PROMESSES
Étendant la main sur ses disciples, [Jésus] dit : Voici ma mère et mes frères (Mat 12.49).
Un jour, la mère et les frères de Jésus le font appeler pour qu’il les rejoigne, à l’écart de la foule qu’il enseigne.
Jésus répond par un geste et une parole :
- « Étendant sa main sur ses disciples… » : ce geste ressemble à celui d’un chef d’orchestre au moment des applaudissements à la fin d’un concert ; il étend son bras successivement vers plusieurs musiciens ou solistes. Par ce geste il les honore, il valorise leur contribution au concert, il se montre fier et heureux d’être leur chef. En étendant sa main, Jésus désigne et honore publiquement ceux qui comptent le plus pour lui : ses disciples.
- « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (v.50). Pour Jésus, ses disciples ne sont pas que des collaborateurs, des assistants. Ils sont ses véritables proches ; ils sont unis par un lien intime d’affection et de confiance, ils partagent leur quotidien. En disant « quiconque », il nous offre aussi le même honneur : nous regarder et nous présenter comme ses proches.
Cet épisode touchant révèle la nature profonde de la relation disciple-maître : le disciple est déterminé à faire la volonté du Père ; le maître considère son disciple comme son vrai proche, son ami, son confident.
Quel honneur pour nous, disciples ; quel exemple pour nous, formateurs de disciples !
- Edité par Lacombe Jean
La Bible utilise de nombreux termes pour désigner le chrétien.
Chacun de ces termes révèle un appel ou une bénédiction de Dieu pour vous.
Chacun a une saveur particulière…
Bonne dégustation !
Ambassadeur : représentant personnel de Dieu pour annoncer le message de la réconciliation ; il peut être mal reçu, parfois même emprisonné (Éphésiens 6.20).Ambassadeur : représentant personnel de Dieu pour annoncer le message de la réconciliation ; il peut être mal reçu, parfois même emprisonné (Éphésiens 6.20).
» Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! « (2 Cor 5.20)
Athlète : sportif qui se soumet à un régime et s’entraîne pour être un vainqueur ; il respecte les règles de sa discipline.
Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul remporte le prix ? Courez de manière à le remporter. Tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible ; mais nous, faisons-le pour une couronne incorruptible (1 Cor 9.24-25 ; cf. 2 Tim. 2.5)..
Bien-aimé : aimé d’un amour profond. Jésus est le bien-aimé de Dieu (Marc 1.11) ; de même, les croyants sont les bien-aimés de Dieu (Rom 1.17) et d’autres croyants (Rom 12.19).
Chrétien : surnom attribué aux disciples à Antioche, car ils se réfèrent toujours à leur maître, Christ.
C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. (Act 11.26 ; cf. Act 26.28 ; 1 Pi 4.16)
Citoyen des cieux : homme libre qui jouit du droit de cité, respecte ses lois et est protégé par elles.
Mais nous, nous sommes citoyens des cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ (Phil 3.20).
Disciple : personne en formation-apprentissage, attachée à un maître (disciple du Seigneur, Act 9.1). La marque des vrais disciples : l’amour entre eux (Jean 13.35). Un disciple a pour but de faire d’autres disciples (Mat 28.19-20). N.B. : le mot est employé dans les Évangiles (surtout pour les apôtres) et dans Actes (pour tous les croyants).
Les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit (Act 13.52).
Élu : choisi, pris parmi, retenu, (toujours de façon positive). Mot employé pour Jésus (élu de Dieu, Luc 23.35), pour les anges (1 Tim 5.21), pour l’église (1 Pi 2.9) et pour les croyants.
Exprime une faveur et une relation spéciales qui valorisent celui qui est « élu » aux yeux de Dieu.
Comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience (Col 3.12).
Enfant : 1. enfant de Dieu : qui a un lien affectif avec Dieu, nourri et protégé par son « papa », proche de lui, héritier.
2. enfant « spirituel », comme Timothée (1 Tim 1.2), Tite (Tite 1.4), Onésime (Phm 10) pour Paul.
3. personne jeune dans la foi (1 Jean 2.1,12,13).
4. groupe d’âge faisant partie de l’église, auquel Paul s’adresse directement (Éph 6.1 ; Col 3.20).
Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! Et nous le sommes (1 Jean 3.1 ; cf. Phil 2.15 ; 1 Thes 5.5).
Étranger et voyageur : il n’appartient pas au système du monde, il est seulement « en transit » sur la terre car il est citoyen des cieux.
» Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme » (1 Pi 2.11)..
Fils : il a un lien juridique de filiation avec son Père ; titre de Jésus que Dieu veut nous conférer.
Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu (Gal 4.6-7 ; cf. Rom 8.15).
Frère : membre d’une famille ayant le même Père, le même type « ADN », les mêmes valeurs, le même héritage ; le mot suggère la proximité, l’amour, le respect, la solidarité, le partage. Jésus nous appelle « ses frères » (Mat 12.49, 28.10 ; Jean 20.17 ; Héb 2.11).
Frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix ; et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous (2 Cor 13.11).
Héritier : le Père veut partager avec lui sa maison, sa gloire, ses richesses.
Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui (Rom 8.17 ; cf. Gal 4.7).
Laboureur : il travaille dur maintenant mais sait attendre patiemment la future récolte.
Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison (Jac 5.7).
Membre du corps : il est intégré dans l’église, celle-ci étant comparée à un corps dirigé par la tête (Christ). Chacun(e) est un membre, ayant reçu un rôle spécifique et complémentaire du rôle des autres.Membre du corps : il est intégré dans l’église, celle-ci étant comparée à un corps dirigé par la tête (Christ). Chacun(e) est un membre, ayant reçu un rôle spécifique et complémentaire du rôle des autres.
Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part (1 Cor 12.27).
Ouvrier : il est occupé dans « les bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Éph 2.10).
Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité (2 Tim 2.15).
Sacrificateur : il apporte à Dieu quelque chose qui l’honore : vie transformée (Rom 12.1), louange, offrandes, bienfaisance.
Par [Christ], offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n’oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir (Héb 13.15-16).
Saint : il est purifié, mis à part pour Dieu ; c’est le résultat de l’œuvre de Christ et non de ses efforts.
C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes (Héb 10.10).
Sel et lumière : il donne une bonne saveur, conserve, et repousse les ténèbres.
Vous êtes le sel de la terre […] Vous êtes la lumière du monde (Mat 5.13…14 ; cf. Éph 5.8).
Serviteur (esclave) : il est entièrement au service de Dieu. Titre attribué à Christ (Act 3.13 ; 4.27,30 ; Phil 2.7), Paul (Rom 1.1), Pierre (2 Pi 1.1), Jacques (1.1), Jude (1.1), David (Act 4.25), Moïse (Héb 3.5). Il est aussi au service des autres (2 Cor 4.5 ; Gal 5.13).
» Agissant comme des serviteurs de Dieu » (1 Pi 2.16).
Soldat-combattant : il combat le vrai ennemi avec les bonnes armes, sans se laisser distraire (Éph 6.11-17 ; cf. 2 Cor. 10.4).
Souffre avec moi, comme un bon soldat de Jésus-Christ. Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé (2 Tim 2.3-4).
Témoin : il transmet avec la puissance de l’Esprit ce qu’il a lui-même vu, entendu ou expérimenté.
Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Act 1.8).
- Edité par Lacombe Jean
Ô mon sauveur, Aide-moi.
Je suis si lent à apprendre,
si prompt à oublier,
trop faible pour gravir : je suis au pied de la colline
quand je devrais être au sommet.
Je suis peiné par mon cœur sans grâce,
mes jours sans prières,
ma pauvreté de cœur,
ma paresse dans la course céleste,
ma conscience souillée,
mes heures gâchées,
mes opportunités ratées.
Je suis aveugle alors que la lumière brille autour de moi :
enlève les écailles de mes yeux,
polis mon cœur incrédule jusqu’à le réduire en poussière.
Que ma plus grande joie soit de t’étudier,
de méditer sur toi,
de te contempler,
comme Marie, de m’asseoir à tes pieds,
comme Jean, de me pencher sur ta poitrine,
comme Pierre, d’être attiré par ton amour
comme Paul, de tout considérer comme des ordures. Donne-moi de progresser et de grandir dans la grâce pour qu’il y ait
plus d’affirmation dans mon caractère,
plus de vigueur dans mes intentions,
plus de hauteur dans ma vie,
plus de ferveur dans ma dévotion,
plus de constance dans mon zèle.
J’ai une position dans le monde,
garde-moi de faire de cette position mon monde ; Que je ne cherche jamais dans la créature,ce que je ne peux trouver que dans le Créateur ; Ne laisse pas ma foi cesser de te rechercher jusqu’à ce qu’elle disparaisse à ta vue. Élance-toi en moi, toi le Roi des rois et Seigneur des seigneurs,
que je puisse vivre dans la victoire,
et atteindre mon but, victorieux.
Texte extrait de The Valley of Vision – a collection of puritan prayers and devotions, Arthur Bennet, The banner of truth, 1975.
Traduction : Matthieu Giralt.
