PROMESSES

L’Eglise de Jésus-Christ est de plus en plus confrontée à deux courants dont notre société est imprégnée: le rationalisme et l’irrationalisme. Ces influences humanistes s’y infiltrent et sapent les fondements de la foi chrétienne. L’homme est devenu la mesure de toute évaluation. Cet anthropocentrisme (= l’homme est au centre ) glorifie l’homme et met Dieu au second plan, à moins qu’il ne l’élimine entièrement.

La conception de Dieu

On constate avec effarement que la conception biblique de Dieu est mal connue ou parfois faussée dans nos églises. Il suffit pourtant de se rappeler le commencement du symbole apostolique pour être ramené sur le terrain biblique par cette magnifique affirmation: «Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre.»

De même, l’article un de la Confession de la Rochelle de 1559 proclame: «Nous croyons et nous confessons qu’il y a un seul Dieu qui est une seule Personne, spirituelle, éternelle, invisible, immuable, infinie, ineffable, qui peut toutes choses, qui est toute sage, toute bonne, toute juste, toute miséricordieuse.» Voilà une conception biblique de Dieu tracée magistralement, en peu de mots, qui nous transmet fidèlement la foi chrétienne orthodoxe (historique) que toutes les grandes confessions chrétiennes ont défendue depuis le symbole des apôtres.

Mais souvent les vérités doctrinales révélées par la Bible sont limitées ou rejetées, parce que notre raison, notre intuition ou notre sentiment sont dépassés et ne les acceptent pas. Il va sans dire que notre conception de Dieu influence toujours celle que nous avons de l’évangélisation, de la mission et de la façon de construire nos églises.

Un choix à opérer

Il faut choisir: soit une acceptation sans réserve des révélation doctrinales et morales de la parole de Dieu, soit une soumission de ces révélations à la raison ou aux sentiments humains.

Nous rejetons l’approche humaniste, qu’il soit teinté de rationalisme, où n’est acceptable que ce qui est conforme à la raison naturelle, de mysticisme, où les sentiments et les intuitions sont prépondérants, d’empirisme (tout est acquis par l’expérience) ou de pragmatisme (tout dépend de l’application pratique). Car cette approche est subjective et refuse les absolus de Dieu. Elle ne peut constituer un quelconque critère ni ne saurait s’ériger en juge face à la révélation divine de la Bible.

Affirmation

Nous affirmons avec force:
– Dieu est à l’origine de la vérité et de l’éthique (valeurs morales).
– La révélation de Dieu manifestée dans les Saintes Ecritures est l’autorité finale sur la vérité et la morale.
– La Bible nous révèle la vérité sur Dieu, la création, l’origine de l’homme, sa chute, la rédemption par Jésus-Christ, son retour et le dénouement de l’histoire humaine.
– Cette révélation contient toutes les informations nécessaires à notre salut et à notre épanouissement spirituel en Christ.

Le rationalisme

Le célèbre «Je pense donc je suis» de Descartes place d’emblée l’homme au centre. L’homme, et non plus Dieu, est devenu le point de départ. Le résultat de ce décalage fatal équivaut à une limitation de la réalité à ce qui est «raisonnable»; tout ce qui est «impensable» est rejeté. La raison humaine juge de tout selon les critères de l’intelligence et de la logique. Les mystères de la foi sont alors logiquement considérés comme incohérents et irrationnels. Ainsi la Trinité, la souveraineté de Dieu, sa préconnaissance, la prédestination, la chute, l’imputation du péché d’Adam, l’expiation substitutionnelle de Christ, le salut, les peines éternelles et l’inerrance de la Bible sont déclarés inacceptables.

Ceci dit, il est important de souligner que la Bible ne rejette jamais la raison humaine en tant qu’instrument de compréhension. Elle désigne la raison par des termes tels que «bon sens» (1 Sam 25.3), «intelligence» (Deut 32.28), «raison saine» (Prov 13.15, certaines versions). Mais la Bible va au-delà de la simple raison hu­maine, et ceci sans être ni irrationnelle, ni irraisonnable, ni illogique. Il n’y a pas de contradiction. C’est la nature pécheresse qui y fait obstruction. Car une des conséquences du péché a été l’obscurcissement de la raison humaine. On ne peut s’y fier, de sorte que l’intelligence doit être tranformée et renouvelée afin de pouvoir saisir la pensées de Dieu (Rom 12.2). Car Dieu a aussi créé la raison humaine, et lui seul peut en rétablir le bon fonctionnement.

Le mysticisme

Notre temps est aussi caractérisé par une poussée de mysticisme, autre aspect de l’humanisme. La communion intime avec Dieu est recherchée à travers des états d’âme où l’émotion fervente et l’intuition jouent un grand rôle, à l’exclusion des raisonnements et des déductions logiques basés sur l’Ecriture. Les sentiments euphoriques et l’exaltation psychique rendent les vérités doctrinales et morales accessoires.

Quoi d’étonnant si les religions orientales, millénaires, qui ont pour base la «méditation transcendantale » intériorisée pour trouver «la vérité», sont devenues si actuelles. Le Nouvel Age prône ce genre de mysticisme qui doit servir à «la réalisation du Moi» en libérant les potentialités insoupçonnées qui sommeillent en tout homme.

L’Eglise est guettée par ce nouveau mysticisme sous ses différentes formes. Combien de fois n’entendons-nous par dire: «Le Seigneur m’a dit ceci ou cela.» Les intuitions et les visions sont devenues des guides alors que l’Ecriture est reléguée au second plan.

De nouveau, il faut relever que la Bible est loin de déprécier les sentiments. Mais comme le coeur de l’homme est tortueux par-dessus tout (Jér 17.9), il y a lieu de s’en méfier autant que de la raison non régénérée par l’action de l’Esprit. Comme la raison, les émotions doivent être soumises au Seigneur et examinées à la lumière de la Parole, seul critère absolu.

L’empirisme

Un autre courant se fait sentir dans l’Eglise: celui de l’empirisme. L’expérience est considérée par certains comme l’expression de la vérité; ils croient pouvoir se passer de l’enseignement biblique, au point où ceux qui font appel à la saine doctrine (Tite 1.9) sont traités de pauvres demeurés.

Conclusion

Sommes-nous en train de nous laisser séduire par l’humanisme avec ses raisonnements et son mysticisme? Nous avons reçu la révélation de Dieu, sa Parole, notre seule autorité en matière de doctrine et de morale. Il est impératif de revenir sur ce terrain sûr en y soumettant notre raison et nos sentiments, afin que Dieu, notre Créateur, soit honoré et glorifié.

Henri Lüscher


 Dans la multiplicité des revues qui émanent des diverses sphères religieuses, on peut être parfois frappé par certaines convergences tant parmi les thèmes traités qu’au travers des préoccupations des responsables d’églises.

 Il nous semble par exemple qu’on veuille aujourd’hui privilégier l’union à tout prix entre les chrétiens de tous horizons, pour aboutir à une unité – voire une uniformité – qui irait bien au-delà du courant oecuménique, déjà vieillot et menacé d’enlisement.

 Comment s’y prend-on?
 Pour réaliser cet objectif on met en avant une mission à laquelle tout chrétien se doit d’adhérer: l’évangélisation du monde. Et les mouvements religieux de tous bords abondent dans le même sens:
 – le CGE (Conseil oecuménique des églises) projette une conférence mondiale sur ce thème;
 – le pape a lancé son encyclique «Evangélisation du monde aujourd’hui»;
 – le monde protestant se préoccupe régulièrement de ce sujet sous forme de colloques, synodes, forums…

La cacophonie

 Le problème est que chacun donne au mot «évangélisation» un contenu différent: le CGE parlera de «théologie de la libération»; le pape parlera de «Marie inspiratrice et directrice d’une évangélisation toujours renouvelée»; les églises officielles protestantes parleront de «transformation de l’humanité en un peuple de Dieu où règnent la justice et la paix».

 Nous sommes loin de ce que l’Ecriture enseigne à propos de la repentance et de la foi en Jésus-Christ, et loin du chrétien qui se fonde sur les valeurs de la parole de Dieu, qui est l’antithèse de l’humanisme et qui libère de la très légale religion-tradition! Il n’y aura pas de vrai progrès moral, social et religieux sans une soumission de l’homme à Dieu.

Tous dans le même sens?

 Il n’est pas inutile de se poser quelques brèves questions sur les motifs qui inspirent cet élan à évangéliser le monde.

 Faut-il faire sienne la déclaration du pape à Strasbourg: «L’unité spirituelle et morale devraient être les éléments indispensables de l’identité de notre monde christianisé»? N’y a-t-il rien de plus que la tentative de réunir en un seul groupe les diverses familles chrétiennes? Une réédition de Babel?

