PROMESSES

Henri Lüscher et Jean-Pierre Schneider

Notre époque est caractérisée par une grande superficialité et un goût pour la vie facile. Les mass-médias en sont en grande partie responsables. Notre génération, en proie à la philosophie de l’humanisme érigée en religion, en est venue à relativiser toutes les valeurs par rapport à Dieu et à la Bible. Il en résulte une diminution de la qualité de la foi chrétienne biblique prêchée et vécue. Cela se traduit par une dilution du message de l’Evangile, qui perd ainsi une grande partie de son impact et ne produit plus la repentance qui mène à la conversion.

Définition

Le nom grec «pistis» a une double signification: «foi» et «fidélité». De même, l’adjectif «pistos» signifie à la fois «plein de foi» et «fidèle». Mais cette définition n’a qu’une dimension linguistique. Sans les personnes impliquées, ces concepts restent dans le vide. Examinons-les donc en les appliquant aux personnes.

La foi

Il y a celui qui croit, et il y a l’objet de sa foi. Dans toute la Bible, l’objet de la foi est la Personne du Dieu trinitaire et la Parole du même Dieu trinitaire. La Personne et la Parole ne peuvent être dissociées.

Croire en Jésus-Christ n’est pas facultatif. Parlant du Père, Jésus dit: Voici son commandement: que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ. Pourquoi?

Parce qu’il n’y a sous le soleil aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Act 4.12), c’est-à-dire devenir enfants de Dieu. En présentant Jésus comme la lumière du monde, Jean écrit qu’à tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom (Jean 1.12).

La foi au nom de Jésus est d’abord l’acceptation de l’événement historique de l’incarnation de Dieu en son Fils Jésus-Christ, de son oeuvre rédemptrice à la croix et de sa résurrection. Pour pouvoir croire, il faut d’abord connaître les éléments de base de la foi chrétienne tels qu’ils sont révélés dans les Ecritures. La foi se base donc sur ce qu’on connaît à travers la prédication et la lecture personnelle de la Bible. Loin d’être quelque chose de vague, c’est bien précis.

Beaucoup de gens croient qu’il y a un seul Dieu, mais cela ne suffit pas. Les démons le croient aussi, et ils tremblent (Jac 2.19), car ils savent que Dieu est le Juge universel.

Ce qui doit être réglé, c’est le problème du péché qui condamne l’homme, car c’est le péché qui sépare de Dieu. De là l’appel urgent lancé par Jean-Baptiste et répété par Jésus et les apôtres après lui: Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle (Marc 1.15). L’Evangile est la bonne nouvelle du pardon rendu possible par la croix. Ceci est mon sang, dit Jésus, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés (Mat 26.28). Celui qui nous aime nous a délivrés (ou: déliés) de nos péchés par son sang (Apoc 1.5). Il n’y a pas d’autre évangile qui puisse sauver.

La foi est donc une totale confiance en Jésus-Christ et en l’efficacité de son oeuvre de rédemption. Il est entièrement digne de confiance, car son nom n’est-il pas Fidèle et Véritable (Apoc 19.11)? Chacune de ses paroles est la vérité absolue, car la parole de Jésus n’est rien d’autre que la parole de Dieu (Luc 5.1) C’est pourquoi les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie (Jean 6.63); elles communiquent la vie: Il nous a engendrés… par la parole de vérité (Jac 1.18).

Ce que je crois, le contenu de ma foi, est d’une importance capitale. De ma foi en Jésus-Christ et tout ce qu’il représente dépend mon salut et la qualité de ma vie d’enfant de Dieu. En dehors de la foi en Jésus-Christ, il n’y a pas d’espérance, pas de vie, pas de ciel.

Le prix de la fidélité

Bon et fidèle serviteur…

Fidèle à quoi? Selon les paraboles de Mat 25 et Luc 19: fidèle à faire fructifier ce qu’on a reçu du Seigneur.

Qu’avons-nous tous reçu? – La vérité révélée par la Parole (Jean 17.17). Elle aussi s’attache à une personne: le Christ est la vérité. Il ne peut donc pas y avoir de vérité «relative»; elle est ou elle n’est pas, tout comme Christ est ou il n’est pas.

Il s’agit d’être fidèle à la personne du Christ tout autant qu’à son enseignement et à celui des apôtres qui, par l’Esprit, ont reçu des enseignements complétant ceux de Jésus, qui ne parle que de ce qu’il a entendu du Père et du Fils (Jean 16.13-15).

La première fidélité (celle de base) est celle à sa Parole (tout comme à sa Personne: les deux sont inséparables). Il n’est pas question ici d’opinions personnelles, mais de convictions fondées sur la Parole, qui seule nous fait connaître le Christ. Elle est la base de notre statut d’enfants de Dieu. Cela présuppose, une fois de plus, que nous ayons reçu la connaissance de la vérité (Héb 10.26). La Bible entière nous encourage à continuer à augmenter notre connaissance; mieux nous connaissons la Bible, mieux nous connaissons Dieu, plus notre relation avec le Seigneur est approfondie.

Dès la création, Dieu a séparé la lumière des ténèbres. Christ, la Parole devenue chair, est la lumière du monde. Ayant reçu le Christ, nous sommes la lumière des nations (Act 13.47), une lampe qui brille dans un lieu obscur (2 Pi 1.19), nous qui autrefois étions ténèbres, mais maintenant lumière dans le Seigneur (Eph 5.8).

Lumière et ténèbres sont inconciliables. Vérité et erreur sont inconciliables. Or l’erreur se présente toujours enveloppée d’une partie de vérité, sans quoi elle ne séduirait personne. Satan utilise toujours la même tactique. Quand il veut séduire Jésus, il cite le Ps 91, mais seulement les v. il et 12, arrachés du contexte des v. 9 et 14-15, sans lesquels la promesse citée par le diable reste sans effet. (Le v. 9 peut se traduire: Si tu fais du Très Haut ta résidence; Satan escamote cette condition).

Rester fidèle à la Bible, parole révélée par l’inspiration du St-Esprit, telle qu’elle se comprend primairement, donc sans spiritualiser les miracles et les prophéties qui dépassent notre raison humaine limitée, est aujourd’hui considéré comme puéril, voire imbécile. Le romancier Louis Bromfield écrivait déjà en 1937 d’un de ses héros qu’il était «trop intelligent» pour accepter la doctrine chrétienne…

Témoigner de la vérité absolue de la Parole, au besoin combattre l’erreur (que les apôtres ne se gênaient pas d’appeler fausse doctrine) est très mal ressenti par les incrédules et les fausseurs de la Bible. Il peut parfois être nécessaire de nommer les faux docteurs, comme Paul quand il dut réprouver Pierre en présence de tous (Gal 2.11, 14). Fi à quiconque ose aujourd’hui s’attaquer à l’enseignement d’un personnage en vue tel que Pierre l’était alors! Mais cela peut être une nécessité inévitable afin d’avertir l’Eglise contre de faux enseignements et de fausses pratiques. L’impopularité, voire l’inimitié, sera le prix de la fidélité, que nous devons, avant toute autre loyauté, au Seigneur.

Cette fidélité est une des caractéristiques du fruit de l’Esprit (Gal 5.22). En restant fidèles au seul Seigneur Jésus-Christ et à sa seule parole, nous prenons le risque d’être mis à l’écart par ceux qui préfèrent suivre les grands courants actuels qui sont en train de séduire l’Eglise au détriment d’un enseignement solidement campé sur la seule parole de Dieu.

Il va sans dire que cette fidélité a ses répercussions dans la vie de tous les jours. En tant que lumière du monde, nous sommes exposés aux regards des hommes, afin qu’ils voient nos oeuvres bonnes et glorifient notre Père qui est dans les cieux (Mat 5.16). Cela concerne notre vie familiale et professionnelle autant que notre vie d’Eglise. Les épouses accompliront en toute fidélité leur mission au foyer conjugal (1 Tim 3.11). Les maris aimeront leurs femmes d’un amour égal à celui de Christ pour l’Eglise (!), et ils les honoreront comme cohéritières de la grâce de la vie, afin que rien ne fasse obstacle à leurs prières (Eph 5.25; 1 Pi 3.7). Une vie de prière efficace dépend donc de l’harmonie dans le couple; y aviez-vous pensé ?…

Seul un foyer où les deux conjoints vivant dans le respect mutuel restent attachés au Seigneur et à sa parole pourra encore avoir un impact salutaire sur le nombre grandissant de mariages en naufrage.

Quelle est la qualité de notre foi? Sommes-nous de ceux qui ont une grande assurance dans la foi en Christ Jésus (1 Tim 3.13)?

Quel est le prix que nous sommes prêts à payer pour notre fidélité à Jésus-Christ et à sa parole?

Henri Lüscher et Jean-Pierre Schneider


Les enseignements de l’Ancien Testament (27)

A – Les chemins de Dieu

Lecture préalable: 2 Rois 5.1-14

1. Un enfant de Dieu dans l’adversité

Les batailles étaient fréquentes entre Israël et la Syrie, et nombreux les incidents de frontière. C’est ainsi qu’une fillette israélite fut enlevée, déportée, et attribuée comme servante à Madame Naaman, dont le maréchal de mari commandait les troupes de Ben Hadad, roi de Damas. Régulièrement vainqueur sur les champs de bataille, Naaman jouissait d’une grande popularité ainsi que de la faveur de Ben Hadad, qui ne lui ménageait ni honneurs ni richesses.

