PROMESSES

« Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude » (1 Pierre 2.21-22).

Comme Paul (2 Cor 5.21) et Jean (1 Jean 3.5), Pierre affirme avec force l’absence totale de péché dans la vie et l’être de Jésus Christ. Pierre ne fait pas une déclaration doctrinale, mais plutôt un constat d’observation. Témoin oculaire pendant plus de trois ans de la marche de son Maître, le disciple Pierre cite un passage du prophète Ésaïe et le lui applique. Oui, il a pu constater que celui dont il a partagé la vie, dans tant de circonstances, de lieux, de rencontres diverses, n’a jamais pu être pris en défaut. Il n’a jamais rien vu de déplacé, d’incomplet, d’imparfait, dans son glorieux Seigneur. En actes comme en paroles, Jésus a toujours été d’une stature morale constante et parfaite.

Trois remarques étayeront ce constat :

– Pris à parti par des Juifs sûrs d’eux et fiers de leur race, Jésus leur rétorqua : « Qui de vous me convaincra de péché ? » (Jean 8.46) Et, bien sûr, personne n’a rien pu avancer.

– Lors de son procès, les chefs religieux cherchaient quelque faute leur permettant de le condamner ; mais impossible de rien trouver ; alors ils furent obligés de faire venir des faux témoins : il ne pouvait y en avoir de vrais à charge !

– Enfin, on ne voit jamais dans les Évangiles Jésus s’excuser, demander pardon ou se rétracter. Tout était parfait dès le début.

Une telle perfection pourrait nous rebuter ou nous décourager. Au contraire ! D’une part, elle était nécessaire pour notre salut : il fallait que celui qui s’offrait comme sacrifice pour le péché en soit lui-même exempt (cf. Héb 7.26-27). D’autre part, cette perfection nous montre que désormais, vivant de la vie de Christ, notre modèle, nous pouvons marcher à sa suite en étant libérés de la puissance du péché.


Pierre aborde ici l’une des questions centrales de sa Seconde lettre : les faux prophètes. Leur ministère est un peu comme un jeu de miroirs déformants. Ils renvoient une image partiellement vraie, partiellement fausse. Et les chrétiens, tout comme les églises, doivent les identifier.

1 Il y a eu des faux prophètes parmi le peuple ; de même il y a parmi vous de faux docteurs qui introduiront insidieusement des hérésies de perdition et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une perdition soudaine. 2 Beaucoup les suivront dans leurs dérèglements et, à cause d’eux, la voie de la vérité sera calomniée. 3 Par cupidité, ils vous exploiteront au moyen de paroles trompeuses mais depuis longtemps leur condamnation est en marche et leur perdition n’est pas en sommeil.

Leur venue (1.1a)

Un prophète porte la parole devant les hommes et devant Dieu. Les prophètes de la Bible donnent une parole inspirée par l’Esprit (cf. 1.20-21), et donc totalement vraie et sûre. Mais il y a aussi eu de faux prophètes.

Moïse a donné dans la loi des instructions pour les démasquer (Deutéronome 13) :

– Un signe, un miracle ou une prophétie réalisée, n’est pas suffisant pour authentifier un vrai prophète.

– Il faut que ses propos soutiennent une juste conception de Dieu, et s’alignent sur la parole que Dieu a déjà posée.

Au temps du N.T., il y a eu des faux prophètes, et notamment à l’intérieur même de l’Église. Voici quelques exemples :

  • Jean avertit : « Plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus, n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antichrist, dont vous avez appris qu’il vient, et qui maintenant est déjà dans le monde » (1 Jean 4.1-3).
  • Paul avertit également : « Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses serviteurs aussi se déguisent en serviteurs de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres » (2 Cor 11.13-15).
  • Jésus reproche à l’église de Thyatire de laisser une femme « qui se dit prophétesse » parler et corrompre l’église (Apoc. 2.20).
  • Lorsque Paul a quitté les responsables de l’Église d’Éphèse, il leur a dit : « Je sais que parmi vous, après mon départ, s’introduiront des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses, pour entraîner les disciples après eux » (Act 20.29-30). Parce qu’Éphèse a été prévenue, elle a su rester ferme pendant 40 ans (voir Apoc 2.1-7).
  • Jésus prévient qu’il y en aura avant l’invasion de Jérusalem (Mat 24.11).
  • Paul également avertit que « dans les derniers temps quelques-uns abandonneront la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons » (1 Tim 4.1).

Pierre s’inquiète. Les faux prophètes d’autrefois venaient de l’intérieur même d’Israël — des Juifs qui, pour différentes raisons, parlaient faussement au nom de Dieu (voir par ex. Jér 5.13-14 ; 6.13 ; 23.13-14). Pierre met en garde l’Église : c’est de l’intérieur, « parmi vous », que viendront des faux docteurs, c’est-à-dire de faux enseignants.

Leur doctrine (1.1b)

Leur doctrine sera sournoisement amenée — c’est-à-dire qu’elle sera présentée avec finesse et ce ne sera pas évident de les identifier. Mais l’apôtre avertit : ce sont des hérésies !

Le mot « hérésie » provient du verbe « choisir ». Les hérétiques élèvent des points secondaires ou dévoyés pour fonder une doctrine particulière. Ils ne respectent pas l’autorité de toute la Bible. Certains de leurs propos sont très justes. Mais il y a certains passages, ou certains enseignements qu’ils refusent de respecter ou de reconnaître — ils choisissent ce qu’ils croient. Les hérétiques ont des « dadas » qu’ils ressassent, qu’ils mettent en avant à l’exclusion d’autres passages de l’Écriture.

Dans le cas présent, l’apôtre Pierre dit que ces hommes renient le maître, c’est-à-dire le Christ. Comment renier Christ ?

  • Lorsque son identité d’homme pleinement Dieu ou de Dieu pleinement homme est contestée. Au temps des apôtres, une secte judaïque, les Ébionites, enseignait que Jésus était un homme normal, qu’il était devenu Messie à cause de sa piété, et qu’il avait reçu un esprit supérieur lors de son baptême. Il y en a eu bien d’autres : les Témoins de Jéhovah aujourd’hui renient le Christ, tout comme certains soi-disant prophètes contemporains.
  • Lorsque ses exigences sont minimisées. Un mouvement commençait à poindre le jour à cette époque également. Ses adeptes se faisaient connaître sous le nom de gnostiques. Ils enseignaient un dualisme erroné se manifestant de deux manières différentes : soit par un ascétisme très strict, soit au contraire, par un laxisme moral complet.
  • Lorsqu’une personne est divinisée à la place du Christ. C’est le cas, par exemple, de l’Église Kimbaguiste qui considère que le second fils du fondateur, Charles Kisolekele Lukelo, est la seconde personne de la trinité. C’est le cas également, au Bénin, de la secte de Banamè, d’inspiration catholique, où une jeune femme se fait passer pour Dieu.

Ces faux docteurs sont un danger. Ils renient Jésus « qui les a rachetés ». Ces faux docteurs sont-ils de vrais chrétiens qui auraient perdu le salut ? Le terme « racheté » équivaut-il à « sauvé » ? Cette expression est un des nœuds de l’Épître, et plusieurs compréhensions ont été avancées :

  • Ces faux enseignants auraient perdu leur salut — mais c’est une impossibilité au regard de nombreux textes de l’Écriture (Jean 10.28-29 ; Rom 8.28-39).
  • Certains limitent le mot « racheté » à la profession de leur foi. Ils disent être rachetés. Cette interprétation est possible, mais difficile à soutenir à partir du texte — elle ressemble un peu à une pirouette.
  • Le mieux est de voir dans le rachat l’œuvre de Dieu pour tous les hommes. 1 Jean 2.2 dit que « Jésus Christ est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier ». Christ a payé pour les fautes de tous, mais tous n’en profitent pas ! Il faut qu’une personne admette son besoin de Jésus et se tourne vers lui. Ainsi, le salut est disponible pour tous les hommes (et tous les hommes sont appelés). Mais il n’est efficace que pour un certain nombre (tous les élus qui se repentent avec confiance).

Leur succès (1.2)

L’impact des faux prophètes sera important. De nombreuses personnes suivront les faux docteurs. Jean l’affirme : « Eux, ils sont du monde ; c’est pourquoi ils parlent d’après le monde, et le monde les écoute » (1 Jean 4.5). De tout temps, l’Évangile et l’autorité de la Parole ont été contre-culturels. En sorte que la majorité des gens est toujours attirée vers quelque chose de plus simple ou de plus confortable ou de plus spectaculaire que l’Évangile et la Bible.

Les exemples abondent :

  • Les prophètes étaient des centaines à la table de Baal, et Élie, seul pour oser se confronter à eux. Malgré quelques milliers d’hommes demeurés fidèles, les serviteurs étaient plus nombreux du côté de Baal que du côté de Dieu.
  • Jérémie a prophétisé pendant 23 ans sans que personne ne l’écoute (Jér 25.3). Et tout autour de lui, de nombreux faux prophètes disaient le contraire de son message, entraînant la foule.

Ces faux docteurs se caractériseront par leurs dérèglements, c’est-à-dire par leurs vices et leur débauche morale. Fausse doctrine et immoralité vont souvent de pair. Comme ces gens se présenteront en bons chrétiens, leur comportement jettera le discrédit sur l’ensemble de la chrétienté. C’est « la voie de la vérité » qui sera ternie, cette voie qui passe par une personne, Jésus-Christ, qui est le chemin (c’est-à-dire le seul passage vers le Père), la vérité et la vie.

Leur cupidité (1.3a)

Une autre marque des faux docteurs est qu’ils sont souvent motivés par l’argent. Leurs services sont facturés.

  • Exactement comme dans le cas de Balaam que les Moabites payèrent pour maudire Israël.
  • Exactement comme Guéhazi, l’assistant d’Élisée, qui voulut capitaliser sur le service spirituel de son maître auprès de Naaman le Syrien.

Aujourd’hui encore, l’erreur et l’argent vont parfois de pair. Ainsi une famille dont un enfant était gravement malade, s’entendit dire par le pasteur qu’il était malade parce que la famille ne donnait pas la double dîme !

La conquête de l’argent est le propre des sectes. Un prédicateur connu était de passage il y a quelques années à Genève. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées. Il prêchait la prospérité et la guérison. Et puis il demanda les sujets de prière. Des milliers de personnes gribouillèrent sur un bout de papier prévu à cet effet leur sujet de prière. Il proposa ensuite qu’on soutienne son ministère par un petit chèque. Le tout dans une enveloppe. Après la collecte, derrière l’estrade, le staff américain ouvrait les enveloppes, jetait les sujets de prière, et encaissait les chèques. Et le pire c’est que le lendemain, ce soi-disant prophète s’est mis en colère parce qu’il n’y avait pas eu suffisamment d’offrandes.

Leur destinée (1.3b)

Avant de donner des exemples passés de jugement, l’apôtre annonce clairement leur jugement :

  • Condamnation : Leur jugement est déjà en marche ! C’est une certitude. Jude rappelle que Hénoc l’avait déjà prophétisé il y a des millénaires (Jude 14-15).
  • Ruine: Ce terme est synonyme de destruction et dépérissement.

Tout ceci décrit l’enfer, « le feu qui ne s’éteindra point » (És 66.24), « la honte éternelle » (Dan 12.2) ; « le châtiment éternel » (Mat 25.46), « une ruine éternelle » (2 Thes 1.9).

Conclusion

Paul exhorte Timothée : « Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir et qui dispense avec droiture la parole de la vérité » (2 Tim 2.15).

Que vous discutiez avec vos enfants d’un passage de l’Écriture ou que vous animiez un groupe de maison, vous avez cette responsabilité : dispenser avec droiture la parole de la vérité. Ce sera la meilleure arme pour éviter de tomber dans les pièges des faux docteurs.

Ayons le même réflexe que les Juifs de Bérée qui examinaient chaque jour la Bible pour vérifier ce que disait l’apôtre Paul.


