PROMESSES
3.11-17: Elaboration du test de l’amour fraternel
Q1. Voici le message: Où avions-nous rencontré cette expression, avec quelle différence?
Les deux messages ont été entendus dès le commencement, preuve que la bonne nouvelle ne change pas, tant en ce qui concerne la personne de Christ (expression de l’amour de Dieu) que la conduite des chrétiens (amour entre eux).
v. 12-16: Caïn et Christ, haine et amour
Q2. Quels sont les aboutissements de la haine et de l’amour?
Q3. Que caractérisent la haine et l’amour?
Il est dit que la paternité de Caïn est le Malin (Satan).
Q4. Est-ce là la raison pour son crime?
On peut se demander pourquoi Dieu n’accepta pas le sacrifice de Caïn. La réponse est dans Héb 11.4 et Jude v. 11: Abel agit par la foi et non Caïn (ce qui est sous-entendu). Si Abel était juste, c’est que sa foi avait comme effet l’obéissance, alors que Caïn est compté parmi les révoltés.
Le juste provoque toujours l’antagonisme auprès du méchant (l’injuste). |
Le monde (injuste) traite donc le chrétien (juste) comme Caïn traita Abel (v. 13).
Q5. Que prouve l’amour pour les frères?
Q6. Que signifie donc devenir un chrétien?
Donc : Preuve de la vie reçue: l’amour pour les frères.
Preuve de la mort spirituelle: la haine pour les chrétiens nés de Dieu.
Q7. Le meurtrier, qu’a-t-il pris et qu’a-t-il perdu?
Jean dit: Haïr, c’est tuer. Parallèle dans le sermon sur la montagne: commettre adultère.
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Christ est l’exemple par excellence de ce qui caractérise l’amour: il a donné sa vie pour nous (expression particulière à Jean). D’où la question suivante:
Q8. Pourquoi le meurtre est-il le plus grand péché?
Q9. Le v. 16 peut nous étonner. En quoi?
Q10. Le v. 16 parle «des frères», alors que le v. 17 parle de «son frère». Y voyez-vous une implication?
Pour voir le frère dans le besoin, il faut le regarder. Voir le besoin de l’autre, auquel je pourrais remédier, doit me mettre mal à l’aise. Si j’ignore le besoin que j’ai vu et passe outre, l’amour de Dieu n’est pas en moi. Un examen s’impose!
Parallélisme: | La vie ne demeure pas dans le meurtrier. |
De même, l’amour n’est pas dans l’avare. |
3.18-24: Digression: Le coeur et l’assurance
Paraphrase du v. 18: «Les protestations d’amour ne suffisent pas!» Aimer en vérité, c’est aimer en actes. Ceci donne de l’assurance (de la paix), selon le sens impliqué dans le verbe grec traduit par «apaiser» ou «rassurer». La connaissance d’être dans la vérité calme les doutes du coeur, car cela signifie qu’on est de Christ (= la vérité), qu’on lui appartient. L’amour pour les frères n’est pas un amour naturel, mais si je l’ai, c’est que je suis de Christ.
Or, Satan, l’accusateur des frères, veut nous enlever cette assurance en nous inspirant des accusations. Mais nous n’avons pas de comptes à lui rendre; notre coeur (nos pensées, notre conscience) est placé «devant Dieu» (v. 19). Et Dieu ne nous condamne pas! Dans ce procès, notre coeur nous condamne, mais nous (notre personnalité) nous apaisons par notre connaissance de Christ, et Dieu est plus miséricordieux envers nous que notre coeur, car notre conscience n’est pas infaillible et peut nous accuser à tort sous l’incitation de Satan. (cf. Ps 103.14; Jean 21.17).
Notre confiance en Dieu doit faire taire les accusations et la condamnation de notre coeur, pour autant que nous restions dans l’amour. Finalement, c’est une question de foi: il n’y a… aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus (Rom 8.1). De cette assurance découle un bienfait: Il nous donne ce que nous demandons parce que nous lui obéissons (v. 22), ce qui fait que nos prières sont selon sa volonté (5.14). Autres conditions pour l’exaucement de nos prières, en dehors du passage étudié: Demander en son nom (Jean 14.13-14); croire à l’exaucement (Mat 21.22; cp. Jac 1.6-8); pardonner, sans quoi notre propre péché reste impardonné, et Dieu ne nous écoute pas (Marc 11.25), vu que ne pas pardonner équivaut à ne pas aimer.
Q11. A quel commandement faut-il obéir pour avoir une réponse à nos prières?
Garder ses commandements est aussi la condition pour cette demeure mutuelle: lui en moi et moi en lui (v. 24).
Conclusions:
Foi et amour pour les frères sont les conditions pour que Christ demeure en nous et pour qu’il exauce nos prières.
Le témoignage de l’Esprit en nous nous rassure que nous appartenons au Christ. L’Esprit se manifeste par notre conduite; il nous pousse à confesser que Jésus-Christ est le Fils de Dieu venu en chair; il nous rend capables d’aimer les frères.
Réponses aux questions
R1. | 1.5: Dieu est lumière: constatation, complétée par: Dieu est amour (4.8). 3.11: Aimons-nous: commandement. |
R2. | Haine: meurtre. – Amour: don de sa vie. |
R3. | Le monde et l’Eglise. |
R4. | Non, mais la jalousie de voir son frère juste, alors que lui ne l’était pas; car ses oeuvres étaient mauvaises: Abel lui était supérieur, et Caïn ne supportait pas cela. (De quoi nous interroger…) |
R5. | Qu’on a passé à la vie éternelle. |
R6. | Passer d’un état à un autre: de la mort à la vie (= résurrection: Jean 5.24-25). |
R7. | La vie! |
R8. | Parce que la vie est le bien le plus précieux. Après le commandement d’honorer ses parents, la défense de tuer est en tête des commandements concernant les relations inter-humaines, dans le décalogue (Ex 20). Par contre, donner sa vie, est la preuve du plus grand amour (Jean 15.13). |
R9. | Ne dit-il pas: Nous devons donner notre vie pour les frères? C’est donc une obligation, car le chrétien doit marcher comme le Seigneur a marché (2.6). Mais si peu sont appelés à ce don-là, tous sont appelés à partager leurs biens (relisez le passage de Jac 2.15-16). |
R10. | Il est plus facile parce qu’impersonnel d’aimer l’humanité qu’un individu, comme le dit si bien C. S. Lewis: «Aimer tout le monde en général peut être une excuse pour n’aimer personne en particulier.» Paul va plus loin: Il dit que celui qui a des biens et voit son frère dans le besoin a une dette envers lui (Rom 13.8). |
R11. | A un seul, mais qui est double: croire et aimer! Ils sont inséparables (v. 23). |
- Edité par Schneider Jean-Pierre
Certains diront: Impossible! d’autres trouvent cela normal. Mon propos ce n’est pas d’entrer dans une polémique, mais de témoigner de mon combat dans le but d’aider le lecteur qui voudrait s’en sortir ou celui qui voudrait porter secours à une personne en détresse.
Mes parents, bien que spirituellement non-engagés, m’ont envoyé à l’école du dimanche. Adolescent, j’ai accepté Jésus-Christ dans ma vie, et «l’enfant insupportable est devenu bien sage» selon le témoignage familial. Très libre dans leur éducation, mes parents m’ont laissé aller dans une église évangélique où j’ai pu grandir dans la connaissance de la saine doctrine. C’est à cet âge-là que j’ai réalisé mon attirance vers les garçons. Aussitôt le combat contre mon péché a commencé, mais 1 Cor 10.13: Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine; Dieu est fidèle et ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation, il donnera aussi le moyen d’en sortir; pour que vous puissiez la supporter, me paraissait ne pas pouvoir s’appliquer à mon péché. «Car enfin», me disais-je, «un chrétien peut tomber dans tous les péchés, mais pas dans celui de l’homosexualité, et surtout pas continuellement.»
Aussi, c’est avec joie que j’ai envisagé le mariage lorsqu’un amour vrai est né avec une chrétienne de mon église. J’y ai vu la fin de mon esclavage. Très vite, cependant, j’ai dû réaliser que notre mariage n’avait pas apporté la solution à mon problème. Ma femme perdant son attrait, d’autres relations sont venues la remplacer, occasionnelles d’abord. Puis se sont succédés la drogue, les saunas spécialisés et les clubs privés pendant des années. Cependant, la lutte n’a jamais cessé, et les départs à zéro se sont multipliés, à un rythme difficile; pourtant j’espérais et je priais pour la délivrance totale. Il serait trop long de décrire toutes ces années remplies de larmes et d’espoirs qui m’ont conduit au plus profond dégoût de moi-même, à tel point que seule la mort m’apparut comme la solution.
