PROMESSES
LA BIBLE, REVELATION, INSPIRATION ET
AUTORITE DIVINES
Woody Allen, cinéaste et acteur célèbre, disait que « la souffrance de l’humanité reste sans solution aussi longtemps que nous n’avons pas trouvé qui nous sommes, quel est le but de la création et ce qu’il y aura après la mort; nous sommes prisonniers jusqu’à ce que nous ayons une réponse »(1). La conception du monde chrétienne a une réponse positive pour l’homme, alors que celle de l’humanisme aboutit au néant. Le cosmos n’a pas toujours existé et n’existera pas toujours dans sa forme actuelle. Il n’est pas l’effet d’un hasard. Créé par un Dieu personnel et infini, ce cosmos « raconte la gloire de Dieu » et « l’oeuvre de ses mains » (Ps 19.2-7). Cette révélation générale de Dieu à travers sa création devrait déjà en elle-même nous ouvrir les yeux au sujet de la toute-puissance et de l’omniscience du Créateur.
Chef-d’oeuvre sorti des mains de son Créateur, l’homme, par sa chute, a rompu le contact avec lui et se trouve plongé dans les ténèbres, dans la mort spirituelle (Gen 2.17; Eph 2.1-5; Rom 1.21). Désorienté et incapable par lui-même de trouver un sens à sa vie, l’homme avait besoin d’une révélation spéciale. Il a donc fallu que Dieu lui révèle sa Personne, ses pensées et ses intentions culminant dans l’oeuvre rédemptrice de son Fils. Tout ce qu’il fallait faire connaître à l’homme créé à son image, Dieu le lui a révélé dans sa Parole (Deut 29.28). « Que connaîtrions-nous des lumières reçues, des expériences faites, des actes rédempteurs accomplis, s’ils n’avaient pris dans un livre inspiré une forme définitive? Tout d’abord la loi fut rédigée par le peuple appelé à recevoir les oracles de Dieu. Puis les prophètes mirent par écrit leurs paroles enflammées. Enfin, ce fut le tour de l’enseignement du Christ et des apôtres ».(2) Il est merveilleux de savoir que nous avons été comblés de tout ce qui est nécessaire « pour vivre par la foi », à savoir la Bible, Parole de Dieu. (Rom 1.17; Jean 14.6; 6.63).
Cette révélation est complète et suffisante pour nous; elle comprend « Moïse, les prophètes et les Psaumes » (Luc 24.44) quant à l’Ancien Testament, et le témoignage des évangélistes et des apôtres quant au Nouveau Testament (Rom 16.25-27). Ajouter ou retrancher des paroles de cette révélation complète fait tomber sous le jugement de Dieu (Apo 22.18-19). Toute révélation en dehors des Ecritures est sujette à une vérification à la lumière de la Parole de Dieu, la Bible (1 Jean 4.1-3: 1 Cor 14.26-37).
La révélation divine contenue dans la Bible suppose en toute logique une inspiration divine. Le Saint-Esprit a inspiré les 66 livres canoniques qui constituent cette bibliothèque divine, dont 39 se trouvent dans l’Ancien Testament et 27 dans le Nouveau Testament, à l’exclusion des livres deutéro-canoniques. Cette action précise du Saint-Esprit à travers les quelque 40 écrivains revêt un caractère d’autorité divine absolue. Car il s’agit de l’inspiration verbale plénière, infaillible, inerrante et illimitée de toute la Bible. Nous approuvons pleinement la déclaration de Chicago de 1978 qui dit, entre autres: « Nous affirmons que l’Ecriture dans sa totalité est inerrante, exempte de toute fausseté, fraude ou tromperie. Nous rejetons le point de vue selon lequel l’infaillibilité et l’inerrance bibliques ne vaudraient que pour les thèmes spirituels, religieux ou relatifs à la rédemption, et non pour les affirmations qui touchent aux domaines historique et scientifique. Nous nions aussi que l’on puisse légitimement faire usage d’hypothèses scientifiques sur l’histoire de la terre pour démolir l’enseignement de l’Ecriture au sujet de la création et du déluge « . (3) Malheureusement le Dictionnaire Universel Desclée de L. Monloubou et F.M Du Buit sorti en 1984 a pris le chemin d’une théologie libérale et donne un sens restrictif au terme « inerrance »(pages 338-339). Mais notre but ici n’est pas de développer la doctrine de l’inspiration de la Bible ou de la défendre par des textes bibliques qui attestent formellement l’inspiration divine plénière, tels que 2 Tim 3.16; 2Pi 1.19-21 ;Mat 5.17-19. Non, « nous acceptons la Bible comme Parole de Dieu. à cause de tout ce qu’elle dit. Elle parle de Dieu qui marche avec son peuple, de péchés et d’infidélités, de guerres et de délivrances, de jugements et de renouveaux spirituels magnifiques, d’hommes pieux qui connaissent Dieu et attendent ou saluent le Sauveur. La réalité glorieuse de Dieu imprègne le tout son autorité souveraine est perceptible à toutes les pages. Seule l’insensibilité spirituelle peut nous empêcher de le voir ». (4) Du reste, on ne peut pas plus expliquer rationnellement la trinité que l’inspiration verbale. La Bible témoigne par elle-même de son origine divine.
C’est la raison pour laquelle la Bible est notre suprême autorité. Ni la tradition, ni l’Eglise, ni les crédos ne peuvent revendiquer logiquement une autorité égale ou même parallèle aux Ecritures. Il en découle logiquement que l’Eglise a comme seule norme de foi et de conduite la Bible, car puisque Dieu parle par elle, elle revêt un caractère d’autorité absolue, de fiabilité à toute épreuve. La chute du premier couple a été provoquée par la désobéissance à la Parole de Dieu. La faiblesse du peuple de Dieu aujourd’hui provient en partie de sa désobéissance à la Parole de Dieu. Nous ne livrons pas « nos membres » (= nous-mêmes) à Dieu, car nous désirons garder une certaine autonomie sur nos vies (Rom 6.13-14). Si nous reconnaissions l’autorité de Dieu à travers les Ecritures, notre vie toute entière lui serait livrée pour connaître sa volonté et pour marcher dans ses voies (Col. 1.9-14).
Connaître Dieu, l’aimer et le suivre, tel est notre devise. Sa seigneurie sur nous doit être entière, et sur nos activités « spirituelles » et sur nos activités « séculières ».
Par l’Esprit de Dieu qui nous a régénérés et qui habite en nous, nous comprenons les Ecritures. Notre intelligence sanctifiée saisit ses pensées et notre volonté se soumet à l’autorité de sa Parole. Le même Esprit qui a inspiré les écrivains sacrés nous illumine et nous donne aussi la force d’appliquer cette Parole à toute notre vie. Dieu a parlé par son Fils et les Ecritures. Sommes-nous prêts à l’écouter et à lui obéir sans poser de conditions ?
1. « Handbuch des christlichen Glaubens », Brockhaus Verlag. Wuppertal divers auteurs, page 14.
2. René Pache dans « L’inspiration et l’autorité de la Bible » Ed. Emmaüs, CH 1806 St-Légier, page 22.
3. « La perfection de la Bible » par Charles C. Ryrie. éd. La Maison de la Bible, Genève-Paris, page 115. Il s’agit du douzième article de la « Déclaration de Chicago » citée en annexe.
4. P.Wells dans « Quand la Bible parle de la Bible ». Ed. Kérygma, Aix-en-Provence, pages 10-11.
Nous recommandons également les ouvrages suivants à nos lecteurs :
– « Quand Dieu a parlé aux hommes » par P.Wells (Ed.L.L.B.Guebwiller), un des meilleurs ouvrages qui vient de sortir et qui défend avec une grande clarté la révélation, l’inspiration et l’autorité divines de la Bible.
– « La pleine inspiration des Saintes-Ecritures » ou Théopneustie, par L. Gaussen, réimpression PERLE (Ed. Emmaüs, CH 1806 St-Légier), ouvrage le plus complet sur l’inspiration plénière des Ecritures. Publié en 1842, il fait autorité encore aujourd’hui.
– « Dieu parle ». Etudes en hommage à Pierre Courthial, Ed. Kerygma, Aix-en-Provence.
- Edité par Lüscher Henri
Les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ 2 Cor 10,4-5
L’apôtre se sait impliqué dans un combat gigantesque. Aux Ephésiens, il décrit les armes dont la puissance divine peut renverser des forteresses. Mais qu’entend-il par ces forteresses ? Le texte cité en exergue montre qu’il s’agit de fausses idées, de raisonnements qui combattent la connaissance de Dieu, d’où les efforts pour soumettre toute pensée aux exigences de Christ.
Comment Paul s’y est-il pris? Il vaudrait la peine de le suivre de plus près à Athènes où il mit publiquement en question la manière de penser des habitants, puis à Ephèse où il discutait pendant une année et demie dans l’école de Tyrannus avec les nouveaux convertis, ensuite à Césarée où il parla d’abord en privé au gouverneur Félix de justice, de jugement et de maîtrise de soi, et où il dut, deux ans plus tard, se défendre devant Festus et Agrippa de l’accusation d’être fou en affirmant qu’il disait, au contraire, des paroles de vérité et de bon sens.
