PROMESSES

Si Dieu est, si Dieu est Esprit, si Dieu est toujours le même, il est aussi sage.

Nous osons l’affirmer moins par une déduction logique que par la révélation que Dieu lui-même nous donne dans les Saintes Ecritures. C’est dans la Bible que Dieu nous révèle sa sagesse infinie et parfaite.

Regardons ensemble cinq tableaux:

Le premier tableau:
La sagesse de Dieu dans la création.

Considérons la beauté de sa création. Tout ce qui existe a été fait par lui, par sa Parole. L’apôtre Paul dira que la création entière révèle ainsi la divinité et la puissance de Dieu. Mais les hommes se croyant plus sages ont écarté cette révélation. En ne voulant pas entrer dans la sagesse de Dieu, ils sont devenus stupides et fous.

1. La sagesse de Dieu éclate d’abord dans l’ordonnance des actes créateurs(Genèse 1):
– Première de ses oeuvres, l’énergie fondamentale: Que la lumière soit et la lumière fut.
– Puis l’espace nécessaire: Qu’il y ait une étendue.
– Puis le rassemblement sélectif des mers et des terres.
– Puis le surgissement de la vie végétale: la verdure, l’herbe porteuse de semence, les arbres fruitiers. Le garde-manger était rempli. Il fallait encore, au rythme de la vie animale…
– Les deux grands astres, le soleil et la lune, qui régulent le temps, en jours et en années. Maintenant tout est en place.
– Alors surgit la vie animale, dans les eaux première nommée, puis sur terre et sous le ciel.
– Puis les animaux terrestres à la dimension de l’homme: bétail, reptiles, animaux de toutes sortes.
– Enfin, distingué de tout ce qui précède, mais dans la continuité: l’homme créé à la ressemblance de Dieu, formé de la poussière de la terre, recevant en ses narines un souffle vital de Dieu. Il est créé homme et femme. Voilà pour l’ordonnance.

2. La sagesse de Dieu éclate aussi en ce qu’il distingue, sépare, marque les frontières infranchissables. Dieu dans sa sagesse se révèle être dans ses oeuvres un Dieu d’ordre et de beauté. Il ne veut pas les confusions. Il ne veut pas les mélanges impossibles. C’est ainsi qu’il sépare les ténèbres de la lumière, sépare le haut du bas, sépare les eaux de la terre ferme, distingue le jour de la nuit. C’est ainsi qu’il inscrit chaque être vivant à l’intérieur de son espèce spécifique. Dans sa sagesse il questionnera plus tard: Un figuier produit-il des olives ou une vigne des figues? Une source salée ne peut pas non plus donner de l’eau douce(Jacques 3.12)… Nul ne peut servir deux maîtres(Matthieu 6.24).

C’est la fin du premier tableau.

Le deuxième tableau:
La sagesse de Dieu dans la chute.

L’homme créé à l’image de Dieu est promu à une destinée unique. Il est fait pour vivre éternellement avec Dieu.

Dans sa sagesse, Dieu place l’homme devant l’épreuve d’un choix. Car il n’a pas créé un robot, ni un animal supérieur doué d’un instinct seulement. Il a créé un être à sa ressemblance qui peut connaître Dieu, lui parler. Il est élevé au privilège suprême de la communion avec lui.

Mais il faut une épreuve. Dans sa sagesse, Dieu n’a pas placé la barre trop haut. Il ne coupe pas le jardin d’Eden en deux parties égales, interdisant l’une des deux. Au contraire, il ouvre toutes grandes les portes de la liberté. Tout le jardin est à l’homme, tous les arbres lui appartiennent sauf un, un seul. Sagesse de Dieu qui mesure l’épreuve en la permettant.

Mais l’homme écoute la voix du tentateur qui susurre la théologie du soupçon: Dieu a-t-il réellement dit?(Genèse 3.1) Et il succombe bientôt à la seule épreuve placée devant lui.

Dieu dans sa sagesse se présente à l’homme déchu pour l’interpeller. Il veut le préparer à dire sa faute, mais quelle difficulté pour amener l’homme à confesser son péché. Il s’excuse, accuse sa femme, qui elle-même accusera le serpent tentateur.

 Alors Dieu dans son amour révèle un plan de salut infiniment sage. Oui, il l’a déjà conçu dans son coeur de Père éterne1:

La postérité de la femme (comprenons un enfant, un fils) écrasera la tête du serpent (comprenons: détruira les oeuvres du diable) mais sera lui-même blessé au talon (comprenons: mourra sur la croix).(Genèse 3.15)

Et sans attendre, comme en une première leçon pédagogique, Dieu immole des animaux pour en donner la peau au premier couple humain. Il couvre ainsi ce qui fait désormais leur honte.

C’est la fin du deuxième tableau.

Le troisième tableau:
La sagesse de Dieu dans la longue préparation pédagogique.

Il s’agit du temps qui sépare la chute de la venue de Jésus-Christ, un temps qui se chiffre par des milliers d’années.

Nous devons nous faire bref, là où Dieu a pris son temps.

Dans sa sagesse infinie, Dieu choisit un homme, pour lui donner une famille, qui deviendra un peuple et par qui toutes les familles de la terre seront bénies. Cet homme c’est Abraham, ce peuple c’est Israël.(Genèse 12)
– A ce peuple, Dieu donne Moïse, et par lui ses lois. Dieu pose souverainement les conditions par lesquelles l’homme pourra s’approcher de lui.
– Au coeur de cette Loi divine se trouve le culte par lequel l’homme peut servir Dieu en allant à sa rencontre.
– Et au coeur du culte se trouve l’autel des sacrifices. Dans sa sagesse Dieu apprend ainsi à l’homme que sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon.(Hébreux 9.22) Il lui enseigne la gravité du péché, la séparation infinie qui l’éloigne à tout jamais de Dieu, sauf lorsque le sang agréé par lui jette un pont entre les deux.

Puis Dieu donne David comme roi, il règnera sur Israël et ses fils après lui… jusque dans l’éternité. Mystère de la sagesse de Dieu, vous n’allez pas tarder à comprendre le mystère de ce règne éternel.

Puis il donne les prophètes qui rappellent sans cesse au peuple qui s’égare le sens des lois, le sens du culte, le sens des promesses faites. Ils appellent à revenir à ce Dieu si mal servi, si mal compris.

Une question se pose:

Est-ce bien sage de mettre en place une pédagogie qui dure des milliers d’années? N’y a-t-il pas un risque de décourager ceux qui attendent sans voir d’accomplissement’? Une telle question, elle est bien de l’homme qui ne comprend rien à la sagesse de Dieu. Car dans ce temps de formation, qui est celui de l’attente et de l’espérance, déjà Dieu donne sa grâce, son pardon, et sa communion.

La première alliance est celle de la Loi. Nous le rappelons souvent. La seconde alliance, par Jésus-Christ, sera celle de la grâce(Jean 1.17). Stupidement, nous cloisonnons, la Loi d’un côté, la grâce de l’autre. C’est oublier la sagesse infiniment variée de Dieu qui, dans sa pédagogie, donne déjà les prémices de l’Evangile à Israël.

C’est pourquoi Abraham déjà peut être justifié par la foi(Genèse 15.6) en la promesse qui lui est faite. David peut se réjouir de son salut en disant: Heureux l’homme à qui lEternel enlève la transgression, à qui le péché est pardonné(Psaume 32). Les psaumes attestent combien les croyants de l’ancienne alliance se sont pleinement réjouis en espérance, sans avoir un sentiment de frustration. C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais il les ont vues et saluées de loin en confessant qu ‘ils étaient sur terre étrangers et voyageurs… Ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. C ‘est pourquoi Dieu n ‘a pas honte d’être appelé leur Dieu. car il leur a préparé une cité. (Hébreux 11.13-16)

Dans sa sagesse, Dieu a mis en place une admirable pédagogie qui prépare la venue du Christ.

C’est la fin du troisième tableau.

Le quatrième tableau:
La sagesse de Dieu manifestée en Jésus-Christ.

Enfin, le voici. Il est celui qui incarne parfaitement la sagesse éternelle de Dieu. Il est sacrificateur et va s’offrir lui-même en sacrifice parfait comme l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1.29). Il est roi, fils de David et s’assiéra éternellement sur le trône divin. C’est en lui que s’éclaire le mystère de tout à l’heure. Il est prophète et nous apporte la Parole parfaite de Dieu. Il l’accomplit en sa venue. Il la complète. Il est lui-même la Parole faite chair qui a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité (Jean 1.14).

A douze ans, il monte au temple à Jérusalem pour la première fois. Il s’assied au milieu des docteurs, les écoute et les questionne. Tous ceux qui l’entendaient étaient surpris de son intelligence et de ses réponses (Luc 2.46-47).

A trente ans, il commence son ministère public. Il n’a jamais étudié selon la filière reconnue. Mais dès qu’il parle, il étonne, il surprend, il ravit ou il irrite, Il ne parle pas comme les scribes et les pharisiens, ni comme les théologiens docteurs de la loi. Il parle avec autorité, assurance et surtout, vérité. Il parle de la terre et des hommes et jamais ne se trompe. Il parle du ciel et de son Père qu’il a vu et enseigne les certitudes éternelles qui transcendent le temps et l’espace. Jamais homme n ‘a parlé comme cet homme(Jean 7.46)

On essaie de le faire taire, de l’embarrasser, de le mettre en contradiction avec les autorités romaines, ou juives. On essaie de le discréditer auprès du peuple. C’est en vain. Salomon avait de la sagesse. Il y a maintenant ici plus que Salomon (Matthieu 12.42).
Faut-il payer le tribut à César? Redoutable question. Comment pourra-t-il s’en sortir? S’il dit oui, il sera accusé d’être un collaborateur à la solde des Romains. S’il dit non, il sera accusé d’être un résistant qui soulève le peuple à la révolte. Ses ennemis ont bien calculé leur coup, il ne pourra pas leur échapper. C’est mal connaître l’infinie sagesse de Dieu:
Apportez-moi une pièce avec laquelle vous payez l’impôt à César… De qui sont cette effigie et cette inscription? – De César!
Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (Matthieu 22.15-22).

Admirable sagesse qui renvoie, dos à dos, les pharisiens sectateurs et les hérodiens collaborateurs.

Mais quand lui-même se met à poser des questions, il embarrasse ses ennemis et les réduit au silence.

