PROMESSES
Tiré et adapté de A. G. Fruchtenbaum, The Eight Covenants of the Bible, dans « The Messianic Bible Study Collection », p. 21-23
D’après le Juif espagnol du XXIIe siècle Moïse Maïmonides, l’alliance du Sinaï comprend 613 lois et commandements, incluant le « Décalogue » (littéralement, les « dix paroles »). On appelle l’ensemble de ces lois « la loi mosaïque » (ou la loi de Moïse). L’interprétation littérale des Écritures nous amène à discerner au moins six buts de l’alliance de la loi :
1. Révéler à Israël la sainteté de Dieu et les standards de justice qu’il exige pour s’approcher de lui (Lév 19-20).
2. Donner un code de conduite aux Israélites croyants de l’Ancien Testament (Lév 20.7,8). Les croyants juifs devaient apprendre à prendre plaisir dans la loi, les commandements et les ordonnances de la loi (voir Ps 119).
3. Donner à Israël des occasions pour célébrer des cultes d’adoration en communauté. C’était le but précis des 7 fêtes de l’Éternel dans Lévitique 23.
4. Faire d’Israël un peuple distinct à travers des lois spécifiques comme celles touchant la tenue vestimentaire, le régime alimentaire, et beaucoup d’autres. Par conséquent, la loi servait également de mur de séparation entre Juifs et païens (Deut 7.6 ; 14.1,2).
5. Révéler le péché tel qu’il est (Rom 3.19,20 ; 5.20 ; 7.7) et l’incapacité de l’homme à garder la loi.
6. Conduire à Christ et à la foi en lui (Gal 3.23-26).
L’alliance de la loi est demeurée en vigueur pour Israël à travers tout l’Ancien Testament, depuis Exode 20 jusqu’à la fin des Évangiles. En effet, il ne faut pas oublier que les Évangiles, bien qu’ils se trouvent dans le Nouveau Testament, apparaissent cependant dans le contexte de l’Ancien Testa
- Edité par Despins Gilles
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On donne parfois des « petits noms » à des enfants : « petit chérubin », « innocent ». Ces termes affectueux se comprennent… mais ils ne sont théologiquement pas très fondés !
En fait, tout homme est pécheur dès sa naissance. Déjà David en avait eu l’intuition quand il s’écrie : « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » (Ps 51.7 ; cf. Ps 58.4) Paul précise dans l’Épître aux Romains : « C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes. » (Rom 5.12) Comme représentant de toute la race humaine, Adam a entraîné à sa suite ses descendants qui reçoivent tous à la naissance la trace du péché qu’il a commis. La preuve en est que les bébés peuvent mourir dès leurs premières minutes de vie ; la mort, conséquence du péché, démontre la présence de cette racine de mal. Tout enfant a donc en lui une corruption héritée, une propension innée à mal faire.
Pour autant, cela ne veut pas dire ces bébés soient responsables : le même Paul, dans la même lettre aux Romains évoque la promesse faite à Rebecca en ajoutant à propos de Jacob et Ésaü : « ils n’avaient fait ni bien ni mal » (Rom 9.11).
À quel moment se manifeste de façon visible l’existence de cette racine du péché ? Il est difficile de le dire… Mais qui n’a pas vu un petit bambin de 18 mois perché sur sa chaise haute à qui l’on dit de ne plus souffler sur la cuillerée d’épinards et qui, avec un regard narquois, se précipite pour souffler encore plus fort la prochaine fois qu’on l’approche de sa bouche ?
La fixation de « l’âge de responsabilité » a fait couler beaucoup d’encre. Il correspond au moment où l’enfant ou l’adolescent devient personnellement responsable devant Dieu. Il dépend assurément de nombreux facteurs (maturité personnelle, connaissances bibliques, contexte familial, etc.) et seul Dieu le sait avec certitude. Que cela nous encourage en tout cas à présenter l’Évangile aux enfants dès leur plus jeune âge !
- Edité par Prohin Joël
La Bible emploie le terme « tentation » (massah en hébreu et peirasmos en grec) pour :
- un test, une épreuve dans un but bénéfique, permise ou envoyée par Dieu[note] Luc 22.28 ; Act 20.19 ; Jac 1.2 ; 1 Pi 1.6 ; 4.12[/note];
- une épreuve ou tentation dirigée contre l’homme pour l’inciter au mal, au péché[note]Luc 4.13 ; 8.13 ; 1 Tim 6.9[/note];
- une provocation, un défi, en voulant imposer à Dieu de ne pas agir selon sa volonté[note] Ex 17.2,7 ; Héb 3.8[/note].
Le chrétien subit donc une mise à l’épreuve, un test. Il entend simultanément deux appels qui le poussent, l’un à transgresser la loi de Dieu, donc sa volonté, et l’autre à faire ce qu’il sait être la volonté de Dieu.
1. Au commencement
L’homme, créé à l’image de Dieu, est un être moral. Nos premiers parents furent testés, tentés de pécher en désobéissant à Dieu et à sa Parole, à un ordre positif[note]Gen 3.1-6 ; 2 Cor 11.3 ; 1 Tim 2.14[/note].
- Avant sa chute l’homme a été doté d’une raison, d’une compréhension, ce qui l’avait rendu capable de donner des noms aux animaux et de communiquer avec Ève, sa femme. Il est doté d’une faculté de parler et de communiquer.
- Il était dans un état sans péché, « une sainteté passive » dans le sens d’une innocence du mal.
- Sa responsabilité était d’assumer la gestion raisonnable de la terre (Gen 1.26-28) et de jouir des fruits du jardin d’Éden (Gen 2.16-17).
- Dieu a encadré nos premiers parents d’une barrière de protection, en interdisant la consommation d’un fruit, au contraire de tous les autres. Il voulait que l’homme fasse son libre choix de le servir volontairement en lui obéissant. L’homme n’est ni un automate, ni un robot qui agit sur commande téléguidée.
- Mais le « tentateur », le diable, Satan[note]1 Thes 3.5 ; Mat 4.3[/note] a voulu détruire l’œuvre créatrice de Dieu en incitant l’homme, à travers le serpent, à désobéir à Dieu. Il a semé le doute par une question insidieuse « Dieu aurait-il dit ? » (Gen 3.1-6) dans le cœur d’Ève et par le mensonge « Vous serez comme des dieux ». Ceci se manifesta sous une triple forme de tentations :
- L’aspect physique de la tentation : « la femme vit que l’arbre était bon à manger» (Gen 3.6). C’est la convoitise de la chair (1 Jean 2.16).
- L’aspect psychique de la tentation: « elle vit qu’il était agréable à la vue » (Gen 3.6). C’est la convoitise des yeux (1 Jean 2.16).
- L’aspect psycho-spirituel de la tentation : « propre à donner du discernement» (Gen 3.6). C’est l’orgueil de la vie (1 Jean 2.16).
2. Satan et la tentation
Le grand ennemi de Dieu, Satan, désire détruire l’œuvre de Dieu et mener l’homme à sa ruine. Il est « meurtrier dès le commencement », parce que « la vérité n’est pas en lui », et il est aussi « menteur et le père du mensonge » (Jean 8.44
Il est le « tentateur[note]1 Thes 3.5 ; Mat 4.3[/note] », et il incite les hommes à la désobéissance à Dieu et à sa Parole. Il insinue le doute dans nos cœurs. Il cherche à nous séduire par des mensonges enrobés de douceurs malignes qui portent toujours un goût amer du péché et mène à la destruction de l’homme et de sa personnalité et finalement à sa mort.
Il entraîne l’homme à douter de Dieu et de sa Parole pour faire l’opposé de la volonté de Dieu. Un exemple : Saül qui voulait suivre son propre chemin (1 Sam 13.8-14).
Quand Satan attaque, il pousse l’homme à la défaite (1 Pi 5.8). Mais il le fait aussi avec subtilité, étant « déguisé en ange de lumière » (2 Cor 11.14). Il est le Malin qui nous pousse à la rébellion, à la méchanceté et à la désobéissance, bref, au mal sous toutes ses formes qu’on nomme péché. Succomber à la tentation a comme résultat le péché. C’est la suite tragique de la chute de nos premiers parents[note]Gen 3.1-6 ; 2 Cor 11.3 ; 1 Tim 2.14[/note].
3. Dieu et la tentation
Dieu dans sa souveraineté contrôle tous les événements. Rien ne lui échappe, le diable ne peut éprouver et tenter que dans le cadre de la permission de Dieu[note]Job 1.12 ; 2.6 ; Mat 4.1 ; Luc 22.31[/note].
Quand Dieu permet la tentation, celle-ci se constitue alors en épreuve de foi pour nous enraciner en lui[note]Jac 1.2-4,12 ; 1 Pi 1.6-7[/note]. Mais il contrôle toujours l’épreuve et en mesure l’intensité[note]1 Cor 10.13; 2 Thes 3.3[/note] pour que nous puissions en sortir victorieux[note]1 Cor 10.13 ; 2 Pi 2.9[/note]. Il ne nous épargne pas de la tentation car il veut nous aider à triompher avec son aide (Jean 17.15).
Jamais Dieu n’incite l’homme à commettre le mal ni ne lui tend de piège pour qu’il faillisse. Cela vient de notre cœur corrompu (Jac 1.13)
Le texte de Matthieu 6.13 « ne nous induis pas en en tentation » veut dire « ne nous introduis pas dans la tentation », « préserve-nous d’entrer dans les vues du tentateur », « ne nous emporte pas dans l’épreuve », « ne nous soumets pas à l’épreuve » ou « ne me fais pas entrer au pouvoir du péché ni au pouvoir de la tentation ». Le verbe eisphérô exprimant l’idée de « porter dans » (Héb 13.11) ou « d’introduire dans » (Luc 5.18-19). Le but de Satan est de nous soumettre à son pouvoir à travers l’épreuve, la tentation[note]Mat 4.1-11 ; 1 Cor 7.5 ; 1 Thes 3.5 ; 1 Pi 5.9 ; Apoc 2.10[/note]. Or, conscients de notre faiblesse, nous demandons aide et protection à Dieu : « N’incline pas mon cœur au mal » (Ps. 141.4).
Ce même terme « tenter » veut dire « éprouver » quand il est utilisé en rapport avec Dieu. Par l’épreuve, Dieu veut, d’une part, faire ressortir ce qu’il y a dans le cœur de l’homme (Gen 22.1 ; Ex 16.4 ; Deut 8.2 ; Gal 4.13-14) dans le but, d’autre part, d’amener le croyant à une purification et le faire avancer dans le processus de la sanctification et de l’affermissement dans la foi (1 Pi 1.6-9).
Tenter Dieu
Tenter Dieu, c’est provoquer ou défier Dieu, lui demander d’agir de manière non conforme à sa volonté ou exiger son intervention comme s’il s’agissait d’un droit[note]Mat 4.5-7 ; Act 5.9 ; Ex 17.2,7 ; Ps 78.18-19,40-41 ; Nom 14.22,27,34[/note]. Tenter Dieu amène à l’agitation et au trouble, au contraire, lui faire confiance, c’est entrer dans son repos (Héb 3.7-11). Veillons donc à ne pas tenter Dieu : « vous ne tenterez pas l’Eternel, votre Dieu[note]1 Cor 10.9 ; Deut 6.16 [/note] ».
