PROMESSES

Dans un nouvel élan d’espérance, Esaïe, après avoir décrit prophétique-ment les souffrances et la mort expiatoire du Messie, présente dans le chapitre suivant (54) Israël, son peuple, et sa victoire finale basée sur cette oeuvre divine. Esaïe encourage son peuple à allonger ses cordages et à consolider les piquets de la tente de Dieu (v. 2). N’est-ce pas aussi l’injonction urgente du Seigneur ressuscité à ses disciples, à son Eglise en Mat 28.18-20: Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-/es à garder tout ce que je vous ai prescrit... L’Eglise bâtie sur le Roc, sur la confession de Pierre et sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre d’angle (Mat 16.16-18; Eph 2.20), résistera à tous les assauts de Satan et de ses acolytes. Le Seigneur a vaincu la mort et le diable qui en avait la puissance (Héb 2.14). Forte de cette promesse glorieuse, que rien ne pourra contre elle – pas même les portes du séjour des morts -, l’Eglise a résisté contre vents et marées tout au long de son existence depuis bientôt 20 siècles. Que de combats! que de martyres! que de victoires sur les persécutions et sur les fausses doctrines!

Face à ces deux impératifs d’évangéliser et de consolider, nous sommes sérieusement interpellés. Des questions vitales se posent à l’Eglise, si elle veut gagner du terrain sur l’ennemi qui a changé de tactique de nos jours. A. Solanas pose quelques questions pertinentes dans son excellent article «L’Eglise demain»: «Comment se fait-il que le christianisme évangélique soit si peu influent dans notre société (pensée, valeurs, mode de vie) et qu’en même temps, certains types de vie religieuse comme des sectes, des communautés, des groupes de prière ou d’action, exercent un tel attrait sur une partie de nos contemporains? Avons-nous une pensée, une philosophie élaborée, et les moyens de la faire connaître?… Notre langage, nos discours traditionnels ont-ils un sens pour nos contemporains? Sommes-nous seulement écoutés ou compris?… Comment utiliser et maîtriser les fabuleux moyens de communication dont nous pouvons disposer aujourd’hui?… Pourquoi une telle multiplication des oeuvres para-ecclésiastiques?… (1)

J. Petersen parle «d’un virage culturel» de notre société qui se fait aussi sentir dans les églises qui subissent l’influence de la sécularisation. (2) Mais comment consolider et multiplier nos églises? C’est une tâche difficile qui nous incombe, à nous qui vivons à la fin des temps. Mais l’application de la parole de Dieu, seule norme de notre foi dans tous les domaines de la vie, la rend possible. Fn voici quelques points suggestifs:

1. Notre société culturellement postchrétienne a rejeté les valeurs morales chrétiennes basées pendant des siècles sur la Bible. Tout est relativisé, flou. Cette idéologie de «softness» (mollesse) a gagné aussi une partie des églises. C’est l’âge de la tolérance. Dans ce contexte, par exemple, les mots «amour», «paix», «liberté», prennent une connotation diamétralement opposée à celle de la Bible. La dialectique hégélienne de la synthèse a aussi fait son chemin dans l’Eglise. Comme Francis Schaeffer nous y enjoint dans son livre pionnier «Dieu, illusion ou réalité?», nous avons l’obligation impérieuse de «maintenir clairement et intégralement les doctrines du christianisme historique.» (3) s’agit des fondements de la foi chrétienne, tels que nous les trouvons dans les symboles des Apôtres, d’Athanase, de Nicée, ainsi que dans les formulations fondamentales de Chalcédoine et des grands Réformateurs. (4)

2. Nous avons à nous opposer à la dialectique, forme erronée de «raisonnement qui nie les oppositions absolues et irréconciliables, bien-mal, juste-faux, vérité-mensonge, orthodoxie-hérésie, toutes choses faisant partie du processus de révélation progressive de la soi-disant vérité par l’évolution de l’histoire», comme l’a si bien défini J.-M. Berthoud. (5) Par opposition à la théologie moderne, nous devons enseigner et vivre en pratique le système de l’antithèse, c’est-à-dire appeler le noir noir et le blanc blanc. L’énonciation claire et sans compromission de la foi chrétienne, de ses bases doctrinales dans nos églises et dans l’évangélisation, a de l’impact et est payant à la longue. Enseignons donc systématiquement les grandes vérités de la Bible sur Dieu, Jésus-Christ, le Saint-Esprit, la création, l’homme, la chute, l’oeuvre expiatoire de Jésus-Christ, la grâce, l’élection, le salut éternel, et le châtiment éternel.

3. Apprenons dans nos églises «à penser en termes d’apologétique culturelle globale». (6) Instruisons-nous pour comprendre notre génération, pour percevoir les courants de pensée, pour les analyser afin de créer une approche compréhensible auprès de nos contemporains. Ceux parmi nous qui ont le désir d’enseigner les vérités bibliques sans compromission ne devraient-ils pas réfléchir ensemble et organiser des groupes de réflexion, des séminaires, des conventions et d’autres rencontres fraternelles? Le monde a besoin d’une culture chrétienne évangélique francophone qui exerce son influence en tant que sel de la terre et lumière du monde.

4. Cela nécessite la formation des disciples du Seigneur dans les églises locales. A ce sujet, je suis un peu inquiet, car l’Eglise de nos jours fait plutôt figure «d’une église d’enfants, plus sensibles à l’image qu’à la parole, à l’émotion qu’à la réflexion». (7) Depuis le début du 20e siècle, elle a été pénétrée par la doctrine erronée de la «seconde expérience» avec ses implications désastreuses. Il n’est pas étonnant que notre génération déjà attirée par l’irrationnel et le mysticisme y trouve son compte dans «une religion de communautés émotionnelles». (8) Dieu nous a donné une raison pour réfléchir, pour laisser pénétrer sa Parole dans nos coeurs et y obéir. Il va sans dire que nos sentiments de notre volonté y sont impliqués, étant parties intégrantes de notre personne.

Nos prédications devraient se concentrer sur l’exposition systématique de toute la Bible, donc des 66 livres divinement inspirés. Mettons sur pied des cours sur la défense de la foi chrétienne, sur les idées maîtresses de notre temps, sur l’éthique, sur nos responsabilités face au monde contemporain. Nous devons être à même de répondre honnêtement à ceux qui nous posent des questions honnêtes.

5. Dans nos églises locales, tout le monde doit être mobilisé. Il est un combat à livrer contre les puissances des ténèbres (Eph 6) pour renverser les raisonnements de toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu (2 Cor 10.3-5). Le témoignage individuel, de chaque famille, de l’église locale tout entière doit être mis en évidence. Nous devons essayer d’atteindre la classe moyenne, celle des ouvriers et celle des intellectuels. Cherchons ensemble de nouveaux modes, de nouveaux moyens d’approche pour leur apporter Jésus-Christ. Chacun est concerné.

Il y a encore des régions qui n’ont pas été atteintes par 1’Evangile. Que faisons-nous pour cela? Avons-nous pensé à une stratégie d’évangélisation, d’implantation de nouvelles églises là où il n’y a pas encore de témoignage?

 Que Dieu nous aide à allonger nos cordages et à affermir nos piquets. Nous voulons aimer le Seigneur avec passion parce qu’il nous a aimés le premier et s’est donné pour nous.

Henri Lüscher

(1) «l’Eglise demain» d’Albert Solanas, dans «La Revue Réformée, mars 1990, p. 20; nous recommandons la lecture de cet article stimulant la réflexion des églises qui veulent s’équiper pour le futur.
(2) «2000 ans après» de J. Petersen, Navpress, p. 20, ouvrage que chacun devrait posséder. L’auteur force le lecteur à se mettre en question sur notre façon d’approche de nos contemporains et le stimule à revoir comment nous pouvons apporter l’Evangile à notre prochain.
(3) «Dieu, illusion ou réalité» de Francis Schaeffer, éditions Kerygma, p. 142; excellent ouvrage d’apologétique moderne. Devrait être étudié par chaque pasteur et responsable d’église. Il nous aide à comprendre les raisons du développement de la culture post-chrétienne et nous apprend à défendre notre foi devant toutes les classes en leur apportant un Evangile qui «colle» à la réalité de ta vie.
(4) voir «Confessions et catéchismes de la foi réformée», éd. Labor et Fides.
(5) «Quelle base commune pour le combat?» de J.-M. Berthoud dans «Promesses» 1985/2, No 73 p. 15. Nous recommandons également la revue «Résister e: Construire» de J.-M. Berthoud fervent défenseur de la foi chrétienne et des valeurs éthiques chrétiennes. Une revue pour tous ceux qui sont prêts à relever le défi que nous jette la société contemporaine post-chrétienne.
(6) Francis Schaeffer id. p. 144.
(7) Albert Solanas id. p. 9.
(8) Albert Solanas id. p. 8.


Les enseignements de l’Ancien Testament (25)

Lire Ecc 11.9 à 12.7 (certaines versions numérotent 12.1-9)

Ce texte s’adresse à une jeune per­sonne afin de l’avertir sur les consé­quences de la vieillesse. Peut-être parce qu’aucun jeune n’aimerait être vieux mais que tous souhaitent le devenir, le passage est humoristique: il utilise l’iro­nie et la métaphore. Les figures de rhé­torique sont courantes dans le langage de la Bible, comme dans le langage par­lé, et ne présentent pas de grandes diffi­cultés.

La métaphore est une image basée sur une ressemblance entre deux objets ou deux actes; elle attribue à l’un une partie des caractères de l’autre (pas tous). Quand le Seigneur dit qu’il est le che­min, c’est une métaphore; intuitivement on comprend quels sont les caractères dudit chemin qui le concernent, et on écarte ceux qui ne le concernent pas. On fait ainsi l’économie d’un grand nombre de phrases explicatives moins précises. Il est important de délimiter l’enseigne­ment apporté par une métaphore, au même titre que celui d’une parabole par exemple; mais on est mieux prévenu des limites de cette dernière.

Entre chrétiens, on parle des choses de la Bible en se servant de métaphores; c’est pratique, car en peu de mots on serre le sens biblique de près.

Ironie et solennité

Pour le jeune interlocuteur du Sei­gneur, le texte emploie d’abord   l’ironie, procédé qui consiste à dire le contraire   de ce que l’on veut faire comprendre. On l’utilise pour se moquer de quel­qu’un   ou de quelque chose, tout en dé­plorant sa bêtise plus que   sa méchance­té. 

