PROMESSES
3. SANS LA DOCTRINE DE LA CREATION IL NE PEUT Y AVOIR D’ACTION MIRACULEUSE DANS CE MONDE
Un caractère fondamental de la théorie de l’évolution est que les lois de la nature, telles que notre science les définit, ont une valeur absolue à toutes les époques. C’est ce qu’on appelle l’uniformisme. Les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets et, selon la foi des évolutionnistes, il n’y a jamais eu d’autres causes que celles que nous observons aujourd’hui. C’est une élimination de l’action miraculeuse de Dieu dans sa création. Les lois de la nature dont parlait Jérémie (14.22) expriment l’action par laquelle le Créateur, notre Seigneur Jésus-Christ, soutient toutes choses par sa parole puissante. Non seulement Dieu est le Créateur, mais c’est lui qui, à tout moment, par son action constante donne l’existence, le mouvement et l’être à toutes choses. Le miracle n’est rien d’autre que l’action ponctuelle de Dieu dans sa création, action par laquelle il suspend temporairement l’ordre qu’il a lui-même établi pour l’univers afin d’agir d’une autre manière. La question que Dieu adressait à Job est toujours d’actualité :
Où étais-tu quand je fondais la terre ? Déclare-le, si tu le sais avec ton intelligence. Qui en a fixé les mesures, le sais-tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ? Dans quoi ses bases sont-elles enfoncées ? Ou qui en a posé la pierre angulaire alors qu’ensemble les étoiles du matin éclataient en chants de triomphe? (Job 38.4-7). |
Notre science peut observer les choses telles qu’elles se manifestent aujourd’hui. Elle ne peut rien nous dire de phénomènes tels celui de la création de toutes choses, où toute observation est impossible. L’origine de la matière, de la vie et de l’âme humaine lui sont totalement inaccessibles. Elle peut décrire l’ordre existant par le jeu des causes et des effets, et même ici la part de mystère reste immense pour le savant honnête et modeste; mais elle ne peut pas nous parler des causes de la matière, de l’ordre des lois de la nature, de la vie et de la connaissance humaine. C’est pour cela que toutes les théories sur les origines inventées par l’homme sont futiles, et j’ajouterais impies, car elles ne veulent pas reconnaître que c’est la toute puissance et l’omniscience de Dieu qui sont à l’origine de l’univers. C’est cela que certaines des difficultés du récit biblique de la création cherchent à nous faire comprendre.
Le professeur E.H. Andrews de l’Université de Londres termine son ouvrage DIEU, LA SCIENCE ET L’EVOLUTION par ces paroles très éclairantes:
« La faiblesse principale de la géologie uniformiste est qu’elle refuse d’admettre le témoignage biblique que des moyens miraculeux étaient en action lors de la formation de l’univers et de la terre. » (p.127) |
Luther, dans son commentaire sur la Genèse, constate un problème à ses yeux insoluble. Comment des jours pouvaient-ils exister avant même la création des astres établis par Dieu pour les mesurer? Ne comprenant pas avec son intelligence, il accepta l’affirmation de la Parole de Dieu sur la création par la foi. Ce problème – et bien d’autres encore dans ce récit étonnant – a été une pierre d’achoppement pour de nombreux lecteurs de la Bible ces deux derniers siècles car ils ne comprenaient pas que lors de la création les choses se passèrent très différemment qu’aujourd’hui.(1) L’apôtre Pierre nous parle très clairement des évolutionnistes uniformistes de notre époque:
Sachez avant tout, que, dans les derniers jours, il viendra des moqueurs pleins de railleries, qui marcheront selon leurs convoitises et diront : Où est la promesse de son avènement ? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme depuis le commencement de la création. En effet, ils oublient volontairement qu’il y eut, autrefois, des cieux et une terre qui, du milieu de l’eau et formée par l’eau, surgit à la parole de Dieu, et que, par les mêmes causes, le monde d’alors périt submergé par l’eau; mais par la même parole, les cieux et la terre actuels sont gardés en réserve pour le feu, en vue du jour du jugement et de la perdition des impies. (2 Pi 3.3-7) |
Ce que les apparentes invraisemblances scientifiques du récit infaillible de la création expriment de manière parfaitement claire – et c’est entre autre là leur but-, c’est que les lois de la nature qui prévalent aujourd’hui dans l’univers ne sont aucunement les mêmes que Dieu utilisa dans son oeuvre de création par lesquelles il établit les lois que nous connaissons. Ces lois créatrices de Dieu nous sont aujourd’hui inconnues, à part leur manifestation actuelle dans des miracles. C’est par une intervention semblable que viendra la fin de ce monde. C’est par une intervention semblable qu’est venu le déluge.
Le refus de la création est avant tout le refus du Dieu créateur dont nous parlent toutes les oeuvres de Dieu. C’est, avant tout, le refus par les hommes impies de reconnaître la souveraineté, la toute puissance et l’omniscience d’un Dieu auquel nous devrons tous rendre compte. Il est évident que sans un tel Dieu, et sans une telle doctrine de la création, il ne peut y avoir d’action miraculeuse dans ce monde. Or, sans intervention divine, quelle rédemption pourrions-nous espérer ?
Jean-Marc BERTHOUD
- Edité par Berthoud Jean-Marc
SYTHESE ET CONCLUSION
Successivement les 13 chapitres de l’épître ont dévoilé la richesse de leur contenu. Sans revenir en détail sur tel ou tel sujet traité, il faut encore en dégager, et conserver, une synthèse enfermant les notions d’ensemble, non apparentes au fil de l’étude. Elle fixera les idées maîtresses caractéristiques de cette remarquable lettre.
1. Présence de l’Ancien Testament
Elle est soulignée par plus de 50 citations et allusions, sans compter tout le ch.11, véritable manuel d’histoire hébraïque, comparable au discours d’Etienne (Actes 7).
Fréquentes aussi dans d’autres épîtres (Romains, Galates surtout), les allusions à l’AT y jouent un rôle d’appoint à l’exposé. En Hébreux, elles constituent la base de la réflexion proposée au lecteur; leur but est d’établir la concordance entre les 2 révélations, AT et NT, souvent jugées contradictoires parfois même inconciliables.
Si AT et NT forment 2 corps d’un même bâtiment, l’épître aux Hébreux en est la pièce de communication de l’un dans l’autre, et l’Apocalypse la terrasse commune coiffant tout l’édifice.
2. Inspiration de I’AT
Elle ne fait aucun doute pour l’auteur (inconnu).
Certaines citations sont attribuées à Dieu (Héb 1.5; 4.7; etc.); d’autres au Saint Esprit (Héb 3.7; 10.15) qui donne l’interprétation de certains types (9.8); d’autres encore au Fils lui-même (Héb 2.12-13). En revanche, l’auteur humain du Ps. 8, pourtant connu et célèbre, David, n’est pas nommé (2.6).
Ainsi se confirme le phénomène de l’inspiration des Ecritures, selon 2 Pi 1.21. Dieu a confié sa Parole à transmettre par des hommes qui lui ont donné le moule de leur style, sans altérer la pensée.
L’attitude de l’auteur de l’épître rejoint celle de Jésus face à l’AT, qui était Parole de Dieu pour lui. Laissons-nous donc juger par la Bible (Héb 4.12-13), plutôt que de la critiquer, quand elle dépasse notre petite compréhension.
3. Valeur de l’AT
Puisque la loi n’avait que l’ombre des biens à venir (Héb 10.1), vaut-il la peine de s’y attarder? Certes, elle n’est pas à mépriser. En effet:
– l’ombre parle d’une présence proche et la fait désirer:
– la loi apporte une certaine révélation de Dieu, utile pour notre instruction, puisqu’elle nous a été conservée;
– elle conduit à Christ (Gal. 3.24), en nous révélant notre incapacité de satisfaire les exigences de Dieu, et en faisant désirer celui qui pourrait y répondre;
– elle établit, par comparaison, la différence entre l’ombre des biens à venir annonciatrice, et ces biens eux-mêmes, venus par Jésus-Christ.
L’AT est comparable à la fleur dont le NT serait le fruit. Le NT est caché dans l’AT; l’AT est révélé et expliqué dans le NT. L’épître éclaire et valorise en particulier la fin de l’Exode, le Lévitique, certains psaumes et prophètes.
L’AT annonçait Jésus (Luc 24.44); mais il ne fallait pas en rester à la connaissance des textes, sans aller jusqu’à la Personne, pour avoir la vie (Jean 5.39-40), car c’est le but de la Bible que de la communiquer (Jean 20.31).