A son procès, pour le faire condamner par des témoins, il faudra soudoyer de faux témoins. Et encore, devant celui qui est la vérité, seront-ils lamentablement confondus. Jésus donnera lui-même le motif de sa condamnation en se proclamant Dieu. Ce qu’il est vraiment de toute éternité.

Il aurait encore fallu parler de sa connaissance des hommes, de la manière dont il sonde leurs pensées les plus profondes. Il aurait fallu parler des mystères révélés dans ses entretiens comme avec Nicodème, ou de ses merveilleuses paraboles qui soulèvent le voile de mystères inconnus jusqu’alors.

Il nous faut quitter, bien à regret ce quatrième tableau.

Le cinquième tableau:
La sagesse de Dieu dans la mort expiatoire de Jésus-Christ sur la croix.

Comprenons-nous bien, ce n’est pas la croix qui nous sauve, mais le Christ crucifié. La croix, trop souvent devenue fétiche, ne sauve pas.

Etrange paradoxe: alors que Dieu a mis des millénaires pour préparer son salut, il l’accomplit en six heures par l’agonie de Jésus-Christ sur la croix, en trois jours si l’on inclut la résurrection inséparable de sa mort. Le Christ crucifié et ressuscité est au centre de l’Histoire.

Nous avions appris que sans effusion de sang il n a pas de pardon (Hébreux 9.22). Mais qui offrira enfin un sacrifice suffisant pour ôter, une fois pour toutes, le péché du monde ?

La dette infinie exigeait un sacrifice infini. Qui, parmi les hommes pouvait l’offrir? Personne, sauf Dieu lui-meme. Alors Christ entrant dans le monde dit: Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m ‘as formé un corps. Alors j’ai dit: Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté (Hébreux 10.5-9).

Il est l’agneau de Dieu sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde (1 Pierre 1.19-20).

Il est devenu homme pour s’identifier à nous et prendre notre place. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris (Esaïe 53.5).

A la fois Dieu et homme, il satisfait la justice de Dieu et couvre la dette contractée. Il prend ainsi sur lui non seulement le péché de quelques hommes, mais de tous les hommes. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle (Jean 3.16).

La voilà, la sagesse insondable de Dieu.

Le cinquième tableau est-il fini?

Pas tout à fait. Pas pour toi si tu n’as pas encore reconnu en Jésus celui qui est mort pour toi et qui t’offre, par son sang, le pardon de tes péchés et la vie éternelle.

Dieu est sage. Mais toi, l’es-tu?

Tu ne peux l’être que si tu soumets ta vie entière au gouvernement du Seigneur. Dis-lui tes fautes et confesse-lui ta foi, aujourd’hui encore, sans attendre. Car il t’attend puisqu’il t’aime.

Dieu est la source de la vie et de la sagesse. L’homme ne peut trouver ailleurs le chemin de la sagesse et de la vie. Aujourd’hui beaucoup, comme les Juifs du temps de l’apôtre Paul, demandent des miracles, d’autres comme les Grecs cherchent la philosophie. L’apôtre Paul répond: nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour tous ceux qui sont appelés.

Tu es appelé. Que réponds-tu?

Jacques Dubois


5. Le problème de la souffrance et du mal

La philosophie moderne n’offrant aucun moyen sérieux pour discerner le bien du mal, ni aucun sens moral à l’homme, elle n’est pas à même de comprendre la souffrance, la maladie et la mort. En fin de compte, notre culture en est venue à dire que la souffrance était une chose normale, une partie intégrante de la réalité. Il y a le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la bonté et la cruauté. Toutes ces notions ne sont que les diverses facettes du tout.

Certains iront jusqu’à prétendre que la souffrance est une donnée essentielle du processus évolutionniste, vu que la sélection naturelle exige que le fort survive et le faible soit écrasé. Selon eux, tout développement et tout progrès sur terre sont la résultante de ce processus de transformation. La souffrance devient un bien, le sacrifice de quelques-uns nécessaire pour le bien de tous.

C’est ainsi que Teilhard de Chardin envisage le processus évolutionniste, et Jacques Monod considère avec nostalgie la perte de la sélection naturelle dans l’espèce humaine. La médecine moderne permet aux faibles de survivre et de transmettre leurs gènes aux générations futures. Cela met un point final à l’amélioration évolutionniste de l’espèce humaine. C’est pourquoi certains nostalgiques demandent à ce que soient éliminés les bébés handicapés, les débiles mentaux, les vieillards fragiles: ainsi ne pourraient-ils plus ni procréer ni être une charge pour la société.

Une telle vision ne peut qu’horrifier le chrétien, qui considère la souffrance et la mort comme des phénomènes anormaux et contraires à la nature, comme le ressent d’ailleurs tout être humain au fond de lui-même, à un moment ou à un autre. Tant qu’ils ne sont pas endurcis, les jeunes enfants sont épouvantés par la mort; loin de l’envisager comme un simple aspect de la vie, ils la ressentent plutôt comme quelque chose d’horrible et contre nature. Le chrétien sait que ce sentiment correspond à la réalité telle qu’elle est, car la Bible nous dit que nous vivons dans un monde déchu, que le péché est entré dans le monde par la rébellion de l’homme contre Dieu, et que la souffrance, la maladie, la douleur et la mort en sont la rançon; ce qui veut dire que la souffrance et la mort sont anormales, qu’à l’origine le monde était bon, mais qu’à présent il est défiguré et en pièces.

Christ, lorsqu’il fut confronté à la douleur et à la mort, n’a pas manqué d’être bouleversé, ému de compassion et révolté, bien qu’étant Dieu. Il a éprouvé de la colère et de la tristesse, car il n’en était pas l’auteur; la douleur et la mort résultaient plutôt de ce que l’homme avait rejeté Dieu et sa loi. De même, le chrétien doit suivre Christ en considérant toute souffrance comme une anomalie, et au lieu d’emboîter le pas à notre époque dans sa brutalité envers les faibles et les indigents, il devrait refléter le caractère de Dieu et se préoccuper du sort de la veuve et de l’orphelin, de ceux dont le corps et l’esprit sont brisés, du foetus menacé d’extermination, du vieillard et du mourant.

6. La finalité de l’existence et le sens de l’histoire

Chacun ressent que sa vie doit avoir un but et que l’histoire s’achemine vers un dénouement. Cependant la question surgit: l’homme sait-il pourquoi sa vie devrait avoir un but et quel est ce but? Peut-il être sûr que l’histoire s’achemine vers quelque chose, et vers quoi? Certes, les gens imaginent toutes sortes d’orientations pour eux-mêmes et pour l’ensemble de l’espèce humaine; de meilleures conditions de vie, l’abondance personnelle, des dieux et des religions de tous genres, la paix pour le monde… Beaucoup de ces solutions sont des refuges pour éviter d’être confronté à ce que Bertrand Russell appelle l’ultime réalité de l’histoire: la mort de l’individu et la mort de notre système solaire. Si Russell a raison, comment éviter la conséquence logique que tout est absurde? Vues sous cet angle, ni la vie de l’individu ni l’histoire de l’espèce humaine n’ont de valeur ultime, et Russell a l’honnêteté de le reconnaître.

La précédente citation de Russell se poursuit ainsi: «Ce n’est que dans le cadre de ces vérités, sur le fondement d’un désespoir inexorable, que l’âme peut trouver un havre sûr… Comment, dans un monde si étranger et si inhumain, une créature aussi impuissante que l’homme peut-elle préserver l’éclat de ses aspirations?» Russell n’a pas de réponse véritable à cette question, et pour cause… Il a renié l’existence du Dieu qui s’est lui-même révélé à nous dans la Bible.

La Bible nous dit que notre quête du sens et de la finalité de l’histoire a été mise en nous par Dieu et que cette aspiration ne peut être satisfaite qu’en se tournant vers Dieu. Nous avons été faits pour aimer Dieu, pour refléter son caractère, et pour nous réjouir en lui pour toujours; nous avons été faits pour aimer, pour nous réjouir et pour nous servir les uns les autres; pour nous réjouir de la création et la dominer comme des administrateurs de Dieu. Nous vivons dans un monde déchu et corrompu où le pêché a apporté inimitié et rupture entre nous et Dieu, au plus profond de nous-mêmes, entre les autres et nous, entre la création et nous au sein même de cette création. Tout porte la marque du péché et de la mort.

Pourtant Dieu, dans son amour, a envoyé son propre Fils dans le monde pour nous sauver nous et toute la création, du péché et de la mort. Par l’oeuvre de Christ, par la foi en lui, notre relation avec Dieu est renouée, notre être intérieur retrouve peu à peu sa vraie dimension, et nous sommes appelés à exercer notre autorité, dans la soumission à Dieu, sur tout le monde vivant et sur tout ce que le péché a altéré en nous et dans le monde. Nous sommes appelés en fait, à être les prémices de la nouvelle création où tout sera transformé lors du retour de Christ. Christ lui-même est déjà passé par la résurrection physique. Dieu nous promet que l’histoire aboutira à la résurrection physique de tous ceux qui croient en Christ et à la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre fondés sur la justice seule. Ce qui a été abîmé dans les moindres aspects de la vie sera ôté et toute chose sera renouvelée. En même temps, le diable et tous les méchants connaîtront un jugement éternel. Notre vie individuelle prend ainsi une dimension éternelle et l’histoire s’achemine vers une conclusion glorieuse.

7. Quelle devrait être la vie de l’homme?

Notre époque nous offre plusieurs alternatives toutes aussi décevantes les unes que les autres. Le gouvernement décide de ce qui est bon pour l’homme; la majorité décide de ce qui est bien; ou l’individu décide, sur la base de son appréciation propre, de ce qui est bon pour lui. Encore une fois, il n’y a aucun absolu, et nous devons constater que de toute part s’installe la confusion et le chagrin dans les vies et dans les foyers.

Dieu nous promet la liberté si nous obéissons à sa loi. La loi de Dieu, comme nous l’avons vu précédemment, est le reflet du caractère de Dieu. L’homme est fait pour être comme Dieu. La loi indique donc comment doit vivre l’homme. Il ne s’agit pas d’un ensemble de règles arbitraires imposées par un Dieu en colère; au contraire, la loi elle est adaptée à la vie humaine. Jacques a écrit: «Celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui persévère, non pas en l’écoutant pour l’oublie, mais en la pratiquant activement celui-là sera heureux dans son action même» (Jac 1.25).