Lorsqu’un enfant rentre à la maison mâchuré comme un charbonnier, sa ma­man lui dit: «Eh bien, tu es beau, tu es propre!» S’il ne comprend pas immédia­tement, l’enfant n’a qu’à interroger un miroir et il sera confus: c’est une ironie. 

Paul emploie l’ironie en disant des faux docteurs qu’ils sont des apôtres par excellence. Il se moque d’eux, et chacun comprend qu’ils sont n’importe quoi, sauf des apôtres du Seigneur (2 Cor 11.5, Scofield).

Dans cette introduction ironique, le Seigneur dit: Toi qui est jeune, profite de ta jeunesse. Sois heureux… Fais tout ce que tu désires, tout ce qui te plaît (11.9, français courant).

Si un lecteur ne prenait pas le ton très ironique de circonstance, l’auditeur pourrait être étonné d’un si mauvais conseil donné au jeune. Mais l’in­compréhension ne durerait pas long­temps, parce que la seconde partie du verset change sans transition de forme et de ton, et enchaîne solennellement: Mais sache bien que pour tout cela Dieu te fera venir en jugement.

Il en résulte que si le jeune sourit à la première partie du verset parce qu’il croit avoir la bride sur le cou, la force de l’avertissement qui suit est décuplée et se grave dans sa conscience: c’est un avertissement «coup de poing».  

Le conseil au jeune

Immédiatement après, au v. 10, le Sei­gneur conseille   affectueusement, rappe­lant que la jeunesse passe vite et qu’il est plus   sage d’éviter les causes de tris­tesse et de maladie. La compassion   est incluse dans ce conseil parce que le dé­tonateur du jugement   est intégré dans le choix qui serait mauvais: celui qui pra­tiquera   telle habitude néfaste s’attirera en même temps le tracas   et le mal; la relation de cause à effet est automa­tique.

Alors, poursuit le Seigneur, pendant que tu es jeune, n’oublie pas ton créa­teur; souviens-toi de lui avant les jours mauvais (12.1, Darby). Plus tard il sera bien tard, parce que les jours mauvais ne facilitent rien.

Il est du reste inutile de chercher à les éviter, ils viennent dans tous les cas, pour qui meurt jeune et pour les autres: dans les deux hypothèses possibles, on subit de mauvais jours. Le verset pousse très fortement à ne pas les attendre pour faire la paix avec son Créateur.

Un de mes petits-enfants me disait qu’il ne voulait pas devenir vieux. Alors je lui ai demandé s’il était décidé à mou­rir jeune. Non, cela c’était le pire. Je lui ai donc dit que s’il ne voulait pas mourir jeune, c’est parce qu’il préférait devenir vieux. Il suffit aux vérités logiques d’être énoncées pour s’imposer.  

Les jours mauvais de demain

Vient ensuite la partie explicative de la vieillesse, avec les jours   mauvais qui lui sont propres, rendant la vie moins agréable et le   retour à Dieu plus diffi­cile. Segond et Chouraqui disent qu’à   cette échéance on n’a pas de plaisir, ou pas de désir   de se souvenir de son Créa­teur. Mais hormis la mort, tout n’arrive   pas subitement, en bloc: chaque année nouvelle peut voir s’installer   une nou­velle phase mauvaise.

La forme allégorique (ensemble de plusieurs métaphores) cherche sans doute à être moins brutale, à ne pas traumatiser le jeune lecteur; jugez vous-mêmes: 

Souviens-toi de ton Créateur… Avant que s ‘obscurscissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles, et que les nuages re­viennent après la pluie (12.2). On sait que le soleil ne change pas derrière les nuages, alors on comprend que c’est notre vue qui a baissé: l’oeil voit moins et n’a plus le même plaisir à regarder la nature de Dieu. Il faut aussi lutter pour lire, les yeux sur la page, ou avec une forte loupe.

Ce jour-là les gardiens de la maison tremblent, les hommes vaillants se courbent (12.3 a). En gardant à l’esprit que l’on parle du déclin de l’homme, on comprend que la maison, c’est le corps dont les membres (les gardiens) fai­blissent en même temps que lui. Ce sont les bras et les mains qui protègent en amortissant les chutes et en écartant ce qui peut nuire: ils tremblent. Quant aux hommes vaillants qui se courbent (en soutenant la maison), ce sont les jambes, et peut-être la colonne vertébrale, qui ne sont plus très fermes sous le poids du corps.

Celles qui doivent moudre s’arrêtent parce qu’elles sont devenues peu nom­breuses (12.3 b): ce sont des dents qui ne mâchent plus faute d’avoir un vis-à-vis, une autre dent sur la mâchoire en face.

Je revois l’enfant que j’étais, ouvrant les yeux comme des portes cochères de­vant une vieille femme qui riait de toute sa dent: je ne comprenais pas comment elle pouvait manger.

Ceux qui regardent par les fenêtres sont obscurcis (12.3 c): ce sont les yeux. Le français courant traduit par: la femme qui cesse de paraître à sa fenêtre, et il fait penser à l’âme qui ne contemple plus le monde entre les paupières.

Les deux battants de la porte se ferment sur la rue quand s’abaisse le bruit de la meule (12.4 a). C’est-à-dire: les lèvres se ferment quand tarit le babil de la langue, car les vieillards parlent peu et n’éprouvent plus autant le besoin de communiquer avec les passants fami­liers.

On se lève au chant de l’oiseau, toutes les chanteuses s’affaiblissent (12.4 b) parce que les vieillards dorment peu, ils sont souvent aussi matinaux que les pre­miers oiseaux du matin; d’autre part, les cordes vocales s’affaiblissant, la voix de­vient chevrotante.

Quand aussi on craint ce qui est haut (12.5 a, Darby) à cause du souffle et du coeur.

Tes cheveux blanchiront comme l’aubé­pine en fleur (12.5b, français courant), c’est clair, comme généralement les in­convénients qui peuvent apporter une note poétique.

La sauterelle devient pesante (12.5 c). C’est le jeune qui est une sauterelle, l’enfant; infatigable, il court et il saute sans répit. Mais il deviendra pesant, lent à se mouvoir.

La câpre n’a plus d’effet (12.5d). Ce condiment stimule l’appétit et les sens, mais l’un et l’autre s’affaibliront.

L’homme s’en va vers sa maison d’éter­nité, et déjà les pleureuses rôdent dans la rue (12.5 e). Pendant la jeunesse, la mort surprend, mais quand on arrive au dé­clin, les professionnelles de la mort savent, et elles attendent l’heure de ga­gner leur vie.

Le cordon d’argent se détache, le globe d’or se casse (12.6 a). Ce sont des métaux précieux dans des objets anciens et fra­giles. Il est question de la valeur et de la fragilité de la vie.

La jarre se brise sur la source, et la roue se casse sur la citerne (12.6 b). La cruche brisée et la poulie cassée ne permettent plus de puiser l’eau nécessaire à la vie: après la mort, l’air ne circule plus entre la poitrine et l’extérieur.

Avant que la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et que l’esprit re­tourne à Dieu qui l’a donné (12.7). Cette image est habituelle pour désigner la mort physique. La conclusion est impor­tante; elle parle de la finalité de la vie terrestre.


Il y a quelque temps, j’étais assise avec mes enfants au bord d’un lac. Nous dégustions des glaces tout en admirant le paysage. Je ne fus pas peu étonnée quand je surpris, tout près de nous, la conversation de deux fillettes (d’environ dix ans) qui s’entretenaient de l’orgasme.

Ce sujet délicat préoccupe les chrétiens comme les non-chrétiens. A notre époque on parle ouvertement de tout et certes, en bien des cas, cela vaut mieux. Mais souvent on se sent poussé à suivre l’exemple donné par quelqu’un d’autre. Chez bien des femmes, cela va jusqu’à faire dépendre de l’orgasme la réussite ou l’échec de leur mariage! Si «elles y sont arrivées», tout n’est qu’harmonie. Sinon, elles s’imaginent, hélas! ne pas être heureuses et cela devient un sujet de discorde. Il est intéressant de noter qu’il n’est jamais question de l’orgasme dans la Bible. Elle évoque, certes, la beauté corporelle dans le Cantique des Cantiques, et l’on voit ainsi que Dieu approuve le corps et nous l’a donné pour notre joie. La Bible place l’union des corps («devenir une seule chair») dans le contexte de l’union conjugale comme quelque chose de bon, de pur, voulu par Dieu. Mais l’union physique n’est pas obligatoirement une extase enivrante. Il s’agit plutôt pour chaque partenaire d’y découvrir l’un par l’autre une joie toujours plus grande.

«Mon partenaire, a-t-il besoin de moi?»

Cependant «devenir une seule chair» signifie bien plus. C’est, comme les époux l’ont promis le jour des noces, partager les joies et les peines. Chacun prend part à la joie, mais aussi à la souffrance de l’autre. On «ne fait plus qu’un.» La question n’est pas: «Ai-je envie de relations sexuelles quand il le désire?», mais plutôt: «A-t-il besoin de moi?»

Il ne s’agit pas non plus de se demander s’il le mérite ou non. Je partage son fardeau et ses soucis, et je m’abandonne à lui. Je n’ai pas à réaliser une performance. Je n’ai qu’à être celle qui l’accueille. On a déposé les armes, c’est l’armistice. Nous pouvons, l’un par l’autre, oublier les soucis du jour. Nous n’avons plus besoin de jouer d’autres rôles.

Mais cette union n’est jamais synonyme de passivité: il s’agit plutôt d’une disponibilité active. Il peut même arriver que ce soit moi, la femme, qui invite mon mari et lui laisse entendre qu’il est le bienvenu. Etre ainsi accueilli, quelle joie pour le mari!

Si l’on est obsédée par l’orgasme. on ne sera jamais libre de se donner. On est bien trop occupée par soi-même, par ce qu’on ressent. Là aussi, on peut appliquer le texte de Luc 6,38: «Donnez, et l’on vous donnera…»

Notre rencontre devrait être un sujet de prière: «Seigneur, je veux m’unir à mon mari. Je veux apprendre à n’être qu’un avec lui, de la manière dont Toi, Seigneur, tu comprends l’unité.» Si la femme s’abandonne de cette façon, elle se sentira heureuse, même si elle n’atteint pas le point culminant de l’orgasme.

