PROMESSES

CONFRONTATIONS


Nous avons été très encouragés de voir que, par la grâce de Dieu, PROMESSES répond à un réel besoin, notamment celui de se resituer par rapport à notre époque. De plus en plus de chrétiens sont inquiets et se posent des questions en rapport avec leur foi face à une confrontation ai­gue avec l’esprit humaniste sous ses différentes formes. La nouvelle flambée de violence, de fanatisme religieux, idéologique et politique peut rendre perplexe et désorienter.

Mais nous n’ignorons pas les desseins de Satan (2 Cor 2.11) pour contre­carrer les plans de Dieu. N’oublions pas que nous sommes engagés dans un combat gigantesque contre les concepts et les pensées philoso­phiques qui ont pour but la destruction des structures fondamentales de l’humanité posées par Dieu lors de la création (Gen 1 et 2).

Dieu a été remplacé par l’homme, qui a mis sa foi en ses propres capaci­tés, en la science et en la technologie. C’est là tout l’humanisme. La Réforme, qui avait exercé une profonde influence sur l’Occident, fut par­tiellement étouffée. Puis le piétisme, en établissant une séparation entre ce qui est « spirituel » et ce qui est « visible », avait en quelque sorte facilité l’avance de la sécularisation et de l’humanisme. Le résultat fut un désin­térêt chez beaucoup de chrétiens face aux problèmes que posent l’édu­cation, les arts, les sciences, le travail, l’économie, la politique…

Aujourd’hui, l’infiltration académique humaniste est gaiement entrée chez les Evangéliques. En effet, l’orientation humaniste des écoles, des collèges et des universités dans les disciplines académiques a profon­dément marqué les étudiants issus de foyers chrétiens. Ainsi la métho­dologie existentialiste et relativiste dont ils ont été imprégnés fait aussi son chemin dans les églises. Les vraies valeurs ont été inversées. Le Dieu de la Bible nous appelle à ouvrir nos yeux, à réagir courageusement avec l’aide du Seigneur et à tirer une ligne de démarcation très claire. Comme l’Eglise primitive face à l’Empire romain idolâtre et sa culture humaniste, nous ne pouvons rester silencieux, tolérants et accommodants. Certes, les tribulations ne nous resteront pas épargnées (Jean 16.33), si nous voulons être le sel de la terre et la lumière du monde (Mat 5.13-16). Nous ne pouvons pas renier notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui nous a rachetés à un si grand prix par son sang précieux. Finalement, les souf­frances présentes ne sont pas à comparer avec la gloire à venir (Rom 8.18), et si le Maître a souffert, le serviteur passe par le même chemin (Jean 15.18-27).

La grande ligne de démarcation se situe à l’endroit de l’inspiration divine des Saintes Ecritures. Dieu nous y a laissé sa révélation. Elle est la vérité absolue dans tout ce qu’elle dit. Francis A. Schaefier affirme, avec l’école fondamentaliste, que la Bible est inerrante non seulement en ce qui tou­che au salut, à la doctrine et à la morale, mais aussi dans ses affirmations historiques, géographiques et d’ordre scientifique. (« The Evangelical Disaster », p. 54-58). C’est à partir de la Bible seule que tout doit être constamment évalué et jugé, culture, éthique et science comprises.

Les problèmes lancinants de l’avortement et de l’euthanasie, de la sexualité et du mariage, de la drogue et de la criminalité sont en grande partie le résultat évident de la conception relativiste de l’humanisme mo­derne qui a rejeté l’Absolu: DIEU. « Sans ce Dieu auquel nous correspon­dons, nous sommes seuls, sans amarre et ne correspondant plus qu’aux substances chimiques dont nous sommes faits » (Dick Keyes: « Beyond ldentity », Servant Books, p. 15).
Le monde libre fait preuve d’une naïveté, voire d’un aveuglement incroya­ble à l’endroit de l’idéologie marxiste athée, dont la Russie avec ses pré­tentions à l’hégémonie mondiale est un des principaux représentants. Cette idéologie matérialiste s’infiltre jusque dans certains mouvements inter ecclésiastiques (tel le C.O.E.), écologiques et politiques (telle une certaine forme de pacifisme). Ces mouvements sont victimes d’une ma­nipulation derrière les coulisses, tout comme la « théologie de la libéra­tion », qui semble gagner du terrain et qui favorise le marxisme tout en passant sous silence la seule libération véritable de l’homme, libération qui passe par la repentance et la foi en Jésus-Christ, seul Sauveur des hommes et de l’humanité. Cette théologie est d’autant plus pernicieuse qu’elle utilise le vocabulaire théologique courant tout en changeant le contenu en lui donnant un sens qui diffère de celui que la Bible autorise.

L’Eglise est aussi menacée par un danger subtil qui s’attaque à elle de­puis l’intérieur: on a tendance à donner une plus grande importance à l’expérience irrationnelle qu’aux fondements bibliques sans lesquels l’édifice se détériore. Francis A. Schaefier recommande la prudence face à certains évangéliques qui donnent moins d’importance à la justesse ou la fausseté de la doctrine qu’à une « rencontre avec Jésus ». Ils oublient que la foi chrétienne n’est pas une religion mystique, mais qu’elle est ba­sée sur des faits historiques et des raisonnements logiques, de sorte que toute « expérience » qui se situe en dehors des déclarations de l’Ecriture doit être suspecte. Rien de flou dans les enseignements de Jésus et des apôtres!

L ‘Eglise doit être attentive à la subversion féministe, l’amoralité dans tous les domaines, la dévaluation de l’histoire par rapport à la culture chrétienne occidentale basée sur la Réforme, la mondanité et le matéria­lisme, entre autres.

L’islam, de son côté, avance rapidement. En France, il y a déjà 500 lieux de culte islamique… Des centaines de missionnaires islamiques sillon­nent le monde pour convertir des chrétiens. Ils prêchent la tolérance, alors que les musulmans qui se convertissent au christianisme sont me­nacés, perdent leur emploi et risquent même leur vie. Les pays à majorité musulmane ne connaissant pas la tolérance, quoi qu’ils disent. Soyons sur nos gardes!

Si, comme tout semble l’indiquer, nous vivons dans les derniers jours, où il y aura des temps difficiles (2 Tim 3.1), est-ce une raison pour bais­ser les bras ?Au contraire, Dieu nous adresse peut-être un dernier appel, nous accorde une dernière occasion de réformer nos voies et nos oeu­vres (Jér 7.3-7) avant le retour de Christ et le jour du jugement des peu­ples. La vraie spiritualité est la soumission inconditionnelle et totale au Seigneur Jésus-Christ. S’il est devenu notre vie, nous pouvons exercer nos différentes activités quotidiennes « à plein temps » pour lui, quel que soit notre travail: ouvrier, manoeuvre, jardinier, artisan, médecin, homme de science, pasteur, employé de bureau, professeur, homme d’affaires, ménagère… Osons témoigner et agir avec sérénité et assurance. Les mass média, les écoles et autres institutions publiques doivent-elles être abandonnées aux non-chrétiens ? Si nous nous taisons, nos enfants en subiront les conséquences. Soyons unis pour proclamer que Jésus-Christ est SEIGNEUR. Nous faisons partie de la phalange des vainqueurs qui regardent vers leur divin Chef.
Osons affirmer avec Francis A. Schaeffer (« The Great Evangelical Disas­ter », p. 81): « Non seulement nous croyons à l’existence de la vérité, mais nous croyons que nous avons la vérité – une vérité qui a un contenu et qui peut être exprimée en paroles (et puis vécue) -‘ une vérité que nous pou­vons partager avec le monde du XXe siècle. Christ et la Bible nous ont donné cette vérité. »

Henri LÜSCHER


L’Abri, le 31 mars 1983


Cher Jean-Marc,

Je voudrais d’abord m’excuser de répondre si tardivement à votre lettre si pleine d’égards. Elle est arrivée juste après notre départ pour les Etats-Unis où Edith et moi-même avons donné une série de conférences.

J’ai lu votre lettre avec un grand intérêt et je suis très impressionné par votre argumentation. Il me semble que sur le fond nous sommes entièrement d’accord.

Dans le début sur le rôle précis joué par le christianisme dans la fondation des Etats-Unis, nous trouvons, en fait, trois éléments différents:

1) Il y a d’abord une fausse idée de ce qu’est la spiritualité. Cette erreur conduit les chrétiens à croire que tout intérêt pour le monde qui nous entoure et toute activité y relative, et cela plus particulièrement dans le domaine politique et civil, sont inévitablement suspects.

2) Plus inquiétante encore est l’apathie incroyable de la plupart des gens. Il ne faut surtout pas déranger les habitudes de nos concitoyens. Les chrétiens réagissent malheureusement de la même manière.

3) Et il existe une école d’historiens chrétiens qui défendent un point de vue peu équilibré.

La discussion actuelle implique plus spécialement ce troisième groupe. Ils sont cependant peu nombreux comparés à ceux qui ont été influencés par « A Christian Manifesto » ou d’autres écrits semblables et qui comprennent à quel point le Christ et les Ecritures ont influencé la culture, non seulement des Etats-Unis, mais de toute l’Europe du nord, ce qui inclut, bien sûr, la Suisse. Malheureusement, certains de ces derniers sont tombés dans une autre erreur. Ils ont, pour ainsi dire, baptisé toute l’histoire, et en particulier celle des pays protestants, du nom de chrétien. Ils ont en conséquence tendance à oublier que les fondateurs des Etats-Unis, par exemple, ou les chrétiens engagés dans les partis politiques en Angleterre au XIXe siècle n’ont pas toujours été ce qu’ils auraient dû être, pour la simple raison qu’ils n’étaient tout simplement pas des chrétiens. C’était le cas, par exemple, du déiste Jefferson. Mais il serait facile de démontrer que même un déiste comme Jefferson possédait une culture biblique que l’on trouve difficilement aujourd’hui.

