8.27).
– Sans agir de la même manière : Dieu est présent parfois pour punir (Amos 9.1-4), pour soutenir (Héb 1.3), pour bénir (Ps 16.11). Dieu est dans le cœur de ses enfants, mais pas dans celui de ceux qui ne sont pas croyants.
Que faire de l’idée que je ne peux m’éloigner de la présence de Dieu ?
– Louer : Dieu m’accompagne partout. Quel privilège !
– Être réaliste sur le péché : Certains péchés sont très visibles, ou affectent beaucoup de personnes, tant par leurs effets que par la manière dont ils se font ; ils sont connus par d’autres. Certains péchés sont discrets ; ils sont réalisés dans le secret des cœurs, dans l’imagination. Mais Dieu est présent à l’intérieur de nous-mêmes. Comment ne pas reconnaître nos fautes devant lui ?
– Décider de le suivre : Je ne peux pas me détacher du Seigneur. Il est, pour mon bien, à jamais soucieux de m’accompagner.
– Ne plus avoir peur : Il n’est pas de table d’opération où Dieu est absent. Il n’est pas de situations que Dieu trouverait profondes, trop dangereuses. Je peux envoyer mes enfants dans un pays étranger — et savoir que le Seigneur les accompagne.
Souveraineté
Dieu a un plan pour moi (v. 13-18)
13 C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tenu caché dans le sein de ma mère. |
Troisièmement, David s’émerveille de la souveraineté de Dieu sur sa vie, du début à la fin. Plus que l’omnipotence de Dieu, cette partie développe l’idée que Dieu, mon créateur, a un projet pour moi.
Avec délicatesse, j’ai été créé, formé, caché, pétri ; mieux, « tissé » (v. 15 — c’est presque de l’embryologie !). Je ne suis pas une créature issue du hasard.
Non seulement Dieu est maître du début de mon histoire, mais encore de sa fin. Je ne mourrai pas un jour plus tôt ou plus tard que le jour fixé par Dieu. Jésus dit d’ailleurs de ne pas s’inquiéter, car ce n’est pas cela qui rallongera mon existence. Bref, je suis un homme ou une femme que Dieu a voulu, une créature merveilleuse.
Comment vivre cette souveraineté de Dieu ?
– Encore une fois, par la louange ! David commence cette section avec une exclamation : « C’est toi ! », reconnaissance heureuse de l’œuvre puissante de Dieu. La louange des v. 17 à 18 est probablement l’émerveillement face à toutes ces qualités de Dieu. Qu’il est grand, tellement au-delà de toutes nos pensées !
– Par le respect de mon corps : J’ai été créé à l’image de Dieu, et Dieu a créé mon corps avec une touchante attention. J’ai lu le récit d’un couple dont l’épouse ne se sentait pas belle et cela la gênait considérablement dans ses rapports avec son mari. Tendrement, cet homme l’a placée devant un miroir et lui a demandé de louer Dieu pour chaque partie de son corps. Dieu m’a fait à son image, au-delà de toute logique génétique, au-delà de tout handicap de naissance ou acquis. Je le reflète et il a sa main sur moi. Plus encore, avec ma conversion, ce corps est devenu le temple du Saint Esprit (1 Cor 6.19).
– Par le respect de la vie : Un enfant existe dès la conception. La Bible souligne la continuité de l’existence du ventre de la mère à l’enfant qui respire. Il est impossible de valider l’avortement, ou les techniques de contraceptions abortives. Pour autant, un Dieu de grâce accueille toujours celle qui s’est prêtée à de tels gestes et qui s’en repent.
– En me réjouissant de ce projet bienveillant de Dieu : si mes parents ne m’ont pas vraiment voulu, si la société ne m’a pas vraiment voulu, Dieu, lui, m’a voulu ! Je peux me réfugier en Dieu, en son amour pour moi, dans sa compréhension de ce que je suis.
