PROMESSES
Titre: | «A l’écoute du réveil» (270 pages) |
Auteur: | Gabriel Mützenberg |
Editeur: | Editions Emmaüs, 1989 |
On connaît la Réforme. On sait ce qu’est le Réveil du 19e siècle. Qu’y a-t-il entre les deux? Le lecteur moyen, souvent même cultivé et ne détestant pas l’Histoire, n’en a pas une idée exacte. Peut-être a-t-il entendu parler de l’orthodoxie protestante, du rationalisme, voire du piétisme. Mais tout cela reste vague.
C’est ce flou que Gabriel Mützenberg entend dissiper. Y réussit-il? Ceux qui ont apprécié «L’obsession calviniste», «Henri Dunant le Prédestiné», «La Réforme, vous connaissez?» et nombre d’autres publications, le diront peut-être en se laissant entraîner à nouveau de découverte en découverte, de réveil en réveil. Mais gageons qu’après avoir suivi l’auteur dans son survol de trois siècles, de Calvin à l’Alliance évangélique, ils garderont l’envie, stimulés par ce qu’ils auront appris, d’en savoir plus encore.
Nous recommandons vivement la lecture de cet ouvrage. Nous l’avons lu et nous le trouvons passionnant.
Paul Ranc
- Edité par Ranc Paul
Monter la pente
Un skieur peut monter une pente de trois manières: soit il monte par ses propres moyens; soit il utilise un monte-pente qui le tire et où il n’a plus qu’à veiller à garder l’équilibre; soit il s’assied sur le siège suspendu à un câble tiré par un moteur.
C’est une illustration de la manière dont les chrétiens cherchent à vivre victorieusement: certains se fient à leur propre force; d’autres combinent leurs efforts avec un certain degré de dépendance de Dieu. Mais la seule manière qui permet une vie chrétienne victorieuse est la totale dépendance de Dieu et de sa parole par le Saint-Esprit.
L’habitant fait la différence
Peu après l’emménagement d’une famille dans leur nouvelle maison, celle-ci commença à montrer les signes de leur style de vie désordonné. La cour était jonchée de débris; le gazon dépérissait par manque de soin, et après avoir été ensemencé à nouveau, fut de nouveau négligé. En entrant dans la maison, on était confronté à un désordre et un manque de propreté ahurissants.
Quelque temps plus tard, une autre famille acheta la maison. Ils commencèrent par la repeindre et la retapisser, puis ils nettoyèrent la cour et prirent soin du gazon. Il y eut une amélioration frappante dans l’apparence de la maison et des alentours, changement qui était dû uniquement au changement du propriétaire.
De même, il est impossible qu’il n’y ait pas un changement évident dans la vie de quelqu’un qui est devenu chrétien, car il héberge un nouvel habitant qui aime l’ordre et la propreté: le Saint-Esprit.
- Edité par Promesses
Nous, à Madagascar, nous avons peut-être de grandes joies. Mais il y a aussi des moments de découragement, lorsqu’on a le paludisme sous ce climat tropical humide ou lorsqu’on a des coups durs et que rien ne va plus. Ce jour-là, j’étais justement en crise comme on dirait en Europe. Rien n’allait plus. J’étais découragé. Je croyais friser une dépression nerveuse.
Or, on s’était donné le mot entre jeunes missionnaires que lorsque ça n’irait pas, on ne resterait pas seul, on irait voir le confrère le plus proche. C’est ainsi que je sautai sur la moto et me voilà parti pour une ville qui se situe à environ 70 km de l’endroit. Je voulais aller voir un ami qui était pasteur.
Je l’ai trouvé en train de passer en visite médicale les enfants des lépreux. Je ne devais pas faire un beau visage en entrant chez lui, car il me dit: «Qu’est ce qui ne va pas? Tu en fait une tête!» Et il voulait renvoyer les enfants. Je lui dit: «Non, finis ton travail. Pendant ce temps, j’irai prier un peu à l’église. Après on reparlera. »
Arrivé à l’église de la léproserie, j’ai commencé une prière hargneuse, une prière de colère. J’accablais Jésus de reproches. « Pourquoi permets-tu cela? Pourquoi ce découragement? Pourquoi cette mauvaise santé? Moi, qui ai tout donné…» Ce n’était pas une bonne prière. C’était une prière de contestation.
Soudain, la porte bougea. Je me retournai. C’était un lépreux. Il était aveugle. Dans ses orbites rouges on voyait deux boules blanches. C’était affreux à voir. Il n’avait plus ni mains, ni pieds. Et pour se déplacer, il était obligé de se traîner sur ses genoux. Ceux-ci étaient probablement atteints aussi; car il les avait protégés de deux bouts de chambre à air.
Et le voilà qui se traînait jusqu’à ma hauteur. Il était à côté de moi. Je sentais même son odeur, parce que les lépreux ont une odeur caractéristique. Et là, se croyant seul lui aussi, il se mit à prier, à voix forte. Et c’était une prière de louange, une prière d’actions de grâces, une prière merveilleuse. Je ne sais plus tout ce qu’il a dit. Mais ce que j’ai retenu, c’est ceci: «Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi durant ma vie. Je te remercie même pour cette maladie. Si je n’étais pas devenu lépreux, je serais resté dans ma brousse. J’aurais probablement été un homme riche puisque je possède des zébus et des rizières. Mais je ne t’aurais jamais connu. A cause de cette maladie, j’ai abouti ici à la léproserie. Et c’est là que j’ai appris à te connaître. Et te connaître vaut plus que tout le reste. Aussi je te remercie pour tout, même pour cette maladie.»
J’avais le souffle coupé. Ma prière hargneuse aussi était coupée. Je me suis mis à pleurer. Et à voix basse j’ai conclu ma prière: «Pardonne-moi, mon Dieu. Plus jamais je ne murmurerai contre toi.»
Je suis allé voir mon ami: «Alors qu’est-ce qui ne va pas?» Et je lui ai dit avec un sourire: «Tout va bien. Tout va bien.»
Témoignage d’un jeune missionnaire
- Edité par Promesses
Les enseignements de l’Ancien Testament (24)
Le Titre
Les titres des Psaumes ont souvent posé des problèmes. Comment comprendre l’expression hébraïque habituellement traduite «Psaume de David»? On pourrait traduire «pour David» ou comprendre «qui appartient au recueil de David». Il est néanmoins préférable d’y voir une indication de l’auteur du poème. Selon la tradition biblique, David fut un grand poète et musicien. Il a contribué à l’élaboration du culte du 1er temple. Il est donc normal que le recueil des Psaumes ait conservé un nombre important de ses oeuvres. Par ailleurs, l’expression «sur la guittith» soulève une difficulté. Le terme «guittith» désigne peut-être un instrument musical, «la harpe de Gat», ou «un air de chant», ou encore «un festival», une cérémonie particulière.
Le genre et la forme
Ce Psaume est un hymne de louange. David y célèbre le créateur de l’univers et de l’homme en particulier. Loin d’être une notion tardive, la doctrine de la création est attestée très tôt dans tout le Proche Orient et occupe une position centrale dans la vision du monde que nous donne l’Ecriture. Ce poème possède une structure cohérente. Il commence et se termine par l’exaltation du nom et de la majesté du Seigneur (2, 10). Tout converge ensuite vers la création de l’homme, chef d’oeuvre du créateur (6). On peut le diviser en quatre parties: la majesté et la puissance divines (2, 3); l’insignifiance de l’homme (4, 5); la vocation de l’homme (6, 9); une louange renouvelée (10).
La majesté et la puissance divines (2-3)
Le psalmiste commence par célébrer Dieu. Il le désigne par son nom propre, YHWH suivi d’un titre, notre Seigneur, notre gouverneur C’est le Dieu de l’alliance qui est ainsi identifié, celui qui est fidèle à ses promesses, qui se fait connaître et qui révèle à son peuple le chemin du salut. C’est la gloire du Seigneur que David exalte. En faisant connaître son Nom, Dieu se présente, se dévoile et se manifeste. Sa majesté resplendit dans l’univers tout entier. (2)Lorsque Jésus entra à Jérusalem et fit le ménage dans le Temple, les chefs religieux s’indignèrent à la vue des «enfants» qui le louaient. Le maître leur répondit en citant le début de ce Psaume (Mat 21.1-16). Le poète établit un contraste entre les enfants et les nourrissons et l’ennemi et le vindicatif Dans un monde marqué par la réalité de la faute et du péché, chacun se situe par rapport à Dieu. «Les enfants et les nourrissons» représentent la fragilité humaine, les humbles qui mettent leur confiance dans le Seigneur et confessent devant les hommes la grandeur de son nom. «L’ennemi et le vindicatif» représentent la puissance humaine, les arrogants qui méprisent et rejettent le Nom et la révélation du Seigneur. Or, face à ses adversaires, Dieu manifeste sa puissance victorieuse par la bouche de ces «petits». Là où l’hébreu a «puissance», la traduction grecque a «louange» (suivi par le N.T.). Cela n’est pas contradictoire. N’est-ce pas la louange des enfants qui révèle la puissance du Seigneur. D’ailleurs dans plusieurs Psaumes où s’exprime la louange, on impute à Dieu majesté et (ou) puissance (Ps 29.1; 59.17; 68.35 et 96.7).
L’insignifiance de l’homme (4-5)
Grâce à la conquête de l’espace, nos contemporains mesurent mieux l’immensité du macrocosme. Comme pour souligner la grandeur de Dieu, le poète compare le créateur à un artiste qui modèle l’univers avec ses doigts! Face au Seigneur, les cieux ne soutiennent pas la comparaison; à combien plus forte raison, la créature humaine. Il n’est rien, ou comme le souligne la genèse, il n’est que poussière. Poussière parce que créature (Gen 2.7), poussière parce que pécheur (Gen 3.19). Le mot hébreu «homme» (5) évoque l’idée de fragilité, de petitesse. C’est une constante de la pensée biblique. Le fils d’Adam est comparé à un souffle, une ombre (Ps 144.3, 4) ou à une fleur qui se fane (Es 40.6-7). L’éphémère de la fumée, voilà ce qui le caractérise. La pensée orientale l’a fort bien compris lorsqu’elle compare l’homme à une pierre qui pénètre l’eau et ne provoque aucun remous.