Une autre faiblesse provenait du fait que ceux qui ont fondé les Etats-Unis avaient indubitablement une philosophie politique chrétienne beaucoup moins complète qu’un Abraham Kuyper (1). Ainsi, les historiens chrétiens de cette école ont tendance à comparer les théories politiques relativement peu élaborées des pères fondateurs des Etats-Unis à la pensée politique plus systématique d’Abraham Kuyper. En conséquence, ils réagissent très fortement, allant jusqu’à prétendre que dans la fondation des Etats-Unis toute influence chrétienne était absente. Lorsqu’on lit les écrits de ces historiens, on n’y trouve aucune indication de l’immense différence de fait entre les conséquences de la révolution américaine, qui partait d’un consensus chrétien général, et celle des Révolutions française ou russe, où l’influence de la pensée chrétienne était entièrement absente.

La gravité d’une telle position ne provient pas simplement d’une analyse théorique peu équilibrée, ce qui ne serait qu’un problème académique. Non, le résultat d’une telle attitude – tant aux Etats-Unis qu’en Europe, où de tels livres sont lus – est de diminuer l’immense différence entre la situation qui prévalait aux Etats-Unis et dans le nord de l’Europe il y a seulement quelques années, et la situation actuelle. Une telle attitude historique diminue l’énergie et le sens des responsabilités de ceux qui doivent affronter la situation que nous connaissons aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’une simple discussion théorique, mais d’une attitude dont les effets sont pernicieux, d’autant plus que cette interprétation de l’histoire tend à renforcer les deux autres aspects du problème: d’une part, il y a ce faux piétisme qui considère tout ce qui n’est pas « spirituel » comme suspect d’autre part, cette a pathie épouvantable des non-chrétiens aussi bien que des chrétiens eux-mêmes. A la lumière de cette situation, j’étais très heureux de lire votre analyse, qu’il m’a semblé important de poursuivre.

Cette interprétation mène à des résultats destructeurs dans des domaines où autant vous que moi-même avons été conduits à appeler les chrétiens à assumer toutes leurs responsabilités devant le Seigneur vivant, et cela dans tous les aspects de la vie il s’agit particulièrement de s’opposer à la terrible désintégration culturelle que nous constatons aujourd’hui. Pour prendre un exemple, dans le dernier numéro de la revue « His » publiée par l’lnter-Varsity Fellowship (2) aux Etats-Unis, nous trouvons un article intitulé: « Qui a peur de l’humaniste sécularisé? » En voici la conclusion: « Il nous faut tout simplement vivre comme nous le devons, utilisant nos dons pour assumer nos responsabilités de citoyens et de consommateurs chrétiens. Si nous le faisons, ce croque-mitaine qu’est l’humaniste sécularisé disparaîtra peut-être de lui-même ». L’article traitait constamment l’humaniste sécularisé de croque-mitaine. Il est évident que c’est tout le contraire qu’il nous faut. Nous savons bien qu’un immense effort est nécessaire pour amener les chrétiens à faire quelque chose, et voici qu’on les encourage à suivre leur petit bonhomme de chemin, espérant que le croque-mitaine disparaîtra de lui-même. Ce qu’il nous faut, c’est voir s’il nous est possible d’amener les chrétiens d’aujourd’hui à agir sur la place publique ou si leur apathie permettra une décomposition encore plus grande de notre culture, notre société et des autorités qui nous gouvernent.

Comme vous le savez, je me suis plusieurs fois référé à Witherspoon (4) dans mon livre. Quiconque se donne la peine de lire ses sermons, en particulier les sermons devant le Congrès continental (5), se rendra compte sans peine que sa pensée politique était beaucoup moins élaborée que celle d’un Kuyper. Mais il est impossible de ne pas remarquer également l’immense culture chrétienne non seulement d’un Witherpoon lui-même, mais des hommes auxquels il s’adressait et avec lesquels il travaillait. Pour ceux qui connaissent la puissance de ‘Evangile et la façon dont fonctionne l’intelligence humaine, il serait bien naïf d’imaginer qu’une telle prédication n’ait point porté de fruits. Le fruit en est évident quand nous comparons l’esprit de la révolution américaine à celui des lumières du XVIIIe siècle français.

Il est instructif de relever en passant que malgré le fait que la Hollande d’Abraham Kuyper pouvait se prévaloir d’une pensée politique chrétienne beaucoup plus élaborée, elle se trouve aujourd’hui dans un bien pire état que les Etats-Unis. Il serait utile de se demander pourquoi.

Certains historiens, non contents d’avoir fait disparaître toute influence chrétienne de l’histoire des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et d’autres pays, vont jusqu’à prétendre que la Réformation elle-même n’était rien d’autre qu’une des manifestations de l’esprit de révolte de la Renaissance contre toute autorité. On entre alors non seulement en contradiction avec la vérité historique, mais on s’oppose aussi à la vérité que Dieu ressuscita pendant la Réformation, et aux conséquences de cette réforme pour nos pays d’Europe du nord.

A la page 12 de votre lettre, vous écrivez que le « thème principal de l’histoire de l’Occident depuis 250 ans est celui de l’érosion graduelle de cette base chrétienne de nos diverses sociétés. » C’est cette affirmation-là que nient ces hommes.

Me référant à la fin de votre lettre, je dirais que la pensée de Witherspoon n’était, en fait, pas vraiment rationaliste, bien que, comme je l’ai déjà dit, sa réflexion politique n’était certainement pas aussi clairement développée que celle de Kuyper.

Que je termine cette lettre en disant à quel point j’ai été touché par la fin de la votre. Je suis heureux que mes travaux aient pu vous être utiles. Nous devons prier les uns pour les autres au fur et à mesure que nous avançons dans le combat qui est devant nous. Je suis vraiment reconnaissant de l’aide que j’ai pu vous apporter.

Edith se joint à moi pour vous envoyer, à Rosemarie et à vous-même, nos salutations les plus chaleureuses.


Dans l’Agneau,
Francis A. Schaeffer

1) Abraham Kuyper: théologien, philosophe et homme d’état hollandais (1837 – 1920).
2) Equivalent des G.B.U. (Groupes Bibliques Universitaires).
3) Université évangélique prés de Chicago.
4) John Witherspoon: président de ce qui est l’actuelle Princeton University (1723 – 1794).
5) Les Congrés continentaux furent les rassemblements des représentants des colonies américaines lors de la Guerre d’indépendance contre l’Angleterre.


DEVIATIONS DU LEADERSHIP :


Quelques types bibliques

Suite à l’article du numéro précédent, il convient de reprendre les quatre types de déviations énoncés « Bible en main », pour nous rendre compte, entre autres, des caractéristiques et des symptômes ayant trait à la perversion de certains leaderships.

Ce faisant, il faut se garder d’enfermer la totalité d’un personnage dans une des déviations décrites, pour en conclure p. ex. qu’un tel est uniquement autoritariste. Soyons bien conscients que, même si les personnages décrits dans la Bible avaient tissé des relations familiales et sociales teintées de leur propre personne, et même s’il est vrai que nous leur ressemblons beaucoup, il ne faut pas en conclure autre chose que ceci: le problème de l’autorité dans un groupe a été vécu d’une certaine manière par un tel, et il n’est pas question de lui jeter la pierre! Evidemment, dans le cadre de notre étude, certains aspects ne peuvent pas être relevés.


Le vedettariat: Saül

(voir 1 Sam 1 5, chapitre auquel se réfèrent les versets cités entre parenthèses)
Saül, le premier roi d’Israël, devait mettre son honneur à être un exemple pour son peuple et un bon conducteur spirituel. Au lieu d’exercer son autorité à orienter les regards d’Israël vers l’Eternel pour veiller à ce que nul ne se prive des bénédictions de Dieu, Saül se soustrait à la théocratie en désobéissant à la parole de Dieu (11). Au lieu d’anéantir les Amalécites (selon l’ordre de Dieu, 3), il choisit d’épargner ce qui lui semble bon – alors que Dieu l’avait jugé mauvais (8-9)! Par cette indépendance à l’égard de la volonté de Dieu, il signe son propre rejet (22-23). Seulement, Saül a goûté à la royauté et s’accroche à l’autorité qu’elle lui confère. Le rejet prononcé par Samuel ne semble pas trop le toucher, pourvu qu’il puisse rester à son poste de leader, auquel il s’accroche désespérément.

Son seul souci, c’est que cette déclaration de rejet reste entre Samuel et lui: une vedette ne doit pas avoir de défauts! Saül veut donc paraître en public comme si rien ne s’était passé: Honore-moi en présence des anciens et de mon peuple, dit-il (30). Il désire être confirmé dans sa position de vedette.

La Bible nous rapporte un détail symptomatique sur ce Saul-vedette. Il justifie devant Samuel son manque de respect pour la parole de Dieu en ces mots: Je craignais le peuple (24). N’est-ce pas là un argument-tricherie? En tant que vedette, l’honnêteté ne l’aurait-elle pas obligé à dire: « Je craignais de déplaire au peuple » ?

Posons-nous cette question: qu’est-ce qui nous importe davantage, ce que les gens pensent de nous ou ce que le Seigneur pense de nous ? Craignons-nous davantage le jugement des gens… ou le jugement de Dieu ?