Vous vous êtes déjà posé la question : quelle est la formule du bonheur dans la vie au quotidien ?
Lorsque tout va mal, la tendance naturelle est de se plaindre et de crier : « c’est injuste. » Nous avons envie que le monde sache que nous avons été malmenés, que nous sommes les victimes d’une sorte de complot à notre insu.

Heureux dans la souffrance et la persécution ?

En tant que chrétien, nous pouvons avoir la même attitude dans l’épreuve. Lorsque celle-ci nous frappe de plein fouet, nous avons envie de nous tourner vers Dieu pour lui crier toute l’injustice que nous ressentons. Même si nous croyons que, dans toutes les circonstances de la vie, Dieu est souverain, même si, dans notre épreuve, nous pensons à Job qui fut grandement éprouvé, voire à Étienne et d’autres qui furent persécutés pour leur foi, nous avons quand même envie de nous plaindre. Et si nous souffrons pour notre foi, alors certainement nous allons penser aux paroles de Jésus dans Matthieu 5.11-12 qui nous dit : « Heureux serez-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. »

Heureux ? Réjouissez-vous ? Soyez dans l’allégresse ? Les directives sont là, mais honnêtement, cela reste parfois extrêmement difficile. Nous avons plutôt envie de répondre à Dieu en lui disant : je ne mérite pas cela !

Comment devons-nous réagir dans l’épreuve, et surtout dans celle liée à la persécution ? Après tout, Paul a bien dit dans 2 Timothée 3.12 : « Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. » Si nous voulons vivre pour Christ, nous n’avons pas le choix : nous serons persécutés d’une manière ou d’une autre. La question est donc celle-ci : Comment devrai-je réagir lorsque la persécution me frappera ? C’est le but de la section de 1 Pierre 3.8-22. Notre réponse deviendra alors, d’une certaine façon, la formule du bonheur.

La première Épître de Pierre se situe dans un contexte de persécution et de souffrance. Il écrit à des chrétiens persécutés et leur explique comment ils doivent réagir lorsqu’ils souffrent pour leur foi. Le mot « enfin » de 1 Pierre 3.8 nous indique que Pierre passe à la conclusion d’un passage qui commence en 1 Pierre 2.11 dont le thème général est la soumission. Le chrétien persécuté doit maintenir une attitude générale de soumission. Pierre développe cette idée de soumission au travers des relations des citoyens envers les autorités (2.13-17), des serviteurs envers leurs maîtres (2.18-25), des femmes avec leurs maris (3.1-6) et des maris avec leur femmes (3.7).

Pierre parachève sa pensée dans cette section (3.8-22) en rappelant que tout chrétien persécuté doit toujours réagir avec affabilité et avec droiture. Cela veut dire que nous restons calmes, nous ne haussons pas le ton, nous ne nous débattons pas, nous ne nous vengeons pas. L’exemple de 1 Pierre 2.18, des serviteurs qui réagissent face à des maîtres pénibles, est excellent : « Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont d’un caractère difficile. » Le fait qu’un esclave (ou de nos jours un employé, même si leur situation n’est pas entièrement comparable) ait un maître difficile, ne justifie pas un éventuel mépris à son égard, ou n’est pas un motif d’insoumission. De même dans 1 Pierre 3.1-6, une femme qui a un mari difficile, est appelée à se soumettre à lui et à le servir avec une bonne attitude. Ainsi en est-il avec ceux qui nous persécutent. Nous traitons nos persécuteurs de manière similaire à ceux que nous apprécions, même si nous désapprouvons leurs actions. Notre attitude, après tout, pourrait les gagner à Christ !

Le chrétien persécuté réagit avec affabilité

Au verset 8, Pierre décrit ce qui caractérise les relations entre chrétiens. Elles sont animées des mêmes pensées et sentiments, de l’amour fraternel, de la compassion et de l’humilité. En d’autres termes, il ne devrait pas y avoir de friction entre chrétiens.

Paul le décrit de manière similaire dans Philippiens 2.1-3. Cela ne veut pas dire que nous devons constamment avoir la même opinion, mais une même attitude harmonieuse ayant un but unique. Nous souffrons ensemble et nous sommes appelés à avoir une sympathie mutuelle, un cœur tendre.

Au verset 9, Pierre complète cette liste par ce qui caractérise les relations avec chacun, y compris ceux qui nous persécutent. Nous ne faisons pas le mal, ne proférons pas d’injures, mais nous faisons le bien. Pierre encourage les chrétiens à ne pas se venger personnellement du mal qu’ils peuvent subir. Se venger est la tendance naturelle de l’homme envers l’autorité et les maîtres, ou entre les maris et les femmes. Pierre encourage à bénir ceux qui nous maltraitent, tout comme Paul (Rom 12.14,17-21 ; Éph 4.29 ; 5.4).

Aux versets 10 à 12, Pierre donne de manière succincte la formule du bonheur. Si nous voulons aimer la vie et voir des jours heureux, alors il convient de préserver sa langue du mal, ses lèvres des paroles trompeuses c.-à-d. du mensonge, de s’éloigner du mal, de faire le bien, de rechercher la paix et la poursuivre et de prier.

En adoptant un tel comportement, nous aurons la promesse que le Seigneur sera attentif à nos prières.

Ceci est particulièrement important de nos jours. En Occident, il convient de le mentionner, nous ne souffrons pas beaucoup de la persécution — merci Seigneur ! Mais l’ennemi semble avoir trouvé une autre manière très efficace de nous attaquer : les divisions d’église et les conflits entre chrétiens. Quelle église n’a pas subi une division ou un conflit majeur dans ses rangs ? En fait, nous avons l’impression que les nouvelles implantations d’églises sont souvent le résultat de conflits. Ces conflits sont parfaitement logiques dans la perspective de l’ennemi. Jésus a dit : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35). Au verset 34 juste avant, Jésus dit : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. » Si c’est par notre amour radical que le monde peut savoir que nous sommes chrétiens, alors cet amour révolutionnaire sera l’un des facteurs qui leur donnera envie de connaître Christ, et ce sera justement à cet endroit que l’ennemi attaquera ! Je crains néanmoins qu’il ait bien réussi son affaire ! Que le Seigneur nous aide à nous aimer les uns les autres en tant que chrétiens afin de montrer au monde que nous réagissons différemment dans nos relations mutuelles, surtout dans un contexte de persécution. Nous chrétiens, nous nous aimons réellement et le manifestons par notre comportement de grâce les uns envers les autres.

Le chrétien persécuté réagit avec droiture

Bien que Pierre nous donne la raison et la logique d’être bienveillant au verset 13, il n’exclut pas la souffrance et la persécution, mais il rappelle quelle est la source du bonheur au verset 14. Si nous sommes zélés pour le bien, même si nous souffrons pour ce bien que nous faisons, nous serons heureux. Ainsi nous n’avons aucune crainte d’être troublés par nos persécuteurs. Notre bonheur en tant que chrétien n’est pas lié aux circonstances, mais à notre relation personnelle avec Jésus-Christ et ce qui en découle :

– Chantons et louons Dieu comme Paul et Silas lorsqu’ils étaient en prison (Act 16.16-25).

– Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse car notre récompense est dans les cieux (Mat 5.10-12).

– Glorifions Dieu à cause du nom de Christ (1 Pi 4.13, 16).

– Cherchons le refuge en Dieu (Ps 7.2).

Ceci n’est pas une chose facile. Je pense que cela s’apprend. J’ai personnellement deux versets dans le Nouveau Testament que j’affectionne spécialement et auxquels je reviens régulièrement, surtout lorsque les épreuves de la vie me frappent, 1 Thessaloniciens 5.16 et 18 : « Soyez toujours joyeux », « Rendez grâce en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ. » Il y a bien des années, mon épouse et moi avons décidé d’appliquer ces deux versets chaque jour, quoi qu’il arrive dans nos vies. Parfois l’émotion n’y est pas. Parfois, tout en nous ne veut pas appliquer ces versets. Mais nous nous y efforçons. Lorsque nous prions pour les circonstances de nos vies, parfois bien difficiles, nous prions et nous remercions Dieu même pour ces circonstances difficiles et compliquées, parce que nous avons décidé de manifester une attitude de joie. Rappelons-nous que dans le Seigneur, ces deux attitudes sont possibles, sinon elles ne seraient pas écrites sous forme de commandement. Je trouve cela incroyable que Dieu nous commande d’être joyeux et reconnaissants pour toute chose ! C’est la preuve que ce n’est pas naturel. Râler est naturel pour l’homme naturel. Mais pas pour le chrétien ! Celui-ci est joyeux et reconnaissant en toutes choses !

Au verset 15, Pierre nous livre la clé qui donne le pouvoir de réagir avec droiture à toute souffrance. Elle consiste à sanctifier le Seigneur Jésus-Christ dans nos cœurs. « Sanctifier » veut dire « mettre à part, considérer saint, placer au-dessus de toute autre relation ». Jésus est Christ, le Messie de Dieu, et Seigneur, ce qui veut dire qu’il est suprême, étant celui à qui doivent être rendues toute soumission et toute obéissance (És 8.13). Mon ancien cœur doit être envahi de plus en plus par Jésus-Christ (Mat 15.18-20). Cela ne veut pas dire que mon salut est progressif, puisque je reçois un nouveau cœur au moment de ma conversion (Éz 36.26). Mais c’est une autre manière de décrire la plénitude du Saint-Esprit (Éph 5.18) — j’ouvre de plus en plus les compartiments fermés de ma vie à la seigneurie de Jésus-Christ, le sanctifiant ainsi dans mon cœur (1 Thes 4.1).

Le Seigneur nous donne deux promesses si nous agissons fidèlement :

– Nous n’aurons rien à craindre, ni besoin d’être troublés face à d’éventuelles persécutions (v. 14, cf. Phil 4.6-7),

– Nous serons toujours prêts à nous défendre (v. 15).

Et si quelqu’un nous demande raison de l’espérance qui est en nous, nous devrions répondre avec douceur (c.-à.d. avec une attitude qui procure une sensation agréable et qui ne présente aucun caractère excessif) et avec respect (c.-à-d. avec un sentiment qui conduit à traiter quelqu’un avec de grands égards).

Nous ne sommes pas appelés à nous battre, ni verbalement, ni physiquement, pour notre foi, mais au contraire, à gagner nos adversaires par notre douceur et notre respect. Nous devons toujours être prêts à nous défendre. Pour être prêts, nous devons sanctifier Christ dans nos cœurs.

Au verset 16, Pierre nous invite à avoir une bonne conscience. La bonne conscience est l’état de celui qui estime n’avoir rien à se reprocher. Si ma conduite est irréprochable (comme elle devrait l’être), alors, si je suis persécuté, par des insultes ou par des persécutions physiques, j’aurai une bonne conscience devant Dieu, je n’aurai donc rien à me reprocher. Je saurai alors que mes malheurs ne viennent pas d’un péché que j’aurais commis (1 Cor 11.30), mais de mes ennemis, une persécution « autorisée » par Dieu pour une raison inconnue de ma part.

La Bible nous enseigne aussi que la bonne conscience est « ce témoignage de notre conscience, que nous nous sommes conduits dans le monde, […] avec sainteté et pureté devant Dieu, […] avec la grâce de Dieu » (2 Cor 1.12). Elle enseigne également à être « un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté » (1 Tim 4.12), et à être droit et juste quant à sa propre iniquité (Ps 7.4-6, Job 31.1-32.4).

La bonne conscience est le produit d’une bonne conduite. Elle a pour effet de confondre les accusations des détracteurs. À contrario, si notre vie est critiquable, notre défense verbale est affaiblie et notre conscience est troublée.

Les perspectives, les principes et le pacte

Dieu promet qu’il est attentif aux prières des justes (v.12) et que le bonheur est possible même pour ceux qui souffrent de persécution.

Si tu veux être heureux, il convient alors de réagir dans ta vie avec affabilité et droiture. Ces attitudes te permettront d’aimer la vie et d’amener des perdus au salut. Telle a été l’attitude de Jésus lorsqu’il vivait sur cette terre : il a souffert afin de nous amener à Dieu (v. 18).