Mais j’aimerais ici cerner la tournure d’esprit qui est celle de Paul. Ce qui frappe d’emblée, c’est que Paul lance un défi. Il sait à quel point les fausses idées peuvent enrôler les gens dans un tissu de mensonges, et il refuse de laisser les hommes prisonniers du mensonge. Avec courage et hardiesse, il demande, au nom de Christ, qu’ils soient libérés de ces forteresses qui les enferment.
Non seulement je crois que c’est là la seule attitude chrétienne face aux fausses idées, qu’elles soient de nature religieuse ou non, qu’elles prônent l’humanisme sans Dieu ou la théorie de l’évolution selon laquelle la vie serait un produit du hasard et que l’homme n’aurait pas besoin de Dieu.
Mais je crois aussi que l’attitude de défi qui était celle de Paul est la seule attitude chrétienne authentique face au mal moral et son corollaire de pratiques immorales. Ces pratiques, disait Jésus, proviennent du coeur, elles s’installent dans nos pensées et deviennent une réalité malfaisante dans le monde.
Il nous faut donc, tout comme il nous faut nous opposer aux fausses idées, nous opposer aussi à leur mise en pratique: meurtre, vol, licence sexuelle, viol, corruption, chantage…
L’Histoire offre de nombreux exemples de résistance à des pratiques iniques et pernicieuses et de leur abolition à l’instigation d’hommes de foi. Il en fut ainsi de l’esclavage en Amérique du Nord et dans l’empire britannique de l’ignoble coutume infanticide à l’égard des filles nouveau-nées pratiquée encore au 18e siècle du rite satî aux Indes, qui voulait que les veuves s’immolent sur le bûcher funéraire de leur mari (ce rite est évoqué dans le film « The Far Pavillons » présenté en français sous le titre « Le palais des vents », je crois).
Pourquoi des hommes de foi, parmi eux maints missionnaires, ont-ils protesté contre ces pratiques néfastes? Leur conscience et leur connaissance de la Bible témoignaient que Dieu les avait en abomination. Ils ont réagi en authentiques chrétiens en protestant et en défiant les forces du mal qui étaient à l’oeuvre. Ils étaient parfaitement conscients qu’il fallait combattre, non seulement les idées erronées et mensongères, qu’elles fussent d’ordre religieux ou non, en annonçant l’Evangile avec ses exigences de justice et d’équité, mais aussi, et tout autant, les pratiques malfaisantes qui en résultaient.
Et nous? Ne vivons-nous pas dans une culture qui se paganise de plus en plus? N’assistons-nous pas à des maux encore plus détestables que ceux évoqués plus haut? Que dire de l’avortement, ce massacre des innocents pratiqué sur une échelle d’envergure effrayante? Plus de deux millions de bébés non encore nés ont été assassinés aux Etats-Unis depuis la proclamation du décret permettant l’avortement en 1967 – cela vous dit quelque chose?
Pratiquement chaque avortement consiste soit à démembrer les petits corps en formation (méthode d’aspiration), soit à empoisonner et brûler ceux qui sont déjà trop développés pour cela : ils sont tués et naissent en enfants mort-nés. Et ce ne serait pas de l’assassinat, du meurtre prémédité ?.
Je suis d’accord qu’il n’est pas agréable de parler de tout cela, pas plus que de l’holocauste juif – et cependant on en parle ! Nous nous sommes promis de ne plus jamais permettre de telles horreurs dans la société humaine. Nous nous sommes demandés pourquoi les chrétiens de ce temps-là, qui pourtant en avaient connaissance, n’ont pas énergiquement réagi en manifestant leur désaccord, en lançant un défi pour combattre le mal! Je sais, il y a eu des réactions chrétiennes, mais il n’y a pas eu la levée de boucliers à laquelle on aurait pu s’attendre de la part d’une Eglise qui aurait dû être authentiquement chrétienne…
Et nous aujourd’hui? Qu’avons-nous fait, que faisons-nous face au massacre des innocents par avortement? Nous avons même réussi à rationaliser la chose, tout comme ce fut le cas pour l’esclavage, en disant par exemple que la Bible n’était pas claire sur le sujet.
En fait, la Bible est parfaitement claire : Dieu créa l’homme à son image (Gen 1.26). Il ressemble donc à Dieu en ce qu’il est une personne capable d’aimer, de créer et de jouir de la beauté. Chaque être humain, loin d’être seulement un objet dans le monde, doit être traité comme ayant une valeur qui est égale à Dieu (je dis bien valeur, et nullement grandeur, bien entendu). L’homme a été fait pour avoir une relation personnelle et individuelle avec Dieu. Jésus l’a clairement dit: Si vous n’avez pas fait cela à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait (Mat 25.45). Logiquement, Jésus nous interdit même de parler contre cette image de Dieu qu’est l’homme: Celui qui lui dira : Insensé! [ou: Idiot!] sera passible de la géhenne du feu [l’enfer] (Mat 5.22). Jacques amplifie: Par la langue, nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle, nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction, il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi (3.9-10). Combien plus condamnable donc de répandre le sang innocent, de prendre la vie à un être qui doit refléter l’image de Dieu, de commettre un assassinat, acte qui est interdit et condamné sans restriction dans la Bible entière ! Qu’y-a-t-il de plus innocent qu’un enfant non encore né?
Rappelez-vous ces paroles magistrales de Jésus: Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour leurs pareils (Marc 10.14). Est-il possible de raisonner sérieusement que cela ne s’applique pas à un enfant qui n’est pas encore né ? Aurions-nous oublié que le Fils de Dieu fut conçu en tant qu’homme dans le sein de Marie ?…
Non, tous les raisonnements par lesquels on voudrait faire croire que la Bible n’est pas claire au sujet de la criminalité de l’avortement sont sans aucune valeur; pire, ils sont pervers ! Ils contredisent de manière flagrante que la Bible reconnaît une valeur humaine à l’embryon, sans parler du foetus : Avant que je ne te forme dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu ne sortes de son sein, je t’avais consacré… (Jér 1.5). Citons encore ces paroles ô combien significatives: Est-ce moi qui ouvrirais le sein maternel pour ne pas laisser enfanter ? dit l’Eternel ; moi qui fais enfanter, empêcherais-je de naître? dit ton Dieu (Es 66.9). Si Dieu lui-même n’envisagerait jamais une interruption de grossesse, à plus forte raison l’homme!
Il est tout aussi inacceptable de défendre 1’avortement à partir d’un sentiment de compassion pour la mère. Non qu’il soit concevable de refuser la compassion ou l’aide aux femmes qui se trouvent dans des situations dramatiques, par exemple à la suite d’un viol. Nous avons à les secourir et à les aider pratiquement par tous les moyens à notre disposition. Quant à celles qui, ayant déjà subi un avortement, sont dans la désolation, nous avons à les orienter vers le Christ où elles trouveront pardon et nouvel espoir. Mais en aucun cas est-il admissible d’abandonner le principe absolu du principe de l’inviolabilité de la vie humaine. Jamais la compassion ne saurait être une excuse pour tuer une vie humaine.
Non seulement la Bible est-elle tout à fait claire à ce sujet, mais nos consciences aussi, du moins si nous prenons la peine de regarder le problème de plus près. L’avortement est un mal bien plus effrayant que l’esclavage ou le satî, et nous avons à secouer la torpeur qui nous paralyse. Les jours passent et nous avons tous, moi y compris, à nous repentir sérieusement.
Je ne puis m’empêcher ici de citer les paroles que Winston Churchill lança en 1938 après le pacte de Munich agencé par Neville Chamberlain: « Il faut que le peuple comprenne que nous avons essuyé une défaite sans guerre, que nous avons pris un tournant aux conséquences désastreuses dans l’Histoire de notre pays et que les paroles sinistres que voici ont été prononcées contre les démocraties occidentales: Tu as été pesé dans la balance et tu as été trouvé insuffisant (Dan 5.27, Dhorme). Et ne vous imaginez pas que c’est tout! Ce n’est que le commencement du règlement de comptes. Ce n’est que l’avant-goût du calice amer qui nous sera présenté, année après année, à moins que, par un regain suprême de santé morale et de vigueur martiale, nous nous relevions et prenions, comme d’antan, position pour la liberté ».
De même que la seule réaction authentiquement chrétienne aux idées fausses est le défi mû par le souci d’amener toute pensée captive à l’obéissance au Christ, de même la seule réaction authentiquement chrétienne face au mal flagrant est aussi le défi, lancé dans le but d’amener toute pratique pernicieuse captive à l’obéissance à la loi de Dieu, quoi qu’il en puisse coûter.
C’est la Bible elle-même qui nous y appelle! C’est la seule réaction chrétienne authentique. Nous avons un héritage jalonné d’exemples qui prouvent que c’est possible. Allons et faisons de même ! Que le défi face au mal devienne partie intégrante de notre vie de tous les jours – dans nos livings et dans nos salles à manger, dans nos relations avec notre parenté et nos amis, nos collègues et nos copains, nos députés politiques et les personnes haut placées, les nantis aussi bien que les pauvres.
Oui, il y a un défi à relever chercher à amener toute pensée captive à l’obéissance du Christ, sur le plan moral comme sur le plan pratique.