- Edité par Anonyme
Quand nous lisons l’Évangile, un constat saute aux yeux : Jésus, après un court ministère solitaire, s’est rapidement entouré d’une communauté de personnes appelés « disciples ». Ceux-ci ont été interpellés par son activité, son attitude et ses discours.
Une tradition assez commune dans la tradition rabbinique de l’époque consistait à suivre un maître (ici Jésus-Christ) pour s’en inspirer, comprendre et apprendre son enseignement. Les disciples ont formé la première communauté de croyants autour de Jésus et constituaient une « proto-église ». Leur expérience est riche d’enseignements car elle fait écho à de nombreuses situations de notre contexte.
Quel est le but de la communauté des disciples ?
Aujourd’hui, l’Église est aussi constituée des disciples de Jésus dont le but est de le suivre et le servir. L’appel de Jésus résonne encore aujourd’hui : « Faites de toutes les nations des disciples » (Mat 28.19-20).
Avant son départ, Jésus nous a laissé cet impératif qui donne le coup d’envoi de l’ère de l’Église et son essence, sa grande mission. Quel vaste programme ! L’objectif pourrait nous paraître colossal, voire inatteignable… Néanmoins Jésus, le chef de l’équipe, est là tous les jours pour nous accompagner dans cette grande mission par l’envoi de l’Esprit saint (Act 2).
Le but des communautés chrétiennes est donc précis : faire grandir la communauté des disciples avec la méthode que Jésus nous a laissée. Cette optique peut guider les églises dans leurs choix, leur orientation et le règlement d’éventuels litiges.
L’enjeu pour les communautés est d’arriver à reproduire fidèlement ce processus en l’ajustant en permanence aux différentes situations, époques et cultures.
Qu’est-ce qu’un disciple de Jésus ?
Pour entrer dans ce mouvement de multiplication des disciples, précisons ce qu’était un disciple dans la culture au début du christianisme.
Le disciple suit son maître pour l’observer et reproduire son exemple. Pour cela il s’imprègne de sa personnalité, de ses caractères, de son enseignement. Son objectif est de « revêtir » le Maître, en vivant près de lui. L’idée est de vivre continuellement avec le « Rabbi », afin d’être des rabbis en devenir dans tous les domaines de notre vie.
Les premiers croyants étaient appelés des « disciples » avant d’être appelés « chrétiens »[note]Littéralement christianos, c’est-à-dire « partisan du Christ » [/note] pour la première fois en Actes 11.26. Le processus d’identification au modèle était donc déjà bien visible en eux ! Les disciples suivent le Seigneur coûte que coûte et ressemblent au Maître, partageant les mêmes épreuves et les mêmes souffrances en poursuivant sa tâche.
Comment motiver à être disciple ?
Une communauté chrétienne doit stimuler ses membres à suivre le Maître. Cette motivation ne découle pas d’une auto-stimulation de notre volonté à la manière de la « méthode Coué ». Ce n’est pas non plus par des sermons insistants du type : « Engagez-vous ! » que nous allons amener les auditeurs à suivre Jésus-Christ en qualité de disciples ; il semblerait même que ces pressions aboutissent à l’effet contraire.
Mais alors comment Jésus a-t-il fait pour engager au moins onze personnes à le suivre et à continuer son œuvre ? Il vivait de manière visible et exemplaire au milieu de sa communauté, en continu. Il a enseigné et engagé ses amis dans l’œuvre de Dieu par de nombreux travaux pratiques, au risque de les voir parfois échouer. Il les a disciplinés avec douceur mais aussi parfois avec vigueur – toujours cependant avec un amour tangible. Il les a finalement envoyés au dehors des frontières d’Israël prêcher la bonne nouvelle alors qu’ils ne semblaient pas assez « matures » pour reproduire ce qu’il avait fait avec eux. Il s’agit premièrement de rendre visible Jésus pour qu’il interpelle des auditeurs. Il transforme à son image ceux qui le contemplent (2 Cor 3.18). Jésus-Christ doit donc être au centre de la vie de la communauté : des prédications, de l’hymnologie, des temps de relations informelles, etc. Le secret du progrès dans la vie chrétienne est de marcher en sincérité avec un Christ ressuscité. Comme le disciple est toujours susceptible de se tenir à distance du chef de l’Église, par paresse, par culpabilité, par tristesse, etc., il est primordial qu’il soit nourri continuellement au sein de la communauté de l’enthousiasme de l’évangile, de la grâce et de la joie de Jésus. L’ennemi cherche sans cesse à dissoudre l’unité des communautés et à isoler la brebis fragile.de relations informelles, etc. Le secret du progrès dans la vie chrétienne est de marcher en sincérité avec un Christ ressuscité. Comme le disciple est toujours susceptible de se tenir à distance du chef de l’Église, par paresse, par culpabilité, par tristesse, etc., il est primordial qu’il soit nourri continuellement au sein de la communauté de l’enthousiasme de l’évangile, de la grâce et de la joie de Jésus. L’ennemi cherche sans cesse à dissoudre l’unité des communautés et à isoler la brebis fragile.
Pour faciliter la réception de son enseignement par ses disciples, Jésus a développé une atmosphère de confiance et de proximité propice aux confidences. Un exemple : ses adieux en Jean 13 à 17 au cours desquels Jean se penche sur la poitrine de Jésus et obtient des confidences au sujet de Judas ; pendant ce moment, ses disciples prennent la cène pour la première fois et osent poser à Jésus des questions très importantes.
Il est donc regrettable que la pudeur spirituelle et l’individualisme dominent parfois chez les croyants. Il est aussi triste de voir des croyants s’isoler
à la suite de blessures ou d’incompréhensions, ou par « amour pour le siècle présent » (2 Tim 4.10). Suscitons des conditions ou des moments qui permettent des relations profondes au sein de la communauté, afin que les membres puissent s’encourager et partager les exploits du Maître dans leur vie en matière de sanctification, d’évangélisation, de providence, etc.
Quel enseignement donner ?
Le cœur du discipulat est la personne de Jésus. L’enseignement vise donc à transformer l’apprenti pour qu’il ressemble de plus en plus à Jésus.
L’enseignement cherche à nous faire découvrir ce que l’on est devenu en tant que nouvelle création en Jésus. Prendre conscience de notre nouvelle identité rejaillira indubitablement dans un comportement, des attitudes, une pratique, qui se calqueront sur Christ.
Dans l’enseignement biblique, montrons comment le plan de Dieu, centré sur Jésus, parcourt l’ensemble des Écritures. Cette bibliothèque divine est l’outil pédagogique de Dieu pour se faire connaître de l’humanité. Trop souvent, des croyants connaissent des histoires de la Bible par cœur, comme un patchwork, mais n’ont pas charpenté leur pensée par une vue d’ensemble. Si nous ne comprenons pas le fil rouge du plan de Dieu, nous ne pourrons pas le communiquer et cela empêchera la multiplication des disciples.
L’enseignement de la Bible s’intègre aussi dans les expériences vécues collectivement par la communauté. L’apprentissage est ainsi ancré dans le concret. Par exemple, c’est en voyant le temple que les disciples interrogent Jésus sur son devenir (Marc 13).
Quels sont les travaux pratiques ?
Dans les Évangiles, la moitié du temps, les disciples étaient envoyés en mission pour accomplir ce que Jésus avait lui-même fait. De même, les disciples sont souvent sollicités pour participer au ministère de Jésus, par exemple lors de la multiplication des pains. Ces sollicitations ont très souvent une portée d’enseignement.
Ce mode de transmission doit inspirer la pédagogie de nos communautés. Elles sont en réalité des pépinières de projets évangéliques dans lesquelles la vie du groupe se développe par la progression spirituelle des disciples et leur accroissement en nombre, et cela malgré leurs imperfections et leurs erreurs.
Chacun des disciples d’aujourd’hui est envoyé chaque semaine vers le monde, dans ses activités, son voisinage, sa famille pour annoncer la bonne nouvelle de Dieu, tout comme les premiers disciples. Nous devons nous sentir accompagnés du soutien et de la solidarité du groupe pour annoncer le nom de Jésus et lui être fidèles. Nous pouvons en effet facilement perdre du temps en enfantillages, par esprit de compétition, par convoitise… tout comme les premiers disciples !
Pourquoi faire un bilan ?
Les débriefings de Jésus sont aussi à imiter. Ces moments permettent de tirer tout le profit des expériences vécues. Ils font progresser les apprentis vers des niveaux de maturité supérieurs, en donnant un enseignement sur mesure où la théorie rejoint la pratique.
Finalement il semblerait qu’apprendre de nos échecs soit une partie importante de notre formation. Par exemple, Pierre a beaucoup progressé après son reniement de Jésus (Luc 22.31-32).
Les communautés doivent stimuler des projets de rayonnement collectifs mais aussi individuels, les suivre, puis en faire le bilan afin que les membres soient équipés pour être efficaces dans leur service.