De même, les Psaumes décrivent la loi de Dieu comme une lampe à nos pieds pour nous empêcher de tomber dans des fosses et des fondrières dangereuses. Si nous obéissons à la loi de Dieu, nous aimerons la vie. La vérité de Dieu nous affranchit pour que nous puissions vivre. Nous le constatons à tous les niveaux: si nous obéissons aux commandements de Dieu sur le mariage par exemple, le mariage sera source de joie. Si nous désobéissons à ses commandements, alors le chaos et le malheur qui en découlent ne sont que trop évidents dans notre société. Je le répète, le christianisme est ce qu’il nous faut.

Pour en revenir à notre point de départ: le chrétien n’a pas à craindre la philosophie et les questions qu’elle soulève. Etant la sagesse véritable révélée par Dieu, la foi chrétienne est infiniment supérieure à la sagesse humaine. Si nous lisons l’Ecriture, nous y trouvons les réponses que nous pose la vie dans ce monde. Oui, le christianisme colle avec la réalité.

Jerram Barrs
(voir informations au N° 93)


Fondements (6)

Vocabulaire: «krima» – jugement, décision, condamnation, châtiment
«krino» – séparer, approuver, considérer, décider, juger
«krisis» – tribunal, sentence, châtiment
Définition: Le jugement est l’exécution d’une sentence divine.

Ancien et Nouveau Testaments

  1. Qui juge qui?

    Dieu est le juge de tous: Gen 18.25 – de la terre
    Act 17.31 – du monde
    Héb 12.23 – de TOUS (aussi des anges, démons, etc.)
    Joël 4.2 – des nations (cf Mat 25!)
    Deut 32.36 – de son peuple
    Dieu juge des individus: Achab (1 Rois 22: sentence de mort)
    Nabuchodonosor (Dan 4: en vue de sa réformation)
    Job (en vue de sa perfection)
    le chrétien (Héb 12.10-11: en vue de sa sanctification)


  2. Pourquoi Dieu juge-t-il?
    Parce que Dieu est juste: Ps 119.137
    Pour exterminer les pécheurs: Es 13.9
    Pour demander compte à son peuple: Amos 3.2 (But: reconnaître que l’Eternel est seul Dieu – Ez 20.35-38)
    Pour faire grâce: Es 30.18

  3. Les jugements passés (entre autres): tous furent prédits! Le déluge (seul jugement passé détruisant toute l’humanité sauf huit croyants)
    Sodome et Gomorrhe (et 3 autres villes)
    les plaies en Egypte
    la destruction de Canaan par Israël (Gen 15.16)
    la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor (586 av. J.-C.)
    la destruction de Ninive par les Babyloniens et les Mèdes (612 av. J.-C.)
    la déportation en exil des 10 tribus du nord (722 av. J-C.)
    la chute de Babylone (539 av. J.-C.)
    la destruction de Jérusalem par Titus (70 apr. J.-C.)

Nouveau Testament

  1. Les jugements futurs
    Les nations rebelles à Dieu (Mat 25 et nombreuses prophéties dans l’AT)
    les puissances du mal (Antichrist, Bête, Satan: Apoc 19.20; 20.10)
    le dernier jugement (Apoc 20.15: l’enfer) – NB: «Celui qui ne croit pas au Fils unique est déjà jugé» (Jean 3.18); le dernier jugement sera la confirmation de ce jugement dû à l’incrédulité. Le dernier jugement opérera la séparation définitive entre les bons et les mau­vais (les justes [justifiés] et les injustes).
    Tout jugement sera remis au Fils (Act 17.31), qui jugera les vivants et les morts (2 Tim 4.1).

  2. Le jugement présent
    Dieu juge son peuple: Héb 12.5-7,10-11, sous forme de «châtiment», dans le but de faire participer son peuple à sa sainteté.

    Mais ce n’est qu’UN des moyens que Dieu utilise. Car le chrétien qui se juge lui-même n’a pas besoin d’être jugé (châtié, corrigé, discipliné) par Dieu (1 Cor 11.31- 32). Autrement, Dieu juge le chrétien «afin qu’il ne soit pas condamné avec le monde», dit le texte. Cela montre bien que le chrétien a besoin de se repentir quand il a péché s’il ne veut pas tomber sous le jugement de Dieu, qui est toujours le même Dieu immuable («Car notre Dieu est aussi un feu dévorant» pour celui qui ne vit pas «avec piété et avec crainte» [d’offenser Dieu], selon Héb 12.29).

    Ce jugement présent des enfants de Dieu n’a aucune valeur salvatrice et ne sert qu’à les sanctifier, car «sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur» (Héb 12.14). C’est donc encore une grâce de Dieu.

    NB: Le jugement qui enlève le péché est la mort propitiatoire de Jésus-Christ, par la vertu de son sang. Le pardon accordé par Dieu sur cette base ne dépend au­cunement de l’action humaine, ni des interventions disciplinaires de Dieu.

    C’est Dieu le Père, et non pas Jésus-Christ qui exerce ce jugement présent. Car Jésus-Christ est maintenant notre avocat auprès du Père (1 Jean 2.1). Dès son retour en gloire, Jésus-Christ sera le juge universel: Dan 7.13-14; Act 17.31.


  3. Le tribunal de Christ: 2 Cor 5.9-10
    Ce jugement ne décidera pas du salut: c’est le jugement des sauvés, c’est l’apprécia­tion de leur vie en tant que chrétiens.
    La rétribution (litt. salaire) dont parle Apoc 22.12 sera «selon son oeuvre» d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien soit en mal». Tous ne régneront pas avec Christ, mais ceux qui seront jugés dignes par lui (cf 2 Tim 2.12).

    L ‘Elu de Dieu, le Messie, est jugé à la croix à la place du Peuple élu. Ainsi Dieu reste fidèle à sa parole selon laquelle le peuple infidèle tombe sous le jugement de Dieu. Dieu peut ainsi maintenir l’alliance et l’étendre à tout croyant.

  4. Conclusion:
    Le jugement de Dieu est la grande réalité présente ou future de tout homme. Mat 10.28
    Seul le pardon par grâce permet d’échapper à la condamnation.
    Rom 11.33: L’homme ne peut vraiment comprendre les jugements et les voies de Dieu. Car l’homme ne sait même pas discerner ce qui est juste (Luc 12.57).

  5. L’attitude du chrétien
    Sa foi en la justice et l’amour absolus de Dieu, manifestés en Jésus-Christ, consiste à faire totalement confiance à Dieu:

    Tout châtiment temporel
    et toute condamnation aux peines éternelles
                        sont et seront pleinement mérités.
    Chaque fois que cela est humainement et divinement possible,
                        Dieu fait et fera grâce.


Les enseignements de l’Ancien Testament (24)

Le Titre

Les titres des Psaumes ont souvent posé des problèmes. Comment comprendre l’expression hébraïque habituellement traduite «Psaume de David»? On pourrait traduire «pour David» ou comprendre «qui appartient au recueil de David». Il est néanmoins préférable d’y voir une indication de l’auteur du poème. Selon la tradi­tion biblique, David fut un grand poète et musicien. Il a contribué à l’élaboration du culte du 1er temple. Il est donc normal que le recueil des Psaumes ait conservé un nombre important de ses oeuvres. Par ailleurs, l’expression «sur la guittith» soulève une difficulté. Le terme «guittith» désigne peut-être un instrument musical, «la harpe de Gat», ou «un air de chant», ou encore «un festival», une cérémonie particulière.

Le genre et la forme

Ce Psaume est un hymne de louange. David y célèbre le créateur de l’univers et de l’homme en particulier. Loin d’être une notion tardive, la doctrine de la création est attestée très tôt dans tout le Proche Orient et occupe une position centrale dans la vision du monde que nous donne l’Ecriture. Ce poème possède une structure co­hérente. Il commence et se termine par l’exaltation du nom et de la majesté du Seigneur (2, 10). Tout converge ensuite vers la création de l’homme, chef d’oeuvre du créateur (6). On peut le diviser en quatre parties: la majesté et la puissance divines (2, 3); l’insignifiance de l’homme (4, 5); la vocation de l’homme (6, 9); une louange renouvelée (10).

La majesté et la puissance divines (2-3)

Le psalmiste commence par célébrer Dieu. Il le désigne par son nom propre, YHWH suivi d’un titre, notre Seigneur, notre gouverneur C’est le Dieu de l’alliance qui est ainsi identifié, celui qui est fidèle à ses promesses, qui se fait connaître et qui révèle à son peuple le chemin du salut. C’est la gloire du Seigneur que David exalte. En faisant connaître son Nom, Dieu se présente, se dévoile et se manifeste. Sa majesté resplendit dans l’univers tout entier. (2)Lorsque Jésus entra à Jérusalem et fit le ménage dans le Temple, les chefs religieux s’indignèrent à la vue des «en­fants» qui le louaient. Le maître leur répondit en citant le début de ce Psaume (Mat 21.1-16). Le poète établit un contraste entre les enfants et les nourrissons et l’ennemi et le vindicatif Dans un monde marqué par la réalité de la faute et du péché, chacun se situe par rapport à Dieu. «Les enfants et les nourrissons» représentent la fragilité humaine, les humbles qui mettent leur confiance dans le Seigneur et confessent devant les hommes la grandeur de son nom. «L’ennemi et le vindicatif» représentent la puissance humaine, les arrogants qui méprisent et rejettent le Nom et la révéla­tion du Seigneur. Or, face à ses adversaires, Dieu manifeste sa puissance victorieuse par la bouche de ces «petits». Là où l’hébreu a «puissance», la traduction grecque a «louange» (suivi par le N.T.). Cela n’est pas contradictoire. N’est-ce pas la louange des enfants qui révèle la puissance du Seigneur. D’ailleurs dans plusieurs Psaumes où s’exprime la louange, on impute à Dieu majesté et (ou) puissance (Ps 29.1; 59.17; 68.35 et 96.7).

