PROMESSES

Nous avons tous, en effet, été baptisés en un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit (1 Cor 12.13).
Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père! (Gal 4.6).
Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas (Rom 8.9b).

Confusion
Le baptême du Saint-Esprit est, de nos jours, un sujet de discussion bien à la mode et controversé. On entend dire, par exemple, que le baptême de l’Esprit est une expérience distincte de la conversion et subséquente à elle, que le chrétien doit prier pour ce baptême, et que la preuve en est le parler en langues, voire que l’absence de ce dernier est la démonstration que nous n’avons pas encore été baptisés de l’Esprit. D’autres affirment avec autant de conviction que, de toutes manières, certains charismes spectaculaires, dont le parler en langues, ont disparu avec l’Eglise primitive et que, par conséquent, toute manifestation actuelle de ce genre doit avoir une origine diabolique! Déclarations catégoriques et contradictoires: Qui a raison? Qui a tort? Comment arriver à une vue juste?

Principes d’interprétation
Posons quelques jalons au départ, concernant nos méthodes de recherche. Tout d’abord, il ne s’agit pas de nous engager dans un débat venimeux avec des frères; notre désir profond est de discerner, dans un esprit d’amour fraternel, la pensée véritable de Dieu, d’autant plus que le sujet est d’une si grande importance.
En deuxième lieu, acceptons d’emblée un principe fondamental en toute question touchant à la foi et à la vie chrétiennes, savoir que l’autorité finale est l’Ecriture sainte, et non pas telle ou telle expérience subjective. En d’autres termes, la parole de Dieu doit expliquer, jeter une lumière sur nos expériences, plutôt que le contraire.
Troisièmement, il nous sera d’une grande utilité de distinguer entre l’orientation du livre des Actes et des épîtres. Le premier raconte une histoire, celle des premières années de l’Eglise, marquée par un déploiement rapide de l’Evangile dans une grande variété de lieux et de circonstances. Ainsi que nous verrons ci-après, aucun incident isolé, raconté dans ce livre, ne peut être considéré comme normatif dans tous ses détails pour l’expérience de l’Eglise en tout temps et partout. Par contre, les épîtres développent un enseignement doctrinal et une application pratique qui, eux, interprètent l’histoire du livre des Actes et ont une valeur normative pour l’Eglise en tout temps et partout. En d’autres termes, il nous serait téméraire de vouloir reproduire telle expérience du livre des Actes dans notre situation actuelle, sans tenir compte des instructions et exhortations adressées par les apôtres aux églises.
Enfin, bornons-nous pour l’instant à ne parler que du baptême du Saint-Esprit, tout en nous rappelant qu’il ne s’agit là que d’un aspect de Son oeuvre, et que par la suite, si Dieu le permet, nous étudierons tour à tour la plénitude, le fruit et les dons du Saint-Esprit.