– En ayant confiance : La vie en général, et la vie chrétienne en particulier, n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des combats, des épreuves, des tentations, des chutes… (Prov 24.16). Mais Dieu reste souverain.
Justice
Dieu jugera mes ennemis (v. 19-24)
19 O Dieu, si seulement tu faisais mourir le méchant ! Hommes de sang, écartez–vous de moi ! 20 Ils parlent de toi d’une manière infâme, ils prennent (ton nom) en vain, eux, tes adversaires ! 21 Éternel, n’aurai–je pas de la haine pour ceux qui te haïssent, du dégoût pour ceux qui se soulèvent contre toi ? 22 Je les hais d’une parfaite haine ; ils sont devenus pour moi des ennemis. 23 Sonde–moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve–moi, et connais mes préoccupations ! 24 Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis–moi sur la voie de l’éternité ! |
Dans cette quatrième strophe, le ton change radicalement. On passe d’attributs de Dieu paisibles et encourageants à ses attributs de sainteté et de justice. David exprime des émotions très fortes : du dégoût, de la haine… Ces expressions paraissent violentes à la lumière du N.T., mais c’est une impression erronée : au cri de David, répond la prière des martyrs (Apoc 6.10). Et c’est parce qu’un jour un jugement aura lieu, que les chrétiens peuvent, avec confiance, pardonner ceux et celles qui les ont offensés. Parce que pardonner, c’est laisser à Dieu le soin de juger. C’est exprimer au Seigneur sa colère et son ressentiment, et les laisser à ses pieds, sachant qu’il fera justice.
Le Psaume se termine par une prière, d’autant plus importante que David est animé d’un désir de justice, et que ce sentiment pourrait le faire basculer dans l’amertume.
Comment vivre cette partie ?
– Par la confiance face au harcèlement : Un jour ou l’autre on a dû faire face au harcèlement d’un collègue, d’un patron, d’un voisin ou d’un membre de sa famille. Un jour ou l’autre, on a été confronté à l’impossibilité d’obtenir réparation, ou de résoudre des relations difficiles. Dieu n’est pas absent de cette irritation. Il la connaît, la mesure, la chiffre, et il en sera juge. Quelle sérénité !
– Quelle sérénité de lui laisser le soin de juger, et de lui demander que nos cœurs soient rendus souples. Pensons à confesser nos péchés. Prions pour que nous nous jugions nous-mêmes avant de juger les autres. Dieu nous conduira ainsi « sur la voie de l’éternité » (v. 24).
- Edité par Varak Florent
Un Psaume particulier
Le Psaume 119 diffère de la plupart des Psaumes en ce qu’il n’est pas un chant spontané, mais plutôt un écrit soigneusement structuré et composé. C’est un psaume acrostiche, parce que chacune de ses 22 strophes commence par une lettre de l’alphabet hébreu. Les psaumes acrostiches, bien que beaucoup plus difficiles à écrire, étaient ainsi plus artistiques et aussi plus faciles à mémoriser. Le Psaume 119 est probablement le plus élégant des psaumes acrostiches, en ce que chacune de ses 22 strophes contient 8 versets et chacun de ces 8 versets commence par la même lettre de l’alphabet. Cela donne un total de 176 (= 22 x 8) versets artistiquement disposés.
« Tes statuts sont le sujet de mes cantiques. » (v. 54) Dans notre culture, il est difficile d’être ému en pensant au mot « loi ». Nous l’associons habituellement à des règles et des stipulations, comme le faisaient les Romains. Les Grecs, cependant, utilisaient le mot « loi » pour parler de coutumes ou de traditions. Les Juifs, comme l’auteur du Psaume 119, utilisaient le mot « loi » ou torah pour désigner l’ensemble de l’enseignement, de l’instruction ou de la révélation de Dieu — ce qui, bien sûr, inclut les lois ou règles formelles données de Dieu, mais beaucoup plus encore. Afin d’en saisir toute l’étendue, l’auteur de ce psaume fait usage de 8 mots différents : loi (singulier, torah), lois (pluriel), parole, statuts (ou témoignages), commandements, décrets, préceptes et promesse.