4. L’homme et la tentation
Trois formes de convoitises
Satan, à travers le serpent rusé, a axé sa séduction sur trois aspects (Gen 3.1-6), et ces mêmes aspects nous sont présentés dans 1 Jean 2.15-16. Toutefois, toute tentation ne procède pas directement de Satan. Les textes cités plus haut sur la nature et les caractéristiques du péché, nous enseignent que c’est d’abord notre nature humaine, pécheresse et corrompue[note]És 1.5-6 ; Jér 17.9 ; Mat 15.19-20 ; Rom 3.9-18 ; 7.15-25[/note] qui cause tous ces dégâts terrifiants. Tout cela, parce que l’homme a cédé à la convoitise.
Le texte de Jacques 1.13-14 est une excellente explication du processus de la tentation qui aboutit finalement au péché : « Que personne ne dise lorsqu’il est tenté : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort. » C’est un enchaînement perpétuel, un cercle vicieux : le péché – la convoitise – l’acte du péché – la mort.
La convoitise peut se définir comme le désir immodéré de posséder une chose. Elle est synonyme d’avidité, d’ardeur, d’appétence ou d’envie. Elle est donc provoquée par Satan, par la chair ou par le monde. Le 10e commandement met l’accent sur la vigilance contre la convoitise, contraire à l’amour de Dieu et du prochain. La convoitise renforce encore l’égoïsme[note]Ex 20.27 ; 1 Jean 2.15-17[/note].
La convoitise de la chair
Toutes ces choses « bonnes à manger » (Gen 3.6) qui « font la guerre à l’âme » (1 Pi 2.11), ces désirs mauvais de la nature humaine en font partie[note]Rom 7.21-23 ; Gal 5.16-17[/note].
La convoitise est l’amour des objets de la création ou de soi-même plus que du Créateur. La convoitise de la chair est le désordre et l’exagération dans la satisfaction de pulsions naturellement bonnes. Le Saint-Esprit rend possible le renoncement aux convoitises (Gal 5.16).
La convoitise des yeux
C’est ce qui « est agréable à la vue » (Gen 3.6) pour la chair, le désir avide de posséder ce que l’on voit.
Acan, attiré par la convoitise de ses yeux, s’est approprié des biens, alors qu’il avait transgressé une interdiction formelle (Jos 7.19-21). Lot, jetant ses yeux sur la belle plaine fertile (Gen 13.10-11) a cédé à la convoitise d’être « bien dans sa peau » par un travail plus facile et un confort plus grand qu’à la montagne. David, en se promenant sur le toit, au lieu de combattre aux côtés de son armée, a été séduit par la convoitise de ses yeux et est tombé dans le péché de l’adultère puis dans un meurtre (2 Sam 11.2-4).
L’orgueil de la vie
Ce désir charnel « d’être comme des dieux pour connaître le bien et le mal » (Gen 3.6) est en tout homme, le « moi », qui ferait tout pour acquérir de la puissance, de la gloire, du succès, d’être quelqu’un. C’est aussi l’assurance de ses propres ressources, la sécurité placée dans les choses terrestres et la convoitise effrénée de « savoir ». Cette course à l’autonomie de l’homme qui s’appelle humanisme. L’homme devenu le centre de l’univers, a détrôné Dieu, son Créateur, pour l’écarter ensuite de son « savoir ».
Il existe donc un parallèle entre le processus de la tentation en Gen 3.1-6 et 1 Jean 2.16 qui donne les éléments dont est composé le monde. D’un côté nous avons ce qui est « bon à manger », « agréable à la vue » et « précieux pour ouvrir l’intelligence » et d’autre côté « la convoitise de la chair », « la convoitise des yeux » et « l’orgueil de la vie ».
Si le croyant a chuté, péché, subi une défaite, il y a rupture de communion entre Dieu et lui. Le Christ « livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification » (Rom 4.24-25) a pourvu à notre salut total par son œuvre rédemptrice. À travers la confession des péchés et la repentance, le Seigneur rétablit la communion afin qu’un nouveau départ puisse se faire (1 Jean 1.9 ; 2.1-2).
5. La victoire dans la tentation
Christ compatit à nos faiblesses, car il a lui-même été assailli par la tentation, à part le péché[note]Héb 4.15 ; 1 Cor. 10.13[/note]. C’est pourquoi Christ peut nous secourir dans la tentation[note]Héb 2.18 ; Apoc 3.10[/note].
Il nous aide à remporter des victoires si nous sommes en communion avec lui[note]2 Cor 2.14 ; 1 Jean 5.4-5[/note], parce qu’il a triomphé publiquement de Satan et des puissances des ténèbres (Col 2.15), et il a « détruit les œuvres du diable (1 Jean 3.8). Si nous demeurons en Lui, nous pouvons vaincre dans la tentation. Pour cela il y a des consignes divines à suivre :
- Nous sommes invités à résister au diable par une foi ferme et dans notre soumission à Dieu[note]1 Pi 5.9 ; Jac 4.7 ; Héb 11.24-26[/note]. Notre volonté y est engagée en tant qu’êtres libres mais responsables de nos pensées et actes devant Dieu.
- Nous sommes invités à nous servir des Écritures, arme redoutable à notre disposition contre l’ennemi. Le Seigneur ne se servait-il pas lui-même d’elles[note]Mat 4.4,7,10 ; 1 Jean 2.14[/note]?.
- Nous sommes invités à cultiver une vie de prière en criant à Dieu lorsque la tentation nous assaille (Mat 26.41) Le Seigneur lui-même a prié avec intensité lors de sa grande épreuve d’accepter de boire la coupe amère de sa mort expiatoire (Luc 22.40-46). Il nous exhorte à prier spécialement lors de nos tentations.
- Nous sommes invités à veiller quand nous subissons des tentations[note]Mat 26.41 ; 1 Pi 5.8[/note]. Veillons donc sur nous-mêmes et nous éviterons des tentations.
- Nous sommes invités à nous éloigner, nous séparer de ce qui peut nous appâter, nous amener en tentation. Joseph a fui la tentation (Gen 39.12), Paul exhorte Timothée à fuir ces choses (1 Tim 6.11) et à fuir les convoitises de la jeunesses (2 Tim 2.22) sources de la tentation.
La foi et l’obéissance à Dieu, la Parole, la prière, la vigilance et la séparation d’avec ce qui peut favoriser la tentation sont cinq supports nous aidant à rester victorieux face au péché.
- Edité par Lüscher Henri
Tout ce qui, en nous, ne s’appuie pas sur la Parole de Dieu ou sur Christ pour vivre dans le bonheur choisira effectivement un autre point d’appui ou plusieurs autres. Parmi ces points d’appui inventés par le cœur humain pour remplacer la personne de Christ, nous retrouvons notamment l’hédonisme, l’agnosticisme, le déisme, l’athéisme, le panthéisme, l’animisme, le spiritisme, les superstitions et le fétichisme pour ne nommer que ceux-là.
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L’hédonisme
Dans l’hédonisme, l’un des aboutissements de l’existentialisme, la recherche constante du plaisir et la jouissance passagère de celui-ci rend le cœur aveugle à la recherche du bonheur permanent ou de la vie abondante que peut donner Christ. Les hédonistes ne veulent se priver d’aucun plaisir de la vie pendant qu’elle passe. Selon eux, il n’y a aucune conséquence pour nos actions, bonnes ou mauvaises, après la mort. Dans l’hédonisme, Christ est remplacé par le plaisir.
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L’agnosticisme
Dans l’agnosticisme, le cœur ne cherche pas Christ. Il dit que Dieu est inatteignable et inconnaissable. C’est un genre de scepticisme, plus proche de l’athéisme que du déisme. L’agnostique a peur de trancher. D’un côté, s’il avoue que Dieu existe, il devra s’engager avec Christ et ça, il ne le veut pas. De l’autre, s’il clame que Dieu n’existe pas, sa conscience l’accuse, alors, il préfère dire que Dieu, s’il existe, est inaccessible. Ce type de cœur se créera une éthique personnelle pour calmer sa conscience et remplacer Christ.
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Le déisme
Dans le déisme, l’expérience individuelle remplace les Saintes Écritures pour connaître Dieu. Christ est remplacé par un personnage irréaliste inventé par les traditions des hommes. C’est une forme religieuse conforme à la raison. Ce style de pensée se noie dans le subjectivisme, car son désir d’arriver à Dieu en rejetant les Écritures dépend de l’imperfection des expériences individuelles et non de la révélation écrite et claire que les Écritures donnent de Christ. L’attachement à Christ est remplacé par une pratique morale humaniste. C’est une forme d’empirisme qui dit que toute connaissance procède de l’expérience. Ce qui est vrai, c’est ce que j’expérimente et ce que je sens. Parmi les croyants, cet état d’esprit peut conduire au rejet des Écritures comme la norme de la conduite au profit de l’expérience sensitive recherchée qui remplace graduellement la foi basée sur la Révélation écrite.
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L’athéisme
Dans l’athéisme, Christ est un étranger, une pure hypothèse. Surtout pour l’athéisme scientifique qui considère que les progrès de la science, depuis la révolution copernicienne et l’époque des Lumières, permettent de plus en plus d’expliquer le monde sans recours à l’existence d’un dieu quelconque. Un jour, Napoléon demanda au savant athée Pierre-Simon de Laplace pourquoi il n’incluait pas Dieu dans l’élaboration de son système de pensée. Celui-ci lui répondit qu’il n’avait pas besoin de cette hypothèse et rajouta plus tard pour sauver la face devant Napoléon que l’hypothèse de l’existence de Dieu explique tout, mais ne permet de prédire rien et qu’en tant que savant, il se devait de lui fournir des travaux permettant des prédictions basées sur des certitudes. Dans ce système de pensée, la matière physique est le dieu qui a remplacé Christ.
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Le panthéisme
Dans le panthéisme qui est une suite logique de l’athéisme, on dit que Dieu est tout. Mais il ne s’agit pas de Dieu, le Créateur de la matière, mais plutôt que le « tout », c’est-à-dire la matière, est dieu : tout ce qui existe est dieu. Le panthéisme est donc un naturalisme d’une Nature divinisée qui ne reconnaît que les principes découlant des lois de cette Nature. L’homme est donc perçu, au sein de la matière, comme partie intégrante de ce dieu Nature. Pline l’Ancien, Romain du Ier siècle, naturaliste auteur d’une encyclopédie de 37 livres intitulée « Histoire naturelle » disait que le monde, ou le ciel, doit être considéré comme une divinité éternelle, immense, sans commencement et sans fin. Le monde est sacré, tout dans tout et il est lui-même le tout. Il renferme tout en soi ; il est à la fois l’œuvre de la nature et la nature elle-même. Dans le panthéisme, Christ devient un simple humain qu’on a divinisé. L’homme respecte mieux la nature que son Créateur. Le monde matériel remplace Christ dans le cœur du panthéiste.
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L’animisme
Dans l’animisme, le recours à Christ est remplacé par le recours aux âmes qui animent les êtres vivants ou les objets naturels, ainsi qu’à des esprits protecteurs sortis des ancêtres décédés ou de certains animaux. Chez les animistes, les forces occultes positives ou négatives concernent la pierre, le vent, le rocher, le sable, l’eau, la feuille et le feu. Nous retrouvons des pratiques animistes, en relation avec ces éléments dans plusieurs religions. Dans l’hindouisme l’eau du Gange est vénérée. Dans l’Égypte ancienne le fleuve du Nil était divinisé. Chez les Celtes, il y avait le culte des arbres et le culte du feu chez les Romains avec les Vestales. Plusieurs grandes religions font accorder leurs pratiques ou fêtes religieuses dans des temps de l’année en rapport avec les mouvements du Soleil ou de la Lune. Un million de visiteurs se rendent chaque année au monument Stonehenge, situé au Royaume-Uni et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ; l’un des buts de leur visite est de célébrer le passage à l’été. Chez les Lakotas, une tribu autochtone américaine du peuple sioux, on célèbre le solstice d’été par la danse du soleil. Dans toutes ces fêtes, ce n’est pas Christ qui est au centre, mais la « mère-nature » ou la satisfaction de plaisirs individuels ou collectifs.
