PROMESSES

Dr. Francis A. Schaeffer

Le Dr. Francis A. Schaefier est entré dans la joie de son Maître le 15 mai 1984. Nous avons perdu en lui un conducteur spirituel qui aura marqué la seconde moitié de notre siècle. Né le 30 janvier 1912 à Philadelphie (USA), il passa son enfance dans un modeste foyer du milieu ouvrier. Il reçut une formation technique, mais se mit ensuite à suivre des études de philosophie. C’est à ce moment-là qu’il décida de faire une étude comparative entre la Bible et la philosophie grecque. Graduellement, il découvrit Dieu ainsi et se convertit tout seul par la lecture des Ecritures, où il trouva des réponses précises aux problèmes que la philosophie lui posait. Puis il fit des études en théologie au Hampton Sydney Collège, en Virginie, où il rencontra aussi Edith Rachel Séville, fille de missionnaires rentrés de Chine, à qui il s’unit en mariage en 1935.

En 1947, une visite en Europe le marqua profondément, et il vint s’établir en 1948 à Champéry avec sa famille. En 1955, il déménagea àHuémoz, où l’oeuvre de l’ABRI fut créée. Dès lors, des milliers de jeunes étudiants ont pu trouver leur Sauveur et Seigneur Jésus-Christ en recevant des réponses précises à leurs questions, leur désespoir, leur recherche.

Francis A. Schaefier a écrit quelque 23 livres et de nombreux articles et contributions. Il entreprit des tournées de conférences dans des collèges, universités et facultés de théologie dans de nombreux pays. Il a également 2 films à son actif. Le premier traite de la création et de la décadence de la culture et de la pensée occidentale (« How Should We Then Live? »). Le second (« What Happened to the Human Ra­ce? ») défend le respect de la vie et constitue un défi lancé contre l’avortement et l’euthanasie.

Avec le Dr. Schaefier disparaît une personnalité éminente dont Dieu s’est servi pour amener une réforme dans le concept chrétien touchant à la Seigneurie de Christ dans la totalité de la vie. Francis Schaefier a démontré qu’il n’y a pas de dichotomie entre ce qui est spirituel et ce qui est matériel. Tout appartient à Dieu et dépend de lui. J’ai eu le privi­lège de connaître personnellement le Dr. Schaefier, et j’en ai emporté des souvenirs indélébiles qui ont profondément marqué mes concep­tions et ma vie. C’était non seulement un homme aux grandes qualités spirituelles, mais aussi d’un naturel humble et affable, d’une grande compassion, qui savait gagner la confiance de tous ceux qui entraient en contact avec lui.

Mais le Dr. Schaeffer était aussi un défenseur fervent de I’inerrance des Saintes Ecritures. Toute la Bible est la Parole de Dieu. En conséquence, elle est l’autorité supréme et totale dans toutes les sphères de la vie. La relativisation du concept de la vérité est d’origine humaniste et totalement opposée à la Parole de Dieu, par laquelle le Dieu infini et personnel s’est révélé aux hommes à travers les âges. Comme la vie ne peut pas étre divisée en partie spirituelle et non-spirituelle, Jésus-Christ est Seigneur dans tous les domaines de la vie.

Nous sommes engagés dans une « bataille cosmique » dont notre combat spirituel est la contre-partie dans le monde visible (« The Great Evangelical Disaster », p. 24-25). Il importe alors de sensibiliser les chrétiens au danger actuel consistant à s’accommoder d’une situation grave. Notre culture occidentale et humaniste a rejeté les valeurs éthiques chrétiennes, héritage de la Réforme. La vérité exige toujours la confrontation. En tant que disciples de Jésus-Christ, nous ne pouvons échapper à cette confrontation, mais elle doit être accompa­gnée de la marque visible de l’amour. Vérité et amour sont insépara­bles.

J’ajouterai encore qu’aucune conviction eschatologique ne saurait nous dispenser d’un engagement total dans ce combat. Francis A. Schaeffer était prémillénariste historique, ce qui ne l’a nullement empêché de travailler ardemment à une nouvelle réforme dans la chré­tienté évangélique, réforme qui englobe toutes les sphères de la vie. Nous attendons le Seigneur Jésus-Christ des cieux. Dans cette attente, nous sommes appelés à être le sel de la terre. Mais que faire si le sel devient insipide (Mat 5. 13)? Si les chrétiens se taisent, s’accommodent et ne réagissent plus face à la marée montante de l’humanisme sous toutes ses formes et s’ils ne témoignent plus avec courage que Jésus-Christ est le Seigneur. Dieu devra-t-il alors susciter des pierres qui crient (Luc 19.40)?

La vie de Francis A. Schaeffer, son oeuvre et toute sa famille. quel exemple lumineux de ce que Dieu peut opérer en et à travers un homme qui marche dans la dépendance et dans la fidélité constante envers Dieu!

« Souvenons-nous de nos conducteurs qui nous ont annoncé la Parole de Dieu; considerons l’issue de leur et imitons leur foi » (Héb 13.7)

H. Lüscher


Moïse face au peuple

(troisième partie)

Le peuple d’Israël, qui avait d’abord cru Moïse et qui s’était engagé envers Dieu (« Nous ferons tout ce que I’Eternel a dit ».), n’a pourtant pas cessé de murmurer chaque fois que des circonstances adverses se présentaient. Cette attitude de mécontentement et de revendication avait mené à l’idolâtrie et à la convoitise, produisant jalousie et médisance. Si vous reconnaissez dans ce cheminement certains éléments du vôtre, il est encore temps de vous repentir et de recevoir pardon et renouvellement de la part du Dieu de grâce, aujourd’hui.

Si les Israélites ont poussé des cris vers Dieu, c’était par crainte des calamités par lesquelles Dieu les visitait pour leur faire comprendre qu’ils avaient offensé sa sainteté. Mais de repentance, pas question.

Et maintenant ce peuple est à Qadech (= sainteté), à 80 km au sud-ouest de Beer-Chéba, aux portes de la terre promise, le pays de Canaan, quinze mois après la sortie d’Egypte. Normalement, il doit pouvoir prendre possession du pays. (1)

Douze hommes sont envoyés pour explorer le pays, un prince de chaque tribu, pour éviter toute jalousie. Le récit de leur expédition et la réception de leur enquête par le peuple se trouve dans Nombres 13 & 1 4, passage auquel se rapportent les références citées dans le texte.

L’exploration dura 40 jours. Ce chiffre revient souvent dans la Bible. Il indique généralement un temps de préparation ou d’épreuves: le déluge commença par 40 jours de pluie; Moïse passa deux fois 40 jours sur le mont Sinaï; Jésus jeûna pendant 40 jours avant d’être tenté par Satan et de commencer son ministère public, et il passa 40 jours à parler à ses disciples pour les préparer à leur ministère consistant à annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu. (2)

Instaurer un royaume, cela ne va pas tout seul. Il y a une conquête à effectuer, car le pays est occupé par l’ennemi, un ennemi formidable: le pays est parsemé d’importantes villes fortifiées (p. ex. Jéricho); il est habité par les descendants d’Esaü, ennemis héréditaires d’Israël (les Edomites ou Amalécites), les Hittites (empire en Asie-Mineure ayant des colonies en Canaan) et des géants, descendants d’Anaq (13.28-29).

Soyons bien conscients que toute avance de l’Evangile, et donc du royaume de Dieu, est un empiétement sur le territoire du royaume de ce monde dont Satan est le prince, l’adversaire le plus redoutable de Jésus lui-même (Jean 14.30). Ceux qui ont l’intention d’arracher du terrain à l’ennemi en proclamant ‘Evangile du royaume de Dieu comme le firent Jésus et les apôtres doivent, eux aussi, connaître la force de l’ennemi. Tout évangéliste, missionnaire, pasteur, serviteur de Dieu qui ne s’est pas familiarisé avec la tactique du diable, qui n’est pas conscient de la puissance de l’ennemi, va au-devant de l’échec, spirituellement parlant. Que dire alors des théologiens et des pasteurs qui ne croient pas que Satan existe? C’est un peu comme si les Israélites étaient entrés en Canaan en promenade, en niant l’existence des Amalécites, des Hittites et des géants. Quel massacre! Bercer le peuple en sécurité en niant l’existence de l’ennemi est un crime aux conséquences effrayantes…

Mais on peut aussi être tellement affolé par la puissance de l’ennemi qu’on jette le manche après la cognée. C’est ce que fait Israël après avoir entendu le récit des enquêteurs. Face à un ennemi si redoutable, le peuple perd tout courage. Dix des douze espions déconseillent toute tentative d’invasion (Nom 13.31). L’ennemi « est plus fort que nous! » Ils n’ont pas tort, et mieux vaut ne pas sous-estimer l’ennemi. L’adversaire de l’Eglise aussi est plus fort que nous (Edom est un type de Satan, dans l’AT). Les dix espions disent: « A nos yeux, nous étions insignifiants devant ces puissants guerriers, tout comme à leurs yeux aussi ». Si nous considérons la puissance de l’ennemi, notre faiblesse, nos moyens totalement insuffisants, le ricanement méprisant des incrédules, nous sommes comme les Israélites: « …plus forts que nous… à nos yeux… à leurs yeux… » C’est le regard de l’incrédulité qui est tourné vers soi-même et les autres.