Si tu n’es pas heureux dans ta vie avec Christ, il y a quelque chose à corriger. Quelle décision prends-tu par rapport à ce passage de l’Écriture ?


La fin de toutes choses est proche. Soyez donc sages et sobres, pour vaquer à la prière. Avant tout, ayez les uns pour les autres un ardent amour, car l’amour couvre une multitude de péchés. Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmures. (1 Pierre 4.7-9)Sachez avant tout que, dans les derniers jours, il viendra des moqueurs avec leurs railleries, et marchant selon leurs propres convoitises. (2 Pierre 3.3)

Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. (2 Pierre 3.9)

Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, tenez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. A lui soit la gloire, maintenant et pour l’éternité ! Amen ! (2 Pierre 3.17-18)

1. Le contexte historique

La première lettre de Pierre fut sans doute rédigée entre vers l’an 60 ou 64. On ne peut affirmer avec exactitude si sa rédaction a précédé ou suivi l’incendie de Rome. Sa deuxième lettre fut rédigée, sans doute quelques 3 ou 4 ans plus tard, alors qu’il était en prison à Rome et que Néron régnait encore sur l’Empire romain. Il écrivit celle-ci peu de temps avant de mourir comme martyr. Ses lettres étaient destinées à des églises qui entraient dans la deuxième, voire la troisième génération ; nous sommes en effet une trentaine d’années après la première Pentecôte.

À cette époque sous la dynastie julio-claudienne, le climat politique était pénible. Néron fut adopté en l’an 50 par son beau-père, l’empereur Claude, puis marié à Octavie, l’une des filles de Claude, mais le couple allait très mal. Néron organisa la mort de sa femme en l’isolant sur l’île de Pandataria afin qu’elle s’y suicide par obligation ; puis il organisa la mort de sa propre mère car elle le gênait dans la relation qu’il entretenait avec sa maîtresse Poppée Sabine. Plus tard, il épousa celle-ci et la malmena jusqu’à la mort. Néron [note]NDLR : Néron tenta également de se marier avec Claudia Antonia, sa demi-sœur par adoption et fille de Claude, mais elle refusa. Il la fit exécuter sous prétexte qu’elle fomentait un complot. On lui attribue également la mort de Britannicus (son demi-frère et fils de Claude), peu avant la majorité de celui-ci. Il se maria également avec Sporus, un jeune homme qu’il fit castrer. Lors de ce mariage, il le présenta en public comme sa femme. s’est marié à une troisième femme[/note], Statilia Messalina, dont il avait fait préalablement tuer le mari.

Devenu empereur à l’âge de 17 ans sur la nomination du Sénat, Néron était un empereur modéré durant ses premières années. Il était conseillé par sa mère, Sénèque et d’autres. Mais les conseils prodigués par ces derniers ne lui permettaient pas de se réaliser. Son envie était de développer sa mégalomanie, de se voir davantage comme acteur au travers des jeux du cirque, plutôt que de gouverner l’empire. Il liquida donc progressivement tous ses conseillers. Devenu seul maître à bord, il pouvait gouverner l’empire à sa guise, mais sa manière de gérer les affaires se transforma rapidement en désastre. Malgré son suicide, des luttes intestines allaient se poursuivre, faisant encore davantage de morts au sein de l’Empire.

Le sombre tableau de cette période nous montre un gouvernement centralisé, aux projets mégalomanes, où l’éthique personnelle des gouvernants n’était plus crédible, où l’immoralité leur permettait de détruire des humains sans gêne et sans regret. Nul ne peut affirmer avec certitude que Néron ait orchestré l’incendie de Rome, afin de vider son centre des pratiques religieuses et d’y construire son propre palais. Mais nous savons que Néron a orienté les soupçons sur les chrétiens. Ce fut la première persécution chrétienne organisée à grande échelle, où nos frères et sœurs ont servi entre autres de lampadaire dans des jeux du cirque nocturnes.

2. Pierre et la situation de l’Église

L’Église avait grandi. Au travers de ses voyages missionnaires de l’an 46 à l’an 61, Paul avait transmis l’Évangile. Son ambition n’était pas en priorité d’implanter des églises, mais que l’Évangile soit connu des hommes, partout où il passait. Il visait également la formation de disciples et la consécration des âmes à une entière dépendance à Jésus-Christ.

Alors que Pierre écrivait ces lignes, Paul se trouvait peut-être aussi à Rome, mais ils étaient sans doute séparés physiquement l’un de l’autre. Ils ont enduré le même genre de condition et partageaient le même fardeau. Et finalement ils ont connu tous deux le martyre.

2.1. Qui est le chef de l’Église ?

Un des buts de Pierre dans sa première lettre était de rappeler aux chrétiens que Jésus est la pierre angulaire (1 Pi 2.4-5). Il avait été le choisi de Dieu pour annoncer la bonne nouvelle à la première Pentecôte, celui qui amena une foule importante à la repentance, à la foi en Jésus, puis au baptême. Il avait été l’outil de Dieu mais il connaissait aussi ses fragilités. Il savait qu’il avait été pardonné par Jésus suite à son reniement, conscient qu’on ne pouvait pas forcément compter sur lui et qu’il pouvait déraper. Au travers de sa fragilité, il pouvait être vrai. Comme il était au crépuscule de sa vie, certains voulaient faire de lui en quelque sorte l’apôtre de leur église, car il avait été trouvé fidèle. Mais Pierre renvoie à Jésus qui est la pierre angulaire (1 Pi 2.1-8). Quelles que soient les circonstances dans l’histoire et indépendamment de toute contrainte politique, l’Église doit garder ce réflexe : « approchez-vous de la pierre vivante. »

2.2. Un comportement approprié

Pierre ressentait aussi que le temps de la liberté dans l’Empire commençait à s’effriter : « La fin de toutes choses est proche » (1 Pi 4.7). Il pressentait qu’une période de souffrance allait arriver, son Épître avait donc pour but d’encourager les chrétiens à affronter ces souffrances : « Soyez donc sages et sobres, pour vaquer à la prière. » La sagesse commence par la crainte de l’Éternel (Ps 110.10, Prov 1.7). Elle nous permet d’entrer des situations afin d’expérimenter la patience et la force de Dieu ; elle est le résultat d’une intelligence sobre et équilibrée. La sagesse et la sobriété devraient conduire à vaquer à la prière.

2.3. Esclave de Christ

Dans sa deuxième lettre, Pierre a un autre souci. Il commence sa lettre différemment de la première. Il se présente : « Simon Pierre, doulos et apôtre de Jésus-Christ. » Le mot grec doulos signifie « esclave ». Pierre ressentait-il que l’on voulait mettre des grades dans l’Église ? Il se rappelait peut-être les paroles de Jésus lorsque celui-ci lui a posé trois fois la question : « Pierre, m’aimes-tu ? » Jésus, à la suite de ces questions, a annoncé à Pierre qu’un jour, il serait lié et conduit quelque part où il ne voudrait pas aller (Jean 21.15-18). Jésus savait que Pierre allait mourir comme martyr. Il a dû se préparer à cela. Le meilleur moyen pour lui a été de se rappeler qu’il était un esclave volontaire de Jésus, entièrement consacré à son maître. Pierre montre par ce moyen que nous avons tout reçu en Jésus. Il exhorte les uns et les autres à faire tous leurs efforts, pour joindre à la foi, la maîtrise de soi et jusqu’à l’amour (2 Pi 1.5-7), pour que, ce qu’ils ont reçu au travers de leur engagement, porte du fruit dans leur existence.

2.4. Les faux docteurs

Au chapitre 2, Pierre aborde la question des faux prophètes en Israël et des faux docteurs qui vont se lever au sein de l’Église. Ce sont des gens qui sont dans l’Église, qui ont de la connaissance, ont renié leur maître, ont une vie déréglée et immorale et dissocient leur message de leur vie pratique. À cause d’eux, « la voie de la vérité sera calomniée », littéralement « blasphémée » (v. 2) ; de plus, ils sont cupides, recherchent les désirs charnels, méprisent l’autorité du Seigneur et blasphèment le nom de Jésus. Ils vont jusqu’à « injurier les gloires » et insulter le monde invisible (v. 10-11). Le monde invisible occulte est plus fort que nous ; il est moins fort que nous lorsque nous sommes ancrés en Christ, mais il reste plus fort que nos exploits personnels et notre manière de regarder ce monde invisible. Nous ne devons pas mépriser l’autorité du Seigneur dans nos vies personnelles mais l’accepter avec un grand respect.

Ces docteurs séduisent les âmes mal affermies (v. 14). Ils promettent la liberté mais sont eux-mêmes esclaves de la corruption (v.19). Ils se sont égarés en suivant la voie de Balaam (v. 15). Balaam vivait dans une relation de compromis. Il cherchait un terrain pour bénir tant les païens qu’Israël. Plutôt que de s’attacher à Dieu, il convoitait les honneurs. Sa position confuse a eu un écho sur le peuple d’Israël, lui donnant une bonne conscience pour entrer dans le compromis. C’est comme s’il avait déjà été marqué par ce que l’on appelle dans le Nouvel âge l’élargissement de la conscience. Cette pensée moderne a pour incidence de ne pas rester attaché à une seule vérité, ne pas respecter et adorer un seul Dieu, sauveur et maître.

Nous qui sommes responsables dans une église, nous avons une grande responsabilité et devons être très attentifs, ne donnant pas aux membres de l’église une bonne conscience lorsque notre vie personnelle est compromise. Cela me fait trembler et je comprends Jacques lorsqu’il écrit que ceux qui enseignent seront jugés plus sévèrement (Jac 3.1). Les faux frères qui étaient dans l’église avaient bien commencé, mais ils ont mal fini (2 Pi 2.20-22).

3. Soyez sur vos gardes

3.1. La persévérance

En tant qu’enfant de Dieu, fidèle au Seigneur, nous vivons une tourmente dans le monde qui nous entoure. Le juste Lot vivait déjà cela dans les villes de Sodome et de Gomorrhe. Il était profondément attristé par la conduite dissolue et sans frein des hommes. Pierre rappelle que le Seigneur sait délivrer ceux qui vivent dans cette tristesse et dans cette bataille (2 Pi 2.6-10). Soyons donc sur nos gardes et ne pensons pas comme les païens. Christ nous a délivrés pour être des enfants de Dieu, pour nager contre le courant, pour vivre en accord avec ce qui est écrit. Nous ne vivons pas contre le mal mais nous vivons pour le bien en Christ.

3.2. Accepter de veiller dans la grâce

Nous voulons rester sur nos gardes, fermement ancrés en Christ (2 Pi 3.17-18). La fermeté ne consiste pas à rester dans l’entêtement, mais à accepter les conseils, à réfléchir ensemble, pour arriver à des convictions, puis les maintenir dans sa vie personnelle sans les utiliser comme arme contre les autres. Pour demeurer ferme, Pierre dit : « croissez dans la grâce », dans la fermeté de ce que nous n’avons pas mérité c.-à-d. le cadeau de la grâce de Dieu, du pardon, de la vie éternelle et d’être ses enfants bien aimés. Nous sommes encouragés par l’exemple de nos frères, que le Saint-Esprit a secourus et protégés, et qui nous ont précédés. Pierre, en écrivant encore sa deuxième Épître, sans doute peu de temps avant de mourir comme martyr, était persuadé qu’il devait encourager l’Église afin qu’elle garde les principes essentiels : construire sur Jésus, la pierre angulaire, et poursuivre en comptant sur la grâce de Dieu, voici notre grand privilège.