Le laisser-faire: Ruben

(Les références bibliques se rapportent aux chapitres 37-45 de la Genèse.)
Etre le premier d’une grande famille en Israël donnait plus de devoirs que de droits. Le droit d’aînesse comprenait la gérance de la maison paternelle en l’absence temporaire ou définitive du père. Se préparer à cette tâche avec sérieux et respect incombait donc à Ruben, l’aîné de la famille de Jacob.
La préférence de Jacob pour son onzième fils Joseph et les songes de ce dernier, dont le contenu était humiliant pour ses dix frères, leur fit concevoir le projet de se débarrasser de ce cadet aux ambitions envahissantes.

La première réaction de Ruben, le chef de ce groupe remuant et hostile, est de canaliser l’énergie meurtrière de ses frères vers une « solution de secours » pour éviter le pire (37.20-22). Déjà là, il aurait fallu une action énergique, digne d’un chef. Ruben devait s’interposer avec autorité entre Joseph et ses frères.

Il est vrai qu’il intervient, mais on a le sentiment d’une capitulation de la part de cet aîné, suivie d’une longue série de regrets: le type même du laisser-faire.

Juda profite d’une absence de Ruben pour vendre son frère Joseph à des nomades, et Ruben ne peut plus rien contre ce fait accompli. Son laisser-aller a perdu Joseph. Ruben ne proteste même pas contre la supercherie que ses frères manigancent pour tromper leur père (37.29-35).

Les années passent, mais Ruben ne peut oublier. « L’événement Joseph » ressurgit lors de la famine qui mène les fils de Jacob en Egypte. Ruben ne proteste même pas quand ses frères mentent en disant qu’ils sont d’honnêtes gens (42.11). Malgré tout, dans le groupe Ruben garde sa place à cause de son rang d’aîné (43.33). Cependant il n’a plus d’autorité sur ses frères. Son incapacité de gérer le groupe le bloque. Cela doit se remarquer, puisque Joseph a discerné le manque d’autorité de l’aîné, vu qu’il recommande à ses frères de ne pas se quereller en route (45.24)!


L’autoritarisme: Diotrèphe
(3 Jean 9-11)

La Bible est moins explicite sur ce cas, mais on soupçonne un homme d’église au caractère de dictateur. Comment est-il arrivé à être le leader? Nous n’en savons rien, sinon qu’il est celui qui commande et qu’il y tient (9). Pour Diotrèphe, l’autoritarisme est la seule solution, puisque les relations avec tous sont coupées. Il est le « tyran du presbytère » que le groupe subit, dont les actes et les paroles nuisent à l’église (10). Les paroissiens ne sont plus considérés comme des frères à part entière, mais comme des pions que l’on déplace, admet ou refuse selon son bon vouloir! C’est ainsi que dans l’église, parfois, des ministères deviennent progressivement des magistères…


Le paternalisme: Rébecca

(Les références bibliques se rapportent aux chapitres 25-27 de la Genèse.)
Peut-être aurait-il fallu dire: « Rébecca, la mère poule ». En tout cas, il y a dans ‘Ecriture des femmes qui présentent certains types de déviation, en particulier dans les relations familiales.

Dans le cas présent, le problème remonte à la naissance des jumeaux Esaü et Jacob (25.24-28). Le texte biblique nous apprend que l’amour de Rébecca pour son fils Jacob est exclusif et oppressant, au point où elle lui dicte sa conduite sans lui laisser le choix (27.8,15-17).
Le chantage affectif est manif este. Sous couvert de vouloir son bien, Rébecca exerce une véritable dictature sur le jeune homme, au mépris de la morale, bousculant l’autre fils Esaü, trichant avec son mari Isaac… L’une des caractéristiques de cette prise en charge autoritaire est l’acceptation par Rébecca des conséquences que ses décisions peuvent avoir pour elle (27.13). Cette attitude a un nom: la direction de conscience.

Quand son fils Jacob est en danger de subir la vengeance d’Esaü, qui est furieux d’avoir perdu la bénédiction paternelle (alors qu’il l’avait méprisée en la vendant à Jacob contre son plat favori: 25.33-34), c’est encore Rébecca qui fait front. Elle trompe de nouveau Isaac pour éloigner Jacob, en alléguant un prétexte de mauvaise compagnie féminine pour son fils (27.46). Remarquons que l’argument ne sonne pas faux, car les mésalliances ont déjà fait souffrir la famille (26.34), de sorte qu’Isaac est tout à fait convaincu que Jacob doit partir.

Le témoignage prêchant l’exemple, quoi d’étonnant Jacob devienne tricheur à tour?


Conclusion

Il serait intéressant de rechercher dans la Bible les problèmes relationnels entre les divers personnages afin d’étudier la manière dont Dieu intervient.

Ayant examiné les écueils qu’un leader doit éviter, on peut maintenant se poser la question: quelle est la mission du leader?

Le prochain article se proposera d’établir un projet général valable pour tout leader-pédagogue en action au sein d’un groupe, pour autant que son objectif avoué soit de faire connaître le Seigneur.

(à suivre)
Bernard COUSYN


HEBREUX 9.1-10 – LE CULTE DE
L’ANCIENNE ALLIANCE


L’entrée en vigueur d’une nouvelle alliance, annoncée au chapitre 8, entraîne aussi un changement de culte. Un rappel du culte lévitique (Héb 9.1-10) précède l’explication du nouveau, inauguré par le Christ et dont il est le souverain sacrificateur.

1. Hébreux 9.1-5: les éléments du culte ancien


Dieu n’avait laissé ni à son peuple ni au hasard les modalités du culte a lui rendre. Les ordonnances sur le sujet occupent i 3 chapitres de ‘Exo­de et presque tout le Lévitique. La principale est sans doute celle consa­crée au grand jour des expiations (Lév 1 6).

Aux destinataires de l’épître aux Hébreux, on comprend que l’auteur n’ait pas jugé utile d’expliquer les détails d’un culte qu’ils connais­saient bien, pour l’avoir pratiqué. On peut le déplorer cependant, pour les croyants de nos jours, qui auraient trouvé un commentaire inspiré combien riche en réflexions. Il se dégage, en effet, des éléments du culte ancien, maintes notions fondamentales encore valables pour le culte que Dieu attend de son Eglise.

1.1. Le tabernacle (Ex 26.1-30)
Appelé tente de la rencontre, il était le lieu du rendez-vous de Dieu avec les fidèles. Au désert, 3 tribus campaient sur chacun des 4 côtés du tabernacle. Il était ainsi un lieu de rencontre de chaque tribu, non seulement avec Dieu, mais aussi avec les autres.

En Christ aussi, l’Eglise a un centre de ralliement unique pour rencon­trer Dieu. Le culte qu’elle lui offre, en Esprit et en vérité, manifeste son unité dans le Seigneur et devient le moyen par excellence de dévelop­per la communion fraternelle, à l’image de l’Eglise primitive (Act 2.42-47).

1.2. Le chandelier (Ex 25.31-40)
Il répandait une lumière permanente, rappelant que Dieu est lumière (1 Jean 1.5) et que son approche n’est possible que pour celui qui marche dans la lumière constamment.

1.3. La table des pains (Ex 25.23-30)
Les 12 pains de la présence constante (sur 2 rangs de 6), renouvelés chaque sabbat, représentaient les 12 tribus d’Israël (Lév 24.7-8), c’est-à-dire tout le peuple de Dieu, en perpétuel renouvellement, avec la succession des générations, mais vu comme une offrande à Dieu, constante et toujours sous son regard.

1.4. Le lieu très saint (Ex 26.31-33)
Appelée aussi saint des saints, cette deuxième partie du tabernacle constituait l’habitation par excellence de Dieu. Elle n’était accessible que par le souverain sacrificateur, une seule fois l’an.

Depuis la déchirure du voile du temple, à la mort de Christ (Mat 27.51), un libre accès est offert par Lui vers Dieu à tout croyant (Héb 10.19).

1.5. L’autel des parfums (Ex 30.1-6)
Il servait à offrir les parfums prescrits, signes des prières des rachetés (cf. Apoc 5.8), qui forment une part importante du culte. La composi­tion des parfums, elle aussi soigneusement réglementée (Ex 30.22-38), en excluait tout élément impur!

1.6. L’arche (Ex 25.10-16)
Principal objet du tabernacle, elle figurait la présence de Dieu, avec ses exigences saintes.

1.7. La cruche d’or avec la manne (Ex 16.32-34)
Souvenir impérissable de la nourriture périssable au désert, cet élé­ment du culte devait susciter la reconnaissance. Tout culte digne de ce nom rendu à Dieu, l’auteur de tout don parfait pour notre vie (2 Pi 1.3 Jac 1.17), pourrait-il manquer d’une authentique reconnaissance (Col 3.15) ?

1.8. La verge d’Aaron (Nom 17.16-26)
Un bois sec, symbole de mort, qui bourgeonne, attestait d’avance la résurrection de Christ. De même que la fleur annonce le fruit, la résur­rection du Christ fait penser à la résurrection des croyants. Rassem­blés au culte, ils sont déjà ici-bas le fruit qui satisfait le Seigneur (Es 53.11), en attendant la vue d’ensemble de l’immense récolte accumu­lée au cours des siècles.

1.9. Les tables de l’alliance (Ex 25,16 ; 40.20 ; Deut 10.3-5)
Sommaire de la loi, les 10 commandements demeurent l’expression de la volonté de Dieu, révélée en vue du jugement.

Christ a apporté un autre aspect de cette même volonté (voir Jean 1.17), qui est de faire grâce au pécheur, tout en restant juste (Rom 3.26).

1.10. Les chérubins sur le propitiatoire (Ex 25.17-22)
Apparus en Gen 3.24 comme gardiens de la sainteté de Dieu, ils re­gardent constamment le couvercle de l’arche, où le sang du sacrifice d’expiation couvrait le péché.