 Nous nous posons en tout cas vivement la question: peut-on être d’accord avec cette idée que ce qui est primordial, c’est de poursuivre tous le même but? N’est-ce pas une ruse nouvelle que de s’interdire toutes questions au moment où nous sommes tous invités à nous engager dans une évangélisation en commun?

 Il semble que l’essentiel est que «ça marche»! Un bel héritage de notre monde de consommation: peu importent les moyens… Pourtant, comme on ne veut pas se payer de mots seulement, il faut se donner les moyens pour réaliser cette ambition.

La ruse

 A «mission commune» on a donc associé l’idée «d’union nécessaire». Encore faut-il la faire sentir concrètement, montrer que l’on décloisonne, que l’on est nombreux. Pour éviter de mesurer les éloignements mutuels et de constater les incohérences par l’examen de la Parole, on propose de mesurer la proximité mutuelle par «la prière inter-groupes». Voilà enfin trouvé le terrain commun, unificateur, qui vient élargir le courant oecuménique.

 On détourne la prière de sa fonction première: parler à Dieu. On la récupère comme instrument de «dialogue intercommunautaire». Même s’il est vrai que la prière en commun nécessite la communion, on oublie que cet accord, voire cette harmonie, doit avoir au départ une base biblique.

 La confusion peut séduire n’importe qui et aller jusqu’à entraîner une église entière, même si l’on prétend ne pas vouloir «marcher» avec ce qui est proposé. L’enjeu est de taille: l’amalgame mission/union/prière, avec l’étude trop sommaire de la Bible, peut déteindre sur toutes les activités d’une église locale.

Le préalable

 Et si nous posions la question à rebours? Si justement l’étude approfondie de la Parole était un atout? Un atout parce qu’elle nous oblige à un effort tout à fait irremplaçable en vue de notre maturité chrétienne.
 Prêcherions-nous à des gens convaincus? Pas si sûr…

 L’étude de la Bible a pour rôle de nous entraîner à rester attachés à la pensée de Dieu. L’apprentissage de l’étude systématique des Ecritures nous oblige à faire un effort, à élaborer une méthode, à exercer une certaine rigueur – autant de termes qui sont catalogués de «rétros» s’ils font peur, éludés s’ils sont liés au travail, mais entendus par ceux qui veulent aller plus loin…

 Il est malheureusement courant de voir que la connaissance de la Bible est traitée de la même manière que l’apprentissage de notre langue maternelle en classe à notre époque. On s’est peu à peu aligné au but qu’on poursuit en apprenant une langue étrangère, c’est-à-dire savoir communiquer immédiatement. L’efficacité se pare du même coup de l’à-peu-près. On apprend des mots, des tournures toutes faites, ce qui se dit ou ne se dit pas, mais on délaisse tout ce qui n’est pas indispensable à la communication orale, et on perd un immense trésor de littérature qui restera à jamais inaccessible.

 Il en va de même pour l’étude des Ecritures. L’étude des livres de la Bible qui n’ont pas d’implications pratiques immédiates reste facilement à l’écart. C’est une grave erreur de ne pas croire profondément à l’unité de la Parole dans tous les domaines. Il en résulte un état de fait: une connaissance insuffisante de la Bible et l’incapacité notoire de conduire une déduction conforme à la pensée de Dieu.

Le retour à l’équilibre

 Ce qui est vrai dans notre étude personnelle des Ecritures l’est aussi dans celle pratiquée en commun. Il nous faut absolument revenir à une instruction systématique et solide de la Bible. C’est une nécessité dans nos églises afin que les chrétiens acquièrent du discernement spirituel.

 L’étude de la Bible et la prière sont d’une importance égale. Etude et prière se complètent nécessairement. Comment pourrions-nous privilégier la prière (= l’homme parle à Dieu) par rapport à sa Parole (z Dieu parle à l’homme) sans nous laisser inspirer par cette dernière? Comment un concert de prières, qui se voudrait harmonieux, pourrait-il se jouer si la partition n’est pas la même pour tous?

La direction

 La prière sans sa source d’inspiration, la Bible, devient une activité charnelle qui risque en plus de se tarir.

 Mais là où nous réitérons toutes nos réserves, c’est lorsque la prière devient la base du «dialogue» entre tous les participants. N’entend-on pas souvent cette phrase: «Soyons heureux, nous avons pu prier ensemble!»

 C’est une joie en effet si cette exclamation est le reflet d’une communion retrouvée dans la vérité. Mais ce sera très artificiel si, pour que cette prière-prétexte puisse se réaliser, on a dû d’abord piétiner ses propres convictions et s’interdire ensuite tout autre dialogue spirituel.

 Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières (Act 2.42).

Bernard Cousyn


 Les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse nous ont conservé 7 lettres particulières adressées par le seul Chef de l’Eglise à 7 églises locales d’Asie mineure des temps apostoliques. A chacune d’el1es, il se présente sous l’aspect correspondant aux circonstances qu’elle traverse ou à son état spirituel. Il la prépare ainsi à recevoir le message qu’il lui destine, avec ses approbations et ses reproches, mais toujours aussi un appel encourageant.

 On a vu, dans ces 7 églises, autant de types des différentes églises dans le monde au cours des siècles. Leur succession a suggéré, en outre, une grande fresque historique, depuis Ephèse, l’Eglise apostolique bien fondée des débuts du christianisme jusqu’à Laodicée, aveuglée par sa suffisance, et qui a évacué le Christ frappant à la porte!

 Mais, à travers ces 7 lettres circule La trame de certaines pensées communes, telles que l’attitude d’abandon et la nécessité de la repentance (aux 5 églises réprimandées). Ci-après sera retenue seulement l’idée de la venue du Seigneur, qui fut la constante espérance et reste l’attente confiante de la vraie Eglise, étrangère dans ce monde.

 A Ephèse (Apoc 2.5) la venue de Christ est évoquée comme simple éventualité. Aucune allusion à Smyrne, église qui connaîtra le martyre auparavant (2.10). A Pergame (2.16), la venue du Seigneur est annoncée comme prompte. Pour Thyatire (2.25), c’est devenue une certitude à attendre dans la fermeté. Sardes (3.4) pourrait bien être surprise, comme par un voleur qu’on n’attend pas. Philadelphie reçoit l’assurance d’une venue certaine et rapide (3.11). Enfin, à Laodicée (3.20), la progression est achevée. De la simple éventualité (Ephèse), on est arrivé à l’accomplissement; le Seigneur est là, à la porte!

 Cette esquisse rappelle le solennel avertissement de Paul aux Romains (13.11-12). A la pensée de la venue du Seigneur pour son Eglise sont étroitement associées ses promesses.

 A Ephèse (2.7), il est promis l’arbre de vie. Disparu totalement de l’Ecriture depuis les 3 mentions de la Genèse (2.9; 3.22,24), il ne reparaîtra qu’au terme de la révélation (Apoc 22.2,14 et 19), aussi 3 fois! Entre le voeu du Créateur de donner à l’homme accès à la vie véritable et la glorieuse réalisation finale de son plan, l’entrée du péché dans le monde a tout gâché. Il a fallu la croix et la mort du Fils de Dieu pour conduire le plan d’amour divin vers le rétablissement de toutes choses. Ephèse reçoit ici le gage de cette glorieuse destinée de l’Eglise de Dieu, de tous les temps et de toutes les nations.

 Smyrne, une des 2 seules églises sans reproche, connaîtra pourtant le martyre et la mort; c’est pourquoi lui est promise la couronne de vie. A Pergame (2.17), il est parlé de la manne cachée (nourriture réservée au peuple de Dieu), du caillou blanc (marque de l’approbation divine) et du nouveau nom (rappel du changement de filiation des enfants de Dieu). A Thyatire (2.26,27), la fausse doctrine d’origine étrangère (Jézabel) usurpe l’autorité divine dans l’église et entraîne à l’immoralité qui conduit au jugement de Dieu. Celui qui s’en préserve recevra: l’autorité sur les nations, le gouvernement par la force et, plus personnellement pour lui-même, l’étoile du matin, annonciatrice du soleil de justice, dans le jugement du grand jour de l’Eternel. Quoique faible (3.8), Philadelphie a gardé la parole du Seigneur, celui qui l’a aimée. C’est elle qui reçoit le plus de promesses (3.12): une colonne permanente dans le temple, le nom de Dieu, celui de la cité céleste et le nouveau nom, propre au rôle futur de Christ dans le plan de Dieu. Que dire enfin de Laodicée, l’église renégate qui a «évacué» le Seigneur? C’est pourtant à cette église qu’il fait peut-être la plus précieuse promesse, celle de son intimité, réconfortante comme un repas partagé et surtout immédiate, alors que toutes les autres sont futures (3.20). La grâce surabondante de Dieu peut seule offrir une telle réponse au mépris de l’homme tellement sûr de soi.

 Remarquons encore:
 1. les promesses du Seigneur sont personnelles à chacun;
 2. elles concernent «celui qui vaincra».