Loin de nier la présence et la puissance de l’ennemi, ce n’est pourtant pas à lui qu’il faut regarder, et ce n’est pas son appréciation qui importe. « J’ai vaincu le monde », dit Jésus (Jean 16.33), et donc le prince de ce monde, qui a été jugé par le Fils de Dieu (Jean 16.11). Après avoir pris connaissance de l’ennemi, de son pouvoir, de ses ruses, détournons le regard vers son vainqueur: « …les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection », lui qui « s’est assis à la droite du trône de Dieu » (Héb 1 2.2). C’est le regard de la foi, cette foi qu’lsraêl perd face à l’ennemi, lsraêl qui semble avoir oublié les miracles qui ont accompagné sa délivrance des Egyptiens. Israël, inexorablement, descend à pente et entre dans la

sixième étape: l’incrédulité du peuple


Le peuple craint pour sa peau: « Ils tueront nos femmes et nos enfants » (Nom 14.3). Bien que quinze mois seulement le séparent de l’esclavage en Egypte, il veut y retourner! A croire que la sortie d’Egypte était une erreur; à croire que l’armée de Pharaon, menace inéluctable, n’a pas été détruite par la puissance de ‘Eternel; à croire que Moïse les a menés par le bout du nez! Car eux, ils n’y sont pour rien. Moïse et Aaron, voilà les coupables; c’est contre eux qu’on murmure. Alors c’est tout simple: « Choisissons-nous un autre chef, et qu’il nous ramène en Egypte! » (Nom 14.4)

Notre Chef, c’est le Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui nous a sortis de l’esclavage du péché pour nous faire entrer dans le repos de Dieu (Héb 4.10). Qu’en est-il pour toi, mon frère, ma soeur? Y es-tu entré? Ou t’es-tu arrêté sur le seuil, craintif, oublieux de la victoire remportée sur la croix, et lors de la résurrection et à l’ascension? As-tu oublié que le Christ est tout-puissant? Bien entendu, tu les connais dans ta tête, ces paroles que Jésus laissa aux disciples avant de les quitter: « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Mat 28.18). Tu t’es repenti; tu as reçu le pardon de tes péchés et la vie impérissable qui est celle même de Dieu, qui est venu habiter en toi par le Saint-Esprit qui aimerait te maintenir en communion avec le Seigneur. N’est-il plus ton Chef? En suis-tu un autre, peut-être ton MOI? Tu murmures parce que l’ennemi te bat à plate couture. Il le fera tant que tu auras peur de pousser en avant, tant que tu compteras sur tes ressources, ta force, tes moyens: tant que le MOI restera le chef. Repose-toi donc de tes oeuvres à toi. Va de l’avant en comptant sur Jésus-Christ. Il est le seul qui a vaincu Satan et sera toujours capable de le vaincre. Mais il veut le faire par toi, son instrument. Veux-tu que nous y entrions ensemble, dans ce repos de nos propres oeuvres, laissant nos craintes et nos tracas à la croix, oû Jésus les a expiés, afin de nous rendre capables d’accomplir, non plus nos oeuvres, mais les siennes? Alors: « Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe, en suivant le même exemple de désobéissance » (Héb 4.11).

Oui, c’est de la désobéissance de la part d’Israël, de vouloir se choisir son propre chef, de ne plus vouloir suivre les chefs choisis par Dieu. Or, quelle est la réaction de ces derniers? « Ils tombèrent face contre terre » (Nom 14.5). Parmi le peuple, deux hommes, en tout et pour tout, qui continuent à faire confiance à Dieu: Caleb et Josué. Faisant partie des douze espions, ils ont pourtant vu la force de l’ennemi. Mais ils regardent ailleurs, ils regardent à l’Eternel: « Il nous fera entrer dans ce pays et nous le donnera; Eternel est avec nous, ne les craignez pas » (Nom 14.8-9)! Ils plaident avec le peuple, mais rien n’y fait. Au contraire: ces quatre croyants, il faut les lapider (Nom 14.10)!
Quelle est notre réaction à nous, quand on nous met en question? Vers qui nous tournons-nous? L’amertume remplit-elle notre coeur parce que nous sommes blessés dans notre orgueil? Il n’y a qu’une position qui convienne: la position à genou, la position de l’humilité devant Dieu et devant les hommes (« devant toute l’assemblée », Nom 14.5).
« Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous » (1 Pi 5.7). Mais attention! Les attaques ne vont pas cesser comme par enchantement! On voudra peut-être nous lapider – en finir avec ces gêneurs, ces incommodes, ces trouble-fêtes, ces irréductibles…
« Ne vous inquiétez pas pour votre vie … « , dit Jésus (Mat 6.25), et: « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps » (Mat 10.28). Oui, cela peut nous arriver; nos frères de l’Est le savent bien. C’est le risque de la foi. Relisez Hébreux 11.33-38! La foi peut mener aussi bien à la délivrance qu’au martyre. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui (= Dieu) qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne (= l’enfer) « .

Les Israélites n’ont pas craint Dieu. Lapider Moïse et Aaron après tout ce qu’ils ont fait pour le peuple, c’en est trop! L’Eternel intervient. Car ce ne sont pas tellement Moïse et Aaron, Caleb et Josué qui sont outragés, c’est l’Eternel qui est outragé par un manque de foi qui est tout simplement inexcusable après tout ce que Dieu a déjà fait pour Israël (Nom 14.11). C’est Dieu qui va juger, car sa sainteté a été bafouée.
Pour la deuxième fois, l’Eternel veut exterminer lsraél et tout recommencer avec Moïse, qui deviendrait l’ancêtre d’un nouveau peuple (Nom 14.12). Quel honneur pour Moïse! Cependant, comme la première fois (Ex 32), Moïse prouve que l’honneur de ‘Eternel passe avant le sien. Il prend Dieu au mot en lui rappelant l’oracle qu’il prononça sur le mont Sinai: « Je fais grâce… jusqu’à mille générations…, je pardonne…, mais je ne tiens pas le coupable pour innocent…, je punis jusqu’à la troisième et la quatrième génération » (Ex 34.5-7). Et L’Eternel pardonna. Mais – ah, ce terrible MAIS! – aucun des Israélites qui sortirent d’Egypte n’entrera en Canaan, sauf Caleb et Josué, « animés d’un autre esprit » (Nom 14.24,29). Pendant 40 années, lsraél errera dans le désert, « selon le nombre de jours mis à explorer le pays » (Nom 14.34).
Quand Moïse annonce ce verdict de Dieu au peuple d’lsraêl, celui-ci se rend compte de l’ampleur de la sentence: toute une génération qui va périr dans le désert! Ah oui, c’est vrai, on a péché… Remédions àcela et allons attaquer les habitants du pays! Et ils y vont, mais sans lEternel (Nom 14.41,44), de sorte qu’ils sont lamentablement battus.

Par leur manque de foi, leur incrédulité, et par leur désobéissance – les deux vont de pair -,le peuple s’est condamné à tourner en rond dans le désert pendani 38 ans de plus qu’il lui aurait fallu pour voyager d’Egypte à Canaan. 40 ans au lieu de quinze mois! 40 ans dans le désert: ce n’était pas l’intention de Dieu pour les Israélites.

Israël, à cause de son incrédulité, qui est à la base de sa désobéissance et de sa révolte, doit rester dans le désert pendant toute une génération. Mais Dieu n’abandonne pas son peuple pour autant. Dieu n’abandonne jamais le chrétien dans le désert. Pendant quatre décennies, Dieu va conduire et nourrir son peuple, jusqu’à préserver ses habits de toute usure (Deut 8.4 & 29.5). Seulement, le désert n’est pas Canaan. Et nous verrons, dans cette étape du châtiment divin, réapparaître les vices qui ont jalonné sa vie dés la sortie d’Egypte: jalousie, convoitise, murmures, désobéissance (même de Moïse), révolte, débauche… Comme toujours, le tableau n’est cependant pas entièrement noir: il y a la victoire sur les Cananéens et les Madianites, et la conquête de la Transjordanie.

