PROMESSES

Nous pensons que l’univers est un puits sans fond, d’où nous pouvons tirer des ressources à volonté. Mais les biens de la création ont des limites…

Que penser des questions posées par l’environnement et des problèmes que sou­lève la pollution? Avons-nous réfléchi comment, en tant que chrétiens, nous de­vrions utiliser les ressources mises à notre disposition?

Sans aborder les grands débats sur le nucléaire ou la guerre, ces questions concernent directement notre vie quotidienne. Quelles sont nos priorités lors de l’achat d’un produit? Le prix le plus bas, un point c’est tout; ou bien recherchons -nous aussi le produit le plus respectueux de ce qui existe dans la nature? Achetons-nous des meubles en plastique (non-recyclables, fait de substances mortes) ou en bois (le reboisement étant possible)?

La nature, la pollution et nous

Jusqu’à une période récente, l’homme moderne a cru qu’il pouvait se comporter comme il voulait avec la création. Sa politique industrielle et agricole, même du logement, était fixée sans prendre en compte le caractère limité des ressources connues. La pollution est apparue, et on a commencé à comprendre que la tech­nique n’était pas l’unique solution.

La pollution existe dans beaucoup de domaines. Les grandes agglomérations la favorisent à cause de l’entassement des gens obligés de vivre dans des conditions de pénurie physique – béton, bruit, brutalité, ordures et manque d’oxygène. Le prin­temps n’est là que lorsque des jonquilles surgissent chez le fleuriste!

Si des villes comme celles du Mexique, de véritables cauchemars pour l’habitant, stimulent la pollution, Beverley Hills, où la richesse pousse à une consommation démesurée, le fait aussi. Plus le niveau de vie monte dans une société, plus celle-ci collicite ses ressources (et celles des autres) pour le maintenir et le développer. Ainsi, aux Etats-Unis, chaque année la population augmente d’un peu moins de 1 % et la production de l’électricité de près de 10%. Mais ne jetons pas la pierre aux habitants de ce pays: partout en Occident nous sommes, dans l’ensemble, des sur-consommateurs!

Un des plus grands inconvénients de la pollution est dû, depuis la deuxième guerre mondiale, au développement des produits non-recyclables. Les raccourcis de la technologie moderne permettent la production d’objets «à jeter». Ainsi l’homme est en train de «s’endetter» vis-à-vis de la nature; il y prend selon sa fantaisie au-delà de ce qu’il est capable de remplacer. La pollution croît plus vite que la production nouvelle. La voiture est l’image par excellence de la pollution, à plus d’un titre. Il y a, par exemple, plus dépaves à la casse que de voitures neuves vendues chaque année.

Une relation pour la vie

Le progrès technique a entretenu l’illusion que nous étions plus ou moins libérés de toute contrainte en ce qui concerne l’environnement. Tout devenait possible… Or, rien n’était plus faux! C’était oublier le message chrétien et faire de l’homme moderne un pollueur.

Dans la Bible, il y a un rapport étroit entre l’homme et la nature. Les deux ont été créés par Dieu. Certes, l’homme est personnel dans son être, alors que la nature ne l’est pas, mais il y a interdépendance. La création dépend de l’homme et l’homme de la création. L’homme a reçu l’ordre de bien gérer la nature, de la faire fructifier et d’en prendre soin. Ainsi il bénéficie de sa mise en valeur (voir Gen 1.29,30). Il est également appelé à respecter l’intégrité des animaux. Dans le récit de la création, il est sous-entendu que l’homme ne peut pas abuser de la création sans se dégrader lui-même et marquer son mépris vis-à-vis du privilège qu’il tient de Dieu: celui de gérer ce qui a été créé «bon».

Le jardin devenu décharge

Que s’est-il passé? Dans sa désobéissance, l’homme a détourné la nature de sa destination première. Il en a usé non pour la gloire de Dieu, mais pour se révolter contre lui. La nature souffre à cause de l’homme – elle est maudite à cause de lui et produit des chardons; l’homme se tue à la cultiver avec difficulté (Gen 3.17-19). C’est ainsi que, dans l’Ancien Testament, le péché d’Israël conduit à la malédiction de la terre et, dans le Nouveau Testament, l’apôtre dît que la «création soumise à la vanité» soupire en attendant la révélation des fils de Dieu (Rom 8.19-22).

De tout ceci se dégage le principe biblique suivant: le rapport entre l’homme et la nature est un reflet de celui qui existe entre l’homme et Dieu.

L’homme éloigné de Dieu a déclenché un cercle vicieux: l’industrie lourde détruit les forêts et cette destruction met la vie de l’homme en danger; une politique agri­cole favorable au nomadisme stimule la progression du désert et, en conséquence, la famine dans certains pays; pour notre agrément, nous abusons des aérosols, dont une des composantes chimiques détruit la nappe d’ozone qui nous protège; le refus de l’essence sans plomb va coûter plus cher à la longue que son adoption, à cause de la pollution de l’atmosphère.

Une attitude intérimaire

Nous sommes exclus du Paradis à la suite d’Adam et Eve.

Que faire? Avant la nouvelle création, il n’y aura pas davantage d’écologie par­faite que de justice parfaite parmi les hommes. Nous sommes bel et bien obligés de vivre en ville, de rouler en voiture, de placer nos achats au supermarché dans des sacs en plastique, etc. Il n’y a pas d’autre solution. Nous sommes solidaires d’une situation sociale et il est impossible de se retirer en une cocagne écologique pour éviter de mal agir.

En attendant le renouvellement de la création, les chrétiens sont donc appelés à préserver celle-ci autant que possible, car elle appartient à Dieu, et non à eux. Ils peuvent oeuvrer, dès maintenant, en vue de sa restauration, grâce des options appro­priées, tout en sachant que c’est Christ qui le fera un jour parfaitement. L’écologie et la pollution soulèvent des questions non seulement de technique, mais aussi d’éthique. La modération doit marquer nos choix en sorte que le respect de la création soit assuré au mieux.

Dieu est le Créateur; il nous appelle, nous, ses serviteurs, à gérer sa création en sages économes. Aussi investissons nos forces et notre argent en des projets propices à la nature et à notre prochain et évitons tout excès alimenté par la convoitise.

Une espérance

En même temps, sachons aussi user, en toute bonne conscience, des bienfaits qui nous sont accordés. La nature n’est pas une divinité, comme le donne à penser une certaine écologie panthéiste. Elle a été créée pour notre bien, et Dieu veut que nous nous réjouissions de sa richesse et de sa diversité merveilleuse. Il n’est sûrement pas dans la volonté du Créateur que ses dons soient une cause de tristesse pour nous!