(traduit et adapté par
Jean-Pierre Schneider)
- Edité par Macaulay Ranald
Jéricho – La victoire
Rencontrer un ange
Le peuple d’Israël a pris pied dans le pays à conquérir. Il y est entré par un miracle en traversant le Jourdain à pied sec, tout comme il était sorti d’Egypte par un miracle en traversant la mer des Joncs. Le décalage de 40 ans entre les deux événements était dû à l’incrédulité du peuple. Quelle est l’instruction qui en découle pour nous chrétiens aujourd’hui? Car tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l’espérance (Rom 15.4).
La sortie d’Egypte (notre conversion) devrait être suivie de près par l’entrée en Canaan (jouissance de la vie de résurrection de Jésus-Christ). Saisir le salut par la foi et vivre la vie de sanctification et de victoire par la même foi, par le Saint-Esprit reçu à la conversion : ces deux aspects de la vie chrétienne ne devraient pas être marqués par un décalage de 40 ans ! Ne pas entrer dans la vie victorieuse n’est pas égal à perdre son salut, mais à perdre les bénéfices spirituels et pratiques promis à tout chrétien authentique.
Chrétiens découragés, relevez la tête ! Paul parle de patience, de consolation et d’espérance. Dieu veut vous faire découvrir que vous pouvez entrer en possession du pays des promesses. La prise de Jéricho peut vous y instruire. Que le Saint-Esprit dont vous portez le sceau (Eph 1.13) vous donne cette patience et vous console: il y a de l’espoir! Le cheminement d’Israël sous la conduite de Josué peut être le vôtre sous la conduite de Jésus (les deux noms veulent dire « Sauveur »).
Le premier point à découvrir (ou à redécouvrir), c’est que « Dieu est vivant ». Les Israélites ont vécu pendant 40 ans comme si Dieu était mort; Josué leur rappelle: Dieu est vivant parmi vous (Jos 3.10). Avez-vous vécu comme si Dieu était mort? Avez-vous vécu sans compter sur l’intervention de Dieu ? Vos activités chrétiennes peuvent-elles s’expliquer par vos capacités naturelles? Peut-être continueriez-vous à fonctionner bien chrétiennement même si Dieu mourait ? Quelle différence cela ferait-il ? As-tu le renom d’être vivant, mais tu es mort (Apoc 3.1)? Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre: tu le sais, mais y crois-tu ? Tout pouvoir ! Pas de limite à ce que le Seigneur peut accomplir dans ta vie ! Mais ce sera pas à pas qu’il te mènera sur le terrain de la vie victorieuse, et il te fera passer par où tu n’as pas encore passé (Jos 1.3 ; 3.4).
Dieu avait donné à Moïse un ange pour chasser l’ennemi devant le peuple. Il en envoie un à Josué qui lève les yeux vers la formidable forteresse de Jéricho – et il voit un ange ! Cet ange se présente comme un guerrier, l’épée tirée à la main. (A lire : Jos 5.13-15.) Josué, tout naturellement, veut savoir de quel côté ce guerrier se range. La réponse est catégorique: « D’aucun ! Je ne suis pas venu pour prendre parti. Je suis venu pour prendre la situation en charge. » Josué est en face du chef de l’armée de l’Eternel. C’est lui le général. Ce n’est pas à nous de faire les plans, espérant que Dieu sera bien de notre côté. Jéricho n’est pas notre problème: Dieu s’en charge.
Josué l’a immédiatement compris: Parle, je t’écoute. Oui, bien sûr, nous écoutons Dieu. Cela ne suffit pourtant pas. Josué se prosterne en signe de soumission. Il connaît le récit du buisson ardent, mais il a oublié d’ôter ses sandales. Il pense marcher dans ses propres souliers. Josué doit redécouvrir ce que Moïse avait oublié : Dieu est présent, c’est lui qui me dit où aller, mes pieds suivront le chemin qu’il m’indiquera.
Dieu n’a pas changé. Le principe est resté le même : le buisson ardent, le chef de l’armée de l’Eternel, le Saint-Esprit en moi… Le Seigneur est présent, il veut prendre en charge. Ote tes souliers; mets-toi sur le terrain de l’entière dépendance de Dieu; marche dans la victoire que le Seigneur a déjà préparée et prends possession du pays qu’il a déjà conquis.
Jéricho représente la forteresse de Satan dans le pays à posséder, dans la vie du chrétien. Comment vaincre cet obstacle ? Héb 11.30 nous le dit: C’est par la foi que les murs de Jéricho tombèrent.
Avant de continuer, lisez Josué 6.
Faire tomber la forteresse
Josué s’attendait vraiment à ce que les murs tombent: Poussez des clameurs, car l’Eternel vous a donné la ville ! A la regarder, elle paraissait toujours aussi imprenable que jamais. Quel est l’obstacle qui empêche la vie de Christ de s’épanouir en vous ? Vous attendez-vous à le voir tomber ? Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour pendant sept jours (Héb 11.30). Ils ne tombèrent pas le premier jour…
Le chiffre sept semble jouer un rôle important: 7 sacrificateurs, 7 trompettes, 7 jours, 7 tours. C’est le chiffre de la perfection divine. Dieu est une trinité, et il est le créateur. Or la terre est caractérisée par les 4 points cardinaux, et la création est représentée par les 4 êtres vivants dans l’Apocalypse (4.5-7). Le chiffre 7 représente donc le Dieu trinitaire créateur (3 + 4). Le symbolisme du chiffre 7 quatre fois répété indique clairement que la victoire est donnée par Dieu. Mais si certains expliquent la chute des murailles par un tremblement de terre (pourquoi pas?) ou par les vibrations créées par les cris du peuple (peu probable), il y a manifestement une intervention directe de Dieu, donc un miracle.
Pourquoi le peuple devait-il faire le tour de la ville le septième jour, pourtant le jour de repos, le sabbat? Ce jour devait être sanctifié (= mis à part) pour glorifier Dieu, et il était défendu de faire son propre travail ce jour-là. Or, si les murs de Jéricho sont tombés, c’était l’oeuvre de Dieu (comme les guérisons de Jésus faites le sabbat), et non celle des Israélites. Leur « oeuvre » était une cérémonie religieuse…
Quant aux « trompettes », il s’agissait du « chophar yobelim », du cor des jubilés, qui symbolise la proclamation de l’Evangile, qui est à la fois une déclaration de guerre à Satan et la proclamation de la victoire (dont le jubilé est l’expression). – Prophétiquement, la septième et dernière trompette sonnera aussi le septième jour (à la fin de la semaine prophétique) pour annoncer la victoire finale de Jésus-Christ sur Satan (1 Cor 15.52 ; Apoc 11.15).(1)
L’interdit
La ville sera vouée à l’Eternel par interdit, elle et tout ce qui s’y trouve. Hommes, femmes, enfants, bébés, les animaux, tous doivent mourir.
Choquant, n’est-ce pas ? Mais c’est un ordre de Dieu. Deut 13.16 montre que c’est le sort des communautés adonnées à l’idolâtrie. Israël ne devait pas en être contaminé. En devenant l’instrument d’un châtiment si terrible, Israël devait comprendre, d’une part, quel serait son propre sort s’il tombait dans le même péché, d’autre part, que Dieu est saint et ne peut tolérer l’idolâtrie et la conduite immorale qui l’accompagne.
Rien de ce qui servait Satan ne devait subsister. Rahab, elle, avait servi l’Eternel en hébergeant les deux Israélites envoyés en reconnaissance par Josué. Le cordon de fil écarlate (Jos 2.18) qui signifie le salut pour Rahab et les siens est un symbole du sang de Christ qui sera répandu pour le pardon du péché du monde entier (1Jean 2.2).
Jéricho est un type des prémices. La première récolte appartient à Dieu, de même que le premier-né (que les païens offraient souvent en sacrifice). Jéricho représentait les prémices du pays de Canaan c’est pourquoi la ville entière était vouée à Dieu.
C’est un autre fil qui traverse toute la Bible : ce que nous avons appartient en propre à Dieu, car qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ? Si Dieu demande les prémices, c’est pour nous rappeler qu’il doit être honoré le premier, qu’il en a l’emploi prioritaire. Dans l’AT, la loi avait fixé 10 % les dons dus à Dieu. C’était le minimum. En plus, il y avait les offrandes qui étaient proportionnelles à l’affluence individuelle. Le principe est resté le même. Aucun chrétien qui a pratiqué la dîme et l’offrande (le maximum de ce qu’il pouvait donner sans précipiter sa famille dans les dettes) n’a jamais manqué du nécessaire. Je puis en témoigner. Deux textes seraient ici à relire: Mal 3.8-10 et 2 Cor 8.13-15.
Le peuple d’Israël exécuta exactement l’ordre de Josué. Jéricho devait dès lors rester ouverte à tout venant, en témoignage de l’ennemi vaincu. Aussi une malédiction est-elle prononcée contre quiconque rebâtirait Jéricho (6.26), malédiction qui se réalisa 500 ans plus tard contre Hiel (1 Rois 16.34).