 La venue du Seigneur est encore liée à sa récompense, en conclusion du livre (22.12). Ce terme de récompense doit être bien compris. A celui qui fait une oeuvre, le salaire est compté, non comme une grâce, mais comme un dû (Rom 4.4). Le salaire du péché, c’est la mort; mais le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle (Rom 6.23). Oui, nous le savons, le péché paie bien, très bien même: la mort physique au terme d’une vie de souffrances et d’infirmités diverses, puis la séparation éternelle d’avec Dieu (seconde mort = salaire double). Mais les récompenses du Seigneur aux siens n’ont rien d’une rétribution salariale de nos oeuvres. Ses serviteurs confessent qu’ils ne sont que des instruments dans son plan; c’est lui qui opère par son Esprit. A de telles «récompenses» s’attache le caractère de dons de la grâce. Parce que Dieu aime, il donne.

 Cette dernière fois que l’Ecriture parle de récompense (Apoc 22.12) ramène curieusement à la première (Gen 15.1), où l’Eternel déclare à Abram: Je suis moi-même ton bouclier et ta récompense sera trés grande. Outre ce que le Seigneur promet à celui qui vaincra, ne sera-ce finalement pas LUI la très grande récompense, par grâce, pour tous ceux qui l’aiment et veulent le servir en l’attendant?

 Quand il sera manifesté, nous serons semblables à 1u4 parce que nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur (1 Jean 3.2-3).

Jean Chopard


 Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostai Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

 La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme avec son prolongement charismatique. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative; étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations.

I. Recevoir l’Esprit: la condition

A. L’enseignement du NT

 La condition principale pour recevoir le Saint-Esprit est énoncée ainsi par Jésus: Celui qui croit en mot des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui (Jean 7.38-39).

 Ces paroles sont simples et claires: l’Esprit de Dieu est donné en réponse à la foi, sans aucune adjonction. Pourtant, même avant cette réception par la foi, il fallait qu’une condition fondamentale soit remplie: la glorification de Jésus, à savoir sa mort, sa résurrection et son ascension (Jean 12.16,23-24; 16.17). La condition préalable est donc l’oeuvre de Christ.

 Il fut donné à l’apôtre Paul de développer les raisons théologiques pour lesquelles l’oeuvres de Christ devait précéder le don de l’Esprit. Comment l’incompatibilité entre la condition de l’homme (pécheur) et la justice de Dieu (saint) pouvait-elle être surmontée? Tout le message chrétien dépend de la réponse à cette question.

 Gal 3.10-14 joue ici un rôle de première importance: Tous ceux qui dépendent des oeuvres de la loi sont sous la malédiction, car il est écrit: «Maudit soit quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi pour le mettre en pratique.» Et que nul ne soit justifié devant Dieu par la loi cela est évident puisque: «Celui qui mettra ces choses en pratique vivra par elles.» Christ nous a racheté de la malédiction de la loi, étant devenue malédiction pour nous – car il est écrit: «Maudit soit quiconque est pendu au bois» – afin que, pour les païens, la bénédiction d’Abraham se trouve en Jésus-Christ et que, par la foi, nous recevions la promesse de l’Esprit.

 Paul examine la possibilité d’obtenir la vie et les dons de Dieu par l’obéissance à la loi. Il constate que comme personne n’est capable d’observer toute la loi sans faille, il se trouve condamné par elle. Car les exigences de la loi sont absolues; la loi doit être mise en pratique dans sa totalité par l’homme qui veut vivre par elle, sinon aucune justification n’est possible. Il en découle que croire qu’on a Dieu parce qu’on a à son actif des actes d’obéissance à la loi constitue une malédiction.

 Au lieu de pousser à une plus grande obéissance à la loi, comme le faisaient les frères judaïsants en Galatie, Paul démontre que par la loi personne ne peut être justifié et recevoir les dons de Dieu, dont le Saint-Esprit. La justification est obtenue par la foi en l’oeuvre accomplie par Jésus-Christ. C’est pourquoi Paul pouvait écrire aux Romains: Christ est la fin de la loi, en vue de la justice pour tout croyant (10.4).

 En recevant Jésus-Christ par la foi, il vient à nous avec le don gratuit de la plénitude de l’Esprit. En d’autres termes: ce n’est pas l’homme qui par son obéissance à la loi atteint à l’Esprit, mais c’est l’Esprit qui vient à l’homme à cause de l’oeuvre de Christ accomplie dans l’obéissance parfaite. La bénédiction d’Abraham se trouve en Jésus-christ. C’est lui qui a racheté l’homme de la malédiction de la loi. Ainsi la condition de base a été remplie pour que l’homme puisse recevoir le Saint-Esprit par la foi seulement.

 Il y a donc deux chemins différents: l’un est le chemin de l’homme vers l’Esprit, où il s’agit d’accomplir des oeuvres pieuses et bibliquement fondées; l’autre est le chemin de l’Esprit vers l’homme, sur la base de l’oeuvre parfaite accomplie par Christ. Le premier chemin monte de l’homme à Dieu; le deuxième descend de Dieu à l’homme. Le premier consiste en actes faits par l’homme; le deuxième est sur la base de l’oeuvre faite par Christ selon le témoignage de l’Ecriture. Le premier chemin est impraticable; seul le deuxième correspond à la réalité spirituelle. Car l’homme ne peut aller à l’Esprit; c’est l’Esprit qui vient à l’homme.

 La vie dans l’Esprit vécue par la foi accomplit doublement la loi: La foi attribue à Dieu l’honneur pour toute l’oeuvre du salut; la foi en la pleine suffisance du salut en Christ dirige le regard loin de soi-même vers les autres pour les aimer comme on est aimé par Dieu.

 En résumé: Le don de Dieu par l’obéissance parfaite de Christ est la condition déjà accomplie pour la réception du Saint-Esprit. En et avec Christ, le croyant reçoit le don parfait du Saint-Esprit, qui le rend capable de vivre la justice dans l’obéissance.

 Le Saint-Esprit est la source et non le but de la vie du croyant. C’est la rédemption de la loi opérée par Christ, et non l’effort de l’homme pour l’accomplir, qui est la condition pour la réception du Saint-Esprit, don gratuit de Dieu aux hommes qui croient en Jésus-Christ.

B. Enseignement erroné

 L’Esprit étant donné sur la base de la foi comme don gratuit de Dieu, la réception de l’Esprit ne peut être envisagée comme étant conditionnée par quelque mérite que ce soit de la part du récepteur.

 Il apparaît que le pentecôtisme prône un enseignement selon lequel il faut d’abord passer par une purification de tout «péché connu» avant de pouvoir recevoir l’Esprit. Cela équivaut à un renversement de la séquence biblique: la grâce est suivie et non précédée de l’obéissance.

 Cette erreur a sa racine en une compréhension défectueuse du pardon de tous les péchés accordé par la grâce seule. L’erreur consiste à penser que le pardon des péchés ne joue un rôle déterminant qu’à la conversion et cesse ensuite d’être efficace. Or la réception de l’Esprit ne dépend aucunement de la dignité du croyant (qui aurait réussi à bannir tout péché), mais uniquement de la foi en la justice totale d’un autre, le Christ.

 La thèse pentecôtiste est que le péché et le Saint-Esprit ne peuvent cohabiter dans un même coeur. Pourtant, l’Esprit et le péché habitent bel et bien dans le coeur du croyant, sinon il serait sans péché; affirmer cela ferait de lui un menteur (1 Jean 1.8).

 D’ailleurs, comment quelque croyant que ce soit saurait-il bannir le péché de son coeur sans le Saint-Esprit? Et qu’en est-il des péchés inconnus? Un péché est-il moins péché pour n’être pas connu? Le pardon reçu par grâce est complet: nous sommes délivrés des péchés (connus et inconnus) par son sang (Apoc 1.5).

 Il n’y a aucune distinction à faire entre les expressions Christ pour nous et Christ en nous, car si Christ est pour nous, il est aussi en nous, sans quoi il ne serait pas vraiment pour nous. Pas besoin «d’abandon» spécial ou «d’appropriation» particulière; l’Evangile ne connaît que la réception du Christ tout entier par le simple moyen de la foi.

 La passion pentecôtiste et charismatique pour avoir «plus» (surtout plus d’expériences spirituelles) est la conséquence d’une sous-estimation du pardon de tous les péchés accordé dès la conversion par la grâce de Dieu, pardon qui entraîne l’adoption comme fils de Dieu. Le croyant est adopté par Jésus-Christ (Eph 1.5); il a reçu un Esprit d’adoption par lequel il crie: Abba! Père! (Rom 8.15) La puissance du Saint-Esprit consiste en rien de moins ni rien de plus que la mise en oeuvre du miracle de l’adoption.