Mon frère, ma soeur, ce n’est pas non plus l’intention de Dieu pour toi qui me lis. On entend quelquefois prêcher sur le chrétien dans le désert comme si c’était là son état naturel. Non! C’est « à cause de leur incrédulité » (Héb 4.6) que ceux qui avaient été délivrés de leur esclavage ne purent entrer en Canaan, « le repos de Dieu », Moïse y compris, comme nous le verrons plus loin. Et c’est à cause de ton incrédulité aujourd’hui, que tu es peut-être dans le désert, insatisfait, le murmure dans le coeur, las de prier, las de lire la Parole, las de trimer et de faire ton oeuvre à ta manière et avec tes ressources naturelles, tout comme les Israélites dans le désert. Et je ne parle pas des souffrances que l’adversaire peut infliger, souffrances que le chrétien qui est entré dans le repos de Dieu peut avoir à supporter. Examine ton état spirituel. Ta foi a-t-elle été tout juste suffisante pour saisir la justification acquise par le sacrifice de Jésus à la croix? Tu as bien été délivré de la condamnation due à ton péché, tu es bien sorti d’Egypte. Mais ton incrédulité t’a empêché d’entrer dans le repos de Dieu, ce pays où il règne, lui, sur ton MOI, ou les priorités sont axées sur Jésus-Christ, sur l’obéissance à sa Parole, sur la communion dans la prière, sur l’exécution de son oeuvre à lui en toi et par toi, c’est-à-dire la sanctification et l’accomplissement des « oeuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Eph 2.10). Cela ne te fait-il pas envie?

Je te prie de lire attentivement, et dans la prière, Romains 6.3-23. Arrête-toi au verset 11. Le verbe grec traduit par « considérer » est tiré du vocabulaire de la comptabilité: « comptez-vous comme morts au péché »; porte ta mort au débit; compte-toi comme « crucifié avec lui »; identifie-toi avec Christ à la croix. Car tu es en quelque sorte mort en lui, comme tu serais mort en ton grand-père s’il était décédé avant de procréer ton père. Du côté crédit, compte-toi comme « vivant pour Dieu en Jésus-Christ. » Vivant pour Dieu, non plus pour toi! T’identifier avec Christ veut dire vivre sa vie dans ton corps vivifié par son Esprit. « Je suis crucifié avec Christ, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; ma vie présente dans la chair (le corps), je la vis dans la foi au Fils de Dieu » (GaI 2.20). Saisis cette identification avec le Christ par la foi, tout comme tu as saisi le salut par la foi.

Nous mettrons une conclusion à nos considérations ayant trait à l’attitude de Moïse devant ce peuple rebelle qu’il aime pourtant, avant de nous vouer à une étude du chrétien dans le désert.

« Tout ce qui a été écrit d’avance (l’AT) l’a été pour notre instruction, afin que, parla patience (ou: la persévérance) et par la consolation (ou: l’encouragement) que donnent les Ecritures, nous possédions (ou: nous nous accrochions à) l’espérance » (Rom 15.4).

Jean-Pierre SCHNEIDER


(1) Sans vouloir ici soulever le problème moral que constitue l’invasion du pays par Israël, je rappellerai ici que l’extermination de sa population ordonnée par ‘Eternel était un jugement dû à la dépravation morale allant de pair avec son idolâtrie ettrènée. Les quatre siècles d’esclavage égyptien d’Israël constituaient un temps de grâce pour les cananéens, qui ne surent en tirer parti. Dieu nous donne aujourd’hui de ces temps de grâce. Savons-nous les discerner, aussi bien sur le plan collectif que sur le plan individuel?

(2) Je ferai remarquer en passant que la prédication de l’Evangile (« la bonne nouvelle ») consiste à annoncer le royaume de Dieu », dont le salut saisi par la toi n’est que l’élément initial. N’aurions-nous pas un peu oublié de prêcher le royaume de Dieu? Jésus le faisait: Mat 4.23; Luc 4.43. Philippe l’évangéliste le faisait: Act 8.12. Paul l’apôtre le faisait: Act 19.8; 20.25; 28.30-31. Qu’annonçons-nous?


Le Roi de Gloire

Un seul est Roi, car il vainquît
la mort sur la croix du Calvaire:
L’homme, affranchi, libre par Lui,
aime ce Vainqueur, qu’il révère…

Un ennemi, jamais vaincu,
régnait sur grandeurs et sur trônes ;
Sur une croix, il l’a battu ;
avant qu’un jour, son heure sonne…

Car il revient, héros vainqueur,
Fils de Dieu, couronné de gloire ;
mais ce qui fait sa vraie grandeur ;
c’est ce triomphe dans l’Histoire,

lorsque ayant passé par la mort,
selon la condition des hommes,
victorieux, de la tombe il sort,
guérissant de nos plaies la somme…

Joél FREYCHE

Théologien, docteur, pasteur, penseur, conférencier, Schaeffer fut par-dessus tout un lutteur, un homme engagé dans le combat et à la pointe du combat.
Non pas un combat d’école, académique, futile, stérile. Schaeffer ne craignait pas de descendre sur le terrain et d’entrer dans la mêlée, d’être directement aux prises avec les courants de pensée de la société d’aujourd’hui.
Vivant avec son temps, Schaeffer « collait » à la modernité. Aussi n’était-il pas pris au dépourvu, ni dépassé, ni déphasé. Témoin attentif et analyste averti de la culture contemporaine, il en dépistait les formes de pensée, « le message ».
A ce message, il opposait celui de la Bible, dont il célébrait et démontrait la grandeur, l’unicité l’adéquation à la réalité telle qu’elle est.
C’est ce qui explique le côté apologétique de son oeuvre. Le christianisme, la révélation judéo-chrétienne, est, comme il se plaisait à le répéter, ‘titanique ». Elle seule apporte les réponses que l’homme cherche désespérément. Inutile de vouloir les trouver dans les systèmes humains, dans la pensée profane. Au fond, le combat incessant et « tous azimuts » livré par Schaeffer – non dans un esprit de polémique, mais de compassion et d’amour – tendait cette seule fin: par la glorification raisonnée de ‘Evangile, amener les gens, hors de l’Eglise et dans l’Eglise, à penser bibliquement, chrétiennement, pour leur ur salut et pour la gloire de Dieu.
Vu que le ministère de ce maître à penser s’est essentiellement déroulé dans l’Occident dit « chrétien », cela évoque bien sûr le drame qui s’est produit au sein de notre culture au cours des dernières décennies. L’apostasie – l’abandon de la vérité biblique – a pris pied dans les Eglises et de là, par contagion, dans la société, en y semant ses ravages.

C’est dans ce milieu ambiant -l’apostasie du monde occidental dont il mesurait et l’ampleur et l’horreur – que Francis Schaeffer a bataillé sans trêve pour magnifier l’Evangile, restaurer la vision et l’ordre bibliques et arracher des hommes à la perdition.
Son combat est donc empreint de souffrance. Les accents sont douloureux, pathétiques. L’homme qui plaide avec le monde moderne fait encore plus figure de prophète que de théologien. Il a le message de saison pour la culture dans laquelle il vit. Conscient du jugement qui vient, il l’appelle solennellement à un retour à Dieu et à sa Parole, aux absolus de l’Ecriture.
Oui, Schaeffer plaide. Il plaide contre l’apostasie et les aberrations qu’elle a amenées dans les domaines de la religion, de la pensée, de l’art, de la morale et de la vie sociale.
Il plaide pour un retour à une vision biblique intégrale, à des concepts fondés sur la révélation scripturaire et à une pratique en pleine harmonie avec ces concepts. Car il ne suffit pas de penser justement à tous les niveaux. Il faut encore vivre et agir justement à tous les niveaux.

Faisant front de tous les côtés, Schaeffer s’est battu, au nom du christianisme historique, dans les domaines de la logique, de la pensée philosophico-théologique, de l’anthropologie (doctrine de l’homme), de l’expérience religieuse, de la sotériologie (doctrine du salut), de l’ecclésiologie (doctrine de ‘Eglise) et de l’inspiration des Ecritures. Dans son combat, il a eu le mérite de ne jamais se présenter en ‘attardé ». Certes, il connaissait les hérésies d’hier. Mais, toujours dans le vif de l’actualité, il a combattu celles d’aujourd’hui. On peut même dire qu’il a su devancer le temps et prévoir ce qui allait arriver.
Son apologie d’avant-garde lui a permis de se faire écouter par ceux qui avaient passé dans le moule de la culture moderne, surtout la jeunesse étudiante.