Aux origines de l’Eglise
Une étude comparée des textes qui en parlent nous conduit à la conclusion que le baptême du Saint-Esprit doit être compris de deux manières. Il y a d’abord l’événement historique raconté dans les Actes, lorsque le Père envoie l’Esprit sur l’Eglise, exauçant ainsi la demande du Christ ressuscité et glorifié. Cet événement se produit, en réalité, en plusieurs étapes, dont les plus importantes sont celles du jour de la Pentecôte à Jérusalem (ch. 2), des Samaritains (ch. 8) et des païens dans la maison de Corneille (ch. 10). Ce don, fait tour à tour aux juifs, aux mi-juifs qu’étaient les Samaritains et aux païens, est accompagné de manifestations surnaturelles qui l’authentifient. Ce don est définitif, accordé par Dieu à l’Eglise une fois pour toutes (cf. Jean 14, 16 – «afin qu’il demeure éternellement avec vous»). A partir de ce moment-là, conformément à la promesse du Seigneur, le Saint-Esprit sera toujours au milieu de, auprès de, et dans les chrétiens.
Oui, l’Eglise naissante reçoit l’Esprit de Dieu descendu du ciel en accomplissement des promesses et des prophéties faites, d’abord dans l’Ancien Testament par Joël (2, 28-32), et ensuite dans les Evangiles par Jean-Baptiste (Mt. 3, 11; Mc. l’, 8; Lc. 3, 16). Puis, dans son témoignage, Jean identifie Jésus comme Celui qui baptise du Saint-Esprit (Jn. l, 33). Jésus lui-même, au grand jour de la fête des Tabernacles, promet l’Esprit-Saint (Jn. 7, 37). Enfin, le jour de son ascension, Jésus rappelle aux disciples l’annonce qu’Il leur avait faite de la promesse du Père (Ac. l, 4). Le jour de la Pentecôte à Jérusalem, Pierre reconnaît immédiatement l’accomplissement de la promesse de Joël. Ensuite, racontant à l’église de Jérusalem ce qu’il avait vu dans la maison de Corneille, Pierre déclare: «Dieu leur a accordé le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus» (Ac. 11, 17).
Le don de l’Esprit, accordé par le Père à l’Eglise une fois pour toutes, est accompagné de signes, de manifestations extérieures: langues de feu, un vent qui souffle, glossolalie, prophéties, et prédications puissantes et fructueuses. S’agit-il là de phénomènes qui doivent nécessairement se reproduire sur tous partout et en tout temps? Si oui, quel récit doit être notre modèle:celui de Jérusalem (ch.2), de Samarie (ch.8), de la maison de Corneille (ch. 10), ou encore d’Ephèse (ch. 19)? Car une lecture comparée de ces quatre textes fera constater aussitôt une gamme de nuances dans les détails! Quelle est alors la raison de tous ces signes accompagnateurs, sinon d’authentifier l’intervention de Dieu, de prouver que c’est lui qui agit et que la promesse de Jésus s’accomplit véritablement? Les signes visibles confirment la source divine et la portée infinie de l’événement et déclarent que l’oeuvre de Christ est parfaite et agréée par Dieu, que Jésus est à la droite du Père et que l’Esprit est descendu de là pour prendre la relève.

Et maintenant?
En réponse à la question: «Quelqu’un peut-il être sauvé sans avoir reçu le baptême de l’Esprit?» un auteur chrétien bien connu écrit: «Nous croyons que non, car le texte de 1 Cor. 12, 13 nous dit clairement que nous avons tous été baptisés en un seul Esprit, pour former un seul corps. Cette épître fut adressée, non seulement à tous les croyants de Corinthe, mais ‘à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ’ (1,2). Aucun texte de l’Ecriture ne présente le baptême de l’Esprit comme une expérience subséquente à la conversion; au contraire, la seule condition pour le recevoir est de croire à l’évangile.»
La traduction littérale, barbare certes, nous donnera une compréhension plus exacte de la pensée de l’apôtre: «Nous fûmes tous, en effet, baptisés en (avec) un seul Esprit jusque dans un seul corps…». Nous fûmes tous: il est question pour le croyant – quelque soit son état spirituel – d’un fait accompli qui a des conséquences définitives et permanentes.
Il n’est pas étonnant, alors, que les épîtres, qui donnent l’enseignement normatif concernant notre vie à chacun, ainsi que celle de l’église locale, ne fassent aucune allusion à de nouvelles pentecôtes. Lorsque Paul parle du baptême de l’Esprit, il est évident qu’il ne pense pas à ce qui s’est passé le jour de la Pentecôte (voir par ex. Ro. 6, 3-4; 8, 9; Gal. 3, 27; 4, 6; Col. 2, 12; en plus de notre texte ci-dessus). L’apôtre parle d’une réalité que connaît tout chrétien véritable: le baptême du Saint-Esprit est synonyme de régénération.
Le jour où vous et moi, par la repentance et la foi, avons reconnu en Jésus-Christ notre Sauveur et notre Maître, à ce moment même – aboutissement d’une oeuvre préparatoire, surnaturelle, d’illumination et de conviction – le Saint-Esprit nous a régénérés. C’est-à-dire qu’Il nous a ressuscités de la mort spirituelle, nous a donné cette vie nouvelle qui n’est rien d’autre que la vie du Christ ressuscité. En d’autres termes, Il nous a «baptisés» nous a plongés en Christ, nous identifiant à Jésus-Christ dans sa mort, dans sa résurrection et dans sa vie de ressuscité. Plus encore, déclare l’apôtre: nous sommes intégrés dans son corps. C’est là, d’ailleurs, le baptême véritable, ce dont le baptême d’eau est le signe et le témoignage! Nous sommes devant un fait accompli, une réalité qui devrait faire jaillir louanges et actions de grâces. Ne commettons pas alors l’erreur de prier pour le baptême de l’Esprit; pourquoi demander ce que Dieu nous a déjà donné et qu’Il nous a donné une fois pour toutes? Ce que nous ayons à rechercher, en revanche, c’est la plénitude de l’Esprit (Eph. 5, 18). N’aspirons pas non plus à un don spirituel spectaculaire qui serait supposé être la manifestation de ce baptême; l’Ecriture nous invite à désirer plutôt le fruit du Saint-Esprit. Mais il y a là matière qui mérite plusieurs études ultérieures…