Dans cette période, j’ai connu un amour profond avec un autre chrétien. Nous avons cru qu’à deux nous nous en sortirions, mais nous avons dû faire l’expérience de la vérité du texte dans Luc 6.39: Un aveugle peut-il conduire un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse?
C’est à ce moment qu’un chrétien m’a parlé de ses problèmes (bien différents des miens), et j’ai pu me confier à lui. Nous avons prié mais aussi pleuré ensemble. Ce fut un réconfort que de se savoir compris, aidé et non rejeté. Oui, merci Seigneur d’avoir placé cette main tendue qui m’a retiré du désespoir pour me mener à la délivrance, même si elle me semblait impossible. C’est grâce à l’aveu de mon état de péché à ce frère qui m’écoutait que le demi-tour a pu commencer, même si je n’en étais pas encore conscient à ce moment-là. Vu mon état dépressif, il m’a conseillé de voir un psychiatre. J’en ai vu plusieurs, mais leur remède était inefficace, car ils préconisaient de m’accepter homosexuel, ni plus ni moins.
Tout se dégradait, moi et mon foyer qui ne tenait plus que par miracle. Enfin, j’ai fait la connaissance d’un psychiatre chrétien. Après de longs mois de luttes et de psychothérapie, j’ai pu retrouver mon équilibre mental. Luttes et psychothérapie, que cachent ces mots? Luttes il y avait, car j’avais le désir de sortir malgré tout de la dépression et du péché. La psychothérapie, m’a aidé à me confier à mon conseiller en lui racontant tout; alors j’ai réalisé que tout n’était pas fini, car Dieu pouvait me comprendre, alors que certains chrétiens ne le pouvaient pas. Il m’était impossible de comprendre un texte tel que 2 Cor 5.17: Si quelqu’un est en Christ; il est une nouvelle créature.
Tous ces rendez-vous hebdomadaires furent autant de pas vers l’espoir qui renaissait en moi. Finalement nous avons pu prier ensemble. Un jour, d’un commun accord nous avons demandé, au nom de Jésus, le pardon et la délivrance de mon homosexualité. Je les ai reçus, et sa joie et sa paix ont été immédiates. Le combat n’était plus le même. Je n’étais plus désarmé ni vaincu. Je savais que la victoire existait puisque je la possédais. Cependant la guerre n’était pas finie, d’autant plus qu’il n’y avait pas que la sexualité dans mes relations, mais de l’amour et de l’amitié vrais.
Les ruptures n’ont pas été faciles. Quelques mois plus tard, Dieu a fait un second miracle en nous permettant, à mon épouse et moi, de nous redécouvrir. Nos relations sont devenues ce qu’elles n’avaient jamais été avant. Les tentations elles-mêmes ont changé quand j’ai réalisé quelles étaient devenues un réflexe, une habitude, un conditionnement qu’il fallait déprogrammer. Exemple: Lorsque je croisais un garçon que j’aurais dragué dans le passé, je réalisais que mon regard était instinctif, mais n’avait pas de but profond. A ce moment-là je me disais: «Bof, pourquoi faire?» Oui, ma vie est devenue différente, même si les tentations n’ont pas disparu entièrement.
Voilà des années que j’expérimente la victoire en Jésus-Christ. Je m’étonne même de ma passivité quand je rencontre un ancien «ami» ou que je croise un garçon. Enfin, après des années de souffrances, quelle joie de pouvoir vivre le pardon et la paix dans la délivrance de l’homosexualité. Cette délivrance est à la portée de chacun qui vient à Jésus pour confesser ses péchés et saisir le pardon et la victoire à la croix. Jésus est venu pour proclamer la délivrance aux captifs (Luc 4.18). Paroles empreintes d’amour et de justice.
- Edité par Anonyme
Ce n’est pas la proclamation solennelle et l’inscription dans la Constitution d’un pays quelconque d’une «Déclaration des droits de l’homme», aussi élaborée soit-elle, qui protégera effectivement les citoyens contre les abus, les injustices et les crimes dont ils pourraient être l’objet de la part de l’Etat ou de leur concitoyens.
Sur ce point, l’exemple de l’Union Soviétique est probant, car la Constitution de ce pays contient une «Déclaration des droits de l’homme» parmi les plus élaborées du monde, sans que les Soviétiques eux-mêmes en éprouvent la moindre protection de la part de l’Etat s’ils se trouvent en contradiction avec les exigences du régime.
II
Ce ne sont pas non plus les revendications faites au nom des opprimés pour réclamer leurs droits qui amélioreront effectivement leur sort, que ces revendications soient faites par le Conseil oecuménique des Eglises ou le Pape, par les Nations Unies ou Amnesty International, par les mass médias ou l’Internationale socialiste. Certes, dans un monde où chacun défend âprement ses propres intérêts, l’exercice d’une force politique est indispensable à tout changement, pour le bien ou pour le mal d’ailleurs. Mais, dans les circonstances que nous connaissons depuis la Révolution française, la revendication de ses «droits», plutôt que l’exigence de redresser des injustices précises, conduit immanquablement à contester la légitimité de l’autorité en place, que ce soit dans la famille, à l’école, dans l’entreprise, à l’armée ou, finalement, dans l’Etat lui-même. Cette contestation des autorités conduit à la révolte et cette révolte à la révolution qui est presque toujours fort adroitement récupérée, si ce n’est pas provoquée, par le socialisme international au profit du communisme soviétique. Ainsi des injustices de type personnel et pragmatique sont systématisées dans des structures totalitaires qui institutionnalisent l’injustice de façon quasiment inamovible.
Il est évident que ce n’est pas par l’incitation universelle à l’envie et à la convoitise, d’ailleurs interdite par le 10e commandement, que l’on pourra parvenir à plus de justice.
III
Le genre de mesures qui peuvent effectivement protéger tous les citoyens d’injustices de tous genres sont, entre autres, les suivantes:
a) Le respect par tous de la loi, du droit existant.
b) La fondation du droit sur la justice, non pas sur des vagues droits humanitaires qui peuvent être tordus dans tous les sens, mais sur les règles immuables d’une justice transcendante. La loi de Dieu telle que nous la révèle la Bible définit avec une précision toute juridique les normes de cette justice.
c) Le respect de la séparation du pouvoir spirituel (dont la tâche est de rappeler à l’Etat et aux citoyens ces normes transcendantes) du pouvoir temporel (qui les met en application selon les circonstances de lieu et d’époque). Les «droits de l’homme» sont à la fois source du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. C’est pour cette raison que dès sa première apparition effective lors de la Révolution française, et immanquablement depuis, l’adhésion aux droits de l’homme a abouti au totalitarisme, dictatorial ou démocratique, peu importe.
d) La séparation du pouvoir politique, exécutif et législatif, du pouvoir judiciaire. La dispersion fédéraliste et communale du pouvoir.
e) Le respect de l’autonomie relative des organismes dont la société est composée par rapport à l’Etat. Un des fondements les plus importants de cette autonomie indispensable est le respect stricte de la propriété privée. Ainsi les organismes tels que la famille, l’entreprise, les églises, les universités, les syndicats ouvriers et patronaux, ont droit à leur propre gouvernement interne. Ceci assurera une possibilité de contrôle directe des actions des responsables de ces organismes et une prise de conscience plus aiguë des responsabilités de chacun.
f) Le fondement de toutes ces libertés dans un pays quelconque se trouve dans la forte présence de citoyens libres, c’est-à-dire responsables devant Dieu et sa loi.
- Edité par Berthoud Jean-Marc
Ce qui va être dit concerne toutes les manifestations artistiques et même la vie chrétienne, qui peut et doit être elle-même une expression esthétique.
Tous les moyens d’expression artistique ajoutent quelque chose à ce qui serait la simple pro-déclaration didactique. Dans les Psaumes par exemple, la formulation poétique ajoute quelque chose à la déclaration doctrinale. Il faut cependant qu’il y ait continuité entre cette pro-déclaration et l’oeuvre elle-même. L’Art doit ajouter quelque chose à la communication; il est un complément à la parole, il doit en augmenter la puissance. Actuellement, avec l’Art moderne, nous avons perdu ce côté additionnel; il y a rupture entre le discours et l’oeuvre. Soit il n’y a plus que l’oeuvre (théorie de l’Art pour l’Art), soit il n’y a plus que le discours (l’art, intellectualisé, devient une déclaration philosophique). Or, les grands artistes du passé ont voulu, eux, créer une oeuvre qui ait une valeur esthétique en elle-même et qui démontre en même temps leur philosophie de la vie, leur vision du monde.