Pour conclure
L’exemple que Jésus nous a laissé avec ses disciples est un modèle pour que notre vie communautaire se développe. Tous les éléments de l’Évangile ne peuvent qu’attiser ce feu pour qu’il progresse jusqu’aux extrémités de la terre. Le bouillonnement de la communauté autour de l’Évangile ne pourra alors que se répandre. Une Église fidèle, féconde et servant son Maître, c’est ce que Dieu veut voir dans nos rassemblements.
- Edité par Grosdidier Adrien
Je logeais, raconte un de nos amis, chez un riche propriétaire, dont le jardin était magnifique. Il avait la plus belle collection de roses que l’on puisse voir. Son jardinier, homme fort habile dans son métier, était fier de ses rosiers, de l’un surtout qui portait trois roses de toute beauté, trois roses parfaites de couleur, d’élégance et de parfum. Chaque matin le jardinier se promenait à travers les plates-bandes, passant l’inspection de ses plantes, comme un chef de ses soldats.
Un jour, le brave homme s’approcha de son rosier préféré. À son grand étonnement, les trois roses avaient été cueillies ! Plein de colère et soupçonnant quelque domestique d’avoir commis cette déprédation, il se dirigea vers la maison : « Quelqu’un a pris mes roses ! cria-t-il. Il faut que je sache qui c’est ! » Mais sa colère tomba bientôt et fit place à un silence respectueux, lorsque l’un de ses aides lui apprit que le maître était venu avant lui au jardin et que c’était lui qui avait cueilli les fleurs royales.
Le maître ! Tout est dans ce mot-là. Le jardinier pourrait oublier que le jardin n’est pas à lui, mais à celui qui le lui a confié. Le maître n’a pas besoin de la permission de son serviteur pour faire usage de ce qui lui appartient.
Ce trait n’est-il pas d’une explication trop facile ? Vous aussi, […], vous avez cultivé avec amour, peut-être avec passion, quelque fleur de choix, et tout à coup le Maître vous l’a ravie. Cette fleur, c’était peut-être un enfant ; sa mort vous en a séparé. Oh ! quel déchirement cruel ! Pourtant, l’enfant n’était pas à vous, mais à Dieu. Qu’avez-vous à dire, si Dieu a voulu reprendre ce qui lui appartenait, s’il a voulu orner son palais céleste d’une des plus belles fleurs de la terre ?
Peut-être avez-vous cultivé un art, un talent qui vous était confié pourque vous le fissiez valoir à la gloire de Dieu. Vous ne vous en êtes servi que pour vous-même ; pour le plaisir que vous en retiriez, pour les éloges qu’on murmurait autour de vous. Et le Maître a repris ce talent.
Adorateur du succès, vous avez vu se briser votre idole ; il ne vous en reste que les débris et que le souvenir…
Le Maître ! Ce mot paraît odieux à bien des gens, et il ne résonne agréablement aux oreilles de personne.
Notre cœur indompté ne veut pas reconnaître d’autorité supérieure ; il ne veut d’autres maîtres que ceux dont il lui est loisible de changer à son gré.
Ceux qui, au nom d’une fausse science et d’une vaine philosophie, parlent aux hommes d’indépendance absolue, sont sûrs de plaire à la foule. Et la raison pour laquelle l’Évangile est si peu populaire, malgré son libéralisme et l’élévation de sa morale, c’est que l’Évangile reconnaît et proclame les droits du Maître. Les hommes ne savent pas ou ne veulent pas voir que l’obéissance à des forces supérieures et invisibles est un axiome, un fait auquel un fait auquel on n’échappe pas. Donnez-lui le nom que vous voudrez, appelez-le Hasard, Fatalité, Destin, il n’en demeure pas moins vrai que quelque chose est plus fort que vous, plus fort que tout et que tous. Mais ce Maître souverain n’est point une force anonyme, arbitraire et inconsciente. Il n’y a pas de fatalité. Nous ne sommes pas les jouets de forces aveugles. Il y a un Maître sans doute, mais ce Maître est un Père, et tout ce qu’il fait, même ce qui nous paraît le plus cruel, a une raison bienveillante. En un mot, il fait notre éducation. Dans ses colères apparentes, même les plus terribles, il ne brise rien que ce qui devait être brisé nécessairement ; il respecte ce qui doit durer, ce qui vaut la peine d’être conservé ; que dis-je ? Il ne détruit l’apparence des choses que pour mettre en évidence leur réalité et préparer leur perfection. Soumettons-nous donc de bon cœur à ce Maître, qui nous a prouvé son amour en s’imposant à lui-même la plus dure souffrance, puisqu’il a donné son Fils pour sauver notre âme et celle de nos enfants !
- Edité par Saillens Ruben
« Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors, et rachetez le temps. Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun. »
Colossiens 4.5-6
Un dîner presque parfait
Lors d’un récent voyage en Côte d’Ivoire, j’ai été chaleureusement invité à un anniversaire surprise d’une collaboratrice de notre client. Lors du repas, certaines musiques ivoiriennes ont attiré mon attention : c’était en fait des chants de louange chrétien. Nous avons donc commencé à échanger librement sur les croyances de chacun des convives. Autour de la table se trouvaient une majorité de chrétiens de différentes confessions, deux musulmans, un traditionnaliste (proche de l’animisme) et mon collègue agnostique. Ce sujet de discussion est assez tabou dans l’espace public en France. En effet, sous couvert de laïcité, le partage de sa foi dans la sphère publique ou professionnelle peut paraître ostracisé. Il est pourtant autorisé, dans le respect de son interlocuteur bien entendu.
La soirée s’est prolongée avec un débat animé entre plusieurs chrétiens (dont moi-même) et le traditionnaliste. Il se plaignait de certains chrétiens qui sont trop sûrs d’eux et qui font du prosélytisme, à proprement parler, en venant même toquer aux portes des maisons très tôt le matin. Il questionnait les intentions profondes de tels chrétiens. Il est intéressant de se poser cette question : si nous évangélisons, qu’est-ce qui nous anime le plus ? La volonté de montrer aux autres que nous avons raison ou bien la volonté de partager le remède qui nous a guéris, par amour pour notre prochain ?
Recherchons le bon équilibre
Lorsqu’un disciple témoigne, il y a deux principaux écueils à éviter. D’un côté, on peut asséner la vérité de manière trop dure, sans amour. Nous serions alors comme « une cymbale qui retentit » en produisant un son confus (1 Cor 13.1). De l’autre, nous pouvons être tentés d’adoucir le message biblique, d’accentuer uniquement l’amour de Dieu pour essayer de laisser une porte ouverte au salut de notre interlocuteur, même s’il ne connaît pas Jésus. Pourtant Jésus n’a pas essayé d’arrondir les angles ni de relativiser sa propre importance quand il a déclaré : « nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14.6). C’est à cet équilibre qu’encourage Paul en Colossiens 4.5-6. Ce verset décrit un savant mélange entre la « grâce », autrement dit la douceur du propos, et le « sel », qui représente la vérité de l’esprit, donnant le véritable « goût » à nos paroles.
Lors de cette soirée, j’espère que nous ne sommes pas tombés dans ces travers. En fin de compte, personne n’a changé de position. On pourrait en conclure que ces débats religieux sont infructueux et inutiles. Mais faire changer d’avis une personne ne devrait pas être le but premier de notre échange. Ne jugeons pas des fruits du témoignage que nous apportons. Obéissons simplement à la mission que le Christ nous donne : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a eu pitié de toi » (Marc 5.19).
La responsabilité de Dieu, du disciple et de celui qui l’écoute
Paul distingue avec justesse et humilité les responsabilités des différents acteurs de l’évangélisation : « J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître » (1 Cor 3.6-7).
Laissons à Dieu le travail du cœur que Lui seul peut réaliser. Notre responsabilité consiste seulement à « planter une graine » ou à « arroser » le témoignage de quelqu’un d’autre. Laissons aussi le temps à notre interlocuteur de digérer la discussion et de se positionner librement par rapport au message. Enfin, tirons profit de ces échanges pour progresser dans la ressemblance de notre Sauveur.
Me suis-je adapté à mon interlocuteur sans le juger ? « J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. » (1 Cor 9.22) Ai-je parlé en vérité ? « […] nous n’avons point une conduite astucieuse, et nous n’altérons point la parole de Dieu. Mais en publiant la vérité, nous nous recommandons à toute conscience d’homme devant Dieu » (2 Cor 4.2).
Ai-je parlé avec douceur et respect ? « Étant toujours prêts à vous défendre avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 Pi 3.15).
Ai-je répondu à la provocation par la provocation ? « Ne rendez à personne le mal pour le mal » (Rom 12.17).
Est-ce l’amour de mon prochain qui m’a poussé à parler ? « Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Gal 5.14)
Mon comportement et mes actes sont-ils en accord avec mon témoignage ? « Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité » (1 Jean 3.18).
Ai-je envie de prier pour son bonheur, pour son salut ? « J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes » (1 Tim 2.1).
Pour être heureux, vivons cachés ?
On pourrait être tenté d’être un disciple discret en se donnant une foule de « bonnes raisons » : je ne sais pas bien parler, je ne veux pas faire de prosélytisme ou mettre les gens mal à l’aise, j’ai peur de perdre des amis… Beaucoup de ces excuses ne sont souvent qu’une projection de nos peurs et s’avèrent erronées lorsqu’on se lance. Mais au fond, est-ce que le témoignage est une option ou un véritable devoir du disciple ?