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Le spiritisme
Dans le spiritisme, au lieu de faire confiance à Dieu pour notre avenir et de remettre notre vie entre les mains du Seigneur Jésus, on consulte les esprits des défunts à l’aide de médiums ou de supports inanimés. En plus des âmes des morts, les anges et les démons sont invoqués. Dans l’Égypte antique, on invoquait les morts pour obtenir des rêves prémonitoires. Chez les Hébreux, Saül consulta une nécromancienne pour parler avec l’esprit du prophète Samuel avant une bataille contre les Philistins. Dans l’antiquité occidentale, en Gaule, les druides et les vates invoquaient les morts. Chez les Grecs, pour communiquer avec les morts, on disposait de prêtres, temples et fêtes annuelles. Tout le peuple de la Rome antique se rendait chez des prophétesses qui communiquaient avec l’au-delà. Un conseil spirite international, fondé en 1992 au Brésil, fédère environ dix mille associations qui comptent plus de vingt millions d’adeptes dans vingt-quatre pays, sans compter tous les sympathisants et pratiquants amateurs.
Le spiritisme dit que Dieu est le principe de toutes choses, une force d’amour, créatrice, infinie et éternelle. Toutefois, ses adeptes rejettent la vérité de l’existence d’un Dieu personnel, Créateur de la matière et de l’homme. Pour eux, Dieu est l’énergie totale qui émane de la matière. Les âmes des vivants et des morts font partie de cette énergie. La connaissance dans le spiritisme n’est pas basée sur une relation personnelle avec Jésus par la foi, mais des expériences de communication avec les esprits. Donc, dans le spiritisme, la connaissance du Christ vivant est remplacée par la connaissance de l’esprit des morts.
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Les superstitions
Dans les superstitions, le recours à Christ est remplacé par les pouvoirs accordés à certains objets, actes ou circonstances. Une enquête menée par le Dr Richard Wiseman à l’Université de Hertfordshire en 2003 a permis de savoir que 77% des Britanniques touchent du bois pour appeler la chance, 65% croisent les doigts pour la même raison, 50% évitent de passer sous les échelles, 39% croient que briser un miroir attire la malchance, 28% ont des porte-bonheur et 26% croient que le nombre 13 est la malchance. L’une des constatations de l’enquête est que la superstition est l’apanage de toutes les couches de la société, le riche, le pauvre, l’éduqué, le non scolarisé et même dans le monde militaire et médical.
Les vieilles superstitions se frayent un chemin dans le monde moderne en essayant de convaincre les gens qu’elles peuvent les aider à travers les incertitudes de la vie mouvementée d’aujourd’hui. Les objets ou les attitudes superstitieuses prennent toute la place dans le cœur et obstruent l’intelligence. Quand Christ remplit un cœur, toutes les superstitions finissent par disparaître, car avec la vie abondante qu’il donne, il pourvoit à tous nos besoins. Étant lui-même le Chemin, c’est lui qui nous guide quand tout s’assombrit autour de nous. Étant lui-même la Lumière, il éclaire le sentier devant nous. Étant lui-même la Vie et lui vivant en nous, nous ne mourrons jamais. Christ est tout pour tous ceux et celles qui vivent une relation personnelle avec lui par la foi en accord avec les Écritures.
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Le fétichisme
Dans le fétichisme, élément important du chamanisme et des superstitions dans le monde occulte, Christ est remplacé par des objets revêtus de pouvoirs occultes. Il y a des totems qui vous aident dans les moments difficiles : un qui vous montre le chemin et un autre qui vous avertit ou qui vous fait partir en retard un matin pour vous faire éviter un accident, ou un autre qui vous aidera à surmonter vos peurs et dans tout ce que vous devez surmonter pour avancer. Même dans le monde moderne actuel, des millions de personnes utilisent le capteur de rêve pour les aider à contrer les cauchemars. Parmi les centaines d’objets, amulettes ou talismans, censés éloigner la calamité ou favoriser la bonne fortune, plusieurs sont habillés d’un arrière-plan biblique afin de leur donner notoriété et une certaine forme de légitimité parmi les adeptes des religions. Il y a le fer à cheval qui protège la maison. Il y a la croix que les gens portent souvent au cou avec l’impression qu’ils seront plus chanceux. Il y a le croisement des doigts en forme de croix pour conjurer le mauvais sort, en référence à la Croix et au vade retro Satanas de Christ. Il y a la patte de lapin. Si cette patte provient d’un lapin qui a été tué un vendredi saint, on dit qu’elle a de réels pouvoirs. Il y a les clés qui sont un symbole puissant dans la magie. Il y a la pièce de monnaie jetée dans une fontaine qui est censée attirer les faveurs d’un saint.
Conclusion
Ces différentes philosophies ou croyances maintiennent beaucoup d’hommes et de femmes enchaînés loin de Christ. La face visible de ces croyances sont comme les pointes d’icebergs qui cachent dans les profondeurs de l’eau des arêtes tranchantes comme celles qui font couler des navires déclarés insubmersibles. Voilà pourquoi les capitaines de bateaux se méfient de ces petites pointes qui émergent de l’océan et qui paraissent si inoffensives. Ainsi, par exemple, le croisement des doigts, le toucher du bois, les petits talismans paraissent bien anodins, mais sous la surface, dans les profondeurs du cœur humain, se cachent de grosses masses mortelles pour l’âme humaine. Ces pointes sont les manifestations extérieures, les preuves certaines que le cœur qui les produit n’est pas encore entré dans une relation intime avec Christ. C’est un état de mort spirituelle. Mais quand une personne a reçu Christ, voici ce que les Écritures déclarent :
« Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion… Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ. » (Éph 2.1-2,4-5)
Il est normal que le croyant rejette fermement toute compromission avec ces philosophies et croyances, car elles sont étrangères à l’Esprit de Christ (Rom 8.9). Le dénominateur commun à ces styles de pensée ou de vie que nous avons résumés est le remplacement de la personne de Christ par quelque chose, mais Christ est la porte pour aller à Dieu, le chemin sur lequel se trouve la connaissance de Dieu, une connaissance qui implique bien plus qu’un savoir, mais une vie abondante et éternelle. Jésus lui-même a dit : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean 17.3)
Les courants de pensée que nous venons de résumer font partie de la puissance de l’air qui régit le train de ce monde. Le disciple du Seigneur Jésus dont l’intelligence a été renouvelée par la connaissance de Dieu selon les Écritures n’est pas intéressé à épouser ce style de vie car tous ses besoins sont satisfaits par son Seigneur. Une relation personnelle avec le Seigneur Jésus remplit l’âme du disciple d’assurance, de bonheur et d’intelligence.
- Edité par Gauthier Gilles. D
L’épître aux Galates établit clairement la justification par la foi seule et non par l’observation de la loi mosaïque[note]Gal 2.16,21 ; 3.2,11,18 ; 5.4 ; etc.[/note]. Pourtant, Paul enseigne aussi que la loi est sainte (Rom 7.12), spirituelle (Rom 7.14), bonne (1 Tim 1.8). Alors comment comprendre la loi aujourd’hui ? L’épître aux Galates donne trois réponses.
Au chapitre 3, Paul a souligné que la promesse faite à Abraham à propos de sa descendance (il s’agit de Christ) n’est pas annulée par la loi. Abraham a été déclaré juste sans la loi ; cette dernière n’est donc pas nécessaire pour être justifié.
Paul pose ainsi la question : pourquoi la loi ? Il répond : « A cause des transgressions » (Gal 3.19). Cette réponse peut être comprise de deux manières complémentaires.
1. La loi condamne le péché
La loi fait ressortir le péché. Le texte de Romains 7 développe ce sujet ainsi : il fallait que les erreurs, les péchés des hommes soient manifestés et apparaissent clairement en tant que péchés dans toute leur horreur. La loi fait ressortir le péché pour que le péché augmente ! L’homme ne peut que reconnaître qu’il est pécheur.
Les étoiles sont toujours dans le ciel, mais invisibles en journée. Lorsque vient la nuit, elles apparaissent alors très nettement, leur faible lueur contrastant avec la nuit. De la même manière, la loi fait ressortir le péché. C’est une de ses fonctions, très importante dans l’histoire du salut.
Paul développe cette idée en Galates 3.19-25 : « Pourquoi donc la loi ? Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vienne la descendance à qui la promesse avait été faite ; elle a été promulguée par des anges, au moyen d’un médiateur. Or, le médiateur n’est pas médiateur d’un seul, tandis que Dieu est un seul. La loi est-elle donc contre les promesses de Dieu ? Loin de là ! S’il avait été donné une loi qui puisse procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi. Mais l’Écriture a tout renfermé sous le péché, afin que ce qui avait été promis soit donné par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient. Avant que la foi vienne, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui devait être révélée. Ainsi la loi a été comme un précepteur pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce précepteur. »
En résumé, ce passage nous apprend que :
– Verset 21 : aucune justice n’est possible par la loi.
– Verset 22 : tout est enfermé sous le péché. Toute l’humanité est déclarée en état de péché. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23). Les trois premiers chapitres de l’épître aux Romains visent d’ailleurs à établir ce verdict de culpabilité universelle.
– Verset 23 : nous sommes enfermés. La loi agit comme un surveillant de prison. Nous sommes enfermés, esclaves du péché et de notre culpabilité. Le rôle de la loi est de nous faire rester dans la prison et nous enlever tout espoir d’en sortir par nous-mêmes.
– Verset 24 : la loi est comme un précepteur ou un gardien. On traduit aussi parfois « pédagogue », mais la traduction est sujette à incompréhension car ce pédagogue n’a aucune pédagogie. À l’époque, le pédagogue (surveillant) était un esclave qui était chargé de conduire les jeunes garçons à l’école et de faire respecter les règles de la maison. Il disciplinait souvent les enfants sous sa garde. La loi punit nos transgressions et nous fait prendre conscience que nous sommes des transgresseurs de la loi, des pécheurs.
Est-ce que Dieu serait trop dur ? Non, car la loi nous conduit à Christ, à la grâce. Paul l’écrit ainsi : « Quant à la loi, elle est intervenue pour que le péché prolifère. Mais là où le péché a proliféré, la grâce a surabondé. » (Rom 5.20, Semeur)
La loi permet que le péché soit encore plus grand, plus net… pour que nous courrions dans les bras de Christ. La loi nous révèle notre incapacité totale de plaire à Dieu par nous-mêmes.
Le réformateur Luther écrivait à ce sujet : « Le but principal (…) de la loi (…) ne consiste pas à rendre les hommes meilleurs mais pires ; c’est-à-dire, qu’elle leur révèle leur péché, afin qu’en en devenant conscients, ils soient humiliés, terrifiés et brisés, et qu’ainsi ils puissent être poussés à chercher la grâce à venir à la Postérité bénie (au Christ). »
Cette prise de conscience est valable non seulement au début de la vie chrétienne, mais aussi par la suite. Nous recevons tout par grâce et nous ne pouvons rien faire valoir devant Dieu ; nous n’avons aucun mérite particulier.
Nous pouvons tirer quelques applications de cette vérité.
1) Chaque fois que je pense mériter quelque chose de la part de Dieu, je me trompe. Nous prononçons parfois de telles phrases : « Qu’ai-je fait pour mériter cela ? » ou : « Qu’ai-je fait à Dieu pour que telle catastrophe me touche ? » Nous insinuons que, si le malheur nous touche, c’est que nous avons dû faire quelque chose de mal ou de faux.