Nous devrions créer une oeuvre d’art d’abord parce que l’Art sert à quelque chose, dans le sens le plus large, le plus élevé, le plus profond du terme. Dieu a créé le monde et le monde parle de Dieu. Il est évident que Dieu s’intéresse à la beauté, et qu’il nous a créé de sorte que nous y soyons réceptifs. Cette beauté possède une valeur en elle-même et elle est un argument de l’existence de Dieu. Ainsi, en négligeant la dimension esthétique, l’artiste chrétien crée en fait des oeuvres contraires au message biblique, et des traités anti-évangéliques. La beauté participe de la personne de Dieu. Ce n’est pas parce qu’un chrétien exprime sa vision du monde qu’il va créer une oeuvre d’art. Trop souvent, les chrétiens oublient que l’oeuvre d’art a une valeur en elle-même; ils se soucient trop du message: c’est la raison pour laquelle c’est souvent mauvais. Ils se désintéressent de l’Art, pensant faire quelque chose seulement quand ils produisent un traité évangélique.
Je propose trois critères pour juger d’une oeuvre d’art:
1. L’excellence technique: par exemple, Salvador Dali. Une mauvaise qualité esthétique réduit le message, une bonne l’intensifie.
2. La «validité»: l’honnêteté du créateur envers son message et de l’artiste produisant une oeuvre d’art. Il faut éviter cet opportunisme artistique qui consiste à faire «ce qui plaît» plutôt que «ce qu l’on ressent», souvent dans un but de profit. D’autre part, cela implique une certaine cohérence message-oeuvre. Si Dali, par exemple, peignait comme Rembrandt, il serait malhonnête, car sa vision du monde est différente de celle de Rembrandt. Imiter un tel, c’est parfois profitable sur le plan technique, mais c’est souvent pire sur celui de la «validité». On doit peindre ce que l’on est, ce que l’on pense réellement.
3. Le message: ce n’est pas parce qu’il s’agit d’Art que le message est sacré. L’artiste, comme le scientifique, n’est pas hors de l’autorité de l’Ecriture. Ainsi, le message qu’il dispense doit être jugé par rapport à l’enseignement des Ecritures, indépendamment de la qualité esthétique qui l’accompagne. On doit rendre justice à l’artiste pour ce qui est de sa technique, de sa «validité» mais, pour ce qui est du message en tant que tel, l’Art ne le rend pas sacré. Si, comme il a été dit, le moyen d’expression artistique augmente la puissance du message, alors si un message destructeur est bellement exprimé, sa puissance destructrice en sera décuplée (comparaison poésie beatnick/poésie Zen). Une négation comme celle contenue dans la philosophie Zen artistiquement exprimée, c’est ce qui tue.
Les moyens d’expression artistique peuvent tout exprimer: la vérité, l’hérésie, la moralité, l’immoralité. Ils peuvent véhiculer tous les messages et tous dispensent des messages propositionnels, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Ils ne sont pas liés à un seul domaine, ils se caractérisent par leur neutralité.
Pour devenir un grand artiste chrétien, celui-ci devra porter son effort sur deux fronts:
– chercher comment créer la beauté, étudier, travailler.
– comprendre le message chrétien, l’étudier. Si celui-ci n’est pas compris, l’artiste peut créer de très belles images mais, le message étant incorrect, cette beauté ne conduira les gens qu’à des déviations.
Tout comme le langage, le style et les systèmes symboliques qui lui sont propres changent. Il faut se tenir au courant de ces changements. Quand nous faisons une peinture, il faut qu’elle s’adresse à notre culture, à notre siècle. Il nous faut utiliser le système symbolique contemporain. Ainsi, la relation de notre oeuvre avec le consensus environnant s’établira sur trois niveaux:
– l’époque
– le pays
– le système symbolique propre à la vision du monde, à la philosophie traduite dans l’oeuvre d’art.
Par exemple, pour un jeune japonais chrétien, son oeuvre devra comporter ces trois caractéristiques: elle devra appartenir au XXème siècle, être japonaise et être chrétienne. Ce point de vue ne se veut pas perfectionniste.
Les notions de thème majeur et de thème mineur:
a) Thème mineur: mineur parce que moins fort (ce n’est pas au sens musical). Dans le christianisme, le thème mineur est que les hommes sont perdus et vont en enfer. Ils sont morts à présent et, même dans la vie chrétienne, nous ne sommes pas parfaits. Ce n’est pas un problème d’existence: la situation est telle à cause de la rébellion spatio-temporelle de l’homme. Le dilemme de l’homme – si présent dans la pensée contemporaine – n’est pas que l’homme soit petit, limité, mais qu’il soit sous l’effet de la chute. Ceci est présent dans l’Art, peut-être plus qu’ailleurs. Ce thème mineur ne vient pas de ce que l’homme intrinsèquement est, ni de ce qui existe de façon intrinsèque, mais du fait que l’homme est anormal à cause de cette chute spatio-temporelle. Cependant, Dieu, dans son amour, fournit la solution au dilemme par l’oeuvre rédemptrice de Christ.
b) Thème majeur: il y a un but à l’existence, parce que Dieu existe. C’est un dieu personnel. L’homme est créé à son image et, par conséquent, a un but, une signification à sa vie. Remarquez que le thème majeur de la vie chrétienne ne trouve pas son origine, n’est pas enraciné dans le salut; il a pour source le fait que Dieu existe et que l’homme est créé à son image. Le thème majeur se trouve premièrement dans ce qui est là et qui existe. C’est la pré-condition humaine.
Ces deux thèmes étant précisés, nous dirons que l’Art chrétien doit démontrer ces deux thèmes à la fois. Si il n’y a que le thème majeur, c’est romantique: ce n’est pas vrai par rapport à ce qui est et par rapport à ce que vous êtes. L’Art chrétien doit être un art réaliste! Il en est de même pour la conversation, pour la vie chrétienne. Si beaucoup se détournent de l’Art chrétien, c’est parce que celui-ci se veut toujours majeur, dans beaucoup de cas. Les gens regardent les vies de ceux qui le créent, et c’est évident que ce n’est pas vrai, que ça répugne…
A l’inverse, il ne faut pas donner constamment dans le thème mineur, du côté noir. Il faut veiller, lorsqu’on devient chrétien, à ne pas continuer à produire dans le noir de sa vie passée. Le thème majeur doit à présent apparaître, et dominer le thème mineur. Un chrétien ne devrait pas créer quoi que ce soit qui ne soit pas une aide à notre pauvre monde. L’art moderne ne donne quasiment que dans le thème mineur. L’artiste chrétien, lui, doit fonctionner selon l’amour et la vérité. Il doit dire la vérité sur l’homme, le monde et lui-même, mais il doit le dire avec amour, en créant un art véritable (non un traité chrétien). Il faut sauver ce monde et non le tuer par une production romantique, ou finissant sur le thème mineur. Il ne faut pas non plus se montrer trop intellectuel, ni trop doctrinaire. Si on ne remplit pas ces conditions, on n’est pas un artiste chrétien.
Pour celui qui écrit un sermon comme pour celui qui exécute une oeuvre d’art, le dilemme est qu’on ne peut donner le message en entier en une seule fois. Il ne faut pas prétendre à l’exhaustivité avec une seule oeuvre, un seul sermon. Si on le fait, d’une part c’est l’éparpillement, et d’autre part, on s’aperçoit que le sermon est toujours le même, ce qui fait qu’il est nul. Il faut avoir le courage de ne pas tout dire dans un sermon et en peinture, où on est encore plus limité. On distingue là une hiérarchie dans les possibilités du dire: roman – sermon – poésie – peinture, photo – gravure – musique. Il faut accepter cet état de chose, vivre avec le moyen d’expression artistique pour lequel Dieu a donné un vrai talent. Il faut nous astreindre à ne pas faire une oeuvre seulement dans le ton mineur, mais à la compléter par le thème majeur, pour que la vue d’ensemble, éclaire le but que nous nous proposons et le style qui est le nôtre. La plaquette sous un tableau permet de verbaliser toutefois, de traduire en paroles l’image, ajoutant un «deuxième oeil» à la perspective du message exprimé dans l’oeuvre d’art.
Ainsi, il faut donc, en créant une oeuvre, avoir à l’esprit l’ensemble que l’on veut créer, qui doit fournir aussi bien le thème majeur que le thème mineur, aussi bien l’amour que la vérité dans son dynamisme final. Le thème majeur doit présider à l’ensemble, dominant le thème mineur.