De même, les anges admirent dans ‘Eglise les conséquences de l’oeuvre du salut en Christ (1 Pi 1.12).

2. Hébreux 9.6-10: Les limites du culte ancien


Malgré son origine divine et l’abondance harmonieuse de ses rites, le culte de l’ancienne alliance restait limité et imparfait, sur plusieurs plans.

2.1. Ses adeptes
Il était réservé au seul peuple d’Israël, au temple de Jérusalem. Au­jourd’hui l’Eglise entière adore, sur toute la terre.

2.2. Son lieu
La Samaritaine paraissait souffrir de la primauté et de l’exclusivité de Jérusalem. Jésus lui annonça plus et mieux même que son attente (Jean 4.20-24).

2.3. Ses participants
Seuls les sacrificateurs, tous de la tribu de Lévi, exerçaient les fonc­tions relatives au tabernacle. En Christ maintenant, chaque croyant est sacrificateur (1 Pi 2.9-10), déjà par son témoignage oral quotidien, en tout lieu (Héb 13.15)

2.4. Les « distances » subsistent (Héb 9.8)
Dans le culte ancien, Dieu restait lointain pour l’Israélite (cf. Héb 7.19)

De même, tant que subsiste en lui un obstacle du vieil homme, le cro­yant ne jouit pas de la pleine communion voulue par Dieu pour les siens.

2.5. La conscience reste chargée (Héb 9.9)
La répétition des sacrifices rappelle les péchés (Héb 10.1-3). En l’ab­sence de siège dans le tabernacle, le sacrificateur servait toujours de­bout. Il ne pouvait ni goûter ni offrir le repos! En Christ, au contraire, nous qui avons cru, nous entrons dans le repos (Héb 4.3) étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu (Rom 5.1).

3. Conclusion

En Eden, L’Eternel Dieu se promenait dans le jardin au frais du jour (Gen 3.8). Il avait une libre et constante communication avec sa créa­ture. La rupture fut la conséquence du péché (Gen 3.24).

Mais Dieu n’a pas cessé de chercher à rejoindre et gagner l’homme per­du loin de lui. La Parole devint chair et tabernacla avec les hommes (Jean 1.14); par Christ, Dieu a été manifesté en chair (1 Tim 3.16).

Au terme du plan d’amour de Dieu, retentit le « tout accompli » de l’his­toire: Voici, le tabernacle de Dieu est avec les hommes, et il taberna­clera avec eux (Apoc 21 .3).

Que ces souvenirs, d’une part, et ces perspectives, d’autre part, ani­ment et orientent notre vie entière, afin d’offrir à Dieu le culte raisonna­ble lui revenant, en retour de ses compassions envers nous (Rom 12.1).

Jean Chopard


Titre: Connaître Dieu
336 pages
Auteur: J.I. Packer
Editeur: Grâce et Vérité, B.P. 2103 F-68059 Mulhouse Cédex

Oeuvre théologique magistrale et pleine de chaleur. L’auteur a su pré­senter la connaissance de Dieu d’une manière profonde, attrayante et dans un vocabulaire qui ne rebute pas le lecteur. Il est rare qu’un théolo­gien de premier plan, comme l’est Packer, reste toujours à la portée des lecteurs et allie la science biblique avec le frémissement de la vie spiri­tuelle. Packer semble être une sorte de Calvin du XXe siècle!

La première partie du livre a pour thème : Connaître le Seigneur. Il s’agit d’abord de bien définir ce qu’est la connaissance de Dieu et de faire la distinction entre savoir quelque chose sur Dieu et connaître Dieu! La vraie connaissance de Dieu produit des effets précis chez l’homme là où ces effets manquent, la vraie connaissance de Dieu manque aussi.

Connaître Dieu, c’est connaître le seul vrai Dieu, qui s’est incarné en Jésus-Christ, le Dieu de la Trinité (où les personnes divines se rendent un témoignage mutuel). Ici l’auteur insiste particulièrement sur le rôle du Saint-Esprit qui révèle Christ aux hommes et sans le témoignage du­quel notre propre témoignage serait sans effet (cp. Jean 15.26). La deuxième partie s’intitule: Voici ton Dieu. De la page 83 à la page 207, elle constitue le corps central du livre, la présentation de Dieu, de son essence, de ses attributs et de ses prérogatives. Tour à tour l’auteur s’ar­rête sur ‘immutabilité de Dieu, la majesté de Dieu, sa sagesse, la Parole du Dieu de vérité, l’amour de Dieu, la grâce de Dieu, Dieu en tant que ju­ge, sa colère, sa bonté et sa sévérité, sa jalousie. L’équilibre de cette présentation est absolument remarquable.

Dans la troisième partie: Si Dieu est pour nous… nous est dévoilé le rôle fondamental de la propitiation, puis la beauté de la filiation divine pour le Fils et pour ceux qui, par la foi en Jésus-Christ, deviennent fils de Dieu (cp. GaI 3.26 4.5 Rom 8.15,23). L’auteur détaille et explicite tous les privilèges qui découlent de l’adoption. Après cela il montre comment Dieu nous guide et comment il emploie toutes choses pour nous ame­ner à la maturité. Le dernier chapitre exalte la toute-suffisance de Dieu telle qu’elle apparaît en Romains 8. Dieu achèvera l’oeuvre qu’il a com­mencée.

Jean-Jacques DUBOIS

Les trafiquants de bébés à naître, C. Jacquinot et J. Delaye 158 pages, édit. Favre, Lausanne, 1984.

Les rapides progrès de la biologie et des sciences annexes nous ont ouvert un monde nouveau dans le domaine de la reproduction et de la vie humaine. En parallèle, la relativisation de l’éthique ouvre des pos­sibilités effarantes. Les auteurs apportent une vaste information, de nombreuses dépositions et des faits qui, s’ils sont choquants et nous confrontent à des horreurs effrayantes, doivent être portés à notre connaissance.

Sous le couvert du silence, du respect d’un processus de découvertes et d’un vocabulaire tendant à banaliser les choses, il se développe, dans notre monde, une manipulation d’êtres humains et un commerce scandaleux qu’on aurait difficilement pu imaginer il y a une dizaine d’années.

Les foetus (bébés à naître) deviennent un matériau commercial de gros gains. Des foetus vivants, extraits par césarienne sans indication médicale, deviennent des cobayes de laboratoire ou du matériel « thé­rapeutique ». Des mots vagues comme « viable », « expérimentation », « utilité thérapeutique » ou « utilité sociale » peuvent cacher des prati­ques commerciales telles qu’elles sont dévoilées par les auteurs, dont l’un est juriste et l’autre journaliste.

Alors que l’homme est soigneusement protégé par les lois dans les cas d’essais thérapeutiques, le bébé à naître est livré à la merci de chercheurs acharnés, sans aucune protection et sans que les parents en soient informés.

Ce livre expose le vaste et scandaleux commerce de foetus congelés, qui sont vendus à des fabriques de cosmétiques, commerce qui a dé­jà ému le public. Enfin, le problème de la fécondation artificielle, avec ses déviations qui agressent la morale, et qui également se transforme en affaires commerciales, est décrit dans ses développements hallu­cinants.

Cet ouvrage, qui pose de graves problèmes moraux, est à lire si nous voulons connaître le monde dans lequel nous vivons, pour être à mê­me de faire face aux situations auxquelles nous serons confrontés. En tant que chrétiens, nous avons une mission dans le monde dans le­quel nous vivons.

Dr. Rodolphe BRECHET

Titre: POUR UN DIALOGUE AVEC DIEU Réfexions sur la prière
108 pages
Auteur: Guy Appéré
Editeur: Grâce et Vérité, BP 2103 – F-68059 Mulhouse

Un théologien et homme de Dieu remarquable me disait un jour de quel­ques groupes religieux qu’ils étaient des « clubs d’admiration mutuelle ». Le petit livre de Guy Appéré sera utile pour faire face à la tendance pré­sente en chacun de nous, de vivre sa foi pour les spectateurs que sont nos frères. Rien qu’à lire les titres des brefs chapitres, on se sent engagé à une révision complète de sa manière de prier.

Prenons le premier chapitre, « LE TETE-A-TETE DANS LA PRIERE »:
a) la créature devant son créateur
b) le pécheur devant le Dieu juste et saint
c) le fils devant son père.

Dans le second chapitre, « LES MOTIFS DE LA PRIERE », nous avons:
a) un dessein arrêté de Dieu (avec ce mot si juste et qui révèle nos défauts, « nous prions un Dieu qui sait tout ») (p. 20) et
b) un moyen choisi par Dieu « pour répondre à nos vrais besoins » (p. 28).

Ce livre voudrait nous amener à ne pas prendre la prière comme un moyen de pression sur Dieu (p. 23) il pourrait nous aider à ne pas pen­ser que l’exaucement dépend de la force de notre attente (p. 89). Il faut se séparer de la foi en notre foi, et l’auteur voudrait déboulonner l’utili­sation de la formule « au nom de Jésus » pour faire passer notre volonté propre (p. 75), autant qu’il voudrait nous voir grandir dans une connais­sance de l’Ecriture et dans une relation plus profonde avec nos frères (p. 58-59). Car « Dieu ne se laisse pas plus intimider par la présomption que par la multiplication des paroles » (p. 90).

