PROMESSES

HUMANISME ET MARIAGE

Au sixième jour, Dieu créa l’homme et la femme à son image. De la race de Dieu (Act 17.29), l’homme avait reçu la mission de dominer sur la terre et de prendre l’initiative pour laisser agir le génie créatif dont il fut doté, dans le respect de la pensée du Créateur (Gen 1.26-31 ;2. 18-20). Mais il lui fallait une aide semblable à l’homme, et Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme (Gen 2.22). Il avait donc pris une côte de l’homme, partie latérale de sa poitrine, pour former la femme, et non pas une partie de sa tète ou de ses pieds. Cette côte était près du coeur de l’homme. Le texte dans Gen 2.18-25 nous enseigne plusieurs vérités fondamentales sur le mariage :
– Il n’est pas bon que l’homme soit seul pour accomplir sa mission de gérer la terre. Cela implique toutes les sphères, comme par exemple l’économie, la politique, la culture, l’éducation, les arts, la science.
– Dieu tira la femme de l’homme. L’homme doit assumer sa responsabilité de chef du foyer pour subvenir aux besoins matériels et spirituels de la famille, dont la protection lui incombe.
– La femme est appelée à être la compagne de son mari. Il y a donc complémentarité dans la tâche que Dieu leur a confiée. Etant tirée de l’homme, elle partage sa nature, image et ressemblance de Dieu.
– L’homme quittera le foyer de ses parents pour s’attacher à son épouse. Il n’est pas question de concubinage ou de polygamie, mais de monogamie. Les relations sexuelles entre mari et femme constituent un merveilleux moyen de communication du couple, dont l’union est tellement forte que seule la mort physique peut la dissoudre.

Or la chute de l’homme en Genèse 3 nous révèle pourquoi la notion du mariage s’est si totalement dégradée à travers les siècles. Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes (Rom 5.12). Dieu voit dans ce seul homme le premier couple, Adam et Eve. Ils étaient solidaires dans leur désobéissance à Dieu, ayant cédé à la tentation suggérée par le diable. Dès lors, le sens moral de l’homme s’est enténébré, et il a toujours suivi sa propre voie sous l’influence de Satan. La description dans Rom 1.18-32 de l’homme n’écoutant que ses propres penchants est frappante. Il s’est totalement égaré. Puis l’ennemi lui a suggéré l’échafaudage des philosophies humanistes qui mènent l’homme à sa propre destruction.

Une des cibles visées par Satan est la destruction de la famille, destruction à laquelle des puissances occultes opèrent activement aujourd’hui.
En Suède, 53 %des jeunes de 18-21 ans vivent en union libre. Pourtant, il y a dix fois plus de séparations entre ceux qui vivent de cette façon qu’entre ceux qui sont mariés. Le taux de divorce dépasse un mariage sur deux.
« Entre 1973 et 1983, il y a eu un million de mariages de moins que prévu en France. Un changement brusque des valeurs morales a poussé environ deux millions de Français en âge de se marier à choisir une autre solution… Depuis une décennie, nous vivons, selon une spécialiste, « une vraie mutation sociologique, qui est en train de s’opérer à grande vitesse »… La diminution des mariages est en partie contrebalancée par l’augmentation très rapide des unions libres. A Genève, 60 % des mariages sont précédés d’une cohabitation. Il y a aussi de plus en plus de personnes qui vivent seules. Selon le recensement de 1982, 47,5 % des Parisiens sont seuls, et dans certains îlots du centre, il y a 70 %de personnes seules. 36 % de la population sont des célibataires, ce qui fait 12 millions de Français entre quinze et soixante-cinq ans qui vivent seuls. Le nombre de foyers où l’un des parents élève seul ses enfants a augmenté de 28,3 %entre 1975 et 1981 et atteint aujourd’hui 928 000 foyers. Malgré la propagation de la contraception, le nombre des naissances hors mariage a doublé entre 1960 et 1982. L’augmentation des unions libres devrait logiquement diminuer le nombre de divorces, mais c’est le contraire : les deux augmentent très vite et ensemble. En 1970, il y avait 37 000 divorces, et en 1980 plus de 90 000. Bientôt nous arriverons à un mariage sur trois qui se termine par un divorce, alors qu’il y a quinze ans, c’était le cas une fois sur dix » (1).

« L’Express », hebdomadaire tiré à plus de 600 000 exemplaires, consacre un article au « mariage libre » où il rapporte que « 400 000 couples vivent aujourd’hui en concubinage ». Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer cette « nouvelle morale », telles que la revendication d’une vie privée face à la société contraignante et envahissante, la peur du lendemain (le spectre du chômage), la montée du divorce devenu l’épouvantail, la prolongation de la durée de la vie, la peur du « mariage qui tue l’amour », le refus de l’engagement, l’envie de se préserver de l’emprise de l’autre et l’obligation de faire le ménage. « L’union libre n’est plus contraire aux moeurs, aujourd’hui ». Tel est le motif invoqué en 1970 par les juges de la Cour de cassation en France, qui condamnèrent une compagnie d’assurance à verser des dommages et intérêts à une femme qui avait perdu son compagnon lors d’un accident de la route (2). Chaque année, 30 000 adolescents fuguent en France, phénomène qui est dû en grande partie à de multiples difficultés dans les foyers (3).
Le livre terrible, « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… » est un reflet saisissant de notre société en décadence chargée de foyers brisés. La préface rédigée par Horst-Eberhard Richter est révélatrice à cet égard. « Souvent », dit-il, « ce sont les parents qui font porter aux enfants le fardeau de leurs propres conflits, soit même – le cas est fréquent – en les chargeant de les résoudre à leur place » (4). Ce récit est précisément celui d’une fillette issue d’un foyer désintégré.

Le mariage est tellement bafoué et désavoué que certains futurologues voient en lui une institution désuète remplacée par le mariage temporaire ou l’union libre. Ainsi, F.M. Esfandiary dit que « la famille elle-même commence à se désintégrer, que l’on le veuille ou non. Tout ce à quoi la famille pourvoyait, peut être obtenu maintenant hors du mariage satisfaction sexuelle, compagnie, amitié, soutien économique, même procréation… Dans le passé, la famille remplissait son but, mais aujourd’hui, elle est devenue un système de rupture et de destruction par-ce qu’elle nous donne une image figée des parents dont nous ne pouvons nous débarrasser. Il en résulte un sentiment de solitude à vie. Je nous vois avancer vers une sorte de famille globale, et je trouve cela une tendance bien saine… Je peux m’imaginer qu’en l’an 2000, les gens regarderont en arrière et diront: « Pouvez-vous imaginer cela ? Même dans les années 1970, il y avait encore des gens qui se mariaient ou avaient encore leur famille ou leurs propres enfants ». Les gens ne seront plus menacés. Ils ne penseront plus retourner à l’ancienne structure de famille » (5).
Dans un article traitant de la manipulation génétique dans « L’Express » du 6juillet 1984, son auteur se demande si les termes de « maternité, paternité, parenté, natalité » doivent trouver de nouvelles définitions. « Jusque là, l’homo sapiens ne connaissait qu’une seule manière de faire des enfants : l’accouplement entre deux partenaires de sexes opposés et la longue gestation de la femme ainsi fécondée. La biologie, aujourd’hui, fait éclater en morceaux cette pratique ancestrale. Grâce à la contraception, on peut se livrer aux joies du sexe sans procréer. Avec les nouvelles techniques de l’éprouvette, on peut également concevoir sans le moindre contact charnel. C’est une séparation brutale, fondamentale, de la procréation et de la sexualité » (6).
Nous voici pris dans l’engrenage de la machine infernale de l’humanisme, qui domine la science et la technologie. Cela nous mène à la destruction de la famille. Mais Dieu n’est pas mort. L’homme l’a évincé de son coeur, de sa vie, de son vocabulaire, tandis que Satan, prince de ce monde, est en train de préparer son royaume de l’An tichrist. Quel aveuglement de notre société I La tendance croissante à l’irresponsabilité conjugale favorise encore une main-mise de l’Etat sur l’individu et ouvre la voie à la manipulation de la « majorité ». Certes, les prédictions bibliques concernant le règne de l’Antichrist se réaliseront. Mais est-ce donc une raison pour les chrétiens de démissionner ? Au contraire, dans l’attente constante du retour de Christ, nous devons agir en ré formateurs dans une obéissance entière à l’Ecriture. Le Seigneur nous appelle à accepter sereinement la confrontation et à ne pas nous accommoder de la situation actuelle qui conduit à l’infiltration culturelle des Eglises. La Bible seule est notre règle de vie, et elle n ‘est pas liée à la culture. Car, étant Parole de Dieu, et donc au-dessus de la culture, elle est seule habilitée à la juger et à en discerner les incompatibilités. Souvenons-nous au sujet du divorce
qu’au commencement il n’en était pas ainsi (Mat 19.8), car Dieu avait créé Adam et Eve en dehors du péché, qui est entré dans le monde à cause de leur désobéissance. Le mariage a été institué par Dieu par un acte de sa volonté. Ni les cultures, ni les moeurs ne pourront abroger impunément cette loi divine, base d’une société saine et équilibrée. Il importe aussi que l’on désacralise le mariage, car c’est également une des causes de tant de malentendus dans notre monde « christianisé ». On ne peut pas assez appuyer ce qu’a dit J. -M. Thobois: « L ‘idée du mariage sacrement n ‘est pas biblique le mariage n’est rien d’autre que l’engagement irréversible de deux époux dont Dieu prend acte, que le couple le reconnaisse ou non’ (7). Le professeur H. Blocher affirme avec pertinence que « le mariage est, selon la définition biblique, l’union volontaire de deux corps en une seule chair dans la perspective de la durée. Le mariage n’est pas l’union de deux coeurs en une seule âme. On fait souvent là une confusion. C’est, certes, l’intention divine pour le mariage que l’union de deux coeurs s’y exprime aussi, mais ce n’est pas le mariage. Le corps, dans la pensée divine, c’est bien plus que les 40-80 kgs que nous pouvons peser. Le corps, c’est tout notre être au monde notre maison, notre statut économique, nos moyens d’existence (BIOS), notre situation sociale symbolisée par le nom. Ainsi le mariage doit être conçu comme l’union de deux corps dans ce sens large union volontaire impliquant l’union charnelle proprement dite, mais aussi l’union économique, sociale, … la formation d’une seule cellule de la société » (8).
Oui, chaque couple qui a choisi librement de se marier officiellement, s’approprie la promesse de l’Eternel : Dieu les bénit et leur dit soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l’assujettissez (Gen 1.28). Le mariage, alliance enregistrée par Dieu, reste la seule base sur laquelle sa bénédiction est promise (Ez 16.8; Pr 2.16; Mal 2.14). Cela vaut pour tous les hommes. Mais c’est une vérité que nous devons vivre en tant que chrétiens, car le monde en détresse a les yeux rivés sur nos foyers. Nos familles sont-elles des phares dans la nuit, des oasis dans le désert brûlant qui nous entoure ? Sommes-nous prêts à manifester sans peur notre fidélité et notre attachement indéfectible à la Parole de Dieu et à nos familles ? Que l’exhortation laissée par FA. Schaeffer dans son dernier ouvrage soit notre apanage: « La vérité exige même la confrontation, confrontation dans l’amour, mais quand-même confrontation. Si nous réagissons toujours dans le sens de l’accommodation, sans tenir compte de la vérité centrale impliquée, il y a quelque chose qui cloche. Aussi bien que la sainteté sans amour n ‘est pas celle de Dieu, tout aussi bien l’amour sans la sainteté n’est pas l’amour de Dieu, même s’il nécessite une confrontation. Non seulement Dieu est, mais il est aussi amour » (9). Que la lumiêre de nos foyers luise devant les hommes, à la gloire de Dieu.