17 Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant le bien qu’en faisant le mal. 18 Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu ; il a été mis à mort quant à la chair, et rendu vivant quant à l’Esprit, 19dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison, 20qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire huit, furent sauvées à travers l’eau. 21Cette eau était une figure du baptême, qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus-Christ ; 22il est à la droite de Dieu, depuis qu’il est allé au ciel, et que les anges, les autorités et les puissances lui ont été soumis. 4.1 Ainsi donc, Christ ayant souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée. Car celui qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché, 2afin de vivre, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu, pendant le temps qui lui reste à vivre dans la chair. (1 Pierre 3.17- 4.2)

Dans ce texte, Pierre montre à ses lecteurs que Christ les a devancés dans le chemin difficile du témoignage face à un monde hostile. Ce faisant, il donne un des résumés les plus riches du N.T. sur le sens de la croix de Jésus Christ. Le seul juste a souffert une fois pour les péchés. Par la souffrance que lui infligeaient ses adversaires, il a porté les péchés des hommes et leur a ouvert la porte du salut. La mort de Christ ne l’a pas anéanti, pas plus qu’elle ne détruira le croyant. Christ ressuscité est vainqueur, et ceux qui se confient en lui partageront sa victoire.

Ce texte est un des plus difficiles à comprendre de tout le N.T., alors qu’il ne devait certainement pas poser aux lecteurs de l’Épître les difficultés de compréhension que nous rencontrons.

Que dit le texte ? Le verset 18 résume l’œuvre de Christ à la croix.

Le verset 19 est difficile et pose plusieurs questions :

– Où le Christ est-il allé « prêcher » ? Le texte ne le précise pas.

– Quel est le sens de « prêcher » ? Est-ce simplement annoncer l’évangile ou bien proclamer la victoire (autre sens du mot) ?

– Qui sont ces « esprits » ? Des âmes d’humains ou bien, comme presque toujours dans le N.T. quand il est au pluriel, des êtres spirituels angéliques ou démoniaques ?

– Pourquoi, au verset 20, Pierre renvoie-t-il à l’époque de Noé et à la crise de Genèse 6.1-8 ?

Ces versets ont donné lieu à plusieurs interprétations et aucune n’est pleinement satisfaisante. En voici trois :

  • La première est avancée par Origène et d’autres. Jésus serait allé dans le séjour des morts « prêcher » aux esprits qui avaient péri lors du déluge. Il leur aurait offert une deuxième chance de salut. Cette lecture, retenue par les catholiques, n’est pas biblique puisque de nombreux textes de l’A.T. et du N.T. affirment que le sort de chacun est définitivement scellé à la mort (cf. Héb 9.27).
  • Augustin a suggéré une autre lecture, reprise avec des variantes par beaucoup de commentateurs. La prédication de Christ a été faite en réalité par Noé. Comme le dit Pierre au début de l’Épître à propos des prophètes : « l’Esprit de Christ qui était en eux rendait témoignage par avance… ». Ceux qui entendaient le jugement annoncé par Noé étaient dans une prison spirituelle. Ils ont refusé d’entrer dans l’arche et ont été condamnés. Cette lecture a le grand mérite de la simplicité. Mais le temps du verbe « prêcher » semble indiquer un fait unique et non une prédication étalée dans le temps (or celle de Noé a duré 120 ans !) et elle ignore la structure en chiasme de 1 Pierre 3.17 à 4.2 (cf. annexe).
  • La troisième proposition voit dans les « fils des dieux » de Genèse 6 des princes possédés par des démons qui les poussent à s’unir aux « filles des hommes ». En remontant au ciel, Christ a proclamé sa victoire à ces princes-démons emprisonnés dans l’attente du jugement. Cette lecture repose sur plusieurs arguments, mais elle n’est pas exempte de critiques. Elle apparaît un peu « tirée par les cheveux ». Le livre de 1 Enoch (livre apocryphe, non retenu dans le canon), cité par Jude 6, privilégie cette interprétation. La structure du texte de 1 Pierre, à laquelle peu ont prêté attention, semble aussi la favoriser.

En effet, la péricope qui va de 3.17 à 4.2 est construite sous forme de chiasme. Les mots du texte biblique mis en gras marquent les correspondances entre les parties A et A’, B et B’, C et C’ :

A     17 Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant le bien, qu’en faisant le mal. 18 Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu ; il a été mis à mort quant à la chair, et rendu vivant quant à l’Esprit,

B     19 dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison,

C     20 qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire huit, furent sauvées à travers l’eau.

C’    21 Cette eau était une figure du baptême, qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus Christ ;

B’    22 il est à la droite de Dieu, depuis qu’il est allé au ciel, et que les anges, les autorités et les puissances lui ont été soumis.

A’   4.1 Ainsi donc, Christ ayant souffert dans la chair, vous aussi, armez-vous de la même pensée. Car celui qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché, 2 afin de vivre, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu pendant le temps qui lui reste à vivre dans la chair.

Si l’on retient cette structure, les « esprits en prison » (3.19) correspondent aux « anges, autorités et puissances » (3.22), qui sont manifestement des êtres angéliques. La prédication de Christ serait donc une proclamation par le fait de son exaltation.

* * *

Quelle que soit l’interprétation retenue, il importe davantage de savoir pourquoi Pierre prend cet exemple et quel est le rapport avec les destinataires de la lettre.

Comme Noé, ces chrétiens sont une minorité persécutée par la majorité soumise à des esprits désobéissants. Mais la proclamation du triomphe de Christ et le rappel du récit du déluge où un petit nombre a été délivré est de nature à encourager ces croyants. L’œuvre de Christ est « l’arche » qui leur permettra de traverser le jugement qui attend ce monde et d’arriver à bon port.

Pierre affirme que ces croyants sont sauvés de la même façon que Noé, c’est-à-dire à travers l’eau, ici celle du baptême[note] Le baptême est ici un « antitype », une « réplique », une « figure », une
« image », selon les traductions du mot dans les diverses versions. [/note]. Pierre précise que le baptême ne consiste pas en un lavage qui sauverait, car l’eau n’a pas de vertu magique. Le salut ne vient pas du baptême, mais de la foi en Jésus Christ ressuscité.

Au v. 22, Pierre ajoute trois points :
– Christ est à la droite de Dieu (Ps 110.1) ;
– il est monté au ciel (Act 1.10) ;
– il règne sur les anges, les autorités et les puissances.
Les affaires du monde sont encore temporairement contrôlées par différentes forces spirituelles, soumises à Satan. Mais Christ a triomphé de ces puissances et il ne reste plus qu’à les soumettre définitivement.

Au début du ch. 4, Pierre revient à l’impératif : « Armez-vous de la même pensée… » Par le baptême, les lecteurs de Pierre — et nous à leur suite —sont identifiés à Christ dans sa mort, et ont rompu avec l’esclavage du péché. Ils peuvent mener maintenant une vie soumise à la volonté de Dieu et goûter le repos de la vie nouvelle.

 


Femmes, que chacune soit de même soumise à son mari, afin que, si quelques-uns n’obéissent point à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leur femme, en voyant votre manière de vivre chaste et respectueuse. Ayez, non cette parure extérieure qui consiste dans les cheveux tressés, les ornements d’or, ou les habits qu’on revêt, mais la parure intérieure et cachée dans le cœur, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu. Ainsi se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari, comme Sara, qui obéissait à Abraham et l’appelait son seigneur. C’est d’elle que vous êtes devenues les filles, en faisant ce qui est bien, sans vous laisser troubler par aucune crainte.
Maris, montrez à votre tour de la sagesse dans vos rapports avec votre femme, comme avec un sexe plus faible; honorez-la, comme devant aussi hériter avec vous de la grâce de la vie. Qu’il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières (1 Pierre 3.1-7).

Voici un magnifique texte pour comprendre le plan de Dieu pour un mariage idéal. En quelques versets, Pierre décrit les responsabilités complémentaires des maris et des femmes et met en garde contre des abus courants.

A. Des instructions aux femmes

1. Ce qu’« être soumise » ne veut pas dire

Parce que beaucoup ne comprennent pas ce que la Bible veut dire quand elle demande aux femmes d’être « soumises » à leurs maris, ce texte est très utile pour corriger de mauvaises compréhensions et des comportements incorrects.
a. La soumission ne veut pas dire mettre son mari à la place de Christ : Le contexte général présuppose que l’allégeance au Christ a priorité sur toute allégeance humaine (cf. 2.13). Par-dessus tout, la vie chrétienne consiste à regarder à Christ et à suivre ses traces (2.21).
b. La soumission n’implique pas d’abandonner toute pensée indépendante : Pierre s’adresse directement aux épouses et non aux maris pour qu’ils transmettent à leurs femmes ce qu’il dit. Pierre présuppose qu’elles écouteront, réfléchiront et répondront à la Parole de Dieu elles-mêmes. Plus encore, Pierre sait que certaines femmes ont choisi Christ alors même que leurs maris ne l’ont pas fait et que c’était bien pour elles. Elles ont réfléchi au sujet le plus important dans la vie en s’affranchissant de la façon de penser de leurs maris.
c. La soumission ne veut pas dire qu’une femme ne doit pas faire des efforts pour influencer et guider son mari pour qu’il devienne chrétien.
d. La soumission ne signifie pas qu’une femme doive acquiescer à toute demande de son mari : Si ce dernier lui demande d’agir contrairement à l’enseignement moral clair de l’Écriture, elle doit refuser, suivant ainsi l’exhortation de Pierre d’avoir une bonne conduite parmi les païens (2.12) ; ainsi elle restera « pure » (3.2).
e. La soumission n’est pas basée sur des compétences ou une intelligence inférieures : De fait, lorsqu’une femme se convertit et non son mari, elle démontre une perception spirituelle plus grande que lui : elle a perçu la vérité du christianisme et pas lui.
f. La soumission n’implique pas d’être craintive ou timide : Pierre demande aux épouses de ne se « laisser troubler par aucune crainte » (3.6). Donc la référence à la « faiblesse » (3.7) ne peut être liée à un manque inné de force ou de courage en face du danger.
g. La soumission n’est pas incohérente avec l’égalité en Christ : La soumission peut tout à fait aller de pair avec l’égalité en importance, en dignité ou en honneur. Les chrétiens qui sont très honorés aux yeux de Dieu, doivent se soumettre à des maîtres ou des gouvernants incrédules (2.18). Dans un couple chrétien, les deux sont héritiers de la grâce de la vie (3.7) — ce qui est la façon pour Pierre de dire la même chose que Paul en Galates 3.28.

2. Ce qu’« être soumise » veut dire

a. La soumission est une qualité de douceur intérieure qui soutient le leadership du mari

« Que chacune soit soumise à son mari » signifie qu’une femme se soumet volontairement à l’autorité et au leadership de son mari dans le mariage, dans les limites de l’obéissance au Christ. La femme doit donc honorer son mari comme responsable même si elle est en désaccord avec lui.
Une compréhension plus profonde de la nature de cette soumission est donnée par la description que Pierre fait de la beauté qui l’accompagne, « l’esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu » (3.4). L’adjectif « doux » ne se trouve qu’à trois autres endroits dans le N.T. dont deux fois en référence à Christ (Mat 11.29 ; 21.5). Il signifie : n’insistant pas sur ses droits, pas exigeant, ne s’imposant pas égoïstement. Un tel état d’esprit brillera devant les hommes, même les conjoints incrédules (3.2), mais, plus important encore, devant Dieu. Sans doute parce que cet état d’esprit est le résultat d’une confiance tranquille et continue en Dieu qui répondra aux besoins. Et Dieu se réjouit qu’on lui fasse confiance.
Pierre se concentre sur les attitudes intérieures du cœur. La « parure intérieure », c’est la nature profonde, la vraie personnalité de l’épouse. Elle n’est pas visible en elle-même mais se fait rapidement connaître par des paroles et des actes qui révèlent l’attitude intérieure.

b. La soumission implique une obéissance comme celle de Sara

On a essayé d’éviter de conclure que les femmes chrétiennes d’aujourd’hui devaient imiter l’obéissance de Sara vis-à-vis d’Abraham, que Pierre donne en exemple des « saintes femmes d’autrefois ».
En Genèse 21.11-12, Dieu demande à Abraham d’écouter ce que Sara lui dit. Dieu a utilisé ici Sara pour faire connaître à Abraham sa volonté, mais cela n’établit pas en soi une règle générale pour conduire les hommes à obéir à leurs femmes.
Bien que Sara n’ait pas toujours été un modèle, Pierre a choisi de ne pas insister là-dessus et de la prendre comme exemple positif.