Pourquoi se tourmenter ?
Le psalmiste ne fait aucun secret des raisons qui l’attirent vers la Parole de Dieu. Dans son esprit, beaucoup de bienfaits sont réservés à ceux qui choisissent de méditer la Parole de Dieu.
1. La Parole de Dieu est vérité (v. 151)
Une vraie compréhension de la vérité conduit à la liberté. Il aime la Parole de Dieu parce que Dieu l’a utilisée pour élargir son cœur (v. 32), et son désir est de continuer à « marcher au large » (v. 45). En tant que chrétiens, nous pouvons également vivre sous le lien de pressions sociales ou religieuses visant à nous soumettre à des règles. Nous pouvons également être liés par nos propres attentes. C’est en comprenant correctement la vérité des Écritures que nous serons libérés et pourrons jouir de notre nouvelle vie en Christ.
2. La Parole de Dieu est parfaite (v. 96)
La technologie et les idées humaines ont toujours besoin de révision, de correction ou de mise à jour. Mais la Parole de Dieu est parfaite et ne peut pas être améliorée. « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant d’après ta parole. » (v. 9). Et pour les hommes plus âgés et les femmes, la recette est la même ! Bénis et heureux sont ceux qui choisissent de prendre la parfaite Parole de Dieu pour base de leur vie (v. 1). Ils ne peuvent pas se tromper !
3. La Parole de Dieu est éternelle (v. 160)
Les lois fiscales sont valables un certain temps. Puis elles changent. Les politiciens, comme les pop stars et les gourous économiques, font l’actualité pendant un temps. Et puis cela change. Notre foi repose sur la Parole éternelle et immuable de Dieu, une ancre sûre dans un monde temporaire qui évolue. « Il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment ta loi. » (v. 165)
4. La parole de Dieu est la Parole de Dieu
Le psalmiste n’est pas d’abord un amoureux des livres et des écrits, mais quelqu’un qui aime passionnément son grand Dieu. Il est attiré non par l’amour des lois et des commandements, mais parce qu’elles sont « tes » lois et « tes » commandements. Il est en relation spéciale avec Dieu, il a appris à écouter sa voix au travers des Écritures, car c’est Dieu qui l’enseigne (v. 102). Les Écritures sont toujours le premier moyen que Dieu utilise pour communiquer avec son peuple. Voulez-vous que Dieu vous parle ? Lisez la Bible !
Tirer profit de la Parole de Dieu
On ne peut pas s’empêcher de remarquer l’enthousiasme de l’auteur au sujet de la révélation écrite de Dieu, et c’est contagieux.
– 1. Il est très positif à son sujet : « Je fais mes délices de tes statuts » (v. 16) ; « tes préceptes sont admirables » (v. 129) ; « je les aime beaucoup » (v. 167). Si seulement nous aimions et apprécions la Parole de Dieu comme le psalmiste !
– 2. Il est humble devant elle : « Je crains tes jugements » (v. 120) ; « mon cœur ne tremble qu’à tes paroles » (v. 161). Apprécions-nous de la même manière l’autorité de la Parole révélée de Dieu ? l’acceptons-nous humblement et avec révérence ? ou bien la discutons-nous et essayons-nous d’adapter sa claire signification à ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas ?
– 3. Il s’attend à ce que Dieu lui parle à travers elle : J’aime l’expression physique d’anticipation de l’auteur lorsqu’il se prépare à lire et méditer la Parole de Dieu : « J’ouvre la bouche et je soupire, Car je suis avide de tes commandements » (v. 131) ; « Mon âme est brisée par le désir qui toujours la porte vers tes lois » (v. 20). Notre attitude au moment d’ouvrir la Parole de Dieu est-elle la même ?