 «La justification du pécheur par Dieu est le message centrai du NT. Et la sanctification du pécheur justifié montre qu’il prend la justification au sérieux. La compréhension profonde du sens du pardon des péchés est la signification essentielle du don Saint-Esprit» (Bruner p. 234).

Prétendre que «en tant que pécheurs nous acceptons Christ, et en tant que saints nous acceptons le Saint-Esprit» revient à séparer l’Esprit du Christ. Or recevoir Christ, c’est recevoir l’Esprit de Christ, qui est identique avec le Saint-Esprit de Dieu, comme cela ressort clairement de Rom 8.9-10: . . .vous êtes sous l’emprise de l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. Et si Christ est en vous, …l’esprit est vie à cause de la justice.

 Recevoir Jésus-Christ, c’est recevoir le Saint-Esprit et devenir enfant de Dieu, ce dont l’Esprit témoigne dès la conversion (Jean 1.12; Rom 8.16).

 Vouloir séparer la réception de Jésus-Christ de la réception de l’Esprit est totalement étranger à l’enseignement du NT.

Jean-Pierre Schneider


Chaque décision ferme est l’expression d’un choix parmi plusieurs possibles. Des options différentes se présenteront d’elles-mêmes au dépens des autres. Avant d’arriver à Corinthe, Paul prit une décision résolue: «J’ai décidé dit-il de ne savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié». (1 Cor 2.2). Quelque part derrière la décision de Paul se cachait donc une alternative: la tentation de prêcher Christ sans la croix, ou alors ne pas prêcher Christ du tout mais plutôt la sagesse du monde.

Pourquoi Paul devait-il prendre une telle décision en arrivant à Corinthe? Qui étaient ces Corinthiens qui l’intimidaient au point qu’il vint vers eux «dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement»? (1 Cor 2.3). Quelles objections avaient-ils envers le message du Christ et de la croix?

Je croix très important d’approfondir ces questions car, se faisant, nous mettrons à jour les principales objections que l’Evangile soulève aujourd’hui. Nous verrons clairement aussi pourquoi nous avons besoin d’adopter une décision semblable à celle que Paul prit il y a plusieurs siècles.

Une décision cruciale – suite.

Une objection intellectuelle

La première objection à laquelle Paul dû faire face est d’ordre intellectuel. – La folie de Christ crucifié -. Il avait déjà rencontré cette objection à Athènes (Actes 17) et les Philosophes de là-bas ne l’avaient pas ménagé.

Ils l’avaient appelé «picoreur» (spermologos) car ils pensaient qu’il prenait de-ci de-là des fragments de connaissance et qu’il n’avait pas en tête d’idée originale.

Ils le raillaient: «Qu’est-ce que veut dire ce picoreur?» et lorsqu’à la fin de son discours il parla de la résurrection des morts, il se moquèrent et rirent aux éclats. […]

Il y a peu de doute que les Corinthiens réagirent de la même manière quand Paul a prêché Christ et la croix. D’ailleurs Paul nous dit que la croix était une folie pour ceux qui périssaient (1 Cor 18.23).

Pour les Juifs incroyants il était inconcevable que le Messie meure sur un bois, lieu de la malédiction divine; pour les grecs incroyants, il était grotesque qu’un Dieu immortel puisse mourir.

Inutile de préciser que le message du Christ et de son sacrifice est du point de vue intellectuel autant détesté aujourd’hui qu’il l’était au premier siècle à Athènes ou accordant. Ce message est qualifié de primitif, injuste, immoral, barbare et non crédible.

Nietzsche qui vénérait la puissance, détestait Jésus pour sa faiblesse et il réserva ses invectives les plus amères pour la conception chrétienne d’un Dieu qui serait «Dieu des malades, Dieu béquille»; ainsi que pour le Messie qu’il rejette avec mépris comme «Dieu sur la croix».

Le professeur Alfred Ayer, philosophe de la linguistique à Oxford, a dit qu’il y a de bons arguments pour considérer le Christianisme comme la pire des religions d’importance historique. Pourquoi? Parce que, dit-il, elle repose sur les doctrines conjointes du péché originel et de l’expiation vicaire qui sont méprisables intellectuellement et outrageantes moralement. […]

N’espérez pas être un prédicateur à la mode si vous prêchez Christ crucifié. La croix du Christ est encore folie aux yeux du sage selon ce monde.

Une objection religieuse

Une deuxième objection était d’ordre religieux: c’est le caractère exclusif de l’Evangile. Corinthe n’était pas moins idolâtre qu’Athènes […] On y honorait plusieurs dieux, et ces dieux se toléraient réciproquement en une amicale coexistence. Les Corinthiens n’auraient pas élevé d’objection si les chrétiens s’étaient contentés d’ajouter Jésus à leur panthéon. Il n’y avait pas de limite au nombre de dieux qu’ils étaient prêts à adorer.

Mais l’apôtre Paul avait autre chose en tête. Il voulait que Corinthe, avec tous ses habitants et tous ses dieux, se prosterne et adore le seul Jésus. Il vint à Corinthe pour annoncer Jésus comme l’unique Sauveur des pécheurs et le seul Seigneur à adorer. Il déclara que bien qu’il y ait plusieurs «dieux» et plusieurs «seigneurs», il n’y a en fait qu’un Dieu, le Père, par qui et pour qui toute chose existe, et il y a un seul Seigneur, Jésus-Christ, par lequel naquit l’univers et à travers lequel nous existons (1 Cor 8.56). […]

La situation religieuse du monde n’a pas beaucoup changé. Il est vrai que les anciens dieux grecs ou romains ont été oubliés depuis longtemps, mais il y a de nouveaux dieux qui les ont supplantés.

Le caractère pluraliste de la religion en Europe va croissant. Non seulement les anciennes religions orientales connaissent une résurgence mais de nouveaux cultes émergent comme ce qu’on nomme le mouvement du «Nouvel Age». Ce que les gens veulent en Europe c’est un syncrétisme facile, une trêve dans les conflits religieux et un amalgame de ce que chaque religion offre de meilleur.

Mais nous, chrétiens, nous disons non! Nous prétendons que Jésus-Christ est unique et définitif, car il n’a ni successeur, ni semblable, ni rival.

Il est le seul médiateur entre Dieu et l’homme, homme lui-même, qui donna sa vie en rançon pour la multitude. (1 Tim 2.5-6) et il n’y a de salut en aucun autre (Actes 4.12). Il a été élevé pour que tout genou fléchisse devant lui et que toute langue le confesse comme Seigneur (Phil. 2.9-11).

Cette prétention à l’exclusivité concernant Jésus provoque aujourd’hui un profond ressentiment. Elle est considérée comme intolérablement intolérante et comme la marque d’une excessive étroitesse d’esprit.

Une objection personnelle

En troisième lieu, il y avait une objection de type personnel, à savoir la résistance à l’abaissement de l’orgueil humain.

L’idée que les êtres humains sont parfaitement capables d’accomplir leur propre salut est commune à toutes les religions – excepté le christianisme. Par l’accumulation de leurs mérites ils peuvent gagner le salut qu’ils recherchent. Or cette doctrine d’un salut par soi-même est très flatteuse pour notre estime personnelle, très séduisante pour l’orgueil humain. Les Corinthiens ne faisaient pas exception: Ils étaient très fiers de leur ville, de leur commerce, de leur prospérité, de leur bien-être, de leur intelligence, de leur culture et de leur religion. […]

Quand Paul arriva, il eut l’effronterie de dire à ces fiers Corinthiens que ni leur sagesse, ni leur richesse, ni leur religion, ni rien ne pouvait les sauver du jugement de Dieu, excepté Jésus-Christ, Ils ne pouvaient en rien contribuer à leur salut, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Christ était mort pour eux; sans lui ils périraient.

Pour qui Paul se prenait-il pour insulter les Corinthiens de cette manière?

La croix était une retentissante humiliation pour un peuple orgueilleux. Elle l’est aujourd’hui encore. Comme Emil Brunner l’a dit dans son ouvrage «Le Médiateur», dans toutes les autres religions «il est épargné à l’homme l’humiliation finale de savoir que le Médiateur devra subir le châtiment à sa place… il n’est pas mis radicalement à nu». Mais l’Evangile nous met à nu et nous déclare «en faillite». La seule manière de venir à Christ, c’est les mains vides, dans l’attente de la grâce.

Christ est mort pour nous. S’entendre dire cela est une offense pour notre orgueil car nous ne pouvons pas gagner notre propre salut.

Une objection éthique

Quatrièmement, Paul rencontra une objection d’ordre moral, liée à l’appel à la repentance et à la sainteté.

Corinthe était un centre commercial florissant. Elle commandait les routes du commerce vers le nord, le sud, l’est et l’ouest. La ville était pleine de marchands, de voyageurs et de marins. Etant étrangers dans cette ville étrange, ils se souciaient peu de retenue morale. De plus la déesse Aphrodite, que les Romains appelaient Vénus, la déesse de l’amour, rassemblait ses courtisans dans son temple sur l’Acro-Corinthe.