Bien sûr, Dieu peut parfois envoyer telle ou telle épreuve pour nous parler et même nous ramener à lui. Bien sûr, si je méprise toutes les lois de Dieu et que je me mets dans des situations périlleuses à cause de ma mauvaise conduite, il m’arrivera probablement des ennuis.
Mais il n’y a rien d’automatique. Le premier principe avec Dieu est celui de la grâce. Je ne peux pas entrer dans un « donnant-donnant » : je vais au culte tous les dimanches et tu exauces mes prières ! C’est du marchandage, ce n’est plus la foi chrétienne.
2) Nous pourrions croire que notre conduite peut nous faire mériter telle ou telle bénédiction de Dieu. Or, la réalité et la gravité de notre péché nous conduit à rejeter une telle conception de la vie chrétienne.
« C’est parce que je suis fidèle que Dieu me bénit » : voilà une pensée typique de l’évangile de la prospérité ! Si tu es fidèle et que tu donnes de l’argent à l’offrande, Dieu fera prospérer tes biens. Plus subtile encore : « si tu pries bien et si tu pries assez, Dieu exaucera. » De telles pensées mettent l’accent sur l’homme et lui attribuent une partie de la gloire qui revient à Dieu.
Prions, sans nous lasser ; persévérons dans la prière, que ce soit pour louer, nous décharger de nos soucis ou pour supplier Dieu d’agir. Mais ne nous permettons jamais de croire que l’exaucement est dû, même en partie, à notre action. Ce qui ne signifie pas que nos prières soient inutiles. Dieu accomplit parfois sa volonté à travers nos prières et se plaît à exaucer nos demandes conformes à sa volonté.
3) Certaines actions, pensées et paroles sont condamnables. Mais si nous jugeons les autres personnes, nous leur refusons la grâce qui est au cœur de l’Écriture.
En jugeant les autres, nous oublions notre propre besoin de grâce et de pardon. Lorsque nous reconnaissons premièrement notre péché, nos faiblesses et notre besoin de pardon, nous apprenons concrètement ce que signifie la grâce de Dieu.
Le premier sens de la loi est de nous condamner pour que le péché ressorte et que nous recevions pleinement la grâce de Dieu. Nous courons vers Christ pour qu’il nous pardonne, nous purifie pleinement, nous restaure, nous relève. Sans retour à la loi et à nos œuvres pour mériter le salut, même après coup !
2. La loi limite le péché
« (La loi) a été donnée (…) à cause des transgressions. » (Gal 3.19)
La loi a aussi été donnée pour encadrer le mal, pour limiter les pratiques mauvaises. La loi fait ressortir le péché et elle introduit l’idée de sacrifice pour couvrir la faute (expiation).
La loi est aussi donnée à un peuple d’esclaves qui n’a jamais connu la liberté et qui se trouve brusquement livré à lui-même. Ceux qui sont sortis d’Egypte sont non seulement le peuple d’Israël, mais aussi d’autres personnes étrangères au peuple qui en ont profité pour partir (Ex 12.37-38).
La loi permet donc au peuple de s’organiser et de réprimer le mal, de dire ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Les aspects civils de la loi mosaïque (notamment tout ce qui concerne les condamnations judiciaires de comportements éthiques contraires à la volonté divine) ne sont plus applicables pour l’Église. Les chrétiens ne sont pas rassemblés dans un État et les règles de discipline d’église sont différentes de celles d’une nation.
Nous pouvons pourtant être attentifs à une application de ce passage. Cette loi vient de Dieu. Seul Dieu peut dire ce qui est bien ou mal. On peut toujours discuter sur l’un ou l’autre aspect de la loi et peut-être ne pas comprendre comment l’appliquer aujourd’hui. Mais l’origine divine de la loi rappelle que seul Dieu peut dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.
3. La loi conduit à obéir par amour (Gal 5.1,1-13)
Notre obéissance ne peut participer à notre justification devant Dieu. Je ne viens pas au culte, je ne pratique pas telle ou telle action, je ne passe pas du temps dans la prière pour que Dieu me favorise dans la vie, dans mes circonstances. Il s’agirait alors d’une religion païenne : j’apporte un sacrifice à la divinité et « les dieux » me seront favorables.
Mais je ne suis pourtant pas « sans loi », même en tant que chrétien. La loi de Dieu garde toute sa pertinence, comme l’écrivait le prophète Jérémie : « Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » (Jér 31.33, texte repris en Héb 8.10).
Le Nouveau Testament confirme l’importance de la loi de Dieu. C’est par le Saint-Esprit présent en chaque enfant de Dieu que la loi peut être mise en pratique.
Jésus annonce que la loi ne passera pas. Il n’est pas venu l’abolir, mais l’accomplir (Mat 5.17-20). Jacques demande aussi d’obéir à la loi (Jac 1.25 ; 2.8-13).
Alors que la loi seule conduit à une obéissance extérieure, le Saint-Esprit transforme le cœur, ce que la loi ne peut pas faire. Dans le « Sermon sur la Montagne », Jésus a d’ailleurs montré le véritable sens de la loi de Dieu et la manière, exigeante, dont le chrétien est appelé à la vivre (Mat 5.21-48).
Je reconnais que si je laisse libre cours à mes passions charnelles, ma convoitise, mon désir de posséder, ma rébellion, toutes ces choses qui font partie de la nature de l’homme non régénéré par le Saint-Esprit (Gal 5.19-21), je retombe en esclavage.
Les nombreuses dépendances qui touchent les êtres humains nous mettent en garde contre une recherche du sens de notre vie ailleurs qu’en Dieu. Quelques exemples :
– La dépendance à la pornographie concerne des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, des non-chrétiens et des chrétiens.
– La dépendance au jeu, au sport, au travail, etc.
– La cupidité qui conduit à un esclavage de vouloir toujours posséder plus de choses matérielles ou d’argent sans jamais trouver la paix.
– La recherche du sens de notre vie dans les loisirs et le regard tourné vers soi. On devient esclave de soi, esclave du regard des autres.
Il y a souvent une bonne chose à l’origine… mais pervertie par notre adversaire, le diable, qui tire profit des faiblesses de notre chair pour donner à ces choses une trop grande place.
4. Conclusion
Pour conclure, soulignons deux usages (ou offices) de la loi de l’Ancien Testament, que le réformateur Jean Calvin mentionnait :
1) L’usage pédagogique : la loi révèle le péché, montre notre incapacité à faire le bien et nous pousse vers Christ.
2) L’usage moral : la loi nous révèle comment progresser dans la sainteté et accomplir ce qui plaît à Dieu. Il ne s’agit pas de punir ou de brimer, mais de reconnaître que la loi de Dieu est bonne. Cette loi de liberté nous permet de vivre pleinement notre vocation d’enfant de Dieu en accomplissant la volonté de Dieu qui est bonne, agréable et parfaite.
La loi morale apparaît donc comme le guide qui permet aux enfants de Dieu de ne pas retomber dans l’esclavage des passions humaines.
- Edité par Charvin Olivier
Le Nouveau Testament décrit notre rapport au péché comme un combat. Nous sommes en guerre contre notre péché, une guerre qui ne finira qu’à notre mort. Les puritains parlaient de « mortification du péché » : faire mourir le péché.
Cette guerre est une affaire de tous les jours. Tous les jours nous devons lutter contre le péché qui nous enveloppe si facilement (Héb 12.1). Tous les jours nous devons, à nouveau, faire mourir notre péché. Oui, mais comment ? Pour cela, je vous propose cinq pistes concrètes.
1. Appeler un péché un péché
Notre vocabulaire trahit souvent notre vision du péché. Ainsi, nous parlons d’un (vilain) défaut, ou d’un trait de caractère, ou encore d’une faiblesse. Tout cela parce que nous n’osons pas nommer le péché par son nom. Et pourtant, la première des étapes, c’est de reconnaître nos péchés et de les nommer.
J’ai travaillé de nombreuses années en centre de loisirs. Un des jeux préférés des enfants était la gamelle. Selon la règle établie pour ce jeu, si on ne connaissait pas le prénom de quelqu’un qu’on avait vu caché, cette personne pouvait rester à sa place. Et cela pouvait nous faire perdre la partie. Avec le péché c’est pareil. Ce n’est qu’en l’appelant par son nom qu’on pourra le déloger.
2. Voir le péché comme Dieu le voit
Le péché a toujours été grave. Pécher c’est désobéir à Dieu ou, comme Henri Blocher l’a dit récemment[note]Dans une conférence donnée lors d’un séminaire Évangile 21, « Jésus, la gravité du péché et la réalité du jugement » https://vimeo.com/175143039[/note], c’est « cracher au visage du Créateur ». Il n’y a qu’en voyant le péché tel qu’il est, dans toute sa laideur, que nous pourrons voir le vrai visage de notre ennemi. David était bien conscient de toute l’horreur de son péché lorsqu’il déclarait : « J’ai péché contre toi seul, et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux » (Ps 51.6).
Voir le péché comme Dieu le voit, c’est aussi voir ses effets sur notre relation avec Dieu, dans notre vie et dans nos relations avec les autres. Le péché est une insulte à Dieu et à l’œuvre de la croix. C’est à cause de nos péchés que Jésus est mort. Mais notre péché attriste aussi Dieu et ternit notre relation. Le péché ravit aussi la joie de notre salut (Ps 51.14). Et nos péchés, même ceux que l’on croit cachés, ont un impact sur notre relation avec les autres.
3. Mettre en lumière tous nos péchés
Certains péchés sont évidents, d’autres moins. Le problème, c’est que nous avons tendance à nous attarder à ceux que nous voyons. C’est plus facile de passer l’aspirateur sur le tapis devant le canapé que le passer sous le canapé ! Et puis après tout, les invités n’iront jamais jeter un coup d’œil là-dessous. Enfin, jusqu’à ce que quelque chose tombe, roule et se transforme en mouton…
Il est plus facile de traiter les péchés qui se voient et de faire comme si les autres n’existaient pas. C’est aussi pratique parce que les autres voient les premiers et pas les seconds. On pourrait même passer pour de bons chrétiens… Mais le péché qui n’est pas mis en lumière est un péché qui grandit. Et qui détruit. Notre relation à Dieu, aux autres… Parmi ces péchés moins évidents, on pourrait nommer l’inquiétude, la peur, le mécontentement, l’impatience, la jalousie, etc.
L’idolâtrie est aussi un péché aux contours subtils. Nous savons que l’idolâtrie ce ne sont pas que les poteaux de bois et les statues taillées. Nous savons que le sport, la carrière, les relations, les hobbies peuvent devenir des idoles pour nos cœurs. Nous savons que tout ce qui est placé avant Dieu devient une idole. Mais qu’en est-il de celles qui ont l’apparence de la piété ? Une bonne théologie (je parle pour moi), de bonnes lectures, notre fréquentation au culte, notre service dans l’Église, notre discipline et notre piété, nos afflictions et nos épreuves, même notre foi. Toutes ces choses peuvent devenir des idoles. Tout ce qui détourne notre regard de Jésus et fait notre joie peut nous tromper et faire de nous des idolâtres.
4. Ne pas opposer grâce et discipline
Certains chrétiens crient au légalisme en entendant la notion de discipline. La grâce pourtant ne s’oppose pas à la notion de discipline, mais à celle de mérite. La discipline est un moyen que nous devons utiliser dans notre combat contre le péché. C’est la discipline qui nous aide à nous maîtriser, à ne pas transformer un regard anodin en regard chargé de convoitise, à ne pas laisser évoluer une mauvaise pensée en parole destructrice, à ne pas laisser le doute devenir une accusation contre Dieu ou un coup de marteau sur le doigt déboucher sur un juron.