Le combat dans le domaine logique

Dès ses premiers écrits, il s’oppose vigoureusement à la relativisation du concept de vérité. Si une thèse est juste, son contraire doit être tenu pour faux et répudié. Par exemple, on ne peut en même terrps prétendre que Jésus-Christ corporellement ressuscité et qu’il ne l’est pas. C’est l’un ou I autre. Il n’y a pas de conciliation, de synthèse possible.
Vouloir faire cohabiter des positions qui s’excluent, c’est aller contre la logiquE de l’esprit humain tel que Dieu l’a créé, briser l’unité de la vérité et attenter à son caractère absolu.
La vérité n’est pas ambigùe, trouble, double. Les oppositions logiques, thèse-antithèse (bien-mal, vérité-erreur. etc…) doivent être maintenues, sinon l’on tombe dans la déraison. La synthèse, comme outil servant àconcilier les contraires, est à rejeter.
La défense passionnée du caractère absolu de la vérité a naturellement amené Schaeffer à dénoncer le Néo-Modernisme, à cause de son relativisme en matiére de foi, et la fausse unité oecuménique avec son amalgame de groupes hétérogènes et de positions doctrinales divergentes.
La où la synthèse est reine, le pluralisme jouit de toutes les faveurs.

Le combat dans le domaine philosophico-théologique.

Pour répondre au désarroi des esprits, particulièrement de la jeune génération en pleine dérive intellectuelle et morale, Schaeffer s’est attaché à rétablir des points de repère précis par rapport à Dieu. Face àl’athéisme, il insiste sur l’existence objective de Dieu attestée dans la création et la réalité humaine dans ce qu’elle a de spécifique et d’unique par rapport au reste du monde créé: la personnalité. Dieu n’est pas la projection de notre pensée ou le produit de notre imagination. « Il est réellement là. »
En plus, il s’agit d’un Dieu personnel, et non d’un principe abstrait, vague et distant, jouant le rôle de cause première. Nous n’avons pas affaire au dieu impersonnel des déistes, mais au Dieu tri-personnel de ‘Ecriture, Père, Fils et Saint-Esprit.
Ce Dieu-Personne – source et explication de notre propre personnalité – aime et communique. Il y a amour et communication au sein de la Trinité. Ce Dieu personnel est donc proche de l’homme – la barrière créée par le péché mise à part – capable de communiquer, de parler, de se révéler à sa créature.
Puisqu’il n’est ni lointain, ni muet, on peut le connaître.

L’agnosticisme n’a pas de fondement. Dieu n’est pas une énigme indéchiffrable. On ne peut le saisir d’une façon exhaustive, mais en tout cas substantielle. Schaeffer ne s’est pas lassé d’affirmer la rationalité et l’intelligibilité de la révélation biblique.
Mais, attention! Ce Dieu personnel est infini. Créateur de toutes choses, il ne se confond pas avec la création. Il transcende l’ordre entier des choses créées et des créatures. Voilà un coup mortel porté au panthéisme, si àla mode aujourd’hui dans notre Occident paganisé.

Que Dieu ne se confonde pas avec l’univers ne signifie pas, toutefois, qu’il soit absent de sa création. Enfermer celle-ci dans un système clos de lois naturelles, c’est avoir une vision purement mécaniste de l’univers, en exclure Dieu. Schaeffer rejette le naturalisme. Dieu est présent et agissant dans la création. Il peut y intervenir directement quand il veut et comme il veut, sans être prisonnier de l’agencement habituel des rapports de cause à effet.
Ceux qui ne conçoivent pas que Dieu puisse « mettre sa main dans la machine », qui restent au niveau du visible et du naturel, n’ont que la moitié de la réalité, « la moitié de l’orange ».
Maître de la création, Dieu l’est aussi de l’histoire, dans laquelle il agit par sa providence, ses miracles, ses délivrances et ses jugements. L’histoire, qui obéit àson plan et qui marche vers une fin conçue par lui, ne peut donc être ramenée au jeu des facteurs horizontaux d’ordre social, économique, politique, militaire. Le sens de l’histoire, qui relève de Dieu, dépasse toutes ces causes secondes. Le matérialisme historique est faux.
Enfin, l’action de Dieu dans l’histoire manifeste son caractère, la sainteté. Celle-ci constitue la loi morale de l’univers, le fondement sur lequel les absolus moraux reposent.
En vertu de l’existence objective du Dieu personnel et infini – origine de toutes choses – et en vertu de son caractère – la sainteté – il est possible d’échapper à la dérive intellectuelle et morale à laquelle je me suis référé plus haut.
La vie humaine, en tant que telle et en elle-même, n’est pas dépourvue de signification. L’absurdité et le désespoir ne sont pas, comme l’existentialisme voudrait nous le faire croire, inhérents à notre condition d’hommes, mais le résultat de la chute originelle etdes multiples séparations qu’elle a provoquées, à commencer par la séparation de l’homme d’avec Dieu.

Que l’homme retrouve, par la foi en Jésus-Christ crucifié et ressuscité – l’auteur d’une parfaite rédemption – Celui qui est à la fois son Créateur et sa fin dernière, et la plénitude de sens attachée à son existence lui apparaîtra aussitôt et deviendra sa possession.
Du même coup, les absolus moraux qui doivent guider sa conduite et auxquels sa conscience rend témoignage (cf. Rom 2.14,15), s’offriront à lui avec toute la netteté désirable dans l’Ecriture. Il sera délivré de l’amoralisme et connaîtra la beauté d’une vie sainte.

Peut-être suffit-il maintenant de dégager les lignes de force du combat de Francis Schaeffer sur les autres plans. Je serai donc très succinct.

Le combat dans le domaine de l’anthropologie

Tout en maintenant avec beaucoup de soin l’historicité de la chute et ses conséquences immenses pour l’homme – dans sa quadruple relation avec Dieu avec lui-même, avec le prochain et avec la nature – Schaeffer a lutté contre une dévaluation de l’homme en tant qu’homme. Bien que pécheur, il reste grand, « car il retient quelque chose de l’image de Dieu ». La chute, si dramatique soit-elle, n’a pas fait de lui un zéro, ne l’a pasamené àêtre moins qu’un homme. Ainsi, il reste unique par rapport au reste de la création, un être responsable, capable de choix, capable d’influer sur le cours de l’histoire.
Cet accent sur la grandeur et la valeur de l’homme se justifie pleinement face à ce que le déterminisme (chimique, biologique, psychologique) tend à faire de l’homme: un être irresponsable, un simple rouage de la machine cosmique. C’est au nom de la grandeur de l’homme comme créature faite à l’image de Dieu, au nom du caractère sacré de la vie humaine, que Schaeffer a mené un combat acharné contre l’avortement, l’infanticide, l’euthanasie.
Son « humanisme », vraiment biblique, est absolument oppose à l’humanisme séculier qui glorifie l’homme autonome. I Pour Schaeffer, l’autonomie – la volonté d’être sa propre loi -constitue l’essence du péché.

Le combat dans le domaine de l’expérience religieuse

Le mysticisme diffus de notre époque, qui flotte dans le vide, sans le support objectif de faits rédempteurs inscrits dans l’histoire, d’une révélation en corrélation avec ces faits et les expliquant, d’une doctrine claire et substantielle proposée à l’homme avec toutes ses facultés – y compris son intelligence – ce mysticisme, ce subjectivisme Schaeffer le qualifiait « de bannière sans contenu », ou « de foi en la foi ».
La vraie foi n’est pas un saut dans le vide, le noir, l’irrationnel. La foi n’implique pas le sacrifice de l’intelligence, de la raison…
(Ce qui mène au sacrifice ou à la démission de la raison, c’est le rationalisme, le culte de la raison. Quand la raison s’affranchit de la soumission à la révélation de Dieu, elle marche nécessairement vers la perte de la rationalité. Le prix de l’autonomie orgueilleuse, c’est l’irrationalisme.)
La foi digne de ce nom fait appel à l’intelligence, car la révélation biblique n’exige pas que l’homme croie sans réfléchir. Elle provoque et nourrit sa réflexion. Même si cela peut sembler à certains paradoxal, elle demande à l’homme de réfléchir plus profondément.

Le combat dans le domaine de la sotériologie
(doctrine du salut)

Schaeffer a très bien montré que la notion de salut et la doctrine du salut ne prenaient tout leur sens que dans le cadre d’un enseignement bien étayé sur le Dieu créateur. Les premiers chapitres de la Genèse sont les prémisses nécessaires au dèveloppement de la doctrine du salut en Christ. Ils n’ont pas un caractère mythique ou symbolique. Ils rapportent des faits historiques.
Leur historicité est amplement confirmée par le Nouveau Testament.
La vision que Schaeffer a du salut, basé sur l’oeuvre parfaite de rédemption accomplie par Jésus-Christ dans l’histoire, n’est pas étriquée. Son combat vise à élargir nos conceptions. Le salut acquis par la mort expiatoire et substitutive et la résurrection corporelle de Jésus-Christ, pour tous ceux qui croient, n’apporte pas simplement la libération de sentiments de culpabilité (plan psychologique), mais d’une réelle culpabilité devant le Dieu saint (plan moral), que notre péché a offensé et sous la colère duquel nous sommes tous par nature. (La note du jugement est très forte et très présente dans l’oeuvre de Schaeffer.)
D’autre part, le salut a un caractère total: il embrasse la justification et la sanctification, l’âme et le corps, qui ressuscitera et sera glorifié (Schaeffer rejette toute tendance « platonicienne » de mépris du corps et de la matière), l’homme et le cosmos (entraîné dans l’anormalité par la faute de l’homme, mais devant aussi participer de sa restauration, cf. Rom 8.18-25), la vie privée et la vie sociale, nos relations humaines ayant aussi besoin de guérison.
Enfin, en rupture avec un certain piétisme, Schaeffer n’a pas ignoré une dimension du salut trop souvent négligée, à savoir le salut de notre culture. Il a bataillé jusqu’au bout, et avec une énergie croissante, pour que les chrétiens soient vraiment « le sel de la terre et la lumière du monde », qu’ils sortent de leur ghetto – une spiritualité exclusivement orientée vers les réalités éternelles – et S’opposent sur le terrain à la marée de l’humanisme séculier.