Jéricho est vaincue, le bastion le plus formidable de l’ennemi est anéanti, le pays peut être conquis. Tout est bien! Et pourtant…
1. Sur ce point, on peut être d’avis différent. Mon point de vue n’engage pas mes corédacteurs
- Edité par Schneider Jean-Pierre
QUELQUES OUVRAGES RECENTS
RETABLISSANT UNE INTERPRETATION
CHRETIENNE DE L’HISTOIRE DE
L’EUROPE
Il nous paraît utile de signaler quelques ouvrages historiques récents nous permettant enfin de percevoir clairement l’orientation foncièrement anti-chrétienne du développement et de l’interprétation courante de l’histoire européenne depuis la Renaissance des XVe et XVIe siècles. La plupart de ces ouvrages sont dus à la plume d’auteurs catholiques, car il n’existe guère d’ouvrages protestants ou évangéliques en français sur ces questions si importantes. Le lecteur fera les rectifications nécessaires.
Il nous faudrait d’abord avoir une juste perception de ce que fut l’histoire chrétienne de l’Europe. Toute l’oeuvre extraordinairement riche de l’historienne française, Régine PERNOUD (que certains considèrent comme l’un des premiers historiens de notre époque), depuis son premier ouvrage de synthèse, « Lumière du Moyen Age », datant de 1944 (Grasset, 1981), jusqu’à son admirable « La femme au temps des cathédrales » (Stock, 1980) et « Les Saints au Moyen Age » (PIon, 1984), nous a appris à revoir l’interprétation humaniste courante de l’histoire médiévale. Les institutions, la culture et toute l’histoire de la période que nous appelons, depuis la Renaissance, « Le Moyen Age », sont de manière absolument évidente marquées par l’influence profonde et durable du christianisme. Pour les historiens de la Renaissance, le « Moyen Age » représente une période de régression de la civilisation entre ces deux périodes « bienheureuses » qu’auraient été l’Antiquité romaine et grecque, païenne, et le renouveau païen de la Renaissance. Le Moyen Age, entre la chute de l’Empire romain et la Renaissance aux XVe et XVIe siècles, d’inspiration païenne de l’Antiquité, était considéré comme une période de ténèbres, d’obscurantisme, d’inculture et de barbarie. Pour ces historiens, qui nous ont tous marqués de leur interprétation de l’histoire, le retour aux valeurs antiques du paganisme représentait la « renaissance » de la vraie civilisation. Ainsi calomniait-on mille ans de civilisation chrétienne en Europe. En prolongeant dans le domaine culturel leur anti-catholicisme doctrinal, spirituel et ecclésiastique parfaitement justifié, les historiens réformés et évangéliques ont malheureusement trop souvent tout simplement adopté cette interprétation païenne et anti-chrétienne de l’histoire. C’est pour de telles raisons que le XVIIIe siècle, siècle anti-chrétien s’il en fut, avec son idolâtrie de la raison de l’homme libérée des contraintes de la Parole de Dieu, siècle révolté contre Dieu, est par tous nommé le siècle des « lumières ». De la même manière, le journal du parti communiste de l’Union Soviétique est appelé « Pravda », ce qui signifie « vérité » en russe. Cette interprétation de l’histoire est devenue l’interprétation officielle de notre passé. Elle valorise systématiquement toutes les conquêtes d’un humanisme anti-chrétien aux dépens du christianisme. L’aboutissement catastrophique en est aujourd’hui le nihilisme destructeur et suicidaire que nous voyons partout. La meilleure introduction à cette révision chrétienne de l’histoire médiévale est le petit livre de Régine PERNOUD, « Pour en finir avec le Moyen Age » (Points-Histoire, 1979), qui dégonfle admirablement toutes les baudruches éculées de l’historiographie humaniste. C’est un ouvrage à lire et à faire lire.
Le petit livre de Henri CHARLIER, « Création de la France » (Dominique Martin Morin, 1982), nous fait comprendre de façon admirable à quel point le christianisme imprégnait tous les aspects de la vie sociale, politique et culturelle de l’Europe chrétienne au Moyen Age. Si la Réforme fut une « réformation » des déformations doctrinales, spirituelles et ecclésiastiques de ‘Eglise de la fin du Moyen Age et du début de la Renaissance, sur le plan culturel elle marque une forte continuité avec le christianisme médiéval.
Jeanne d’Arc, avec son « Dieu premier servi », fut typiquement une figure médiévale les réformateurs avec leur « Soli Deo gloria » appartiennent à une même famille. En fait des Luther, des Calvin, des Viret, des Knox sont par bien des aspects des figures anachroniques dans un siècle marqué par la renaissance d’un humanisme orgueilleux. Des hommes comme Agrippa d’Aubigné et Gaspard de Coligny, et même un Henri IV, sont des preux qui ont survécu à l’âge de la féodalité, à l’honneur seigneurial. Tous avaient cette vision de la souveraineté de Dieu sur toutes choses qui marquait si fortement la vie de l’Europe médiévale jusqu’au début des temps modernes. Les catholiques de la Renaissance, par contre, s’étaient alliés de mille manières avec l’esprit moderne du nouvel humanisme paganisant. Par exemple, la Pléiade avait allié sans peine un catholicisme farouchement anti-réformé avec un attachement foncier aux valeurs impies de l’antiquité païenne. Par contre, la grande poésie réformée française du XVIe siècle allant de Clément Marot (1495-1544) et Théodore de Bèze (1519-1605) jusqu’à l’oeuvre immense et terrible d’Agrippa d’Aubigné (1552-1630), est beaucoup plus proche de la poésie religieuse et morale du Moyen Age telle qu’on la trouve chez un Rutebeuf (Xllle siècle), un Eustache Des-champs (XIVe siècle) ou même un François VilIon (XVe siècle), que de la tradition esthétisante de la Renaissance et d’une partie de la poésie des époques baroques et classiques (1). Il en est de même pour la musique du Psautier huguenot, si proche de la musique grégorienne. Cette continuité entre la civilisation chrétienne du Moyen Age et celle de la Réforme pourrait être démontrée de maintes manières.
Dans son dernier ouvrage, « Lettre ouverte à ceux qui ont mal à la France » (Albin Michel, 1985), le père R.-L. BRUCKBERGER, connu pour ses livres d’inspiration profondément biblique tels « La Révélation de Jésus-Christ » (Grasset, 1983), « Lettre ouverte à Jésus-Christ » (Livre de Poche, 1973) et son admirable traduction des Evangiles, « L’Evangile » (Albin Michel, 1976), pour n’en nommer que quelques-uns, nous livre aujourd’hui une révision déchirante de l’interprétation officielle de l’histoire de l’Europe depuis le XIVe siècle. Il voit en effet que le mal dont nous souffrons a commencé, non à la Réforme ou à la Renaissance, ou encore plus récemment à la Révolution française, mais déjà aux Xllle et XIVe siècles avec la réapparition dans les universités de l’enseignement du droit romain. A partir de cette époque, le droit romain a été utilisé, comme au temps de l’empire des Césars, à savoir pour justifier le droit d’user et d’abuser, non seulement de ses propres biens, mais aussi du pouvoir politique, ce qui est parfaitement contraire à l’enseignement de la Bible, qui affirme que, tout appartenant à Dieu, tout doit être géré par nous selon la loi divine. Bruckberger voit dans cette révolution légale commencée au XIVe siècle l’origine d’un capitalisme dénaturé, car libéré de la loi de Dieu, totalement égocentrique et ainsi en opposition au véritable capitalisme biblique de gestion des biens de ce monde pour Dieu et dans le but de faire fructifier la création pour le bien des hommes (voyez « Le capitalisme: mais c’est la vie! », PIon, 1983). Mais Bruckberger y voit également l’origine de l’Etat totalitaire moderne. Celui-ci, en passant en France par les légistes de Philippe le Bel, la monarchie de droit divin à la Louis XIV – inconnue au Moyen Age en dehors de la papauté -, a abouti à l’absolutisme des majorités démocratiques sans Dieu ni loi. La souveraineté, qui en fin de compte n’appartient qu’à Dieu, a ainsi été usurpée par les hommes. Son ouvrage, qui est la synthèse de nombreuses recherches historiques récentes sur ces questions, doit beaucoup à l’ouvrage monumental et indispensable de Régine PERNOUD, « Histoire de la bourgeoisie en France » (2 vols. Points-Histoire, 1981). Pour notre part, il nous semble qu’il faudrait chercher à pousser l’analyse plus loin encore, car le mal remonte, comme l’indique Francis SCHAEFFER dans son livre « Démission de la raison » (La Maison de la Bible, 1965), à l’introduction par Thomas d’Aquin (1225-1274) de la pensée d’Aristote dans la théologie de l’Occident. Il aurait également pu citer l’ouvrage magistral de Bertrand de JOUVENEL, « Du Pouvoir. Histoire naturelle de sa croissance » (PlurielPoche), qui retrace l’histoire du développement en Occident de la puissance absolue de l’Etat Moloch, sans Dieu ni loi, dont l’Apocalypse nous parle de manière impressionnante sous la figure d’une bête terrifiante.