La discipline ne vient pas remplacer notre piété, elle la soutient. C’est la discipline qui nous permet de faire ce que nous devons et savons être bon, même quand nous n’en avons pas envie. Si les athlètes ne entraidaient que lorsqu’ils en ont envie, ils ne pourraient se rendre aux Jeux Olympiques. Si je lisais ma Bible uniquement quand l’envie me prend, je la lirais beaucoup moins.
5. Ne pas combattre seul
L’Église est un de nos atouts dans notre combat pour la sainteté. Pourtant, nous décidons souvent de combattre seul. Nous nous privons de la grâce de combattre ensemble peut-être par timidité, surement par orgueil. La Parole nous encourage à combattre ensemble dans la confession (Jac 5.16).
Trouvons un frère (pour les hommes) ou une sœur (pour les femmes) avec qui nous pourrons partager nos luttes, nos victoires, nos larmes et nos joies. Ne nous privons pas de ceux que Dieu place à nos côtés comme nos compagnons d’armes.
- Edité par Giralt Matthieu
Le texte que nous publions est un condensé du commentaire de John MacArthur sur l’épître aux Galates avec l’aimable autorisation des Éditions Impact à Trois-Rivières, Québec
Je dis donc : Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. Si donc vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi. » (Gal 5.16-18)
Tout comme Jésus-Christ est le personnage principal de la justification, le Saint-Esprit est celui de la sanctification. Un croyant ne peut pas plus se sanctifier lui-même qu’il n’aurait pu se sauver lui-même. Il ne peut pas plus vivre la vie chrétienne à partir de ses propres ressources qu’il n’aurait pu se sauver au moyen de ces ressources.
Dans sa définition la plus profonde, et pourtant la plus simple, la vie chrétienne fidèle est une vie vécue sous la direction et dans la puissance du Saint-Esprit. C’est là le thème de Galates 5.16-26, où Paul dit aux croyants : « marchez selon l’Esprit » (v. 16,25), et : « [soyez] conduits par l’Esprit » (v. 18). Le premier paragraphe (v. 16-18) de cette section ouvre le sujet en donnant l’ordre de marcher selon l’Esprit, et en définissant le combat de la vie remplie de l’Esprit.
1. L’ordre (5.16)
Les deux sujets opposés de l’épître aux Galates sont la loi et la grâce, qui, comme Paul le montre à plusieurs reprises, sont incompatibles, que ce soit comme moyens de salut ou comme moyens de sanctification. On ne peut pas aller à Dieu par l’observation de la loi et on ne peut pas non plus entretenir une vie à la gloire de Dieu de cette façon, même s’il s’agit de la loi que Dieu a donnée à Moïse et qui était au centre de l’Ancienne Alliance. Puisque personne ne peut y obéir parfaitement, la loi n’a jamais été, et ne devait jamais être un moyen de salut. Dieu l’a donnée pour révéler ses saintes normes et pour amener les hommes à désespérer de lui plaire par leurs efforts humains, et les conduire à Jésus-Christ, qui seul, et par grâce, peut les rendre acceptables devant le Père. Par la loi, « l’Écriture a tout renfermé sous le péché, afin que ce qui avait été promis soit donné par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient » (Gal 3.22). La loi n’a jamais été donnée comme sauveur, mais uniquement comme précepteur pour conduire les hommes au Sauveur (Gal 3.24).
La loi n’a aucune utilité pour le salut du croyant, parce que par Christ celui-ci est déjà sauvé et a été adopté comme enfant dans la famille céleste de Dieu (Gal 3.26). Elle n’a pas non plus d’utilité pour la direction de sa vie nouvelle, parce que le croyant a l’Esprit de Dieu résidant en lui pour le guider de façon permanente.
Bien que l’Écriture encourage l’étude biblique, la prière, l’adoration, le témoignage et certaines normes de conduite qui sont essentielles à une vie chrétienne fidèle, la spiritualité ne peut pas être mesurée à la fréquence ou à l’intensité avec laquelle le croyant s’y engage. Prendre ces choses comme des mesures de spiritualité, c’est tomber dans le légalisme, qui ne s’attache qu’aux choses extérieures et visibles, humainement appréciables. Vivre uniquement selon un ensemble de règles, c’est vivre par la chair dans le contentement de soi et l’hypocrisie, en méprisant l’Esprit, qui seul est capable de travailler intérieurement pour produire des œuvres de véritable justice. La vie sainte ne résulte pas de ce que nous faisons pour Dieu, mais de ce que lui fait en nous par son propre Esprit. Vivre saintement, c’est être « puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur » (Éph 3.16), et c’est être « remplis de l’Esprit » (Gal 5.18).
Tout ce dont un croyant a besoin pour vivre une vie en accord avec la volonté de Dieu est le Saint-Esprit, qui lui a été donné au moment où il a cru (Rom 8.9). Même le croyant le plus nouveau et le plus ignorant est habité par l’Esprit de Dieu qui l’enseigne et le soutient. Bien que l’Esprit utilise l’Écriture pour aider les croyants à croître en vérité et en sainteté, il est lui-même la source suprême de ces vertus (voir Col 3.16).
Le fait que le verbe peripateô (marchez) soit ici conjugué au temps présent indique que Paul parle d’une action continue et régulière, en d’autres mots : d’une façon habituelle de vivre. Et le fait que le verbe soit aussi au mode impératif indique qu’il ne fait pas une suggestion aux croyants, mais leur donne un ordre.
Quand un croyant se soumet au contrôle de l’Esprit, il avance dans sa vie spirituelle. L’Esprit le fait avancer pas à pas d’où il est vers où Dieu veut qu’il soit. Ainsi, bien que ce soit l’Esprit qui soit la source de toute vie sainte, c’est le croyant qui reçoit l’ordre de marcher. C’est là la combinaison apparemment paradoxale du divin et de l’humain dans le salut (Jean 6.35-40), dans l’inspiration de l’Écriture (voir 1 Jean 1.1-3 et 2 Pi 1.19-21), dans la sécurité éternelle (voir Rom 8.31-39 et Col 1.21-23) et même dans le ministère (Col 1.28,29).
En insistant sur l’œuvre primordiale du Saint-Esprit dans la vie du croyant, certains chrétiens ont perdu l’équilibre qui existe entre l’humain et le divin, et ont enseigné l’idée exprimée par des expressions populaires du genre de : « Abandonnez-vous à Dieu »[note]En anglais : « Let go and let God ! »[/note] et « la vie d’abandon »[note]En anglais : « the surrendered life »[/note]. Bien utilisées, de telles expressions sont utiles. Si elles signifient qu’il faut arrêter de compter sur ses propres ressources et son indépendance, et se soumettre à la vérité et à la puissance de Dieu, elles sont scripturaires. Mais si, comme c’est souvent le cas, on les utilise pour enseigner que la vie chrétienne est tout simplement une soumission passive à Dieu, elles sont contraires à tous les termes actifs et à tous les ordres de faire plus d’efforts et d’être plus engagés qu’on trouve dans tout le Nouveau Testament (voir p. ex. : 1 Cor 9.24-27 ; Héb 12.1-3).
Si la volonté et les actes de l’homme ne jouaient pas un rôle direct et actif dans la vie chrétienne, le Nouveau Testament ne contiendrait que cette seule instruction pour les croyants : « Marchez selon l’Esprit ». Tout autre ordre serait superflu.
La puissance nécessaire dans la vie chrétienne vient entièrement du Saint-Esprit, tout comme la puissance du salut vient entièrement de Jésus-Christ. Mais l’homme est appelé à exercer sa volonté et à s’engager, aussi bien dans l’œuvre de justification de Christ que dans l’œuvre de sanctification du Saint-Esprit.
Il n’est pas question pour le chrétien de simplement s’asseoir en coulisses et de regarder le Saint-Esprit se battre pour lui. Paul dit aux croyants de Rome : « Regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants en Jésus-Christ. […] Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d’iniquité ; mais […] offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice » (Rom 6.11,13).
Le croyant qui est conduit par le Saint-Esprit doit être prêt à aller là où celui-ci le conduit et à faire ce que celui-ci le conduit à faire. Prétendre être soumis au Saint-Esprit sans être personnellement engagé dans l’œuvre de Dieu, c’est appeler Jésus « Seigneur, Seigneur ! » et ne pas faire ce qu’il demande (Luc 6.46).
Dire : « Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair », c’est énoncer le même principe qu’en disant : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Rom 13.14). Marcher selon l’Esprit, c’est marcher « honnêtement comme en plein jour » alors que les désirs de la chair, sont des choses telles que « des orgies et de l’ivrognerie, de la luxure et de la débauche, des querelles et des jalousies » (v. 13). Les deux comportements s’excluent mutuellement, de telle façon qu’à tout moment de notre vie chrétienne, soit nous marchons par l’Esprit, soit nous fonctionnons selon les désirs de la chair. Nous ne pouvons pas faire les deux en même temps.
Vivre par l’Esprit, c’est vivre comme Christ a vécu, les pensées saturées de sa vérité, de son amour et de sa gloire, et du désir d’être en tout semblable à lui. C’est vivre dans la conscience permanente de sa présence et de sa volonté, en laissant « la parole de Christ » demeurer en soi « dans toute sa richesse » (Col 3.16). Vivre par l’Esprit, c’est vivre selon l’enseignement et l’exemple du Seigneur Jésus-Christ. C’est vivre avec un désir suprême et permanent « d’être trouvé en lui, non avec [sa propre] justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi », et avec le désir aussi de connaître « Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances (Phil 3.9,10). Ce n’est certes pas différent d’être « remplis de l’Esprit » (Éph 5.18), une expression qui décrit la puissance de contrôle exercée par l’Esprit sur un chrétien qui la veut.
2. Le combat (5.17,18)
Comme beaucoup d’autres dans le Nouveau Testament, ces deux versets montrent clairement que marcher selon l’Esprit, ce n’est pas simplement s’abandonner passivement à celui-ci. La vie dirigée par l’Esprit est une vie de combat, de combat constant contre les vieilles habitudes de la chair qui continuent à tenter et à séduire le croyant. La chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair.
Il vaut la peine de remarquer que Paul utilise souvent le terme « la chair » pour désigner ces restes du « vieil homme » qui subsistent après la conversion. Il s’agit de l’humanité non régénérée, cette partie du croyant qui attend la rédemption à venir au moment de la glorification (Rom 8.23). Jusque-là, le croyant possède une personnalité régénérée (voir Gal 2.20), qui vit dans une humanité non régénérée, et cela crée un fort état de conflit.
Paul lui-même, comme tous les croyants, est constamment aux prises avec la chair, comme il le confesse aux Romains : « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair ; j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. […] Je trouve donc en moi cette loi : quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres » (Rom 7.18,19,21-23).
Dans le présent texte et dans d’autres, la chair désigne également la faiblesse et l’incapacité morales et spirituelles de la nature humaine qui s’accroche aux âmes rachetées, comme Paul en fait état dans le passage de Romains 7, déjà cité (voir Rom 6.19). La chair des chrétiens est leur propension à pécher, leur humanité déchue qui attend la rédemption, et dans laquelle la nouvelle et sainte créature habite (voir Gal 2.20 ; 2 Cor 5.17).