L’insignifiance de l’homme (4-5)

Grâce à la conquête de l’espace, nos contemporains mesurent mieux l’immensité du macrocosme. Comme pour souligner la grandeur de Dieu, le poète compare le créateur à un artiste qui modèle l’univers avec ses doigts! Face au Seigneur, les cieux ne soutiennent pas la comparaison; à combien plus forte raison, la créature humaine. Il n’est rien, ou comme le souligne la genèse, il n’est que poussière. Poussière parce que créature (Gen 2.7), poussière parce que pécheur (Gen 3.19). Le mot hébreu «homme» (5) évoque l’idée de fragilité, de petitesse. C’est une constante de la pensée biblique. Le fils d’Adam est comparé à un souffle, une ombre (Ps 144.3, 4) ou à une fleur qui se fane (Es 40.6-7). L’éphémère de la fumée, voilà ce qui le caracté­rise. La pensée orientale l’a fort bien compris lorsqu’elle compare l’homme à une pierre qui pénètre l’eau et ne provoque aucun remous.

O, insignifiance de l’homme devant la grandeur de la création et la majesté du créateur!

La vocation de l’homme (6, 9)

Mais à la différence de l’Orient, le psalmiste ne s’arrête pas là. Dieu a laissé son empreinte dans cet être de poussière. Cette idée est présentée en deux temps:
a) L’homme est décrit selon sa nature, son essence. Il est créé à l’image du Seigneur. La dignité et la grandeur du terrien sont exprimés par l’exclamation émer­veillée: Qu’est-ce que l’homme… (5). Mais elles sont aussi évoquées par le vocabu­laire de l’intronisation (6). La notion d’image souligne le caractère unique de l’homme:
– Elle signifie effigie, idole, représentation. Pour les anciens, une image participe de certaines vertus, qualités de l’objet ou de la personne. Il s’agit d’une image ressemblante. La créature se définit par rapport à son créateur. Comme Dieu, l’homme est un être personnel. Il pense, il aime et il agit.
– Elle exprime ensuite l’idée de filiation. On la retrouve dans la généalogie de Jésus: Adam est déclaré fils de Dieu (Luc 3.38); Paul va dans le même sens lorsqu’il déclare à Athènes: Nous sommes tous de sa race (Act 17.28).
– Elle décrit enfin un rapport de vis-à-vis. L’être humain est créé en vue d’une relation personnelle, d’une intimité avec le Seigneur dans laquelle la communica­tion, la communion et l’amour ont un sens.
b) L’homme est décrit dans sa fonction. Sa vocation est de dominer la création tout entière. Ce Psaume fait écho au mandat créationnel (Gen 1.26-28). Cet être fragile, de poussière est placé devant une destinée extraordinaire. Cet être personnel a pour vocation d’exercer la royauté au nom de Dieu. Il est sous-gouverneur, gérant, économe du Seigneur au sein de son oeuvre, et il doit y manifester la même bienveil­lante loyauté que le créateur témoigne envers ses créatures. Lorsque Dieu «se sou­vient» n’est-ce pas pour «visiter», intervenir auprès des humains (5)?

Prolongements dans le Nouveau Testament

Comme il y a eu révolte adamique, malédiction du sol, rupture et aliénation au coeur même de l’oeuvre divine (Gen 3), cette domination ne va pas de soi. Elle est marquée par la violence, l’oppression et la destruction. L’ombre de la mort, consé­quence de la faute, plane sur toutes les entreprises humaines, même les meilleures. C’est pour cette raison que Paul et l’auteur de l’épître aux Hébreux appliquent ce passage à Jésus, le nouvel Adam (Héb 2.5-7). Lui seul reflète parfaitement l’image de Dieu en l’homme. Lui seul vit parfaitement la vocation de l’homme. Lui seul accomplit le salut qui apporte délivrance de l’esclavage du péché et redonne au terrien toute sa dignité. C’est pour cette raison que le Christ est le modèle de toute vie chrétienne, d’une humanité renouvelée. (Rom 8.28 et 29) C’est la vocation du chrétien, par la puissance et la sagesse du St Esprit, d’imiter ce modèle.

L’image de Dieu doit resplendir en l’homme. Lorsque celui-ci est touché par la grâce et qu’il est réconcilié avec son créateur et Père, le fils d’Adam devient une nouvelle créature dont la vie revêt une qualité et une dignité toute particulière. (Col 3.9 à il; Eph 4.17 à 24) C’en est fini des pseudo-humanismes matérialistes, idéalistes et idéologiques! Timothée est un bel exemple de cet homme nouveau. Paul dit de lui, qu’il ne cherche pas ses intérêts, mais ceux du Christ. Il se soucie des Philippiens. Il est libre, en Jésus-Christ, de voir son prochain et de lui manifester sa sollicitude, de laisser resplendir l’image que Dieu a renouvelée en lui, et ce, en attendant la gloire à venir. (Phil 2.19-23)

Une louange renouvelée (10)

Comment ne pas s’émerveiller avec le psalmiste de la bonté et de la bienveillance de ce Dieu majestueux et saint, envers cet homme de poussière, une ombre qui passe. Dans sa cantate, «Un combat commença», J. S. Bach l’évoque avec profon­deur et émotion:

«Qu’est-ce donc le pauvre homme, l’enfant de la terre? Un ver, un pauvre pécheur.
Voyez comme le Seigneur lui-même le prend en affection au point de ne pas le considérer comme trop humble et de lui envoyer les enfants du ciel, l’armée des séraphins, pour sa garde et sa défense, et pour sa protection.»

Questions

  1. Comparer le Ps 8 avec les Ps 19 et 104.
  2. Quels sont les points communs entre le Ps 8 et Gen 1.26 à 29, 2.7 et 3.19?
  3. Indiquer la progression de la pensée du psalmiste dans cet hymne de louange.
  4. Comment Jésus cite-t-il le début de ce Psaume, lorsqu’il est interpellé par les principaux sacrificateurs et les scribes (Mat 21.12 à 16)?
  5. Méditer la façon dont Paul et l’auteur de l’épître aux Hébreux ont approfondi l’idée centrale de ce Psaume dans leurs écrits.
  6. Comment ce Psaume vous aide-t-il à mieux accomplir votre vocation d’homme créé à l’image de Dieu?

Pierre Berthoud


L’Eglise de Jésus-Christ est de plus en plus confrontée à deux courants dont notre société est imprégnée: le rationalisme et l’irrationalisme. Ces influences humanistes s’y infiltrent et sapent les fondements de la foi chrétienne. L’homme est devenu la mesure de toute évaluation. Cet anthropocentrisme (= l’homme est au centre ) glorifie l’homme et met Dieu au second plan, à moins qu’il ne l’élimine entièrement.

La conception de Dieu

On constate avec effarement que la conception biblique de Dieu est mal connue ou parfois faussée dans nos églises. Il suffit pourtant de se rappeler le commencement du symbole apostolique pour être ramené sur le terrain biblique par cette magnifique affirmation: «Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre.»

De même, l’article un de la Confession de la Rochelle de 1559 proclame: «Nous croyons et nous confessons qu’il y a un seul Dieu qui est une seule Personne, spirituelle, éternelle, invisible, immuable, infinie, ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste, toute miséricordieuse.» Voilà une conception biblique de Dieu tracée magistralement, en peu de mots, qui nous transmet fidèlement la foi chrétienne orthodoxe (historique) que toutes les grandes confessions chrétiennes ont défendue depuis le symbole des apôtres.

Mais souvent les vérités doctrinales révélées par la Bible sont limitées ou rejetées, parce que notre raison, notre intuition ou notre sentiment sont dépassés et ne les acceptent pas. Il va sans dire que notre conception de Dieu influence toujours celle que nous avons de l’évangélisation, de la mission et de la façon de construire nos églises.

Un choix à opérer

Il faut choisir: soit une acceptation sans réserve des révélation doctrinales et morales de la parole de Dieu, soit une soumission de ces révélations à la raison ou aux sentiments humains.

Nous rejetons l’approche humaniste, qu’il soit teinté de rationalisme, où n’est acceptable que ce qui est conforme à la raison naturelle, de mysticisme, où les sentiments et les intuitions sont prépondérants, d’empirisme (tout est acquis par l’expérience) ou de pragmatisme (tout dépend de l’application pratique). Car cette approche est subjective et refuse les absolus de Dieu. Elle ne peut constituer un quelconque critère ni ne saurait s’ériger en juge face à la révélation divine de la Bible.

Affirmation

Nous affirmons avec force:
– Dieu est à l’origine de la vérité et de l’éthique (valeurs morales).
– La révélation de Dieu manifestée dans les Saintes Ecritures est l’autorité finale sur la vérité et la morale.
– La Bible nous révèle la vérité sur Dieu, la création, l’origine de l’homme, sa chute, la rédemption par Jésus-Christ, son retour et le dénouement de l’histoire humaine.
– Cette révélation contient toutes les informations nécessaires à notre salut et à notre épanouissement spirituel en Christ.

Le rationalisme

Le célèbre «Je pense donc je suis» de Descartes place d’emblée l’homme au centre. L’homme, et non plus Dieu, est devenu le point de départ. Le résultat de ce décalage fatal équivaut à une limitation de la réalité à ce qui est «raisonnable»; tout ce qui est «impensable» est rejeté. La raison humaine juge de tout selon les critères de l’intelligence et de la logique. Les mystères de la foi sont alors logiquement considérés comme incohérents et irrationnels. Ainsi la Trinité, la souveraineté de Dieu, sa préconnaissance, la prédestination, la chute, l’imputation du péché d’Adam, l’expiation substitutionnelle de Christ, le salut, les peines éternelles et l’inerrance de la Bible sont déclarés inacceptables.

Ceci dit, il est important de souligner que la Bible ne rejette jamais la raison humaine en tant qu’instrument de compréhension. Elle désigne la raison par des termes tels que «bon sens» (1 Sam 25.3), «intelligence» (Deut 32.28), «raison saine» (Prov 13.15, certaines versions). Mais la Bible va au-delà de la simple raison hu­maine, et ceci sans être ni irrationnelle, ni irraisonnable, ni illogique. Il n’y a pas de contradiction. C’est la nature pécheresse qui y fait obstruction. Car une des conséquences du péché a été l’obscurcissement de la raison humaine. On ne peut s’y fier, de sorte que l’intelligence doit être tranformée et renouvelée afin de pouvoir saisir la pensées de Dieu (Rom 12.2). Car Dieu a aussi créé la raison humaine, et lui seul peut en rétablir le bon fonctionnement.