Cette bête a fait sa première apparition spectaculaire sur la scène de l’histoire avec la Révolution française, prototype de tout le mouvement moderne contre le Christ et contre son influence dans notre monde. C’est ce caractère foncièrement et primordialement anti-chrétien de la Révolution française que décrit l’historien français Jean DUMONT dans son livre fortement documenté, « La révolution française, ou les prodiges du sacrilège » (Critérion, 1984). Il y démontre de façon convaincante que le coeur de la Révolution se trouvait dans son anti-christianisme. Face à d’autres manifestations de ce même esprit révolutionnaire, le grand théologien luthérien berlinois, converti du judaïsme au Christ, J-J. STAHL (1802-1861), écrivait en 1 852 ces paroles saisissantes:
« La Révolution est le rationalisme extérieur; le rationalisme est la révolution intérieure. L’un et l’autre sont la maladie mortelle de notre siècle. On dit que le rationalisme est de l’incrédulité: c’est faux, il croit en l’homme. On dit que la Révolution est le renversement de l’autorité: c’est faux, elle entend seulement que l’homme soit l’unique source du pouvoir et l’unique but de la société. L’un et l’autre affranchissent de Dieu l’homme ; l’un aboutit nécessairement à l’émancipation de la chair et au communisme ; l’autre à l’apothéose de la raison humaine tous deux à l’homme de péché prédit par St. Paul ». F.-J. Stahl: Was ist die Revolution ? (1852)
C’est cet immense danger que cherche à éclairer le père R.-Th. CALMEL dans son ouvrage « Théologie de l’histoire » (Dominique Martin Morin, 1984). Nous y trouvons un remarquable effort pour rejoindre la vision biblique de l’histoire telle qu’elle fut développée par Saint-Augustin dans la « Cité de Dieu ». C’est un ouvrage qui nous ouvre les yeux sur la présence si active et si puissante dans le monde moderne de l’esprit de l’anti-christ. Nous ne saurions trop recommander la lecture de ce livre, ceci malgré quelques aspects plus spécifiquement catholiques dont il faudra faire abstraction.
Pour terminer, nous vous signalons un ouvrage universitaire d’inspiration biblique et évangélique qui traite également des progrès inquiétants d’un esprit antichrétien dans notre civilisation. Il s’agit de la thèse remarquable de Jean-Pierre GRABER, « Les périls totalitaires en Occident » (La pensée universelle, 1983). J.-P. Graber cherche à identifier et à analyser les causes et les processus qui sont en train de conduire nos sociétés occidentales au totalitarisme. Le problème est analysé dans une perspective systématiquement chrétienne, ce qui est étonnant pour un ouvrage universitaire. Les causes de cet immense danger sont étudiées dans l’ordre suivant: l’évacuation de Dieu; la désagrégation des normes éthiques et des institutions traditionnelles ; le développement d’un droit purement sociologique ; la tension inévitable entre les tendances diverses d’une société pluraliste sans vrai consensus ; la régression de la liberté économique et de la propriété individuelle ; les virtualités totalitaires d’une société technicienne ; l’influence de la subversion ; finalement, la croissance constante de la puissance de l’Etat.
Comme Bruckberger, nous ne voyons pas la désintégration d’une civilisation qui a voulu se construire hors du dessein de Dieu, sans lui et en opposition ouverte à sa bonne Loi, comme une catastrophe irrémédiable. Un tel monde doit disparaître, car il a renié la source même de la vie et tous les fondements d’une véritable civilisation.
Ceux qui se tournent vers Dieu et qui gardent ses Paroles, c’est-à-dire sa Loi, par la force du Saint-Esprit qui leur a été donné, sont fondés sur un roc immuable, et sur ce roc peuvent construire pour l’avenir de manière durable. Mais, comme le dit Bruckberger dans son dernier ouvrage, pour sortir de l’impasse universelle actuelle:
« Il faut revenir à la religion, à la famille, à la propriété garantie de la liberté individuelle, à l’honneur du travail et de l’invention et à leur juste récompense, source fatale, mais tout à fait honorable, d’inégalités puisque tous n’ont pas le même génie et qu’il est juste que le laborieux réussisse mieux que le paresseux. »
Et il ajoute:
« Mais la confusion des esprits est telle, les résultats du socialisme et du communisme sont si désastreux pour la liberté et la dignité de l’homme, le Goulag est devenu une menace tellement proche pour le monde entier, qu’il nous faut commencer par le commencement, c’est-à-dire le retournement de l’homme vers Dieu. Soljénitsyne écrivait dans « Le Point » du 13 mai 1983: « Il est en vain de chercher une issue à la situation du monde, sans tourner notre conscience repentante vers le Créateur de toutes choses. Aucune autre issue ne s’éclairera, nous n’en trouverons pas, hors la quête opiniâtre de la douce main de Dieu que, dans notre inconscience, nous avons rejetée ». » (p. 124-125).
(1) Sur la poésie réformée des XVIe et XVlle siècles, si méconnue aujourd’hui, il est utile de signaler les ouvrages suivants:
Albert-Marie SCHMIDT: Etudes sur le xvle siècle (Albin Michel, 1967)
Michel JEANNERET: Poésie et tradition biblique au X/le siècle (corti, 1969).
Jacques PINEAUX: La poésie des protestants de langue française de 1559 à 1598 (KlincKsieck, 1971)
- Edité par Berthoud Jean-Marc
3. LA CREATION ET LE CREATEUR
A. La création
En ouvrant notre Bible, nous sommes immédiatement confrontés à la création.
Les faits de base de la création
L’univers n’existe pas par lui-même et il n’est pas éternel. Il dérive son existence de Dieu seul. Gen 1.1; 1 Cor 8.6; Apoc 10.6.
Dieu créa toutes choses par la puissance de sa seule Parole. Ps 33.6,9. Dieu n’était nullement obligé de créer; il l’a fait par un acte de sa libre volonté souveraine et pour sa propre gloire. Act 17.25; Apoc 4.11 ; Col 1.16; Rom 11.33-36.
Quelques considérations à partir de Gen 1.1 et 2.3.
Certaines choses furent créées dans le sens qu’elles étaient fondamentalement nouvelles et inédites, ce que l’hébreu exprime par le mot « bara » (appeler à l’existence ce qui n’existait pas avant)(1). Ce mot utilisé uniquement par rapport à Dieu se trouve dans Gen 1.1 (création de la matière dont l’univers est fait) Gen 1.21 (création des animaux aquatiques et des oiseaux), trois fois dans Gen 1.27 (création de l’homme) et dans Gen 2.3, où il est appliqué à toute l’oeuvre de la création. On rencontre encore ce verbe « bara » dans Gen 5.1,2; 6.7; Deut 4.32 – toujours en relation avec la création de l’homme.
Toutes les autres choses ont été faites (« asah » en hébreu) Gen 1.7, 16 et 25(la voûte céleste, les astres et les autres animaux).
Toute l’oeuvre créatrice fut accomplie en six jours. « L’auteur de la Genèse a pris le plus grand soin de s’exprimer de telle manière que le lecteur comprenne bien qu’il s’agit de jours dans le sens « littéral », donc dans le sens d’une rotation de la terre sur son axe. Le mot « yom » (jour) tel qu’il est employé dans le texte de Genèse 1 exclut toute interprétation symbolique.(2)
Toute la création était parfaite et correspondait exactement à la pensée de Dieu. Gen 1.31.
La création de l’homme
Elle fut précédée par un conseil divin. L’homme, couronnement de la création, fut créé distinct des animaux. Gen 126.
L’homme fut créé « mâle et femelle » dès le début, de sorte que toute la race humaine descend d’un seul couple humain. Gen 1.27; 2.4-25. La bénédiction de Dieu reposait sur l’homme, qui fut investi d’un mandat précis. Gen 1.28.
Dieu institua le mariage en vue de la procréation, le sabbat comme jour de repos en l’honneur de Dieu, et le travail pour gérer la création, sur laquelle l’homme devait dominer. Gen.1.26-2.25. L’homme, qui connaissait la volonté de Dieu, pouvait aussi bien lui obéir ou tomber dans le péché par la désobéissance. Gen 2.16-17 voir aussi Rom 1.19; 2.15 ;Gen 3.
D’autres passages bibliques sur la création
Tout sans exception fut créé par le Christ, en qui tout l’univers subsiste. Col 1.16-17; Jean 1.1,3,10; Héb 1.2-3.
Cependant, le Saint-Esprit est l’agent de la création. Gen 1.2 ; Job 26.13; Ps 104.30. (3)
Dès le commencement, tout ce qui fut créé par Dieu témoignait de sa puissance et de sa divinité éternelles. Rom 1.20.
Deux remarques
1. En dernière analyse, nous ne croyons tout cela que parce que Dieu l’a révélé (Heb 11.3), et nous sommes dans la joie à la pensée que du sein des ténèbres, la lumière a brillé dans nos coeurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ .2 Cor 4.6
2. Il y a des dizaines de livres sur le marché qui montrent que la théorie dite de l’évolution ne peut être soutenue par aucune preuve basée sur des faits et que seul le récit biblique donne une explication de l’origine de l’univers qui s’accorde avec l’évidence des faits.
B. Le créateur
DIEU EST LE MAITRE ABSOLU DE TOUTES CHOSES.
Voici 3 passages clés :
Dan 4.32 – Ps 135.6 – Eph 1.11
Voici pourquoi cela ne doit pas nous étonner :
Dieu ayant tout créé, quoi d’étonnant qu’il en ait la maîtrise absolue ? Rien ne peut jamais prendre Dieu au dépourvu puisqu’il connaît tout parfaitement d’avance. Act 15.18; 1Pi 1.11-12.