- Edité par Schaeffer Francis
« Pour moi, ici, à Ban Vinai, Thaïlande, la compassion revêt des formes particulières. Hier, il a fallu très rapidement enlever à des parents leur jeune enfant qui se mourait et pour lequel ils accomplissaient des rites animistes. J’ai pris le bébé et je l’ai conduit au dispensaire le plus proche, afin qu’on puisse le soigner et le sauver. Aujourd’hui, les choses paraissent moins urgentes, mais n’en sont pas moins importantes. Pendant que je donne mon cours, je m’aperçois que l’un de mes élèves a du mal à assimiler mon enseignement; il faut que je prenne du temps pour répéter, et répéter encore, alors que je suis si fatiguée. J’aurais envie de remettre tout cela à demain. Dans ce camp de réfugiés cambodgiens, il y a tant de problèmes, et je me sens souvent dépassée par les événements. Je me dis qu’il faudrait davantage de moyens, davantage de personnes pour répondre à tant de besoins et en même temps. Je veux faire confiance à Dieu, croyant qu’il veillera à ce que la tâche commencée viendra un jour à son terme; qu’à la place des ténèbres de ce camp, la lumière de l’Evangile resplendira.» Ainsi témoigne Ruth Neckerson.
Face à tant de besoins et de misères, aucune personne de bonne volonté ne peut rester insensible. Il y a certainement beaucoup à faire. Mais comment s’y prendre? Etre plus solidaires? Soutenir les grandes actions humanitaires? Nos interrogations se mêlent et se compliquent au fur et à mesure que nous y réfléchissons. Les lignes qui suivent voudraient tenter de mettre un peu d’ordre dans les pensées, afin de discerner quelle doit être le comportement du chrétien aujourd’hui face aux immenses besoins des hommes.
La première démarche qui s’impose consiste à examiner ce que l’Ecriture nous enseigne quant à la compassion.
Au commencement
Lorsque l’oeuvre de la création s’achève, le Créateur affirme que tout est très bon. Les relations humaines sont parfaites, et l’homme trouve en Eden tout ce qui lui est nécessaire, matériellement, spirituellement et socialement. Cette réalité sera complètement défigurée par le péché. Dès lors, l’injustice et l’égoïsme vont prendre le dessus. Les récits de l’Ancien Testament et notre propre expérience en donnent de trop nombreuses preuves.
Cependant, nous voyons aussi se déployer une autre ligne de force déjà dans l’Ancien Testament: Dieu n’abandonne pas l’homme à sa situation misérable; il se révèle à lui et lui fait connaître sa propre compassion. Il prend plaisir à la miséricorde (Mich 7.18). Cette compassion divine pourra faire naître la compassion humaine, l’amour pour le prochain. La loi que Dieu donne à son peuple contient de nombreuses précisions sur la manière dont cet amour pourra s’exercer. Une attention toute particulière est portée au plus faible, au pauvre, à la veuve et l’orphelin. La fonction de la loi a un double but: elle est à la fois une barrière qui limite les effets du mal et une voie dans laquelle l’amour pourra s’épanouir. Contrairement à ce que beaucoup de nos contemporains imaginent, loi et amour ne s’opposent pas, mais au contraire se complètent.
Ce que l’Ancien Testament ébauche et prépare va trouver son plein épanouissement en la personne de Jésus, qui incarnera de manière parfaite la compassion de Dieu pour les hommes. L’expression «il fut ému de compassion» revient souvent dans les écrits évangéliques et nous montre que c’est là le moteur qui le pousse très souvent à agir. Sa prédication, ses miracles, sa mort sur la croix, voire sa venue dans notre monde, n’avaient pas d’autre raison: manifester son amour pour les hommes. Les disciples du Christ ne s’y sont pas trompés; dès les premiers temps de l’Eglise, l’amour fraternel a été une des caractéristiques de l’Eglise naissante et persécutée. Justin Martyr écrivait: «Avant, nous estimions par dessus tout l’argent et les biens: maintenant, nous apportons tout ce que nous avons et nous le partageons avec ceux qui sont dans le besoin.» De son côté, Julien l’Apostat, un ennemi de l’Eglise primitive, écrivait: «Ces Galiléens sans Dieu nourrissent non seulement leurs pauvres, mais aussi les nôtres; quant à nous, nous n’accordons aucun soin à nos pauvres.» L’église de Rome pourvoyait aux besoins de 1500 veuves et personnes dans la misère; beaucoup d’autres exemples pourraient être extraits de l’histoire de l’Eglise.
Mais quelle doit être notre attitude aujourd’hui?
Il faut se rendre compte que les pays occidentaux, qui constituent le quart de la population mondiale, possèdent les 4/5 des ressources de la planète, alors que le reste ne possède qu’1/5 du revenu mondial. A ces chiffres sans âme il faut ajouter toute la misère que cette situation entraîne: mortalité infantile importante, absence de soins, analphabétisme, chômage élevé…
Réactions possibles
Il n’est pas rare d’entendre dire: «Ces problèmes sont trop vastes, ils nous dépassent, il nous est impossible de répondre aux besoins.» Il faut reconnaître que lorsqu’on réfléchit à ces questions, on se trouve effectivement rapidement dépassé.
Il est vrai que les questions sont complexes et poussent à intervenir: la politique intérieure des états, la politique internationale, le commerce, mais aussi les idéologies et l’écologie. Le non-spécialiste a l’impression désagréable d’être complètement perdu et de ne pas savoir par quel bout prendre les choses. Cette complexité constitue un encouragement à baisser les bras.
Cependant, ne convient-il pas d’essayer, malgré la difficulté, de voir comment des réponses même partielles peuvent être apportées? Il serait trop commode de retirer son épingle du jeu et prétendre que ce sont les états ou les grand organismes internationaux qui doivent trouver des solutions. Nous ne pouvons rien exiger d’autrui si nous ne sommes pas prêts nous-mêmes à nous engager d’une manière ou d’une autre pour une plus juste répartition des richesses, à refuser l’exploitation et à examiner sérieusement comment nous pourrions jouer un rôle. Nous verrons plus loin comment pratiquement des actions peuvent être menées.
Deuxième réaction: «Les oeuvres humanitaires gaspillent souvent énormément, et l’aide qui est envoyée ne parvient pas à ceux qui en auraient le plus grand besoin.» Il faut reconnaître que dans le domaine de l’aide au développement, de nombreuses erreurs ont été commises. Mais il faut ici faire une distinction entre les erreurs involontaires et celles qui ont été consciemment organisées. Dans ce domaine, les pays occidentaux ne sont souvent pas responsables, car souvent les autorités des pays en voie de développement jouent un rôle néfaste. Les détournements soigneusement organisés sont fréquents. Combien d’envois ou d’aides ne sont jamais parvenus à ceux qui en avaient véritablement besoin. Mais l’association dans laquelle je travaille, malgré sa petite expérience, s’est très vite rendu compte que dans l’aide au développement, même lorsque tout est soigneusement préparé et réfléchi, des erreurs de parcours sont commises, de sorte qu’il est plus difficile qu’il n’y paraît d’aider de manière vraiment utile. Mais les erreurs commises ne constituent pas des arguments suffisants pour ne rien faire. Sans doute, d’ailleurs, apprend-t-on davantage par les erreurs reconnues que par les succès remportés.
Un troisième argument que l’on oppose parfois à l’aide au développement est d’ordre théologique et concerne très directement le chrétien. La tâche de l’Eglise aujourd’hui, n’est-elle pas avant tout l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ? Les textes bibliques à l’appui de cette thèse sont bien connus, tels que ceux-ci: Faites de toutes les nations des disciples. – Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Si nous n’annonçons pas l’Evangile, des hommes et des femmes seront perdus pour l’éternité, car qui le fera à notre place?
Il est très certain que la volonté de Dieu pour son peuple aujourd’hui comporte cette responsabilité de transmettre le message de l’Evangile. Mais en rester là serait commettre une grave infidélité quant au plan général de Dieu pour le monde. J’ai très rapidement esquissé l’enseignement de l’Ancien et du Nouveau Testament quant à l’amour du prochain. Il importe de se souvenir que celui qui a été créé comme nous à l’image de Dieu n’est pas qu’une âme. S’il a des besoins d’ordre spirituel, ce dont nous sommes bien convaincus, il a aussi des besoins d’ordre matériel et social. Il convient donc de répondre aux besoins de l’homme tout entier. La motivation profonde doit être la compassion. Si mon prochain a faim, il est de mon devoir de lui donner à manger. Si je rencontre un homme qui souffre de solitude ou d’incompréhension, j’ai à répondre à ce besoin précis. Si je rencontre un homme qui a des besoins d’ordre spirituel, je dois répondre à ses besoins d’ordre spirituel. Aimer son prochain comme soi-même, c’est se soucier de tous ses besoins, comme Jésus, qui allait de lieu en lieu, faisant le bien.
Dans nos pays occidentaux, les états ont pris en charge une partie non négligeable des besoins matériels des hommes. La situation est toute différente dans beaucoup de pays du monde. Les missions qui ont tant travaillé dans ces pays l’ont d’ailleurs bien compris et ont ouvert des écoles et des hôpitaux, participant ainsi au développement des régions dans lesquelles ils se trouvaient. Il nous semble donc qu’aujourd’hui comme hier, les chrétiens ont à prendre leurs responsabilités et à voir comment ils peuvent répondre aux besoins des hommes selon la vocation, et les moyens qui sont les leurs.