Engagé lui-même à fond dans ce combat, Schaeffer, toujours lucide et biblique, ne croyait pas à un salut massif de la société. Mais il estimait, avec raison, que les chrétiens ne doivent pas abandonner les affaires de la cité et de la nation aux humanistes athées, et que l’influence salvatrice du christianisme doit aussi se faire sentir sur la culture. Le baume de ‘Evangile peut aussi et doit aussi étendre ses effets à notre société malade.

Le combat dans le domaine de l’ecclésiologie
(doctrine de l’Eglise)

Sur ce plan, Schaeffer a été le champion d’une orthodoxie multidimensionnelle exigeante. Il a plaidé pour la pureté de l’Eglise en matière de doctrine et de vie. Ses pages sur l’adultère spirituel et l’apostasie sont émouvantes. Schaeffer rejetait tout compromis. Il était jaloux de la sainteté de Dieu et de l’intégrité de la foi. Il admettait pleinement la nécessité d’une discipline ecclésiastique. Il a plaidé pour la mise en place de structures vraiment bibliques (« The Church at the End 0f the 2Oth Century »), tout en reconnaissant sagement une marge de liberté. L’orthodoxie de la doctrine, de la vie, des structures, ne lui suffisait pas.
Il voulait encore « l’orthodoxie de la réalitécommunautaire », c’està-dire la pleine manifestation de l’amour chrétien au sein de ‘Eglise. Il nous rappelle, dans « La Marque du Chrétien », que « l’apologétique finale (du christianisme)… c’est l’amour visible entre les vrais chrétiens », p. 21. Cette réalité communautaire, il l’a pleinement vécue lui-même, et de longues années, depuis la fondation de la communauté de l’Abri. La Croix était au centre de sa vie comme au centre de son message.

Le combat dans le domaine de l’inspiration des Ecritures.

Adversaire irréductible de la relativisation du concept de vérité, Schaeffer a été, comme les réformateurs, un homme de la Parole. Il n’a jamais admis que l’on porte atteinte à l’intégralité de la vérité biblique. Il a maintenu fermement, face au NéoModernisme et même au sein du monde « évangélique », la pleine inspiration et l’inerrance des Ecritures. Il n’acceptait pas de dichotomie entre le message de la Bible et l’historicité des récits bibliques ou encore l’exactitude des faits d’ordre scientifique. Pour lui, la Bible était absolument crédible en tout et à tous les niveaux.
Au Congrès de Lausanne, en 1974, il a lancé un vibrant appel pour un retour à une conception sans faille de l’inspiration des Ecritures (cf. « Impact et Crédibilité du Christianisme », p. 49 à52).
En hommage personnel à cet homme de Dieu dont j’ai beaucoup reçu et beaucoup appris, j’aimerais dire, dans ses propres termes, qu’il a eu « une vision limpide de l’importance de la vérité, et une pratique limpide de cette vérité » (« La Mort dans la Cité », p. 60).

Paul-André DUBOIS

Directeur de l’Ecole
Biblique de Genève

Tire du « Témoin » n0 5, sept-oct. 84, organe bimestriel de l’Action Biblique, avec autorisation.

Communication

Les articles traitant le thème « Foi et Science » dans le n0 70, en particulier l’évolutionnisme, ont rencontré un vif intérêt. Les extraits du livre passionnant « INSOLITE », ainsi que son commentaire dans la chronique des livres, ont trouvé un écho trés favorable. Cet ouvrage dont l’auteur est le savant bien connu, M. Jean Taubenberg-Savoy, biologiste et ornithologue, peut être commandé exceptionnellement àl’adresse PROMESSES, soit en France, soit en Suisse, ou alors directement chez l’auteur: Case postale 24, CH-i 897 LE BOUVERET. (Prix de l’ouvrage: 80 FF ou 30 FS).

En France les pâtisseries et confiseries sont ouvertes le dimanche, car les Français sont des gourmands de première, ils veulent leurs croissants chauds et leurs pâtisseries fraîches du jour.

Le plus gros chiffre d’affaires se réalise le dimanche. Alors, un chrétien pâtissier doit se battre pour faire admettre à ses clients que ce jour est le jour du Seigneur et qu’il passe avant la gourmandise et l’argent. Ses clients ne se privent pas de ridiculiser une attitude de ce genre.

Pendant trois années, je me suis battu pour cela, cherchant toutes les solutions au problème. Pourtant, une seule était la bonne, car le Seigneur veut nos prémices.

Dans la plupart de nos pays européens, le dimanche est le jour du rassemblement des chrétiens pour célébrer le culte et le repas du Seigneur. C’est le partage du pain de vie et du vin qui signifie notre purification, la coupe de l’alliance nouvelle et éternelle établie par notre Sauveur Jésus-Christ. Ce repas est pour moi bien plus impor­tant que de gagner de l’argent en satisfaisant les gourmands de petits pains chauds.

Nous avons décidé, mon épouse et moi, de fermer boutique le dimanche, ceci en pleine saison 1982. Avec la ferme assurance que cette parole de Paul: « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? » est une promesse de Dieu, nous avons saisi par la foi que Dieu pourvoirait à nos besoins tous les jours de notre vie, de sorte que, mème si nous perdions une petite partie de notre clientèle, ce n’était pas le plus important. Nous pouvions bien faire ce a pour notre Sauveur mort sur une croix pour nos péchés, nous qui ne méritions rien, misérables avant de le connaître. Et cela en vaut à peine, car dans la semaine suivante, le Seigneur répondit d’une manière inattendue et surpre­nante. « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Cor 12.10).

Voici comment le Seigneur répondit: Un coup de téléphone; je décroche; au bout du fil, mon concurrent le plus direct me demande de reprendre sa clientèle de demi-gros qu’il livrait le vendredi et le samedi, vu que lui-même s’arrêtait pour diverses raisons. Je fus tout d’abord abasourdi; puis je compris que la main de Dieu agit pour ceux qui lui font confiance dans les plus petites choses comme dans les grandes. Notre chiffre d’affaires de la saison 82 fut le double de nos prévisions. Nous remercions Dieu par Jésus-Christ, qui intercède pour tous ceux qui se confient en lui. Dieu est un Dieu jaloux, il veut que nous lui donnions nos prémices, ne l’oublions pas. Le Sei­gneur est bon et vivant. Ce que nous avons vécu en est la preuve.

J. S. T.


Note de la rédaction: Nous transmettons ce témoignage à nos lecteurs pratiquement tel que nous l’avons reçu, avec toute la fraîcheur de sa spontanéité.


L’installation du leader


Nous resterons dans la situation d’un groupe homogène, c’est-à-dire composé de personnes ayant des préoccupations à peu près analogues et dont elles peuvent librement discuter.
Il n’est pas inutile de rappeler l’importance de la famille chrétienne que Dieu nous a donnée. Nous avons devant les yeux l’exemple des premiers chrétiens, qui faisaient quotidiennement l’expérience de la vie de groupe (voir Act 2.44; 4.32). C’est dans ce cadre que le leader a été choisi. Il a l’autorité dans le groupe et exerce son rôle en harmonie avec lui (voir PROMESSES No. 71). Evidemment que le fait d’ètre investi de l’autorité n’est pas unefin en soi. Il y a un objectif qu’il convient maintenant de définir.