Mais acclamations du peuple et félicitations du roi ne le déridaient pas, condamné qu’il était à une longue maladie, dégradante et douloureuse. Il était lépreux et aurait volontiers troqué sa glorieuse place contre celle d’un humble soldat, pourvu qu’il fût en bonne santé.

Il n’y avait ni radio ni télé chez les Naaman: alors le soir, à la veillée, on parle, totalement libre des contraintes et prétendues obligations de notre siècle. On ne parle même plus des victoires du maréchal mais de sa maladie incurable, et chacun s’en désole.

Cependant un détail va tout changer et introduire une histoire étonnante: la petite servante hébraïque faisait partie du cercle de famille et partageait ses soucis. C’était une prisonnière bien traitée qui dialoguait avec sa patronne. Or, un jour la fillette lui dit: Oh! si mon Seigneur était auprès du prophète qui est à Samarie, celui-ci le débarrasserait de sa lèpre! (v. 3)

Considérons l’exemple de cette enfant, sa sérénité dans un exil où elle nous paraît plus heureuse que ses maîtres libres. Jugez un peu: elle compatit au malheur des autres et plaide, non pour sa liberté, mais pour la guérison de son maître et… ravisseur. Pour elle, elle a l’Eternel, son prophète et son peuple. Dans les jours mauvais, ce sont des réalités qui subsistent malgré les circonstances, et elles seront à l’origine de la guérison de Naaman et de la paix de toute sa famille. C’est un grand témoignage d’un jeune enfant de Dieu: il y avait encore du bon en Israël.

Le chrétien possède une sérénité semblable, indépendante des circonstances de la vie, parce que sa vraie patrie est céleste et son Dieu fidèle. Aussi passe-t-il ici-bas comme étranger et voyageur, nanti de certains privilèges célestes qui lui permettent de compatir au malheur des incrédules.

2. Bien contre mal

Si puissant fût-il, Naaman n’était pas à l’abri de la lèpre: ses victoires n amélioraient pas son état; il n’y avait pas de compensation. Sa mort inéluctable ne perdrait rien de sa laideur, la victoire dût-elle lui sourire encore. Il était à la fois le général en chef glorieux et le lépreux condamné, les deux extrémités de l’échelle sociale.

Devant Dieu, nos qualités possibles ne compensent pas nos défauts certains et une bonne action ne rachète aucun péché. Une seule transgression rend l’homme coupable devant la loi entière. Il est donc vain de se prévaloir d’une oeuvre, d’un don ou d’un talent qui, à notre avis, pourrait manquer à notre frère (Rom 3.21-24; Phil 2.3).

3. Le chemin du salut

Naaman a décidé de suivre le conseil de la fillette, mais il fera des erreurs de parcours, car il juge selon les valeurs païennes. Aussi l’Eternel corrigera-t-il sa route, et malgré quelques réticences, Naaman modifiera son appréciation des valeurs d’en haut.

C’est ainsi qu’il faut agir pour être sauvé: se convertir au Seigneur Jésus, ce qui conduira toujours à modifier notre échelle de valeurs et à suivre le Seigneur dans un chemin nouveau (Jean 14.6; Act 3.19; Mat 21.29).

Curieusement, pour rencontrer le prophète d’Israël, Naaman consulte.., le roi de Syrie, qui lui donne une lettre de recommandation pour… le roi d’Israël. C’est tellement insolite que le roi d’Israël s’imaginera qu’on attend de lui-même la guérison du général. En réalité Naaman était plus près du prophète qu’il ne le croyait: il aurait pu se rendre chez lui directement, sans lettre de recommandation ni détours.

Les chrétiens savent qu’ils ont libre accès auprès du Seigneur. Pourtant ils peuvent commettre cette erreur qui consiste à chercher, jusque dans les affaires de Dieu, l’appui du monde et de ses puissants. Or, dans le domaine spirituel, seuls les moyens spirituels sont normaux, les autres sont une offense à la gloire de Dieu (Jér 17.5). En Israël, les prophètes oignaient les rois et leurs donnaient des instructions, et non l’inverse (1 Sam 16.13).

Mais dans les affaires du monde elles-mêmes, est-il souhaitable de rechercher l’appui de ses puissants, alors que le Seigneur est capable d’ouvrir ou de fermer n’importe quelle porte (Néh 1.11; 2.2; Apoc 3.8)? A l’inverse, solliciter l’aide du Seigneur «sous réserve de sa volonté» est un excellent moyen de connaître cette dernière pour notre projet (Apoc 3.8; 1 Jean 5.14).

Du reste, comment pourrions-nous la connaître, sa volonté, si au lieu de consulter le Seigneur nous nous adressons aux hommes qui ont le bras long? Quand le chemin convoité n’est pas celui de Dieu, admettons que la tentation existe d’insister et de passer outre (Nom 22.9-12, 18 s.).

Naaman part donc avec sa suite, sa recommandation royale et beaucoup d’or et d’argent. Un vent de corruption serait-il dans l’air? C’est vrai que les gens s’achètent: les indulgences, les situations, les services. Mais dans le domaine de Dieu, rien ne s’achète avec de l’argent ou des influences (Rom 3.24); le général est remis dans le bon chemin par l’émoi du roi d’Israël (Joram), et Elîsée est informé de tout (on ne saurait se cacher de Dieu). Naaman commence à mesurer la sagesse de sa servante et la folie de ses propres combinaisons, mais son apprentissage avec le Seigneur n’est pas terminé. Le nôtre non plus d’ailleurs (Deut 17.18s.).

Il arrive enfin devant la porte du prophète et il attend (v. 9). Il attend peut-être que le prophète l’accueille en ouvrant la porte du carrosse (?); le protocole sans doute. Mais pensez donc, c’est le domestique qui sort, lui lance un laconique message (7 plongeons dans le Jourdain et tu seras guéri) et rentre à la maison sans autres politesses.

Fureur de Naaman: même dans son état désespéré, il n’oublie pas qu’il est un grand personnage. Et puis, cette médecine simpliste est méprisante pour son pays et ses richesses… Comme les puissants et les religieux, il aurait aimé faire quelque chose de difficile pour sa guérison et se parer d’un certain mérite. Mais là n’est pas le chemin de Dieu, et il devra encore apprendre. On ne peut venir à Dieu en conquérant, et le chemin de Naaman serait sans issue si ses serviteurs ne se montraient plus avisés. Ce sont eux qui le reprennent maintenant, et c’est une bénédiction pour Naaman de leur avoir concédé cette liberté de parole. Il les écoutera et sera guéri, totalement.

Le chrétien aussi est tenté de faire quelque chose pour sa propre gloire, pour montrer sa valeur et s’en prévaloir, ne serait-ce que dans son coeur. Se réserverait-il de pouvoir dire un jour: Seigneur! n’est-ce pas en ton nom que j’ai prophétisé, que j’ai chassé des démons, que j’ai fait des miracles? (Mat 7.22).

Remarquons que la foi de Naaman avait ses limites. Certes, il s’attendait à guérir (v. 11), mais il croyait que le prophète comptait sur la valeur de l’eau, et il n’avait pas plus confiance dans le Jourdain que dans le Parpar. Son opinion devait changer.

Ne faut-il pas modifier son opinion de temps à autre et abandonner ses idées anciennes, quitte à s’humilier un peu? (2Ch 7.14).

Enfin, puisque c’est le Jourdain ou rien, Naaman s’y plonge comme prescrit. Sa foi hésitante le lui permet et le pousse ensuite à regarder sa peau malade pour voir si elle est guérie. «Oui, elle est guérie!» Mais s’il n’avait pas eu ce regard sur sa peau après le septième plongeon, tout aurait pu être différent. C’était le regard timide, interrogatif et nécessaire de celui qui ne peut plus compter que sur l’Eternel.

Il suffit que la foi ait Dieu seul pour objet, qu’elle permette de lui obéir, même en hésitant, de regarder ensuite le résultat dans sa vie et de reconnaître alors que Dieu est vrai et grand. On vient (ou on revient) au Seigneur: on sait bien quand c’est lui qui à tout dirigé, et personne ne peut le contester (Job 19.25ss.; Jean 13.17).

4. Le conseil des humbles

Les non puissants, jeunes, étrangers et serviteurs, ont joué un rôle indispensable dans la guérison du général. Les conseils valables sont souvent venus de là. Naaman a pu être sauvé parce qu’il a écouté les humbles et suivi leurs conseils:
– La fillette hébraïque, qui a annoncé la bonne nouvelle d’une guérison possible: si, traitée en ôtage, sans partage quotidien de la vie de famille, elle n’avait rien dit, Naaman aurait été perdu.
– Le domestique du prophète, qui a ordonnancé le remède: le prophète ne s’est même pas montré.
– Les serviteurs du général, qui l’ont raisonné, calmé et encouragé: sans eux, Naaman aurait abandonné.

C’est toujours un grand risque que d’écarter la personne que nous estimons d’un moindre rang, d’un autre milieu que le nôtre, l’étranger, le pauvre, le chômeur, la marginal. A nos yeux myopes, ils sont les faibles du monde; or les conseils touchant à la vie spirituelle ne viennent pas que des savants. Pour nous aider, le Seigneur nous dépêche l’homme de son choix, sans favoritisme. C’est pourquoi les chrétiens ne peuvent mépriser qui que ce soit sans préjudice certain (Ecc 9.14-18).