Henri LÜSCHER

(1) P. Alexandersson, « Les fruits amers de la révolution sexuelle » dans « Expériences » no 54, 2e trim. 1984, F-29270 carhaix
Nous recommandons ce numéro qui traite du « Mariage en question… »
(2) Sylviane Stein, « Le petit mariage » dans « L’Express », hebdomadaire français du 4.3.83.
(3) « L’Express » du 27.4.84 dans « Les fugueurs de l’été ».
(4) « Moi, christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… »
page il; témoignages recueillis par KarI Hermann et Horst Rieck, éd. Mercure de France.
(5) cité par John MacArthur Jr. dans « Re pair by Regeneration » dans « The Alliance Witness » du 20.6.84, magazine de la christian & Missionary Alliance.
(6) Dominique Simonnet dans « L’embryon, le savant et le juge » dans « L’Express » du 6.7.84.
(7) Dans « Les deux deviendront une seule chair » dans « Expériences » n0 54.
(8) « Le mariage » dans « IcHTHuS » n0 125, août-septembre 1984-6, 2, rue Antoine Pons, F-I 3004 Marseille.
Nous recommandons la lecture de cet article.
(9) « The Great Evangelical Disaster », éd. crossway Books, Westchester, Illinois, p. 64-65.
cet ouvrage remarquable est comme une sorte de testament prophétique que ce grand homme de Dieu, le Dr. Schaeffer, nous a légué pour nous faire prendre conscience dans quel temps nous vivons et que Dieu nous appelle maintenant réagir contre l’humanisme par les armes de Dieu (2 cor 10.4-5).


Note de la rédaction:

Nous prions les lecteurs de bien vouloir excuser les erreurs typographiques ou autres qu’ils auraient constatées en parcourant le N0 70.


Nous avons été habitués à donner une portée relativement restrictive à la notion de « loi de Dieu ». Elle a souvent été limitée à la notion de « loi de Moïse », de la législation donnée par Dieu à Moïse pour le peuple d’Israël. En général, elle a été uniquement appliquée à la théocratie juive. Nous allons voir que l’usage biblique de cette expression est beaucoup plus large que nous ne l’imaginons.

Premièrement, la loi de Moïse ne peut être opposée à la loi de Dieu, la loi de l’Eternel. Quand au temps du roi Josias, l’on retrouva le livre de la loi, c’est-à-dire le Pentateuque, il en fut parlé ainsi:
Hilkija, le prêtre, trouva le livre de la loi de l’Eternel donné par Moïse (II Chr 34.14).

Ainsi la loi donnée par Moïse n’est rien d’autre que la loi de l’Eternel.

Voici les termes du serment par lesquels Néhémie et ses compa­gnons, de retour de l’exil de Babylone, renouvelèrent l’alliance d’lsrael avec Dieu:
Ils promirent avec serment et jurèrent de marcher dans la loi de Dieu, qui avait été donnée par Moïse, serviteur de Dieu, d’observer et de mettre en pratique tous les commandements de l’Eternel, notre Seigneur, ses préceptes et ses lois (Néh 10.29).

Il est donc évident que la loi de Dieu et la loi donnée par Moïse sont des expressions qui recouvrent la même réalité. Si la loi donnée par Moïse est bel et bien la loi de Dieu, elle est, en conséquence, une loi dont l’applcation dépasse singulièrement le peuple d’Israël. Si elle a été transmise par Moïse à lsraêl, elle l’a été pour tous les hommes, pour toutes les nations, car cette loi étant de Dieu, elle révèle la pensée mê­me de Dieu, pensée qui établit l’ordre et le vrai sens de toutes choses, de toute la création de Dieu. C’est de cette universalité de la loi de Dieu que nous parle l’apôtre Paul quand il écrit aux Romains:
Quand les païens, qui n’ont pas la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, eux qui n’ont pas la loi, ils sont une loi pour eux-mêmes. Ils montrent par là que l’oeuvre de la loi est écrite dans leur coeur, leur propre conscience en témoigne… (Rom 2.14-15).

Nous pouvons ainsi conclure que tous les hommes – et non les seuls Juifs -, sont soumis au pouvoir et à la législation souveraine du Créateur qui, en tant que Créateur, est le seul apte à donner à ses créatures une loi conforme à leur nature.

Certains distinguent subtilement la loi de Dieu des commandements de Dieu, préférant le mot commandement comme étant moins contrai­gnant que celui de loi. Ce n’est pas l’avis de l’Ecriture Sainte. Nous avons vu dans le texte de Néhémie que nous avons cité, que suivre la loi de Dieu est exactement la même chose que de pratiquer tous les commandements de l’Eternel. Pour Paul, lui aussi, qui parle des oeu­vres de la loi, ces deux expressions sont équivalentes. On peut sim­plement affirmer que la loi de Dieu contient les commandements, les préceptes et les ordonnances de l’Eternel.

Certains désirent distinguer la loi ou les commandements de Dieu de la Parole ou des Paroles de Dieu. Ce n’était pas l’avis de Jésus-Christ qui disait à la fin du Sermon sur la Montagne:
Quiconque entend mes paroles et les met en pratique sera semblable àun homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc (Mat 7.24), confirmant ainsi ce qu’il avait affirmé au début de ce même sermon, quand il déclarait qu’il ne disparaîtrait de la loi ni un seul iota, ni un seul trait de lettre, jus qu’à ce que tout soit accompli. Et il ajouta : Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à les violer, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux (Mat 5.18-19).

Il y a donc dans la bouche de Jésus identité entre loi, commandement et parole. Christ en s’adressant aux Pharisiens au sujet des subterfu­ges légalistes qu’ils employaient pour ne point secourir leurs parents leur déclarait : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition ?(…) Ainsi vous avez annulé la Parole de Dieu par votre tradition (Mat 15.3,6).

Il est ainsi évident que la Parole de Dieu, les paroles de Christ, la loi de Dieu et le commandement du Seigneur sont des expressions différentes souvent utilisées par la Bible pour recouvrir des aspects variés d’une réalité unique, la révélation écrite et normative de Dieu. Quoi d’étonnant à cela, puisque Jésus-Christ est Dieu lui-même et que la loi donnée par Moïse vient de ce même Dieu, Créateur, Législateur et Sauveur?