4. Rites de l’AT remplacés
Seule subsiste l’imposition des mains (Héb 6.2), à laquelle baptême et repas du Seigneur ont été ajoutés. Qu’on est loin des nombreux sacrifices lévitiques!
5. Christ, dernière révélation de Dieu aux hommes
Non seulement dernier Adam (1 Cor 15.45), le Fils est devenu souverain sacrificateur pour l’éternité (Héb 7.28). La venue de l’Esprit Saint n’a fait que propager et universaliser la promesse et la présence de Jésus dans ceux qui l’ont reçu.
6. Une part « meilleure » est le lot du croyant
Les hommes de l’AT ont cru sans voir. Les contemporains de Jésus l’ont vu sans croire. Par le texte maintenant, nous voyons Jésus… couronné de gloire et d’honneur (Héb 2.9), nous l’aimons sans le voir encore et, croyant en lui, nous l’attendons avec joie (1 Pi 1.8).
Quel puissant motif de le servir en l’attendant (1 Thes 1.9-10)
7. La foi reste indispensable
L’impressionnant défilé des témoins de la foi (Héb 11) en a montré certains qui obtinrent les choses promises (v. 33) et d’autres, au contraire, qui n’ont pas reçu ce qui avait été promis (v. 39), malgré leur foi. Dieu reste souverain dans ses choix pour chacun.
Tous, pourtant, sont morts dans la foi (v. 13), le regard en avant et en haut, vers Celui qui ne faillira à aucune promesse de sa Parole.
Celle-ci annonce l’apostasie des hommes toujours plus braqués vers les réalisations immédiates et les manifestations surnaturelles, que le diable exploitera pour capturer ceux qui n’ ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés (2 Thes 2.9-10). Quant il viendra, le fils de l’homme trouvera-t-il de la foi sur la terre (Luc 18.8)?
En rappelant l’attente confiante des croyants de l’ancienne alliance, en dévoilant le glorieux sauveur qu’est Jésus-Christ et en révélant plus encore que ce qu’on pouvait percevoir de l’AT, l’épître aux Hébreux apporte un puissant encouragement à persévérer dans la foi véritable, celle qui prend la Parole de Dieu au sérieux et produit des ouvres à sa seule gloire.
- Edité par Choiquier Jean
7. LA JUSTIFICATION
L’homme n’est pas justifié par les ouvres de la loi mais par la foi en Jésus-Christ. Gal 2.16
Maintenant, sans la loi est manifestée la justice de Dieu… par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ-Jésus. Rom 3.21-24.
La justification est une déclaration de Dieu
Avant d’être justifié, le pécheur est passible de condamnation par Dieu, le juste juge. Une fois justifiée en Christ, il entre dans une nouvelle relation avec Dieu, qui seul déclare qui est juste et qui est coupable. Ce n’est pas comme si Dieu agissait envers le pécheur comme s’il était juste, mais Dieu le prononce réellement juste: Dieu l’absout par son verdict.
Quand Christ fut identifié au péché, Dieu fit que celui qui était sans péché devînt pécheur, juridiquement parlant. L’homme en Christ est donc vraiment juste, non sur le plan éthique, mais sur le plan juridique.
Le verbe « justifier » utilisé en grec ne veut pas dire « rendre juste »; il désigne un statut de justice. « Cette justice signifie qu’en Christ l’homme occupe la position d’un être juste et vit dans un rapport avec Dieu dont seuls les justes peuvent jouir » (G. Ladd, « Théologie du N.T. », P.B.U. 1985, p.6l9).
Tout cela est rendu possible par
l’imputation.
Ce terme signifie que Dieu impute à quelqu’un ce qui appartenait à un autre. Pour citer Calvin: « La justice de Christ est imputée au croyant. » Jésus a pris la place des pécheurs, a porté leur péché, leur culpabilité et ses conséquences.
« Le Christ a été identifié au péché pour nous. On pourrait dire que nos péchés lui ont été imputés. Exempt de péché, il s’est identifié aux nôtres : il en a subi le châtiment et la condamnation: la mort. Ainsi la justice du Christ nous est imputée bien que nous demeurions pécheurs par notre nature et nos actions. La conclusion logique s’impose que l’homme de foi est justifié parce que la justice de Dieu lui est imputée. » (Ladd p.624)
Donc, d’une part mon péché a été compté à Jésus qui a été traité comme s’il avait commis mon péché; d’autre part, sa justice parfaite m’est imputée.
Dieu est celui qui Justifie. Rom 8.33
La justification a pour seule base la mort de Christ, mort qui manifeste l’amour sublime de Dieu, qui est à la fois justice parfaite et amour parfait. Nos oeuvres n’y sont pour rien; seule l’ouvre de Christ est le fondement de notre justification. Ce qui importe, c’est ce que lui, Jésus a accompli. Si la justice était accessible par l’observation de la loi, Jésus serait mort pour rien (Gal 2.21). Notre foi n’est aucunement la source de notre justification; elle n’est que l’instrument qui la rend efficace. « Croire signifie accepter ce que Dieu a accompli en Jésus-Christ, se confier entièrement à cette oeuvre et abandonner toute tentative de justification par ses propres ouvres humaines. « Croire, c’est faire totalement confiance à Dieu pour sa manière d’accorder le salut. » (Ladd p.622)
La dimension eschatologique de la justification
Nous attendons en Esprit l’espérance de justice par la foi (Gal 5.5, trad. litt.). Pourquoi, direz-vous, espérer ce que l’on a déjà?
D’une part, les textes qui ont été cités parmi beaucoup d’autres établissent que, par le sang de Jésus versé à la croix et au moyen de la foi, l’homme est déjà justifié et délivré de la condamnation (Rom 5.1; 1Cor 6.11).
D’autre part, l’acquittement présent signifie aussi le verdict de « non-coupable » au jour du jugement. Ce jugement futur a, en fait, déjà eu lieu dans l’histoire; mais le jour du jugement révélera la justice ou l’injustice de chacun. Ce jour-là, Dieu prononcera le verdict éternel. C’est dans ce sens que nous attendons en Esprit l’espérance de justice par la foi car c’est en espérance que nous avons été sauvés (Rom 8.24).
Nous avons été justifiés, nous avons été sauvés; cependant il nous faut attendre le jugement final de Dieu pour que cette justice imputée et ce salut accordé soient publiés lors de la révélation des fils de Dieu (Rom 8.19). Par la foi en l’ouvre accomplie de Jésus, cette espérance équivaut à une ferme assurance: …que nous ayons de l’assurance au jour du jugement (1 Jean 4.17).
Considérations à retenir
1. La justification s’accomplit en un moment; elle n’est pas un processus graduel.
Autrement dit: quelqu’un est justifié ou il ne l’est pas.
La question est quelquefois posée : Qu’en est-il si je pèche après ma conversion ? – Jean, qui dit dans sa première épître que le chrétien authentique ne pratique pas le péché, dit aussi que si nous disons que nous n ‘avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, mais que si nous confessons nos péchés, il est juste et fidèle pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. Il s’agit de personnes converties, justifiées, car juste avant, il écrit: Si nous marchons dans la lumière…, le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché (1 Jean 1.7-10).
Les croyants morts avant la croix ont été justifiés à cause de leur foi: Abraham crut en l’Eternel qui le lui compta comme justice (Gen 15.6). Tous leurs péchés étaient du passé quand Jésus les expia, alors que les péchés de tous ceux qui ont cru après la mort de Jésus ont été de l’avenir au moment de la crucifixion. La croix est donc la base du pardon et de la justification prospectivement aussi bien que rétrospectivement. La croix, c’est l’éternité implantée dans le temps. Christ est mort pour tous les péchés de quiconque a eu ou a la foi en le Dieu qui sauve tout au long de l’histoire humaine : ils sont justifiés et ne peuvent plus être mis en accusation ou condamnés (Rom 8.1,33).
2. L’homme n’est pas justifié par les ouvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ. Gal 2.16
Autrement dit: la justice est le résultat du salut et non la condition.
« Ce n’est pas en vertu de nos ouvres.., que nous recevons la justification, mais sur la base de l’ouvre du Christ en nous » (Ladd p.621). Cependant, la foi authentique doit forcément être accompagnée des ouvres bonnes, sans quoi elle est morte (Jac 2.26). Jacques va jusqu’à dire que c’est par les ouvres que l’homme est justifié, et non par la foi seulement (2.24). Jacques parle ici des ouvres qui sont la manifestation obligatoire de la foi et de l’amour, ouvres sans lesquelles la foi ne serait qu’une adhésion intellectuelle stérile, et non d’ouvres qui mériteraient une quelconque justification.