Le mysticisme

Notre temps est aussi caractérisé par une poussée de mysticisme, autre aspect de l’humanisme. La communion intime avec Dieu est recherchée à travers des états d’âme où l’émotion fervente et l’intuition jouent un grand rôle, à l’exclusion des raisonnements et des déductions logiques basés sur l’Ecriture. Les sentiments euphoriques et l’exaltation psychique rendent les vérités doctrinales et morales accessoires.

Quoi d’étonnant si les religions orientales, millénaires, qui ont pour base la «méditation transcendantale » intériorisée pour trouver «la vérité», sont devenues si actuelles. Le Nouvel Age prône ce genre de mysticisme qui doit servir à «la réalisation du Moi» en libérant les potentialités insoupçonnées qui sommeillent en tout homme.

L’Eglise est guettée par ce nouveau mysticisme sous ses différentes formes. Combien de fois n’entendons-nous par dire: «Le Seigneur m’a dit ceci ou cela.» Les intuitions et les visions sont devenues des guides alors que l’Ecriture est reléguée au second plan.

De nouveau, il faut relever que la Bible est loin de déprécier les sentiments. Mais comme le coeur de l’homme est tortueux par-dessus tout (Jér 17.9), il y a lieu de s’en méfier autant que de la raison non régénérée par l’action de l’Esprit. Comme la raison, les émotions doivent être soumises au Seigneur et examinées à la lumière de la Parole, seul critère absolu.

L’empirisme

Un autre courant se fait sentir dans l’Eglise: celui de l’empirisme. L’expérience est considérée par certains comme l’expression de la vérité; ils croient pouvoir se passer de l’enseignement biblique, au point où ceux qui font appel à la saine doctrine (Tite 1.9) sont traités de pauvres demeurés.

Conclusion

Sommes-nous en train de nous laisser séduire par l’humanisme avec ses raisonnements et son mysticisme? Nous avons reçu la révélation de Dieu, sa Parole, notre seule autorité en matière de doctrine et de morale. Il est impératif de revenir sur ce terrain sûr en y soumettant notre raison et nos sentiments, afin que Dieu, notre Créateur, soit honoré et glorifié.

Henri Lüscher


« Pour moi, ici, à Ban Vinai, Thaïlande, la compassion revêt des formes particulières. Hier, il a fallu très rapidement enlever à des parents leur jeune enfant qui se mourait et pour lequel ils accomplissaient des rites animistes. J’ai pris le bébé et je l’ai conduit au dispensaire le plus proche, afin qu’on puisse le soigner et le sauver. Aujourd’hui, les choses paraissent moins urgentes, mais n’en sont pas moins importantes. Pendant que je donne mon cours, je m’aperçois que l’un de mes élèves a du mal à assimiler mon enseignement; il faut que je prenne du temps pour répéter, et répéter encore, alors que je suis si fatiguée. J’aurais envie de remettre tout cela à demain. Dans ce camp de réfugiés cambodgiens, il y a tant de problèmes, et je me sens souvent dépassée par les événements. Je me dis qu’il faudrait davantage de moyens, davantage de personnes pour répondre à tant de besoins et en même temps. Je veux faire confiance à Dieu, croyant qu’il veillera à ce que la tâche commencée viendra un jour à son terme; qu’à la place des ténèbres de ce camp, la lumière de l’Evangile resplendira.» Ainsi témoigne Ruth Neckerson.

Face à tant de besoins et de misères, aucune personne de bonne volonté ne peut rester insensible. Il y a certainement beaucoup à faire. Mais comment s’y prendre? Etre plus solidaires? Soutenir les grandes actions humanitaires? Nos interrogations se mêlent et se compliquent au fur et à mesure que nous y réfléchissons. Les lignes qui suivent voudraient tenter de mettre un peu d’ordre dans les pensées, afin de discerner quelle doit être le comportement du chrétien aujourd’hui face aux im­menses besoins des hommes.

La première démarche qui s’impose consiste à examiner ce que l’Ecriture nous enseigne quant à la compassion.

Au commencement

Lorsque l’oeuvre de la création s’achève, le Créateur affirme que tout est très bon. Les relations humaines sont parfaites, et l’homme trouve en Eden tout ce qui lui est nécessaire, matériellement, spirituellement et socialement. Cette réalité sera complètement défigurée par le péché. Dès lors, l’injustice et l’égoïsme vont prendre le dessus. Les récits de l’Ancien Testament et notre propre expérience en donnent de trop nombreuses preuves.

Cependant, nous voyons aussi se déployer une autre ligne de force déjà dans l’Ancien Testament: Dieu n’abandonne pas l’homme à sa situation misérable; il se révèle à lui et lui fait connaître sa propre compassion. Il prend plaisir à la miséricorde (Mich 7.18). Cette compassion divine pourra faire naître la compassion humaine, l’amour pour le prochain. La loi que Dieu donne à son peuple contient de nombreuses précisions sur la manière dont cet amour pourra s’exercer. Une attention toute particulière est portée au plus faible, au pauvre, à la veuve et l’orphelin. La fonction de la loi a un double but: elle est à la fois une barrière qui limite les effets du mal et une voie dans laquelle l’amour pourra s’épanouir. Contrairement à ce que beaucoup de nos contemporains imaginent, loi et amour ne s’opposent pas, mais au contraire se complètent.

Ce que l’Ancien Testament ébauche et prépare va trouver son plein épanouissement en la personne de Jésus, qui incarnera de manière parfaite la compassion de Dieu pour les hommes. L’expression «il fut ému de compassion» revient souvent dans les écrits évangéliques et nous montre que c’est là le moteur qui le pousse très souvent à agir. Sa prédication, ses miracles, sa mort sur la croix, voire sa venue dans notre monde, n’avaient pas d’autre raison: manifester son amour pour les hommes. Les disciples du Christ ne s’y sont pas trompés; dès les premiers temps de l’Eglise, l’amour fraternel a été une des caractéristiques de l’Eglise naissante et persécutée. Justin Martyr écrivait: «Avant, nous estimions par dessus tout l’argent et les biens: maintenant, nous apportons tout ce que nous avons et nous le partageons avec ceux qui sont dans le besoin.» De son côté, Julien l’Apostat, un ennemi de l’Eglise primitive, écrivait: «Ces Galiléens sans Dieu nourrissent non seulement leurs pauvres, mais aussi les nôtres; quant à nous, nous n’accordons aucun soin à nos pauvres.» L’église de Rome pourvoyait aux besoins de 1500 veuves et personnes dans la misère; beaucoup d’autres exemples pourraient être extraits de l’histoire de l’Eglise.

Mais quelle doit être notre attitude aujourd’hui?

Il faut se rendre compte que les pays occidentaux, qui constituent le quart de la population mondiale, possèdent les 4/5 des ressources de la planète, alors que le reste ne possède qu’1/5 du revenu mondial. A ces chiffres sans âme il faut ajouter toute la misère que cette situation entraîne: mortalité infantile importante, absence de soins, analphabétisme, chômage élevé…

Réactions possibles

Il n’est pas rare d’entendre dire: «Ces problèmes sont trop vastes, ils nous dépassent, il nous est impossible de répondre aux besoins.» Il faut reconnaître que lorsqu’on réfléchit à ces questions, on se trouve effectivement rapidement dépassé.

Il est vrai que les questions sont complexes et poussent à intervenir: la politique intérieure des états, la politique internationale, le commerce, mais aussi les idéologies et l’écologie. Le non-spécialiste a l’impression désagréable d’être complètement perdu et de ne pas savoir par quel bout prendre les choses. Cette complexité constitue un encouragement à baisser les bras.

Cependant, ne convient-il pas d’essayer, malgré la difficulté, de voir comment des réponses même partielles peuvent être apportées? Il serait trop commode de retirer son épingle du jeu et prétendre que ce sont les états ou les grand organismes inter­nationaux qui doivent trouver des solutions. Nous ne pouvons rien exiger d’autrui si nous ne sommes pas prêts nous-mêmes à nous engager d’une manière ou d’une autre pour une plus juste répartition des richesses, à refuser l’exploitation et à examiner sérieusement comment nous pourrions jouer un rôle. Nous verrons plus loin com­ment pratiquement des actions peuvent être menées.

Deuxième réaction: «Les oeuvres humanitaires gaspillent souvent énormément, et l’aide qui est envoyée ne parvient pas à ceux qui en auraient le plus grand besoin.» Il faut reconnaître que dans le domaine de l’aide au développement, de nombreuses erreurs ont été commises. Mais il faut ici faire une distinction entre les erreurs involontaires et celles qui ont été consciemment organisées. Dans ce domaine, les pays occidentaux ne sont souvent pas responsables, car souvent les autorités des pays en voie de développement jouent un rôle néfaste. Les détournements soigneusement organisés sont fréquents. Combien d’envois ou d’aides ne sont jamais parvenus à ceux qui en avaient véritablement besoin. Mais l’association dans laquelle je travaille, malgré sa petite expérience, s’est très vite rendu compte que dans l’aide au développement, même lorsque tout est soigneusement préparé et réfléchi, des erreurs de parcours sont commises, de sorte qu’il est plus difficile qu’il n’y paraît d’aider de manière vraiment utile. Mais les erreurs commises ne constituent pas des arguments suffisants pour ne rien faire. Sans doute, d’ailleurs, apprend-t-on davantage par les erreurs reconnues que par les succès remportés.

Un troisième argument que l’on oppose parfois à l’aide au développement est d’ordre théologique et concerne très directement le chrétien. La tâche de l’Eglise aujourd’hui, n’est-elle pas avant tout l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ? Les textes bibliques à l’appui de cette thèse sont bien connus, tels que ceux-ci: Faites de toutes les nations des disciples. – Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Si nous n’annonçons pas l’Evangile, des hommes et des femmes seront perdus pour l’éternité, car qui le fera à notre place?

Il est très certain que la volonté de Dieu pour son peuple aujourd’hui comporte cette responsabilité de transmettre le message de l’Evangile. Mais en rester là serait commettre une grave infidélité quant au plan général de Dieu pour le monde. J’ai très rapidement esquissé l’enseignement de l’Ancien et du Nouveau Testament quant à l’amour du prochain. Il importe de se souvenir que celui qui a été créé comme nous à l’image de Dieu n’est pas qu’une âme. S’il a des besoins d’ordre spirituel, ce dont nous sommes bien convaincus, il a aussi des besoins d’ordre matériel et social. Il convient donc de répondre aux besoins de l’homme tout entier. La motivation profonde doit être la compassion. Si mon prochain a faim, il est de mon devoir de lui donner à manger. Si je rencontre un homme qui souffre de solitude ou d’incompréhension, j’ai à répondre à ce besoin précis. Si je rencontre un homme qui a des besoins d’ordre spirituel, je dois répondre à ses besoins d’ordre spirituel. Aimer son prochain comme soi-même, c’est se soucier de tous ses besoins, comme Jésus, qui allait de lieu en lieu, faisant le bien.