Beaucoup de femmes m’ont révélé qu’à la suite d’une déchirure du périnée lors d’un accouchement, par exemple, elles n’avaient pas connu l’orgasme pendant longtemps. Cela peut aussi arriver après des interventions chirurgicales. Et cela entraîne souvent une dépression. Je voudrais citer une femme qui s’en est sortie: «Bien sûr, la sensation extraordinaire n’était plus là, mais ce n’était pas pour cette sensation que j’aimais mon mari, et c’est ce dont je me suis rendu compte. J’étais heureuse qu’il ait un orgasme et qu’il se détende. Nous sommes parvenus à être plus sensibles l’un à l’autre, peu à peu nous avons découvert ce qui nous semblait agréable. J’ai cessé de me préoccuper anxieusement de mes sensations, j’ai appris à m’abandonner tout entière. La proximité tendre et aimante de mon mari m’est plus précieuse que mille orgasmes.»

Ruth Heil

Avec la permission de «Mission vie et famille», route neuve 14, F-91940 Gometz-le-Châtel.


B. Le combat de l’Eglise contre le paganisme

Introduction

La prédication de l’Evangile aux nations pour les amener à l’obéissance de la foi a pour but premier de manifester dans le monde la victoire du Seigneur Jésus-Christ à la croix du calvaire. L’apôtre Paul en écrivant aux chrétiens de Rome les exhorte à être sages en ce qui concerne le bien et purs en ce qui concerne le mal. Il ajoute ces paroles réconfortantes: Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds (Rom 16.19- 20). L’apôtre Jacques nous donne le secret de cette victoire sur les puissances des ténèbres: Soumettez-vous donc à Dieu (c’est-à-dire, obéissez à sa parole, à ses commandements); résistez au diable, et il fuira loin de vous. Et il indique le chemin à prendre pour une vie chrétienne victorieuse, tant sur le plan personnel que sur celui de l’Eglise: Approchez-vous de Dieu, et il s ‘approchera de vous. Purifiez vos mains, pécheurs et nettoyez vos coeurs, âmes partagées. Reconnaissez votre misère, menez deuil, pleurez; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera (Jac 4.7-10).

Paul affirmait, lui aussi, la même chose. Avant de donner aux chrétiens d’Ephèse sa merveilleuse description des armes du chrétien, il écrivait: Au reste fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine (Eph 6.10).

Démarche qui nous permettra de revêtir toutes les armes de Dieu. Notre foi, nous dit encore l’apôtre Jean, est victorieuse du monde, car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde, et voici la victoire qui triomphe du monde: notre foi. Qui est celui qui triomphe du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? (1 Jean 5.3-5).

L’Eglise des apôtres et des martyrs des premiers siècles trouva la force victorieuse dans ses combats les plus difficiles dans le fait qu’elle croyait sans douter aux dernières paroles que le Seigneur Jésus-Christ adressa à ses disciples juste avant son ascension: Tout pouvoir m ‘a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu ‘à la fin du monde (Mat 28.19-20).

Car les apôtres et les disciples avaient en fait un christianisme assez simple qui se résumait en la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, foi qui se manifestait par leur obéissance aux commandements de Dieu. Ils s’attendaient en conséquence à ce que les requêtes du Notre Père s’accomplissent, que le royaume de Dieu se manifeste déjà ici-bas et que la volonté de Dieu se fasse sur la terre comme au ciel. Ils ne séparaient pas, comme nous le faisons trop souvent, le ciel de la terre, le Royaume futur de sa manifestation partielle présente. Ce Royaume, formé de ceux qui sont nés de Dieu et qui lui obéissent, n’est rien d’autre que les prémices, les premiers fruits de ces nouveaux cieux et de cette nouvelle terre que nous attendons.

Voilà en fait tout le secret de la victoire de la première Eglise sur le paganisme de l’Antiquité et sur la puissance anti-chrétienne de l’Empire romain. Ce que Dieu avait accompli sous l’Ancienne Alliance ne pouvait-il pas encore plus le faire dans la Nouvelle, maintenant que le Christ avait tout mis sous ses pieds, que Satan et son armée avaient été mis en fuite à la croix et que Dieu avait revêtu son peuple de l’autorité même du Saint-Esprit? C’est l’histoire de cette victoire du Christ à la croix manifestée par une Eglise fidèle que nous allons maintenant examiner.

Comment le christianisme a vaincu le paganisme

La rapidité avec laquelle se répandit le christianisme à travers l’Empire romain, et bien au-delà, que décrit le livre des Actes, est un spectacle saisissant. Tel un feu de brousse, le souffle de l’Esprit-Saint envoyé à la Pentecôte, en une seule génération établit la foi chrétienne de l’Espagne à l’Inde, des bords de la Mer Noire jusqu’aux confins de l’Ethiopie. Cela, rappelons-le, à une époque où aucun de nos moyens de communications modernes n’existaient. Malgré la dure persécution d’un Empire pour lequel le culte de l’empereur était le couronnement religieux et politique d’un vaste système syncrétiste et le garant de son unité spirituelle, la foi chrétienne se montra partout victorieuse du paganisme. L’Eglise surmonta victorieusement les assauts violents de Satan. Selon l’expression frappante de Tertullien, le sang des martyrs était bel et bien la semence de l’Eglise. Plus se développait la persécution, plus croissait le nombre des fidèles.

Mais l’Eglise eut également à subir les assauts spirituels du diable, de celui qui, comme nous l’a dit le Christ, est dès le commencement menteur. Le diable, désespérant d’abattre l’Eglise par la violence, l’attaqua au moyen d’hérésies. L’assaut du gnosticisme, mélange très courant à l’époque d’un pseudo-christianisme avec du syncrétisme platonisant à caractère ésotérique, fut victorieusement repoussé dès le 2C siècle par des défenseurs intrépides de la foi orthodoxe comme Irénée de Lyon. Il en fut de même pour les dangers représentés par les tendances judaïsantes dans l’Eglise qui conduisaient à confondre les croyances d’un judaïsme devenu apostat et la véritable foi biblique maintenant libérée des pratiques rituelles juives. Au 4e siècle, l’arianisme, négation ouverte de la divinité de Jésus-Christ, se brisa contre le roc inébranlable de la foi d’hommes de Dieu tels Athanase d’Alexandrie et Hilaire de Poitiers. Plus tard, au 5C siècle, ce fut un Augustin de Hippo qui se dressa vigoureusement contre l’hérésie de Pélage qui préconisait un enseignement trop flatteur pour l’homme déchu, homme qui par ses propres moyens, par ses propres oeuvres, pourrait se sauver avec l’assistance facultative de la grâce. (10)

Mais par-dessus toutes ces hérésies nouvelles, ce fut le paganisme lui-même qui dut céder du terrain partout où était prêché l’Evangile. Après la dure persécution de Dioclétien à la fin du 3e siècle, Constantin proclama la tolérance de la foi chrétienne dans l’Empire. Sous son règne, elle eut même tendance à se substituer au culte solaire alors dominant comme religion semi-officielle de l’Empire. Constantin présida lui-même au Concile décisif de Nicée en l’an 325. (11) Mais ce ne fut que lors du règne de Théodose I (379-395) et sous l’influence décisive d’Ambroise de Milan (340-397), que le christianisme fut déclaré la religion officielle de l’Empire. Théodose mit fin aux sacrifices païens et ferma les temples, mais le paganisme lui-même ne fut pas autrement l’objet de pressions. (12)

Je ne voudrais pas ici discuter les avantages ou les désavantages de l’alliance qui fut ainsi établie entre l’Empire et l’Eglise chrétienne. La manchette publicitaire que j’ai récemment trouvée dans l’ouvrage de H. Lietzmann, «Histoire de l’Eglise Ancienne» (13) est en elle-même éloquente. On y lit en grands caractères rouges: «Comment le christianisme a vaincu le paganisme.» Lorsqu’on lit l’ouvrage de Pierre de Labriolle, «La réaction païenne, étude sur la polémique anti-chrétienne du 1er au 6e siècles», (14) on est singulièrement frappé par l’attitude de plus en plus défensive de la résistance païenne à mesure que se développait le christianisme. Elle dut constamment céder du terrain face au nouveau culte. Il était évident pour tous que par son Eglise le Christ était réellement victorieux des dieux païens de l’Antiquité et de l’apostasie juive.

Mais il y a davantage encore. Au cours du Moyen Age, le christianisme qui s’était si fortement implanté dans l’Empire romain et qui avait remarquablement survécu, tant à la chute de cet empire qu’aux invasions germaniques, continua à affronter avec la même dynamique victorieuse les nouvelles nations païennes qu’il rencontrait. C’est ainsi que les mondes germaniques et slaves passèrent sous l’influence du christianisme.

Je ne voudrais pas cependant minimiser les ombres qui obscurcissent quelque peu ce tableau, en particulier les compromis avec le paganisme qui accompagnèrent cette marche victorieuse. Prenons par exemple la date de la fête de Noël fixée arbitrairement au 25 décembre. Cette date n’est autre que celle de la fête païenne du dieu qui dominait l’Empire à l’époque de Constantin, Sol Invictus, le soleil invincible. Sur un autre plan, nous devons constater le retour en force de certaines tendances judaïsantes à l’intérieur même de l’Eglise, avec la graduelle introduction dans le culte chrétien de cérémonies juives et de règles liturgiques adaptées de l’Ancien Testament. C’est le cas du sacrifice renouvelé, mais non-sanglant, de la messe, du caractère spécial de la prêtrise, de l’importance des vêtements liturgiques, de l’assimilation du pape au grand prêtre, des 70 membres du collège des cardinaux (décalque du sanhédrin), etc. Je ne voudrais pas non plus passer sous silence le fait que ce grand défenseur de la foi, Augustin, fut une excellente courroie de transmission par laquelle des éléments importants de philosophie païenne, surtout du néo-platonisme, pénétrèrent dans la pensée chrétienne. Plus tard Thomas d’Aquin, dans une réaction mal orientée contre les dangers du dualisme augustinien, qui aux 11e et 12e siècles avaient pris des proportions inquiétantes, tenta d’y remédier. Mais, au lieu de revenir à la doctrine biblique de la création et de l’ordre de cette création tel qu’il est révélé dans la loi biblique, il introduisit dans la pensée chrétienne le levain de la philosophie d’Anstote.