5. La nouvelle naissance

La guérison physique de Naaman est un exemple imagé de la nouvelle naissance survenant dans l’âme qui se convertit au Seigneur Jésus.

Elisée joue le rôle de l’envoyé de Dieu (Jésus-Christ lui-même), et son domestique celui d’un chrétien qui donne l’indication nécessaire à qui est convaincu d’être perdu, Naaman.

Le Jourdain est un symbole de la mort, mais s’y plonger 7 fois ne parle pas de la mort physique du plongeur. Selon le langage de la Bible, il s’agit de cette autre mort (appelée seconde mort) qui est l’exclusion définitive du royaume de Dieu.

Ressortir vivant du Jourdain parle alors de la résurrection spirituelle immédiate dans une vie nouvelle, et de l’attente d’un corps parfait lors de la résurrection des croyants. Ce n’est pas le cas de la résurrection de Lazare, qui est retourné à son ancienne vie avec le même corps usé; mais c’est le cas de la résurrection du Seigneur Jésus, le premier à revêtir le corps éternel des enfants de Dieu. Par son expérience, Naaman est entré juridiquement dans le peuple de Dieu, et c’est aussi juridiquement qu’est sauvé, corps et âme, quiconque accepte que Jésus soit son Sauveur et son Maître (Jean 3.16).

Henri Larçon


Rappel de l’introduction

Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Brunner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness » (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme en 1906 à Los Angeles avec son prolongement charismatique dans les années soixante. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative; étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations.

IV. La manifestation de l’Esprit: la foi chrétienne (suite)

C. Le dynamisme de la foi

Selon l’expression inoubliable de l’apôtre Paul, la foi, qui est l’oeuvre de l’Esprit, s’énergise en amour (Gal 5.6). L’exercice de l’amour chrétien a besoin de l’énergie de l’Esprit, qui est reçue par la foi (Gal 3.5).

Dans le NT, l’action d’amour exercée par le Saint-Esprit est considérée sous deux aspects: négativement en ce qui concerne la chair et positivement quand il s’agit du prochain.

1. La chair

L’énergie qui produit l’amour par la foi est en tension constante avec la chair . La vie en Esprit est une vie en guerre contre la chair. Cette guerre ne cesse pas une fois que l’Esprit a été reçu (Rom 8.13). Mais c’est justement parce que l’Esprit a été reçu que le chrétien mène un combat continuel pour «mettre à mort» ses mauvais penchants. Ce combat constitue d’ailleurs pour le chrétien l’assurance qu’il est conduit par l’Esprit, qu’il est donc enfant de Dieu. C’est la raison pour laquelle Paul juxtapose ces deux choses: Si par l’Esprit vous faites mourir les (mauvaises) actions du corps, vous vivrez, car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu (Rom 8.13-14).

On peut donc conclure que marcher selon l’Esprit et contre la chair signifie «marcher dans l’amour». Cette marche est la manifestation, la démonstration et l’attestation que l’Esprit est à l’oeuvre, qu’il habite le croyant. L’Esprit ne se manifeste donc pas nécessairement par une extase quelconque, mais bien par un comportement éthique. Ce n’est pas le chrétien qui fait preuve d’expériences spirituelles ostensibles ou qui parle d’une manière inintelligible qui manifeste la vie dans l’Esprit. Car l’amour ne supprime pas la conscience du Moi dans l’extase; il exerce une contrainte sur le Moi, qui peut alors se donner à l’autre. L’amour n’est pas tellement l’explosion d’une grande émotion, mais consiste plutôt à maîtriser ses émotions. L’amour est d’abord caractérisé par la patience; dans les moments décisifs, ce n’est pas tellement la langue qui agit, mais les mains (cf. 1 Jean 3.18, où aimer en parole et avec la langue est mis en contraste avec aimer en action et en vérité).

2. Le prochain

La foi chrétienne se distingue de toutes les religions illuministes par le souci du don au prochain. Le gnosticisme, qui prétend au «savoir par excellence» (généralement par initiation), a pour but l’accumulation de «spiritualité» pour soi-même; pour y parvenir, il faut «faire le vide» en soi afin d’être rempli de substance divine (mouvement vertical). Le but de la foi chrétienne, au contraire, est de se vider de soi-même en vue de se donner au prochain – c’est un mouvement horizontal. C’est à cette différence de direction que prend l’énergie que Paul fait allusion quand il écrit: La connaissance (gnostique, voire charismatique) enorgueillit, mais l’amour édifie (1 Cor 8.1).

Le prochain (que l’on voit) est l’objet de l’authentique spiritualité chrétienne; le spirituel (que l’on ne voit pas) est le centre de toutes les variétés de gnose (connaissance) mystique. Cependant, le gnostique (l’illuminé) est séparé de son prochain aussi par ses expériences spirituelles elles-mêmes. Car chacune de ces expériences le fait accéder à un niveau spirituel supérieur de sorte qu’il considère en état d’infériorité le frère chrétien (et toute autre personne) qui n’a pas fait ces expériences. C’est ainsi que se créent inévitablement des schismes.

3. Pertinence particulière de la première épître de Jean

Cette lettre de Jean doit se comprendre dans le contexte du gnosticisme très répandu de son temps. Jean met en contraste la soi-disant «piété supérieure» des gnostiques avec le seul critère légitime de la foi chrétienne -l’obéissance au commandement de l’amour.

Jean détecte chez les gnostiques une incapacité de fonder leur version de la foi en Jésus en tant qu’homme, parce qu’ils opposent ce qui est humain et naturel à ce qui est spirituel et surnaturel (1 Jean 4.2-3). Par ce fait, ils comprennent mal le côté éthique de la vie chrétienne et donnent la priorité aux «choses spirituelles» (aux expériences supérieures) plutôt qu’aux «choses historiques» telles que le frère et le prochain; la perfection est dans l’amour, et non dans l’exaltation «spirituelle» (1 Jean 4.12). Pour l’apôtre Jean, c’est le manque d’amour et non le manque d’expériences spirituelles qui indique qu’un chrétien n’est pas dans le vrai. Le test de l’authentique spiritualité est donc l’amour et non l’expérience spéciale.

C’est la raison pour laquelle Jean refuse aux gnostiques le droit d’être appelés chrétiens (1 Jean 2.4-6). En fait, centrer sa vie dans le spirituel (donc finalement en soi-même) plutôt que dans le Christ incarné correspond à l’esprit de l’antichrist (1 Jean 4.3).

Par conséquent, la forme de piété gnostique n’est plus, pour Jean aussi bien que pour Paul, une forme valable de la foi chrétienne, malgré sa prétention de l’être à un degré supérieur. La manifestation de la vie chrétienne dans la foi, l’espérance et l’amour se réalise concrètement à l’égard du frère plutôt qu’en démonstration de dons (charismes) de l’Esprit.

D. Le centre de la foi

Les déclarations concernant le Paraclet dans l’évangile de Jean constituent le témoignage le plus concentré sur la doctrine de la manifestation du Saint-Esprit et nous serviront de résumé. Ces affirmations sont toutes centrées sur le Christ auquel l’Esprit rend constamment témoignage.

Nous vous proposons de cataloguer la doctrine du Saint-Esprit et son pendant pentecôtiste de la manière suivante:

1. Jean 14.15-17

(a) Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur (Paraclet) qui soit éternellement avec vous.

Ce texte indique ce qui s’approche le plus d’une condition humaine en vue de recevoir l’Esprit. Ce passage porte-t-il préjudice au principe de «par la foi seule» qu’on trouve partout, et notamment dans l’évangile de Jean (7.37-39), en relation avec le Saint-Esprit? En fait, cette obéissance n’est pas une «oeuvre» en plus de la foi mais, selon l’usage de Jean lui-même, un appel à la foi: Ce qui est l’oeuvre de Dieu, c ‘est que vous croyiez en celui qui l’a envoyé (6.29). Si Jean 14.15 est un appel à l’amour, ce que le contexte suggère (cf. 13.34; 15.12, 17), la doctrine du NT est confirmée.

Par contre, il est intéressant de constater que, jusqu’à ce jour, nous n’avons pas découvert le commandement de l’amour dans les listes pentecôtistes énumérant les conditions pour recevoir l’Esprit. Celles-ci tournent toutes autour de l’abandon absolu à Dieu, de «faire le vide», de l’attente dans la prière; tout cela peut se faire en isolation chez soi, d’une manière égocentrique.

(b) L’Esprit n’est pas donné imparfaitement ou d’une manière incomplète, mais de sorte qu’il soit éternellement avec vous.

Le pentecôtisme nie en général que quand l’Esprit est donné «d’abord», il demeure toujours dans le croyant; pour que cela arrive, il faut, dit-il, une obéissance plus parfaite du croyant, sans quoi l’Esprit ne fait que communiquer le salut. Pourtant, Jésus dit en clair que quand l’Esprit est donné, c’est pour toujours.

(c) L’Esprit de vérité ne peut pas être reçu par le monde parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. (Notez qu’aux disciples Jésus dit: vous le connaissez, alors qu’ils ne parlaient pas en langues…) La doctrine pentecôtiste enseigne que l’Esprit n’est pas donné pour de bon jusqu’à ce qu’il soit «vu» par une manifestation spéciale, celle du «parler en langues». Sans cette évidence, le pentecôtiste ne croit pas que l’Esprit ait été donné d’une manière permanente.