Dans nos pays occidentaux, les états ont pris en charge une partie non négligeable des besoins matériels des hommes. La situation est toute différente dans beaucoup de pays du monde. Les missions qui ont tant travaillé dans ces pays l’ont d’ailleurs bien compris et ont ouvert des écoles et des hôpitaux, participant ainsi au développement des régions dans lesquelles ils se trouvaient. Il nous semble donc qu’aujourd’hui comme hier, les chrétiens ont à prendre leurs responsabilités et à voir comment ils peuvent répondre aux besoins des hommes selon la vocation, et les moyens qui sont les leurs.

Encouragés par des chrétiens de diverses églises en France, notre association, le Service d’Entraide et de Liaison (SEL), a commencé à apporter son aide dans plusieurs pays en voie de développement, principalement francophones.

Nous nous sommes surtout attachés à soutenir des projets qui, à plus ou moins long terme, permettent à des hommes de connaître des conditions de vie décentes (ce qui ne signifie pas luxueuses).

Lorsque dans un village la population est assurée d’avoir à sa disposition de l’eau potable durant toute l’année et que les femmes ne doivent plus parcourir de longues distances pour subvenir aux besoins quotidiens, un progrès réel et important a été réalisé. Imaginez un peu que vous deviez chercher votre eau potable à 5 ou 10 km à pied! L’eau potable chez soi signifie une moins grande fatigue, et l’absorption d’eau pure va diminuer les maladies et redonner des forces aux habitants. On va aussi pouvoir planter des arbres et pratiquer des cultures maraîchères.

Dans d’autres régions, le chômage est tellement important que ce n’est que par la création de petites unités de production qu’il est possible d’assurer un minimum vital aux familles. Encore faut-il pour cela écouler la production. C’est une des raisons pour lesquelles, depuis quatre ans maintenant, nous importons des objets réalisés dans une dizaine de pays que nous revendons dans nos pays.

Les besoins ne manquent pas. On peut y répondre de différentes manières. Il nous parait cependant nécessaire de veiller au respect de quelques principes essentiels.

Comment faire?

Lorsque nous envisageons d’intervenir sur le terrain, nous ne commençons pas par établir des plans précis et nous doter de moyens pour les mener à bien. La première démarche vient de la base, des habitants d’un village ou d’une région. C’est eux qui seront amenés à prendre en charge leur destinée. C’est eux qui savent ce dont ils ont le plus urgent besoin. Ceci ne signifie nullement que nous puissions toujours accepter tout ce qui nous est demandé. Mais l’initiative doit leur appartenir. C’est de plus une des conditions de la réussite finale du projet. Si la population est impliquée dès le départ, chacun s’y intéressera. Lorsque la période d’intervention proprement dite s’achèvera, on sait que chacun veillera au respect et au bon fonctionnement de l’ensemble du projet. Cette concertation prend parfois du temps, mais elle nous paraît indispensable.

Il nous paraît aussi impératif de veiller soigneusement à ce que le projet réussisse. Nous avons eu l’occasion de participer à la construction de banques de céréales. Ce sont en fait des locaux construits en dur avec l’aide des habitants du village. Au moment des récoltes, les céréales sont achetées à un prix raisonnable et sont ensuite stockées et soigneusement gardées jusqu’à la période de soudure qui s’avère souvent difficile, les prix grimpant considérablement. Si les habitants d’un village savent qu’ils vont trouver leur «mil quoditien» sur place, à un prix raisonnable, ils n’iront pas courir à la ville pour acheter à prix d’or ce qui leur est indispensable. Ceci réclame une mise de fond au départ, mais permet à la structure villageoise de se maintenir et de s’organiser. Evidemment, lorsqu’une telle expérience a donné de bons résultats, d’autres voudront aussi créer de telles structures. Ainsi le processus de changements pour le mieux s’amorce durablement.

Si des associations purement humanitaires mettent en oeuvre les principes que nous venons de souligner, nous croyons que nous avons, en tant que chrétiens, la responsabilité d’apporter non seulement l’aide matérielle, mais aussi le pain de vie qu’est l’Evangile. C’est pourquoi tous nos projets, qu’ils soient d’ordre agricole, éducatif, médical, ou artisanal, sont menés en collaboration étroite avec les églises. Dans beaucoup de pays en voie de développement, l’Eglise de Jésus-Christ progresse. Des pasteurs et des évangélistes, dans des conditions souvent difficiles, accomplissent un travail remarquable. Des hommes et des femmes se tournent vers le Christ. Mais ces églises n’ont souvent que peu ou pas de moyens. Les pasteurs ne touchent aucun traitement et cultivent comme chacun leur lopin de terre. Nous croyons donc que nous avons à nous associer à ces églises dans leurs projets de telle sorte que beaucoup trouvent une réponse à tous leurs besoins.

Cette oeuvre immense ne peut être menée que grâce à notre générosité, à notre compassion envers ceux qui se trouvent si démunis. Si nous sommes disciples du Christ, si nous voulons suivre ses pas, il convient que nous réfléchissions à ce que nous avons et comment nous pouvons partager avec ceux qui n’ont rien. Nous avons des techniques, des qualifications, du temps, de l’argent. A nous de voir les besoins et ensuite d’ouvrir notre coeur.

Gauthier de Smidt


Mises en évidence dès la première page de la Bible (Gen 1.4-9), ces deux actions de Dieu, apparemment contradictoires, s’avèrent au contraire complémentaires.

I. Dieu sépare

(Lire Lév 20.26; Jér 15.19; 2 Cor 6.14 -18)

1. La lumière

Au début des actes créateurs de Dieu intervient une séparation: la lumière est séparée des ténèbres. Au-delà de l’institution du premier jour, apparaît ici la révélation fondamentale que Dieu est lumière. Il veut se faire connaître comme tel, intrinsèquement lumière, seule source de lumière. Cette pensée rejoint le prologue de l’évangile de Jean, où le Fils éternel du Père est présenté comme la véritable lumière (Jean 1.9), que les hommes n’ont pas reçue, pas comprise (v. 5).

Ainsi, dès le commencement, apparaît l’incompatibilité absolue entre les ténèbres et la lumière. En dehors du royaume de la lumière instauré par le Père des lumières, de qui descend tout don parfait (Jac 1.17), il existe un royaume des ténèbres. Face au royaume de la lumière, dans lequel nous sommes introduits par la foi, se trouve donc un royaume des ténèbres, dont le but est d’entraîner la créature de Dieu dans «les ténèbres du dehors», loin de la lumière divine. C’est, avant tout, ce que suggère la séparation divine, au premier jour de la création.

Outre le symbole, cette séparation dégage un grand principe, qui se vérifie tout au long de l’Ecriture, selon lequel:
1) Dieu a toujours en vue le bonheur de l’homme;
2) la séparation selon Dieu est toujours une mesure de protection et de bénédiction.

En effet, en séparant la lumière des ténèbres, l’Eternel ne prépare-t-il pas (comme dans tout son oeuvre créatrice) les conditions terrestres idéales pour cet homme qu’il va créer à son image? L’alternance des jours et des nuits, des soirs et des matins, n’offre-t-elle pas à l’homme des conditions de vie agréables, bienfaisantes et harmonieuses, un équilibre entre le temps réservé à l’activité et celui du repos? Que serait une vie entière passée dans l’obscurité? Un jour perpétuel, sans nuits réparatrices aurait tôt fait d’exténuer l’homme. Sans doute, dans la cité céleste illuminée par la gloire de Dieu et de l’Agneau, nous jouirons de la lumière éternelle sans plus de nuit, mais alors dans des corps glorieux!

A remarquer encore que la nuit voulue par Dieu pour l’homme n’est pas comparable aux «ténèbres du dehors», profondes, inimaginables qui régnaient à la surface de l’abîme. La lune et les étoiles en atténuent l’obscurité; la nuit ne manque ni de beauté, ni de charme, ni de poésie, en été surtout. Pourtant la nuit reste l’opposé du jour. L’obscurité favorise la dissimulation, le développement du péché, puisque propice à l’action de ceux qui se cachent. Ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit;… nous qui sommes du jour, soyons sobres (1 Thes 5.7-8).

2. Les eaux

Dans cette même perspective d’un séjour agréable pour l’homme, sont séparées les eaux au-dessous de l’étendue et celles au-dessus (1), ainsi que les mers et la terre ferme, grâce aux lois naturelles, merveilleuses et admirables, établies par le Créateur, qui régissent l’échange des eaux et des vapeurs dans l’atmosphère.

Cet équilibre fut rompu au déluge, quand toutes les sources du grand abîme jaillirent et les écluses des cieux s’ouvrirent (Gen 7.11). Alors fut interrompue la séparation des eaux, par le jugement de Dieu. A Noé l’Eternel promet qu’il n’y aura plus de déluge, tant que la terre subsistera (Gen 9.11). Cette alliance, attestée par l’arc-en-ciel, met l’humanité à l’abri, grâce au décret divin, d’un futur déluge.

3. Un peuple

A la séparation dans la création succède la séparation dans l’humanité.

Dieu honore la foi d’un homme qui accepte sa grâce dans l’obéissance: Abraham, appelé le père des croyants. Il lui promet une descendance dont il fera un peuple témoin, (distinct du reste de l’humanité détournée de Dieu), par l’effet d’une séparation protectrice, lui permettant d’être béni. Toute l’histoire d’Israël se déroule en fonction de ce thème conforme à la pensée divine: Je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi (Lév 20.26). Propriété de Dieu, peuple élu, béni, choyé, Israël connut des «temps forts» et des temps difficiles. Chaque fois qu’il perdit de vue la séparation, la mise à part dont il était l’objet, il en subit les conséquences tragiques et douloureuses (après l’intervention de Balaam, par exemple). Par les prophètes, le peuple était averti, exhorté, repris. Dieu les suscitait pour engager le peuple à marcher dans l’obéissance à sa Parole, dans la séparation.