R. H. Guignard
. Adapté de Christian Sanity du Dr. A. T. Scofield
Editions Oliphants

Pendant ces dernières décennies, la personne et l’oeuvre du Saint-Esprit ont été à l’avant-garde de l’étude de la doctrine chrétienne. Il y a là, en effet, un enseignement qu’attaque l’ennemi de nos âmes, car ce dernier simule l’énergie et le travail du Saint-Esprit.
Dans le spiritisme (lequel n’est pas uniquement du charlatanisme), il y a bien des raisons de croire que des esprits mauvais se font passer pour des amis disparus, mais ils parlent aussi comme possédant l’autorité de l’Esprit de Dieu. Non seulement cela, dans tout culte mystique, dans les centres de guérisons psychiatriques, la Science chrétienne, l’enseignement de la Nouvelle théologie, les religions de l’Est adaptées à la pensée occidentale, la Bible est abondamment citée, elle sert de référence et elle est honorée, du moins en apparence. Un unique point n’est jamais touché: il n’est jamais confessé que

«Jésus est venu en chair»
Or, Jean (1 Jean 4, 2) nous signale qu’il s’agit de l’épreuve qu’aucun esprit mauvais ne peut soutenir, c’est-à-dire la révélation de notre divin Sauveur, en forme humaine, lors de sa naissance, de sa mort, de sa résurrection. Les opérations des mauvais esprits sont très variées, adaptées aux différentes mentalités ou à la qualité de la foi; elles ont un point commun – le déni de la personne et de l’oeuvre du Fils de Dieu. Il y a des raisons de croire que, mise à part la tendance à pécher et à s’égarer, on constate parmi les chrétiens religieux certaines tentations spéciales, lesquelles sont absolument étrangères à la pensée du christianisme. Il est à remarquer combien, sous le couvert de la religion, il y a d’inimitié, de luttes, de jalousie, de colère, de factions, de divisions, d’hérésies, d’envie, de malice, d’hypocrisie et même de haine (voir Galates 5, 19). Mais on est aussi amené à penser que l’ennemi est à l’origine de ces maux, comme il sème l’ivraie parmi le bon grain. Il semble que ses pièges sont étudiés pour toutes les étapes de l’existence des chrétiens!

Le chrétien tiède,
nonchalant, celui qui n’est pas «engagé» dans la lutte, ne donnera pas beaucoup de trouble à l’ennemi. Le chrétien éveillé, à l’intelligence ouverte, acceptera avec feu les nouvelles idées, foncera dans la voie décrite par un livre reçu ou acheté par hasard et sera capable d’avaler, sans y prendre garde, les dernières nouveautés de la théologie. Le chrétien doctrinal, froid de coeur, sera la proie d’hérésies variées, consistant généralement en vérités qui, sous prétexte d’être étudiées à fond, deviennent des motifs de disputes et de division. Le chrétien avide d’émotions, à la recherche d’une vie chrétienne supérieure, impatient d’arriver aux sommets, est très susceptible de tomber dans un des nombreux pièges tendus sur son chemin. Il lui est presque inutile de songer à être «capable de tenir ferme contre les embûches du diable» (Eph. 6, 10-18), à moins qu’il obéisse à la lettre aux directives données par l’apôtre. Toute l’armure de Dieu est nécessaire, sans oublier l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu. Et sans oublier l’esprit de prière!