Ceci dit, il faut savoir que nous continuerons à commettre des erreurs dans le domaine de l’écologie comme dans tous les autres. Mais nos fautes de jugement n’ont pas de conséquences éternelles, car Jésus-Christ est aussi le Sauveur de la nature. Si nous croyons en sa grâce, la nouvelle création, que notre foi attend, ne sera pas notre oeuvre mais son don.

Paul Wells


Chronique de livres

Titre: Quand Dieu a parlé aux hommes (186 pages)
Auteur: Paul Wells
Editeur: LLB Guebwiler, 1986

Livre d’un auteur contemporain qui confirme dans une expression moderne et un style différent, ce que L. Gaussen et d’autres après lui ont écrit sur l’inspiration des Ecritures, Wells bat en brèche le pluralisme théologique qui a jeté dans la confusion et dans la faiblesse la plupart des Eglises réformées du 20è siècle. Son livre remet en honneur l’absolu de la foi sans rien concéder aux prétentions de la raison ni aux hypothèses de la science. E est complété par deux annexes, la première sur l’inerrance biblique (Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978), la deuxième sur l’herméneutique biblique, c.-à-d. l’interprétation des textes (Déclaration de Chicago du 13 novembre 1982). Ces déclarations sont magistrales de clarté et de fermeté.

Ce livre tranche avec tout ce qui est neutre dans le monde évangélique et ose affirmer que la Bible juge de tout et ne peut être jugée par personne.

Le livre de P. Wells est non seulement des plus remarquables au point de vue de la foi en l’inspiration plénière de la Bible, mais aussi de la façon dont il s’y prend pour expliquer la place que l’Ecriture tient dans le plan de Dieu et «comment elle doit être lue par le chrétien». Dans un langage qui reste accessible à ceux qui possèdent déjà des éléments solides sur le christianisme, l’auteur désire que soient discernées les valeurs permanentes afin que les hommes «en vivent concrètement jour après jour». Son ouvrage est de tout premier plan.

Résumé du livre

Le livre s ‘ouvre par un résumé en forme de liminaire qui récapitule à la fois la matière de l’ouvrage et l’essence des convictions de l’auteur. Inutile de vouloir résumer ce qui l’est déjà. J’en viens donc aux sujets des huit chapitres couvrant les pages 22 à 169, chapitres suivis des deux annexes sur l’inerrance biblique et sur l’herméneutique, de la Déclaration de Chicago des 28 octobres 1978 et 13 novembre 1982.

Avec le chapitre 1 nous entrons dans l’histoire de ce que l’auteur appelle «la crucifixion de la Parole de Dieu dans l’Eglise». Après avoir exposé en quoi consiste la position classique où Dieu est reconnu comme l’Auteur des Ecritures et les écrivains comme des instruments par la bouche desquels le Seigneur a parlé, sous l’inspiration et le contrôle du Saint-Esprit, WeIls montre le point de départ et le développement du rejet de la position classique sous l’impulsion des théologiens influencés par l’humanisme. Devant l’insuffisance des thèses libérales qui fleurissent au 19C siècle apparaît la proposition néo-orthodoxe de Karl Barth (20C siècle) qui tend à «revaloriser la révélation et l’autorité de la Bible» tout en n’identifiant pas la Bible avec la Révélation (dans le sens absolu et exclusif du terme) et tout en relativisant son autorité. C’est la rabaisser «à un témoignage humain à la révélation de Dieu» et prétendre que «Jésus-Christ est la seule révélation qui manifesterait l’union du divin et de l’humain».

A la fin du premier chapitre, Wells traite de la situation actuelle qui résulte de l’effondrement de la théologie néo-orthodoxe et se caractérise par le «pluralisme». C’est avec raison qu’il note: «Lorsqu’il y a dissociation entre Ecriture et Parole de Dieu, la révélation ne peut plus être perçue. par le lecteur de la Bible, que de façon subjective.» La conclusion du chapitre introduit le sujet du deuxième: «Il vaut mieux écouter ce que la Bible dit d’elle-même.»

L’approche des Ecritures selon ce qu’elles disent d’elles-mêmes est la bonne longueur d’ondes nous permettant de capter son message et l’intention de ce message. Captivant sujet faisant l’objet des vingt pages du chapitre 2.

La Bible rend témoignage à son inspiration et il y a complémentarité entre la foi en Christ et la foi en l’Ecriture. L’attitude de Jésus envers l’Ancien Testament, dont il affirme l’origine divine de plusieurs manières et son inspiration, ainsi que «l’authentification prophétique du NT par Jésus» (ses paroles et ses promesses énonçant «le principe fondamental à la base de la formation du canon par l’inspiration de l’Esprit») sont le fondement de la fiabilité du message de «toute Ecriture», AT et NT compris.

Le chapitre 3 distingue entre ce que l’inspiration n’est pas et ce qu’elle est.
 Il importe de comprendre que «la Bible est un document rédigé dans le cadre de l’alliance qui unit Dieu à son peuple. Dans ce pacte Dieu est le souverain et l’homme le serviteur qui répond, ses réponses se situant à l’intérieur de l’alliance.»

Sur le rôle de Dieu dans l’inspiration, l’auteur développe trois pensées:
– il est l’auteur des Ecritures;
– il fournit le témoignage cohérent de sa révélation;
– il suggère aux écrivains les paroles de leurs écrits.

Vient ensuite le problème des difficultés de la Bible dont la cause première réside dans une mauvaise approche où les présupposés humains ressemblent à des clés qui ne conviennent pas à la serrure que l’on voudrait ouvrir.

Le chapitre 4: «Dieu a parlé» établit la relation entre la Personne de Dieu, sa capacité de parler et le fait qu’il parle effectivement. En même temps que la notion de relation est affirmée, celle de la distinction entre Dieu et ses attributs est énoncée. La Parole «exprime l’identité de Dieu en tant que personne. Pourtant, si cette Parole est l’expression de l’être divin, elle n’est pas toute la réalité de la personne de Dieu, à la fois Un et Trine».

Une question appelle tout le développement du chap. 5. La voici: «Cette Parole divine et humaine, est-elle dans le monde comme dans un milieu étranger? Donne-t-elle une information sur Dieu qui serait en opposition avec ce que l’on connaît par ailleurs sur le monde?» Vient alors cette réponse lapidaire dont dépend toute la démonstration subséquente: «Toute relation personnelle avec Dieu et la confiance qu’on peut avoir en lui dépendent de son contrôle des réalités qui nous entourent.» Les pages 100 à 117 traitent de la révélation générale (le Dieu de grâce se manifeste dans la nature), de son but et de ses limites, puis d’un nouveau principe de connaissance que constitue la révélation spéciale et le fait que la Bible considère la révélation générale et la révélation spéciale comme complémentaires. «Le fondement de la connaissance de Dieu est la révélation créationnelle et rédemptive.»