Il ne suffisait pas qu’Israël se tienne à l’écart des autres peuples (ce qui aurait pu devenir simple ségrégation raciale); il devait en connaître la raison. Il fallait donc distinguer ce qui est saint de ce qui est profane (Jér 15.19). Ainsi seulement le prophète pouvait être comme la bouche de l’Eternel, c’est-à-dire son oracle. Le prophète était le porte-parole de Dieu, avec toute la puissance correspondante, à la condition qu’il sépare, lui-même au préalable ce qui est précieux de ce qui est vil.

A l’Eglise, Paul ne rappelle rien d’autre; il faut se séparer de tout ce qui se rapporte au culte des idoles. Dieu est saint et le temple du Dieu vivant (que nous sommes) ne supporte pas des contacts avec ce qui est impur. Mais il ne nous est pas demandé de vivre en reclus, à l’écart de nos semblables, retranchés dans un isolement sectaire. Le Seigneur l’a dit: Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les garder du Malin (Jean 17.15). Restons sur nos gardes; il y a des contacts extrêmement dangereux et des proximités redoutables à éviter absolument. Séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur (2 Cor 6.17).

Sur la séparation dans la vie du chrétien, il y aurait certes encore beaucoup à dire…

Il. Dieu rassemble

(Lire Jean 11.52; Marc 13.27; Eph 1.9-10)

Si Dieu sépare d’abord, en fin de comte son plan est de rassembler ses enfants, de réunir même toutes choses, au temps fixé par lui. Séparer et rassembler ne sont contradictoires qu’en apparence. Avant de pouvoir entrer dans un alliage à usage industriel, l’or brut doit subir l’affinage. Cette opération consiste à séparer l’or des autres métaux qu’il contient (argent, platine, cuivre, par exemple) par voie chimique ou électrolytique. Alors seulement l’or fin (or pur) peut subir une deuxième opération: l’alliage, par la fonte de cet or pur avec une quantité déterminée de métaux d’appoint, eux-mêmes préalablement purifiés. On obtient ainsi un or allié, au titre exact désiré répondant aux exigences techniques requises, pour entrer dans le circuit de fabrication. On ne saurait parler d’alliage sans affinage préalable. Dieu, d’abord, sépare, ensuite seulement il allie (voir Mal 3.3). Dans son plan le Seigneur apparaît comme le grand rassembleur. Par sa mort, Jésus réunit en un seul corps les enfants de Dieu dispersés. Le fils de l’homme rassemblera les élus des quatre vents, de l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Enfin, quand les temps seront accomplis, le Seigneur réunira toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre.

Rappelons-nous que, si Dieu nous veut séparés, à certains égards, il veut aussi, compte tenu du grand rassemblement qu’il prépare, que nous cherchions à nous rassembler. Ne promet-il pas sa présence à ceux qui se réunissent au nom de Jésus Christ?

Avant de conclure, il importe encore de ne pas confondre:

séparation et division
 
La séparation est l’oeuvre de Dieu. La division est l’oeuvre du diable (Satan est le diviseur).
 
Dieu sépare ce qui est incompatible, discordant, disparate. Le diable divise ce qui est uni.
 
La séparation voulue de Dieu est une mise à part. La division, oeuvre du diable, est coupure, morcellement, mutilation.
 
La séparation La division
– délimite – déchire
– protège – fragmente
 
La séparation est La division est
– bienfaisante – douloureuse
– sanctifiante – traumatisante

Satan s’oppose constamment à l’oeuvre de Dieu. Il cherche à diviser tout ce que Dieu unit. Inversement (danger peut-être plus grand encore), quand Dieu sépare, Satan s’ingénie à empêcher la séparation; il prône le mélange, la confusion, l’équivoque, l’ambiguïté:

– sur le plan doctrinal et spirituel voir les églises de Pergame et Thyatire
– au plan physique: l’unisex
– au plan moral: la notion du péché disparaît

Notre séparation, voulue de Dieu, notre mise à part, comme pour Israël, atteste que nous sommes la propriété de Christ qui a donné sa vie pour nous.

La séparation est un titre de propriété.

Appartenant à Christ, et avec lui cohéritiers, nous attendons, avec son retour (vraisemblablement très proche) la grande réunion qui rassemblera en lui tous les enfants de Dieu aujourd’hui encore dispersés.

André Aellen
1) «Les eaux au-dessus»: il s’agit de l’hydrosphère qui protégeait des rayons radio-actifs, assurant la longévité des êtres vivants, et qui produisait un effet de serre, assurant une température similaire sur toute la terre; au déluge, cette eau en suspension descendit sur la terre sous forme de pluie pendant 40 jour et 40 nuits (N.d.l.r.)


Chronique de livres

Titre: Quand Dieu a parlé aux hommes (186 pages)
Auteur: Paul Wells
Editeur: LLB Guebwiler, 1986

Livre d’un auteur contemporain qui confirme dans une expression moderne et un style différent, ce que L. Gaussen et d’autres après lui ont écrit sur l’inspiration des Ecritures, Wells bat en brèche le pluralisme théologique qui a jeté dans la confusion et dans la faiblesse la plupart des Eglises réformées du 20è siècle. Son livre remet en honneur l’absolu de la foi sans rien concéder aux prétentions de la raison ni aux hypothèses de la science. E est complété par deux annexes, la première sur l’inerrance biblique (Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978), la deuxième sur l’herméneutique biblique, c.-à-d. l’interprétation des textes (Déclaration de Chicago du 13 novembre 1982). Ces déclarations sont magistrales de clarté et de fermeté.

Ce livre tranche avec tout ce qui est neutre dans le monde évangélique et ose affirmer que la Bible juge de tout et ne peut être jugée par personne.

Le livre de P. Wells est non seulement des plus remarquables au point de vue de la foi en l’inspiration plénière de la Bible, mais aussi de la façon dont il s’y prend pour expliquer la place que l’Ecriture tient dans le plan de Dieu et «comment elle doit être lue par le chrétien». Dans un langage qui reste accessible à ceux qui possèdent déjà des éléments solides sur le christianisme, l’auteur désire que soient discernées les valeurs permanentes afin que les hommes «en vivent concrètement jour après jour». Son ouvrage est de tout premier plan.

Résumé du livre

Le livre s ‘ouvre par un résumé en forme de liminaire qui récapitule à la fois la matière de l’ouvrage et l’essence des convictions de l’auteur. Inutile de vouloir résumer ce qui l’est déjà. J’en viens donc aux sujets des huit chapitres couvrant les pages 22 à 169, chapitres suivis des deux annexes sur l’inerrance biblique et sur l’herméneutique, de la Déclaration de Chicago des 28 octobres 1978 et 13 novembre 1982.

Avec le chapitre 1 nous entrons dans l’histoire de ce que l’auteur appelle «la crucifixion de la Parole de Dieu dans l’Eglise». Après avoir exposé en quoi consiste la position classique où Dieu est reconnu comme l’Auteur des Ecritures et les écrivains comme des instruments par la bouche desquels le Seigneur a parlé, sous l’inspiration et le contrôle du Saint-Esprit, WeIls montre le point de départ et le développement du rejet de la position classique sous l’impulsion des théologiens influencés par l’humanisme. Devant l’insuffisance des thèses libérales qui fleurissent au 19C siècle apparaît la proposition néo-orthodoxe de Karl Barth (20C siècle) qui tend à «revaloriser la révélation et l’autorité de la Bible» tout en n’identifiant pas la Bible avec la Révélation (dans le sens absolu et exclusif du terme) et tout en relativisant son autorité. C’est la rabaisser «à un témoignage humain à la révélation de Dieu» et prétendre que «Jésus-Christ est la seule révélation qui manifesterait l’union du divin et de l’humain».

A la fin du premier chapitre, Wells traite de la situation actuelle qui résulte de l’effondrement de la théologie néo-orthodoxe et se caractérise par le «pluralisme». C’est avec raison qu’il note: «Lorsqu’il y a dissociation entre Ecriture et Parole de Dieu, la révélation ne peut plus être perçue. par le lecteur de la Bible, que de façon subjective.» La conclusion du chapitre introduit le sujet du deuxième: «Il vaut mieux écouter ce que la Bible dit d’elle-même.»

L’approche des Ecritures selon ce qu’elles disent d’elles-mêmes est la bonne longueur d’ondes nous permettant de capter son message et l’intention de ce message. Captivant sujet faisant l’objet des vingt pages du chapitre 2.

La Bible rend témoignage à son inspiration et il y a complémentarité entre la foi en Christ et la foi en l’Ecriture. L’attitude de Jésus envers l’Ancien Testament, dont il affirme l’origine divine de plusieurs manières et son inspiration, ainsi que «l’authentification prophétique du NT par Jésus» (ses paroles et ses promesses énonçant «le principe fondamental à la base de la formation du canon par l’inspiration de l’Esprit») sont le fondement de la fiabilité du message de «toute Ecriture», AT et NT compris.

Le chapitre 3 distingue entre ce que l’inspiration n’est pas et ce qu’elle est.
 Il importe de comprendre que «la Bible est un document rédigé dans le cadre de l’alliance qui unit Dieu à son peuple. Dans ce pacte Dieu est le souverain et l’homme le serviteur qui répond, ses réponses se situant à l’intérieur de l’alliance.»

Sur le rôle de Dieu dans l’inspiration, l’auteur développe trois pensées:
– il est l’auteur des Ecritures;
– il fournit le témoignage cohérent de sa révélation;
– il suggère aux écrivains les paroles de leurs écrits.

Vient ensuite le problème des difficultés de la Bible dont la cause première réside dans une mauvaise approche où les présupposés humains ressemblent à des clés qui ne conviennent pas à la serrure que l’on voudrait ouvrir.

Le chapitre 4: «Dieu a parlé» établit la relation entre la Personne de Dieu, sa capacité de parler et le fait qu’il parle effectivement. En même temps que la notion de relation est affirmée, celle de la distinction entre Dieu et ses attributs est énoncée. La Parole «exprime l’identité de Dieu en tant que personne. Pourtant, si cette Parole est l’expression de l’être divin, elle n’est pas toute la réalité de la personne de Dieu, à la fois Un et Trine».