– 4. Il est déterminé à lui obéir : « Je garderai ta loi constamment, à toujours et à perpétuité. » (v. 44) La conversion est marquée par la décision de se livrer soi-même à Christ. De la même manière, la croissance dans la vie chrétienne est fondée sur la décision ferme d’obéir à la Parole de Dieu, quoi qu’on y trouve. « Ma part, c’est de garder tes paroles. » (v. 57) Comme les vœux de mariage, « je jure, et je le tiendrai, d’observer les lois de ta justice » (v. 106).
– 5. Il cherche à la comprendre et à lui obéir : « Ouvre mes yeux pour que je contemple les merveilles de ta loi ! » (v. 18) ; « Enseigne-moi, Éternel, la voie de tes statuts. […] Donne-moi l’intelligence, pour que je garde ta loi et que je l’observe de tout mon cœur ! » (v. 33-34) Nous subissons tous dans notre vie différentes pressions sociales, et nous avons tous nos goûts et nos dégoûts… Nous avons besoin d’un cœur sincère et de l’aide de Dieu pour éviter de tirer de mauvaises conclusions des Écritures.
– 6. Il passe du temps avec elle : Pour l’auteur, la Parole de Dieu n’est pas juste de la nourriture pour événements spéciaux, ou pour le dimanche. Pendant la journée, son esprit y retourne : « Elle est tout le jour l’objet de ma méditation » (v. 97) ; « Je devance les veilles et j’ouvre les yeux, pour méditer ta parole. » (v. 148)
– 7. Il prend ses décisions à sa lumière : Il s’efforce d’appliquer les principes de la Parole de Dieu à sa vie de tous les jours : « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. » (v. 105). Laissez-vous la Parole de Dieu répandre sa lumière sur votre sentier ? dans quelle mesure influence-t-elle votre processus de décision ? fait-elle la différence dans votre vie de famille et dans votre vie professionnelle ?
– 8. Il admet qu’il en dévie : Nous, les évangéliques, avons du mal à admettre nos écarts personnels. Mais pas le psalmiste. Lorsqu’il regarde autour de lui, ses « yeux répandent des torrents d’eau, parce qu’on n’observe point ta loi » (v. 136). Et pourtant, il finit son chant en admettant avec chagrin : « Je suis errant comme une brebis perdue. » (v. 176) Il implore qu’aucune iniquité ne domine sur lui (v. 133). Ressentez-vous également le chagrin de vos propres écarts particuliers ? Lorsque nous essayons de conserver l’image artificielle du chrétien sans problème, il est difficile d’entendre le Seigneur nous parler. Mais le psalmiste a également trouvé que « tes compassions sont grandes, ô Éternel ! » (v. 156), et en conséquence, il s’abandonne dans ses bras pleins d’amour. Êtes-vous intègre ? essayez-vous de cacher quelque chose ? Tournez-vous vers le Seigneur et ouvrez-vous à lui. Sa grandeur et ses compassions sont toujours les mêmes aujourd’hui !
S’arrêter et réfléchir
L’un des arts perdus de notre société moderne, affairée et orientée vers les résultats, est celui de la contemplation ou de la méditation. Nous faisons tant, nous voyons tant — et nous nous arrêtons si peu pour peser la signification de ce que nous vivons. Notre culture est celle d’un peuple superficiel. Dans l’Écriture, cet homme de Dieu est appelé à réfléchir et considérer, à peser les choses. Dans ce psaume, son auteur s’arrête pour réfléchir sur au moins quatre sujets :
– 1. La Parole de Dieu : « Moi, je médite sur tes ordonnances. » (v. 78) Méditer veut dire tourner et retourner un verset dans nos pensées, en en soulignant les différents mots, tout en nous demandant : « Qu’est-ce que le Seigneur essaie de me dire ? » Si nous ne méditons pas les Écritures, nous n’aurons jamais de changement dans notre mode de vie, ni ne développerons de convictions.