Luther disait: « L’homme est justifié par la foi seule, mais non par une foi qui reste seule », qui ne produirait donc pas les ouvres bonnes en vue desquelles Dieu nous a créés en Jésus-Christ (Eph 2.8-10, à lire).
Le centre
La doctrine de la justification par la foi est le centre même de l’Evangile. Luther: « L’Eglise tient ou tombe par cet article. »
Stuart OLYOTT
traduites et amplifiées par
Jean-Pierre SCHNEIDER
- Edité par Olyott Stuart
VICTOIRE SUR L’ADVERSAIRE
Gérald d’Epagnier naît sourd et muet en 1936 dans une famille de 2 enfants que sa mère a élevés seule. Il suit une scolarité normale; de plus, deux heures par jour, l’institutrice lui apprend la lecture labiale (mouvement des lèvres) avant d’aborder la phase de sa formation professionnelle. Il entreprend durant quatre ans un apprentissage comme garnisseur en automobile, suivant sans grandes difficultés les cours de l’Ecole professionnelle.
Passionné de dessin, il entre en 1963 dans une grande entreprise en tant que dessinateur au service de la documentation technique. D’emblée, sa gaieté et son goût du travail bien fait font qu’il est apprécié, sans que jamais son handicap ne soit un obstacle majeur.
En 1968, il épouse Marguerite une charmante Bâloise, également sourde et muette. Quatre ans plus tard, naît leur premier enfant, Laurence, aujourd’hui âgée de 14 ans, qui ne souffre d’aucune difficulté de l’ouïe et du langage, pas plus que ses 2 soeurs, Noëlle, 12 ans, et Carole, 10 ans.
Je voyais toujours plus blanc…
Alors qu’il a à peine 40 ans, Gérald d’Epagnier constate que sa vue baisse. Il doit abandonner la planche à dessin pour être muté dans un autre service de l’entreprise. Malheureusement son acuité visuelle diminue de plus en plus et le contraint à quitter son emploi en 1977. « Ma vue diminuait; je voyais toujours plus blanc, comme un brouillard », nous explique-t-il sans exprimer une plainte d’aucune sorte, « mais j’avais toujours quelque chose à faire et n’avais pas le temps de me reposer au soleil ! »
Un nouveau métier…
D’entente avec les organismes spécialisés et l’Assurance Invalidité, Gérald d’Epagnier apprend l’écriture Braille pour disposer d’un nouveau moyen de communication. Parallèlement, il fait des stages pour acquérir une nouvelle formation professionnelle, celle du cannage des meubles. Habile et doué d’une grande dextérité, il pratique aujourd’hui son nouveau métier avec satisfaction, dans l’atelier qu’il a lui-même aménagé dans sa maison à Cugy (VD).
De 10 à 90 pour cent de vision…
A la suite d’examens, les médecins constatent que Gérald d’Epagnier est atteint par la cataracte aux deux yeux. En décembre 1979, la première opération a lieu à l’Hôpital Ophtalmique de Lausanne; c’est une réussite ! En janvier de l’année suivante, l’autre oeil est opéré, également avec succès.
Profondément bouleversé et réjoui à la fois par un tel miracle, Gérald croit alors à l’intervention de Dieu, face à la réussite de ces opérations, et prend conscience de l’amour de Dieu pour lui. Habité par une foi sincère, il la partage avec son épouse et ses enfants et l’affermit par la lecture de nombreux ouvrages chrétiens.
Aujourd’hui, Gérald d’Epagnier peut à nouveau conduire sa voiture. Il est passé maître dans le cannage des meubles et fait l’admiration de son entourage. Pourtant il a su rester humble et assume avec douceur et efficacité ses responsabilités d’époux et de père. La joie et la bonne humeur rencontrées dans cette famille, lors de notre visite, sont une preuve vivante que la présence de Dieu dans ce foyer n’est pas un vain mot mais une réalité quotidienne!
avec la permission de la
Mission Evangélique Braille, Vevey, Suisse.
- Edité par Promesses
Titre: | CROISSANCE EN JESUS-CHRIST |
Auteur: | M.J. Stanford, 105 pages |
Editeur: | Jean-Paul Burgat « La Joie de l’Eternel », B.P. 1, 25600 Saône, France |
Le sous-titre évoque l’idée maîtresse du livre: « Le pouvoir de la croix. » Ce petit livre contient de nombreuses citations d’auteurs fort divers pour nous sensibiliser à la réalité de notre identification avec le Christ crucifié et ressuscité. Ce livre est attrayant autant par sa profondeur que par sa brièveté. Tout au long de la traduction, le texte non seulement m’a repris et remis en question, mais a aussi stimulé ma réflexion. Pour citer le début du premier des 18 chapitres: « Ce livre se propose de mettre en évidence les principes les plus importants ayant trait à la croissance spirituelle, afin de vous permettre de bâtir sur une base biblique solide fondée en Christ. »
L’auteur part de la foi, car par elle toute vie spirituelle commence. Il éclaire le but de Dieu pour son enfant à qui il a tout donné pleinement en son Fils pour qu’il puisse vivre une pleine consécration par la mort du Moi avec le Christ à la croix. Qu’est-ce que « devenir disciple »? En quoi consiste « le repos » du chrétien ? Ce livre nous aide à mieux comprendre cette parole de Paul Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. Ce n’est pas un livre de recettes spirituelles. Toute croissance prend du temps, et le facteur temps est souvent oublié. Le fruit n’éclate pas, il va lentement vers la pleine maturité.
Titre: | FACE A LA CRITIQUE JESUS ET LES APOTRES « Esquisse d’une logique chrétienne » |
Auteur: | Pierre Marcel, 176 pages |
Editeur: | Labor & Fides, Genève et La Revue Réformée, Suppl. au n°147 – 1986/3 |
Selon les propres termes de l’auteur, l’ambition de son ouvrage est « de proposer un guide fléché de la foi: chemins à suivre, sens interdits à éviter. » Eh bien ! Je crois qu’il y est pleinement parvenu et que Jésus et les apôtres, c’est-à-dire l’objet de la foi et ses témoins cités à la barre de la critique, confondent ce tribunal qui a voulu les dépouiller de leur autorité divine. L’autorité de la Parole faite chair et du témoignage apostolique est une, indivisible et intangible.
La critique biblique a mis en question cette autorité. Elle prétend que les hommes d’aujourd’hui ne peuvent recevoir, ni comprendre le texte biblique comme l’ont reçu et compris les hommes du premier siècle de l’ère chrétienne! Une ré-interprétation de la vérité s’imposerait vus les « progrès » de la science et de la civilisation !
La cause du rejet de l’autorité biblique réside dans la prétention de la pensée de l’homme de se vouloir libre et dans son refus de « l’école et la science des faits ». Preuve en est, parmi d’autres, la persistance de la théorie de l’évolution pourtant battue en brèche par les découvertes scientifiques modernes!
La critique biblique, érigée en « religion profane », se fonde sur des principes incertains (historiques, exégétiques et théologiques), sur « la dictature des experts ». Ce faisant, elle place l’intelligence et le savoir des hommes au-dessus de la lumière divine et dénie à la Bible son caractère de révélation infaillible.