Ceux qui désirent progresser dans leur vie avec Dieu prennent des che­mins bien divers, mais le chemin d’une prière plus vraie, plus centrée sur l’autorité et la sagesse de Dieu, est certainement plus sûr que des expériences extatiques. Il longe de plus près la vie de Jésus et mène plus directement au but d’une union biblique, vraie et profonde avec Dieu. Si c’est cela que nous cherchons, alors cet ouvrage est pour nous et vient à son heure. Au demeurant, il est agréable à lire avec une typo­graphie aérée et les références dans la marge.

P. DUPERTUIS


L’oeuvre littéraire du Dr. F.A. Schaeffer est considérable. A part de nombreuses contributions par des articles, il a écrit quelque 23 livres dont 21 ont paru en anglais dans une version révisée sous le titre « THE COMPLETE WORKS 0F FRANCIS A. SCHAEFFER » (éditions Cross­way Books, Westchester, lImais, USA). Cette collection en cinq volu­mes est subdivisée comme suit:

Vol. I : Vue chrétienne de la philosophie et de la culture
– « The God Who s There » (1968) (en cours de traduction)
– « Escape from Reason » (1968)
– « Démission de la raison »
– « He Is There and He Is not Silent » (1972)
– « Dieu, ni silencieux, ni lointain »
– « Back to Freedom and Dignity » (1973)
 
Vol. Il : Vue chrétienne de la Bible comme la Vérité
– « Genesis in Space and Time » (1972)
– « La Genèse, berceau de l’histoire »
– « No Final Conflict » (1975)
– « Joshua and the FIow of Biblical History » (1975)
– « Basic Bible Studies » (1972)
– « Les grands thèmes de la Bible »
– « Art and the Bible » (1973)
 
Vol. III : Vue chrétienne de la spiritualité
– « No Little People » (1975)
– « True Spirituality » (1972)
– « The New Super-Spirituality » (1973)
– « Two Contents, Two Realities » (1974)
  « Impact et crédibilité du christianisme »
 
Vol. IV : Vue chrétienne de l’Eglise
– « The Church at the End of the Twentieth Century » (1 970)
– « The Church before the Watching World » (1972)
– « The Mark of the Christian » (1 970)
  « La marque du chrétien »
– « Death in the City » (1969)
  « La mort dans la cité »
 
Vol. V : Vue chrétienne de l’Occident
– « Pollution and the Death of the City » (1 970)
  « La pollution et la mort de l’homme »
– « How Should We Then Live? » (1976)
– « Whatever Happened to the Human Race? » (1979)
– « A Christian Manifesto » (1981)


Autres livres

– « Everybody Can Know’ (1973) (avec son épouse Mme Edith Schaef­fer) « L’Evangile de Luc expliqué à tous »
– « Who is for Peace? » (1983) (coauteur avec Vladimir Bukovsky et James Hitchcock)
– « The Great Evangelical Disaster » (1984)

Les ouvrages avec des titres en français sont traduits et peuvent être obtenus chez votre libraire.



De son côté, Mme Edith Schaeffer a écrit plusieurs ouvrages dont nous recommandons en particulier:

– « What is a Family? » (1975) éd. Fleming H. ReveIl Company
– « Affliction » (1978) éd. Fleming H. Reveil Company

Tous les ouvrages du Dr. FA. Schaeffer sont en vente dans les Mai­sons de la Bible.


LA SAGESSE D’UNE ANALPHABETE

Marthena Ransom, qui servit le Seigneur aux Indes pendant 36 ans, raconte comment une villageoise sans éducation mais fidèle à la Parole de Dieu, en menait d’autres à Jésus-Christ.

Pakubai avait été consacrée, dès son jeune âge, a une déesse hindoue. Quand elle se mit à témoigner pour Jésus dans son village, ses parents vivaient dans la terreur de cette déesse. Cependant, Pakubai persuada une de ses amies que l’idole ne pouvait lui faire du mal, et elle reçut Christ et fut baptisée. Lorsque son mari souffrait d’atroces douleurs dues au cancer, elle dit à Pakubai: « Malgré les terribles douleurs de mon mari, j’ai la paix et la joie dans mon coeur. »

Les voisins hindous de Pakubai savaient que son Dieu à elle exauce les prières. Une fillette du village semblait être sur le point de mourir de la typhoïde. On envoya chercher Pakubai pour prier son Dieu, qui dans sa grâce opéra un miracle en guérissant l’enfant.

Un jour, j’enseignai é des chrétiens non loin du village de Pakubai qu’il fallait honorer le jour du Seigneur et ne pas aller travailler dans les champs. La plupart craignaient de manquer de nourriture s’ils ne tra­vaillaient pas le dimanche, car ils recevaient un salaire de misère. Je n’insistai pas. Quelques années plus tard, j’entendis Pakubai dire à d’autres villageois chrétiens qu’elle avait promis à Dieu, voilé deux ans, de ne plus jamais aller travailler aux champs le dimanche, et elle ajouta qu’elle n’avait jamais eu faim.

Trois ans plus tard, je tenais de nouveau des réunions près du village de Pakubai. Elle venait toujours avant les réunions pour s’entretenir avec moi. Un soir, je lui demandai combien elle avait gagné ce jour-là pour la cueillette du coton. « Six annas », dit-elle (le tiers d’une roupie: montant dérisoire! N. du trad.). Samedi soir, je lui posai la même question. Elle fit un beau sourire et répondit: « Douze annas, parce que demain c’est le jour du Seigneur, ainsi Dieu le Père m’a donné un double salaire aujourd’hui. »

Le soir où nous allions quitter ce village, Pakubai vint m’annoncer qu’une de ses voisines désirait devenir chrétienne. C’est ainsi que, pen­dant que les hommes empilaient les bagages dans la remorque, Paku­bai et moi eûmes la joie d’amener son amie à Christ. Elle était prête a le recevoir, car jour après jour, tout en cueillant du coton, elles s’étaient entretenues de l’Evangile.

Plus tard, Pakubai prit part é l’un des cours bibliques pour analphabètes qui avaient lieu pendant la saison des pluies. En partant, elle dit: « Tout comme la pluie est tombée dehors, ainsi la Parole de Dieu est tombée là-dedans, » et elle posa la main sur son coeur.

Pakubai était venue é l’Eau Vive et avait bu. Et de sa réserve elle en don­nait aussi aux gens assoiffés autour d’elle.


Marthena Ramson
Tiré de « The Alliance Witness »,
5 déc. 1984 avec permission
Traduction J.P. Schneider


Le peuple dans le désert

(première partie)


Les 40 ans qu’Israël doit passer au désert sont, nous l’avons vu, un châ­timent imposé au peuple suite à son incrédulité. Tout père qui aime son fils le punit, nous dit Salomon dans ses Proverbes (13.24 ; 19.18). L’au­teur aux Hébreux nous dit que c’est aussi valable pour nous qui som­mes le peuple de la nouvelle alliance, qui est une alliance de grâce ; il cite Proverbes 3.11-12 et nous montre le but de toute correction divine: Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire partici­per à sa sainteté (Héb 12.5-11).

J’ai d’emblée établi un parallélisme entre le peuple de l’ancienne et le peuple de la nouvelle alliance, entre l’israélite et le chrétien. Avant d’étu­dier le rapport qu’il y a entre les deux, il faut examiner la base qui fait de l’un un Israélite et de l’autre un chrétien. Je vous invite à interrompre votre lecture pour relire Exode 12.


La Pâque

Sans l’agneau immolé, il n’y a pas de libération de l’esclavage égyptien. Sans l’Agneau immolé, le Christ, il n’y a pas de libération du péché. Le sacrifice sanglant est toujours à la base du pardon de Dieu: Sans effu­sion de sang, il n’y a pas de pardon (Héb 9.22). Dieu pardonne et libère Israël à cause du sacrifice expiatoire de Christ accompli à la croix, pour ainsi dire rétrospectivement. Car le sang de l’agneau pascal dont l’israélite badigeonne l’encadrement de la porte de sa maison n’a aucune valeur en soi: Il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés (Héb 10.4), ni celui des tourterelles, des veaux, des béliers, des brebis ou des agneaux… Tous ces animaux sacrifiés par les Israélites préfiguraient le sacrifice des sacrifices, celui offert volontaire­ment par le Fils de Dieu (les animaux sacrifiés n’avaient pas de choix à faire). Aussi le sacrifice de Christ est-il final. Tout sacrifice, sanglant ou non, offert après celui de Christ en vue de se faire pardonner est un affront à Dieu, comme si la mort expiatoire de Jésus à la croix n’était pas suffisante pour tous les temps. Car nous sommes sanctifiés, par l’offran­de du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes et par une seule offran­de, lia rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés, vu qu’avec son propre sang… il nous a obtenu une rédemption éternelle (Héb 10.10,14; 9.12). Comme « éternel » veut dire « sans commencement ni fin », le sacri­fice de Christ a été la base sur laquelle Dieu a fait grâce dès le premier sacrifice offert par Abel dans Genèse 4 ; Caïn aussi a bénéficié de l’effi­cacité éternelle du sang de Christ, car quel autre signe que celui de la croix pensez-vous que I’Eternel aurait mis sur Caïn pour que personne ne le tue à cause de son meurtre (Gen 4.15) ?


Signification de la Pâque

Regardons la Pâque décrite dans Exode 12 de plus près (les versets indiqués entre parenthèses se rapportent à ce chapitre):

1. Toute l’assemblée d’Israël l’immolera (non les immolera, 6).

Un seul peuple: Israël, qui préfigure l’Eglise.
Un seul agneau, donc un seul sacrifice: Jésus-Christ.
Chaque maison est l’expression locale du peuple entier.
Chaque église est l’expression locale de toute l’Eglise.