Elle encourageait la promiscuité sexuelle parmi ses adeptes en fournissant même un millier de prostituées qui marchaient la nuit dans les rues de Corinthe. […]

Dans une ville immorale comme Corinthe, vous pouvez difficilement vous attendre à ce que les gens accueillent l’Evangile de Christ, avec ses appels à la repentance, ses avertissements à ceux qui se livrent à de telles pratiques et par conséquent n’hériteront pas du royaume de Dieu (1 Cor 6.9). Avec encore son insistance sur le fait qu’après la justification vient la sanctification et avec la sanctification vient la glorification, lorsque le mal aura été aboli.

Le monde actuel n’est pas plus complaisant envers l’Evangile que ne l’était Corinthe. En effet ne dit-il pas: «Des absolus moraux, cela n’existe pas. Il n’y a pas de morale sexuelle, tout au plus des préférences sexuelles: Si cela vous tente, faites-le. Ce n’est qu’une affaire de mode, ce sont les manières d’aujourd’hui. De plus, nous savons de nos jours qu’il est mauvais de se retenir et que la permissivité est bonne. Le christianisme avec toutes ses interdictions est l’ennemi de la liberté.»

Telle est l’objection morale à l’Evangile que nous rencontrons aujourd’hui.

Une objection politique

En dernier lieu s’élevait une objection politique: la souveraineté de Jésus-Christ. Il y avait beaucoup de ferveur patriotique, voire même de fanatisme politique dans l’empire romain. Les procurateurs romains loyaux l’encouragaient et agissaient avec violence pour briser toute tentative de rebellion contre Rome. La Palestine le savait à ses dépens.

Il est bon de se souvenir que Jésus a été condamné dans un tribunal romain pour un délit politique – sédition – pour avoir prétendu qu’il était un Roi alors qu’il n’y avait qu’un seul Roi, César.

Paul et Silas à Thessalonique ont été accusés de défier les décrets de César en disant qu’il y avait un autre roi qui s’appellait Jésus (Actes 17.7).

Ces accusations étaient-elles fondées ou infondées?

Les deux à la fois, suivant comment vous les comprenez. Ni Jésus, ni les apôtres n’ont fomenté une rebellion armée contre Rome. Ils n’étaient pas des Zélotes, ils ne croyaient pas en la violence. Mais ils proclamaient que Jésus était Roi et que Dieu l’avait élevé au-dessus de toutes les principautés et puissances dans le ciel et sur la terre, et qu’il dominait même César.

Les premiers chrétiens refusaient de répandre l’encens sur le feu qui brûlait devant le buste de César et de dire «César est Seigneur».

Non, disaient-ils «Jésus est Seigneur». Ils étaient prêts à être jetés aux lions plutôt que de renier l’autorité suprême de Jésus.

De nos jours encore, la chose essentielle qu’un régime totalitaire ne peut supporter est de se voir refuser la soumission totale qu’il exige.

Les chrétiens doivent se soumettre à l’Etat tant que leur conscience le leur permet; mais bien sûr, la désobéissance civile existe dans la Bible. Si l’Etat nous commande de faire ce que Dieu interdit, ou nous interdit de faire ce que Dieu demande, nous devons désobéir à l’Etat pour obéir à Dieu. Nous ne pouvons pas adorer l’Etat, faire à son égard acte d’allégeance inconditionnelle.

Jésus est mort et ressuscité afin d’être Seigneur des vivants et des morts. Il nous a sauvés et fait siens, de manière à ce que nous lui donnions notre allégeance suprême. Nous ne la donnerons pas à l’Etat, ni à personne d’autre.

Voici donc cinq objections à l’Evangile de Christ et de Christ crucifié, objections que Paul s’attendait à rencontrer à Corinthe. Il savait que son message serait considéré comme stupide intellectuellement – incompatible avec la sagesse – religieusement exclusif – incompatible avec la tolérance: personnellement humiliant – incompatible avec l’estime de soi; moralement exigeant – incompatible avec la liberté; et politiquement subversif – incompatible avec la loyauté envers César.

Rien d’étonnant à ce Paul ait à prendre une décision. Rien d’étonnant à ce qu’il soit venu à Corinthe dans la faiblesse, rempli de peur et de tremblements. Il devait prendre une décision positive pour prêcher Christ, l’Evangile de Dieu concernant Jésus-Christ et particulièrement sa crucifixion, et il devait prendre une décision négative contre la sagesse du monde et toutes les alternatives terrestres à l’Evangile.

Ces Corinthiens du 1er siècle sont représentatifs: le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est tout aussi hostile à l’Evangile. Nous nous abusons nous-même si nous imaginons que nous pouvons rendre populaire l’Evangile authentique.

Ne vous méprenez pas sur le sens de mes paroles: l’Evangile véritable est une musique aux oreilles des pécheurs qui savent qu’ils sont moralement en faillite et n’ont rien à offrir en compensation.

Il promet le repos à celui qui est faible, la paix à celui qui est dans la crainte, le pardon au coupable et la liberté à ceux qui sont en esclavage. Mais pour les orgueilleux, il ne sera jamais populaire.

L’Evangile est trop simple en une époque de rationalisme, trop étroit à l’âge du pluralisme, trop humiliant à l’âge de la confiance en soi; trop exigeant à l’âge de la permissivité et trop peu patriotique à l’époque des nationalismes aveugles.

Nous devons prendre ainsi une décision entre la sagesse du monde, qui est folie aux yeux de Dieu, et la folie de la croix qui est la sagesse de Dieu. Paul a pris sa décision.

Nous devons prendre la nôtre. Qu’allons-nous partager avec nos amis? Le véritable Evangile ou un évangile qui a été corrompu dans le but de satisfaire l’orgueil humain? Nous ne pourrons pas échapper à cette décision.

Dr John Stott

«Car j’ai décidé de ne rien savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié.» (1 Cor 2.2)

Avec la permission de Dr Stott.

    * Extraits d’un exposé biblique que John Stott a donné à Wurzburg, Pâques 1988, au Congrès Européen de l’IFES, consacré à l’évangélisation, paru dans IFES Overvicw 88/89 sous le titre «Crucial Decision ». Ce texte a été traduit par Louis Jeanjean (Lausanne).


4.1-6: Élaboration du test doctrinal

A. Contrastes

1. Aimer les frères… ne pas aimer le monde (3.11-2.15).
2. Croire au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu… ne pas croire tout esprit (3.23-4.1).
3. Les vrais prophètes: animés par l’esprit de vérité… Les faux prophètes: animés par l’esprit de l’antichrist et de l’erreur (4.2,64.3,6).
4. L’esprit animant les vrais prophètes vient de Dieu… L’esprit animant les faux prophètes vient du diable (4.1-4.3).
5. L’esprit venant de Dieu affirme: Jésus est le Christ venu en chair… L’esprit venant du diable affirme: Christ est venu dans la chair de Jésus à son baptême et l’a quitté avant la croix (hérésie de Corinthe) (4.2-3).
6. Confesser ou non le Fils est égal à avoir ou non le Père, et aussi à être inspiré ou non par l’Esprit (2.23-44-3).
7. Celui qui est en vous: l’Esprit de vérité… Celui qui est dans le monde: l’esprit de l’erreur (4.4-6).
8. Caractéristique du peuple de Dieu: il écoute la parole de Dieu… Caractéristique du monde: il écoute les paroles du diable (4.4,6).
9. «Eux»: les faux docteurs… «nous»: les vrais docteurs (4.54.6).

B. Le point essentiel: la foi

L’injonction ne vous fiez pas à tout esprit sous-entend que des faux prophètes étaient à l’oeuvre dans l’église visée par Jean. Paul écrivait d’une manière semblable aux Corinthiens (1 Cor 12 et 14), comme l’écrit Stott dans son commentaire: «La toile de fond de ces versets (1 Jean 4.1-6) est une situation dans laquelle les phénomènes surnaturels comme «la prophétie» et les «langues» étaient dominants. Des âmes simples étaient, et sont encore, si impressionnées par de telles manifestations qu’elles en étaient éblouies. Le présent n’ajoutez pas foi à toue esprit (v. 1) indique que les lecteurs de Jean avaient tendance à accepter sans esprit critique tout enseignement qui semblait être donné sous l’inspiration. Ils avaient besoin qu’on leur montre qu’identifier le surnatuel au divin étail une erreur dangereuse> (Findlay). Le souci de Jean était qu’ils puissent tester non pas tellement le caractère de la parole inspirée, si elle était vraie ou fausse, mais son origine, si elle était diabolique ou divine. Ce besoin d’une évaluation critique des maîtres religieux a toujours été ressenti.» (John Stott, «Les épîtres de Jean», p. 147-148)

Ici et là, des faux prophètes se réclamaient d’inspiration divine, éblouissant les croyants par trop crédules par des signes spectaculaires (glossolalie, guérisons, miracles, expériences mystérieuses…)

Q1 Quel est le test proposé par Jésus pour reconnaître les faux prophètes?
Q2 Quel test est proposé par Jean?