c. La soumission accepte une autorité qui n’est pas totalement réciproque

Les féministes évangéliques parlent fréquemment de « soumission mutuelle » dans le mariage. Si par là on veut dire que maris et femmes doivent être attentionnés et pleins de considération l’un pour l’autre et placer les intérêts et les préférences de l’autre avant les siens, c’est totalement cohérent avec les enseignements du N.T. Il y a bien soumission mutuelle dans un certain sens dans un mariage, mais pas dans tous les sens parce que la femme doit se soumettre à l’autorité et au leadership de son mari d’une façon dont le mari n’a pas à — en fait ne devrait pas avoir à — le faire. Il a un rôle de leadership unique dans la famille qu’il ne doit pas abdiquer.
Le mot grec pour « être soumis » implique toujours une relation de soumission à une autorité. Il est utilisé ailleurs dans le N.T. pour la soumission de Jésus à l’autorité de ses parents (Luc 2.51), des démons aux disciples (Luc 10.17), des citoyens au gouvernement (Rom 13.1), de l’Église à Christ (Éph 5.24), des chrétiens à Dieu (Héb 12.9), etc. Aucune de ces relations n’est réciproque.
Maintenant nous devons reconnaître que la soumission à ces différentes sortes d’autorités peut prendre des formes très différentes. La soumission des membres d’une église à leurs anciens est très différente de celle des soldats à leur général. Dans le cadre d’un mariage chrétien harmonieux, il y a une large place pour la consultation mutuelle, la recherche de la sagesse de l’autre et la plupart des décisions se prennent par consensus entre les conjoints. Pour une femme, se soumettre à son mari n’impliquera pas souvent obéir à un ordre formel (bien que cela puisse être parfois le cas), car le mari fera plutôt une demande et cherchera un avis sur la conduite à tenir (cf. 2 Cor 8.8 ; Phm 8-9).

3. Les exemples de soumission de l’A.T.

Pierre illustre ce qu’il entend par soumission en faisant référence à la vie de femmes saintes qui espéraient en Dieu. Bien qu’il mentionne spécifiquement Sara au verset 6, le terme pluriel « femmes » désigne les femmes pieuses de l’A.T. en général. Leur style de vie consistait à espérer en Dieu et ainsi à « se parer » elles-mêmes de cet esprit doux et paisible, de façon continue comme l’indiquent les temps de ces deux verbes.
La confiance tranquille en Dieu confère à une femme une beauté impérissable d’un esprit doux et calme, mais elle lui permet également de se soumettre à l’autorité de son mari sans craindre que cela nuise en fin de compte à son bien-être et à sa personnalité.
Pierre utilise la soumission de Sara à Abraham comme exemple d’une telle soumission. Il ne semble faire référence à aucun événement en particulier (les deux participes du v. 5 indiquent tous un comportement continu). L’exemple d’obéissance de Sara constituait un encouragement approprié pour les femmes à qui Pierre écrivait, car Sara devint la mère de tout le peuple de Dieu dans l’ancienne alliance (És 51.2; cf. Gal 4.22-26). Suivre Abraham impliquait de faire confiance à Dieu dans des situations incertaines, déplaisantes et même dangereuses (Gen 12.1,5,10-15; 13.1; 20.2-6; 22.3). Être la fille de Sara, c’est être l’héritière des promesses et de l’honneur qui lui sont donnés ainsi qu’à Abraham.
La condition pour être « fille » de Sara est de faire ce qui est bien et ne pas céder à la peur (3.6). Les deux verbes sont à nouveau des participes présents indiquant un modèle de vie continu. Une femme à l’esprit doux et calme qui continue à espérer en Dieu ne sera pas terrorisée par les circonstances ou par un mari incroyant ou désobéissant (cf. Gen 20.6).

B. Des instructions aux maris

1. Ce que le leadership n’est pas

a. Un leadership attentionné ne signifie pas un usage sévère ou dominateur de l’autorité

Pierre dit aux maris de faire preuve de « sagesse » ou de « considération » envers leurs femmes. Il ne précise pas ce qu’il entend par « sexe[note] Le mot traduit par « sexe » signifie souvent « vase ». Il est également utilisé dans le N.T. pour parler des êtres humains comme des « vases » créés par Dieu et destinés à son usage (Act 9.15 ; Rom 9.21 ; 2 Cor 4.7 ; 2 Tim 2.21). Il n’a pas ici de nuance dévalorisante ou misogyne, puisque le fait que la femme soit appelée le « vase le plus faible » (c’est-à-dire le plus faible des deux) implique que l’homme est également considéré comme un « vase ». Hommes et femmes partagent la même fragilité humaine et sont redevables à Dieu notre Créateur.[/note] plus faible ». Il pense certainement à la force physique (la plupart des hommes, s’ils essayaient, pourraient maîtriser physiquement leur femme). Mais le contexte montre également que les femmes sont plus faibles en termes d’autorité dans le mariage (3.1-6), et Pierre enjoint donc aux maris qu’au lieu d’abuser de leur autorité à des fins égoïstes, ils devraient l’utiliser pour traiter leurs femmes avec respect. Il est possible, d’après le contexte, qu’il y ait un troisième aspect de la faiblesse : une plus grande sensibilité émotionnelle (peut-être évoquée dans l’avertissement de ne se laisser troubler par aucune crainte, 3.6). Les épouses risquent davantage de souffrir profondément d’un conflit ou d’un comportement inconsidéré au sein du mariage. Sachant cela, les maris chrétiens ne devraient pas être « durs » (Col 3.19, PdV), critiques ou conflictuels, mais plutôt positifs et encourageants.

b. Un leadership attentionné n’implique pas que la femme ait une importance moindre

Le fait que les maris traitent leur femme avec « honneur » ne signifie pas que la femme, qui a moins d’autorité, soit moins importante. Les épouses leur sont toujours égales en privilège spirituel et en importance éternelle : elles aussi sont « héritières de la grâce de la vie ». Ici comme ailleurs, l’affirmation des différences de rôles entre mari et femme jouxte une affirmation implicite ou explicite de leur égalité en statut et en importance (cf. 1 Cor 11.3,7,12 ; Éph 5.22,33 ; Col 3.18,19).

c. Un leadership attentionné n’est pas facultatif pour les maris

De même que la soumission à son mari n’est pas facultative pour les épouses chrétiennes, de même le leadership prévenant que Pierre commande ne l’est pas pour les maris chrétiens. Les maris ne peuvent pas à juste titre renoncer au leadership familial et se contenter d’un rôle passif. Ils ne doivent pas non plus tomber dans l’erreur inverse et exercer une autorité dominatrice et égoïste au sein de leur famille.

2. Ce que le leadership attentionné est

« Montrez de la sagesse » se traduit plus littéralement : « demeurez avec elles selon la connaissance » (3.7, Darby). Pierre ne précise pas quel type de connaissance il entend mais elle peut correspondre à toute connaissance qui serait bénéfique pour la relation mari-femme: celle des buts et des principes de Dieu pour le mariage; celle des désirs, des objectifs et des frustrations de la femme; celle de ses forces et de ses faiblesses dans les domaines physique, émotionnel et spirituel, etc. Un mari qui vit selon de telles connaissances enrichira considérablement son mariage. Mais une telle connaissance ne peut être acquise que par une étude régulière de la Parole de Dieu et des périodes de communion dans le couple.
« Honorer comme un vase plus faible » rejoint un thème fréquent du N.T. Dieu honore souvent les plus faibles aux yeux du monde (cf.5.5 ; 1 Cor 12.22-25). Ici, l’honneur peut se traduire par des paroles aimables et valorisantes du mari à l’égard de sa femme, tant en privé qu’en public, ainsi que par la priorité donnée à sa femme [note] Le mot « femme » est un terme rare, utilisé qu’ici dans le N.T. Il signifie
littéralement « le féminin ». Selon Pierre, une femme qui exprime sa féminité doit recevoir un honneur spécial.[/note] dans l’allocation de son temps et de son argent.

3. Les récompenses d’un leadership prévenant

Pierre termine en indiquant que des maris qui vivent de manière respectueuse avec leurs femmes verront leurs prières exaucées et non entravées (cf. 3.12).
Le comportement d’un mari chrétien envers sa femme importe tellement à Dieu qu’il peut interrompre sa relation avec lui s’il n’est pas compréhensif ou aimant ! Prendre le temps d’entretenir sa vie de couple est selon la volonté de Dieu ; c’est servir Dieu ; c’est une activité spirituelle agréable à ses yeux.


Dans sa première Épître, Pierre a pour but d’encourager le peuple de Dieu à affronter la persécution et les épreuves. Le procédé de Pierre consiste à lever les yeux vers Dieu et à se confier en lui. La vie chrétienne réserve bien des épreuves, mais nous avons un Dieu grand et bon, qui nous témoigne plein d’amour.

Nous aspirons tous au bonheur et nous le cherchons tous par différents moyens. Et le monde chrétien n’est pas en reste : de nombreux livres nous proposent des solutions miracles pour trouver le bonheur. Mais la première Épître de Pierre nous montre comment arriver à une vie chrétienne heureuse et épanouie.

1. À quoi servent les épreuves ?

Pierre indique que le chrétien passe par des épreuves (1 Pi 1.6-7). La souffrance peut être comprise comme un malheur venant de Dieu, mais par sa volonté souveraine, Dieu a voulu que nous passions par des épreuves et la souffrance. Il est dit « que l’épreuve de votre foi [est] plus précieuse que l’or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu) » (1 Pi 1.7).

Les voitures et les avions sont soumis à une batterie de tests lors de leur conception. Dieu opère de manière analogue avec nous, il nous soumet à des tests afin de nous faire progresser. Certaines épreuves sont par exemple un enfant malade, un mariage compliqué, la fatigue, le chômage, un travail pénible, un chef difficile, des finances précaires, la solitude d’une personne célibataire ou d’une mère au foyer. Comme le feu sert à séparer les scories de l’or, les épreuves servent à nous rendre purs en enlevant nos imperfections.

2. Quelle est l’une des plus grandes sources de stabilité, de joie et de bonheur dans notre vie ?

Être aimer nous procure un sentiment de paix et de joie, le savoir nous donne une grande stabilité. Cela peut sembler égoïste, mais nous sommes aimés de Dieu. Dans les 5 premiers versets de ce chapitre, nous pouvons en voir la portée ; Dieu nous a élus par sa prescience, mis à part, sauvés par Jésus-Christ et donné une nouvelle vie (la régénération).

Dieu a donné son Fils Jésus-Christ pour le salut de notre âme pour nous témoigner de la valeur que nous avons à ses yeux. Lorsque nous traversons des épreuves, il convient de nous rappeler de l’amour qu’il a pour nous, car nous sommes, de toute éternité, au bénéfice de l’amour spécial et particulier de Dieu. Dieu est à nos côtés et il se soucie de nous. En ceci nous sommes encouragés et nous avons une grande source de stabilité, de joie et de bonheur dans notre vie.

3. Que produisent l’épreuve et la connaissance de l’amour de Dieu chez le chrétien ?

3.1. La louange

Pierre nous dit premièrement que les épreuves produisent la louange ; nous voulons louer Dieu pour son amour et pour ce qu’il a fait pour nous.

3.2. L’espérance et l’héritage

Deuxièmement, lorsque nous savons que Dieu nous aime, les épreuves produisent une espérance vivante. Parfois nous acquérons un bien ou nous sollicitons un service qui nous déçoivent. Mais avec Dieu, nous avons l’espérance de recevoir « un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir » (1 Pi 1.4).