Dieu est vérité et lumière. Si l’homme oppose ses pensées à celles de Dieu il se met dans l’impossibilité de comprendre le dessein de Dieu concernant la venue de Son Fils dans le monde. Seule la Parole de Dieu, reçue dans la foi, peut « structurer notre cerveau et transformer notre intelligence. » Sans cet éclairage d’une logique chrétienne la Parole et Celui qu’elle révèle: Christ, seront et resteront la pierre à laquelle se heurtent les incrédules. Or, l’Ecriture est la source de la foi, qui appréhende Christ. Elle est aussi son propre interprète et « elle prend autorité de sa mise en pratique. »
Hélas! La raison des adeptes de la critique biblique affirme son autorité contre celle de Christ, or, « même l’Eglise, fondée sur les Prophètes et les apôtres n’a pas autorité sur l’Ecriture ». L’incrédulité vient du cour de l’homme qui ne veut « ni être aimé, ni pardonné, ni guéri; parce qu’il refuse de se convertir, il faut que son cour ne comprenne rien. Aussi ferme-t-il ses yeux pour ne rien voir, bouche-t-il ses oreilles pour ne rien entendre. Son cour est alors suffisamment engraissé et empâté pour qu’il puisse regarder sans voir, écouter sans rien entendre ni comprendre » selon ce que dit Esaïe, chap. 6, versets 9 et 10. Refuser le témoignage du Saint-Esprit c’est saper le fondement même de la foi. « L’Esprit témoigne en moi de l’inspiration des Ecritures: Dieu y est Son propre témoin. »
Le livre de Pierre Marcel, incisif, courageux, entièrement respectueux de l’autorité et de l’infaillibilité des Ecritures, de leur suffisance, fustige la critique et montre qu’elle se fourvoie complètement en croyant répondre au besoin de l’homme moderne. Au contraire, elle ne lui apporte ni lumière pour son intelligence, ni paix pour son cour, ni repos pour son âme. Elle a réduit Dieu, Christ, l’Homme, la réalité et, en voulant faire croire que le diable n’existe pas, elle a favorisé ses desseins, étendu son influence!
La conclusion du livre exalte l’excellence de la foi qui est « une résurrection spirituelle de l’âme » avec toutes les richesses que cela implique.
Ce livre magistral est à la fois un tonique et un contrepoison !
tiré avec autorisation du « TEMOIN »
mars 1987, organe de l’Action Biblique.
- Edité par Promesses
Pierre de Benoît, fondateur de l’institut Emmaüs, avait constaté que les meilleurs candidats étaient encore très peu versés dans les Ecritures, et que la première tâche de l’institut était de combler cette lacune. « Je plaide, dit-il, pour une exégèse surtout cursive, qui souligne avant tout les idées directrices, les pensées dominantes et qui subordonne les détails à la perspective générale…/ …Nous sommes et nous devons rester une école biblique. L’appel que Dieu nous a adressé, c’est de faire connaître et aimer la Bible. Rien ne doit nous distraire de cette tâche centrale. »
Va donc pour les étudiants d’un institut biblique. Mais faut-il qu’ils soient les seuls à jouir de ce privilège? L’étude systématique de l’Ecriture sainte doit-elle se limiter à une petite minorité de chrétiens, une élite qui se met à l’écart pour se former ? Je pose ces questions, car force nous est de constater et de déplorer l’indifférence grandissante du peuple de Dieu vis-à-vis de la Parole de Dieu. Cela se manifeste de plusieurs manières:
1) L’exposition systématique d’un thème ou d’un livre biblique n’est pas la marque de la plupart des prédications que nous entendons dans nos églises. N’ayant pas l’habitude de suivre une explication biblique, la plupart de nos fidèles trouvent chose normale de venir au culte en laissant leur Bible à la maison. Faute d’avoir pu y goûter, ils ignorent le banquet dont ils sont privés. J’ai même entendu dire dans telle assemblée évangélique: « Nous n’avons plus besoin d’étudier la Bible, car Dieu nous parle maintenant par la prophétie ! » Et cependant, comme l’a dit dernièrement une de nos étudiantes: » Quand le pasteur prêche une série de messages sur une personnalité de l’Ancien Testament, cela donne aux auditeurs le désir de creuser ces textes. »
2) Autre exemple: les ouvrages qui se vendent sur nos comptoirs d’église ou d’autres rencontres. Les livres éphémères s’achètent comme des petits pains – des témoignages d’expériences plus ou moins spectaculaires, qu’on lit une fois avant de les classer ou jeter, et qui finissent par tuer à la longue même le goût de la lecture. Mais les commentaires, mais les livres à thème, mais les canevas d’étude ? Des trésors ignorés, négligés en somme, car qui les achète aujourd’hui… et qui s’en sert?
Un frère en Christ, depuis peu auprès du Seigneur, n’a pas exagéré lorsque, il y a trois ans, il a jeté ce cri d’alarme:
« Mon peuple est détruit parce qu’il manque de connaissance (Osée 4.6). Manque de connaissance de la Parole de Dieu signifie manque de connaissance de Dieu lui-même. C’est le manque d’enseignement donné uniquement sur la Bible qui explique le climat d’incertitude qui caractérise notre génération. On nous propose des brochures, des articles et des prédications qui évitent d’aller au fond des textes. On bâtit des énormités sur des fragments de vérité. Le plus grave – et de loin – c’est qu’on n’enseigne guère dans les églises la nécessité absolue d’une étude systématique et personnelle de la Bible entière. C’est le grand malheur de notre siècle.
Le peuple de Dieu ressemble souvent à des brebis – faudrait-il que je dise plutôt: des moutons? – dispersées sur les montagnes, exposées, comme le Seigneur l’a prédit, aux loups ravisseurs. Le travail du vrai pasteur, du berger, consiste à nourrir le troupeau: d’abord les agneaux qui ont besoin qu’on les allaite, et ensuite les adultes qui doivent apprendre à manger par eux-mêmes. Sans cela, quel espoir peut-il y avoir pour notre génération ?…/ … La Bible est notre plus grand trésor. Elle est notre salut, car elle est LA VERITE : nous la négligeons à notre péril. »
Voilà une voix prophétique d’outre-tombe. Mais vous me direz peut-être: « Que vous êtes pessimiste, mon frère ! » Oui, je le suis. Dans la série de jugements que prononce le prophète Amos sur un peuple de Dieu apostat, il mentionne la disette de la Parole de Dieu et annonce que les jeunes gens et jeunes filles mourront de la faim et de la soif d’entendre les paroles de l’Eternel (Amos 8.11-14). Que dire, alors, de croyants qui, par indifférence, ou dans la recherche de solutions de facilité, attirent ce jugement sur eux-mêmes et se condamnent à l’ignorance en matière de foi, et, par conséquent, à l’infantilisme, à la superficialité et à la stérilité?
Il est vrai que notre génération lit mal ou ne lit plus du tout. Il est vrai que notre société est médiatisée, que l’image a remplacé le texte écrit. Il est vrai que pour atteindre nos contemporains avec 1’Evangile nous avons à explorer l’utilisation intelligente des masse-media – et grâce à Dieu il y a des chrétiens compétents qui s’y consacrent. Il est vrai, enfin, que la lecture sérieuse n’est pas une chose naturelle qui nous tombe dessus sans autre, mais qu’elle est une discipline qui s’apprend au prix d’un effort soutenu et qui se maintient au prix de la persévérance. Alors, est-ce que nous allons continuer à faire comme tout le monde, à glisser sur la piste dangereuse de la facilité, bref, à faire preuve de notre mondanité en remplaçant une lecture édifiante par des petits bouquins éphémères, des périodiques illustrés et… la télévision?
Ou bien sommes-nous prêts à accepter le défi de nager contre le courant en développant de nouvelles ou de meilleures habitudes d’étude ? Les bénédictions en seront nombreuses. C’est par le lait et ensuite la viande de l’Ecriture que nous croîtrons dans la grâce et dans la connaissance du Christ. C’est en nous nourrissant de la Bible – de toute la Bible, l’Ancien Testament comme le Nouveau – que nous avancerons sur le chemin de la sanctification, que nous apprendrons à marcher dans les sentiers de la justice, et que nous discernerons la volonté de Dieu en face de la quasi-totalité des décisions que nous avons à prendre.
Dieu nous parle par l’Ecriture et l’Esprit, par l’Esprit et l’Ecriture -jamais l’un sans l’autre. Et c’est comme si j’entendais le Seigneur qui nous dit: « Pourquoi cherches-tu des raccourcis… des moyens extraordinaires pour connaître ma volonté? Alors que j’ai pris la peine, pendant quinze siècles et par la bouche de tant de serviteurs, de descendre à ton niveau et de te parler dans un langage humain qui t’est accessible ! C’est là que je t’attends, moi ton Berger, pour t’instruire et te donner savoir, connaissance, discernement et sagesse.
Et si nous prenions, devant le Seigneur, l’engagement solennel de prendre désormais sa Parole au sérieux et de nous en nourrir fidèlement ? Non pas seulement par la lecture quotidienne d’une périscope, mais aussi par une étude en profondeur. Je suis persuadé que nous verrions l’intervention bienfaisante de Dieu dans nos vies, au niveau personnel, familial et communautaire. Prenons à cour la béatitude qui marque le début et la fin de l’Apocalypse: Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites…/… Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre (Ap. 1.3; 22.7).