Certains veulent distinguer entre ‘Ecriture et la loi de Dieu. Il est vrai que parfois, pour désigner l’Ancien Testament, l’Ecriture parle de la loi et des prophètes. N’oublions pas, cependant, que la tâche essentielle de la prophétie consiste toujours à rappeler la loi et à l’expliciter. C’est le contraire de la critique biblique, dominée par une théorie de l’existentialisme évolutionniste, selon laquelle la révélation de Dieu vient après l’activité « créatrice » du prophète. De même, un christianisme où l’activité charismatique joue un rôle pré­dominant situera lui aussi la loi sur un plan secondaire par rapport aux révélations prophétiques. Il en va tout autrement dans la Bible où la loi, révélatrice de la pensée de Dieu, a toujours la première place.

L’expression l’Ecriture recouvre souvent également la loi. Quand Jé­sus disait aux Juifs: Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ce sont elles qui rendent témoignage de moi (Jean 5.39), il se référait aussi bien a la loi qu’aux prophètes. Nous trouvons une unité remarquable entre loi mosaïque, écrits et parole dans ce que Jésus déclare aux Juifs incrédules : Ne pensez pas que moi, je vous accuserai devant le Père; celui qui vous accuse, c’est Moï­se, en qui vous avez mis votre espérance. Car, si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi parce qu’il a écrit à mon sujet. Mais, si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ? (Jean 5.45-47)

Nous devons par conséquent constater qu’il n’existe aucune opposi­tion entre les Ecritures, la loi de Dieu donnée par Moïse et les paroles du Christ. La loi de Dieu est l’Ecriture Sainte, la Parole même de Dieu, Ancien et Nouveau Testaments.

D’autres encore opposent la vérité à la loi de Dieu. Ils se basent pour le faire sur un texte célèbre du prologue de Jean : Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ (Jean 1.17).

Rien dans ce texte ne met en opposition loi et vérité Moïse et Jésus-Christ. Rien non plus ici n’oppose loi et grâce. Un développe­ment dans la révélation et dans l’efficacité de la grâce n’implique au­cunement contradiction ou opposition. C’est d’ailleurs ce que nous prouve admirablement l’Ecriture quand l’apôtre Paul affirme que la loi n’est rien d’autre que la règle de la connaissance et de la vérité (Rom 2.20).

Seigneur Jésus, ta parole est la vérité sanctifie-nous par la vé­rité La loi, les commandements, l’Ecriture, la Parole de Dieu, la vérité ne sont autre chose que la règle de notre foi, utile, à confondre tout ce qui s’oppose à la saine doctrine (1 Tim 1.10), car Toute l’Ecritu­re est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli (atteigne tout son développement) et qu’il soit apte à toute bonne oeuvre. (2 Tim 3.16-17)

Ceux qui se permettent d’attaquer la loi de Dieu en l’opposant à la foi et à la grâce portent tout simplement atteinte à la vérité, à la Parole de Dieu, à l’Ecriture Sainte. En fait, ils s’attaquent à Dieu. C’est d’eux aussi que parle le deuxième psaume :
Les rois de la terre se soulèvent, et les princes se liguent ensemble contre l’Eternel et contre son oint. Rompons leurs liens, et rejetons loin de nous leurs chaînes ! (Ps 2.2-3)

Ces liens et ces chaînes qui répugnent tant à notre siècle sans Dieu ni loi ne sont autres que les saints commandements de la loi de Dieu. Les dernières exhortations de la Bible s’adressent, entre autres, à de tels antinomiens. (Antinomisme : doctrine qui enseigne, au nom de la suprématie de la grâce, l’indifférence à l’égard de la loi, Larousse 3.)

Si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part de l’arbre de vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre (Apoc 22.19). Cet avertissement est un simple écho des paroles de Moïse dans le Deutéronome: Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien, mais vous observerez les commandements de l’Eternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris (Deut 4.2).

C’est dans cette perspective de l’identité des commandements de Dieu et de la Parole de Dieu que nous comprenons mieux ce que Jé­sus voulait dire quand il affirmait au sujet de l’un de ces plus petits commandements que celui qui les observera et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux (Mat 5.19).

Et ce n’est pas par rapport au royaume de Dieu que nous vou­lons nous contenter d’ambitions médiocres !

Jean-Marc BERTHOUD


Moïse face au peuple

(deuxième partie)

Nous avons vu le peuple d’Israël passer par trois étapes celle de la foi, celle des murmures, puis celle de l’engagement, où le peuple est entré en une relation d’alliance avec Dieu.

Quatrième étape : L’idolâtrie du peuple

Moïse reste quarante jours sur le Mont Sinaï C’est long, un mois et demi sans nouvelles du chef, sans intermédiaire entre Israël et Dieu. Je vous invite à lire Exode 32 avant de continuer.

Vous aurez remarqué la manière désobligeante dont le peuple parle de ce Moïse, cet homme qui nous a lait monter du pays d’Egypte. Les promesses solennelles sont oubliées, un veau d’or prend la place du Dieu vivant dont la voix s’était pourtant fait entendre. – Quand Dieu tarde à répondre à nos prières, vers qui nous tournons-nous? De quoi nos espérances se nourrissent-elles? Nous appuyons-nous sur des Aaron ? Jésus est pourtant là, même si nous ne le voyons pas Nous marchons par la foi et non par la vue, écrit Paul aux Corinthiens friands de manifestations spectaculaires (2 Cor 5.7).

Le peuple d’Israël retourne au paganisme d’Egypte, où les dieux étaient représentés par des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles, pour citer l’apôtre Paul (Rom 1.23). Israél est retourné au polythéisme: Fais-nous des dieux. Ton peuple s’est corrompu, dit Dieu à Moïse. Il ne dit pas « ce peuple », car il y a une relation intime, profonde dans le coeur de Dieu et de Moïse pour le peuple que Dieu s’est choisi parmi tous les autres peuples de la terre. Et ce peuple s’est corrompu. Bien entendu, personne ne pense qu’un jeune taureau est vraiment un dieu; mais on lui offre tout de même des sacrifices. Toute adoration ou simple prière faite à l’aide d’une image ou d’une statue comporte le risque de prendre ces représentations pour des réalités. C’est cela, l’idolâtrie : représenter Dieu et se prosterner devant cette image inanimée.

Aux yeux de Dieu, la fête idolâtre à laquelle s’adonne le peuple est une perversion si grave qu’il mérite l’extermination. Dieu veut tout recommencer. Il propose à Moïse de faire de lui l’ancêtre d’un nouveau peuple de Dieu. Quel honneur pour Moïse ! Sa réaction est un exemple de parfaite loyauté envers Dieu et son peuple. Moïse a l’honneur de Dieu à coeur. Il lui rappelle ses promesses faites aux ancêtres. Et que diraient les Egyptiens ?… Moïse est même prêt à faire biffer son nom inscrit dans le livre de vie, donc de subir le châtiment de la condamnation éternelle, pour que son peuple vive. Quel intercesseur que ce Moïse! Cependant Dieu répond: Non !Seul le pécheur lui-même sera puni.

Il y en a eu un autre qui se disait prêt à prendre la malédiction éternelle sur lui, si cela pouvait sauver les Israélites, ses frères (Rom 9.3-5). Il s’agissait là d’une expression de son grand amour pour son peuple. Pourtant, Paul ne savait que trop bien que la question du salut éternel doit être résolue par chacun individuellement.

Or, il y en a un qui, n’ayant lui-même aucun péché à expier, s’est chargé de la malédiction et du châtiment de l’humanité entière. C’est lui le parfait intercesseur, le médiateur d’une alliance nouvelle le Fils éternel de Dieu, mort et ressuscité à l’immortalité à tout jamais (Héb 8.6 ; Rom 6.9). Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux (Luc 10.20). Quand les livres seront ouverts au dernier jugement, votre nom se trouvera-t-il inscrit dans le livre de vie (Apoc 20.11-15) ?

Quand Moïse, descendu de la montagne, se trouve face au peuple dansant autour de son dieu postiche, sa colère, tout comme celle de Dieu, s’enflamme à tel point qu’il fait voler en éclats les deux tables sur lesquelles se trouvait pourtant l’Ecriture de Dieu, qui ne le reprend pas pour ce geste de fureur violente. En fait, à quoi peut servir la Parole de Dieu quand on adore des idoles ? Cela vaut aussi pour nous. La dernière phrase de la première épître de Jean est significative : Gardez-vous des idoles. N’aurions-nous pas besoin de cette exhortation ?

Moïse vit encore autre chose qu’un peuple adonné à l’idolâtrie. Moïse vit que le peuple était en désordre. C’est la condition de l’homme qui s’est détourné de Jésus-Christ. Les répercussions se font sentir non seulement dans les domaines prosaïques de la vie, mais aussi dans le comportement moral. Dieu n’est pas un Dieu de désordre (1 Cor 14.33) : l’ordre doit caractériser ses enfants. Y aurait-il à mettre de l’ordre dans un secteur de ma vie ?