On trouve dans la Bible des exemples de disciples, qui ne vivent pas leur foi au grand jour. C’est le cas de Joseph d’Arimathée et de Nicodème, qui étaient des disciples secrètement au début de leur chemin de foi. Être un disciple en secret n’est pourtant pas une option laissée par le Seigneur : « Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges » (Marc 8.38, voir aussi Mat 10.32-33).
Heureusement, la Bible nous apprend que ces deux hommes ont finalement pris le risque de révéler leur foi, au moment où cela était pourtant le plus risqué pour eux :
« Après cela, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le lui permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus. Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès » (Jean 19.38-39).
La peur ne doit donc pas être une excuse pour se taire. Dans beaucoup de pays, les chrétiens persécutés assument leur foi de manière plus courageuse que dans certains pays de liberté religieuse.
Il serait certes plus confortable pour nous d’être des chrétiens du dimanche ou de la sphère privée. Mais on n’allume pas une lampe pour la cacher sous un seau ! (Mat 5.15).
Si nous risquons dans notre pays quelques moqueries pour notre témoignage, souvenons-nous que « nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire… » (2 Cor 4.17).
Assumons la “folie” de la prédication
Dans la Profession de foi du vicaire savoyard, Rousseau critique les religions révélées, l’autorité et la fiabilité du témoignage de la Bible. Il en appelle à la religion naturelle, croyance raisonnable que chacun peut découvrir dans son cœur. Beaucoup d’agnostiques modernes sont influencés par cette pensée et par un relativisme interdisant l’existence même d’une vérité révélée.
Dans un dialogue fictif avec un croyant, Rousseau écrit : « Dieu a parlé ! Voilà certes un grand mot. Et à qui a- t-il parlé ? Il a parlé aux hommes. Pourquoi donc n’en ai-je rien entendu ? Il a chargé d’autres hommes de vous rendre sa parole. J’entends ! ce sont des hommes qui vont me dire ce que Dieu a dit. J’aimerais mieux avoir entendu Dieu lui-même (…) »
Il est vrai que la mission de témoin du Christ n’est pas évidente. Pourquoi Dieu se sert-il de disciples humains, si faillibles, alors qu’il pourrait d’un mot se faire connaître à l’oreille de tout homme ? Mais qui sommes-nous pour expliquer à Dieu comment il doit parler aux hommes ? Si en Eden, Dieu parlait sans intermédiaire avec Adam et Eve, il aurait parfaitement pu couper toute relation avec l’humanité après
la chute. Il a cependant choisi des hommes pour se faire connaître. Cette méthode peut paraître humiliante pour Rousseau, mais justement, Dieu veut se révéler aux humbles. Si Dieu daigne envoyer un serviteur pour nous parler, c’est déjà une grande marque d’amour. Si un ministre vous parle de la part du président, vous plaindrez-vous que ce dernier ne s’adresse pas directement à vous ?
En réfutant l’existence d’une révélation unique de Dieu, sous prétexte d’intolérance des croyants qui la défendent, Rousseau finit par se créer son propre Dieu, sur mesure. Ironiquement, propre intolérance envers tous ceux qui ne se sont pas fabriqués le même Dieu que lui devient alors évidente.
Paradoxalement, même s’il reste sceptique, Rousseau est obligé de concéder ceci : « Je vous avoue aussi que la majesté des Écritures m’étonne, que la sainteté de l’Évangile parle à mon cœur » Plus encore, il ne peut nier l’historicité du Christ et va jusqu’à dire : « Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu ».
Soyons donc des disciples visibles qui affirment avec Paul :« Je n’ai point honte de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rom 1.16).
- Edité par Combe Silvain
1. Notre appel
Nous savons ce que le Seigneur nous a appelés à faire : « Allez… faites des disciples » (Mat 28.19). Son commandement était clair. Nous savons ce que nous devrions faire. Le problème est que peu le font… Nous avons nos réunions d’église, nos études bibliques, nos petits groupes… Mais qui est la personne que je veux accompagner intentionnellement ? Qui est la personne (plus jeune) pour laquelle je vais investir ma sagesse, mon temps et mon énergie, afin qu’elle grandisse dans la foi ?
« Philippe accourut, et entendit l’Éthiopien qui lisait le prophète Ésaïe. Il lui dit : Comprends-tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ? Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir avec lui. » (Act 8.30-31)
2. La valeur du mentorat
Bien que l’église soit le lieu donné par Dieu pour la communion et l’instruction des croyants, il est aussi nécessaire d’envisager un accompagnement plus personnel et plus intentionnel afin de permettre une plus grande croissance. C’est là qu’intervient le mentor spirituel. Le mentorat a pour but de faire grandir une personne à la ressemblance du Christ et à atteindre son plein potentiel à long terme. La dévotion n’est pas une chose instantanée. Il s’agit de créer un environnement permettant de développer une faim et une passion pour le Christ.
Aujourd’hui, le besoin majeur consiste à redécouvrir ce que signifie faire des disciples. En bref, une relation de mentorat spirituel est une relation dans laquelle un jeune croyant est accompagné par un croyant plus mûr, pendant une saison de sa vie, afin de devenir plus fort dans la foi et d’être équipé pour le ministère.
3. Qu’est-ce qui caractérise une relation mentor-disciple ?
a. C’est un investissement constant
Paul a dit à Timothée de rechercher des personnes fiables et qualifiées (2 Tim 2.2). Les mentors devraient investir de manière cohérente leur temps et leur énergie dans des personnes fidèles et fructueuses. Ils devraient les aimer, les encourager et les affermir dans leur foi. Challenger, corriger, réprimander et exhorter font aussi partie de la formation. Les mentors devraient dépenser leur temps et leur argent pour construire des relations profondes.
Paul a dit dans 1 Cor 11.1 : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » Derrière lui, il y avait Timothée, Tite, Silas et une foule d’autres personnes. Ils le suivaient parce qu’il avait investi en eux. Il leur avait appris à vivre, à fonder des églises, à faire des disciples et à accomplir l’œuvre du Seigneur. Paul les a exhortés à mettre en pratique tout ce qu’ils avaient vu et entendu de lui. Ils l’admiraient et voulaient un modèle pour les aider à comprendre à quoi ressemble le fait de suivre Jésus. Cela implique tout, des tâches ménagères à la gestion des finances et des relations, en passant par la prédication et les entretiens pastoraux. S’épanouir en suivant, en apprenant et en servant toute sa vie est une source d’inspiration pour les autres.
Un bon mentor donne l’exemple de sa propre vie et partage sa sagesse afin que son disciple puisse faire face aux défis actuels et répondre correctement à la question « Comment pour-rions-nous (ou devrions-nous donc) vivre ? » (Éz 33.10).
b. C’est un processus intentionnel et à long terme
Notre société devient de plus en plus instantanée, avide de succès et de connaissances immédiates. En revanche, le discipulat est un processus intentionnel et à plus long terme.
Suivre, apprendre et servir exigent un travail soutenu, continu et progressif pour nous faire « mûrir en Christ ». Non seulement la société pousse à l’instantanéité, mais elle peut aussi nous amener à confondre la vie de disciple avec la simple acquisition d’informations (via notre intellect uniquement). On suppose à tort qu’une acquisition accrue d’informations équivaut à la maturité des personnes, ce qui, si cela était vrai, rendrait le processus de formation de disciples largement obsolète. Le véritable discipulat chrétien n’est pas instantané. C’est un processus au long cours.
c. C’est une approche holistique
La formation de disciple concerne tous les aspects de notre vie. Lorsque nous cherchons à encadrer un jeune croyant, il est important d’aborder l’individu dans son ensemble. Cela signifie que la formation de disciple doit se concentrer sur l’esprit, le cœur et la volonté. Pour façonner en nous une vision biblique du monde, notre esprit doit être renouvelé par la vérité de Dieu. En plus d’acquérir sagesse et perspicacité à travers les Écritures, les affections de notre cœur doivent également être transformées, afin que nous grandissions dans l’amour du Seigneur et de notre prochain. Paul disait à Timothée que le but de son instruction était l’amour (1 Tim 1.5). Un disciple est également appelé à prendre les bonnes décisions face aux multiples questions de la vie. En faisant des choix qui honorent Dieu, il approfondira sa relation avec Lui. En suivant son chemin avec une conscience pure devant Dieu et devant les hommes (Act 24.16), il se réjouira de la paix par laquelle Dieu confirme sa direction.
4. Construire une relation durable
Un mentorat efficace nécessite l’entretien d’une relation toujours plus profonde. Le mentor aide à façonner l’individu à la lumière des responsabilités et des opportunités auxquelles il est confronté dans les domaines de la vie et des relations. Le mentor prend l’initiative d’établir des moments réguliers (notamment de discussion) avec celui pour lequel il s’investit, se familiarisant avec sa routine et ses relations habituelles.