- Edité par Horton Frank
LA SOUVERAINETE DE DIEU (Job 22 et 23)
Bibliographie
La Bible annotée, AT (PERLE. Saint-Légier)
Francis I. Anderson: Job – Tyndale Old Testament commentaries. (lnter-Varsity Press, London)
René Girard La route antique des hommes pervers (Grasset, Paris)
Frédéric Godet: Notes sur le livre de Job et le cantique des cantiques (Ligue pour la lecture de la Bible, Lausanne).
Calvin a consacré 159 sermons à l’étude du livre de Job. La richesse ainsi que la profondeur des thèmes traités par Job méritaient sans doute une telle somme. Nous n’étudierons que deux chapitres du livre de Job: Job 22, qui est le troisième discours d’Eliphaz, et Job 23, qui est la première partie de la réponse de Job. Mais commençons par rappeler brièvement l’histoire de Job.
Histoire de Job
Le livre de Job nous raconte l’histoire d’un homme accablé par les ennuis et les souffrances. Dépouillé de ses richesses et de sa famille, il ne comprend pas pourquoi Dieu lui fait cela. Seul le lecteur sait qu’en fait Dieu est en train de prouver à Satan la sincérité de la foi de Job. Trois de ses amis viennent à son côté pour le consoler. Avec Job, ils s’engagent dans une longue discussion où ses trois amis, Eliphaz, Bildad et Tsophar prendront chacun, à tour de rôle, trois fois la parole. Ces discours sont entrecoupés des réponses que Job leur adresse.
Les amis de Job essaient d’expliquer ce qui s’est passé en mettant en rapport les souffrances de Job avec ses péchés. Job refuse cette théorie. Au lieu de suivre leurs conseils de se repentir et de faire la paix avec Dieu, Job insiste sur son innocence et s’interroge sur la justice du traitement que Dieu lui fait subir.
A ce moment intervient un nouveau personnage: Elihu. En quatre discours, il espère trouver la solution aux problèmes de Job. Elihu, lui, pense que Dieu peut nous faire passer par le creuset de la souffrance, lors même que nous n’avons pas péché, afin de nous purifier et de fortifier notre foi. Job ne répond pas aux discours d’Elihu. Enfin Dieu lui-même s’adresse à Job. Son discours change l’attitude de Job, qui se soumet entièrement à Dieu. A la fin, Dieu déclare Job juste et lui redonne richesse, prospérité et bonheur.
Après avoir étudié les chapitres 22 et 23, nous étudierons une perversité du cour humain que le livre de Job met en lumière.
1. Troisième discours d’Eliphaz (Job 22)
Dans le discours d’Eliphaz, nous relevons des erreurs sur Dieu, sur Job et sur la solution proposée, erreurs qui sont corollaires des trois thèses principales autour desquelles s’articulent les discours des amis de Job.
1. Dieu est juste, ce n’est donc pas arbitrairement qu’il distribue bonheur et malheur.
2. Les malheurs de Job sont les preuves certaines de péchés que ce dernier aurait commis.
3. Si Job se repent, Dieu lui pardonnera et le rétablira.
Avouons que ces thèses n’ont apparemment rien de choquant et qu’elles pourraient, à la limite, être les nôtres, si nous ne connaissions pas la discussion entre Dieu et Satan, dans le prologue, qui a présidé aux malheurs de Job. Pourtant, si ces thèses étaient les nôtres, nous serions dans l’erreur. En effet, à la fin du livre, Dieu donne tort aux amis de Job : Après que l’Eternel eut adressé ces paroles à Job, il dit à Eliphaz de Théman: Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’ avez pas parlé de moi avec droiture comme l’a fait mon serviteur Job (42.7). Il faut souligner que Dieu leur donne tort, sans pour autant leur révéler la scène qui s’est déroulée dans les lieux célestes au début du livre.
Premièrement donc, Eliphaz commet des erreurs sur Dieu. Veuillez lire Job 22.2-4. Tout d’abord, affirmer que le juste ne sert en rien l’Eternel, c’est méconnaître le plaisir que procurait à Dieu la droiture de Job et le fait que la piété d’un homme contribue à la gloire de Dieu. Ensuite, Eliphaz prétend qu’il est impossible que ce soit à cause de la piété de Job que celui-ci ait été châtié. Or nous savons que c’est précisément pour cette raison que Job est accablé de malheurs.
Deuxièmement, Eliphaz se trompait sur Job. Lisez Job 22.5-9. Ce sont là de graves accusations qu’Eliphaz porte contre Job, sans pourtant en apporter la moindre preuve. Chacune de ses accusations fait de Job un transgresseur de la loi. Le droit de la veuve et de l’orphelin, par exemple, est constamment répété dans la Bible : Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve (Deut. 27.19)! Dieu aurait-il fait remarquer à Satan la conduite exemplaire de Job, si ce dernier avait réellement commis tous ces péchés? Non, ce ne sont là que de fausses accusations auxquelles Job lui-même répond: Si j’ai mangé seul mon pain, sans que l’orphelin en ait eu sa part, moi qui l’ai dès ma jeunesse élevé comme un père, moi qui dès ma naissance ai soutenu la veuve… (Job 31.17-18).
Il est donc clair qu’il n’y a aucun fondement à prétendre que, pour avoir subi un tel malheur, Job doit avoir grandement péché. Car la droiture de Job était connu de ses contemporains, et ses amis devaient savoir aussi bien que quiconque, qu’il accueillait la veuve et l’orphelin. Premièrement, une idée fausse de Dieu; deuxièmement, une idée fausse sur Job; troisièmement, une idée fausse des solutions. Lisez Job 22.21-30. Bien entendu, ces solutions ne sont pas fausses en elles-mêmes. Au contraire, les exhortations d’Eliphaz à la repentance sont, selon le mot de Calvin, « de belles et saintes paroles ». Leur seul mais incontournable défaut est d’être totalement inapplicables au cas de Job.
Prenons une illustration que nous propose Frédéric Godet, théologien neuchâtelois du siècle dernier. Imaginons un père qui aurait un fils exemplaire et dévoué, fils qu’il se plairait à combler des marques de son affection. Tout à coup, un hôte soupçonneux lui insinuerait que l’excellente conduite de son enfant n’est que le résultat d’un calcul très intéressé et qu’en réalité ce jeune homme se sert de lui bien plutôt qu’il ne le sert. Mis en doute dans sa capacité d’être aimé pour lui-même, le père accepte le défi que renferme le soupçon émis par l’étranger. Il ôte à son fils tout ce qui faisait sa joie et son plaisir; il lui inflige sans raison apparente le traitement le plus sévère, les mortifications les plus douloureuses. Ses frères, voyant la rigueur soudaine avec laquelle leur père le traite, lui demandent ce qu’il a fait et l’invitent à confesser la faute par laquelle il s’est attiré la colère d’un être aussi juste que leur père. Le pauvre jeune homme ne peut répondre qu’une seule chose: « Je n’en sais rien. Notre père est juste, je ne comprends plus sa conduite. J’en appelle à lui. » Cela nous fait mieux comprendre à quel point l’appel à la repentance, envisagée comme solution par les amis de Job, est déplacé et douloureux pour celui-ci.
Tirons les leçons de ces erreurs qui, d’une façon ou d’une autre, nous guettent tous. Tout commence par une connaissance incomplète de la personne de Dieu. Partant de là, nous méjugeons nos prochains et nous en arrivons à des solutions totalement inapplicables. Nous trouvons un écho dans le NT de cette conception lacunaire de Dieu : Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question: Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit: Ce n’ est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c’est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui (Jean 9.1-3). Là encore, les disciples ignoraient la totale souveraineté de Dieu et que tout, même la souffrance, peut contribuer à sa gloire.
2. Réponse de Job (Job 23)
A l’argumentation de ses amis, Job n’a rien à opposer d’autre que le bon témoignage de sa conscience. Frédéric Godet dit à ce propos: « Sa bonne conscience, voilà le rocher contre lequel viennent se briser toutes les inculpations dont il est l’objet et même le principe sur lequel elles reposent, celui de la stricte rétribution. Que l’on ne cherche donc pas dans ses discours une rigoureuse conséquence logique, comme celle qui règne dans les discours de ses amis. » Dans le chapitre qui nous occupe, nous distinguons tout de même trois points.
Premièrement, Job exprime son désir de voir Dieu, de discuter directement avec lui: Lisez Job 23.3-7.