2. Quand JE verrai le sang, je passerai… (13).

C’est Dieu qui apprécie la valeur du sang de l’agneau, et donc de Christ. (Les sentiments, les pensées, les expériences passées ne changent rien à la valeur du sacrifice aux yeux de Dieu.)
Le sang était dehors: la famille réunie dans la maison ne le voyait pas. Elle n’avait qu’à l’appliquer à sa maison et Dieu faisait grâce. Nous appliquons-nous le sang de Christ en croyant qu’il nous fait grâce ?

3. On mangera la chair de l’agneau rôtie au feu et vous n’en laisserez rien (8,10).

S’appliquer le sang, c’est une chose: recevoir le pardon.
Manger la chair, c’est autre chose: accepter Jésus-Christ dans sa totali­té (il fallait manger tout l’agneau) – être en communion continuelle avec lui.
L’agneau était l’objet de la réunion.
Jésus-Christ est l’objet de nos réunions.
Le feu est l’image du jugement qui purifie.
Christ a été jugé pour les péchés du monde afin de se purifier un peuple qui lui appartienne.

4. On mangera sa chair avec des pains sans levain (8).
Le levain est le symbole du mal dans toute la Bible.
Le sang sur le cadre de la porte donne la sécurité (il n’y a plus de con­damnation).
Mais si on laisse entrer le mal (le levain), la communion avec Dieu est interrompue.

5. On le mangera avec des herbes amères (8)

Elles signifient les souffrances de Christ.
Elles signifient la crucifixion de notre chair (Gal 6.14)
Elles signifient la mise à mort du vieil homme (Rol 6.6)
Renoncer à notre Moi pécheur : chose amère pour la nature charnelle!

6. Concerne le verset 11:

Les reins ceints: lier les vêtements qui gênent à la marche, c’est lier, ren­dre inoffensif ce qui encombre dans la marche spirituelle.
Serrer la ceinture: une discipline à exercer (1 Cor 9.27).
Les souliers aux pieds: quitter l’endroit de la servitude, l’esclavage du péché. Quitter parfois son lieu géographique. Etre sur pied de paix et non de guerre (Eph 6.15)
Le bâton à la main: c’est l’emblème du pèlerin. Il sert à s’appuyer dessus (Ps 23.4).
La Pâque signifie donc non seulement le départ d’Egypte (esclavage du péché) et la libération de Pharaon (Satan), mais aussi la formation d’un peuple dans la communion avec Dieu, l’acceptation inconditionnelle de son Fils comme Sauveur, l’exclusion du mal, le renoncement au Moi crucifié à la croix avec Christ, une marche fidèle pour apporter le mes­sage de la paix en s’appuyant sur les promesses et la personne du Seigneur Jésus-Christ.

Quel programme! Est-il mis à exécution dans ma vie? Dans ma famille? Dans mon église? Dans mon peuple qui se dit peut-être encore chré­tien?… Ou sommes-nous un peuple dans le désert?


Le désert

Dans la Bible, le désert n’est jamais là où l’on demeure: on y passe pour arriver ailleurs. Elie marcha 40 jours et 40 nuits pour arriver à la monta­gne de Dieu (1 Rois 19.8). Jésus passa 40 jours et 40 nuits dans le désert pour y être tenté (Mat 4.1-2). Israël devait traverser le désert pour arriver à Canaan mais il n’était pas prévu qu’il y reste 40 ans! Le chiffre 40 signifie une période passagère qui doit déboucher sur une déli­vrance.

Bien entendu, le désert peut aussi signifier la solitude (la chambre où l’on rencontre Dieu). Le désert peut être le silence loin de la foule (la méditation qui accompagne la lecture de la Bible). Ainsi l’apôtre Paul se retira pendant 7 ans dans une région désertique en Arabie, en Syrie et en Cilicie (GaI 1.17-21), où Dieu le prépara à sa grande tâche mission­naire. Se retirer dans ce désert-là est aussi important que de vivre en communauté avec les autres et de travailler avec les autres. Les deux se complètent un seul des deux constitue un déséquilibre – le moine ou l’activiste.

Cependant, le désert dont il est question dans le Pentateuque est tout autre. Il ne faut pas s’imaginer des dunes de sable sans aucune végéta­tion, tel le Sahara. Il s’agit plutôt d’étendues désertiques où le bétail trouve assez de nourriture pour subsister, mais où l’eau peut faire cruel­lement défaut. Par son incrédulité, donc par sa faute, Israël reste 40 ans dans le désert, c’est-à-dire toute une génération, selon le consensus biblique. Ce n’était pas le plan de Dieu pour son peuple. Ce n’est pas non plus le plan de Dieu pour le chrétien pourtant, la grande majorité des chrétiens sont dans le désert au lieu d’être en Canaan, pays des promesses que Dieu leur a destiné, Ils sont sortis d’Egypte, mais ils ne sont jamais entrés en Canaan. Ils sont dans le désert, et tout le beau pro­gramme qui devait se réaliser une fois libérés de l’esclavage du péché reste en suspens. Pourquoi ?

Dans le prochain numéro, nous allons chercher à comprendre le pour­quoi du comportement du peuple d’Israël, comportement qui explique son incrédulité et son séjour au désert. Du même coup, nous compren­drons aussi pourquoi le chrétien reste dans le désert spirituel, car ce sont les mêmes raisons qui l’y maintiennent.

Jean-Pierre SCHNEIDER


Lausanne, le 31 décembre 1982

Cher Monsieur Schaeffer,

Mercredi, nous avons eu le plaisir d’avoir Pierre (1) chez nous pour la soirée. Plus tôt dans la journée, il était monté à l’Abri rendre visite à Larry et Nancy (2). Nous avons parlé du débat suscité dans les milieux évangéliques par votre ouvrage « A Christian Manifesto » (3) et mon frère suggéra de vous communiquer les points principaux de notre conversation. J’ai évidemment une connaissance plutôt superficielle de l’histoire américaine, bien que j’aie pu, de temps à autre, tirer grand profit de la tradition puritaine et calviniste de votre pays au travers des écrits d’hommes tels que Dabney (4) et Thornwell (5), ainsi que par des études de F. Nymeyer (6) sur Calhoun (7). Je dois beaucoup aux écrits du Dr. R. J. Rushdoony (8) dont les travaux ont si fortement oeuvré à rétablir une pensée calviniste sur les questions publiques.

Il semblerait que la discussion sur votre livre tourne principalement autour de deux points:
– Quelle était l’orientation du consensus chrétien à l’époque de la guerre américaine d’indépendance?
– Les arguments d’hommes tels que le pasteur Witherspoon (9), ainsi que ceux d’autres pères fondateurs, n’avaient-ils pas été de nature essentiellement rationaliste et humaniste, se fondant sur les « Droits de l’homme » plutôt que sur la révélation divine ?

Les problèmes que vous soulevez sont, bien sûr, également propres à l’histoire européenne et, plus particulièrement, à l’histoire de la Suisse, bien que notre contexte et nos circonstances particulières soient manifestement autres que celles qui ont prévalu aux Etats-Unis.

J’aimerais dire d’emblée que ma connaissance du rapport entre la foi chrétienne et la vie de la société dans le contexte européen me conduit à confirmer, avec reconnaissance envers Dieu, ‘analyse générale que vous exposez dans le « Manifesto ». Je serais peut-être plus réservé sur les conditions qui rendent nécessaire, ou même obligatoire, la désobéissance civile des chrétiens qui veulent rester fidèles à la foi. Mais ici beaucoup dépend de l’intensité de la tyrannie exercée par les autorités civiles. N’ayant aucune connaissance des écrits de Witherspoon, je ne peux guère m’exprimer sur l’orthodoxie calviniste de sa pensée politique. Mais, partant de notre contexte suisse et européen, je pourrais formuler quelques réflexions sur la possibilité d’un consensus historique chrétien.

Il est certain que, dès le IVe siècle, les institutions et le système légal de l’Empire romain ont été profondément influencés, et même modifiés par l’Evangile de Jésus-Christ. Au fur et a mesure que progressait l’évangélisation de l’Europe, cette influence chrétienne sur les affaires publiques s était répandue sur tout le continent européen, des îles britanniques à la Russie. La vision chrétienne de la loi de Dieu influença profondément le droit commun ainsi que les institutions de la chrétienté médiévale. Cette influence chrétienne sur le droit et sur la politique européenne du Moyen Age pourrait sans doute être documentée de manière détaillée, mais je me limiterai à un seul exemple. Le lien féodal entre le Seigneur et son vassal est tout à fait incompréhensible hors du contexte établi par l’alliance biblique. Michel Villey (10), dans de nombreux livres et articles, a documenté cette influence de manière détaillée. Les écrits de cet auteur sont particulièrement significatifs du fait qu’il est un adversaire décidé de toute influence directe de la révélation sur le droit, défendant plutôt le retour à un type de droit naturel fondé sur le modèle romain.

Mais avec le retour du droit romain et la redécouverte de la pensée politique d’Aristote (11) par Thomas d’Aquin (12), et plus particulièrement avec le nominalisme (13) de ses successeurs, Marsile de Padoue (14) et Guillaume d’Ockham (15), une vision autonome de la politique et du droit gagnait du terrain. Comme l’histoire de ce développement n’est pas simple, il n’est pas possible ici d’entrer dans les détails mais selon Villey, les pays de la Réforme ont vu un renouvellement très important de l’influence biblique sur le droit. Les écrits de Luther (16), et encore plus les écrits de Bucer (17), de Calvin (18) et de Viret (19) confirment indiscutablement l’appréciation de Villey. Dans une certaine mesure, la contre-réforme est allée dans une direction semblable. Cette influence biblique sur le droit semble avoir été particulièrement importante dans les colonies puritaines de la Nouvelle Angleterre. Il me semble qu’un consensus chrétien général aurait prévalu aux Etats-Unis jusqu’à la guerre d’Indépendance et au-delà. Il est également important de se rappeler que la révolution américaine, fondamentalement différente de la Révolution française, fut précédée par un grand réveil, conséquence de la prédication d’hommes tels que Jonathan Edwards (20) et George Whitefield (21).