Si vous avez une maison et que vous souhaitez la léguer à vos enfants, il se peut qu’elle soit dans un état pitoyable, l’héritage que vous léguerez ne sera de loin pas parfait. Avec Dieu, notre espérance ne peut changer car nous savons que cet héritage est parfait et sans défaut, et qu’il ne peut tomber en décrépitude.

3.3. Le but

L’espérance de cet héritage nous donne un but qui est le ciel. Nous sommes des résidents temporaires sur cette terre et la finalité de notre vie n’est pas de vivre éternellement ici sur cette terre mais de vivre un jour réunis avec Dieu dans le ciel. Lorsque nous souffrons ou que nous traversons des épreuves, nous pouvons nous rappeler le but vers lequel tendre et regarder. Ce point est essentiel car nous connaissons la finalité de la vie. Souvenons-nous que Dieu nous aime et qu’il a une place pour nous au ciel. Le chrétien sait avec assurance où il va.

3.4. La joie

Pierre nous enseigne aussi que, malgré la souffrance, cette espérance produit en nous de la joie. La vie chrétienne normale est caractérisée par la joie : « Vous en tressaillez d’allégresse » (1 Pi 1.6, BC). Cette joie trouve sa source dans ce que Dieu a fait (le salut), ce qu’il fait aujourd’hui (son aide dans nos combats) et ce qui nous attend dans le futur (l’héritage).

Si nous allons au travail sans joie, nous allons sans doute mal le faire. Si notre vie de famille ne se vit pas dans la joie, elle risque d’être insupportable. Une vie chrétienne est marquée par la joie parce qu’elle repose sur Dieu. Nous pouvons certes trouver de la joie dans différentes activités ou dans certaines relations amicales, mais notre joie ultime repose sur Dieu.

3.5. La foi

C’est par la foi que nous pouvons avancer jour après jour. Nous avons la foi dans le salut que Dieu nous donne, dans l’héritage qui nous attend. Sans une foi vécue au quotidien, le chrétien n’ira pas très loin. Lorsque nous sommes dans la souffrance, nous avons tendance à regarder le négatif, mais c’est la foi qui nous permet de progresser, souvent sans comprendre pourquoi et comment Dieu fait les choses. Cette marche se fait ensemble, nous avec Dieu, et sous sa garde. Cette foi pourra ainsi être trouvée victorieuse et plus précieuse que l’or.

Dans le monde dans lequel nous vivons, on nous fait croire que la vie se caractérise par l’aisance financière, la réussite sociale, une belle carrière, une famille modèle ou encore des enfants bardés de diplômes. Pierre nous dit qu’une foi fidèle et persévérante jusqu’à la fin est l’essentiel d’une vie victorieuse. Lorsqu’un étudiant travaille avec persévérance en vue d’un examen, s’il le réussit, il sera félicité, recevra une récompense ou un diplôme. De même, Dieu nous octroiera une rétribution, des louanges et de l’honneur, si nous persévérons dans notre foi. Ce moment se concrétisera lorsque le Seigneur Jésus reviendra. Jésus-Christ est le fondement sur lequel nous voulons bâtir notre vie chrétienne et le modèle que nous voulons suivre. Notre foi repose sur lui. Il nous a donné le salut, une vie nouvelle, la joie et l’espérance.

4. Le chrétien a-t-il des engagements ?

4.1 La sainteté

Pierre rappelle que nous sommes appelés à être saints car Dieu est saint (1 Pi 1.16). Le chrétien n’est pas simplement au bénéfice de bienfaits mais il manifeste également un comportement qui honore Dieu. Puisque Dieu est amour, doux, généreux, juste, patient, fidèle et compatissant, nous témoignons des mêmes qualités dans notre vie en son honneur, car il est notre Père et roi.

Être saint et obéir à Dieu implique de mener un certain combat contre notre péché. Nous croyons souvent que les épreuves sont les persécutions mais la plus grande partie des épreuves auxquelles nous sommes confrontés est le péché. Les difficultés du quotidien, comme supporter notre conjoint, éduquer nos enfants correctement, bien travailler ou aimer nos frères et sœurs, participent à nos combats et nos épreuves.

4.2 La fidélité

Dieu nous demande d’être fidèles et persévérants dans les combats tels que les désirs et les passions charnelles. Dans les chapitres suivants, Pierre donne une série d’exemples (la famille, le travail, l’église,…) qui illustrent cet aspect. Dieu nous aide dans ces tâches car il nous a donné son Esprit pour nous éclairer et nous qualifier. Nous sommes ainsi en mesure de satisfaire l’exigence d’être saint comme lui est saint parce qu’il nous a donné tous les « outils » pour y arriver.

4.3. La crainte

Pierre nous exhorte à nous conduire avec crainte (1.17). Dieu est un père bon et bienveillant, mais il est aussi celui qui jugera chacun selon ses actes. Dieu n’est pas un tyran, mais Pierre nous met en garde contre l’hypocrisie. Il nous exhorte à ne pas prendre Dieu à la légère. Nous le craignons car il est juste et saint et ne tolère pas le péché. Il veut nous aider à avancer, faisons donc attention à notre manière de vivre afin de vivre correctement pour sa gloire.

4.4. Vivre en aimant ses frères et sœurs dans la foi

Nous, parents, sommes souvent enclins à dire à nos enfants d’aimer leur frère ou leur sœur. Mais nous sommes bien moins disposés à appliquer ce principe à nous-mêmes. L’un des aspects pratiques de la vie chrétienne est d’aimer ses frères et sœurs : « Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur » (1.22). Dieu nous aime, la conséquence logique est de nous aimer mutuellement. Cet amour que Dieu nous donne, nous ne le retenons pas égoïstement mais nous le partageons avec les autres. Dieu n’a pas simplement dit : « Je vous aime », mais il l’a manifesté pratiquement en nous envoyant son Fils Jésus-Christ qui est descendu vers nous. Cet amour a aussi débordé de Jésus-Christ. Non seulement nous recevons son amour, mais nous sommes également exhortés à le transmettre plus loin à nos frères et sœurs.

5. Comment mettre ces exhortations en pratique ?

Dieu nous a donné des moyens de grâce pour parvenir à l’accomplissement de nos engagements :

5.1. La Parole

Tout ce que nous pouvons connaître de Dieu vient de sa Parole, nous savons par elle que Dieu est bon et qu’il nous aime. Les enseignements de Pierre restent vrais pour nous aujourd’hui. Pierre prend l’exemple de l’enfant nouveau-né et du lait maternel (2.2). Dans les premiers mois de son existence, un enfant désire par-dessus tout ce lait ; il en a besoin pour vivre, grandir, être en bonne santé et être heureux. Comme un enfant désire le lait maternel, le chrétien aime se plonger dans la Parole afin de grandir et persévérer dans la foi. Dieu donne tous les encouragements dont nous avons besoin dans sa Parole. Il nous a laissé sa Parole dans le but que nous connaissions son amour et que nous sachions comment vivre une vie chrétienne fidèle, avec persévérance et dans la joie.

5.2. L’Église

Dieu nous a donné l’Église (2.4-5). Nous avons besoin les uns des autres pour tenir ferme dans la foi, pour nous encourager, nous exhorter et nous édifier. Nous avons besoin entre frères et sœurs de nous approcher ensemble de Dieu sur le fondement de Christ. Si vous pratiquez régulièrement un sport, vous vous améliorez, mais si vous interrompez cette pratique, vous allez redevenir un athlète médiocre. Il y a une analogie entre le chrétien et le sportif ; si nous arrêtons de nous approcher de Dieu personnellement et en église, nous allons devenir des chrétiens médiocres. L’Église est un moyen de grâce que Dieu dispense aux chrétiens afin qu’ils se réunissent et avancent ensemble dans la foi.

Pierre pointe vers l’amour de Dieu et le privilège qui est le nôtre : nous sommes son peuple. Pierre en explique le but : offrir des sacrifices spirituels à Dieu. Qu’est-ce qu’un sacrifice spirituel ? Ce sont des louanges, de l’adoration, le service et la consécration de nos vies.

5.3. La proclamation du salut

Il nous revient également de célébrer et proclamer les œuvres merveilleuses de Dieu, en particulier le salut (2.9-10). Pour qu’un chrétien puisse partager cette bonne nouvelle, il faut déjà qu’il soit lui-même émerveillé. Lorsqu’il aura compris cette joie, il partagera bien mieux à d’autres les merveilleuses œuvres de Dieu.

6. Conclusion

ierre nous interroge sur le prix de notre rachat. Dieu nous a donné ce qu’il avait de plus précieux : son Fils Jésus-Christ. Il a laissé son propre Fils mourir à la croix parce qu’il nous a aimés. Jésus-Christ a pris sur lui la colère de Dieu pour que nous soyons réconciliés, la condamnation que nous méritions pour que nous soyons libres, notre péché afin que nous soyons justifiés, nos angoisses afin que nous soyons en paix, la mort pour que nous soyons vivants. Jésus-Christ est tout à la fois notre salut, le moyen de notre salut et celui qui donne le salut. Il a expérimenté toutes les épreuves et les souffrances que nous traversons, il les comprend et les connaît. Jésus a été rejeté (2.7-8), mais il est resté fidèle. Il a toujours cru dans le Père.

Nous avons donc en Jésus-Christ le modèle à suivre. Il est le fondement pour toute vie chrétienne joyeuse et heureuse. En lui, nous avons le salut, la foi, l’espérance, la joie et les épreuves. Lorsque nous aurons compris qui est Christ et ce qu’il a enduré par amour pour nous, alors nous pourrons être vainqueurs dans les épreuves. La clé pour vivre une vie de joie et de victoire à la gloire de Dieu, c’est Jésus-Christ.


Sans chercher à reprendre systématiquement tous les thèmes de la théologie de Pierre, cet article vise à relever quelques points de ses principaux accents — avant tout sa christologie, sa sotériologie et son eschatologie (sa vision de l’avenir).

1. Christ dans les Épîtres de Pierre

Pour Pierre, Christ est Dieu

  • Une affirmation directe : Face aux attaques répétées dont la divinité de Christ a fait l’objet depuis 20 siècles, le chrétien est toujours à l’affût de textes définitifs. Nous en trouvons un dans la salutation de la Seconde lettre : « par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ » (1.1)[note] De façon très surprenante, la NEG, que Promesses utilise en général pour ses citations, traduit différemment : « par la justice de notre Dieu et du Sauveur Jésus Christ » contrairement à la plupart des autres versions françaises courantes (S21, BFC, NBS, PDV, Darby, etc.). Or en grec « Dieu » et « Sauveur » sont liés par un seul article, indiquant que Pierre parle bien d’une seule et même personne, d’autant qu’il a soin d’utiliser deux articles quand il dissocie les deux personnes divines (e.g. immédiatement après 2 Pi 1.2).[/note].Pierre n’a aucun doute que l’homme qu’il a côtoyé pendant trois ans était Dieu lui-même. Quelle force a ce témoignage !
  • Plus indirectement, Pierre traduit des textes de l’A.T. en substituant sans hésiter « Christ » ou « le Seigneur » à « l’Éternel » : par exemple, « sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur » (1 Pi 3.15) reprend Ésaïe 8.13 : « C’est l’Éternel des armées que vous devez sanctifier. »
  • Implicitement, par des parallélismes, Pierre indique que Jésus Christ est digne de la même louange que Dieu lui-même. Il suffit de comparer ses trois doxologies : deux sont à Jésus (1 Pi 4.11 et 2 Pi 3.18), l’autre dans des termes similaires à Dieu (1 Pi 5.11).