Tout cela n’est que trop vrai. Cependant une étude impartiale de l’Europe dans les siècles qui précédèrent et suivirent la chute de l’Empire romain nous oblige de constater l’influence ascendante, puis dominante, du christianisme sur la société et sur la culture toute entière. Tant la famille que les lois, les institutions politiques que la littérature, bref toute la civilisation témoigne du fait que c’est le christianisme qui en était maintenant l’influence spirituelle prépondérante. (15)

On commence aujourd’hui seulement à comprendre, avec l’érosion croissante et toujours plus rapide de la présence chrétienne dans nos sociétés, à quel point fut immense et bienfaisante la victoire du christianisme sur le paganisme. De nombreuses études récentes démontrent clairement quel fut le modèle premier de toute la civilisation médiévale. En effet, la vision du monde de cette période était façonnée sur le modèle biblique. Prenons quelques exemples. L’Empereur Charlemagne avait comme modèle politique et spirituel pour l’exercice de la royauté, non l’Empire romain, mais la royauté de David. Les premiers empereurs saxons du Saint Empire Romain Germanique, les Otto II et III, les Henry II et III, avaient tous une conception hautement biblique de leur fonction. Henry III, par exemple, avait l’habitude, avant de prendre toute décision politique d’importance, de chercher d’abord à se mettre en ordre avec Dieu, confesser ses péchés et prendre la cène. Comme l’écrit Siegfried Ernst dans son beau livre, «A toi est le règne»: Pour lui le besoin d’un renouvellement spirituel constant, un changement profond du coeur et la purification de ses péchés étaient préalablement requis pour avoir l’inspiration et la capacité de maintenir un ordre de gouvernement où Dieu lui-même régnerait à travers ses représentants, roi ou empereur(16)

Cette primauté de la vie spirituelle, cette valeur première du modèle biblique même dans le domaine politique, se retrouve dans toute la vie de l’époque.

Bien plus tard, dans l’immense effort d’évangélisation qui accompagna la colonisation européenne, particulièrement aux 19e siècle, on retrouvera cette puissance de L’Evangile qui renverse les fondements mêmes du paganisme. Partout où s’implantait le christianisme, on a vu reculer le paganisme. Ces victoires s’obtenaient souvent par le sacrifice de leur vie des missionnaires pionniers. Très souvent aussi cet effort d’évangélisation des païens était heureusement appuyé par le pouvoir politique de la puissance coloniale, elle-même soucieuse d’instaurer un ordre juste pour la société sous sa domination. Permettez-moi d’évoquer ici un souvenir d’enfance datant des années quarante. Il se rapporte aux meurtres rituels d’enfants, de véritables sacrifices humains offerts aux idoles pour se procurer des «médicaments» magiques, qui étaient perpétrés pour des chefs tribaux par des sorciers au Lessouto, en Afrique du Sud où mes parents étaient missionnaires. Ces sacrifices religieux d’enfants étaient vigoureusement combattus par les autorités britanniques qui les assimilaient fort correctement à des simples meurtres encore passibles, à cette époque lointaine, de la peine de mort. De tels actes criminels étaient refoulés dans les coins les plus cachés de la société par une répression juridique fondée sur des valeurs bibliques, comme l’étaient d’ailleurs, à la même époque dans nos pays encore christianisés, les avortements qui faisaient heureusement alors encore l’objet d’une répression criminelle. Aujourd’hui, tant dans les pays colonisés qu’en Europe, les choses ont grandement changé grâce à notre abandon croissant de la loi de Dieu comme norme juridique finale. Autant les meurtres rituels dans les pays décolonisés que les avortements chez nous ne sont plus guère réprimes.

Il est utile aussi de rappeler que les forces offensives les plus puissantes travaillant à la repaganisation de l’Occident, l’Islam et l’Hindouisme, sont des religions qui proviennent essentiellement de régions où les autorités colonisatrices (je pense en particulier à l’Angleterre aux Indes et à la France en Afrique du Nord) avaient adopté une politique fortement opposée à tout effort d’évangélisation de populations païennes, et cela dans l’espoir de maintenir une paix sociale à court terme. Comme l’avait si bien compris Christophe Colomb à la fin du 15e siècle, la seule vraie justification de toute entreprise colonisatrice provenant de l’Europe était de favoriser l’annonce de l’Evangile aux nations païennes. Refuser cette vocation faisait disparaître toute légitimité morale et spirituelle et ne pouvait qu’aboutir, à long terme, à la perte des colonies et à la résurgence du paganisme. Charles de Foucauld, par exemple, qui avait consacré sa vie à l’Evangélisation des Touaregs au Sahara, constatait dès avant la première Guerre mondiale que cette démission spirituelle de l’autorité politique de la métropole entraînerait inévitablement la disparition de la présence française en Afrique du Nord. Nous assistons aujourd’hui à la conséquence ultime de cette apostasie, l’invasion de nos pays par le paganisme lui-même. Nous voyons maintenant que trop clairement à quel point fut néfaste la domination exercée par une idéologie pluraliste et syncrétiste (qui était celle de la franc-maçonnerie) sur les couches dirigeantes européennes au 19e siècle. C’est toujours le refus d’évangélisation qui conduit à long terme aux reconquêtes du paganisme.

Notes

(10) Sur l’histoire de ces combats spirituels voyez:
R. J. Rushdoony: The Foundations of Social Order. Studies in the Creeds and Councils of the Early Church
Presbyterian and Reformed, Nutley, 1968
Pierre de Labriolle: Histoire de la littérature latine chrétienne
Les Belles Lettres, Paris, 1920
Aimé Puech: Histoire de la littérature grecque chrétienne
Les Belles Lettres, Paris, 1928-1930, 3 vol.
H. Lietzmann: Histoire de l’Eglise ancienne
Payot, Paris, 1936-1941, 3 vols.
Jeremy C. Jackson: No Other Foundation. The Church Through the Centuries
Cornerstone Books, Westchester, 1980
Henry Chadwick: The Early Church Vol. I: Pelican History of the Church, 6 vol.
Penguin Books, London, 1967
(11) Sur le règne, à bien des égards décisif, de Constantin:
Jakob Burkhardt: The Age of Constantine the Great
Doubleday Anchor, New York, 1956 (1852)
A. H. M. Jones: Constantine and the Conversion of Europe
English University Press, London, 1965(1949)
(12) Sur Ambroise.
Angelo Pavesi: Saint Ambrose. His Life and Times
University of Notre Dame Press, Notre Dame, 1964
Sur le débat fondamental entre le Christianisme et la culture antique voyez l’ouvrage classique de:
Charles Norris Cochrane: Christianity and Classical Culture
Oxford, New York, 1972 (1940)
(13) Lietzmann op. cit. note 10
(14) Pierre de Labriolle: La réaction païenne. Etude sur la polémique anti-chrétienne du 1er au 6e siècle
L’Artisan du Livre, Paris, 1942
(15) Sur l’influence dominante du christianisme dans la civilisation médiévale:
Henri Charlier: Création de la France
Dominique Martin Morin, Paris, 1982 (1971)
R. L. Bruckberger: Lettre ouverte à ceux qui ont mal à la France
Albin Miebel, Paris, 1985
Régine Pernoud: Pour en finir avec le Moyen Age
Seuil, Paris, 1977
Régine Pernoud: Lumière du Moyen Age
Grasset, Paris, 1981 (1944)
Christopher Dawson: Religion and the Rise of Western Culture
Image Books, New York, 1958 (1950)
Christopher Dawson: Medieval Essays
Image Books, New York, 1959 (1954)
Christopher Dawson: The Making of Europe
Meridian Books, New York, 1965 (1932)
Voyez également les ouvrages de:
Michel Villey: La formation de la pensée juridique moderne
Montchrestien, Paris, 1975
Jean Gaudemet: L’Eglise dans l’Empire romain (4e et 5e siècles)
Sirey, Paris, 1958
Jean Gaudemet: Eglise et société en Occident au Moyen Age
Variorum Reprints, London, 1984
R. W. Southern: Western Society and the Church in the Middle Ages
Penguin Books, London, 1970
Georges de Lagarde: La naissance de l’esprit laïque au déclin du moyen âge.
Nauwelaerts, Louvain, 1956-1963, 5 vol.
(16) Siegfried Ernst: Thine is the Kingdom. The Ideologies and the Kingdom of God
Europäische Arzte-Aktion, Postfaeb 1123, D-7900 Ulm, 1984, p. 26


Rappel de l’introduction

Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme en 1906 à Los Angeles avec son prolongement charismatique dans les années soixante. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative; étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations

III. Un seul baptême

Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation; il y a un seul Seigneur une seule foi, un seul baptême. Eph 4.4-5

1. L’enseignement du NT

Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. I Cor 12.13

Autres textes à consulter: I Cor 6.11; Jean 3.5-8; Tite 3.4-8; Rom 6.1-11; Col 2.8-19.

a) Il ressort de la lecture des Actes que la foi n’est jamais désincarnée; elle devient un fait historique par l’action du baptême d’eau, qui est non seulement le sceau de la foi du nouveau converti, mais aussi le sceau de la venue de l’Esprit en lui.

Le NT atteste clairement la relation entre l’eau et le Saint-Esprit, à commencer par le baptême de Jésus (Marc 1.10). A la fin de la première prédication donnée par Pierre à la Pentecôte, le Saint-Esprit est offert ensemble avec le baptême d’eau: Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit (Act 2.38).

Cette relation entre baptême d’eau et réception de l’Esprit est enseignée avec la plus grande évidence dans les passages des Actes où il se produisit un intervalle de temps passager entre baptême d’eau et réception de l’Esprit; chaque fois, cet intervalle fut rapidement interrompu et l’Esprit reçu. Les événements décrits dans Actes 8.5-17, 10.43-48 et 19.1-7 enseignent d’une manière frappante que le don du Saint-Esprit et l’eau du baptême chrétien sont liés entre eux.

b) Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu (1 Cor 6.11).

Il ne s’agit pas là d’une succession imparfaite ou douteuse; l’emploi de l’aoriste pour les trois verbes (temps qui indique une action accomplie) montre que le baptême signifie que le croyant est purifié, sanctifié et justifié par le fait qu’il est devenu un membre du Corps de Christ en qui l’Esprit habite. 1 Cor 3.16: Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?