Un tel consensus chrétien a prévalu en Suisse jusqu’au milieu du XIXe siècle, et cela en dépit de l’apostasie spirituelle et théologique d’un grand nombre de pasteurs libéraux dans nos cantons réformés. Mais petit à petit, des influences étrangères à la Bible commençaient à dominer la culture générale de notre pays. Le système légal suivit ce déclin de l’influence chrétienne, quoique de manière moins rapide. Cette influence rationaliste sur notre droit devint plus marquée lors de l’unification des systèmes légaux propres à nos différents cantons dans la première moitié de ce siècle. Mais même dans le code pénal et civil fédéral ainsi remaniés, l’on peut clairement discerner l’influence profonde du christianisme. Les défenseurs de notre héritage légal chrétien pendant cette période venaient essentiellement des cantons catholiques. Leurs arguments étaient tirés d’un droit naturel de type chrétien. La plupart des protestants étaient marqués ou par le dualisme kantien, ou par le piétisme spiritualiste. En France, le Code Napoléon, bien que contenant encore des éléments de l’héritage chrétien, était fondé sur une philosophie rationaliste fortement marquée par des éléments de droit romain. Les fruits de cette déchristianisation de notre système légal ne se sont cependant clairement manifestés que récemment. Des lois sont maintenant préparées, avec l’approbation d’experts ostensiblement « chrétiens », tels que le professeur Louis Rumpf, qui fut pasteur de la défunte Eglise libre du canton de Vaud et, après l’union des églises, professeur d’éthique à la Faculté de théologie de Lausanne, et de conseillers fédéraux catholiques tels que Kurth Furgler. Ces hommes, animés par l’esprit néo-orthodoxe et moderniste apostat, minent ainsi notre héritage chrétien commun.

Je crois que nous pouvons en conséquence affirmer que ce consensus chrétien était une réalité historique clairement documentée tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Le thème principal de l’histoire de l’Occident depuis 250 ans est celui de l’érosion graduelle de cette base chrétienne de nos diverses sociétés. Cette déchristianisation du droit est donc essentiellement due à un courant de pensée rationaliste d’origine nominaliste, courant qui a abouti à couper la société de toute influence transcendante. Une telle coupure est caractéristique de l’idéalisme kantien (22). Cet idéalisme philosophique a provoqué autant de dommages dans le droit que dans la théologie, la philosophie et les sciences elles-mêmes. Le chemin qui aboutit à notre sécularisation actuelle passe par l’humanisme culturel de Thomas d’Aquin. Villey décrit de façon remarquable cette histoire tragique de la révolte juridique de l’homme contre Dieu, le législateur souverain des nations de ce monde.

Je voudrais maintenant examiner un deuxième argument contre votre « Manifesto », à savoir l’affirmation que la pensée des pères fondateurs de la république américaine était faussée par le naturalisme rationaliste du siècle des lumières. Il est évident que personne ne peut nier que les « lumières » aient en effet exercé une influence considérable sur la pensée de certains des pères fondateurs. Benjamin Franklin (23) et Thomas Jefferson (24) en sont les exemples principaux. Mais la pensée de ces hommes doit être comprise dans le cadre intellectuel calviniste de l’époque. Le consensus chrétien qui prévalait alors considérait l’homme comme déchu et foncièrement enclin au mal il affirmait qu’il fallait en conséquence établir dans le nouvel état une division des pouvoirs. Ainsi fut établie la séparation des pouvoirs judiciaires, exécutifs et législatifs. Dans cette perspective pessimiste de la nature déchue de l’homme, perspective foncièrement chrétienne, il devenait également important de maintenir la fragmentation des colonies en autant d’Etats confédérés souverains. La popularité immense des « Federalist Papers », où était farouchement défendue la séparation des pouvoirs et l’autonomie substantielle des Etats confédérés, témoigne de manière éclatante en faveur de l’existence aux Etats-Unis, à la fin du XVIIIe siècle, d’un tel consensus profondément chrétien. Ces mêmes principes fédéralistes et séparatistes sont à la base de la Confédération helvétique ils sont à l’antipode de la bureaucratie centralisant caractéristique de la tradition d’optimisme naïf issu de la Révolution française, inspirée par l’humanisme. L’homme d’état et philosophe anglais Edmund Burke (25) comprit parfaitement cette opposition. Au Parlement anglais, il soutint la révolution américaine en appuyant les revendications des colonies. Remarquablement conséquent dans sa pensée politique, il s’opposa quelques années plus tard, avec encore plus de force, à l’utopie rationaliste et totalitaire de la Révolution française.
Quelques remarques relatives aux « Droits de l’homme » seraient sans doute ici utiles. Une doctrine des « Droits de l’homme », dont la première formulation publique se trouve dans la « Déclaration des droits » promulguée pendant la révolution américaine, est une notion dont l’emploi est fort dangereux. Elle ne peut être utilisée par les chrétiens que si elle est explicitement fondée sur les droits préalables de Dieu et de l’homme tels qu’ils sont définis par la loi divine. Même le prétendu « Droit à la vie » n’est pas un absolu abstrait. Un tel droit doit être lié explicitement à l’enseignement détaillé de la loi de Dieu, afin de ne pas mettre l’embryon innocent sur le même plan que le meurtrier qui l’assassine. La loi de Dieu autorise la peine de mort, la légitime défense et la guerre défensive. Certains disent que le thème des droits de l’homme a été importé en Europe d’Amérique pour y devenir un levier universel de révolution. Il me semble plutôt que cette théorie tire son origine de la pensée du siècle des lumières et, plus précisément, des cercles où fermentait l’idéologie révolutionnaire si justement analysée par Augustin Cochin sous le nom de « Sociétés de pensée » (26). Des Américains comme Benjamin Franklin (un franc-maçon notoire) ayant assimilé ces idées pendant leur séjour en France, les introduirent dans les colonies américaines, où elles furent adoptées dans une perspective plus chrétienne. Des Français comme Lafayette (27), qui avaient participé à la guerre d’Indépendance, rapportèrent en Europe les formulations américaines des droits de l’homme maintenant auréolées du prestige d’une révolution réussie. Mais Burke ne fut pas trompé par cette ressemblance apparente. Il prit parti pour les colonies américaines, qui défendaient en réalité non des « droits » rationnels abstraits, mais leurs droits historiques contre l’usurpation totalitaire de la couronne et du Parlement anglais. Burke s’opposa à l’idéologie des droits de l’homme de la Révolution française, vu que ces droits n’avaient de fondement ni dans l’histoire de la France ni dans la loi de Dieu. Ils étaient devenus la machine de guerre intellectuelle d’une révolution totalitaire sanguinaire. D’une manière très semblable, le polémiste et écrivain catholique anglais, G.K. Chesterton, n’hésita pas, au début de ce siècle, à s’opposer aux visées impérialistes du nationalisme d’inspiration hégélien de son pays lors de la guerre des Boer. Par contre, quand cet impérialisme nationaliste racial poussa l’Allemagne à des visées expansionnistes lors de la première Guerre mondiale, il défendit vaillamment son propre pays.

Il me semble qu’à l’époque de la guerre d’Indépendance, il existait en Amérique un consensus essentiellement chrétien accompagné de quelques éléments humanistes. Par contre, le consensus derrière la Révolution française – et cela même dans le clergé et l’aristocratie – était surtout celui de l’humanisme du siècle des lumières. En i 789, l’héritage politique chrétien avait pratiquement disparu de la vie publique française. Ceci fut sans doute l’un des fruits les plus amers de la Révocation de l’Edit de Nantes, de ce mépris pour la loi et la justice dont témoigne l’usage abusif de la « raison d’Etat », qui plaçait la royauté française au-dessus des lois du royaume et même de la loi de Dieu. La conséquence d’une telle divinisation de l’Etat fut une persécution sauvage de la foi chrétienne. Nous voyons aujourd’hui que le pouvoir en France favorise fortement cette tradition tyrannique. La volonté générale, la voix de la « majorité », se place au-dessus de toute loi transcendante, et au-dessus des lois du pays elles-mêmes. Nous avons là un signe certain de l’auto divinisation de l’homme.
Mais nous devons poursuivre ce raisonnement un peu plus loin. D’un point de vue biblique et chrétien, le droit naturel n’est pas en soi inévitablement erroné. Après tout, même si la « nature » est aujourd’hui dans un état corrompu, elle reflète encore néanmoins de nombreux aspects positifs de la création de Dieu. La loi divine est la loi établie par Dieu pour sa création ; dans ce sens, elle peut être légitimement appelée « la loi de la nature ». La tradition rationaliste autonome de notre occident commence indubitablement avec Thomas d’Aquin. Dans un sens, le nominalisme est héritier du réalisme thomiste dont les universaux ne sont plus uniquement ceux de la Bible, mais un mélange d’universaux grecs (Aristote et Platon) et bibliques. En conséquence, la pensée thomiste ne correspond pas de manière satisfaisante ni à l’ordre de la création ni à la pensée de Dieu. Mais Thomas d’Aquin, dans son ambiguïté complexe, a également été à l’origine d’une autre tradition de pensée de droit naturel en harmonie avec la loi de Dieu. C’est ce que nos amis catholiques traditionalistes appellent « le droit naturel et chrétien ». Ainsi le juriste suisse L. Bagi affirme, dans une défense remarquable de la légitimité du droit de propriété écrite dans la perspective de ce droit naturel: « Nous sommes convaincus que la légitimité et le caractère obligatoire d’une règle juridique procèdent de certains principes supérieurs de justice et d’une conformité avec l’ordre établi par le Créateur. Nous sommes fermement convaincus de la force obligatoire des prescriptions du droit naturel fondé sur une justice transcendant la volonté humaine » (28). De même Jean Madiran, dans le quotidien français « Présent », attaque le remboursement des frais d’avortement par la Sécurité Sociale du point de vue du droit naturel, en citant explicitement le sixième commandement: Tu ne commettras pas de meurtre. Dans un numéro plus récent de ce même journal, Jean Madiran écrit: « Au regard des valeurs absolues, tous les partis sont à gauche, plus ou moins. – A gauche de qui ou de quoi ? – A gauche du droit naturel (et chrétien)… Fondamentalement, les partis se distinguent les uns des autres en ce qu’ils grandissent plus ou moins, ou tout à fait, le droit naturel (et chrétien): c’est-à-dire le Décalogue intégral » (29). Et il ajoutait quelques semaines plus tard: « On nous parle des droits de l’homme comme si les hommes étaient nés enfants trouvés et destinés à mourir célibataires. On passe toujours sous silence le premier droit des peuples, condition des autres droits: le droit d’être gouverné selon la loi naturelle et en vue du bien commun naturel. Ce premier droit est l’indispensable condition politique de la juste définition et du sage exercice de tous les autres droits » (30).