– 2. Ses propres voies : « Je réfléchis à mes voies, et je dirige mes pieds vers tes préceptes. » (v. 59) Avez-vous réfléchi à la manière dont vous dépensez actuellement votre temps et votre argent ? avez-vous considéré la manière dont vous influencez l’atmosphère de votre foyer et de votre église locale ? À moins que vous n’en décidiez autrement, votre vie, comme une rivière, s’écoulera dans le sens de la résistance la plus faible. « Toutes mes voies sont devant toi » (v. 168), mais ai-je pris le temps de les connaître moi-même ?
– 3. Les œuvres de Dieu : « Je méditerai sur tes merveilles. » (v. 27) Nous sommes encouragés et enseignés lorsque nous relevons les œuvres de Dieu dans l’Écriture et dans l’histoire : la création, les miracles de l’A.T. et du N.T., les grands réveils, les biographies d’hommes de Dieu… Mais nous savons que Dieu agit toujours dans le monde d’aujourd’hui. Prenons-nous la peine de nous arrêter et de réfléchir sur ce que Dieu fait dans nos vies et autour de nous, dans les circonstances « normales » et exceptionnelles de notre quotidien ?
– 4. Les voies de Dieu : « Je médite tes ordonnances ; j’ai tes sentiers sous les yeux. » (v. 15) C’est en réfléchissant sur l’œuvre de Dieu au travers du temps que nous pourrons commencer à appréhender les voies (ou « sentiers ») de Dieu, ses itinéraires habituels. Nous ne pourrons jamais pleinement comprendre les voies de Dieu, mais nous pouvons y relever des principes. Par exemple, le psalmiste relève que l’une des raisons possibles à l’affliction est la désobéissance : « Avant d’avoir été humilié, je m’égarais. » (v. 67) Au lieu de se plaindre, il a prié : « C’est par fidélité que tu m’as humilié » (v. 75), et a alors conclu : « Il m’est bon d’être humilié, afin que j’apprenne tes statuts. » (v. 71) Voyons-nous de cette manière certaines de nos afflictions ? Lorsque je médite sur les voies de Dieu, l’une des choses qui me fascinent est l’amour de notre Seigneur pour la diversité et la surprise (alors que nous nous sentons habituellement plus à l’aise dans l’uniformité et la prédictibilité). Au fil des ans, nous devons inévitablement arriver à la même conclusion que celle du psalmiste : « Tu es bon et bienfaisant. » (v. 68) Alléluia !
La séquence correcte
La plupart des processus naturels se déroulent suivant un ordre ou une suite logique. Avant de moissonner, il faut semer. Avant d’enseigner, il faut apprendre. Nous trouvons aussi des éléments de progression dans ce psaume.
– 1. Apprendre : « Enseigne-moi » (v. 12) est la prière du psalmiste, car son désir est d’« apprendre les lois de ta justice » (v. 7). Avons-nous le désir de croître dans la connaissance des Écritures ? J’ai observé qu’habituellement, le jeune croyant est avide de creuser dans la Parole avec un cœur et un esprit ouverts. Mais au bout d’un ou deux ans, nous pensons en savoir assez au sujet de la Bible, nous croyons que nos arguments théologiques sont maintenant fermement en place, et nous nous arrêtons tout simplement de prier : « Enseigne-moi » !