Sous le titre «L’autorité de la Bible». Wells consacre le chapitre 6 à définir quel est son fondement, la façon dont s’exprime cette autorité, comment recevoir cette autorité (en relation avec son centre christelogique et de dessein de la rédemption), en renonçant à faire obstacle à la révélation qui est limpide, alors que le coeur de l’homme est tortueux et méchant.

Le chapitre 7, «La vérité de l’Ecriture», définit ce qu’est l’inerrance, insiste sur l’importance de la doctrine de l’inerrance et l’élève contre tout «ce qui voudrait réduire le champ de l’inerrance». Ensuite l’auteur examine les objections à l’inerrance qui sont de plusieurs ordres mais ne résistent pas à l’analyse.

En abordant le point trois de ce chapitre, «Caractéristique de l’inerrance biblique», l’auteur montre comment et pourquoi l’inerrance et l’infaillibilité sont des notions très proches l’une de l’autre.

La suite du chapitre (points 4, 5 et 6) rejette la notion d’une inerrance partielle où la vérité de l’Ecriture ne concernerait que les enseignements moraux et spirituels. «La Bible est sans erreur et apte à permettre de comprendre les réalités spirituelles et matérielles.» Par conséquent, si la Bible est suffisante dans le domaine de la foi, elle l’est aussi «pour régir aujourd’hui la vie quotidienne.»

Enfin, puisque la vérité est un tout qui couvre le temps et l’éternité, elle dévoile tout ce qui se rapporte à la fin des temps et atteste que la nouvelle création a déjà commencé sous l’action de l’Esprit Saint.

Reste la question de l’interprétation de l’Ecriture, exposée dans le dernier chapitre du livre.

Que Dieu ait confié la vérité aux hommes est une chose. Mettre en relief cette vérité, c’est-à-dire l’interpréter, en est une autre. Pour le faire correctement, sans imposer au texte notre sens, il est nécessaire de respecter un ensemble de règles et de phases «en reconnaissant la complémentarité des caractères d’ordre divin et humain de la Bible».

Le travail exégétique est indispensable, mais s’il fait l’économie de l’action de l’Esprit, s’il oublie «que la Bible se rend un témoignage à elle-même.., qu’aucune preuve humaine n’existe pour nous convaincre», alors l’interprète apportera aux autres son propre message et non celui que Dieu a voulu communiquer à l’homme pour son salut.

Jean-Jacques Dubois
Pasteur, Action biblique Genève


Titre: La sainte Cène (77 pages)
Auteur: E. Kevan
Editeur: Europress, F-71100 Chalon-sur-Saône

La sainte Cène, qui symbolise que Christ est en nous, est une ordonnance instituée par le Seigneur pour les siens, tout comme celle du baptême, qui symbolise que nous sommes en Christ (p. 59).

Le repas du Seigneur est présenté dans ce petit livre sous quatre aspects, à savoir: celui d’un mémorial, celui d’une alliance, celui d’une communion fraternelle et celui d’une espérance.

1. Un mémorial. Il nous est ordonné par Christ, qui nous a conféré l’autorité de le pratiquer, ce que l’Eglise primitive faisait régulièrement le premier jour de la semaine (Act 20.7). Ce repas du Seigneur nous permet de nous souvenir de sa mort jusqu’à son retour, ce qui implique aussi sa résurrection, et donc toute son oeuvre rédemptrice. «Le Seigneur a prévu ce signe externe afin de toucher, à travers de nos sens physiques, notre perception spirituelle» (p. 15). Ces symboles commémoratifs, le pain et le vin, sont deux expressions métaphoriques qui servent comme signes de sa mort, sa résurrection, son alliance et notre communion avec lui et entre nous. Elle n’indique pas l’identité des espèces avec le corps du Seigneur comme l’enseigne Rome et comme Martin Luther continua de le soutenir (p. 16). C’est le mémorial d’une personne, de Jésus-Christ qui s’est livré pour nous (Gal 2.20). Ce mémorial est basé sur un fondement historique. Prendre le repas du Seigneur indignement «veut dire le prendre avec complaisance, avec frivolité, sans se soucier le moins du monde du péché qui nous alourdit» (p. 23). Nous avons l’ordre impérieux de «nous examiner», afin de discerner en nous s’il y a lieu de nous humilier devant lui pour quelque voie de chagrin que nous aurions prise. Cela exclut tout traditionalisme et nous pousse à pratiquer cette ordonnance divine régulièrement à sa gloire.

2. Une alliance. Le souper que prit le Seigneur avec ses disciples était vraiment le repas de Pâques. En effet, l’institution de la Cène était liée à la célébration de la Pâque juive. Une étude un peu plus approfondie des récits dans Mat 26, Marc 14, Lue 22 et Jean 13 fait penser que le Seigneur «transforme la Pâque pour en faire le repas de la nouvelle alliance» (p. 31). Cette partie approfondie et intéressante démontre que quand Dieu prend un engagement à travers l’incarnation de son Fils, celui-ci reste ferme et éternel, ce qui nous incite à répondre avec joie et respect à l’invitation de célébrer la Cène régulièrement (toutes les fois. 1 Cor 11.25). Dieu désire aussi que ce soit de notre côté une «loyauté sacrée» et qu’en mangeant le pain et en buvant le vin, sa table ne soit pas violée par nos inconséquences.

3. Une communion fraternelle. Elle trouve son expression suprême à la table du Seigneur, car nous manifestons, les uns envers les autres, l’amour de Dieu en «partageant» le pain et le vin avec tous ceux qui sont aussi organiquement liés au Christ, qui est la tête de son corps, l’Eglise. Cette communion est l’oeuvre du Saint-Esprit sur la base de l’oeuvre rédemptrice de Christ. Cette communion joue dans le sens vertical aussi bien qu’horizontal, symbolisé par la Cène (Act 2.42; 1 Cor 10.16; 1 Jean 1.3, 7). Il n’y a pas de place pour l’individualisme immodéré.

Ici, il faut placer la discipline, «qui a pour but de préserver la pureté de la communion fraternelle», car il y a «un lien direct entre la discipline de l’Eglise et la sainte Cène». D’autre part, «Charles Spurgeon faisait un jour cette remarque: «Il y a plusieurs frères avec qui je ne puis m’entendre sur certains points, mais je peux m’entendre avec eux en me souvenant du Seigneur Jésus. Je ne pourrais pas travaiL-1er avec eux dans tout ce qu’ils font, mais s’ils veulent se souvenir du Seigneur Jésus, je peux me joindre à eux» (p. 61).