Le NT en général n’approuve pas la demande de «voir» une évidence spéciale de la présence divine. Quand les Pharisiens demandent à Jésus un signe, Jésus répond: Une génération mauvaise et adultère recherche un signe (Mat 12.38-39). Le dicton populaire «voir, c’est croire» ne s’applique pas à la foi chrétienne; les paroles de Jésus adressées à Thomas se réfèrent particulièrement aux croyants après lui: Heureux ceux qui n ‘ont pas vu et qui ont cru (Jean 20.29).

(d) Il ne peut y avoir aucun doute que Jésus s’identifie intimement avec le Consolateur, le Saint-Esprit, car il dit à ses disciples: vous le connaissez (l’Esprit), parce qu ‘il demeure près de vous et qu’il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous. L’Esprit de Jésus (l’Esprit de Dieu, le Saint-Esprit) vient en tant que continuateur et non comme substitut, comme la suite le montre.

2. Jean 14.26

(a) Le Père, dit Jésus, enverra l’Esprit en mon nom. L’identification entre le Fils et l’Esprit est telle qu’avec le nom de Jésus l’Esprit est donné.

Selon le pentecôtisme, la présence totale de l’Esprit n’est pas normalement donnée en réponse à la foi au nom de Jésus, mais à partir de certaines conditions allant au-delà de la simple foi. La coïncidence entre le nom du Fils et la venue de l’Esprit est ainsi ignorée.

(b) L’Esprit, dit Jésus, vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit. Le moi (accentué dans le texte grec) fait bien ressortir que l’oeuvre de l’Esprit n’est pas indépendante ou supplémentaire à celle du Christ. Il serait salutaire pour les pentecôtistes de savoir que la démonstration réelle de la puissance de l’Esprit est de rappeler Jésus-Christ aux hommes et de les mettre en relation avec lui, non pas de les entraîner au-delà de Christ. Cela ressort dans la suite du discours de Jésus (Jean 15.1-11), qui se présente comme la vraie source de la vie chrétienne. Ce n’est qu’en s’éloignant de Christ (en ne demeurant pas en lui) que le chrétien devient impuissant: Sans moi vous ne pouvez rien faire. Il est à craindre que la recherche d’une seconde source de puissance au-delà de Jésus éloigne le croyant de la seule source de Jésus, que le Saint-Esprit ne supplante jamais, mais qu’il représente (l’Esprit rendra témoignage de moi, et vous aussi, vous rendrez témoignage de moi).

3. Jean 16.7-11

La mission de l’Esprit, à savoir convaincre le monde de péché, fait partie de l’annonce de l’Evangile centrée en Christ. Par la prédication de l’Eglise, l’Esprit pousse les hommes à croire en Christ en les convainquant d’incrédulité (parce qu ‘ils ne croient pas en moi). L’oeuvre de conviction de l’Esprit n’est pas liée à un manque de rechercher l’Esprit. De même, 1′ Esprit.., vous rappellera ne signifie pas un simple rappel à la puissance nécessaire pour le service, celle-ci dépendant de la réalité du Christ dans la vie des disciples, cette réalité étant le fruit de l’action de l’Esprit.

4. Jean 16.13-14

(a) L’Esprit ne fait pas que rappeler et convaincre; Jésus dit aux disciples: il vous annoncera aussi les choses à venir. L’Eglise ne doit pas oublier cette dimension future de l’activité de l’Esprit. Encore faut-il relever que cette activité n’est pas une mission indépendante de l’Esprit, car ses paroles ne viendront pas de lui-même (de sa propre autorité), mais de ce qu’il aura entendu du Christ. Par les apôtres, l’Esprit a annoncé fidèlement les paroles de Christ aussi en ce qui concerne l’avenir.

(b) Jésus dit du Saint-Esprit: Lui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera. C’est là le résumé de toute la mission du Paraclet. La manifestation par excellence du Saint-Esprit est la glorification de Jésus-Christ.

Conclusion

Puisque tout a été donné à Jésus-Christ, tout est donné à ceux à qui Christ se donne: Vous avez tout pleinement en lui (Col 2.10). C’est le témoignage unanime du NT par rapport à la manifestation du Saint-Esprit en Jésus-Christ.

Jean-Pierre Schneider
chargé de la traduction-adaptation par la rédaction de Promesses


Dieu a créé l’homme et la femme, et la Bible déclare: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance… Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu (Gen 1.26-27).

Si cette répétition existe, c’est que le fait est important, car Dieu voulait pouvoir communiquer et communier avec sa créature, il voulait entretenir des relations avec elle (Gen 3.8). En créant l’homme, Dieu avait un plan établi pour lui: dominer, garder, cultiver (Gen 1.28).

Cette communication entre le créateur et sa créature a été rompue par le péché, et la rupture a eu pour premier effet la fuite et la peur (Gen 3.10): quelle «vie divine», promise par le serpent à l’homme, pour prix de sa dégustation du fruit défendu (Gen 3.5)! Tu seras errant et vagabond sur la terre (Gen 4.12, Seg), dit Dieu à Caïn. Et comment vivre selon la loi du bien et du mal, lorsqu’il devient de plus en plus difficile de distinguer le mal du bien (Es 5.20; Pr 17.15).

Aujourd’hui, les hommes peuvent retrouver la communion avec Dieu, et vivre selon sa sainte et bonne volonté. Comme Jésus l’expliqua au docteur de la loi qu’était Nicodème, ils peuvent renouer le dialogue avec lui, par le sang précieux de la croix de Christ, au moyen de la nouvelle naissance (Jean 3.1-13). C’est alors que l’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8.16).

Dès lors, nous sommes invités à vivre et à marcher selon l’Esprit (Rom 8.5; Gal 5.16). Mais en est-il toujours ainsi? Dieu nous a créé corps, âme et esprit et si nous ne sommes pas, ou plus, conduits par l’Esprit, par qui ou par quoi le sommes-nous? Deux maîtres s’offrent à nous:
1. notre âme: notre être psychique, nos sentiments,
2. notre corps, avec ses besoins et ses désirs.

Les sentiments

Affirmons en premier lieu que la vie chrétienne n’est pas dénuée de bons sentiments: c’est grâce aux sentiments que nous pouvons témoigner de nos impressions et réactions intérieures profondes. Ils rendent compte de notre sensibilité et expriment bien souvent ce que nous sommes. Une personne dénuée de sentiments serait comme un morceau de bois sec, incapable de s’émouvoir, d’aimer, de pleurer, de compatir.

Jésus a éprouvé des sentiments, et en particulier il est souvent parlé de sa compassion: voyant la foule, il fut ému de compassion (Mat 9.36, Seg); saisi de compassion, Jésus toucha leurs yeux (Mat 20.34); Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému (Jean 11.33, Seg); Jésus pleura. Ce qui fit dire aux Juifs présents: voyez comme il l’aimait (Jean 11.35-36). N’oublions pas les sentiments de Joseph en présence de son frère Benjamin (Gen 43.30); et ceux de cette mère pour son enfant, au cours du célèbre jugement de Salomon (1 Rois 3.26).

Dieu nous invite à faire preuve de certains sentiments: Revêtez-vous d’ardente compassion (Col 3.12). Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Phil 2.5, Seg). Mais attention: Peut-on toujours se fier à ses sentiments?

Définition des sentiments: sensation, sensibilité, conscience plus ou moins claire, connaissance comportant des éléments affectifs, intuitifs.

Or, il n’y a rien de plus fluctuant, de changeant, que nos sentiments. On dit souvent d’une personne dominée par ses sentiments qu’elle est «lunatique»: elle vous témoignera beaucoup d’intérêt un jour et vous évitera le lendemain. Les sentiments varient d’une personne à l’autre, voire d’un moment à l’autre. Ils subissent l’influence de notre éducation, des circonstances, de notre état physique. Il est courant de dire d’une personne qu’elle s’est levée du bon ou du mauvais pied, ou de se demander quelle mouche l’a piquée. Aux dames désirant demander quelque chose à leur mari, un journal conseillait de leur préparer un bon repas avant de formuler leur demande.

Le coeur de l’homme est comme un violon, dit quelqu’un: tout le monde peut en jouer à condition de savoir tenir l’archet. Les sentiments se manipulent facilement: on peut agir sur les sentiments d’autrui. La publicité les exploite en utilisant des enfants ou des images choc; poussée à l’extrême, cette pratique devient de la manipulation.

A l’entrée de Jésus à Jérusalem, la foule criait: Hosanna (sauve, de grâce)! Trois jours plus tard, la même foule criait: Crucifie-le! (Mat 21.9; Marc 15.14). Pourquoi? Parce que les principaux sacrificateurs et les anciens avaient persuadé la foule de demander la libération de Barabbas et la mort de Jésus (Mat 27.20).

La religion des sentiments

De nos jours, beaucoup de sectes prônent les sentiments: pas de contrainte, liberté des impulsions, obéissance aux émotions du moment. Nous savons comment une telle théologie, ou philosophie, s’inscrit dans la pratique: elle est souvent mise en place pour voiler ou justifier les mauvais penchants de notre coeur, afin de satisfaire nos passions sous le couvert de la spiritualité.