O, insignifiance de l’homme devant la grandeur de la création et la majesté du créateur!
La vocation de l’homme (6, 9)
Mais à la différence de l’Orient, le psalmiste ne s’arrête pas là. Dieu a laissé son empreinte dans cet être de poussière. Cette idée est présentée en deux temps:
a) L’homme est décrit selon sa nature, son essence. Il est créé à l’image du Seigneur. La dignité et la grandeur du terrien sont exprimés par l’exclamation émerveillée: Qu’est-ce que l’homme… (5). Mais elles sont aussi évoquées par le vocabulaire de l’intronisation (6). La notion d’image souligne le caractère unique de l’homme:
– Elle signifie effigie, idole, représentation. Pour les anciens, une image participe de certaines vertus, qualités de l’objet ou de la personne. Il s’agit d’une image ressemblante. La créature se définit par rapport à son créateur. Comme Dieu, l’homme est un être personnel. Il pense, il aime et il agit.
– Elle exprime ensuite l’idée de filiation. On la retrouve dans la généalogie de Jésus: Adam est déclaré fils de Dieu (Luc 3.38); Paul va dans le même sens lorsqu’il déclare à Athènes: Nous sommes tous de sa race (Act 17.28).
– Elle décrit enfin un rapport de vis-à-vis. L’être humain est créé en vue d’une relation personnelle, d’une intimité avec le Seigneur dans laquelle la communication, la communion et l’amour ont un sens.
b) L’homme est décrit dans sa fonction. Sa vocation est de dominer la création tout entière. Ce Psaume fait écho au mandat créationnel (Gen 1.26-28). Cet être fragile, de poussière est placé devant une destinée extraordinaire. Cet être personnel a pour vocation d’exercer la royauté au nom de Dieu. Il est sous-gouverneur, gérant, économe du Seigneur au sein de son oeuvre, et il doit y manifester la même bienveillante loyauté que le créateur témoigne envers ses créatures. Lorsque Dieu «se souvient» n’est-ce pas pour «visiter», intervenir auprès des humains (5)?
Prolongements dans le Nouveau Testament
Comme il y a eu révolte adamique, malédiction du sol, rupture et aliénation au coeur même de l’oeuvre divine (Gen 3), cette domination ne va pas de soi. Elle est marquée par la violence, l’oppression et la destruction. L’ombre de la mort, conséquence de la faute, plane sur toutes les entreprises humaines, même les meilleures. C’est pour cette raison que Paul et l’auteur de l’épître aux Hébreux appliquent ce passage à Jésus, le nouvel Adam (Héb 2.5-7). Lui seul reflète parfaitement l’image de Dieu en l’homme. Lui seul vit parfaitement la vocation de l’homme. Lui seul accomplit le salut qui apporte délivrance de l’esclavage du péché et redonne au terrien toute sa dignité. C’est pour cette raison que le Christ est le modèle de toute vie chrétienne, d’une humanité renouvelée. (Rom 8.28 et 29) C’est la vocation du chrétien, par la puissance et la sagesse du St Esprit, d’imiter ce modèle.
L’image de Dieu doit resplendir en l’homme. Lorsque celui-ci est touché par la grâce et qu’il est réconcilié avec son créateur et Père, le fils d’Adam devient une nouvelle créature dont la vie revêt une qualité et une dignité toute particulière. (Col 3.9 à il; Eph 4.17 à 24) C’en est fini des pseudo-humanismes matérialistes, idéalistes et idéologiques! Timothée est un bel exemple de cet homme nouveau. Paul dit de lui, qu’il ne cherche pas ses intérêts, mais ceux du Christ. Il se soucie des Philippiens. Il est libre, en Jésus-Christ, de voir son prochain et de lui manifester sa sollicitude, de laisser resplendir l’image que Dieu a renouvelée en lui, et ce, en attendant la gloire à venir. (Phil 2.19-23)
Une louange renouvelée (10)
Comment ne pas s’émerveiller avec le psalmiste de la bonté et de la bienveillance de ce Dieu majestueux et saint, envers cet homme de poussière, une ombre qui passe. Dans sa cantate, «Un combat commença», J. S. Bach l’évoque avec profondeur et émotion:
«Qu’est-ce donc le pauvre homme, l’enfant de la terre? Un ver, un pauvre pécheur. Voyez comme le Seigneur lui-même le prend en affection au point de ne pas le considérer comme trop humble et de lui envoyer les enfants du ciel, l’armée des séraphins, pour sa garde et sa défense, et pour sa protection.» |
Questions
- Comparer le Ps 8 avec les Ps 19 et 104.
- Quels sont les points communs entre le Ps 8 et Gen 1.26 à 29, 2.7 et 3.19?
- Indiquer la progression de la pensée du psalmiste dans cet hymne de louange.
- Comment Jésus cite-t-il le début de ce Psaume, lorsqu’il est interpellé par les principaux sacrificateurs et les scribes (Mat 21.12 à 16)?
- Méditer la façon dont Paul et l’auteur de l’épître aux Hébreux ont approfondi l’idée centrale de ce Psaume dans leurs écrits.
- Comment ce Psaume vous aide-t-il à mieux accomplir votre vocation d’homme créé à l’image de Dieu?
Pierre Berthoud
- Edité par Berthoud Pierre
3. La tour de Babel
Ce principe religieux propre à toutes les formes du paganisme, quels qu’en soient les lieux ou les époques, de parvenir à un salut opéré par des oeuvres religieuses ou profanes uniquement humaines, est particulièrement mis en évidence par la tentative des hommes à Babel de construire une tour dans le but de relier ciel et terre.
Or toute la terre parlait un même langage avec les mêmes mots. Partis de l’Orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Chinéar, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre: «Allons! faisons des briques et cuisons-les au feu. La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de mortier.» Ils dirent (encore): «Allons! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet (touche) au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas disséminés à la surface de toute la terre.» (Gen 11.1-4)
La suite du récit est connue. Dieu, dans sa bonté et dans sa sévérité, vit cette tour en voie de construction et le dessein insensé des hommes d’essayer d’atteindre le ciel par leurs propres efforts. Ils désiraient ainsi rétablir le paradis sur terre sans Dieu, et pour parvenir à ce but, ils cherchaient à établir une unité entre tous les hommes. En confondant leurs langues et en dispersant les hommes aux quatre coins de la planète, Dieu cassa ce projet. Son succès aurait eut pour effet de rendre permanent et irréversible la séparation des hommes d’avec leur Créateur. Par cette intervention divine, les hommes, malgré tous leurs efforts allant dans le sens contraire, ont été amenés à accomplir, du moins partiellement, l’ordre créationnel adressé à Adam:
Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là. (Gen 1.28)
Nous nous retrouvons ici à nouveau confrontés au coeur même de la religiosité païenne: la volonté d’atteindre le ciel, de combler la rupture produite par le péché, uniquement au moyen d’efforts humains. Nous voyons en plus dans ce récit le caractère collectif de l’entreprise d’auto-déification des hommes. Il ne s’agit pas seulement de relier terre et ciel – tentation propre à tous les messianismes utopiques – mais, pour ce faire, il faut à tout prix relier les hommes entre eux, les unir tous dans un effort unique.(5)
Ceci nous révèle un nouvel aspect des religions païennes: leur caractère totalitaire, leur tendance à vouloir unifier l’humanité en un seul corps, à fonder un seul empire sur terre. Cette tendance unificatrice totalitaire est apparue fréquemment dans l’histoire des nations païennes. L’Egypte, Babylone, la Grèce, Rome et jusqu’aux plus petites sociétés animistes, ont manifesté le même caractère totalitaire. Les empires modernes, celui d’un Napoléon, le nazisme et le communisme, ont tous manifesté ce même phénomène centralisateur et unificateur. Tous, nous le verrons plus loin, furent fortement marqués par le retour en force du paganisme de toujours.
Relevons encore ici que la confusion des langues et la dispersion des hommes furent des marques, non seulement du jugement de Dieu, mais de sa bonté. La constitution des hommes en nations, peuples, tribus et clans distincts est également un acte positif dont les conséquences bénéfiques se manifesteront jusque dans la vie à venir. Car il nous est dit par le voyant de l’Apocalypse que les feuilles de l’arbre de vie serviront à la guérison des nations elles-mêmes (Apoc 22.2).(6) Aujourd’hui, la renaissance du paganisme est à nouveau accompagnée par l’obsession de l’unité mondiale.(7) Le monstrueux projet de collaboration internationale pour décrypter complètement le code génétique humain, dans le but inavoué de manipulation, et même de création, humaine, n’est certes pas un des aspects les plus rassurants du mouvement d’unification mondiale. Il est évident que par l’universalisation du langage mathématique et par le développement fulgurant de son instrument rêvé, l’informatique, l’homme cherche à nouveau à contourner Cette maudite confusion des langues imposée par le Créateur à Babel. Le mondialisme tant prôné aujourd’hui – beaucoup plus avancé dans bien des domaines que nous ne l’imaginons – lui aussi témoigne de la volonté persistante des hommes de s’unir par leurs propres moyens en dehors du Royaume de Dieu et de son Christ.