4. Une espérance. Finalement, nous sommes appelés à célébrer la Cène en vue de son glorieux retour Il est important que nous regardions aussi vers le futur après nous être souvenus de ce qui s’est passé au Calvaire, car son oeuvre rédemptrice a une valeur et une portée futures et éternelles.

Nous recommandons ce petit ouvrage bienvenu, qui s’ajoute aux quelques rares exposés en français sur le repas du Seigneur Il est écrit simplement et nous donne envie d’adorer Dieu et de le louer avec «ce moyen de grâce spécial» qu’est la Cène (p.l9).

H. Lüscher


Chronique de livres

Titre: Le sermon sur la montagne (The Sermon on the Mount) (186 pages)
Auteur: J. Dwight Pentecost
Editeur: Edition Vida, 17, rue de Bizy, F-27200 Vernon

L’ouvrage de J. Dwight Pentecost est une interprétation sobre du Sermon sur la montagne, interprétation qui éclaire bien le contexte historique de cet appel à suivre le Seigneur, en tournant le dos à l’hypocrisie de ceux qui se contentent des apparences de la piété (les pharisiens et les docteurs de la Loi contemporains de Jésus-Christ) et qui fait l’application pratique et actuelle des principes de vie spirituelle que ce Sermon inimitable met en valeur. Tout ce qui est façade est fustigée.

La première partie expose le début du sermon (Matth 5:13-16) et présente les caractéristiques de la vraie spiritualité, ou le fruit de l’Esprit. Le passage de Matth 5:17-20 permet à l’auteur de répondre à cette question redoutable: «A quel point un homme doit-il être bon pour aller au ciel?» Cette question est aussi un défi en rapport avec l’impossibilité pour l’homme de répondre aux exigences de la Loi par ses propres moyens. Vient ensuite l’exposé des normes morales divines qui placent l’homme pécheur devant sa vraie condition et l’obligent à reconnaître que I ‘apparence de la piété ne peut tromper que les hommes. Dieu voit au-delà des apparences et juge ce qui est caché au fond du coeur (Matth 6:21-6:18).

L’homme doit faire un choix: quel trésor veut-il acquérir, quel maître veut-il servir en qui et en quoi veut-il mettre sa confiance? (5:19-34).

Le chap. 7 est la conclusion du Sermon. Il attire l’attention sur le danger de mal juger les autres et de se tromper sur soi-même. Il exalte l’esprit de grâce qui donne et l’esprit de foi qui demande avec confiance. La règle d’or est décrite dans les v. 12-20 qui soulignent l’importance de l’amour, de la sainteté, de la vérité. Le chemin qui mène à la vie est étroit mais droit, alors que celui qui conduit à la perdition est spacieux. Finalement, le critère suprême ne réside pas dans les belles paroles, même religieuses («Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous dans le royaume de Dieu . . .» v. 21), mais dans l’obéissance à la vérité révélée: . . . «mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (v. 21). Voulons-nous bâtir sur le roc de la Parole ou sur le sable d’une piété factice? Matthieu 7:24-29. Question solennelle!

Livre excellent, surtout pour les chrétiens.

J.-J. Dubois


Chronique de livres

Titre: Petit commentaire sur les épîtres du N. T. (128 pages)
Romains
Auteur: Henri Mahan
Editeur: Europress, 15, rue du Châtelet, F-71100 Chalon-sur-Saône

Premier d’une série de six volumes couvrant toutes les épîtres du Nouveau Testament, ce simple commentaire s’adresse à ceux qui, pour affermir leur foi, veulent connaître et se familiariser avec l’enseignement biblique dont il dégage les principaux thèmes dans un style vivant.

Le lecteur découvrira l’à-propos de cette lettre tant pour la Rome antique que pour notre époque si complexe. Il réalisera qu’elle ne s’adresse pas seulement, malgré sa grande profondeur, au chrétien de longue expérience ou au théologien, mais également à tout un chacun.

Jean Hoffmann
tiré de «La Bonne Nouvelle» 1/88 avec autorisation de l’auteur


Chronique de livres

Titre: Le bonheur à tout prix? (99 pages)
Auteur: Paul Ranc
Editeur: Ed. Contraste C.P. 3709, CH-1002 Lausanne

L’homme moderne est stressé, malade, mal dans sa peau!

Il cherche, quelquefois désespérément, la solution à ses problèmes, et pour y parvenir tous les moyens sont bons.

Le bonheur à tout prix? Vraiment? Le bonheur existe-t-il?

C’est ce que l’auteur tente de répondre en abordant successivement quatre mouvements ou sectes qui semblent avoir un grand succès dans notre société, la sophrologie, la scientologie, les écoles Steiner, le «Nouvel âge».

Jean Hoffmann
tiré de «La Bonne Nouvelle» 1/88 avec autorisation de l’auteur


Chronique de livres

Titre: Au commencement Dieu (64 pages)
Auteur: Edward J. Young
Editeur: Kerygma, F-Aix-en-Provence

Nombreux sont les ouvrages traitant de Genèse i à 3. Mais Young utilise une approche différente, traitant des vrais problèmes et mettant l’homme face au Dieu d’amour. Ce livre en treize chapitres répond à bien des questions. Citons à titre d’exemples:

– La relation entre Genèse 1:1 et l’ensemble du premier chapitre de la Bible.
– La Genèse est-elle un livre d’histoire?
– Quelle fut la condition de la terre à l’origine?
– Comment se déroulèrent les six jours créateurs?
– Y a-t-il deux récits de la création?
– La chute est-elle fable, mythe ou histoire?
– La chute nous concerne-t-elle?

Le lecteur trouvera dans ce petit livre une lumière qui tranchera sur la confusion actuelle.

J.-J. Dubois
tiré du «Témoin» n° 1/1988
avec autorisation de l’auteur


En discutant de la moralité de son époque, l’apôtre Paul a dit: On entend parler constamment de l’inconduite parmi vous, et d’une inconduite telle qu’elle ne se rencontre pas même chez les païens. Cela laisse entendre que même les païens peuvent parfois nous montrer l’exemple.

Aujourd’hui, dans nos pays qu’on appelle «chrétiens», nous avons à faire face à la même accusation. Lorsqu’on parle de l’avortement à la lumière des codes de lois des païens d’autrefois, on est forcé d’admettre que notre inconduite ne se retrouve «pas même chez les païens.»