Comme nous l’avons dit plus haut, le contenu d’une rencontre mentor-disciple ne doit pas se concentrer uniquement sur la transmission d’informations. Lorsque Jésus a choisi les 12, il ne les a pas invités dans une salle de classe, une conférence ou un séminaire. Au contraire, Jésus a établi une relation avec eux. Marc 3.14 nous dit que Jésus les avait appelés « pour être avec lui ». Jésus est allé chez eux (cf. Marc 1.29), il s’est rendu là où ils travaillaient (cf. Luc 5.1-11) ; il a assisté aux dîners qu’ils organisaient avec leurs amis (cf. Mat 9:10). Il a initié des moments privés avec eux, en se mettant à l’écart des lieux publics, pour des retraites et des conversations sérieuses (cf. Marc 9.28-35).
Le discipulat biblique est une formation sur le tas. Elle concerne tous les domaines de la vie et envisage la transformation en Christ par des rencontres régulières qui changent la vie. Si nous voulons aller en profondeur dans une relation de disciple, nous devons devenir de vrais amis. La relation devient comme une famille. Cela signifie passer beaucoup de temps ensemble, se détendre, jouer et travailler.
5. Créer un environnement sûr
Le mentor doit s’efforcer de faire de la rencontre avec le disciple un environnement sûr où tous deux peuvent partager leur vie de chrétiens. Il est important qu’ils restent connectés l’un à l’autre dans une relation authentique où la vérité est dite avec grâce et amour. Une telle relation doit permettre de confesser leurs péchés l’un à l’autre (Jac 5.16), et garantir que la restauration puisse avoir lieu.
L’objectif d’une rencontre devrait être d’avoir une forme de dialogue, où l’on est ouvert à la discussion de points de vue différents sur un sujet. Il doit y avoir de l’espace pour pratiquer de nouvelles compétences (y compris la prise de risque) et apprendre de ses erreurs. L’échec n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Il peut donner des indications précieuses qui sont nécessaires pour les étapes futures. En particulier pour les jeunes qui sont encadrés, un endroit sûr leur permet de partager librement lorsqu’ils ont échoué, que ce soit dans une tâche liée au ministère ou bien sur le plan personnel.
6. Quelques recommandations
a. Préparez la rencontre.
Dans la relation mentor-disciple, gardez le contact aussi hors des moments de rencontres (téléphone, SMS, etc.). Commencez les sessions en face à face par la prière, puis concentrez-vous sur la personne, en lui demandant comment elle va et comment elle fait face aux défis. Cela sera normalement suivi d’une révision des devoirs avant d’aborder d’autres sujets. Une relation de mentorat ne consiste pas simplement à se réunir « selon que le Seigneur dirige ». Que vous conceviez un programme très basique ou sophistiqué, l’important est d’avoir quelque chose de prévu pour chaque réunion.
b. Posez des questions.
Le Seigneur Jésus enseignait souvent en posant des questions. Un bon mentor ne fait pas la morale, mais pose des questions ouvertes qui aident le disciple à réfléchir sur un sujet pour trouver lui-même les réponses à ses questions et pour découvrir la voie à suivre.
c. La fin du mentorat.
Dans le mentorat, il doit y avoir une clôture. Le mentorat dure une saison, après laquelle une évaluation a lieu. Quels ont été les obstacles qui ont empêché le disciple de faire des pas en avant ou de rester engagé ? Les devoirs ont-ils été utiles ? Dans quel domaine de la vie le disciple a-t-il connu la plus grande transformation ? La décision peut alors être prise de prolonger les rencontres ou de les clore. Il y a un risque de développer une dépendance envers le mentor si la relation se prolonge trop longtemps. Si la clôture est obtenue, profitez de la dernière session pour jeter les bases du début de la chaîne de mentorat en mettant le disciple au défi de trouver quelqu’un qu’il pourra à son tour guider.
7. Comment identifier un bon mentor ?
Premièrement, il faut être un disciple avant de pouvoir faire un disciple. On apprend le plus des croyants matures dont la foi a résisté à l’épreuve du temps. Ils ont marché avec le Seigneur pendant des années et sont marqués par la constance et la sagesse. Lorsque l’on considère les qualités à rechercher chez un mentor, Tite 2.2-3 fournit un aperçu utile :
« Dis que les vieillards doivent être sobres, honnêtes, modérés, sains dans la foi, dans l’amour, dans la patience. Dis que les femmes âgées doivent aussi avoir l’extérieur qui convient à la sainteté, n’être ni médisantes, ni adonnés aux excès du vin ; qu’elles doivent donner de bonnes instructions ».
On pourrait considérer ces quatre questions pour identifier un bon mentor :
a. Comment la personne vit-elle ?
Paul exhorte les croyants plus âgés à être dignes, maîtres d’eux-mêmes et respectueux dans leur comportement.
Leur conduite est un exemple de leur caractère. Observez leur vie et réfléchissez : Sa vie reflète-t-elle sa foi ? Est-ce qu’il sert avec humilité ? Ses habitudes quotidiennes reflètent-elles une obéissance fidèle à la parole de Dieu ? Un bon mentor réfléchit attentivement à sa manière de servir les autres.
b. Que dit la personne ?
Paul encourage la sobriété d’esprit, ainsi que le bon usage de la langue. Écoutez ce que la personne dit et demandez-vous : Fait-elle preuve de sagesse dans ses paroles ? Fait-elle des commérages sur les autres ou parle-t-elle avec méchanceté de son mari ou de ses amis ? Se plaint-il souvent ? Nos mots ont de l’importance, ils reflètent les attitudes et les inclinaisons de nos cœurs. Un bon mentor est prompt à écouter et lent à parler. Ses paroles sont encourageantes, pleines de reconnaissance et honorent Dieu.
c. Qu’est-ce qui gouverne le cœur et les affections de la personne ?
Paul précise que les croyants plus âgés doivent être aimants, constants, et ne pas être alcooliques (esclaves du vin). Cherchez un mentor qui recherche son plaisir en Dieu et qui se réjouit avec le psalmiste : « Il y a d’abondantes joies devant ta face » (Ps 16.11). Réfléchissez à ces questions : Possède-t-il une discipline intérieure concernant les plaisirs du monde ? Fait-il de plus en plus confiance à Dieu pour sa joie et son contentement ? Typiquement, les croyants matures débordent de chaleur et de bonté qui proviennent d’années passées en présence de Dieu.
d. Qu’est-ce qui gouverne l’esprit de la personne ?
Paul déclare que les hommes doivent être sobres d’esprit et que les femmes doivent enseigner ce qui est bon. Un bon mentor est une personne qui passe régulièrement du temps à lire sa Bible. Au fur et à mesure que la Parole transforme son esprit, il parlera avec sagesse et l’instruction fidèle sera sur sa langue. Il ne s’agira pas nécessairement d’un enseignement formel sur une estrade, mais la Parole débordera naturellement dans ses conversations. Personne ne remplit toutes ces caractéristiques tout le temps. Tout croyant mature lutte contre le péché. Il ne faut pas chercher un disciple parfait, mais un croyant mûr qui désire progresser continuellement dans sa foi. Sa vie, ses paroles et ses affections sont de plus en plus marquées par un amour et une dévotion pour Jésus.
8. Comment identifier le disciple ?
Le mentorat, comme nous l’avons vu, concerne les relations. Les relations de mentorat intentionnelles sont généralement initiées par le mentor. Bien qu’il n’y ait pas de règle absolue à ce sujet, l’exemple biblique de Jésus prenant l’initiative avec ses disciples a du poids à nos yeux. Le mentor, en tant que personne plus expérimentée, identifie le disciple, ce qui déclenche souvent la relation parce que cela transmet confiance et affirmation. Comment identifier un disciple ? Voici quatre éléments fondamentaux à rechercher :
a. Engagement et potentiel.
Les personnalités fortes et directes ne sont pas toujours celles qui ont le plus de potentiel ni qui sont les plus engagées.
b. Compatibilité.
Il doit y avoir un sentiment d’adéquation entre les deux personnes, car c’est ce qui permet d’établir la confiance et l’engagement qui sont essentiels à une relation honnête. Une trop grande différence d’âge n’est pas recommandée. Les points qui aident à cimenter la relation sont des choses comme les intérêts, les talents, les dons.
c. Adéquation.
Le mentor a-t-il ce dont le disciple a besoin en termes de compétences et d’expérience ? Cette question doit être abordée honnêtement sans être trop spiritualisée. Ne supposez jamais que nous avons toutes les connaissances sur tous les sujets.
d. La disponibilité.
Le danger numéro un de la relation de mentorat, comme dans toute relation, est le manque de temps. Le mentorat exige un engagement de temps, mais implique aussi de se rendre accessible. La « phase de jumelage » exige une réflexion, accompagnée par la prière, avant qu’il y ait un engagement établi pour faire avancer la relation de mentorat. Il est également tout à fait acceptable de s’éloigner à ce stade et de reconnaître éventuellement qu’il n’y a pas de compatibilité. Le mentorat exige une décision et un engagement mutuels de la part du mentor et du disciple.