Jeune homme, réjouis-toi dans la jeunesse, livre ton coeur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton coeur et selon les regards tes yeux: mais sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement (Ecc 12.1, Seg).

– Etes-vous chrétien?
– Oui, répondra quelqu’un.
– Comment le savez-vous?
– Je le sens.

Il est vital de savoir si nous sommes en face d’une certitude ou d’une sensation. Même dans les églises évangéliques, le danger existe d’attribuer une trop grande place aux sentiments.

Il faut l’affirmer clairement: je suis chrétien, non parce que je le sens, mais parce que je le sais; et je le sais d’après la Parole de Dieu.

En tant qu’évangéliste itinérant, en fin de réunion, je suis très attentif à la qualité à la forme de l’appel. A des appels sentimentaux, émotionnels, correspondent des conversions sentimentales, émotionnelles, qui ressemblent plus à des adhésions qu’à d’authentiques nouvelles naissances.

Il faut rester équilibré. Certes, il ne s’agit pas d’éliminer totalement les sentiments; ils ont leur place. Mais tout abus est condamnable.

Le corps

S’il est difficile de rester équilibré dans nos sentiments, c’est peut-être plus difficile encore dans le domaine de notre corps. Il y a à trouver un équilibre entre la débauche et l’ascétisme (le mépris du corps); entre laisser libre cours aux besoins du corps et lutter contre ses exigences en vue du perfectionnement moral. N’oublions pas que nous devons aimer notre prochain comme nous-mêmes (Marc 12.31). Ce n’est pas notre corps qui est méprisable ou condamnable, mais bien le péché qui l’habite. A la fin du sixième jour, Dieu vit que tout ce qu’il avait fait était très bon (Gen 1.31). Notre corps est le temple du St-Esprit (1 Cor 6.19); nous devons l’honorer, le satisfaire, et il est l’objet de promesses (1 Cor 12.22-23; 7.5; 15.53; Rom 8.11, 23).

La Bible est très réaliste sur les besoins du corps. Lors de la création, Dieu donna cet ordre à Adam et Eve: Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre (Gen 1.28). Après la chute, le péché, Dieu dit: J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur et tes désirs se porteront vers ton mari (Gen 3.16, Seg). Mais les relations entre l’homme et la femme ne sont pas pour autant condamnées. L’apôtre Paul donne aux Corinthiens des conseils très précis: Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et de même la femme à son mari. La femme n ‘a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari; et, pareillement, le mari n ‘a pas autorité sur son propre corps, mais c ‘est la femme. Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n ‘est momentanément d’un commun accord, afin d’avoir du temps pour la prière; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence (1 Cor 7.3-5).

Le désir, la sexualité, sont dans le plan de Dieu pour l’homme et la femme dans le couple. C’est un beau et bon cadeau que Dieu nous a fait. Le péché n’est pas dans la sexualité, mais dans ses abus, ses déviations, lorsqu’elle dirige et asservit notre vie. Quand notre seul désir dirige notre vie, nous ne sommes plus dans la volonté de Dieu: quiconque se livre au péché est esclave du péché (Jean 8.34, Seg). Il faut être fort de la force du Seigneur pour résister comme Joseph aux attaques répétées de l’ennemi (Gen 39): à la convoitise de la chair; la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie (Jean 2.16); forts en Christ pour ne pas se laisser asservir par toutes sortes de convoitises (Tite 3.3) qui sont contraires aux désirs de l’Esprit (Gai 5.17).

Le monde dans lequel nous vivons légalise, protège, et par ses actions déculpabilise et encourage certaines pratiques condamnées par la Bible; ces pratiques, malgré le plaisir sensuel qu’elles procurent, sont contraires au bonheur de l’homme: homosexualité (Rom 1.26- 27; Lév 18.22); concubinage (Jean 4.18); divorce (Marc 10.11-12); impudicité (1 Cor 5).

L’homme n’est pas encouragé par le monde à se maîtriser, à dépasser ses passions. Nos législateurs pourraient être traduits devant les juges pour «non assistance à personne en danger», ou «publicité gravement mensongère».

Combien de drames familiaux, de maladies sexuellement transmissibles, de troubles de comportement, d’enfants anormaux, de crimes passionnels ou autres, résultent de la domination du corps et de ses désirs sur la vie d’une grande partie de nos contemporains?

Le monde promet la liberté, alors qu’il est lui-même esclave (2 Pi 2.19). En s’affranchissant de Dieu, l’homme a voulu se libérer, et il s’est retrouvé enchaîné par ses passions. Comment le lui faire réaliser? L’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui (1 Cor 2.14) et c’est bien ce que nous constatons autour de nous.

Et pourtant, Jésus-Christ est venu pour nous libérer de ce cercle infernal du péché. Seule une personne libre à l’égard de ces choses pouvait nous en libérer; une personne prisonnière de ses mouvements ne peut pas être sauvée par une autre également prisonnière. Jésus est venu rétablir l’ordre des valeurs dans notre vie et nous inviter à marcher selon l’Esprit (Gal 5.16, Seg), ce qui, de tout temps, depuis la création, fut le désir de Dieu pour les créatures que nous sommes.

Marcher selon l’Esprit, c’est tourner le dos à l’esclavage des sentiments, des désirs du corps, et du monde; c’est être réellement libre (Jean 8.36). Sur la croix du calvaire, Christ a payé le prix de notre libération; pour qui le désire, il a rétabli la relation avec Dieu. Connaissez-vous cette vraie liberté?

Cependant, la conversion à Christ n’est pas la fin de nos luttes (Rom 7.22- 23). Sa volonté doit s’inscrire, prendre corps dans notre vie de chaque jour: c’est ce que la Parole de Dieu appelle la sanctification. C’est le voeu de l’apôtre Paul pour l’Eglise:

Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers; que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé sans reproche à l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ (1 Thes 5.23)!

J. Mouyon,
évangéliste, agent de France-Evangélisation


C. Les étapes du retour au paganisme (suite)

7. La révolution française: progrès capital du paganisme

Le progrès du rationalisme au l8e siècle fut accompagné d’une véritable invasion de superstition et d’occultisme. La Franc-maçonnerie, très active en France avant la Révolution, avait donné naissance à de nouvelles sectes illuministes, qui récusaient toute autorité, ne voulant plus ni de Dieu ni du roi. On oublie que le véritable slogan de cette révolution était: «Liberté, égalité, fraternité… ou la mort

Le but des révolutionnaires était d’effacer en France toute trace du christianisme, historique ou autre. On remplaça même la semaine de sept jours par la décade (dix jours), et on fit commencer le calendrier, non plus avec la naissance de Christ, mais avec le début de la Révolution. On rebaptisa même un grand nombre de localités dont les noms rappelaient les origines chrétiennes du pays.

Est-il alors étonnant que cette idéologie anti-chrétienne ait abouti à une persécution des chrétiens jusqu’ici inégalée? Dès lors, le mouvement révolutionnaire international a toujours porté le sceau de l’antichrist. De nombreuses études fouillées prouvent que le mouvement révolutionnaire socialiste et communiste est lié à diverses sortes d’occultisme.

La révolution socialiste et communiste et le retour au paganisme sont deux aspects du même phénomène.(39)

8. La révolution bolchévique: victoire complète du nouveau paganisme

La Bible nomme le diable menteur et meurtrier, attributs dont il ne peut se défaire. Rien ne saurait mieux le démontrer que la révolution bolchévique. Par elle, le vieux fond païen est remonté à la lumière. On connaît les racines sataniques de l’inspiration de Marx cet du premier mouvement communiste depuis les travaux de Wurmbrand et de Billington.(40) Par ailleurs, le christianisme orthodoxe russe, sous l’autorité des tsars, ne distinguait plus entre le temporel et le spirituel et exerçait un pouvoir autocratique.

Il faut aussi rappeler que le christianisme orthodoxe russe, où les sacrements, la liturgie et la mystique jouent un grand rôle, attribuait peu d’importance à la prédication fidèle de la Parole de Dieu. Comme seule la vérité permet de discerner le bien du mal et de résister au mal, même politique, l’orthodoxie russe ne put ni discerner ni s’opposer à l’extraordinaire montée du paganisme qui caractérisa la vie sociale et culturelle russe au tournant du 20e siècle. Elle ne sut pas même prendre les mesures qui s’imposaient pour mettre un terme à l’influence que l’infâme Raspoutine, véritable sorcier déguisé en homme de Dieu, exerçait sur le couple royal.