Comme la création appartient à Dieu, la loi de cette création ne peut pas ne pas être la loi de Dieu. C’est pour cela que la création sera libérée de la servitude de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu, de ceux donc qui ont la foi et l’obéissance (Rom 8.21). La révélation générale, quoique ayant besoin des précisions et des corrections qu’a apportées la Bible, révélation spéciale de Dieu, ne s’oppose jamais à la Parole écrite de Dieu. Ainsi Burke, partant du point de vue d’un droit naturel radicalement opposé au naturalisme du siècle des lumières, est parvenu à des conclusions que nous chrétiens tirons directement de la Bible. La raison n’est pas en elle-même notre ennemi. Thomas d’Aquin lui-même distinguait la droite raison d’une raison corrompue. Notre raison est faussée par le péché et a une tendance à l’erreur. En conséquence, elle n’est pas finalement digne de confiance, mais il ne faut cependant pas en conclure que cette faculté, que Dieu nous a donnée et dont la finalité légitime est de connaître la vérité, soit en elle-même mauvaise. Le péché dérègle notre usage de la raison et notre chair refuse volontairement le témoignage de notre raison, mais le péché n’abolit ni ne détruit cette faculté créée par Dieu. Ainsi la foi ne s’oppose pas à la raison, mais la fonde, l’éclaire et la rectifie.

Il me semble que le débat engagé sur cette question du consensus chrétien avec nos frères évangéliques américains n’est pas d’abord de nature historique. Il s’agirait bien plutôt d’un désaccord fondamental de nature théologique. La question n’est pas: « Y avait-il un consensus chrétien dans les colonies américaines à l’époque de la guerre d’ Indépendance ? » mais plutôt: « Y a-t-il jamais eu, peut-il jamais y avoir dans ce monde méchant et déchu, un consensus chrétien dans une nation ? » Nous verrons sans doute ces mêmes évangéliques s’opposer à l’idée qu’une nation chrétienne soit possible, c’est-à-dire qu’une nation puisse être influencée par la loi chrétienne jusque dans ses structures juridiques et politiques. La notion de chrétienté leur est totalement réfractaire. Pour eux, ce qu’ils appellent « l’Eglise constantinienne » est sans doute la pire des corruptions du christianisme. Cette perspective historique et théologique est évidemment accompagnée d’une notion foncièrement individualiste tant du salut que de la vie en société, et d’une méconnaissance complète de l’idée biblique, si importante, d’alliance divine. Le Dieu de ces chrétiens ne semble pas être le Seigneur des seigneurs, le Maître souverain des nations ou le Créateur et le Sustentateur de l’univers. Ainsi est éliminée à priori toute possibilité même d’une vision économique, politique, juridique ou sociologique fondée sur la loi de Dieu. Mais quoi que puissent dire ou faire les hommes, Dieu demeure le Seigneur souverain de toutes ses créatures.

Il se pourrait que votre étude contienne quelques imprécisions historiques. Peut-être que Witherspoon avait certaines tendances rationalistes ou plutôt inclinait vers une pensée de droit naturel comme celle de Burke. Je n’en sais rien. Quelques corrections de détail sont peut-être nécessaires pour une édition ultérieure. Mais d’une chose je suis sûr. De telles erreurs de détails éventuelles ne sont aucunement la cause véritable des objections parfois acerbes de nos frères évangéliques. Ce sont des prétextes qui servent a justifier un refus beaucoup plus profond de l’idée même d’un Dieu souverain de toute la création et en particulier d’un Dieu providence de toutes les nations. En réalité, ces nations, comme la création tout entière, appartiennent à Dieu qui, lui, est capable dans sa grâce et au travers de la fidélité du peuple de l’alliance, de les rendre bien plus conformes à sa Parole que nous ne pouvons me-me l’imaginer. Je dois confesser que pendant un certain nombre d’années j’ai moi-même rejeté certains de vos arguments philosophiques les plus essentiels et les plus justes sous le prétexte qu’on y trouvait des incohérences. Mais la raison véritable de mon refus se trouvait dans un désir d’échapper aux implications de votre réfutation fondamentale de l’idéalisme philosophique. Dieu soit loué qu’aujourd’hui je suis parvenu à des positions plus sensées et je dois vous remercier pour la sûreté biblique, et la précision et l’équilibre de vos positions dans les domaines de la philosophie, la science, le droit et la politique. Je ne comprends que trop bien la violence des réactions que vos écrits peuvent susciter dans des cercles chrétiens, ayant moi-même éprouvé des sentiments agressifs semblables à l’égard des positions si fidèles à la Bible que vous avancez. Je ne peux que louer le Seigneur de ce qu’il vous a donné la force, le courage et la sagesse d’avancer dans ces terrains difficiles, où il fallait affronter des disciplines qui n’étaient pas les vôtres professionnellement et où il est impossible pour l’amateur chrétien de parvenir à une compétence véritablement académique. Dieu emploie en effet les choses faibles et folles de ce monde pour confondre les sages et les puissants.

Que le Seigneur vous donne de le glorifier encore davantage à mesure qu’il vous accorde force et sagesse dans la nouvelle année: c’est ce que Rosemarie et moi vous souhaitons.

Avec mes salutations les plus cordiales en Christ,
Jean-Marc Berthoud

1 Pierre Berthoud, ancien collaborateur de Francis Schaeffer à l’Abri: professeur d’Ancien Testament à la Faculté Libre de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence dont il est actuellement le doyen.

2 Larry Snyder, collaborateur de l’Abri.

3 Francis Schaeffer: « A Christian Manifesto », Crossway Books, Westchester, 1982.

4 Robert Dabney (1820 – 1898), théologien calviniste du sud des Etats-Unis, auteur de nombreux ouvrages descendant d’Agrippa d’Aubigné.

5 J.H. Thornwell (1812 – 1862), théologien réformé du sud des Etats-unis.

6 Frederic Nymeyer, économiste et apologiste calviniste contemporain.

7 Politicien et philosophe américain du XlXe siècle.

8 R.J. Rushdoony, théologien et philosophe réformé américain contemporain.

9 Pasteur réformé de la fin du xvIIIe siècle.

10 M. villey: « La formation de la pensée juridique moderne », Montchrestien, Paris, 1975, p. 718.

11 Aristote, philosophe grec du Ve siècle av. j-c.

12 Thomas d’Aquin (1225 – 1274), théologien et philosophe du Xllle siècle.

13 Nominalisme: système de pensée où les mots ne se rapportent pas ~ l’essence des choses mais seulement au sens que nous voulons leur donner.

14 Marsile de Padoue, théoricien politique du XIVe siècle.

16 Martin Luther (1483 -1546).

17 Martin Bucer (1491 – 1551), célèbre réformateur strasbourgeois.

18 Jean calvin (1509 – 1564).

19 Pierre viret(1511-1571), réformateur du pays de Vaud, ami et collègue de calvin

20 Jonathan Edwards (1703 – 1758>, théologien et évangéliste réformé américain.

21 George Whitefield (1714 – 1770), prédicateur et évangéliste réformé anglais qui exerça une partie importante de son ministère dans les colonies américaines.

22 L’idéalisme kantien coupe tout rapport entre la pensée des hommes et l’essence des choses, qui pour lui est inaccessible. Ainsi la « justice » est un impératif catégorique de l’homme seul la justice véritable, celle de Dieu, est totalement inaccessible a l’homme.

23 Benjamin Franklin (1706 – 1790). politicien et homme d’état américain.

24 Thomas Jefferson (1743 – 1826), un des fondateurs des Etats-Unis et l’un de ses premiers présidents.

25 Edmund Burke (1729 – 1797), politicien et écrivain britanique.

26 Augustin cochin (1876 – 1916): « Les sociétés de pensée et la démocratie moderne », copernic, Paris, 1978.

27 Marquis de La Fayette (1757 – 1834), soldat et homme politique français.

28 L. Bagi: « La garantie constitutionnelle de la propriété ». Nouvelle bibliothèque de droit et de jurisprudence (Lausanne), 1956, p. il

29 Présent No. 683 (5.10.1984).

30 Présent No. 704 (5.6.12.1984).