Encouragés par des chrétiens de diverses églises en France, notre association, le Service d’Entraide et de Liaison (SEL), a commencé à apporter son aide dans plusieurs pays en voie de développement, principalement francophones.
Nous nous sommes surtout attachés à soutenir des projets qui, à plus ou moins long terme, permettent à des hommes de connaître des conditions de vie décentes (ce qui ne signifie pas luxueuses).
Lorsque dans un village la population est assurée d’avoir à sa disposition de l’eau potable durant toute l’année et que les femmes ne doivent plus parcourir de longues distances pour subvenir aux besoins quotidiens, un progrès réel et important a été réalisé. Imaginez un peu que vous deviez chercher votre eau potable à 5 ou 10 km à pied! L’eau potable chez soi signifie une moins grande fatigue, et l’absorption d’eau pure va diminuer les maladies et redonner des forces aux habitants. On va aussi pouvoir planter des arbres et pratiquer des cultures maraîchères.
Dans d’autres régions, le chômage est tellement important que ce n’est que par la création de petites unités de production qu’il est possible d’assurer un minimum vital aux familles. Encore faut-il pour cela écouler la production. C’est une des raisons pour lesquelles, depuis quatre ans maintenant, nous importons des objets réalisés dans une dizaine de pays que nous revendons dans nos pays.
Les besoins ne manquent pas. On peut y répondre de différentes manières. Il nous parait cependant nécessaire de veiller au respect de quelques principes essentiels.
Comment faire?
Lorsque nous envisageons d’intervenir sur le terrain, nous ne commençons pas par établir des plans précis et nous doter de moyens pour les mener à bien. La première démarche vient de la base, des habitants d’un village ou d’une région. C’est eux qui seront amenés à prendre en charge leur destinée. C’est eux qui savent ce dont ils ont le plus urgent besoin. Ceci ne signifie nullement que nous puissions toujours accepter tout ce qui nous est demandé. Mais l’initiative doit leur appartenir. C’est de plus une des conditions de la réussite finale du projet. Si la population est impliquée dès le départ, chacun s’y intéressera. Lorsque la période d’intervention proprement dite s’achèvera, on sait que chacun veillera au respect et au bon fonctionnement de l’ensemble du projet. Cette concertation prend parfois du temps, mais elle nous paraît indispensable.
Il nous paraît aussi impératif de veiller soigneusement à ce que le projet réussisse. Nous avons eu l’occasion de participer à la construction de banques de céréales. Ce sont en fait des locaux construits en dur avec l’aide des habitants du village. Au moment des récoltes, les céréales sont achetées à un prix raisonnable et sont ensuite stockées et soigneusement gardées jusqu’à la période de soudure qui s’avère souvent difficile, les prix grimpant considérablement. Si les habitants d’un village savent qu’ils vont trouver leur «mil quoditien» sur place, à un prix raisonnable, ils n’iront pas courir à la ville pour acheter à prix d’or ce qui leur est indispensable. Ceci réclame une mise de fond au départ, mais permet à la structure villageoise de se maintenir et de s’organiser. Evidemment, lorsqu’une telle expérience a donné de bons résultats, d’autres voudront aussi créer de telles structures. Ainsi le processus de changements pour le mieux s’amorce durablement.
Si des associations purement humanitaires mettent en oeuvre les principes que nous venons de souligner, nous croyons que nous avons, en tant que chrétiens, la responsabilité d’apporter non seulement l’aide matérielle, mais aussi le pain de vie qu’est l’Evangile. C’est pourquoi tous nos projets, qu’ils soient d’ordre agricole, éducatif, médical, ou artisanal, sont menés en collaboration étroite avec les églises. Dans beaucoup de pays en voie de développement, l’Eglise de Jésus-Christ progresse. Des pasteurs et des évangélistes, dans des conditions souvent difficiles, accomplissent un travail remarquable. Des hommes et des femmes se tournent vers le Christ. Mais ces églises n’ont souvent que peu ou pas de moyens. Les pasteurs ne touchent aucun traitement et cultivent comme chacun leur lopin de terre. Nous croyons donc que nous avons à nous associer à ces églises dans leurs projets de telle sorte que beaucoup trouvent une réponse à tous leurs besoins.
Cette oeuvre immense ne peut être menée que grâce à notre générosité, à notre compassion envers ceux qui se trouvent si démunis. Si nous sommes disciples du Christ, si nous voulons suivre ses pas, il convient que nous réfléchissions à ce que nous avons et comment nous pouvons partager avec ceux qui n’ont rien. Nous avons des techniques, des qualifications, du temps, de l’argent. A nous de voir les besoins et ensuite d’ouvrir notre coeur.
- Edité par de Smidt Gauthier
Mises en évidence dès la première page de la Bible (Gen 1.4-9), ces deux actions de Dieu, apparemment contradictoires, s’avèrent au contraire complémentaires.
I. Dieu sépare
(Lire Lév 20.26; Jér 15.19; 2 Cor 6.14 -18)
1. La lumière
Au début des actes créateurs de Dieu intervient une séparation: la lumière est séparée des ténèbres. Au-delà de l’institution du premier jour, apparaît ici la révélation fondamentale que Dieu est lumière. Il veut se faire connaître comme tel, intrinsèquement lumière, seule source de lumière. Cette pensée rejoint le prologue de l’évangile de Jean, où le Fils éternel du Père est présenté comme la véritable lumière (Jean 1.9), que les hommes n’ont pas reçue, pas comprise (v. 5).
Ainsi, dès le commencement, apparaît l’incompatibilité absolue entre les ténèbres et la lumière. En dehors du royaume de la lumière instauré par le Père des lumières, de qui descend tout don parfait (Jac 1.17), il existe un royaume des ténèbres. Face au royaume de la lumière, dans lequel nous sommes introduits par la foi, se trouve donc un royaume des ténèbres, dont le but est d’entraîner la créature de Dieu dans «les ténèbres du dehors», loin de la lumière divine. C’est, avant tout, ce que suggère la séparation divine, au premier jour de la création.
Outre le symbole, cette séparation dégage un grand principe, qui se vérifie tout au long de l’Ecriture, selon lequel:
1) Dieu a toujours en vue le bonheur de l’homme;
2) la séparation selon Dieu est toujours une mesure de protection et de bénédiction.
En effet, en séparant la lumière des ténèbres, l’Eternel ne prépare-t-il pas (comme dans tout son oeuvre créatrice) les conditions terrestres idéales pour cet homme qu’il va créer à son image? L’alternance des jours et des nuits, des soirs et des matins, n’offre-t-elle pas à l’homme des conditions de vie agréables, bienfaisantes et harmonieuses, un équilibre entre le temps réservé à l’activité et celui du repos? Que serait une vie entière passée dans l’obscurité? Un jour perpétuel, sans nuits réparatrices aurait tôt fait d’exténuer l’homme. Sans doute, dans la cité céleste illuminée par la gloire de Dieu et de l’Agneau, nous jouirons de la lumière éternelle sans plus de nuit, mais alors dans des corps glorieux!
A remarquer encore que la nuit voulue par Dieu pour l’homme n’est pas comparable aux «ténèbres du dehors», profondes, inimaginables qui régnaient à la surface de l’abîme. La lune et les étoiles en atténuent l’obscurité; la nuit ne manque ni de beauté, ni de charme, ni de poésie, en été surtout. Pourtant la nuit reste l’opposé du jour. L’obscurité favorise la dissimulation, le développement du péché, puisque propice à l’action de ceux qui se cachent. Ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit;… nous qui sommes du jour, soyons sobres (1 Thes 5.7-8).
2. Les eaux
Dans cette même perspective d’un séjour agréable pour l’homme, sont séparées les eaux au-dessous de l’étendue et celles au-dessus (1), ainsi que les mers et la terre ferme, grâce aux lois naturelles, merveilleuses et admirables, établies par le Créateur, qui régissent l’échange des eaux et des vapeurs dans l’atmosphère.
Cet équilibre fut rompu au déluge, quand toutes les sources du grand abîme jaillirent et les écluses des cieux s’ouvrirent (Gen 7.11). Alors fut interrompue la séparation des eaux, par le jugement de Dieu. A Noé l’Eternel promet qu’il n’y aura plus de déluge, tant que la terre subsistera (Gen 9.11). Cette alliance, attestée par l’arc-en-ciel, met l’humanité à l’abri, grâce au décret divin, d’un futur déluge.
3. Un peuple
A la séparation dans la création succède la séparation dans l’humanité.