Purification, justification, sanctification et l’Esprit sont donnés en Jésus-Christ à la fois et non par bribes. Le tout est scellé et solennellement signifié par le baptême.

c) L’Evangile de Jean présente l’enseignement du NT sur le baptême avec toute la clarté désirable. Voici ce que dit Jésus à Nicodème: En vérité, je te le dis. si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Jean 3.5). On peut considérer ce texte comme la description classique du NT sur le rite d’initiation qu’est le baptême. Les termes d’eau et d’Esprit pourraient difficilement être plus intimement liés, ce qui est encore plus évident en grec, où la traduction littérale donne: d’eau et Esprit, la préposition «ex» (= de) servant pour les deux termes, qui ne sont donc pas séparables. En plus de cela, le verbe étant à la forme de l’aoriste passif subjonctif, le sens littéral est: «naît une fois d’eau et Esprit».

Le croyant naît donc une seule fois d’eau et d’Esprit. Il n’y a qu’un seul baptême chrétien, qui est en même temps d’eau et d’Esprit, en même temps matériel et spirituel. L’accent dans l’Evangile de Jean est nettement sur l’Esprit. La nouvelle naissance est une naissance par l’Esprit, même si la venue de l’Esprit dans le croyant reste un mystère et un miracle de la grâce de Dieu, comme l’indique bien Jean 3.8. Cela exclut l’exigence de conditions ou d’évidences en rapport avec la venue de l’Esprit sur le baptisé. Sont à écarter: l’idée d’une quelconque vertu sacramentale de l’eau baptismale (Tertullien); la prétention d’une église de détenir le privilège d’administrer le seul baptême valable (catholicisme romain); la notion d’une preuve qu’apporterait l’expérience individuelle (pentecôtisme).

Il suffit de savoir que l’Esprit vient d’en haut et qu’il est étroitement lié à l’eau du baptême, mais comment, où et pourquoi, cela nous échappe. Jean 3.9- 21 interprète Jean 3.3-8 et montre que l’Esprit est reçu en conséquence de notre foi.

d) Le passage de Tite 3.4-8 peut être considéré comme un résumé de la doctrine du NT sur «le baptême dans le Saint-Esprit»: Lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur; et son amour pour les hommes, ont été manifestés, il nous a sauvés – non parce que nous aurions fait des oeuvres de justice, mais en vertu de sa propre miséricorde – par le bain de la régénération et le renouveau du Sain t-Esprit; il l’a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers dans l’espérance de la vie éternelle.

La clarté de ce texte, en conjonction avec les autres déjà cités, permet de tirer quelques

 e) Conclusions finales.

1. Le Saint-Esprit en tant qu’agent du salut n’attend pas que le croyant devienne plus digne ou plus pur – comme s’il pouvait devenir plus digne ou plus pur que lorsqu’il a été «lavé» par Dieu -‘mais l’Esprit est donné avec le salut.

2. L’Esprit n’est pas donné partiellement, comme si Dieu était réticent, mais répandu sur nous avec abondance.

3. Etant aussi bien (a) l’agent du salut que (b) le don de Dieu, le Saint-Esprit n’est pourtant ni un agent indépendant, ni un don à part, ni (c) une source de richesses par lui-même.

Plutôt: (a) en tant qu’agent, l’Esprit baptise en Christ, et par conséquent aussi en l’Esprit, car Christ et l’Esprit sont inséparables; (b) en tant que don, l’Esprit est donné en et par Christ, et jamais par une expérience comme don séparé, comme si Christ, quand il est reçu, était incapable de communiquer l’Esprit; (c) en tant que don du salut en Christ, l’Esprit ne nous amène pas à faire des expériences meilleures ou plus riches en lui-même, mais à nous communiquer la richesse insondable du Christ.

Nous pouvons donc affirmer que l’oeuvre du salut accomplie par Christ à la croix et par sa résurrection a eu un triple effet: le message de l’Evangile est reçu par l’écoute dans la foi, le Saint-Esprit est reçu et le croyant est scellé dans le baptême; il devient ainsi une même plante avec Christ (Rom 6.5). C’est une des grâces de Dieu que le don de l’Esprit soit rattaché à un acte aussi terre à terre que le baptême d’eau, signe visible s’il en est, et non à un événement extatique ou ésotérique réservé à une élite sensible aux états émotionnels, ni à un acte demandant un effort acharné comme l’exige la doctrine du «parler en langues» du pentecôtisme.

2. La doctrine des deux baptêmes est insoutenable

a) Un baptême d’eau sans le Saint-Esprit ou un «baptême dans le Saint-Esprit» sans eau sont des impossibilités, comme les passages dans Actes 8.15-16 et 19.1-7 le démontrent.

Du Plessis ne semble pas comprendre qu’un nouveau converti est, par définition, quelqu’un qui a reçu le Saint-Esprit, quand il écrit: «Chaque converti est encouragé à recevoir le Saint-Esprit afin de devenir un témoin de Jésus-Christ» (dans «Religion in Geschichte und Gegenwart»). Quand les ..Assemblées de Dieu soutiennent que «cette merveilleuse expérience (de la réception de l’Esprit) est distincte de l’expérience de la nouvelle naissance et lui est postérieure», nous ne pouvons que conclure qu’ils connaissent mal ce que le NT dit du baptême.

Le pentecôtisme morcelle ce qui, dans le NT, est signifié par le seul acte du baptême: d’abord l’identification avec Christ (conversion), puis le baptême d’eau, ensuite l’accomplissement des conditions rendant le «baptême dans le Saint-Esprit» possible, et finalement la pleine identification avec l’Esprit par le «baptême dans l’Esprit» accompagné des langues. Tout au long, l’accomplissement dépend du croyant.

Il est à remarquer ici que l’expression «baptême dans le Saint-Esprit» ne se trouve nulle part dans le NT!

b) Selon Romain 6, la vie chrétienne est fondée sur le seul baptême en la mort, la mise en tombe et la résurrection de Christ. Au v. 10, le terme grec «une fois pour toutes» indique que ce baptême ne peut être répété, de sorte que le chrétien n’a pas besoin de deux morts par deux baptêmes avant d’avoir reçu la vie spirituelle. Son baptême d’eau signifie qu’il est baptisé du Saint-Esprit et qu’il est aussi spirituel que le Christ avec lequel il a été baptisé.

Le baptême spirituel enseigné par le NT est la base et non pas le but de toute activité chrétienne.

c) L’épître aux Colossiens enseigne que le résultat de l’identification du croyant avec Christ dans le baptême le délivre non seulement du péché et de la loi, mais aussi de son piètre effort de se débarrasser lui-même de certains péchés.

1. Col 2.12-13 dit que, ensevelis avec Christ par le baptême, le croyant est rendu à la vie par lui. Point n’est besoin d’un «baptême» supplémentaire pour cela. Le baptême en Christ n’est pas un symbole préliminaire, mais signifie la réception de la plénitude qui est en Christ: vous avez tout pleinement en lui (2.10).

Le baptême selon le NT n’offre pas seulement, mais donne tout ce que Dieu a accompli pour l’homme en Christ; l’accent est sur le mot «tout».

2. Col 2.16-23 avertit contre la pratique de la mortification de la chair comme moyen d’atteindre un niveau spirituel plus élevé. Non! dit Paul; la croissance spirituelle est une croissance qui vient de Dieu (v. 19). Bien entendu, la discipline et l’humilité ont leur place (3.1-12), mais non pas avant et en vue du baptême, mais après et à cause de la plénitude reçue en Christ.

d) La redécouverte du sens du baptême selon le NT est de la plus haute importance, car du moment où il est vidé de son véritable contenu, on doit avoir recours à des substituts. Or ces substituts ont forcément toujours pour effet de mettre en question la toute suffisance aussi bien de la foi concrétisée par le baptême que du Christ avec lequel le croyant est identifié dans le baptême.

Quand le seul baptême ne donne plus une certitude suffisante, il faut trouver d’autres certitudes, d’autres évidences, car la certitude du salut est un des soucis majeurs de l’homme. Nous avons vu à quels expédients les Colossiens avaient recours pour pallier à la carence créée par l’introduction de règles basées sur la philosophie et la tradition: observation de sabbats, cultes des anges, visions, divers préceptes humains (ne prends pas! ne goûte pas! ne touche pas!).

Certaines des conditions pentecôtistes ne sont pas répréhensibles en elles-mêmes; elles ont même une apparence de grande spiritualité. Cependant l’introduction de conditions dans le but d’obtenir les grâces de Dieu transforme la vertu en loi. «Faire le vide» est une condition pentecôtiste afin d’être rempli de l’Esprit, alors que cet état est la conséquence de l’habitation de l’Esprit en le croyant dès sa conversion. Il faut se rappeler que l’Esprit n’est pas un fluide, mais une personne, la troisième Personne de la divinité, qui exerce son influence sur le croyant. En être rempli veut tout simplement dire: s’y soumettre volontairement pour que l’Esprit puisse diriger la pensée, le coeur et la volonté du croyant. Aussi Paul peut-il enjoindre aux Ephésiens: Soyez remplis de l’Esprit (litt.: Soyez toujours en train d’être remplis de l’Esprit; autrement dit: ayez la volonté de vous laisser guider par lui).

Alors même que les règles de discipline et de dévotion religieuse des Colossiens leur paraissaient si admirables, Paul dut les reprendre durement: enflé d’un vain orgueil, contribuant à la satisfaction de la chair (2.18,23). Par leurs abnégations, ils ne plaisaient pas à Dieu, mais à eux-mêmes.

La discipline et la dévotion chrétiennes caractérisent bel et bien le chrétien né d’en haut, mais non en vue d’obtenir quelque chose de plus; c’est le résultat de la nature nouvelle (3.10) dont il a été revêtu à la conversion, nature qui se manifeste par l’amour et la compassion que le Saint-Esprit lui communique par le Christ en lui (3.12-17). Tout ce qui est bon en lui découle de la grâce, de la puissance et de la plénitude qu’il a reçues lors du baptême d’eau et d’Esprit.

Responsable de la traduction-adaptation du texte de Bruner:
J.-P. Schneider


5.13-21: Conclusion récapitulative

A. Assurance (v. 13-17)

Q1 Sur quoi se base-t-elle?
Q2 De quoi découle-t-elle?
Q3 En quoi résulte-t-elle?
Q4 Que permet-elle?

Etapes: Lire ce qui est écrit.
Croire ce qui est écrit.
Savoir qu’on a la vie éternelle.
Prier le Christ qu’on connaît (communion personnelle).



v. 16-17: L’intercession
Le frère qui pèche ne peut laisser le chrétien authentique indifférent: l’amour le pousse à prier pour lui, et non pas à le juger et à médire de lui.
Dieu lui donnera la vie.
Q5 Pour quelle raison?
Mais étant «frère», il a déjà reçu la vie éternelle. Il ne l’a pas perdue parce qu’il a péché. D’où la question: Quel sens a le mot «vie» ici? (Q6)
il y a un péché qui mène à la mort.
Certains commentateurs pensent que le sens à donner aux mots «vie» et «mort» est spirituel, d’autres qu’il est physique.