4. La délivrance de l’esclavage d’Egypte
Après la délivrance de Noé et de sa famille de la catastrophe universelle du déluge et l’appel d’Abram à quitter sa patrie pour une destination inconnue, la sortie du peuple d’Israël d’Egypte constitue une nouvelle phase dans la lutte immémoriale entre le peuple de l’alliance et les forces religieuses et politiques du monde païen. En Egypte, Moïse et Aaron furent confrontés, non seulement à la puissance totalitaire de l’Empire des pharaons (une monarchie à prétentions divines), mais également à la puissance magique des maîtres de la religion égyptienne. Dans cette longue confrontation avec toute la puissance religieuse et politique d’une civilisation païenne, les serviteurs du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob sortirent victorieux. Leur obéissance et leur foi vint à bout de la puissance occulte très réelle des magiciens et des devins de l’Egypte. Il est intéressant de constater que la Bible n’hésite pas à attester la réalité de cette puissance ésotérique. A la suite de la première plaie provoquée par Moïse, la transformation de l’eau du Nil en sang, l’Exode nous dit:
Mais les magiciens d’Egypte en firent autant par leurs pratiques occultes. (Ex 7.22)
Il en fut de même pour la deuxième plaie, la multiplication des grenouilles:
Mais les magiciens en firent autant par leurs pratiques occultes. Ils firent monter les grenouilles sur le pays d Egypte (Ex 8.3)
Mais dès la troisième plaie, celle des moustiques, il n’en fut plus du tout de même:
Les magiciens employèrent leurs pratiques occultes pour produire les moustiques; mais ils ne le purent pas. Les moustiques étaient sur les hommes et sur les bêtes. Alors les magiciens dirent au Pharaon: «C’est le doigt de Dieu!» (Ex 8.10-14)
La puissance magique très réelle exercée par les magiciens d’Egypte avait de très strictes limites et ils durent eux-mêmes reconnaître la puissance supérieure du Dieu d’Israël. L’occultisme qui se répand si librement partout aujourd’hui est de la même espèce que celui pratiqué par les magiciens de l’Antiquité. La puissance de Dieu lui est toujours infiniment supérieure. Pourquoi donc voyons-nous la croissance presque irrésistible de ce nouveau paganisme autour de nous? Ne nous est-il pas dit que notre foi était victorieuse du monde? Une fois la puissance spirituelle de l’Egypte vaincue, ce n’était plus qu’une question de temps – et de persévérance dans la foi et dans l’obéissance de la part de Moïse et d’Aaron – avant que ne soit également renversé le pouvoir politique, oppressif et totalitaire des pharaons.
5. La conquête de Canaan
Les habitants du pays de Canaan, nous dit la Bible, étaient parvenus à ce comble de décadence morale et spirituelle que Dieu avait prédit à Abraham quatre siècles auparavant (Gen 15.16). Ces nations étaient connues dans tout le Moyen Orient ancien pour leurs pratiques occultes, faisant même venir le magicien Balaam de l’Euphrate pour jeter des sorts sur le peuple d’Israël. La victoire de Dieu sur les puissances de l’Egypte se répéta pour Israël sous l’égide de Josué face aux Cananéens. Mais à cette victoire, l’Eternel avait établi une condition: la fidélité de Josué, et de tout le peuple avec lui, à la parole de Dieu. Voyez l’exhortation que Dieu adressa à Josué à la veille de cette confrontation:
Nul ne tiendra devant toi, tous les jours de ta vie. Je suis avec toi comme j’ai été avec Moïse; je ne te délaisserai pas, je ne t’abandonnerai pas. Fortifie-toi et prend courage, car c ‘est grâce à toi que ce peuple héritera du pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner. Seulement fortifie-toi, aie bon courage, en observant et en mettant en pratique toute la loi que t’a prescrite Moïse, mon serviteur: ne t’en détourne ni à droite ni à gauche, afin (le réussir partout où tu iras. Ce livre de la loi ne s’éloignera pas de ta bouche; tu y méditeras jour et nuit pour observer et mettre en pratique tout ce qui y est écrit, car c ‘est alors que tu mèneras à bien tes entreprises, c ‘est alors que tu réussiras. Ne t ‘ai-je pas donné (et ordre: Fortifie-toi et prends courage? Ne t’effraie pas et ne t’épouvante pas, car l’Eternel ton Dieu est avec toi où tu iras. (Jos 1.5-9)
Face à un peuple qui, sous la direction de Josué, matchait dans la fidélité aux ordres de Dieu, dans la soumission à sa Parole, les puissances maléfiques qui dominaient les nations cananéennes durent reculer et la victoire fut assurée à Israël. Car le Dieu de Josué était plus puissant que les démons qui se prétendaient les dieux des Cananéens. Les portes de l’enfer, en effet, ne pouvaient prévaloir contre les armées fidèles du Dieu de l’ancienne alliance. Prévaudraient-elles aujourd’hui contre l’Eglise de l’alliance nouvelle?
6. Elie et les prophètes de Baal
Mais le peuple de Dieu n’est pas demeuré dans cette victoire que lui assurait son entière confiance en Dieu et sa fidélité à la loi. L’histoire d’Israël que nous retracent les livres des Juges, de Samuel et des Rois nous montre clairement que chaque fois que le peuple de Dieu se détournait de l’Eternel et de sa loi, se compromettant avec les puissances mauvaises en adorant leurs idoles, il était immanquablement livré à ses ennemis.
Quand un seul homme, comme Elie par exemple, se levait à l’appel de Dieu pour s opposer aux religions païennes qui s’étaient infiltrées dans la vie religieuse d’Israël, les puissances du mal étaient obligées de reculer. Lorsqu’Elie, au nom du Dieu d’Israël, lança un défi aux 450 prophètes de Baal pour voir quel dieu répondrait à la prière de ses fidèles, le Dieu vivant ou les Baals, l’Eternel manifesta clairement sa puissance en envoyant en réponse à la prière de son serviteur le feu du ciel pour consumer l’offrande placée sur l’autel.
Au moment de la présentation de l’offrande, le prophète Elie s ‘avança et dit: «Eternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, que l’on reconnaisse aujourd’hui que c ‘est toi qui est Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que j’ai fait toutes ces choses par ta parole! Réponds-moi, Eternel; réponds-moi afin que ce peuple reconnaisse que c ‘est toi qui ramènes leur coeur!»
Alors le feu du ciel tomba. il consuma l’holocauste, le bois, les pierres et la terre, et il absorba l’eau qui était dans le fossé. Quand tout le peuple vit cela, ils tombèrent la face contre terre et dirent: «C’est l’Etemel qui est Dieu! C’est l’Eternel qui est Dieu!» (1 Rois 18.36-39)
Mais pour obtenir de telles victoires. il fallait des hommes comme Elie, hommes comme nous, nous dit la Bible, des hommes chez lesquels se trouvaient mariées la foi en Dieu et la fidélité à ses commandements.
Le peuple d’Israël cependant, malgré les avertissements répétés de Dieu, s’enfonça de plus en plus dans l’idolâtrie et l’iniquité et fut, pour finir, emporté par les Assyriens. Juda, lui aussi, persista dans son infidélité et à son tour fut déporté à Babylone par le roi Nabuchodonosor. Soixante-dix ans après la déportation, un reste purifié par l’épreuve revint avec Esdras et Néhémie rebâtir le temple et les murailles de la ville sainte.
7. Le peuple fidèle, victorieux même dans l’exil
Nous trouvons dans le récit de la déportation des Juifs à Babylone l’histoire étonnante de Daniel et de ses amis pour nous faire comprendre que même dans les plus grands désastres de l’Eglise, Dieu demeure fidèle à ses promesses. Ainsi Daniel et ses amis, en restant fidèles, malgré tous les obstacles de l’exil, aux commandements de leur Seigneur, Ont pu voir le Dieu tout-puissant intervenir en leur faveur et faire plier les plus grands rois de la terre devant sa majesté. Quel encouragement nous pouvons tirer de ces paroles du roi Nabuchodonosor!
Après le temps marqué, moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le Très-Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. Tous les habitants de la terre sont comme s’ils n’avaient pas de valeur; il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et ose lui dire. Que fais-tu? (…) Maintenant moi, Nabuchodonosor, je loue, j’exalte et je glorifie le roi des cieux, dont toutes les oeuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil (Dan 4.31-34).
Après la délivrance de Daniel de la fosse aux lions, le roi Darius écrivit à tout les peuples et à toutes les nations sous son autorité ces paroles extraordinaires dans la bouche du souverain d’une nation, Babylone, maîtresse de tous les arts magiques et divinatoires:
«Que la paix soit avec vous en abondance! Je donne l’ordre que, dans toute l’étendue de mon royaume, on ait de la crainte et du respect devant le Dieu de Daniel. Car il est le Dieu vivant
Et il subsiste à jamais!
Son royaume ne sera jamais détruit,
Et sa domination durera jusqu ‘a la fin.
C’est lui qui sauve et délivre,
Qui opère des signes et des prodiges
Dans les cieux et sur la terre.
C’est lui qui a sauvé Daniel
De la griffe des lions.» (Dan 6.26-28).
Cet appui extraordinaire de Dieu envers son serviteur était manifestement le fruit de la foi et de la fidélité de Daniel, de son entière confiance envers son Dieu et de sa volonté persévérante d’obéissance, jusque dans les moindres détails, à la loi de Dieu. En cet homme de Dieu exemplaire s’accomplissaient les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ:
Celui qui mettra en pratique l’un de ces plus petits commandements, et qui les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux (Mat 5.1).
8. Le retour d’Israël et la falsification de la loi
Israël, à nouveau, se montra infidèle à son Dieu. Mais cette fois ce ne fut pas simplement par imitation de l’idolâtrie des peuples voisins ou par oubli de la loi. La désobéissance d’Israël fut plus profonde encore. Elle fut marquée par un respect apparent des commandements de Dieu, même par un zèle farouche en leur faveur. Mais ce respect était de pure façade et cachait une volonté inflexible de modifier les exigences de la loi par le biais d’une casuistique rationaliste savante dont le but était de réduire les difficultés morales imposées par les commandements de Dieu aux enfants d’Israël.
Le dernier livre de l’Ancien Testament, la prophétie de Malachie, témoigne clairement de cette volonté de falsifier la parole de Dieu tout en prétendant lui vouer le plus grand respect. Voici comment Dieu, par la bouche de son prophète, s’adressa aux prêtres, c’est-à-dire à ceux dont la tâche était d’enseigner la loi au peuple:
Mon alliance demeurait avec Lévi,
C’était la vie et la paix.
Je les lui ai données pour qu’il me craigne,
Et il a eu pour moi de la crainte,
Il a tremblé devant mon nom.