Dieu honore la foi d’un homme qui accepte sa grâce dans l’obéissance: Abraham, appelé le père des croyants. Il lui promet une descendance dont il fera un peuple témoin, (distinct du reste de l’humanité détournée de Dieu), par l’effet d’une séparation protectrice, lui permettant d’être béni. Toute l’histoire d’Israël se déroule en fonction de ce thème conforme à la pensée divine: Je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi (Lév 20.26). Propriété de Dieu, peuple élu, béni, choyé, Israël connut des «temps forts» et des temps difficiles. Chaque fois qu’il perdit de vue la séparation, la mise à part dont il était l’objet, il en subit les conséquences tragiques et douloureuses (après l’intervention de Balaam, par exemple). Par les prophètes, le peuple était averti, exhorté, repris. Dieu les suscitait pour engager le peuple à marcher dans l’obéissance à sa Parole, dans la séparation.
Il ne suffisait pas qu’Israël se tienne à l’écart des autres peuples (ce qui aurait pu devenir simple ségrégation raciale); il devait en connaître la raison. Il fallait donc distinguer ce qui est saint de ce qui est profane (Jér 15.19). Ainsi seulement le prophète pouvait être comme la bouche de l’Eternel, c’est-à-dire son oracle. Le prophète était le porte-parole de Dieu, avec toute la puissance correspondante, à la condition qu’il sépare, lui-même au préalable ce qui est précieux de ce qui est vil.
A l’Eglise, Paul ne rappelle rien d’autre; il faut se séparer de tout ce qui se rapporte au culte des idoles. Dieu est saint et le temple du Dieu vivant (que nous sommes) ne supporte pas des contacts avec ce qui est impur. Mais il ne nous est pas demandé de vivre en reclus, à l’écart de nos semblables, retranchés dans un isolement sectaire. Le Seigneur l’a dit: Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les garder du Malin (Jean 17.15). Restons sur nos gardes; il y a des contacts extrêmement dangereux et des proximités redoutables à éviter absolument. Séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur (2 Cor 6.17).
Sur la séparation dans la vie du chrétien, il y aurait certes encore beaucoup à dire…
Il. Dieu rassemble
(Lire Jean 11.52; Marc 13.27; Eph 1.9-10)
Si Dieu sépare d’abord, en fin de comte son plan est de rassembler ses enfants, de réunir même toutes choses, au temps fixé par lui. Séparer et rassembler ne sont contradictoires qu’en apparence. Avant de pouvoir entrer dans un alliage à usage industriel, l’or brut doit subir l’affinage. Cette opération consiste à séparer l’or des autres métaux qu’il contient (argent, platine, cuivre, par exemple) par voie chimique ou électrolytique. Alors seulement l’or fin (or pur) peut subir une deuxième opération: l’alliage, par la fonte de cet or pur avec une quantité déterminée de métaux d’appoint, eux-mêmes préalablement purifiés. On obtient ainsi un or allié, au titre exact désiré répondant aux exigences techniques requises, pour entrer dans le circuit de fabrication. On ne saurait parler d’alliage sans affinage préalable. Dieu, d’abord, sépare, ensuite seulement il allie (voir Mal 3.3). Dans son plan le Seigneur apparaît comme le grand rassembleur. Par sa mort, Jésus réunit en un seul corps les enfants de Dieu dispersés. Le fils de l’homme rassemblera les élus des quatre vents, de l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Enfin, quand les temps seront accomplis, le Seigneur réunira toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre.
Rappelons-nous que, si Dieu nous veut séparés, à certains égards, il veut aussi, compte tenu du grand rassemblement qu’il prépare, que nous cherchions à nous rassembler. Ne promet-il pas sa présence à ceux qui se réunissent au nom de Jésus Christ?
Avant de conclure, il importe encore de ne pas confondre:
séparation | et | division |
La séparation est l’oeuvre de Dieu. | La division est l’oeuvre du diable (Satan est le diviseur). | |
Dieu sépare ce qui est incompatible, discordant, disparate. | Le diable divise ce qui est uni. | |
La séparation voulue de Dieu est une mise à part. | La division, oeuvre du diable, est coupure, morcellement, mutilation. | |
La séparation | La division | |
– délimite | – déchire | |
– protège | – fragmente | |
La séparation est | La division est | |
– bienfaisante | – douloureuse | |
– sanctifiante | – traumatisante |
Satan s’oppose constamment à l’oeuvre de Dieu. Il cherche à diviser tout ce que Dieu unit. Inversement (danger peut-être plus grand encore), quand Dieu sépare, Satan s’ingénie à empêcher la séparation; il prône le mélange, la confusion, l’équivoque, l’ambiguïté:
– sur le plan doctrinal et spirituel | voir les églises de Pergame et Thyatire |
– au plan physique: | l’unisex |
– au plan moral: | la notion du péché disparaît |
Notre séparation, voulue de Dieu, notre mise à part, comme pour Israël, atteste que nous sommes la propriété de Christ qui a donné sa vie pour nous.
La séparation est un titre de propriété.
Appartenant à Christ, et avec lui cohéritiers, nous attendons, avec son retour (vraisemblablement très proche) la grande réunion qui rassemblera en lui tous les enfants de Dieu aujourd’hui encore dispersés.
- Edité par André
A. Vocabulaire
1. Nouveau Testament
- «gé» (248 fois, surtout dans Actes, Evangiles, Apocalypse).
= sol (reçoit la semence) = monde à évangéliser: Act 1.8 = région sous la terre: Phil 2.10 = pays (terre de Juda/pays d’Israël: Mat 2.6/2.20) = terre entière: Marc 13.27 - «cosmos» (185 fois, dont 102 par Jean et 47 par Paul)
utilisé dès Homère (850 av. J. C.) pour: construction/ordre/règles sociales dans la philosophie grecque: le système/l’organisation du monde l’univers (notion d’espace) l’humanité - «oikuméné» (15 fois dont 8 dans Luc)
= la terre habitée, terme géographique (dérivé: oecuménique): Luc 2.1; 4.5 = l’empire romain, terme politique (dès 2e s. av. J. C.): Act 17.6
2. Ancien Testament
Pas de terme spécial qui correspondrait à «cosmos». L’univers: «le ciel et la terre». Le monde est toujours vu en relation avec Dieu, le Créateur envers qui l’homme est responsable de la manière dont il gouverne le monde.
B. Emplois significatifs
1. Nouveau Testament
a) «gé»
«Terre et ciel passeront»: Mat 5.18; 24.35
Ils seront remplacés par «un nouveau ciel et une nouvelle terre»: Apoc 21.1; 2 Pi 3.13.
Par disparition des cieux et de la terre, il faut entendre la disparition de l’organisation du monde pécheur actuel, qui doit être renouvelé en passant par le jugement de Dieu. La rédemption s’étend à tous les domaines de la terre géographique les plus repoussés. Christ a promis que les humbles hériteront la terre (Mat 5.5). Mais comme la terre est le lieu de ce qui est imparfait, les chrétiens doivent penser au ciel où Dieu habite («ce qui est en-haut»: Col 3.2).
Remarque: | La terre en tant que planète («érets» en hébreu) est déclarée inébranlable dans ses fondements: Ps 93.1; 96.10; 104.5; 1 Chr 16.30; Ec 1.4. |
b) «cosmos»
Philosophie grecque: L’univers est maintenu par un ordre universel (macrocosme). L’homme est un microcosme (petit univers), ce qui lui permet de percevoir l’ordre du monde et d’apprécier sa beauté et la perfection de sa forme sphérique et de son mouvement circulaire. (Pas idée d’une terre plate!)
Platon: Premier à enseigner que le cosmos et la création d’un démiurge (dieu architecte de l’univers) qui «forma le monde selon l’idée de l’être vivant parfait». Le monde est une manifestation de ce démiurge. – Platon: 5e s. av. J. C.
Aristote (4e s. av. J. C.): Sa vue a prévalu pendant 2000 ans en occident. Pour lui, la terre est sphérique, entourée de sphères célestes; elle est le centre immobile de l’univers. Le «cosmos» est la somme totale de tout ce qui est compris dans l’espace et le temps. Au-delà du cosmos, c’est le monde transcendant de Dieu (correspondrait au ciel). Mais: Dieu n’a pas façonné le monde, selon lui. Dieu est «Raison pure»; il anime tout mais reste lui-même insensible et n’intervient pas dans les affaires du monde.
Le stoïcisme: Zénon (4e-3e s. av. J. C.). Il enseignait l’éternel recommencement de toutes choses. [C’est la roue de l’astrologie orientale: il n’y a ni commencement ni fin.]
Néo-platonisme (3e s. av. J. C.): Il y a dualisme entre le monde des étoiles et le monde de la terre, qui est déterminé par le premier. Ce que les hommes font est fondamentalement sans importance.