– 2. Prendre à cœur : La prière du psalmiste est : « Incline mon cœur vers tes préceptes. » (v. 36) C’est une chose de connaître par notre esprit la Parole de Dieu, une autre de l’accepter dans notre cœur. Il a été dit que le voyage de 50 cm le plus lent est celui qui va de notre tête à notre cœur ! Mais jusqu’à ce que nous acceptions la vérité dans notre cœur, elle n’affectera pas notre échelle de valeurs et n’influencera donc pas notre conduite. « Je serre ta parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi. » (v. 11)
– 3. Obéir et se réjouir : La joie dans la vie chrétienne n’est pas la satisfaction mentale découlant de nombreuses assertions exactes dans notre esprit. Ce n’est pas non plus la satisfaction de savoir que vous avez raison et de prouver aux autres qu’ils ont tort. Non, la joie vient quand nous sentons le plaisir du Seigneur à nous voir vivre les vérités qui ont passé de notre tête dans notre cœur. « Je me hâte, je ne diffère point d’observer tes commandements. » (v. 60)
– 4. Enseigner : Ce n’est que lorsque la vérité de Dieu s’est installée avec bonheur dans notre cœur et a été éprouvée par notre obéissance personnelle que nous sommes en mesure de « parler de tes préceptes devant les rois » (v. 46). Ce n’est pas la connaissance qui attire les autres au Seigneur et à sa Parole, mais la connaissance vécue. Oui, les beautés et les grâces de la loi de Dieu ne sont pas réservées à quelques privilégiés. Nous avons la responsabilité de les partager, de les faire connaître autour de nous.
Une relation heureuse
Bien que le thème principal du Psaume 119 soit la Parole de Dieu, il ne serait pas correct de dire qu’il a pour sujet la Parole de Dieu. Nous avons vu que ce psaume est beaucoup plus riche, en montrant comment Dieu utilise sa Parole pour changer la vie et la destinée du croyant, et comment le croyant utilise la Parole de Dieu pour progresser dans sa vie et connaître son Seigneur. Les Écritures sont la clé d’une relation toujours plus étroite avec Dieu. Au sein des épreuves et des difficultés, le psalmiste a appris à ressentir la présence de son Seigneur : « Tu es proche » (v. 151) et à se reposer sur la certitude que « tu es mon asile et mon bouclier » (v. 114). Le Seigneur ne se révèle qu’à ceux qui choisissent de vraiment le rechercher. Aimez-vous être avec le Seigneur ? croissez-vous dans son intimité ? Cher frère, chère sœur, ne nous installons pas dans une profession chrétienne doctrinalement correcte, mais sans vie. Nous sommes maintenant des enfants de Dieu, apprenons à jouir de la communion avec notre Père. « Heureux ceux qui gardent ses préceptes, qui le cherchent de tout leur cœur. » (v. 2)
- Edité par Nunn Philip
PSAUME 133
Charles Spurgeon
L’article qui suit est traduit du Treasury of David, de Charles Spurgeon. Spurgeon est un pasteur baptiste anglais du xixe siècle qui est resté dans l’histoire comme un des prédicateurs les plus puissants de tous les temps. Écrivain prolifique, il rédigea un commentaire de tous Psaumes qui parut dans le périodique The Sword and the Trowel, pendant une vingtaine d’années. L’épouse de Spurgeon dit que ce commentaire était l’œuvre littéraire à retenir parmi les milliers de pages écrites par son mari. Nous avons conservé le style typique des prédications du xixe siècle, un peu désuet, mais dont la saveur demeure.
« Voici, oh ! qu’il est bon et qu’il est agréable… »
« Voici, oh ! » : C’est une merveille qu’on ne voit pas souvent ; aussi faites-y attention ! Elle peut être vue, car elle est la caractéristique des vrais saints ; aussi ne manquez pas de la voir de près ! Elle est digne d’admiration : arrêtez-vous et observez-là ! Elle vous conduira à l’imiter ; aussi notez-la bien. Dieu la voit favorablement ; aussi considérez-la avec attention.
Personne ne peut dire à quel point cette condition est excellente ; aussi le psalmiste s’exclame-t-il deux fois : « Qu’il est bon, qu’il est agréable ! » Il ne cherche pas à mesurer à quel point c’est bon ou agréable, mais il nous invite à l’admirer pour nous-mêmes. La combinaison des deux adjectifs « bon » et « agréable » est plus remarquable que la conjonction de deux étoiles de première grandeur : être agréable est bien ; mais être bon également est mieux. Tous les hommes aiment ce qui est agréable et cependant il arrive fréquemment que ce qui est agréable soit mauvais ; mais ici l’état évoqué est aussi bon qu’il est agréable, aussi agréable qu’il est bon.