Le danger commence
lors de la marche en avant et de la recherche d’une vie spirituelle profitable. Les grands rassemblements ont leur valeur, mais ils présentent aussi quelques dangers, si l’on n’y prend garde. Il y a d’abord dans toute nombreuse assemblée une puissance hypnotique considérable, indéniable et indépendante des prédicateurs. C’est tout spécialement le cas dans les rencontres religieuses. L’influence hypnotique est intensifiée par
– les chants doux, monotones, répétés plusieurs fois, les auditeurs ayant les yeux fermés et la tête penchée;
– les prières prolongées;
– les harangues prononcées par des prédicateurs passionnés.
Cependant, il est possible qu’il ne se trouve aucun mal à cela. Dieu peut, s’Il le veut, utiliser à sa gloire l’influence qui se dégage de la foule, tout comme il peut utiliser la tranquillité de la chambre haute, la paix de la retraite. Il s’agit seulement de ceci: Prendre garde de ne pas agir sur la base d’une émotion passagère, éphémère. Nous sommes des êtres émotionnables à divers degrés. Dieu peut se servir de nos sentiments, de notre intelligence pour nous amener à lui. Veillons sur notre émotion. Les manifestations de puissance surnaturelle (la conversion en est une) peuvent bouleverser notre équilibre mental. Et, nous devons le répéter, là où Dieu commence une grande oeuvre, quelle qu’elle soit, l’ennemi copie et corrompt!

Ayant des yeux et ne…
A notre époque, on ne doit pas admettre à priori que des prédicateurs soient «de Dieu», même si ce sont des hommes justes, menant une vie pure, versés dans la connaissance de la Bible. D’après II Cor. 11, 13-15, Satan est un «ange de lumière»; ses serviteurs sont des «ministres de la justice»; ils dénoncent avec vigueur toute immoralité. Il est vain de chercher Satan dans les bas-fonds de la ville, alors qu’il peut parler du haut de la chaire et prêcher une saine morale!
Un jour, le Dr Scofield prenait un repas en compagnie d’un éminent théologien (moderniste). Ce dernier se vantait d’avoir pu et su laisser de côté les doctrines sur la chute de l’homme, le besoin d’un Sauveur, la rédemption par le sang, etc! Mais, en même temps, il était agréablement surpris de constater que ses livres étaient achetés et lus par un public chrétien orthodoxe (donc fidèle à la Parole), alors que ces personnes ne s’étaient jamais aperçues que les doctrines fondamentales indiquées ci-dessus ne se trouvaient jamais dans lesdits livres!

Ayant des oreilles et n’…
D’autre part, il y a grand danger à fonder des doctrines ou tout au moins à baser une ligne de conduite sur des révélations, des «voix» (soit-disant de l’Esprit), au lieu de se baser sur la Parole de Dieu. Celle-ci donne à l’homme tout ce dont il a besoin. De telles «voix» ont été la source d’innombrables erreurs, de péchés affligeants, d’immoralité. Se vider de soi-même, annihiler toute faculté de raisonnement, de pensée, n’est pas de Dieu. Dieu ne le demande pas de ses enfants. L’apôtre Paul, parlant aux Philippiens, disait: «Que votre amour aille toujours grandissant; qu’il gagne en clairvoyance (textuellement en super-connaissance) et en tact. Que vous fassiez preuve de discernement». Dieu bénit et sanctifie les dons de compréhension, d’équilibre mental qu’il a impartis à l’homme. Il ne les abolit pas.
On vous conseillera: «Laissez-vous aller; détendez-vous; soyez passif; ne pensez plus!» Or, vous ne savez quel esprit viendra prendre la place! Il faut, au contraire garder un sain jugement, combiné avec humilité, révérence et soumission à la volonté de Dieu.
La doctrine concernant la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ est très importante. Il est toujours indiqué d’y revenir. Si, apparemment, un élément surnaturel est en jeu, il faut agir selon I Jean 4, 1-2, soit mettre à l’épreuve la personne intéressée, l’esprit qui dirige cette personne.*) Ne vous hâtez pas de juger une manifestation inhabituelle comme étant de Dieu ou du Méchant. Il est fort probable qu’il ne s’agisse que d’excitation naturelle. Réservez votre décision et n’intervenez qu’après un certain laps de temps. Ne jugez pas ce que vous ne comprenez pas, en parlant mal d’un homme; vous pourriez attribuer des oeuvres de l’Esprit à une puissance satanique.