Gnosticisme (1er s. av. J. C. au 3e s. apr. J. C.): Il y a séparation absolue entre Dieu et le cosmos, qui est une création des puissances démoniaques à partir du chaos, avec l’aide de quelques éléments de lumière. Il n’y a aucun élément divin dans le cosmos. En tant que matière, il est mauvais, négatif, ce qui explique pourquoi le monde est une prison d’où l’âme humaine pré-existante cherche à ce libérer, aidé par la lumière dans la personne du Fils de Dieu.
Développement postérieur: Le monde en tant qu’organisme animé est l’image de Dieu, dont l’homme à son tour est l’image.
2. Ancien Testament
Philon (Juif d’Alexandrie au 1er s. apr. J. C.): Néo-platonisme à la juive. Il distingue entre «cet âge-ci» (sous la domination de Satan, du péché et de la mort) et «cet âge-là» (à venir, sous la domination de Dieu). Pour Philon, le cosmos est animé; il le nomme même «fils de Dieu».
C. Le monde dans le Nouveau Testament
3 nuances: | tout ce qui est créé: Act 17.24 |
la terre habitée (se rapproche de «oikuméné»): Marc 8.36; Mat 4.8 | |
l’humanité: Jean 3.16.19; 2 Cor 5.19 (réconcilier le monde). |
1. Dans les écrits de Paul
L’histoire du monde est déterminée par l’homme. La mort est entrée dans le monde par la chute de l’homme (Rom 5.12). Le monde entier (l’humanité) est devenu coupable devant Dieu. La création est sujette à la corruption à cause du péché de l’homme.
Paul met en rapport «ce monde» et «cet âge» (ou «l’âge présent»).
NB: «l’âge à venir»: | jamais cosmos, toujours royaume de Dieu. Par contre oikuméné (monde habité) dans Héb 2.5. |
Le monde «passe»: | 1 Cor 7.31. |
Dans ce monde, Dieu a envoyé son Fils afin de le réconcilier avec lui-même: 2 Cor 5.19. L’Eglise y est le signe de la présence du Christ.
2. La relation de l’Eglise avec le monde
Il n’y a ni rejet du monde ni assimilation au monde!
a) Le chrétien vit dans le monde et a des rapports avec lui: 2 Cor 5.20; Phil 2.15.
b) Mais il doit y vivre comme s’il n’en usait pas: 1 Cor 7.31.
c) Bien que l’Eglise sache que «tout lui appartient», elle-même n’appartient pas au monde, mais à Christ: 1 Cor 3.21-23.
Ainsi: Le monde est le champ d’action où la foi s’exerce dans l’obéissance. Malgré son engagement dans le monde, le chrétien en est libre.
L’épître aux Colossiens montre quelle est la confrontation du chrétien au monde:
Les principautés mondaines ont été vaincues par Christ (2.15).
Donc les éléments du monde ne peuvent être l’objet de vénération rituelle (2.8,20-23)
Le chrétien qui est «mort» aux éléments du monde a été libéré de la contrainte de ses préceptes. |
Dans les écrits de Jean: Le monde signifie toujours l’humanité.
En contraste avec le gnosticisme, le monde n’est pas perdu parce qu’il est mauvais par définition, mais en conséquence de la méchanceté de l’homme.
«Dieu aime le monde» est une pensée totalement contraire à la philosophie grecque. Par amour, Dieu y envoie son Fils (Jean 3.16), non pour juger mais pour sauver le monde (12.47) en portant le péché du monde en tant qu’Agneau de Dieu (1.29).
Mais en même temps, le Fils juge le monde qui refuse le salut offert (3.19). Le monde (l’humanité) s’oppose à Dieu, est son ennemi, résiste au Fils, n’y croit pas, oui le hait. Il est sous le règne du prince du monde (12.31; 16.11), du Méchant (1 Jean 5.18). Malgré cela, le Fils est le vainqueur du monde (Jean 16.33). Il n’anéantit pas le monde mais le rachète en créant des hommes nés de Dieu (1.12) et du Saint-Esprit (3.5), qui ne sont plus «du monde» (15.19; 17.14) et échappent à sa domination (16.33).
Dans la théologie chrétienne, le monde a un sens péjoratif. Il désigne l’humanité en révolte contre Dieu. Cela détermine
la position de l’Eglise: Elle est appelée à garder ses distances face au monde, à ne pas l’aimer, ni ce qu’il contient d’anti-Dieu, à ne pas se laisser séduire. |
Par contre: Comme Dieu a aimé le monde (l’humanité, les hommes) en y envoyant son Fils, il veut que nous l’aimions (les hommes perdus sans Christ), et il nous y envoie pour être des témoins:
de Sa Parole (la vérité) et
de ses commandements (d’amour). Jean 17.17-18
- Edité par Schneider Jean-Pierre
Titre: | «La foi n’est pas une drogue» (46 pages) |
Auteur: | Jacqueline Ranc |
Editeur: | Collection Témoin no 2, Editions Contrastes, CP 3709, CH-1002 Lausanne |
Ce petit ouvrage, facile à lire, force le lecteur à réfléchir sur l’authenticité et la solidité de la foi chrétienne face à une évangile au rabais.
Divisé en cinq courts chapitres, l’auteur trace le chemin de sa foi à travers sa vie d’enfant, de jeune fille, d’épouse et de maman.
La définition «être chrétien» se dégage d’une façon naturelle, simple par ce magnifique témoignage d’une vie riche en épreuves et en foi solide, vivante, lumineuse. La description des «tunnels» dans le cheminement de la famille Ranc est touchante. On se sent proche, car ce témoignage correspond à la réalité d’un vécu, des «mêmes souffrances imposées aux frères dans le monde» (1 Pi 5.9). L’épreuve des handicaps de la maladie avec tous les exercices du coeur que cela entraîne, est dépeinte d’une façon captivante et réelle.
En voilà un foyer qui refuse les solutions à l’emporte-pièces, le sensationnel, la guérison à tout prix. Elle choisit le chemin de la croix, de la souffrance, des soupirs, des découragements et des espoirs. C’est la vie de la soumission au Dieu souverain, tout-poussant pour qui chacun a une valeur particulière. IL est plus grand que tous nos plans et nos «combinaisons». Il guérit comme il veut et quand il veut; tout lui appartient. A nous de lui faire confiance, de tout lâcher ce qu’il nous demande en nous abandonnant totalement entre ses mains paternelles. Soumission ne veut pas dire résignation. Nous devons sans cesse attendre, espérer, car Il a son plan et son heure précis pour chacun (p. 14-15). Les épreuves nous font mûrir et avancer dans la foi. Non, la foi n’est pas une drogue; elle s’exprime en un mot: «équilibre». «C’est dans le calme et la confiance que sera votre force» (Es 30.15).
Nous recommandons chaleureusement cet ouvrage particulièrement bienvenu en ces jours où des mouvements de guérison et autres vedettismes à caractère de spectacles rabaissent le glorieux Evangile au niveau d’une simple drogue à absorber. Un ouvrage qui remet Dieu à sa vraie place et valorise la foi biblique.
- Edité par Promesses
Titre: | L’équilibre psychologique du chrétien (190 pages) |
Auteur: | Jacques Poujol |
Editeur: | Editions Empreinte, 20 rue de la Madeleine, F-25000 Besançon |
Tout équilibre nécessite des bases stables ou la présence d’une dynamique suffisante pour assurer le maintien de cet équilibre. Le pasteur J. Poujol s’est attaché tout au long de son livre à poser les fondements de cette stabilité et à dévoiler les mécanismes physiologiques et pathologiques qui soutiennent ou altèrent cet équilibre.
La première partie évoque donc ces bases, rappelant le fondement sur lequel l’édifice psychologique va édifier le «je suis». La pathologie intervient lorsque le «je suis» mal affermi se pose en «suis-je?» Face à ce doute, l’auteur invite à recentrer le sens existentiel de l’homme en Dieu.
Dans la seconde partie sont abordés les différents aspects de la personnalité humaine, ses structures, son fonctionnement, rappelant en passant que l’être humain est un être de relation. Nous soulignerons surtout la notion de temps sur laquelle J. Poujol insiste fort justement! La guérison, en dehors du miracle instantané, est une affaire de temps.
Deux remarques pourtant sur cette partie à propos du chapitre 9:
– l’une concerne la description de la «personnalité épanouie» qui, livrée sous la forme d’un catalogue de qualités idéales à posséder, nous apparaît plus propre à renforcer la culpabilité et l’inhibition du lecteur, qu’à l’épanouir…
– l’autre se réfère à «l’homme autoritaire» pour lequel il ne suffira pas malheureusement de savoir qu’il est autoritaire pour être délivré, et ce d’autant plus que sa personnalité est plus fortement structurée.
La troisième partie contient une foule de conseils judicieux et remplis de bon-sens que nous laissons au lecteur le loisir de découvrir. Relevons la référence aux personnages bibliques qui sont éclairés sous le jour de leur problématique humaine.