Dans Exode 33 (à lire), Moïse, conscient de sa responsabilité de meneur des enfants d’Israël, demande à ‘Eternel de marcher avec eux, sans quoi mieux vaut ne pas partir du tout – Partir dans la vie – la vie d’apprenti ou d’étudiant, la vie professionnelle, la vie du couple et de famille – sans se prévaloir de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, à quoi bon ? Je marcherai moi-même avec toi et je te donnerai du repos. Cette promesse faite à Moïse voici plus de trois millénaires est aujourd’hui plus actuelle que jamais : Je suis avec vous tous les jours jus qu’à la fin du monde. Venez à moi,… et je vous donnerai du repos (Mat 28.20 11.28). En Jésus-Christ, la grâce faite au peuple d’Israël suite à l’intercession de Moïse s’accomplit pleinement. Car dans Ex 33.12-19, le mot grâce se trouve sept fois. Oui, Dieu a toujours été le Dieu qui fait grâce, même si le jugement doit expier le péché ici, il est tombé sur trois mille hommes tués par l’épée; à Golgotha, il est tombé sur l’homme parfait tué par le supplice de la crucifixion.

Peu après le départ du 5mai, décrit dans Nombres 10, le peuple murmure de nouveau. Il n’y a aucune indication de la raison. Est-ce devenu une habitude ? Incroyable direz-vous. Si incroyable que cela? Combien de fois nous les chrétiens, peuple de la nouvelle alliance, n’avons-nous pas murmuré contre les circonstances adverses ? Le feu de Dieu ne nous a pourtant jamais dévorés, comme il le fit à Tabeéra (=embrasement). Quand le peuple cria à Moïse, il pria l’Eternel, et le feu s’apaisa (Nom il .2). Prier au lieu de murmurer, voilà une habitude à prendre.

Cinquième étape : La convoitise du peuple

Le ramassis de gens qui avaient suivi les Israélites depuis l’Egypte n’a pas eu une bonne influence sur le peuple, qui pleure d’envie de manger de la viande comme en Egypte Oubliés les travaux forcés non rétribués, oubliés les coups des chefs de corvée, oubliés les dos courbés sous les charges de tuiles, oubliés les gémissements et les pleurs. Mais le souvenir de la viande gratuite (!) fait pleurer chacun devant sa tente. Un peuple libre pleure en pensant à ce qu’il a perdu du temps de l’esclavage, après avoir gagné sa liberté ! « On était bien en Egypte ! » C’en est trop pour Moïse. Il préfère mourir que de continuer à porter ce peuple sur ses bras comme un poupon contrariant. Est-ce moi qui ai conçu ce peuple ? Moïse est tellement las qu’il fait des reproches à Dieu… Et Dieu, loin de le reprendre, décharge son serviteur en mettant de l’esprit qui est sur Moïse sur soixante-dix anciens. Et il donne une abondance de viande au peuple, sous forme de cailles. Ou est le Dieu dur et intransigeant qu’on prétend trouver dans l’Ancien Testament?

Nous arrive-t-il de convoiter les plaisirs du monde sans Dieu, de loucher vers les pots de viande de l’esclavage du péché ? Dieu ne saurait-il pas ce dont nous avons besoin ? Si le Seigneur ne nous donne pas de cailles, c’est que nous pouvons vivre sans. Si nous insistons, nous risquons d’en recevoir à satiété, au point d’en être dégoûtés… Mépriserions-nous aussi le Seigneur, comme les Israélites, en ne nous contentant pas des richesses infinies qu’il nous donne en Christ?

La convoitise peut prendre la forme de la jalousie, comme le montre Nombres 12. Désirer ce que l’autre possède est à la racine du péché tout court. Adam et Eve ne convoitaient pas simplement un fruit défendu, ils convoitaient ce que Dieu a : Etre comme Dieu (Gen 3.5)! Dans Rom 7.7, Paul choisit la convoitise comme péché type.

Le coeur humain est tortueux. Myriam, la soeur aînée de Moïse et d’Aaron, entraîne ce dernier à parler contre Moïse. Aaron ne résiste pas plus que lorsque le peuple voulait son veau d’or. Myriam est jalouse de la position exclusive de Moïse comme prophète et médiateur entre le peuple et Dieu. (Rappel Le prophète annonce la Parole de Dieu, parole qui peut contenir des prédictions, mais pas nécessairement. Myriam elle-même est appelée prophétesse, Ex 15.20.) Pourquoi Dieu ne parlerait-il pas par moi aussi bien que par Moïse ? Après tout, je suis son aînée. Cela, elle ne le dit qu’à l’oreille d’Aaron. Pour saper l’autorité de Moïse, elle invente une excuse la Kouchite que Moïse avait épousée. Probablement que Séphora, sa première femme madianite, était morte, et Moïse avait pris une femme de la race kouchite dont l’Arabie était en grande partie peuplée. (La loi n interdisait que les mariages avec les Cananéennes Deut 7.1-4.) Myriam, fière Israélite, méprisait l’étrangère kouchite à la peau foncée. Aussi lance-t-elle des rumeurs contre Moïse au sujet de sa femme kouchite. Et l’Eternel l’entendit. – Ah, le mal que peuvent faire les langues calomnieuses ! La prochaine fois que je veux parler contre un frère, une soeur, je me rappellerai que l’Eternel entend.

Non seulement Moïse est-il surchargé par les soucis de meneur d’un peuple réfractaire, mais ses proches l’accablent par des attaques malveillantes ! Comment réagir ? Quelle leçon il nous donne, ce Moïse dont il est dit qu’il était l’homme le plus humble de la terre, alors qu’il aurait pu se vanter de ce que Dieu lui parlait de vive voix (bouche à bouche, dit le texte). Moïse ne semble pas avoir réagi. Mais Dieu, lui, réagit violemment : Pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur Moïse ? Et il frappe Myriam de lèpre. Aaron, qui se sait solidaire de Myriam, reconnaît leur péché commun et supplie Moïse d’intervenir, Moïse qu’il appelle maintenant mon seigneur. Et Moïse crie à l’Eternel O Dieu, je te prie, guéris-la ! Toute la grandeur de ce serviteur sans pareil éclate dans cette intercession, qui est exaucée par le Dieu qui fait grâce.

Soyons conscients de la gravité que comporte le parler contre les serviteurs de Dieu. Le moteur n’en est-il pas aussi la jalousie ? Si Dieu a pardonné les calomnies de Myriam et Aaron contre Moïse, dont Dieu témoigne qu’il est fidèle dans toute ma maison, notre confession sera aussi entendue et le pardon accordé. Même ceux qui parlent contre Jésus, qui a été fidèle comme Moïse dans toute la maison de Dieu, mais qui a été jugé digne d’une gloire… supérieure à celle de Moïse, peuvent être pardonnés. Servons donc Dieu avec piété et avec crainte (de l’offenser). Car notre Dieu est aussi un feu dévorant. (Héb 2.2-3 Mat 12.32 Héb 12.28-29)

L’idolâtrie, la convoitise, la jalousie et la médisance quoi d’étonnant si le résultat en est l’incrédulité ? Les conséquences en seront désastreuses, comme nous le verrons par la suite.

Jean-Pierre SCHNEIDER


L’existence de l’autorité

C’est un lieu commun de dire que l’Ecriture est très sensible à la qualité des rapports tissés entre les hommes. Et c’est vrai particulièrement dans l’Eglise. Un type de relations nouvelles y a été inauguré par le Saint-Esprit.

L’Eglise identifiée à un corps (Eph 4.12 5.23), où tous les membres sont bien coordonnés (Eph 4.16 I Cor 12. 14-27), nous parle à la fois d’un ordonnancement harmonieux et d’une explosion de vie nouvelle, mais sans anarchie.

L’autorité confessée, qui organise et gère cet état de choses, est toujours en fin de compte celle de Christ (Col 1.17-18) ; mais il faut reconnaître, dans la pratique, que le rouage de l’autorité existe entre les membres de l’Eglise, et plus spécialement entre les adhérents d’une église locale !

Ignorer cet axiome, c’est résoudre ce problème relationnel fondamental, soit par la dissolution de l’autorité, ce qui est illusoire et amène la pagaille soit par l’absolutisation de l’autorité, ce qui est usurpatoire et amène la dictature.

Les diverses formes de l’autorité

1) Dans notre société, il existe des chefs « naturels » qui détiennent une autorité que nous pouvons qualifier de hiérarchique les parents pour leurs enfants, les professeurs pour les élèves, les patrons, les maîtres, etc… Même seuls contre tous, ils décident et font appliquer ce qui leur paraît juste.
2) D’autres critères peuvent nous faire découvrir une autorité fonctionnelle, par exemple celui qui est plus âgé, ou l’animateur en Centre de Vacances, ou encore celui qui détient le savoir.

Le leader

Prenons précisément l’exemple de « celui qui sait » dans un groupe qu’il connaît et qui le connaît. Celui-ci sera désigné comme chef, tout simplement parce que les autres reconnaissent en lui le seul capable de les instruire de les guider, de répondre àleurs besoins. L’exemple des anciens dans ‘Eglise est typique. L’ancien n’est jamais celui qui se désigne, mais celui qui s’impose au groupe comme une évidence.