  1. Sens spirituel: «vie» et «mort» éternelles.
    Dans ce cas, il ne peut s’agir que du «blasphème contre le Saint-Esprit», qu’on ne peut comprendre que dans le contexte de Mat 12.22-33. Les Pharisiens voient le Messie en action (exactement selon les prédictions des prophètes); ils pèchent volontairement contre leur conscience pour ne pas devoir reconnaître en Jésus le Christ, et ils mentent en attribuant à Satan ce qui était manifestement l’action du Saint-Esprit. «Celui qui n’est pas avec moi est contre moi», leur dit Jésus, après quoi il prononce l’avertissement concernant «le blasphème contre le Saint-Esprit» (et non: «péché contre le Saint-Esprit»). Blasphémer est une action intentionnelle. Il est impensable qu’un chrétien authentique veuille blasphémer contre le Saint-Esprit. Jean dit qu’il ne peut même pas pratiquer le péché. Il doit donc s’agir d’un inconverti. Or il est vrai que Jean ne dit pas expressément qu’il s’agit d’un «frère», donc d’un croyant; la tournure est impersonnelle.
  2. Sens physique des termes «mort» et «vie». Je penche pour cette interprétation, car:
    • Le contexte parle d’un «frère» (ou de frères: ceux qui commettent…); il est artificiel de supposer que Jean vise tout à coup des incrédules.
    • Comme aucun chrétien né du Saint-Esprit ne peut «blasphémer contre le Saint-Esprit», ce péché-là est exclu; car il conduit à la mort spirituelle et à la condamnation, le sort des incrédules.
    • Certains péchés mènent à la mort physique. L’homme incestueux à Corinthe est livré à Satan pour la destruction de la chair (mort physique), afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus (1 Cor 5.5). Le même sort est réservé à Hyménée et Alexandre, qui ont fait naufrage en ce qui concerne la foi, . . . afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer (1 Tim 1.20). [litt.: qu’ils soient disciplinés à ne pas blasphémer]. Ce blasphème n’est pas celui contre la personne du Saint-Esprit; il consiste à déshonorer l’Eglise et à induire les incrédules à blasphémer contre Dieu. – Le croyant qui persiste dans le péché se replace physiquement sous la seigneurie de Satan, le détenant du pouvoir sur la mort (Héb 2.14, trad. litt.).
    • Jacques, en parlant de la prière en vue de la guérison physique, écrit: La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera (5.15). Il s’agit du «salut» de son corps, et non du salut éternel.
    Jean termine son argument par la phrase: Toute injustice est péché. La gravité du péché ne doit pas être minimisée, même s’il ne mène pas à la mort.

B. Certitudes (v. 18-20)

Nous savons (extension du verset 13):
v. 18: Tout engendré de Dieu ne pèche pas, mais l’Engendré de Dieu le garde, et le malin ne le touche pas (trad. litt.).
Il n’a pas l’habitude de pécher, mais il lui arrive de pécher. Personne n’est exempt de péché, mais la nouvelle naissance détermine un nouveau comportement.
Q7 Quelle en est l’explication?

v. 19: Nous sommes de Dieu et le monde entier gît dans le Malin (trad. litt), c’est-à-dire dans son étreinte, sous sa domination. Le monde ne cherche pas à s’en libérer.
Q8 Le monde entier se trouve deux fois dans l’épître. Citez l’autre verset et tirez une conclusion.

v. 20: 4 certitudes sont énoncées:
  1. Le Fils de Dieu est venu: fait historique attesté par plus de documents qu’aucun autre fait; en douter ne peut être que de la mauvaise foi.
  2. Le Fils nous donne l’intelligence/la réflexion/l’entendement qui nous permet de reconnaître le Réel (litt.). C’est le Fils qui nous rend capables de reconnaître le seul vrai Dieu… et Jésus-Christ (Jean 17.3), en opposition aux idoles. Impossible de connaître Dieu sans le Fils qui le révèle. Nul ne vient au Père sinon par moi… Celui qui m’a vu a vu le Père (Jean 14.6,9).
  3.  

    Le Véritable est: Jésus – l’homme
    Christ – le Messie
    le Fils – Dieu


    Celui-ci est le Dieu réel et vie éternelle (litt): C’est «la déclaration la plus formelle de la divinité de Jésus-Christ dans le NT» (Stott), même si certains pensent que la phrase se rapporterait à Dieu, alors que «au point de vue grammatical, c’est le sens exact» (A. Nicole): la phrase se réfère à Jésus-Christ, ce que voyaient aussi Luther, Calvin et d’autres. Je suis la résurrection et la vie, a dit Jésus à Marthe (Jean 11.25); il ne peut s’agir que de la vie éternelle, comme le dit 1 Jean 5.20.

  4. Le croyant est dans le Réel, dans son Fils Jésus-Christ. l’un ne va pas sans l’autre. En étant dans le Fils, nous sommes aussi dans la vie éternelle, puisqu’il est la vie éternelle.

En résumé:
  1. La venue du Fils de Dieu dans le monde est une certitude.
  2. Le Fils donne l’intelligence pour le connaître comme tel.
  3. Le croyant a la vie éternelle parce qu’il est dans le Fils.
  4. Jésus-Christ EST DIEU.


C. Avertissement (v. 21)

Petits enfants, gardez-vous des idoles.

Le terme petits enfants se trouve dans Jean 13.33 (unique fois dans l’évangile) quand Jésus annonce son prochain départ, au dernier souper. Cette parole de tendresse s’est gravée dans la mémoire de Jean, qui a la tendresse du Seigneur pour ses destinataires.

L’avertissement n’est pas en contradiction avec le v. 18, mais indique que la protection que nous accorde le Fils ne nous dispense pas de «veiller» sur nous-mêmes (sens litt. du grec, qui emploie un autre verbe au v. 18).

Les idoles sont en contraste avec le seul Réel. Il s’agit de ne pas prendre l’illusoire pour le réel. Dans le contexte de son époque, Jean peut aussi avoir averti contre la fausse idée du Fils (et donc du Père) que répandaient les gnostiques.

Paul utilise la même préposition grecque dans 1 Cor 10.14: Fuyez loin de l’idolâtrie; ici: Fuyez loin des idoles. A Timothée, Paul écrit: Fuis ces choses, après avoir évoqué les vaines discussions, la jalousie et l’envie, les calomnies et l’amour de l’argent (avarice). Tout cela peut devenir «idolâtrie». Nul ne peut servir… Dieu et Mammon, ni y a-t-il accord entre Christ et Bélial (Satan) (Mat 6.24; 2 Cor 6.15).

Ainsi la première épître de Jean se termine par une éclatante déclaration de la divinité de Jésus-Christ et sur un avertissement solennel de fuir tout ce qui pourrait lui contester la seule place qui lui convient: la première!


Réponses:

R1 Sur l’écrit d’un témoin oculaire.
R2 De la foi en Christ, objet du témoignage.
R3 En une connaissance: on sait qu’on possède la vie éternelle.
R4 La prière suivie de l’exaucement, si elle est conforme à la volonté de Dieu. Dieu ne «doit» jamais exaucer quelque prière que ce soit; toute prière implique la soumission au plan de Dieu; s’il est vrai que Dieu «entend» chaque prière, il y répond cependant comme il veut. (Modèle: Jésus «Non pas comme je veux, mais comme tu veux», Mat 26.39).
R5 Parce que Dieu dit: Ce que je désire, ce n ‘est pas que le méchant meure, c ‘est qu ‘il change de conduite et qu’il vive (Ez 33.11). Dieu exauce donc cette prière parce qu’elle est conforme à sa volonté.
R6 Il s’agit de la restauration de la pleine communion avec Dieu interrompue momentanément par le péché.
R7 Le Christ garde les siens des assauts de Satan et le rend impuissant.
R8 2.2: Le monde entier étant assujetti au diable, c’est aussi pour le monde entier que Jésus s’est sacrifié. Si son sacrifice est valable pour tout le monde, il n’est pourtant pas efficace pour ceux qui n’en veulent pas, puisque les pécheurs sont justifiés par la foi, sauvés par le moyen de la foi et que quiconque Croit en lui.., a la vie éternelle (Rom 5.1; Eph 2.8; Jean 3.16).

Le christianisme affirme… que l’ordre, la diversité, l’interdépendance complexe et la beauté du monde naturel ont été créés par le Dieu vivant et souverain.

Dans le christianisme, la Bible explique le monde dans lequel nous vivons, nous dit l’origine et le sens de l’existence de l’homme, nous donne les bases de la connaissance et de la compréhension du bien et du mal, nous montre comment vivre dans ce monde, apporte des réponses aux problèmes auxquels nous autres humains sommes confrontés, et nous offre l’espérance d’un avenir qui, dès maintenant, imprime un but à notre vie. Avant d’examiner ces différents points, il nous faut répondre à une objection essentielle.

Pour certains, une réflexion chrétienne sur la nature et le sens du monde, sur la connaissance, sur l’homme, sur le bien et le mal, etc., est inutile et sans intérêt. Ils raisonnent ainsi: «Il est évident que ces questions relèvent de la philosophie et le christianisme n a rien a voir avec la philosophie.» Et de poursuivre: «La philosophie est une abstraction réservée aux intellectuels. Les philosophes posent des questions, dans un style hermétique pour le commun des mortels, sur des sujets qui n’effleurent pas l’homme de la rue. Et par là même, les réponses qu’ils apportent sont inintelligibles.» Pour eux, le christianisme est une affaire de coeur, comme le mariage. Il aborde des questions pratiques: «Est-ce que j’aime Dieu ou non?» -«Suis-je prêt ou non à m’humilier devant Dieu et à me reconnaître pécheur?» -«Suis-je prêt ou non à accepter l’Evangile de la mort et de la résurrection de Christ?»