Etudiez la Parole de Dieu,
adhérez de tout coeur à cette Parole, c’est la meilleure assurance. Priez pour être conduit par l’Esprit et demandez, selon l’exemple de prière de Jésus, d’être «délivré du Malin». C’est une pétition trop souvent oubliée!
Précisez vos prières. Demandez à Dieu ses dons les meilleurs, selon ses promesses. Demandez aussi la faveur de ne rien recevoir du Malin. La volonté du Père est toujours à respecter: «Que ta volonté soit faite et non point la nôtre». Dieu est libre, par l’oeuvre du Saint-Esprit, de faire part de ses bénédictions à qui il veut. Mais il ne protège pas toujours ses enfants contre leur propre folie!

*) Voir dans ce même cahier l’étude «Les deux esprits» de F. F. Bruce.




«Mes bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils viennent (sont) de Dieu; car plusieurs faux prophètes ont paru dans le monde» (I Jean 4, 1). De temps à autre, dans les églises apostoliques, comme en Israël autrefois, des hommes et des femmes, appelés prophètes s’exprimaient comme les porte-parole d’une puissance extérieure à leur propre personne. Tout prophète prétendait que sa parole émanait de Dieu, était inspirée par l’Esprit de vérité; il était donc nécessaire, dans l’ancienne alliance comme dans la nouvelle, de mettre à l’épreuve de telles prétentions.
Au temps d’Elie (I Rois 18, 19), les prophètes de Baal et d’Astarté étaient les porte-parole des divinités cananéennes; il y avait aussi ceux qui, comme Elie, étaient des prophètes du Dieu d’Israël (I Rois 18, 4; 13; 22). Il n’était pas difficile de faire la distinction entre ces deux groupes. Le cas était plus compliqué lorsque des prophètes du Dieu d’Israël exprimaient des prophéties contradictoires. En son jour et presque seul, Jérémie, prophète de malheur, luttait pour faire accepter son message, alors que d’autres prophétisaient de bonnes perspectives d’avenir pour le roi et son peuple. Comment savoir qui avait raison? «L’Eternel m’a vraiment envoyé vers vous, pour vous faire entendre toutes ces paroles», disait Jérémie (26, 15). Si ses auditeurs refusaient sa parole, il ne lui restait qu’à en appeler à l’événement. «Mais si un prophète annonce la paix, c’est à l’accomplissement de sa parole que ce prophète sera reconnu comme un véritable envoyé de l’Eternel» (28, 9). La suite mit en évidence la véracité des paroles de Jérémie; les autres étaient de faux prophètes.

Deux épreuves
En Deutéronome 18, 22 et 13, 1-5, deux épreuves permettent de déterminer si un prophète est de Dieu ou pas.
A. «Si ce qu’il dit n’a pas lieu, ce sera là une parole que l’Eternel n’aura pas prononcée; le prophète aura parlé par orgueil: tu n’auras pas peur de lui».
B. Même si la parole du prophète vient à s’accomplir et qu’il te dise: «Allons à d’autres dieux, des dieux que tu ne connais pas», alors, c’est aussi un faux prophète.
La présence de vrais prophètes dans les églises du Nouveau Testament stimulait l’activité de prétendus prophètes dont les affirmations se trouvaient controuvées; ou encore, s’ils parlaient par inspiration, le contenu de leurs déclarations démontrait que l’esprit qui les dirigeait n’était pas l’Esprit de Dieu. Dans les deux cas, il s’agissait de faux prophètes: ceux qui prétendaient recevoir l’inspiration de la part de Dieu et ceux qui étaient dominés par un esprit d’erreur. Mettre à l’épreuve les prophètes revenait à mettre à l’épreuve les esprits qui les inspiraient. Jean ne parle que de deux esprits: l’Esprit de Dieu et l’esprit de l’Antichrist. En cela, il existe une correspondance marquée avec un passage du «QUMRAN», le Manuel de discipline, (rouleau trouvé aux grottes de la Mer Morte), lequel déclare que «Dieu a désigné, pour l’homme, deux esprits par lesquels il doit marcher jusqu’au jour de son jugement: l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur» (appelés aussi le Prince de la lumière et l’Ange des ténèbres).