La conséquence immédiate de ce qui précède, est qu’il n’y a pas d’autorité sans groupe. Il en découle que la règle de l’unanimité prévaut lors de la reconnaissance du leader.

Il paraît alors légitime de penser que l’autorité personnelle, ou naturelle, est un leurre. Il existe certes des qualités pour être et rester leader mais celui qui s’impose de lui-même, qui est là et que l’on supporte, n’est plus vraiment un leader, mais une idole ou un despote, avec cette caractéristique redoutable : celui qu’on n’a pas voulu et à qui on donne constamment !

Les qualités d’un leader

1) Il est avant tout celui qui répond aux attentes du groupe, qui mène, qui nourrit, et qui montre par lé qu’il n’a pas usurpé sa place.
2) Il est aussi celui qui se remet en question constamment.
L’autocritique est biblique et permet de mieux se connaître (I Cor 11.28; Apoc 3.17,18). Mais ce dont il est question ici, c’est de se sentir constamment renvoyé à son rôle de chef, à tout moment, et de façon tacite !
3) Il est enfin celui qui est apte à »rentrer dans les rangs » à certaines occasions, et être lui-même capable d’investir un autre, sans arrière-pensée, d’une autorité de la même qualité que celle qu’il détenait.
4) Sans être exhaustif, les qualités morales telles que maîtrise de soi, honnêteté, simplicité, sincérité et justice, viennent compléter l’esquisse à peine ébauchée du leader d’un groupe.

L’ autorité pour quoi faire ?

Dans ce qui précède, nous avons tout d’abord découvert que celui qui a l’autorité, est celui qui, issu d’un groupe, d’une communauté, d’une église, est reconnu comme chef.
Maintenant que notre leader est découvert, il nous reste à examiner comment il va concevoir son rôle et exercer son autorité.

La mise en exercice de l’autorité

On peut légitimement s’attendre à ce que le leader assume pleinement le rôle pour lequel il a été choisi. Ses qualités, son savoir-faire, ses connaissances, qui ont guidé son « élection » dans le sein du groupe, n’ont de valeur que si le groupe lui-même tire profit de ce choix. Il est normal qu’une communauté ou une assemblée soit au bénéfice de ses anciens, au lieu de les subir.

Les critères d’un groupe qui avance sous l’impulsion de son chef sont finalement simples harmonie, gens heureux, pas de conflit, pour ne citer que ce qui frappe de prime abord.

La prise de pouvoir

Le tableau ci-dessus ne correspond mal heureusement pas toujours à la réalité. Il arrive parfois qu’un leader se coupe du groupe. Pour des motifs charnels tels que l’orgueil ou le goût du pouvoir, le leader s’investit alors lui-même d’une autorité qui ne correspond plus aux désirs du groupe. Issu des rangs du groupe, il n’est plus question pour lui d’y retourner : c’est la prise de pouvoir. Il détient bel et bien le pouvoir, mais il ne détient plus l’autorité authentique dans le groupe, puisque celui-ci lui échappe. Les échanges entre le groupe et lui, si abondantes au début, s’étiolent jusqu’é cesser totalement. Comment le leader peut-il alors exercer son autorité dans un groupe qui le rejette, si ce n’est en établissant le règne de l’autoritarisme?

Il est vrai que l’élection d’un leader au sein d’un groupe présente un double aspect:
d’une part, la promesse d’un épanouissement certain des éléments qui composent le groupe ; d’autre part, le risque de porter un homme à un poste de premier rang.

Sans le discernement collectif pour ce choix, parfois capital, il faut reconnaître que l’élection d’un leader comporte pour celui-ci une certaine tentation ; car la maladie du pouvoir est un danger réel qui, à des degrés très divers, fait des leaders des « tentés à vie ». Qui ne connaît ce « frère prêcheur », dont la recherche de la parole en chaire est le symptôme évident de cette maladie ? Qui ne connaît ce « frère indispensable », ou ce « frère président », dont l’activité est devenue activisme, toujours à cause de cette maladie?

Nuance

Ce qui précède présuppose un groupe adulte, mûr, capable de se choisir un leader, même s’il y a un risque. Mais dans une situation différente, au sein d’un groupe incapable de se gouverner, soit par inertie, soit par manque de vie, soit à cause de nombreux conflits, on ne peut s’attendre à ce que le groupe choisisse lui-même son chef. Dans ce cas, quiconque se lève est considéré comme prenant le pouvoir : c’est compréhensible, mais c’est parfois la seule méthode curative pour le groupe.

C’est dans ce cadre qu’il faut voir le ministère de Jésus sur terre. Il n’a jamais été accepté, mais il a opéré une prise de pouvoir salutaire chez les siens, par-ce qu’il connaissait mieux leurs besoins qu’aucun autre. (Jean 12.48 peut s’expliquer dans ce sens).

(à suivre)

Bernard COUSYN

* Cet article fait suite à celui de J. HOFFMANN, PROMESSES n0 69.


HEBREUX 3 – CHRIST ET MOÏSE

Supérieur aux prophètes et aux anges (ch. 1), comme à l’homme (ch.2), Christ va apparaître aussi plus grand que Moïse, pourtant le plus grand conducteur d’Israël.
1 – 6 : Comparaison de Christ avec Moïse
7 – 19 : deuxième avertissement l’endurcissement.

1. Hébreux 3.1-6 : Comparaison de Christ avec Moïse

1.1. Remarques
C’est pourquoi (v. 1) évoque Héb 2.1 7 où apparaît le souverain sacrificateur, thème (et exclusivité) de l’épître jusqu’à Héb 8.6.
– Au lieu du nous (Héb 1.2 ; 2.1,3,8, etc.), l’auteur se distingue maintenant de ses lecteurs et les présente : frères (chrétiens), saints (mis à part pour Dieu), participants (v. Jean 1.12 ; 2 Pi 1.4) à l’appel céleste (origine et destinée de l’Eglise, Phil 3.14,20-21).
Considérer = détourner ses regards de tout pour les fixer sur un seul (Héb 2.8-9 ; 12.2-3).
Apôtre = envoyé de Dieu parmi les hommes.
Souverain sacrificateur (ou grand prêtre) = homme chargé de présenter à Dieu le sacrifice qu’il agrée (sang de la nouvelle alliance).

1.2. Ressemblance
La fidélité = caractère de celui qui tient ses engagements jusqu’au bout (Phil 2.8 !).
En Nombres 12.7, l’Eternel déclare Moïse fidèle, alors que ses proches le contestent dans son rôle de chef du peuple !
Fidélité en rapport avec Moïse, miséricorde en rapport avec Aaron (Héb. 5.1-2), sont les deux attributs de Christ comparé au souverain sacrificateur (Héb 2.1 7).

1.3. Différences gloire de Jésus plus grande: Moïse

  Moïse Jésus
 
v.3 une pierre de la maison a bâti (Mat 16.18 ; Marc 6.3)
v.5 a été est (vivant)
v.5-6 serviteur Fils
v.5-6 maison de Dieu sa maison (« mon » église)
Nous sommes sa maison. Collectivement (Eph 2.19-22) et individuellement (Jean 14.23), par le Saint-Esprit.
 
Conclusion : loi grâce et vérité
(Jean 1.17) donnée (Sinaï) venues (Noël)

2. Hébreux 3.7-19 : deuxième avertissement: l’endurcissement

Le Psaume 95.7-1 1, cité comme parole du Saint-Esprit aux lecteurs de l’épître, (aujourd’hui encore !) souligne notre privilège d’auditeurs directs de la Parole de Dieu.
Le danger dénoncé est l’endurcissement.

2.1. Siège de l’endurcissement: le coeur (v. 8,1 0,12,15), centre intime de la personne.

2.2. Cause: l’incrédulité (ou absence de foi, Héb 11.6)

2.3. Conséquences
– abandon du Dieu vivant (v. 12), du rassemblement (10.25) ;
– révolte (v. 1 6); Massa (= tentation), Meriba (=contestation), déjà en Exode 17.7, révèlent un peuple au cou roide ;
– désobéissance (v. 18 ; Rom 10.21)
– entrée manquée en Canaan, pays du repos promis (v. 19).

2.4. Remèdes
– exhortation mutuelle, chaque jour (v. 13) ;
– marche en compagnie du Christ (v. 14) ;
– persévérance jusqu’à la fin (v. 14), non pour étre sauvé, mais pour montrer qu’on l’est ;
– obéissance (v. 15) de la foi dans un coeur touché.

2.5. Personnes menacées (d’endurcissement) : le peuple de Dieu (v. 16) !

2.6. Punition
– colère de Dieu (v. 17) ;
– mort (v. 17) ;
– pas de repos de Dieu (18-19) !
L’avertissement se prolonge jusqu’à 4.13 en rapport avec le thème du repos.
Ne quittons pas ce chapitre sans sonder nos coeurs et les situer devant Dieu (v. I Jean 3.21-24), dans l’obéissance au Chef de l’Eglise.