Dans les lois sumériennes, qui datent environ de l’an 2000 avant Jésus-Christ, nous lisons que:

«Si un homme frappe accidentellement une femme libre, provoquant ainsi une fausse couche, il doit payer une amende de 10 sicles d’argent.» (Article I)

«Si un homme frappe intentionnellement une femme libre, provoquant ainsi une fausse couche, il doit payer une amende d’un tiers d’une mine d’argent.» (Article II)

Il n’était pas question alors d’ouvrir des cliniques pour tuer impunément des milliers d’êtres humains ni de s’enrichir en le faisant.

Deux cent cinquante ans plus tard, Hammourabi a fixé dans son code de lois babyloniennes que:

«Si un homme a frappé la fille d’un autre homme, provoquant ainsi un avortement spontané, il la dédommagera en lui payant une somme de dix sicles d’argent. Si la femme meurt des suites de cette avortement, on mettra à mort la fille du coupable.» (lois 209, 210)

L’avortement est toujours dédommageable et la loi du talion «vie pour vie» e-st applicable pour les complications causées à la fille. Cette loi cherchait à faire respecter la vie du foetus et à protéger la vie et la santé de la femme enceinte.

Les Juifs, évidemment, ne sont pas des païens; mais dans leur culture pré-chrétienne nous trouvons aussi une allusion à l’avortement spontané provoqué accidentellement. Moïse a écrit ce code environ quinze siècles avant la venue du christianisme. Il a déclaré au nom de l’Eternel que:

Lorsque des hommes se querelleront, heurteront une femme enceinte et la feront accoucher sans autre accident, ils seront punis d’une amende imposée par le mari de la femme; on la paiera sur l’avis d’arbitres. Mais s’il y a un accident, tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. (Exode 21.22-25)

Le passage concernant l’identité de la personne impliquée dans l’accident n’est pas clair, à savoir s’il s’agit de l’enfant, de la femme ou de tous les deux. Mais si on le considère à la lumière du code babylonien, il indique une amende pour l’avortement accidentel et le talion pour les complications pour la femme. Il va sans dire que la peine sera plus sévère pour les avortements provoqués intentionnellement. Il semble que Moïse n’ait même jamais envisagé une telle éventualité pour son peuple. On trouve, au contraire, une angoisse face à la stérilité et que la fertilité est considérée comme étant une bénédiction de l’Eternel.

Les lois assyriennes ont été rédigées environ mille cinq cents ans avant Jésus-Christ. Comme on peut le constater par ces quelques extraits de leurs lois, les Assyriens étaient très exigeants. Ils ne toléraient pas l’avortement. Leur code de lois dit que:

«Si un homme a frappé une fille d’un homme libre et lui a fait sortir son fruit de son sein, si on a produit contre lui des charges et des preuves, il paiera deux talents 30 mines d’étain; on le frappera de 50 coups de bâton; il fera un mois de corvée royale.» (Tablette A, #21)

«Si un homme ayant frappé une femme mariée lui a fait perdre le fruit de son sein, l’épouse de l’homme qui a fait perdre à la femme mariée le fruit de son sein sera traitée comme il l’a traitée; pour le fruit de son sein il compensera vie pour vie.

Et si cette femme meurt on mettra l’homme à mort; pour le fruit de son sein il compensera vie pour vie.

Et si l’époux de cette femme n’a pas d’enfant et que son épouse ayant été frappée a jeté le fruit de son sein, pour le fruit de son sein on mettra à mort celui qui a frappé.

Si le fruit de son sein est une fille, il compensera néanmoins vie pour vie.» (Tablette A, #50)

«Si un homme ayant frappé une femme mariée qui n’élève pas ses enfants lui fait perdre le fruit de son sein, la peine sera celle-ci: il paiera deux mines d’étain.» (Tablette A, #51)

«Si un homme ayant frappé une prostituée lui a fait perdre le fruit de son sein on lui infligera coup pour coup; et il compensera vie pour vie.» (Tablette A, #52)

«Si une femme a jeté de sa propre volonté le fruit de son sein, et qu’on ait produit contre elle des charges et des preuves on l’empalera et on ne l’enterrera pas. Si elle est morte en jetant le fruit de son sein, on l’empalera et on ne l’enterrera pas.» (Tablette A, #53)

L’avortement volontaire pratiqué par la mère elle-même est puni par le pal et la privation de sépulture; le cas échéant, la peine doit être exécutée même sur le cadavre de la délinquante.

La cruauté du supplice, et le caractère exécrable de son application post mortem montrent que le crime est considéré comme étant d’une extrême gravité. La privation de sépulture atteste que l’avortement est un crime d’après le droit religieux et pour toutes ces raisons est traité comme un délit public. Est-ce que cette nation de païens peut nous enseigner quelque chose?

Les lois des Hittites datent d’environ mille trois cents ans avant Jésus-Christ. On y lit que:

«Si quelqu’un provoque une fausse couche à une femme libre – au 10e mois de sa grossesse, il paiera 10 sicles d’argent – au 5e mois de sa grossesse, il paiera 5 sicles d’argent et il mettra son domaine en gage.» (Une version ultérieure: «Il paiera 20 sicles d’argent») – (Article 17).

«Si quelqu’un provoque une fausse couche à une esclave, au l0e mois de sa grossesse, il paiera 5 sicles d’argent.» (Une version ultérieure: «Il paiera 10 sicles d’argent») – (Article 18)

Les Hittites font suite aux autres codes de lois en punissant ceux qui sont responsables pour les avortements et en révisant leurs lois; comme on peut le constater dans une version ultérieure, ils ont même doublé l’amende imposée.

Néanmoins, il faut admettre que même si ces sociétés imposaient une peine à une tierce personne et la mort pour la femme qui s’avortait, certains pratiquaient l’exposition des enfants comme une forme d’infanticide. Si le père refusait sa progéniture, le nouveau-né était abandonné en pleine nature, n’ayant qu’une faible chance d’être secouru. Mais une fois que l’enfant était accepté par le groupe familial, on ne pouvait plus agir ainsi. Cette pratique, bien que pratiquée comme avant, était chose courante pendant la période romaine.