Cette confession de l’incarnation implique la rédemption: Christ est venu en chair pour expier le péché de l’humanité en son corps d’homme et par son sang non entaché du péché originel, afin de réconcilier les pécheurs repentants avec Dieu.

Incarnation, croix, résurrection et ascension sont inséparables.

Q3 Suffit-il de confesser que Jésus est le Christ venu en chair?
L’incarnation révèle la vraie destinée de l’homme par l’union de l’humain et du divin un Christ.
L’antichrist divinise l’homme et nie la nature en même temps divine et humaine du Christ.

Q4 De quel ordre est la victoire remportée contre les faux prophètes?
Q5 Quelle est la raison de cette victoire?
Q6 A quelles deux choses la victoire est-elle donc attribuable?

Christ en tant que Dieu-homme est reçu par les chrétiens, qui écoutent la Parole, et rejeté par les incrédules, qui ne l’écoutent pas. Le peuple de Dieu est imprégné par la Parole, sa pensée en est formée et ses actions la reflètent. Le monde qui n’écoute pas se juge lui-même et le faux message qu’il écoute (Jean 3.18-19).

Conclusion

Il y a un double critère permettant de reconnaître l’esprit de vérité et l’esprit de l’erreur. D’une part, la doctrine que les prophètes, à savoir les apôtres et autres écrivains de la Bible enseignent, et qui est propagée par ceux qui la reflètent fidèlement, qui se soumettent donc entièrement à l’autorité des textes sacrés de la Bible seule. D’autre part, l’esprit de vérité est discernable dans ceux qui écoutent l’enseignement.

Jean-Pierre Schneider
Réponses aux questions

R1 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits (Mat 7.15-16).
R2 La confession (publique) que Jésus est le Christ venu en chair.
R3 Non! Lisez Rom 10.9-10.
R4 D’ordre intellectuel: les chrétiens ne se sont pas laissé tromper sur le plan doctrinal; ils ne les ont pas cru.
R5 Celui qui est en vous (le Saint-Esprit) est plus fort que celui qui est dans le monde (Satan).
R6 A la doctrine correcte et à la présence du Saint-Esprit

Thèses sur les fondements du bien biologique et politique

I. Ni l’homme, ni la société, ni l’univers lui-même ne détiennent en eux-mêmes leur propre finalité, leur propre raison d’être. Toutes les créatures que contient notre univers sont contingentes et limitées; leur finalité et leur raison d’être se trouvent dans le Dieu créateur. Il est leur origine et leur fin et c’est en Lui qu’ils ont le mouvement, l’existence et l’être.

II. Le cadre dans lequel se trouve le bonheur des hommes, le bien de la société et l’équilibre de la nature a été fixé par le Créateur de toutes choses.

III. Ce cadre qui est celui de la création elle-même nous est connu par la Révéla­tion de Dieu, la Bible. Les normes morales, sociales et politiques contenues dans les saintes Ecritures, dans la Loi divine, ont été données par le Créateur pour que l’homme, la société qu’il forme avec ses semblables, ainsi que la nature entière sur laquelle il doit exercer sa domination, puissent exister dans l’ordre harmonieux voulu pour eux par le Créateur.

La juste compréhension de la Loi biblique et son application appropriée à nos circonstances présentes requiert, outre l’usage correct de notre raison, le secours du Saint Esprit.

IV. De ces considérations il s’ensuit que les limites des actions des hommes dans tous les domaines, y compris son action politique et biologique, sont fixées dans le cadre précis défini par ces commandements. Dieu a révélé sa Loi aux hommes afin qu’en l’appliquant à tous les domaines ils puissent avoir une influence bénéfique sur la création. C’est dans le retour à Dieu par une repentance véritable et dans la foi à l’expiation rédemptrice de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, que nous pourrons à nouveau observer cette bonne Loi avec le secours du Saint Esprit. Son application aux problèmes apparemment insolubles de notre temps pourrait nous permettre de trouver des issues heureuses et raisonnables à toutes les impasses dans lesquelles nous nous sommes fourvoyés en nous dressant contre notre Créateur et en méprisant orgueilleusement ses plans pour la création. Toute action politique, législative ou scientifique qui voudra ignorer ou s’opposer à cette Loi porteuse de santé physique, sociale et politique ne pourra qu’aggraver les difficultés dans lesquelles nous nous débattons aujourd’hui.

V. Il s’ensuit nécessairement que toute l’action, tant du législateur politique que du chercheur scientifique en vue du bien des hommes et de la nature doit obligatoirement se limiter aux prescriptions de cette Loi divine et créationnelle bienfaisante.

VI. Les saintes Ecritures nous rappellent l’existence de divers ordres dans la création. Ces distinctions sont exactement corroborées par les grandes divisions qu’opère la recherche scientifique dans son étude de l’univers – ordres qu’il est indispensable de respecter si nous désirons que notre action ne soit ni frappé d’impuissance, ni nuisible. Ces ordres sont les suivants:

A) Le monde proprement matériel, celui de la nature inorganique et de ses lois chimiques et physiques.

B) Le monde de la vie biologique organique dont les composants moléculaires sont d’une complexité beaucoup plus grande que ceux de la simple matière.

C) Finalement le domaine de l’homme lui-même, appelé à dominer sur les deux ordres précédents. Ce caractère spécifique de l’homme, marqué par ces traits uniques que sont sa capacité de communion avec Dieu, l’usage de la parole et de la pensée, la conscience et la liberté etc. le situe tout-à-fait à part des autres ordres de la création malgré les fondements bio-chimiques qu’il partage avec le reste de l’univers et de nombreuses ressemblances physiologiques avec le monde animal. La Bible caractérise cette particularité de l’homme constaté par l’observation empirique des sciences en affirmant de lui qu’il a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

VII. Il est ainsi impossible de traiter la nature inanimée de n’importe quelle façon sans encourir les conséquences les plus graves: destruction des sols, déséquilibre de leur composition chimique, pollution chimique et atomique de la terre, de l’eau et de l’air.

De même nous ne pouvons abuser de la vie végétale sans conséquences catastrophiques. Ce qu’on appelle «la mort des forêts» en est une indication manifeste. Pour ce qui concerne les animaux eux-mêmes les conséquences d’abus scientifiques (mauvais traitements et cruauté expérimentale envers les animaux), et commerciaux (élevage en batteries, croissance forcée par l’usage d’hormones, etc.) ne sauraient être sur-estimées. La Loi de Dieu exige de nous le respect de ces créatures. Elles ne sont pas simplement des objets livrées à nos fantaisies même si nous pouvons les utiliser légitimement.

De telles considérations sont bien plus pertinentes encore en ce qui concerne les hommes. L’homme ne doit être traité ni comme un objet. ni comme un légume, ni comme un animal. La pornographie et certaines formes de publicité, par exemple, en font un simple objet. Le refus et de la volonté et de l’intelligence des enfants par certaines formes d’éducation les réduisent quasiment à un niveau végétatif. L’utilisation courante dans les écoles de méthodes d’enseignement basées sur la manipulation des réflexes conditionnés des élèves les réduisent à l’état d’animaux manipulés expérimentalement. Dans les divers ordres de la création la spécificité propre à l’homme est d’être crée à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est en particulier cette ressemblance de tout homme avec le Créateur qui le distingue des animaux.

La Loi de Dieu cherche à protéger les animaux et le monde végétal de la rapacité des hommes; elle condamne ceux qui détruisent la terre; mais elle est bien plus sévère encore pour ceux qui détruisent les hommes: elle exige la destruction de celui qui s’arroge le droit d’assassiner son prochain.

VIII. Bien que l’Ecriture Sainte ne s’adresse pas de manière explicite à la question précise du statut propre au zygote, à l’embryon ou au foetus, son enseignement implicite constant est que l’être vivant qui se trouve en gestation dans le sein d’une mère humaine est une être pleinement humain dès sa fécondation et à tous les stades de son développement. Cet enseignement tiré de l’Ecriture Sainte est pleinement corroboré par les découvertes les plus récentes de la biologie humaine. Dès sa fécondation – avec l’exception de jumeaux identiques qui peuvent parfois se former quelques jours plus tard – le zygote, l’oeuf de la femme fécondé par le sperme masculin, est un être humain à part entière. Toutes les caractéristiques de sa nature biologique propre sont déjà inscrites dans la mémoire de son code génétique. Le développement qui va de l’oeuf fécondé (le zygote), à l’embryon, au foetus, au nouveau-né, au bébé, à l’enfant, à l’adolescent, à l’adulte et pour finir au vieillard, ne connaît aucune interruption. A moins d’une interruption, qui constituerait rien de moins que la mort d’un être humain, le développement que nous venons de décrire en citant les mots qu’utilise la langue française pour parler l’être humain aux différents stades de son développement, se produira immanquablement. La destruction homicide volontaire de cet être à n’importe quel stade de sa croissance constitue un meurtre qui devrait, dans tous les cas, être réprimé par les lois en vigueur pour de tels crimes.