La chair est cette partie du croyant qui fonctionne sans l’Esprit et contrairement à lui. Elle s’oppose à l’œuvre de l’Esprit dans le cœur du croyant. Celui qui n’est pas né de nouveau regrette souvent les péchés qu’il commet, à cause d’un sentiment de culpabilité ou de conséquences pénibles, mais il ne se déroule pas de combat spirituel en lui, parce qu’il ne possède que la nature charnelle et ne possède pas l’Esprit. Les péchés qu’il commet, même s’ils le désappointent et le dégoûtent parfois, sont néanmoins en accord avec sa nature fondamentale d’ennemi de Dieu (Rom 5.10) et d’enfant de la colère (Éph 2.3). Il n’y a donc pas de conflit réel en lui, à part celui que peut causer le peu de conscience qui lui reste dans son état de perdition.
Ce n’est que dans la vie des croyants, que l’Esprit peut combattre la chair, parce que l’Esprit ne réside que dans le croyant. Seul un croyant peut vraiment affirmer : « Car je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres » (Rom 7.22,23). Ce n’est que dans les croyants que la chair non régénérée et l’Esprit qui vit dans l’être régénéré sont opposés entre eux, afin que les croyants ne fassent point ce qu’ils voudraient. Les croyants ne font pas toujours ce qu’ils voudraient faire. Il y a des moments dans la vie de chaque croyant où il veut mais ne peut pas. L’Esprit met souvent le holà aux désirs de notre chair, et la chair passe souvent par-dessus la volonté exprimée par l’Esprit. Il n’est pas surprenant que ce frustrant conflit amène Paul à s’exclamer : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom 7.24.)
Bien que la vie chrétienne soit un combat, c’est un combat dans lequel la victoire est toujours possible. Dans sa prière sacerdotale, Jésus a parlé de l’autorité que son Père lui a donnée « sur toute chair » (sarx – Jean 17.2). Tout croyant a en lui la puissance de l’Esprit de Dieu lui-même qui combat sa chair faible et pécheresse, afin qu’il ne fasse point ce que sa chair voudrait. Paul écrit : « la loi de l’Esprit […] m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom 8.2). En d’autres mots, c’est une tierce personne qui a la clé du combat entre la nouvelle création et la chair : le Saint-Esprit. C’est lui qui donne à l’homme intérieur l’énergie nécessaire pour remporter la victoire sur la chair.
La meilleure façon pour un chrétien de s’opposer aux désirs et aux œuvres de la chair, c’est de ne pas satisfaire ses convoitises : « n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Rom 13.14). La façon la plus certaine de tomber dans le péché est de se permettre d’être dans des situations où il y a danger de tentation. Et la façon la plus certaine d’éviter le péché est d’éviter les situations où la tentation existe. Paul dit aux croyants : « Faites donc mourir ce qui dans vos membres est terrestre, la débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie » (Col 3.5).
Les croyants qui ne résistent pas activement au mal et ne se consacrent pas au bien ne sont évidemment pas conduits par l’Esprit, peu importe à quel point ils pensent s’être « abandonnés ». Un croyant ne peut rien accomplir pour le Seigneur par sa propre force. Mais, par contre, l’Esprit peut accomplir très peu avec un chrétien qui n’est ni soumis ni engagé. Le piétisme, une position dans laquelle le croyant essaie de façon légaliste de faire par sa propre force tout ce que le Seigneur lui commande, insiste trop sur la discipline, la diligence et les efforts personnels.
Dans sa deuxième épître, Pierre explique très bien l’équilibre qui doit exister dans la vie chrétienne. Selon « sa divine puissance [Dieu] nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu ; celles-ci nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise » (2 Pi 1.3,4). C’est là l’engagement de Dieu grâce à la puissance duquel le croyant devrait faire tous ses efforts pour joindre à sa foi la vertu, la connaissance, la maîtrise de soi, la patience et la piété (v. 5,6). Ce n’est pas que Dieu fasse tout et que nous ne fassions rien, comme certains le croient, ni que nous fassions tout et qu’il ne fasse rien. C’est l’équilibre entre notre soumission et notre engagement d’un côté et la direction et la puissance de l’Esprit de l’autre. Paul dit : « Mettez en œuvre votre salut avec crainte et tremblement, […] car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil 2.12,13). On ne peut pas pleinement expliquer ou comprendre le mystère de cet équilibre parfait et paradoxal, mais on peut en faire la pleine expérience.
Être conduits par l’Esprit, c’est la même chose que marcher par lui (Gal 5. 16,25), mais l’expression insiste un peu plus sur son autorité. Nous ne marchons pas à côté de lui comme des égaux, mais nous le suivons comme on suit un guide souverain et divin. Paul dit : « Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rom 8.14). La réciproque est également vraie. Ceux qui sont fils de Dieu sont conduits par l’Esprit de Dieu.
- Edité par MacArthur John
Les trois premiers chapitres de l’Épître aux Éphésiens développent dans une synthèse brillante la situation du croyant en Christ.
Individuellement, il est élu de toute éternité, adopté par Dieu et fait partie du bienveillant dessein de Dieu de récapitulation en un de toutes choses sous le Christ ; il est vivifié avec le Christ et assis dans les lieux célestes avec lui ; il attend l’héritage promis dont la présence de l’Esprit saint est un avant-goût. Il partage toutes ces bénédictions avec tous les chrétiens.
Collectivement, il fait partie de l’Église dont Christ est le chef, qui réunit les croyants de toutes origines en un seul homme nouveau en Christ ; cette Église est aussi comparée à un temple où Dieu habite par son Esprit et elle croît de façon harmonieuse à la gloire de Dieu. Grâce à l’Église, le monde invisible peut connaître la sagesse infiniment variée de Dieu.
Individuellement et collectivement, le croyant progresse dans la connaissance de l’amour de Christ pour être rempli « jusqu’à toute la plénitude de Dieu », grâce à l’action puissante de « celui qui peut faire infiniment au-delà de tout ce que nous demandons et pensons ».
Quelle vision de ce qu’est le chrétien en Christ ! Mais Paul n’arrête pas son Épître à la fin de ce panorama grandiose. La présentation de notre position en Christ ouvre à celle de notre action. À l’enseignement succède l’exhortation. Le chrétien est spectateur et bénéficiaire du plan divin, mais il est aussi acteur de sa conduite. S’il est « assis », il doit aussi « marcher » et ce verbe scande la partie suivante de la lettre (ch. 4 à 6) : à cinq reprises, l’apôtre va nous exhorter à mettre en œuvre concrètement dans nos vies la position glorieuse qui est la nôtre en Christ par une « marche » au quotidien à la hauteur de notre vocation.
Ce verbe « marcher » [note]Le verbe traduit par « pratiquions » dans la NEG est le même que « marcher ». Suivant les versions et les versets, ce même verbe est aussi rendu par « se comporter », « se conduire », « vivre en accord », « avoir la vie dirigée par », etc. « Au sens figuré, il désigne l’ensemble des activités de la vie individuelle » (Vine), la conduite pratique, le style de vie.[/note] se trouve déjà deux fois dans la première partie de l’Épître. Paul avait déjà évoqué notre marche précédente (2.2) : bien que morts dans nos péchés (c’est-à-dire sans relation vivante avec Dieu), nous « marchions » autrefois sous l’influence du monde et du diable, son chef. Que ce soit dans nos pensées ou dans nos actes, notre vie d’autrefois ne pouvait qu’attirer la colère de Dieu. Mais, sauvés par la grâce seule saisie par la foi, nous pouvons désormais « marcher » dans les bonnes œuvres que Dieu a préparées pour nous. Quelles sont-elles ? C’est précisément ce que les mentions du verbe dans la seconde partie vont préciser.
1.Marcher dans l’unité (4.1-16
« Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec amour, vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » (4.1-3)
Si, du côté de Dieu, l’Église se construit dans l’unité et la cohésion (2.21), nul n’est besoin de fréquenter longtemps une communauté chrétienne pour se rendre compte que, du côté humain, il est nécessaire d’y mettre du nôtre ! D’où l’exhortation de Paul à « conserver » une unité qui est faite par l’Esprit de Dieu et qui repose sur les sept éléments ou personnes que nous avons en commun (4.4-6) : un seul Dieu en trois personnes, une seule église dont témoignent notre foi et notre baptême et une même espérance.
L’Église n’est jamais optionnelle dans la vie du chrétien et peut-être est-ce pour cette raison que Paul commence par cet aspect de notre marche. Face aux difficultés inhérentes à la vie collective, nous pourrions être tentés de nous réfugier dans l’individualisme. La profusion de cultes retransmis sous YouTube, de messages bibliques en podcast, de moyens de communication entre chrétiens via les réseaux sociaux, etc., pourrait d’autant plus facilement aujourd’hui conduire à vivre une foi connectée mais individuelle. Il est plus facile d’allumer son ordinateur quand on le souhaite que d’avoir la discipline d’arriver à l’heure aux réunions d’une église locale. Ou d’arrêter un tchat que de se « coltiner » chaque dimanche telle sœur (ou tel frère) un peu pénible…
Mais notre vocation est nécessairement collective. C’est avant tout dans le cadre de l’église locale que s’exercent les dons de grâce qui produisent la croissance de l’Église dans son ensemble (4.7-16). Alors il vaut la peine de vivre semaine après semaine avec des frères et sœurs certes imparfaits, qui exercent notre patience et notre support. Notre vie collective forme ainsi notre caractère moral et nous amène à imiter Jésus dans son amour, sa douceur, son humilité.
2.Marcher dans la sainteté (4.17-32)
« Voici donc ce que je dis et ce que je déclare dans le Seigneur : Vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur. Ayant perdu tout sentiment, ils se sont livrés au dérèglement, pour commettre toute espèce d’impureté jointe à la cupidité. Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris Christ, si du moins vous l’avez entendu, et si, conformément à la vérité qui est en Jésus, c’est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, par rapport à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. » (4.17-24)
La deuxième mention de la marche est mise en contraste avec celle du monde. Paul décrit de façon critique la vie des païens de son temps — et il pourrait sans aucun doute en faire de même aujourd’hui. L’articulation entre les pensées obscurcies et les actions impures est particulièrement importante : l’inconduite des hommes a son origine dans leurs présupposés. Qu’il en soit conscient ou non, chaque homme est influencé par des schémas de pensée, des idéologies sous-jacentes, véhiculées par l’éducation reçue, les politiques menées, les médias…
Nous devons donc « désapprendre » pour « apprendre Christ » (4.20), lui qui seul est « la » vérité (4.21a). Paul utilise une image : c’est comme si notre esprit devait quitter un vieil habit qui devient tout pourri pour se vêtir d’un nouvel habit lumineux (4.21b-24). Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons vivre non pas (ou non plus) dans l’impureté, la cupidité, les convoitises trompeuses, mais dans la sainteté, la justice et la vérité.
Pour rendre plus concrètes ces vérités que d’aucuns peuvent juger un peu abstraites, Paul prend cinq exemples dont l’aspect terre à terre peut nous étonner (4.25-32). Il est inutile de se gargariser de notions hautement spirituelles si nous manquons à les appliquer dans notre quotidien le plus concret ! Pour chaque exemple, il exhorte à renoncer à une conduite négative, à adopter une conduite positive et il donne une justification :
– la vérité : ne plus mentir, mais dire la vérité, car nous sommes membres du même corps ;
– la colère : ne pas laisser une colère perdurer ou se transformer en péché, car sinon le diable pourrait en profiter ;
– le vol : ne plus voler, mais bien travailler afin de pouvoir donner ;
– la parole : substituer de bonnes paroles aux mauvaises, afin de contribuer à l’édification mutuelle et de ne pas attrister l’Esprit ;
– les sentiments : faire disparaître les sentiments négatifs qui se traduisent en actions violentes ou méchantes, mais cultiver les sentiments positifs, à l’image de la façon dont Dieu a agi envers nous.