Dans l’Eglise des premiers siècles, on trouve une réaction à la fois contre l’avortement et contre l’exposition des nouveau-nés. Dans un des premiers codes de conduite pour l’Eglise, qui s’appelle la Didaché et qui date d’environ cent vingt ans après Jésus-Christ, on lit:

«Tu ne supprimeras pas un enfant par l’avortement et tu ne tueras pas un enfant déjà né.» (Didaché 2.2)

En l’an 177 après Jésus-Christ, un des pères de l’Eglise a protesté contre la diffamation faite envers les chrétiens: on les accusait de tuer les enfants et les hommes pour leurs rites secrets au cours desquels ils mangeaient leur chair et buvaient leur sang. Athénagore riposte ainsi:

«Comment peut-on nous accuser de meurtre, nous qui disons que les femmes qui utilisent des drogues pour s’avorter commettent un crime et qu’elles en rendront compte à Dieu. On ne peut, d’une part, croire que le foetus dans le sein de la mère soit créé par Dieu et qu’il soit l’objet de ses soins et, d’autre part, tuer l’individu une fois venu au monde. Nous qui n’exposons pas nos enfants et qui considérons que ceux qui le font commettent un homicide, allons-nous détruire les êtres adultes?» (Plaidoyer pour les chrétiens 35.4-5)

Mes amis. en regardant les traditions des nations «sans Dieu» et les précédents de 1’Eglise, avons-nous le choix de ne pas réagir face au macabre massacre qui se pratique autour de nous au nom des droits de la personne? Nous sommes le sel de la terre et la lumière dans ce monde de ténèbres. Faisons notre part en dénonçant cet holocauste pour mettre fin à cette pratique répugnante qui ne se trouve «pas même chez les païens.»

Wayne A. Jones
professeur d’études bibliques et d’histoire à l’Institut Biblique Béthel
(tiré avec autorisation du «Vigneron», mars 1987)


Quelle scène saisissante, dans Mat 27.40-44! Jésus cloué à la croix, apparemment impuissant, souffre la solitude, l’abandon, l’opprobre. Pourquoi n’est-il pas descendu de la croix, s’il est vraiment le Fils de Dieu? Pourquoi pas ce miracle visible? Pour­quoi ce silence absolu de la part de Dieu face à une foule déçue et qui aurait été épatée s’il en était descendu? Elle l’aurait acclamé comme une vedette!

Au plus profond de sa détresse, de son abaissement, Jésus subit encore un terrible assaut de l’ennemi par l’intermédiaire des chefs religieux. Pour eux, la puissance de Dieu devait se manifester par la descente spectaculaire du Seigneur de la croix. Si Dieu aimait son Fils, qu’il le descende de là! Ils refusaient de croire et de com­prendre les Ecritures, qui témoignaient tout au long de l’AT de la gloire de Dieu en Christ à travers son incarnation, de son humanité et de sa divinité, de sa mort ignominieuse et expiatoire. Non, ils demandaient des miracles (1 Cor 1.22). Ils igno­raient ce «il fallait» des souffrances de Christ avant d’entrer dans sa gloire (Luc 24.26). Ils avaient une image faussée de l’Eternel, de son caractère et de ses attri­buts. La tradition les tenait captifs et les aveuglait dans leur compréhension des Ecritures. Pour eux, Dieu se devait de prouver sa puissance et son amour en déli­vrant son Fils de l’ignominie de la Croix. C’était ignorer le dessein de Dieu.

Imaginons un peu cette scène à la croix: la foule, les chefs religieux, les brigands même; personne n’avait compris le chemin de l’obéissance sacrificielle du Christ. Ils voulaient voir pour croire, comme Thomas (Jean 20.24-29). Aujourd’hui rien n’a changé. Le même esprit règne. Tout ce qui touche au sensationnel, au visible, au succès, bref à la glorification de l’homme, attire.

Nous avons à éviter un piège: le triomphalisme. Le monde moderne a passé du «micro» au «macro». Nous voyons les choses à une échelle de plus en plus grande. Ce qui est petit et insignifiant est mal venu, mal accepté. On aspire à des «oeuvres de puissance», des miracles qui frappent, des sentiments sublimisés, des visions qui nous ouvrent la voie au triomphe.

Nous risquons de passer à côté de la plénitude en Christ. Nous avons à appliquer la théologie de la croix, de la souffrance, en suivant l’exemple de Christ sur le chemin du renoncement et du sacrifice (1 Pi 2.21). C’est à cela que nous avons été appelés. Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jean 12.24 sqq.).

Le silence de Dieu à la croix du Calvaire a été plus parlant et plus efficace finalement que si Jésus avait été miraculeusement délivré de la croix par Dieu. Non, « il fallait» qu’il passe par l’horrible abîme du péché qu’il a fait peser sur lui à cause de nos péchés. Il est mort pour nous racheter. C’est dans une adoration profonde et respectueuse que nous regardons au Père pour le louer de son amour infini.

Le Seigneur veut aussi être un exemple pour nous, afin que nous prenions courage dans notre course terrestre parfois bien difficile. Dans cette optique, la souffrance, les afflictions et la faiblesse dont parle l’apôtre Paul dans 2 Cor 12.6-10 nous sont nécessaires pour progresser dans la sanctification. N’oublions pas que Dieu se plaît à faire avancer son oeuvre à travers ses enfants soumis à sa Personne et à sa Parole, quel que soit le chemin tracé par lui. La puissance de Dieu peut alors agir à travers ses serviteurs faibles. Nous serons alors puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur; que le Christ habite dans vos coeurs par la foi et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour, pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et de connaître l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu ‘à la pléni­tude de Dieu (Eph 3.16-20).

H. Lüscher


Les enseignements de l’Ancien Testament (20)

Lecture préliminaire: 1 Rois 19.1-18 (indispensable)

1. Un homme comme nous

Le grand prophète Elie n’est pas le premier – ni le dernier – à prendre la fuite devant la menace. Il est découragé au point où il préfère la mort. Pourquoi?

Nous pouvons un peu nous imaginer le raisonnement d’Elie: «L’avenir ne promet plus rien. J’ai fait ce que j’ai pu. Le peuple d’Israël ne va pas se réformer. J’ai échoué comme mes prédécesseurs. Avec les hommes de Jézabel à mes trousses, je suis de toute façon un homme mort.» En fait, Elie doutait que Dieu puisse le protéger contre Jézabel ou que Dieu puisse convertir le peuple. «Je suis le seul croyant qui reste encore!» se disait-il.

Elie était un homme comme nous, nous dit l’apôtre Jacques. Cet homme puissant, instrument impressionnant dans la main de Dieu, dont la foi en l’Eternel rend possible ce miracle époustouflant de la foudre qui vient frapper l’autel sur simple prière: ce géant parmi les prophètes était un homme comme nous! A savoir: sujet au découragement, voire à la dépression, à la peur devant la persécution, fatigué, prêt à abandonner la lutte, las de vivre… Un homme comme nous! C’est consolant; nous sommes en bonne compagnie; nos faiblesses étaient aussi celles d’un si éminent serviteur de Dieu, de notre Dieu, du même Dieu qui s’est occupé de son serviteur avec une sollicitude qui nous émeut profondément.