9. Conclusion
Le mentorat a le potentiel de transformer des individus pour la vie, mais cela n’a pas de prix. Pour vous, le mentor, il vous faudra investir du temps et de l’énergie pour vous préparer, planifier les réunions et vous rencontrer. Mais il s’agit probablement de l’investissement le plus important qu’une personne puisse faire dans sa vie, car si elle est menée selon le modèle du Christ, une relation de mentorat a le potentiel de transformer des dizaines de vies. La relation de mentorat se mesure aux heures et aux jours qui lui sont consacrés, mais son impact se mesure sur toute une vie, jusque dans l’éternité.
Quelques questions pour conclure : Qui est vraiment votre modèle dans la vie ? Dans quoi et pour qui investissez-vous votre énergie ?
Ressources utiles
- David E. Bjork, Every Believer a Disciple. Joining in God‘s mission, Carlisle, Cumbria (UK), Langham Partnership, 2015.
- LeRoy Eims, The Lost Art of Disciplemaking, Colorado Springs, Navpress, 1981.
- Allen Hadidian, Helping other Christians Grow, Chicago, Moody Press, 1987.
- Walter Henrichsen, Disciples are Made not Born, Carol Stream, Navpress, 1974.
- Martin Sanders & Alain Stamp, Multiplier les Leaders. Le Mentorat. L’art de l’accompagnement, Marpent, BLF Europe, 2012
- David L Watson & Paul D. Watson, Contagious Disciple Making, Nashville, Thomas Nelson, 2014.
- South African Handbook on Mentoring, Africa Ministry Resources, https://cpa-sa.org/resources.
- Melissa B. Kruger, What to Look for in a Spiritual Mentor, https://www.crossway.org/articles/ what-to-look-for-in-a-spiritual-men-tor/
- G’Joe Joseph, 6 Needed Shifts for Reaching the Next Generation https://www.thegospelcoalition.org/ article/6-shifts-reaching-next-genera-tion/
- Mike Betts, Creating a discipleship culture, https://www.europeanmission. redcliffe.ac.uk/latest-articles/creating-a-discipleship-culture-and-why-it-is-so-important-for-mission-in-europe-today
- Edité par Walraven Frederic
Timothée était un enfant d’un mariage « mixte » : son père était grec et sa mère juive croyante (Act 16.1). Sa mère et sa grand-mère l’avaient instruit dans l’A.T. (2 Tim 3.15). Converti à Jésus-Christ lors du premier voyage missionnaire de Paul (vers l’an 47), sans doute dans son adolescence, il avait rapidement grandi dans la foi.
Lors de son deuxième voyage (vers l’an 50), Paul l’associe à Silas et lui pour poursuivre sa mission. Ce point de départ est la conjonction d’un don personnel (1 Tim 4.14 ; 2 Tim 1.6), de prophéties spécifiques (1 Tim 1.18), d’un témoignage préalable favorable des deux églises de la région et du discernement propre de Paul (Act 16.2-3). L’appel à un service est bien souvent la résultante de diverses circonstances, rencontres, paroles reçues, textes bibliques… Quand ces indications concordent, comme ce fut le cas pour Timothée, la confiance dans l’appel reçu s’en trouve renforcée.
Timothée va rapidement devenir le collaborateur le plus proche de Paul qui lui confiera une série de missions.
Au travers de celles-ci, nous pourrons trouver plusieurs enseignements utiles sur la collaboration entre un chrétien plus âgé et un plus jeune.
Thessalonique (50) :sa première mission
Le contexte de la première mission
Le deuxième voyage missionnaire de Paul, accompagné de Silas et Timothée, continue. Avant de passer en Europe, ils s’adjoignent Luc puis ils vont évangéliser Philippes avant d’aller à Thessalonique, un port très actif sur la mer Égée. Paul poursuit ensuite vers Athènes mais il est inquiet des oppositions dont sont victimes les jeunes chrétiens de Thessalonique.
L’objectif de la première mission
C’est alors que Paul leur envoie Timothée. Par lui, l’apôtre veut affermir et encourager les Thessaloniciens au sujet de leur foi (1 Thes 3.2). Chrétiens depuis quelques mois seulement, devant faire face à des persécutions, ils ont besoin d’être fortifiés et exhortés.
L’attitude de Timothée
Elle est courageuse : il n’hésite pas à retourner à Thessalonique, un endroit dangereux où des Juifs fanatiques sont prêts à utiliser tous les expédients pour se débarrasser des chrétiens (Act 17.5-9 ; 1 Thes 2.14-16). Le courage pour affronter des difficultés est la marque d’un fidèle serviteur de Dieu (2 Cor 6.4-10).
Timothée ne montre pas de fausse modestie pour un « débutant » de seulement… 20 ans[note]La naissance de Timothée est généralement située autour de 30 apr. J.-C. Les années indiquées peuvent varier de +/– 1 an selon les auteurs. Nous avons retenu la chronologie qui nous paraît le mieux concilier les données des Évangiles, des Actes et des Épîtres. [/note] ! Paul n’hésite pas à confier au jeune Timothée un rôle important. Qui, aujourd’hui, oserait envoyer un jeune, converti depuis quatre ans, dans un endroit où les chrétiens sont persécutés, avec la tâche d’enseigner et encourager l’église ?
Le résultat de la première mission
De retour auprès de Paul, qui, entre temps, s’est déplacé jusqu’à Corinthe, Timothée lui donne de bonnes nouvelles des Thessaloniciens.
Paul prolonge le travail que son collaborateur a effectué en rédigeant deux lettres à destination des Thessaloniciens et il n’hésite pas à associer Timothée comme co-rédacteur (1 Thes 1.1 ; 2 Thes 1.1). Quel honneur pour ce jeune chrétien ! Si nous avons quelque responsabilité dans l’église, n’hésitons pas à nous associer et à valoriser de plus jeunes qui ont montré de l’intérêt et du potentiel.
Corinthe (54) :sa deuxième mission
Le contexte de la deuxième mission
Nous retrouvons Timothée à Éphèse quelques années plus tard, où il travaille avec Paul. L’apôtre s’est établi dans cette ville, la 5e en importance de l’Empire romain, au début de son troisième voyage missionnaire. De là, Timothée est envoyé en Macédoine, puis à Corinthe avec Éraste.
L’objectif de la deuxième mission
Les nouvelles de Corinthe reçues par Paul n’étaient pas encourageantes. L’église était secouée par des dissensions internes, des désordres moraux, des fausses doctrines… Timothée doit rappeler l’exemple et l’enseignement de Paul : « Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs. Pour cela je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes voies en Christ, quelle est la manière dont j’enseigne partout dans toutes les églises » (1 Cor 4.16-17). Une mission délicate sur un terrain où l’apostolat de Paul est contesté.
L’attitude de Timothée
Les chrétiens de Corinthe ne sont pas des tendres ! Paul lui-même en fera les frais lors d’une visite-éclair quelque temps après. Aussi peut-on comprendre que Timothée soit craintif devant cette mission très délicate. La Première Épître a dû précéder de peu son arrivée et Paul avertit les Corinthiens : « Si Timothée arrive, faites en sorte qu’il soit sans crainte parmi vous, car il travaille comme m o i à l ’œ u v r e du Seigneur. Que personne donc ne le méprise.
Accompagnez- le en paix, afin qu’il vienne vers moi, car je l’attends avec les frères » (1 Cor 16.10-11). Bel exemple d’un chrétien plus âgé qui recommande un plus jeune et assoie son ministère.
Le résultat de la deuxième mission
Ni Paul ni Luc ne donnent les résultats de la mission de Timothée, sans doute par délicatesse, car tout laisse à penser qu’elle n’a pas été un plein succès… En effet, les désordres continuent et Paul doit envoyer ensuite Tite (2 Cor 2.12). Paul néanmoins garde sa confiance à Timothée et l’associe dans la rédaction de la Seconde Épître aux Corinthiens (2 Cor 1.1). Un échec relatif ne disqualifie pas un serviteur !
Philippes (62) :sa troisième mission
Le contexte de la troisième mission
Timothée continue d’accompagner Paul dans son voyage de retour vers Jérusalem avec la collecte (Act 20.4), ce qui témoigne de sa rigueur sur les questions matérielles. Nous le retrouvons ensuite aux côtés de Paul, lors de son premier emprisonnement à Rome et il cosigne les lettres aux Colossiens, à Philémon et aux Philippiens. Belle marque de sa fidélité envers son mentor !
Puis Paul confie à Timothée une troisième mission : il l’envoie « en éclaireur », car il espère être bientôt libéré et revoir les frères et sœurs à Philippes.
L’objectif de la troisième mission
C’est essentiellement un échange de nouvelles : pour Paul, avoir des nouvelles des chrétiens à Philippes et pour eux, en recevoir de Paul : « J’espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin d’être encouragé moi-même en apprenant ce qui vous concerne » (Phil 2.19).
L’attitude de Timothée
Le choix de Timothée est lié à son intérêt personnel pour les Philippiens : « Je n’ai personne ici qui partage mes sentiments, pour prendre sincèrement à cœur votre situation ; tous, en effet, cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ » (Phil 2.20-21). Un père spirituel encouragera non seulement son enfant spirituel à approfondir la doctrine, mais aussi à s’intéresser aux personnes. Les « intérêts de Jésus-Christ » sont ceux des siens !