HEBREUX 4.1-13 – CHRIST ET JOSUE

Commencé sur le thème de l’endurcissement (Héb 3.7-19), le deuxième avertissement de l’épître se poursuit par celui du repos (onze fois dans Héb 4.1-11) et s’achève sur un solennel face-à-face avec la Parole de Dieu (v. 12-13). Un pathétique appel émane de l’histoire d’lsrael au désert, en route vers Canaan.
1 – 11 : Entrer dans le repos
12 – 13 : Face à la Parole de Dieu.

1. Hébreux 4.1-11 : Entrer dans le repos

1.1. Le repos promis
Sorti de l’esclavage de l’Egypte par Moïse, Israël devait entrer avec Josuéen Canaan, dans un pays d’abondance et de repos (Jos 21.44). La création entière est promise à une expérience semblable, sous le règne futur du prince de la paix (Rom 8.21).
Dès aujourd’hui déjà, Jésus invite le croyant au repos (Mat 11.28-29).

1.2. Le repos manqué
Cette bonne nouvelle annoncée d’un repos promis n’a pas été crue par lsrael. Toute une génération est tombée dans le désert (sauf Caleb et Josué) par manque de foi (v. 2) et d’obéissance (v. 6).
Le mépris d’une promesse de Dieu (v. 1) entraîne sa colère (v. 3)! Attention a chacun de nous (v. 1); il y va de notre salut (v. 11).

1.3. Le repos de Dieu
Dès la fondation du monde, Dieu a donné l’exemple de ce qu’il attend de l’homme (v. 3-5 Gen 2.2). Son repos n’évoque pas la fatigue, mais le contentement procuré par sa réussite.
Satisfait de son oeuvre de création (Gen. 2.2), Dieu l’est aussi de son oeuvre de rédemption par la croix du Christ (Act 2.36; 1 7.30-31). Tout est accompli (Jean 19.30).
L’invitation à la décision contenue dans le Psaume 95.7-11 montre que, loin de se limiter à un peuple (Israël) dans un pays (Canaan) conquis sous la conduite de Josué (v. 8), le repos de Dieu reste offert à tout le peuple de Dieu (v. 9).
Le premier jour suivant son apparition sur terre, l’homme entrait dans le repos de Dieu ! De la même manière, le premier acte de la vie du croyant n’est-il pas aussi d’abandonner toute prétention à se sauver soi-même, pour accepter simplement le don de Dieu ? (Jean 4.10 ; Eph 2.8-9 ; Rom 4.3-8).

Quand l’homme en a fini avec ses propres efforts pour se justifier, il se repose vraiment et goûte la propre satisfaction de Dieu face au si grand salut acquis par Christ, notre vrai Josué (v. 10). Jésus souligne bien l’opposition totale de la religion des oeuvres face à la foi, en Jean 6.28-29. Selon 1 Pi 4.1-2, la souffrance du Christ pour nous, dans sa nature humaine ici-bas, évoque celle du croyant en conflit avec le péché actif dans sa propre nature, et qui conduit à l’appel au secours de Rom 7.24.
Celui-là seul qui a accepté le jugement de mort prononcé par Dieu sur la nature humaine (la chair), en a fini avec la question du péché et se repose dans la justification par la seule foi en Christ (Rom 5.1). Ensuite seulement commence vraiment une vie nouvelle, celle de Christ en nous par le St-Esprit, dans l’obéissance de la foi en un Sauveur vivant pour Dieu (Rom 6.10-11).

1.4. L’entree dans le repos
Manquée par absence d’obéissance et de foi à la Parole de Dieu (v.2,6), l’entrée dans le repos n’est possible que par l’obéissance de la foi (Rom 1.5; 16.26).
Cela signifie :
– une parole de Dieu (v. 2),
– une écoute respectueuse (v. 2),
– la foi dans ce que Dieu dit (Rom 10.16-17),
– une mise en pratique dans la vie (Phil 2.13 ; Eph. 2.10).

1.5. Le temps du repos
Dès la fondation du monde, Dieu a voulu introduire l’homme dans son repos (v. 4-5).
Sa promesse ne fut pas annulée par l’incrédulité d’Israël (Rom. 3.3).
David l’a confirmée, longtemps après l’entrée en Canaan (Ps 95).
Elle est située ainsi sur un nouveau plan, plus général.
Elle est renouvelée pour l’actuel peuple de Dieu (v. 9).
Une pressante invitation clôt la plaidoirie (v. 11).

CONCLUSION : le temps d’entrer dans le repos de Dieu, c’est AUJOURD’HUI (v. 7).

2. Hébreux 4.12-13 Face à la Parole de Dieu

La promesse du repos et ses confirmations ont établi la valeur de la Parole de Dieu, dont l’autorité est soulignée en conclusion.
Christ, assimilé à la Parole de Dieu (Jean 1), est très présent dans cet avertissement. C’est devant lui que chacun se décide !

HEBREUX 4.14 – 5.10 – CHRIST ET AARON

Après le deuxième avertissement (Héb. 3.7 – 4.13), l’auteur reprend et développe le thème du souverain sacrificateur, abordé en Héb. 2.1 7, et sobrement esquissé dans la comparaison avec Moïse (Héb. 3.1-6). C’est le sujet principal de l’épître (Héb. 8.1).
Christ, notre grand souverain sacrificateur
4.14 – 16: Sa personne
5. 1 -10: Sa fonction.

Remarque préliminaire : Notion de sacrificateur
Le terme de prêtre évoque bien un intermédiaire entre les hommes et Dieu, mais non le sacrifice requis à cet effet. Il se rapporte davantage aux rites d’un culte qu’au moyen même de s’approcher de Dieu.
Egyptiens, Madianites, Philistins, Grecs et Romains avaient des prêtres. Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Job, furent des sacrificateurs pour leur famille. Aaron et ses fils furent désignés pour le sacerdoce héréditaire en Israël (Ex 28.1 ; 40.12-15), sauf défaut corporel (Lév 21.17-21).

Le sacrificateur devait :

1) servir le Seigneur dans le sanctuaire,
2) enseigner la loi au peuple,
3) révéler au peuple la volonté de Dieu, consulté par les urim et les thummim (Ex 28.30).

Dans l’Ancienne Alliance :
– le souverain sacrificateur entrait au lieu très saint une fois par an, le jour des expiations (Lév 1 6);
– les sacrificateurs et les Lévites servaient jusque dans le lieu saint;
– le peuple, dans le parvis, apportait ses sacrifices.

Dans la Nouvelle Alliance, Christ, le souverain sacrificateur unique et permanent, introduit tous les croyants dans la présence même de Dieu, dont le voile fut déchiré (1 Pi 2.5,9 ; Apo 1.6 ; Héb 10.19-22). L’Eglise entière est un royaume de sacrificateurs ! C’était déjà le voeu de Dieu pour Israël (Ex 19.5-6).

1. Hébreux 4.14 – 16 Sa personne

1.1. Ses noms
Jésus, c’est l’homme (Héb 2.9 ; 3.1), le Sauveur (Mat 1.21).
Le Fils de Dieu, par nature, mais ainsi confirmé par la résurrection (Rom 1.4).

1.2. Ses actions
– Traverser les cieux première idée conforme au rôle de lien entre Dieu et les hommes qu’était le sacrificateur (Eph 4.10).
– Traverser la tentation, mais sans le péché en lui (Jean 14.30) et sans lui céder (Héb. 7.26).
– Sympathiser aux infirmités (ne pas tolérer les péchés).

1.3. Son invitation (v. 16)
S’approcher en confiance pour recevoir miséricorde, grâce, secours, par la croix (Rom 5.21).

2. Hébreux 5.1-10 : Sa fonction

2.1. Définition (v. 1-3)
Un homme au service des hommes, pour offrir à Dieu dons et sacrifices pour les péchés. Intermédiaire indispensable.

2.2. Condition (v. 4-6)
Un appel de Dieu (comme pour Aaron).
Pas sur terre (Héb. 7.14). Le Psaume 2.7 se confirme bien en rapport avec la résurrection de Christ.
Pour l’éternité (Ps 110.4).

2.3. Formation (v. 7-8)
– Vie sur terre : grands cris, larmes, prières, supplications (Gethsémané).
– Horreur de la mort (cp. Héb 2.1 5) physique et spirituelle (= seconde mort).
– Exaucement (sauvé hors de la mort) : piété (Jean 9.31).
– Obéissance apprise par les souffrances.

2.4. But (v. 9-10)
Parvenu à la perfection, il peut offrir le salut éternel à ceux qui lui obéissent.

2.5. Comparaison avec Aaron
La comparaison de Christ avec Aaron porte sur sa mise à part et son rôle.
Héb 7 montrera la ressemblance de Christ avec Melchisédec dans sa personne.