Exténué par une longue marche, Elie s’endort désespéré. Et voilà qu’un ange le réveille: Lève-toi et mange! Au milieu du désert! Elie n’a pas l’air de s’en étonner. Il mange le gâteau et boit l’eau – et se rendort! Un homme comme nous? Je me demande comment j’aurais réagi dans une situation semblable.

2. Dieu enseigne

Quel est le premier besoin d’un homme découragé, au creux de la vague? Dieu le fortifie d’abord physiquement. Il lui faut du sommeil et de la nourriture. Y pensons-nous quand nous sommes appelés à aider ceux qui sont las, fatigués, découragés, au bout du rouleau?

L’ange réveille le prophète épuisé une deuxième fois et lui ordonne de marcher: Tu as un long chemin devant toi. Comme pour lui dire: «Non, tu n’es pas inutile; Dieu veut te donner une nouvelle tâche; Dieu veut t’employer encore.»

Le gâteau et l’eau lui donnent tellement de force qu’il va pouvoir marcher pen­dant 40 jours et 40 nuits! Il parcourt en ce temps tout le chemin que le peuple d’Israël avait parcouru en 40 ans, mais dans le sens inverse. Tout au long de ce chemin, Elie a dû se rappeler l’histoire de l’Exode d’Israël: le péché du peuple, la patience de Moïse, la grâce que Dieu a faite et refaite au peuple réfractaire; mais aussi le jugement: 40 ans au lieu de 40 jours! – Pensons-nous parfois au chemin parcouru au cours de nos années?…

Dieu veut enseigner quelque chose à Elie, à cet homme qui avait fait des signes et des prodiges: il avait ressuscité un mort; il avait fait descendre le feu du ciel; il avait tué les 450 prophètes de Baal. Et maintenant il a besoin d’enseignement… Et nous alors!

3. Dieu parle

La caverne dans laquelle Elie entre n’est pas n’importe laquelle. C’est la caverne du Mont Horeb, la montagne de Dieu. Moïse s’y trouvait quand l’Eternel fit passer sa gloire devant lui.

Et là, la parole de l’Eternel lui fut adressée. Pas pour la première fois! Quand Elie était en Galaad, Dieu lui dit: Pars d’ici, et il l’envoya au torrent de Kerith où les corbeaux le nourrirent. Là, la parole de l’Eternel lui fut adressée: Lève-toi, va à Sarep­ta! Là, une veuve païenne le nourrit; là, il ressuscita son fils.

Dans la troisième année de la sécheresse, la parole de l’Eternel fut ainsi adressée à Elie: Va, présente-toi à A chab. Par la suite, au Mont Carmel, Dieu répond à la prière d’Elie par la foudre. Ensuite, la pluie s’abat en trombe sur Israël. Va! Lève-toi! Elie obéit, et Dieu agit.

Cette fois-ci aussi, dans la caverne du Mont Horeb, la parole de l’Eternel fut adressée à Elie, mais pas comme les autres fois. Dieu ne lui dit pas de partir, il lui pose une question: Qu’est-ce que tu fais ici, Elie? Comme pour dire: «Au Carmel, tu m’as prié de révéler au peuple que je suis Dieu en Israël, et non Baal ou Astarté. Tu te nommais mon serviteur, et je l’ai confirmé. Donc je suis ton maître. Pourquoi ne m’as-tu pas consulté avant de te mettre en route? Tu es parti en propre maître, Elie.» Qu’est-ce que tu fais ici?

La réponse d’Elie était une excuse. (Il était bien un homme comme nous!) Il n’a pas prononcé les trois paroles que Dieu attendait de lui: «J’ai péché.» A la place: «J’ai bien agi; les autres ont péché.» C’est vrai aussi, mais ce n’est pas la réponse à la question: Que fais-tu ici? Quand Elie dit: Je suis resté, moi seul, n’accuse-t-il pas Dieu? Autant dire: «Tu m’as abandonné. Pourtant j’ai déployé mon zèle pour toi!»

Alors Dieu veut donner une leçon à Elie: Sors! tiens-toi devant moi! Mais Elie n’ose pas sortir. Il reste dans la caverne. Il se cache. Adam et Eve aussi s’étaient cachés après avoir désobéi. Et toi? Et moi? … Mais Dieu parle quand même. Adam, où es-tu?

Ici, Dieu passe; il ne reste pas – il ne fait que passer. Mais comment! Il est précédé par un ouragan tel qu’il déchire les montagnes, qu’il brise les rochers. Ils tombent avec fracas, l’air est rempli d’un bruit de tonnerre comme si le dernier jour était arrivé. Mais l’Eternel n’était pas dans le vent. Etrange…

Prochain phénomène: la terre tremble. Mais l’Eternel n’était pas dans le tremble­ment de terre. Ensuite c’est un feu qui éclate. Mais l’Eternel n’était pas dans le feu. De plus en plus étrange…

Imaginons l’étonnement et le désarroi d’Elie. Il n’y comprend plus rien. Et voici que se produit un son doux et subtil, littéralement: le son subtil d’un silence; un murmure; à peine une brise; un souffle… Et Elie comprend que l’Eternel est dans ce son à peine perceptible. Maintenant, il sort de la caverne, mais il se cache le visage.

4. Pas par la force, mais par mon Esprit

Quelle est la leçon qu’Elie doit apprendre, que nous devons apprendre?

Elie avait le désir ardent que son peuple se convertisse, qu’il y ait un réveil, c’est-à-dire une repentance authentique et un retour à la loi et à l’alliance de Dieu. Il pensait que cela nécessitait une intervention spectaculaire de Dieu, que Dieu allait briser l’opiniâtreté du peuple par une manifestation foudroyante. Quand le feu tom­ba du ciel, il pensait que l’heure était venue, et il égorgea les 450 prophètes de Baal. Il se disait: «Cela doit continuer ainsi!» Car Astarté, la divinité féminine de la fécondité, avait ses 400 prêtresses qui se prostituaient sous les arbres sacrés sur les collines et qui entraînaient les fils d’Israël à la prostitution à la fois sexuelle et spi­rituelle. Elles aussi devaient être éliminées, devait se dire Elie. Seulement, ce n’était pas la manière de Dieu, qui n’avait pas dit à Elie d’égorger les 450 prêtres païens.