IX. Cette donnée fondamentale de l’unicité du parcours de l’être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort simplifie grandement toutes les questions morales relatives à la manipulation en laboratoire de la vie humaine débutante, ceci tant en ce qui concerne la fivete (fécondation in vitro) que pour les manipulations génétiques proprement dites (remplacement de gènes sur l’ADN). Vu que cet ovule fécondé est un être humain il doit être rigoureusement traité comme tel. Comme l’enfant, l’adolescent, l’adulte ou le vieillard, le zygote, l’embryon et le foetus doivent faire l’objet de la protection normale qu’accordent les lois aux hommes et aux femmes après leur naissance. Il s’ensuit que comme toute expérimentation scientifique est interdite sur des être humains sans considération de leur âge, il en est de même pour cet être humain avant sa naissance. Ainsi est exclue rigoureusement toute expérimentation sur des ovules fécondées, sur des zygotes, sur des embryons ou sur des foetus entrainant des malformations et autres conséquences néfastes, Par ailleurs la science médicale interdit tout traitement qui entraînerait nécessairement la mort du patient. Ainsi est aussi exclue toute thérapie s’adressant à des ovules fécondés, à des zygotes, à des embryons et à des foetus qui entraînerait nécessairement la mort des êtres humains qu’ils sont. En conséquence, est rigoureusement interdite tant la fivete que les diverses manipulations génétiques qui aboutissent toujours à la mort de plusieurs oeufs humains fécondés, c’est-à-dire d’être humains comme vous et moi. Ces pratiques doivent être totalement proscrites car elles entraînent volontairement la mon en laboratoire d’êtres pleinement humains images du Dieu vivant. Notre indifférence face au meurtre scientifique et médical d’un nombre incalculable de ces plus petits de nos frères ne peut qu’entraîner les jugements les plus sévères et les plus fréquents de leur Créateur.

X. Pour conclure, nous devons réclamer que la définition de l’être humain, objet de loi, par notre système juridique, parte, non de la naissance, comme c’est le cas aujourd’hui, mais de sa conception. Une telle. modification de la définition légale de l’être humain objet de loi accorderait sans autre à l’oeuf fécondé, au zygote, à l’embryon et au foetus le même statut légal et la même protection que nos lois accordent à leurs frères et soeurs aînés qui se nomment bébés, enfants, adolescents, adultes et vieillards et cela sans ajouter la moindre loi à nos codes déjà surchargés.

Jean-Marc Berthoud


Juger ou ne pas juger?

On entend dire à tout propos: «Il ne faut pas juger!» Mais, dans bien des cas, l’Écriture nous ordonne de juger. Nous avons donc besoin de discernement.

I. Des contradictions apparentes

Ne jugez point…: Mat 7.1. Jugez selon la justice: Jean 7.24.
Je ne me juge pas moi-même: 1 Cor 4.3. – Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés: 1 Cor 11.31.
Ne jugez de rien avant le temps: 1 Cor 4.5. – L’homme spirituel juge de tout: 1 Cor 2.15. Comparez aussi Jean 12.47 avec 5.30; 8.15,16.

II. Ce que nous ne devons pas juger

1. Nous ne devons pas juger le service d’un autre croyant, car Dieu seul connaît les coeurs et la motivation de chacun: Mat 7.1; Rom 14.4; 1 Cor 4.1-5.

2. Nous ne devons pas juger ceux qui ont des scrupules à propos de ce qui est en soi-même ni bien ni mal: Rom 14.13.

3. Nous ne devons pas juger avec partialité en nous laissant impressionner pas l’apparence extérieure: 1 Sam 16.7; Jean 7.24: Jac 2.1-4.

4. Nous ne devons pas juger les autres en disant des méchancetés contre notre prochain: Jac 4.11,12; 5.9.

III. Ce que nous devons juger

1. Chaque chrétien doit se juger lui-même afin de ne pas attirer sur lui le jugement du Seigneur: I Cor 11.27-34.

2. Nous pouvons être appelés à juger si quelqu’un est né de nouveau, car l’Écriture nous ordonne de ne pas nous associer avec des inconvertis: 2 Cor 6.14-18; comparez Lév 19.19; Deut 22.10.

3. Les croyants sont responsables de juger si ce qu’on leur enseigne est conforme à la Parole de Dieu: Mat 7.15-20; 1 Jean 4.1; 1 Cor 14.29; 10.15.
Cette responsabilité incombe tout particulièrement à ceux qui ont de l’expérience et une connaissance plus approfondie de la Parole: Héb 5.13,14.

4. Chaque assemblée est responsable d’exercer un jugement vis-à-vis de ceux dont la conduite est répréhensible: 1 Cor 5.3,12,13.

5. Les chrétiens de chaque assemblée locale doivent avoir du jugement pour discerner ceux qui sont qualifiés pour diriger l’assemblée: 1 Thes 5.12 (version Darby).

6. Lorsqu’un différend survient entre chrétiens, ils ne devraient pas aller en cour, mais l’affaire devrait être réglée par des frères spirituels: 1 Cor 6.1-8.

IV. Conclusion

Sachons nous abstenir d’un jugement charnel, prématuré, irréfléchi, mais apprenons à discerner, en communion avec Dieu, selon l’Ecriture. ce que Dieu nous appelle à juger.

Ne soyez pas des enfants au point de vue du jugement… soyez des hommes faits: 1 Cor 14.20.

Jean-Paul Berney


Chronique de livres
Titre: «Sept jours pour un monde» (63 pages)
Auteur: Michel Cornut
Editeur: Presses bibliques universitaires, 1986, Lausanne

Evolution chez les évangéliques?

Le livre de Michel Cornut présente le mélange confus qui est trop souvent offert par les clercs; cela est d’autant plus navrant que l’auteur se présente comme «évangélique». C’est avec raison que Francis Schaeffer a écrit un livre intitulé «Le grand désastre évangélique».

Dans son introduction, Cornut annonce la couleur; comme tous les libéraux et les modernistes, il dit qu’il y a deux récits de la création… en accord avec «les théologiens et les scientifiques» qui ont lu son manuscrit. Son argumentation, dit-il, s’appuie sur des citations «des vulgarisateurs et des penseurs scientifiques actuels ou commentateurs reconnus»: certains sont libéraux, d’autres sont évangéliques ou néo-évangéliques. Malgré l’affirmation: «la foi repose sur Dieu lui-même et sa révélation, jamais sur la science et ses théories», la préface provoque un malaise, car on sent bien que c’est un langage à double sens qui va courir tout au long du texte.

Le premier chapitre présente «la théorie scientifique de l’évolution» par un exposé sur la formation des théories des sciences exactes (physique, chimie…), ce qui est une erreur, car aucune de ces théories ne peut donner une explication globale de l’univers, sans extrapoler des centaines de milliers de fois à partir des connaissances actuelles. D’autre part, la théorie de l’évolution n’appartient pas aux sciences exactes. «La science utilise la méthode expérimentale», dit-il; c’est exact, mais ce qui est encore plus vrai, c’est qu’aucune expérience n’a jamais confirmé la moindre partie de la théorie de l’évolution. Pour faire croire qu’elle pourrait être confirmée, il faut l’assimiler à une théorie physique conduisant à de nombreuses applications, comme par exemple la théorie de l’électromagnétisme de Maxwell qui est à la base de l’électricité, des télécommunications, des lasers… Mais voilà, l’évolutionnisme ne sert a rien et n’a pas avancé d’un pouce depuis Darwin, dans le marécage du hasard et de la nécessité.

«La théorie de l’évolution a des conséquences sur la conception du monde et de la vie de l’homme moderne.» Certes oui! Si les hommes sont arrivés sur terre selon cette théorie, nous pouvons reprendre la réflexion de A. Kasler (un de nos prix Nobel): «Entre le dieu de Darwin imposant aux êtres l’implacable et impitoyable loi de la sélection naturelle, et le Dieu de Jésus, il n’y a aucun compromis possible.» Cornut ne dit pas que le principe directeur de l’évolution est la mort. L’Ecriture Sainte nous dit que c’est la désobéissance d’Adam qui a introduit la mort dans la bonne création de Dieu.