Le résultat de la troisième mission
Rien n’en est dit, mais le contexte relativement paisible de l’église à Philippes laisse penser que Timothée a pu y être bien reçu.
Éphèse (65) :sa quatrième mission
Le contexte de la quatrième mission
Paul, libéré, retourne sur le bassin de la mer Égée et en particulier à Éphèse où les hérésies se développent. Pour des raisons inconnues, Paul part d’Éphèse et y laisse Timothée pour mettre de l’ordre dans la vie pratique de l’église.
L’objectif de la quatrième mission
Timothée doit avant tout arrêter les mauvaises doctrines et apporter un sain enseignement : « Je te rappelle l’exhortation que je t’adressai à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Tim 1.3).
L’attitude de Timothée
À 35 ans, Timothée se retrouve seul dans cette église où Paul avait enseigné pendant trois ans. Si on en juge à la lettre que l’apôtre a envoyé trois ans auparavant depuis sa prison de Rome, le niveau de connaissances spirituelles à Éphèse semble assez élevé. Pour crédibiliser le ministère de Timothée, Paul lui demande avant tout de susciter l’amour, dans une église qui commence à le perdre : « Le but de cette recommandation, c’est un amour venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère » (1 Tim 1.5). L’amour est la priorité de tout service : Timothée l’a vu chez Paul (2 Tim 3.10) et il doit maintenant être « un modèle […] en amour » (1 Tim 4.12). Montrons à ceux qui nous suivent un amour vrai pour le Seigneur et pour son Église — c’est-à-dire pour chaque frère et sœur.
Le résultat de la quatrième mission (65-67)
La mission confiée par Paul est plutôt un échec : la comparaison entre 1 et 2 Timothée montre que la situation à Éphèse a bien empiré en deux ans. L’apôtre encourage alors Timothée par une seconde lettre à ne pas perdre courage et à persévérer dans son service : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ » (2 Tim 2.1). Timothée a besoin de la grâce de Dieu pour lui-même et pour la communiquer à d’autres. Même si le contexte est difficile, continuons à prêcher la grâce et encourageons les autres à en faire autant.
Tout service, fructueux ou non, est une grâce reçue par Dieu et doit apporter la grâce à ses bénéficiaires. Toutefois, une stimulation est parfois bienvenue : « Je t’exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu », dit Paul à Timothée au début de sa seconde lettre (2 Tim 1.6), puis il développe cette exhortation par les multiples impératifs qui la parsèment.
Timothée obéit à Paul qui lui demande de le rejoindre à Rome pour être à son côté dans les derniers moments de sa vie (2 Tim 4.9,21). L’affection qui relie le vieil apôtre et son disciple transparaît de façon touchante. Timothée a sans doute été lui-même emprisonné à Rome quelque temps (Héb 13.23) et, selon la tradition, il est revenu à Éphèse où il est mort martyr vers 97. Une belle fidélité à la mission reçue trente ans auparavant !
Peu de relations maître-disciple dans le N.T. nous sont aussi connues que celle de Paul avec Timothée. Cette riche filiation spirituelle particulière nous montre :Peu de relations maître-disciple dans le N.T. nous sont aussi connues que celle de Paul avec Timothée. Cette riche filiation spirituelle particulière nous montre :
- un chrétien mature qui sait repérer du potentiel chez un plus jeune ;
- un « père » qui ne ménage pas son « enfant » mais lui confie, même très tôt, des missions importantes ;
- un croyant reconnu qui s’associe un plus jeune dans son service, en particulier épistolaire ;
- un mentor qui donne un droit à l’échec ;
- un exemple de souci des âmes, de recherche de la vérité et de persévérance jusqu’au bout ;
- un ami de cœur, au-delà de la différence d’âge.
Un bel exemple à prolonger dans nos églises !
- Edité par Prohin Joël
J’ai récemment participé à la mise en œuvre d’un programme de formation de disciple sur 3 ans, avec environ 4 week-ends par an. En tant que responsable, il faut rappeler que nous restons tous des disciples en cours d’apprentissage ! Et cela pas seulement pendant les week-ends de rencontre, mais tout le temps. Au bout de plusieurs années de formation il n’y a pas de récompense, comme un diplôme. Quelquefois, nous arrivons même à un point de notre vie, où nous devons recommencer à apprendre une leçon que nous avions cru comprendre auparavant. Pourquoi donc chercher à se former, à « devenir » un disciple de Jésus Christ ? Est-ce utile ? Est-ce une obligation ?
Comme un nouveau-né qui grandit et se développe pour devenir adulte et responsable, chaque enfant de Dieu, régénéré par la nouvelle naissance, grandit et se développe pour devenir mature spirituellement (1 Pi 2.2 ; Héb 5.13-14). Se former en tant que disciple est en fait une chose naturelle dans la vie chrétienne.
Quelle est le lieu de formation ?
Dois-je m’inscrire dans une école ?
La formation dans l’école du disciple commence au moment où Jésus attire notre regard. En Jean 1.35-42, après avoir entendu parler de Jésus, les deux disciples de Jean avaient décidé de le suivre pour être formés par lui. C’était alors une coutume que les disciples suivent leur rabbi (c.-à-d. leur maître ou formateur) partout où il allait. Ils pouvaient ainsi l’écouter et apprendre à reproduire son comportement.
Le lieu de formation est là où est Jésus Christ. Chaque disciple apprend sur le terrain, dans la vie de tous les jours. Le lieu de formation, ce sont les circonstances de notre vie personnelle, de notre vie de famille (en tant qu’enfant, parent, conjoint, grand-parent, etc.), de notre vie professionnelle, de notre vie d’église mais aussi dans la rue, pendant les courses… partout. Notre vie de disciple ne connaît ni de vacances, ni de congés maladie. Toutes les circonstances que nous vivons peuvent être utiles à la vie de disciple.
La formation peut se faire d’une manière individuelle, mais aussi d’une manière collective. Jésus s’est notamment adressé en privé à certaines personnes comme Nathanaël (Jean 1.48-52) ou Marie (Jean 20.11). Ainsi, notre Seigneur, dans sa douceur et son tact, ne va pas exposer nos difficultés personnelles devant tout le monde, mais il va nous prendre par la main pour nous parler directement.
L’apprentissage collectif est un autre aspect essentiel de la formation. Quelqu’un a dit : « ne fais pas tout seul ce qui peut être fait à deux ». Par exemple, Jésus envoie les 70 disciples évangéliser deux par deux (Luc 10.1-11). Les lieux privilégiés de l’apprentissage collectif sont notamment l’église locale, les groupes de maison, les écoles bibliques, les formations de disciples, etc.
Par expérience nous apprenons différemment en collectivité : un petit groupe de formation (ou d’échanges) peut nous nourrir et « booster » la progression de notre vie spirituelle. Des échanges avec d’autres « disciples » nous aident parfois à mieux comprendre les différentes circonstances de notre vie ou à éclaircir certains passages bibliques. Notre Seigneur ne nous a pas laissés seuls sur le terrain.
Le formateur
Celui qui forme est le maître lui-même, Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur. Il n’est pas un simple homme connu pour sa vie parfaite et bienfaisante, mais il est le Créateur de tout l’univers, par qui et pour qui toutes choses ont été faites (Col 1.16-18). Devant Lui, tout genou se ploiera un jour pour reconnaître qu’il est Seigneur.
Il est aussi celui qui nous connaît entièrement, comme l’exprime David dans le psaume 139 : « Éternel ! tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée ; […] tu m’as tissé dans le ventre de ma mère ». S’il y a une personne à qui l’on peut faire 100 % confiance – c’est bien Jésus Christ ! « Il est le Rocher, ses œuvres sont parfaites » (Deut 32.4) !
S’il y avait une personne sur cette terre qui était 100 % vrai – c’est bien Jésus Christ ! Alors ? Pourquoi attendre ?
« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb 4.7).
Si le maître de tout l’univers te donne l’occasion d’apprendre de lui, et de le suivre, alors comment refuser une telle invitation ?
Sa méthode de formation
En Luc 9.23, notre Seigneur déclare : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. »
Il nous a tracé un chemin afin que nous puissions suivre ses pas. Si nous marchons derrière lui, nous trouvons les empreintes qu’il a laissées. Ses empreintes sont pour ses disciples un terrain sûr et solide. Pour tout ce qu’il a demandé à ses disciples, le Seigneur a montré auparavant comment le faire. Donner l’exemple est le cœur de sa méthode de formation.
En Luc 11.1b, ses disciples lui demandent comment prier. Mais avant d’en arriver à cette étape, ils ont vu leur maître prier à au moins à 5 reprises (Luc 5.16 ; 6.12 ; 9.18 ; 9.28 ;11.1a). Il n’avait pas commencé par un cours de théologie, mais il leur a montré comment faire, et ensuite il leur a donné des explications.