Une loi véridique était dans sa bouche,
Et la fraude ne s ‘est pas trouvée sur ses lèvres;
il a marché avec moi dans la paix et la droiture,
Il a détourné du mal beaucoup d’hommes.
Car les lèvres du sacrificateur
Gardent la connaissance,
Et c ‘est à sa bouche qu’on demande la loi,
Parce qu’il est un messager de l’Eternel des années.
Mais vous vous êtes écartés de la voie,
Vous avez fait trébucher beaucoup d’hommes au moyen de la loi.
Vous avez violé l’alliance de Lévi,
Dit 1’Eternel des armées. (Mal 2.5-7)
Cette falsification de la loi par les Lévites eux-mêmes, afin d’en accommoder les exigences au goût du jour, au rationalisme grec de plus en plus influent et à l’égoïsme naturel du coeur humain, aboutit à cette tradition des anciens qui, sous les apparences du respect le plus scrupuleux de la loi mosaïque, ne faisait qu’en évacuer le sens exact.(8) Ce fut là l’obstacle le plus important auquel le Seigneur Jésus-Christ fut confronté lors de son ministère terrestre. Cette tradition exégétique et théologique apostate se consolida plus tard dans ce que l’on vint à appeler la loi orale, la Mishna, qui se substitua largement à la loi écrite ancienne, la Thora, pour aboutir finalement à une nouvelle loi écrite, le Talmud.
Ce Talmud rabbinique, cette tradition des anciens, est aujourd’hui le véritable livre saint des Juifs. Il est en fait placé par eux bien au-dessus de la Bible elle-même. Nous pouvons y trouver la plupart des racines philosophiques et théologiques de l’apostasie moderne: la tradition mise au-dessus de la révélation, la critique rationaliste de la Bible, la pire des casuistiques morales, le relativisme de l’éthique de situation, la négation constante du principe de contradiction. même la dialectique hégélienne. Il est faux d’affirmer que le judaïsme moderne, même le plus orthodoxe, repose en premier lieu sur la Bible hébraïque. Comme les scribes et les pharisiens du temps de Jésus, les Juifs d’aujourd’hui s’appuient, non sur la loi donnée à Moïse, mais sur une falsification millénaire de cette loi.(9)
9. La venue du Messie et la victoire définitive de Dieu sur le paganisme
Au temps du Christ, la casuistique rabbinique de la tradition des anciens conduisit à une invasion de la nation juive par les puissances des ténèbres. Il est en effet invraisemblable que si le peuple de Dieu était demeuré fidèle, il ait pu connaître une occupation démoniaque telle que celle décrite par les Evangiles. Les innombrables délivrances opérées par Jésus-Christ et ses disciples parmi ceux qui étaient toujours l’unique peuple de Dieu étaient des signes d’une grande infidélité de la nation toute entière à son Dieu. Ces délivrances si nombreuses étaient annonciatrices de l’imminente victoire complète à la croix du Fils de Dieu sur toutes les puissances de l’enfer. L’évangéliste Luc témoigne de cette puissance victorieuse de la parole de Dieu:
Les soixante-dix revinrent avec joie et dirent: «Seigneur, les démons même nous sont soumis en ton nom.« Il leur dit: «Je voyais Satan tomber comme un éclair» (Luc 10.17-18).
L’apôtre Jean nous dit:
Le Fils de Dieu est apparu, afin de détruire les oeuvres du diable (1 Jean 3.8).
Et l’auteur de l’épître aux Hébreux est plus explicite encore:
Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi, d’une manière semblable y a participé, afin d’écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable (Héb 2.14).
Ainsi s’accomplissait la première prophétie messianique de la Bible, celle où Dieu promettait à Eve que sa descendance écraserait la tête du serpent (Gen 3.15). Comme le dit l’apôtre Paul:
…il a dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux à la croix (Col 2.15).
Jésus-Christ le disait lui-même peu de temps avant sa crucifixion:
Maintenant c ‘est le jugement de ce monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors (Jean 12.31).
C’est cette victoire finale et définitive du Christ sur toutes les puissances des ténèbres qui brisa pour toujours la force spirituelle du paganisme et ouvrit une brèche, que nul ne peut fermer, pour la proclamation victorieuse de l’Evangile à toutes les nations de cette terre.
Jean-Marc Berthoud
Au prochain numéro: B. Le combat de l’Eglise contre le paganisme.
Notes
(5) Sur l’utopisme voyez l’ouvrage de Thomas MOLNAR: L’utopie, éternelle hérésie, Beauehesne, Paris, 1973 (1967).
(6) Sur ‘histoire des nations voyez les ouvrages suivants:
Elie Kedourie: Nationalism, London, 1960
Hugh Seton-Watson: Nations and States. An Enquiry into the Origin of Nations and the Politics of Nationalism, Westview Press, Boulder Colorado. 1977.
Hans Kohn: Nationalism. Its Meaning and History, Van Nostrand, New York, 1955.
Ernest Gelîner: Nations and Nationalism, Cornell, Ithaca New York, 1983.
John A. Armstrong: Nations before Nationalism, Univ. of North Carolina Press, Chapel Hill, 1982.
Il n’existe à notre connaissance aucune étude théologique d’un point de vue évangélique ou calviniste examinant l’enseignement, pourtant abondant, de la Bible sur la place des nations dans le déroulement providentiel des desseins de Dieu. D’un point de vue catholique nous pouvons signaler les études suivantes:
A. Philippe: Le Christ Roi des nations, Séminaire St-Pie X, Riddes, 1986.
Marcel Lefebvre: Ils l’ont découronné, Fideliter, Escurolles, 1987.
Théotime de Saint-Just: La royauté sociale de notre Seigneur Jésus-Christ d’après le Cardinal Pie, Editions de Chiré, Vouillé, 1988.
L’ouvrage du réformateur Martin BUCER est toujours d’actualité:
Martin Bucer: Du Royaume de Jésus-Christ, P. U. F., Paris, 1955 (1558).
Hermann Ridderbos: The Coming of the Kingdom, Presbyterian and Reformed, Nutley, 1976.
(7) Sur la signification des Nations Unies voyez:
Rousas J. Rushdoony: The United Nations in: The Nature of the American System, Craig Press, Nutley, 1965, p. 113-134.
(8) Voyez Matthieu 15.1-9 et les passages parallèles. Sur ce sujet capital de l’apostasie d’lsraël au temps de Jésus-Christ:
Augustin Lemann: Histoire complète de l’idée messianique chez le peuple d’Israël, Desbonnet, Gand (61 Sleepstraat, B-9000 Gand), 1974 (1909).
P. L. B. Drach: De l’harmonie entre l’Eglise et la synagogue, Desbonnet, Gand, 1978 (1844). 2 vols.
M.J. Lagrange: Le Messianisme chez les Juifs (150 av.J.-C. à 200 ap.J.-C.), Gabalda, Paris, 1909.
M.-J. Lagrange: Le Judaïsme avant Jésus-Christ, Gabalda, Paris, 1931.
Sur les rapports entre le faux messianisme politique, juif ou chrétien, et les utopies totalitaire modernes voyez les ouvrages suivants:
Philippe Beneton: Introduction à la politique moderne, Hachette. Pluriel. 1987, p. 63-81.
Henri de Luhac: La postérité spirituelle de Joachim de Flore, Lethielleux. Paris, 1978-1981, 2 vols.
Fric Voegelin: The New Science of Politics, Univ. of Chicago Press. Chicago, 1952.
Erie Voegelin: Science, Politics and Gnosticism, Regnery, Chicago, 1968.
(9) Auguste ROHLING: Le Juif selon le Talmud, Savine, Paris, 1889.
- Edité par Berthoud Jean-Marc
A l’instar du prophète Jérémie, flous vivons une époque où la société est en pleine révolte contre le Créateur. Nous assistons à des mutations, des convulsions, des craquements violents et profonds dans tous les domaines. Sur le plan politique, toute l’hégémonie de la Russie communiste s’est effondrée et le morcellement des pays et des nationalités va bon train. L’idéologie marxiste-communiste appliquée par Lénine, Staline et leurs successeurs a prouvé sa totale faillite. Aussi toute l’Europe est-elle en quête d’un renouveau politique et économique, les yeux tournés vers 1992, première phase vers l’unité de ce continent.
Sur le plan financier, nous assistons à un profond remaniement. Tout le marché monétaire, la bourse, les différents cours subissent des fluctuations qu’on n’a jamais vues. L’informatique a pris un tel essor qu’une panique générale peut être provoquée sur tous les points chauds du globe de la finance en l’espace de quelques heures avec le résultat d’un gigantesque krach de toute la bourse et de l’effritement des valeurs monétaires.
D’autre part, les taux d’intérêt montent, et l’inflation galopante refait surface en Europe. L’écart se creuse entre riches et pauvres. La classe moyenne est en train de s’appauvrir sensiblement.
Sur le plan des peuples et des cultures, des agitations et des affrontements violents et profonds se manifestent.
La pollution de l’air et de l’eau est devenue un problème presque planétaire.
Mais la pollution morale est encore bien plus inquiétante dans nos pays christianisés, où souvent le mal est appelé bien et le bien mal. Alors qu’on a aboli la peine de mort, on tue des millions de créatures humaines par avortement, et l’euthanasie fait son chemin. Le mariage, considéré par beaucoup comme une institution surannée, subit des assauts perfides. La cohabitation est devenue chose courante. La sexualité «libéralisée», l’érotisme et la pornographie s’incrustent dans les esprits par les mass médias et rendent la société insensible à la beauté authentique, la fidélité et la pureté. Le «tourisme sexuel» et l’homosexualité font partie «d’un droit», «d’une liberté» que chacun peut se prendre si bon lui semble, alors que le SIDA, fléau terrible, fait de grands ravages dans tous les pays.