C’est ainsi que nous marcherons dans la vraie sainteté pratique.
3.Marcher dans l’amour (5.1-6)
Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés ; et marchez dans l’amour, à l’exemple de Christ, qui nous a aimés, et qui s’est livré lui-même à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur. Que la débauche, ni aucune impureté, ni la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu’il convient à des saints. (5.1-3)
La troisième mention commence par une exhortation a priori inatteignable : imiter Dieu ! Mais Dieu nous a adoptés comme ses « enfants bien-aimés » — mieux, il nous a rendus participants de sa propre nature (2 Pi 1.4) et, dans la mesure où nous vivrons près de lui, petit à petit nous nous mettrons à lui ressembler. Or Dieu est amour et c’est donc en aimant (un peu…) comme lui que nous l’imiterons. Cet amour se traduira en pardon réciproque (4.32), et en dévouement sacrificiel pour les autres (5.2). L’exemple de Christ, dans sa vie et dans sa mort, dans ses actes et ses paroles, est une source inépuisable d’inspiration pour le chrétien qui veut imiter le Dieu qui s’est pleinement révélé en Jésus.
Paul attire cependant l’attention sur les contrefaçons de l’amour — ô combien d’actualité ! L’inconduite sexuelle, la passion non contrôlée[note]Le terme « impureté » n’est pas seulement relatif au domaine sexuel. Il désigne aussi les relations impures avec une idole — pour nous, toute passion immodérée pour une activité, une personne, une idéologie qui prend la place de Christ dans notre cœur.[/note], l’amour de l’argent (5.3) sont des formes dévoyées d’amour, à l’opposé du vrai agape biblique : on veut avoir, prendre, posséder au lieu de donner librement sans attendre en retour. Encore une fois, les idéologies sous-jacentes peuvent nous séduire (5.6) pour justifier des pratiques à l’opposé de la nature du vrai Dieu.
4.Marcher dans la lumière (5.7-14)
Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. (5.8-9)
Le chrétien a été « illuminé » par la connaissance du vrai Dieu et il est désormais en opposition avec le monde qui l’entoure. L’apôtre marque ce contraste par trois oppositions successives :
– sur sa position (5.7-8) : au lieu d’être dans les « ténèbres » (terme imagé de l’étendue et du pouvoir du péché), il est « lumière dans le Seigneur », à la fois en théorie, mais aussi en pratique dans la mesure où Jésus est vraiment « Seigneur » sur sa vie ;
– sur sa conduite (5.9-11) : il cherche à plaire au Seigneur, ce qui l’oblige à rompre radicalement avec la façon de vivre de ses contemporains, en « démasquant » les actions qui ne concourent pas à produire le bon fruit de la lumière, à savoir la bonté, la justice et la vérité ;
– sur sa transparence (5.12-14) : le chrétien ne fait rien en cachette et aime à se tenir dans la lumière de Dieu pour voir dans quel domaine il s’est peut-être assoupi et doit être réveillé.
5.Marcher dans la sagesse (5.15-21)
Prenez donc garde afin de vous conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages ; rachetez le temps, car les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit. (5.15-18)
La dernière exhortation relative à la marche chrétienne concerne la sagesse. Loin d’être une réflexion spéculative, la sagesse biblique est « l’art de se conduire selon Dieu » dans le détail de nos vies, comme l’illustre si bien le livre des Proverbes. Heureusement nous avons l’Esprit en nous, cet Esprit que la Bible relie si souvent à la sagesse[note] Parmi de nombreuses références, retenons Ex 28.3 ; Deut 34.9 ; És 11.2 ; Act 6.3,10 ; Éph 1.8 ; 2 Tim 1.7 (où il prend la nuance de « bon sens » et de modération).[/note], qui nous permet de « comprendre la volonté du Seigneur ». Bien souvent nous recherchons davantage la volonté spécifique de Dieu (est-ce ce garçon avec qui je dois me marier ou celui-là ? dois-je aller ici ou là ?), alors que la volonté du Seigneur est avant tout une sphère morale dans laquelle nous pouvons choisir librement dans le cadre fixé par Dieu, confiants dans l’action de son Esprit sur notre esprit pour nous diriger.
Nous ne sommes donc pas appelés à une vie indisciplinée, mais marquée par la plénitude de l’Esprit. Contrairement à ce que disent certains, cette plénitude ne se montre pas par des miracles impressionnants ou des discours aussi enflammés qu’incompréhensibles. Connaissez-vous quelqu’un qui aime chanter des cantiques, qui encourage les autres, qui cultive la reconnaissance et qui se soumet volontiers aux autres ? Eh bien, c’est un chrétien rempli de l’Esprit !
* * *
L’Épître ne s’arrête pas là : dans la section qui suit (5.22-6.9), l’apôtre propose des applications immédiates de cette quintuple marche dans les domaines les plus immédiats de nos vies — ceux où nous passons le plus clair de notre temps : la vie de couple (5.22-33), la vie de famille (6.1-4) et la vie au travail (6.5-9). C’est dans ces sphères où nous avons avant tout à montrer notre amour, notre lumière, notre sainteté, notre sagesse, notre souci de l’unité — et c’est souvent là où cela nous est le plus difficile…
Deux remarques complémentaires :
- Notre position en Christ nous met en relation avec Dieu lui-même. Les cinq exhortations à « marcher » peuvent être reliées avec la nature même de Dieu. Jean enseigne que Dieu est
– amour (1 Jean 4.8 — 3e exhortation),
– lumière (1 Jean 1.5 — 4e exhortation),
– esprit (Jean 4.24 — 5e exhortation qui nous enjoint d’être remplis de l’Esprit).
Il est aussi le Dieu « saint » (2e exhortation) qui se révèle comme un seul Dieu en trois personnes (1re exhortation à l’unité dans la diversité). - Chacun des cinq paragraphes étudiés commence par la coordination « donc » (4.1,17 ; 5.1,7,15), reliant chaque exhortation à « marcher » au texte qui précède. Autrement dit, notre vie chrétienne forme un tout et un chrétien ne peut pas se « spécialiser » dans un de ces cinq aspects en délaissant les autres. Mais nous trouvons un encouragement particulier dans le premier de ces « donc » ; il suit la doxologie de la fin du chapitre 3 : c’est Dieu qui agit en nous avec puissance pour produire cette marche à sa gloire. Comme toujours, l’exhortation (bien réelle !) va de pair avec l’affirmation de l’action de Dieu en nous : « Dieu donne ce qu’il ordonne. » Ce rappel nous évitera un souci mal placé de ne pas « être à la hauteur » : c’est parce que nous sommes déjà pleinement favorisés par la grâce de Dieu dans son Fils bien-aimé (1.6) que nous avons la motivation à lui plaire.
- Edité par Prohin Joël
La plupart des hommes conviennent que lorsque l’existence humaine a un but, elle prend une autre dimension. Le chrétien doit aussi se poser ces questions : dans quel but Dieu l’a-t-il créé ? Quel est le but à atteindre durant sa vie sur terre ?
Un but à atteindre
Dieu nous a créés pour que, quoi que nous fassions, nous agissions pour la gloire de Dieu (1 Cor 10.31). De son côté, le Catéchisme de Westminster[Catéchisme écrit entre 1643 et 1648 par plus de 180 théologiens et laïcs à Westminster. Il résume en 107 articles simples ce qu’il y a d’essentiel dans la doctrine et la morale chrétiennes.[/note]Catéchisme écrit entre 1643 et 1648 par plus de 180 théologiens et laïcs à Westminster. Il résume en 107 articles simples ce qu’il y a d’essentiel dans la doctrine et la morale chrétiennes.[/note] nous rappelle que « le but principal de la vie est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel ». Ainsi, le but de la vie chrétienne est de glorifier Dieu ou dit autrement de porter la gloire de Dieu sur la terre. C’est pour refléter le caractère de Dieu que l’homme a été créé : « Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gen 1.26). Il ne s’agit bien entendu pas d’une ressemblance physique, mais d’une ressemblance spirituelle et morale. Le caractère de Dieu doit être vu à travers l’homme. Même si Dieu a des attributs qui ne sont pas communicables comme son omniprésence, son omnipotence, son omniscience et son immuabilité, il possède par contre des qualités communicables. L’amour, la justice, la bonté, le pardon, la patience, etc. sont autant de traits de caractère qui devraient être vus dans l’homme créé à l’image de Dieu.
Un problème
Si aujourd’hui des hommes venus d’ailleurs débarquaient pour la première fois sur la terre, ils seraient censés ainsi voir cette créature particulière de Dieu, l’homme, manifester le caractère de son créateur. Malheureusement, ils ne verraient guère d’hommes porter les qualités communicables de Dieu. Meurtre ici, violence là-bas, injures ailleurs : l’homme démontre son incapacité à refléter le caractère de Dieu par ses propres forces.
Le problème fondamental de l’homme s’appelle le péché ; il lui fait manquer la cible, le but pour lequel il a été créé : porter la gloire de Dieu sur la terre. Le péché mesure ainsi l’incapacité de l’homme à atteindre ce but. Paul le déclare sans ambiguïté, cette incapacité atteint tous les hommes : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom 3.23).
Sans exception, tous les hommes sont porteurs de cette maladie du péché. Et la conséquence de cette maladie, c’est la mort : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé à tous les hommes » (Rom 5.12, Darby).
Les conséquences de cette maladie sont nombreuses : l’homme est spirituellement inconfortable vis-à-vis de Dieu (Gen 3.8), perturbé dans ses relations (Gen 3.7,12), atteint psychologiquement par la peur (Gen 3.10), violent dans ses actes (Gen 4.8), sa vie est limitée (Gen 5.5) et son environnement même en souffre (Gen 3.17-19).
Quelle solution ?
Les philosophes eux-mêmes reconnaissent que l’humanité a un problème. Rousseau a déclaré que : « Je vis partout le développement de son grand principe que la nature a fait l’homme heureux et bon, mais que la société le déprave et le rend misérable. » Des chanteurs ont imaginé des solutions comme, par exemple, Laurent Voulzy : « Fallait voir, imagine notre espoir, on laissait nos cœurs au pouvoir des fleurs. Jasmin, lilas, c’étaient nos divisions nos soldats pour changer tout ça. Changer le monde, changer les choses avec des bouquets de roses. Changer les femmes, changer les hommes. » Les diverses religions tentent également d’apporter une solution au problème du mal. Personne ne semble avoir de solution…
Et pourtant, si ni philosophie ni religion ne peuvent apporter de solution, une seule personne peut faire la différence : Jésus-Christ !
Pourquoi Jésus-Christ ?
Plus haut, j’ai mentionné que tous les hommes avaient péché. Mais en fait, c’est inexact, car un homme n’a jamais péché : celui qui s’est présenté comme le Christ, le Fils de Dieu. « Lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude » (1 Pi 2.22). Christ a révélé, par son exemple parfait, le caractère de Dieu. Dans sa vie terrestre, il a glorifié Dieu par toutes ses paroles et par tous ses gestes. Par son obéissance et son humilité, il a parfaitement montré le caractère de Dieu et manifesté ses qualités communicables. Dieu ne pouvait que poser son approbation sur lui le qualifiant comme étant son Fils bien-aimé et celui en qui il a trouvé son plaisir (Mat 3.17).
Par ailleurs, par sa conquête de la mort, Jésus est le seul qui puisse annuler les conséquences du péché. Là où règne la mort spirituelle, Jésus peut redonner la vie, comme la puissance de Dieu a ressuscité Jésus-Christ des morts. Jésus lui-même rappelle qu’il est « la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jean 11.25) Là où les relations sont brisées, Jésus peut les restaurer, là où il y a la peur, Jésus peut donner l’assurance. Et lorsque les nouveaux cieux et la nouvelle terre auront été établis, la souffrance environnementale de la terre cessera.