Le rôle du leader

Bien entendu que le groupe connaît bien le chef qui est issu de ses rangs et réciproquement, mais il est plus difficile de prévoir si, malgré cette harmonie, le tandem groupe-leader sera fructueux à long terme.
Un pasteur nouvellement arrivé en poste dans une église essayera d’abord de gagner la confiance de ses paroissiens; mais sa préoccupation principale sera de prendre connaissance des besoins réels, profonds, parfois inexprimés de chacun. Cette connaissance amène le leader àmener le groupe d’une manière qui soit propice à son épanouissement. L’un des critères qui révèle si le leader garde son autorité dans un groupe qui progresse, demeure la constatation qu’il y a des relations détendues et joyeuses, toujours plus riches, entre chacune des personnes qui composent le groupe.
Le chef mène donc l’ensemble, non pas selon sa fantaisie, mais selon le discernement qu’il a de chacun dans le groupe, besoins qu’il cherche à combler de son mieux. Si le leader s’appuie sur son autorité, ce n’est jamais pour faire ce qu il veut, mais pour promouvoir l’avancement de chacun. Sa manière de faire est à l’opposé de cette maladie du pouvoir qui fait du chef un usurpateur du pouvoir sans autorité authentique, dont le but est l’autosatisfaction en faisant du groupe la caisse de résonance de ses propres convictions. Il y a manipulation. C’est de la tyrannie!
Par contre, le vrai leader possède des qualités d’abnégation et d’acceptation de l’autre qui, unies à ses propres capacités connues par le groupe, font de lui un pédagogue. La position de conducteur, donc d’autorité, ne saurait faire l’objet d’une convoitise, vu qu’il s’agit en réalité d’une lourde responsabilité, a savoir la charge de mener le groupe. Le leader ne règne pas sur un troupeau, il le fait paître: l’image bibliqe a toute sa dimension, vue sous cet angle.

Les qualités du leader-pédagogue

Dans la mesure où le leader a accepté que son rôle est vraiment celui d’un pédagogue, bien des choses se mettent tout naturellement en place.
Les attitudes réciproques qui peuvent favoriser les relations entre le leader et son groupe ne devraient pas faire problème. Je n’en nommerai que quelques-unes: respect de l’autre, disponibilité, compréhension facilitant la communication. Ces dispositions favorisent le climat harmonieux d’édification et d’épanouissement dans le groupe.
Mais le plus important pour le pédagogue, c’est de réaliser son objectif: faire faire à chacun un bout de chemin en vue de son développement complet. Il n’y a là rien d’écrasant: au contraire, la croissance habilitera l’autre à devenir chef à son tour.

La finalité de l’exercice de l’autorité

Le leader devient un authentique pédagogue le jour où, d’une façon implicite ou réelle, il veut assurer sa succession, sachant qu’il n’est pas le seul à pouvoir être à la place qu’il occupe. Les relations que le chef cherchera à stimuler au sein du groupe sont celles qui permettront àchacun de progresser; elles ont donc un but pédagogique. Ainsi, le chef laissera faire par d’autres ce qu’il serait capable de faire lui-même, et parfois mieux…
C’est loin d’être une transmission!
Le jour vient où, gardant intactes toutes ses qualités et capacités, le leader-pédagogue se sent appelé à retourner dans les rangs du groupe pour laisser sa place à un autre



Voici ma conclusion: en analysant ce qui précède à la lumière de votre groupe, pensez-vous qu il soit déraisonnable d’imaginer que le processus qui vient d’être décrit puisse avoir lieu dans votre communauté, dans votre église ?

(à suivre)
Bernard COUSYN


Plus et mieux que tout autre texte du NT, Hébreux 7 décrit l’importante fonction du sacrificateur, comme indispensable intermédiaire entre Dieu et les hommes. Le début du chapitre (v. 1-10) insiste sur Melchisédec préfigurant le Fils de Dieu dans ce rôle. Latin (v. 11-28) fait éclater la supériorité de notre Seigneur comme souverain sacrificateur, sur tous ceux d’autrefois qu’il remplace désormais, dans l’ordre nouveau inauguré par sa résurrection.

1. Hébreux 7.11-19: Christ évince Aaron et la foi

En Héb 5.1-10 déjà, la comparaison avec Aaron a souligné la supériorité de Christ, dans le service de souverain sacrificateur. Maintenant apparaissent 4 changements apportés par lui dans les relations de Dieu avec son nouveau peuple, l’Eglise.
1.1. Changement de sacrificature (v. 11)

L’ancienne sacrificature, celle d’Aaron et ses fils, a mis en évidence les exigences de Dieu et le moyen de s’approcher de lui. Mais elle n’était que provisoire et figurative, ni complète (« parfaite »), ni définitive. Déjà l’AT lui-même annonçait son remplacement (Ps 110.4).

1.2. Changement de loi (v. 12)

Puisque la sacrificature devait changer, la loi de Moïse, qui l’avait instituée, elle aussi devait faire place à une nouvelle base des relations de Dieu avec l’homme. La loi ne procurait pas la justice au pécheur; il fallait pour cela la mort du Christ (GaI 2.21).

1.3. Changement de tribu (v. 13-14)

En libérant Israël de l’Egypte, Dieu voulait s’en faire tout un peuple de sacrificateurs (Ex 19.6). Par la suite, ce service privilégié revint à la seule tribu de Lévi (voir Ex 32.26, Deut 18.1-2).
Né de la tribu de Juda, Jésus ne pouvait pas exercer la sacrificature lévitique sur terre (Héb 8.4) sans violer la loi de Moïse. Il ne pouvait entrer dans le rôle de sacrificateur que par la résurrection.
En lui, désormais, tout membre de l’Eg lise devient sacrificateur (Héb 13.15 ; 1 Pi 2.5,9). Ainsi s’accomplit enfin le voeu initial du Dieu d’Israël.

1.4. Changement de sacrificateur (v. 15-17)

Comme notre « grand souverain sacrificateur » (Héb 4.14), Jésus apparaît maintenant:
– à la ressemblance de Melchisédec, sans filiation terrestre (par la résurrection), ni prédécesseur quelconque dans ce service
– installé dans cette fonction: non en vertu d’une loi, qui fait appel àl’obéissance de l’homme pour se trouver accomplie; mais en vertu de la puissance de sa résurrection, dans une vie impérissable, hors de la présente création où tout passe.

1.5. Conclusion (v. 18-19)

Dans le rôle de chemin menant à Dieu, la loi de Moïse fut plutôt un obstacle, en montrant à l’homme pécheur qu’il est incapable de remplir les exigences posées, rien que par les 10 commandements déjà (Ex 20.1-17). Face à cette faillite de l’homme, la loi faisait désirer quelqu’un qui soit capable de l’accomplir à la place du pêcheur. Elle conduisait ainsi vers le Christ (GaI 3.24).
C’est pourquoi Dieu abroge ce commandement, pour nous qui croyons en celui qui a accompli ce qui nous était impossible à réussir (Act 15.10; Col 2.14). Ainsi seulement, mais alors pleinement, nous pouvons nous approcher de Dieu, par l’espérance « meilleure » placée en Christ, notre nouveau souverain sacrificateur.

2. Hébreux 7.20-28: Christ, parfait sacrificateur

Toujours d’après Ps 110.4, la fin du chapitre établit la perfection de Christ comme souverain sacriticateur, gràce à ses vertus propres, et par comparaison avec la sacrificature lévitique, désormais remplacée pour tout chrétien, en ce qui concerne le moyen d’approcher Dieu. En revanche, la loi de Moïse conserve intacte sa valeur intrinsèque (Rom 7.12).

Bases de comparaison     Sacrificateurs lévitiqes
(ancienne alliance)
    Christ, notre souverain
sacrificateur (nouvelle alliance)
 
1. Consécration au service :   sans serment (v. 21)   avec serment (v.21)
(cp. 6.13-17)
Remarque:
La royauté universelle terrestre est promise au « Fils » par décret (Ps 2.7-9), la sacrificature par serment, mais toutes deux en rapport avec sa résurrection (Ps 2.7 ; Héb 5.5).
 
2. Alliance:   ancienne, appelée à disparaître (8.13)   meilleure, garantie par Jésus (v. 22)
3. Nombre:   plusieurs (v. 23)   un seul (v. 24)
4. Nature:   mortels (v. 23)   toujours vivant (v.25)
5. Sacrificature:   transmissible   intransmissible(v. 24)
6. Qualifications:   sanctifiés (cf. Lév 8-9)
coupables (v. 27)
souillés (Zach 3.4)
parmi le peuple (5.1)
sur terre
  saint par nature (v. 26)
innocent
sans souillure,
séparé des pécheurs
élevé (cp. 8.4)
7. Sacrifices:   nombreux (v. 27)
chaque jour
(cf. Lév 9.7 1 6.6)
  « une fois pour toutes »
(v. 27 ; 9.12 ; 10.10)
(cf. 1 Jean 2.1-2)
8. Origine:   loi de Moïse (v. 28)   parole de serment (v. 28)
9. Personnes:   hommes limités (v.28)   Fils parfait (v. 28)
10. Durée:   leur temps (v.23)   éternité (v.28)


3. Réflexion et conclusion


Au terme des comparaisons de Jésus-Christ avec ses illustres devanciers, honorés en Israël,
– nous apparaît-il vraiment plus grand que tous ?
– est-il devenu, à nos yeux, plus que le crucifié qui a donné sa vie pour nous ?
– l’aimons-nous vraiment plus et mieux ?
– comment et quand le lui montrerons-nous ?
Que la vie de chacun des siens apporte au Seigneur la réponse convenable.