« … pour des frères de demeurer ensemble ! »
Pour des frères selon la chair, habiter ensemble n’est pas toujours sage, car l’expérience montre qu’il vaut mieux qu’ils soient chacun un peu de leur côté et il est honteux pour eux d’habiter ensemble dans la désunion. Il vaudrait bien mieux pour eux être en paix comme Abraham et Lot qu’habiter ensemble dans la jalousie comme les frères de Joseph. Quand des frères peuvent et habitent réellement ensemble dans l’unité, alors leur communion vaut la peine qu’on l’admire et qu’on la chante dans une sainte psalmodie. De telles visions devraient être vues parmi ceux qui sont proches parents, car ils sont frères et donc unis de cœur et de but ; ils habitent ensemble et c’est pour leur bien-être mutuel qu’il ne doit pas y avoir de conflit ; et cependant combien de familles sont déchirées par de virulentes dissensions et montrent un spectacle qui n’est ni bon ni agréable !
Quant aux frères dans la foi, ils devraient habiter ensemble dans la communion ecclésiastique et un élément essentiel de cette communion est l’unité. Nous pouvons nous dispenser de l’uniformité si nous avons l’unité : unité de vie, de vérité et de conduite ; unité en Jésus Christ ; unité d’objet et de pensée — c’est cela que nous devons avoir, ou bien nos assemblées seront des synagogues de dispute plutôt que des églises du Christ. Plus l’unité est étroite, mieux c’est, car meilleur et plus agréable ce sera. Comme nous sommes des êtres imparfaits, un peu de mal et de désagrément viendra sûrement s’introduire ; mais cela sera rapidement neutralisé et facilement ôté par l’amour vrai entre saints, s’il existe vraiment. L’unité chrétienne est « bonne » en elle-même, bonne pour nous-mêmes, bonne pour les frères, bonne pour nos nouveaux convertis, bonne pour le monde extérieur. Et certainement elle est « agréable », car un cœur aimant doit trouver son plaisir et donner du plaisir en étant associé avec d’autres de la même nature. Une église unie depuis des années dans le service actif pour le Seigneur est un puits de bienfait et de joie pour tous ceux qui demeurent autour d’elle.
« C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête… »
De façon à ce que nous puissions mieux contempler l’unité entre frères, David nous donne une image, afin que, comme dans un miroir, nous puissions percevoir ses bienfaits. Cette unité dégage un doux parfum, comparable à l’huile précieuse avec laquelle le grand souverain sacrificateur était oint lors de son ordination. Cette unité est sainte, comme l’était l’huile de consécration qui était réservée au seul service du Seigneur. Cette unité est communicative : répandue sur la tête d’Aaron, l’huile odorante coulait le long de ses vêtements jusqu’à ce qu’ils soient tous oints. De même, l’amour fraternel étend son influence bénéfique et bénit tous ceux qui sont sous son influence. L’union des cœurs amène une bénédiction sur tous ceux qui sont concernés ; sa bonté et son agrément sont partagés par les membres les plus humbles de la maison ; même les serviteurs sont plus heureux à cause de l’unité des membres de la famille. Cette huile était réservée à un usage spécial : en étant ainsi oint, Aaron était mis à part pour le service particulier de l’Éternel ; de même ceux qui demeurent dans l’amour sont les mieux à même de glorifier Dieu dans son Église. Il est peu probable que le Seigneur utilise pour sa gloire ceux qui sont dépourvus d’amour ; il leur manque l’onction nécessaire pour faire d’eux des sacrificateurs pour le Seigneur.
« … descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements.… »
C’est le point clef de la comparaison : l’huile ne reste pas confinée à la place où elle était répandue initialement, mais elle s’écoule sur la chevelure du grand prêtre et inonde sa barbe, tout comme l’amour fraternel, descendant de la tête, distille en coulant un parfum sur tout ce qu’il illumine. L’huile allait jusqu’au bas de ses vêtements. Une fois répandue, cette huile ne cessait de couler.
Ainsi l’amour fraternel non seulement coule des cœurs sur ceux sur qui il a été premièrement répandu, mais il se répand là où il n’était pas recherché, ne demandant ni autorisation ni permission pour frayer son chemin. L’affection chrétienne ne connaît aucune limite, ni de paroisse, ni de nation, ni d’âge. Cet homme est-il un croyant en Christ ? Alors il appartient au seul corps et je dois lui apporter un amour continuel. Est-il un des moins spirituels, un des moins aimables ? Alors il est comme au « bord des vêtements » et mon amour doit se répandre même sur lui. L’amour fraternel vient de la tête mais va jusqu’aux pieds. Il se dirige vers le bas : l’amour pour les frères s’abaisse jusqu’aux personnes du rang le plus humble ; il n’est pas orgueilleux, mais doux et humble. Ce n’est pas la moindre de ses excellences : de même que l’huile n’oindrait pas si elle ne coulait pas, l’amour ne diffuserait pas ses bénédictions s’il ne descendait pas.
« C’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion »
Vue des plus hauts sommets, la rosée semble s’écouler vers les collines moins élevées : la rosée de l’Hermon descend sur Sion. Les sommets du Liban pourvoient aux besoins de la petite éminence de la cité de David. De même l’amour fraternel descend du plus haut vers le plus bas, rafraîchissant et vivifiant sur son passage. Une sainte harmonie est comme la rosée ; elle bénit mystérieusement ; elle apporte vie et croissance à tous les plants de la grâce. Elle amène tant de bénédictions qu’il ne s’agit pas d’une rosée banale, mais elle est comme celle de l’Hermon, qui est spécialement abondante et qui vient de loin.
« Car c’est là que l’Éternel envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité. »
Là, en Sion, mieux encore, à l’endroit où l’amour fraternel abonde. Là où l’amour règne, Dieu règne. Là où l’amour veut bénir, là Dieu commande la bénédiction. Dieu n’a qu’à commander et c’est fait. Il est tellement heureux de voir ses bien-aimés enfants trouver leur bonheur dans l’autre qu’il ne peut pas manquer de les rendre heureux en lui-même. Il donne spécialement la plus grande bénédiction, la vie éternelle, car l’amour est la vie. En demeurant ensemble dans l’amour, nous avons commencé à goûter les joies de l’éternité et cela ne nous sera pas retiré. Aimons-nous pour l’éternité et nous vivrons pour l’éternité. C’est ce qui rend la communion chrétienne si bonne et si agréable ; sur elle repose la bénédiction de Jéhovah et rien ne peut être plus sacré que « l’huile précieuse » ni plus céleste que « la rosée de l’Hermon ».
Oh ! qu’il y ait davantage de cette vertu rare ! Non l’amour qui va et qui vient, mais celui qui demeure. Non cet esprit qui sépare et isole, mais celui qui fait demeurer ensemble. Non cette pensée qui ne conduit qu’au débat et à la différence, mais celle qui fait habiter ensemble dans l’unité. Jamais nous ne connaîtrons toute la puissance de cette onction jusqu’à ce que nous soyons d’un cœur et d’une âme. Jamais la rosée sacrée de l’Esprit ne descendra dans sa plénitude jusqu’à ce que nous soyons parfaitement unis ensemble dans le même esprit. Jamais les bénédictions de l’alliance que Dieu a commandées ne viendront du Seigneur notre Dieu jusqu’à ce que nous ayons encore « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. »
Seigneur, conduis-nous dans cette si précieuse unité spirituelle, au nom de ton Fils. Amen.
- Edité par Spurgeon Charles
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