Deuxièmement, Dieu paraît inaccessible à Job: Mais, si je vais à l’occident, il n’y est pas; si je vais à l’orient, je ne le trouve pas. Est-il occupé au nord, je ne puis le voir; se cache-t-il au midi, je ne puis le découvrir(Job 23.8-9). Je voudrais ici ouvrir une parenthèse. Dans ce chapitre, Job constate simplement que Dieu lui est inaccessible; par contre, dans d’autres chapitres, Job ne s’arrête pas à cette constatation mais en appelle déjà, d’une façon extraordinaire, au Christ : Il n’y a pas entre nous d’arbitre, qui pose sa main sur nous deux (9.33). Déjà maintenant, mon témoin est dans le ciel, mon témoin est dans les lieux élevés (16-19). Mais je sais que mon rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la terre (19.25). C’est merveilleux de voir qu’en ces temps reculés, on avait déjà à la fois l’intuition et le besoin du Seigneur Jésus-Christ.
Troisièmement enfin, Job non seulement continue à affirmer son innocence, mais en même temps aussi la toute-puissance de Dieu. Son innocence: Mon pied s’est attaché à ses pas; j’ai gardé sa voie, et je ne m’en suis point détourné. Je n’ai pas abandonné les commandements de ses lèvres; j’ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche (23.11-12). La toute-puissance ainsi que la souveraineté de Dieu: Mais sa résolution est arrêtée; qui s’y opposera ? Ce que son âme désire, il l’exécute. il accomplira donc ses desseins à mon égard, et il en concevra bien d’autres encore (23.13-14).
3. Une perversité du cour humain
Nous avons entrevu, au travers du chapitre 22, ce que les amis de Job avaient à nous dire, à savoir: la stricte répartition des souffrances humaines selon la quantité des péchés de chacun. Nous avons vu la réponse de Job qui, faute d’explication logique à ses malheurs, admet la souveraineté de Dieu et en appelle à Dieu lui-même.
Ce troisième et dernier point nous permet, à la suite des sévères accusations qu’Eliphaz porte contre Job, de mettre l’accent sur une perversité du cour humain que le livre de Job éclaire. C’est notre tendance à accuser des justes de péchés qu’ils n’ont pas commis. Job, tout en n’étant évidemment pas sans péché, était un homme droit dont la conduite était remarquée même dans les cieux. Pourtant cette droiture, assurément visible pour ses contemporains, ne l’a pas empêché d’être chargé des pires péchés par ses amis. Et non seulement eux, mais tous ceux qui l’avaient jusque-là respecté comme un homme sage et droit, se mettent soudainement à le mépriser et à l’accabler de péché. Lisez Job 17.2-6.
Job, jadis si respecté, est devenu un objet de mépris. Nous retrouvons ce mouvement du cour humain aussi ailleurs dans la Bible. De nombreux prophètes ont été les victimes de cette perversité du cour humain. Jésus-Christ lui-même, acclamé lors de son entrée à Jérusalem le jour des Rameaux, se fait accuser et condamner par cette même foule qui crie à Pilate: Fais mourir celui-ci (Luc 23.18)!
Conclusion
Je termine par quelques considérations:
D’abord il y a deux erreurs à éviter:
1. Celle de réduire Dieu et ses actions à nos propres déductions logiques.
2. Celle d’accuser de péché des hommes ou des femmes qui en sont innocents.
Ensuite il y a un exemple à suivre : reconnaître à Dieu la souveraineté totale dans tous les domaines, quoi qu’il trouve bon de faire.
- Edité par Benoit Christian
LA PAROLE, LAMPE ET LUMIERE
Dans le Psaume 1, l’homme qui trouve son plaisir dans la loi de l’Etemel et qui la médite jour et nuit est comparé à un arbre planté près d’un courant d’eau. Il porte du fruit et est appelé « heureux » par contraste « au méchant » qui ne subsistera pas au jour du jugement. il est réconfortant de savoir que Dieu lui-même prend soin de ceux qui aimentsa Parole, la méditent et la mettent en pratique. Bien plus, cette Parole est une lampe et une lumière sur le sentier de celui qui la lit avec assiduité (Ps. 119105).
Nous vivons des temps très sérieux, appelés « difficiles’; « derniers jours » (2 Tim. 3.1-5). La religion de surface joue un rôle important et va mener notre société vers un synchrétisme dangereux. L ‘Occident rongé par l’humanisme est en pleine décadence morale et sociale. Les mass-médias y portent une grande responsabilité; et la nouvelle génération est en danger de désapprendre la lecture en généra! Et c ‘est précisément cela qui l’incite d’autant plus à accéder par d’autres chemins à la « connaissance « de Dieu, des chemins périlleux qui veulent faire abstraction de la raison, qui prônent les expériences subjectives d’ordre psychiques et qui aboutissent parfois à l’occultisme.
Foi et raison vont toujours de pair, car Dieu a créé l’homme à son image. créature morale et rationnelle. En effet, la révélation de Dieu est complète à travers sa Parole écrite. Nous avons tout ce qu’il nous faut pour connaître Dieu et pour le glorifier. Dieu a parlé par ses prophètes (2601 fois « Dieu dit » dans l’A. T). Il a parlé par son Fils (Héb. 1.1). il a parlé par les apôtres (1 Jean 4.14; 1 Thes. 2.13). Nous devons insister, exhorter, supplier le lecteur de lire la Bible en priorité. C’est elle qui éclaire et qui donne de l’intelligence aussi bien que de l’instruction (Ps. 119.99-100).
En effet, la Parole de Dieu
– est divine dans sa source (2 Tim. 3.16);
– est dynamique dans ses opérations (Héb. 1.3; 4.12; 11.3; 13.7);
– est claire dans ses revendications (son autorité et sa puissance en nous 1 Thes. 2.13);
– est distincte dans son message, car elle est Parole de vie (Phil 2.16), engendre la foi (Rom. 10.17), réconcilie l’homme avec Dieu (2 Cor. 5.20), franche comme une épée (Eph. 6.17), habite en nous (Coi 3.16), est implantée en nous (Jac. 1.21), régénère parce que semence incorruptible (1 Pi 1.23-25);
– est fiable dans l’accomplissement de ses promesses (1 Rois 8.56; Act. 13.23,32; Rom. 4.20; 2 Cor. 1.20);
– est efficace pour celui qui la garde (Jean 14.23: le Dieu trinitaire habite en nous), qui la comprend (Matt 13.23: il porte du fruit), qui s’en nourrit (Mat. 4.4: elle le fait vivre), et qui l’écoute (Jean 5.24: il a passé de la mort à la vie).
Comme nous l’avons déjà dit à maintes reprises, la Bible ne révèle pas seulement la personne de Dieu et ses actes de puissance et de grâce, mais aussi des lois et des principes qui touchent tous les domaines de l’existence humaine. Elle fait entendre sa voix avec autorité dans d’au h-es sphères que la religion, par exemple celles de la famille, de l’éducation, des sciences, des arts, de l’économie, de la politique… Aussi pouvons-nous appliquer le texte dans Héb. 2.1 à tous les domaines de notre vie. Toute la Bible est utile pour nous instruire et nous redresser, afin que nous soyons « transformés en la même image de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur » (2 Cor. 3.18). L ‘objectif de Dieu se résume en 3 mots pour nous: la révélation, la rédemption et l’instruction.
Le chrétien a le devoir impérieux de se nourrir de la Parole de Dieu, pain de vie faute de quoi il dépérit, sous-alimenté. Cette manne doit être mangée chaque jour (Ps. 1.2-3). L’apôtre Paul écrit la même exhortation: « Que la Parole du Christ habite en vous avec sa richesse; instruisez-vous et avertissez-vous réciproquement, en toute sagesse… » (Col. 3.16). Un jour entier comprend 96 quarts d’heure. Combien en consacrons-nous à la lecture de la Bible et à la prière ? Choisissons les moments où nous sommes le plus alertes, mettons-les à part pour nous nourrir de cette manne divine indispensable pour une vie abondante en Christ. Rien de plus profitable et réconfortant que nos moments journaliers de méditation de la Parole de Dieu! Comme Jérémie, nous ferons alors cette expérience: « Tes paroles…, je les ai dévorées; elles ont fait l’agrément et la joie de mon coeur » (Jér. 15.16). En vérité, ce sont des moments délicieux, qui nous donnent force, hardiesse, instruction, sagesse, bon sens, amour et joie en Christ à travers les Saintes Ecritures.