En Russie, la révolution fut culturelle avant de devenir politique. L’art russe s’adonna à des expériences des plus bizarres. Le peintre Kandinski, les compositeurs Seriabine et Stravinski, Diaghilev (fondateur du Ballet russe) et d’autres sont les fils spirituels du philosophe mystique pseudo-chrétien Vladimir Soloviev (1853-1900). Billington caractérise cette période comme suit: esprit prométhéen (l’homme se plaçant au-dessus de Dieu), sensualisme, visions apocalyptiques. Ainsi le compositeur Seriabine (1872-1915) cherchait à prendre possession de la sagesse divine et de l’éternel féminin par son art. Il écrivait: «Le monde est une impulsion vers Dieu… Je suis le monde, je suis la quête de Dieu, car je ne suis que ce que je cherche.» (41)

Ici, l’art n’avait pas simplement une fonction descriptive; on lui attribuait des forces magiques propres à transformer le cosmos lui-même. Les révolutionnaires de l’époque se berçaient de cet utopie-là. Ainsi l’écrivain Gorki (1868- 1915), compagnon de Staline, adressait en 1908 cette prière «au peuple immortel et tout-puissant»:

«Tu es mon Dieu et le créateur de tous les dieux façonnés par toi des beautés de l’esprit et du labeur… de tes recherches. – Il n’existe pas d’autres dieux dans le monde que toi, car tu es celui qui crée des miracles. – Ceci je confesse et crois.»(42)

Trotsky (1879-1940, assassiné au Mexique), dans son ouvrage «Littérature et révolution» (1925), chantait les louanges de l’homme capable «de s’élever sur un plan nouveau, de créer un type social et biologique plus élevé, un surhomme.» Il rêvait d’un homme plus fort, plus harmonieux, plus dynamique. «L’homme moyen parviendra aux sommets d’un Aristote, d’un Goethe, d’un Marx. . .» et ira encore bien au-delà! (43)

D’autres, se référant à Dostoïevski, cherchaient à atteindre une nouvelle liberté allant au-delà de la raison, en faisant sauter les cadres mêmes de la création. Ils considéraient la liberté sexuelle, accompagnée de toutes sortes de perversions, comme un moyen de faire éclater la réalité.

D’autres encore, tel Bielyi (1880- 1914, romancier influencé par Nietzsche), voyaient un côté apocalyptique à la révolution: c’était la dernière grande lutte pour délivrer l’homme de l’Anti-christ et le conduire au Messie revenu. Billington montre comment cette révolution artistique, avec ses trois courants (prométhéen, sensuel et apocalyptique), éloignait la Russie de ses assises traditionnelles pour l’orienter vers les dieux mythologiques pré-chrétiens de l’Orient. Des «mystères pour une nouvelle société organique où tous participeraient à un rituel commun dont le but … était de sauver» furent écrits par Scriabine et Maïakovski (1894-1930, poète); même «si ces oeuvres avaient une forme chrétienne, elles étaient souvent mystiques et semi-orientales dans leur contenu».(44)

Dans un tel contexte, il n’est guère surprenant que Lénine, alors à Zurich avant son retour secret en Russie en 1917, ait participé au lancement du mouvement «dada», art révolutionnaire s’il en est et dont le nom est intentionnellement vide de sens. Il est d’inspiration occulte et voué à la destruction de toutes les formes artistiques (45)

Tous les thèmes qui figurent aujourd’hui dans le programme du prétendu Nouvel Age sont déà présents dans la révolution culturelle et spirituelle russe. Un tel arrachement des racines chrétiennes n’était que le prélude au déchaînement satanique que fut, et qu’est toujours, la révolution bolchévique.

9. Le paganisme nazi: retour en force des mythologies germaniques renforcées par la mystique hindoue

On sait bien que le nazisme représente un retour massif à la mythologie païenne germanique. Ce que l’on sait beaucoup moins, c’est le rôle que la mystique orientale y a joué. Déjà dans les années vingt, l’Allemagne connut une étrange attraction pour tout ce qui venait de l’orient. Des philosophes chrétiens comme Thomas Molnar (46) (1878- 1952, hongrois) ont signalé les dangers de l’idéalisme philosophique et théologique allemand. Dieu se trouvait situé à l’intérieur de l’univers et même de l’homme (tentation panthéiste), ce qui est totalement étranger à la Bible et au christianisme, mais se rattache aux courants mystiques de l’orient.

Dès 1920, le mage allemand Hermann Keyserling fonda sa célèbre Ecole de sagesse à Darmstadt, centre de méditation et d’enseignement, qui favorisa la synthèse entre le panthéisme allemand et la spiritualité orientale. Il faut ici à nouveau remarquer le rôle capital que joua la trahison des théologiens libéraux dans le désarmement spirituel de l’Allemagne. En détruisant la confiance en l’inspiration et en l’autorité de la Bible, ils ouvraient les portes aux puissances infernales.

L’invasion de l’occulte qui semble précéder les révolutions est toujours introduite par les théologiens traîtres. L’abandon de la foi précède l’entrée des démons et aboutit aux souffrances provoquées par les guerres et les révolutions. Par la parabole de la maison délivrée d’un démon (Mat 12.43-45), mais pas habitée par le Saint-Esprit, Jésus montre le danger d’une telle situation: l’esprit chassé revient avec sept autres pour occuper la maison vide, dont l’état est devenu bien pire qu’au commencement. De même, le nouveau paganisme est bien pire que l’ancien, celui d’avant la venue du christianisme.

C’est dans ce contexte d’abandon de la foi et d’invasion occulte qu’apparut le mouvement nazi en Allemagne. La célébration du bi-centenaire de la Révolution française a coïncidé avec celle du centenaire de la naissance d’Adolphe Hitler. Il est intéressant de savoir que, si Hitler est universellement honni en occident, il n’en est pas de même dans certains pays de l’orient comme l’Inde ou la Chine(47) La croix gammée, ancien emblème hindou, est fort répandu en orient. Le culte de la race aryenne ne se rapportait pas simplement au mythe de la pureté des races nordiques, mais surtout au mythe hindou des Aryens, ancêtres légendaires de toutes les civilisations du sub-continent indien. Près de Delhi, un monument en l’honneur de la croix gammée porte cette inscription: «Ce symbole est très sacré et très ancien. Depuis au moins 8000 ans, il a été la marque de la civilisation et de la culture aryenne. Ce symbole signifie implicitement une prière pour le succès et la perfection… On ne le trouve pas qu’en Inde, mais dans tous les pays bouddhistes et autres pays étrangers. On pense que toutes les écritures aryennes (sanscrit, chinois, grec, latin, etc.) auraient tiré leur origine de ce symbole.»(48)

Le pouvoir envoûtant de Hitler sur les foules et les individus n’était ni normal ni fortuit. Hitler et ses collègues, qui appartenaient à diverses sociétés initiatiques, étaient en contact direct avec les puissances des ténèbres; mais au lieu de se servir d’elles, ils en étaient devenus les esclaves. Voici quelques sources occultes qui influencèrent le Führer et qui réapparaissent aujourd’hui sous d’autres formes:

La société de Thulé. Thulé représentait le paradis mythique du nord, le pays des Hyperboréens, êtres capables de recevoir la connaissance première (gnose occulte), fruit de l’arbre défendu de la connaissance du bien et du mal. Cette connaissance redonnait aux initiés la puissance cachée perdue par la faute du christianisme. Se saisir de cette puissance était la passion secrète de Hitler.

La société Vril. C’est le développement allemand de l’hindouisme symbolisé par la croix gammée. Hitler avait envoyé des expéditions au Tibet pour persuader à ses sages de communiquer leur puissance cachée aux dirigeants du Troisième Reich. Le professeur Karl Haushofer (1869-1946, suicide), ouvrit de nombreuses branches Vril pendant les années vingt et trente. Il devint le conseiller occulte principal de Hitler et l’initia dans les enseignements secrets de Mme Blavatsky, fondatrice de la théosophie. La formation des troupes SS et de leurs officiers était liée à ces sociétés occultes et leurs pratiques.

Selon ces théories, dont Hitler était imprégné, le peuple allemand ne pouvait retrouver ses antiques racines païennes qu’en extirpant de l’Europe toute la tradition judéo-chrétienne. C’est un des aspects qui expliquent la haine implacable des nazis contre les Juifs. Un deuxième aspect se trouve dans l’évolutionnisme darwiniste, qui favorise l’idée monstrueuse d’éliminer toute une race considérée comme impure au profit de l’imaginaire pureté de la race germanique. En troisième lieu, il faut rappeler que Satan s’est toujours à nouveau ingénié à faire disparaître les Juifs, peuple de Dieu témoin de sa fidélité. Ainsi les racines de la politique nazie d’extermination des Juifs étaient d’ordre biologique pseudo-scientifique (par le biais de l’hypothèse évolutionniste), spirituel et satanique.

Il est manifeste que le pouvoir de Hit1er sur les foules était dû à ses pratiques occultes. On a pu démontrer que les gestes bizarres (toujours les mêmes) utilisés par Hitler lors de ses diatribes devant les foules déchaînées avaient une signification occulte; ces gestes symboliques étaient autant d’appels aux puissances infernales.

Hermann Rauschning, qui connaissait Hitler intimement, écrivait: «On ne peut s’empêcher de penser à Hitler comme àun médium… Sans aucun doute, il fut possédé par des forces qui le dépassaient… et dont l’individu appelé Hitler n’était que l’instrument temporaire. » (49) L’enfer de violence déclenché par l’aventure nazie ne doit plus guère nous surprendre lorsqu’on l’envisage sous l’aspect d’une collusion aussi étroite avec les puissances sataniques.

La victoire des puissances alliées en 1945 brisa temporairement ce retour à l’ancien paganisme germanique marié au paganisme oriental. Mais le retour en force du paganisme dans notre civilisation occidentale n’en fut pas arrêté pour autant. Par l’affaissement du christianisme, Satan est à nouveau, après de nombreux siècles de déroute, lâché sur le monde et sur les nations.

En parlant de son retour, notre Seigneur, qui savait que tout cela arriverait, posa une question dont l’actualité brûlante doit nous interpeller: Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?

Jean-Marc Berthoud
(Texte légèrement comprimé et simplifié)

Prochaine tranche:
Le Nouvel Age, spiritualité d’un nouveau monde?