Le livre se termine par une quatrième partie livrée sous la forme d’une exhortation qui reprend les thèmes du sens et de la direction de l’homme.
Au total, donc, un livre clair, bien structuré, facile à lire et qui introduit des données psychologiques faisant référence à diverses écoles, mais synthétisé en un discours cohérent qui rend ce livre intéressant.
Le livre a aussi l’avantage d’être pratique: chaque donnée théorique trouve son corollaire dans une application concrète. Enfin, si la dimension psychologique et spirituelle est surexploitée dans les pays anglo-saxons, sous nos latitudes, elle n’en est qu’à ses balbutiements… En ce sens, ce livre est un ouvrage pionnier.
Dr en psychiatrie
- Edité par Promesses
«Que vont-ils recevoir comme cadeaux de Noël?» Telle est la question que j’ai posée à une petite fille de neuf ans à propos des autres enfants de sa classe. Vous connaissez déjà la réponse, si vous avez vu, à la télé, les publicités pour les jouets. Des ordinateurs, des vidéos, des BMX: des cadeaux qui coûtent chers!
A Noël, une chose est évidente: c’est le temps de la consommation à gogo, du toujours plus. Chaque année, les cadeaux sont plus grands, les factures plus importantes. Cela est vrai non seulement pour les adultes, mais aussi, par les médias, pour nos enfants qui sont dressés pour qu’ils deviennent des consommateurs. Les attitudes de la société ambiante leur sont inculquées. Dans sa classe, le prestige d’un enfant est fonction de ce qu’il possède et reçoit. Malheureux les pauvres! Les parents détournés de s’occuper de leurs enfants par leur travail et leur souci de gagner toujours plus, se donnent bonne conscience en offrant des cadeaux extravagants.
Pourquoi cette faim de richesse, cette soif de possession, qui semblent obséder l’homme d’aujourd’hui?
La convoitise
Ce mot est peu utilisé de nos jours, c’est un des péchés non reconnus de notre époque. La convoitise transparaît à travers l’acquisition des biens matériels.
Le dernier commandement du décalogue traite de la convoitise: Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante… ni rien qui soit à ton prochain (Ex 20.17). La convoitise n’est pas seulement le désir de posséder, mais une aspiration à le concrétiser par l’action. Elle implique l’envie aussi bien que la volonté de déposséder le prochain par l’accomplissement de gestes précis. C’est le sens que Jésus donne à ce mot en Marc 10.18 quand il dit: Ne fais de tort à personne. C’est aussi le sens d’Hab 2.9: Malheur à celui qui, pour sa maison, se taille un profit malhonnête. La convoitise n’est pas simplement un sentiment, mais la réalisation d’un gain malhonnête, qui fait du tort au prochain.
«Cela n’a rien à voir avec la consommation de biens à laquelle nous assistons dans notre société actuelle». N’est-il pas tentant d’affirmer cela? Chacun possède des biens, sans qu’apparemment ils ne portent préjudice à son prochain.
Ceci comporte une part de vérité. Il fait distinguer, en effet, entre le désir de posséder quelque chose de façon légitime, et la convoitise illégitime qui a pour effet de déposséder le prochain. Nous pouvons certainement acquérir un objet et en jouir sans faire de mal. Quand j’écoute de la musique, je suis très content d’avoir une chaîne hifi que j’ai honnêtement acquise. La possession et le plaisir sont légitimes en eux-mêmes.
Pourtant la convoitise garde tout son sens quand la possession de l’objet nous conduit à déposséder Dieu de ses droits de Créateur sur ces choses. Dieu nous appelle à utiliser les biens de sa création pour sa gloire. Si nous les prenons comme fin en soi et si nous plaçons notre confiance en ces biens, il se passe deux choses. D’abord, la convoitise en persuadant l’homme qu’il est le maître, le pousse à abuser de sa puissance. L’homme pollue, détruit et détourne de leur finalité les dons de Dieu. En deuxième lieu, en croyant avoir la maîtrise des objets, l’homme en devient l’esclave. Les valeurs humaines, la famille, l’amour, la beauté, la communauté s’estompent jusqu’à disparaître. L’homme et la femme deviennent des objets dans un monde d’objets, une marchandise à exploiter.
L’origine de la convoitise
Pourquoi la convoitise est-elle un des aspects fondamentaux du désir humain? La réponse nous est donné dans le récit de la chute de l’homme, au début de l’Histoire. Satan tente l’homme par cette proposition: Vous serez comme des dieux (Gen 3.15). L’homme aspire à quelque chose qui le dépasse. En voulant se mettre à la place de Dieu, il se dégrade. La tentation de vouloir toujours se surpasser reste comme une écharde dans sa chair. Il veut toujours plus, mais il est éternellement frusté par son incapacité à y atteindre.
La convoitise est la soif inassouvie de celui qui n’arrive pas à se contenter de ce qu’il a. Depuis la chute, cette tentation est présente dans le coeur de chaque être humain. Elle se traduit par la hantise de ne pas pouvoir assurer sa sécurité totale et par la volonté d’atteindre, à force d’efforts, au maximum d’assurance et de confort. Au lieu de compter sur Dieu le Créateur, l’homme compte sur lui-même.
La convoitise, c’est de l’idolâtrie
Voilà pourquoi nous lisons dans le NT que la convoitise est une idolâtrie (Eph 5.5; Col 3.5). Il en est ainsi parce que la possession d’objets traduit l’aspiration de l’homme à être un dieu qui conduit son propre destin. Penser, par exemple, que le monde constitue l’objectif ultime de la vie de l’homme est donc une forme de convoitise. C’est le contraire de la piété, qui est une grande source de gain, . . . si l’on se contente de ce qu’on a (1 Tim 6.6)
En Eph 5.5, la convoitise est liée à l’immoralité. Avec la possession des objets et la soif de consommer surgit la tentation de posséder l’autre, par exemple de façon sexuelle, comme un objet. Rien d’étonnant à ce que la pornographie se montre de plus en plus scandaleuse, de pair avec la violence et son corollaire de viol, meurtre et déshumanisation.
Ce n’est pas par hasard si, dans notre société, la consommation et la permissivité vont de pair. Elles ont, au fond, le même motif: l’idolâtrie. C’est ainsi que la convoitise conduit à la mort (Jac 1.13-15).
La convoitise totalitaire
La convoitise économique, qui est l’essence même des sociétés de consommation moderne, transforme tous les rapports sociaux. Aujourd’hui, la société est de moins en moins un ensemble intégré où chacun a sa place et où le maître et le serviteur se côtoient. Le château du patron n’est plus à côté des chaumières de ses employés. Le patron habite une banlieue résidentielle dans sa villa, et les salariés habitent une zone de HLM.
Les groupes sociaux se constituent selon les possibilités de consommation. Ainsi les cadres se regroupent dans des résidences de standing, envoient leurs enfants aux mêmes écoles s’ils en ont le choix, fréquentent les mêmes clubs et s’isolent dans un milieu ferme.
Puisque la société se structure selon la capacité de consommation, le moteur du développement est le snobisme. On ne convoite jamais ce qui est inférieur. On veut toujours plus. Une maison plus grande, une voiture plus puissante, une maîtresse plus jeune, un plus grand congélateur, etc. Même les enfants rivalisent entre eux pour voir des films déstinés à la tranche d’âge supérieure à la leur.
Pour beaucoup, l’avenir s’exprime en termes de développement, en expansion des biens. Voilà pourquoi ceux qui ont tout misé sur ce monde ont peur de le perdre. La psychose de la guerre nucléaire ou le délire de la bourse sont un fléau réel pour celui qui a tout investi ici-bas et qui, en conséquence, ne peut accepter l’idée de tout perdre. Les hommes qui veulent tout gagner ont toujours peur de tout perdre; mais il ne pensent plus à leur âme.
Ils n’ont plus d’âme.
La vraie richesse
Avec la richesse matérielle qui, engendre la convoitise, l’homme a perdu la vraie richesse. Celle-ci consiste, non en la possession de biens, mais en rapports qui donnent un sens à la vie. En se liant aux objets matériels, l’homme en devient l’esclave. En se liant à son Créateur, l’homme comprend qu’il existe une valeur qui dépasse toute considération économique. Cette libération lui permet d’utiliser et de développer les biens de la création, non pas pour sa gloire, mais en obéissance à Dieu. La convoitise est remplacée par le service.
La vrai valeur de notre vie consiste à vivre pour l’autre et non pas pour notre propre satisfaction: Nous n’avons rien apporté dans ce monde, comme aussi nous n’en pouvons rien emporter… Pour toi, recherche la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience, la douceur (1 Tim 6.7, 11).
A vouloir toujours plus, l’homme rate ce qui compte vraiment.
- Edité par Wells Paul
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