Pour Pierre, l’œuvre de Christ et son attitude pendant ses dernières heures sont la motivation du croyant pour sa conduite

  • En 1 Pierre 1, l’apôtre exhorte ses destinataires à être saints dans toute leur conduite (1.15) et à se conduire avec crainte ici-bas (1.17). Et quelle motivation présente-t-il ? Le sacrifice de l’Agneau sans défaut et sans tache. Si notre salut a coûté ce prix, pourquoi donc continuerions-nous à vivre comme autrefois ? Lorsque nous sommes tentés par le péché, souvenons-nous de ce que Christ a dû endurer pour nous en racheter.
  • En 1 Pierre 2, l’apôtre s’adresse aux domestiques. Certains d’entre eux vivaient sous la coupe de maîtres pénibles qui les faisaient souffrir. Pierre leur présente le modèle que Christ nous a laissé : lui aussi a accepté de souffrir injustement, jusqu’à porter même nos péchés sur la croix pour nous. Peut-être certains lecteurs vivent-ils des situations pénibles dans leur travail ; que l’exemple de notre Seigneur les encourage à persévérer.
  • En 1 Pierre 3, l’apôtre évoque les calomnies auxquelles sont en butte ses lecteurs, alors même qu’ils s’appliquent à faire le bien. Là encore, il met devant eux le chemin de Christ : il a souffert injustement car il était parfaitement juste, mais il a accepté ce chemin qui l’a conduit jusqu’à la gloire et au repos (3.22-4.1). Nos épreuves actuelles ne sont pas le fin mot de Dieu qui, nous aussi, nous « a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle » (5.10).

2. Le salut dans les Épîtres de Pierre

Pour Pierre, le salut est complet, du début à la fin

Le terme « salut », fréquent chez Pierre, a une acception bien plus large que celle que nous lui donnons souvent, le restreignant au salut « initial », par lequel nous sommes justifiés devant Dieu :

  • Pierre est très clair sur le fait que les croyants sont sauvés, parce qu’ils ont été « élus selon la prescience de Dieu le Père » (1 Pi 1.2). Plus que cela, ils sont désormais « participants de la nature divine » — extraordinaire expression, unique dans le N.T., pour décrire le changement radical que la régénération divine a produit (cf. 1 Pi 1.23).
  • Mais notre salut ne s’arrête pas là. Les épreuves que Dieu permet pour affiner notre foi contribuent largement à notre croissance spirituelle, ce « salut des âmes » —âmes pourtant déjà sauvées dans le sens du salut initial (1 Pi 1.7-9). Notre appétit spirituel pour la Parole de Dieu et pour la communion avec le Seigneur, que Pierre compare à l’ardeur d’un bébé à vouloir têter, va aussi nous permettre de croître « pour le salut » (1 Pi 2.2) : notre salut doit se développer et ne pas rester embryonnaire !
  • Enfin, la révélation de Jésus Christ et notre entrée dans la gloire seront le parachèvement de notre salut : il est « prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 Pi 1.5) et nous sommes exhortés à attendre patiemment ce moment (2 Pi 3.15). Alors nous serons définitivement délivrés de la « fournaise de l’épreuve » (1 Pi 4.12,18).

Si nous distinguons parfois ces trois phases du salut (initial, « de la course », final), notons que Pierre a plutôt tendance à les unifier, comme un processus qui va de notre élection jusqu’à notre glorification. L’œuvre de Dieu pour nous et en nous est une seule et même œuvre. De quel grand salut sommes-nous bénéficiaires ! « C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection ; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais. » (2 Pi 1.10)

Pour Pierre, le salut ne peut pas se perdre

La lecture du deuxième chapitre de la Seconde Épître en a arrêté plus d’un. Pierre avertit ses lecteurs par rapport à de « faux docteurs » qui renient « le maître qui les a rachetés ». Or la suite du chapitre montre que tout dans leur conduite laisse à penser qu’ils ne sont pas rachetés. Ils ont « connu la voie de la justice » et s’en sont détournés (2 Pi 2.21). Comment concilier ces deux aspects ? Est-il possible de croire, puis ensuite d’apostasier et perdre son salut ?

Le dernier verset du chapitre donne la clef : Pierre y cite deux proverbes, l’un biblique, l’autre populaire, pour indiquer que ces faux docteurs sont en fait retournés vers leur vraie nature : la truie était peut-être bien propre, mais elle était restée truie. Nous retrouvons ici une note fréquente dans plusieurs des Épîtres générales : il est possible que des personnes vivent et agissent pendant un temps au sein de l’Église comme si elles étaient vraiment converties avant de se détourner, soit en rejetant leur foi ouvertement, soit en la reniant par une conduite incompatible avec leur profession (cf. 1 Jean 2.19 ; Jude 19 ; Héb 6 ; 10). En réalité, ils n’ont pas perdu le salut puisqu’ils ne l’ont jamais vraiment eu, quelles qu’aient été les apparences !

En revanche, la persévérance de ceux qui sont réellement sauvés est assurée : nous sommes « gardés par la puissance de Dieu au moyen de la foi pour un salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 Pi 1.5). La puissance même de Dieu agit pour fortifier notre foi — si besoin est, par diverses épreuves — et nous accompagnera jusqu’au bout (1 Pi 5.10-11). À nous de rester fermes en croissant « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pi 2.18).

3. L’avenir dans les Épîtres de Pierre

Pour Pierre, l’espérance est le moteur de la vie chrétienne

Dans la louange qui débute sa première lettre, Pierre bénit Dieu : premièrement pour l’espérance qu’il nous donne et deuxièmement pour l’héritage qu’il nous réserve au ciel. Cet héritage, comme souvent lorsqu’il s’agit du ciel, est décrit avant tout par ce qu’il n’est pas : en contraste avec la mort, le péché et les imperfections qui marquent notre présent, notre futur, lui, ne pourra ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir (1 Pi 1.5) !

Ce thème de l’espérance forme comme un fil d’or qui court le long de ces deux Épîtres. Mais si cette espérance est aussi certaine que l’est le fait historique de la résurrection de Christ qui la fonde, elle est aussi à saisir en pratique : c’est pourquoi Pierre, juste après, exhorte à « avoir une entière espérance » (1 Pi 1.13). Nous développerons cette espérance en vivant sobrement et en mobilisant nos facultés intellectuelles pour qu’elles soient dirigées vers le ciel et non vers des désirs purement terrestres.

Pour Pierre, l’heure du jugement va venir

Jésus est prêt à l’exercer car il est celui qui va « juger les vivants et les morts » (1 Pi 4.5). À ce moment, la séparation finale aura lieu. Le jugement (au sens d’examen purificateur) par lequel passent actuellement les chrétiens au travers de diverses épreuves qui peuvent aller jusqu’à la persécution, se prolongera par le jugement (au sens cette fois-ci de condamnation) des « impies et des pécheurs » (1 Pi 4.17).

En ce jour, la vérité sera enfin rétablie : les incrédules qui calomnient les chrétiens seront obligés de rendre gloire à Dieu pour les bonnes œuvres qu’ils n’ont pas voulu reconnaître à l’époque (1 Pi 2.12 ; 4.4-5).

Pour Pierre, la gloire va être révélée

  • Le retour de Christ en gloire sera un moment de joie incomparable : si le chrétien est encouragé à se réjouir aujourd’hui au sein même de ses souffrances parce qu’il suit ainsi le chemin de son Maître, la joie se transformera en allégresse à l’apparition du roi (1 Pi 4.13).
  • Le retour de Christ sera aussi le moment de distribution des récompenses, en particulier pour les anciens qui auront bien pris soin du troupeau (1 Pi 5.1,4).
  • Le retour de Christ marquera enfin la fin des souffrances:si nécessaires et pédagogiques soient-elles, soyons assurés que nos épreuves ne sont pas le mot final de Dieu et ne durent qu’« un peu de temps » — même s’il nous paraît long ! — au regard de l’éternité (1 Pi 5.10).

Pour Pierre, l’attente actuelle aboutit à une nouvelle création

Ébauchée par le prophète Ésaïe (65.17 ; 66.22), la perspective des « nouveaux cieux et de la nouvelle terre » trouve son plein développement dans la description qu’en donnent les deux derniers chapitres de la Bible (Apoc 21.1-22.5). Nous sommes heureux de trouver également l’annonce de la nouvelle création sous la plume d’un autre auteur : cette doctrine importante est ainsi confirmée par la règle des « deux témoins ».

Pierre annonce que :
– « les cieux et la terre d’à présent sont gardés et réservés pour le feu »,
– « en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée »,
– « nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera » (2 Pi 3.7,10,13).

Mais Pierre ne s’arrête pas à cette annonce. Il en tire immédiatement une exhortation à une attente active qui peut même hâter la venue de ce jour tant attendu ! Comment ? En ayant une conduite sainte (en contraste avec la corruption que Dieu va juger) et une vie pieuse (dirigée vers le Dieu qui nous appelle à partager son éternité). Quelle motivation pour ne pas vivre uniquement pour des biens matériels qui vont tous finir dans le feu !

Y a-t-il une théologie propre à l’apôtre Pierre ?

La question est légitime, car, en parcourant rapidement ses deux lettres, le lecteur ne manquera pas d’être frappé par les nombreux points de contacts avec les autres écrits du N.T. : avec les lettres de son « bien-aimé frère Paul », en premier lieu, mais aussi avec Jacques, Jude bien sûr, l’Épître aux Hébreux, voire l’Apocalypse ou l’Évangile selon Jean. Ce constat est rassurant : la cohérence des théologies des neuf auteurs du N.T. l’emporte de beaucoup sur leurs différences. Pour reprendre les termes de Paul, « que ce soit moi, que ce soient eux [i.e. les autres apôtres], voilà ce que nous prêchons, et c’est ce que vous avez cru » (1 Cor 15.11).

Néanmoins les accents proprement pétriniens ne doivent pas être sous-estimés. Et tout d’abord le contexte éthique global dans lequel Pierre inscrit sa théologie. C’est avant tout comme un « pasteur », obéissant à la mission que Jésus lui a laissée (Jean 21), que l’apôtre rédige ses deux lettres. Son objectif est d’encourager des croyants souffrants (Première lettre) et d’enseigner des croyants en danger d’être entraînés par de fausses doctrines (Seconde lettre). Pour étayer son propos, Pierre fait de nombreuses incises riches d’une théologie profonde, mais rendue parfois compliquée par la concision de ses expressions (pensons à la fin de 1 Pierre 3 !).


L’auteur

Simon Pierre était le fils de Jonas et le frère d’André. Il faisait partie, avec Jacques et Jean, du cercle intime de Jésus.

  • Un homme de la classe moyenne ? Originaire de Bethsaïda (Jean 1.45), il possédait une maison à Capernaüm (Mat 8.14). Pierre était marié et était à la tête d’une petite entreprise familiale de pêche. Quand Pierre dit au Seigneur qu’il a tout quitté pour le suivre (Marc 10.28), c’est une réalité. Il a payé le prix fort.
  • Un serviteur en formation continue, pleinement engagé : Jésus a changé son nom : « Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas (ce qui signifie Pierre) » (Jean 1.42). Pierre est une pierre détachée, un morceau de rocher, une pierre vivante, une parcelle de Christ, membre du corps. Pierre doit être transformé, car avec ce nouveau nom, le Seigneur dévoile la mission qu’il veut lui confier (cf. Mat 16 ; 1 Pi 2.5). Au fur et à mesure, dans le quotidien, Pierre apprend à connaître le Seigneur, il apprend à se connaître, et passe par un travail de sanctification ; sa vie de disciple est jalonnée par de belles déclarations : « Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi » (Luc 18.28), « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mat 16.16), « Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6.68).

 

  • Le premier des apôtres : Dans chaque liste des apôtres, il est cité en premier. Serait-ce pour souligner sa vivacité et ses capacités de leader ? On voit en Pierre un homme passionné, courageux, énergique, impulsif, vigoureux, fort. Mais ce tableau brillant doit être complété par quelques ombres. Cette passion de Pierre l’a parfois rendu présomptueux. Ainsi il affirme qu’il est prêt à aller en prison et à mourir pour le Seigneur (Luc 22.33), une affirmation cruellement démentie lorsqu’il renie Jésus peu après. Pierre a compris sa faute et la confesse. Le Seigneur le sonde pour le purifier encore (Jean 21) avant de lui confier le service pastoral annoncé en Luc 22 : « fortifier ses frères ». Pierre a compris le message et, dans ses Épîtres, le mot « affermir » est fréquent.
  • Un ancien et un témoin : Pierre se présente comme « co-ancien ». Il ne se place pas « au-dessus », mais « au milieu » des anciens auxquels il s’adresse. Son autorité spirituelle s’enracine dans une vie de disciple, de « témoin » des souffrances de Christ (Act 1.21-22 ; 1 Pi 5.1 ; 2 Pi 1.16).
  • Un martyr : Selon la tradition, l’apôtre serait mort à Rome en 67 sous Néron, à l’âge de 75 ans, crucifié la tête en bas, car il se jugeait indigne de mourir comme son maître.