Sur le plan de l’ésotérisme, les astrologues, les diseuses de bonne aventure, les magiciens, les guérisseurs et autres prolifèrent. L’intérêt pour tout ce qui est irrationnel et mystique va grandissant: le yoga, la réincarnation, le zenbouddhisme, l’initiation dans certains cercles et sectes, certaines techniques de relaxation, etc. Des livres aux titres alléchants sur la parapsychologie et l’occultisme font leur apparition dans les librairies et les catalogues. Tout est bon, pourvu qu’on soit «heureux», «épanoui pleinement», «bien dans sa peau», «libéré».
Sur le plan de la religion, l’oecuménisme a entrepris de gigantesques efforts pour unifier toute la chrétienté, ce qui aboutira à un syncrétisme avec d’autres religions. Bâle et Assise en sont des exemples frappants, surtout cette dernière sous l’égide du pape Jean-Paul II.
La chrétienté change de visage, car la sécularisation dans les domaines de la théologie, de l’action, de la mission, de la morale et de l’expérience religieuse a creusé une érosion profonde quant aux fondements bibliques de la foi chrétienne. En plus, le confort et le matérialisme ont produit un christianisme tiède et privé d’esprit de sacrifice. L’image l’a emporté sur la parole écrite. Le goût pour la lecture, pour l’instruction laborieuse diminue fortement. En revanche, tout ce qui touche au sensationnel est prisé. Comme «des enfants flottants et emportés par tout vent de doctrine» (Eph 4.14), un grand nombre de chrétiens authentiques en reste toujours «aux premiers éléments des oracles de Dieu» parce qu’incapables d’absorber «de la nourriture solide» (Héb 5.13-14). L a confusion devient grandissante, différents courants malsains rendant les chrétiens encore plus perplexes. La vérité – Jésus Christ, la parole de Dieu (Jean 14.6; 17.17) – est relativisée, diluée. C’est une conséquence de cette sécularisation qui a remplacé l’absolu -Dieu – par ce qui est relatif. La philosophie de Hegel (thèse + antithèse = synthèse) a remplacé l’absolu, la vérité tout court. C’est elle qui domine toutes les disciplines et imprègne toute la culture occidentale post-chrétienne. Au nom de cet esprit, on forge une union et une paix sans vie divine, donc superficielles et séculières.
En conclusion, l’illusion d’une nouvelle époque, d’un «Nouvel Age» où les les hommes disent «paix et sécurité» (1 Thes 5.3) se transformera bientôt en «une ruine soudaine qui surprendra les hommes». Serait-ce la préparation du règne de l’Antichrist? Les choses se développent avec une rapidité inhabituelle, convergeant vers une structure mondialiste dans les domaines politique, économique, financier, social et religieux. Le «New Age» en est une pierre de touche; avec l’informatique, les événements peuvent être dirigés et contrôlés à volonté.
Il suffit de lire Apoc 13. La Palestine, pays qui est à l’Eternel (Lév 25.23), va être le centre des préoccupations mondiales. L’avènement du Seigneur est proche où les «morts en Christ ressusciteront en premier lieu. Ensuite nous les vivants, qui seront restés, nous serons enlevés ensemble avec eux dans des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs» (1 Thes 4.13-18). Les nations et Israël passeront par la grande tribulation, le règne de l’Antichrist. Le Seigneur va revenir pour juger ce monde et pour établir son règne de paix et de justice où Israël et les nations seront bénis (Es il; 24-27; Zach 13-14; Mat 24; Apoc 19.11- 20.6). Ainsi le crépuscule qui est en train de descendre, plongeant la terre dans la nuit de l’Antichrist, se changera en aurore lors du retour glorieux de notre Seigneur Jésus-Christ.
Tout cela doit stimuler notre foi et notre espérance et redoubler notre zèle pour le Seigneur. Je voudrais terminer cette réflexion par les exhortations suivantes:
– Restons fermes, courageux, vigilants comme le grand prophète Jérémie et annonçons «tout le conseil de Dieu» (Act 20.27). Démasquons les subtilités et les séductions du diable et dénonçons-les. Cela nous causera des souffrances et des larmes (Jér 4.19; 9.18- 22).
– Affirmons notre foi chrétienne avec virilité. La nouvelle génération cherche des valeurs absolues. C’est le combat pour la foi (Jude 3). La mollesse et le relativisme ont affaibli les églises. Ne bradons pas la vérité – la Parole – mais – annonçons-la courageusement.
– Consacrons plus de temps à la prière et à la lecture de la parole de Dieu. Etudions systématiquement toute la Bible pour connaître Dieu.
– Les prédications deviendront ainsi musclées parce que soigneusement préparées et structurées dans la prière et avec la Bible. Prêchons sur tous les livres de la Bible et l’Eglise sera édifiée et croîtra spirituellement et numériquement.
– Apportons la Bonne Nouvelle à tous nos contemporains avec ferveur (Mat 28.18-20; Rom 10.14-17).
– Attendons le retour de Jésus-Christ avec ferveur (Mat 25.1-13). Il nous apportera la délivrance finale en nous introduisant dans la gloire, dans la maison du Père (Jean 14.1-3). Il établira enfin la justice des siècles et la paix sur cette terre ravagée par le péché.
– En attendant, travaillons maintenant à la gloire du Seigneur, car nous «sommes le sel de la terre» et «la lumière du monde» (Mat 5.13-16). Nos églises doivent briller dans la nuit. Nous sommes coresponsables d’une gestion de la création de Dieu qui le glorifie.
Henri Lüscher
- Edité par Lüscher Henri
Fondements (5)
A. Dans l’Ancien Testament
Gen 2.17: Première mention de la mort dans la Bible (Litt.: «mourant, tu mourras»). Satan avait-il raison en disant: Vous ne mourrez nullement? La traduction littérale montre que le processus de détérioration physique s’est mis en marche ce jour-là; la mort spirituelle, par contre, était immédiate.
NB: La mort est entrée dans le monde au moment où Adam et Eve ont péché (Rom 5.12).
Il y a deux sortes de déclarations sur la mort dans l’AT:
-Ps 6.6; 88.6, 11-13: ces passages donnent l’impression que les morts sont inconscients et ne se relèveront jamais; remarquons pourtant que Ps 88.11-13 n’est pas une affirmation, mais ce sont des questions.
-Ps 16.10-11: Il n’y a pas d’abandon au shéol; il est question de délices éternelles.
Ps 49.16: parle de libération du shéol (=séjour des morts).
Ps 73.24: Le croyant sera reçu dans la gloire.
Job 19.25-26; Es 26.19; Dan 12.2: Il est question de résurrection physique!
Sous la loi, la peine de mort est ordonnée pour le meurtrier, l’adultère, l’incestueux, l’homosexuel pratiquant, le pervers (relations avec animaux), celui qui maudit père ou mère, l’idolâtre, le spirite, entre autres. Pourquoi? – Le peuple de Dieu doit être purifié des malfaiteurs (danger de contagion).
Le suicide est très rare dans l’AT. La vie est le bien suprême dont le suicide est la négation. On aimait avoir une «belle mort». Saul se suicida parce qu’il ne voulait pas tomber aux mains des ennemis; aucun héroïsme dans sa mort !
Comment surmonter la mort dans l’AT? En communiquant sa vie à sa descendance: on continuait à vivre en eux.
B. Dans la littérature grecque
Homer: «thanatos» = la mort ou le danger mortel (sens physique).
Hellénistes: la mort a aussi un sens spirituel.
On cherche à donner à la mort le sens d’un achèvement en mourant glorieusement, p. ex. pour sa patrie.
Platon: L’âme est immortelle; le corps est sa prison. On recherche la mort.
Les gnostiques: Le cosmos est diabolique; le corps étant matière, il en fait partie. On en arrive à une conception diamétralement opposée à la Bible:
Vivre dans son corps équivaut à la vraie mort. Se libérer du corps: victoire sur la mort. |
Le suicide est donc un acte méritoire, vu qu’il procure la libération du corps.
C. Dans le Nouveau Testament
On y trouve «thanatos» environ 120 fois. Dans les évangiles, il s’agit surtout de la mort de Jésus, chez Paul de la mort humaine. Le verbe «apothnesko» (mourir) revient 113 fois (chez Paul, surtout de Jésus).
La cause de la mort est le péché, dont la mort est le salaire.
Si, d’une part, Satan a le pouvoir de la mort, c’est Dieu lui-même qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne (l’enfer): Héb 2.14; Mat 10.28.
L’homme vit dans la mort en tant que pécheur; la mort domine sa vie aussi bien physique que spirituelle, tant qu’il vit sans Dieu. P. ex. le fils prodigue: il est «mort» tant qu’il est loin du père.
La création entière est sujette à la mort, parce que, selon Rom 8, elles est liée au destin de l’homme. La raison? – Elle fut créée pour l’homme. Cette vérité ne se trouve nulle part ailleurs que dans la Bible. Rom 8.20 révèle que Dieu lui-même a soumis la création à la «vanité» (= qui ne remplit pas sa fonction), et non Satan. Suite au péché de l’homme, Dieu a prononcé une malédiction sur la nature entière (Gen 3.17-19) et fait entrer la mort aussi dans le règne animal, ce qui exclut toute l’hypothèse de l’évolution avant la création de l’homme. La mort n’est donc pas un «phénomène naturel», et le jour vient où la création en sera libérée en même temps que les fils de Dieu (Rom 8.21). Cela explique pourquoi, dans le NT, la mort est si souvent mentionnée avec la résurrection, qui est son annulation.
La mort de Jésus: Christ est mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification (Rom 4.25).
La mort de christ surmonte:
1. la loi – Rom 7.4
2. le péché – 2 Cor 5.21
3. notre mort – 2 Tim 1.10
L’Evangile de la victoire sur la mort: Rom 3.25: La mort de Jésus est un sacrifice propitiatoire qui expie le péché.
2 Cor 5.21: Elle est un sacrifice de substitution, Christ étant mort à notre place.
Marc 10.45: Christ a donné sa vie en rançon (rachète de l’esclavage du péché).
La mort de Jésus est l’événement fondamental de l’histoire du salut.