Jean CHOPARD


Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole (Jean 17.20)

Nous savons que Matthieu nous présente Jésus comme le Roi des Juifs, Marc comme le parfait Serviteur, Luc comme le Fils de l’homme et Jean comme le Fils de Dieu, celui que Dieu a envoyé, celui qui est venu pour accomplir la volonté de son Père et qui pouvait dire : « Je ne fais rien de moi-même, mais je parle selon ce que le Père m’a enseigné » (Jean 8.28).
Et maintenant, l’Envoyé du Père sait que l’heure est venue, l’heure de retourner au Père. Son ministère terrestre arrive à sa fin. Il a encore mis le comble à son amour en Jean 13, puis s’est mis en route, avec les douze, dont il connaissait la perplexité. Que votre coeur ne se trouble point, leur dit-il tendrement. Puis, dans les chapitres 14,15 et 16, il leur fait la promesse de l’envoi d’un autre Consolateur… l’Esprit de vérité que le monde ne connaît pas. Et nous voici arrivés au chapitre 17 de ce merveilleux Evangile, chapitre qui a pu être appelé « la chambre haute », le sanctuaire dans lequel le Fils entre pour plaider en faveur de ceux qu’il va laisser pour un peu de temps.

Certes, tout au long de son ministère, le saint Fils de Dieu a été par excellence l’Homme de prière. On le voit se lever avant le jour et trouver un endroit tranquille pour parler à son Père (Marc 1.35). On le voit aussi le soir monter sur une colline déserte pour intercéder en faveur des siens. Parfois, il priait même toute la nuit. Ici cependant, en Jean 17, Jésus dit : « Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés ». Qui sont donc ceux-ci ? Approchons-nous et écoutons ses propres paroles :
« J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. lIs étaient à toi et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole ».
Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données; et ils les ont reçues et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé
(Jean 17.6-8).

Que demandait le Fils de Dieu pour ceux que le Père lui avait donnés et pour ceux qui croiraient en Lui par leur Parole ?
– Père saint, garde-les en ton nom, ce nom que tu m’as donné (v. 11)
– qu’ils aient en eux ma joie parfaite… (v. 13)
– Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal (v. 15)
– Sanctifie-les (ou mets-les à part) par ta parole (v. 17) (Ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde, v.16 ).
– Que tous soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé… (v. 21)
– Que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux… (v. 26)
– Et que moi-même je vive en eux (v. 26), (Transcription A. Kuen, « Parole Vivante »).

Et maintenant, notre Seigneur Jésus-Christ poursuit son merveilleux ministère d’intercession en faveur des siens. Christ ressuscité, assis àla droite de Dieu, plaide notre cause. Il est toujours vivant pour intervenir en notre faveur. (voir Rom 8.34 et Héb 7.25, Parole Vivante).

Et nous, frères et soeurs bien-aimés, connaissons-nous quelque chose de la vie de prière du Fils de Dieu ? On a pu dire que « la prière est le levier qui met en mouvement le bras de Dieu  » et encore « Un homme n’est pas plus grand que sa vie de prière ».

Persévérez dans la prière, veillez-y avec actions de grâces (Col 4.2).

Faites en tout temps par I Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints (Eph 6.18).

Jean-Raymond COULERU


COMME LE CHRIST A AIME L’EGLISE


L’institution du mariage subit aujourd’hui des attaques violentes, dues principalement à la philosophie humaniste de l’hédonisme, qui place la recherche du plaisir au-dessus de toute considération morale. Les romans, les films, les productions de la télévision, et même les élucubrations de certains meneurs religieux, contribuent à corrompre nos conceptions morales et celles de nos enfants aguichés par ce miroitement de faux plaisirs auquel ils sont exposés. Puisque tout ce qui donne de la satisfaction a nos sens est bon par définition, les journaux et les études sociologiques traitent l’amour libre, le divorce, l’adultère et même les perversions sexuelles comme de simples « préférences », donc comme des comportements parfaitement normaux.

Que notre culture subisse le contrecoup de cet assaut sans précédent sur la pudeur et la moralité sexuelle est déjà plus qu’alarmant. Mais que les chrétiens commencent à suivre cette orientation vers l’immoralité est absolument terrifiant. Des chrétiens tout à fait sincères vous diront qu’il est salutaire de vivre en couple avant le mariage, pourvu qu’on s’aime. En plus, disent-ils, on saura s’il y a compatibilité ou non – comme si le mariage pouvait se comparer à l’achat d’une voiture d’occasion. Il faut, disent-ils, se libérer du légalisme et de coutumes surannées.

En répétant ces slogans, on oublie qu’on ne fait que les rabâcher car, en y réfléchissant vraiment, on serait horrifié de découvrir de quelle source ils proviennent.

Tôt ou tard, chacun doit affronter un choix qui déterminera si sa vie sera comblée ou vide, s’il sera libre ou enchaîné, et qui aura autorité sur lui. En fait, il n’y a que deux possibilités : la vérité telle que la Bible nous la révèle, et l’opinion des hommes la première procure la liberté, la deuxième l’enlève.

Un des mensonges les plus astucieux du diable, c’est de faire croire que Dieu rend l’homme malheureux, et que pour être vraiment libre, il doit se débarrasser de toute religion. Rien ne saurait être plus faux ! Ils sont nombreux, ceux qui ont fait l’expérience, ô combien amère, de la misère psychique et sociale pour avoir méprisé la Parole de Dieu et s’être placés sous la tyrannie d’hommes dont les instincts sont l’autorité suprême.

Jésus a prononcé cette parole qui fait autorité: Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. Soumettre sa volonté à l’autorité de Dieu, voilà qui libère du double esclavage de l’opinion des hommes et de la passion. Cherchons donc dans les Ecritures Saintes nos directives pour le mariage, la plus intime des relations humaines. Le texte qui nous servira de base se trouve dans Eph 5.22-33, texte que je vous invite à lire avant de continuer la lecture.

Ce qui frappe d’emblée, c’est que le mariage entre un homme et une femme est une illustration parlante de la relation spirituelle entre le Christ et son Eglise.

L’Evangile se trouve reflété dans l’amour vécu par un homme et une femme chrétiens dans le cadre du mariage. Comment cela?

D’abord, le mariage est un engagement qui est basé sur l’amour de l’époux pour son épouse -tout comme l’engagement entre le Christ et son Eglise. Ensuite, le mariage fait de deux personnalités une seule – tout comme le nouveau converti est uni par la foi avec Christ, dont il partage la vie. Enfin, le mariage est une union organique dans laquelle le mari (représentant le Christ) est le chef plein d’égards, et la femme (représentant l’Eglise) se soumet de bonne grâce à l’autorité de son mari.

Cette image est une illustration si parlante des valeurs chrétiennes que les puissances sataniques cherchent à la détruire par tous les moyens. Et beaucoup de chrétiens qui fréquentent les cultes, prient et chantent des cantiques le dimanche matin, y contribuent, car leur vie de fa- mille est une flagrante contradiction de ce qu’ils professent àl’église. C’est à eux que s’adresse la question de Jésus : Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, si vous ne faites pas ce que je dis?
Considérons donc les trois aspects du mariage que le texte proposé relève : amour, union et entendement.

Eph 5.25 dit que l’union maritale est inaugurée et soutenue par l’amour du mari, amour sans lequel le mariage ne serait qu’une relation légale dégradante produisant tensions, frustrations et haine. Malheureusement, bien des gens s’imaginent que s’ils entraient en relation avec Dieu, il exigerait d’eux une soumission servile qui tuerait leur joie et les rendrait misérables. Quel mensonge Car c’est Dieu qui, par amour, prit l’initiative en donnant son Fils pour qu’il nous rachète. Christ nous a aimés le premier, et nous avons répondu à ses avances en le recevant et en lui obéissant, tout comme une femme répond à l’amour de son mari en se soumettant joyeusement àson autorité.

L’amour est plus qu’une émotion. « Je t’aime » ne devrait pas être synonyme de « Je te désire pour mon propre plaisir ». L’amour authentique donne. Le mari chrétien prie pour sa femme, prend soin d’elle spirituellement et matériellement, et il la protège de ses ennemis et des critiques. Il se confie à elle et l’écoute. Il est son conseiller et son conducteur spirituel. Avec lui, elle se sent en sécurité.

Quand le mari apporte des cadeaux à sa femme, elle apprécie son intention bien au-delà du prix qu’il aura payé. Peut-être qu’il lui donnera des fleurs sans raison particulière, ou qu’il l’emmènera à un endroit qu’elle aime bien. Seulement, si votre femme n’a pas l’habitude d’être traitée de cette façon, commencez doucement. On m’a raconté l’histoire d’un Américain qui se rappela tout à coup que c’était l’anniversaire de sa femme. Ne lui ayant pas fait de cadeau depuis des années, il se sentit coupable et s’adressa à son ami, qui lui conseilla de lui acheter des fleurs et des bonbons. Il sonna donc à la porte chargé de roses et d’une boite de pralinés. Mais quand il lança d’une voix retentissante « Heureux anniversaire, ma chérie ! » – sa femme éclata en sanglots. « O Jean, dit-elle, j’ai passé une journée affreuse Les enfants n’ont pas voulu obéir, la machine à laver est tombée en panne, j’ai brûlé le rôti, et à présent tu rentres complètement rond ! »

L’amour authentique ne pose pas de conditions. Le mari aime sa femme comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle. Ne faites pas « mériter » votre amour à votre femme. N’exigez pas qu’elle soit parfaite vous serez déçu. Elle ne suivra pas forcément tous vos conseils. Elle dépensera ou nettoiera peut-être trop – ou pas assez Les repas ne seront pas toujours prêts à l’heure ou même alléchants. Aimez-la telle qu’elle est, non pas telle que vous voudriez qu’elle soit. – C’est ainsi que le Christ vous aime !