L’Eternel veut faire comprendre à Elie, qui s’attendait à ce que Dieu brise toute résistance par sa puissance, que s’il avait en effet répondu par la foudre, ce n’était pas là sa manière habituelle.

C’est comme si l’Eternel disait à Elie: «Je veux oeuvrer dans le silence du coeur. D’ailleurs, tu n’es pas le seul croyant du tout: il y en a encore 7000 qui sont restés fidèles dans le pays. Ils ne font pas de bruit; ils n’égorgent pas les faux prophètes; mais ils croient en moi. Elie, me connais-tu vraiment? Sais-tu que mon Esprit souffle là où il veut, dans la douceur, dans l’intimité du coeur?»

Ce que Dieu enseigne à Elie, il l’enseignera aussi à Zacharie, par un ange qui lui montre un chandelier d’or à sept bras relié à deux oliviers. Que signifient ces choses? demande Zacharie. L’ange répond: Ce n’est ni par la puissance ni par la force (la tempête, le tremblement de terre, la foudre et le feu), mais c’est par mon Esprit, dit l’Eternel des armées (Zach 4.6). Puis l’ange évoque la pierre principale (le Christ) au milieu des acclamations: Grâce, grâce pour elle!

Grâce, grâce… Cela n’est pas dû à nos efforts, à notre course effrénée – c’est l’affaire de Dieu. Justement, Elie pensait que c’était son affaire. Il avait l’impression que Dieu l’avait laissé tomber, que Dieu ne faisait plus rien. Or, même quand nous ne sentons et ne voyons rien de sa puissance, le. Seigneur est à l’oeuvre. Il a ses 7000 qui ne fléchissent pas les genoux devant Baal…

5. Echec?

La leçon a-t-elle porté? «Bien sûr! direz-vous. N’est-ce pas le grand prophète Elie? Il ne peut pourtant pas être bouché comme nous!>’ Eh bien oui, il peut être bouché comme nous. Et il l’est! Elie était un homme comme nous…

Car quand Dieu repose la question: Qu’est-ce que tu fais ici, Elie? il donne la même réponse: « Moi, j’ai tout fait avec zèle. Ce sont les Israélites qui t’ont abandonné, pas moi. Eux, ils ont tué tes prophètes, pas moi. J’ai tué les faux prophètes, moi! Et maintenant ils veulent me tuer, moi, ton fidèle serviteur!» C’est presqu’une accusa­tion.

Que répond l’Eternel? Faisons bien attention: Va, reprends ton chemin jusqu’à Damas… Ton chemin, le chemin d’Elie, non pas le chemin de Dieu. Et où mène le chemin d’Elie? A Elisée: Tu oindras Elisée à ta place. Dieu remplace Elie. Non pas qu’il ne veuille plus l’utiliser, mais il lui donne un autre travail. Il ne veut plus l’utiliser dans sa première fonction.

Moïse, lui aussi, déshonora l’Eternel aux eaux de Meriba, de sorte que Dieu dut le remplacer, lui aussi, pour faire entrer le peuple dans la terre promise, tâche qu’il fut donnée à Josué d’accomplir. Mais Dieu reste fidèle: Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même (2 Tim 2.13). Dieu prit soin de Moïse à sa mort. Elie, lui, monta même au ciel sans passer par la mort. Dieu honore ses servi­teurs jusqu’au bout.

6. Triple mission

Dieu appelle Elie à une mission en dehors d’Israël. Il a fui, il est parti de son peuple par crainte de perdre sa vie. Dieu va l’utiliser là où il est allé.

Première mission: Sacrer Hazaël roi de Syrie. Etonnant, cela: le prophète d’Israël doit oindre un roi païen! Un autre roi païen comprit une vérité que nos chefs d’Etat modernes auraient encore à apprendre: Le Très-Haut domine sur toute royauté hu­maine; il la donne à qui il lui plaît. C’est la leçon qu’apprit Neboukadnetsar, le puissant roi de Babylone (Dan 4.14).

Pas facile, cette nouvelle tâche, car Elie sait que le Syrien Hazaël amènera la mort et la ruine en Israël. Mais Elie se soumet à la souveraineté de Dieu, même quand il ne peut comprendre l’intention de Dieu. Prenons-en de la graine.

Deuxième mission: Sacrer Jéhu roi d’Israël. Encore une tâche difficile, vu qu’Elie sait que Jéhu fera couler beaucoup de sang en Israël.

Non Dieu n’a pas rejeté son prophète. Il lui a donné d’autres tâches. La plus difficile est certainement la

troisième mission: Préparer Elisée à lui succéder pour exercer le ministère qui était le sien avant. Elie doit laisser la place au plus jeune…

Elie se met à la recherche, et il trouve Elisée derrière douze paires de boeufs, signe de grande richesse, en train de labourer, preuve qu’Elisée est travailleur, car il aurait pu laisser le labourage à ses serviteurs. C’est cet homme que Dieu a choisi; c’est l’homme qu’Elie oint pour en faire son successeur. Pas trace de jalousie chez Elie, mais soumission à la volonté de Dieu.

7. Réhabilitation

Renvoi en Israël, dernière mission et enlèvement spectaculaire: voilà la fin de l’extraordinaire carrière d’un des prophètes les plus éminents de la Bible.

Une dernière fois, Elie doit rencontrer Achab, ce roi rebelle qui, sous l’influence de Jézabel, devint idolâtre et alla jusqu’à faire assassiner le noble Naboth dont il convoitait la vigne. Elie a pour mission de lui annoncer sa fin tragique. Et le fait incroyable se produit: Achab se repent!

Non, Elie n’est pas un serviteur inutile. Dieu l’utilise toujours, parce qu’il obéit à l’Eternel même quand il est pour ainsi dire «déclassé». Et le plus étonnant: Dieu parle de nouveau par le feu, qui frappe deux fois 50 émissaires envoyés par le roi d’Israël Achazia. Le feu descend du ciel comme sur le Mont Carmel!

La raison: Elie s’est humilié devant l’Eternel; il lui a obéi; il a lui-même cherché puis oint son successeur. Et Dieu l’honore. Comme pour Moise, Dieu partage les eaux quand Elie les frappe de son manteau.

Oui, Dieu honore Elie d’une manière éclatante: Dieu enlève son prophète dans un char de feu tiré par des chevaux de feu, au milieu d’un tourbillon. Quand Dieu réhabilite., il le fait entièrement.

Qu’est-ce que le Saint-Esprit veut nous dire aujourd’hui à travers l’histoire du prophète Elie? Quelle est l’obéissance que Dieu nous demanderait aujourd’hui, à nous gens du 20e siècle?

Jean-Pierre Schneider