Dieu brise le pouvoir du péché en s’identifiant avec l’homme dans la mort de Jésus, par laquelle il a déjà vaincu notre mort; sa mort est promesse de vie, et la résurrection est présentée comme une réalité à venir, certaine à cause de la résurrection de Jésus qui en est le garant.
Réalité présente:
Le croyant est passé de la mort à la vie (Jean 5.24). Le croyant ne verra jamais la mort (Jean 8.51).
Le croyant vivra quand même il serait mort (Jean 11.25).
Question: Pourquoi les chrétiens doivent-ils quand même mourir?
La mort physique est le dernier ennemi à être vaincu (1 Cor 15.26). Elle est déjà vaincue virtuellement, mais cette victoire sur la mort ne se manifeste pas encore dans toute son ampleur. Par la mort physique, l’homme reste entièrement dépendant de Dieu, dans l’espérance de la résurrection physique au retour de Christ.
Entre la première et la seconde venue de Christ, il y a coexistence entre le siècle présent et le siècle à venir, entre le monde qui passe et le monde permanent.
Le chrétien est déjà citoyen des cieux, mais encore dans la chair. Le fait d’avoir la vie éternelle devient un article de foi.
La souffrance et la mort sont vécues avec le Christ. La mort physique cesse d’être un problème pour le chrétien: «Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui» (2 Tim 2.11).
Tous les hommes ont péché et doivent mourir physiquement.
Mais:
Le chrétien meurt physiquement et entre dans la vie éternelle.
L’incrédule meurt physiquement et entre dans la mort éternelle (seconde mort: Apoc 20.14, qui ne touche pas le chrétien: Apoc 2.11).
Donc:
La mort ne sépare pas le chrétien de Dieu, mais le réunit avec Christ (Rom 14.8).
Où vont les morts? Chrétiens: au sein d’Abraham (père des croyants) = paradis.* (cf Luc 16.19-31) Incrédules: au hadès ou séjour des morts (lieu de tortures).
Luc 23.43: Aujourd’hui tu seras avec moi au paradis. Donc Jésus y est allé.
La mort est souvent assimilée au sommeil
Raisons:
1. Le sommeil est passager – on en revient!
2. Le sommeil n’interrompt pas l’identité du dormeur.
Jean-Pierre Schneider
- Edité par Schneider Jean-Pierre
Lire Luc 23.13-47
Ce passage tragique de l’évangile est animé par quatre prisonniers:
- un meurtrier gracié et libéré,
- trois prisonniers exécutés, dont:
- un malfaiteur endurci,
- un malfaiteur repentant dans sa dernière heure
- un innocent injustement condamné.
- 50% de fautes imputables à la justice humaine sont mises en évidence:
- condamnation de l’innocent,
- libération du meurtrier.
- Peut-être 75% d’insatisfaction si on regrette que le malfaiteur repentant n’ait pas été récupéré par la société.
La justice de Dieu est tout à fait différente, exempte d’erreur et empreinte de la volonté de pardon et de restauration du coupable. D’autre part. une grande promesse lourde d’avenir est faite à quiconque souffre d’injustice ici-bas. C’est Mat 5.6 (Darby): Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, Car ils seront rassasiés.
Il est raisonnable d’aimer la justice de Dieu, car elle est guidée par l’amour(Pr 3.12; 1 Cor 11.32). En revanche le présent récit démontre que le plus grand juste peut avoir peur de la justice exercée par l’homme.
Comparons maintenant le jugement de l’homme avec celui de Dieu.
Barabbas
C’est le meurtrier libéré à la place de Jésus. Il doit son élargissement à la haine des puissants Juifs envers leur Messie, dont ils craignent le règne terrestre (Jean 19.21). Quelle différence avec la justice de Dieu, qui ne tient pas le coupable pour innocent(Nom 14.18) et n’agit pas différemment selon les personnes(Rom 2.11)!
Barabbas ne comprend peut-être même pas d’où lui vient la faveur de la foule. Mais mieux que quiconque il sait que Jésus le juste est mort à sa place. Il a connu d’emblée ce message central de l’Evangile; il a peut-être été le premier homme à être convaincu sur ce point(Jean 18.39s.).
Mais la connaissance entraîne la responsabilité (Rom 1.21). Barabbas, quelle responsabilité tu as, toi qui sais!
Que fera-t-il de sa connaissance? Se convertira-t-il à la première prédication de Pierre? Retournera-t-il à son ancienne vie? On ne le sait pas. Sa conduite future n’alimentera pas les controverses chrétiennes sur le code pénal des nations. Elle n’aidera ni un camp, ni l’autre.
Le malfaiteur repenti
Il n’a pas eu la chance de Barabbas. La chance influençait déjà la justice des hommes: ce n’était plus l’ancienne théocratie en Israël.
Mais avant de mourir, il s’est repenti, il a confessé son péché et il a fait appel au roi juste qui souffrait encore à côté de lui: Souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi!
Quel dommage qu’il n’ait pas été gracié à ce moment! Il nous devient tellement sympathique subitement. Et quel extraordinaire témoin il aurait été dans la future Eglise! Le témoignage des gangsters notoires convertis est très apprécié, on le suppose très efficace, mais c’est une pensée très humaine que d’attribuer une grande efficacité spirituelle aux puissants. Le Seigneur pense autrement et il préfère les instruments faibles, pourvu qu’ils soient conscients de leur faiblesse (Cor 1.27).
Le brigand converti prêchera cependant l’Evangile de la grâce, mais depuis la tombe. Son témoignage sera souvent cité avec succès: des multitudes comprendront le salut par ce moyen.
Un tel succès n’est pas étonnant, car au paradis le brigand converti n’aura ni la possibilité ni l’envie de s’en glorifier; en effet, la tentation de se glorifier est un des principaux freins du succès spirituel(Cor 1.28s.). Et je vous le demande: quel ouvrier du Seigneur est aussi peu capable qu’un mort de se féliciter de ses résultats?
Quant à la justice de Dieu, nous la trouvons encore très différente: tant qu’il n’est pas trop tard, tout pécheur perdu peut changer de comportement en se repentant et envisager sur le champ une nouvelle vie avec le Seigneur(Act 17.30).
Le malfaiteur endurci
Dans ce cas, les principes de la justice divine correspondent à ceux de la justice romaine.
Comme son compagnon ce brigand n’échappe pas au châtiment et il est en contact avec le même Dieu sauveur à portée de voix. Mais quelle différence dans le résultat: il se moque de l’innocent condamné. Les souffrances, l’humiliation et la mort ne changent pas ses sentiments. Dans cet exemple, la peine de mort n’est pas un moyen d’amélioration; mais la grâce du condamné n’aurait sans doute pas été plus efficace. Objectivement, on ne voit pas de relation de cause à effet entre le supplice des deux brigands et leur comportement: devant la même mort, l’un se convertit et l’autre s’endurcit.
Dans le domaine spirituel, combien d’hommes avertis de la destination éternelle, raillent et s’endurcissent définitivement! Remarquons que la menace de la colère de Dieu n’est pas le meilleur argument pour appeler les gens à se repentir.
L’innocent crucifié
Ce sera différent au tribunal de Dieu: aucune erreur, aucune injustice ne sera possible. Nous n’avons pas besoin d’avocat pour ces risques. En fait, si nous avons un avocat, et de quelle taille, c’est bien parce que nous sommes coupables, et notre seul issue est de plaider coupable. C’est ainsi du reste que le Seigneur plaide pour nous, en termes de loi, parce que son salut ne concerne que des coupables(Tim 1.15).
En ce qui concerne la mort du Seigneur, il ne s’agit pas d’une erreur, mais d’un crime de la justice.
Bien sûr, les coalisés étaient nombreux à vouloir se débarrasser du Seigneur: Satan, les chefs religieux, le chef politique. Ce sont ces trois mêmes puissances qui dirigent le monde et bientôt se coaliseront vainement pour régner sur lui à la place du Seigneur. Tous avaient quelque chose à perdre si le Seigneur prenait le pouvoir. Alors, devant ce risque, ils ont choisi la mort du Seigneur, accomplissant sans le savoir de dessein de Dieu annoncé par les prophètes(Mat 17.22; Es 53).
Il est remarquable que de nombreux avertissements (de portée prophétique) concernant la justice, mettaient les Juifs en garde contre l’injustice envers le Messie(Ps 22; Pr 17.15).
Dans un coeur où règne le Seigneur, tout change. Mais le monde, lui, ne change pas, ni son prince. Aussi le monde est-il déjà jugé, car il ne changera pas avant que le Messie annoncé, Jésus lui-même, ait établi son royaume annoncé par l’Ecriture.
Pour changer le monde, les hommes de bonne volonté sont impuissants. Impuissants leurs choix politiques ou judiciaires. Le seul chemin ne vaut que pour une personne à la fois, c’est le Seigneur Jésus( Jean 16.8; 17.9,16; 14.6).
Une dernière pensée: des trois brigands, Barabbas et les deux larrons, lequel fut le plus grand pécheur au regard de Dieu?
Ce pouvait être n’importe lequel des trois, sans aucune incidence sur leur destinée éternelle. Seul compte le changement de comportement qui suit la repentance, ce nouveau départ avec le Seigneur Jésus ( Rom 3.23)
Henri Larçon
- Edité par Larçon Henri
Rappel de l’introduction
Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.
La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme en 1906 à Los Angeles avec son prolongement charismatique dans les années soixante. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative; étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations
II. Les moyens de l’Esprit
B. L’écoute de la foi
1. L’enseignement du NTa) L’apôtre Paul posait cette question aux chrétiens de la Galatie (3.2): Est-ce en pratiquant la loi que vous avez reçu l’Esprit, ou en écoutant avec foi?
Le terme «écouter» a en grec la connotation de «rapport message». Or le message est objectif, alors que l’écoute est subjective. Ainsi donc, le message de l’évangile exige la foi, mais comme il est plus que la loi, il donne aussi la foi exigée. C’est un message-écoute de foi: la foi vient avec le message.