Notes
(39)Sur les liens entre occultisme et socialisme au 19e siècle deux ouvrages d’une importance capitale:
Philippe Muray: Le 19e siècle à travers les âges
Denoèl, Paris, 1984
James H. Billington: Fire in the Minds of Men. Origins of the Revolutionary Faith Basic Books, New York, 1980

(40)Richard Wurmbrand: Karl Marx et Satan Apostolat des Editions, Paris, 1976
(41)James H. Billington: The Icon and the Axe. An Interpretative History of Russian Culture
Vintage Books, New York, 1970, p. 481


(42)
Billington: Icon…, p. 487

(43)Billington: Icon…, p. 492


(44)
Billington: Icon…, pp. 513, 515, 517

(45)Dominique Nogues: Lénine dada Laffont, Paris, 1989

(46)Thomas Molnar: Le dieu immanent. La grande tentation de la pensée allemande Dominique Martin Mono, Paris, 1982


(47)
Simon Leys: La forêt en feu Hermano, Paris, 1983 Dave Hunt: Peace, Prospenity and the Coming Holocaust Harvest House, Fugene, 1983, p. 150-151


(48)
Dave Hunt op. cit. p. 151-152

(49)Sur Hitler voyez surtout le livre très révélateur de: Hermann Rauschning: Hitler m’a dit. Confidences du Führer sur son plan de conquête du monde
Coopération, Paris, 1939


Un prophète, c’est connu, n’est pas populaire, surtout dans son pays. Les pro­phètes de l’AT, toujours à l’affût d’une infidélité, avaient fort à faire avec le peuple d’Israël. Sans cesse, et à tous les niveaux, ces serviteurs de Dieu hors du commun ont rappelé les exigences de Dieu et de sa loi, dénoncé avec vivacité le péché et procla­mé avec ardeur le pardon de Dieu pour quiconque s’humilie et croit. Mais le peuple a préféré suivre les faux prophètes.

De nos jours, les prophètes sont rares. Le ministère de prophète tel que l’AT l’enseigne n’existe plus, car la révélation est complète. Nous entendons par «pro­phète» un homme choisi par Dieu et qui est porteur d’un message particulier (repen­tance de l’Eglise, réveil). Ainsi William Booth, le fondateur de l’Armée du Salut, est considéré comme un prophète des temps modernes (G. Brabant, «William Booth», éditions «Je Sers», Paris, 1929). Le prophète ne peut, en aucun cas, prédire l’avenir ou compléter la révélation. Son message s’adresse uniquement à l’Eglise, c’est-à-dire aux croyants, et son contenu est le rappel de la loi de Dieu, autrement dit, de la volonté pour son peuple.

Les responsables du peuple d’Israël ne brillaient pas pour leur fidélité. Esaïe les compare à des chiens muets! Ses gardiens sont tous aveugles, sans intelligence; ils sont tous des chiens muets, incapables d’aboyer; ils ont des rêveries, se tiennent couchés, aiment à sommeiller (Es 56.10). Un chien qui n’aboie pas quand le danger est là n’est plus un chien! Le parallélisme avec nous est saisissant. Nous laissons au lecteur le soin d’aller plus loin dans ses réflexions… et, peut-être, d’aboyer!

Une chose est évidente: L’Eglise a besoin de prophètes pour secouer les «gens pieux», pour leur rappeler que Dieu est un Dieu trois fois saint et que sa volonté est immuable et éternelle. Dieu ne veut pas que son peuple soit dans l’ignorance, mais soit au contraire rendu intelligent. L’apôtre Paul le dit clairement: Ne vous confor­mez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intel­ligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bon, agréable et parfait (Rom 12.2).

Si Dieu nous donne une intelligence renouvelée, c’est pour s’en servir! Et réflé­chir. Les apôtres étaient des hommes de réflexion. Ils savaient tenir un discours, réfuter les erreurs de leur temps et exposer les vérités chrétiennes.

L’Eglise a tenu des siècles durant à tous les assauts de l’Ennemi parce qu’elle comptait en ses rangs des docteurs (connaisseurs et enseignants de la Parole) et des apologètes qui savaient prendre les armes de la Parole et de l’Esprit pour réfuter les fausses doctrines. Tout combat chrétien exige, qu’on le veuille ou non, un sérieux effort de réflexion. De là débouchent nécessairement l’action et l’engagement. Ré­fléchir avant, agir ensuite, et non l’inverse!

Si les chrétiens se mettent à réfléchir, à «réflexionner» bibliquement, alors l’Eglise connaîtra véritablement un renouveau spirituel.

«Actualités évangéliques»,
décembre 1989 avec la permission de Paul Ranc, éditeur


Chronique de livres

Titre: «Dieu, illusion ou réalité?» (160 pages)
Auteur:     Francis Schaeffer
Editeur: Editions Kerygma

Voici enfin la version française de l’ouvrage paru en 1968 sous le titre The God who is there (litt. Le Dieu qui est là), dont le texte avait été légèrement remanié en 1982.

Cet ouvrage, Francis Schaeffer le considérait comme le produit le plus représenta­tif et le plus achevé de sa pensée, bien qu’il fit partie, avec Démission de la raison et La mort dans la cité, d’une trilogie. Il était le résultat d’une réflexion et d’un travail s’étalant sur quatorze ans.

C’est dire que nous sommes en présence d’un véritable testament «Schaefférien», même si d’autres écrits ont suivi. Testament relatif à une analyse magistrale que Schaeffer a menée en pionnier, et dont le monde évangélique, hélas, jusqu’à ce jour, n’a pas su discerner la valeur.

Cette analyse porte essentiellement:
– sur les caractéristiques de la culture contemporaine, en pleine dérive par rapport aux valeurs bibliques (philosophie, arts, musique et culture générale);
– sur l’impact de cette culture sur la théologie elle-même, qui s’est à son tour com­plètement égarée et a engendré un mysticisme diffus et sans contenu de sens; et enfin
– sur les réponses solides, sûres, apportées par le christianisme historique, c’est-à-dire le courant théologique resté fidèle à la révélation objective, immuable et infail­lible que nous avons dans l’Ecriture sainte, et à la foi confessée dès l’origine par l’Eglise de Jésus-Christ.

Schaeffer, penseur éminent et analyste lucide – unique en son genre – de la modernité, est resté jusqu’à sa mort en 1984 un champion de «la foi transmise aux saints une fois pour toutes». Fortement campé sur le roc de l’Ecriture sainte, il a pu, grâce à sa compréhension des courants de pensée emportant la société actuelle, venir en aide à une foule d’hommes et de femmes perdus dans les abîmes du dés­espoir et de l’absurde ouverts par une culture et une théologie devenues folles.

Son oeuvre, qui n’a rien perdu de son actualité, peut aussi libérer ceux qui ont sombré dans le relativisme permissif, ou qui sont attirés, aujourd’hui, par les séduc­tions du Nouvel Age.

Paul-André Dubois
Tiré du «Témoin» mars-avril 1990 avec autorisation


Chronique de livres

Titre: «Approche biblique de la relation d’aide» (230 pages) (Effective Biblical Counseling)
Auteur:     Lawrence J. Crabb Jr
Editeur: LLB, Guebwiller

La 1re partie de ce livre définit le but de la relation d’aide: non la recherche d’un bonheur égoïste mais la maturité en Christ, la croissance à son image. N’oublions pas que tous les justifiés sont appelés à être glorifiés (cf. Rom 8.28-30). Ce but implique donc une réorientation et une progression. Le 2e chap. de la 1re partie montre que certaines découvertes de la psychologie ne sont pas incompatibles avec l’Ecriture mais que l’Ecriture reste l’autorité infaillible et absolue à la lumière de laquelle l’on peut juger de tout.

La 2e partie répond à cette question: «Que faut-il savoir des gens pour les conseil­ler utilement?» Il faut savoir «de quoi ils ont besoin pour vivre vraiment». Ils ont besoin d’un but, c’est-à-dire d’une raison d’être et d’une sécurité (savoir que l’on est accepté inconditionnellement). Christ répond à ce double besoin. Pour conseiller valablement les gens, il faut savoir leurs motivations, c’est-à-dire pourquoi ils se comportent de telle ou telle manière. Cette question fait souvent apparaître un terrain de frustration qui peut être guéri en Christ. Donc, pour conseiller utilement il faut encore connaître la structure de la personnalité, c’est-à-dire les domaines respectifs du conscient et de l’inconscient. L’auteur, qui est dichotomiste, explique le rôle du coeur (intentions fondamentales d’une personne, choix décisifs: vivre pour soi ou vivre pour Dieu). Il aborde l’élément volitif de notre personnalité et souligne le rapport existant entre la connaissance et le fait de choisir une voie (par ex. le salut) d’une manière responsable. L’auteur pense que «la relation d’aide est un effort d’apprendre à penser juste, à choisir des comportements justes, puis à faire l’expérience de sentiments justes». La 3è partie postule que la relation d’aide, pour être efficace, doit s’appuyer sur une compréhension claire de la façon dont naissent et se développent les problèmes. L’auteur consacre deux chapitres à cette analyse. Tant que l’homme place sa raison d’être au mauvais niveau, il s’enferme dans un processus qui le conduit à l’impasse et le pousse à fuir la réalité. Dès qu’il saisit «la vérité qu’en Christ il a une raison d’être et est en sécurité et qu’il commence à mettre cette vérité en pratique par une vie raisonnable, responsable, obéissante et engagée», il vit réellement, vibre et s’épanouit. Le chap. 8 souligne le fait que l’ob­jectif de la relation d’aide est d’apprendre aux gens à dépendre plus étroitement de Dieu. La 3è partie se termine par un modèle simple de relation d’aide, très utile pour ceux qui veulent aider les âmes en cernant les causes de leurs maux.

