PROMESSES

Chronique de livres

Titre: «Approche biblique de la relation d’aide» (230 pages) (Effective Biblical Counseling)
Auteur:     Lawrence J. Crabb Jr
Editeur: LLB, Guebwiller

La 1re partie de ce livre définit le but de la relation d’aide: non la recherche d’un bonheur égoïste mais la maturité en Christ, la croissance à son image. N’oublions pas que tous les justifiés sont appelés à être glorifiés (cf. Rom 8.28-30). Ce but implique donc une réorientation et une progression. Le 2e chap. de la 1re partie montre que certaines découvertes de la psychologie ne sont pas incompatibles avec l’Ecriture mais que l’Ecriture reste l’autorité infaillible et absolue à la lumière de laquelle l’on peut juger de tout.

La 2e partie répond à cette question: «Que faut-il savoir des gens pour les conseil­ler utilement?» Il faut savoir «de quoi ils ont besoin pour vivre vraiment». Ils ont besoin d’un but, c’est-à-dire d’une raison d’être et d’une sécurité (savoir que l’on est accepté inconditionnellement). Christ répond à ce double besoin. Pour conseiller valablement les gens, il faut savoir leurs motivations, c’est-à-dire pourquoi ils se comportent de telle ou telle manière. Cette question fait souvent apparaître un terrain de frustration qui peut être guéri en Christ. Donc, pour conseiller utilement il faut encore connaître la structure de la personnalité, c’est-à-dire les domaines respectifs du conscient et de l’inconscient. L’auteur, qui est dichotomiste, explique le rôle du coeur (intentions fondamentales d’une personne, choix décisifs: vivre pour soi ou vivre pour Dieu). Il aborde l’élément volitif de notre personnalité et souligne le rapport existant entre la connaissance et le fait de choisir une voie (par ex. le salut) d’une manière responsable. L’auteur pense que «la relation d’aide est un effort d’apprendre à penser juste, à choisir des comportements justes, puis à faire l’expérience de sentiments justes». La 3è partie postule que la relation d’aide, pour être efficace, doit s’appuyer sur une compréhension claire de la façon dont naissent et se développent les problèmes. L’auteur consacre deux chapitres à cette analyse. Tant que l’homme place sa raison d’être au mauvais niveau, il s’enferme dans un processus qui le conduit à l’impasse et le pousse à fuir la réalité. Dès qu’il saisit «la vérité qu’en Christ il a une raison d’être et est en sécurité et qu’il commence à mettre cette vérité en pratique par une vie raisonnable, responsable, obéissante et engagée», il vit réellement, vibre et s’épanouit. Le chap. 8 souligne le fait que l’ob­jectif de la relation d’aide est d’apprendre aux gens à dépendre plus étroitement de Dieu. La 3è partie se termine par un modèle simple de relation d’aide, très utile pour ceux qui veulent aider les âmes en cernant les causes de leurs maux.

La 4e partie esquisse un programme de relation d’aide dans la communauté chré­tienne, à trois niveaux: l’encouragement, l’exhortation, l’élucidation.

Ce livre corrige pas mal de fausses conceptions sur ce qu’est la vie chrétienne, présentée trop souvent comme la fin des luttes, des problèmes, des épreuves! L’au­teur dit à juste titre «qu’une partie de nos souffrances provient directement du fait que nous sommes chrétiens» (Rom 8.17). Il montre comment, à partir d’une bonne connaissance de ce qui motive les comportements humains, l’Eglise peut aider ceux qui se débattent dans leurs problèmes et les conduire à la maturité en Christ. L’ou­vrage de Crabb est réaliste, clair. Sans rejeter les apports de la psychologie, il pose comme principe de base que «l’Ecriture fournit la seule instruction faisant autorité quant à la relation d’aide».