Le chapitre 2 met en question l’autorité de la Bible, à à partir de l’idée de progrés et de modernité. La présentation critique de la Genèse s’étale; celle-ci contiendrait des divergences, comme les Evangiles. Si «la Bible débute par la création, c’est que la notion de celle-ci est apparue dans la conscience du peuple élu, après une longue maturation», formulée dans le «contexte culturel» du temps de l’exil. Le chapitre 1 de la Genèse ne serait donc plus révélation de Dieu, mais une copie améliorée des récits babyloniens, d’après les résultats de «l’analyse contextuelle». La même analyse appliquée à la résurrection, conduit-elle aussi à dire que celle-ci n’a eu lieu que dans la mémoire des premiers chrétiens…

Le troisième chapitre met «Théorie et récit face-à-face»; par exemple: «Est-il possible d’approcher scientifiquement la question des origines sans renier le Créa¬teur… et proposer une théorie explicative sans recours au surnaturel?» Sous cette formulation se cache le péché actuel des hommes. Peut-on, en effet, approcher scientifiquement c’est à dire expérimentalement l’origine sans se mettre à la place de Dieu?

Le domaine de la science est notre environnement proche, que Dieu nous donne à garder et à gérer. «Sans recours au surnaturel» veut dire rejeter les miracles, c’est à dire ne pas reconnaître que Dieu et le Christ sont les maîtres des lois de la création et que dans la Bible le surnaturel est avant le naturel. Il n’y a pas de foi chrétienne sans les miracles du Christ, signes qu’il est co-Créateur, qu’il peut donc être le Rédempteur, qu’il nous sauve dans le monde et avec le monde, objet de son amour.

Bien sûr, il y a des points positifs, mais vérité et erreurs sont mélangées. Qui peut faire le tri? Un spécialiste, placé au-dessus des pauvres bougres de croyants, qui croient ce que dit la Bible? Le modèle de l’évolution ne menace pas la vraie foi, qui est un don de Dieu à l’individu régénéré par l’Esprit Saint. Par contre, l’évolution-nisme scandalise les petits et éloigne les croyants des églises qui tiennent de tels propos.

Quant au sort que l’auteur, fait aux créationnistes, pour en juger, il faut lire le livre (en français) du Dr Monty-White. Celui-ci est un scientifique qui travaille dans les laboratoires de l’Université du Pays de Galles; venu de l’athéisme à la foi au Christ et au Dieu Créateur, il est passé par l’évolutionnisme et en a vu le non-sens et les erreurs. Il a ainsi reconnu que la lecture de la Bible telle qu’elle est pratiquée par les croyants, est conforme aux desseins de Dieu Seigneur et Sauveur.

Nous aurions soi-disant (p. 52) «une peur refoulée que la Bible ne soit pas vraie». Cette remarque me fut adressée jadis par un pasteur qui occupait un niveau élevé dans le clergé de l’Eglise et qui sombra dans «l’athéisme chrétien». Nous devons retourner le compliment et dire que précisément la Bible est vraie et qu’elle nous parle de tout, non seulement de notre salut, mais aussi de notre façon de vivre et aussi de la science.

Notre commentaire est un peu sec, mais peut on faire autrement face à une offensive du modernisme qui se glisse insidieusement partout dans les églises«Notre époque est une époque de manipulation subtile» nous dit Francis Schaeffer dans «Impact et crédibilité du Christianisme».

A. Coste


Fondements (3)

A. Préliminaire

Son origine: le doute («Dieu aurait-il dit?»); autrement dit: manque de foi en la parole de Dieu (incrédulité).
Son occasion: la convoitise (elle est de taille: être comme Dieu!) [Rom 7.7]
Sa conséquence: la mort de l’amour (pour Dieu et le prochain) et du corps.
Son remède: la mort de Dieu (son sang) et ma mort avec lui, suivie de la résurrection à la vie.
Son abolition: dans le royaume éternel (nouvelle terre et nouveaux cieux). [1 Cor 15.54-57]

B. Le péché dans l’Ancien Testament

1. Vocabulaire
a) manquer son but (action sans valeur)
(«J’ai péché»: litt: «Je me suis égaré», 2 Rois 18.14)
b) quelque chose de tordu, de pas droit
c) le verbe: souvent «se révolter» (1 Rois 12.19)

2. Signification

Pas de distinction entre le péché et celui qui pèche. Les pécheurs sont des méchants. Les «justes» aussi bien que les «injustes» sont pécheurs de naissance.

Le péché se définit par rapport à Dieu. Il a tout créé bon et en vue du bonheur («Dieu bénit», dans le récit de la création). Tout ce qui agit contrairement à cette intention est péché. Par sa désobéissance, Adam s’oppose à la loi de Dieu et au principe de la vie et entraîne toute l’humanité dans cette voie, qui mène à la mort.

Depuis Adam, l’homme est pécheur dès sa naissance; il a perdu sa liberté de faire le bien et est penché vers la mal (péché originel).

A noter: Ce qui est héréditaire, ce n’est pas la culpabilité, mais la corruption de tout être humain, physique et morale.

La tendance de refuser l’obéissance à Dieu et d’être son propre maître (qui remplace Dieu) est enracinée dans le coeur (Gen 8.21).

Tout péché appelle une punition: Dieu s’en charge, soit par le moyen de l’expiation (sacrifices), soit en punissant l’impénitent (sans repentance, les sacrifices sont inefficaces; exemple: Saùl). Car tout péché est d’abord une offense faite à Dieu (2 Sam 12.13). Même les péchés involontaires restent péchés et doivent être expiés.

Tous les malheurs sont la conséquence du péché. Cela explique la souffrance des «innocents» (Job!), car tous sont pécheurs et sont sous la colère de Dieu: dans ce sens, il n’y a pas d’innocents.
 Le péché sépare l’homme de Dieu et de son prochain; il crée la peur envers Dieu et le prochain. Il nuit à l’individu et à la communauté.

Pour rétablir les relations avec Dieu et dans la communauté, Dieu fait alliance, d’abord avec toute l’humanité (par Noé), puis avec un homme de foi (Abraham) et toute sa descendance (Isaac, Jacob), et puis avec le peuple d’Israël au 5mai (cf Gen 9 et 15; Ex 19 et 24).

Les prophètes ont prédit la suppression du péché et de ses maux dans le royaume messianique.

C. Le péché dans le Nouveau Testament

1. Vocabulaire
a) «hamartia» (173 fois): se tromper, manquer le but; (verbe: 42 fois)
b) «adikeo» (27 fois): commettre l’injustice

2. Signification
Paul montre la double cause du péché:
a) révolte contre Dieu (implique la tête, la raison: Rom 1.28)
b) nature humaine contaminée (dans nos membres, qui ne peuvent penser, donc subconscient: Rom 7.23)
 Le péché consiste à refuser de rendre gloire à Dieu (Rom 1.21) et
  refuser de faire la volonté de Dieu.

Ces deux éléments sont présents à la chute.

Le péché repose sur une méconnaissance de la volonté de Dieu. Celle-ci une fois connue, il y a obligation de s’y soumettre, non par contrainte, mais de bon coeur (Rom 6.17), par amour pour Dieu et le prochain (première épître de Jean).

Autrement, c’est du légalisme, qu’on peut définir comme l’absence de coeur dans l’accomplissement des commandements.

Par contre, l’hypocrisie, c’est agir selon la loi en vue de mériter le salut, et s’en vanter (orgueil spirituel).

Le pardon du péché est lié à la repentance et à la confession, afin d’être grâcié sur la base du sacrifice propitiatoire de Christ (qui expie le péché et enlève la colère de Dieu), dont la vertu a été saisie par la foi. C’est ainsi que le pécheur est «justifié par la foi» (Rom 5.1). A partir de ces éléments, retenons:

Définition du péché: «Tout ce qui ne résulte pas de la foi est péché» (Rom 14.23).

3. Deux questions

1. Le chrétien peut-il être sans péché?

Non, dit Jean: 1 Jean 1.8,10.

Mais il ne pratique plus le péché: 1 Jean 3.9-10.

Quand il pèche, le pardon est accordé à cause du sang de Christ et sur confession: 1 Jean 1.79.

2. Pourquoi Dieu a-t-il permis la chute?

Dieu aurait pu neutraliser Satan dès sa chute d’ange de lumière (Lucifer); mais Dieu a choisi de lui laisser la possibilité de séduire l’homme créé à l’image de Dieu, donc par définition un être qui peut choisir, et non un robot. Dieu veut que l’homme choisisse entre lui et Satan et devienne enfant de Dieu par amour pour Dieu et non parce qu’il aurait été programmé ainsi.

D’ailleurs Satan sera jeté en enfer (préparé pour le diable et ses anges: Mat 25.41) après que Dieu lui aura donné la dernière occasion de séduire les hommes à la fin du millénium. Car à ce moment, le temps du choix sera terminé: il v aura le dernier jugement et l’établissement du royaume éternel (Apoc 20.7-21.8), où Sa­tan n’a aucune fonction à remplir.

Jean-Pierre Schneider