La 4e partie esquisse un programme de relation d’aide dans la communauté chré­tienne, à trois niveaux: l’encouragement, l’exhortation, l’élucidation.

Ce livre corrige pas mal de fausses conceptions sur ce qu’est la vie chrétienne, présentée trop souvent comme la fin des luttes, des problèmes, des épreuves! L’au­teur dit à juste titre «qu’une partie de nos souffrances provient directement du fait que nous sommes chrétiens» (Rom 8.17). Il montre comment, à partir d’une bonne connaissance de ce qui motive les comportements humains, l’Eglise peut aider ceux qui se débattent dans leurs problèmes et les conduire à la maturité en Christ. L’ou­vrage de Crabb est réaliste, clair. Sans rejeter les apports de la psychologie, il pose comme principe de base que «l’Ecriture fournit la seule instruction faisant autorité quant à la relation d’aide».

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre: «La vision chrétienne du Monde» (256 pages) (Transforming Vision)
Auteur:     B. Walsh, R. Middleton
Editeur: Sator, Coll. Alliance, 11 Rte Pontoise, F-95540 Méry-sur-Oise

Ce livre contient quatre parties:

1. Les différentes cultures ont une influence sur la vision du monde. Ces diverses visions sont «des cadres de perception des choses, des façons de voir la réalité». Le fondement de toute vision du monde correspond à la manière dont chaque individu répond à 4 questions auxquelles les hommes doivent faire face: Qui suis-je? Où suis-je? Où est le problème? Quel est le remède?

2. La vision du monde selon l’Ecriture. Le fondement est la création, car c’est la création qui a été atteinte par le péché et que le salut concerne. Dieu crée, soutient, maintient et intervient en faveur de ce qu’il a appelé à l’existence. Pour l’homme créé à l’image de Dieu, le problème surgit lorsqu’il se laissa détourner du but pour lequel il avait été créé. Adam a choisi entre deux allégeances. Dès lors, au lieu d’adorer et de servir le Créateur, l’homme a transformé en idoles ce que Dieu avait créé! La voie était ouverte à la malédiction. Ainsi, la création, bonne à l’origine, fut asservie à la corruption.

S’il y a problème, le remède est heureusement offert dans l’oeuvre de rédemption en Jésus-Christ. A l’histoire de la chute répond celle de la rédemption dont Jésus est le centre: «Dieu vaincra Satan par la descendance de la femme.» Toute cette histoire merveilleuse s’est inscrite dans une série d’alliances: avec Noé, avec Abraham, etc., jusqu’à la manifestation en chair du Messie et l’instauration de la Nouvelle alliance. Si le pardon des péchés en est la première conséquence, il ne faut pas oublier que le but ultime est «la restauration totale de la vie des hommes…».

3. La vision du monde moderne. Alors que la vision biblique de la création, de la chute et de la rédemption «est globale et unifiée», pourquoi les chrétiens, par leur façon de vivre, créent-ils un véritable fossé entre eux et la Bible? Reflètent-ils leur culture nationale ou le Seigneur Jésus? «Leur vision du monde s’accorde-t-elle avec la foi qu’ils confessent?» Hélas, non! A quoi cela tient-il? Les auteurs répondent: «au dualisme». «Le dualisme est une vision du monde qui sépare la réalité en deux catégories fondamentalement distinctes: le sacré et le profane, le religieux et le séculier.» Cette vision rend l’homme autonome, il ne dépend plus de Dieu mais il «devient une loi pour lui-même». De gérant de la création il est devenu un dieu convaincu que rien n’arrêtera le «progrès». Dès lors trois idoles se sont imposées: le scientisme, le technicisme, l’économisme. C’est «une trinité impie», qui marque la fin d’une époque et engendre les catastrophes que l’homme orgueilleux ne peut conjurer.

4. La responsabilité des chrétiens. Ils doivent mettre en oeuvre la vision du monde biblique, faute de quoi ils deviendront du sel qui a perdu sa saveur. Si le chrétien n’a pas la vision culturelle globale, il manquera de cohérence dans son attitude à l’égard des faits de société, car «tous les problèmes sont interdépendants». Il faut chercher à reconstruire notre culture à partir des principes bibliques. Une telle démarche im­plique que nous renoncions à nos idoles. Toutes les dimensions de la vie doivent trouver leur vraie place et non une au détriment des autres. Sans le respect des normes bibliques, l’on aboutit forcément à des concepts qui font du tort à l’homme. L’Eglise chrétienne devrait infléchir les principes et les comportements, sans user de contrainte, mais par la mise en oeuvre de la solidarité à l’égard de ses membres confrontés aux exigences souvent arbitraires de la culture environnante.

Puisque l’université se trouve au coeur même de notre système culturel, les auteurs plaident pour que le message rénovateur du christianisme se fasse entendre dans cet endroit stratégique.

Ce livre est d’une grande valeur intellectuelle, d’une conception biblique équili­brée (proche des thèses de Schaeffer). Il pose bien le problème de la vision chré­tienne du monde en dénonçant les thèses philosophiques qui ont privilégié le concept dualiste: «esprit – corps, éternel – temporel, nature – grâce».
 Nos réserves portent sur le fait que «le monde nouveau» est davantage présenté comme «les cieux venant à nous» que comme les chrétiens allant au ciel (p. 136, note 23).

Jean-Jacques Dubois


Chronique de livres

Titre: «Quelle justice, quelle paix pour la société l’aujourd’hui?» (46 pages)
Auteur:     Jerram Barrs, Paul Wells
Editeur: Editions Kerygma, 33 Av. Jules-Ferry; F43100 Aix-en-Provence

La première partie de ce livre de 46 pages est centrée sur le thème:

Dieu, la création et les engagements du chrétien.

Le professeur Wells, après avoir montré comment l’humanisme a sécularisé les fondements chrétiens de la culture occidentale, s’attache à rappeler: les fondements de l’engagement chrétien; la structure de cet engagement qui est celle de l’Alliance stipulant les devoirs de l’homme envers Dieu et envers le prochain et la pratique de l’obéissance selon l’Alliance. Comment le chrétien peut-il se situer et s’engager dans trois domaines qui sont ceux de la justice, de la paix et de la conservation de la création? Wells répond à cette interrogation en éclairant l’origine spirituelle des maux qui affligent l’humanité. La conclusion sur l’intégrité de la création est pleine d’espérance. Elle montre comment «Dieu préserve, pour sa gloire, sa création même déchue, en vue du salut et de l’obéissance de son peuple». Et Dieu fait cela «parce que Christ a subi l’enfer de la séparation avec Dieu». Ainsi «le jugement est retenu dans le monde… Et Dieu, dans sa providence, a le pouvoir de restreindre la folie de l’homme et de préserver sa création». Toutefois, cela ne dispense pas les hommes, à ortiori les chrétiens, de respecter la création et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour la préserver.

La deuxième partie, rédigée par Jerram Barrs, est résumée de la façon suivante en exergue: «De même que la paix que nous connaissons dans notre relation avec Dieu vient de ce que Christ a satisfait la justice à notre place, de même, dans la société, la paix est impossible là où règne l’injustice. Cela est vrai dans un pays: pas de paix tant que les criminels sont en liberté. Cela est vrai sur le plan international: pas de paix dans le monde tant qu’il est rempli d’injustices.»

Le texte de Barrs décrit les principes bibliques de la justice et comment ils peuvent s’appliquer à notre génération. Il le fait d’abord en louant le désir de paix, mais en montrant que cela n’implique pas la passivité devant le mal et la menace, comme le croient les pacifistes inconditionnels. Il est faux de dire que «la guerre est toujours contraire à la volonté de Dieu». Estimant que l’argumentation des pacifistes est «erronée de bout en bout», Barrs va, en restant proche de l’actualité, démolir les arguments en projetant la lumière biblique sur les questions fondamentales sui­vantes: la place et l’importance de la justice et du jugement, pour Dieu lui-même et entre les hommes; le lien entre la justice et la mort; le rapport entre les commandements de Dieu pour l’humanité, dans l’AT et le NT, en particulier sur la vengeance personnelle et la punition judiciaire; la vocation de l’Eglise dans le monde et la signification biblique de la paix. La paix sans justice n’est pas conforme à la nature de Dieu.

Ce fascicule est extrêment dense de pensée et peut intéresser un public cultivé aimant la réflexion. La première partie pose les bases théologiques; elle est plus abstraite que la seconde, qui empoigne des sujets tels que: le pacifisme, le légitimité de certaines guerres, la nécessité de l’institution du gouvernement avec le pouvoir de châtier les coupables, l’exercice de la justice à l’intérieur des Etats et au plan de «guerres justes» et, finalement, la morale chrétienne et la dissuasion nucléaire. Les fausses conceptions du pacifisme sont battues en brèche. Ce petit livre a une im­mense portée. Il est un exemple de clarté. A recommander vivement.

Jean-Jacques Dubois