Christ : un exemple de vie
Le croyant sauvé par grâce, qui a confessé ses péchés et reçu par la foi le salut, a reçu une nouvelle vie, la vie éternelle. Jésus a tout accompli pour lui : le croyant n’a donc rien fait pour son salut. Le problème est que si nous sommes bien conscients de n’avoir rien fait pour le salut, nous souhaitons faire quelque chose par nos propres forces pour notre vie chrétienne.
Pour comprendre ce qu’est la vie chrétienne, il nous faut nous référer au modèle ! De notre manière d’imiter le modèle dépendra le type de vie chrétienne que nous vivrons : « Car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » (Jean 13.15)
Quel type de relation Jésus avait-il avec son Père ? Jésus dépendait de son Père pour ses actions (Jean 5.19,30 ; 8.28), pour ses paroles (Jean 7.16 ; 12.49 ; 14.10,24) et restait dépendant de sa volonté (Jean 6.38).
Ce n’est donc pas les actes de Jésus que nous devons servilement imiter, et tenter de reproduire avec nos propres forces, mais bien plus le genre de relation qu’il entretenait avec son Père. Ma responsabilité, c’est donc de demeurer en relation avec Christ, de puiser mes forces, mon énergie, mes paroles et mes actions d’une relation dynamique avec lui !
Ce n’est plus moi… c’est Christ
Le moteur de ma conversion, ce n’est pas moi-même. De la même manière, le moteur de ma vie chrétienne, ce n’est pas moi-même. Paul le dit si bien : « Ce n’est plus moi… c’est Christ » (Gal 2.20). Si Christ vit en moi par son Esprit depuis ma conversion, ma responsabilité est désormais de demeurer en lui (Jean 15.4). J’ai besoin d’être en relation avec lui et de puiser mes forces en lui, comme le sarment puise sa force dans le cep. En Jésus, je trouve la nourriture dont j’ai besoin, je me nourris de lui, de son exemple.
L’exemple du sarment est frappant : il ne peut porter du fruit de lui-même. De même comme croyant, je ne peux pas porter du fruit en alimentant ma vie chrétienne de ma propre énergie. Je dois me brancher sur Christ et laisser son Esprit agir en moi. Ainsi, Christ peut être manifesté à travers moi. Le Saint-Esprit est une puissance donnée par Dieu qui habite en moi et me permet de manifester le caractère de Dieu en produisant un bon fruit : « Mais le fruit de l’Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » (Gal 5.22). Séparé de Christ, je ne peux rien faire ! (Jean 15.5)
Quand l’échec ouvre une perspective plus grande…
Malheureusement, bien des chrétiens font l’expérience d’une vie chrétienne amère. Ils désirent tellement faire quelque chose pour Christ… avec leurs propres forces. Cette spiritualité-là met l’emphase sur des actes religieux à accomplir et devient bien vite du légalisme. Et c’est évidemment un échec. Car les hommes ont le désir de faire le bien, mais non la capacité de l’accomplir (Rom 7.17). Une vie chrétienne qui reflète le caractère de Dieu est nourrie par une relation intérieure avec Dieu qui transforme. C’est vers lui, qui donne la capacité d’accomplir le bien, qu’il nous faut aller : « Car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire » (Phil 2.13).
Les échecs pour mener une vie chrétienne en comptant sur nos propres forces ont ceci de bien, c’est qu’ils nous rappellent que nous devons compter sur cette seule personne qui fait la différence : il n’y a en effet pas de vie chrétienne… sans Christ ! Le seul qui fait la différence.
- Edité par Bourgeois Nathanaël
Nous publions ici des extraits du premier chapitre du livre de Charles Price « Une vie transformée » avec l’aimable autorisation de son éditeur français, la Maison de la Bible. Dans cet ouvrage, Charles Price pose les fondements essentiels de la vie chrétienne dans un langage vivant et actuel.
Avez-vous déjà essayé d’attraper une savonnette dans la baignoire ? À peine l’avez-vous déjà saisie qu’elle vous file de nouveau entre les doigts ! Pour beaucoup, la vie chrétienne ressemble à un morceau de savon. Ils ont été enthousiasmés en découvrant l’importance de Jésus-Christ et le fait qu’il est vivant. À cela s’est ajoutée la joie débordante d’apprendre quelque nouvelle vérité concernant son désir et son pouvoir de donner sens et valeur à leur vie quotidienne. Ils ont aussi connu le bonheur immense d’une nouvelle expérience de Dieu, une expérience qui leur a laissé espérer force et vigueur. Mais à peine ces choses semblent-elles avoir été saisies, qu’elles disparaissent, laissant derrière elles seulement un souvenir et un sentiment de désespoir. En y repensant, le chrétien se sent frustré de n’avoir pas su conserver cet élan, et nourrit la crainte que les choses ne changent peut-être jamais. Vous voyez de quoi je parle ?
Une attitude nouvelle
Cette description correspond parfaitement à mes premières années de vie chrétienne. J’ai eu l’assurance de mon salut un samedi soir après avoir vu le film dont le héros principal s’était converti à Jésus-Christ lors d’une campagne d’évangélisation de Billy Graham en Australie. En ce qui concerne le message du film, je n’ai rien entendu de nouveau. Je l’avais déjà entendu souvent, mais ce soir-là, il me parut nouveau dans sa vitalité et rafraîchissant par sa pertinence. Je sus que Dieu me parlait et que je devais lui répondre. Je connaissais l’Évangile depuis mon enfance, et j’y croyais. Je me souviens qu’en voyant les autres s’avancer, j’ai prié tout simplement : « Seigneur Jésus, si je ne le suis pas encore, fais de moi un chrétien ce soir. » Je suis rentré à la maison avec une assurance que je n’avais jamais éprouvée avant, et dont je n’ai plus jamais douté. Pour le moment, je ressentais dans mon cœur un amour nouveau pour Dieu, un désir nouveau de lui plaire, une attitude nouvelle à l’égard des gens et de la vie en général.
Le fossé entre la volonté de bien faire et le résultat concret
C’est à partir de cet instant que les problèmes ont surgi. En effet, le changement même d’attitude et de désirs, les nouvelles ambitions de vivre pour Dieu et de lui être agréable, me firent prendre conscience de façon aiguë combien ma vie réelle était loin de correspondre à l’idéal après lequel je soupirais. Ma joie et mon enthousiasme firent place à la frustration. Bien que je n’ose l’admettre pleinement, mon christianisme n’avait pas d’impact et j’étais un raté. À cette époque, je ne connaissais pas le verset qui affirme : « C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil 2.13), et je n’en aurais d’ailleurs pas saisi le sens. J’étais en train de découvrir une autre volonté manifestement créée par Dieu, car mes désirs et mes ambitions avaient vraiment changé. Mais je n’avais pas encore compris que Dieu s’engageait aussi à accomplir le « faire ». Dans ma faiblesse évidente, je luttais pour conformer mon comportement à ma volonté. Ma frustration était précisément due au fossé qui existait entre la volonté de bien faire et le résultat concret.
En m’encourageant à me consacrer davantage au Seigneur, des prédicateurs bien intentionnés ne faisaient qu’ajouter à mon impuissance. Avec une sincérité authentique, je me consacrais solennellement à Christ. Sentant que j’avais pris une bonne décision, j’éprouvais un zèle renouvelé, un nouvel élan et l’impression d’aboutir vraiment quelque part cette fois-ci. Mais au bout de quelques jours, je me retrouvais au point de départ. On m’exhortait alors à me consacrer de nouveau à Dieu. Je ne saurais dire combien de fois j’ai suivi ces conseils avec la plus totale sincérité et vécu le même cycle. Comme la savonnette glissante dans l’eau du bain, j’ai souvent cru avoir enfin saisi la vie chrétienne, mais ce n’était jamais pour bien longtemps.
Des ambitions trop élevées ?
Au bout d’un certain temps, je ne savais plus exactement ce que j’espérais. Mes ambitions étaient-elles trop élevées ? À vrai dire, beaucoup de chrétiens que je connaissais ne me semblaient pas vivre comme ils l’auraient dû, même si quelques-uns le faisaient. Les exigences bibliques étaient-elles réalistes ? Dieu fixait-il la barre intentionnellement trop haut pour nous inciter à persévérer dans l’effort ? Fallait-il ne pas prendre ses exigences à la lettre ? Si tel était le cas, cela signifiait que Dieu faisait miroiter devant nous des promesses fantastiques, comme une carotte devant un âne pour l’obliger à avancer, sachant toutefois qu’à chaque pas qu’il fait, la carotte reste hors d’atteinte.
Une découverte déterminante
L’espoir a commencé à poindre grâce à une découverte. Avec le recul, il s’agit d’une découverte qui n’aurait pas pu être plus simple ni plus évidente. En effet, la vérité que je n’avais pas prise littéralement et que je n’avais pas appréciée comme la définition même de l’expérience chrétienne était contenue dans les mots que j’employais pour vivre la vie chrétienne. C’était simplement ceci : Jésus-Christ est venu pour vivre en moi. À celui qui m’aurait demandé si Christ vivait en moi, j’aurais répondu : « oui ». Mais en pratique, il était un partenaire silencieux qui ne jouait plus de rôle actif depuis qu’il m’avait sauvé et mis sur le chemin du ciel.
Je compris que Dieu ne déversait plus sur moi une abondance de biens spirituels. Il se donnait lui-même. Tout ce que je lui avais demandé devait simplement être l’expression de sa vie en moi. C’était la présence active et agissante de Dieu dans ma vie qui rendait la vie chrétienne possible. Ce n’était plus à moi de vivre ici-bas pour un Dieu qui, malgré tout, restait au ciel. Il s’agissait plutôt de laisser agir le Saint-Esprit en moi, pour qu’il mène la vie de Jésus-Christ, manifeste le caractère de Jésus-Christ et rende visible ma ressemblance avec Jésus-Christ dans tous les aspects de la vie terrestre ordinaire. Ce que Dieu attendait de moi était moins une consécration à lui qu’une mort à moi-même et un renoncement à mon autosuffisance ; il attendait de moi que je lui fasse confiance, à lui qui « produit le vouloir et le faire, selon son bon plaisir ». Paul écrivit aux Corinthiens : « Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle » (2 Cor 4.11).
Christ : vie et source de toute activité spirituelle
Pendant les premières années de mon expérience, je n’avais saisi qu’imparfaitement ce que signifie « être chrétien ». Je n’avais pas compris l’ordre d’avoir « les regards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfection » (Héb 12.2). Je savais que Christ était l’auteur de la foi, dans la mesure où il m’avait rendu capable d’être chrétien, mais j’ignorais qu’il était aussi le « consommateur » ou celui qui « perfectionnait » ma foi. Après lui avoir laissé l’initiative de démarrer, je pensais qu’il était de mon devoir de terminer. Je ne connaissais pas le verset qui déclare : « Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ » (Phil 1.6). Bien sûr, c’est Christ qui avait commencé cette bonne œuvre, mais je m’efforçais de la parfaire. Je n’avais pas entendu cette autre parole : « Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui ! » (Col 2.6). En somme, ma capacité à marcher ou vivre en lui repose sur le même principe que celle qui m’a fait croire en lui, c’est-à-dire une attitude de repentance et de foi. La Bible déborde vraiment de vie dans ces versets et ces affirmations que je n’avais jamais été pleinement en mesure d’apprécier, tous ces textes qui parlent de Christ comme la vie et la source de toute activité authentiquement spirituelle.
- Edité par Price Charles
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