Dans l’introduction de sa lettre aux Romains, Paul nomme l’Evangile un message où Dieu s ‘y révèle par la foi et pour la foi (1.17). Cela revient à dire que, non seulement le don de Dieu est reçu par la foi initialement, mais qu’il est toujours reçu «pour» la foi (afin de susciter la foi).
Autrement dit: Dieu nous donne sa justice et son acceptation, son Esprit et sa présence – et ceci continuellement -, non pas en réponse à un quelconque effort de notre part, aussi louable qu’il soit, mais en réponse à notre foi.
b) Pour nous faire comprendre ce qu’est la foi, Paul la met constamment en contraste avec les oeuvres de la loi. La foi est présentée comme le contraire de l’oeuvre. La foi est quelque chose que Dieu fait, que Dieu nous met à même de faire, quelque chose qui est reçu sans qu’il n’y ait ni mérite ni «faire» de notre part. Voilà pourquoi Paul parle de la foi de Jésus-Christ (selon le texte grec; c’est une foi qui vient donc de Jésus).
La déduction est contraignante: si la foi émane de Dieu par l’écoute de l’Evangile, elle est l’oeuvre et le don de Dieu. Aux Galates, qui voyaient en la foi un acte humain, Paul décrit la foi comme étant venue à eux (3.25). Paul combattait ainsi l’idée que pour avoir la plénitude, il fallait la foi et l’obéissance, ce qui mettait en cause la toute-suffisance de la foi comme unique base pour la justification (Rom 5.1) et comme source effective des oeuvres bonnes.
Il fallait ensuite que l’apôtre Paul se défende contre l’accusation que, par sa doctrine de la foi seule, il préconisait en fait l’immoralité. Non! dit Paul; car si la foi est suffisante, c’est justement parce qu’elle identifie le croyant avec Christ, qui est pleinement suffisant pour garder le croyant de toute immoralité. Voici comment Paul explique cela aux Galates (2.20; 3.11-14):
Je suis crucifié avec Christ (le vieil homme pécheur est mort), et ce n ‘est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (identification: réception de la vie de Christ, qui est éternelle); ma vie présente dans la chair je la vis dans la foi au Fils de Dieu (pas question de s’abandonner au dérèglement moral)… Le juste vivra par la foi (Sa Vie correspond à la vie de Christ, qui nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous… afin que… par la foi, nous recevions la promesse de l’Esprit).
c) Significatif aussi est le fait que dans l’écoute de la foi, le Saint-Esprit entre par le plus passif des organes majeurs de la personne: l’oreille, qui ne crée ni n e-met rien, qui ne fait que recevoir ce qui lui est donné. Du côté humain, l’écoute de la foi est la seule et unique condition pour recevoir le don de Dieu; ce n’est pas quelque chose qu’on fait. L’écoute de la foi est rendue possible par la présence du message de la foi.
Comme toutes les conditions pour la réception de l’Esprit furent remplies par l’oeuvre de Christ en dehors de nous-mêmes, et comme le moyen utilisé par l’Esprit est le message de l’oeuvre de Christ qui nous atteint par la parole d’autrui, de même l’écoute qui reçoit le don rendu possible par l’oeuvre de Christ n’a pas besoin de faire appel à une puissance engendrant la foi, autre que la puissance inhérente en le message de la foi. C’est là toute la gloire de l’Evangile: il n’est pas seulement une parole concernant le salut; il est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rom 1.16).
Dieu dispense son Evangile non en vue d’une action, mais en vue de l’écoute de la foi – de la «foi-écoute» -‘et même cette écoute, il la donne.
2. Conséquences d’une doctrine erronée
a) La foi vue comme une oeuvre
L’erreur cruciale de la doctrine pentecôtiste aussi bien que charismatique consiste à faire de la foi un accomplissement nécessaire pour recevoir l’Esprit en récompense. Ralph M. Riggs écrit dans «L’Esprit lui-même» (1949), après avoir précisé que le Saint-Esprit est reçu comme un don absolument gratuit: «Nous n’avons qu’à étendre notre main dans la foi, nous saisir de lui, nous l’approprier et le recevoir comme nous appartenant.»
Les trois expressions soulignées annulent l’affirmation du don gratuit, puisque la foi elle-même est le prix par lequel il est obtenu. On trouve toujours à nouveau l’idée erronée que «plus nous convoitons le don de Dieu, plus nous sacrifions pour l’obtenu; plus nous l’apprécierons une fois que nous l’avons obtenu».
Selon cet enseignement, ce n’est pas la foi hormis les oeuvres, mais la foi après les oeuvres: «D’abord il faut être en ordre avec Dieu. Ensuite (!) nous cessons de faire des efforts et nous lui demandons le don que nous recherchons. Il attend que nous en arrivions là.» Encore une fois, c’est l’idée que Dieu attend et que l’homme agit.
Selon le NT, Dieu lui-même établit une relation «en ordre» avec lui par Christ, et ceci à l’exclusion de nos efforts et non en conséquence de ceux-ci. C’est Dieu qui vient à l’homme avec son don par l’Evangile, et non les hommes qui viennent quémander auprès de Dieu. Qui a donné le premier pour qu’il ait à recevoir en retour? Tout est de lui, par lui et pour lui! (Rom 11.35-36).
S’il faut d’abord faire quoi que ce soit avant de pouvoir recevoir le don de Dieu, il cesse d’être un don, il devient un dû. La foi authentique produit les oeuvres bonnes, comme le disent Paul, Jacques, les autres apôtres et les réformateurs avec eux.
Luther écrivait ces paroles bien connues dans sa préface à l’épître aux Romains: «O! la foi est une chose vivante, active, puissante, de sorte qu’il est impossible qu’elle ne produise pas continuellement ce qui est bien. La foi ne demande pas s’il y a des bonnes oeuvres a faire, mais avant qu’on puisse demander, la foi les a déjà faites.»
b) La foi vue comme une appropriation
Voici l’argument dont se sert le raisonnement fallacieux: Il est vrai que le don de Dieu n’est reçu que par la foi, tout comme, dans un certain sens (?), l’Esprit. Il est pourtant aussi nécessaire de faire un second acte de foi pour s’approprier entièrement (?) le Saint-Esprit, afin d’obtenir puissance, sanctification, victoire et la plénitude de l’Esprit. Car par la première foi n’ont été obtenus que grâce, justification et pardon des péchés.
Il y aurait donc une foi ayant pour objet Jésus-Christ en vue du salut, et une foi ayant pour objet le Saint-Esprit en vue de la puissance et de la consécration; cette seconde foi serait nécessaire parce que le don de Dieu exigerait une «appropriation». Il faut en déduire qu’il y aurait une foi (la première) procurant la grâce sans puissance.
La raison principale qui est avancée pour expliquer que le don reçu par la foi primaire serait insuffisant n’est pas l’insuffisance de Christ (qu’on ne veut pas dénigrer), mais l’insuffisance d’appropriation du croyant. «Appropriation» a le sens de «faire d’une chose sa propriété, acquérir une chose». C’est justement ce que la foi en Dieu n’est pas: «faire» plutôt que recevoir. Un don qu’on doit acquérir, qu’on doit «faire sien», n’est plus simplement reçu comme une grâce; il devient le résultat d’un effort. Ainsi l’oeuvre du salut est en fin de compte transférée de Dieu à l’homme, quelle que puisse être l’orthodoxie de ce qui précède l’acte d’appropriation.
Quand l’appropriation prend la place de la réception, il s’agit peut-être bien d’une oeuvre intentionnellement pieuse, mais ce n’est plus ce que le NT entend par la foi.
c) La foi vue comme un absolu
Finalement, la foi est souvent synonyme d’un abandon total. L’argument est le suivant: De même que l’on est justifié, ré généré et sanctifié par la foi, de même on doit recevoir le baptême du Saint-Esprit par la foi, pour autant qu’on se soit abandonné à Dieu en tous points.
En fait, on sépare la justification et la sanctification puisque, avant qu’on puisse vraiment recevoir le Saint-Esprit, il faudrait obéir totalement à l’exigence de l’abandon «en tous points».
Cela est exprimé clairement par Wade Horton: «Personne ne peut recevoir ou maintenir l’expérience pentecôtiste s’il n’obéit pas à toute la volonté de Dieu… Seulement une fois que le croyant s’est entièrement consacré et a obéi pleinement, l’Esprit entrera; une fois donc que toutes les conditions auront été remplies» («Pentecost Yesterday and To-day», 1964). Dans ces conditions, l’Esprit n’entrera jamais, puisque le croyant est laissé à lui-même pour opérer une consécration totale sans l’Esprit, ce qui lui est évidemment impossible.
Même si le langage utilisé par le pentecôtisme relève de la pure piété quand il parle de l’abandon à Dieu et de la consécration chrétienne, il ne s’agit plus de la foi néotestamentaire dans sa simplicité. Car les absolus d’abandon et de consécration exigés par la doctrine pentecôtiste appellent les chrétiens, non à la grâce en Christ, mais à une recherche acharnée et futile de trouver dans leur coeur des absolus qui n’y sont pas.
La foi telle qu’elle est définie par le NT est souveraine et suffisante. Elle est évoquée avec concision par Luther: «Crois et tu l’as reçu» («Glaubst du, so hast du»). C’est la doctrine du NT dans sa pureté. Aussitôt qu’on y ajoute: «Crois absolument (abandonne-toi, livre-toi, vide-toi) et tu l’auras» (langage d’apparence ultra-pieuse), on replace le croyant sous le poids de la loi et de l’impossible. Ce n’est certes pas par hasard que l’apôtre Paul ne lie jamais la foi à un adjectif ou un absolu.
3. Observations supplémentaires: «La foi seule» dans l’Evangile de Jean
Nous terminons nos réflexions sur la parfaite suffisance de la foi en Christ que le NT connaît par un texte de l’Evangile de Jean.
Voici l’annonce programmatique dans Jean 7.37-39:
Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus debout s ‘écria: Si quelqu ‘un a soif qu ‘il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit qu ‘allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n ‘était pas encore donné, parce que Jésus n ‘avait pas encore été glonfié.