Sa méthode de formation était efficace car ses disciples ont su mettre en pratique ses enseignements après une période de 3 ans de vie avec lui. Ils ne sont pas devenus de simples « copieurs » de leur maître, car ils avaient compris le sens de sa conduite. Et forts de cette compréhension, ils ont continué à agir comme lui avait agi. La vie de Simon Pierre en donne un bon exemple : il avait commencé sa vie de disciple comme une personne impulsive, mais vers la fin de sa vie, il écrit des lettres ayant un caractère posé, réfléchi et sobre.
La durée et le but de la formation
Un programme de formation a une durée déterminée. Notre vie de disciple avec notre Seigneur, quant à elle, dure toute notre vie. Le suivi d’un programme de formation de disciple sera donc uniquement une petite partie du grand plan de formation que notre Seigneur a prévu pour nous.
Dans la vie de disciple il n’y a pas de contrat, ni de durée déterminée. La vie de disciple est un engagement envers une personne.
Dans le livre Le « vrai disciple » de William Mac Donald nous trouvons le paragraphe suivant :
« Le christianisme authentique consiste à s’en remettre entièrement et en toute chose au Seigneur Jésus-Christ. Le Sauveur n’est pas à la recherche d’hommes et de femmes disposés à Lui consacrer quelques-unes de leurs soirées – ou leurs week-ends – ou leurs dernières années lorsqu’ils seront parvenus à l’âge de la retraite. Ce qu’il veut, ce sont des gens prêts à Lui donner la première place dans leur vie ».
La vie du disciple doit être consacrée à son Seigneur et Sauveur. Le disciple est conscient qu’il n’y a pas mieux dans sa vie sur la terre que de suivre le maître et d’attendre ses « ordres ».
Evan H. Hopkins décrit bien cet engagement attendu par Jésus : « Il cherche aujourd’hui, comme il l’a toujours fait d’ailleurs, non pas à être suivi par des foules qui se contentent de dériver dans son sillage, mais des individus, hommes et femmes, dont la fidélité inaltérable témoignera du fait que ce qu’il veut ce sont des gens disposés à marcher dans le chemin de la renonciation à soi-même sur lequel il les a précédés ».
Enfin, le but de Dieu consiste à nous faire « devenir conformes à l’image de son Fils » (Rom 8.29, Segond 21). Afin de devenir semblable à lui, nous avons besoin d’être tout près de lui. Nous ne pouvons pas devenir comme lui si nos occupations concernent uniquement la satisfaction de nos propres désirs. Devenir conforme à l’image de Jésus Christ ne peut s’accomplir si seulement une petite partie de notre temps lui est consacrée. Nous avons vraiment besoin de lui remettre entièrement le pouvoir sur notre vie.
La progression dans la formation
Est-ce que le programme de quelques week-ends de formation m’a fait progresser dans ma relation avec mon Seigneur ? Je peux dire en tout cas que certains sujets traités ont été pour moi une vraie découverte. Je n’aurais pas vu ces sujets de la même manière par moi-même. Mais je suis bien conscient que la connaissance seule ne suffit pas pour être transformé en l’image de Jésus Christ. Bien sûr, nous avons besoin de connaissance, mais la clé de notre progression se trouve dans la relation directe avec notre Seigneur.
Dans le livre de l’Exode, nous trouvons une promesse de Dieu à Israël quant à la possession du pays promis. Il est dit : « Je ne les chasserai pas en une seule année loin de ta face, de peur que le pays ne devienne un désert et que les bêtes des champs ne se multiplient contre toi. Je les chasserai peu à peu loin de ta face, jusqu’à ce que tu augmentes en nombre et que tu puisses prendre possession du pays » (Ex 23.29-30).
La vie de disciple est vraiment un apprentissage. Peu à peu, notre Seigneur nous fera découvrir les choses importantes, nous fera gagner les combats de la foi. Au fur et à mesure de notre croissance spirituelle, nous pouvons devenir de plus en plus comme lui. Nous n’avons pas besoin d’être parfaits afin de refléter quelque chose de lui. Le « peu à peu » va se manifester dans notre vie. Comme la lune et les étoiles reflètent uniquement une infime partie de la lumière du soleil, nos vies peuvent aussi refléter un peu de la vie de notre Seigneur. Car dans la nuit de ce monde, même un petit reflet du soleil sera visible.
L’appel du Seigneur : « Venez et voyez » (Jean 1.39) est toujours valable aujourd’hui. Si dans une formation de disciples tu peux « voir » la vie du Seigneur et découvrir comment il se manifeste dans sa parole, elle ne peut être que bénéfique pour toi. Après l’avoir vu, tu auras certainement envie de le partager, comme les disciples ont conduit d’autres disciples vers Jésus (Jean 1.35-46).
- Edité par Funfsinn Steffen
Les mots disciple et discipline appartiennent au vocabulaire courant. Leur ressemblance révèle une origine commune, ils sont donc de la même famille ; mais la relation entre eux n’est pas claire.
De plus discipline désigne ou bien une matière étudiée (l’histoire, la biolo-gie…) ou bien une règlementation très cadrante des comportements, ap-puyée sur des mesures… disciplinaires. Notre recherche généalogique porte sur deux lignées de cette grande fa-mille : la lignée du français et la lignée de la langue du N.T.
La famille française
1. L’ancêtre (discere) est un verbe latin qui signifie apprendre, étudier, s’instruire.
2. Son premier enfant (discipulus-disciple) est un nom qui désigne celui qui apprend, étudie, s’instruit.
3. Son deuxième enfant (disciplina-discipline) a une histoire riche en rebondissements :
→ action d’apprendre, étudier (sans descendant en français) ;
→ contenu de cet apprentissage (d’où le sens de matière, branche) ;
→ méthode et organisation pour acquérir cet apprentissage, éducation (d’où le sens de discipline personnelle, informelle) ;
→ règle de vie et de travail codifiant la méthode (d’où le sens de règlement plus ou moins rigou-reux dans une collectivité) ;
→ sanction appliquée en cas de non-respect des règles (d’où le sens de punition).
4. Un petit dernier très récent serait « discipulat » (ou : « discipolat »). Il n’est pas encore enregistré dans l’état-civil des dictionnaires courants. Mais il a une identité bien affirmée : il désigne une formation intentionnelle et structurée de disciples.
La famille du Nouveau Testament
L’ancêtre (manthano) est aussi un verbe qui signifie apprendre. Les croyants apprennent Christ (Éph 4.20) ; Paul encourage les Philippiens à pratiquer ce qu’ils ont appris de lui ; il fixe un objectif à Tite pour les croyants de Crète : « Il faut que les nôtres aussi apprennent à exceller dans les belles œuvres » (Tite 3.14 – NBS).
Le descendant le plus connu (mathétès) de cet ancêtre désigne celui qui apprend, qui est en formation ou en apprentissage. Ce mot est traduit par « disciple » dans nos bibles. Le mot est employé surtout pour l’entourage du Seigneur ; mais il peut aussi désigner l’entourage de Jean Baptiste ou celui des Pharisiens (Marc 2.18), qui eux-mêmes se considèrent disciples de Moïse (Jean 9.28).
Un descendant moins connu est un verbe (mathèteuo). Employé à la voix active, il signifie « faire disciple » (Mat 28.19; Act 14.21), ou bien « être activement disciple » (Joseph d’Arimathée, Mat 27.57). Employé à la voix passive, il semble indiquer le fait qu’une personne a été enseignée (Mat 13.52).
Notons que cette famille du Nouveau Testament ne comprend aucun membre évoquant les notions de méthode, règle ou sanction ; bien entendu ces notions existent mais elles sont exprimées par des mots appartenant à d’autres familles. Nous avons sans doute tendance à associer disciple et discipline car nous sommes influencés par l’usage du français. Mais le Nouveau Testament insiste seulement sur le fait que la conversion est le début de toute une vie d’apprentissage, de formation, de croissance.
Une famille inégalement répartie inégalement répartie dans le territoire du N.T.
Le verdict des concordances est catégorique : le mot disciple n’apparaît que dans les Évangiles et dans le livre des Actes. Paul faisait des disciples (Act 14.21) et pourtant il n’emploie jamais ce mot dans ses lettres. C’est surprenant et même un peu déroutant : ce terme « disciple » a été fortement validé par « la grande mission » exprimée par le Seigneur (Mat 28.20) ; pourquoi est-il totalement absent dans les lettres du N.T. ?
À défaut d’explication forte, voici une remarque. Les mots employés dans les lettres (frères, bien-aimés, enfants de Dieu, fils de Dieu, saints) mettent en évidence le résultat de l’œuvre et de la grâce de Dieu : la nouvelle identité du croyant, sa relation étroite avec le Père, son intégration dans le corps de Christ (l’Église) et ses liens avec ses frères et sœurs. Cette identité est garantie par l’œuvre de Christ. Comment passer de l’état de nouveau-né spirituel à l’état adulte ? (Éph 4.13, NBS) C’est un processus de croissance, d’apprentissage, c’est la vie de disciple ! Mais Paul et les autres auteurs de lettres n’utilisent pas le mot disciple qui rappelle notre statut d’apprentis. Ils emploient les termes qui définissent notre nouvelle identité, ce que nous sommes déjà pleinement pour Dieu !
- Edité par Lacombe Jean
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