Comme Dieu est tout-puissant, rien ne peut jamais échapper à son autorité. Ps 115.3.
Dieu étant parfaitement libre (Dan 4.32), rien ne peut jamais l’empêcher d’accomplir toute sa volonté.
Il en découle 2 conclusions :
1. Dieu dominant toutes choses, le « hasard » est exclu. Prov 19.21 ; 21.1.
2. Pour la même raison, il n’y a pas de « sort » aveugle. Ps 103.19.
Réponses à quelques objections
Première objection: « Si Dieu a tout sous son contrôle, je ne suis donc pas responsable de mes actes ».
Réponse: Nous accomplissons notre propre volonté. Mais la souveraineté de Dieu est telle que, tout en nous laissant faire ce qui nous plaît, il s’assure que nos actions soient le moyen par lequel il accomplira son plan. Gen.45.3-8; 50-20.
Deuxième objection: « Si Dieu a tout sous son contrôle, ce qui doit arriver arrivera, quoi que je fasse ».
Réponse: Nos actions, loin d’être sans importance, ont tout au contraire une très grande portée. Pour que le but que Dieu a en vue soit atteint (nommons-le D), Dieu fait qu’arrive d’abord A, puis B et C. Néanmoins, ceux qui agissent sont libres, même si par leurs actions le plan de Dieu s’accomplit.
Troisième objection: « Si Dieu a tout sous son contrôle, il doit donc être l’auteur du péché ».
Réponse: Dieu n’a aucune part au péché, comme il ressort de Jac 1.13; ses yeux sont même trop purs pour voir (contempler) le mal (Hab 1.13). Le fait est que nous sommes entièrement responsables du péché que nous commettons, même s’il sert aussi à exécuter les projets de Dieu (Act 4.28). La sainteté de Dieu va de pair avec sa souveraineté absolue (Apo 4.8; Deut 32.39).
Quatrième objection: « Si Dieu a tout sous son contrôle, comment expliquer les péchés des justes et la prospérité des méchants ? »
Réponse : Le péché continue à demeurer dans les membres du croyant jusqu’au jour de la résurrection (Rom 7.14-25).D’autres sont ouvertement révoltés (Rom 1.18-32). Mais tout sera redressé au jour du jugement (Rom 2.1-16).
1. H.M. Morris, « The (Genesis Record » Baker Book House, Grand Rapids), p.39-4O.
2. H.M. Morris, ibid. p.55-56
3. En hêbreu, le mot « ruach » signifie aussi bien « souffle » que « esprit ».
- Edité par Olyott Stuart
HEBREUX 10.19-39
EXHORTATION CENTRALE DE L’EPITRE
EXHORTATION CENTRALE DE L’EPITRE
Dès son début, l’épître aux Hébreux s’est attachée à démontrer la supériorité de Christ sur les personnalités et les institutions de l’AT. La partie doctrinale conclut (Héb 10.18) que la question du péché a été tranchée, une fois pour toutes, par l’offrande unique de Jésus-Christ lui-même. La suppression de l’obstacle ouvre au croyant une vie vraiment nouvelle, qui fera l’objet de la partie pratique de l’épître, dès Héb 10.19.
Cette manière rappelle celle de l’épître aux Romains. Après l’exposé magistral de la doctrine du salut (Rom 1-11), sa mise en pratique est aussi présentée comme conséquence logique, par le même mot « donc » (Rom 12.1). La révélation de Dieu doit toujours conduire à la vie.
1. Hébreux 10.19-25: Plénitude de vie
L’oeuvre de Christ entraîne des conséquences pour les croyants, envers Dieu et aussi entre eux.
1.1. Communion avec Dieu (v.9-23)
Par comparaison avec le culte de l’ancienne alliance, apparaissent 4 privilèges de la nouvelle:
– libre accès dans la présence de Dieu,
– le sang de Jésus suffit pour cela,
– un chemin nouveau et vivant: Christ lui-même (Jean 14.6),
– un grand sacrificateur, présent et actif, au bout du chemin (cp. Héb 12.2; Apo 22.13).
Pour en bénéficier, les adorateurs doivent remplir 4 conditions morales:
– un coeur vrai (v. 16), une réelle affection pour Dieu,
– une foi pleine et entière en Dieu, appuyée sur sa fidélité (v23);
– un coeur purifié d’une mauvaise conscience, sans mélange,
– le corps baigné d’eau pure, toute la personne sanctifiée par la parole de Dieu (Jean 13.10; Eph 5.26).
Ainsi approchons-nous de Dieu !
1.2. Communion entre croyants (v. 24-25)
La relation rétablie avec Dieu conduit chaque croyant à rejoindre les autres, dans un climat bienveillant d’intérêt réciproque.
a) Vigilance mutuelle (v.24)
Veiller sur (et non surveiller) les autres est le lot de chaque croyant, pour encourager les oeuvres bonnes inspirées par l’amour.
b) Persévérance dans le rassemblement (v.25)
Localement il représente l’église universelle et préfigure le ciel.
c) Encouragement mutuel (v.25)
Parfois aussi avertissement, mais toujours dans l’humilité et la perspective du retour de Jésus-Christ.
Ainsi approchons-nous des frères!
2. Hébreux 10.26-39: quatrième avertissement
2.1. L’apostasie. un danger redoutable (v.26-31)
Tout homme informé est devant un choix. Volontairement (v.26) il peut refuser le salut offert en Christ! Dieu ne contraint personne, mais il ne cesse d’alerter.
Déjà Deut 32.35-36 annonçait le châtiment terrible du Dieu vivant, sur les rebelles. Combien plus sera-t-il sévère et certain sur ceux qui auront négligé un si grand salut (Héb 2.3)!
2.2. Encouragement nécessaire (v.32-39) L’avertissement solennel en appelle au souvenir et à la réflexion des perplexes (comme en Héb 6.9)
a) Le rappel des débuts (v.32-34) : souffrances, moqueries, dépouillement, évoque l’indéniable vécu d’un temps heureux et béni. Pourquoi serait-il révolu?
b) les raisons de persévérer abondent (v.35-37) : récompense, patience formatrice, venue du Seigneur, plaire à Dieu, dans la foi, jusqu’au plein salut définitif.
3. Conclusion
La foi (v.22) sera illustrée par les exemples du chapitre 11.
L’espérance (v.23) inspirera Héb 12.1-17.
L’amour (v.24) pénétrera diverses circonstances de la vie, au chapitre 13.
Présentées ensemble au début de la partie pratique de l’épître, ces 3 choses qui demeurent (1 Cor 13.13) découlent directement du sacrifice unique, qui demeure à toujours lui aussi, et du souverain sacrificateur établi pour l’éternité.
Rarement l’Ecriture met aussi en évidence ensemble la vie de chaque jour et l’état éternel.
Le ciel commence sur la terre!
HEBREUX 11 – LA FOI DANS LA VIE
Sans doute l’un des plus importants de la Bible ce chapitre montre comment la foi anima la vie des hommes d’autrefois, dans des temps et des circonstances très différents.
1. Hébreux 11.1-3: Définition et application de la foi
Affirmée en Eph 2.8 comme le moyen du salut par grâce, la foi est ici définie dans sa nature, et présentée dans une application universelle.
1.1. Définition de la foi
Ferme assurance des choses qu’on espère et conviction intérieure de celles qu’on ne voit pas, la foi est comme un sixième sens. Elle rend actuel le futur et sensible l’invisible.
Dieu a reconnu l’existence de la foi chez les hommes des temps les plus reculés.
1.2. Application de la foi (générale et permanente)
Il faut la foi pour croire à l’origine invisible de toute la création. La conception matérialiste de l’univers voile à l’homme aussi bien son origine que sa destinée; elle l’enferme dans le désespoir.
La parole de Dieu apparaît comme l’origine de la création (Gen 1), aussi bien que de la foi (Rom 10.17).
2. Hébreux 11.4-38: la foi vécue dans l’Ancien Testament
Après l’aspect général et permanent de la foi, en rapport avec la création chacun des témoins mentionnés va en souligner un aspect particulier, illustré par sa vie.
2.1. Avant le déluge (v.4-7)
a) Abel le sacrifice de la foi (v.4)
Source de sa foi: le témoignage de ses parents, vêtus d’une dépouille d’un animal mis à mort à cet effet (Gen 3.21).
Soumission de sa foi: Abel accepte le jugement de Dieu et son moyen de grâce: sans effusion de sang, pas de pardon (Héb 9.22)!
Portée de sa foi: il parle encore (l’Ecriture ne rapporte aucune parole de lui!) par son sacrifice, premier pas sur le chemin de la foi.
b) Enoch : la marche de la foi (v.5-6)
Nature de sa foi : croire que Dieu existe, et chercher sa présence.
Récompenses de sa foi: il a su qu’il avait plu à Dieu ; il échappa à la mort.
c) Noé : l’oeuvre de la foi (v.7)
Objet de sa foi: l’avertissement divin annonçant le jugement (rôle de la parole de Dieu).
Fruit de sa foi: un saint respect de la parole de Dieu.
Action de sa foi: construire l’arche, ce qui entraîna 3 conséquences:
– son salut et celui des siens (voir 1 Tim 4.16).