Une question appelle tout le développement du chap. 5. La voici: «Cette Parole divine et humaine, est-elle dans le monde comme dans un milieu étranger? Donne-t-elle une information sur Dieu qui serait en opposition avec ce que l’on connaît par ailleurs sur le monde?» Vient alors cette réponse lapidaire dont dépend toute la démonstration subséquente: «Toute relation personnelle avec Dieu et la confiance qu’on peut avoir en lui dépendent de son contrôle des réalités qui nous entourent.» Les pages 100 à 117 traitent de la révélation générale (le Dieu de grâce se manifeste dans la nature), de son but et de ses limites, puis d’un nouveau principe de connaissance que constitue la révélation spéciale et le fait que la Bible considère la révélation générale et la révélation spéciale comme complémentaires. «Le fondement de la connaissance de Dieu est la révélation créationnelle et rédemptive.»

Sous le titre «L’autorité de la Bible». Wells consacre le chapitre 6 à définir quel est son fondement, la façon dont s’exprime cette autorité, comment recevoir cette autorité (en relation avec son centre christelogique et de dessein de la rédemption), en renonçant à faire obstacle à la révélation qui est limpide, alors que le coeur de l’homme est tortueux et méchant.

Le chapitre 7, «La vérité de l’Ecriture», définit ce qu’est l’inerrance, insiste sur l’importance de la doctrine de l’inerrance et l’élève contre tout «ce qui voudrait réduire le champ de l’inerrance». Ensuite l’auteur examine les objections à l’inerrance qui sont de plusieurs ordres mais ne résistent pas à l’analyse.

En abordant le point trois de ce chapitre, «Caractéristique de l’inerrance biblique», l’auteur montre comment et pourquoi l’inerrance et l’infaillibilité sont des notions très proches l’une de l’autre.

La suite du chapitre (points 4, 5 et 6) rejette la notion d’une inerrance partielle où la vérité de l’Ecriture ne concernerait que les enseignements moraux et spirituels. «La Bible est sans erreur et apte à permettre de comprendre les réalités spirituelles et matérielles.» Par conséquent, si la Bible est suffisante dans le domaine de la foi, elle l’est aussi «pour régir aujourd’hui la vie quotidienne.»

Enfin, puisque la vérité est un tout qui couvre le temps et l’éternité, elle dévoile tout ce qui se rapporte à la fin des temps et atteste que la nouvelle création a déjà commencé sous l’action de l’Esprit Saint.

Reste la question de l’interprétation de l’Ecriture, exposée dans le dernier chapitre du livre.

Que Dieu ait confié la vérité aux hommes est une chose. Mettre en relief cette vérité, c’est-à-dire l’interpréter, en est une autre. Pour le faire correctement, sans imposer au texte notre sens, il est nécessaire de respecter un ensemble de règles et de phases «en reconnaissant la complémentarité des caractères d’ordre divin et humain de la Bible».

Le travail exégétique est indispensable, mais s’il fait l’économie de l’action de l’Esprit, s’il oublie «que la Bible se rend un témoignage à elle-même.., qu’aucune preuve humaine n’existe pour nous convaincre», alors l’interprète apportera aux autres son propre message et non celui que Dieu a voulu communiquer à l’homme pour son salut.

Jean-Jacques Dubois
Pasteur, Action biblique Genève


Titre: La sainte Cène (77 pages)
Auteur: E. Kevan
Editeur: Europress, F-71100 Chalon-sur-Saône

La sainte Cène, qui symbolise que Christ est en nous, est une ordonnance instituée par le Seigneur pour les siens, tout comme celle du baptême, qui symbolise que nous sommes en Christ (p. 59).

Le repas du Seigneur est présenté dans ce petit livre sous quatre aspects, à savoir: celui d’un mémorial, celui d’une alliance, celui d’une communion fraternelle et celui d’une espérance.

1. Un mémorial. Il nous est ordonné par Christ, qui nous a conféré l’autorité de le pratiquer, ce que l’Eglise primitive faisait régulièrement le premier jour de la semaine (Act 20.7). Ce repas du Seigneur nous permet de nous souvenir de sa mort jusqu’à son retour, ce qui implique aussi sa résurrection, et donc toute son oeuvre rédemptrice. «Le Seigneur a prévu ce signe externe afin de toucher, à travers de nos sens physiques, notre perception spirituelle» (p. 15). Ces symboles commémoratifs, le pain et le vin, sont deux expressions métaphoriques qui servent comme signes de sa mort, sa résurrection, son alliance et notre communion avec lui et entre nous. Elle n’indique pas l’identité des espèces avec le corps du Seigneur comme l’enseigne Rome et comme Martin Luther continua de le soutenir (p. 16). C’est le mémorial d’une personne, de Jésus-Christ qui s’est livré pour nous (Gal 2.20). Ce mémorial est basé sur un fondement historique. Prendre le repas du Seigneur indignement «veut dire le prendre avec complaisance, avec frivolité, sans se soucier le moins du monde du péché qui nous alourdit» (p. 23). Nous avons l’ordre impérieux de «nous examiner», afin de discerner en nous s’il y a lieu de nous humilier devant lui pour quelque voie de chagrin que nous aurions prise. Cela exclut tout traditionalisme et nous pousse à pratiquer cette ordonnance divine régulièrement à sa gloire.

2. Une alliance. Le souper que prit le Seigneur avec ses disciples était vraiment le repas de Pâques. En effet, l’institution de la Cène était liée à la célébration de la Pâque juive. Une étude un peu plus approfondie des récits dans Mat 26, Marc 14, Lue 22 et Jean 13 fait penser que le Seigneur «transforme la Pâque pour en faire le repas de la nouvelle alliance» (p. 31). Cette partie approfondie et intéressante démontre que quand Dieu prend un engagement à travers l’incarnation de son Fils, celui-ci reste ferme et éternel, ce qui nous incite à répondre avec joie et respect à l’invitation de célébrer la Cène régulièrement (toutes les fois. 1 Cor 11.25). Dieu désire aussi que ce soit de notre côté une «loyauté sacrée» et qu’en mangeant le pain et en buvant le vin, sa table ne soit pas violée par nos inconséquences.

3. Une communion fraternelle. Elle trouve son expression suprême à la table du Seigneur, car nous manifestons, les uns envers les autres, l’amour de Dieu en «partageant» le pain et le vin avec tous ceux qui sont aussi organiquement liés au Christ, qui est la tête de son corps, l’Eglise. Cette communion est l’oeuvre du Saint-Esprit sur la base de l’oeuvre rédemptrice de Christ. Cette communion joue dans le sens vertical aussi bien qu’horizontal, symbolisé par la Cène (Act 2.42; 1 Cor 10.16; 1 Jean 1.3, 7). Il n’y a pas de place pour l’individualisme immodéré.

Ici, il faut placer la discipline, «qui a pour but de préserver la pureté de la communion fraternelle», car il y a «un lien direct entre la discipline de l’Eglise et la sainte Cène». D’autre part, «Charles Spurgeon faisait un jour cette remarque: «Il y a plusieurs frères avec qui je ne puis m’entendre sur certains points, mais je peux m’entendre avec eux en me souvenant du Seigneur Jésus. Je ne pourrais pas travaiL-1er avec eux dans tout ce qu’ils font, mais s’ils veulent se souvenir du Seigneur Jésus, je peux me joindre à eux» (p. 61).

4. Une espérance. Finalement, nous sommes appelés à célébrer la Cène en vue de son glorieux retour Il est important que nous regardions aussi vers le futur après nous être souvenus de ce qui s’est passé au Calvaire, car son oeuvre rédemptrice a une valeur et une portée futures et éternelles.

Nous recommandons ce petit ouvrage bienvenu, qui s’ajoute aux quelques rares exposés en français sur le repas du Seigneur Il est écrit simplement et nous donne envie d’adorer Dieu et de le louer avec «ce moyen de grâce spécial» qu’est la Cène (p.l9).

H. Lüscher


Chronique de livres

Titre: Le sermon sur la montagne (The Sermon on the Mount) (186 pages)
Auteur: J. Dwight Pentecost
Editeur: Edition Vida, 17, rue de Bizy, F-27200 Vernon

L’ouvrage de J. Dwight Pentecost est une interprétation sobre du Sermon sur la montagne, interprétation qui éclaire bien le contexte historique de cet appel à suivre le Seigneur, en tournant le dos à l’hypocrisie de ceux qui se contentent des apparences de la piété (les pharisiens et les docteurs de la Loi contemporains de Jésus-Christ) et qui fait l’application pratique et actuelle des principes de vie spirituelle que ce Sermon inimitable met en valeur. Tout ce qui est façade est fustigée.

La première partie expose le début du sermon (Matth 5:13-16) et présente les caractéristiques de la vraie spiritualité, ou le fruit de l’Esprit. Le passage de Matth 5:17-20 permet à l’auteur de répondre à cette question redoutable: «A quel point un homme doit-il être bon pour aller au ciel?» Cette question est aussi un défi en rapport avec l’impossibilité pour l’homme de répondre aux exigences de la Loi par ses propres moyens. Vient ensuite l’exposé des normes morales divines qui placent l’homme pécheur devant sa vraie condition et l’obligent à reconnaître que I ‘apparence de la piété ne peut tromper que les hommes. Dieu voit au-delà des apparences et juge ce qui est caché au fond du coeur (Matth 6:21-6:18).

L’homme doit faire un choix: quel trésor veut-il acquérir, quel maître veut-il servir en qui et en quoi veut-il mettre sa confiance? (5:19-34).

Le chap. 7 est la conclusion du Sermon. Il attire l’attention sur le danger de mal juger les autres et de se tromper sur soi-même. Il exalte l’esprit de grâce qui donne et l’esprit de foi qui demande avec confiance. La règle d’or est décrite dans les v. 12-20 qui soulignent l’importance de l’amour, de la sainteté, de la vérité. Le chemin qui mène à la vie est étroit mais droit, alors que celui qui conduit à la perdition est spacieux. Finalement, le critère suprême ne réside pas dans les belles paroles, même religieuses («Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous dans le royaume de Dieu . . .» v. 21), mais dans l’obéissance à la vérité révélée: . . . «mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (v. 21). Voulons-nous bâtir sur le roc de la Parole ou sur le sable d’une piété factice? Matthieu 7:24-29. Question solennelle!

Livre excellent, surtout pour les chrétiens.

J.-J. Dubois