L’amour pardonne c’est le coeur de l’Evangile. Le Christ s’est donné afin de nous pardonner. Vous lui ressemblez le plus quand vous pardonnez. Si vous ne savez pas pardonner -en particulier à votre conjoint -, alors Jésus dit que vous êtes un mauvais chrétien, que vous n’avez pas vraiment compris l’Evangile. Si vous ne commencez pas à pardonner à la maison, où les occasions se présentent nombreuses, vous risquez de ne pas pouvoir le faire ailleurs.

L’amour marital est exclusif. Il implique une fidélité à vie. Tout adultère est destructif pour le couple et pour son témoignage chrétien. Jim Petersen illustre ce point dans son livre « Evangelism as a Life-style » (Une Vie qui parle, Navpresse, Strasbourg). Lors d’un voyage en avion, il se trouva à côté d’une femme fort attrayante qui était manifestement en quête d’une aventure. Il se mit alors à lui expliquer pourquoi il ne trompait jamais sa femme, même qu’elle ne se douterait de rien en raison de sa totale confiance en lui. Car ce ne sont ni les plaisirs clandestins, ni la position sociale, ni les passe-temps qui donnent à la vie son vrai sens, mais les relations humaines. Or, Petersen ne veut pas détruire la relation la plus précieuse dont il jouit. Même si sa femme ne s apercevait de rien, lui-même saurait qu’il a trahi sa confiance, ce qui créerait une distance entre eux. Ils deviendraient des étrangers sous le même toit, et ce serait les enfants qui pâtiraient le plus de son infidélité, ce qui serait le comble de l’égoïsme. – Sa voisine, qui avait 24 ans, fut touchée à vif par ce propos. Elle lui confia que c’était précisément à cause des liaisons qu’entretenaient tous ses amis mariés qu’elle ne voulait pas se marier. Quel ne fut pas son étonnement quand Petersen lui apprit que ses idées lui venaient de la Bible! Leur entretien fut interrompu à l’atterrissage… Une année plus tard, Petersen rencontra cette femme dans une église. Sa vie avait été transformée par le Christ. Telle est la force du témoignage d’un mariage vécu selon la Bible !

La conception de la fidélité dans le mariage nous fait saisir un autre aspect de la nature de Dieu. Jésus-Christ s’engage a une fidélité éternelle quand nous recevons son amour. Mais il demande la réciprocité. Même si vous commettez un adultère spirituel, par exemple en adhérant aux philosophies de l’humanisme, il reste fidèle (il ne peut se renier lui-même), bien qu’il soit profondément attristé. Il n’abandonne jamais son épouse, l’Eglise, tel un mari inconstant, mais cherche patiemment à rétablir sa santé spirituelle.

Par le mariage, un homme et une femme contractent une union permanente. Jésus et les apôtres ne laissent aucun doute sur la permanence du mariage. Cette vue sublime du mariage exclut toute « accommodation culturelle ». L’union du couple, loin d’être seulement d’ordre physique, embrasse leurs personnalités qui, d’une manière mystérieuse, deviennent une seule personne, de sorte qu’aucun des deux conjoints n’est complet sans l’autre. – L’apôtre Paul écrivait aux Corinthiens que le chrétien est une nouvelle créature en Christ. Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi, dit-il aux Galates. Personne n’est plus jamais seul quand il est devenu un avec le Christ.

C’est parce que le mariage est une union permanente que la Bible considère le divorce comme un acte anormal, mutilant, que les chrétiens doivent éviter. C’est sur ce point que l’humanisme hédoniste se heurte à la Bible. Un chrétien authentique qui a choisi comme autorité suprême la Parole de Dieu ne peut pas envisager les passades, les liaisons au fil du hasard, comme cela est malheureusement pratiqué par pas mal de chrétiens jeunes et moins jeunes, séduits par des considérations extra-bibliques.

Finalement, notre texte de base nous montre que le mariage reflète l’ordre établi par Dieu dans ses relations avec les hommes. Christ est le chef de l’Eglise, qui se soumet spontanément à son autorité de même, une épouse chrétienne accepte et encourage l’autorité de son mari dans la famille. Si elle se mettait à agir indépendamment de lui, elle renierait sa vraie nature et risquerait de perdre son bonheur. En se soumettant, elle connaît la vraie liberté.

Pourtant, cette relation serait pire qu’un esclavage si elle n’était pas motivée par l’amour. Personne ne parle d’esclavage quand une mère se lève a trois heures du matin pour soigner un enfant malade. La femme soumise n’est pas inférieure pour autant, pas plus que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est une personne inférieure de la divinité parce qu’il se soumet au Père. La tête n’est pas supérieure au coeur. Les deux agissent ensemble. Mais c’est la tête qui prend les décisions parce que c’est ainsi que le corps fonctionne. La encore, il faut choisir entre les insinuations des humanistes et la voix de Dieu. Dieu ne nous force jamais ,car aucune menace ne saurait produire en nous ce travail de notre amour (1 Thes 1.3) qu’il désire nous voir accomplir.

Le mari qui cherche à remplir son rôle de chef de la femme seIon l’Ecriture doit être conscient que, s’il est le conducteur, il doit aussi être un serviteur, jamais un dictateur. Jésus, le chef de l’Eglise, disait : Je suis au milieu de vous comme celui qui sert,– et il lava les pieds de ses disciples. Une autre fois, Jésus dit Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Le mari-conducteur chrétien devrait donc aider sa femme à exercer ses dons, àdevenir cet être unique que Dieu veut qu’elle soit, et à mettre en action le maximum de ses capacités d’enfant de Dieu. Le foyer mené par un chef de cette qualité connaîtra une harmonie divine. La femme qui a la chance d’avoir un mari exerçant cette autorité parée de service dévoué ne trouvera pas difficile de le suivre.

Mais, tout comme le mari, la femme aussi ne doit pas faire dépendre son amour et sa soumission de certaines conditions. Si son mari n’assume que difficilement ses fonctions de chef de famille, elle doit l’y aider en lui donnant confiance en ses capacités au lieu de le démolir. Qu’elle remercie le Seigneur pour les bons côtés de son mari, et qu’elle prie pour ses faiblesses. Qu’elle l’aide à bien faire son travail professionnel, car son amour-propre en dépend, et qu’elle ne le contredise pas en public et ne sape pas la confiance que les enfants témoignent àleur père. « Mais que faire si mon mari a mauvais caractère, s’il est inconséquent, exigeant et impassible? Dois-je quand-même me soumettre ? » Eh bien, oui. Ce sera plus difficile, mais cela vous obligera à vous appuyer sur Dieu afin de vous soumettre à son autorité de bon coeur. Dieu nous demande de suivre les instructions de sa Parole sans tenir compte de l’attitude des autres. Selon ce principe, une épouse ne doit pas faire dépendre la soumission à son mari de l’obéissance de ce dernier àla Parole de Dieu. Une telle obéissance impressionnera le mari incrédule à tel point qu’il y a toutes les chances qu’il se convertisse.

Vous pensez peut-être que jamais vous ne sauriez suffire à des exigences si élevées. Soit. Mais nous avons besoin d’un idéal vers lequel tendre. Tout échec peut être confessé au Seigneur, qui pardonne et purifie. Son amour est sans faille. Il est touché par nos faiblesses et ne nous fera jamais défaut.

En fait, tout comportement chrétien est surnaturel. Il nous est impossible de vivre selon les exigences chrétiennes sans l’aide de Dieu. Le premier pas vers la piété, que ce soit dans le mariage ou dans toute autre relation humaine, est la soumission au Seigneur. Peut-être ne vous êtes-vous jamais vraiment soumis au Seigneur ? Il faut que vous vous consacriez à Jésus-Christ avant de vous attendre à un progrès quelconque. Ensuite, marchez par la foi, conscient de votre union avec lui et de son amour éternel pour vous. Rappelez-vous que Dieu ne donne ni ne retient son amour en fonction de ce que vous faites ou ne faites pas. Faites confiance au Saint-Esprit, qui vous donnera la puissance dont vous avez besoin pour surmonter les tendances égoïstes de votre nature pécheresse, pour vous mener dans les verts pâturages de sa bénédiction, près des eaux paisibles.

Dieu désire que vous soyez parfaitement heureux dans votre mariage. C’est lui qui l’a inventé, lui le Dieu de toute joie. Non seulement il a inventé les plaisirs qui découlent de la communion dans le mariage, mais il nous a aussi donné, dans les Saintes Ecritures, les instructions garantissant un mariage heureux.

Que sa vérité vous libère et vous comble dans la mesure où la droiture régnera entre vous et où vous vous consacrerez au Seigneur en recherchant sa volonté par la lecture de sa Parole et dans la prière en commun. Que votre foyer répande le parfum de la grâce de Dieu.

Sermon prêché lors d’un
mariage en février 1984 par
M. George CRIPE, pasteur

Traduit et adapté par
J.P. SCHNEIDER