– la condamnation du monde incrédule, par sa prédication en actes (2 Pi 2.5)
– l’héritage de la justice de la foi.
Ces exemples si anciens ne sont-ils pas actuels?
2.2. Les patriarches (v.8-10)
a) Abraham l’obéissance de la foi (v.8-1O)
Naissance de la foi dans l’appel divin (parole de Dieu) à se séparer de tout, pour un autre héritage ailleurs.
Réponse et sainte folie de la foi : partir ne sachant où l’on va !
La foi persévérante est contagieuse : Isaac et Jacob arpentent aussi une terre étrangère sur les traces du dépositaire de la promesse. L’espérance de la foi va au-delà du pays visible, jusqu’à la cité céleste, demeure finale promise au croyant. La foi sait attendre!
b) Sara: la force de la foi (v.11-12)
Pourtant hors d’âge, Sara est l’origine d’une postérité nombreuse, car elle crut la parole de Dieu (malgré son doute initial) (Gen.18.9-15)
c) La patrie céleste réservée aux croyants: la destinée de la foi (v. 13-16)
La foi naît ici-bas, mais nous conduit ailleurs (Héb 6. 18-20), par un chemin sans retour. C’est un engagement important. Aussi le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob« (Act 3.13) réserve un accueil céleste à ceux dont il n’a pas honte.
d) Abraham : l’épreuve de la foi(v.17-19)
Au sacrifice de tout ce qu’il avait quitté, pays et parenté (Gen 12.1), Abraham doit ajouter celui de l’héritier, pourtant objet et porteur de la promesse ! Mais ainsi il a entrevu la résurrection de Christ (Jean 8.56)!
e) Isaac : la bénédiction de la foi (v.20)
Elle ne transmettait qu’une promesse, mais c’était la promesse de Dieu
f) Jacob : l’adoration de la foi (v.21)
A une vie mouvementée (Gen 47.9), Dieu donna une fin merveilleuse et significative de sa grâce envers Jacob.
g) Joseph : la prophétie de la loi (v.22)
L’homme de foi peut occuper une position élevée dans le monde, mais il ne veut pas laisser sa dépouille en Egypte !
- Edité par Promesses
Titre: | Sous la protection de Dieu (80 pages) |
Auteur: | Jakob Esau |
Editeur: | Communauté de Secours aux Eglises Martyres |
Ce témoignage d’un chrétien d’Union Soviétique qui a pu quitter ce pays en 1974 m’a beaucoup parlé, car il est d’un grand réalisme. Pas de miracles à la pelle, du sensationnel, mais des faits pris au milieu de conditions humaines difficiles où l’on voit Dieu prendre part à nos souffrances par des interventions précises à des moments où la force humaine fait défaut: une Bible préservée, une chrétienne démunie de tout qui encourage par sa foi et son regard lumineux, un colis qui arrive au moment juste, des circonstances que Dieu suscite pour préserver ses serviteurs et sa Parole. Ce livre nous encourage à vivre Christ dans les situations difficiles de notre vie et à prier pour ceux qui souffrent dans ces pays totalitaires.
- Edité par Lüscher Henri
Je m’appelle Gilles…
Je suis né le 6 décembre 1969. Aimant la musique, je fais partie de la Maîtrise de Fribourg depuis l’âge de sept ans. Ce chour se consacre essentiellement aux chants religieux. Jusqu’à l’âge de quatorze ans, j’ai vécu au sein de ma famille une vie intense et harmonieuse. De tempérament vif et joyeux, je pratiquais le sport de manière très active mon objectif professionnel étant de devenir maître de sport. Je jouais également du piano et fréquentais les cours du Conservatoire.
L’accident
Durant les fêtes de Pâques de l’an dernier, je me rendis en Yougoslavie avec un club de tennis, Le Samedi-Saint, je fis une chute de neuf mètres dans l’hôtel et tombai sur la tête. Je fus transporté à l’hôpital de Rijeka dans un état comateux. J’avais une double fracture du crâne et ma vie ne tenait plus qu’à un fil… J’étais intransportable mais mes parents firent quand même les démarches nécessaires pour me rapatrier. Ils se heurtèrent alors à de multiples tracasseries administratives et ce n’est que quatre jours plus tard que je pus être acheminé sur l’hôpital de l’île à Berne. Mes parents avaient pris sur eux cette grande responsabilité et cela malgré la désapprobation des médecins. Mon état était très inquiétant, mais je supportai heureusement le transport.
Espoir et réconfort
A Berne, les médecins ne donnèrent à mes parents aucun espoir de survie, mon état se dégradant de jour en jour. Ils firent appel au Père Hugo, un homme formidable que je n’avais pas revu depuis près de sept ans. Le jour même il se rendit à mon chevet et par la suite, m’apporta presque quotidiennement espoir et réconfort. Il ne prêchait pas seulement la Parole de Dieu il la mettait constamment en pratique.
J’ai passé plusieurs semaines aux soins intensifs. Mes parents et le Père Hugo se relayaient presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre à mon chevet. Ils m’apportaient ainsi force et courage pour m’aider à survivre. Malgré les diagnostics plus que défavorables, nous n’abandonnions pas la lutte et l’Espoir. Les médecins admiraient mes parents, qui malgré leur grande douleur, gardaient confiance. L’amitié du Père Hugo, à l’image de Dieu, manifestée dans la plus grande discrétion, ainsi que l’amour et le réconfort de mes parents furent constants. Ces valeurs si précieuses, ils surent aussi les communiquer à tous mes camarades de chambre.
Accepter la dure réalité de mon handicap.
Une semaine après mon admission à l’hôpital, je fis des complications. A la suite d’une attaque cérébrale, je devins hémiplégique (partie gauche du corps déformée et insensible). Un mois plus tard, j’étais aveugle !
Mes parents étaient de plus en plus angoissés mais ne me le firent jamais sentir en ma présence. La réalité du message de Christ reçu de leur part et de celle du Père Hugo, exprimé par une foi réelle, m’aidèrent à m’en sortir. Je pus alors accepter avec sérénité la très dure réalité de mon handicap. Ce n’est que huit mois plus tard que je fus considéré « hors de danger ».
Un nouveau départ
Ce fut alors le début d’une nouvelle vie. Il fallait tout recommencer. J’avais perdu vingt kilos et un temps difficile de rééducation m’attendait. Malgré d’énormes souffrances, supportées grâce au soutien constant du personnel soignant et de mes proches, je réussis à remonter la pente en quelques semaines. A force de volonté et de motivation, j’avais surmonté cette première épreuve. J’en étais arrivé au stade où je pouvais me mouvoir. Reprenant goût à la vie, je retrouvais petit à petit les forces nécessaires et redécouvrais un autre monde.
Je suis actuellement au Centre pour handicapés de la vue à Lausanne (C. P H. V). Je suis définitivement non-voyant une partie de la face, la main et le pied gauches sont toujours insensibles.
La lumière est en moi
Ma foi, mon regard vers Dieu, la Lumière du Christ me permettent d’espérer et de comprendre que c’est par la foi que l’on rencontre le Seigneur et que c’est en Lui que l’on connaît les vraies valeurs de la vie. Ayant le privilège d’avoir des parents formidables, qui comme le Père Hugo, répondent toujours présents avec amour, je tiens à remercier Dieu de les avoir renouvelés pour qu’ils puissent accomplir leur mission auprès de moi. Je les aime et leur serai toujours reconnaissant, comme à toutes les personnes qui m’ont apporté leur soutien.
Gilles, 16 ans.
(Tiré de « Un chemin de lumière »,
juin 1985, avec l’autorisation
de la Mission Evangélique Braille)
- Edité par Promesses
Causes de l’incrédulité et mission de l’Eglise
Lecture biblique
Je t’adjure devant Dieu et devant le Christ-Jésus qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte, avec toute patience et en instruisant. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais au gré de leurs propres désirs, avec la démangeaison d’écouter, ils se donneront maîtres sur maîtres; ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables. Mais toi, sois sobre en tout, supporte les souffrances, fais l’oeuvre d’un évangéliste, remplis bien ton service. (2 Tim 4.1-5)
Je me suis senti obligé de vous écrire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. (Jude 3)
NB : Les citations bibliques sont tirées de la Nouvelle Version Segond Révisée, dite « de la colombe ».
RELIGION ET FOI
Le mot religion fait tellement partie du vocabulaire courant qu’on se demande rarement ce qu’il recouvre vraiment. Pour les uns, c’est l’adhésion à certaines maximes pour d’autres, ce sont des cérémonies par lesquelles on adore Dieu. Chaque être humain sait, tout au fond de lui-même, qu’il existe un être suprême, un dieu dont il dépend et qui a autorité sur lui. Il aspire à s’approcher de ce dieu qu’il ne connaît pas, et de cette aspiration sont nées toutes les religions du monde. Car l’homme est religieux par nature.
Ce qu’on entend par religion n’est souvent que simple crédulité, une conformité à des croyances et des rites traditionnels. Pour d’autres, il s’agit d’un acte de foi basé sur une conviction absolue de la réalité de Dieu telle que la Bible, Parole de Dieu, le révèle : La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ (Rom 10.17).