- Edité par Lüscher Henri
Un ami pasteur m’ayant demandé ce que je pouvais lui dire sur l’identité des évangéliques, je veux tenter de cerner un actuel mais vaste problème, au risque de schématiser des aspects importants.
Dans l’AT, le peuple d’Israël est sans cesse exhorté à remémorer les interventions de Dieu dans son histoire. Pour nous aussi, il est essentiel de regarder le passé afin de comprendre le présent. Au travers de toute l’histoire de l’Eglise, nous voyons la continuité étonnante et parfois paradoxale de l’action de l’Esprit de Dieu dans le monde.
Le mysticisme du moyen-âge trouve une certaine continuité dans le réveil puritain-piétiste apparu dès le 17e siècle, à son tour précédé de la Réforme et des anabaptistes, suite à de nombreux mouvements de retour à la Parole de Dieu à travers l’Europe.
A. Aperçu historique
1. Le réveil piétiste-puritain
Arndt (1555-1621), Spener (1635-1705) et Francke (1663-1722) en ont été les pères en Allemagne. De là le réveil passa dans le monde anglo-saxon, où il y eut un premier réveil en 1734 avec G.Whitefield, puis une deuxième vague en 1780. Whitefield eut un ministère étendu, également en Amérique. Les « pères pèlerins », piétistes hollandais et huguenots entre autres, avaient préparé le terrain et produit de nombreux écrits puritains-piétistes.
En Europe, le comte N.L. de Zinzendorf (1700-1760) fut à l’origine du grand réveil morave de 1722. Le mouvement piétiste était marqué par un fort biblicisme, ce qui empêcha qu’il dégénère en humanisme religieux ou simple mysticisme. Un point central fut la « nouvelle naissance », l’expérience d’une relation personnelle avec le Seigneur. La lancée missionnaire moderne commença réellement avec les piétistes. Le piétisme représente un profond réveil spirituel d’évangélisation missionnaire mondial. La préoccupation sociale, celle des principes éthiques et de l’éducation chrétienne en furent les autres traits caractéristiques.
2. Les courants évangélique et ocuménique
Pour ce qui concerne les 19e et 20e siècles, je renvoie au discours inaugural du Congrès de Lausanne: « Pourquoi Lausanne ? » de Billy Graham. Parlant des causes de l’affaiblissement des églises, il dit: « L’Eglise a perdu beaucoup du zèle et de la vision des jours passés (New York 1900, Edinburgh 1910). En voici les trois raisons principales:
1. La perte de l’autorité et du message de l’Evangile.
2. La priorité accordée aux problèmes sociaux et politiques.
3. Une même préoccupation avec une unité organique.
Le premier courant était évangélique; le second était de caractère ocuménique. »
3. La tradition évangélique
Elle a comme base l’inspiration et l’autorité absolue des Saintes Ecritures. Elle fait suite aux réveils des trois derniers siècles. Le mouvement évangélique a connu une croissance énorme dans le monde entier, surtout par les « conquêtes missionnaires ». L.Drummond écrivait: « La plus grande contribution des piétistes fut d’injecter l’esprit missionnaire dans la Réformation. »
Le réveil évangélique en Suisse romande a été décrit par Paul Perret et Jacques Blandenier. Le mouvement évangélique ne s’est pas forcément superposé aux structures d’églises historiques. Souvent il a provoqué l’éclosion d’églises libres et de communautés largement autonomes, dont plusieurs à tendance baptiste.
4. La tradition libérale
Elle a abouti à ce qu’on appelle « ocuménisme », mot actuellement employé dans des sens très divers. Il présente les trois caractères mentionnés par Billy Graham. Après la deuxième Guerre mondiale, à la suite de diverses rencontres historiques, le Conseil ocuménique des Eglises (COE) fut fondé et structuré en 1948 à Amsterdam. Il a gagné de nombreuses églises comme adeptes. Marqué de libéralisme et de pluralisme, le mouvement ocuménique a provoqué des réactions fortes dans le monde évangélique, et l’a parfois figé.
Dans le monde actuel, et surtout dans le Tiers-Monde, il y a partout deux camps très distincts:
b) les ocuméniques, qui progressent surtout dans le sens sociopolitique, avec l’idée utopique de l’unité universelle, donc avec un certain syncrétisme (Bangkok).
B. La situation contemporaine
1. Catholiques et protestants
a) Le COE: Depuis sa formation, il y a un effort de rapprochement des deux côtés. Dans la première phase de l’ocuménisme, ce fut surtout la recherche de l’unité de l’Eglise. Le progrès de l’unité avec orthodoxes, églises de l’Est et de l’Ouest s’est enlisé depuis dix à vingt ans. Il y a près de 300 grandes et petites églises dans le COE. Dans la deuxième phase du COE, les relations entre catholiques et protestants ont été fortement influencées par l’humanisme, le dialogue avec les religions et idéologies de notre temps, et surtout l’évolution sociopolitique. A part cela, nous constatons une mutation frappante du côté catholique.
b) Le mouvement de Taizé, surtout en Europe, recherche une unité par une spiritualité catholique dans un vide spirituel protestant.
c) Le mouvement charismatique, d’origine piétiste-pentecôtiste, a connu un développement phénoménal, surtout parmi les catholiques, mais aussi chez les protestants. Il a contribué à combler un vide spirituel chez les deux. On peut parler d’un oecuménisme charismatique qui se situe loin du COE à Genève, mais qui met l’accent sur la dimension expérimentale au détriment de la dimension biblique et doctrinale.
2. Evolution actuelle de l’ocuménisme
Il s’agit de la variété de Genève. Son évolution peut être schématisée ainsi: – années 40: unité – années 50: Eglise – années 60: théologie du développement et pensée humaniste – années 70: en plus un engagement politique – années 80: appel à la lutte active, voire armée, contre les dominations, nuance qu’on peut désigner par le terme « christo-marxisme » (christianisme teinté de marxisme). Cette évolution va de pair avec une diminution de l’effort d’évangélisation.
Tout cela s’est réalisé avec le développement de nouvelles théologies: les « théologies populaires » telles que la théologie de libération, la théologie noire, le féminisme extrémiste. Ces mouvements idéologiques sont basés sur des expériences faites à partir de la situation en Amérique du Sud et ailleurs, et sur un intense travail théologique fait par les oecuménistes radicaux. On parle d’une « nouvelle compréhension contextuelle de la Bible », parfois liée à une « lecture matérialiste de la Bible » faite dans une vision « christo-marxiste » du royaume de Dieu.
On peut dire qu’il y a un abîme entre ce que fut l’ocuménisme en 1948 et ce qu’il est aujourd’hui. Cet abîme se traduit aussi par un discours anti-évangélique plus net (Melboume, Vancouver), tandis qu’une fraction cherche des contacts avec le monde évangélique.
3. Les évangéliques et les confessions protestantes
Le courant évangélique est entré dans les églises traditionnelles des pays scandinaves (piétisme de Finlande et de Norvège surtout), de la Grande-Bretagne (fraction évangélique dans la « Low Church ») et, partiellement, de l’Allemagne (mouvement « Eglise confessante », relevant de la déclaration de Barmen, dans les églises luthériennes et réformées). En France, il y a eu division dans l’église réformée. Nous parlerons de la Suisse plus loin.
Un problème important est celui de la théologie de Karl Barth, qui a combattu à la fois le libéralisme et le piétisme. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il modifia sa position par rapport au piétisme. Le barthisme constitua, avant tout en Europe centrale, une barrière contre le courant évangélique, surtout dans les églises réformées. Aujourd’hui, avec la régression du barthisme, il y a un contact plus cordial entre réformés et évangéliques.
Le changement de la situation se révèle toutefois dans le changement du vocabulaire. Dans les pays francophones, on distingue réformés, évangéliques et charismatiques. Dans les pays germanophones, un néologisme fit son apparition: die Evangelikalen; ce mot fut réprouvé au début, mais il est largement utilisé aujourd’hui.
Aux Etats-Unis, la situation est très différente, à cause de l’absence d’églises d’Etat. Cela constitue une différence fondamentale avec les églises d’Europe, particulièrement avec celles de la Grande-Bretagne, où il y a une coexistence entre évangéliques et églises d’Etat. L’absence de celles-ci aux Etats-Unis fait que les évangéliques y représentent une force considérable. Les grandes campagnes d’évangélisation qui eurent lieu aux Etats-Unis dans notre siècle y ont contribué à un renouveau spirituel, de sorte que les évangéliques forment la grande majorité du monde protestant, ce qui se répercute favorablement sur l’effort missionnaire. Il faut aussi mentionner le développement de pointe d’une missiologie évangélique.