Aujourd’hui, quant à Christ
«Et voici comment vous reconnaîtrez l’Esprit de Dieu; tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, mais c’est là l’esprit de l’Antichrist, dont vous avez entendu annoncer la venue, et qui est dans le monde déjà maintenant» (4, 2 et 3). Peu avant, Paul écrivant aux Corinthiens à propos de paroles prophétiques, proposait un critère permettant de distinguer les paroles vraies des fausses. Le voici: quel est le témoignage rendu à Christ? (I Cor. 12, 3). Jean adopte la même manière de voir, en s’exprimant toutefois un peu différemment, à cause de la doctrine courante à ce moment-là (doctrine docétique). Mettez à l’épreuve les prophètes, demandez-leur si Jésus est venu dans la chair ou pas! S’ils affirment ce fait, alors il faut les reconnaître comme parlant par l’Esprit de Dieu; sinon, ce n’est pas l’Esprit de Dieu qui parle par eux, mais l’esprit de l’Antichrist!
Les mots «tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair» peuvent avoir une signification plus étendue qu’une simple négation de Son incarnation, bien que cette pensée soit primordiale pour Jean. Ce refus d’admettre l’incarnation est cité dans I Jean 2, 18 et 22 comme un signe de l’Antichrist; l’esprit du grand Antichrist de la fin de la présente dispensation était déjà présent et opérait par le moyen de ces divers antichrists, lesquels refusaient de reconnaître, de professer Jésus. Ainsi, quelle que soit l’éloquence des (soi-disant) prophètes, quelles que soient leurs explications, l’épreuve de leur témoignage quant à Christ et quant à la vérité de sa doctrine forme la base de notre jugement à leur égard.
«Pour vous, mes petits enfants, vous êtes venus de Dieu, et vous avez vaincu ces faux prophètes, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde» (4, 4).
Les lecteurs chrétiens de l’apôtre Jean n’étaient pas plus versés dans les questions philosophiques que les faux prophètes; cependant, en refusant de se laisser persuader par eux, les chrétiens les ont vaincus. Ils purent le faire en raison de l’habitation du Saint-Esprit demeurant en eux et dont l’onction (soit une force spirituelle intégrée, dominant l’être intime) leur impartissait, leur donnait la vraie connaissance, en les rendant capables de s’attacher à la vérité et de rejeter l’erreur. Si celui qui est en vous est bien l’Esprit-Saint, alors celui qui est dans le monde est l’esprit d’erreur (ou bien comme il est écrit dans Eph. 2, 2, «l’esprit qui agit maintenant dans les enfants de rebellion».)

Le contraste avec l’esprit du monde
«Ils sont du monde; voilà pourquoi ils parlent selon le monde; et le monde les écoute. Nous, nous sommes de Dieu; celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n’est point de Dieu ne nous écoute pas. C’est par là que nous reconnaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur» (4.5-6).
Pourquoi une classe d’hommes est-elle dénommée «du monde»? A cause de la philosophie avec laquelle ils désirent accommoder l’évangile, lui enlevant son caractère de bonne nouvelle et par conséquent sa valeur; cette philosophie est la sagesse courante, séculaire de l’homme, l’opinion admise. Nous avons vu qu’aucune forme de «mondanité» n’est plus inamicale au christianisme que cette recherche de lier ce qui est de Dieu à ce qui est de l’homme, de la terre. Cet essai de lier ces deux valeurs plaît au monde, car cela correspond au désir de la chair et de l’heure. Cette tendance, agréable à la chair, passera, aura sa fin, car la face de ce monde change, mais la vérité de l’évangile n’aura pas de fin. Cette Bonne Nouvelle est de Dieu; le peuple de Dieu la reconnaît par le témoignage intérieur de l’Esprit-Saint dans les coeurs (voir 5,7-11). Ce peuple n’est ainsi pas en danger de confondre l’Esprit de vérité avec l’esprit d’erreur, l’esprit qui égare les hommes (voir 2, 26).


(d’après le Witness, avril 1968).