Certains vont même plus loin et affirment qu’il est dangereux, voire non spirituel, pour un chrétien de s’intéresser à ce genre de questions, et ils citent Paul pour appuyer leurs dires: Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie selon la tradition des hommes, selon les principes élémentaires du monde, et non selon Christ (Col 2.8) et: Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage? où est le scribe? où est le contestataire de ce siècle? Dieu n ‘a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n ‘a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauveur les croyants par la folie de la prédication (1 Cor 1.19-21). Selon eux, Paul veut dire qu’en discutant du sens de la vie, le chrétien abandonne l’Evangile pour avoir recours à des méthodes du monde et de la philosophie. Et qui plus est, l’Evangile perd de sa simplicité, et il y a risque de ne plus dépendre du Saint-Esprit pour toucher le coeur de l’homme.

Ce sont là des critiques sérieuses que nous ne pouvons ignorer. En premier lieu, Paul ne dit pas que 1’Evangile est une folie, au sens littéral du terme, mais que ce monde, en rébellion contre Dieu, pense que l’Evangile est une folie et qu’en revanche, sa propre philosophie est sage. Ensuite, Paul dit que l’Evangile, regardé comme une folie par les hommes, est, en fait, plus sage que la sagesse des hommes. En d’autres termes, c’est la pensée ou la philosophie non-chrétienne qui est, en vérité, folie, et le message chrétien, seule véritable sagesse.

Il est intéressant de comparer les affirmations de 1 Cor 1 avec Rom 1.18-25, où Paul exprime quelque chose de très similaire. Là, Paul démontre que l’univers dans lequel nous vivons prouve à l’évidence l’existence et la puissance de Dieu et que les hommes sont inexcusables s’ils ne le reconnaissent pas. Cependant, les hommes refusent d’intégrer Dieu dans leur pensée et ils considèrent que ce refus de reconnaître Dieu est l’expression de la sagesse. En réalité, leur pensée est folie, parce qu’ils adorent une partie de la création plutôt que Dieu et s’en remettent à elle plutôt qu’à Dieu pour expliquer les origines de la vie et pour comprendre la place et la destination de l’homme dans le monde.

La pensée du non-chrétien, aussi sage et sophistiquée qu’elle puisse paraître sur certains points, repose sur une folie. Car seul le message biblique donne un sens au monde tel que nous le voyons. Si les hommes refusent de reconnaître Dieu, alors le monde n’a plus aucun sens pour eux. Ils ont échangé la vérité contre un mensonge et ils servent la création plutôt que le créateur. Dès lors, le chrétien devrait être prêt à répondre aux questions que soulèvent la philosophie, questions que tout un chacun se pose, parce que le chrétien ne saurait par lui-même apporter des réponses aux questions. Seule la Bible peut le faire. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ (2 Cor 10.5). Les réponses bibliques vont comme un gant à l’univers qui est le nôtre, tandis que, pour employer une métaphore, les réponses que nous offre la philosophie non-chrétienne relèvent de la quadrature du cercle.

Les questions fondamentales concernent: 1° la nature de la connaissance; 2° la nature et l’origine de la vie; 3° la nature de la vie humaine; 4° le fondement de l’éthique; 5° le problème de la souffrance et du mal; 6° la finalité de l’existence et le sens de l’histoire; 7° de quelle manière devrait-on vivre?

En examinant chacune de ces questions et les réponses que la Bible en donne, nous les comparerons aux idées fondamentales de nos sociétés occidentales confrontées aux problèmes du 20e siècle.

1. Le problème de la connaissance

Comment parvenir à la connaissance? Comment pouvons-nous être sûrs de l’exactitude de ce que nous croyons sa voir? L’humanisme est la philosophie dominante de notre société. L’humanisme répond à cette question en faisant appel à la raison humaine: l’homme doit pouvoir trouver réponse à tout, à commencer par lui-même. Le philosophe et historien écossais David Hume affirmait: «La raison est souveraine pour dicter des lois et imposer des maximes, sa puissance et son autorité étant absolues». (1) Cette foi en la puissance de la raison est la pierre angulaire de l’ensemble de nos sociétés occidentales modernes. Cependant, Hume lui-même a reconnu qu’à partir de l’homme seul, la valeur de la raison et la réalité de ses perceptions n’étaient pas démontrables, pas plus que l’assurance de sa propre existence physique, l’existence objective du monde matériel qui nous entoure et la relation de cause à effet. Cependant, dans un passage très connu, Hume a admis qu’en dépit du caractère relatif que revêtait sa foi en la raison comme principe de toute connaissance, il ne déséspérerait pas:

«Si l’on me demandait si j’adhère sincèrement à ce principe que j’ai pris tant de peine à démontrer. selon lequel je serais l’un de ces sceptiques qui prétendent que tout est sujet à doute, je répondrais… que ni moi ni personne n’a jamais soutenu cette idée sincèrement et d’une façon constante… Je dîne, je joue au trictrac, je m’entretiens agréablement avec mes amis, et lorsqu’après 3 ou 4 heures de divertissement, je m’en retourne a mes réflexions, elles m’apparaissent si froides, si forcées et ridicules que je n’ai pas le coeur de m’y plonger plus avant. Preuve en est que le sceptique continue à raisonner et à croire, bien qu’il affirme se défier de sa raison, et par là-même, il doit bien constater l’existence de son corps, quoiqu’il ne puisse en confirmer la véracité par le jeu d’aucune argumentation philosophique». (2)

Au 20e siècle, la difficulté qui a surgi de cette allégeance à la seule raison, a acculé beaucoup de penseurs au désespoir total. On a fait de la raison de l’homme, son dieu. Mais elle est devenue comme un cadavre dans le placard, lui rappelant constamment la défaillance de l’entendement, la décadence de la valeur dans l’expérience humaine.

Le problème a surgi en raison de la limitation de l’homme. Il est petit. Il est incapable, de par son approche restreinte de la réalité, de produire suffisamment de connaissance pour répondre à toutes les questions, ou pour saisir la réalité dans son ensemble. Tout semble si grand et l’homme est si petit; comment peut-il être sûr de l’exactitude de ce qu’il sait?

Pour le chrétien, la finitude de l’homme n’est pas un problème. Nous reconnaissons aisément notre petitesse et les limites de notre savoir. Mais Dieu existe, et son savoir est complet; il n’y a rien dans l’univers qu’il ne connaisse. Dieu s’est révélé à nous dans sa parole, la Bible. et bien qu’elle ne nous dise pas tout, cette parole nous dit la vérité. Dans la parole de Dieu, nous avons une source de connaissance infaillible, et qui plus est, Dieu nous assure qu’il nous a créés à son image pour que nous comprenions le monde dans lequel nous vivons; ainsi notre perception du monde est juste. La raison, lorsqu’elle est soumise à la révélation de Dieu, devient un instrument de grande valeur, que l’on peut utiliser pour explorer et méditer sur le monde dans lequel nous vivons. En revanche, lorsque la raison règne en maîtresse, elle devient un tyran qui conduit l’homme dans la nuit la plus sombre de l’ignorance et de la confusion.

Jerram Barrs
Collaborateur de «L’Abri», d’abord en Suisse, ensuite en Angleterre
Traduction autorisée par Dominique Mallol et J.-P. Schneider; texte tiré de
«What in the World is Real»
Copyright 1982 by l’Abri Fellowship.

Notes
(1) David Hume, «A Treatise of Human Nature», cd. L. A. Solby-Bigge (Oxford: Clarendon Prcss, 1896), p. 183-187
(2) ibid.


Chronique de livres

Titre: «Le signe du parler en langues» (265 pages)
Auteur:     Fernand Legrand
Editeur: Editions de Bérée, CH.4326 Juriens> 1990

Voici un livre clair et bibliquement bien fondé sur le phénomène du «parler en langues» qui laisse souvent perplexe faute d’une compréhension claire des textes de l’Ecriture qui le mentionnent. Point n’est besoin de présenter l’évangéliste beige Fernand Legrand, qui n’en est pas à son premier livre. Nous avons cependant une réserve à formuler quant au 2e chapitre, où l’auteur, dans son exégèse, tombe dans un extrémisme auquel nous ne pouvons souscrire.

Après une analyse du «renouveau charismatique» par D. Cormier, Fernand Le-grand définit ce que les langues qui avaient cours au temps des apôtres signifiaient: quel était le but de ce don? à qui ces langues s’adressaient-elles? Il soulève aussi le problème de l’interprétation des langues et s’étonne de la réticence pour le moins curieuse qu’il a rencontrée chez pentecôtistes et charismatiques de soumettre ces prononcements inintelligibles à une épreuve sérieuse et fiable.

Est-ce que ce qui passe pour le «don des langues» aujourd’hui correspond en fait aux langues données comme signe au temps des apôtres? Quelle est l’origine des langues actuelles? Comment peuvent-elles «édifier» ceux qui les parlent s’ils n’en comprennent pas le sens?… Ces questions sont traitées avec compétence par des réponses que donne la Bible, seule autorité invoquée par l’auteur; car toute expé­rience spirituelle, qui est forcément d’ordre subjective, doit être examinée à la lu­mière objective de la Parole vivante.

La fin du livre, qui aborde la relation de cause à effet, fait découvrir au lecteur le lien étroit qui existe entre, d’une part, les phénomènes produits par le pentecôtisme et le charismatisme et, d’autre part, les conséquences peu recommandables qui en découlent si souvent. Certains problèmes toujours à nouveau évoqués sont traités à part dans l’appendice.

La conception méthodique de ce livre en fait un ouvrage de référence facile à consulter. Nous le recommandons à tous ceux qui recherchent sincèrement les rép­onses à leurs questions dans la Bible.

J.-P. Schneider


Chronique de livres

Titre: «La Franc-Maçonnerie sous l’éclairage biblique (124 pages)
Auteur:     Paul Ranc
Editeur: Editions Contrastes, Case postale 3709, 1002 Lausanne

Dans le premier chapitre de ce livre de 113 pages, l’auteur brosse l’histoire de la Franc-Maçonnerie, «société secrète qui se définit comme une association humaniste et philanthropique». En moins de trois siècles, la Franc-Maçonnerie s’est répandue dans le monde entier sauf dans les pays communistes. Son rôle politique n’est plus à démontrer.

Le chapitre 2 nous éclaire sur les origines de la Franc-Maçonnerie, qui sont plus récentes qu’on ne le croit. L’auteur établit que la philosophie maçonnique prend ses racines dans quatre courants de pensée qui ont profondément marqué l’histoire de l’Eglise comme celle de la société: les hérésies post-apostoliques (gnosticisme, aria­nisme, manichéisme); les corporations du Moyen-Age, les traditions ésotériques et occultes, enfin la composante la plus importante de la Franc-Maçonnerie: le déisme, héritier de l’humanisme du 16e siècle.