Rodolphe BRECHET
Notice nécrologique
Le Dr. Rodolphe BRECHET, dont nous avons le privilège de publier l’article ci-dessus, est mort tout dernièrement à l’âge de 74 ans. Il servit le Seigneur en Angola, où il fit valoir ses capacités de médecin évangélique pendant 36 ans. Sa foi et sa consécration laisseront un souvenir durable.
- Edité par Brechet Rodolphe
Qui marchent selon la loi de l’Eternel Ps 119.1
Dire qu’un chrétien doit être intègre, c’est dire une évidence… en tout cas, je l’espère. Le dictionnaire nous dit que ce mot « intègre » signifie « honnête, juste, d’une probité absolue ». Nul doute que le chrétien doit posséder cette qualité.
Mais gardons notre dictionnaire ouvert un instant, et regardons un peu plus bas. Face au mot « intégrité », nous trouvons la définition « intégralité, totalité, état d’une chose qui est demeurée intacte », et nous comprenons alors que le sens du mot « intègre » est un sens dérivé : l’homme qui est « entier » dans la voie de la justice est un homme « d’une probité absolue ». L’usage a donc remplacé le sens premier du mot « intègre » par son sens dérivé, si bien que si nous voulons insister sur la notion de totalité aujourd’hui, nous devrons employer l’adjectif « intégral ».
Mais l’usage linguistique ne doit pas nous empêcher de saisir une réalité morale: si le chrétien n’est pas entier dans la voie de Dieu, il ne peut se prétendre honnête ni envers son Créateur et Rédempteur, ni envers son frère dans la foi ou son prochain. Il n’y a pas de probité chrétienne sans une soumission totale à Dieu dans tous les domaines de la vie. En soulignant, dans 1Cor 6.20, que nous avons été rachetés à grand prix, l’apôtre Paul signifie que tout notre être appartient à Dieu. Aussi doit-il lui être consacré totalement (Rom 11.36-12.2). C’est précisément ce que Jésus-Christ explique au scribe qui veut savoir quel est le premier de tous les commandements (Marc 12.28-30) : Jésus répondit: Voici le premier: Ecoute Israël, le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est un, et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cour, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force.
Il est donc clair que le chrétien ne peut être intègre sans être intégral dans la voie biblique, dans le chemin de la foi. Pourtant, la plupart des chrétiens ont une attitude étrangement inconséquente face à cette réalité. Ils font très facilement une différence entre le domaine de la foi et celui de la vie de tous les jours. Leur adhésion à la nécessité d’une soumission totale à Jésus-Christ est limitée à la fois par une compréhension imparfaite des domaines d’application de cette soumission, et par une vue bornée de la mise en pratique. Souvent l’application de cette soumission à Christ est presque mitée aux domaines des activités chrétiennes traditionnelles: l’église, les groupes de prière ou d’étude, éventuellement le foyer. Quant aux formes d’expression de la soumission chrétiennes, celles-ci sont également assez figées et se limitent au culte, à la communion fraternelle, à la prière, à la lecture biblique, à la moralité chrétienne et à l’évangélisation.
Si nous examinons de près ces domaines et formes d’expression de la soumission chrétienne, nous sommes obligés de constater le caractère très partiel de cette soumission. Elle est pratiquement exclue d’une grande partie de la vie de tous les jours, et précisément de la partie qui concerne le plus le monde non-chrétien qui nous entoure et pour lequel nous devrions être un peuple saint, proclamant à tout instant et à tous la soumission totale au Dieu créateur et rédempteur. Le domaine du travail professionnel et de l’activité sociale est justement celui où nous sommes le moins soumis à Christ, autrement dit: le moins intègre!
Certains chrétiens ont sans doute l’impression de vivre leurs activités sociales, économiques et politiques d’une manière chrétienne; mais cela se réduit en général à deux choses: rechercher des « contacts » à évangéliser; s’efforcer de vivre ces activités selon la « morale chrétienne » d’une manière aussi irréprochable que possible. Non que ce soit mauvais en soi, mais combien éloigné d’une obéissance totale à l’injonction divine d’être le sel de la terre et la lumière du monde, par l’annonce de la loi parfaite du Dieu trois fois saint. La vie active des chrétiens, vécue si souvent comme un fardeau pénible qu’on doit supporter parce qu’il faut bien gagner sa vie, reste ainsi dans une large mesure improductive.
Pourquoi ce déséquilibre? Pourquoi ce décalage entre la foi, réservée à certains « temps forts », et la vie de tous les jours, la vie dans sa totalité? Pourquoi la marque du chrétien reste-t-elle si superficielle dans un monde que Dieu nous appelle pourtant à influencer profondément?
Les raisons en sont trop multiples et complexes pour que je puisse les énumérer toutes ici. J’en soulignerai trois, qui me paraissent être à l’origine d’une faiblesse chronique dans le témoignage des chrétiens individuels aussi bien que dans celui de l’Eglise dans son ensemble.
Premièrement, notre compréhension de la mission de 1’Eglise est incomplète. Nous supposons, à juste titre, que nous sommes appelés à annoncer l’Evangile à tous ceux qui ne l’ont pas entendu, afin que les hommes soient sauvés. Nous savons que le salut débouche sur l’éternité, mais nous négligeons le fait que ce salut doit transformer radicalement la vie de ceux qui le reçoivent, pendant tout le temps qu’il leur reste à vivre. En fait, nous ne nous occupons que de l’acquisition du salut par ceux qui nous entourent (aspect sotériologique de notre mission), alors que nous devrions accorder beaucoup d’attention aussi à leur vie ultérieure de sauvés. Nous nous posons encore moins de questions sur l’influence de cette vie ultérieure sur le monde et la société environnants.
On ignore ainsi le premier mandat donné par Dieu à Adam (Gen 1.28): Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Le champ d’influence du racheté doit viser tout son entourage. Par la victoire de Jésus-Christ sur le péché et la mort, ainsi que par le don du Saint-Esprit, le chrétien doit entrer dans la mission qu’Adam, à cause de la chute, n’a pas pu accomplir. Quand Jésus-Christ charge les onze en Mat 28.19,20 d’enseigner aux nouveaux disciples à garder tout ce qu’il leur a prescrit, ce n’est pas seulement la vie dans l’Eglise qui est concernée. Tout, absolument tout, du domaine politique au domaine artistique, en passant par l’économie, l’agriculture, la technologie et la recherche, doit être vécue par le chrétien selon les normes indiquées dans la Parole de Dieu. Le but du chrétien doit être de glorifier Dieu dans toute son activité.
Une vie chrétienne défectueuse s’explique par une deuxième raison: la croyance naïve à la neutralité spirituelle de certains domaines de la vie. Cette croyance est très répandue parmi les chrétiens, et cela malgré l’affirmation catégorique de Jésus-Christ lui-même à ce sujet (Luc 11.23) : Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse.
Une telle séparation de la vie en différents domaines, dont quelques-uns seulement sont accessibles à la foi, a toujours existé, sous des formes et des appellations légèrement différentes. Le contraste foi-raison, qui remonte à Thomas d’Aquin et aux scolastiques, en est peut-être une des formes les plus connues. Selon cette pensée, devenue doctrine officielle chez les catholiques, certaines vérités sont accessibles à la foi et d’autres à la raison, qui n’aurait pas été déformée par la chute. Aussi certaines vérités seraient-elles neutres, si bien que le non-croyant aurait la possibilité de les comprendre tout aussi bien que le croyant. Si une telle théorie était juste, il serait impossible de vivre bien des activités d’une manière spécifiquement chrétienne en les consacrant intégralement à Dieu. Adopter cette pensée des deux domaines de vie – domaine chrétien et domaine neutre-, c’est nier l’enseignement de Paul selon lequel tout subsiste en Jésus-Christ (Col 1.17), et rendre nulle son injonction à tout faire au nom du Seigneur Jésus (Col 3.17). Continuer à croire, même inconsciemment, qu’il y a des domaines de neutralité dans la vie, c’est proclamer que dans ces domaines-là, le non-croyant peut servir et glorifier Dieu tout autant que le croyant. Comment parler d’une vie chrétienne intégrale, si nous sommes obligés d’avouer que sur un grand nombre de fronts nous ne sommes pas spécifiquement engagés dans la bataille ?
Robert MEWTON
- Edité par Newton Robert
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