La foi en Jésus a pour résultat le don du Saint-Esprit. C’est l’enseignement unanime, clair et simple du NT. La foi en Christ et la réception de l’Esprit sont corrélatives. La foi n’est jamais «en l’Esprit»; ici elle est deux fois en Jésus. Pour recevoir le Saint-Esprit, Jésus-Christ est le seul objet de la foi; c’est toujours par la foi que Christ est reçu.
Le texte cité enseigne aussi que l’Esprit donné en réponse à la foi n’est nullement anémique; au contraire, il coule du croyant comme des fleuves d’eau vive.
N’y voir qu’un filet d’eau sans puissance fait bien peu de cas de la foi en Christ. Car la formulation pentecôtiste dit: la foi en Christ mène à la vie, alors que la foi ultérieure en l’Esprit résulte en puissance spirituelle, attestée par «le parler en langues». Mais selon Jean 7, la foi en Jésus ne produit pas seulement un filet d’eau propre à humecter la langue du croyant; au contraire, celui-ci reçoit du Christ aussi bien l’existence et la vivification spirituelle que la puissance spirituelle, donc aussi la puissance nécessaire au service.
Si la foi en Jésus ne confère pas la pleine réception de l’Esprit, comment le croyant saurait-il s’abandonner, se consacrer, faire toutes sortes de sacrifices, puis avoir une foi suffisante pour recevoir la «plénitude de l’Esprit» (le «baptême du Saint-Esprit»)? Ce n’est que parce que l’Esprit a été pleinement reçu qu’abandon, consécration et sacrifices sont possibles. Sinon, il s’agit d’une parodie de l’Evangile de la grâce.
La foi toute simple en Christ reçoit de Dieu tout ce qu’il a à donner. La foi qui ne repose pas sur ce principe rend l’Evangile inopérant.
En conclusion, voici encore une affirmation de Luther, citée par Karl Barth dans «Der Heilige Geist und das christliche Leben» (Le Saint-Esprit et la vie chrétienne): «Dieu ne veut pas nous voir donner notre confiance ou vouer notre coeur à quoi que ce soit d’autre, quelque saint ou rempli d’Esprit que ce soit, qu’à Christ seul dans sa parole.»
Responsable de la traduction-adaptation du texte de Bruner:
J.-P. Schneider
Au prochain numéro: III. Un seul baptême
- Edité par Schneider Jean-Pierre
5.1-12: Foi et témoignage
A. La foi et ses conséquences (v. 1-5)
Tout ce passage se trouve encadré de ce qui fait l’essentiel de notre confession de foi:
v. 1 – Quiconque croit que Jésus est le Christ v. 5 – Celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu Jésus: nom de l’homme
Christ: nom indiquant sa mission
Fils de Dieu: nom de sa divinité
Donc: L’homme Jésus (né d’une femme) est le Messie (Sauveur) promis en la personne du Fils de Dieu (conçu du Saint-Esprit).
Q1 Croire cela a trois conséquences. Lesquelles?
1. La nouvelle naissance (v. 1)
Q2 Comment la définir?
2. L’amour (v. 2-3)
On aime naturellement son père, sa mère; le contraire est contre nature.
Q3 Trouvez la double conséquence de l’amour pour Dieu.
«L’amour pour Dieu n’est pas tant une expérience émotionnelle qu’une obéissance morale» (Stott).
Ses commandements ne sont pas ennuyeux (Moffat, trad. anglaise de la Bible).
Q4 Pourquoi?
3. Le triomphe (v. 4-5)
L’expression triompher du monde se trouve trois fois!
Q5 Expliquez le ce qui triomphe du monde.
Q6 Qu’est-ce qui montre que cela n’est pas automatique?
Vue d’ensemble:
- Les mots «aimer» et «amour» reviennent 5 fois: c’est ce qui doit caractériser les enfants de Dieu (nés de Dieu).
- Les mots «croire» ou «foi» reviennent 3 fois, également «triompher du monde»: cela indique que triompher n’est possible que par la foi.
- Chacune de ces expressions revient 2 fois: «nés de Dieu», «ses commandements», «pratique / garder» Cela indique que seuls ceux qui sont nés de Dieu peuvent les pratiquer.
- «Victoire» se trouve une fois dans ce texte: c’est le titre du paragraphe.
B. Le triple témoignage (v. 6-12)
La fréquence de certains mots indique sur qui porte le témoignage: Jésus-Christ est nommé 7 fois (dont 6 fois «Fils»), de même Dieu, et 3 fois le Saint-Esprit. Incidemment, c’est un des passages bibliques les plus clairs sur la Trinité. Il contient aussi la phrase la plus difficile à comprendre de l’épître, et une glose à éliminer.
1. La nature du témoignage
par de l’eau et du sang (grec. par eau et sang)
Q7 Quel sens y donneriez-vous?
Q7a) Luther et Calvin entre autres: ils y voient une allusion aux deux sacrements.
Q7b) Augustin entre autres: il s’agit du sang et de l’eau sortant du corps de Jésus.
Q7c) Tertullien entre autres: dans l’épître, ils rendent témoignage de Jésus-Christ, à savoir de Dieu incarné en l’homme Jésus.
Q8 Pourquoi Jean insiste-t-il: non dans l’eau seulement mais dans l’eau et dans le sang?
Autrement dit: Jésus-Christ venu (du ciel) est le même que celui qui a passé à travers l’eau et le sang.
Non dans l’eau seulement: les hérétiques étaient d’accord que Jésus était le Christ à son baptême, mais pas à la croix; Jean ajoute donc:
mais dans l’eau et dans le sang: aussi à la croix!
Accessoirement, l’eau et le sang symbolisent la purification, donc la rédemption, dans le rituel lévitique;
cf. Jean 3.5: naître d’eau et d’Esprit;
Jean 7.38: fleuves d’eau vive.
Et c’est l’Esprit qui rend témoignage.
Le grec signifie que le propre de l’Esprit est de rendre témoignage.
Q9 De quoi rend-il témoignage?
Q1O Pourquoi Jean ajoute-t-il: L’Esprit est la vérité?
Q11 Comment rend-il témoignage?
Ainsi, il y a le témoignage historique (objectif): l’eau et le sang, et le témoignage expérimental (subjectif): le Saint-Esprit.
v. 7: il s’agit d’une glose ajouté au texte de la Vulgate aux 4e siècle. Pourquoi cette glose n’est pas valable: Selon l’enseignement biblique, ce ne sont pas le Père, la Parole (le Fils) et le Saint-Esprit qui rendent ensemble témoignage au Fils, mais le Père rend témoignage au Fils par le Saint-Esprit.
012 Pourquoi y a-t-il 3 témoins?
Q13 Quel est l’argument du v. 9?
2. Les buts du témoignage
a) Susciter la foi en Jésus-Christ (Jean 1.7).
b) Donner la vie suite à cette foi.
Q14 Pourquoi celui qui ne croit pas Dieu pèche-t-il?
Q15 Dieu donna la vie éternelle (v. 11): quand?
Q16 Que faut-il déduire du v. 12?
Q17 Que nous disent les v. il et 12 sur la vie éternelle?
Jean 20.31 exprime la même vérité:
Le but du témoignage: nous mener à la foi.
Le résultat de la foi: la vie éternelle par Jésus-Christ.
Jean-Pierre Schneider
Réponses:
R1 | 1. La nouvelle naissance. 2. L’amour pour Dieu et ses enfants. 3. Le triomphe sur le monde. |
R2 | – né de Dieu – enfant de Dieu – vie éternelle: Jean 3.14-16 – sauvé par le moyen de la foi: Eph 2.8 – le Saint-Esprit habite en nous (cp 4.13b) |
R3a) | amour pour les enfants de Dieu (comme dans une famille normale) |
R3b) | on garde ses commandements (cp 2 Jean 6) Qui aime Jésus le prouve en lui obéissant (Jean 14.15, 21). Qui aime les enfants de Dieu les aide pratiquement (1 Jean 3.18). |
R4a) | Leur contenu est plausible; aucun commandement de Jésus ou des apôtres n’est arbitraire: on peut en comprendre la justesse. |
R4b) | Jésus nous rend capable de les observer, vu que nous sommes nés de Dieu. |
R5 | Il s’agit de la puissance qui rend ce triomphe possible: le Saint-Esprit. |
R6 | Notre foi / celui qui: ce sont des expressions personnelles. Il est possible de vaincre par la foi, car cela permet au Saint-Esprit d’agir en et par nous. |
R7a | Rejeté: le sang est nulle part symbole pour la cène; le verbe («est venu») est au passé (se réfère au fait historique). |
R7b | Rejeté: le texte dit: venu par de l’eau et du sang, alors que le sang et l’eau sont venus de lui. |
R7c | L’eau évoque le baptême de Jésus; le sang évoque la crucifixion de Jésus. |
R8 | A cause de l’hérésie cérinthienne, qui distinguait entre: Jésus – simple homme né de Joseph et Marie comme tous les bébés, et le Christ – descendu sur Jésus au baptême pour le quitter avant la crucifixion. Jean veut dire: Jésus était tout le temps le Christ, avant et pendant le baptême, et aussi pendant et après la croix. |
R9 | Du Christ (Jean 15.26). |
R10 | Il est apte à rendre un témoignage véridique. |
R11 | Il témoigne en celui qui croit, dans son intérieur (cp Rom 8.16). |
R12 | La loi demande 2 ou 3 témoins (Deut 19.15). |
R13 | Vu que nous croyons volontiers le témoignage des hommes, croyons d’autant plus celui de Dieu, qui est infiniment plus grand! |
R14 | Il attribue un mensonge à Dieu. |
R15 | A la conversion. |
R16 | La vie éternelle ne peut être trouvée que dans le Fils de Dieu. |
R16 | La vie éternelle ne peut être trouvée que dans le Fils de Dieu. |
R17a | Elle est un don immérité. |
R17b | Elle se trouve uniquement en Jésus-Christ. |
R17c | Quand il l’a donnée, on la possède. |
- Edité par Schneider Jean-Pierre
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