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre: «La vision chrétienne du Monde» (256 pages) (Transforming Vision)
Auteur:     B. Walsh, R. Middleton
Editeur: Sator, Coll. Alliance, 11 Rte Pontoise, F-95540 Méry-sur-Oise

Ce livre contient quatre parties:

1. Les différentes cultures ont une influence sur la vision du monde. Ces diverses visions sont «des cadres de perception des choses, des façons de voir la réalité». Le fondement de toute vision du monde correspond à la manière dont chaque individu répond à 4 questions auxquelles les hommes doivent faire face: Qui suis-je? Où suis-je? Où est le problème? Quel est le remède?

2. La vision du monde selon l’Ecriture. Le fondement est la création, car c’est la création qui a été atteinte par le péché et que le salut concerne. Dieu crée, soutient, maintient et intervient en faveur de ce qu’il a appelé à l’existence. Pour l’homme créé à l’image de Dieu, le problème surgit lorsqu’il se laissa détourner du but pour lequel il avait été créé. Adam a choisi entre deux allégeances. Dès lors, au lieu d’adorer et de servir le Créateur, l’homme a transformé en idoles ce que Dieu avait créé! La voie était ouverte à la malédiction. Ainsi, la création, bonne à l’origine, fut asservie à la corruption.

S’il y a problème, le remède est heureusement offert dans l’oeuvre de rédemption en Jésus-Christ. A l’histoire de la chute répond celle de la rédemption dont Jésus est le centre: «Dieu vaincra Satan par la descendance de la femme.» Toute cette histoire merveilleuse s’est inscrite dans une série d’alliances: avec Noé, avec Abraham, etc., jusqu’à la manifestation en chair du Messie et l’instauration de la Nouvelle alliance. Si le pardon des péchés en est la première conséquence, il ne faut pas oublier que le but ultime est «la restauration totale de la vie des hommes…».

3. La vision du monde moderne. Alors que la vision biblique de la création, de la chute et de la rédemption «est globale et unifiée», pourquoi les chrétiens, par leur façon de vivre, créent-ils un véritable fossé entre eux et la Bible? Reflètent-ils leur culture nationale ou le Seigneur Jésus? «Leur vision du monde s’accorde-t-elle avec la foi qu’ils confessent?» Hélas, non! A quoi cela tient-il? Les auteurs répondent: «au dualisme». «Le dualisme est une vision du monde qui sépare la réalité en deux catégories fondamentalement distinctes: le sacré et le profane, le religieux et le séculier.» Cette vision rend l’homme autonome, il ne dépend plus de Dieu mais il «devient une loi pour lui-même». De gérant de la création il est devenu un dieu convaincu que rien n’arrêtera le «progrès». Dès lors trois idoles se sont imposées: le scientisme, le technicisme, l’économisme. C’est «une trinité impie», qui marque la fin d’une époque et engendre les catastrophes que l’homme orgueilleux ne peut conjurer.

4. La responsabilité des chrétiens. Ils doivent mettre en oeuvre la vision du monde biblique, faute de quoi ils deviendront du sel qui a perdu sa saveur. Si le chrétien n’a pas la vision culturelle globale, il manquera de cohérence dans son attitude à l’égard des faits de société, car «tous les problèmes sont interdépendants». Il faut chercher à reconstruire notre culture à partir des principes bibliques. Une telle démarche im­plique que nous renoncions à nos idoles. Toutes les dimensions de la vie doivent trouver leur vraie place et non une au détriment des autres. Sans le respect des normes bibliques, l’on aboutit forcément à des concepts qui font du tort à l’homme. L’Eglise chrétienne devrait infléchir les principes et les comportements, sans user de contrainte, mais par la mise en oeuvre de la solidarité à l’égard de ses membres confrontés aux exigences souvent arbitraires de la culture environnante.

Puisque l’université se trouve au coeur même de notre système culturel, les auteurs plaident pour que le message rénovateur du christianisme se fasse entendre dans cet endroit stratégique.