Avec le chapitre 3, nous abordons le sujet de l’initiation maçonnique. P. Ranc en démontre l’aspect métaphysique et même «religieux», dans le sens mystique, ésoté­rique et occulte. Les différents rites maçonniques sont passés en revue, puis vient la question du «secret maçonnique», qui tient dans la signification des symboles et ne peut être divulgué par personne. L’auteur en arrive à la conclusion que la Franc-Maçonnerie est une contrefaçon du christianisme.

Le chapitre 4 pose la question: «La Franc-Maçonnerie a-t-elle une doctrine?» L’auteur répond: «Il ne s’agit pas d’une doctrine, mais de doctrines ou plutôt d’un fatras de divers courants de pensée.» Il s’attache ensuite à décrire ces divers cou­rants: déisme, humanisme, naturalisme, ésotérisme, gnosticisme. Ni Dieu personnel, ni Dieu transcendant et révélé, ni Dieu trinitaire, mais un Dieu à la convenance de l’homme, «un dieu bien arrangeant, qui ne bouscule personne et dans lequel chacun trouverait une parcelle de vérité».

Il y a donc une opposition irréductible entre la Franc-Maçonnerie et le christia­nisme: «d’une part, le salut par grâce et l’espérance de la vie éternelle; d’autre part, l’humanisme, fruit de l’effort humain et une espérance limitée et terrestre.»

Dans le dernier chapitre du livre, P. Ranc traite du problème de la liberté. A la question: «Peut-on être chrétien et maçon?» l’auteur répond par la négative, et il s’oppose en cela à des opinions de «chrétiens» qui n’ont pas vu d’impossibilité à professer la foi et à partager l’initiation maçonnique. La liberté, telle que la conçoivent les franc-maçons, est celle qui se réclame des «droits de l’homme», qui ont remplacé la Loi de Dieu et se sont érigés en «loi de l’homme». Combien cette notion humaniste est éloignée de la vraie liberté, celle que propose l’Evangile et que Jésus-Christ seul peut donner. La liberté n’est pas le fruit d’une conquête mais un pur don de Dieu, «l’affranchissement des tyrannies spirituelles et des contraintes religieuses». Ainsi la Franc-Maçonnerie a voulu ignorer que la vraie liberté réside dans l’affranchissement du péché.

Comme dans ses autres ouvrages, l’auteur s’appuie sur une solide et abondante documentation et fait preuve d’un grand courage en dénonçant cet autre évangile qu’est la Franc-Maçonnerie. La partie historique est peut-être un peu longue puis­qu’elle couvre presque la moitié du livre. L’auteur n’a rien négligé dans son souci de nous éclairer sur les origines et la nature du mouvement. Il confronte la Franc-maçonnerie au christianisme et prouve que l’esprit de ce mouvement – ou plutôt de cette société secrète – est foncièrement opposé aux fondements mêmes du christia­nisme. Le voile est déchiré et la Franc-Maçonnerie apparaît telle qu’elle est: un humanisme enrobé d’ésotérisme.

Jean-Jacques Dubois


  • commencer votre préparation le plus tôt possible. Une préparation «à la va-vite» ne fait pas du bon travail.
  • Suivez ce guide, vous gardant de passer d’une étape à la suivante sans l’avoir entièerement terminée.

Première étape

  • Stop!
  • Prenez le temps de vous rappeler quelle est votre tâche. Vous devez exalter Dieu, transformant des incroyants en croyants, des chrétiens faibles en chrétiens forts.
  • Ceci s’accomplit en vérité par l’exposition et l’application de la parole de Dieu. Vous n’êtes cependant pas avant tout un «faiseur de sermons» mais créateur de croyants forts.
  • Ne perdez surtout pas conscience de cela tout au long de votre préparation.

Deuxième étape

  • A genoux, lisez le passage de votre future prédication.
  • Utilisez-en chaque phrase pour alimenter votre prière.
  • Exaltez et adorez Dieu pour chaque vérité et leçon que vous voyez.
  • Ne comprenez-vous pas quelque portion du passage? Priez et méditez jusqu’à ce que vous la compreniez. Si l’obscurité demeure, consultez vos commentaires -mais seulement pour trouver le sens de cette portion, sans plus.
  • Continuez à prier jusqu’à ce que le passage enflamme votre coeur – jusqu’à ce que le feu brûle, vous rendant impatient de proclamer les vérités que vous venez de vous approprier.
  • Vous n’avez pas demandé de message, mais la parole de Dieu vous transporte maintenant et la direction de votre message apparaît clairement.

Troisième étape

  • A votre bureau, pour interroger le passage. Couchez vos réponses par écrit – sans hâte.
  • En premier lieu, posez ces questions fondamentales:
    • Que nous apprend ce texte sur Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit?
    • Que nous apprend ce texte sur l’homme, son attitude envers Dieu et son prochain?
    • Y a-t-il:
      • un bon exemple à suivre ou un mauvais à éviter?
      • un ordre auquel obéir?
      • un avertissement à écouter?
      • une promesse à croire et à proclamer?
      • une réponse à une question biblique et personnelle?
      • un mot d’ordre pour la semaine?
      • un enseignement confirmé par d’autres passages de la Bible?
  • Puis, posez d’autres questions, comme celles que l’on trouve en Ce matin avec Dieu (Editions Farel).

Quatrième étape

  • Toujours dans une attitude de prière, rédigez une première ébauche de vos notes.
  • Divisez la feuille en trois colonnes – déclaration, illustration, application.
  • Dans la première colonne (déclaration), écrivez le message que vous allez tirer du passage. Efforcez-vous de ne pas rédiger mais d’écrire une pensée par ligne.
  • En face de chaque vérité essentielle, trouvez ou inventez une illustration et écri­vez-la dans la deuxième colonne (illustration).
  • En pensant à vos futurs auditeurs, placez dans la troisième colonne (application) une application en regard à chaque vérité majeure enseignée et illustrée.
  • Quand vous avez terminé cette ébauche, chaque colonne devrait être presque aussi pleine l’une que l’autre.

Cinquième étape

  • Reprenez votre ébauche, soustrayant ou ajoutant des éléments selon les précisions de la liste ci-dessous. Ne négligez pas cet élément de votre préparation. Prenez votre temps.
1. Une exégèse précise.
Ce message, saisit-il et communique-t-il le sens d’origine du passage? Si oui, il attirera constamment l’attention sur le Seigneur Jésus-Christ (Luc 24.27; Actes 3.24). Vérifiez à l’aide de commentaires et de lexiques.

2. Une solidité doctrinale.
De quelles façons spécifiques ce message développera-t-il la compréhension de l’auditoire envers l’ensemble de vérités qu’enseignent les Saintes Écritures? Vérifiez les éléments doctrinaux en regard aux documents historiques de l’Église (par exemple, «Les Textes de Westminster», Editions Kerygma). Assurez-vous de l’ab­sence de toute erreur ou déséquilibre doctrinal.

3. Une structure claire.
Vous avez déjà passé un certain temps avec ce message, mais l’auditoire ne l’en­tendra qu’une seule fois. Sa structure est-elle évidente, limpide et facile à suivre? En général, vous aurez seulement trois ou quatre titres principaux, sans aucune sub­division.

4. Des illustrations vivantes.
Les illustration, occupent-elles un tiers du message? Assistent-elles vraiment les vérités à expliquer? Rejetez toute illustration qui attire l’attention sur vous.

5. Une application immédiate.
Chaque vérité, est-elle appliquée? Les applications, occupent-elles un tiers du message? Serviront-elles à vos auditeurs? S’expriment-elles avec gentillesse?

Sixième étape

  • Rédigez au mieux vos notes de sermon.
  • Par-dessus tout, visez la clarté. Elles doivent se lire facilement.
  • Ecrivez gros ou dactylographiez-les.
  • Ecrivez au recto du papier seulement.
  • Numérotez les pages.
  • Soulignez les titres principaux en rouge, et en bleu ou vert tout sous-titre éventuel.

Septième étape

  • A genoux de nouveau. Priez avec vos notes rédigées.
  • En premier lieu, priez sur chaque ligne, demandant qu’elle attire l’attention de l’auditoire vers le Dieu trinitaire, provoquant des pensées glorieuses à son sujet.
  • Ensuite, priez sur chaque ligne, demandant qu’elle attire l’inconverti à Christ et affermisse le croyant dans la grâce et la connaissance.
  • Ce moment de prière peut vous amener à apporter certaines modifications à vos notes. N’hésitez pas, elles ne sont ni sacrées ni infaillibles!

Huitième étape

  • Restez en prière: choisissez les cantiques et préparez les autres aspects du culte.
  • Le culte devrait former un tout. Chaque aspect devrait assister et souligner les grandes vérités proclamées lors du message.

Neuvième étape

  • Arrivez sur place en avance.
  • Familiarisez-vous avec la chaire ou le pupitre, la sonorisation, les sièges et tous les éléments liés au fait de la prédication.
  • Préparez votre Bible, vos notes, l’ordre du culte et le recueil de cantiques bien avant le début du culte.
  • Accueillez autant de gens que possible et, le cas échéant, passez un moment en prière avec les responsables avant le culte.

Dixième étape

  • Dieu, dans sa providence, vous appelle à présider et prêcher aujourd’hui. Alors faites-le, avec sérieux, autorité et amour.
  • Fixez l’auditoire et parlez clairement.
  • Recherchez deux choses seulement – exalter Dieu et amener ce peuple à croître dans la grâce. Le culte et la prédication ne sont que des instruments à ces buts glorieux. Ils ne doivent jamais devenir une fin en soi.

Et puis…

  • Quelque temps plus tard, trouvez un endroit retiré pour vous adonner à la prière en prive.
  • Priez de nouveau sur vos notes et le déroulement du culte.
  • Demandez le pardon divin pour tout aspect où vous savez n’avoir pas fait aussi bien que possible.
  • Priez sur chaque vérité proclamée:
    • que l’auditoire s’en souvienne.
    • que cela provoque en eux de glorieuses pensées sur Dieu.
    • que le pécheur se convertisse.
    • que le croyant grandisse de façon remarquable dans sa compréhension et sa vie spirituelles.
  • Priez pour autant de personnes dont vous pouvez vous rappeler en particulier.
  • Puis, laissez tout entre les mains du Seigneur
    • et commencez à préparer votre prochain message!

Stuart Olyott
Avec autorisation de l’auteur