Jean Chopard




Vu que les commandements de Dieu sont l’ordre même de la création, et que cet ordre est un reflet de la sagesse de Dieu, et vu que l’homme lui-même a été créé à l’image de Dieu et que cette image, quoique maintenant déformée par le péché, n’a pas été abolie par la chute, nous devons affirmer que le témoignage de la loi de Dieu est inscrit dans la conscience de tout homme. Tous les hommes de toutes les époques sont placés sous la juridiction de Dieu, sont responsables de leurs actes devant le tribunal de Dieu et devront en rendre compte devant la loi de Dieu.
« Comme ils (les hommes) n’ont pas jugé bon d’avoir la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à une mentalité réprouvée, pour commettre des choses indignes: ils sont remplis de toute espèce d’injustice, de méchanceté, de cupidité, de perfidie… Et, bien qu’ils connaissent le décret de Dieu, selon lequel ceux qui pratiquent de telles choses sont dignes de mort, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les pratiquent » (Rom 1 .28-32).
Le juste jugement de Dieu s’exercera sur les oeuvres des hommes, car tous les hommes sont responsables de leurs actions devant Dieu. La conscience que Dieu a inscrite dans leur nature leur fait clairement distinguer le bien du mal.

Depuis la chute, cette conscience du bien et du mal en l’homme est partiellement obscurcie par le péché originel, qui a faussé l’exercice de toutes les facultés humaines. Néanmoins, ce témoignage de la conscience de l’homme à la loi de Dieu demeure. Par les effets néfastes sur sa conscience de ses nombreux péchés personnels, l’homme travaille constamment, et de façon progressive, à étouffer le témoignage que rend sa conscience à la loi de Dieu. Plus il pèche, plus il obscurcit cette lumière en lui. Mais, répétons-le, ce témoignage ne peut jamais être aboli, même par le pire des endurcissements. L’endurcissement du coeur des pécheurs est variable, comme nous l’indiquent les différents terrains de la parabole du semeur. Tous sont pécheurs, mais tous n’ont pas commis les mêmes péchés avec la même fréquence. Ainsi, suite au péché originel et aux péchés personnels des hommes, a conscience de l’homme ne peut être considérée comme un juge infaillible pour discerner la différence véritable entre le bien et le mal. Il lui faut une règle extérieure à lui-même. L’impératif catégorique de Kant, qui est finalement subjectif, n’est jamais suffisant pour définir ce qui est bien et ce qui est mal. (1)

La volonté de l’horr me, elle aussi, a subi les conséquences du péché. Depuis la chute, les hommes séparés de Dieu sont tous esclaves de Satan. Ils appartiernent à son royaume. Mais cela ne veut pas dire que l’homme soit entièrement incapable du moindre bien. Jésus ne disait-il pas à ses disciples: « Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants… » (Mat 7.11)?
Il ne niait ni la méchanceté foncière des hommes, ni leur capacité d’accomplir de bonnes actions. Mais les bonnes actions que nous pouvons tous accomplir ne sont guère suffisantes pour nous rendre justes devant Dieu. Un seul est bon, parfaitement bon: c’est Dieu (Mat 19.17). Et un seul est juste, Jésus-Christ. Fils de Dieu depuis toujours, dans son incarnation il fut pleinement homme, toutefois sans le péché (2 Cor 5.21). Le moindre péché nous rend impurs devant la sainteté de Dieu.

« Car quiconque observe toute la lot mais pèche contre un seul commandement, devient coupable envers tous » (Jac 2.10).
Il serait cependant faux d’affirmer que l’homme pécheur, irrégénéré, sous la condamnation de Dieu, soit incapable de tout bien. Paul, qui insiste si souvent sur la culpabilité devant Dieu de tous les hommes, affirme le contraire de manière parfaitement claire dans sa lettre aux chrétiens de Rome:
« Quand les païens, qui n’ont pas la loi, font naturellement ce que prescrit la loi – eux qui n’ont pas la loi – ils sont une loi pour eux-mêmes; ils montrent que l’oeuvre de la loi est écrite dans leurs coeurs; leur conscience en rend témoignage, et leurs raisonnements les accusent ou les défendent tour à tour » (Rom 2.14-15).
Tous ont péché, toutes les facultés de l’homme sont corrompues, mais cette corruption de l’homme n’est jamais totale. Même si la créature est viciée par la chute, même si ses conceptions sont faussées, l’homme garde cependant ses facultés. Dans sa bonté, Dieu fait encore pleuvoir sur les bons et sur les méchants. Par sa parole puissante, Jésus-Christ soutient encore toutes choses (Héb 1.3). C’est Dieu qui assure à tous la vie, le mouvement et l’être (Act 17.28). Toute la création est en effet dans la main du Seigneur du ciel et de la terre. C’est pour cela que le psalmiste peut s’écrier:
« Tous les animaux mettent leur espoir en toi,
Pour que tu leur donnes leur nourriture en son temps.
Tu la leur donnes, et ils la recueillent,
Tu ouvres ta main, et ils se rassasient de biens.
Tu caches ta face: ils sont épouvantés;
Tu leur retires le souffle; ils expirent
Et retournent à la poussière.
Tu envoies ton souffle: ils sont créés,
Et tu renouvelles la face du sol »
(Ps 104.27-30).

Mais la connaissance naturelle de la loi de Dieu, connaissance propre À tous les hommes est par elle-même entièrement incapable de les conduire au salut. La volonté de Dieu pour nous est que nous soyons parfaits comme lui (Lév 19.2; Mat 5.48; 1 Pi 1.15-16). Cette perfection est totalement inaccessible a l’homme pécheur. En Christ, elle nous est accessible par la foi, foi qui a pour conséquence que la perfection du Seigneur nous est imputée gratuitement. Par la foi, nous avons accès à l’obéissance sans faille du Fils de Dieu fait homme pour notre salut. Et c’est par la foi que nous vivons jour après jour de cette justice que nous trouvons en Christ.

Si l’homme pécheur ne peut échapper au témoignage que rend sa conscience à la différence absolue entre le bien et le mal, qu’en est-il du chrétien? Tout chrétien a reçu le Saint-Esprit (Rom 8.9; Act 5.32), qui a comme tâche de le conduire dans toute la vérité (Jean 16.13). En conséquence, la conscience du chrétien lui fera discerner la différence entre le bien et le mal bien plus clairement que celle du païen. Pour celui qui est en Jésus-Christ, la prophétie de Jérémie (31 .33) est pleinement accomplie; voici comment elle est citée dans Héb 8.10:
« Or voici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël,
Après ces jours-là, dit le Seigneur:
Je mettrai mes lois dans leur intelligence,
Je les inscrirai aussi dans leur coeur;
Je serai leur Dieu,
Et ils seront mon peuple ».

Mais, bien plus encore, la volonté de l’homme pécheur, volonté qui était esclave du péché et de Satan, est maintenant renouvelée, restaurée, libérée, de sorte que l’enfant de Dieu peut désormais marcher dans la justice de Dieu en obéissant à la loi de Dieu.
« En effet, la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a libéré de la loi du péché et de la mort. Car – chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force – Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair; et cela, pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit » (Rom 8.2- 4).

Le chrétien ne sera jamais sans péché ici-bas, et il devra toujours revenir au pied de la croix pour demander au Christ le pardon de ses péchés (1 Jean 1.8-10). La perfection ne sera son lot que lors de la résurrection du corps. Alors le chrétien sera entièrement dépouillé de cette puissance de la chair, de cette vieille nature qui continuellement l’incite à pécher. Mais, par la foi au Christ, par la puissance de l’Esprit de Dieu qui habite en lui, le chrétien peut marcher de progrès en progrès. Avançant sur le chemin de la sanctification, il peut accomplir la justice de Dieu et entrer dans ces oeuvres préparées pour lui par Dieu avant la création du monde.

Jean-Marc Berthoud

(1) Kant entend par « impératif catégorique » le commandement absolument obligatoire de la loi morale, commandement qui est inconditionnel, donc indépendant de toute situation sociale.


Nombreux sont ceux que l’enseignement de F.A. Schaeffer a touchés profondément. C’est pour moi un privilège et une joie de pouvoir évoquer en cette occasion solennelle et émouvante certains aspects de son ministère, qui fut à bien des égards, prophétique. Les réflexions qui suivent seront accompagnées de citations bibliques afin de souligner la permanence et l’actualité de la sagesse divine.