Ce livre est d’une grande valeur intellectuelle, d’une conception biblique équili­brée (proche des thèses de Schaeffer). Il pose bien le problème de la vision chré­tienne du monde en dénonçant les thèses philosophiques qui ont privilégié le concept dualiste: «esprit – corps, éternel – temporel, nature – grâce».
 Nos réserves portent sur le fait que «le monde nouveau» est davantage présenté comme «les cieux venant à nous» que comme les chrétiens allant au ciel (p. 136, note 23).

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre: «Quelle justice, quelle paix pour la société l’aujourd’hui?» (46 pages)
Auteur:     Jerram Barrs, Paul Wells
Editeur: Editions Kerygma, 33 Av. Jules-Ferry; F43100 Aix-en-Provence

La première partie de ce livre de 46 pages est centrée sur le thème:

Dieu, la création et les engagements du chrétien.

Le professeur Wells, après avoir montré comment l’humanisme a sécularisé les fondements chrétiens de la culture occidentale, s’attache à rappeler: les fondements de l’engagement chrétien; la structure de cet engagement qui est celle de l’Alliance stipulant les devoirs de l’homme envers Dieu et envers le prochain et la pratique de l’obéissance selon l’Alliance. Comment le chrétien peut-il se situer et s’engager dans trois domaines qui sont ceux de la justice, de la paix et de la conservation de la création? Wells répond à cette interrogation en éclairant l’origine spirituelle des maux qui affligent l’humanité. La conclusion sur l’intégrité de la création est pleine d’espérance. Elle montre comment «Dieu préserve, pour sa gloire, sa création même déchue, en vue du salut et de l’obéissance de son peuple». Et Dieu fait cela «parce que Christ a subi l’enfer de la séparation avec Dieu». Ainsi «le jugement est retenu dans le monde… Et Dieu, dans sa providence, a le pouvoir de restreindre la folie de l’homme et de préserver sa création». Toutefois, cela ne dispense pas les hommes, à ortiori les chrétiens, de respecter la création et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour la préserver.

La deuxième partie, rédigée par Jerram Barrs, est résumée de la façon suivante en exergue: «De même que la paix que nous connaissons dans notre relation avec Dieu vient de ce que Christ a satisfait la justice à notre place, de même, dans la société, la paix est impossible là où règne l’injustice. Cela est vrai dans un pays: pas de paix tant que les criminels sont en liberté. Cela est vrai sur le plan international: pas de paix dans le monde tant qu’il est rempli d’injustices.»

Le texte de Barrs décrit les principes bibliques de la justice et comment ils peuvent s’appliquer à notre génération. Il le fait d’abord en louant le désir de paix, mais en montrant que cela n’implique pas la passivité devant le mal et la menace, comme le croient les pacifistes inconditionnels. Il est faux de dire que «la guerre est toujours contraire à la volonté de Dieu». Estimant que l’argumentation des pacifistes est «erronée de bout en bout», Barrs va, en restant proche de l’actualité, démolir les arguments en projetant la lumière biblique sur les questions fondamentales sui­vantes: la place et l’importance de la justice et du jugement, pour Dieu lui-même et entre les hommes; le lien entre la justice et la mort; le rapport entre les commandements de Dieu pour l’humanité, dans l’AT et le NT, en particulier sur la vengeance personnelle et la punition judiciaire; la vocation de l’Eglise dans le monde et la signification biblique de la paix. La paix sans justice n’est pas conforme à la nature de Dieu.

Ce fascicule est extrêment dense de pensée et peut intéresser un public cultivé aimant la réflexion. La première partie pose les bases théologiques; elle est plus abstraite que la seconde, qui empoigne des sujets tels que: le pacifisme, le légitimité de certaines guerres, la nécessité de l’institution du gouvernement avec le pouvoir de châtier les coupables, l’exercice de la justice à l’intérieur des Etats et au plan de «guerres justes» et, finalement, la morale chrétienne et la dissuasion nucléaire. Les fausses conceptions du pacifisme sont battues en brèche. Ce petit livre a une im­mense portée. Il est un exemple de clarté. A recommander vivement.

Jean-Jacques Dubois