Entre ces deux attitudes, il y a une multitude de divergences plus ou moins nuancées, et personne n’ignore à quel point les convictions religieuses ont allumé les passions et provoqué des conflits parfois sanglants entre sociétés et nations anciennes et modernes. S’il est vrai que les questions concernant Dieu sont les plus importantes qui soient, il est inévitable que des positions diamétralement opposées provoquent des divisions. Il ne peut y avoir réconciliation entre les deux positions extrêmes qu’on peut résumer ainsi :
- Il existe une personne suprême, Dieu, qui a tout créé il s’est révélé par la Bible et en la personne de son Fils, Jésus-Christ la raison d’être de l’homme est de le servir et de lui faire honneur.
- Il n’y a pas de dieu: tout est le produit du hasard, et l’homme n’est responsable qu’envers lui-même.
La Bible déclare sans ambages : Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu ; celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent (Héb 11.6). La foi est d’une importance capitale dans l’enseignement chrétien, car d’elle dépend la justification du pêcheur, son accès à la grâce de Dieu, sa paix avec Dieu – en un mot: son salut (Rom 5.1-2). La foi sous-entend une confiance absolue dans un Sauveur personnel, qui est Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, en opposition à la confiance de l’homme naturel en des oeuvres méritoires et l’observation de traditions humaines. Cette opposition est présente dans tout le septième chapitre de l’évangile de Marc.
Comme cette foi est basée sur la Bible en tant que parole par laquelle Dieu se révèle quant à son être, son oeuvre et sa pensée, il doit y avoir soumission totale à l’autorité de la Bible, qui nous répète sans cesse que la parole de Dieu est éternellement valable (Ps 119.89 : Mat 24.35). La foi est une affaire de tête autant que de coeur: Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé (Rom 10.9). Au début, la foi porte surtout sur l’action rédemptrice de Christ à la croix, sur le pardon et la paix avec Dieu que sa mort procure, et le croyant entre dans une relation personnelle avec le Sauveur. Mon Seigneur et mon Dieu ! s’exclame Thomas quand il comprend que Jésus, mort à la croix, est vraiment ressuscité (Jean 20.28). La compréhension de la vie terrestre de Christ, de ses miracles étonnants et de son enseignement représentent une étape ultérieure de la foi. La foi conduit à toute expérience et bénédiction spirituelle. L’intégralité du salut dépend de la foi.
Nous croyons que Jésus est la Parole (le logos, la raison de l’univers) faite chair, c’est-à-dire Dieu devenu homme (Jean 1.14). Nous croyons que Jésus est l’Agneau de Dieu immolé pour notre rédemption (Jean 1.29), et qu’il est ressuscité pour notre justification (Rom 4.25). C’est par la foi que nous nous réjouissons en Christ, l’espérance de notre glorification (Rom 8.17,23-24).
Tout comme le pardon reçu par la grâce de Dieu (Eph 2.8-9), la foi aussi est un don de Dieu (Jean 6.44; 1Cor 12.9). L’homme ne peut atteindre Dieu de lui-même (c’est la tour de Babel) ; Dieu vient atteindre l’homme (c’est Noël). Mais c’est par la foi, qui s’exprime par la confiance en Jésus-Christ et par l’obéissance à la parole de Dieu, que l’homme peut devenir le bénéficiaire du salut préparé par Dieu à son intention.
LES CAUSES DE L’INCREDULITE
Nous devons nous rendre à l’évidence: le christianisme est devenu, pour la grande masse, une religion sans foi. Comment cela est-il possible, vu que la foi est au coeur même du christianisme ?
Les chrétiens du premier siècle ont dû faire face principalement à l’opposition extérieure. Les Juifs ne voulaient pas abandonner la loi, le principe du mérite que conférait son observation, au profit de la grâce conférée au croyant sur la base des seuls mérites du Fils de Dieu. Les païens ne voulaient pas abandonner leurs idoles, leurs superstitions et leurs pratiques, dont l’immoralité était condamnée par le christianisme. Plus tard, ce dernier fut ravagé par des luttes intestines provoquées par l’intrusion de philosophies pseudochrétiennes et la corruption du clergé, entre autres.
« Pendant huit années de guerre au Liban, dit le pasteur Eicher, nous avons assisté à l’augmentation du nombre d’idoles à travers toutes les régions chrétiennes des vierges en plâtre et des saints en bois de différentes tailles sont partout adorés comme de véritables personnes. Quelle idolâtrie C’est une des raisons pour lesquelles la paix n’est pas intervenue dans ce beau pays.
De nos jours, nous pouvons, sans prétendre à être exhaustifs, nommer trois causes principales de l’incrédulité qui balaye nos églises chrétiennes.
1. Manque d’un enseignement biblique fondamental
Dans beaucoup d’églises, il n’y a pas d’études bibliques systématiques pour jeunes et adultes, et souvent peu ou pas de réunions de prières.
Les grands réformateurs croyaient sans réserve en l’autorité finale des Ecritures, guide divin en matière de foi et de discipline dans l’Eglise. Ils étaient entièrement convaincus que la Bible est la parole inspirée de Dieu. Ils défendaient tout ce qui s’y trouve et abandonnaient ce qui n’y est pas.
Nos pères aussi avaient une connaissance solide de la parole de Dieu et une foi ferme en sa vérité. Cela leur à permis de tenir contre les difficultés et les persécutions. Ils ne se joignaient pas aux incroyants et acceptaient de payer le prix de la séparation pour Dieu. Quelle est notre part aujourd’hui à la grande bataille de la foi ?
Un jour, on demanda au pasteur Eicher de donner un cours biblique dans une classe terminale d’une école secondaire missionnaire pour garçons. Comme aucun cours spécifique n’avait été fixé, le pasteur Eicher proposa une série de leçons sur les doctrines chrétiennes de la Bible. On lui fit alors comprendre que cela ne s’enseignait pas à cette école, et on lui proposa un livre écrit par un théologien libéral. Monsieur Eicher refusa, persuadé que la négation des doctrines chrétiennes fondamentales conduit à une religion sans foi. C’est là une deuxième cause de l’incrédulité
2. Le modernisme ou la théologie libérale
Cette école de pensée théologique ne considère pas la Bible comme inspirée par le Saint-Esprit, et quand elle professe de le faire, elle le fait avec tant de réserves que cela équivaut à une négation de l’inspiration sacrée des Ecritures. Evidemment que la théologie libérale n’a que faire de l’analogie scripturaire, qui stipule que la Bible, ayant été écrite sous l’autorité d’un seul auteur, le Saint-Esprit, s’explique par elle-même et forme un tout cohérent. Pour cette théologie-là, la Bible contient toutes sortes d’erreurs, notamment des erreurs historiques, bien qu’aucun des faits historiques relatés dans la Bible n’ait jamais pu être prouvé faux.
Parmi les promoteurs de la théologie moderniste-libérale, il faut nommer Bultmann, les évêques Robinson et Oxnam, Fosdick, Buttrick, ainsi que Teilhard de Chardin et Henri Guillemin, bien que d’une trempe différente. On pourra mesurer le gouffre qui sépare les affirmations bibliques des énoncés de ces hommes, véritables traîtres de la foi, en lisant quelques brefs extraits de leurs écrits.
« Notre enseignement devient de l’idolâtrie s’il présente Jésus comme la seule manifestation de Dieu ou étant Dieu lui-même. Il y a beaucoup à faire pour enlever des prières, des hymnes et de certains livres pour enfants la manifestation de l’adoration de Jésus-Christ. » (Werner Fallow dans « Twentieth Century », p. 189)
« Marie nous le savons, a été trouvé enceinte avant d’être engagée au doux Joseph. Nazareth était sous le règne d’une garnison romaine dont les soldats étaient mercenaires allemands. Jésus serait donc l’enfant d’un soldat allemand, selon la revendication nazie. » (Nells F.S. Ferré dans Le soleil et l’ombrelle », p. 191) Ce blasphémateur moderne vint à Beyrouth donner une conférence aux étudiants de la « Near East School of Theology », nid de production de pasteurs libéraux au Moyen-Orient.
« Le Christ n’est pas vraiment venu pour mourir, mais pour dire et pour attester. Idée qui n’a pas encore fait son chemin et que l’institution semble peu prête à accueillir. Subsiste là, pour d’innombrables esprits légitimement rétifs, l’impossibilité de croire à une rédemption-rachat. » – « Pendant des siècles, les catéchisés ont été dressés à souscrire sans problème à un scénario mis au point par saint Paul. » (Henri Guillemin dans « L’affaire Jésus », 1982, p. 82 et 78)
Les fruits d’une telle aberration théologique sont « la mort de Dieu » l’idée qu’adorer Jésus constituerait une idolâtrie, la « démythologisation » des évangiles (qui ne relateraient pas des faits historiques, mais des légendes). Ces renégats de la foi reconnaissent Jésus seulement comme celui qui est venu sur terre pour aider les pauvres et les opprimés, pour lutter contre les injustices humaines, et qui est mort en martyr pour une juste cause, sans que sa mort ait le sens d’une expiation des péchés de l’humanité, comme tout le Nouveau Testament l’affirme pourtant avec une clarté éblouissante.
Conférence donnée par
E.C. EICHER, pasteur au Liban
(Adaptation J.-P. Schneider)
- Edité par Eicher E.C
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