Nous considérerons d’abord le début de la Genèse (« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre« , Gen 1.1) que nous rapprocherons du prologue de Jean (« Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu« , Jean 1.1,2). Lorsque j’ai rencontré Francis Schaeffer, dans les années 64/65, je vivais un temps de crise existentielle, de perplexité intellectuelle et de recherche théologique. Curieusement, plusieurs années de théologie m’avaient conduit à douter de l’existence même de Dieu C’est malheureusement une expérience que bien des jeunes ont faite dans des facultés de théologie en Europe comme aux Etats-Unis. C’est à la fois un drame et un scandale. Bien des hommes et des femmes sont aujourd’hui athées, agnostiques ou sans espoir, parce qu’ils ont reçu un enseignement qui les a détournés de la vérité. Aussi, lorsque j’ai rencontré Francis Schaeffer, c’était à Lausanne sur un quai de gare, après une étude biblique qu’il avait donnée dans un café de la ville. J’ai été frappé par son humanité et sa compréhension. Notre entretien a duré environ deux heures; en face de moi j’ai trouvé un homme d’écoute. C’était exactement ce dont j’avais besoin. Confronté àune réalité que je ne comprenais pas et à une pensée qui me créait des difficultés, je me posais toute une série de questions. J’en étais arrivé à me demander si elles étaient sensées, car je n’y trouvais pas de réponses. Ce jour-là, j’ai compris que toute interrogation honnête mérite d’être prise au sérieux, même si elle charrie avec elle beaucoup de confusion. Ce fut le début d’un cheminement qui m’a permis de comprendre que pour réellement saisir l’oeuvre de Jésus-Christ, il faut d’abord reconnaître l’existence de Dieu. Si Dieu n’existe pas, objectivement, qui est l’homme, que cela signifie-t-il qu’il soit pécheur ? Si Dieu n’existe pas, quel sens donner àla mort et à la résurrection de Jésus-Christ, et que veut dire proclamer le salut en Jésus-Christ ? Je devais par la suite parvenir à une conviction renouvelée et approfondie de la présence de cet ultime vis-à-vis et de la divinité de Jésus, le Messie attendu. Je me souviens encore très précisément de cette expérience. Je me trouvais à Huémoz, au châlet « Béthanie ». Je parcourais du regard ce paysage grandiose, avec devant moi la vallée du Rhône et les Dents du Midi. Alors que je considérais tout ce que je venais d’étudier, tout à coup j’ai été persuadé que le début de la foi chrétienne, c’est le Dieu infini et personnel. Il est l’ultime réalité, le fondement et le créateur de toute chose. Cette certitude ne m’a jamais plus quitté!

Le deuxième passage que je voudrais lire et commenter se trouve dans la première épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 2, versets 6 à 16. « Cependant, c’est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n’est pas de ce siècle, ni des princes de ce siècle, qui vont être réduits à l’impuissance ; nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu avait prédestinée avant les sièclespournotre gloire; aucun des princes de ce siècle ne l’a connue, car s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Mais c’est, comme il est écrit: ce que l’oeil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, et ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. A nous, Dieu nous l’a révélé par l’Esprit. Car l’Esprit sonde tout, même les pro fondeurs de Dieu. Qui donc, parmi les hommes, sait ce qui con-i cerne l’homme, si ce n’est l’es-prit de l’homme qui est en lui? De même, personne ne connaît ce qui concerne Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin de savoir ce que Dieu nous a donné par grâce. Et nous en parlons, non avec des dis-cours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, en expliquant les réalités spirituelles à des hommes spirituels. Mais l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu; car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. L’homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n’est lui-même jugé par personne. En effet: qui a connu la pensée du Seigneur, pour l’instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ. » Ce passage m’est très cher. J’en ai discuté à l’Abri à plusieurs reprises par le passé. Il est d’une importance capitale, car il nous rappelle, entre autres, que, dans le monde, il y a confrontation entre deux sagesses, celle de l’homme, qui se veut la mesure de toute chose, et celle de Dieu, cet être infini et personnel qui nous communique sa pensée et qui nous fait connaître sa vision du monde.

Aujourd’hui encore, plus que dans les années soixante, nous avons besoin d’entendre ce message, d’être confronté à cette perspective-là. Car, plus que jamais, les hommes de notre temps, de notre génération, des années quatre-vingts, recherchent des réponses qui sont sans sagesse, sans intelligence. Elles relèvent de l’irrationnel, de la mystique, du domaine de la foi, mais d’une foi sans assise, qui a sacrifié la raison. Francis Schaeffer avait non seulement cette capacité de se mettre sur la même longueur d’onde que son prochain, créé à l’image de Dieu il avait aussi la passion de la vérité. Ce Dieu infini nous fait découvrir sa pensée, nous informe, et nous fait part de sa sagesse. Nous pouvons réellement connaître la vérité de Dieu avec notre intelligence, sans jamais pour autant l’épuiser. Encore faut-il s’ouvrir à sa parole et à l’action de son Esprit. Notre Dieu est un grand Dieu, c’est un Etre infini, personnel, qui se révèle à nous, qui nous communique sa pensée.

Le troisième passage qui retiendra un instant notre attention se trouve dans la deuxième épître aux Corinthiens. Je le reprends souvent à mon compte. La première fois que j’ai parlé en public à la Faculté de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence, c’est ce texte que j’ai commenté. Il résume toute une partie du ministère de l’Abri. « Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensee captive a l’obéissance du Christ » (2 Cor 10.3-5). Chaque chrétien est engagé dans un combat spirituel, il ne faut jamais l’oublier. Nous menons aussi un combat psychologique. Beaucoup d’hommes et de femmes aujourd’hui vivent une crise d’identité. Ils ont des problèmes personnels et psychologiques. Ils ont besoin de compassion et d’accompagnement afin de se refaire une « santé intérieure ». Mais nous ne pouvons pas en rester là. Nous avons à mener un combat intellectuel. Il ne nous est pas possible d’esquiver ce choc avec les pensées de notre temps ainsi qu’avec les faux raisonnements. C’est peut-être le combat le plus dur, le plus aride, qui laisse le plus de traces dans l’individu. Francis Schaeffer a eu le courage de mener ce combat des idées. S’il ne l’avait pas mené, je ne serais sans doute pas ici à vous parler. Ce débat est fondamental. Depuis plus d’un siècle, l’Eglise évite plutôt cet affrontement. Or, que nous dit l’apôtre Paul ici? « Nous renversons les raisonnements et toute hauteur », les idéologies et l’orgueil de l’homme autonome qui s’élève contre la connaissance de Dieu lui-même. En fait, cette affirmation prolonge ce que j’ai dit sur la sagesse. Il existe une dimension polémique dans la proclamation de ‘Evangile. Puissions-nous ensemble, dans l’amour et la compassion, continuer comme le Seigneur le voudra, ce même combat, afin que Jésus-Christ devienne aussi la boussole de notre pensée.

Je terminerai ces quelques réflexions par une exhortation de l’épître aux Hébreux: « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu; considérez l’issue de leur vie et imitez leur foi » (13.7). On pourrait aussi traduire la dernière phrase ainsi: « Le résultat de leur conduite, ou l’aboutissement de leur conduite ». Ce fut le texte de la méditation lors de l’ensevelissement de mon père, pasteur. A un moment précis de mon existence, Francis Schaeffer a été non seulement un frère dans la foi, mais aussi un père spirituel. Jésus-Christ veut être le Seigneur de notre vie tout entière, de notre vie spirituelle, psychique et intellectuelle. Il veut régner dans nos vies afin de les renouveler en attendant la plénitude de la gloire à venir. Pour ce faire, il nous donne des hommes et des femmes. Francis Schaeffer a été un de ces hommes. Il a été un exemple et un conducteur pour beaucoup d’entre nous. Il faut le reconnaître en toute simplicité et avec reconnaissance. C’est ce que je voudrais souligner en terminant ce bref exposé. Au sein même de sa faiblesse et de sa fragilité, au sein même de ses manquements et de ses errements, Francis Schaeffer fut un homme de foi, mais dont la foi reposait sur les promesses inébranlables de Dieu. De l’avis même de il ceux qui étaient auprès de lui, il a connu des luttes et des doutes jusqu’à l’article même de la mort. Pourtant, c’était un homme de foi, de foi authentique, celle qui s’enracine dans la vérité elle-même. Son amour dévorant de la Parole et de la Sagesse était la base de sa confiance en Dieu, en ce Dieu trinitaire: Père, Fils et Saint-Esprit. Puissions-nous ne jamais oublier qu’il n’y a pas d’orthodoxie doctrinale sans orthodoxie de pratique. C’est la condition de la réforme et du réveil que nous attendons dans lEglise de Jésus-Christ.

Pierre BERTHOUD
NOTICE BIOGRAPHIQUE

Né en 1943. Etudes théologiques Lausanne et au Covenant Seminary (St. Louis, USA). Assistant d’hébreu la Faculté Libre de Théologie Evangélique de vaux-sur-Seine. Collaborateur l’Abri de Francis Schaeffer (5 ans). Actuellement Doyen et Professeur d’A.T. la Faculté Libre de Théologie Réformée d’ Aix-en-Provence.