Les destinataires des lettres

Pierre adresse sa Première Épître à des chrétiens du nord et du centre de la Turquie actuelle, pour beaucoup des païens convertis, et pour un certain nombre sans doute des « prosélytes » — c’est-à-dire des Gentils imprégnés de la culture de l’A.T., d’où les nombreuses citations. D’autres indices de leur origine païenne : ils étaient autrefois « dans l’ignorance » (1.14) ; ils avaient hérité de leurs pères « une vaine manière de vivre » (1.18) ; ils avaient « dans le temps passé accompli la volonté des païens, en marchant dans le dérèglement » (4.3) ; autrefois, ils n’étaient pas le peuple de Dieu (2.10) ; les sœurs sont devenues les filles de Sara (3.6).

Leur statut social ne paraît pas reluisant : les termes de « forains et étrangers » désignent à cette époque ceux qui n’ont pas le statut de citoyen romain. Ils étaient de fait assujettis à de lourdes taxes et à une justice plus sévère en cas de condamnation. Devant la pression de la société environnante, certains sont tentés de retomber dans l’immoralité ou de renoncer à la foi. Pierre leur montre « la véritable grâce de Dieu » et les appelle à s’y attacher (5.12). Elle est le reflet de la nature divine (5.10), elle s’exprime par une œuvre salvatrice prédite par les prophètes qui se réalisera pleinement lors de la révélation du Christ. Ces « sans abri » étaient accueillis dans une nouvelle maison : l’Église, la famille de Dieu, où les barrières sociales ont disparu.

Les églises auxquelles Pierre s’adresse se situent dans un espace géographique où, de façon non officielle, se développent des persécutions sous le règne de Néron. La lettre mentionne : la calomnie (2.12 ; 3.16), l’injure (3.9 ; 4.14), la violence physique (2.20), le rejet social (4.4). Plus tard, dans ces mêmes régions, sous le proconsulat de Pline le Jeune, vers 111/112, la persécution devient officielle.

La Seconde Épître, écrite peu de temps après la première, semble destinée au même public (2 Pi 3.1).

Le but de 1 et 2 Pierre

1 Pierre

Pierre donne le but de sa première lettre : « C’est par Silvain, qui est à mes yeux un frère fidèle, que je vous écris ce peu de mots, pour vous exhorter et pour vous attester que la grâce de Dieu à laquelle vous êtes attachés est la véritable. » (5.12) Les persécutions ont commencé, la foi des destinataires est mise à mal, le doute s’installe parmi eux : est-ce en vain que nous avons cru ? L’apôtre leur rappelle :
– que leur véritable identité en Christ est indéfectible,
– que les persécutions ne sont qu’une épreuve temporaire en attendant la gloire,
– que le chemin qu’a connu et parcouru Christ devient un modèle pour le croyant.
La victoire dans la souffrance est illustrée dans la vie de Jésus. Si le chrétien est assuré de la protection divine présente, il est tout aussi assuré d’atteindre le but, « le salut des âmes » futur. Cela permet de vivre en sérénité.

Pierre s’adresse au troupeau de Dieu pour l’encourager en répondant à différentes questions liées aux circonstances vécues :
– quelle est notre vocation en tant que chrétien ?
– quel héritage Dieu nous a-t-il réservé ?
– pourquoi Dieu permet-il la souffrance, comment tenir et triompher ?
– comment vivre seul ou avec d’autres chrétiens en tant qu’étranger dans le monde, en glorifiant le Seigneur au quotidien ?

2 Pierre

La conclusion de la lettre en donne le thème : « Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, tenez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pi 3.17-18).

Pierre répond à de nouvelles questions :
– comment garder la foi dans un monde caractérisé par la fausseté ?
– comment discerner les faux docteurs, quelle est leur stratégie (en parallèle avec le thème de l’Épître de Jude) ?
– comment ne pas se laisser désarçonner par les moqueurs qui mettent en doute la venue du Seigneur ?

Deux lettres complémentaires

1 Pierre est une Épître d’encouragement, paisible et profondément « humaine ». L’apôtre accomplit pleinement la mission que le Seigneur lui avait confiée en Luc 22.32 d’affermir ses frères et en Jean 21 de paître le troupeau du Seigneur. Pierre insiste sur la grâce de Dieu (le terme charis s’y trouve 10 fois).

2 Pierre, plus polémique, est construite selon le canevas d’un sermon qui dénonce les pratiques des faux docteurs. Elle a le caractère solennel de passage de témoin d’une génération à l’autre. Pierre met l’accent sur la « connaissance de Dieu ». Pour autant, elle peut être classée parmi les lettres pastorales, comme en témoigne le ton chaleureux de l’apôtre.

1 Pierre pourrait s’intituler : « Vivre dans un environnement hostile » et 2 Pierre : « Vivre dans un environnement perverti », ce qui en fait deux Épîtres très actuelles dans notre monde d’aujourd’hui…

Plan de 1 Pierre : Vivre dans un monde hostile

La structure de 1 Pierre est simple : les deux interpellations « Bien-aimés » (2.11 ; 4.12) sont chacune l’indice d’un changement de sujet.

Par ailleurs, beaucoup ont remarqué le changement de ton à partir de 4.12. Le sujet de la souffrance injuste reste le même, mais la pression devient plus forte. Les croyants se trouvent comme pris dans une « fournaise » (4.12). L’apôtre insiste sur les responsabilités des anciens pour maintenir la cohésion de la communauté soumise aux attaques du diable qui « rôde comme un lion rugissant cherchant qui il dévorera ». Toutes ces images peuvent faire penser à une recrudescence de la persécution en 64, qui, après l’incendie de Rome, s’est propagée dans l’Empire. On a l’impression que l’apôtre a rédigé sa lettre jusqu’au chapitre 4 v. 11 où il la termine par une doxologie. Il restait à ajouter quelques salutations. Mais les choses se seraient gâtées. Alors, avant de donner la lettre à Silvain, Pierre aurait ajouté quelques versets d’encouragement pour la communauté menacée d’éclatement. Cette hypothèse apparaît plausible.

Introduction : adresse et souhait 1.1-2
A. Le salut, identité des chrétiens au milieu des souffrances 1.3-2.10
La certitude du salut 1.3-12
Assuré par la puissance de Dieu 1.3-5
Authentifié par les épreuves venant de Dieu 1.6-9
Annoncé par les prophètes de Dieu 1.10-12
Les conséquences du salut 1.13-2.10
La priorité de la sainteté 1.13-2.3
La prêtrise des croyants 2.4-10
B. La conduite personnelle des chrétiens malgré les souffrances 2.11-4.11
Introduction : la mission du chrétien dans le monde 2.11-12
La vie dans la société : la soumission malgré la souffrance 2.13-3.7
La soumission aux autorités 2.13-17
La soumission dans le cadre du travail 2.18-25
La soumission dans le foyer 3.1-7
La vie parmi les chrétiens : la recherche du bien et de la paix 3.8-12
La vie dans la société : le témoignage de l’espérance au milieu de la
souffrance
3.13-4.7
Le principe de la souffrance pour la justice : témoignage et bonne conscience 3.13-17
L’exemple de la souffrance pour la justice : Christ mort et ressuscité 3.18-22
La victoire au milieu de la souffrance face à l’inconduite dans la société 4.1-6
La vie parmi les chrétiens : la recherche de l’amour et de
l’édification
4.7-11a
Doxologie 4.11b
C. L’attente collective des chrétiens au milieu des souffrances 4.12-5.11
Les souffrances des chrétiens en attendant la gloire 4.12-19
La conduite dans l’église en attendant la gloire 5.1-5
Les anciens 5.1-4
Les jeunes gens 5.5a
Tous 5.5b
La résistance dans l’épreuve en attendant la gloire 5.6-9
Doxologie 5.10-11
Conclusion : salutations et souhait final 5.12-14

Plan de 2 Pierre : Vivre dans un monde perverti

2 Pierre (tout comme Jude) est une Épître polémique. Parvenu au crépuscule de sa vie, l’apôtre souhaite que les croyants dont il a la charge puissent s’opposer à l’erreur des faux docteurs et résister aux attaques extérieures d’un monde hostile. Comment contrecarrer ces dérives, une fois que sa voix se sera tue (1.15) ? Par la vraie connaissance, celle de Dieu au travers des Écritures, de son salut et de l’avenir qu’il nous réserve.

Introduction : adresse et souhait 1.1-2
A. Connaître le salut pour avancer vers la maturité 1.3-11
La base du salut : la position du croyant 1.3-4
La mise en œuvre du salut : les 7 vertus chrétiennes de la croissance 1.5-9
La finalité du salut : l’entrée dans le royaume éternel 1.10-11
B. Connaître la vérité des Écritures pour bien les comprendre 1.12-21
Le rappel de la vérité : le but de la lettre 1.12-15
L’attestation de la vérité : le témoignage apostolique 1.16-18
L’illumination de la vérité : la parole prophétique communiquée par l’Esprit 1.19-21
C. Reconnaître les faux docteurs pour rejeter leur enseignement  2.1-22
La condamnation des faux docteurs : leur destruction et la délivrance des hommes pieux 2.1-10
La conduite des faux docteurs : injures, plaisirs, cupidité 2.11-16
La prédication des faux docteurs : la fausse liberté 2.17-22
D. Connaître la fin des temps pour attendre la venue du Seigneur 3.1-18
La certitude de la venue du Seigneur : le rappel de la réalité du déluge passé 3.1-7
Le délai de
la venue du Seigneur : la  patience de Dieu en salut
3.8-13
Les conséquences de la venue du Seigneur : la pureté et la parole 3.14-16
Conclusion : résumé et doxologie 3.17-18

Dans ces deux Épîtres, Pierre fait plusieurs fois appel à des écrits de l’Ancien Testament afin d’étayer son message. Pierre se réfère aussi à des écrits que nous qualifions usuellement de textes historiques.

Pierre rajoute un détail intéressant dans 2 Pierre 3.3-5 : dans les derniers temps, des moqueurs viendront pour insulter Dieu quant à la promesse de son retour. Ces moqueurs ne croient plus à la création divine, ni au déluge, ils remettent en cause l’historicité de ces faits afin de déstabiliser les chrétiens dans ce qu’ils croient au sujet du retour de Jésus-Christ. L’expression « derniers jours » fait référence au temps entre la première et la seconde venue de Christ (Act 2.17 ; Héb 1.2 ; 1 Pi 1.20).

Lorsque Pierre discourait à Jérusalem à la première Pentecôte (Act 2), il ne développe pas ces faits mais se limite à l’histoire de la nation juive ; il est face à une foule éduquée dans le contexte religieux de la Torah. Lorsque Paul discourait à Athènes, il revient sur l’histoire de la Création (Act 17.22-31) ; contrairement à Pierre, Paul est face à des païens à qui il doit premièrement expliquer l’histoire de l’humanité. Pierre adresse sa première Épître aux chrétiens du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie. Dans sa seconde lettre, il fait référence à la première. Il s’adresse donc à des chrétiens qui ont eu connaissance de celle-ci (2 Pi 3.1). Depuis la première Pentecôte, l’Église n’est plus composée uniquement de Juifs, mais aussi de chrétiens d’origine païenne.

Dans notre société occidentale déchristianisée, lorsque nous parlons de l’Évangile à nos contemporains, il devient toujours plus important de revenir au récit des origines afin d’expliquer le plan rédempteur de Dieu pour l’humanité dans sa globalité.